Titre : La Dépêche algérienne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1885-07-17
Contributeur : Robe, Eugène (1890-1970). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755912k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 17 juillet 1885 17 juillet 1885
Description : 1885/07/17 (A1,N2). 1885/07/17 (A1,N2).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t544785w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10449
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2021
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DLi’O'i LEGAL
Première aimée. — N® 2.
«f..
Le numéro S oentimés.
2f/ JSL SS
Vendredi, 17 juillet 18B5«
■■*m*MaMueanwm
La Dépêche Algérienne
rateur : P. FONTANÀ.
ABONNEMENTS :
Trois mois Sis moi
Algérie .. 4.5® B
Franck ®
JOURNAL POLITiQUE QUOTIDIEN
Rédacteur en chef : AUMERAT.
Un an
4 8
84
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Tontes (es communications relatives aux aDnnonces et réclames doivent, ee
Algérie, être adressées à FAGENCE HAVAS, boulevard de la République, Alger.
En France, les commcnications sont reçues savoir :
À Marseille, chez M. Gustave ALLARD, rue duBausset, 4 ,
A Paris, chez MM. AUDEOURG et G‘* ( place dé la Bourse, iü,
Et par leurs correspondants.
Alger, le 46 juillet 1885.
L'ALGERIE SACRIFIÉE
Questions et Faits da jour
Une dépêche de l'agence Havas, nous an
nonçait hier, le prochain départ de Tempe"
mir d’Allemagne pour Ems.
Ems est la station balnéaire favorite du
souverain allemand. La maison des bains
est un vieux donjon seigneurial nui a abrité
sous ses poivrières bon nombre de têtes il -
neutres. Entre autres, la duchesse d’Orléans
en 1848, le comte de Chambord, la comtesse
<1© Montijo, i’ex-impôratrice. etc.
Le vieil empereur, dont les reporters an
noncent journellement la mort pour procla
mer sa résurrection 24 heures après, se por
te comme un charme et n’a pas le moins du
monde envie de quitter sa chère Augusta et
son conseiller Bismarck.
***
Le bruit a couru ces jours-ci de la démis
sion de lord Lyons, l’ambassadeur d Angle
terre à Paris. Le lendemain de la mise en
circulation de ce ballon d’essai, le Morning -
Post, un des journaux les plus autorisés de
ia Cité, a démenti la nouvelle.
Leÿ&zrnal anglais n’avait certes pas be
soin pour tranquilliser l’opinion publique,
de couper les ailes de ce canard. Il serait
tombé de lui-même. En Angleterre, c’est
l’usage, lorsqu’un ministre quitte le pouvoir,
tous les ambassadeurs accrédités auprès des
grandes puissances, adressent leur démis
sion à la reine, qui ne l’accepte jamais. Para
formule d’étiquette.
Cette fois, ou a pris prétexte de cet usage
pour annoncer le départ de lord Lyons.
L’ambassadeur d’Angleterre est, il ne
faut pas l’oublier, à Paris déduis 1867, il
s’est créé dans la graude ville < ’ nombreu-
sos relations et n’a pas démér ' gouver- !
nement pour être rappelé. ’ farceurs,
cette fois encore, eu seront po .eues frais.
** *
Notre situation à Madagascar n’est point,
aussi déplorable que sembleut le croire
nombre d’organes hostiles au gouverne
ment.
Le Temps vient de recevoir une lettre de
son correspondant, qui dément catégorique
ment l’occupation de Majunga parles Hovas
et qui représente nos ennemis comme très
peu provocants. Il est certain que pour agir
avec efficacité, il faut des renforts. Chacun
s’accorde sur ce point Mais, ne soyons pas
cependant plus royalistes que le roi et lais
sons, aux troupes envoyées du Tonkin, le
temps d’arriver à Madagascar. Vous verrez
que ces excellents Hovas ne tiendront pas
longtemps contre deux ou trois milliers de
français bien armés et bien déterminés.
On se souvient que M. Waldeek-Rousseau
voulant satisfaire les appétits électoraux de
la Chambre — ils en sont tous là nos mi
nistres ! — avait trouvé le singulier moyen
de procurer vingt millions aux communes
de la métropole pour leurs chemins vici
naux en les prenant aux communes de l’Al
gérie. C’était ce qu’on appelle : Déshabiller
Saint Pierre pour habiller Saint Paul.
