Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-11-22
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 22 novembre 1852 22 novembre 1852
Description : 1852/11/22 (Numéro 327). 1852/11/22 (Numéro 327).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUMÉRO 527.
BimiUX : ru© de Valois (PaïaIs.Royûl), ii' 10»
B 1852. - LUNDI 22 NOVEMBRE.
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SÊPARTENGNS :
16 Fil. POUR TROIS MOIS.
PARIS :
13 FR. l'OTJR TROIS MOIS.
EN NUMÉRO : 2© CENTIMES»
focb.les pays étrangers , se reporter au
tableau publié dans le jeurnaH, les 10 et
25 de chaque mois. '
S'adresser, franco, pour la rédaction, à M. C uchevàl- C là
Les articles déposés ne sont pas rendus
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JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
£B Ci
tcf.
I
O a s'abonne, dans les dïpartemens, aux Messageries et aux Directions de poste.'—A Londres, cAez'MM. C owie et fils.
— A Strasbourg, chez -M. A iexindm , pour l'Allemagne.
. S'adresser, franco, pour l'administration]
■ " à m. D enain, directeur.
Les gtiinorit estent reçues chez M.PANfS, régisseur, 10, place de la Bourse;
>j et au bureau du journal. .
£c Con»tilulionnet va commen
cer immédiatement après RENÉE
DE YARVILLE, de M 010 AKCELOT, la
publication deit ou^ages dont les
titre» suivent:
IE DÉPUTÉ D'ARCIS
Far feu II. DÉ BALZAC.
QUATRE VOLUMES.
LE
PASTEUR D'ASBOURN
Par AIFAAMHIF, «PUS.
QUATRE VOLUMES.
Une Femme compromise
PAR EUGENE GUINOT.
UN VOLUME/
Ces trois ouvrages sont entre
les mains de l'administration dn
journal. Elle s'est en outre assu
ré par des traités le concours dos
écrivains les plus aimés du public.
Tous les nonis illustres de la litté
rature viendront, l'un après l'autre,
prendre place dans lie feuilleton du
C&nstitMtionnœt, et lui donner, par
leur collaboration, autant d'éclat :
que de variété.
A partis* dn renouvellement
du 1 er décembre, les prix d'a
bonnement du ConslHution-
?te£ sont ainsi fixés :
POUR TROIS MOIS ;
BÉP ARTESIENS. . . . ... 16 FR.
PARIS. 13 FR.
PARIS, 21 NOVEMBRE.
Les opérations électorales ont commencé
à Paris dès huit heures du matin. Elles se
sont accomplies, pendant toute la journée,
dans le plus grand calme et avec un re
marquable empressement de la part des
électeurs. On a pu observer qu'un grand
nombre d'entre eux votaient OUI à bulle
tin ouvert, comme pour donner à leur
adhésion une forme phis éclatante et plus
personnelle. Toutes les classes de la so
ciété ont pris part au scrutin avec une
égale ardeur. Le mot d'ordre de la démago
gie , qui prêchait de s'abstenir, n'a pas fait
fortune dans la population parisienne.
Les mêmes nouvelles nous parviennent
de la banlieue. La banlieue de Paris a tou
jours été fort dévouée à la cause de Louis-
Napoléon. Elle devait rester fidèle à ses pré
cédons lors du vote solennel qui va lui ou
vrir le chemin du trône impérial. En vain
avait-on fait courir parmi les habitans de
la banlieue des bruits absurdes sur les pro
jets du gouvernement à l'égard des oc
trois. Ces populations, qui connaissent de
longue date Louis-Napoléon, et qui savent
quelle est sa politique, n'avaient pas attendu
le démenti officiel pour faire justice de
ces rumeurs calomnieuses. Depuis long
temps la guerre des fausses nouvelles leur
a été signalée ; elles n'ignorent pas que ceux
qui fabriquent des bruits mensongers contre
le gouvernement sont les mêmes qui éle
vaient naguère les barricades, et qui étaient
ainsi les instrumens de la misère publique.
Aussi la banlieue donnera-t-elle, par son
vote une preuve nouvelle de sa confiance et
de ses sympathies pour l'héritier, pour. le
successeur de l'empereur Napoléon.
Nous rappelons«aux électeurs retardatai
res que le scrtrtitTreste' ouvert peiîaSÏÏTlSuîr " atrtnitîCu d ' ua concours em P rcssé dc la r art des
habitans.
Les sections extra-muros entrent dans la ville,
bannières en tête et au cri dc Vice l'Empereur !
pour déposer leurs suffrages. On compte à Dijon
sur une imposante majorité en laveur de l'Em
pire. -,
Metz, une heure.
Les rapports qui parviennent de la banlieue et
de Metz font connaître qu'on se rend aux élections
avec empressement. •
Le scrutin de l'Empire y sera supérieur à celui
du 20 décembre. .
. Bar-le-Duc, une heure.
La population de Bar-le-Duc se rend au scru
tin avec un empressement remarquable. Le tiers
des inscrits s'est déjà présenté.
Les dernières nouvelles des arrondissemens de
Commercy, Verdun et Mohtmédy sont excellentes.
. Rouen, 2 heures.
L'empressement est grand. Tout annonce à
Rouen et dans le département que le nombre des
votans dépassera le chiffre des élections précéden
tes. La majori e sera des plus imposantes.
Tours, 2 h. 1/2.
Âffluence considérable dans les diverses sec
tions de la ville de Tours.
Tout présage un résultat imposant.
Poitiers, 1 h; 1/2.
A Poitiers, les électeurs se. rendent en foule au
scrutin, malgré une. xMtable tçmp^J&Jfô.,.fau
bourg de la Cueuille vient de traverser la ville,
drapeau en tête, et au cri de : Vive l'Empereur !
lajournée de demain. Ceux d'entre eux qui
n'ont pu remplir aujourd'hui leur devoir
électoral, ont donc tout le temps nécessaire
pour voter. Aucun prétexte raisonnable ne
saurait les excuser à leurs propres yeux.
Ils ne peuvent : assurément se plaindre
d'avoir rencontré des difficultés-dans l'exer
cice de leurs droits d'électeur. Les adminis
trations des mairies, ont mis en effet la plus
complète obligeance et la plus grande exac
titude dans la distribution des cartes , dans
l'inscrintion des électeurs > non encore ins
crits. La multiplicité des sections électorales
n oblige chaque Lleacu ■ qu'à faire quelques
pas poiu^paetei on bulletin dans l'urné. Ne
pas voter, quand il s agit du plus grand ac
te de souveraineté que puisse accomplir une
nation. c'est, en vente., se déclarer coupable
de la plus honteuse indifférence pour les in
térêts de son pays.
Pour nous, le résultat du scrutin n'est pas
douteux. L'Empire, acclamé par les popula
tions pendant le voyage deLouis-Napolén,va
être régulièrement constitué par leur vote
consciencieux €t indépendant. Une dynastie
nouvelle va être élevée sur le pavois natio
nal par la France qyi n'^st plus représentée
par des classes privilégiées, mais qui parle par
la bouche de tous ses enfans. Seulement, dans
l'intérêt de tous, nous désirons que ce trône
s'appuie sur une base aussi large que possible
de suffrages exprimés. Plus il y aura de
bulletins approbatifs, plus le pouvoir issu du
vote populaire sera fort, stable et respecté.
Vous tous qui désirez que l'ère des crises po
litiques demeure à jamais fermée, vous tous
qui vouiez la prospérité du pays par la paix
au-dèliors comme au-dedans, riches ou pau
vres, bourgeois et ouvriers, propriétaires et
cultivateurs, hommes de travail, d'honneur
et de probité, tant de fois décimés, ruinés,
exploités au jeu sanglant des révolutions,
hâtez-vous de contribuer par votre vote à
la restauration du trône impérial !
HENRY c AU VAIN.
D'après des renseignemens qui nous arri
vent d'un grand nombre de sfections électo
rales de Paris, le nombre des votans, dans
cette première journée, a dépassé la moitié
du nombre des électeurs inscrits.
Partout, l'ordre le plus parfait a régné ; il
n'y a jamais eu âffluence extraordinaire de
votans, mais les électeurs se succédaient de
telle sorte qu'il n'y avait pour ainsi dire
pas d'interruption dans l'inscription du nom
bre des votans.
On a remarqué qu'un assez grand nom
bre d'électeurs que leur grand âge tient
d'ordinaire éloignés des scrutins avaient
voulu voter dans cette circonstance décisive.
On nous a cité un respectable magistrat,
âgé de quatre-vingt-dix-huit ans, qui
n a conservé que le titre honoraire de ses
fonctions et qui est venu déposer ostensible
ment son suffrage, en faveur du neveu de
l'homme qui avait rétabli en France le règne
des lois.
Le secrétaire de la rédaction, l. boniface.
ARMEE DE PARIS.
Les votes- de l'armée de Paris,
guerre,
pour
ce soir au ministère de
résultat : *
arrives
donnent
Oui
Non
20,077
353
Dijon, 2 heures.
Le vote du pébliscite est ouvert depuis ce ma
tin à Dijon. 11 s'accomplit avec un grand ordre et
Nous lisons dans la Concorde de Reims :
« Nous n'en finirions pas, si nous voulions énu-
mérer toutes les manifestations qui se préparent
pour célébrer les grands jours du scrutin. En
voici les principales :
» Aux arcs de triomphe dont nous avons parlé
dans notre dernier numéro, il faut ajouter celui
de l'entrée du faubourg Cérès, route de Vitry,
conçu et exécuté par les ouvriers.
»°Sur la place Saint-Nicaise et sur la place
Drouet-d'Erlon, décorées et illuminées, doivent
avoir lieu des danses et des réjouissances publi
ques.
» Les propriétaires des bals et des jardins pu
blics ouvriront lundi soir leurs établissemens
gratis.
» Enfin, on cite, quelques-uns de MM. les bou-
cheis qui, pendant les deux jours du scrutin, di
minueront le prix de leur viande de première
qualité.
