Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-11-01
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 01 novembre 1852 01 novembre 1852
Description : 1852/11/01 (Numéro 306). 1852/11/01 (Numéro 306).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUMÉRO 506.
BUREAUX: me de Valois (Palalg-lloyal), «• 1«.
B
185 . - LUNDI 1" NOVEMBRE.
Tri* de raffinement.
PARIS ET DEPARTBWEN8 :
8 FR. POUR TROIS MOIS.
UN NUMÉRO : 15 CENTIMES.
pour les pays ÉTBiNGBttS , sa reporter au
tableau publié dans le journal, las 10 et
25 cte chaque mois;.
dUPt
À
9
JOURNAL JtUJTIOtE, LITTÉRAIRE, IS1VKHSEL.
; S'adresser, franco, pour l'ai
S'adresser, franco, pour la rédaction, à M. C ucheval- C larigny, rédacteur en cnef,
s • • Les articles déposés ne; sont pas rendus. ■
On s'abonne, dans- les dêpartemens, aux Messageries et aux Directions de pot te. —A Londres, chez Ml cgvvik et fils.
_ — A Strasbourg, chez M. A lhusdr E ) pour l'Allemagne. *
Les annonces sont reçues chez M, PANIP, régisseur, 10, place dafeffiai^nsfi^ilt i
et au bureau du journal. . ISP^Ï'%'
r /ïi %' ■'■&&! !'-'S«
L " ' m 'A-/ • S7 II . «•.->. <7
les ateliers étant fermés le jour «le
la Toussaint, W3 CONSTITÉTIOII-
KËL ne paraîtra pas mardi 8 uo-
vemlire. ^
•PARIS» 54 OCTOBRE.
Nous avons reproduit, il y a quelques
jours, un décret, date de Bordeaux, et ten
dant à ouvrir un crédit de 150,000 fr. pour
le commencement des premiers travaux d'a
mélioration dans la basse Garonne et dans la
Gironde. Bordeaux va devenir bientôt le
centre d'un grapd réseau de chemins de fer ;
il sera relié, l'année prochaine, à Paris et à
tout le nord de la France ; il doit 1 être,
dans quelques années, à Cette, à Marseille, à
1^ frontière d'Espagne. Mais, pour qu'il
puisse tirer tout le profit de l'exécution de
ces voies économiques et rapides qui doi
vent étendre le cercle de ses débouchés, il
faut que son port soit rendu facilement ac
cessible aux bâtimens qui remontent le fleu
ve. On peut dire qu'il y avait une sorte d'ur-
««nce à commencer le plus tôt possible l'amé
lioration de la basse Garonne et de la Giron
de, afin d'en conduire les travaux parallèle
ment à ceux des chemins de fer.
Le prince -Président l'a compris, et il n'a
pas voulu quitter une ville où il avait reçu
un si magnifique accueil, sans lui laisser un
nouveau témoignage de sa sollicitude.Le pro
jet d'amélioration générale du fleuve n'était
pas encore arrivé a un état de maturité suf~
lisant pwrtpilî pùt eû décréter immédiate^"
ment l'exécution. Mais, s'il a dû, dans l'in
térêt même du port, attendre des'études
plus complètes avant de prendre un parti-
définitif; il a donné la preuve de ses bonnes
intentions en prescrivant les travaux qui doi
vent procurer une première satisfaction à la
navigation maritime, et qui doivent être.,
faits dans tous les cas, quel que soit le plan
général auquel on s'arrêtera plus tard.
Le décret ordonne la suppression des épis
saillans établis le long de l'ile du Nord, dans
la Gironde, en aval du bec d'Ambès où la
Dordogne vient mêler ses eaux à celles 1 de
la Garonne. Il est facile de comprendre Futi
lité de cette mesure. Le chenal suivi par
la navigation contourne l'extrémité en
aval de l'île du Nord. Or, cette extrémité
est armée de nombreux éperons en' enroche
ment qui ont une forte saillie et qui produi
sent des remous très violens. Que résulte-t-
il de semblables travaux exécutés par les ri
verains à des époques plus ou moins ancien
nes pour empiéter sur le fleuve? C'est que
les navires, obligés de raser de très près
les bords de l'Ile, sont exposés à se„jeter sur
ces éperons et à se perdre. Les pilotes sont
unanimes à déclarer que ce passage est le
plus" dangereux de toute la ligne. La sup
pression des épis saillans, qui fait partie de
■ tous les projets, sera donc un premier bien
fait pour la navigation. Telle est 1 impor
tance dé ces travàux, qu'un certain nombre i
de marins et de commerçans bordelais ne
demandent pas autre chose, si ce n'est de
amples dragages pour dégager le chenal en
quelques autres points.
L'administration des travaux publics est
loin de partager cette dernière opinion- Elle
est convaincue, au contraire, que si on se
bornait à approfondir- les passes et à entre
tenir ensuite leur profondeur avec des dra
gages, la navigation resterait dans une po
sition' très précaire. Lés barres à enlever
sont tellement étendues, les chenaux à
ouvrir doivent avoir une telle largeur, qiie
ijes dragages, d'ailleurs très dispendieux,
ne pourraient donner lieu qu'à me amélio
ration insuffisante et purement momen
tanée. Nul doute que les bancs ne se. refor
massent bientôt sous 1 influence des causes
qui les ont produits, et qui ne cesseraient,
d'agir. C'est donc à ces causes permanentes,
qui tendent à obstruer la loute fluviale , qu'il
est nécessaire d'opposer un système de tra
vaux raisonnés. Un projet a été dressé dans ce
but par l'ingénieur attaché au service du
fleuve ; mais quelques parties ont suscité des
réclamations, et le conseil des ponts-et-
ebaussées, après avoir réuni,tous les élémens
de l'enquête, fera bientôt connaître la solu
tion qui lui aura paru 1% plus conforme à
l 'intérêt général.
La navigation de la basse Garonne, par
les difficultés qu'elle présente "dans quelques
passes, occasione des retards et des pertes
considérables au commerce. Les grands na
vires ne peuvent franchir les barres quedans
les marées de vive-eau, et encore avec de
grandes précautions. Il y a même des cas où
la navigation devient à peu près impossible^
pour les bâtimens d'un tirant d'eau supé
rieur à cinq mètres, Il s agit d obtenir un
chenal assez profond et assez large pour per
mettre aux navires de remonter facilement
jusqu'à Bordeaux.
- Le projet, étudié par M. Pairier, est basé
sur les mêmes principes que les travaux exé
cutés en Angleterre et en Ecosse, sur la Sa-
verne, la Clyde et le Witliam; en France,
sur la Seine maritime. M. Pairier propose,
ainsi que nous l'avons déjà dit, d'endiguer
et de régulariser la basse Garonne, dans le®
passes difficiles, de manière à adoucir le
passage des courafis d'un bord sur l'autre, a
réunir les eaux dans le chenal suivi p&r Ift
navigation, à faire concourir également
les courans de flot et les courans de jusant
au maintien de la profondeur, a supprimer
les élai'gissemens et .les rétrécissemens trop
brusques, à donner enfin à la rivière une
largeur qui augmente graduellement jusqu'à
son embouchure. Les principes qui ont pré
sidé à l'étude de ce projet sont d'une jus
tesse incontestable ; ils sont conformes à la
raison et à l'expérience; et, s'il s'élève des
objections, elles portent sur leur application
seulement. , ■■■■;;
; Les principaux dissentimens concernent
le p^age à l'extrémité du-mouill%e d'Am
bès, àl'«ndroit où la Garo nne , e\ la D'ordognè
se réunissent ét formenUaGiro'nde. La Ga
ronne, en cet endroit, est divisée en deux par
ties par une série d'îlots et d'îles connus sous
les noms de Macau, de Cazeau, du Nord et
d'île Verte: La navigation paraît avoir suivi,
à différentes époques, tantôt le chenal
de Macau, qui longe le Médoc, tantôt
la passe- du bec d'Ambès. Ces alternati
ves proviennent de ce que le partage des
eaux ne s'est pas toujours j opéré de la
même manière entre les deux . bras. Lors
qu'elles se sontportées avec plus d'abondan
ce dans l'un, l'autre a perdu en même temps
de sa profondeur, et a été abandonné parles
grands bâtimens. Aujourd'hui la navigation
prend le chenal de gauche, c'est à dire celui
de Macau; elle passe ensuite dans le chenal
de droite, en traversant le petit détroit de
Garguil, qui se trouve entre l'île Cazeau et
l'île du Nord, et ellé longe, cette dernière île,
dont les épis saillans vont être détruits en
vertu du nouveau décret.
M. Pairier veut rappeler les eaux dans le
bras du. bec d'Ambès pour y maintenir la
profondeur nécessaire à la navigation. U
propose, en conséquence, d'établir une di
gue longitudinale à l'amont du bras de Ma
cau et de fermer par d«s digues Jes passa-,
ges^qûr^separent l'île Cazeau^ l'Ile «du
Nord et l'île Verte. ' Il croit, ,de cette ma
nière , augmenter la profondeur de la
passe du Bec, mais aux dépens du bras de
Macau, qui se [trouverait considérablement
réduit. On a donc objecté, d'une part, que ces
travaux causeraient un grand préjudice au
Médoc, en détériorant la voie navigable qui
dessert ses rives, et en l'exposant à des exha
laisons marécageuses; d'autre-part, qu'ils
ne produiraient peut-être pas l'améliora
tion sensible de la passe du Bec, par ce
que le flot, au lieu de se diriger vers la Ga
ronne, se précipiterait de préférence vers la
Dordogne, qui lui présente un accès plus
facile et plus direct.
À ce projet, un homme qui s'est occupé
depuis longues, années de la question, M. de
Vivens, en a opposé un autre qui aurait
consisté, au contraire, à favoriser l'entrée
des eaux dans le bras de Macau, Il aurait,
comme M. Pairier, réuni, entre elles, l'île
du Nord, l'île de Cazeau et l'île Verte, de
manière à ne former qu'une seule île qui,
dans une longueur non interrompue (Je
11,000 mètres, aurait partagé le fleuve
en deux bras h peu près égaux. Mais il
aurait armé les extrémités des îles d'é
perons destinés à rejeter le courant vers
la rive 'gauche. Il aurait, dans le même but,
armé la pointe d'Ambès d'un éperon s'avan-
çant dans la Dordogne. C'eût été, comme on
voit, le-bras du Bec et la Dordogne qui au
raient été sacrifiés au bras de Macau.