Comme bien Ton pense le projet de M
Waldeek-Rousseau ne pouvait être du goût
des communes algériennes qui, sous le fal
lacieux prétexte qu’elles n’avaient pas em
ployé les 40 millions qui leur étaient affec
tés parla loi du 10 avril 1879, relative à la
dotation de 300 millions à la caisse des che
mins vicinaux, allaient voir très compromis
leurs travaux à exécuter pour la grande et
la petite vieinalité.
Le Conseil général d’Alger s’en émut et
adopta, sur la proposition de M Aumerat,
un vœu fortement motivé, pour qu’il ne fût
rien changé à la répartition des 300 millions,
formant la dotation des chemins vicinaux.
Sur ces entrefaites, le ministère Jules
Ferry succomba à la suite d’un affolement
causé par une dépêche effrayée du général
Brière de l’Isle, et fut remplacé par un mi
nistère de gauche radicale. Au point de vue
général de la France, on put considérer cet
évènement comme très fâcheux, mais,
d’autre part, on pouvait espérer que le nou
veau ministère, animé d’un autre esprit,
abandonnerait le malencontreux projet de
M. Waldeek-Rousseau.
Il n’en a rien été.
Ou a bien raison de dire que, dans notre
beau pays de France, plus cela change et
plus c’est la même chose.
M. Allain-Targé,comme M Waldeck-Rous-
seau, a tenu à nous prendre les millions
qu’une loi précédente avait mis à notre dis
position, et, sans souci des arguments pro
duits par les trois Conseils généraux d’Al
ger, d’Oran et de Constantine, il a pris à
son compte le projet de loi de son prédéces
seur.
M Waldeek-Rousseau avait appuyé son
projet de loi sur des chiffres erronés.
Les emprunts contractés et réalisés par
les départements et les communes, ne se
sont élevés, jusqu’à ce jour, qu’à 6,662,000
francs pour les communes ; et les emprunts
votés régulièrement, mais non encore auto
risés, ne s’élèvent qu’à 4,538,600 francs, ce;
qui fait un total de 11,208,000 îraucs. Les :
départements et les communes de l’Algérie j
n’out donc pas besoin de 40 millions, puis- j
qu’en 5 ans ils n’ont pu en employer que le j
quart à peu près.
Mais les chiffres, je le répète, n’étaient j
pas rigoureusement exacts.
Ainsi, pour ne parler que du département i
d’Alger, M. Aumérat disait au Conseil gé- j
néral. dans la séance du 15 avril dernier.
J’ai pu constater qu’en ce qui concerne le
département proprement dit, les emprunts
contractés et réalisés s’élèvent à la somme
de 3 millions, et ceux en Instance â 5 mil-
j lions, et qu’en ce qui touche les communes
de notre département les emprunts à cette
même caisse s’élèvent à 1,094,000 francs.
Le Conseil général de fConstantine faisait
aussi des rectifications de même nature.
Mais toutes ces considérations et bien
d’autres, ne pouvaient toucher le cœur de
M, Allain-Targé et aussi celui des membres
de la Commission du budget. On s’en est
t ;nu aux chiffres de M. Waldeck-Rcusseau
et aussi aux nécessités politiques.
Les préoccupations électorales l’ont em
porté sur les intérêts de l’Algérie et nos dé
putés eux-mêmes, nous dit-on, Ont été forcés
de consentir à ce sacrifice.
On a bi n objecté que le budget étant fait,
il n’y avait aucun autre moyen de parer aux
besoins des communes métropolitaines, mais
nos députés auraient pu et auraient dû ré
pondre que I»s protestations des conseils gé
néraux étaient antérieurs au vote du budget.
Il est vrai que les députés d’Oran et de
Constantine avaient quelque raison de se
montrer coulants. Ils ont tous, récemment,
obtenu pas mal de millions pour ports et
chemins de fer, et ceux de Constantine, en
outre avaient réussi à faire voter une loi au
torisant l’emprunt de cinq millions à la
caisse des chemins vicinaux, par leur dé
partement. Il ne leur en coûtait donc guère
d’accueillir favorablement les promesses
avec lesquelles la Commission du budget a
voulu dorer la pilule.
