Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-10-30
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 30 octobre 1852 30 octobre 1852
Description : 1852/10/30 (Numéro 304). 1852/10/30 (Numéro 304).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUMÉRO 504.
trnyrrnaiMrmmmmimimmammÊÊiKm
Prix de ï'âbonnemeat.
PARI S ET DEPAHTEIHEreS ;
^ 8 Fil. POUR TROIS MOIS.
• UN NUMÉRO 15 CENTIMES.
"pou» les pays étrangers , se reporter au
tableau publié dans le journal, les 10 çÇ
J, t5 de -chaque mois.
mM12W£Lg; roc de Valois (S®aIaîs-S&oy&l), m 0 1®.13
B 1852. - SAMEDI 50 OCTOBRE.
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Journal ; "pootOî^"' littéraire, universel.
/acquisitio.v
fy-ïïZor.
^S'adresser, franco, pour l'administration
à h. denain, directeur;
£j[.S'adresser, franco , pour la rédaction, à M. €dch Ê vâi- C laiu(ïnt, rêdc^têùr^en^eHef. I On s'abonne, dans les'départemens, aux Messageries et aux Directions de poste.—A Londres, chez MM. C owie et fils.
t nn a»!.'»! j ' * i - ~ . il a rwr i wi\tir ymhip P AlJomnninû
Les articles déposés ne sont pas rendus.
A Çtrwbovrç/; chez M, A lexandre , pour l'Allemagne.
Les annonces sont reçues cfyezM. PANIS, régisseur, 10, place de la Bourse;
et au bureau du journal. .. .
PARIS, 29 OCTOBRE.
Le gouvernement prussien a découvert
«aine société' sécrète qui avait pour objet de
propager et de faire triompher par la force
•les doctrines communistes. Les membres de
cette société, presque tous disciples du cé
lèbre Becker, sont traduits en ce moment
«devant la cour criminelle de Cologne. Les
ânlerrogatiores des accusés etles dépositions
•des témoins sont aujourd'hui terminés; et
il en ressort certains faits d'autant plus uti
les à publier/qu'une des branches de cette
association, communiste était établie à Paris,
et y a comparu devant la justice en octobre
et novembre 1851.
Un premier fait à remarquer pour ceux qui
se souviennent, de la jactance que les préve
nus de 1851 montraient devant la justice, et
des appels menaçans qu'ils faisaient à une dé
livrance prochaine, c'est le découragement
profond auquel sont en proie les accusés de
Cologne. Ils désespèrent de leur cause, efils
sont prêts à la renier. Ils rejettent una
nimement sur ceux de leurs complices
«qui ont échappé à la justice la responsabi
lité des mesures atroces, des exécutions ca
pitales, des'spolions dont il est sans ces
se question dans les correspondances sai
sies ; qu£iit aux circulaires, aux manifestes,
aux écrits de toute sorte, où ces mêmes me
naces sont reproduites, ils essaient de les
présenter comme de.pures théories, comme
des ; spéculations ou des rêves qu'il n'a ja
mais été question d'exécuter.
Une seconde remarque dont on nâ peut se
défendre, c'est que ces hommes, qui se sont
donnés conime les régénérateurs de l'huma-
- siité, qui se sont attribué une mission, qui
se sont volontiers comparés à des apôtres et
. à des martyrs, sont de purs charlatans, des
"spéculateurs en conspiration, qui vivent du
complot; dont la principale préoccupation est
dé trouver une nuance, un prétexte à dissi
dence d'avec le gros du parti, pour fonder
«chacun- une petite société dont il sera le
grand-prêtre et • le trésorier. Il y a entre
toutes ces sociétés, entre tous ces concilia
bules une émulation de 'radicalisme. C'est à
qui aura^e programme le plus incendiaire
et le plus sanguinaire, pour attirer par la fer
veur du patriotisme les chalands et les sous
cripteurs. .- ■ ' .
l'avidité mercenaire de tous ces conspira
teurs émérites est un fait bien connu; On sait
que le comité socialiste allemand n'expédia
Kinkel aux Etats-Unis que dans l'appré-
Iieïision de voir Kossutli accaparer toutes les
■souscriptions des émigrans allemands, et,
pour ne point glaner où il aurait moissonné,
oh s'empressa de prendre les devans sur lui.
La déposition d'un des chefs de la,police de
Berlin,, de M, Stieber,, -a appris que ces pré
tendus démocrates ne se contentent pas de
se* faire concurrence, mais qu'ils sont tou
jours fort empressés'de se vendre les uns les
autres à beaux deniers comptans. ■
'Au printemps de 1851, M. Stieber avait
été envoyé' à Londres pour rechercher les
auteurs de plusieurs vols considérables ; il
n 'avait point mission de surveiller les réfu
giés politiques. Dans le courant de mai, un
tailleur, nommé; Nothjung, fut arrêté à
Leïpsiclt : il fut prouvé qu'il était l'agent
d'un comité socialiste établi à Cologne,
qu'il était chargé dè répandre des circulaires
«et de. recueillir des souscriptions. Les pa
piers saisis sur lui apprirent que le comité
de Cologne avait d'abord siégé à Londres,
qu'il ne s'était établi en Allemagne qu'à la
suite de querelles très vives ; qu'une autre
fraction continuait' à résider à Londres 1 et
avait conservé la caisse et les archives, ce
qui avait donné' lieu à l'échange de la cor
respondance la 'plus grossière et la plus in-
juriëuse.
Jous ces renseignemens furent transmis
à M. Stieber, avec l'ordre de les compléter
autant que possible: On se croyait sur la voie
'd'un'vaste réseau d'affiliations, qui embras
sait une grande.partiedu continent. M. Stie
ber su souvint que, désoles premiers jours
«de.son arrivéev"On, démocrate"en repom
s'était présenté à lui, et lui avait offert,
au plus juste prix, tous les ren'seigne-
mens désirables sur ses frères; M. Stie
ber n'avait pas accueilli .ces propositions,
parce que sa mission n'avait rien de politi
que. Il fit venir ce martyr du socialisme^ et
lui demanda s'il n'y aurait pas moyen de
mettre la main sur les archives du grand
comité. Le martyr répondit que c'était chose
très faisable, les communistes se contentant
de professer sans la pratiquer la haine du
capital : avec un peu de temps et de l'argent
comptant, il se chargeait de l'affaire.
