Titre : La Dépêche algérienne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1885-07-26
Contributeur : Robe, Eugène (1890-1970). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755912k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 26 juillet 1885 26 juillet 1885
Description : 1885/07/26 (A1,N10). 1885/07/26 (A1,N10).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t5447925
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10449
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2021
V
Première année. — N° 10.
«il! LECTURE
üEi'or
D* AF G SB
LEGAL
Le numéro S centlmès.
Dimartche, 26 juillet 1885.
ft V
v
La Dépêche Algérienne
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois Un an
Algérie 4.5® S> 18
France O 125 £4
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Toutes les communications relatives aux ananonces et réclames doivent, ei
Algérie, etre adressées a l’AGENCE HAVAS, boulevard de la République, Alger.
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marseille, chez.M. Gustave ALLARD, rue du Bausset, 4 •
A Paris, chez MM. AUDBOURG et G‘«, place de la Bourse, 10,
Et par leurs correspondants.
Alger, le 24 juillet 1885.
Politique du Jour
Nos dépêches nous ont appris, hier, la
mort du général Grant, l’ex-p résident des
Etats-Unis. Il nous répugne d’invectiver un
homme par delà la tombe, et nous avons
pour principe que lorsqu’une personnalité
disparaît, toutes les rancunes, toutes les
inimitiés doivent se taire devant la majesté
du cercueil.
Seulement, il ne nous est pas défend i
d’envisager l’homme politique, déjuger mê
me les actes de l’ancien homme d’État, Sa
vie appartient désormais à l’histoire et cha
cun a le droit d’y fouiller à l’aise.
Le général Grant n’était certes pas de
médiocre valeur. Au Parlement d’abord, à
la présidence ensuite, il a prouvé que l’hom
me de guerre qui existait en lui, n’avait rien
à envieV au politique profond et sagace.
Malheureusement, et cela nous échappe,
nous n’avons jamais compris la haine que
nourrissait à l’égard de la France, le héros
de la guerre de sécession. Cet homme aurait
dû se rappeler, ainsi que bon nombre d’A
méricains actuellement vivants, que l’Amé
rique a de lourdes dettes à son passif vis-
à vis de la France, il aurait dû sa rappeler
que !e sang français, le sang des Lafayette
et des Rochambeau avait coulé pour assurer
l’indêpendancede la République américaine.
Mais non, le président Grant, cœur froid et
esprit positif, n’a pas craint de manifester
en 1870, à la face de tout le mondes a profon
de joie lorsque nous avons été écrasés par
l’Allemagne. On se rappelle le toast fameux
porté à Maison-Blanche à la sauté de l’em
pereur Guillaume par le mort d’hier et les
paroles d’exécration lancées à notre adres
se.
Le général Grant a été un grand homme
dans son pays, ii ne sera jamais pour la
France qu’une personnalité néfaste.
L'âlgéria tara da ü
Ce n’est pas seulement à Constantine que
l’on demande que les Français, nés de l’au
tre côté de la méditerranèe soient exclus des
emplois administratifs des tiois départe
ments algériens. Un habitant d Alger s étant
aperçu que le vœu mémorable du Conseil
général de Constantine n’avait produit au
cun effet et qu’on continuait de nous envoyer
de France des juges, des agents financiers,
des ingénieurs qui n’étaient nés ni sur les
bords du Chélif, ni sur ceux de la Seybou-
se, cet habitant d'Alger, dis-je, a eu l’idée
de s’adresser, par voie de pétition, à la
Chambre des députés.
Par cette pétition, notre concitoyen a de
mandé que les « emplois administratifs de
» l’Algérie soient confiés aux jeunes gens
» sortant des lycées de cette colonie et que
» les fonctionnaires soient traités sur le
» même pied que leurs collègues de Fran-
» ce. »
Il est certain que la pétition de notre con
citoyen avait plus de chance d’être discutée
que le vœu du Conseil général de Constan
tine.