^Maintenant entre ces deux projets extrê
mes, qui tendent à améliorer un bras au dé
triment de l'autre, il'se produit un projet
moyen qui nous paraît avoir plus de chances
de réussir. Ce serait, tout simplement, de
faire porter ies améliorations sur la route
que suit aujourd'hui la grande navigation.
Nous avons vu plus haut que cette naviga
tion prenait actuellement le bras de Ma
cau, et qu'elle passait ensuite dans l'autre
bras en traversant le "détroit deGarguiî.
Pourquoi ne conserverait-on pas cette direc
tion? Si le chenal se porte de préférence sur
le Médoc, c'est qu'en sortant de la Garonne,
il suit en quelque sorte une. tangente à
la courbe que la rivière décrit dans cet en
droit. S'il se porte ensuite sur le bras du
bec d'Ambès par l'ouverture de Garguil,
c'est qu'il obéit à une force de même nature.
C'est la conséquence d'une loi naturelle.
Nous né voyons pas dès-lors pourquoi, au
lieu de rejeter violemment le courant dans
un sens ou dans un autre, on ne lui
conserverait pas sa direction actuelle, en
laissant l'entrée du bras de Macau et la passe
de Garguil parfaitement libres, et en amélio
rant la route actuellement suivie par la na :
vigation. M. de Vivens s'est rallié à ce pro
jet moyen/et peut-être M. Pairier s'y ralliera-
t-il également.
Quoi qu'il en soit, la solution ne saurait se
faire attendre long-temps. M. le ministre des
travaux publics, qui aime à voir les choses
par lui-même, est allé faire une nouvelle
•visite sur les lieux. -Après avoir entendu
toutes les parties, il pourra décider en toute
connaissance de cause. J. burat.
j . ' \ r
Le Moniteur, dans sa partie non officielle,
donne le récit suivant de la visite d'Ab-el-
Kader à Saint-Cloud :
. M. le ministre de la guerre a présenté sa
medi à S. A. le prince-Président, au château
de Saint-Cloud, Abd-el-Kader. M. le général
de Saint-Arnaud était accompagné de M. le
d'artillerie Boissonnet, commandant du châ
teau d'Amboise-; de M. Bellemare, attaché
au ministère de la guerre, et enfin de Sy-
Allah et de Kara-Mohammed, le premier,
cousin du fameux khalifah Ben-Allah; le se
cond, ancien agha de la cavalerie régulière
de l'émir, aujourd'hui son intendant.
Pour la première fois, peut-être, aujour
d'hui le palais de Saint-Clpud a entendu la
prière d'un musulman.. En attendant l'arri
vée du prince, Abd-el-Kader a voulu aceonir
plir sés devoirs religieux, et sans doute, en
s'adressant à Dieu, il n'a pas oublié ]o géné
reux bienfaiteur qui lui a rendu la liberté,
Abd-el-Kader a été accueilli par S. A- avec
une bienveillance marquée. Le prince, qui
était entouré de tous les membres.dû' cabi- »
net et de la plupart de ses aides-dé-camp, a
relevé Abd-el-Kader, qui s'inclinait pour lui
baiser'la main, et l'a serré dans ses bras
avec effusion. \ ■
- Après ces sâlutationSj S. A. a offert' à Abd-
iel-Kader de lui faire visitet le palais; mais
l'émir a voul û auparavan t renouveler solen
nellement le serment qu'il avait fait à Ara-
boise, et il a demandé au prince la permis
sion de lui adresser quelques paroles dont
"Voici le résumé :
- « Monseigneur, ' .. »
« Vous avez été bon, généreux pourvoi; je vous
» dois la liberté que d'autres m'avaient promise,
» que vous ne m'aviez pas promise, et que cepcn-
» dant vous m'avez accordée. Je vous jure de ne
» jamais violer le serment que je vous ai fait.
» Je sais qu'on vous dit que je manquerai âmes
» promesses, mais ne le croyez pas ; je suis lié,;par
» la reconnaissance et par 'ma parole : soyez as-
» suréque je n'oublierai pas ce que l'une et l'au--
» tre imposent,à un descendant du prophète et à
» un homme de ma race: »
Puis l'émir a ajouté :
» voix, je veux encore laisser entre vos mains un
» écrit qui soit pour tous un témoignage du ser-
» ment que je viens de renouveler. Jcvous remets
» donc cette lettre : elle est la reproduction fidèle
» de ma pensée. »
Le-prince a répondu à Abd-el-Kader qu'il
était d'autant plus touché de cette démarche,
qu'il n'avait exigé de lui aucune promesse,
qu'il avait eu confiance en lui, et qu'il avait
trouvé une suffisante garantie dans la con-
naissance.de son caractère. " ^
' li a ajouté que cette démarché spontanée
tteTéirrir était ofte preuve qu'il avait ettrai- *
son de croire en lui. ' •
. Voici la traduction de l'acte remis par Abd-
el-Kader à S. A. :
a Louange au Dieu unique !
ït- Que Dieu continue,à donner la victoire à Na-
» poléon, à notre seigneur, le seigneur des rois-
» Que Dieu lui vienne en aide et dirige ses ac-
» tions. !
» Celui qui est actuellement devant vous est
» l'ancien prisonnier que votre générosité a déli-
» vré, et qui vient vous remercier de vos bien-
» faits, Abd-el-Kader, fils de Mahlri-ed-Dên.
» Il s'est rendu près de Votre Altesse pour lui
» rendre grâce du bien qu'elle lui a fait, et pour
» se réjouir de sa' vue ; car, j'en jure par. Dieu, le
» maître du monde, vous êtes, Monseigneur, plus
» clier à mon coeur qu'aucun de ceux que j'aime.
» "Vous avez fait pour moi une chose dont je suis
» impuissant à vous remercier, mais qui n'était
» pas au-dessus de votre grand cœur et de la no-
» blesse de votre origine. Vous* n'éles point de
» -ceux qu'on loue parle mensonge et que l'on *
» trompe par l'imposture.
» Vous avez cru en moi, vous n'avez pas ajouté
» foi aux paroles de ceux qui doutaient de moi,
» vous m'avez mis en liberté, et moi je vous ai
» juré solennellement par le pacte de Dieu, par
» ses prophètes et ses envoyés (1), que je ne ferai
» rien de contraire à la confiance que vous avez
» mise en moi, que je ne manquerai jamais à mes.
i». promesses, que je n'oublierai jamais vos bien-
» faits, que jamais je ne remettrai le pied en Al-
» gérie. Lorsque Dieu a voulu que je fisse la guer-
» re aux Français, je l'ai faite ; j'ai fait par-
» 1er la poudre autant que je l'ai pu; et quand
» il a voulu que je cessasse de combattre, je
» me suis soumis à ses décisions et je me suis re-
» tiré. Ma religion et ma noble origine me font
» une loi de tenir mes sermens et de repousser
» toute fraude. Je suis chérif (descëndànt du nro-
» pliète), et je ne veux pas que l'on puisse m ac-
» cuser d'imposture. Comment cela serait-il pos-
» sible ■ quand votre bonté s'est, exercée sur moi
» d'une manière si éclatante ? Les bienfaits sont
» un lien passé au cou des gens de cœur.
» Je suis le témoin de la grandeur de votre
» empire, de la force de vos troùpes, de Fimmen-
» sité des richesses de la France, de l'équité de
» ses chefs et de la droiture de leurs actions. 11
» n'est pas possible de. croire que personne puisse
» vous vaincre et s'opposer à votre volonté, si ce
» n'est le Dieu tout puissant. "
» J'espère de votre bienveillance et de votre
» bonté que vous me conserverez une place dans
» votre cœur, car j'étais - loin, et vous m'avez
» placé dans le cercle de vos intimes; si je ne les
» égale pas par mes services, je les égale, du
» moins, par l'amitié que je vous porte.
'» Que Dieu augmente l'amour dans le cœur, de
» vos amis et la terreur dans le cœur de vos en-
» nemis. -
» Je n'ai plus rien à ajouter, sinon que je me
> confie à votre amitié. Je vous adresse mes voedif
» et vous renouvelle mon serment.
» Ecrit par Abd-el-Kader-ben-Mâhhi-ed-Dên.
» (30 octobre 1852).»
A la suite de ce récit, qui s'accorde par
faitement avec ce que nous avons publié
hier, le Moniteur raconte quelques détails
épisodiques :
« A{>rès le discours de l'Emir, le prince lui a
fait visiter le palais. Dans la conversation, quel-
' quës paroles heureuses ont élé prononcées par
Abd-el-Kader. ' .
» On le présentait à M. le ministre de la justi
ce qui lui faisait remarquer combien peu de rap
ports il y avait entre ses attributions et celles du
ministre (Je la guerre. Un bon Empire, a dit J'çr
mir, s'appuie sur la justice et sur I armée. «
«A plusieurs reprises, Abd-el-Kader a insisté
sur l'erreur généralement accréditée qu'un mu
sulman n'était pas tenu par le serment fait à un
chrétien. 11 a protesté énergiquement contre cette
croyance.
» L'émir, en parlant au prince de sa reconnais
sance, lui a dit : « Mes os sont vieux; quant au,
reste de mon corps, il a été renouveip par vos
bienfaits. » ;
» S. A. a bien voulu conduire lui-même Abd-
el-Kader dans sa visite aux écuries. Il lui a mon
tré ses plievqux de prédilection, que l'émir a beau
coup admirés, U a. été étonné de la bpauté t}es
écuries. « C'est un petit palais, » a-t-il 4jt.
» S. Â a annonce à Abd-el-Kader qu'il le fe
rait assister prochainement à une grande revue
de cavalerie, et que pour cette revue il lui prête
rait un cheval arabe. Le prince 1 a ajouté que,
comme depuis long-temps l'émir u'avait pas mon
té cheval, il l'invitait à venir essayer lundi ce
lui qu'il lui destine.
» Cette bienveillance, ces attentions de'la part
de S. A. ont profondément ému Abd-el-Kader. ■
Ivémjr'à quitté S;iint-Ciou4 à (jeux heures. Sfi vi
site, qui â duré près «l'imè heure et deirjié, a vi
vement impressionné tous Içs assistans ; ils jnt
(1) C'est le plus grand serment que puisse faire ,
un musulman.
tous été frappés de la noblesse et de la dignité do
ses manières. »
Nous ajouterons quedans la visite aux
écuries, le cheval arabe que monte d'or
dinaire le prince ayant été indiqué à Abd-
el-Kader, celui-ci, après l'avoir consi-
. fleré quelques instans, aurait dit qu ; il
MUsait dès vœux pour "~que le prince le
montât encore pendant de longues années
; et pour que la victoire marchât toujours avec
lui. Sur la quéstion qui lui fut faite, s'il aimait
les chevaux, il répondit qu'il les.avait beau
coup aimés ; mais que le cheval était l'image
de la guerre, et qu'il était désormais un
homme de paix. Plusieurs des sentences
qu'il a prononcées ont frappé vivement tou
tes les personnes présentes.