» Un pareil mouvement en dit plus, sur la dis
position des esprits, que tous les commentaires
auxquels nous pourrions nous livrer. »
On lisait dans le Siècle, le 25 mai 1848 ,
l'article suivant :
« La sécurité est rentrée potir un moment dans
la ville: rentrera-t-elle enfin dans les esprits? Ce
n'estpas l'émeute désormais qui est le plus à,
craindre. Vaincue par la garde nationale, par
l'armée, par le peuple de Paris, elle le serait en
core si elle osait menacer le gouvernement ; le
sentiment public est unanime pour repousser des
doctrines anarchiques,- pour opposer la force de
tous à la violence de quelqHes-uns. Mais quand
reprendront les affaires? quand sortirons-nous de
la langueur et du marasme? Quand verra-tron
renaître la confiance?
» Chacun s'adresse ces questions et nul ne peut
y répondre. Les affaires ne reprendront quelque
activité, la confiance ne renaîtra que le jour où
le pouvoir, uni, ferme, résolu, au-dessus du soup
çon, étranger aux défiances, fera appel à tous les
dévoûmens, à toutes les capacités, sans aucune
distinction injurieuse ou puérile, pour les rallier
en un faisceau autour de lui. Oui, nous le répé
tons, l'homme qui dira le premier, au nom du
peuple, au nom de la France : «Je ne connais pas
de classes, je n'aperçois pas de partis dans la Ré
publique ; tous les Français sont Citoyens au mê-
DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES.
vote des 21 et 22 novembre.
Valence, 11 heures.
Malgré une forte pluie, les électeurs se portent
en foule au scrutin. Tous les renseignemens que
je reçois sont excellens. f
Valence, 3 heures.
La pluie a cessé depuis une heure. Le soleil re
paraît. Les électeurs continuent à affluer au scru
tin. Les nouvelles des communes voisines sont
très bonnes.
me titre, leur patriotisme n'a pas de date, ils ont
tous les mêmes droits, et il n'y aura de distinc
tion entre eux qu'en raison de leurs services ; »
celui qui tiendra ce langage avec bonne-foi, avec
autorité, sera unanimement suivi, et son influen
ce sera irrésistible, car elle s'appuiera sur la
toute-puissance de la nation. »
Les prévisions du Siècle sont aujourd'hui
complètement réalisées.
Le secrétaire de la rédaction : l. boniface.
A la suite de l'examen que M. Magne vient
de faire sur les lieux des travaux à exécu
ter sur les bords du Rhin, et des dommages
éprouvés par les riverains, le prince-Prési
dent a ouvert' un nouveau crédit extraor
dinaire de 300,000 par _le décret suivant :
Louis-Napoléon, Président de la République
française.,
Sur le j'apport du .ministre des travaux publics,
Vu leldéciel du 4 octobi'e.1852 ;
U loi du 23 mai ltS3t; „
Considérant que le crédit extraordinaire He
500,000 fr. ouvert sur l'exercice 1852 par le dé
cret sus-visédu-i octobre 1862,pour la réparation
'des dommages causés par la dernière inondation
du Rhin, est sur le point d'être épuisé ;
Considérant qu'il est indispensable, dans l'inté
rêt de la sécurité du territoire et de la conserva
tion même des ouvrages, que les travaux de répa
ration soient continués sans aucune interruption;
Décrète ce qui suit :
Art. 1 er . 11 est ouvert au ministre des .travaux
publics, pour la continuation des travaux de ré
paration des dommages causés par la dernière
inondation du Rhin, un crédit extraordinaire de
: 300,000 fr. sur l'exercice 1852.
Art. 2. La portion' du c-réclit de 300,000 fr. ou
vert par l'article précédent sur l'erercic#1852,
qui ne serait pas employée dans le courant de
cette année, sera reportée sur l'exercice 1853.
Art. 3. Les ministres des travaux publics et des
finances. Sont chargés,- chacun en ce qui le con
cerne, de l'exécution du présent décret, qui sera
inséré au Bulletin des Lois.
Fait au palais de Saint-Cloud, le 20 novembre
1852. louis-napoléon.
, Par le Président :
Le ministre des travaux publics, p. magne.
Le ministre des finances, bineau.
On écrit de Bruxelles, le 21 :
« La section centrale, chargée de l'examen
du projet de loi dit loi sur la presse, s'est
réunie hier, sous la présidence de M. Vi
lain XIHI, vieè-président. M. le ministre de
la jus ^c &4issi§tflit a cGtte reunion ....
» La première partie de l'article
qui regarde les of/'enses et injures verbales
envers les souverains et les chefs de gou-
vernemens étrangers, a, été rejetée par la
section centrale, qui a adopté l'autre partie
de l'article.
» Le gouvernement s'est rallié à cet amen
dement. <
» M. Lelièvre a été nommé rapporteur. »
Dans une réponse à l 'Indépendance, l'Eman
cipation fait cette déclaration au nom du
parti conservateur en Belgique :
« Les conservateurs, en Belgique, n'aiment pas
les gens dont la politique a pour but d'unir les li
béraux et les démagogues, de diviser la popula
tion des villes et la population des campagnes, de
soulever ceux qui n'ont rien contre ceux qui possè
dent. Les conservateurs veulent que, dans les ques
tions d'enseignement, il y ait accord entre l'Etat et
le clergé. Les conservateurs n'aiment pasles minis
tres qui augmentent les impôts, en présentant de
fausses situations financières. Les conservateurs
regardent les doctrines du libre-échange comme
dangereuses, parce qu'elles rendent le renouvel
lement des traités de commerce impossible ; et
surtout parce qu'elles sèment dans le pays des
germes de mécontentement, quand elles sont in
également appliquées. Enfin, les conservateurs
tiennent à vivre dans des rapports de bon voisi
nage avec les nations voisines. Pour ce motif, ils
blâment les ministres qui portent des défis aux
^ambassadeurs étrangers ; ils n'ont rien de com
mun" avëtT lès journaux qui insultent les souve
rains étrangers et dont les sympathies sont révo
lutionnaires dès que la révolution est quelque part
triomphante. »
On. lit dans le Morning-Advertiser , du-20
novembre :
« Le conseil des ministres ne s'est assemblé, hier
que parce qu'il a trouvé la motion de M. Villiers
plus forte que ne l'avait pensé le ministère. Le
conseil a siégé deux heures. 11 a été résolu de com
battre la motion de M. Villiers comme ayant un
caractère trop fort de la liberté du commerce.
Parmi les metnhres du conseil qui ont plaidé le
plus chaudement la cause des fermiers et deman
dé que' le gouvernement leur promît quelque
compensation, oû a remarqué lord Salisbury, lord
Hardwick, lord Malmesbury et lord John Manners.
C'est à leur suggestion qu'a été adopté l'amende
ment de M. d'israeli avec le principe de compen
sation qui y a été ingénieusement intercalé. Si la
motion de M. Villiers est adoptée et l'amendement
ministériel rejeté, les ministres se retireront. »
C'est par le ^bateau à vapeur anglais la
Plata, arrivé jeudi dans les eaux de Sou-
thampton,que l'on a reçu les dernières nou
velles des Antilles.
La Plata avait quitté l'île de Saint-Thomas
le 4 novembre ; tout l'équipage se portait
bien, mais pendant le voyage neuf person
nes sont mortes de l'épidémie qui ravage
encore les Antilles. Le dernier cas.de mort a
eu lieu mercredi dernier, 17 novembre.
Le conseil sanitaire de Londres a décidé
que les malles seraient soumises à la fumi
gation dans le lazaret de Motberbank ; toute
communication a été interdite au bateau la
Plata avec la côte, et la plus stricte surveil
lance est exercée sur le navire. ■ 1
Ainsi la ma' «ént encore d'eulever au
clergé et à"la*iftagîstratufc*t »is 'liommes4e-
mérite, de courage et de distinction : M. Che
valier, substitut du procureur de la Répu
blique, près le tribunal de première instan
ce à Saint-Pierre; M. Anne-Michel, sous-dia-
crefet [professeur au séminaire-collége de
Saint-Louis de Gonzague, et-un des plus jeu
nes prêtres de la colonie, M. l'abbé Lemare,
qui avait reçu les ordres des mains de Mgr
Leherpeur, l'année dernière seulement. M.
l'abbé Lemare était un des vicaires de la pa
roisse du Mouillage, et a emporté dans la
tombe les regrets unanimes de ses parois
siens.
Dans ces douloureuses circonstances, com
me dans les épreuves diverses que la colonie
a traversées depuis près de deux ans, tout le
monde se louait de l'administration de M. l'a
miral Vaillant, qui est parfaitement secondé
par M. de la Rougery, directeur de l'inté
rieur par intérim.
L'épidémie continuait également de sévir
à la Basse-Terre et à la Pointe-a-Pitre (Gua
deloupe) ; mais on espérait généralement
une amélioration dans l'état sanitaire. Le
clergé de la première de ces villes avait eu
cependant à déplorer la perte de l'abbé Tra-
jan, aumônier de l'hôpital militaire.
NOUVELLES ÉTRANGÈRES.
•- • -- . - -SUEDE*—• .
Stockholm, 12 novembre.— Le roi a eu avant-
hier quelque sommeil; mais plus tard, et hier
encore, la fièvre a augmenté, et de forts saigne-
mens de nez ont été suivis d'une prostration plus
grande, que celle des jours précédens. Aujour
d'hui (trente-unième jour de la maladie), S. M. a
dormi et la fièvre n'est pas encore revenue.
La princesse Eugénie est mieux. La fièvre a
cessé et la prostration est moindre.
ALLEMAGNE.
berlin , 17 novembre.—D'après la Gazette uni
verselle d'Augsbourg, un traité de douane n'a pas
encore été conclu entre la Prusse et le Brunswick;
on n'est convenu provisoirement que de certains
points ; le Brunswick a fait dépendre ses conces
sions du résultat des négociations entre la Prusse
et le Hanovre.
. 18 novembre. (Correspondance particulière.)—
Aujourd'hui la conviction parait s'établir dans les
esprits que le Zollverein ne sera pas rompu et
que ie gouvernement prussien finira par faire
prévaloir son système; Cette fois-ci, dans tous les
Etats de l'Allemagne, les chambres et le peuple se
sont prononcés contre l'abandon du Zollverein.