A la Chambre, on ne discute pas les vœux
des corps électifs émis illégalement et on
fait bien. Mais on fait un rapport sur quel
que pétition que ce soit, fut-elle absurde.
On aurait donc discuté la pétition dont il
s’agit, si elle était parvenue régulièrement.
Malheureusement, le pétitionnaire avait
oublié une formalité essentielle : la légalisa
tion de la signature. On sait qu’on est très
sévère sur la forme, dans notre pays, au
jourd’hui comme au temps de Bridoison.
C’est ce qui fait que la pétition n’a pas été
discutée.
C’est dommage !
J’aurais bien voulu connaître les argu
ments sur lesquels s’appuyait le pétition
naire pour démontrer que les fonctions en
Algérie, quoique payées sur les deniers de
l’Etat, devaient être exclusivement réser
vées aux éléves sortant des lycées et colle
ges de l’Algérie.
Il faudrait dire aux élèves sortant de
l'école polyteennique, de l’école forestière,
des écoles d’agriculture et autres ; qu’ils
peuvent être nommés partout, à Dunkeque
ou à Ajaccio, à Lille ou à Bordeaux, voire
même à «aïgon, mais pas à Alger, pas à
Oran, pas à Constantine.
Mais les élèves sortant des iycôes algé
riens pourraient-ils être admis dans les em
plois administratifs de la Métropole.
Voilà encore un point que le pétitionnaire
a dû éclaircir !
Je l’engage à ne pas se décourager. Qu’il
recommence à pétitionnner sans omettre la
formalité de la légalisation.
Je suis curieux de savoir quel accueil on
fera à la proposition et surtout ce qu’en di
ront les députés algériens.
— ♦
Informations algériennes
Nous apprenons que six oranais : MM.
Régina, Maus-ard, Combes, Defarges, Va-
lensiet Turer viennent de passer avec suc
cès les examens pour l’obtention du grade
de bachelier.
X
Le Conseil municipal da Soufarick vient
d’ouvrir ua crédit de 500 francs pour subve
nir aux frais de traitement d’un expert com
munal qui devra visiter toutes les vignes de
la commune.
X
Par décret présidentiel, M. Sebin a été
nommé huissier à La Calle, en remplace
ment de M. Aboueaya, nommé à Takitount,
et M. Roffo (Octave) a été nommé huissier à
Takitount, en remplacement de M. Sebin,
nommé à La Galle.,
X
Le parquet général prépare en ce moment
un important mouvement de permutations
d’interprètes judiciaires. Le travail, déjà
très avancé, sera terminé sous peu. ; ;|
X
Par arrêté en date du 18 juillet, M. le
Préfet d’Alger, sous la signature da M. Gé-
nellà, secrétaire général, a déclaré la chase
ouverte dans toute l’étendue dndépartement
d’Alger, à partir du dimanche, 9 août 1885.
X
Le rapport relatif à la constraction du
chemin dp fer devant relier Aïn-Beïda aux
Ôuïed-Rahrapun, soit environ 28 kilo
mètres de voie ferrée, déposé au Sénat le 18
juillet, sera examiné dans Je plus bref dé
lai.
x
La province de Constantine augmente
tous les jours son réseau de voies ferrées ;
à l’heure actuelle, il y a quatre chantiers de
travail en activité.
1° Le chemin de fer de Batou à Biskra ;
2° Le chemin de fer des Ouled-Rahmoun
à Aïn-^eïda :
3° Le chemin de fer de Souk-Ahras à
Tèbessa ;
4° Le chemin de fer de Bougie à Sêtif par
Beni-Mansour.
X
Le Maire de Mascara a pris un arrêté au
sujet du phylloxéra constaté à Tlemcen.
Les mesures les plus sévères ont été édic
tées.
X
M. Touret, qui commandait la musique
des pompiers de Mascara depuis nombre
d années, rentre en France 11 est remplacé
par M. Viveau, chef de fanfare du 4’ hus
sards.