Au nombre des officiers qui entouraient
le prince, se trouvait le colonel Espinasse,
qui a combattu l'émir en Afrique ; le colonel
lui a rappelé quelques souvenirs de cette
lutte, et Abd-el-Kader a paru s'animer en
.citant les lieux et les iricidens de cette cam
pagne.
La visite d'Abd-el-Kader à Saint-Cloud a
été remplie d'incidens intéressans. C'est, la
plupart du temps, le général Daumas qui a
traduit au prince les paroles-de l'émir.
L. BONIFACE.
L'émir Abd-el-Kader s'est rendu aujouij
d'hui, vers deux heures, au Petit-Luxem
bourg, auprès du prince Jérôme, président
du Sénat. Le prince Jérôme a répondu au
salut de l'émir en lui ouvrant les bras,.et
Abd-el-Kader a exprimé alors, en termes
pompeux, sa joié d'avoii\ pu embrasser le
frère du grand Empereur. Il n'a pas laissé
échapper cette occasion d'exprimer encore
Une fois sa reconnaissance pour le Président,
çejzimmtr des rois, i qui il devra de si mt.+
teorahlfe--souvenirs. '
M. le baron Lacresse,-secrétaire du Sénat,
assistait à cette scène;. Le prince Jérôme l'a
prié de faire visiter le palais du Luxembourg
a Abd-el-Kader. Pendant cette visite, l'émir
a, dans toutes ses remarques, fait preuve de
la plus rare intelligence et s'est montré fort
sensible à l'accueil de'Mme. la comtesse
d'Hautpoul et de sa famille, qu'il a rencon
trées en haut de l'escalier d'honneur. H a
demandé à ces dames la permission de re
venir exprès leur présenter ses hommages
et leur a adressé d'heureux complimens au
sujet de M. le général comte d'Hautpoul, an
cien gouverneur général de l'Algérie et an
cien ministre de la guei're.
M. Lacrosse a fait voir à Abd-el-Kader la
grande salle des séances et les pièces prin
cipales.
En sortant du Luxembourg, Abd-el-Kader
s'est rendu à l'Hippodrome. 11 a paru pren
dre intérêt aux exercices qui ont précédé
l'ascension des ballons l'Eole et' l'Hippodro
me-, mais c'était surtout le désir d'assister à
ce dernier spectacle qui l'avait attiré. Dès
que les ballons ont été entièrement gon
flés, Abd-el-Kader a quitté la tribune qui
lui avait été réservée, et il a pris place
dans la loge du directeur, d'où l'on pouvait
mieux voir les ballons s'élever dans les airs.
L'émir a paru vivement impressionné par ce
•ipecLacle. * *
La visite d'Abd-el-Kader à Saint-Cloùd,
n'a pas été le seul épisode intéressant de la
journée d'hier. Après l'émiiy un envoyé du
roi d'Achem (île de Sumatra) a été reçu par
S. A. le prince-Président. ;
Cet envoyé, homme de belle prestance, a
presque le teint d'un Abyssinien. Il a offert
a-S. A. une richè tabatière, ouvrage., a-t-il
dit, des Chinois, qui seuls, dans le pays d'A
chem, travaillent les métaux précieux. Cette
boîte, très bien travaillée, semble une imi
tation djun produit européen du dernier
siècle qui aura passé sous les yeux des Chi
nois, très habiles reproducteurs, comme l'on
sait.
I.'envoyé du roi d'Achem a donné au prin
ce-Président les plus chaleureuses assuran
ces du- désir qu'avait son souverain d'entre
tenir des relations avec la France.
On sait que les Hollandais sont établis à
Sumatra, mais qu'une partie de cette île
immense a conservé des princes indépen-
dans. Le territoire d'Achem occupe la pointe
occidentale de l'île de Sumatra.
L. BONIFACE.
Une lettre de Constantinople du 16 octo
bre; publiée par le Journal de Francfort,
annonce que l'ex-ministre des finances,Nafiz-
Pa'cha, a été arrêté..
Noue lisons dans ïe même journal que la
flotte anglaise de la Méditerranée est arri
vée en vue de Corfou le 19 courant. Sa force
imposante et la nouvelle qu'elle attend en
core des renforts, continuent, dit le Journal
de Francfort, h exciter la curiosité et l'at-
,tente.
Les journaux anglais et les journaux alle
mands s'accordent à annoncer que le sul
tan, tout en refusant de ratifier l'emprunt,
' aurait l'intention d'accorder, une indemnité
aux porteurs de titres de l'emprunt. On
ajoute même qu'il aurait fixé cette indemnité
à 30 millions de piastres turques, c'est-à-
dire à 3,750,000 fr. ou 7 1/2 0/0 de l'em
prunt. "
Les journaux de Turin, du" 28 de ee mois,
n'annoncent pas encore la recomposition du
cabinet,sarde. M. le comte Cavour, désigné par
le roi pour aviser à'ia formation du nouveau
cabinet, avait eu deux èntrevues avec S. M.
dans la journée, du 27.
Une dépêche télégraphique a été adressée
à M. le comte Avigfrir le ministère des finances.
Nous sommes portés à croire que M. le
comte Avigdor, dont le talent de tribune et
tçus les antécédens auraient donné uq
utile appui au. nouveau cabinet, ïefuse le
portefeuille qui lui est offert, Le nouveau
ministre des finances aura à prendre ^ous sa
responsabilité une grave mesure, celle de
l'échange des biens territoriaux du clergé
contre une dotation publique.,,
* ' • - L. BONIFACE.
L 'Indépendance dit que M. H..de Brouckère
a de nouveau été appelé àLaeken et reçu hier
à dix" heures par'S,* M. Il paraît que de
nouvelles instances ont été faites auprès de
lui. Cas instances ne sont, pas demeurées
sans résultat, si nous devons nous en rap
porter à la dépêche suivante que nous appor
te ce soir le télégraphe électrique :
DEPECHE TELEGRAPHIQUE.
Bruxelles, dimanche.
Le Moniteur belge publiera demain les arrêtés
royaux, portant la nomination du nouveau minis
tère. Il se compose de MJi,^
II. de Brouckère, miBj, :r| des affaires étran
gères-; .. .
Piercot, ministre de l'intérieur;
4 Faider, ministre de la justice.
MM. Liedts, Vanhoorebeke et Anoul sont main
tenus aux finances, aux travaux publics et à la
guerre.
Le comte de Hatzfeld est parti le 27 de
Berhn pour Paris. Il oonservera son .poste
d'ambassadeur.
Un décret publié le 26 de ce mois, par la
Gazette de Madrid, décide qu'à l'avenir les
bâtimens français dans les ports d'Espagne
ne paieront pas plus de droits ni de redevan
ces autres que ceux payés par les navires es
pagnols dans les ports de France. Cette me
sure réglementaire est de toute justice, les
droits que paient les bàlimens espagnols
dans les ports français étant entièrement
conformes à ceux payés parles navires fran
çais eux-mêmes.
Les lettres d'Alexandrie du 19 de ce mois,
annoncent que M. Sabatier, le nouvel agent
et consul général de France, était arrivé
dans cette ville, le 12 octobre sur le paquebot
de la compagnie des messageries nationales
le Nil. Son prédécesseur , M. Lemoyne ,
nommé récemment envoyé extraordinaire et
ministre-plénipotenliaire'u la Pîata, se * dis
posait à partir pour France. M. Sabatier. ne
devaitpasjaireun longséjour à Alexandrie :
il allait se'rendre très prochainement au Cai
re, où aura lieu, selon l'usage, sa présenta
tion officielle au pacha.
Moukhtar-Bey était également arrivé à
Alexandrie, qu'il avait quitté sur-le-champ.-
II était au Caire le 14 octobre. S. A., qui
avait repris le chemin du désert, était immé
diatement revenue en ville.
Nos lettres de Constantinople nous ont ap
pris que la mission de Moukhtar-Bey est de
demander une anticipation sur le tribut.
Le comte Bacoiochi, avant de quitter le
Caire, a reçu du vice-roi un sabre de grand
prix. La' somptueuse hospitalité dont l'en
voyé du prince-Président avait été l'objet
pendant son séjour au Caire, s'est étendue
à l'équipage du Magellan, qui a été surchar
gé de vivres de toute espèce.
Hébron et à Khalif, ef l'on parlait de soulè-
vemens du côté de Lataquié.
Le bruit courait que le seraskier avait
éprouvé un échec dans ses premières opéra
tions contre les rebelles ; mais on est tou
jours porté en Egypte à présenter, sous le
plus mauvais jour les opérations, des géné
raux du sultan. * ^ -
Voici, du reste, ce qu'on écrit deBeirouth,
le 12 octobre, au Journal de Francforly- Sur
les premières opérations :
« Les Druses, soutenus par. les Bédouins,
ont commencé les hostilités contre les Turcs,
en attaquant leur camp pendant la nuit.
Une dépêche officielle annonce que dans ce
combat les insurgés- ont eu quatre» cents
morts, et que deux cents d'entr'eux ont été
laits prisonniers. »
II est vrai que ce journal, peu favorable à
la Porte, ajoute :
« On doute de l'exactitude de ces données,
attendu que le commandant en chef a en
voyé à la garnison de Naplouse l'ordre de
venir le rejoindre. Les routes dé la Syrie
sont moins sûres que jamais ; les communi
cations avec Damas sont interrompues. »
Morçvellès diverses.
PARIS,'51 OCTOBRE.
Les membres du bureau du Sénat ont été réu
nis hier à Saint-Cloud pal* S. A. I.
—Hier, MM. les conseillers à la cour de cassation,
les premiers présidens et les procureurs-généraux
dont nous avons annoncé, il y a quelques jours, la
nomination J ; oiit eu l'honneur de prêter, entre les
mains du prince-Président de la République, au
palais de Saint-Cloud, le seraient prescrit par lâ
Constitution, en présence de M. le ministre d'Etat
et de M. le garde des sceaux, ministre de la jus
tice.
— Par décret du prince-Président, en date du
30 octobre, M. Bizien, capitaine de frégate, com
mandant l'Armide, est promu au grade d'officier
de la Légion-d'Honneur.
— Nous avons fait connaître les pertes cruelles
éprouvées par la frégate l'Armide. L'invasion de
la fièvre jaune à bord de cette frégate a été l'oc
casion de beaux traits d'un courageux dévoûment.