Cette promesse consiste dans la restitu
tion future des vingt millions, dès que le
gouvernement aura de nouveaux crédits à
sa disposition.
Nos députés ont dû se contenter de cet
engagement pris par une commission du
budget qui sera peut-être renouvelée en en
tier dans quelques mois d’ici.
Ah ! le bon biliet qu’a Lachâtre.
Petites Nouvelles Téiégraphipes
La Bourse de Londres a sensiblement
baissé à la nouvelle des événements sur
venus dans l’Afghanistan.
■— M. Cambon est attendu à Paris le 24
juillet pour fournir à M. de Freycinet des
explications catégoriques sur plusieurs faits
ressortissant de son administration. Le gé
néral Bou anger est également attendu à.
Paris pour la fin du mois de juillet.
— M. Léon Say refuse d’être l’exécuteur
testamentaire de Victor Hugo.
— La date des élections n’est pas encore
fixée.
Plusieurs journaux annoncent que M.
Grévy désirerait que les élections aient Beu
le 27 septembre prochain.
Informations algériennes
Voici la liste complète des nominations
académiques faites en Algérie à i’occasiou
de la Fête nationale :
Officiers de Vinstruction publique
M. Trépied, Jean-Charles, directeur de
l’Observatoire d’Alger.
M. Alphandèry, conseiller général, mem
bre du bureau d’administration du Lycée à
Alger, a été nommé officier de i’inst,ructiou
publique
M. Saar, administrateur de la commune
mixte d’Ain-Bessem, a été nomma officier
d’Âcadérme.
M Demaëght, commandant de recrute
ment, vice-président de la Société de géo
graphie et d’archéologie d’Oran.
Officiers d’Académie :
M. Si Abdel Kader ben Abdallah, profes
seur à la médersah de Constantine. - Juda
dit Salomon Isaac-Johl, instituteur public à
Coustantine. — Marguerite, Victor, institu
teur public à Ameur-el-Aïn (Alger). —
Mme Merz, Louise-Césarine, institutrice
publique à Alger.
MM. Aumerat, conseiller général, Alger;
Monbrun, conseiller général, Oran ; Mo-
nin, sous-préfet de Bougie ; Blasselle, mem
bre du bureau d’administration du Lycée
d’Alger ; Cuinet, ingénieur à Oran ; Ciaval-
dini, président du Tribunal civil, Sidi-bei-
Abbés ; Si Mohammed ben Sidi Saïd, khod-
ja à la division d’Alger ; Wâchi, chef de bu
reau arabe à Daya ; Weil, grand rabbia du
consistoire israélite d’Oran
Basset, chargé du cours de lange arabe A
l’Ecole des lettres d’Alger.
X
L'Officiel libelle comme suit les états de
service des nouveaux promus dans Tordra
de ia Légion d’honneur.
Feuilleton de L.V DÉPÊCHE ALGÉRIENNE
n° 2.
LA
GRAU DE M ARRIÈRE
PAR
Georges OHNET
Et elle rythmait sa chanson du claque
ment sourd de son battoir sur le linge
mouillé, ne pensant déjà plus à son aven
ture, gaie et insouciante comme une alouet
te des champ*, taudis qu’au bord de la lan
de, découpant sa silhouette grise sur l’azur
du ciel, l’idiot, faisant claquer son fouet,
riait toujours de son mauvais rire.
L’amazone et l’étranger avaient repris leur
marche : ils approchaient d’un petit bois
dont l’entrée était défendue par une large
barrière peinte en blanc. Ils le tournèrent
et, soudain, arrivés au bord du plateau, la
vallée de la Thelle s’ouvrit devant eux.
Sur ia hauteur à droite s’élevait un châ
teau de style Louis XIII, entouré d’un beau
parc, s’arrondissant jusqu’à la rivière qui
coulait, dans le fond, brillante entre les
saules de ses rives, serpentait au milieu des
près d’un vert émeraude et. après avoir
passé sous un joli pont de pierre, se perdait
derrière les murs des vergers. Abritée par
la colline contre les vents du Nord, La Neu
ville s’étalait coquette et blanche, dressant
fièrement, au-dessus des toits des maisons,
la flèche dentelée de son église et les hautes
cheminées de ses fabriques. Un cüemin en
lacetis descendait vers la ville, laissant à
gauche de profondes et hautes hêtraies dont
les troncs gris et les feuillages noirs don
naient un aspect sévère au paysage. A mi-
côte, un monticule blanc, semblable à une
énorme taupinière, émergeait de la futaie.