Il arrive de Darmstadt, de Stuttgàrdt et de Carls-
rulie des lettres qui annoncent que le Zollverein
sera maintenu. Cela est important surtout en c,e
qui concerne Hesse-Darmstadt, car cet Etat a été
le plus hostile à la Prusse. Bade et Wurtemberg,
au contraire, ont paru plus concilians.
Dans les élections supplémentaires qui ont eu
lieu ici, l'opposition l'a emporté sur le ministère,
un seul candidat-ministériel a été élu. M. deMan-
teuffel ayant opté pour son ancien district élec
toral, il y aura à procéder à une nouvelle élection,
Le cabinet a l'espoir que M. Simons l'emportera.
Malgré la protestation de la Porte-Ottomane
contre une reconnaissance éventuelle du vladika
de Montenegft», la Prusse suivra l'exemple de l'Au
triche et reconnaîtra sa souveraineté.
mumch , 14 novembre.— Des lettres particuiiè-
: pa
res de Saint-Pétersbourg mandent que la cérémo
nie des funérailles de S. A. 1. le duc de Leuch-
tenberg a été rendue encore plus émouvante par
un acte touchant de l'empereur. S. M., les trois
grands-ducs (ses fils), le duc d'Oldenbourg, et le6
aides-de-camp généraux de l'empereur, ont trans
porté sur ieurs épaules, du palais Marie jusqu'au
char funèbre, le cercueil du feu duc.
ESPAGNE.
Madrid , 16 novembre. (Correspondance parti
culière). —r Le bruit court que la reine doit ou
vrir la session par un discours du trône, dans le
quel elle se félicitera de la naissance de la prin
cesse des Asturies comme d'un nouveau lien de
vant unir plus étroitement sa dynastie avec le
peuple espagnol.
La démission de M. Melchior Ordonez y Viana,
ministre de l'intérieur, motivée sur le mauvais état
de sa santé, a été acceptée par la reine. La dé
mission de M. Mariano Miguel de Reynoso, séna
teur du royaume et ministre , des travaux pu
blics , motivée sur les mêmes raisons, a été éga
lement acceptée. M. Cristobal Bordia, direc
teur-général des douanes, postes et octrois, et
député aux cortès, est nommé ministre de l'inté
rieur. Le ministère des travaux publics est confié
ad intérim à M. Manuel Bcltran de Lis, ministre
des affaires étrangères. Telle est la substance des
documens insérés aujourd'hui dans la Gazette.
M. Beltran de Lis a déjà successivement occupé
divers ministères, et notamment ceux de la ma
rine, des finances, de l'intérieur, des affaires étran
gères et des travaux publics. . £•-»
On parle, pour le-ministère .des-travaux public?,
MM» le bjtron de Biguezal, Olivan, Mtgquieria .
et'Vahëy. On croit que c'est M. Olivan qui, com
me homme parlementaire et orateur, aurait le
plus de chances.
Le bruit court que le président du conseil, en
soumettant à la signature de la reine les décrets
d'acceptation des démissions de MM." Ordonez et
Reynoso, aurait proposé à S. M. dechapger le mi- ,
nistre de la guerre. S. M. n'aurait pas acquiescé
à cette demande. Ceci n'est qu'un bruit de ville.
On dit que M. Ordonez est nommé conseiller
royal en remplacement de M. de Castillo y Ayen- ;
sa, représentant de l'Espagne près la cour de 1
Rome. . :
PORTUGAL. * ,
Les journaux que nous recevons de Lisbonne
sont du 10. Ils ne s'occupent que de la question '
électorale. Le parti cabraliste, après avoir déclaré,
par l'organe de son chef, le comte de Thômar,
qu'il ne se présenterait pas aux.urnss électorales,
paraît avoir complètement changé d'opinion. Se-
Ion toutes les probabilités, il entrera en lutte ^avec
tout le contingent de ses forces, pour livrai' ba
taille au ministère, qui sera également combattu .
par les septembristes et les ennemis qu'ils s'est
faits par ses dernières mesures financières, telles
que celles relatives à la Banque et à la compagnie ■
des vins du Duero. ( Clamor publico.)
Nouvelles diverses.
PARIS, 21 NOVEMBRE.
Par décret du prince-Président, en date du 20
de ce mois, sont nonjmés :
•» - 4ngtr^*~Mbuira^e>-pîêffiî6M , 1nstance de la
Seine, M. Durand (de Romorantin), conseiller à
la cour d'appel d'Orléans, en remplacement de
M. Broussais ; conseiller à la cour d'appel d'Orléans,
M. Martin-Saint-Ange; vice-président du tribunal
de première instance de Melun M. Curé; juge au
tribunal de première instance de la Seine, M. La-
gxenée; juge au tribunal de Versailles, M. Joseph
Dijon ; procureur de la République à Meaux, M.
Guillemain; procureur delà République à Nogent-
leiRotrou, M. Dumont de Sainte-Croix, ancien
magistrat; président du tribunal de Provins, M.
Vivien; juge à Epernay, M. Bouché de Sorbon ;
juge à Joigny, M. Geoffroy-Duport ; substitut à
Avallon,' M. Thibault.
M. Bouché de Sorbon, nommé jugp à Epernay,
remplira au même siège les fonctions de juge
d'instruction; M. Geoffroy-Duport, nommé juge à
Joigny, remplira au même siège les fonctions de
juge d'instruction.
— Sur le rapport du ministre de la guerre, le
prince-Président de la République a décidé, le 6
de ce mois, que le comité consultatif de la gen
darmerie serait reconstitué comme il l'était en
1847 et composé ainsi qu'il suit, savoir :
MM. les généraux de division comte de La Rue
et baron Servatius.
MM. les généraux de brigade- Gauthier de La-
verderie, ltébillot, Eynara et l'Hitendant militaire
Dagnan.
Conformément aux dispositions de l'ordonnance
du 3 octobre 1846, M. le général de division com
te de La Ruë sera, en raison de son ancienneté,
président du comité.
M. le chef d'Escadron d'état-major Saget, offi
cier d'ordonnance du ministre de la guerre, rem
plira les fonctions de secrétaire,
(Moniteur de l'Armée.)
— Par un décret, en date du 17 novembre cou
rant, rendu sur la proposition du ministre des
finances, M. Bredy, caissier de la succursale de
Valenciennes, a été nommé directeur de la suc
cursale de la Banque de France à Toulouse.
— Par un décret daté de Bordeaux le 8 octo
bre, et rendu sur la proposition du ministre de
l'instruction publique et des cultes, S. A. le prin
ce-Président a nommé M. l'abbé Lange (Sylvain),
aumônier et directeur des orphelines de la Provi
dence à Bordeaux, chevalier de l'ordre national
de la Légion-d'Honneur.
— Par décret du prince-Président de la Répu
blique, rendu sur la proposition du ministre de
l'intérieur, M. Boudrie a été nommé adjoint au
maire de Tulle (Corrèze), en remplacement de
M. Darchambal, démissionnaire.
— M. le comte Marescalchi, ministre de France
à Darmstadt, vient d'être nommé ministre àCarls-
ruhe, en remplacement de feu M. d'Engelhardt;
M. le comte Damrémont, premier secrétaire à
Berlin, est nommé ministre à Darmstadt, et M. le
comte de Gabriac, secrétaire d'ambassade en disr
ponibilité, est nommé premier secrétaireàBerlin.
— Par décret du 11 novembre, M. Samson ,
commissaire central à Rouen, a été nommé aux
mêmes fonctions à Lille. Il est remplacé à Rouen
par M. Brunei, commissaire central à Lille.
— Le Courrier de Limoges publie la^note sui
vante, émanée de la préfecture :
« 19 novembre 1852.
» Dans la soirée d'hier, un agent de police a été in-
sultéparquatreindividusenblousequi se trouvaient
sur la place Tourny, et qui portaient un drapeau
rouge enroulé autour d'un bâton. Ce drapeau por
tait les mots suivans.
« Mort à Napoléon ! vive la République ! vive la
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL, 22 NOVEMBRE.
THÉÂTRES.
AsiniGU : Jean-le-Cocher, drame en sept actes, dont
un prologue en deux tableaux, par M. Bouchardy.
— GYMNASE : un Mari qui n'a rien à faire, vaude-
.• ville en un acte, de MM. Fournier et Laurencin.
J'ai employé la semaine entière à réunir
mes souvenirs, et le drame de M. Bouchardy
nf apparaît ènfln dans Un lointain lumineux ;
je tiens le fil, ou, pour parler plus noble
ment, je tiens les rênes de l'intrigue ; je me
crois capable de conduire la narration aussi
habilement que Jean-le-Cocker conduit son
fiacre. Plus tard, vers la fin de ce feuilleton,
après que les péripéties se seront déroulées
aux regards surpris d'un lecteur avide, on se
livrera, comme il convient, â un petit cours
d'esthétique, on abordera de front la ma
nière de M. Bouchardy, on discutera cette poé
tique qui a Si long-temps régné en souveraine
au Parnasse de la Gàîté, et qui conserve une
grande autorité encore dans les théâtres du
boulevard du Temple, malgré les tentatives
des, novateurs. 0 chef-d'œuvre, montre-toi
d'abord au grand jour, éblouis de tes rayons
lés blasphémateurs obscurs, nous raisonne
rons ensuite avec cette timidité naturelle à
des gens qui on t le soleil dans lés veux.
' Je sais a peu-près ce qu'une imagination
vulgaire eût tiré d'un sujet rempli de fia
cres, et quelle pièce d'autres auraient faite
sous le titre de Jean-le-Cocker; — on nous
a réduits depuis si long-temps au plus
abrutissant réalisme !. — ce qui me plaît
en M. Bouchardy, c'est qu'il est le fidèle
défenseur de l'idéal. A d'autres les détails
grossiers, les chevaux qu'on brosse, le
fiacre qu'on lave,'les vrais cochers et tout
l'intérieur de récurie! Avec d'autres auteurs,
nous aurions vu le fiacre verser, on aurait
minutieusement reproduit les habitudes des
cochers, et étudié sous tous leurs aspects les
mœurs des fiacres : tableau des cabriolets
de régie, tableau des voitures de remise ; on
ne nous eût pas fait grâce d'un mylord
non plus que de la vue exacte d'une place de
fiacres avec la cabane du préposé. Vous sa
vez comment ces Messieurs entendent l'art ;
le trompe-l'œil est leur fort. Dieu merci ! le
mélodrame a encore un poète! Voyez ce
front chargé d'évéaemens, cette physiono
mie douloureuse qui respire l'intrigue la plus
compliquée, incessu patuit uates, le poète se
révèle par ses inventions de l'autre monde ;
Jean le cocher s'élève à la hauteur d'un
mythefil n'aseulement pas de houppelande,
et son fiacre ne sert qu'à voiturer les situa
tions palpitantes. 0 poésie ! monte sur le
siège, et fouette Pégase, M."bouchardy t'a
prise à l'heure.