X
Le Républicain nous annonce que la
plainte en faux formulée par M. le sénateur
Forcioii, au sujet de la prétendue lettre pu
bliée par le Zêramna, est depuis quelques
jours déjà arrivée au parquet de Constan
tine. Dès le lendemain, ie juge d’instruction
était saisi.
X
gardes parsîeMliers IndS-
gèssés. — Une circulaire de M. ie Procu
reur général rappelle aux procureurs de la
République, qu’aux termes de l’article 11 du
décret du 18 août 1868, les procès-verbaux
dressés par les gardes particuliers indigè
nes ne doivent pas faire foi en justice par
eux-mêmes et que, par conséquent, ils de
vront être complétés à l’audience suivant
les prescriptions de l’article 154 du Code
d’instruction criminelle.
De graves exactions commises par certains
gardes particuliers indigènes à l’aide de
procès-verbaux inexacts justifient complè
tement, dit ie procureur général, le contrôle
rigoureux de la justice sur leurs procès-
verbaux.
X
Ij’tswpêt A®Ia entas*. — Le tarif de
conversion en argent de l’impôt - Acliour à
percevoir en 1885, dans les départements
d’Alger et d’Oran, eJ fixé ainsi qu’il suit
Par quintal métrique de blé.. 22 francs
d’orge.. 11
X
Création* i’nae «■©BïîRsaï.as»® —
Par décret du Président de la République
une commune de plein exercice ayant pour
chef-lieu Mereier-Lacombe et qui en oor-
tera le nom, est créée par la distraction de
la commune mixte de ta Mekerra (territoire
civil d’Oran).
I e Du centre et du périmètre de colonisa
tion de Mercier-Lacombe ;
2° Du hameau de Mu.’.ey-Abdelkader ;
3° Des parties de douars de Telioum et
de Sfisef.
X
!î£@$9'»et3©ia de 4era*î4-afSre, — Un
second décret distrait le douar d’Ouled-
Nouar de la commune mixte de Cullo (terri
toire civil de Constantine), et le réunit à la
commune de plein exercice de Stora (ar
rondissement de Philippeviile, département
de Constantine),.
Feuilleton de LA DÉPÊCHE ALGÉRIENNE
N° 10.
LA
PAR
Georges 0HNET
Pascal grandit dans cette vieille maison,
basse, étroite et noire, tremblant devant son
père, ce terrible homme, au teint basané,
au nez tranchant et aigu, aux yeux orange,
ronds et brillants comme des louis d’or.
Derrière cette silhouette menaçante appa
raissait la pâle et triste figure de sa mèïe,
dont le doux regard réchauffait son cœur, et
dont les tendres paroles éclairaient son es-
Us vivaient- elle et lui, dans une chambre
aux boiseries'foncées, dont l’unique fenêtre
conservait de vieux carreaux verdâtres, et
sur l’appui de- laquelle, dans une grande
caisse, poussaient des giroflées et des œil
lets. Paseal jouait devant cette fenêtre, seul
coin lumineux et gai de ce logis sombre.
Et la mère avait ainsi à la fois sous les yeux
son enfant et ses fleurs.
Carvajan ne paraissait qu’à l’heure des
repas. Quand il ne courait pas les routes, il
se confinait dans son cabinet, situé au rez-
de-chaussée, et dans lequel, les jours de
marché, les cultivateurs gênés, en quête
d’un emprunt, apportaient à leurs gros sou
liers un échantillon des boues de toutes les
communes du canton. Le lourd marteau de
la porte, poussé par des mains impatientes,
retentissait sourdement dans le vestibule, et
le pas traînant de la servante allait ouvrir
sur les dalles.
Quelquefois un bruit de discussion vio
lente montait jusqu’au premier étage,
promptement arrêté par la voix âpre et cou
pante de Carvajan. Les portes claquaient
en se refermant. Pascal curieux avançait
alors la tête au dehors, par la fenêtre, entre
deux tiges fleuries, et voyait le long de la
rue du Marché s’éloigner le visiteur, la tète
basse, les épaules pliées, comme écrasé.