Tout autour de la ville la campagne était
cultivée, et les blés jaunes, les avoines d’un
beau ton vert-de-gris, les trèflis violets on
dulaient jusqu’aux enclos des faubourgs. Ou
ciel bleu s’étendait sur cet admirable pano
rama, que le soleil dorait de sa lumière, et
une impression de tranquillité douce se dé
gageait de ce lieu plaisant, où il semblait
I que le bonheur devait habiter.
Les deux spectateurs de ce merveilleux
tableau restèrent un instant dans une con
templation muette, laissant errer autour
d’eux leurs regards ravis. Un vent léger
montait de la rivière, leur apportant les
fraîches senteurs des foins coupés, et ils
s’oubliaient, euveloppès dans une paix déli
cieuse, où tous les soucis cachés, toutes les
agitations intérieures, se fondaient amortis
et calmés.
L’étranger secoua le premier cette éni-
vraute torpeur. Il frappa le sol du pied,
comme un exilé qui se retrouve dans le pays
natal et qui en reprend possession, puis,
avec un accent joyeux :
— Je me reconnais maintenant... Voici
La Neuville... Adroite, dans les arbres,
c’est le château de Clairefont, et, là-bas, ce
tertre surmonté de charpentes, c’est la
Grande Marnière...
L’amazonne na répondit pas Elle regar
dait au loin, dans la direction de cette ex
croissance de terre que son compagnon
venait de désigner, et ses traits s’étaient
assombris. Elle semblait scruter, avec in
quiétude, cette butte blanche qui tachait la
colline, comme si ses flancs crayeux eussent
contenu quelque mystérieux danger. Que
recélait-eile qui pût ainsi alarmer la jeune
fille $ Elle s’étageait silencieuse, inerte, vide
de travailleurs, et les hautes poutres qui la
couronnaient se dressaient comme le bois
d’un échafaud. L’amazone poussa un soupir
et, répondant plutût à sa préoccupation in
time qu’à la demande de l’étranger, elle
répéta d’une voix étouffée :
— C’est la Grande Marnière... Puis, agi
tant la tête, pour dissiper sou trouble, elle
ajouta : Voici votre chemin, Monsieurs ; en
descendant tout droit, vous arriverez à l’en
trée des barrières de la ville...
— Je vous remercie, Mademoiselle, dit
l’étranger, en admirant à loisir sa char
mante compagne qui maintenant lui faisait
face. Il marcha un peu, parut se consulter,
puis, s’inclinant :
— Voulez-vous me faire l’honneur de me
dire à qui je dois être reconnaissant de tant
d’obligeance ?
La jeune fille laissa tomber sur son com
pagnon un limpide regard, et répondit sim
plement :
— Je suis Mlle de Clairefont.
A ce nom, le jeune homme recala instinct
tivemeut, une rougeur monta à son front,
qu’il détourna. Etonuée, sa compagne la
fixa avec attention et, comme entraînée par
un mouvement irrésistible :
— Et vous, Monsieur, dit-elle, qui êtes-
vous ?
Les traits de l’étranger se contractèrent.
Il hésita un instant, puis, relevant la tête, il
dit d’une voix sourde :
— Moi, je suis Pascal Carvajan.
A cette réponse, le visage de Mlle de
Clairefont prit uue expression de souveraine,
hauteur, ses yeux devinrent froids et durs,,,
un sourire de dédain passa sur ses lèvres,
et, coupant l’air de sa cravache, comme
pour établir, entre le jeune homme et elle,
une nette et infranchissable séparation, elle
siffla son chien, mit sou cheval au trot et
s’éloigna sans tourner la tête.
Il la suivit du regard, cloué à sa place»
oubliant le dédain de la jeune fille pour ne
se souvenir que de sa beauté. Elle s’en allait
fière et méprisante, après être restée auprès
de lui, pendant une demi-heure, dans une
sorte d’intimité charmante, et peut-être il
ne pourrait plus jamais approcher d’elle.