Celui qui paraîtra plus tard sous vos yeux
en simple cocher, habite, au premier acte,
des cimes presque aussi élevées que le mont
Saint-Bernard, et diffère surtout de la Ber
gère des Alpes en ce qu'jl n'a pas de chien.
Ce n'est point que je vetfille prétendre
que le chien, personnage ordinairement
muet, et dont tout le rôle consiste en effets
de pantomime, ne soit pas la plus haute ex
pression de l'idéal dans les mélodrames ; je
constate seulement que Jean- Claude n'a
point de chien ; la nature lui en a refusé un.
Mais pouvait-elle tout lui donner à la fois ?
la nature s'est déjà montrée bien assez pro
digue envers Jean-Claude. Il est bon, il est
fort, il est marié, il est père, il vit au grand
air dans les plus belles montagnes de la
Suisse ou de l'Italie, peu nous importe ; en
un mot, Jean-Claude peut passer a juste ti
tre pour le premier des montagnards. Quant
à l'hospitalité, il la donne toujours et ne la
vend jamais, suivant les principes généreux
" qu'on profésse dans tous les lieux fort élevés,
dans les Calabres aussi bien qu'en Suisse,—
J'aime à penser que la scène se passe en Ca-
labre.—Et pourquoi pas? Ecoutez cette voix
franche et loyale du montagnard calabrais :
— Par ici, voyageur ; entrez, mon cher Mon
sieur; il y a toujours place au feu et à la ta
ble de Jean-Claude ! Femme Geneviève, et
toi petite fille Jeanne, servez Monsieur l'é
tranger.—Voilà en quels termes le drame
commence. L'étranger était bien digne de
ces égards touchans. A peine le laisse-t-on
un instant seul, qu'il fourre dans le tiroir
de son hôte un rouleau de napoléons. Par
hasard, Jean-Claude revient à son armoire
et voit l'or. — Femme, s'écrie-t-il, qu'est-ce
à dire ? — Je ne sais pas, répond la femme
Geneviève.— Femme, est-ce que par hasard
le seigneur Luigi, qui rôde dans nos monta
gnes, voudrait me soudoyer jour me ravir
mon honneur?
La femme fond en larmes. — Alors l'é
tranger se lève : — Montagnard, dit-il, plus
de soupçons ! c'est moi qui ai mis l'or dans
le tiroir - je suis le général'Roger, présente
ment poursuivi par les ennemis, et fuyant
sous un déguisement; veux-tu gagner l'aiv
gent que je t'offrais en paiement de ton hos
pitalité? conduis-moi aux avant-postes dè
l'armée française.—Partons,général, répond
Jean-Claude. Moi et mon ami Petit-Pierre,
le sabotier, nous te servirons de gwde.
Il est presque indispensable de sa
voir que nous sommes dans le fort des
guerres d'Italie. D'un autre côté, quel peut
être ce seigneur Luigi dont Jean-Clauae a
parlé et qui rôde dans les montagnes d'un
air Sinistre ? Luigi est un intrigant qui con
naît le secret de la naissance de Gene
viève, car Geneviève a cela de commua
avec la femme de Paillasse, qu'elle appar
tient à une illustre famille qui l'a aban
donnée toute petite sur le mont Saint-
Bernard, dans un moment de précipita
tion. Un jour que Jean Claude est sorti,
Luigi entre dans la cabane et révèle à Ge
neviève qu'elle est l'unique héritière des
Montgolfieri, l'engageant à quitter son mari,
et à emporter sa petite, dont la santé ré
clame des soins que l'opulence seule peut
procurer.
—Quitter Jean-Claude ! répond Geneviève,
ah ! jamais! Il est à la fois mon mari et ma
famille. Le bonheur me tient lieu de riches
ses. Seigneur Luigi, retirez-vous !
Mais l'intrigant, plutôt que de partir, se
cache dans un petit grenier d'où il entend
la conversation entre Jean-Claude et le gé
néral Roger. Aussitôt le plan du traître est
tracé ; la gendarmerie est prévenue; le gé
néral et Jean : Claude tombent dans une em
buscade. On les fusille tous les deux. Par
un miracle, Jean-Claude n'est pas tué et
se sauve chez son ami le sabotier Petit-
Pierre, qui, depuis un mois déjà, le croyait
morti — Toi ! est-ce bien toi? fait le sabo
tier.
- — Oui, c'est moi; donne-moi des nou
velles de ma femme et de mon enfant.
-r- Cours, Jean-Claude, cours, arrête-les,
on les emmène !
— Que dis-tu?
— Je dis quê ta femme, Geneviève, est
l'unique héritière des Montgolfieri, què le
seigneur Luigi. lui avait révélé sa naissance
en l'engageant à t'abandoriner, qu'elle l'a
vait repoussé, mais que, te croyant mort,
:elle n'a pu refuser de se rendre dans le
sein de sa noble famille.
— Qu'elle parte, répond héroïquement
Jean-Claude ; je ne yeux pas être un obs
tacle au bonheur de ma femme et de ma
fille ;'j'ai été fusillé : cela suffit. Jean-Claude
est mort et disparaît pour jamais de la sur
face de ses montagnes; ô mes montagnes !
Ami Petit-Pierre, disons un dernier adieu
à ces hauteurs chéries, après quoi, puisque
nous nous sommes compromis tous les deux
dans ce pays en servant de guides au géné
ral Roger, nous irons nous faire cochers de
fiacre a Paris.
Jean est cocher depuis quelques an
nées ; mais, comme il mène une existence
de cocher, on n'entend pas parler de lui :
les cochers font ordinairement peu de bruit
dans le monde. Quant à Geneviève, après
avoir été présentée, avec sa fille, à toute la
haute société de Naples, en qualité d'héri
tière des Montgolfieri, elle est venue en
France, où elle a fini par épouser le seigneur
Luigi, vis-à-vis duquel elle se croyait tenue
à quelque reconnaissance. La voici donc ma
riée. La petite Jeanne est devenue une jeune
personne charmante, et, de plus, un très
grand parti. Geneviève, comme bien l'on
pense, a concentré toutes ses affections sur
sa fille; pour rien au monde elle ne la
forcerait- de se marier contre son incli
nation; et c'est avec un grand bonheur
qu'elle la voit éprise du colonel Henri, fils
unique de ce brave général Roger qu'on a
fusillé au prologue. Cependant, le seigneur
Luigi a l'air de s'opposer a ce mariage qui réu
nit toutes les convenances.—Ne voussemble-
t-il pas naturel, dit mélancoliquement Gene
viève à son mari, que la fille et le fils des
deux hommes qui moururent ensemble,
soient unis.
— Ah ! s'écrie Luigi, comme s'il éprouvait
une jalousie féroce; ah ! Madame, vous vous
souvenez trop du montagnard !
—J'en conviens, répond Geneviève, je re
grette la Calabre, je regrette ma cabane, ie
regrette Jean que j'avais épousé avant de
devenir votre femme. Est-ce un crime?
Crime involontaire dont la Providence est
coupable! Seigneur Luigi,ne cherchez point
à empêcher le bonheur de Geneviève. Je
suis la mère de ma fille, Monsieur, et j'ai
seule le droit de disposer de sa main !
—A ces mo ts, prononcés avec une douceur
empreinte, d'une invincible fermeté, le sei-
gnëur Luigi se tait. Mais, pour qui sait ce dont
le scélérat est capable, l'éclair de son regard
promet un nouveau forfait. La vérité est que
Luigi a dévoré la plus grande partie de la for
tune de sa femme, et qu'il ne veut pas qu'on
marié Jeanne, de crainte d'être obligé de
rendre des comptes. Cependant, il faudra
que le mariage se fasse, malgré Luigi ; car
1 empereur Napoléon lui-même a donné ses
ordres et promis de signer au contrat de
son jeune colonel. Ah ! nous ne sommes
plus en Calabre, où les traîtres font fu
siller les maris pour se débarrasser d'eux ;
nous sommes à Paris, et le seigneur Lui
gi est pris au traquenard. — Le miséra
ble se bat les flancs pour affecter un - air
de satisfaction. —Dès que S. M. tient à ce
mariage, dès que Geneviève le désire, et que
Jeanne s'en fait une joie, il n'a plus d'obser
vations à présenter : qu'on marie les chers
enfans au plus vite, il leur donnera de grand
cœur sa bénédiction. —Et la dot, comment
la rendras-tu, scéléràt? Ah ! nous ne se
rions pas fâchés de te voir supporter le re
gard scrutateur des notaires. Il faut direq-ue
la seule pensée de soumettre ses comptes à
M'Chourmeau et son collègue, plonge le sei
gneur Luigi dans la plus effroyable perplexité,
et qu'il irait se jeter à l'eau lui-même, s'il
ne trouvait préférable d'y précipiter Jeanne.
Quand on a fait fusiller le père, on peut bien
noyer la fille. Il suffit de bien établir un
alibi, pour n'être même pas soupçonné. Com
ment établir un "alibi? On se met à table à
dix heures du soir avec quelques amis; on
boit, on mange, on chante la faridondame ,
on fait dans l'hôtel un vacarme épouvan
table; après quoi on tombe sous la table,
et l'on feint d'être ivre-mort. Pendant ce
v temps-là, Jeanne passe sur le Pont-Neuf,
des gens l'arrêtent, et avant qu'elle n'ait
pu crier au secours, la flanquent dans
la rivi&re. Vous direz peut-être que c'est
le seigneur Luigi qui a fait le coup ? Ah !