Quelquefois, arrivé au coin de la place,
l’homme se retournait, montrait une figure
irritée et un poing menaçant. Un jour, un
paysan, devant la maison même, avait crié :
— T’as mes vaques, t’as ma terre. Te faut-
il core ma peau, mauvais usurier?
L’enfant avait sept ans : il était resté son
geur, sentant que c’était une injure qu’on
avait adressée à son père, mais n’en com
prenant pas la signification. Il avait con
servé ce mot profondément gravé dans sa
mémoire, le tournant et le retournant, pour
tâcher d’en découvrir le sens et la valeur.
Dans son imagination hantée, il était arrivé
à se faire de l’usurier une image effrayante.
II se le figurait sous la forma d’un de ces
géants noirs et féroces des contes de fées
qui terrorisent les innocents et, les faibles.
Il en rêvait la nuit, et voyait ce monstre
terrible avec le visage de son père. Un jour
il n’y tint plus, et, après avoir hésité long
temps, il se hasarda de dire à sa mère :
— Qu’est-ce que c’est donc qu’un usu
rier ?
Sous le regard clair de l’enfant, la pau
vre femme pâlit. Elle resta un instant si
lencieuse, puis elle répondit :
— A propos de quoi me demandes-tu ça?
Pascal raconta la scène à laquelle il avait
assisté. Mme Carvajan baissa un instant sa
tête pensive, puis :
•* — Ne répète jamais ce mot-là, mon ché
ri... Ceux qui ne sont pas heureux sont
facilement injustes, vois-tu .. Cet homme
s’en allait probablement d’ici sans avoir ob
tenu ce qu'il espérait, et il s’en prenait de
sa déconvenue à ton père... Mais sois-en
sûr, si Carvajan est quelquefois dur en af
faires, c’est un homme scrupuleusement
honnête... Enfin, c’est ton père : tu dois le
respecter et l’aimer...
En faisant cette affirmation, sa voix trem
blait un peu, et elle avait les larmes aux
yeux.
Cette scène s’était gravée dans la mémoi
re de Pascal. Plus tard il en comprit la re
doutable signification.
La lutte sans merci engagée par son père
contre le marquis de Clairefont lui avait
échappé pendant toute sa jeunesse. L’âme
murée de Carvajan gardait bien ses se-*,
crets. Il n’avait jamais confié à personne
ses espoirs de vengeance. Il travaillait sour
dement à les réaliser. On ignorait le but
vers lequel il tendait, à travers les années*
avec une patience d’araignée qui tisse sa
toile mortelle. On voyait les moyens dont ii
usait et c’était assez pour faire peur.
Pascal, envoyé par son père au collège
d’Evreux, y avait commencé ses études.
Puis, la foi tune de Carvajan augmentant
chaque jour, l’instruction reçue en provin
ce avait paru insuffisante, et jusqu’à vingt
ans l’héritier présomptif avait vécu à Paril.
Il avait passé tous ses examens, fait son
droit, et n’était rentré à La Neuville qu’avec
ie titre de licencié. Il était un homme alors,
et son esprit savait comprendre ce que ses
yeux voyaient. Rien ne lui parut changé
dans la maison de la rue du Marché. Elle
était toujours no rc et basse, les mêmes al
lées et venues y laissaient leurs traces de
boue et leurs grondements de discussions.
Tout avait vieilli : le préteur et les emprun
teurs ; mais le commerce de l’argent se fai
sait comme par le passé. Les visages gri
maçaient de colère, et les bouches se cris
paient pour lancer un mot qu’elles rete
naient maintenant, car Carvajan était un
homme à ménager. Et ce mot était le mot
du passé, qui serait celui de toute la vie ;
usurier !