M. Stieber retourna "à Berlin, et le 5 août
il reçut un ballot qui contenait toutes les" ar
chives du grand comité socialiste. A voir
cette immense quantité de lettres et de ma
nuscrits, M. Stieber crut qu'il était pris pour
dupe. Il n'en était rien, c'étaient bien tous ori
ginaux, avec toutes les marques de l'authen
ticité la plusihanifeste. Le martyr avait pous
sé l'exactitude jusqu'au luxe, il n'avait pas
laissé un chiffon de papier à ses frères. La
lecture de ces archives démontra que l'asso
ciation de Cologne n'était qu'une des moins
importantes; que le comité de Londres était
dèmeuré la tête d'une organisation redouta
ble qui avait des affiliations à Berlin, à Ham
bourg, ^Dresde, à .Leipsick, en Suisse, en
Belgique, à Valenciennes, à Paris et dans
plusieurs villes de la Lorraine, de l'Alsace et
du pays de Bade.. .
M. Stieber fut envoyé de nouveau àLondres;
il y acquit la preuve de tous les faits que les
archives avaient appris; il se convainquit que
le comité socialiste allemand vivait aux dé
pens de ses crédules adhérens;que toutes ces
souscriptions destinées en apparence à for
mer la caisse militaire delà future insurrec
tion, passaient en parties de plaisir et en dé
bauches. Il a exposé devant là cour crimi
nelle de Cologne que la source principale
de toutes les querelles et de tous les démêlés
des réfugiés, était précisément la répartition
des fonds ainsi escroqués aux dupes de la
démagogie. C'est pour la caisse que l'on se
divise ; que l'on se querelle et que l'on
s'excommunie au. nom du. peuple et, de
la fraternité. C'est, une question d'argent
qui a fait naître le comité de Cologne
en opposition au comité de Londres, et qui
a conduit à la découverte des deux concur
rent Comme il faut bien donner - quelque
chose aux souscripteurs pour' leur argent;
on s'acquitte "fen paroles, én menaces contré la
tyrannie, en vœux, pour -le bouheurdu peu
ple et pour l'établissement delà fraternité uni
verselle. Chaque fois que les fonds baissent,
ou que'les commis-voyageurs du parti accu
sent quelque froideur ou quelque méconten
tement chez les fidèles, on charge une des'
bonnes plumes du comité de rédiger quel
que manifeste incendiaire, quelque program
me bien pompeux et bien brûlant, qu'on
expédie sur le eontinent, et qui fait lever
une -nouvelle moisson d'espèces.
En 1851, les comités socialistes se flat
taient d'un prochain triomphe ; ils prenaient
leurs précautions pour le combat, et ils crai
gnaient d'alarmer ou de révolter leurs dupes,
en montrant leurs , principes , et leurs projets
trop à découvert. L'ordre avait donc été donné
de mettre des sourdines à la prédication ré
volutionnaire et de baisser d'un ton. C'est
ainsi qu'un des agens du comité, nommé.
Cherval, jadis, condamné pour faux à Aix-la-
Chapelle, et vivant grassement sur les cotisa
tions démocratiques, écrivait à-un des frères de
mettre un peu plus de réserve dans la prédi
cation de l'assassinat politique et dans l'an
nonce des exécutions en masse. Le principe
était bon, disait-il ; mais il ne fallait pas.
trop laisser voiries moyens qu'on voulait em
ployer. « Cela nous fait du tort, d'annoncer
trop ouvertement toutes ces mesures. At-
'» tisons la haine contré' les 'réactionnaires,-
» mais ne la.prêchons pas directement. J'ai
•» "bien ri de ta derïiière :exclamation La-;
'» mort, sans-phrases, pour toute la prêirail-
» le. » Ailleurs il est question-de mener les
robes noires à l'abattoir par cinquante à la fois,
et on se divertit de lapitoyable figure que fe
ront tous ces gens-là. Mais on ajoute aussi
tôt : -« Ce sont de ces choses qu'il faut garder
pôUr nous. » On pourrait citer d'innombra
bles lettres où les mêmes prédictions, les mê
mes plaisanteries, les mêmes recommanda^-
tions reviennent'sans Cessbi .
II paraît que des individus d'une position ^
sociale supérieure à la plupart des membres-
de l'affiliation communiste étaient corréla
tions avec elle. Ils ne sont jamais désignés
que par des noms de guerre qui ■ reparais-
sèot fréquemment dans la-suscriplion ou :
dans le texte des lettres saisies.
C'est grâce aux renseignement transmis
dé Berlin, et vérifiés par la police française
que, le 1- septembre 1851, M. Carlier fit
arrêter en une seule nuit, à Paris,'220jindivi-
dus qui se trouvèrent presque tousAllemands,
et qui furent ou condamnés parla justice ou /
expulsés du territoire. Des arrestationseurent'
lieu le même jour à Yalenciennes, à Mayen-
ce, à Brunswick et à Hambourg. Bientôt,
presque toutes les succursales du comité de;
Londres furent décimées par des arrestations,
ou soumises à une surveillance rigoureuse;
etles principaux coupables, ceux contre les-»
quels dés preuves matérielles suffisantes ont
été réunies, vont expier devant la cour de
Cologne leurs intrigUes criminelles ; en at
tendant que les besoins d'argent et les indis
crétions de quelqu'un des grands hommes
de la démagogie leur envoient des cômpa-
'gnons de captivité.■■■
CUCHEVAi-CLÀRIGNY.
