Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-11-20
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 20 novembre 1852 20 novembre 1852
Description : 1852/11/20 (Numéro 325). 1852/11/20 (Numéro 325).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUMÉRO 523.
IIUK&15A3J3L : tue *le Yaloli (I*alaIs-fî4oyal), n' !©._
B 1852. - SAMEDI 20 NOVEMBRE.
Prix fin l'abonnement.
JPAKIS EX DEPARTEMENS :
8 fr. pour trois mois.
un numéro.: 15 centimes.
roor les pays étbangkbs, se reporter au
"tableau publié dans le journal, les 10 et
25 de chaque mois;
• m
POLITIQUE , LITTEBAIKE, EKIVEBSEl,
S'adresser, franco, pour l'admini ^vkUon l
à M. dENain, directeur.
S'adresser, franco, pour la rédaction, à M. Ctjciieval-Clàrign y, rédacteur en cnef.
Les articles déposés ne sont pas rendus.
On s'abonne, dans les départemens, aux Messageries et aux Directions de poste.—A Londres^ckcs'N 3 oowie et fils.
— A Stràsbouçg, chez M. A lkxaitobe, pour.l'Allemagne.
Les annonces sont reçues chez M. PANIS, régisseur, 10, placé de la Boi
et au bureau du journal,
PARIS, 19 NOVEMBRE.
Le, gouvernement- a fait annoncer que le
prince-Président venait d'ordonner une ré
duction de 30,000 hommes sur l'effectif de
l'armée. 11 était impossible de donner- au
pays une meilleure nouvelle. Trente mille
familles vont bénir, d'ici à quelques jours,
la main qui leur rend leur enfant; trente
mille citoyens vont échanger le fusil contre
les instrumens du travail, reprendre leur
place dans la société, et participer à ce grand
mouvement de production que développe
dans toute la France le retour du calme et
de la sécurité. Ce ne sont pas seulement des
soldats que la France affranchit d'un péni
ble service, ce sont des travailleurs qu'elle
retrouve, et qui vont contribuer pour leur
part à l'accroissement de la richesse natio
nale. •
11 faut que les craintes d'un pays.soient
bien éveillées pour que la diminution xle l'ar
mée n'y soit pas populaire; mais ce qui
fait de toute réduction, compatible avec les
besoins de la défense nationale, la plus fé
conde et la plus bienfaisante des mesures,
c'est que cette réduction a le double effet de
diminuer d'une parties charges de la nation,
et d'augmenter de l'autre ses forces con
tributives. Ces trente mille hommes quç le*
prince-Président renvoie dans leurs foyers,
prendront dès le lendemain leur part des
charges publiques; et ce n'est pas à la som
me dont le budget cesse d'être grevé, c'est
au -produit de leur travail qu'il faut me
surer ce qu'y gagne le pays.
La mesure que le Moniteur a annoncée,
hier est donc de celles dont on ne saurait trop
se féliciter;.mais ceux-là seuls en compren
nent bien l'importance qui savent toutes les
difficultés que rencontre le gouvernement
dans cette voie. 11 semble çpi'on puisse sup
primer des soldats aussi facilement qu'on
raie des chiffres dans un tableau. Mais le
gouvernement est obligé de tenir comp
te de tous les besoins de la défense na-
tionale, des exigences de là politique,
des armemens des autres puissances, - et,
à l'intérieur, de tous les" services à pour
voir, de la nécessité de n'affaiblir en rien
d'essentiel et de ne point compromettre
cette organisation militaire qui fait la for
ce et l'indépendance du pays. C'est donc
une aft'airie de longue étude et de patience
que de rechercher tout. ce qu'il est pos
sible d'ôter à l'armée sans que'ce grand corps
perde rien de son efficacité/ et sans qu'aucun
intérêt national soit mis en péril. Lorsqu'un
gouvernement débute par une réduction
de trente mille hommes, c'est à dire d'un
douzième de l'effectif,'c'est qu'il a l'intention
et qu'il prend les moyens d'accomplir de sé
rieuses économies. -
Nous avons tort, d'ailleurs, de nou» servir
du mot début. Pour se rendre compte de la
portée de la mesure qui vient d'être ordon
née par le prince-Président, il faut com
parer l'effectif nouveau non pas à ce
qu'il était hier, mais à ce qu'il était lors
de l'élection de Louis-Napoléon au 1" janvier
J 849. L'a rm ée co mptait alors 44(3,000b omîmes
sous les drapeaux ; après la diminution de
30,000 hommes arrêtée* par le Président, el-
len'encompterapliis que370,000. C'est donc,
en réalité, une réduction de-76,000 hommes
que Louis-Napoléon a opéréè dans l'armée
depuis qu'il a pris en main le gouvernement.
La mesure nouvelle n'est donc que la con
tinuation et le développement d'une po
litique d'économie que l'Empire confirme
ra. Lorsque Louis-Napoléon disait à Bor
deaux : « L'Empire, c'est la paix ! » ce n'é-
tait pas une espérance qu'il exprimait,
une promesse qu'il annonçait; c'était la tra
duction fidèle de toutes ses pensées, de tou
te sa politique depuis qu'il est à la tête de
notre pays.
Si. nous laissons le côté matériel dé la
•question pour envisager celle-ci au point de
de vue la politique, cette réduction de trente
mille hommes prendra une importance
plus grande encore. Elle.£.ejî^ffet une dou;';
bie signification qui n'ïjchappera à person
ne, et qui peut se traduire ainsi : confiance
à l'intérieur, conciliation au dehors.
Quand il prend l'initiative d'une réduction'
de l'armée, le gouvernement fait clairement
entendre qu'il n'a nulle appréhension sur la
paix publique, et qu'il voit partout les idées
d'ordre, de tranquillité et de travail repren
dre graduellement l'ascendant.
Vis-à-vis de l'étranger, c'est la réponse
la. plus éloquente et la plus, décisive à tous
les bruits de guerre. Ce n'est pas par des
paroles, c'est par des actes que notre
gouvernement dément les projets d'inva
sion et de conquête que des calomniateurs
intéressés lui attribuent. Après 1848, tous
les gouvernemens ont démesurément accru
leurs forces militaires; un seul pays a réduit
sonarmée, et ce pays c'est celui d'où devaient
partir tous les orages, c'est la France.C'est àla
veille de cette transformation qui devait être
le terme de la paix, que la France diminue
ses forces. C'est ce prince qu'on accusait de
ne vouloir monter sur le trône que pour
déchaîner la guerre sur l'Europe, ie-pre-
mier qui, d'un seul coup, renvoie 30,000
soldats ! " -
'Quand un gouvernement prêche ainsi,
d'exemple, a-t-on le droit de douter de sa
parole? Qui ne répétera aujourd'hui avec'
confiance : L'Empire, c'est la paix ! -
CJJCHE VAL-CLARIGN Y.
• 11 résulte de cette note que le gouverne-,
ment dé Louis-Napoléon est-à la veille de
'généraliser l'iasiiUilion du crédit foncier,
qui n'avait encore été organisée que dans le
ressort dé la cour d'appel de Paris, et. qui
s s'étendra bientôt à tous nos départemens
Depuis quelque temps la malveillance s'at
tache à répandre des nouvelles alarmantes.
Tous ces bruits sont faux. Ce n'est pas seu
lement à Paris, mais dans les départemens,
que ces tentatives ont lieu. Dans ces der
niers jours elfes se sont renouvelées avec
plus d'insistance. L'opinion publique ne se
laissera pas égarer par des manœuvres dont
le but est facile à concevoir. (Moniteur.)
On cherche en ce moment à répandre dans
la banlieue, le bruit que le gouvernement,
d'accord avec l'administration municipale
de Paris, a décidé que la circonscription de
l'octroi serait étendue jusqu'au mur d'en
ceinte des fortifications, afin de soumettre à
cet impôt des populations qui, jusqu'ici, en
auraient été exemptes. Il n'est pas difficile
de comprendre dans quelle intention lamal-
veillance colpçrte ce mensonge. Les.partis;
qui savent combien, en toute circonstance,
la banlieue dë Paris s'est montrée reconnais
sante et dévouée pour le prince, et avec quel
empressement elle ira voter dimanche en fa
veur de l'Empire, espèrent l'abuser par cette
fausse nouvelle et refroidir son zèle.
Le piège est trop grossier pour que les
populations s'y laissent prendre ; elles con
naissent les vives sympathies du prince à
< leur égard ; comment pourraient-elles croire
que celui qui, en dégrevant la contribution
foncière de 27 millions, a déjà restitué à l'a
griculture les fameux 45 centimes, et qui se
préoccupe constamment des moyens de di
minuer des impôts onéreux pour les classes
laborieuses, soit résolu d'en étendre ou d'en
aggraver le fardeau ! {Moniteur.)
. On lit dans le Moniteur .
« Une convention passée entre le ministre de
l'intérieur et la société de la Banque foncière
de Paris impose à cette société l'obligation
d'établir des succursales dans toute la Fran
ce, et lui accorde la subvention promise par
décret du prince-Président pour encourager
les établissemens de crédit foncier, à la con
dition qu'elle prêtera à la propriété foncière
jusqu'à concurrence d'une somme de 200 mil
lions répartis entre tous les départemens, pro
portionnellement à l'importance de leur dette
hypothécaire. Cette subvention est subor
donnée, en outre, à la condition que les
prêts se' feront moyennant S 0/0, tout com
pris, intérêt, frais d'administration et amor
tissement du capital en cinquante ans,c'est-
à-dire que la dette se trouvera éteinte par le
seul paiement annuel de 5 0/0 pendant cin
quante années. •
» Des garanties sont prises également pour
qu'après l'épuisement des 200 millions, le
taux des prêts reste dans les conditions les
plus modérées.
» Cette convention vient d'être envoyée à
l'examen du conseil d'Etat. » <
On avait d'abord voulu établir autant de
sociétés de crédit foncier qu'il y a de cours
d'appel, en leur attribuant les mêmes cir
conscriptions. Mais l'examen paraît avoir
conduit à reconnaître' qu'il vaut mieux
centraliser les opérations. Il y auia donc
une société de crédit foncier, comme il.
y a une Banque pour toute la France.
Cette société générale sera tenue, en con
séquence, de fonder des succursales dans
les départemens, de manière à pouvoir em
brasser le pays entier.