Il voyait à chaque pas la distance grandir ;
déjà il ne distinguait plus nettement sa sil
houette élégante, au milieu de la poussière,
soulevée par les pas du cheval. La traîna
de la longue robe grise et le voile blanc. À», •
DLi’O'i LEGAL
Première aimée. — N® 2.
«f..
Le numéro S oentimés.
2f/ JSL SS
Vendredi, 17 juillet 18B5«
■■*m*MaMueanwm
La Dépêche Algérienne
rateur : P. FONTANÀ.
ABONNEMENTS :
Trois mois Sis moi
Algérie .. 4.5® B
Franck ®
JOURNAL POLITiQUE QUOTIDIEN
Rédacteur en chef : AUMERAT.
Un an
4 8
84
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Tontes (es communications relatives aux aDnnonces et réclames doivent, ee
Algérie, être adressées à FAGENCE HAVAS, boulevard de la République, Alger.
En France, les commcnications sont reçues savoir :
À Marseille, chez M. Gustave ALLARD, rue duBausset, 4 ,
A Paris, chez MM. AUDEOURG et G‘* ( place dé la Bourse, iü,
Et par leurs correspondants.
Alger, le 46 juillet 1885.
L'ALGERIE SACRIFIÉE
Questions et Faits da jour
Une dépêche de l'agence Havas, nous an
nonçait hier, le prochain départ de Tempe"
mir d’Allemagne pour Ems.
Ems est la station balnéaire favorite du
souverain allemand. La maison des bains
est un vieux donjon seigneurial nui a abrité
sous ses poivrières bon nombre de têtes il -
neutres. Entre autres, la duchesse d’Orléans
en 1848, le comte de Chambord, la comtesse
<1© Montijo, i’ex-impôratrice. etc.
Le vieil empereur, dont les reporters an
noncent journellement la mort pour procla
mer sa résurrection 24 heures après, se por
te comme un charme et n’a pas le moins du
monde envie de quitter sa chère Augusta et
son conseiller Bismarck.
***
Le bruit a couru ces jours-ci de la démis
sion de lord Lyons, l’ambassadeur d Angle
terre à Paris. Le lendemain de la mise en
circulation de ce ballon d’essai, le Morning -
Post, un des journaux les plus autorisés de
ia Cité, a démenti la nouvelle.
Leÿ&zrnal anglais n’avait certes pas be
soin pour tranquilliser l’opinion publique,
de couper les ailes de ce canard. Il serait
tombé de lui-même. En Angleterre, c’est
l’usage, lorsqu’un ministre quitte le pouvoir,
tous les ambassadeurs accrédités auprès des
grandes puissances, adressent leur démis
sion à la reine, qui ne l’accepte jamais. Para
formule d’étiquette.
Cette fois, ou a pris prétexte de cet usage
pour annoncer le départ de lord Lyons.
L’ambassadeur d’Angleterre est, il ne
faut pas l’oublier, à Paris déduis 1867, il
s’est créé dans la graude ville < ’ nombreu-
sos relations et n’a pas démér ' gouver- !
nement pour être rappelé. ’ farceurs,
cette fois encore, eu seront po .eues frais.
** *
Notre situation à Madagascar n’est point,
aussi déplorable que sembleut le croire
nombre d’organes hostiles au gouverne
ment.
Le Temps vient de recevoir une lettre de
son correspondant, qui dément catégorique
ment l’occupation de Majunga parles Hovas
et qui représente nos ennemis comme très
peu provocants. Il est certain que pour agir
avec efficacité, il faut des renforts. Chacun
s’accorde sur ce point Mais, ne soyons pas
cependant plus royalistes que le roi et lais
sons, aux troupes envoyées du Tonkin, le
temps d’arriver à Madagascar. Vous verrez
que ces excellents Hovas ne tiendront pas
longtemps contre deux ou trois milliers de
français bien armés et bien déterminés.
On se souvient que M. Waldeek-Rousseau
voulant satisfaire les appétits électoraux de
la Chambre — ils en sont tous là nos mi
nistres ! — avait trouvé le singulier moyen
de procurer vingt millions aux communes
de la métropole pour leurs chemins vici
naux en les prenant aux communes de l’Al
gérie. C’était ce qu’on appelle : Déshabiller
Saint Pierre pour habiller Saint Paul.