La manière de vivre de Carvajan n’avait
point varié. Il avait pour tout domestique
une servante, travaillant comme un cheval.
Mme Carvajan s’enfermait, silencieuse et
Première année. — N° 10.
«il! LECTURE
üEi'or
D* AF G SB
LEGAL
Le numéro S centlmès.
Dimartche, 26 juillet 1885.
ft V
v
La Dépêche Algérienne
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois Un an
Algérie 4.5® S> 18
France O 125 £4
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Toutes les communications relatives aux ananonces et réclames doivent, ei
Algérie, etre adressées a l’AGENCE HAVAS, boulevard de la République, Alger.
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marseille, chez.M. Gustave ALLARD, rue du Bausset, 4 •
A Paris, chez MM. AUDBOURG et G‘«, place de la Bourse, 10,
Et par leurs correspondants.
Alger, le 24 juillet 1885.
Politique du Jour
Nos dépêches nous ont appris, hier, la
mort du général Grant, l’ex-p résident des
Etats-Unis. Il nous répugne d’invectiver un
homme par delà la tombe, et nous avons
pour principe que lorsqu’une personnalité
disparaît, toutes les rancunes, toutes les
inimitiés doivent se taire devant la majesté
du cercueil.
Seulement, il ne nous est pas défend i
d’envisager l’homme politique, déjuger mê
me les actes de l’ancien homme d’État, Sa
vie appartient désormais à l’histoire et cha
cun a le droit d’y fouiller à l’aise.
Le général Grant n’était certes pas de
médiocre valeur. Au Parlement d’abord, à
la présidence ensuite, il a prouvé que l’hom
me de guerre qui existait en lui, n’avait rien
à envieV au politique profond et sagace.
Malheureusement, et cela nous échappe,
nous n’avons jamais compris la haine que
nourrissait à l’égard de la France, le héros
de la guerre de sécession. Cet homme aurait
dû se rappeler, ainsi que bon nombre d’A
méricains actuellement vivants, que l’Amé
rique a de lourdes dettes à son passif vis-
à vis de la France, il aurait dû sa rappeler
que !e sang français, le sang des Lafayette
et des Rochambeau avait coulé pour assurer
l’indêpendancede la République américaine.
Mais non, le président Grant, cœur froid et
esprit positif, n’a pas craint de manifester
en 1870, à la face de tout le mondes a profon
de joie lorsque nous avons été écrasés par
l’Allemagne. On se rappelle le toast fameux
porté à Maison-Blanche à la sauté de l’em
pereur Guillaume par le mort d’hier et les
paroles d’exécration lancées à notre adres
se.
Le général Grant a été un grand homme
dans son pays, ii ne sera jamais pour la
France qu’une personnalité néfaste.
L'âlgéria tara da ü
Ce n’est pas seulement à Constantine que
l’on demande que les Français, nés de l’au
tre côté de la méditerranèe soient exclus des
emplois administratifs des tiois départe
ments algériens. Un habitant d Alger s étant
aperçu que le vœu mémorable du Conseil
général de Constantine n’avait produit au
cun effet et qu’on continuait de nous envoyer
de France des juges, des agents financiers,
des ingénieurs qui n’étaient nés ni sur les
bords du Chélif, ni sur ceux de la Seybou-
se, cet habitant d'Alger, dis-je, a eu l’idée
de s’adresser, par voie de pétition, à la
Chambre des députés.
Par cette pétition, notre concitoyen a de
mandé que les « emplois administratifs de
» l’Algérie soient confiés aux jeunes gens
» sortant des lycées de cette colonie et que
» les fonctionnaires soient traités sur le
» même pied que leurs collègues de Fran-
» ce. »
Il est certain que la pétition de notre con
citoyen avait plus de chance d’être discutée
que le vœu du Conseil général de Constan
tine.
A la Chambre, on ne discute pas les vœux
des corps électifs émis illégalement et on
fait bien. Mais on fait un rapport sur quel
que pétition que ce soit, fut-elle absurde.