C'est la société de la Banque foncière de
Paris qui, conformément à une convention
passée avec M. le ministre del'intérieur, sera
chargée de ce service immense. Le gou
vernement lui accorde la subvention de
10 millions _ que le décret du-22 janvier
avait affectée en principe aux institutions de
crédit foncier dans les départemens qui en
réclameraient la création. Mais il lui impose,
en revanche, deux conditions importantes :
1 la première, de prêter à la propriété fon
cière jusqu'à concurrence d'une somme de
200 millions, répartis entre les départemens
en proportion de l'importance de ieur dette
foncière.; la seconde, de faire ces .prêts
moyennant des annuités de S 0/0, qui com
prendront tous les frais d'intérêt, d'amor
tissement et d'administration, et qui étein
dront la dette en cinquante années.
•Nous n 'avons pas besoin de faire ressortir
toutes les conséquences de cette mesure, qui
centralise les opérations de crédit foncier
entre les mains d'une seule et même com
pagnie, qui concède la prime promise pour
seconder le développement de l'institution
dans tous nos départemens, et qui permet à
la société générale de commencer son servi
ce à des conditions aussi avantageuses pour
les emprunteurs. j. burat.
Tous les journaux des départemens s'ac
cordent à dire que les appels à l'insurrection
des chefs socialistes ont excité partout un
profond dégoût, en même temjis qu'ils ren
daient plus évidente la nécessité de serallier
avec empressement autour du scrutin qui
va s'ouvrir. -
" Cette nécessité devient plus urgente enco
re en présence des calomnies de toute sorte
que répand l'esprit de parti pour indisposer
les électeurs et les empêcher tout au moins
d'aller voter.
Nous avons déjà signalé certains bruits
mensongers répandus à cet effet, tels que le
rétablissement de l'impôt sur le sel, la re
connaissance de la religion catholique com
me religion de l'Etat;>aujourd'hui c'est-un
autre bruit tout aussi absurde, l'augmenta
tion des patentes à partir de 1833.
J H suffit de faire connaître ees coupables,
manœuvres, pour que le mépris public ' en
fasse justice. L. Boniface.
S. A. I. le prince-Président, en voiture-
découverte et sans escorte, est allé visiter
les travaux du Louvre.
Nous extrayons quelques passages de la
lettre pastorale que vient de publier Mgr
l'évêque de Saint-Flour, à l'occasion du vo
te sur le sénatus-consulte qui appelle Louis-
Napoléon à l'Empire :
« Le prince a fait ses preuves, preuves de dé
voilaient et de courage, preuves d'intelligence- et
d'habileté, preuves de fermeté et de modération,
preuves de sage politique, preuves de bon gouver
nement. A quels périls ne nous a-t-il pas arra
chés? Où. étions-nous? Dans les lacs et les étrein
tes d'une révolution ! Où allions-nous? Aux abî
mes les plus profonds,
» Encore un pas, et nous étions perdus ;fait de la société et de la civilisation dans notre
beau pays de France; toutes les mesures étaient
prises pour assurer, de l'Est à l'Ouest,' du Nord au
Midi, le triomphe de l'anarchie avec toutes ses
horreurs.
» C'est alors que le chef dé l'Etat, digne neveu
et héritier de l'Empereur, mesurant de son œil
d'aigle les malheurs qui nous menaçaient, et sai
sissant d'une main liai'die le char de la société,
nous a ramenés des bords extrêmes du précipice,
sur un terrain ferme et solide, où. là |France, se
rasseyant sur ses bases, a pu reprendre son cours
régulier et garder son rang parmi les nations ci
vilisées....
» Que de prières et de bénédictions sont alors
montées au ciel ! Il n'y avait parmi les citoyens
honnêtes sans aucune exception de parti, qu'un
cri d'admiration et de reconnaissance; de toutes
parts on remerciait Dieu de ce qu'il avait, dans sa
miséricorde, envoyé un libérateur à son peuple;
c'était le prince Louis-Napoléon qui avait été,
(Ifas'^tc circonstance, l'homme de sa droite et
•l'instrument de ses-hontés sur nou,S;
» Oui, Dieu veut celui que la France entière va
élever surle pavois pour le l'aire Empereur; il l'a,
pour ainsi .dire," montré du doigt et appelé par
son nom, comme Cyrus; il l'a, en quelque sorte,
dans un récent voyage, sacré d'avance par les
bénédictions de ses pontifes et de ses prêtres; il
l'a/ dans la même marche triqjnphale, salué et
acclamé par près de vingt millions de voix : à tous
ces signes plus du moins éclatans pourrait-on ne
pas reconnaître son élu?
» Après ces indications providentielles, il n'y a
plus, ce nous semble, à hésiter; recueillons-nous
un instant devant celui qui fonde les empires, et
votons avec confiance; le peuple français, .comme
on l'a bien dit, en donnênt la couronne au prince
de son choix, ne fait que se couronner lui-même.»
PREFECTURE
du département de iia seine.
Electeurs du département de la Seine,
Vous êtes convoqués le 21 novembre pour con
sacrer par un vote Solennel le rétablissement de
l'Empire. Depuis deux mois laFrance entière offre
la couronne au ne'veu de l'Empereur; mais ces té
moignages de. la reconnaissance publique^ ces
ovations qui peuvent flatter son orgueil, ne sau
raient remplacer à ses yeux l'expression légale de
la volonté du peuple. C'est de l'urne électorale
que, pour la troisième fois, doit sortir le nom
glorieux de Napoléon; c'est au suffrage universel
que le prince veut devoir sa légitimité.
Paris, si cruellement frappé dans ses intérêts
les plus chers pendant ces temps d'épreuves que
.nous- avons traversés, accepte avec bonheur l'an-
fibrree du changement qui se prépare, et les ac
clamations qui ont salué le retour de Louis-Na
poléon me répondent de votre empressement à
venir, par vos votes, réaliser le vœu de la France
et déjouer ainsi les espérances,coupables des par
tis.
Si, pour le monde entier, l'Empire, c'est la
paix ; pour Paris, c'est l'ordre, la richesse et la
prospérité.
- Jetez un coup-d'œil sur nos palais qui s'achèvent,
sur ces-rues qui s'ouvrent, sur notre commerce
florissant; voyez ce qu'a déjà pu faire un pouvoir
temporaire, mais soutenu par l'amour du pays qui
inspire le bien et par la volonté qui sait l'accomplir.
Quelle ère nouvelle pour la capitale, lorsqu'un
acte solennel aura confié pour jamais les desti
nées de la France aux puissantes mains du prince
que la Providence a si visiblement choisi pour
sauver la patrie.
Votez donc comme au 10 décembre 1848, com
me au 20 décembre 1851, et que dans ce moment
suprême, Paris, ne prenant conseil que de son
patriotisme et de sa reconnaissance, donne au
pays tout entier l'exemple d'une grande cité qui
se souvient du passé et veut sauvegarder l'avenir.
Vive Napoléon III !
Le préfet de la Seine,
berger.
Paris, le 19 novembre 1852.
PREFECTURE
du département de la seine.
Quelques certificats d'inscription sur lès listes
électorales des départemens , et destinés à des
électeurs -momentanément absens de Paris, ont
été envoyés au préfet de la Seine, sans indication
d'adresse. ;
Les électeurs qui auraient demandé des certifi
cats de ce genre aux maires de leur commune et
qui ne les auraient pas reçus, peuventseprésenter
à l'Hôtel-de-Ville tous les jours de 10 à 5 heures.
Ils recevront le. certificat qui les concerne, en pro
duisant la preuve de leur domicile momentané,
de leur identité, et au besoin de leur non inscrip
tion sur la liste de l'arrondissement qu'ils habi
tent. ,
AVIS.
. Quelques individus ayant, dans un but coupa
ble répandu en divers lieux, et notamment à la
Bourse, de faux bruits qui pourraient troubler la
paix publique et réagir sur le cours des fonds
publics >et autres valeurs, des poursuites ont été
îmipédiatement ordonnées, et les coupables seront
livrés à la justice, pour être punis selon toute la
rigueur des lois.
Le préfet de police, désirant prévenir le retour
de pareils faits, croit devoir rappeler et porter à
la connaissance dè tous,- les dispositions pénales
qui atteignent ceux qui, même de bonne foi, pro
pagent de fausses nouvelles. "
Lés âgens de l'autorité et de la force publique
oînt reçu les ordres les plus sévères pour surveil
ler activement et arrêter sur-le-champ tous ceux
qui se rendraient coupables des délits prévus par
l'art. 15 du décret du 17 février 1852 et l'art. 415
du Code pénal, ci-après relatés. •
Paris, le 18 novembre 1852.
Le préfet de police, pietri.
Par le préfet ;
, Le secrétaire-général de la préfecture
de police, h. coixet-jieygret.
Décret du 17' février 1852.
Art. 15. La publication ou la reproduction de
nouvelles fausses, de pièces fabriquées, falsifiées
ou mensongèrement attribuées à des tiers, sera
punie d'une amende de 1,000 fr.
Si la publication ou reproduction est faite de
mauvaise foi, ou si elle est de nature à troublac.
la-paix publique, la peine sera d'uh mois à un an
d'emprisonnement et d'une amende de 500 û
1,000 fr. Le maximum de la peine sera appliqué
si la publication ou reproduction est tout-à la t'ois
de nature â troubler la paix publique et faite de
mauvaise foi.
Code pénal, livre 3, titre II.
Art. 419.—Tous ceux qui, par des faits faux ou
calomnieux semés à dessein dans le public, par
des sur-offres faités aux prix que. demandaient
les vendeurs eux-mêmes, par réunion ou coalition
eîitre les principaux détenteurs d'une même mar
chandise ou denrée, tendant à" ne la pas vendre
ou à ne la vendre qu'à un certain prix, ou qui,
par des voies ou moyens frauduleux quelcon
ques, auront opéré la hausse ou la baisse du prix
des denrées ou marchandises, ou des papiers et
effets publics, au-dessus ou au-dessous des prix
qu'aurait déterminés la concurrence naturelle et
libre du commerce, seront punis d'un emprison
nement d'un mois au moins, d'un an au plus, et
d'une amende de 500 francs à 10,000 francs. Les
coupables pourront, de plus,, être mis, par l'arrêt
ou le jugement, sous la surveillance de la
haute police, pendant deux ans au moins - et cinq
ans.au plus. -
L'Emancipation, reçue aujourd'hui, com
plète ses informations sur le débat qui a eu
lieu dans les sections de la chambre des re-
présentans de Belgique au sujet de la loi sur
la presse : •
« La section centrale qui est chargée de l'exa
men du projet de loi du 9 novembre, sur les dé
lits d'offense envers les souverains, étrangers com
mis par voie de la presse, est complétée par la
nomination de la cinquième section, l'honorable
M. Lehon.
» Les membres de cette section, qui se réunira
aujourd'hui, sous la présidence de M. Delfosse,
sont MM. Mercier, Delehaye, Julliot, Orts, Lehon
et Lelièvre.