Nous continuons de mettre sous les yeux
de nos lecteurs les informations qui nous
arrivent de Gonstantinople au sujet du refus
de l'emprunt. On se rappellera qu'à la date
du 10 octobre, .notre correspondant nous
ainnoçait que l'emprunt ne serait pas rati
fié. Une note du Moniteur nous a fait'con
naître que le refus de ratification avait été
en effet.prononcé. . . ^
Voici ce que.noùs mande notre correspon
dant à la date du 15 octobre :
La Turquie donne en" ce moment, dans
la personne de ses grands dignitaires, une
preuve de désintéressement et de patrio
tisme à laquelle on ne s'attendait pas, on
pourra voir par là tout ce qu'il est permis
d'espérer de ce pays. Par le refus du gouver
nement de reconnaître l'emprunt, le trésor
se trouvait ■ débiteur envers' la "banque de" 1
140 millions de piastres turques (environ
35 millions de francs), qu'il fallait paver tout
de suite pour s'éviter la honte et tous les dé-
sagrémens d'une faillite imminente. Cette
somme a été trouvée en cinq jours par
mi les dignitaires de l'empire et quel
ques-uns des principaux banquiers indi
gènes , soit au moyen de dons volontai
res' soit à titre de prêt, .portant un intérêt
qui sera fixé plus tard. Près de 80 millions
de piastres (20 millions de francs) étaient
déjà encaissés. Une remisjde 12 millions de
francs, destinée . à' rembourser le premier ,
versement de. l'emprunt a été effectuée: Une
portion, en lettres de change sur Paris et
sur Londres, a été expédiée, le 14 octobre,
par la poste de Vienne; le restant, en or, est
embarqué sur le paquebot français qui a quit-
té'Constantinople, le 15octobre. Une seconde
remise d'égale somme affectée à l'acquitte
ment des traites fournies par la Banque,
et qui échoient les 15 et 25 novembre et
le 5 décembre, a dû partir -le 25 octobre
sur la frégate chargée de transporter en
France le nouvel ambassadeur. Enfin une
troisième remise devant couvrir les échéan
ces de la Banque des 15" et 25 décembre et
5 janvier, sera expédiée par le paquebot du
5 novembre, après le retour de MoUktar-
Bey, qui est aile en Egypte demander à Ab-
bas-Pacha deux années de tribut, dont l'Une
anticipée.
Ainsi se trouveront réglées les dettes du
trésor enversla banque, en pe qui concerne les
engagemens de celle-ci vis-à-vis de l'étranger..
Quant aux autres sommes qu'elle réclame
du gouvernement, elles seront également
. payées. Toutefois on prétendait que les opé-
fritinns de la banque, relatives aux sommes
? fttaiûées aux anciens mimstresj allaient être
r'-i^bjet €'une en'qiiete* Sérieuse.
Pour remplir cette dernière obligation, le
gouvernemeni a démandé au commerce eu-
î ' ropéen un prêt de -40 millions de piastres
i .(fG; millions de francs), garanti par un dé-
| pàt'de bons du trésor (Serghis) portant in-
■ térêt et par le produit des mines de cuivre,
i Cette proposition a été faite dàrtsUric réunion
: ministérielle tenue le 13 à l'hôtel des Mon
naies et à laquelle avaient été appelés huit
r dfes principaux négocians européens. Cinq
d'entre eux ont souscrit, séàiice tenante,
: pour 2 millions et 1 /2 chacun. D'autres si-
> gnatures ont été données ensuite et on ne
doutait pas que la somme demandée ne fût
bientôt complété: : •
i Dans cette mêriie réunion, on s'est pro
noncé pour que la Banque fût maintenue,
mais avec d'importantes modifications dans
ses règlemens et dans son administration.
Là plupart des négocians ,prés.ens se sont
même engagés à venir à son aide âu besoin*
Vely-Paclia, le nouvel ambassadeur nom-
■ mé Paris, en remplacement du prince Calli-
.maki, est spécialement chargé d'expliquer,
au gouvernement et aux banquiers f rançais,
les motifs de la non r'eooûnâissaiiçe de l'em-
pi-unt. Ces motifs sont publics aujourd'hui,
dit notre correspondant : Fuad-Eflendi, mi
nistre des: affaires étrangères, les a fait con
naître dans la réunion de l'hôtel des -mon
naies; La Porte se plaint de l'interprétation
'tkiiméepar lesnégociateursde l'emprunta l'z'-
fadé (décret) du sultan qui autonsaitcetté opé
ration financière. Cetirade.mis sous lesyeux
des assistans. porte la date au 10 juin; il auto
rise effectivement la négociation ; d'un em
prunt, mais de 3t> millions de fr. à 6 0/0, et
pôùr quatre ans. G est surtout la prolonga
tion du terme qui a excite le mécontente
ment du sultan lorsqu'il en a eu connaissan
ce, ce qui n a eu lieu que le 2 de ce mois à
la sUite du conseil extraordinaire qui a ame
né' la chute du grand-visir euprovoqué d'im
portantes révélations sur la véritable situa
tion des finances, que Ion avait jusque là
cachée au souverain. •
•Il paraît que des instructions ministériel
les avaient modifié le décret ou iradé du
sultan, en portant à dix ans lé terme de
l'emprunt- tet en acceptant le chiffre de
50 millions. Mais ces - instructions, données
à l'insu du sultan, ne suffisent pas, au dire
des. ministres actuels, pour justifier la con
duite des négociateur^ de l'emprunt.
. -On travaillait nuit et jour a la Monnaie
pour remplacer, au moins en partie, le nu
méraire que les fortes-remises faîtes par le
gouvernement en Europe, enlèvent à lacir-
, culation. Presque- tous les pachas," indépen
damment des sommes qu'ils ont données en
numéraire,-ont fait fondre eux-mêmes une
partie de leur argenterie, et l'ont envoyée
■ en lingots à la Monnaie, sans même deman-
* d5r de rëçu. Il "est aussi question- de l'aban
don que les ministres et la plupart des hauts
employés auraient lait d'un.mois de leur
traitement, échu le 13. Enfin, il y a dans ce
moment-ci parmi les Turcs un mouvement
de patriotisme digne des plus grands éloges
et que l'on est forcé d'admirer, à quelque
point de vue qu'on le considéré.
Vély-Paclia, le nouvel ambassadeur en
France, est un homme encore jeune, qui a
reçu une très belle éducation et parle plu
sieurs langues, notamment le français, dans
la perfection. C'est le vils de Moustapha-Pa-
cha, ancien gouverneur de l'île de Candie,
et aujourd'hui président du conseil supé
rieur de justice. Vely-Pacha a dû partir le
25, sur la frégate à vapeur de l'Etat le Taïf.