Par décret du prince-Président, Ta médaille mili
taire a été conférée aux marins dont les noms sui
vent, appartenant tous àl'équipagede cette frégate ;
Godec, maître d'équipage: d'Autcourt, magasi
nier faisant fonctions d'innrmier-major ; Quin-
quis, infirmier ; Querré, infirmier; Madoré, ma
telot de 1'°.classe; Cavèlan, matelot de fiasse;
Quivoron, matelot de 2" classe} Legendre, mate
lot de 3" classe; Leg<$ 4 matelot de 3 e classe,
— P«ff un décret du princeJPr&ident de la Ré
publique, en date du 30 octobre, et sur le rap
port du ministre de la marine et des colonies,
M. le capitaine de frégate Picard (Jean-Ma 1 ie-Es-
'' prit) a été nommé au commandement de la cor
vette la Sérieuse, armée en transport.
—-Par un autre décret du 30 Qctqhm, ont été
promus au grade d'^spir^nt dé première classe,
pour pygndw rang & dater du 1" septembre 1852,
lés aspirans de 2 e classe dont les noms suivent :
Olry, Charron, Laurent, Pommier j de Laron ce,
Corsin, Poudra, Delalun, Reynaud'de Barbarin,
Martin de Bonsonge.
—M. le colonel Fle«ry, est, assure-t-on, appelé
à CQiqmftnder les qix escadrons de guides dont
nouVsvèns annoncé la formation.
— Dans le département du .Loiret, à la date
de la crise ministérielle. »
communes sur 127 ont signé des adresses.
— Nous apprenons que M- le généré de divi
sion Marey-Mongç, mn çpiimnande en ce moment
à l$etz, viiiiit d'être riommé, parle roi de Bavière,
grand'eroix de l'ordre de Saint-Michel,
—^ On écrit de Gênes, 27 octobre :
« Notre escadre qui, à peine revenue de son
voyage d'instruction, avait reçu l'ordré de pren
dre pour trois mois dé vivres, pour assister et
participer, croit-on, à certaines évolutions de la
flotte française, et pour entreprendre un autre
t voyage, areçu contre-ordsa, dès le commencement
irrr'' S ^
— Le Moniteur toscan du 25 octobre puEnSTm
décret ■ grand-ducal dispensant les voyageurs de
passage sur les bateaux ,'à vapeur qui descendent
à terre à Livourne,de faire viser leurs passeports, ■
pourvu qu'ils l'aient été par le ministre ou l'a- v
gent consulaire toscan de la dernière escale.
— Op écrit de Milan, le 27 octobre,* au- .journal .
sarde l'Opinione :
« De nombreuses arrestations subites ont causé
de l'émotion ces jours derniers. 11. n'y en avait .
pas: eu depuis quelque temps et déjà l'on croyait
que le procès de Mantoue touchait à sa fin: Au- .
jourd'hui tout est remis' en doute, et ces arres
tations font craindre quelque chose de grave.
D'autres arrestations ont eu lieu à Côme et à
Lodi, mais on en ignore les détails. Tous les pri
sonniers ont été immédiatement envoyés à Man
toue. »
— On écrit de Vienne, le 24 octobre î
« Le 7 septembre, le conseil de guerre a con
damné'M. le comte Poto'cki à la peine de si^ an- .
nées de forteresse, comme convaincu d'avoir trem
pé dans un complot qui avait pour objet de réta-,
blir I'aiïcien royaume de Pologne et de renverser
par conséquent le gouvernement autrichien dans
les parties de la Pologne soumises à son autorité.
Ce jugement ayant été déféré à la sanction de
l'empereur, S. M. a bien voulu faire grâee fau
comte Potocki. En conséquence, il a été mis im
médiatement en liberté. » ( Gazette nationale.)
. —M: Dautriclie, conseiller à la cour de Cayen-
ne, vient d'être condamné par cette même cour à
dix ans de réclusion,, pour vol de nuit, avec cir
constances aggravantes. Son fils, âgé de dix-huit
ans, dont il avait fait son complice, a été condam
né à deux années d'emprisonnement. (J.des Débats.)
— A la suite de l'émeute féminine qui, eut lieu
à Alais le 13 de ce mois, des poursuites furent di
rigées contre sixfileuses, soupçonnées d'avoir joué r
un rôle actif dans cette affaire. Lundi, ces pré^- '
venues ont comparu devant le tribunal correction- •
nel d'AlaiS, so\is la prévention de bris de clôture,
violation 'de, domicile et coalition. Les deux pre
miers délits ont été écartés, et les 1 six accusées ont'
été condamnées pour fait de coalition : quatre à
six jours de prison et deux à dix jours, et toutes
solidairement aux frais. t
- —Le sieur Moullet, naturaliste, a comparu hier
samedi 'devant le tribunal de police correction-
elle, comme prévenu d'avoir été trouvé détenteur
d'une presse A autographier,sans en avoir obtenu
l'autorisation du ministère de la police générale,
contravention punie par l'article 13 de la loi du
21 octobre 1814, et les articles 1 et 3 du décret
du 22 mars 1852. M le président Pasquier fait
connaître au prévenu qu'il est signalé par la po
lice comme agent de sociétés secrètes. Le prévenu
nie ce fait qu'on lui impute, et prétend n'avoir
jamais fait usage de la presse trouvée en sa pos
session. Le tribunal .a condamné le sieur Moullet
à six mois de .prison et 10,000 fr. d'arfiende.
— M. le comte Auguste Jde Saint-Légier d'Ori-
gnac, chevalier de la Légion-d'Honneur, ancien
député de la Charente-Inférieure sous la Restau
ration, ancien membre du conseil général, etc..
est mort à Saintes le 23 de ce mois.
— M. le comte Théodose d'Osseville, ancien re
ceveur général à Caen, vient de succomber à une
attaque d'apoplexie foudroyante. Après avoir en
tendu la messe, suivant son habitude de chaque
jour, il s'était mis au bain, et c'est là que la mort
est venue le frapper subitement.
— M. Alexandre Beaussier, fils de l'ancien di
recteur de la Monnaie de Lille, vient d'être nom
mé directeur de là Monnaie de Montpellier.
— Cette nuit plusieurs éboulemens de terre ont
eu lieu,- rue Neuve-de-Rivoli, entre la rue Bertin-
1 oiu:(; . et la rue Saint-Denis, dans la profonde
tranclice ouverte pour la construction du grand
égout. Cet accident, heureusement arrivé de nuit,
n'a pas eu de suites fâcheuses.
— M. le ministre de l'intérieur a accordé, sur
les fonds de son département, une somme de
4,000 fr. pour la statue de Le Sueur, érigée, le 10
août dernier, à Abbevilte.
1 , —JHier, vers le'milieu du jour, dit la Gazette
des Tribunaux, un individu paraissant en proie à
un profond désespoir parcourait la place de la
Concorde. Bientôt plusieurs personnes dont son
allure bizarre avait excité l'attention, le virent se
diriger vers le pont de la Concorde, d'où, tout-à-
coup, franchissant d'un seul bond le parapet, il
s élança dans la Seine. Des barques d6 sauvetago
furent aupsitôt lancées au secours de- cet homme
que deux bateliers ne tardèrent pas à atteindre et
à retirer sain et sauf.
Ramené sur la berge, cet individu., auquel ses
deux sauveteurs demandaient quels motifs avaient
pu le déterminer à attenter à ses jours, leur ré
pondit qu'il n'avait pas eu le moins du monde la
fantaisie, de se suicide# : « Si vous êtes de bons
diables, ajouta-t-il, nous ajlaas partager d'amitié
la prime à laquelle vous avez droit pour m'avoir :
repêche, et nous f&rons une petite noce pour nous
réchauffer le torse. »
Les deux mariniers ayant repoussé avec indi
gnation la proposition,'de ce filou de nouvelle es
pèce, celui-ci, qu'ils menaçaient de faire arrêter
prit ses jambes à son cou efdisparut, à la grande
surprise des curieux qui avaient assisté du haut
des quais aux diverses.péripéties de son sauvetage
- Le commissaire de police de lasectiou du Corps
Législatif, informé, des faits, en a dressé procès-
verbal, puis a fait offre aux deux mariniers de la
prime de 25 fr. qui leur était acquise, mais que
ces braves gens ont refusé de recevoir, ne voulant
pas, disaient-ils, devenir, même indirectement •
complices de cette singulière tentative d'escro
querie, '
Le Droit, qui raconte aussi cette histoire de
noyade, dit que l'individu qui s'est jeté à l'eau
appartient à cette catégorie d'industriels que l'on
a surnommés les grenouillatds, et qui s'associent
pour exploiter la prime de 25 fr. allouée par le
gouvernement à quiconque retire de l'eau un-
homme èn danser de se noyer. L'un d'eux, fei
gnant «a virent désespoir, se précipite d'un pont
quelconque après avoir fait un signe de croix Son
camarade, qui n'est pas loin, se jette intrépide
ment à son secours, parvient à,le ^amener au ri
vage, reçoit avec une apparente modestie les féli
citations des spectateurs, et se rend au bureau du •
commissaire de poliçe» Q.ù il touche la prime qui
ne peut lui être rçfusée lorsqu'on n'a pas lieu de
soupçonner la ruse. Mais cette lois, au moment
où le sauveteur allait s'élancer à l'eau, son piedi
s'étant accroché dans un g.nneau de fer destiné à
retenir les bateaux, il se donna «ne entorse, et
l'on fut obligé de le transporter dans une phar
macie du voisinage,
— Jeudi dcrnjev, une femme depuis quynue
temps atteinte d'aliénation mentale et qui prétend
aynir été> rudoyée par son mari, avec qui elle ha
citait a Sainte-Marie (Landes), lui a tranché la
tête avec un couperet. Cette feiiime a été arrêtée
et conduite à la prison de Dix.
, — Une dépêche télégraphique de Catane. en
date du 8 octobre porte :
« L'éruptic» a repris un peu d'activité ; on : en
tend détonations, ■ et un courant de lave est •
arrivé, par Monte-Finocchio, à Zapinelli. »
— Mct Dupueh, ancien évêque d'Alger, doit
prêcher le jour des Morts dans l'église Saint-Au
gustin, et il doit y prêcher, tout l'A vent.
—La souscription pour la filature de Gamacïieg
qui était ouverte chez M. Calftn jeune, banquier'
rue Hauteville, sera close jeudi 4 novembre, à
trois heures du soir-.,
— Ce soir, lundi, au Grand-Opéra, la 37° re
présentation du Juif-Errant, chanté par Roger
Massol, Dépassio, Mmes Tédesco et La Gruà. Le pas
4e la Reine des Abeillès sera dansé par Mlles Ta-
glioni et ftagdAnoar.