On aurait donc discuté la pétition dont il
s’agit, si elle était parvenue régulièrement.
Malheureusement, le pétitionnaire avait
oublié une formalité essentielle : la légalisa
tion de la signature. On sait qu’on est très
sévère sur la forme, dans notre pays, au
jourd’hui comme au temps de Bridoison.
C’est ce qui fait que la pétition n’a pas été
discutée.
C’est dommage !
J’aurais bien voulu connaître les argu
ments sur lesquels s’appuyait le pétition
naire pour démontrer que les fonctions en
Algérie, quoique payées sur les deniers de
l’Etat, devaient être exclusivement réser
vées aux éléves sortant des lycées et colle
ges de l’Algérie.
Il faudrait dire aux élèves sortant de
l'école polyteennique, de l’école forestière,
des écoles d’agriculture et autres ; qu’ils
peuvent être nommés partout, à Dunkeque
ou à Ajaccio, à Lille ou à Bordeaux, voire
même à «aïgon, mais pas à Alger, pas à
Oran, pas à Constantine.
Mais les élèves sortant des iycôes algé
riens pourraient-ils être admis dans les em
plois administratifs de la Métropole.
Voilà encore un point que le pétitionnaire
a dû éclaircir !
Je l’engage à ne pas se décourager. Qu’il
recommence à pétitionnner sans omettre la
formalité de la légalisation.
Je suis curieux de savoir quel accueil on
fera à la proposition et surtout ce qu’en di
ront les députés algériens.
— ♦
Informations algériennes
Nous apprenons que six oranais : MM.
Régina, Maus-ard, Combes, Defarges, Va-
lensiet Turer viennent de passer avec suc
cès les examens pour l’obtention du grade
de bachelier.
X
Le Conseil municipal da Soufarick vient
d’ouvrir ua crédit de 500 francs pour subve
nir aux frais de traitement d’un expert com
munal qui devra visiter toutes les vignes de
la commune.
X
Par décret présidentiel, M. Sebin a été
nommé huissier à La Calle, en remplace
ment de M. Aboueaya, nommé à Takitount,
et M. Roffo (Octave) a été nommé huissier à
Takitount, en remplacement de M. Sebin,
nommé à La Galle.,
X
Le parquet général prépare en ce moment
un important mouvement de permutations
d’interprètes judiciaires. Le travail, déjà
très avancé, sera terminé sous peu. ; ;|
X
Par arrêté en date du 18 juillet, M. le
Préfet d’Alger, sous la signature da M. Gé-
nellà, secrétaire général, a déclaré la chase
ouverte dans toute l’étendue dndépartement
d’Alger, à partir du dimanche, 9 août 1885.
X
Le rapport relatif à la constraction du
chemin dp fer devant relier Aïn-Beïda aux
Ôuïed-Rahrapun, soit environ 28 kilo
mètres de voie ferrée, déposé au Sénat le 18
juillet, sera examiné dans Je plus bref dé
lai.
x
La province de Constantine augmente
tous les jours son réseau de voies ferrées ;
à l’heure actuelle, il y a quatre chantiers de
travail en activité.
1° Le chemin de fer de Batou à Biskra ;
2° Le chemin de fer des Ouled-Rahmoun
à Aïn-^eïda :
3° Le chemin de fer de Souk-Ahras à
Tèbessa ;
4° Le chemin de fer de Bougie à Sêtif par
Beni-Mansour.
X
Le Maire de Mascara a pris un arrêté au
sujet du phylloxéra constaté à Tlemcen.
Les mesures les plus sévères ont été édic
tées.
X
M. Touret, qui commandait la musique
des pompiers de Mascara depuis nombre
d années, rentre en France 11 est remplacé
par M. Viveau, chef de fanfare du 4’ hus
sards.