. 11 emmène avec lui un nombreux personnel,
et tout annonce que son ambassade sera des
plus brillantes. Il doit être porteur de plu
sieurs cadeaux de prix que le sultan envoie
au président de la République.
On prétend que d'autres changemens ne
voiit pas tarder à avoir lieu (dans le corps
diplomatique, et que désormais la Porte ne
veut être représentée à l'étranger que par
des Turcs. ,.
Solyman-Pacha, exrgouverneur de Brous
se,, que l'on croyait destiné à occuper un
posté dans le ministère, vient d'être appelé
au gouvernement d'Alep.
Les dernières nouvelles de Tunis donnent
de vives inquiétudes sur la santé du bey.
Dans la prévision de sa mort prochaine, la
flotte anglaise ne quitte, pas çes parages.
Des lettres de la Perse, en date de la fin
de septembre, annoncent queplus de quatre
cents individus de la secte dés Baabis, ac
cusés de complicité dans l'attentat commis
dernièrement contre la personne du schah,
avaient-été exécutés à Téhéran. Une grande
agitation régnait dans le pays s t. bosiïace.
n'est par une ordonnance impériale du
11 de ce mois, que Vely-Paclia est nommé
ambassadeur de la Sublime-Porte à Paris,
en remplacement du prince Callimaki, qiii
n'avait que le titre d'envoyé extraordinaire
et ministre plénipotentiaire.
« Conciliant par nature, plein de modé
ration et de courtoisie, on peut ètre^sûr, dît
le Journal de Constantinople , qu'il* mettra
tous ses soins à resserrer de plus en plus les
relations qui existent entre la Sublime-Porte
et la France, sans perdre un instant de vue
les légitimes intérêts de son gouvernemeriî.
Ifomme d'étude et d'observation, il acquerra
promptement, dans ce vaste foyer de lu
mière où il va bientôt se trouver, et au con
tact des plus grandes sommités de l'Europe,
ce qui peut lui manquer encore pour mar
cher avec succès dans une carrière , qui s'ou
vre ptfiir la première fois devant lui. »
Nous avons des nouvelles d'Athènes'du 17.
L'escadre anglaise, sous les ordres de l'ami
ral Dundas, avait quitté la rade de Salamine,
pour sb rendre à Corfou.et à Malte.
Le lord h'aut-commissâire des îles ionien
nes avait eu l'honneur de dîner, à la table
royale le lf>. ainsi que M. le comte Baccioc-
chi, arrive le 10 au Pyrée sur le navire à va
peur le Magellan. Le comte Bacciocchi se
rendait a Constantinople en mission ex-
traoïduiure niaib il avait l'ordre de pas
ser par Atnenes pour complimenter la reine
au nom du prince-Président. M. Bacciocchi
a été reçu par la reine, immédiatement
après sa sortie de quarantaine.
Le . Morning-IIerald contient un article de
fond sur les' assurances pacifiques du dis
cours de Bordeaux-/ Il blâme cette hostilité
systématique de ; quelques journaux anglais
qui,'tout .en reconnaissant qu'il n'est ni dans
|leè inclinations personnelles du prince-Pré
sident, ni dans l'intérêt de la France de faire
la guerre, persistent cependant à semer l'a
larme et à faire craindre la guerre qui doit,
selon eux, nécessairement résulter de la
position de Louis-Napoléon.
La solution de la crise ministérielle en Bel
gique est encore ajournée. Il paraît, dit l'E
mancipation, que M. Henri de Brouckère, en
Srésence de 1 attitude prise par la chambre
ans la .formation de son bureau, a considé
ré son ministère comme impossible.
L'Indépendance n'est* pas moins formelle :
« Le bruit était assez généralement ré
pandu hier, dit ce journal, qu'une des pre
mières conséquences des votes de la chambre
pour la composition de son bureau, serait
le rappel de M. H. de Brouckère auprès du
roi.
» Quelques .personnes allaient plus loin
encore;*elles présentaient la chose comme
décidée, et fixaient à aujourd'hui ou demain
au plus tard la publication des arrêtés royaux
portant nomination des membres du nou
veau cabinet.
» Nous regrettons sincèrement de devQir
dire que ces rumeurs étaient mal fondées,
car on donne comme positif e't certain que
M. - H. de Brouckère est décidément résolu à
ne pas entrer au pouvoir. »
La chambre paraît avoir compris la diffi
culté de la situation. Elle a dû achever hier
de nommer les commissions permanentes,
et l'on pensait qu'elle s'ajournerait au se
cond mardi du mois prochain, c'est-à-dire
au 9 novembre.
A supposer qu'un cabinet soit formé p.our
cette epoque, la crise aura duré environ
cinq mois., - L. B oniface.
• On lit dansée Morning-Post :
« Le zèle et rintelligencè de notre correspon
dant de Paris nous met à portée de placer sous
les yeux de nos lecteurs des faits d'une grave im
portance. D'après les représentations amicales des
puissancesalliéesduroi des Belges, en ce moment
sans" ministres, deux prévisions sont inévitables.
La'première, que les puissances qui, en donnant
tîn'c'existence à la Belgique, ont garanti sa per-
manèncey'sont convaincues que la continua
tion de l'état'de choses qu'elles ont garanti est
sérieusement c©mp"roniis par une faction. La se
conde, que ces puissances voient, sans s'en trou
bler, la démonstration récente du peuple français
en faveur du rétablissement de l'Empire. Nous A . .-
mentionnons cette dernière question'que rpoui-y i
revenir plus tard; la première est plus urgente.