» La cinquième section a tenu hier une se
conde séance, qui n'a pas été moins longue que
la précédente.
» Nous donnons ci-dessous le résultat de ses
délibérations :
« un membre combat avec vivacité le principe et
le but de la loi.
» d'autres membres font valoir le principe de la
loi, comme découlant du principe de l'autorité. Ce
pendant ils n'admettent pas les dispositions relatives
aux propos, discours, etc., tenus dans les lieux ou
réunions publics. Une pareille disposition est trop
contraire fiux mœurs du pays pour qu'elle ait aucune
chance de passer dans une loi belge.
- » un membre propose de remplacer le mot offense
de l'article 1 er pat les mots injures ou outrages.
» Cette proposition est. adoptée à une grande ma
jorité.
» un membre voudrait que le rapporteur fût char
gé d'appeler l'attention de la section centrale sur le
vague ides mots : « alira méchamment attaqué leur
» autorité, » qui se trouvent inscrits dans l'article 1 er .
» Cette proposition est également adoptée.
» La section centrale trouve trop fortes les pénali
tés désignées dans le projet de loi.
» un membre demande la suppression du paragra
phe 2 de l'art. 1 er :
» Cette proposition est adoptée.
» Les autres articles sont adoptés.
» un membre reprend la proposition que M. Du-
rriQrtier a produite, la veille, dans la quatrième sec
tion, et qui tend à faire stipuler larésiprocité parles
puissances étrangères. .
» Cette proposition est rejetée par six voix contre
quatre. * - .
« m. lehon est nommé rapporteur j après une dou
ble épreuve. »
» La deuxième section a tenu une seconde
séance, dans laquelle l'examen du projet de loi
relatif à la répression du délit d'offenses envers
les souverains étrangers, a été continué par efle.
» Voici le résumé des résolutions prises d*is
cette réunion :
« La section estrevenue sur l'art. !" où elle a sup
primé les. mots discours, cris eu menaces et les mots
méchamment attaqué leur autorité (attendu, comme
l'a fait observer un membre, que les souverains étran
gers n'ont pas d'autorité en Belgique).
» Elle a modifié la pénalité comme suit : Au lieu
de trois mois à deux ans d'emprisonnement et d'une
amende de 100 fr. à 2,000 fr., elle a admis une amen
de de 100 fr. et un emprisonnement d'un mois au
maximum comme première condamnation, et. en cas
de récidive, une amende de 100 fr. à 1,000 fr v etuu
emprisonnement de trois mois à un au.
. » Elle a supprimé la privation des droits ' civiques,
civils et de famille, mentionnés dans l'art. 42 du Code
pénal.
» Elle a supprimé l'art. 2 qui interdit d'alléguer
comme moyen d'excuse ou de justificatioil, que les
écrits, etc., ne sont que la reproduction de publica
tions antérieurement faites même en pays étrangers
(attendu que nulle excuse ne peut être alléguée quand
elle n'est pas écrite dans la loi.)
» Enfin la section a admis le système de la réci
procité internationale et a charge le rapporteur de
formuler un article 7 nouveau en ce sens.
» L'ensemble du projet du gouvernement ayant été
mis aux voix a été rejeté, sans préjudice aux amen-
demens adoptés.»
Funérailles du duc de Wellington.
Les restes du feld-maréchal Arthur, duc de
Wellington, chevalier de la Jarretière, ont été
transportés hier soir, avec une escorte de cava
lerie; de l'hôpital de Chelsea à la salle d'audience
des borse-guards. Ce matin, à sept heures et de
mie, le cortège se forme dans Saint-James-park,
et se dirige par Gonstitution-Hill, Piccadilly,
Saint-James-street, Pall-mall, Cock'spier-street,
«Xlharing.-Crps, le Strand et Temple-Bar , et se
rendra à la cathédrale de Saint-Paul dans l'ordre -
suivant : six bataillons d'infanterie, neuf pièces
d'artillerie de campagne, cinq escadrons de cava
lerie, huit pièces d'artillerie à cheval. Les trou
pes en marche et celles de garde pour assister les
autorités civiles dans le maintien de l'ordreet
pour prévenir les accidens, sont commandées par
le major-général S. A. R. le duc de Cambridge.
Les députatioïis des corps et métiers, en voi
tures. (Les membres de la chambre des commu
nes ont leurs places marquées à la cathédrale.)
La bannière de Wellesley, portée par te lieutenant-
général lord Saltoun. S. A. R. le prince Albert;
— Bâtons : d'Espagne, porté par le majoi-géné-
ral duc d'Ossuna, en voiture de deuil, et accom- '
pagné du colonel don Gabriel 'de Torrès et du'co
lonel don Augustin Càlvet y Lara; de Russie, porté '•
par le général Gortchakoff, en voiture de deuil, '
acccompagné du major-général comteBeiikendorff
et du lieutenant-colonel Tchernitzky ; de Prusse,
porté par le général comte de Nostitz, en voi
ture de deuil, accompagné du général de
Scharnhorst et du lieutenant-général de Mar-
sou; de Portugal, porté par le maréchal duo
de Terceira, en voiture de deuil, accompagné
du lieutenant-général comte de Villareal et du ma
jor donManupl de Souza Coutinho; des Pays-Bas,
porté par le lieutenant-général baron d'Omphal, en
voiture de deuil, accompagné du capitaine Gevers
Leuven et du lieutenant W. F. Tindat; d'Hanovre,
porté par le général sir Hugh Halkett, en voiture •
dedei.il, accompagné des colonels Poten etMàren-
holtz ; d'Angleterre, porté sur un coussin de ve
lours noir, en voiture de deuil, par le marquis
d'Anglesey, accompagné du colonel duc de Rich-
mond et du majoK-géhéral le duc de Cleveland;
la couronne du défunt placée sur un coussin de
velours noir ; M. Shaw Lefebvre ; les porteurs
des coins du poêle ; huit officiers généraux en
voitures de deuil ; général vicomte Combermere, ■
général marquis de Londonderry, général sir Pe-
regrina Maitland, général vicomte Hardinge, lieu-,
tenant-général lord Seaton, lieutenant-général
sir Alexandre Woodford, • lieutenant-général, vi
comte Gough, lieutenant-général sir Charles Na-
pier. La musique des grenadiers - gardes. Le
corps, couvert d'un riche manteau de velours
noir orné d'écussons et porté sur up char traîné
par douze chevaux portant'des trophées et des or-
nemens héraldiques.La voiture de deuil du conduc
teur du deuil. Le duc de Wellington, en manteau
de deuil, et accompagné de l'honorable M. Wil
liam Wellesley, lor4Charles Wellesley,l'honorable
et révérend Gerald ' Wellesley. Le cheval du due
conduit par le groom du décédé; les voitures par
ticulières du décédé et du conducteur du deuil.
Les six bataillons d'infanterie se massent des deux
côté3 des rues de Ludgate-Hill, vers Temple-Bar;
six compagnies de grenadiersrgardes sont dans le
cimetière de Saint-Paul, et reçoivent lé corps,
les armes renversées. S. A. R. le prince Al
bert est assis dans un fauteuil à la droite du
conducteur du deuil. Le duc de Cambridge est
assis près de S. A. R. Quand le corps est placé et
le drap enlevé, la couronne est placée sur le cer
cueil, avec le bâton de maréchal du décédé." Les
bâtons étrangers sont tenu3 pendant la cérémonie
par les personnes déjà nommées, qui, avec le mar
quis d'Anglesey, occupent des tabourets au pied
du cercueil.
Un grand .nombre de curieux ont passélanuit,
exposés à la pluie, près des borse-guards, afin
d'être bien placés pour le cortège. II n'y a pas eu
de nuit, pour ainsi dire, à Londres. La circulation
du public dans les rues a été continuelle. Les
arrangemens de la police ont été parfaits.
Dès six heures du matin, la cavalerie prenait
position derrière les horse-guards. L'artillerie des
cendait de Victoria-road, chaque pièce étant at
telée de six chevaux. Ce spectacle, nouveau pour
la population de Londres, appelait l'attention
d'une manière toute spéciale; A sept heures,
presque toutes les troupes qui devaient figurer
dans ie cortège étaient réunies en masse derrière
les horse-guards. Tout cet appareil militaire était
d'un bel effet. Déjà la foule était immense sur ce
point; leduc.de Cambridge était entouré d'un
nombreux et brillant~ N état-major. A huit heures,
les canons du parc cessèrent de tirer des salves
et l'Infanterie s'ébranlait pour - aller occuper les
positions qui lui avaient été assignées.
Le cortège s'est mis en marche alors dans l'or
dre indiqué. Les musiques des divers régimens exé
cutaient la marche des morts et des symphonies
funèbres. Tous les régimenss en passant devant
Buckingham-palace, saluaient leur souveraine. 11
a fallu, pour défiler, trente-cinq minutes aux di
vers régimens d'infanterie précédant le char fu
nèbre, et trente minutes à la cavalerie et à l'ar
tillerie.
Le public a paru s'intéresser vivement au che
val du défunt. Dans les étriers, sUspendues à la
selle, étaient placées les bottes du duc deWel-
bngton. avec >les éperons, dans une position ren
versée, les talons regardant la tète de l'animal
et les pointes dans la direction de ses flancs. Ce
cheval, dont la robe est bai foncé, était mené ea
main par un groom en grand deuil. L'hôtel de
miss Burdett Coutt était fermé; quelques do
mestiques seulement le gardaient. Mais aucun ami
n'était présent, cette bienveillante dame voulant
ainsi manifester la part qu'elle prend au deuil pu
blic. La foule était surtout immense dans Picca
dilly, Saint-James-street et Pall-mall; dans Tra-
falgar-square, il y avait'au moins dix mille per-
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL, 20 NOVEMBRE.
LES VOYAGEURS NOIYEAliX.
D1EFFENBACH. — * BRGWN. LA. NOU
VELLE-ZELANDE (1).
9
- 1. ,
C'est notre antipode. Si- nous nous inté
ressons à- l'étude des mœurs, du caractère
des peuples qui nous avoisinent, il est assez
curieux de chercher à connaître celui qui,
dans la/circonférence du globe, occupe un
point diamétralement opposé au nôtre, qui
se réjouit de son été quand nous entrons
dans notre hiver, et voit briller le soleil sur
sa lète quand la nuit nous enveloppe.