Comme bien Ton pense le projet de M
Waldeek-Rousseau ne pouvait être du goût
des communes algériennes qui, sous le fal
lacieux prétexte qu’elles n’avaient pas em
ployé les 40 millions qui leur étaient affec
tés parla loi du 10 avril 1879, relative à la
dotation de 300 millions à la caisse des che
mins vicinaux, allaient voir très compromis
leurs travaux à exécuter pour la grande et
la petite vieinalité.
Le Conseil général d’Alger s’en émut et
adopta, sur la proposition de M Aumerat,
un vœu fortement motivé, pour qu’il ne fût
rien changé à la répartition des 300 millions,
formant la dotation des chemins vicinaux.
Sur ces entrefaites, le ministère Jules
Ferry succomba à la suite d’un affolement
causé par une dépêche effrayée du général
Brière de l’Isle, et fut remplacé par un mi
nistère de gauche radicale. Au point de vue
général de la France, on put considérer cet
évènement comme très fâcheux, mais,
d’autre part, on pouvait espérer que le nou
veau ministère, animé d’un autre esprit,
abandonnerait le malencontreux projet de
M. Waldeek-Rousseau.
Il n’en a rien été.
Ou a bien raison de dire que, dans notre
beau pays de France, plus cela change et
plus c’est la même chose.
M. Allain-Targé,comme M Waldeck-Rous-
seau, a tenu à nous prendre les millions
qu’une loi précédente avait mis à notre dis
position, et, sans souci des arguments pro
duits par les trois Conseils généraux d’Al
ger, d’Oran et de Constantine, il a pris à
son compte le projet de loi de son prédéces
seur.
M Waldeek-Rousseau avait appuyé son
projet de loi sur des chiffres erronés.
Les emprunts contractés et réalisés par
les départements et les communes, ne se
sont élevés, jusqu’à ce jour, qu’à 6,662,000
francs pour les communes ; et les emprunts
votés régulièrement, mais non encore auto
risés, ne s’élèvent qu’à 4,538,600 francs, ce;
qui fait un total de 11,208,000 îraucs. Les :
départements et les communes de l’Algérie j
n’out donc pas besoin de 40 millions, puis- j
qu’en 5 ans ils n’ont pu en employer que le j
quart à peu près.
Mais les chiffres, je le répète, n’étaient j
pas rigoureusement exacts.
Ainsi, pour ne parler que du département i
d’Alger, M. Aumérat disait au Conseil gé- j
néral. dans la séance du 15 avril dernier.
J’ai pu constater qu’en ce qui concerne le
département proprement dit, les emprunts
contractés et réalisés s’élèvent à la somme
de 3 millions, et ceux en Instance â 5 mil-
j lions, et qu’en ce qui touche les communes
de notre département les emprunts à cette
même caisse s’élèvent à 1,094,000 francs.
Le Conseil général de fConstantine faisait
aussi des rectifications de même nature.
Mais toutes ces considérations et bien
d’autres, ne pouvaient toucher le cœur de
M, Allain-Targé et aussi celui des membres
de la Commission du budget. On s’en est
t ;nu aux chiffres de M. Waldeck-Rcusseau
et aussi aux nécessités politiques.
Les préoccupations électorales l’ont em
porté sur les intérêts de l’Algérie et nos dé
putés eux-mêmes, nous dit-on, Ont été forcés
de consentir à ce sacrifice.
On a bi n objecté que le budget étant fait,
il n’y avait aucun autre moyen de parer aux
besoins des communes métropolitaines, mais
nos députés auraient pu et auraient dû ré
pondre que I»s protestations des conseils gé
néraux étaient antérieurs au vote du budget.
Il est vrai que les députés d’Oran et de
Constantine avaient quelque raison de se
montrer coulants. Ils ont tous, récemment,
obtenu pas mal de millions pour ports et
chemins de fer, et ceux de Constantine, en
outre avaient réussi à faire voter une loi au
torisant l’emprunt de cinq millions à la
caisse des chemins vicinaux, par leur dé
partement. Il ne leur en coûtait donc guère
d’accueillir favorablement les promesses
avec lesquelles la Commission du budget a
voulu dorer la pilule.
Cette promesse consiste dans la restitu
tion future des vingt millions, dès que le
gouvernement aura de nouveaux crédits à
sa disposition.