Conformément aux recommandations;-.des; puis--
sancel contractantes, le roi des Belges ; posera
pour condition tine quâ non dans. Information
du nouveau cabinet, qâe ce dernier présenter a aux
chambres un projet de loi imposant quelques res-,
tricticins à la licence de la presse belge dans l'ex
pression de son opinion'relative aux Etats étran
gers et ainis. Cette licence a été exclusivement' 1 .,
l'ananage de ce qu'on appelle - la pressé : libérale,
(tui ne souffrira pas qu'un cabinet libéral admette
cette condition. Un cabinet conservateur pour
rait le faire; mais un cubiiiet conservateur pro--
noncerait ainsi sa propre sentence , d autant
plus que la tendance de î;: législature vient,
de se manifester par l'élection de'.M. Delfosse, can
didat litjérai, à la présidence de il chambre des-
députés. Il y a donc une véritable .crise. Il faut,;
dans la garantie des alliés, comprendn:' non-seu
lement l'existence constitutionnelle de la Belgique, :
mais aussi sa neutralité ; et sa neutralité ujspa-
raît évidemment devant les attaques systématiques
contre l'action libre d'un Etat ami, et l'excitation
à l'assassinat du chef qu'il s'est choisi. Les puis-»
sances alliées accomplissent àmicalemênt le devoir
que leur position leur. imposé, et le roi ne peut
rien- car, des deux "partis qui composeSnt les hom
mes politiques du pays, l'un ne veut pas, l'autre
ne peut pas faire ce qu'on leur demande à tous
deux. Où donc, alorti. trouvera-t-on un cabinet ?
Et à qui la France adressera-fr-elle ses justes re
montrances? C'est au parti libéral en Belgique 4
répondre cette question de ses compatriotes, qui
doivent leur prospérité croissante*à la neutralité
garantie en leur faveur par le traité qui les a ren
dus citoyens indépendans. ; .
» Les nouvelles de Turquie, qui nous parvien
nent de Paris par la même lettre, sont importan
tes à un autre point de vue ; elles portent sur les
intérêts anglais. Il est maintenant hors d.e doute
que la Porte-Ottomane refuse péremptoirement
de ratifier l'emprunt contracte par la banque-
de Constantinople. Le remboursement des fonds
déjà versés peut suffire aux premiers souscrip
teurs ; mais quant à ceux .qui ont payé 8
ou 9 0/0 de prime, la perte est rude et
sans ressource. La question n'est pas de celles où
notre gouvernement puisse intervenir; le coutrat
a été volontaire de la part des souscripteurs, et
ils île peuvent s'en prendre qu'à eux-mêmes <î&
leur ignorance de ce qu'il existe encore, comme •
toujours, à Constantinople, : un esprit de fanatis
me. Il se peut aussi qu'on ait vu ailleurs avec dé
plaisir l'influence qu'une avance considérable
d'argent pourrait donner à la France ou à, l'An
gleterre. L'empressement de certains capitalistes'
anglais pourrait donc, en affaiblissant la puissance
de l'Angleterre auprès du gouvernemenf turc, !
mettre définitivement en péril notre ancien com- ■
merce, dont les profits moins rapides, il est vrai,
étaient du moins plus certains que ceux d'un em-
prunt. » -
Douze Colonnes du journal officiel sont
encore* remplies aujourd'hui par des adres
ses de communes qui demandent l'Empire,
et surtout par la liste des compiunes des dé-
partémehs de la Sèine-Inférieurè, de la Meu
se, de l'Eure, de la Charente-Inférieure et de
la Seine, qui ont signé ces adresses : la liste
de la Seine-Inférieure comprend les noms
de plus de 700 communes.
Voici l'adresse du conseil municipal de
Sceaux : .v - - .? ■ •
«Le conseil municipal de la commune de_ Sceaux
s'est associé avec empressement .aux témoignages
de reconnaissance dont l'immense majorité du
pars a salué l'acte par lequel vous l'avez, le 2 dé
cembre, préservé de l'anarchie.
» Avec cette même majorité, il donne son en
tière adhésion à tout ce qui affermira dans vos
mains l'énergique autorité . de' laquelle seule la
France peut attendre la garantie de son repos in
térieur et de sa prospérité. »
MALLE DE L'INDE.
Par le Caradoc, capitaine Derriman, arrivé
le 26 au matin à Marseille/ nous recevons,
dit le Courrier, nos correspondances de l'In
de. Les dates sont de Calcutta du 30 septem
bre, 'et de Bombay du 2 octobre. La malle
qui a passé par Marseille, le 27 juillet, est
arrivée à la Pointe-de-Galles le 20 août, à
Madras le 23,et à Calcutta le 28; celle passée
le 11 août est arriv.ée à Bombay le 5 sep
tembre et à Calcutta le 13 du même mois ;
celle partie aussi de notre port le 27 août, a
touché à Bombay le 23 septembre.
Le gouvernement venait d'envoyer de&
renforts au général Godwin, qui, on le sait,
commande l'expédition contre les Birmans ;
l'envoi de ces troupes porte l'effectif de l'ar
mée anglaise qui opère dans ces contrées à'
15,000 hommes, d'infanterie et 1,000 'hom
mes de troupes d'artillerie et du génie.- Les
dernières nouvelles de Ran'goun, théâtre de
la guerre, vont jusqu'au 12 septembre. S'il"
faut en croire les correspondances anglaises,
la plupart des habitans se prononceraient
pour l'occupation britannique. Le gouver„
Le Constitutionnel commencera, le 3 no
vembre, la publication d'un romafl nouveau
ayant pour titre:: • .
CMEWÉE t)E ¥A11VIIJLE, ,
i* en2volumes, . :: ;
PAR M 1 »» VIRGINIE AKCELOT.
FEUILLETON DU CONSTITUTIOHNELv 30 OCTOBRE.
SOUVENIRS JUDICIAIRES.
LA LESCOMBAT.
' ' II. ' ■ 1
Lorsqu'on releva le cadavre de Lescom-
hat, on . trouva dans ses poches deux li
vrés. . L'un était intitulé : Etrennes spiri
tuelles contenant l'office en latin et en français;
et-l'aiitre : La brance galante, ou Histoire
amoureuse de la cour. Ces ueux livres, si diffé-
rens, étaient parfaitemen t en rapport avec le
caractère que cet homme se donnait dans sa
confession. Nous ne nous étendrons pas sur
les détails qu'elle contenait, parce cpi'ils ne
sont rien moins qu'édifians. Enfant, il
avait préludé aux crimes de sa vie par des
larcins beaucoup plus considérables que ceitx
qui sont avoues par J.-J. Rousseau et par
saint Augustin; il avait volé de l'argent!