BUREAUX: me de Valois (Palalg-lloyal), «• 1«.
B
185 . - LUNDI 1" NOVEMBRE.
Tri* de raffinement.
PARIS ET DEPARTBWEN8 :
8 FR. POUR TROIS MOIS.
UN NUMÉRO : 15 CENTIMES.
pour les pays ÉTBiNGBttS , sa reporter au
tableau publié dans le journal, las 10 et
25 cte chaque mois;.
dUPt
À
9
JOURNAL JtUJTIOtE, LITTÉRAIRE, IS1VKHSEL.
; S'adresser, franco, pour l'ai
S'adresser, franco, pour la rédaction, à M. C ucheval- C larigny, rédacteur en cnef,
s • • Les articles déposés ne; sont pas rendus. ■
On s'abonne, dans- les dêpartemens, aux Messageries et aux Directions de pot te. —A Londres, chez Ml cgvvik et fils.
_ — A Strasbourg, chez M. A lhusdr E ) pour l'Allemagne. *
Les annonces sont reçues chez M, PANIP, régisseur, 10, place dafeffiai^nsfi^ilt i
et au bureau du journal. . ISP^Ï'%'
r /ïi %' ■'■&&! !'-'S«
L " ' m 'A-/ • S7 II . «•.->. <7
les ateliers étant fermés le jour «le
la Toussaint, W3 CONSTITÉTIOII-
KËL ne paraîtra pas mardi 8 uo-
vemlire. ^
•PARIS» 54 OCTOBRE.
Nous avons reproduit, il y a quelques
jours, un décret, date de Bordeaux, et ten
dant à ouvrir un crédit de 150,000 fr. pour
le commencement des premiers travaux d'a
mélioration dans la basse Garonne et dans la
Gironde. Bordeaux va devenir bientôt le
centre d'un grapd réseau de chemins de fer ;
il sera relié, l'année prochaine, à Paris et à
tout le nord de la France ; il doit 1 être,
dans quelques années, à Cette, à Marseille, à
1^ frontière d'Espagne. Mais, pour qu'il
puisse tirer tout le profit de l'exécution de
ces voies économiques et rapides qui doi
vent étendre le cercle de ses débouchés, il
faut que son port soit rendu facilement ac
cessible aux bâtimens qui remontent le fleu
ve. On peut dire qu'il y avait une sorte d'ur-
««nce à commencer le plus tôt possible l'amé
lioration de la basse Garonne et de la Giron
de, afin d'en conduire les travaux parallèle
ment à ceux des chemins de fer.
Le prince -Président l'a compris, et il n'a
pas voulu quitter une ville où il avait reçu
un si magnifique accueil, sans lui laisser un
nouveau témoignage de sa sollicitude.Le pro
jet d'amélioration générale du fleuve n'était
pas encore arrivé a un état de maturité suf~
lisant pwrtpilî pùt eû décréter immédiate^"
ment l'exécution. Mais, s'il a dû, dans l'in
térêt même du port, attendre des'études
plus complètes avant de prendre un parti-
définitif; il a donné la preuve de ses bonnes
intentions en prescrivant les travaux qui doi
vent procurer une première satisfaction à la
navigation maritime, et qui doivent être.,
faits dans tous les cas, quel que soit le plan
général auquel on s'arrêtera plus tard.
Le décret ordonne la suppression des épis
saillans établis le long de l'ile du Nord, dans
la Gironde, en aval du bec d'Ambès où la
Dordogne vient mêler ses eaux à celles 1 de
la Garonne. Il est facile de comprendre Futi
lité de cette mesure. Le chenal suivi par
la navigation contourne l'extrémité en
aval de l'île du Nord. Or, cette extrémité
est armée de nombreux éperons en' enroche
ment qui ont une forte saillie et qui produi
sent des remous très violens. Que résulte-t-
il de semblables travaux exécutés par les ri
verains à des époques plus ou moins ancien
nes pour empiéter sur le fleuve? C'est que
les navires, obligés de raser de très près
les bords de l'Ile, sont exposés à se„jeter sur
ces éperons et à se perdre. Les pilotes sont
unanimes à déclarer que ce passage est le
plus" dangereux de toute la ligne. La sup
pression des épis saillans, qui fait partie de
■ tous les projets, sera donc un premier bien
fait pour la navigation. Telle est 1 impor
tance dé ces travàux, qu'un certain nombre i
de marins et de commerçans bordelais ne
demandent pas autre chose, si ce n'est de
amples dragages pour dégager le chenal en
quelques autres points.
L'administration des travaux publics est
loin de partager cette dernière opinion- Elle
est convaincue, au contraire, que si on se
bornait à approfondir- les passes et à entre
tenir ensuite leur profondeur avec des dra
gages, la navigation resterait dans une po
sition' très précaire. Lés barres à enlever
sont tellement étendues, les chenaux à
ouvrir doivent avoir une telle largeur, qiie
ijes dragages, d'ailleurs très dispendieux,
ne pourraient donner lieu qu'à me amélio
ration insuffisante et purement momen
tanée. Nul doute que les bancs ne se. refor
massent bientôt sous 1 influence des causes
qui les ont produits, et qui ne cesseraient,
d'agir. C'est donc à ces causes permanentes,
qui tendent à obstruer la loute fluviale , qu'il
est nécessaire d'opposer un système de tra
vaux raisonnés. Un projet a été dressé dans ce
but par l'ingénieur attaché au service du
fleuve ; mais quelques parties ont suscité des
réclamations, et le conseil des ponts-et-
ebaussées, après avoir réuni,tous les élémens
de l'enquête, fera bientôt connaître la solu
tion qui lui aura paru 1% plus conforme à
l 'intérêt général.
La navigation de la basse Garonne, par
les difficultés qu'elle présente "dans quelques
passes, occasione des retards et des pertes
considérables au commerce. Les grands na
vires ne peuvent franchir les barres quedans
les marées de vive-eau, et encore avec de
grandes précautions. Il y a même des cas où
la navigation devient à peu près impossible^
pour les bâtimens d'un tirant d'eau supé
rieur à cinq mètres, Il s agit d obtenir un
chenal assez profond et assez large pour per
mettre aux navires de remonter facilement
jusqu'à Bordeaux.
- Le projet, étudié par M. Pairier, est basé
sur les mêmes principes que les travaux exé
cutés en Angleterre et en Ecosse, sur la Sa-
verne, la Clyde et le Witliam; en France,
sur la Seine maritime. M. Pairier propose,
ainsi que nous l'avons déjà dit, d'endiguer
et de régulariser la basse Garonne, dans le®
passes difficiles, de manière à adoucir le
passage des courafis d'un bord sur l'autre, a
réunir les eaux dans le chenal suivi p&r Ift
navigation, à faire concourir également
les courans de flot et les courans de jusant
au maintien de la profondeur, a supprimer
les élai'gissemens et .les rétrécissemens trop
brusques, à donner enfin à la rivière une
largeur qui augmente graduellement jusqu'à
son embouchure. Les principes qui ont pré
sidé à l'étude de ce projet sont d'une jus
tesse incontestable ; ils sont conformes à la
raison et à l'expérience; et, s'il s'élève des
objections, elles portent sur leur application
seulement. , ■■■■;;
; Les principaux dissentimens concernent
le p^age à l'extrémité du-mouill%e d'Am
bès, àl'«ndroit où la Garo nne , e\ la D'ordognè
se réunissent ét formenUaGiro'nde. La Ga
ronne, en cet endroit, est divisée en deux par
ties par une série d'îlots et d'îles connus sous
les noms de Macau, de Cazeau, du Nord et
d'île Verte: La navigation paraît avoir suivi,
à différentes époques, tantôt le chenal
de Macau, qui longe le Médoc, tantôt
la passe- du bec d'Ambès. Ces alternati
ves proviennent de ce que le partage des
eaux ne s'est pas toujours j opéré de la
même manière entre les deux . bras. Lors
qu'elles se sontportées avec plus d'abondan
ce dans l'un, l'autre a perdu en même temps
de sa profondeur, et a été abandonné parles
grands bâtimens. Aujourd'hui la navigation
prend le chenal de gauche, c'est à dire celui
de Macau; elle passe ensuite dans le chenal
de droite, en traversant le petit détroit de
Garguil, qui se trouve entre l'île Cazeau et
l'île du Nord, et ellé longe, cette dernière île,
dont les épis saillans vont être détruits en
vertu du nouveau décret.
M. Pairier veut rappeler les eaux dans le
bras du. bec d'Ambès pour y maintenir la
profondeur nécessaire à la navigation. U
propose, en conséquence, d'établir une di
gue longitudinale à l'amont du bras de Ma
cau et de fermer par d«s digues Jes passa-,
ges^qûr^separent l'île Cazeau^ l'Ile «du
Nord et l'île Verte. ' Il croit, ,de cette ma
nière , augmenter la profondeur de la
passe du Bec, mais aux dépens du bras de
Macau, qui se [trouverait considérablement
réduit. On a donc objecté, d'une part, que ces
travaux causeraient un grand préjudice au
Médoc, en détériorant la voie navigable qui
dessert ses rives, et en l'exposant à des exha
laisons marécageuses; d'autre-part, qu'ils
ne produiraient peut-être pas l'améliora
tion sensible de la passe du Bec, par ce
que le flot, au lieu de se diriger vers la Ga
ronne, se précipiterait de préférence vers la
Dordogne, qui lui présente un accès plus
facile et plus direct.
À ce projet, un homme qui s'est occupé
depuis longues, années de la question, M. de
Vivens, en a opposé un autre qui aurait
consisté, au contraire, à favoriser l'entrée
des eaux dans le bras de Macau, Il aurait,
comme M. Pairier, réuni, entre elles, l'île
du Nord, l'île de Cazeau et l'île Verte, de
manière à ne former qu'une seule île qui,
dans une longueur non interrompue (Je
11,000 mètres, aurait partagé le fleuve
en deux bras h peu près égaux. Mais il
aurait armé les extrémités des îles d'é
perons destinés à rejeter le courant vers
la rive 'gauche. Il aurait, dans le même but,
armé la pointe d'Ambès d'un éperon s'avan-
çant dans la Dordogne. C'eût été, comme on
voit, le-bras du Bec et la Dordogne qui au
raient été sacrifiés au bras de Macau.
^Maintenant entre ces deux projets extrê
mes, qui tendent à améliorer un bras au dé
triment de l'autre, il'se produit un projet
moyen qui nous paraît avoir plus de chances
de réussir. Ce serait, tout simplement, de
faire porter ies améliorations sur la route
que suit aujourd'hui la grande navigation.