Nos députés ont dû se contenter de cet
engagement pris par une commission du
budget qui sera peut-être renouvelée en en
tier dans quelques mois d’ici.
Ah ! le bon biliet qu’a Lachâtre.
Petites Nouvelles Téiégraphipes
La Bourse de Londres a sensiblement
baissé à la nouvelle des événements sur
venus dans l’Afghanistan.
■— M. Cambon est attendu à Paris le 24
juillet pour fournir à M. de Freycinet des
explications catégoriques sur plusieurs faits
ressortissant de son administration. Le gé
néral Bou anger est également attendu à.
Paris pour la fin du mois de juillet.
— M. Léon Say refuse d’être l’exécuteur
testamentaire de Victor Hugo.
— La date des élections n’est pas encore
fixée.
Plusieurs journaux annoncent que M.
Grévy désirerait que les élections aient Beu
le 27 septembre prochain.
Informations algériennes
Voici la liste complète des nominations
académiques faites en Algérie à i’occasiou
de la Fête nationale :
Officiers de Vinstruction publique
M. Trépied, Jean-Charles, directeur de
l’Observatoire d’Alger.
M. Alphandèry, conseiller général, mem
bre du bureau d’administration du Lycée à
Alger, a été nommé officier de i’inst,ructiou
publique
M. Saar, administrateur de la commune
mixte d’Ain-Bessem, a été nomma officier
d’Âcadérme.
M Demaëght, commandant de recrute
ment, vice-président de la Société de géo
graphie et d’archéologie d’Oran.
Officiers d’Académie :
M. Si Abdel Kader ben Abdallah, profes
seur à la médersah de Constantine. - Juda
dit Salomon Isaac-Johl, instituteur public à
Coustantine. — Marguerite, Victor, institu
teur public à Ameur-el-Aïn (Alger). —
Mme Merz, Louise-Césarine, institutrice
publique à Alger.
MM. Aumerat, conseiller général, Alger;
Monbrun, conseiller général, Oran ; Mo-
nin, sous-préfet de Bougie ; Blasselle, mem
bre du bureau d’administration du Lycée
d’Alger ; Cuinet, ingénieur à Oran ; Ciaval-
dini, président du Tribunal civil, Sidi-bei-
Abbés ; Si Mohammed ben Sidi Saïd, khod-
ja à la division d’Alger ; Wâchi, chef de bu
reau arabe à Daya ; Weil, grand rabbia du
consistoire israélite d’Oran
Basset, chargé du cours de lange arabe A
l’Ecole des lettres d’Alger.
X
L'Officiel libelle comme suit les états de
service des nouveaux promus dans Tordra
de ia Légion d’honneur.
Feuilleton de L.V DÉPÊCHE ALGÉRIENNE
n° 2.
LA
GRAU DE M ARRIÈRE
PAR
Georges OHNET
Et elle rythmait sa chanson du claque
ment sourd de son battoir sur le linge
mouillé, ne pensant déjà plus à son aven
ture, gaie et insouciante comme une alouet
te des champ*, taudis qu’au bord de la lan
de, découpant sa silhouette grise sur l’azur
du ciel, l’idiot, faisant claquer son fouet,
riait toujours de son mauvais rire.
L’amazone et l’étranger avaient repris leur
marche : ils approchaient d’un petit bois
dont l’entrée était défendue par une large
barrière peinte en blanc. Ils le tournèrent
et, soudain, arrivés au bord du plateau, la
vallée de la Thelle s’ouvrit devant eux.
Sur ia hauteur à droite s’élevait un châ
teau de style Louis XIII, entouré d’un beau
parc, s’arrondissant jusqu’à la rivière qui
coulait, dans le fond, brillante entre les
saules de ses rives, serpentait au milieu des
près d’un vert émeraude et. après avoir
passé sous un joli pont de pierre, se perdait
derrière les murs des vergers. Abritée par
la colline contre les vents du Nord, La Neu
ville s’étalait coquette et blanche, dressant
fièrement, au-dessus des toits des maisons,
la flèche dentelée de son église et les hautes
cheminées de ses fabriques. Un cüemin en
lacetis descendait vers la ville, laissant à
gauche de profondes et hautes hêtraies dont
les troncs gris et les feuillages noirs don
naient un aspect sévère au paysage. A mi-
côte, un monticule blanc, semblable à une
énorme taupinière, émergeait de la futaie.