Yhonnête seigneur ! il cuvé son vin, il dort
BimiUX : ru© de Valois (PaïaIs.Royûl), ii' 10»
B 1852. - LUNDI 22 NOVEMBRE.
Prix de l'abonnement.
SÊPARTENGNS :
16 Fil. POUR TROIS MOIS.
PARIS :
13 FR. l'OTJR TROIS MOIS.
EN NUMÉRO : 2© CENTIMES»
focb.les pays étrangers , se reporter au
tableau publié dans le jeurnaH, les 10 et
25 de chaque mois. '
S'adresser, franco, pour la rédaction, à M. C uchevàl- C là
Les articles déposés ne sont pas rendus
îlllil
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
£B Ci
tcf.
I
O a s'abonne, dans les dïpartemens, aux Messageries et aux Directions de poste.'—A Londres, cAez'MM. C owie et fils.
— A Strasbourg, chez -M. A iexindm , pour l'Allemagne.
. S'adresser, franco, pour l'administration]
■ " à m. D enain, directeur.
Les gtiinorit estent reçues chez M.PANfS, régisseur, 10, place de la Bourse;
>j et au bureau du journal. .
£c Con»tilulionnet va commen
cer immédiatement après RENÉE
DE YARVILLE, de M 010 AKCELOT, la
publication deit ou^ages dont les
titre» suivent:
IE DÉPUTÉ D'ARCIS
Far feu II. DÉ BALZAC.
QUATRE VOLUMES.
LE
PASTEUR D'ASBOURN
Par AIFAAMHIF, «PUS.
QUATRE VOLUMES.
Une Femme compromise
PAR EUGENE GUINOT.
UN VOLUME/
Ces trois ouvrages sont entre
les mains de l'administration dn
journal. Elle s'est en outre assu
ré par des traités le concours dos
écrivains les plus aimés du public.
Tous les nonis illustres de la litté
rature viendront, l'un après l'autre,
prendre place dans lie feuilleton du
C&nstitMtionnœt, et lui donner, par
leur collaboration, autant d'éclat :
que de variété.
A partis* dn renouvellement
du 1 er décembre, les prix d'a
bonnement du ConslHution-
?te£ sont ainsi fixés :
POUR TROIS MOIS ;
BÉP ARTESIENS. . . . ... 16 FR.
PARIS. 13 FR.
PARIS, 21 NOVEMBRE.
Les opérations électorales ont commencé
à Paris dès huit heures du matin. Elles se
sont accomplies, pendant toute la journée,
dans le plus grand calme et avec un re
marquable empressement de la part des
électeurs. On a pu observer qu'un grand
nombre d'entre eux votaient OUI à bulle
tin ouvert, comme pour donner à leur
adhésion une forme phis éclatante et plus
personnelle. Toutes les classes de la so
ciété ont pris part au scrutin avec une
égale ardeur. Le mot d'ordre de la démago
gie , qui prêchait de s'abstenir, n'a pas fait
fortune dans la population parisienne.
Les mêmes nouvelles nous parviennent
de la banlieue. La banlieue de Paris a tou
jours été fort dévouée à la cause de Louis-
Napoléon. Elle devait rester fidèle à ses pré
cédons lors du vote solennel qui va lui ou
vrir le chemin du trône impérial. En vain
avait-on fait courir parmi les habitans de
la banlieue des bruits absurdes sur les pro
jets du gouvernement à l'égard des oc
trois. Ces populations, qui connaissent de
longue date Louis-Napoléon, et qui savent
quelle est sa politique, n'avaient pas attendu
le démenti officiel pour faire justice de
ces rumeurs calomnieuses. Depuis long
temps la guerre des fausses nouvelles leur
a été signalée ; elles n'ignorent pas que ceux
qui fabriquent des bruits mensongers contre
le gouvernement sont les mêmes qui éle
vaient naguère les barricades, et qui étaient
ainsi les instrumens de la misère publique.
Aussi la banlieue donnera-t-elle, par son
vote une preuve nouvelle de sa confiance et
de ses sympathies pour l'héritier, pour. le
successeur de l'empereur Napoléon.
Nous rappelons«aux électeurs retardatai
res que le scrtrtitTreste' ouvert peiîaSÏÏTlSuîr " atrtnitîCu d ' ua concours em P rcssé dc la r art des
habitans.
Les sections extra-muros entrent dans la ville,
bannières en tête et au cri dc Vice l'Empereur !
pour déposer leurs suffrages. On compte à Dijon
sur une imposante majorité en laveur de l'Em
pire. -,
Metz, une heure.
Les rapports qui parviennent de la banlieue et
de Metz font connaître qu'on se rend aux élections
avec empressement. •
Le scrutin de l'Empire y sera supérieur à celui
du 20 décembre. .
. Bar-le-Duc, une heure.
La population de Bar-le-Duc se rend au scru
tin avec un empressement remarquable. Le tiers
des inscrits s'est déjà présenté.
Les dernières nouvelles des arrondissemens de
Commercy, Verdun et Mohtmédy sont excellentes.
. Rouen, 2 heures.
L'empressement est grand. Tout annonce à
Rouen et dans le département que le nombre des
votans dépassera le chiffre des élections précéden
tes. La majori e sera des plus imposantes.
Tours, 2 h. 1/2.
Âffluence considérable dans les diverses sec
tions de la ville de Tours.
Tout présage un résultat imposant.
Poitiers, 1 h; 1/2.
A Poitiers, les électeurs se. rendent en foule au
scrutin, malgré une. xMtable tçmp^J&Jfô.,.fau
bourg de la Cueuille vient de traverser la ville,
drapeau en tête, et au cri de : Vive l'Empereur !
lajournée de demain. Ceux d'entre eux qui
n'ont pu remplir aujourd'hui leur devoir
électoral, ont donc tout le temps nécessaire
pour voter. Aucun prétexte raisonnable ne
saurait les excuser à leurs propres yeux.
Ils ne peuvent : assurément se plaindre
d'avoir rencontré des difficultés-dans l'exer
cice de leurs droits d'électeur. Les adminis
trations des mairies, ont mis en effet la plus
complète obligeance et la plus grande exac
titude dans la distribution des cartes , dans
l'inscrintion des électeurs > non encore ins
crits. La multiplicité des sections électorales
n oblige chaque Lleacu ■ qu'à faire quelques
pas poiu^paetei on bulletin dans l'urné. Ne
pas voter, quand il s agit du plus grand ac
te de souveraineté que puisse accomplir une
nation. c'est, en vente., se déclarer coupable
de la plus honteuse indifférence pour les in
térêts de son pays.
Pour nous, le résultat du scrutin n'est pas
douteux. L'Empire, acclamé par les popula
tions pendant le voyage deLouis-Napolén,va
être régulièrement constitué par leur vote
consciencieux €t indépendant. Une dynastie
nouvelle va être élevée sur le pavois natio
nal par la France qyi n'^st plus représentée
par des classes privilégiées, mais qui parle par
la bouche de tous ses enfans. Seulement, dans
l'intérêt de tous, nous désirons que ce trône
s'appuie sur une base aussi large que possible
de suffrages exprimés. Plus il y aura de
bulletins approbatifs, plus le pouvoir issu du
vote populaire sera fort, stable et respecté.
Vous tous qui désirez que l'ère des crises po
litiques demeure à jamais fermée, vous tous
qui vouiez la prospérité du pays par la paix
au-dèliors comme au-dedans, riches ou pau
vres, bourgeois et ouvriers, propriétaires et
cultivateurs, hommes de travail, d'honneur
et de probité, tant de fois décimés, ruinés,
exploités au jeu sanglant des révolutions,
hâtez-vous de contribuer par votre vote à
la restauration du trône impérial !
HENRY c AU VAIN.
D'après des renseignemens qui nous arri
vent d'un grand nombre de sfections électo
rales de Paris, le nombre des votans, dans
cette première journée, a dépassé la moitié
du nombre des électeurs inscrits.
Partout, l'ordre le plus parfait a régné ; il
n'y a jamais eu âffluence extraordinaire de
votans, mais les électeurs se succédaient de
telle sorte qu'il n'y avait pour ainsi dire
pas d'interruption dans l'inscription du nom
bre des votans.
On a remarqué qu'un assez grand nom
bre d'électeurs que leur grand âge tient
d'ordinaire éloignés des scrutins avaient
voulu voter dans cette circonstance décisive.
On nous a cité un respectable magistrat,
âgé de quatre-vingt-dix-huit ans, qui
n a conservé que le titre honoraire de ses
fonctions et qui est venu déposer ostensible
ment son suffrage, en faveur du neveu de
l'homme qui avait rétabli en France le règne
des lois.
Le secrétaire de la rédaction, l. boniface.
ARMEE DE PARIS.
Les votes- de l'armée de Paris,
guerre,
pour
ce soir au ministère de
résultat : *
arrives
donnent
Oui
Non
20,077
353
Dijon, 2 heures.
Le vote du pébliscite est ouvert depuis ce ma
tin à Dijon. 11 s'accomplit avec un grand ordre et
Nous lisons dans la Concorde de Reims :
« Nous n'en finirions pas, si nous voulions énu-
mérer toutes les manifestations qui se préparent
pour célébrer les grands jours du scrutin. En
voici les principales :
» Aux arcs de triomphe dont nous avons parlé
dans notre dernier numéro, il faut ajouter celui
de l'entrée du faubourg Cérès, route de Vitry,
conçu et exécuté par les ouvriers.
»°Sur la place Saint-Nicaise et sur la place
Drouet-d'Erlon, décorées et illuminées, doivent
avoir lieu des danses et des réjouissances publi
ques.
» Les propriétaires des bals et des jardins pu
blics ouvriront lundi soir leurs établissemens
gratis.
» Enfin, on cite, quelques-uns de MM. les bou-
cheis qui, pendant les deux jours du scrutin, di
minueront le prix de leur viande de première
qualité.