Successivement escroc et faussaire, il s'était
livré sans contrainte aux plus sales et aux
plus abominables passions ; l'ivrognerie était
son moindre vice. Depuis long-temps le feu
du ciel eût dû abréger sa carrière, mais la
justice divine s'était contentée de lui infliger
ce mal qui défigura le docteur Pangloss.Clio-
se étrange ! au milieu de cette vie souillée de
vices et de 'crimes, Lescombat avait conser
ve l'habitude des pratiques religieuses. Dans
sa Confession il s'accuse d'avoir parfois des
distractions dans les églises et de rechercher
les confesseurs les.moins sévères pour obte
nir plus - facilement l'absolution de ses fau
tes". Qu'on ajoute à cela qu'il croyait aux
soréiers, et l'on aura le portrait exact decèt-
te individualité bizarre et ignoble à-la fois..
On se rappelle que ses dernieres paroles, au
moment où il vomissait des flots de sang,
avaient été celles-ci : « Un confesseur ! un
confesseur !... » Au milieu des angoisses de
la inort, avait-il enfin été touché d'un re
pentir sincère ? Etait-ce une dernière fluc
tuation de cette ame faible et profondément
. gangrenée t Toujours est-il que la Société,
en perdant Lescombat , avait perdu ùn
: membre peu digne d'être regretté.
C'était probablement ce que sa veuve avait
voulu faire comprendre aux magistrats en
gardant sur elle la confession de son mari.
Peut-être en le montrant sous son véritable
jour avait-elle espéré rendre.plus admissible
la fable de Mongeot? Nous ne saurions dire
au juste quel fut son but, mais il est certain
que la justice ne se laissa pas'prendre au
piège qu'on lui tendait. La mort d'un hom
me, quelque impur qu'il soit, doit être sui
vie d'une expiation, et, d'ailleurs, la Les
combat n'était pas assez pure elle-meine pour
se couvrir de l'indignité de son mari. '
Elle fut conduite au For-l'Evêque et appe
lée devant M. de Sartines pour subir un in
terrogatoire.
Elle avait vingt-belle. Dans une société comme la nôtre, qui
n'a que trop de penchant à çhanger tout tré
teau en piédestal, ce tréteau, fût-il un écha-
faûd, la Lescombat eut bientôt de nombreux
admirateurs. On se hâta de reproduire ses
traits et de les livrer au public.Elle avait, dit
un auteur du temps (1), la taille bien prise,
l'œil noir et bien fendu, sa gorge était belle
ainsi que sa main et son bras, sa peau était
d'un blanc à éblouir. Il est facile du reste de
vérifier, de nos jours, la beauté de sa main.
Une-épreuve de cette main fine, paresseuse,
potelée, ornée de fossettes gracieuses, se re
trouve chez tous les mouleurs.
« M. de Sartines était jeune alors, dit
Mercier, il sut se défendre des charmes de
la Lescombat, quoiqu'il fût dans l'âge des
passions ; cela lui fit lioiineur et contribua à
son avancement.-»
Elle était, donc belle, le fait est certain.
Elle s'appelait Marie-Catherine Taperet.Lors
qu'elle se maria, elle était orpheline ; une
vieille grand'mère, qui demeurait dans la
rue Saint-Denis et qui n'était pas riche, l'avait
élevée. Cela semble indiquer que Mlle Tape
ret était née sur les extrêmes confins de la
petite bourgeoisie. C'étaitpresque une griset-
te. Peut-être sapremière jeunessese passa-t-
elle dans un magasin de modes ? Peut-être,
gâtée par une grand'mère indulgente, dé-
pensa-t-elle_son temps à lire des romans et
a se regarder dans le miroir. Les romans
lui racontaient des aventures et le miroir
lui en promettait, non pas toutefois de celles
qui finissent par une potence.
Elle aimait la toilette et le far niente. En
plein XVIII" siècle comme de nos jours,
elle eût pu, tant qu'elle eût été jeune et belle,
mener cette vie de nonchalance et de luxe
qu'elle semblait avoir rêvée. Elle avait un
frère garçon dans un jeu de paume, qui ne
demandait pas mieux que de jouer auprès
d'elle le rôle que Lescot lo garde-du-corps
joue auprès de sa charmante sœur dans le
roman de l'abbé Prévôt. Au lieu de se jeter
» ! a :——: . - ^
(.1) Lettre d'un Français à un Anglais; petit
iii-12. . ■ , > :
dans cette vie d'aventures/ elle se maria;
elle épousa un homme ascétique et cra
puleux à la fois , jaloux et inquiet, bru
tal" et pauvre. Ce -n'était pas là le mari qui
lui convenait. Un mari quelque,peu myope et
d'un caractère facile eût été bien mieux
son affaire. C'est pourtant une justice à ren
dre à la Lescombat, on ne trouve dans le
dossiër aucune trace de désordres antérieurs
à sa liaison avec Mongeot; et cette liaison a
tous les caractères d'un amour sérieux, pro
fond et désintéressé, surtout de la part de la
Lescombat; il débute chez elle par le dévoû-
mènt, elle tire son amant,de prison. Mongeot
était d'ailleurs aussi gueux (pie Lescombat.
Ce ne fut donc pas en Danaé qu'elle se jeta
dans cette intrigue. Il y a dans le dénoûment
de ce drame intime quelque chose de violent 1
et de sanglant qui ne va pas au caractère de
femme galante attribué par quelques auteurs
à la Lescombat. Une femme galante trompe
trop facilement son mari pour avoir besoin
de le tuer. Quand il-la bat, elle le quitte, elle
ne l'assassine pas; l'assassinat en cette ma
tière est l'indice d'une ame profondément
pervertie, mais qui n'a pas bu toute honte.
On l'interrogea sur ses relations avec Mon
geot.
— « Jamais, répondit-elle, je n'ai eu avec
lui les relations que vous entendez.
— » Cependant, vous ne nierez pas que
votre mari ne fût très jaloux de Mongeot?
— » Que pouvais-je y faire? Il était jaloux
même de mon frère ! n
Et elle se plaint de la brutalité de son
mari.
On lui parle de la déposition de la ser
vante.
— « Voilà un beau témoin! répond-elle,
une servante qui me volait et que j'ai en
voyée se faire pendre ailleurs !»