Nous avons vu plus haut que cette naviga
tion prenait actuellement le bras de Ma
cau, et qu'elle passait ensuite dans l'autre
bras en traversant le "détroit deGarguiî.
Pourquoi ne conserverait-on pas cette direc
tion? Si le chenal se porte de préférence sur
le Médoc, c'est qu'en sortant de la Garonne,
il suit en quelque sorte une. tangente à
la courbe que la rivière décrit dans cet en
droit. S'il se porte ensuite sur le bras du
bec d'Ambès par l'ouverture de Garguil,
c'est qu'il obéit à une force de même nature.
C'est la conséquence d'une loi naturelle.
Nous né voyons pas dès-lors pourquoi, au
lieu de rejeter violemment le courant dans
un sens ou dans un autre, on ne lui
conserverait pas sa direction actuelle, en
laissant l'entrée du bras de Macau et la passe
de Garguil parfaitement libres, et en amélio
rant la route actuellement suivie par la na :
vigation. M. de Vivens s'est rallié à ce pro
jet moyen/et peut-être M. Pairier s'y ralliera-
t-il également.
Quoi qu'il en soit, la solution ne saurait se
faire attendre long-temps. M. le ministre des
travaux publics, qui aime à voir les choses
par lui-même, est allé faire une nouvelle
•visite sur les lieux. -Après avoir entendu
toutes les parties, il pourra décider en toute
connaissance de cause. J. burat.
j . ' \ r
Le Moniteur, dans sa partie non officielle,
donne le récit suivant de la visite d'Ab-el-
Kader à Saint-Cloud :
. M. le ministre de la guerre a présenté sa
medi à S. A. le prince-Président, au château
de Saint-Cloud, Abd-el-Kader. M. le général
de Saint-Arnaud était accompagné de M. le
d'artillerie Boissonnet, commandant du châ
teau d'Amboise-; de M. Bellemare, attaché
au ministère de la guerre, et enfin de Sy-
Allah et de Kara-Mohammed, le premier,
cousin du fameux khalifah Ben-Allah; le se
cond, ancien agha de la cavalerie régulière
de l'émir, aujourd'hui son intendant.
Pour la première fois, peut-être, aujour
d'hui le palais de Saint-Clpud a entendu la
prière d'un musulman.. En attendant l'arri
vée du prince, Abd-el-Kader a voulu aceonir
plir sés devoirs religieux, et sans doute, en
s'adressant à Dieu, il n'a pas oublié ]o géné
reux bienfaiteur qui lui a rendu la liberté,
Abd-el-Kader a été accueilli par S. A- avec
une bienveillance marquée. Le prince, qui
était entouré de tous les membres.dû' cabi- »
net et de la plupart de ses aides-dé-camp, a
relevé Abd-el-Kader, qui s'inclinait pour lui
baiser'la main, et l'a serré dans ses bras
avec effusion. \ ■
- Après ces sâlutationSj S. A. a offert' à Abd-
iel-Kader de lui faire visitet le palais; mais
l'émir a voul û auparavan t renouveler solen
nellement le serment qu'il avait fait à Ara-
boise, et il a demandé au prince la permis
sion de lui adresser quelques paroles dont
"Voici le résumé :
- « Monseigneur, ' .. »
« Vous avez été bon, généreux pourvoi; je vous
» dois la liberté que d'autres m'avaient promise,
» que vous ne m'aviez pas promise, et que cepcn-
» dant vous m'avez accordée. Je vous jure de ne
» jamais violer le serment que je vous ai fait.
» Je sais qu'on vous dit que je manquerai âmes
» promesses, mais ne le croyez pas ; je suis lié,;par
» la reconnaissance et par 'ma parole : soyez as-
» suréque je n'oublierai pas ce que l'une et l'au--
» tre imposent,à un descendant du prophète et à
» un homme de ma race: »
Puis l'émir a ajouté :
» écrit qui soit pour tous un témoignage du ser-
» ment que je viens de renouveler. Jcvous remets
» donc cette lettre : elle est la reproduction fidèle
» de ma pensée. »
Le-prince a répondu à Abd-el-Kader qu'il
était d'autant plus touché de cette démarche,
qu'il n'avait exigé de lui aucune promesse,
qu'il avait eu confiance en lui, et qu'il avait
trouvé une suffisante garantie dans la con-
naissance.de son caractère. " ^
' li a ajouté que cette démarché spontanée
tteTéirrir était ofte preuve qu'il avait ettrai- *
son de croire en lui. ' •
. Voici la traduction de l'acte remis par Abd-
el-Kader à S. A. :
a Louange au Dieu unique !
ït- Que Dieu continue,à donner la victoire à Na-
» poléon, à notre seigneur, le seigneur des rois-
» Que Dieu lui vienne en aide et dirige ses ac-
» tions. !
» Celui qui est actuellement devant vous est
» l'ancien prisonnier que votre générosité a déli-
» vré, et qui vient vous remercier de vos bien-
» faits, Abd-el-Kader, fils de Mahlri-ed-Dên.
» Il s'est rendu près de Votre Altesse pour lui
» rendre grâce du bien qu'elle lui a fait, et pour
» se réjouir de sa' vue ; car, j'en jure par. Dieu, le
» maître du monde, vous êtes, Monseigneur, plus
» clier à mon coeur qu'aucun de ceux que j'aime.
» "Vous avez fait pour moi une chose dont je suis
» impuissant à vous remercier, mais qui n'était
» pas au-dessus de votre grand cœur et de la no-
» blesse de votre origine. Vous* n'éles point de
» -ceux qu'on loue parle mensonge et que l'on *
» trompe par l'imposture.
» Vous avez cru en moi, vous n'avez pas ajouté
» foi aux paroles de ceux qui doutaient de moi,
» vous m'avez mis en liberté, et moi je vous ai
» juré solennellement par le pacte de Dieu, par
» ses prophètes et ses envoyés (1), que je ne ferai
» rien de contraire à la confiance que vous avez
» mise en moi, que je ne manquerai jamais à mes.
i». promesses, que je n'oublierai jamais vos bien-
» faits, que jamais je ne remettrai le pied en Al-
» gérie. Lorsque Dieu a voulu que je fisse la guer-
» re aux Français, je l'ai faite ; j'ai fait par-
» 1er la poudre autant que je l'ai pu; et quand
» il a voulu que je cessasse de combattre, je
» me suis soumis à ses décisions et je me suis re-
» tiré. Ma religion et ma noble origine me font
» une loi de tenir mes sermens et de repousser
» toute fraude. Je suis chérif (descëndànt du nro-
» pliète), et je ne veux pas que l'on puisse m ac-
» cuser d'imposture. Comment cela serait-il pos-
» sible ■ quand votre bonté s'est, exercée sur moi
» d'une manière si éclatante ? Les bienfaits sont
» un lien passé au cou des gens de cœur.
» Je suis le témoin de la grandeur de votre
» empire, de la force de vos troùpes, de Fimmen-
» sité des richesses de la France, de l'équité de
» ses chefs et de la droiture de leurs actions. 11
» n'est pas possible de. croire que personne puisse
» vous vaincre et s'opposer à votre volonté, si ce
» n'est le Dieu tout puissant. "
» J'espère de votre bienveillance et de votre
» bonté que vous me conserverez une place dans
» votre cœur, car j'étais - loin, et vous m'avez
» placé dans le cercle de vos intimes; si je ne les
» égale pas par mes services, je les égale, du
» moins, par l'amitié que je vous porte.
'» Que Dieu augmente l'amour dans le cœur, de
» vos amis et la terreur dans le cœur de vos en-
» nemis. -
» Je n'ai plus rien à ajouter, sinon que je me
> confie à votre amitié. Je vous adresse mes voedif
» et vous renouvelle mon serment.
» Ecrit par Abd-el-Kader-ben-Mâhhi-ed-Dên.
» (30 octobre 1852).»
A la suite de ce récit, qui s'accorde par
faitement avec ce que nous avons publié
hier, le Moniteur raconte quelques détails
épisodiques :
« A{>rès le discours de l'Emir, le prince lui a
fait visiter le palais. Dans la conversation, quel-
' quës paroles heureuses ont élé prononcées par
Abd-el-Kader. ' .
» On le présentait à M. le ministre de la justi
ce qui lui faisait remarquer combien peu de rap
ports il y avait entre ses attributions et celles du
ministre (Je la guerre. Un bon Empire, a dit J'çr
mir, s'appuie sur la justice et sur I armée. «
«A plusieurs reprises, Abd-el-Kader a insisté
sur l'erreur généralement accréditée qu'un mu
sulman n'était pas tenu par le serment fait à un
chrétien. 11 a protesté énergiquement contre cette
croyance.
» L'émir, en parlant au prince de sa reconnais
sance, lui a dit : « Mes os sont vieux; quant au,
reste de mon corps, il a été renouveip par vos
bienfaits. » ;
» S. A. a bien voulu conduire lui-même Abd-
el-Kader dans sa visite aux écuries. Il lui a mon
tré ses plievqux de prédilection, que l'émir a beau
coup admirés, U a. été étonné de la bpauté t}es
écuries. « C'est un petit palais, » a-t-il 4jt.
» S. Â a annonce à Abd-el-Kader qu'il le fe
rait assister prochainement à une grande revue
de cavalerie, et que pour cette revue il lui prête
rait un cheval arabe. Le prince 1 a ajouté que,
comme depuis long-temps l'émir u'avait pas mon
té cheval, il l'invitait à venir essayer lundi ce
lui qu'il lui destine.
» Cette bienveillance, ces attentions de'la part
de S. A. ont profondément ému Abd-el-Kader. ■
Ivémjr'à quitté S;iint-Ciou4 à (jeux heures. Sfi vi
site, qui â duré près «l'imè heure et deirjié, a vi
vement impressionné tous Içs assistans ; ils jnt
(1) C'est le plus grand serment que puisse faire ,
un musulman.
tous été frappés de la noblesse et de la dignité do
ses manières. »
Nous ajouterons quedans la visite aux
écuries, le cheval arabe que monte d'or
dinaire le prince ayant été indiqué à Abd-
el-Kader, celui-ci, après l'avoir consi-
. fleré quelques instans, aurait dit qu ; il
MUsait dès vœux pour "~que le prince le
montât encore pendant de longues années
; et pour que la victoire marchât toujours avec
lui. Sur la quéstion qui lui fut faite, s'il aimait
les chevaux, il répondit qu'il les.avait beau
coup aimés ; mais que le cheval était l'image
de la guerre, et qu'il était désormais un
homme de paix. Plusieurs des sentences
qu'il a prononcées ont frappé vivement tou
tes les personnes présentes.