X
Le Républicain nous annonce que la
plainte en faux formulée par M. le sénateur
Forcioii, au sujet de la prétendue lettre pu
bliée par le Zêramna, est depuis quelques
jours déjà arrivée au parquet de Constan
tine. Dès le lendemain, ie juge d’instruction
était saisi.
X
gardes parsîeMliers IndS-
gèssés. — Une circulaire de M. ie Procu
reur général rappelle aux procureurs de la
République, qu’aux termes de l’article 11 du
décret du 18 août 1868, les procès-verbaux
dressés par les gardes particuliers indigè
nes ne doivent pas faire foi en justice par
eux-mêmes et que, par conséquent, ils de
vront être complétés à l’audience suivant
les prescriptions de l’article 154 du Code
d’instruction criminelle.
De graves exactions commises par certains
gardes particuliers indigènes à l’aide de
procès-verbaux inexacts justifient complè
tement, dit ie procureur général, le contrôle
rigoureux de la justice sur leurs procès-
verbaux.
X
Ij’tswpêt A®Ia entas*. — Le tarif de
conversion en argent de l’impôt - Acliour à
percevoir en 1885, dans les départements
d’Alger et d’Oran, eJ fixé ainsi qu’il suit
Par quintal métrique de blé.. 22 francs
d’orge.. 11
X
Création* i’nae «■©BïîRsaï.as»® —
Par décret du Président de la République
une commune de plein exercice ayant pour
chef-lieu Mereier-Lacombe et qui en oor-
tera le nom, est créée par la distraction de
la commune mixte de ta Mekerra (territoire
civil d’Oran).
I e Du centre et du périmètre de colonisa
tion de Mercier-Lacombe ;
2° Du hameau de Mu.’.ey-Abdelkader ;
3° Des parties de douars de Telioum et
de Sfisef.
X
!î£@$9'»et3©ia de 4era*î4-afSre, — Un
second décret distrait le douar d’Ouled-
Nouar de la commune mixte de Cullo (terri
toire civil de Constantine), et le réunit à la
commune de plein exercice de Stora (ar
rondissement de Philippeviile, département
de Constantine),.
Feuilleton de LA DÉPÊCHE ALGÉRIENNE
N° 10.
LA
PAR
Georges 0HNET
Pascal grandit dans cette vieille maison,
basse, étroite et noire, tremblant devant son
père, ce terrible homme, au teint basané,
au nez tranchant et aigu, aux yeux orange,
ronds et brillants comme des louis d’or.
Derrière cette silhouette menaçante appa
raissait la pâle et triste figure de sa mèïe,
dont le doux regard réchauffait son cœur, et
dont les tendres paroles éclairaient son es-
Us vivaient- elle et lui, dans une chambre
aux boiseries'foncées, dont l’unique fenêtre
conservait de vieux carreaux verdâtres, et
sur l’appui de- laquelle, dans une grande
caisse, poussaient des giroflées et des œil
lets. Paseal jouait devant cette fenêtre, seul
coin lumineux et gai de ce logis sombre.
Et la mère avait ainsi à la fois sous les yeux
son enfant et ses fleurs.
Carvajan ne paraissait qu’à l’heure des
repas. Quand il ne courait pas les routes, il
se confinait dans son cabinet, situé au rez-
de-chaussée, et dans lequel, les jours de
marché, les cultivateurs gênés, en quête
d’un emprunt, apportaient à leurs gros sou
liers un échantillon des boues de toutes les
communes du canton. Le lourd marteau de
la porte, poussé par des mains impatientes,
retentissait sourdement dans le vestibule, et
le pas traînant de la servante allait ouvrir
sur les dalles.
Quelquefois un bruit de discussion vio
lente montait jusqu’au premier étage,
promptement arrêté par la voix âpre et cou
pante de Carvajan. Les portes claquaient
en se refermant. Pascal curieux avançait
alors la tête au dehors, par la fenêtre, entre
deux tiges fleuries, et voyait le long de la
rue du Marché s’éloigner le visiteur, la tète
basse, les épaules pliées, comme écrasé.