Vaste et féconde est celte terre australe de
la Nouvelle-Zélande. Un détroit auquel Cook,
l'illustre navigateur, a donné son nom ; la di
vise en deux îles qui, au fond de l'océan, se
déroulant comme un ruban sur un espace
de quatre cents lieues de longueur et de
trente à trente-cinq de largeur, offrent au
laboureur un sol fertile qui, par une cul
ture facile, produit les meilleurs fruits et
les meilleures céréales de l'Europe. Sur les
lianes de ses montagnes s'élèvent des plan
tes supérbes, des pins_ qui s'élancent
d'un seul jet Comme des colonnes d'un
seul bloc jusqu'à cent pieds de hauteur,
des cèdres majestueux comme ceux qui cou
vrent les cimes bibliques du Liban, des bois
d'un tissu ferme dont, une tige suffit pour
former une pirogue qui contiendra quarante
à cinquante guerriers. Sur les bords de la
mer, dans les crevasses des rochers, naît
(1) Traoels in New-Zealand.—Neic-Zealand and
tts aberigenes.
spontanément un beau lin que les Nouveaux-
Zélandais emploient à tisser leurs vêtemens,
-et presque partout une fougère dont la ra
cine fut pendant long-temps leur aliment
quotidien. Enfin, dans les entrailles de ce
' sol abondant, on a découvert des mines de
charbon, cet élément de l'industrie moder
ne, ce puissant moteur des longues naviga
tions.
Afnsi, le colon trouve là tout ce qu'il lui
faut pour satisfaire aux besoins de la vie
journalière, ■ pour construire sa demeure,
pour équiper ou ravitailler un navire. De
plus, il jouit dans ces îles d'un climat très
sain, très fortifiant et plus doux, dit M. Dief-
fenbacli, que celui des provinces méridiona
les de l'Angleterre.
Si, par l'attrait d'une étude nouvelle, par
l'élan de la curiosité, ou par une idée de
spéculation, les Européens ont aspiré à pé
nétrer daus l'intérieur de la Nouvelle-Zélan
de, les habitans de cette île lointaine se sont
montrés fort peu désireux d'ouvrir leurs
demeures aux Européens. On ne les a pas
vus, comme les confians Tahiliens, se jeter
à la nage à là vue des navires étrangers, et
courir au-devant des matelots avec des guir
landes de Heurs et des coquillages. On ne
les a pas vus, comme les Péruviens, trem
bler aux coups de fusil des Espagnols, et
tomber à genoux devant les cavaliers de bi
zarre. Si les décharges de mousqueterie les
ont étonnés, leur étonnement ne les a pas
empêchés de lutter contre les mousquets
avec leurs massues, et, au besoin, avec leurs
rames. Audacieux et farouches, divisés en
'plusieurs tribus qui souvent se livraient de
mortels combats, ils ne devaient point se lais
ser effrayer par les nouvelles armes, et ils
éprouvaient une effroyable satisfaction à dé
pecer le corps d'un nouvel ennemi. La plu
part des bâtimens qui dans les premiers temps
ont abordé sur ces côics-sanguinairés, y ont
laissé un cruel tribut, une proie au canni
balisme. Deux entre autres, deux navires
français, le Mascarin et leC'astries, après plu
sieurs semaines de pacifiques relations, 'y
ont laissé les os calcinés de leur com
mandant et de seize de ses hommes. Quel
quefois les Européens ont eu à se reprocher,
dans leurs rapports avec ces peuplades sau
vages, des engagemens téméraires, des vio
lences inutiles, et cha'cun'de. ces actes allu
mait dans le cœur des indigènes un ardent
désir de vengeance, et -l'innocent navire qui
arrivait ensuite dans leurs parages payait-la
dette de sang de celui qui l'avait précédé. La
lutte a été longue, et il n'est pas démontré
qu'elle sdit finie. La Nouvelle-Zélande a été
découverte vers le milieu duXVII e siècle; les
Anglais commencent seulement à la coloni
ser. Tasman, un des habiles navigateurs de
-ce ' petit pays de Hollande qui a fait de si
grandes choses, Tasman, le premier, aborda
sur les côtes de la Nouvelle-Zélande en 16-42,
et y fut si mal accueilli,qu'il donna à la baie
où" il avait jeté l'ancre le nom sinistre de
baie'des Meurtriers. L'Europe avait alors tant
d'autres terres à explorer, et la description
que Tasman en avait faite dans sou naïf lan
gage de marin n'était pas de nature à.sé-
duire l'ambition des armateurs. Cent vingt
années.g'écouient, pendant lesquelles la Nou
velle-Zélande, vaguement indiquée sur les
cartes nautiques, reste oubliée au fond de
son océan.
En 1769, Cook, l'intrépide, l'infatigable
Cook, la signale de nouveau, l'étudié patiem
ment, la dépeint, et, dans J'espace de quatre
ans, y retourne trois fois, non sans être,
malgî'é ses paisibles intentions, forcé de se
tenir sévèrement en garde contre les barba
ries des indigènes. A partir de cette époque,
une quantité de navires de différentes na
tions se succèdent sur les côtes de la Nou
velle-Zélande. Les Anglais, dans leur inces
sante pensée d'agrandissement, ont bien vite
éprouvé le désir d'adjoindre ce nouvel an
neau à l'immense concaténation de leurs co
lonies, cette île à leur terre d'Australie; les
Français y ont été, comme presque partout,
selon leur magnanime coutume, en obser
vateurs désintéressés. ,
Notre noble Surville y était en 4769 ; l'in
fortuné Marion en 1772; d'Entreeasteaux en
1793. Dans les derniers temps,"la Nouvelle-
Zélande a été de nouveau explorée par plu
sieurs de nos expéditions maritimes, par
MM. Duperré, Laplace, Dumdnt d'Urville,
■ Cécille. Chaque navire français ou étranger
qui a séjourné au bord de l'une ou de l'au
tre de ces deux îles, a constaté avec horreur
les habitudes antropophages des indigènes,
et il n'y a pas long-temps qu'elles n'ont été-
que trop fatalement constatées par d'effroya
bles attentats. Eii 1809, un bâtiment de cinq
cents tonneaux, IcBoyd, partit de Port-Jack-
son pour l'Angleterre, emportant soixante-
dix passsagers, dont quatre ou cinq Nou-
veaux-Zélandais, qu'il devait en passant
déposer sur leur terre natale. Parmi eux
se trouvait un jeune homme nommé Tar-
ra , fils d'un ciicf de tribu. Les officiers
ayant' voulu l'employer, comme la plupart
dè ses compagnons dè voyage, à la manœu
vre du bâtiment, le jeune aristocrate s'écria
que sa naissance ne lui permettait pas de
s'abaisser à un tel travail. A cette fière ré-
Eonse, le capitaine, sans respect pour la no-
lesse zélandaise, lui appliqua de sa main plé-
béienneunevoléedecoups de fouet.Tarra res
sentit profondément cette injure, et en même
temps comprit la nécessité de dissimuler sa
colère. Il la dissimula si bien, que> pendant
' le reste de la traversée, il vécut en très bons
rapports avec le capitaine. Arrivé à la Nou
velle-Zélande, il lui parle des magnifiques
forêts qu'il trouvera sur un certain point de
la côte, des beaux bois de construction dont
il pourrait faire urf précieux chargement. Il
le détermine à jeter l'ancre dans une-baie
où nul autre navire ne s'était encore arrêté.
Là était la tribu de Tarra, là, l'espoir de sa
vengeance. Il descend le premier à terre,
raconte à ses parens, à ses amis, l'ignomi
nieux: traitement qu'il a subi, excité par sa
fureur leur nature féroce, éveille leur cupi
dité par l'appât du pillage, puis, les voyant
préparés, comme il le désirait, à laver dans
le sang son offense, retourne à bord du Boyd,
et entraîne le capitaine avec une partie de
ses matelots dans la forêt qu'il avait promis
de lui montrer. Quelques instans après, les
malheureux Anglais, surpris, cernés par une
liordefrénétique,tombaientsansdéfensesous
les lourdes massues, et leurs corps étaient
aussitôt dépouillés de leurs vêtemens et
lacérés. Enflammés d'une nouvelle ardeur
par cette scène de carnage, les sauvages se
jettent dans des embarcations et se dirigent
vers le Boyd. Il était nuit; le lieutenant qui
faisait le quart sur le pont du navire leur
crie de s'éloigner. Ils répondent que, par l'or
dre du commandant qui a voulu passer la
nuit à terre , ils apportent uue partie des
bois qu'ils ont coupes. .On les laisse mon
ter à bord; ils- s'y élancent avec leurs ar
mes ruisselant encore de sang qu'ils vien
nent de verser; ils y massacrent tout ce
qui y reste, officiers et matelots,-tout, à
1 exception d'une femme, de deuxenfans
qui restèrent cachés dans l'entrepont, et
d'un mousse qui, s'étant montré complaisant
envers Tarra, avait conquis sa bienveillance.
■Ce mousse, cette femme, ces deux enfans
furent conduits sur la plage et recueillis
quelque temps après par un capitaine, an
glais. Un hasard miraculeux les avait sau
vés du premier accès de rage des meur
triers , un autre hasard les préserva-d'une
mort certaine. Ils étaient à terre lorsqu'une
partie de la féroce légion retourna sur le
navire pour le dévaliser. Le père de Tarra,
• qui la commandait, s'étant emparé d'un pis
tolet chargé, était si pressé d'en jouir, qu'il
le tira au beau milieu d'un baril de poudre.
Une explosion emporta tout le haut du na
vire, et la plupart de ceux qui avaient pris
part à ce drame horrible payèrent leur cri
me de leur vie.
Six ans après la destruction du Boyd, le
brick américain l'Agnès devenait le théâtre
des mêmes atrocités. Trois de ses hommes
furent tués ; onze autres, entraînés sur la
plage, égorgés, rôtis et dévorés. Un seul,
nommé Rutherford, fut sauvé, par "on ne
sait quelle considération, du massacre-géné
ral. Il eut même, après quelque temps d'é
preuve, l'honneur d'être élevé au rang de
chei, honneur qu'il acheta par les souffrant
ces d'un douloureux tatouage. Il passa dix
années dans la "tribu qui, en l'honorant
comme un haut personnage, le retenait, cap
tif, et parvint enfin à se rendre en Angle
terre, où il publia un curieux récit, de ses
aventures^
Il y. a maintenant, sur plusieurs points de
la Nouvelle-Zélande, des institutions de mis
sionnaires catholiques et de missionnaires
protestans, des maisons de commerce, des
etablissemens agricoles et industriels; les
principales rades des deux îles sont annuel
lement fréquentées par un assez grand nom
bre de baleiniers et de navires marchands;
les Européens ont implanté, au milieu des tri
bus les plus reculées, les germes de la civilisa
tion ; plusieurs Nouveaux-Zélandais se sont
rendus en Angleterre, ont visité avec une
. avide curiosité ses villes^ ses ateliers,ses arse
naux, et en ont rapporté au sein de leur peu-
IIUK&15A3J3L : tue *le Yaloli (I*alaIs-fî4oyal), n' !©._
B 1852. - SAMEDI 20 NOVEMBRE.