Tout autour de la ville la campagne était
cultivée, et les blés jaunes, les avoines d’un
beau ton vert-de-gris, les trèflis violets on
dulaient jusqu’aux enclos des faubourgs. Ou
ciel bleu s’étendait sur cet admirable pano
rama, que le soleil dorait de sa lumière, et
une impression de tranquillité douce se dé
gageait de ce lieu plaisant, où il semblait
I que le bonheur devait habiter.
Les deux spectateurs de ce merveilleux
tableau restèrent un instant dans une con
templation muette, laissant errer autour
d’eux leurs regards ravis. Un vent léger
montait de la rivière, leur apportant les
fraîches senteurs des foins coupés, et ils
s’oubliaient, euveloppès dans une paix déli
cieuse, où tous les soucis cachés, toutes les
agitations intérieures, se fondaient amortis
et calmés.
L’étranger secoua le premier cette éni-
vraute torpeur. Il frappa le sol du pied,
comme un exilé qui se retrouve dans le pays
natal et qui en reprend possession, puis,
avec un accent joyeux :
— Je me reconnais maintenant... Voici
La Neuville... Adroite, dans les arbres,
c’est le château de Clairefont, et, là-bas, ce
tertre surmonté de charpentes, c’est la
Grande Marnière...
L’amazonne na répondit pas Elle regar
dait au loin, dans la direction de cette ex
croissance de terre que son compagnon
venait de désigner, et ses traits s’étaient
assombris. Elle semblait scruter, avec in
quiétude, cette butte blanche qui tachait la
colline, comme si ses flancs crayeux eussent
contenu quelque mystérieux danger. Que
recélait-eile qui pût ainsi alarmer la jeune
fille $ Elle s’étageait silencieuse, inerte, vide
de travailleurs, et les hautes poutres qui la
couronnaient se dressaient comme le bois
d’un échafaud. L’amazone poussa un soupir
et, répondant plutût à sa préoccupation in
time qu’à la demande de l’étranger, elle
répéta d’une voix étouffée :
— C’est la Grande Marnière... Puis, agi
tant la tête, pour dissiper sou trouble, elle
ajouta : Voici votre chemin, Monsieurs ; en
descendant tout droit, vous arriverez à l’en
trée des barrières de la ville...
— Je vous remercie, Mademoiselle, dit
l’étranger, en admirant à loisir sa char
mante compagne qui maintenant lui faisait
face. Il marcha un peu, parut se consulter,
puis, s’inclinant :
— Voulez-vous me faire l’honneur de me
dire à qui je dois être reconnaissant de tant
d’obligeance ?
La jeune fille laissa tomber sur son com
pagnon un limpide regard, et répondit sim
plement :
— Je suis Mlle de Clairefont.
A ce nom, le jeune homme recala instinct
tivemeut, une rougeur monta à son front,
qu’il détourna. Etonuée, sa compagne la
fixa avec attention et, comme entraînée par
un mouvement irrésistible :
— Et vous, Monsieur, dit-elle, qui êtes-
vous ?
Les traits de l’étranger se contractèrent.
Il hésita un instant, puis, relevant la tête, il
dit d’une voix sourde :
— Moi, je suis Pascal Carvajan.
A cette réponse, le visage de Mlle de
Clairefont prit uue expression de souveraine,
hauteur, ses yeux devinrent froids et durs,,,
un sourire de dédain passa sur ses lèvres,
et, coupant l’air de sa cravache, comme
pour établir, entre le jeune homme et elle,
une nette et infranchissable séparation, elle
siffla son chien, mit sou cheval au trot et
s’éloigna sans tourner la tête.
Il la suivit du regard, cloué à sa place»
oubliant le dédain de la jeune fille pour ne
se souvenir que de sa beauté. Elle s’en allait
fière et méprisante, après être restée auprès
de lui, pendant une demi-heure, dans une
sorte d’intimité charmante, et peut-être il
ne pourrait plus jamais approcher d’elle.
Il voyait à chaque pas la distance grandir ;
déjà il ne distinguait plus nettement sa sil
houette élégante, au milieu de la poussière,
soulevée par les pas du cheval. La traîna
de la longue robe grise et le voile blanc. À», •
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