Elle nie être allée chez Mongeot, rue Dau-
phine, si ce n'est deux fois pour réclamer
l'arriéré de la pension. Et quand on lui dit
que la veille même du crime on l'a vue dans
la chambre de Mongeot essayer la pointe de
l'épée qui devait tuer son mari, elle répond:
—« C'est un mensonge ; je n'ai pas bou
gé de chez moi le jour que vous dites ! >v
" En un mot elle se défend avec énergie et
sang-froid. Les réponses de son frère Ge-
neste Ruelle, gui avait été conduit au Châ-
telet, concordaient parfaitement avec les ré
ponses faites par la Lescomba*. Le juge était
fort embarrassé. L'adultère paraissait assez
clairement établi; mais la preuve dé com
plicité dans l'assassinat ne résultait que du
fait de la pointe d'épée éprouvée. Or, il n'y
avait qu'un seul témoin de ce fait, et dans
notre ancienne jurisprudence/ il fallait au
moins deux témoins pour faire la preuve
d'un fait (testis unus, testis nullus ). Pour se
procurer les preuves qui lui manquaient, le
juge eût recours à un moyen qui n'existe
pas dans notre Code d'instrûction criminelle :
il publia des monitoires.
En vertu de lettres monitorialés obtenues
de l'official, les curés des églises paroissiales
de Paris durent faire dans leur prône, pen
dant trois dimanches consécutifs, injonction
a tous les fidèles de révéler ce qu ils pou
vaient savoir au sujet de l'assassinat de Les
combat et des circonstances établissant la
complicité de sa femme et son beau-frère,
et ce sous peine d'excommunication.
Les prônes eurent lieu pendant trois di
manches, et aucune révélation ne fut faite.
La Lescombat et son frère présentèrent alors
une requête a fin d'être mis en liberté. En
tre autres motifs de cette mesure, la Lescom
bat alléguait le terme prochain de sa gros
sesse.
On fit droit à leur requêté. sans trop de
de difficultés, car, après deux mois d'incar
cération, ils furent relâchés. Il fut dit, tou
tefois, dans l'ordonnance de mise en liberté,
qu'ils seraient tenus de se représenter à la
première réquisition, et qu'ils resteraient en
état d'ajournement personnel.
Il fallait ensuite songer à faire le procès de
Mongeot; mais à .cette occasion le Châtelet,
qui d'ordinaire pourtant se montrait assez
expéditif, procéda avec beaucoup de lenteur.'
Plus d'une année s'écoula avant que la con
damnation de Mongeot fût prononcée. Ce n'é
tait pas que la conviction des juges ne fût
déjà complètement arrêtée, mais uo accident
politique entravait a cette epoque le cours de
la justice, et prolongea ainsi les jours de
l'assassin. -
Au sujet des billets de confession, la vieille
querelle des jansénistes et des molinistes s'é
tait ranimée. Le parlement s'était mis en
guerre ouverte avec l archeveque de Paris.
Le roi, ayant pris parti pour l'archevêque,'
envoya des lettres de cachet aux conseillers
les plus insoumis et exila la grand'chambre
à Pontoise. Lâ grand'chambre refusa de
rendre la justice, et on créa une chambre
royale composée de conseillers d'Etat, qui
n'osaient pas juger,, parce que le public ne
les prenait pas au sérieux et qu'ils ne se pre
naient pas au sérieux eux-mêmes.
Le Châtelet s'était déclaré en faveur du.
parlement. Dans ces circonstances, un voleur
nommé Sandrin, ayant été condamné à être
pendu, par le Châtelet, comparut en appel
'devant la chàmbre royale, qui confirma la
sentence. Le Châtelet prétendit que le par
lement seul avait le droit de statuer sur ses
sentences, et il refusa de pendre le coupa
ble. Le rapporteur de cette cause criminelle,'
nommé Milon, fut mis à la Bastille pour n'a
voir point fait pendre Sandrin. Le Cbâtelef
alors cessa ses fonctions comme le parle
ment, et il n'y eut plus aucune justice dans
Paris.
Voilà pourquoi le procès de Mongeot ne
s'instruisait pas. Mais les choses s'etant ar
rangées et le parlement ayant été rappelé à
l'occasion de la naissance du duc de Berrv
-(août 1754), la justice reprit son cours ordi-
trnyrrnaiMrmmmmimimmammÊÊiKm
Prix de ï'âbonnemeat.
PARI S ET DEPAHTEIHEreS ;
^ 8 Fil. POUR TROIS MOIS.
• UN NUMÉRO 15 CENTIMES.
"pou» les pays étrangers , se reporter au
tableau publié dans le journal, les 10 çÇ
J, t5 de -chaque mois.
mM12W£Lg; roc de Valois (S®aIaîs-S&oy&l), m 0 1®.13
B 1852. - SAMEDI 50 OCTOBRE.
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Journal ; "pootOî^"' littéraire, universel.
/acquisitio.v
fy-ïïZor.
^S'adresser, franco, pour l'administration
à h. denain, directeur;
£j[.S'adresser, franco , pour la rédaction, à M. €dch Ê vâi- C laiu(ïnt, rêdc^têùr^en^eHef. I On s'abonne, dans les'départemens, aux Messageries et aux Directions de poste.—A Londres, chez MM. C owie et fils.
t nn a»!.'»! j ' * i - ~ . il a rwr i wi\tir ymhip P AlJomnninû
Les articles déposés ne sont pas rendus.
A Çtrwbovrç/; chez M, A lexandre , pour l'Allemagne.
Les annonces sont reçues cfyezM. PANIS, régisseur, 10, place de la Bourse;
et au bureau du journal. .. .
PARIS, 29 OCTOBRE.
Le gouvernement prussien a découvert
«aine société' sécrète qui avait pour objet de
propager et de faire triompher par la force
•les doctrines communistes. Les membres de
cette société, presque tous disciples du cé
lèbre Becker, sont traduits en ce moment
«devant la cour criminelle de Cologne. Les
ânlerrogatiores des accusés etles dépositions
•des témoins sont aujourd'hui terminés; et
il en ressort certains faits d'autant plus uti
les à publier/qu'une des branches de cette
association, communiste était établie à Paris,
et y a comparu devant la justice en octobre
et novembre 1851.