Prix fin l'abonnement.
JPAKIS EX DEPARTEMENS :
8 fr. pour trois mois.
un numéro.: 15 centimes.
roor les pays étbangkbs, se reporter au
"tableau publié dans le journal, les 10 et
25 de chaque mois;
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POLITIQUE , LITTEBAIKE, EKIVEBSEl,
S'adresser, franco, pour l'admini ^vkUon l
à M. dENain, directeur.
S'adresser, franco, pour la rédaction, à M. Ctjciieval-Clàrign y, rédacteur en cnef.
Les articles déposés ne sont pas rendus.
On s'abonne, dans les départemens, aux Messageries et aux Directions de poste.—A Londres^ckcs'N 3 oowie et fils.
— A Stràsbouçg, chez M. A lkxaitobe, pour.l'Allemagne.
Les annonces sont reçues chez M. PANIS, régisseur, 10, placé de la Boi
et au bureau du journal,
PARIS, 19 NOVEMBRE.
Le, gouvernement- a fait annoncer que le
prince-Président venait d'ordonner une ré
duction de 30,000 hommes sur l'effectif de
l'armée. 11 était impossible de donner- au
pays une meilleure nouvelle. Trente mille
familles vont bénir, d'ici à quelques jours,
la main qui leur rend leur enfant; trente
mille citoyens vont échanger le fusil contre
les instrumens du travail, reprendre leur
place dans la société, et participer à ce grand
mouvement de production que développe
dans toute la France le retour du calme et
de la sécurité. Ce ne sont pas seulement des
soldats que la France affranchit d'un péni
ble service, ce sont des travailleurs qu'elle
retrouve, et qui vont contribuer pour leur
part à l'accroissement de la richesse natio
nale. •
11 faut que les craintes d'un pays.soient
bien éveillées pour que la diminution xle l'ar
mée n'y soit pas populaire; mais ce qui
fait de toute réduction, compatible avec les
besoins de la défense nationale, la plus fé
conde et la plus bienfaisante des mesures,
c'est que cette réduction a le double effet de
diminuer d'une parties charges de la nation,
et d'augmenter de l'autre ses forces con
tributives. Ces trente mille hommes quç le*
prince-Président renvoie dans leurs foyers,
prendront dès le lendemain leur part des
charges publiques; et ce n'est pas à la som
me dont le budget cesse d'être grevé, c'est
au -produit de leur travail qu'il faut me
surer ce qu'y gagne le pays.
La mesure que le Moniteur a annoncée,
hier est donc de celles dont on ne saurait trop
se féliciter;.mais ceux-là seuls en compren
nent bien l'importance qui savent toutes les
difficultés que rencontre le gouvernement
dans cette voie. 11 semble çpi'on puisse sup
primer des soldats aussi facilement qu'on
raie des chiffres dans un tableau. Mais le
gouvernement est obligé de tenir comp
te de tous les besoins de la défense na-
tionale, des exigences de là politique,
des armemens des autres puissances, - et,
à l'intérieur, de tous les" services à pour
voir, de la nécessité de n'affaiblir en rien
d'essentiel et de ne point compromettre
cette organisation militaire qui fait la for
ce et l'indépendance du pays. C'est donc
une aft'airie de longue étude et de patience
que de rechercher tout. ce qu'il est pos
sible d'ôter à l'armée sans que'ce grand corps
perde rien de son efficacité/ et sans qu'aucun
intérêt national soit mis en péril. Lorsqu'un
gouvernement débute par une réduction
de trente mille hommes, c'est à dire d'un
douzième de l'effectif,'c'est qu'il a l'intention
et qu'il prend les moyens d'accomplir de sé
rieuses économies. -
Nous avons tort, d'ailleurs, de nou» servir
du mot début. Pour se rendre compte de la
portée de la mesure qui vient d'être ordon
née par le prince-Président, il faut com
parer l'effectif nouveau non pas à ce
qu'il était hier, mais à ce qu'il était lors
de l'élection de Louis-Napoléon au 1" janvier
J 849. L'a rm ée co mptait alors 44(3,000b omîmes
sous les drapeaux ; après la diminution de
30,000 hommes arrêtée* par le Président, el-
len'encompterapliis que370,000. C'est donc,
en réalité, une réduction de-76,000 hommes
que Louis-Napoléon a opéréè dans l'armée
depuis qu'il a pris en main le gouvernement.
La mesure nouvelle n'est donc que la con
tinuation et le développement d'une po
litique d'économie que l'Empire confirme
ra. Lorsque Louis-Napoléon disait à Bor
deaux : « L'Empire, c'est la paix ! » ce n'é-
tait pas une espérance qu'il exprimait,
une promesse qu'il annonçait; c'était la tra
duction fidèle de toutes ses pensées, de tou
te sa politique depuis qu'il est à la tête de
notre pays.
Si. nous laissons le côté matériel dé la
•question pour envisager celle-ci au point de
de vue la politique, cette réduction de trente
mille hommes prendra une importance
plus grande encore. Elle.£.ejî^ffet une dou;';
bie signification qui n'ïjchappera à person
ne, et qui peut se traduire ainsi : confiance
à l'intérieur, conciliation au dehors.
Quand il prend l'initiative d'une réduction'
de l'armée, le gouvernement fait clairement
entendre qu'il n'a nulle appréhension sur la
paix publique, et qu'il voit partout les idées
d'ordre, de tranquillité et de travail repren
dre graduellement l'ascendant.
Vis-à-vis de l'étranger, c'est la réponse
la. plus éloquente et la plus, décisive à tous
les bruits de guerre. Ce n'est pas par des
paroles, c'est par des actes que notre
gouvernement dément les projets d'inva
sion et de conquête que des calomniateurs
intéressés lui attribuent. Après 1848, tous
les gouvernemens ont démesurément accru
leurs forces militaires; un seul pays a réduit
sonarmée, et ce pays c'est celui d'où devaient
partir tous les orages, c'est la France.C'est àla
veille de cette transformation qui devait être
le terme de la paix, que la France diminue
ses forces. C'est ce prince qu'on accusait de
ne vouloir monter sur le trône que pour
déchaîner la guerre sur l'Europe, ie-pre-
mier qui, d'un seul coup, renvoie 30,000
soldats ! " -
'Quand un gouvernement prêche ainsi,
d'exemple, a-t-on le droit de douter de sa
parole? Qui ne répétera aujourd'hui avec'
confiance : L'Empire, c'est la paix ! -
CJJCHE VAL-CLARIGN Y.
• 11 résulte de cette note que le gouverne-,
ment dé Louis-Napoléon est-à la veille de
'généraliser l'iasiiUilion du crédit foncier,
qui n'avait encore été organisée que dans le
ressort dé la cour d'appel de Paris, et. qui
s s'étendra bientôt à tous nos départemens
Depuis quelque temps la malveillance s'at
tache à répandre des nouvelles alarmantes.
Tous ces bruits sont faux. Ce n'est pas seu
lement à Paris, mais dans les départemens,
que ces tentatives ont lieu. Dans ces der
niers jours elfes se sont renouvelées avec
plus d'insistance. L'opinion publique ne se
laissera pas égarer par des manœuvres dont
le but est facile à concevoir. (Moniteur.)
On cherche en ce moment à répandre dans
la banlieue, le bruit que le gouvernement,
d'accord avec l'administration municipale
de Paris, a décidé que la circonscription de
l'octroi serait étendue jusqu'au mur d'en
ceinte des fortifications, afin de soumettre à
cet impôt des populations qui, jusqu'ici, en
auraient été exemptes. Il n'est pas difficile
de comprendre dans quelle intention lamal-
veillance colpçrte ce mensonge. Les.partis;
qui savent combien, en toute circonstance,
la banlieue dë Paris s'est montrée reconnais
sante et dévouée pour le prince, et avec quel
empressement elle ira voter dimanche en fa
veur de l'Empire, espèrent l'abuser par cette
fausse nouvelle et refroidir son zèle.
Le piège est trop grossier pour que les
populations s'y laissent prendre ; elles con
naissent les vives sympathies du prince à
< leur égard ; comment pourraient-elles croire
que celui qui, en dégrevant la contribution
foncière de 27 millions, a déjà restitué à l'a
griculture les fameux 45 centimes, et qui se
préoccupe constamment des moyens de di
minuer des impôts onéreux pour les classes
laborieuses, soit résolu d'en étendre ou d'en
aggraver le fardeau ! {Moniteur.)
. On lit dans le Moniteur .
« Une convention passée entre le ministre de
l'intérieur et la société de la Banque foncière
de Paris impose à cette société l'obligation
d'établir des succursales dans toute la Fran
ce, et lui accorde la subvention promise par
décret du prince-Président pour encourager
les établissemens de crédit foncier, à la con
dition qu'elle prêtera à la propriété foncière
jusqu'à concurrence d'une somme de 200 mil
lions répartis entre tous les départemens, pro
portionnellement à l'importance de leur dette
hypothécaire. Cette subvention est subor
donnée, en outre, à la condition que les
prêts se' feront moyennant S 0/0, tout com
pris, intérêt, frais d'administration et amor
tissement du capital en cinquante ans,c'est-
à-dire que la dette se trouvera éteinte par le
seul paiement annuel de 5 0/0 pendant cin
quante années. •
» Des garanties sont prises également pour
qu'après l'épuisement des 200 millions, le
taux des prêts reste dans les conditions les
plus modérées.
» Cette convention vient d'être envoyée à
l'examen du conseil d'Etat. » <
On avait d'abord voulu établir autant de
sociétés de crédit foncier qu'il y a de cours
d'appel, en leur attribuant les mêmes cir
conscriptions. Mais l'examen paraît avoir
conduit à reconnaître' qu'il vaut mieux
centraliser les opérations. Il y auia donc
une société de crédit foncier, comme il.
y a une Banque pour toute la France.
Cette société générale sera tenue, en con
séquence, de fonder des succursales dans
les départemens, de manière à pouvoir em
brasser le pays entier.
C'est la société de la Banque foncière de
Paris qui, conformément à une convention
passée avec M. le ministre del'intérieur, sera
chargée de ce service immense. Le gou
vernement lui accorde la subvention de
10 millions _ que le décret du-22 janvier
avait affectée en principe aux institutions de
crédit foncier dans les départemens qui en
réclameraient la création. Mais il lui impose,
en revanche, deux conditions importantes :
1 la première, de prêter à la propriété fon
cière jusqu'à concurrence d'une somme de
200 millions, répartis entre les départemens
en proportion de l'importance de ieur dette
foncière.; la seconde, de faire ces .prêts
moyennant des annuités de S 0/0, qui com
prendront tous les frais d'intérêt, d'amor
tissement et d'administration, et qui étein
dront la dette en cinquante années.