Au nombre des officiers qui entouraient
le prince, se trouvait le colonel Espinasse,
qui a combattu l'émir en Afrique ; le colonel
lui a rappelé quelques souvenirs de cette
lutte, et Abd-el-Kader a paru s'animer en
.citant les lieux et les iricidens de cette cam
pagne.
La visite d'Abd-el-Kader à Saint-Cloud a
été remplie d'incidens intéressans. C'est, la
plupart du temps, le général Daumas qui a
traduit au prince les paroles-de l'émir.
L. BONIFACE.
L'émir Abd-el-Kader s'est rendu aujouij
d'hui, vers deux heures, au Petit-Luxem
bourg, auprès du prince Jérôme, président
du Sénat. Le prince Jérôme a répondu au
salut de l'émir en lui ouvrant les bras,.et
Abd-el-Kader a exprimé alors, en termes
pompeux, sa joié d'avoii\ pu embrasser le
frère du grand Empereur. Il n'a pas laissé
échapper cette occasion d'exprimer encore
Une fois sa reconnaissance pour le Président,
çejzimmtr des rois, i qui il devra de si mt.+
teorahlfe--souvenirs. '
M. le baron Lacresse,-secrétaire du Sénat,
assistait à cette scène;. Le prince Jérôme l'a
prié de faire visiter le palais du Luxembourg
a Abd-el-Kader. Pendant cette visite, l'émir
a, dans toutes ses remarques, fait preuve de
la plus rare intelligence et s'est montré fort
sensible à l'accueil de'Mme. la comtesse
d'Hautpoul et de sa famille, qu'il a rencon
trées en haut de l'escalier d'honneur. H a
demandé à ces dames la permission de re
venir exprès leur présenter ses hommages
et leur a adressé d'heureux complimens au
sujet de M. le général comte d'Hautpoul, an
cien gouverneur général de l'Algérie et an
cien ministre de la guei're.
M. Lacrosse a fait voir à Abd-el-Kader la
grande salle des séances et les pièces prin
cipales.
En sortant du Luxembourg, Abd-el-Kader
s'est rendu à l'Hippodrome. 11 a paru pren
dre intérêt aux exercices qui ont précédé
l'ascension des ballons l'Eole et' l'Hippodro
me-, mais c'était surtout le désir d'assister à
ce dernier spectacle qui l'avait attiré. Dès
que les ballons ont été entièrement gon
flés, Abd-el-Kader a quitté la tribune qui
lui avait été réservée, et il a pris place
dans la loge du directeur, d'où l'on pouvait
mieux voir les ballons s'élever dans les airs.
L'émir a paru vivement impressionné par ce
•ipecLacle. * *
La visite d'Abd-el-Kader à Saint-Cloùd,
n'a pas été le seul épisode intéressant de la
journée d'hier. Après l'émiiy un envoyé du
roi d'Achem (île de Sumatra) a été reçu par
S. A. le prince-Président. ;
Cet envoyé, homme de belle prestance, a
presque le teint d'un Abyssinien. Il a offert
a-S. A. une richè tabatière, ouvrage., a-t-il
dit, des Chinois, qui seuls, dans le pays d'A
chem, travaillent les métaux précieux. Cette
boîte, très bien travaillée, semble une imi
tation djun produit européen du dernier
siècle qui aura passé sous les yeux des Chi
nois, très habiles reproducteurs, comme l'on
sait.
I.'envoyé du roi d'Achem a donné au prin
ce-Président les plus chaleureuses assuran
ces du- désir qu'avait son souverain d'entre
tenir des relations avec la France.
On sait que les Hollandais sont établis à
Sumatra, mais qu'une partie de cette île
immense a conservé des princes indépen-
dans. Le territoire d'Achem occupe la pointe
occidentale de l'île de Sumatra.
L. BONIFACE.
Une lettre de Constantinople du 16 octo
bre; publiée par le Journal de Francfort,
annonce que l'ex-ministre des finances,Nafiz-
Pa'cha, a été arrêté..
Noue lisons dans ïe même journal que la
flotte anglaise de la Méditerranée est arri
vée en vue de Corfou le 19 courant. Sa force
imposante et la nouvelle qu'elle attend en
core des renforts, continuent, dit le Journal
de Francfort, h exciter la curiosité et l'at-
,tente.
Les journaux anglais et les journaux alle
mands s'accordent à annoncer que le sul
tan, tout en refusant de ratifier l'emprunt,
' aurait l'intention d'accorder, une indemnité
aux porteurs de titres de l'emprunt. On
ajoute même qu'il aurait fixé cette indemnité
à 30 millions de piastres turques, c'est-à-
dire à 3,750,000 fr. ou 7 1/2 0/0 de l'em
prunt. "
Les journaux de Turin, du" 28 de ee mois,
n'annoncent pas encore la recomposition du
cabinet,sarde. M. le comte Cavour, désigné par
le roi pour aviser à'ia formation du nouveau
cabinet, avait eu deux èntrevues avec S. M.
dans la journée, du 27.
Une dépêche télégraphique a été adressée
à M. le comte Avig
Nous sommes portés à croire que M. le
comte Avigdor, dont le talent de tribune et
tçus les antécédens auraient donné uq
utile appui au. nouveau cabinet, ïefuse le
portefeuille qui lui est offert, Le nouveau
ministre des finances aura à prendre ^ous sa
responsabilité une grave mesure, celle de
l'échange des biens territoriaux du clergé
contre une dotation publique.,,
* ' • - L. BONIFACE.
L 'Indépendance dit que M. H..de Brouckère
a de nouveau été appelé àLaeken et reçu hier
à dix" heures par'S,* M. Il paraît que de
nouvelles instances ont été faites auprès de
lui. Cas instances ne sont, pas demeurées
sans résultat, si nous devons nous en rap
porter à la dépêche suivante que nous appor
te ce soir le télégraphe électrique :
DEPECHE TELEGRAPHIQUE.
Bruxelles, dimanche.
Le Moniteur belge publiera demain les arrêtés
royaux, portant la nomination du nouveau minis
tère. Il se compose de MJi,^
II. de Brouckère, miBj, :r| des affaires étran
gères-; .. .
Piercot, ministre de l'intérieur;
4 Faider, ministre de la justice.
MM. Liedts, Vanhoorebeke et Anoul sont main
tenus aux finances, aux travaux publics et à la
guerre.
Le comte de Hatzfeld est parti le 27 de
Berhn pour Paris. Il oonservera son .poste
d'ambassadeur.
Un décret publié le 26 de ce mois, par la
Gazette de Madrid, décide qu'à l'avenir les
bâtimens français dans les ports d'Espagne
ne paieront pas plus de droits ni de redevan
ces autres que ceux payés par les navires es
pagnols dans les ports de France. Cette me
sure réglementaire est de toute justice, les
droits que paient les bàlimens espagnols
dans les ports français étant entièrement
conformes à ceux payés parles navires fran
çais eux-mêmes.
Les lettres d'Alexandrie du 19 de ce mois,
annoncent que M. Sabatier, le nouvel agent
et consul général de France, était arrivé
dans cette ville, le 12 octobre sur le paquebot
de la compagnie des messageries nationales
le Nil. Son prédécesseur , M. Lemoyne ,
nommé récemment envoyé extraordinaire et
ministre-plénipotenliaire'u la Pîata, se * dis
posait à partir pour France. M. Sabatier. ne
devaitpasjaireun longséjour à Alexandrie :
il allait se'rendre très prochainement au Cai
re, où aura lieu, selon l'usage, sa présenta
tion officielle au pacha.
Moukhtar-Bey était également arrivé à
Alexandrie, qu'il avait quitté sur-le-champ.-
II était au Caire le 14 octobre. S. A., qui
avait repris le chemin du désert, était immé
diatement revenue en ville.
Nos lettres de Constantinople nous ont ap
pris que la mission de Moukhtar-Bey est de
demander une anticipation sur le tribut.
Le comte Bacoiochi, avant de quitter le
Caire, a reçu du vice-roi un sabre de grand
prix. La' somptueuse hospitalité dont l'en
voyé du prince-Président avait été l'objet
pendant son séjour au Caire, s'est étendue
à l'équipage du Magellan, qui a été surchar
gé de vivres de toute espèce.
Hébron et à Khalif, ef l'on parlait de soulè-
vemens du côté de Lataquié.
Le bruit courait que le seraskier avait
éprouvé un échec dans ses premières opéra
tions contre les rebelles ; mais on est tou
jours porté en Egypte à présenter, sous le
plus mauvais jour les opérations, des géné
raux du sultan. * ^ -
Voici, du reste, ce qu'on écrit deBeirouth,
le 12 octobre, au Journal de Francforly- Sur
les premières opérations :
« Les Druses, soutenus par. les Bédouins,
ont commencé les hostilités contre les Turcs,
en attaquant leur camp pendant la nuit.
Une dépêche officielle annonce que dans ce
combat les insurgés- ont eu quatre» cents
morts, et que deux cents d'entr'eux ont été
laits prisonniers. »
II est vrai que ce journal, peu favorable à
la Porte, ajoute :
« On doute de l'exactitude de ces données,
attendu que le commandant en chef a en
voyé à la garnison de Naplouse l'ordre de
venir le rejoindre. Les routes dé la Syrie
sont moins sûres que jamais ; les communi
cations avec Damas sont interrompues. »
Morçvellès diverses.
PARIS,'51 OCTOBRE.
Les membres du bureau du Sénat ont été réu
nis hier à Saint-Cloud pal* S. A. I.
—Hier, MM. les conseillers à la cour de cassation,
les premiers présidens et les procureurs-généraux
dont nous avons annoncé, il y a quelques jours, la
nomination J ; oiit eu l'honneur de prêter, entre les
mains du prince-Président de la République, au
palais de Saint-Cloud, le seraient prescrit par lâ
Constitution, en présence de M. le ministre d'Etat
et de M. le garde des sceaux, ministre de la jus
tice.
— Par décret du prince-Président, en date du
30 octobre, M. Bizien, capitaine de frégate, com
mandant l'Armide, est promu au grade d'officier
de la Légion-d'Honneur.
— Nous avons fait connaître les pertes cruelles
éprouvées par la frégate l'Armide. L'invasion de
la fièvre jaune à bord de cette frégate a été l'oc
casion de beaux traits d'un courageux dévoûment.