» Un pareil mouvement en dit plus, sur la dis
position des esprits, que tous les commentaires
auxquels nous pourrions nous livrer. »
On lisait dans le Siècle, le 25 mai 1848 ,
l'article suivant :
« La sécurité est rentrée potir un moment dans
la ville: rentrera-t-elle enfin dans les esprits? Ce
n'estpas l'émeute désormais qui est le plus à,
craindre. Vaincue par la garde nationale, par
l'armée, par le peuple de Paris, elle le serait en
core si elle osait menacer le gouvernement ; le
sentiment public est unanime pour repousser des
doctrines anarchiques,- pour opposer la force de
tous à la violence de quelqHes-uns. Mais quand
reprendront les affaires? quand sortirons-nous de
la langueur et du marasme? Quand verra-tron
renaître la confiance?
» Chacun s'adresse ces questions et nul ne peut
y répondre. Les affaires ne reprendront quelque
activité, la confiance ne renaîtra que le jour où
le pouvoir, uni, ferme, résolu, au-dessus du soup
çon, étranger aux défiances, fera appel à tous les
dévoûmens, à toutes les capacités, sans aucune
distinction injurieuse ou puérile, pour les rallier
en un faisceau autour de lui. Oui, nous le répé
tons, l'homme qui dira le premier, au nom du
peuple, au nom de la France : «Je ne connais pas
de classes, je n'aperçois pas de partis dans la Ré
publique ; tous les Français sont Citoyens au mê-
DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES.
vote des 21 et 22 novembre.
Valence, 11 heures.
Malgré une forte pluie, les électeurs se portent
en foule au scrutin. Tous les renseignemens que
je reçois sont excellens. f
Valence, 3 heures.
La pluie a cessé depuis une heure. Le soleil re
paraît. Les électeurs continuent à affluer au scru
tin. Les nouvelles des communes voisines sont
très bonnes.
me titre, leur patriotisme n'a pas de date, ils ont
tous les mêmes droits, et il n'y aura de distinc
tion entre eux qu'en raison de leurs services ; »
celui qui tiendra ce langage avec bonne-foi, avec
autorité, sera unanimement suivi, et son influen
ce sera irrésistible, car elle s'appuiera sur la
toute-puissance de la nation. »
Les prévisions du Siècle sont aujourd'hui
complètement réalisées.
Le secrétaire de la rédaction : l. boniface.
A la suite de l'examen que M. Magne vient
de faire sur les lieux des travaux à exécu
ter sur les bords du Rhin, et des dommages
éprouvés par les riverains, le prince-Prési
dent a ouvert' un nouveau crédit extraor
dinaire de 300,000 par _le décret suivant :
Louis-Napoléon, Président de la République
française.,
Sur le j'apport du .ministre des travaux publics,
Vu leldéciel du 4 octobi'e.1852 ;
U loi du 23 mai ltS3t; „
Considérant que le crédit extraordinaire He
500,000 fr. ouvert sur l'exercice 1852 par le dé
cret sus-visédu-i octobre 1862,pour la réparation
'des dommages causés par la dernière inondation
du Rhin, est sur le point d'être épuisé ;
Considérant qu'il est indispensable, dans l'inté
rêt de la sécurité du territoire et de la conserva
tion même des ouvrages, que les travaux de répa
ration soient continués sans aucune interruption;
Décrète ce qui suit :
Art. 1 er . 11 est ouvert au ministre des .travaux
publics, pour la continuation des travaux de ré
paration des dommages causés par la dernière
inondation du Rhin, un crédit extraordinaire de
: 300,000 fr. sur l'exercice 1852.
Art. 2. La portion' du c-réclit de 300,000 fr. ou
vert par l'article précédent sur l'erercic#1852,
qui ne serait pas employée dans le courant de
cette année, sera reportée sur l'exercice 1853.
Art. 3. Les ministres des travaux publics et des
finances. Sont chargés,- chacun en ce qui le con
cerne, de l'exécution du présent décret, qui sera
inséré au Bulletin des Lois.
Fait au palais de Saint-Cloud, le 20 novembre
1852. louis-napoléon.
, Par le Président :
Le ministre des travaux publics, p. magne.
Le ministre des finances, bineau.
On écrit de Bruxelles, le 21 :
« La section centrale, chargée de l'examen
du projet de loi dit loi sur la presse, s'est
réunie hier, sous la présidence de M. Vi
lain XIHI, vieè-président. M. le ministre de
la jus ^c &4issi§tflit a cGtte reunion ....
» La première partie de l'article
qui regarde les of/'enses et injures verbales
envers les souverains et les chefs de gou-
vernemens étrangers, a, été rejetée par la
section centrale, qui a adopté l'autre partie
de l'article.
» Le gouvernement s'est rallié à cet amen
dement. <
» M. Lelièvre a été nommé rapporteur. »
Dans une réponse à l 'Indépendance, l'Eman
cipation fait cette déclaration au nom du
parti conservateur en Belgique :
« Les conservateurs, en Belgique, n'aiment pas
les gens dont la politique a pour but d'unir les li
béraux et les démagogues, de diviser la popula
tion des villes et la population des campagnes, de
soulever ceux qui n'ont rien contre ceux qui possè
dent. Les conservateurs veulent que, dans les ques
tions d'enseignement, il y ait accord entre l'Etat et
le clergé. Les conservateurs n'aiment pasles minis
tres qui augmentent les impôts, en présentant de
fausses situations financières. Les conservateurs
regardent les doctrines du libre-échange comme
dangereuses, parce qu'elles rendent le renouvel
lement des traités de commerce impossible ; et
surtout parce qu'elles sèment dans le pays des
germes de mécontentement, quand elles sont in
également appliquées. Enfin, les conservateurs
tiennent à vivre dans des rapports de bon voisi
nage avec les nations voisines. Pour ce motif, ils
blâment les ministres qui portent des défis aux
^ambassadeurs étrangers ; ils n'ont rien de com
mun" avëtT lès journaux qui insultent les souve
rains étrangers et dont les sympathies sont révo
lutionnaires dès que la révolution est quelque part
triomphante. »
On. lit dans le Morning-Advertiser , du-20
novembre :
« Le conseil des ministres ne s'est assemblé, hier
que parce qu'il a trouvé la motion de M. Villiers
plus forte que ne l'avait pensé le ministère. Le
conseil a siégé deux heures. 11 a été résolu de com
battre la motion de M. Villiers comme ayant un
caractère trop fort de la liberté du commerce.
Parmi les metnhres du conseil qui ont plaidé le
plus chaudement la cause des fermiers et deman
dé que' le gouvernement leur promît quelque
compensation, oû a remarqué lord Salisbury, lord
Hardwick, lord Malmesbury et lord John Manners.
C'est à leur suggestion qu'a été adopté l'amende
ment de M. d'israeli avec le principe de compen
sation qui y a été ingénieusement intercalé. Si la
motion de M. Villiers est adoptée et l'amendement
ministériel rejeté, les ministres se retireront. »
C'est par le ^bateau à vapeur anglais la
Plata, arrivé jeudi dans les eaux de Sou-
thampton,que l'on a reçu les dernières nou
velles des Antilles.
La Plata avait quitté l'île de Saint-Thomas
le 4 novembre ; tout l'équipage se portait
bien, mais pendant le voyage neuf person
nes sont mortes de l'épidémie qui ravage
encore les Antilles. Le dernier cas.de mort a
eu lieu mercredi dernier, 17 novembre.
Le conseil sanitaire de Londres a décidé
que les malles seraient soumises à la fumi
gation dans le lazaret de Motberbank ; toute
communication a été interdite au bateau la
Plata avec la côte, et la plus stricte surveil
lance est exercée sur le navire. ■ 1
Ainsi la ma' «ént encore d'eulever au
clergé et à"la*iftagîstratufc*t »is 'liommes4e-
mérite, de courage et de distinction : M. Che
valier, substitut du procureur de la Répu
blique, près le tribunal de première instan
ce à Saint-Pierre; M. Anne-Michel, sous-dia-
crefet [professeur au séminaire-collége de
Saint-Louis de Gonzague, et-un des plus jeu
nes prêtres de la colonie, M. l'abbé Lemare,
qui avait reçu les ordres des mains de Mgr
Leherpeur, l'année dernière seulement. M.
l'abbé Lemare était un des vicaires de la pa
roisse du Mouillage, et a emporté dans la
tombe les regrets unanimes de ses parois
siens.
Dans ces douloureuses circonstances, com
me dans les épreuves diverses que la colonie
a traversées depuis près de deux ans, tout le
monde se louait de l'administration de M. l'a
miral Vaillant, qui est parfaitement secondé
par M. de la Rougery, directeur de l'inté
rieur par intérim.
L'épidémie continuait également de sévir
à la Basse-Terre et à la Pointe-a-Pitre (Gua
deloupe) ; mais on espérait généralement
une amélioration dans l'état sanitaire. Le
clergé de la première de ces villes avait eu
cependant à déplorer la perte de l'abbé Tra-
jan, aumônier de l'hôpital militaire.
NOUVELLES ÉTRANGÈRES.
•- • -- . - -SUEDE*—• .
Stockholm, 12 novembre.— Le roi a eu avant-
hier quelque sommeil; mais plus tard, et hier
encore, la fièvre a augmenté, et de forts saigne-
mens de nez ont été suivis d'une prostration plus
grande, que celle des jours précédens. Aujour
d'hui (trente-unième jour de la maladie), S. M. a
dormi et la fièvre n'est pas encore revenue.
La princesse Eugénie est mieux. La fièvre a
cessé et la prostration est moindre.
ALLEMAGNE.
berlin , 17 novembre.—D'après la Gazette uni
verselle d'Augsbourg, un traité de douane n'a pas
encore été conclu entre la Prusse et le Brunswick;
on n'est convenu provisoirement que de certains
points ; le Brunswick a fait dépendre ses conces
sions du résultat des négociations entre la Prusse
et le Hanovre.
. 18 novembre. (Correspondance particulière.)—
Aujourd'hui la conviction parait s'établir dans les
esprits que le Zollverein ne sera pas rompu et
que ie gouvernement prussien finira par faire
prévaloir son système; Cette fois-ci, dans tous les
Etats de l'Allemagne, les chambres et le peuple se
sont prononcés contre l'abandon du Zollverein.