•Nous n 'avons pas besoin de faire ressortir
toutes les conséquences de cette mesure, qui
centralise les opérations de crédit foncier
entre les mains d'une seule et même com
pagnie, qui concède la prime promise pour
seconder le développement de l'institution
dans tous nos départemens, et qui permet à
la société générale de commencer son servi
ce à des conditions aussi avantageuses pour
les emprunteurs. j. burat.
Tous les journaux des départemens s'ac
cordent à dire que les appels à l'insurrection
des chefs socialistes ont excité partout un
profond dégoût, en même temjis qu'ils ren
daient plus évidente la nécessité de serallier
avec empressement autour du scrutin qui
va s'ouvrir. -
" Cette nécessité devient plus urgente enco
re en présence des calomnies de toute sorte
que répand l'esprit de parti pour indisposer
les électeurs et les empêcher tout au moins
d'aller voter.
Nous avons déjà signalé certains bruits
mensongers répandus à cet effet, tels que le
rétablissement de l'impôt sur le sel, la re
connaissance de la religion catholique com
me religion de l'Etat;>aujourd'hui c'est-un
autre bruit tout aussi absurde, l'augmenta
tion des patentes à partir de 1833.
J H suffit de faire connaître ees coupables,
manœuvres, pour que le mépris public ' en
fasse justice. L. Boniface.
S. A. I. le prince-Président, en voiture-
découverte et sans escorte, est allé visiter
les travaux du Louvre.
Nous extrayons quelques passages de la
lettre pastorale que vient de publier Mgr
l'évêque de Saint-Flour, à l'occasion du vo
te sur le sénatus-consulte qui appelle Louis-
Napoléon à l'Empire :
« Le prince a fait ses preuves, preuves de dé
voilaient et de courage, preuves d'intelligence- et
d'habileté, preuves de fermeté et de modération,
preuves de sage politique, preuves de bon gouver
nement. A quels périls ne nous a-t-il pas arra
chés? Où. étions-nous? Dans les lacs et les étrein
tes d'une révolution ! Où allions-nous? Aux abî
mes les plus profonds,
» Encore un pas, et nous étions perdus ;
beau pays de France; toutes les mesures étaient
prises pour assurer, de l'Est à l'Ouest,' du Nord au
Midi, le triomphe de l'anarchie avec toutes ses
horreurs.
» C'est alors que le chef dé l'Etat, digne neveu
et héritier de l'Empereur, mesurant de son œil
d'aigle les malheurs qui nous menaçaient, et sai
sissant d'une main liai'die le char de la société,
nous a ramenés des bords extrêmes du précipice,
sur un terrain ferme et solide, où. là |France, se
rasseyant sur ses bases, a pu reprendre son cours
régulier et garder son rang parmi les nations ci
vilisées....
» Que de prières et de bénédictions sont alors
montées au ciel ! Il n'y avait parmi les citoyens
honnêtes sans aucune exception de parti, qu'un
cri d'admiration et de reconnaissance; de toutes
parts on remerciait Dieu de ce qu'il avait, dans sa
miséricorde, envoyé un libérateur à son peuple;
c'était le prince Louis-Napoléon qui avait été,
(Ifas'^tc circonstance, l'homme de sa droite et
•l'instrument de ses-hontés sur nou,S;
» Oui, Dieu veut celui que la France entière va
élever surle pavois pour le l'aire Empereur; il l'a,
pour ainsi .dire," montré du doigt et appelé par
son nom, comme Cyrus; il l'a, en quelque sorte,
dans un récent voyage, sacré d'avance par les
bénédictions de ses pontifes et de ses prêtres; il
l'a/ dans la même marche triqjnphale, salué et
acclamé par près de vingt millions de voix : à tous
ces signes plus du moins éclatans pourrait-on ne
pas reconnaître son élu?
» Après ces indications providentielles, il n'y a
plus, ce nous semble, à hésiter; recueillons-nous
un instant devant celui qui fonde les empires, et
votons avec confiance; le peuple français, .comme
on l'a bien dit, en donnênt la couronne au prince
de son choix, ne fait que se couronner lui-même.»
PREFECTURE
du département de iia seine.
Electeurs du département de la Seine,
Vous êtes convoqués le 21 novembre pour con
sacrer par un vote Solennel le rétablissement de
l'Empire. Depuis deux mois laFrance entière offre
la couronne au ne'veu de l'Empereur; mais ces té
moignages de. la reconnaissance publique^ ces
ovations qui peuvent flatter son orgueil, ne sau
raient remplacer à ses yeux l'expression légale de
la volonté du peuple. C'est de l'urne électorale
que, pour la troisième fois, doit sortir le nom
glorieux de Napoléon; c'est au suffrage universel
que le prince veut devoir sa légitimité.
Paris, si cruellement frappé dans ses intérêts
les plus chers pendant ces temps d'épreuves que
.nous- avons traversés, accepte avec bonheur l'an-
fibrree du changement qui se prépare, et les ac
clamations qui ont salué le retour de Louis-Na
poléon me répondent de votre empressement à
venir, par vos votes, réaliser le vœu de la France
et déjouer ainsi les espérances,coupables des par
tis.
Si, pour le monde entier, l'Empire, c'est la
paix ; pour Paris, c'est l'ordre, la richesse et la
prospérité.
- Jetez un coup-d'œil sur nos palais qui s'achèvent,
sur ces-rues qui s'ouvrent, sur notre commerce
florissant; voyez ce qu'a déjà pu faire un pouvoir
temporaire, mais soutenu par l'amour du pays qui
inspire le bien et par la volonté qui sait l'accomplir.
Quelle ère nouvelle pour la capitale, lorsqu'un
acte solennel aura confié pour jamais les desti
nées de la France aux puissantes mains du prince
que la Providence a si visiblement choisi pour
sauver la patrie.
Votez donc comme au 10 décembre 1848, com
me au 20 décembre 1851, et que dans ce moment
suprême, Paris, ne prenant conseil que de son
patriotisme et de sa reconnaissance, donne au
pays tout entier l'exemple d'une grande cité qui
se souvient du passé et veut sauvegarder l'avenir.
Vive Napoléon III !
Le préfet de la Seine,
berger.
Paris, le 19 novembre 1852.
PREFECTURE
du département de la seine.
Quelques certificats d'inscription sur lès listes
électorales des départemens , et destinés à des
électeurs -momentanément absens de Paris, ont
été envoyés au préfet de la Seine, sans indication
d'adresse. ;
Les électeurs qui auraient demandé des certifi
cats de ce genre aux maires de leur commune et
qui ne les auraient pas reçus, peuventseprésenter
à l'Hôtel-de-Ville tous les jours de 10 à 5 heures.
Ils recevront le. certificat qui les concerne, en pro
duisant la preuve de leur domicile momentané,
de leur identité, et au besoin de leur non inscrip
tion sur la liste de l'arrondissement qu'ils habi
tent. ,
AVIS.
. Quelques individus ayant, dans un but coupa
ble répandu en divers lieux, et notamment à la
Bourse, de faux bruits qui pourraient troubler la
paix publique et réagir sur le cours des fonds
publics >et autres valeurs, des poursuites ont été
îmipédiatement ordonnées, et les coupables seront
livrés à la justice, pour être punis selon toute la
rigueur des lois.
Le préfet de police, désirant prévenir le retour
de pareils faits, croit devoir rappeler et porter à
la connaissance dè tous,- les dispositions pénales
qui atteignent ceux qui, même de bonne foi, pro
pagent de fausses nouvelles. "
Lés âgens de l'autorité et de la force publique
oînt reçu les ordres les plus sévères pour surveil
ler activement et arrêter sur-le-champ tous ceux
qui se rendraient coupables des délits prévus par
l'art. 15 du décret du 17 février 1852 et l'art. 415
du Code pénal, ci-après relatés. •
Paris, le 18 novembre 1852.
Le préfet de police, pietri.
Par le préfet ;
, Le secrétaire-général de la préfecture
de police, h. coixet-jieygret.
Décret du 17' février 1852.
Art. 15. La publication ou la reproduction de
nouvelles fausses, de pièces fabriquées, falsifiées
ou mensongèrement attribuées à des tiers, sera
punie d'une amende de 1,000 fr.
Si la publication ou reproduction est faite de
mauvaise foi, ou si elle est de nature à troublac.
la-paix publique, la peine sera d'uh mois à un an
d'emprisonnement et d'une amende de 500 û
1,000 fr. Le maximum de la peine sera appliqué
si la publication ou reproduction est tout-à la t'ois
de nature â troubler la paix publique et faite de
mauvaise foi.
Code pénal, livre 3, titre II.
Art. 419.—Tous ceux qui, par des faits faux ou
calomnieux semés à dessein dans le public, par
des sur-offres faités aux prix que. demandaient
les vendeurs eux-mêmes, par réunion ou coalition
eîitre les principaux détenteurs d'une même mar
chandise ou denrée, tendant à" ne la pas vendre
ou à ne la vendre qu'à un certain prix, ou qui,
par des voies ou moyens frauduleux quelcon
ques, auront opéré la hausse ou la baisse du prix
des denrées ou marchandises, ou des papiers et
effets publics, au-dessus ou au-dessous des prix
qu'aurait déterminés la concurrence naturelle et
libre du commerce, seront punis d'un emprison
nement d'un mois au moins, d'un an au plus, et
d'une amende de 500 francs à 10,000 francs. Les
coupables pourront, de plus,, être mis, par l'arrêt
ou le jugement, sous la surveillance de la
haute police, pendant deux ans au moins - et cinq
ans.au plus. -
L'Emancipation, reçue aujourd'hui, com
plète ses informations sur le débat qui a eu
lieu dans les sections de la chambre des re-
présentans de Belgique au sujet de la loi sur
la presse : •
« La section centrale qui est chargée de l'exa
men du projet de loi du 9 novembre, sur les dé
lits d'offense envers les souverains, étrangers com
mis par voie de la presse, est complétée par la
nomination de la cinquième section, l'honorable
M. Lehon.
» Les membres de cette section, qui se réunira
aujourd'hui, sous la présidence de M. Delfosse,
sont MM. Mercier, Delehaye, Julliot, Orts, Lehon
et Lelièvre.
» La cinquième section a tenu hier une se
conde séance, qui n'a pas été moins longue que
la précédente.