Par décret du prince-Président, Ta médaille mili
taire a été conférée aux marins dont les noms sui
vent, appartenant tous àl'équipagede cette frégate ;
Godec, maître d'équipage: d'Autcourt, magasi
nier faisant fonctions d'innrmier-major ; Quin-
quis, infirmier ; Querré, infirmier; Madoré, ma
telot de 1'°.classe; Cavèlan, matelot de fiasse;
Quivoron, matelot de 2" classe} Legendre, mate
lot de 3" classe; Leg<$ 4 matelot de 3 e classe,
— P«ff un décret du princeJPr&ident de la Ré
publique, en date du 30 octobre, et sur le rap
port du ministre de la marine et des colonies,
M. le capitaine de frégate Picard (Jean-Ma 1 ie-Es-
'' prit) a été nommé au commandement de la cor
vette la Sérieuse, armée en transport.
—-Par un autre décret du 30 Qctqhm, ont été
promus au grade d'^spir^nt dé première classe,
pour pygndw rang & dater du 1" septembre 1852,
lés aspirans de 2 e classe dont les noms suivent :
Olry, Charron, Laurent, Pommier j de Laron ce,
Corsin, Poudra, Delalun, Reynaud'de Barbarin,
Martin de Bonsonge.
—M. le colonel Fle«ry, est, assure-t-on, appelé
à CQiqmftnder les qix escadrons de guides dont
nouVsvèns annoncé la formation.
— Dans le département du .Loiret, à la date
de la crise ministérielle. »
communes sur 127 ont signé des adresses.
— Nous apprenons que M- le généré de divi
sion Marey-Mongç, mn çpiimnande en ce moment
à l$etz, viiiiit d'être riommé, parle roi de Bavière,
grand'eroix de l'ordre de Saint-Michel,
—^ On écrit de Gênes, 27 octobre :
« Notre escadre qui, à peine revenue de son
voyage d'instruction, avait reçu l'ordré de pren
dre pour trois mois dé vivres, pour assister et
participer, croit-on, à certaines évolutions de la
flotte française, et pour entreprendre un autre
t voyage, areçu contre-ordsa, dès le commencement
irrr'' S ^
— Le Moniteur toscan du 25 octobre puEnSTm
décret ■ grand-ducal dispensant les voyageurs de
passage sur les bateaux ,'à vapeur qui descendent
à terre à Livourne,de faire viser leurs passeports, ■
pourvu qu'ils l'aient été par le ministre ou l'a- v
gent consulaire toscan de la dernière escale.
— Op écrit de Milan, le 27 octobre,* au- .journal .
sarde l'Opinione :
« De nombreuses arrestations subites ont causé
de l'émotion ces jours derniers. 11. n'y en avait .
pas: eu depuis quelque temps et déjà l'on croyait
que le procès de Mantoue touchait à sa fin: Au- .
jourd'hui tout est remis' en doute, et ces arres
tations font craindre quelque chose de grave.
D'autres arrestations ont eu lieu à Côme et à
Lodi, mais on en ignore les détails. Tous les pri
sonniers ont été immédiatement envoyés à Man
toue. »
— On écrit de Vienne, le 24 octobre î
« Le 7 septembre, le conseil de guerre a con
damné'M. le comte Poto'cki à la peine de si^ an- .
nées de forteresse, comme convaincu d'avoir trem
pé dans un complot qui avait pour objet de réta-,
blir I'aiïcien royaume de Pologne et de renverser
par conséquent le gouvernement autrichien dans
les parties de la Pologne soumises à son autorité.
Ce jugement ayant été déféré à la sanction de
l'empereur, S. M. a bien voulu faire grâee fau
comte Potocki. En conséquence, il a été mis im
médiatement en liberté. » ( Gazette nationale.)
. —M: Dautriclie, conseiller à la cour de Cayen-
ne, vient d'être condamné par cette même cour à
dix ans de réclusion,, pour vol de nuit, avec cir
constances aggravantes. Son fils, âgé de dix-huit
ans, dont il avait fait son complice, a été condam
né à deux années d'emprisonnement. (J.des Débats.)
— A la suite de l'émeute féminine qui, eut lieu
à Alais le 13 de ce mois, des poursuites furent di
rigées contre sixfileuses, soupçonnées d'avoir joué r
un rôle actif dans cette affaire. Lundi, ces pré^- '
venues ont comparu devant le tribunal correction- •
nel d'AlaiS, so\is la prévention de bris de clôture,
violation 'de, domicile et coalition. Les deux pre
miers délits ont été écartés, et les 1 six accusées ont'
été condamnées pour fait de coalition : quatre à
six jours de prison et deux à dix jours, et toutes
solidairement aux frais. t
- —Le sieur Moullet, naturaliste, a comparu hier
samedi 'devant le tribunal de police correction-
elle, comme prévenu d'avoir été trouvé détenteur
d'une presse A autographier,sans en avoir obtenu
l'autorisation du ministère de la police générale,
contravention punie par l'article 13 de la loi du
21 octobre 1814, et les articles 1 et 3 du décret
du 22 mars 1852. M le président Pasquier fait
connaître au prévenu qu'il est signalé par la po
lice comme agent de sociétés secrètes. Le prévenu
nie ce fait qu'on lui impute, et prétend n'avoir
jamais fait usage de la presse trouvée en sa pos
session. Le tribunal .a condamné le sieur Moullet
à six mois de .prison et 10,000 fr. d'arfiende.
— M. le comte Auguste Jde Saint-Légier d'Ori-
gnac, chevalier de la Légion-d'Honneur, ancien
député de la Charente-Inférieure sous la Restau
ration, ancien membre du conseil général, etc..
est mort à Saintes le 23 de ce mois.
— M. le comte Théodose d'Osseville, ancien re
ceveur général à Caen, vient de succomber à une
attaque d'apoplexie foudroyante. Après avoir en
tendu la messe, suivant son habitude de chaque
jour, il s'était mis au bain, et c'est là que la mort
est venue le frapper subitement.
— M. Alexandre Beaussier, fils de l'ancien di
recteur de la Monnaie de Lille, vient d'être nom
mé directeur de là Monnaie de Montpellier.
— Cette nuit plusieurs éboulemens de terre ont
eu lieu,- rue Neuve-de-Rivoli, entre la rue Bertin-
1 oiu:(; . et la rue Saint-Denis, dans la profonde
tranclice ouverte pour la construction du grand
égout. Cet accident, heureusement arrivé de nuit,
n'a pas eu de suites fâcheuses.
— M. le ministre de l'intérieur a accordé, sur
les fonds de son département, une somme de
4,000 fr. pour la statue de Le Sueur, érigée, le 10
août dernier, à Abbevilte.
1 , —JHier, vers le'milieu du jour, dit la Gazette
des Tribunaux, un individu paraissant en proie à
un profond désespoir parcourait la place de la
Concorde. Bientôt plusieurs personnes dont son
allure bizarre avait excité l'attention, le virent se
diriger vers le pont de la Concorde, d'où, tout-à-
coup, franchissant d'un seul bond le parapet, il
s élança dans la Seine. Des barques d6 sauvetago
furent aupsitôt lancées au secours de- cet homme
que deux bateliers ne tardèrent pas à atteindre et
à retirer sain et sauf.
Ramené sur la berge, cet individu., auquel ses
deux sauveteurs demandaient quels motifs avaient
pu le déterminer à attenter à ses jours, leur ré
pondit qu'il n'avait pas eu le moins du monde la
fantaisie, de se suicide# : « Si vous êtes de bons
diables, ajouta-t-il, nous ajlaas partager d'amitié
la prime à laquelle vous avez droit pour m'avoir :
repêche, et nous f&rons une petite noce pour nous
réchauffer le torse. »
Les deux mariniers ayant repoussé avec indi
gnation la proposition,'de ce filou de nouvelle es
pèce, celui-ci, qu'ils menaçaient de faire arrêter
prit ses jambes à son cou efdisparut, à la grande
surprise des curieux qui avaient assisté du haut
des quais aux diverses.péripéties de son sauvetage
- Le commissaire de police de lasectiou du Corps
Législatif, informé, des faits, en a dressé procès-
verbal, puis a fait offre aux deux mariniers de la
prime de 25 fr. qui leur était acquise, mais que
ces braves gens ont refusé de recevoir, ne voulant
pas, disaient-ils, devenir, même indirectement •
complices de cette singulière tentative d'escro
querie, '
Le Droit, qui raconte aussi cette histoire de
noyade, dit que l'individu qui s'est jeté à l'eau
appartient à cette catégorie d'industriels que l'on
a surnommés les grenouillatds, et qui s'associent
pour exploiter la prime de 25 fr. allouée par le
gouvernement à quiconque retire de l'eau un-
homme èn danser de se noyer. L'un d'eux, fei
gnant «a virent désespoir, se précipite d'un pont
quelconque après avoir fait un signe de croix Son
camarade, qui n'est pas loin, se jette intrépide
ment à son secours, parvient à,le ^amener au ri
vage, reçoit avec une apparente modestie les féli
citations des spectateurs, et se rend au bureau du •
commissaire de poliçe» Q.ù il touche la prime qui
ne peut lui être rçfusée lorsqu'on n'a pas lieu de
soupçonner la ruse. Mais cette lois, au moment
où le sauveteur allait s'élancer à l'eau, son piedi
s'étant accroché dans un g.nneau de fer destiné à
retenir les bateaux, il se donna «ne entorse, et
l'on fut obligé de le transporter dans une phar
macie du voisinage,
— Jeudi dcrnjev, une femme depuis quynue
temps atteinte d'aliénation mentale et qui prétend
aynir été> rudoyée par son mari, avec qui elle ha
citait a Sainte-Marie (Landes), lui a tranché la
tête avec un couperet. Cette feiiime a été arrêtée
et conduite à la prison de Dix.
, — Une dépêche télégraphique de Catane. en
date du 8 octobre porte :
« L'éruptic» a repris un peu d'activité ; on : en
tend détonations, ■ et un courant de lave est •
arrivé, par Monte-Finocchio, à Zapinelli. »
— Mct Dupueh, ancien évêque d'Alger, doit
prêcher le jour des Morts dans l'église Saint-Au
gustin, et il doit y prêcher, tout l'A vent.
—La souscription pour la filature de Gamacïieg
qui était ouverte chez M. Calftn jeune, banquier'
rue Hauteville, sera close jeudi 4 novembre, à
trois heures du soir-.,
— Ce soir, lundi, au Grand-Opéra, la 37° re
présentation du Juif-Errant, chanté par Roger
Massol, Dépassio, Mmes Tédesco et La Gruà. Le pas
4e la Reine des Abeillès sera dansé par Mlles Ta-
glioni et ftagdAnoar.
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