Il arrive de Darmstadt, de Stuttgàrdt et de Carls-
rulie des lettres qui annoncent que le Zollverein
sera maintenu. Cela est important surtout en c,e
qui concerne Hesse-Darmstadt, car cet Etat a été
le plus hostile à la Prusse. Bade et Wurtemberg,
au contraire, ont paru plus concilians.
Dans les élections supplémentaires qui ont eu
lieu ici, l'opposition l'a emporté sur le ministère,
un seul candidat-ministériel a été élu. M. deMan-
teuffel ayant opté pour son ancien district élec
toral, il y aura à procéder à une nouvelle élection,
Le cabinet a l'espoir que M. Simons l'emportera.
Malgré la protestation de la Porte-Ottomane
contre une reconnaissance éventuelle du vladika
de Montenegft», la Prusse suivra l'exemple de l'Au
triche et reconnaîtra sa souveraineté.
mumch , 14 novembre.— Des lettres particuiiè-
: pa
res de Saint-Pétersbourg mandent que la cérémo
nie des funérailles de S. A. 1. le duc de Leuch-
tenberg a été rendue encore plus émouvante par
un acte touchant de l'empereur. S. M., les trois
grands-ducs (ses fils), le duc d'Oldenbourg, et le6
aides-de-camp généraux de l'empereur, ont trans
porté sur ieurs épaules, du palais Marie jusqu'au
char funèbre, le cercueil du feu duc.
ESPAGNE.
Madrid , 16 novembre. (Correspondance parti
culière). —r Le bruit court que la reine doit ou
vrir la session par un discours du trône, dans le
quel elle se félicitera de la naissance de la prin
cesse des Asturies comme d'un nouveau lien de
vant unir plus étroitement sa dynastie avec le
peuple espagnol.
La démission de M. Melchior Ordonez y Viana,
ministre de l'intérieur, motivée sur le mauvais état
de sa santé, a été acceptée par la reine. La dé
mission de M. Mariano Miguel de Reynoso, séna
teur du royaume et ministre , des travaux pu
blics , motivée sur les mêmes raisons, a été éga
lement acceptée. M. Cristobal Bordia, direc
teur-général des douanes, postes et octrois, et
député aux cortès, est nommé ministre de l'inté
rieur. Le ministère des travaux publics est confié
ad intérim à M. Manuel Bcltran de Lis, ministre
des affaires étrangères. Telle est la substance des
documens insérés aujourd'hui dans la Gazette.
M. Beltran de Lis a déjà successivement occupé
divers ministères, et notamment ceux de la ma
rine, des finances, de l'intérieur, des affaires étran
gères et des travaux publics. . £•-»
On parle, pour le-ministère .des-travaux public?,
MM» le bjtron de Biguezal, Olivan, Mtgquieria .
et'Vahëy. On croit que c'est M. Olivan qui, com
me homme parlementaire et orateur, aurait le
plus de chances.
Le bruit court que le président du conseil, en
soumettant à la signature de la reine les décrets
d'acceptation des démissions de MM." Ordonez et
Reynoso, aurait proposé à S. M. dechapger le mi- ,
nistre de la guerre. S. M. n'aurait pas acquiescé
à cette demande. Ceci n'est qu'un bruit de ville.
On dit que M. Ordonez est nommé conseiller
royal en remplacement de M. de Castillo y Ayen- ;
sa, représentant de l'Espagne près la cour de 1
Rome. . :
PORTUGAL. * ,
Les journaux que nous recevons de Lisbonne
sont du 10. Ils ne s'occupent que de la question '
électorale. Le parti cabraliste, après avoir déclaré,
par l'organe de son chef, le comte de Thômar,
qu'il ne se présenterait pas aux.urnss électorales,
paraît avoir complètement changé d'opinion. Se-
Ion toutes les probabilités, il entrera en lutte ^avec
tout le contingent de ses forces, pour livrai' ba
taille au ministère, qui sera également combattu .
par les septembristes et les ennemis qu'ils s'est
faits par ses dernières mesures financières, telles
que celles relatives à la Banque et à la compagnie ■
des vins du Duero. ( Clamor publico.)
Nouvelles diverses.
PARIS, 21 NOVEMBRE.
Par décret du prince-Président, en date du 20
de ce mois, sont nonjmés :
•» - 4ngtr^*~Mbuira^e>-pîêffiî6M , 1nstance de la
Seine, M. Durand (de Romorantin), conseiller à
la cour d'appel d'Orléans, en remplacement de
M. Broussais ; conseiller à la cour d'appel d'Orléans,
M. Martin-Saint-Ange; vice-président du tribunal
de première instance de Melun M. Curé; juge au
tribunal de première instance de la Seine, M. La-
gxenée; juge au tribunal de Versailles, M. Joseph
Dijon ; procureur de la République à Meaux, M.
Guillemain; procureur delà République à Nogent-
leiRotrou, M. Dumont de Sainte-Croix, ancien
magistrat; président du tribunal de Provins, M.
Vivien; juge à Epernay, M. Bouché de Sorbon ;
juge à Joigny, M. Geoffroy-Duport ; substitut à
Avallon,' M. Thibault.
M. Bouché de Sorbon, nommé jugp à Epernay,
remplira au même siège les fonctions de juge
d'instruction; M. Geoffroy-Duport, nommé juge à
Joigny, remplira au même siège les fonctions de
juge d'instruction.
— Sur le rapport du ministre de la guerre, le
prince-Président de la République a décidé, le 6
de ce mois, que le comité consultatif de la gen
darmerie serait reconstitué comme il l'était en
1847 et composé ainsi qu'il suit, savoir :
MM. les généraux de division comte de La Rue
et baron Servatius.
MM. les généraux de brigade- Gauthier de La-
verderie, ltébillot, Eynara et l'Hitendant militaire
Dagnan.
Conformément aux dispositions de l'ordonnance
du 3 octobre 1846, M. le général de division com
te de La Ruë sera, en raison de son ancienneté,
président du comité.
M. le chef d'Escadron d'état-major Saget, offi
cier d'ordonnance du ministre de la guerre, rem
plira les fonctions de secrétaire,
(Moniteur de l'Armée.)
— Par un décret, en date du 17 novembre cou
rant, rendu sur la proposition du ministre des
finances, M. Bredy, caissier de la succursale de
Valenciennes, a été nommé directeur de la suc
cursale de la Banque de France à Toulouse.
— Par un décret daté de Bordeaux le 8 octo
bre, et rendu sur la proposition du ministre de
l'instruction publique et des cultes, S. A. le prin
ce-Président a nommé M. l'abbé Lange (Sylvain),
aumônier et directeur des orphelines de la Provi
dence à Bordeaux, chevalier de l'ordre national
de la Légion-d'Honneur.
— Par décret du prince-Président de la Répu
blique, rendu sur la proposition du ministre de
l'intérieur, M. Boudrie a été nommé adjoint au
maire de Tulle (Corrèze), en remplacement de
M. Darchambal, démissionnaire.
— M. le comte Marescalchi, ministre de France
à Darmstadt, vient d'être nommé ministre àCarls-
ruhe, en remplacement de feu M. d'Engelhardt;
M. le comte Damrémont, premier secrétaire à
Berlin, est nommé ministre à Darmstadt, et M. le
comte de Gabriac, secrétaire d'ambassade en disr
ponibilité, est nommé premier secrétaireàBerlin.
— Par décret du 11 novembre, M. Samson ,
commissaire central à Rouen, a été nommé aux
mêmes fonctions à Lille. Il est remplacé à Rouen
par M. Brunei, commissaire central à Lille.
— Le Courrier de Limoges publie la^note sui
vante, émanée de la préfecture :
« 19 novembre 1852.
» Dans la soirée d'hier, un agent de police a été in-
sultéparquatreindividusenblousequi se trouvaient
sur la place Tourny, et qui portaient un drapeau
rouge enroulé autour d'un bâton. Ce drapeau por
tait les mots suivans.
« Mort à Napoléon ! vive la République ! vive la
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL, 22 NOVEMBRE.
THÉÂTRES.
AsiniGU : Jean-le-Cocher, drame en sept actes, dont
un prologue en deux tableaux, par M. Bouchardy.
— GYMNASE : un Mari qui n'a rien à faire, vaude-
.• ville en un acte, de MM. Fournier et Laurencin.
J'ai employé la semaine entière à réunir
mes souvenirs, et le drame de M. Bouchardy
nf apparaît ènfln dans Un lointain lumineux ;
je tiens le fil, ou, pour parler plus noble
ment, je tiens les rênes de l'intrigue ; je me
crois capable de conduire la narration aussi
habilement que Jean-le-Cocker conduit son
fiacre. Plus tard, vers la fin de ce feuilleton,
après que les péripéties se seront déroulées
aux regards surpris d'un lecteur avide, on se
livrera, comme il convient, â un petit cours
d'esthétique, on abordera de front la ma
nière de M. Bouchardy, on discutera cette poé
tique qui a Si long-temps régné en souveraine
au Parnasse de la Gàîté, et qui conserve une
grande autorité encore dans les théâtres du
boulevard du Temple, malgré les tentatives
des, novateurs. 0 chef-d'œuvre, montre-toi
d'abord au grand jour, éblouis de tes rayons
lés blasphémateurs obscurs, nous raisonne
rons ensuite avec cette timidité naturelle à
des gens qui on t le soleil dans lés veux.
' Je sais a peu-près ce qu'une imagination
vulgaire eût tiré d'un sujet rempli de fia
cres, et quelle pièce d'autres auraient faite
sous le titre de Jean-le-Cocker; — on nous
a réduits depuis si long-temps au plus
abrutissant réalisme !. — ce qui me plaît
en M. Bouchardy, c'est qu'il est le fidèle
défenseur de l'idéal. A d'autres les détails
grossiers, les chevaux qu'on brosse, le
fiacre qu'on lave,'les vrais cochers et tout
l'intérieur de récurie! Avec d'autres auteurs,
nous aurions vu le fiacre verser, on aurait
minutieusement reproduit les habitudes des
cochers, et étudié sous tous leurs aspects les
mœurs des fiacres : tableau des cabriolets
de régie, tableau des voitures de remise ; on
ne nous eût pas fait grâce d'un mylord
non plus que de la vue exacte d'une place de
fiacres avec la cabane du préposé. Vous sa
vez comment ces Messieurs entendent l'art ;
le trompe-l'œil est leur fort. Dieu merci ! le
mélodrame a encore un poète! Voyez ce
front chargé d'évéaemens, cette physiono
mie douloureuse qui respire l'intrigue la plus
compliquée, incessu patuit uates, le poète se
révèle par ses inventions de l'autre monde ;
Jean le cocher s'élève à la hauteur d'un
mythefil n'aseulement pas de houppelande,
et son fiacre ne sert qu'à voiturer les situa
tions palpitantes. 0 poésie ! monte sur le
siège, et fouette Pégase, M."bouchardy t'a
prise à l'heure.