» Nous donnons ci-dessous le résultat de ses
délibérations :
« un membre combat avec vivacité le principe et
le but de la loi.
» d'autres membres font valoir le principe de la
loi, comme découlant du principe de l'autorité. Ce
pendant ils n'admettent pas les dispositions relatives
aux propos, discours, etc., tenus dans les lieux ou
réunions publics. Une pareille disposition est trop
contraire fiux mœurs du pays pour qu'elle ait aucune
chance de passer dans une loi belge.
- » un membre propose de remplacer le mot offense
de l'article 1 er pat les mots injures ou outrages.
» Cette proposition est. adoptée à une grande ma
jorité.
» un membre voudrait que le rapporteur fût char
gé d'appeler l'attention de la section centrale sur le
vague ides mots : « alira méchamment attaqué leur
» autorité, » qui se trouvent inscrits dans l'article 1 er .
» Cette proposition est également adoptée.
» La section centrale trouve trop fortes les pénali
tés désignées dans le projet de loi.
» un membre demande la suppression du paragra
phe 2 de l'art. 1 er :
» Cette proposition est adoptée.
» Les autres articles sont adoptés.
» un membre reprend la proposition que M. Du-
rriQrtier a produite, la veille, dans la quatrième sec
tion, et qui tend à faire stipuler larésiprocité parles
puissances étrangères. .
» Cette proposition est rejetée par six voix contre
quatre. * - .
« m. lehon est nommé rapporteur j après une dou
ble épreuve. »
» La deuxième section a tenu une seconde
séance, dans laquelle l'examen du projet de loi
relatif à la répression du délit d'offenses envers
les souverains étrangers, a été continué par efle.
» Voici le résumé des résolutions prises d*is
cette réunion :
« La section estrevenue sur l'art. !" où elle a sup
primé les. mots discours, cris eu menaces et les mots
méchamment attaqué leur autorité (attendu, comme
l'a fait observer un membre, que les souverains étran
gers n'ont pas d'autorité en Belgique).
» Elle a modifié la pénalité comme suit : Au lieu
de trois mois à deux ans d'emprisonnement et d'une
amende de 100 fr. à 2,000 fr., elle a admis une amen
de de 100 fr. et un emprisonnement d'un mois au
maximum comme première condamnation, et. en cas
de récidive, une amende de 100 fr. à 1,000 fr v etuu
emprisonnement de trois mois à un au.
. » Elle a supprimé la privation des droits ' civiques,
civils et de famille, mentionnés dans l'art. 42 du Code
pénal.
» Elle a supprimé l'art. 2 qui interdit d'alléguer
comme moyen d'excuse ou de justificatioil, que les
écrits, etc., ne sont que la reproduction de publica
tions antérieurement faites même en pays étrangers
(attendu que nulle excuse ne peut être alléguée quand
elle n'est pas écrite dans la loi.)
» Enfin la section a admis le système de la réci
procité internationale et a charge le rapporteur de
formuler un article 7 nouveau en ce sens.
» L'ensemble du projet du gouvernement ayant été
mis aux voix a été rejeté, sans préjudice aux amen-
demens adoptés.»
Funérailles du duc de Wellington.
Les restes du feld-maréchal Arthur, duc de
Wellington, chevalier de la Jarretière, ont été
transportés hier soir, avec une escorte de cava
lerie; de l'hôpital de Chelsea à la salle d'audience
des borse-guards. Ce matin, à sept heures et de
mie, le cortège se forme dans Saint-James-park,
et se dirige par Gonstitution-Hill, Piccadilly,
Saint-James-street, Pall-mall, Cock'spier-street,
«Xlharing.-Crps, le Strand et Temple-Bar , et se
rendra à la cathédrale de Saint-Paul dans l'ordre -
suivant : six bataillons d'infanterie, neuf pièces
d'artillerie de campagne, cinq escadrons de cava
lerie, huit pièces d'artillerie à cheval. Les trou
pes en marche et celles de garde pour assister les
autorités civiles dans le maintien de l'ordreet
pour prévenir les accidens, sont commandées par
le major-général S. A. R. le duc de Cambridge.
Les députatioïis des corps et métiers, en voi
tures. (Les membres de la chambre des commu
nes ont leurs places marquées à la cathédrale.)
La bannière de Wellesley, portée par te lieutenant-
général lord Saltoun. S. A. R. le prince Albert;
— Bâtons : d'Espagne, porté par le majoi-géné-
ral duc d'Ossuna, en voiture de deuil, et accom- '
pagné du colonel don Gabriel 'de Torrès et du'co
lonel don Augustin Càlvet y Lara; de Russie, porté '•
par le général Gortchakoff, en voiture de deuil, '
acccompagné du major-général comteBeiikendorff
et du lieutenant-colonel Tchernitzky ; de Prusse,
porté par le général comte de Nostitz, en voi
ture de deuil, accompagné du général de
Scharnhorst et du lieutenant-général de Mar-
sou; de Portugal, porté par le maréchal duo
de Terceira, en voiture de deuil, accompagné
du lieutenant-général comte de Villareal et du ma
jor donManupl de Souza Coutinho; des Pays-Bas,
porté par le lieutenant-général baron d'Omphal, en
voiture de deuil, accompagné du capitaine Gevers
Leuven et du lieutenant W. F. Tindat; d'Hanovre,
porté par le général sir Hugh Halkett, en voiture •
dedei.il, accompagné des colonels Poten etMàren-
holtz ; d'Angleterre, porté sur un coussin de ve
lours noir, en voiture de deuil, par le marquis
d'Anglesey, accompagné du colonel duc de Rich-
mond et du majoK-géhéral le duc de Cleveland;
la couronne du défunt placée sur un coussin de
velours noir ; M. Shaw Lefebvre ; les porteurs
des coins du poêle ; huit officiers généraux en
voitures de deuil ; général vicomte Combermere, ■
général marquis de Londonderry, général sir Pe-
regrina Maitland, général vicomte Hardinge, lieu-,
tenant-général lord Seaton, lieutenant-général
sir Alexandre Woodford, • lieutenant-général, vi
comte Gough, lieutenant-général sir Charles Na-
pier. La musique des grenadiers - gardes. Le
corps, couvert d'un riche manteau de velours
noir orné d'écussons et porté sur up char traîné
par douze chevaux portant'des trophées et des or-
nemens héraldiques.La voiture de deuil du conduc
teur du deuil. Le duc de Wellington, en manteau
de deuil, et accompagné de l'honorable M. Wil
liam Wellesley, lor4Charles Wellesley,l'honorable
et révérend Gerald ' Wellesley. Le cheval du due
conduit par le groom du décédé; les voitures par
ticulières du décédé et du conducteur du deuil.
Les six bataillons d'infanterie se massent des deux
côté3 des rues de Ludgate-Hill, vers Temple-Bar;
six compagnies de grenadiersrgardes sont dans le
cimetière de Saint-Paul, et reçoivent lé corps,
les armes renversées. S. A. R. le prince Al
bert est assis dans un fauteuil à la droite du
conducteur du deuil. Le duc de Cambridge est
assis près de S. A. R. Quand le corps est placé et
le drap enlevé, la couronne est placée sur le cer
cueil, avec le bâton de maréchal du décédé." Les
bâtons étrangers sont tenu3 pendant la cérémonie
par les personnes déjà nommées, qui, avec le mar
quis d'Anglesey, occupent des tabourets au pied
du cercueil.
Un grand .nombre de curieux ont passélanuit,
exposés à la pluie, près des borse-guards, afin
d'être bien placés pour le cortège. II n'y a pas eu
de nuit, pour ainsi dire, à Londres. La circulation
du public dans les rues a été continuelle. Les
arrangemens de la police ont été parfaits.
Dès six heures du matin, la cavalerie prenait
position derrière les horse-guards. L'artillerie des
cendait de Victoria-road, chaque pièce étant at
telée de six chevaux. Ce spectacle, nouveau pour
la population de Londres, appelait l'attention
d'une manière toute spéciale; A sept heures,
presque toutes les troupes qui devaient figurer
dans ie cortège étaient réunies en masse derrière
les horse-guards. Tout cet appareil militaire était
d'un bel effet. Déjà la foule était immense sur ce
point; leduc.de Cambridge était entouré d'un
nombreux et brillant~ N état-major. A huit heures,
les canons du parc cessèrent de tirer des salves
et l'Infanterie s'ébranlait pour - aller occuper les
positions qui lui avaient été assignées.
Le cortège s'est mis en marche alors dans l'or
dre indiqué. Les musiques des divers régimens exé
cutaient la marche des morts et des symphonies
funèbres. Tous les régimenss en passant devant
Buckingham-palace, saluaient leur souveraine. 11
a fallu, pour défiler, trente-cinq minutes aux di
vers régimens d'infanterie précédant le char fu
nèbre, et trente minutes à la cavalerie et à l'ar
tillerie.
Le public a paru s'intéresser vivement au che
val du défunt. Dans les étriers, sUspendues à la
selle, étaient placées les bottes du duc deWel-
bngton. avec >les éperons, dans une position ren
versée, les talons regardant la tète de l'animal
et les pointes dans la direction de ses flancs. Ce
cheval, dont la robe est bai foncé, était mené ea
main par un groom en grand deuil. L'hôtel de
miss Burdett Coutt était fermé; quelques do
mestiques seulement le gardaient. Mais aucun ami
n'était présent, cette bienveillante dame voulant
ainsi manifester la part qu'elle prend au deuil pu
blic. La foule était surtout immense dans Picca
dilly, Saint-James-street et Pall-mall; dans Tra-
falgar-square, il y avait'au moins dix mille per-
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL, 20 NOVEMBRE.
LES VOYAGEURS NOIYEAliX.
D1EFFENBACH. — * BRGWN. LA. NOU
VELLE-ZELANDE (1).
9
- 1. ,
C'est notre antipode. Si- nous nous inté
ressons à- l'étude des mœurs, du caractère
des peuples qui nous avoisinent, il est assez
curieux de chercher à connaître celui qui,
dans la/circonférence du globe, occupe un
point diamétralement opposé au nôtre, qui
se réjouit de son été quand nous entrons
dans notre hiver, et voit briller le soleil sur
sa lète quand la nuit nous enveloppe.