Quelquefois, arrivé au coin de la place,
l’homme se retournait, montrait une figure
irritée et un poing menaçant. Un jour, un
paysan, devant la maison même, avait crié :
— T’as mes vaques, t’as ma terre. Te faut-
il core ma peau, mauvais usurier?
L’enfant avait sept ans : il était resté son
geur, sentant que c’était une injure qu’on
avait adressée à son père, mais n’en com
prenant pas la signification. Il avait con
servé ce mot profondément gravé dans sa
mémoire, le tournant et le retournant, pour
tâcher d’en découvrir le sens et la valeur.
Dans son imagination hantée, il était arrivé
à se faire de l’usurier une image effrayante.
II se le figurait sous la forma d’un de ces
géants noirs et féroces des contes de fées
qui terrorisent les innocents et, les faibles.
Il en rêvait la nuit, et voyait ce monstre
terrible avec le visage de son père. Un jour
il n’y tint plus, et, après avoir hésité long
temps, il se hasarda de dire à sa mère :
— Qu’est-ce que c’est donc qu’un usu
rier ?
Sous le regard clair de l’enfant, la pau
vre femme pâlit. Elle resta un instant si
lencieuse, puis elle répondit :
— A propos de quoi me demandes-tu ça?
Pascal raconta la scène à laquelle il avait
assisté. Mme Carvajan baissa un instant sa
tête pensive, puis :
•* — Ne répète jamais ce mot-là, mon ché
ri... Ceux qui ne sont pas heureux sont
facilement injustes, vois-tu .. Cet homme
s’en allait probablement d’ici sans avoir ob
tenu ce qu'il espérait, et il s’en prenait de
sa déconvenue à ton père... Mais sois-en
sûr, si Carvajan est quelquefois dur en af
faires, c’est un homme scrupuleusement
honnête... Enfin, c’est ton père : tu dois le
respecter et l’aimer...
En faisant cette affirmation, sa voix trem
blait un peu, et elle avait les larmes aux
yeux.
Cette scène s’était gravée dans la mémoi
re de Pascal. Plus tard il en comprit la re
doutable signification.
La lutte sans merci engagée par son père
contre le marquis de Clairefont lui avait
échappé pendant toute sa jeunesse. L’âme
murée de Carvajan gardait bien ses se-*,
crets. Il n’avait jamais confié à personne
ses espoirs de vengeance. Il travaillait sour
dement à les réaliser. On ignorait le but
vers lequel il tendait, à travers les années*
avec une patience d’araignée qui tisse sa
toile mortelle. On voyait les moyens dont ii
usait et c’était assez pour faire peur.
Pascal, envoyé par son père au collège
d’Evreux, y avait commencé ses études.
Puis, la foi tune de Carvajan augmentant
chaque jour, l’instruction reçue en provin
ce avait paru insuffisante, et jusqu’à vingt
ans l’héritier présomptif avait vécu à Paril.
Il avait passé tous ses examens, fait son
droit, et n’était rentré à La Neuville qu’avec
ie titre de licencié. Il était un homme alors,
et son esprit savait comprendre ce que ses
yeux voyaient. Rien ne lui parut changé
dans la maison de la rue du Marché. Elle
était toujours no rc et basse, les mêmes al
lées et venues y laissaient leurs traces de
boue et leurs grondements de discussions.
Tout avait vieilli : le préteur et les emprun
teurs ; mais le commerce de l’argent se fai
sait comme par le passé. Les visages gri
maçaient de colère, et les bouches se cris
paient pour lancer un mot qu’elles rete
naient maintenant, car Carvajan était un
homme à ménager. Et ce mot était le mot
du passé, qui serait celui de toute la vie ;
usurier !
La manière de vivre de Carvajan n’avait
point varié. Il avait pour tout domestique
une servante, travaillant comme un cheval.
Mme Carvajan s’enfermait, silencieuse et
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