Celui qui paraîtra plus tard sous vos yeux
en simple cocher, habite, au premier acte,
des cimes presque aussi élevées que le mont
Saint-Bernard, et diffère surtout de la Ber
gère des Alpes en ce qu'jl n'a pas de chien.
Ce n'est point que je vetfille prétendre
que le chien, personnage ordinairement
muet, et dont tout le rôle consiste en effets
de pantomime, ne soit pas la plus haute ex
pression de l'idéal dans les mélodrames ; je
constate seulement que Jean- Claude n'a
point de chien ; la nature lui en a refusé un.
Mais pouvait-elle tout lui donner à la fois ?
la nature s'est déjà montrée bien assez pro
digue envers Jean-Claude. Il est bon, il est
fort, il est marié, il est père, il vit au grand
air dans les plus belles montagnes de la
Suisse ou de l'Italie, peu nous importe ; en
un mot, Jean-Claude peut passer a juste ti
tre pour le premier des montagnards. Quant
à l'hospitalité, il la donne toujours et ne la
vend jamais, suivant les principes généreux
" qu'on profésse dans tous les lieux fort élevés,
dans les Calabres aussi bien qu'en Suisse,—
J'aime à penser que la scène se passe en Ca-
labre.—Et pourquoi pas? Ecoutez cette voix
franche et loyale du montagnard calabrais :
— Par ici, voyageur ; entrez, mon cher Mon
sieur; il y a toujours place au feu et à la ta
ble de Jean-Claude ! Femme Geneviève, et
toi petite fille Jeanne, servez Monsieur l'é
tranger.—Voilà en quels termes le drame
commence. L'étranger était bien digne de
ces égards touchans. A peine le laisse-t-on
un instant seul, qu'il fourre dans le tiroir
de son hôte un rouleau de napoléons. Par
hasard, Jean-Claude revient à son armoire
et voit l'or. — Femme, s'écrie-t-il, qu'est-ce
à dire ? — Je ne sais pas, répond la femme
Geneviève.— Femme, est-ce que par hasard
le seigneur Luigi, qui rôde dans nos monta
gnes, voudrait me soudoyer jour me ravir
mon honneur?
La femme fond en larmes. — Alors l'é
tranger se lève : — Montagnard, dit-il, plus
de soupçons ! c'est moi qui ai mis l'or dans
le tiroir - je suis le général'Roger, présente
ment poursuivi par les ennemis, et fuyant
sous un déguisement; veux-tu gagner l'aiv
gent que je t'offrais en paiement de ton hos
pitalité? conduis-moi aux avant-postes dè
l'armée française.—Partons,général, répond
Jean-Claude. Moi et mon ami Petit-Pierre,
le sabotier, nous te servirons de gwde.
Il est presque indispensable de sa
voir que nous sommes dans le fort des
guerres d'Italie. D'un autre côté, quel peut
être ce seigneur Luigi dont Jean-Clauae a
parlé et qui rôde dans les montagnes d'un
air Sinistre ? Luigi est un intrigant qui con
naît le secret de la naissance de Gene
viève, car Geneviève a cela de commua
avec la femme de Paillasse, qu'elle appar
tient à une illustre famille qui l'a aban
donnée toute petite sur le mont Saint-
Bernard, dans un moment de précipita
tion. Un jour que Jean Claude est sorti,
Luigi entre dans la cabane et révèle à Ge
neviève qu'elle est l'unique héritière des
Montgolfieri, l'engageant à quitter son mari,
et à emporter sa petite, dont la santé ré
clame des soins que l'opulence seule peut
procurer.
—Quitter Jean-Claude ! répond Geneviève,
ah ! jamais! Il est à la fois mon mari et ma
famille. Le bonheur me tient lieu de riches
ses. Seigneur Luigi, retirez-vous !
Mais l'intrigant, plutôt que de partir, se
cache dans un petit grenier d'où il entend
la conversation entre Jean-Claude et le gé
néral Roger. Aussitôt le plan du traître est
tracé ; la gendarmerie est prévenue; le gé
néral et Jean : Claude tombent dans une em
buscade. On les fusille tous les deux. Par
un miracle, Jean-Claude n'est pas tué et
se sauve chez son ami le sabotier Petit-
Pierre, qui, depuis un mois déjà, le croyait
morti — Toi ! est-ce bien toi? fait le sabo
tier.
- — Oui, c'est moi; donne-moi des nou
velles de ma femme et de mon enfant.
-r- Cours, Jean-Claude, cours, arrête-les,
on les emmène !
— Que dis-tu?
— Je dis quê ta femme, Geneviève, est
l'unique héritière des Montgolfieri, què le
seigneur Luigi. lui avait révélé sa naissance
en l'engageant à t'abandoriner, qu'elle l'a
vait repoussé, mais que, te croyant mort,
:elle n'a pu refuser de se rendre dans le
sein de sa noble famille.
— Qu'elle parte, répond héroïquement
Jean-Claude ; je ne yeux pas être un obs
tacle au bonheur de ma femme et de ma
fille ;'j'ai été fusillé : cela suffit. Jean-Claude
est mort et disparaît pour jamais de la sur
face de ses montagnes; ô mes montagnes !
Ami Petit-Pierre, disons un dernier adieu
à ces hauteurs chéries, après quoi, puisque
nous nous sommes compromis tous les deux
dans ce pays en servant de guides au géné
ral Roger, nous irons nous faire cochers de
fiacre a Paris.
Jean est cocher depuis quelques an
nées ; mais, comme il mène une existence
de cocher, on n'entend pas parler de lui :
les cochers font ordinairement peu de bruit
dans le monde. Quant à Geneviève, après
avoir été présentée, avec sa fille, à toute la
haute société de Naples, en qualité d'héri
tière des Montgolfieri, elle est venue en
France, où elle a fini par épouser le seigneur
Luigi, vis-à-vis duquel elle se croyait tenue
à quelque reconnaissance. La voici donc ma
riée. La petite Jeanne est devenue une jeune
personne charmante, et, de plus, un très
grand parti. Geneviève, comme bien l'on
pense, a concentré toutes ses affections sur
sa fille; pour rien au monde elle ne la
forcerait- de se marier contre son incli
nation; et c'est avec un grand bonheur
qu'elle la voit éprise du colonel Henri, fils
unique de ce brave général Roger qu'on a
fusillé au prologue. Cependant, le seigneur
Luigi a l'air de s'opposer a ce mariage qui réu
nit toutes les convenances.—Ne voussemble-
t-il pas naturel, dit mélancoliquement Gene
viève à son mari, que la fille et le fils des
deux hommes qui moururent ensemble,
soient unis.
— Ah ! s'écrie Luigi, comme s'il éprouvait
une jalousie féroce; ah ! Madame, vous vous
souvenez trop du montagnard !
—J'en conviens, répond Geneviève, je re
grette la Calabre, je regrette ma cabane, ie
regrette Jean que j'avais épousé avant de
devenir votre femme. Est-ce un crime?
Crime involontaire dont la Providence est
coupable! Seigneur Luigi,ne cherchez point
à empêcher le bonheur de Geneviève. Je
suis la mère de ma fille, Monsieur, et j'ai
seule le droit de disposer de sa main !
—A ces mo ts, prononcés avec une douceur
empreinte, d'une invincible fermeté, le sei-
gnëur Luigi se tait. Mais, pour qui sait ce dont
le scélérat est capable, l'éclair de son regard
promet un nouveau forfait. La vérité est que
Luigi a dévoré la plus grande partie de la for
tune de sa femme, et qu'il ne veut pas qu'on
marié Jeanne, de crainte d'être obligé de
rendre des comptes. Cependant, il faudra
que le mariage se fasse, malgré Luigi ; car
1 empereur Napoléon lui-même a donné ses
ordres et promis de signer au contrat de
son jeune colonel. Ah ! nous ne sommes
plus en Calabre, où les traîtres font fu
siller les maris pour se débarrasser d'eux ;
nous sommes à Paris, et le seigneur Lui
gi est pris au traquenard. — Le miséra
ble se bat les flancs pour affecter un - air
de satisfaction. —Dès que S. M. tient à ce
mariage, dès que Geneviève le désire, et que
Jeanne s'en fait une joie, il n'a plus d'obser
vations à présenter : qu'on marie les chers
enfans au plus vite, il leur donnera de grand
cœur sa bénédiction. —Et la dot, comment
la rendras-tu, scéléràt? Ah ! nous ne se
rions pas fâchés de te voir supporter le re
gard scrutateur des notaires. Il faut direq-ue
la seule pensée de soumettre ses comptes à
M'Chourmeau et son collègue, plonge le sei
gneur Luigi dans la plus effroyable perplexité,
et qu'il irait se jeter à l'eau lui-même, s'il
ne trouvait préférable d'y précipiter Jeanne.
Quand on a fait fusiller le père, on peut bien
noyer la fille. Il suffit de bien établir un
alibi, pour n'être même pas soupçonné. Com
ment établir un "alibi? On se met à table à
dix heures du soir avec quelques amis; on
boit, on mange, on chante la faridondame ,
on fait dans l'hôtel un vacarme épouvan
table; après quoi on tombe sous la table,
et l'on feint d'être ivre-mort. Pendant ce
v temps-là, Jeanne passe sur le Pont-Neuf,
des gens l'arrêtent, et avant qu'elle n'ait
pu crier au secours, la flanquent dans
la rivi&re. Vous direz peut-être que c'est
le seigneur Luigi qui a fait le coup ? Ah !
Yhonnête seigneur ! il cuvé son vin, il dort
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