Vaste et féconde est celte terre australe de
la Nouvelle-Zélande. Un détroit auquel Cook,
l'illustre navigateur, a donné son nom ; la di
vise en deux îles qui, au fond de l'océan, se
déroulant comme un ruban sur un espace
de quatre cents lieues de longueur et de
trente à trente-cinq de largeur, offrent au
laboureur un sol fertile qui, par une cul
ture facile, produit les meilleurs fruits et
les meilleures céréales de l'Europe. Sur les
lianes de ses montagnes s'élèvent des plan
tes supérbes, des pins_ qui s'élancent
d'un seul jet Comme des colonnes d'un
seul bloc jusqu'à cent pieds de hauteur,
des cèdres majestueux comme ceux qui cou
vrent les cimes bibliques du Liban, des bois
d'un tissu ferme dont, une tige suffit pour
former une pirogue qui contiendra quarante
à cinquante guerriers. Sur les bords de la
mer, dans les crevasses des rochers, naît
(1) Traoels in New-Zealand.—Neic-Zealand and
tts aberigenes.
spontanément un beau lin que les Nouveaux-
Zélandais emploient à tisser leurs vêtemens,
-et presque partout une fougère dont la ra
cine fut pendant long-temps leur aliment
quotidien. Enfin, dans les entrailles de ce
' sol abondant, on a découvert des mines de
charbon, cet élément de l'industrie moder
ne, ce puissant moteur des longues naviga
tions.
Afnsi, le colon trouve là tout ce qu'il lui
faut pour satisfaire aux besoins de la vie
journalière, ■ pour construire sa demeure,
pour équiper ou ravitailler un navire. De
plus, il jouit dans ces îles d'un climat très
sain, très fortifiant et plus doux, dit M. Dief-
fenbacli, que celui des provinces méridiona
les de l'Angleterre.
Si, par l'attrait d'une étude nouvelle, par
l'élan de la curiosité, ou par une idée de
spéculation, les Européens ont aspiré à pé
nétrer daus l'intérieur de la Nouvelle-Zélan
de, les habitans de cette île lointaine se sont
montrés fort peu désireux d'ouvrir leurs
demeures aux Européens. On ne les a pas
vus, comme les confians Tahiliens, se jeter
à la nage à là vue des navires étrangers, et
courir au-devant des matelots avec des guir
landes de Heurs et des coquillages. On ne
les a pas vus, comme les Péruviens, trem
bler aux coups de fusil des Espagnols, et
tomber à genoux devant les cavaliers de bi
zarre. Si les décharges de mousqueterie les
ont étonnés, leur étonnement ne les a pas
empêchés de lutter contre les mousquets
avec leurs massues, et, au besoin, avec leurs
rames. Audacieux et farouches, divisés en
'plusieurs tribus qui souvent se livraient de
mortels combats, ils ne devaient point se lais
ser effrayer par les nouvelles armes, et ils
éprouvaient une effroyable satisfaction à dé
pecer le corps d'un nouvel ennemi. La plu
part des bâtimens qui dans les premiers temps
ont abordé sur ces côics-sanguinairés, y ont
laissé un cruel tribut, une proie au canni
balisme. Deux entre autres, deux navires
français, le Mascarin et leC'astries, après plu
sieurs semaines de pacifiques relations, 'y
ont laissé les os calcinés de leur com
mandant et de seize de ses hommes. Quel
quefois les Européens ont eu à se reprocher,
dans leurs rapports avec ces peuplades sau
vages, des engagemens téméraires, des vio
lences inutiles, et cha'cun'de. ces actes allu
mait dans le cœur des indigènes un ardent
désir de vengeance, et -l'innocent navire qui
arrivait ensuite dans leurs parages payait-la
dette de sang de celui qui l'avait précédé. La
lutte a été longue, et il n'est pas démontré
qu'elle sdit finie. La Nouvelle-Zélande a été
découverte vers le milieu duXVII e siècle; les
Anglais commencent seulement à la coloni
ser. Tasman, un des habiles navigateurs de
-ce ' petit pays de Hollande qui a fait de si
grandes choses, Tasman, le premier, aborda
sur les côtes de la Nouvelle-Zélande en 16-42,
et y fut si mal accueilli,qu'il donna à la baie
où" il avait jeté l'ancre le nom sinistre de
baie'des Meurtriers. L'Europe avait alors tant
d'autres terres à explorer, et la description
que Tasman en avait faite dans sou naïf lan
gage de marin n'était pas de nature à.sé-
duire l'ambition des armateurs. Cent vingt
années.g'écouient, pendant lesquelles la Nou
velle-Zélande, vaguement indiquée sur les
cartes nautiques, reste oubliée au fond de
son océan.
En 1769, Cook, l'intrépide, l'infatigable
Cook, la signale de nouveau, l'étudié patiem
ment, la dépeint, et, dans J'espace de quatre
ans, y retourne trois fois, non sans être,
malgî'é ses paisibles intentions, forcé de se
tenir sévèrement en garde contre les barba
ries des indigènes. A partir de cette époque,
une quantité de navires de différentes na
tions se succèdent sur les côtes de la Nou
velle-Zélande. Les Anglais, dans leur inces
sante pensée d'agrandissement, ont bien vite
éprouvé le désir d'adjoindre ce nouvel an
neau à l'immense concaténation de leurs co
lonies, cette île à leur terre d'Australie; les
Français y ont été, comme presque partout,
selon leur magnanime coutume, en obser
vateurs désintéressés. ,
Notre noble Surville y était en 4769 ; l'in
fortuné Marion en 1772; d'Entreeasteaux en
1793. Dans les derniers temps,"la Nouvelle-
Zélande a été de nouveau explorée par plu
sieurs de nos expéditions maritimes, par
MM. Duperré, Laplace, Dumdnt d'Urville,
■ Cécille. Chaque navire français ou étranger
qui a séjourné au bord de l'une ou de l'au
tre de ces deux îles, a constaté avec horreur
les habitudes antropophages des indigènes,
et il n'y a pas long-temps qu'elles n'ont été-
que trop fatalement constatées par d'effroya
bles attentats. Eii 1809, un bâtiment de cinq
cents tonneaux, IcBoyd, partit de Port-Jack-
son pour l'Angleterre, emportant soixante-
dix passsagers, dont quatre ou cinq Nou-
veaux-Zélandais, qu'il devait en passant
déposer sur leur terre natale. Parmi eux
se trouvait un jeune homme nommé Tar-
ra , fils d'un ciicf de tribu. Les officiers
ayant' voulu l'employer, comme la plupart
dè ses compagnons dè voyage, à la manœu
vre du bâtiment, le jeune aristocrate s'écria
que sa naissance ne lui permettait pas de
s'abaisser à un tel travail. A cette fière ré-
Eonse, le capitaine, sans respect pour la no-
lesse zélandaise, lui appliqua de sa main plé-
béienneunevoléedecoups de fouet.Tarra res
sentit profondément cette injure, et en même
temps comprit la nécessité de dissimuler sa
colère. Il la dissimula si bien, que> pendant
' le reste de la traversée, il vécut en très bons
rapports avec le capitaine. Arrivé à la Nou
velle-Zélande, il lui parle des magnifiques
forêts qu'il trouvera sur un certain point de
la côte, des beaux bois de construction dont
il pourrait faire urf précieux chargement. Il
le détermine à jeter l'ancre dans une-baie
où nul autre navire ne s'était encore arrêté.
Là était la tribu de Tarra, là, l'espoir de sa
vengeance. Il descend le premier à terre,
raconte à ses parens, à ses amis, l'ignomi
nieux: traitement qu'il a subi, excité par sa
fureur leur nature féroce, éveille leur cupi
dité par l'appât du pillage, puis, les voyant
préparés, comme il le désirait, à laver dans
le sang son offense, retourne à bord du Boyd,
et entraîne le capitaine avec une partie de
ses matelots dans la forêt qu'il avait promis
de lui montrer. Quelques instans après, les
malheureux Anglais, surpris, cernés par une
liordefrénétique,tombaientsansdéfensesous
les lourdes massues, et leurs corps étaient
aussitôt dépouillés de leurs vêtemens et
lacérés. Enflammés d'une nouvelle ardeur
par cette scène de carnage, les sauvages se
jettent dans des embarcations et se dirigent
vers le Boyd. Il était nuit; le lieutenant qui
faisait le quart sur le pont du navire leur
crie de s'éloigner. Ils répondent que, par l'or
dre du commandant qui a voulu passer la
nuit à terre , ils apportent uue partie des
bois qu'ils ont coupes. .On les laisse mon
ter à bord; ils- s'y élancent avec leurs ar
mes ruisselant encore de sang qu'ils vien
nent de verser; ils y massacrent tout ce
qui y reste, officiers et matelots,-tout, à
1 exception d'une femme, de deuxenfans
qui restèrent cachés dans l'entrepont, et
d'un mousse qui, s'étant montré complaisant
envers Tarra, avait conquis sa bienveillance.
■Ce mousse, cette femme, ces deux enfans
furent conduits sur la plage et recueillis
quelque temps après par un capitaine, an
glais. Un hasard miraculeux les avait sau
vés du premier accès de rage des meur
triers , un autre hasard les préserva-d'une
mort certaine. Ils étaient à terre lorsqu'une
partie de la féroce légion retourna sur le
navire pour le dévaliser. Le père de Tarra,
• qui la commandait, s'étant emparé d'un pis
tolet chargé, était si pressé d'en jouir, qu'il
le tira au beau milieu d'un baril de poudre.
Une explosion emporta tout le haut du na
vire, et la plupart de ceux qui avaient pris
part à ce drame horrible payèrent leur cri
me de leur vie.
Six ans après la destruction du Boyd, le
brick américain l'Agnès devenait le théâtre
des mêmes atrocités. Trois de ses hommes
furent tués ; onze autres, entraînés sur la
plage, égorgés, rôtis et dévorés. Un seul,
nommé Rutherford, fut sauvé, par "on ne
sait quelle considération, du massacre-géné
ral. Il eut même, après quelque temps d'é
preuve, l'honneur d'être élevé au rang de
chei, honneur qu'il acheta par les souffrant
ces d'un douloureux tatouage. Il passa dix
années dans la "tribu qui, en l'honorant
comme un haut personnage, le retenait, cap
tif, et parvint enfin à se rendre en Angle
terre, où il publia un curieux récit, de ses
aventures^
Il y. a maintenant, sur plusieurs points de
la Nouvelle-Zélande, des institutions de mis
sionnaires catholiques et de missionnaires
protestans, des maisons de commerce, des
etablissemens agricoles et industriels; les
principales rades des deux îles sont annuel
lement fréquentées par un assez grand nom
bre de baleiniers et de navires marchands;
les Européens ont implanté, au milieu des tri
bus les plus reculées, les germes de la civilisa
tion ; plusieurs Nouveaux-Zélandais se sont
rendus en Angleterre, ont visité avec une
. avide curiosité ses villes^ ses ateliers,ses arse
naux, et en ont rapporté au sein de leur peu-
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