Un premier fait à remarquer pour ceux qui
se souviennent, de la jactance que les préve
nus de 1851 montraient devant la justice, et
des appels menaçans qu'ils faisaient à une dé
livrance prochaine, c'est le découragement
profond auquel sont en proie les accusés de
Cologne. Ils désespèrent de leur cause, efils
sont prêts à la renier. Ils rejettent una
nimement sur ceux de leurs complices
«qui ont échappé à la justice la responsabi
lité des mesures atroces, des exécutions ca
pitales, des'spolions dont il est sans ces
se question dans les correspondances sai
sies ; qu£iit aux circulaires, aux manifestes,
aux écrits de toute sorte, où ces mêmes me
naces sont reproduites, ils essaient de les
présenter comme de.pures théories, comme
des ; spéculations ou des rêves qu'il n'a ja
mais été question d'exécuter.
Une seconde remarque dont on nâ peut se
défendre, c'est que ces hommes, qui se sont
donnés conime les régénérateurs de l'huma-
- siité, qui se sont attribué une mission, qui
se sont volontiers comparés à des apôtres et
. à des martyrs, sont de purs charlatans, des
"spéculateurs en conspiration, qui vivent du
complot; dont la principale préoccupation est
dé trouver une nuance, un prétexte à dissi
dence d'avec le gros du parti, pour fonder
«chacun- une petite société dont il sera le
grand-prêtre et • le trésorier. Il y a entre
toutes ces sociétés, entre tous ces concilia
bules une émulation de 'radicalisme. C'est à
qui aura^e programme le plus incendiaire
et le plus sanguinaire, pour attirer par la fer
veur du patriotisme les chalands et les sous
cripteurs. .- ■ ' .
l'avidité mercenaire de tous ces conspira
teurs émérites est un fait bien connu; On sait
que le comité socialiste allemand n'expédia
Kinkel aux Etats-Unis que dans l'appré-
Iieïision de voir Kossutli accaparer toutes les
■souscriptions des émigrans allemands, et,
pour ne point glaner où il aurait moissonné,
oh s'empressa de prendre les devans sur lui.
La déposition d'un des chefs de la,police de
Berlin,, de M, Stieber,, -a appris que ces pré
tendus démocrates ne se contentent pas de
se* faire concurrence, mais qu'ils sont tou
jours fort empressés'de se vendre les uns les
autres à beaux deniers comptans. ■
'Au printemps de 1851, M. Stieber avait
été envoyé' à Londres pour rechercher les
auteurs de plusieurs vols considérables ; il
n 'avait point mission de surveiller les réfu
giés politiques. Dans le courant de mai, un
tailleur, nommé; Nothjung, fut arrêté à
Leïpsiclt : il fut prouvé qu'il était l'agent
d'un comité socialiste établi à Cologne,
qu'il était chargé dè répandre des circulaires
«et de. recueillir des souscriptions. Les pa
piers saisis sur lui apprirent que le comité
de Cologne avait d'abord siégé à Londres,
qu'il ne s'était établi en Allemagne qu'à la
suite de querelles très vives ; qu'une autre
fraction continuait' à résider à Londres 1 et
avait conservé la caisse et les archives, ce
qui avait donné' lieu à l'échange de la cor
respondance la 'plus grossière et la plus in-
juriëuse.
Jous ces renseignemens furent transmis
à M. Stieber, avec l'ordre de les compléter
autant que possible: On se croyait sur la voie
'd'un'vaste réseau d'affiliations, qui embras
sait une grande.partiedu continent. M. Stie
ber su souvint que, désoles premiers jours
«de.son arrivéev"On, démocrate"en repom
s'était présenté à lui, et lui avait offert,
au plus juste prix, tous les ren'seigne-
mens désirables sur ses frères; M. Stie
ber n'avait pas accueilli .ces propositions,
parce que sa mission n'avait rien de politi
que. Il fit venir ce martyr du socialisme^ et
lui demanda s'il n'y aurait pas moyen de
mettre la main sur les archives du grand
comité. Le martyr répondit que c'était chose
très faisable, les communistes se contentant
de professer sans la pratiquer la haine du
capital : avec un peu de temps et de l'argent
comptant, il se chargeait de l'affaire.
M. Stieber retourna "à Berlin, et le 5 août
il reçut un ballot qui contenait toutes les" ar
chives du grand comité socialiste. A voir
cette immense quantité de lettres et de ma
nuscrits, M. Stieber crut qu'il était pris pour
dupe. Il n'en était rien, c'étaient bien tous ori
ginaux, avec toutes les marques de l'authen
ticité la plusihanifeste. Le martyr avait pous
sé l'exactitude jusqu'au luxe, il n'avait pas
laissé un chiffon de papier à ses frères. La
lecture de ces archives démontra que l'asso
ciation de Cologne n'était qu'une des moins
importantes; que le comité de Londres était
dèmeuré la tête d'une organisation redouta
ble qui avait des affiliations à Berlin, à Ham
bourg, ^Dresde, à .Leipsick, en Suisse, en
Belgique, à Valenciennes, à Paris et dans
plusieurs villes de la Lorraine, de l'Alsace et
du pays de Bade.. .
M. Stieber fut envoyé de nouveau àLondres;
il y acquit la preuve de tous les faits que les
archives avaient appris; il se convainquit que
le comité socialiste allemand vivait aux dé
pens de ses crédules adhérens;que toutes ces
souscriptions destinées en apparence à for
mer la caisse militaire delà future insurrec
tion, passaient en parties de plaisir et en dé
bauches. Il a exposé devant là cour crimi
nelle de Cologne que la source principale
de toutes les querelles et de tous les démêlés
des réfugiés, était précisément la répartition
des fonds ainsi escroqués aux dupes de la
démagogie. C'est pour la caisse que l'on se
divise ; que l'on se querelle et que l'on
s'excommunie au. nom du. peuple et, de
la fraternité. C'est, une question d'argent
qui a fait naître le comité de Cologne
en opposition au comité de Londres, et qui
a conduit à la découverte des deux concur
rent Comme il faut bien donner - quelque
chose aux souscripteurs pour' leur argent;
on s'acquitte "fen paroles, én menaces contré la
tyrannie, en vœux, pour -le bouheurdu peu
ple et pour l'établissement delà fraternité uni
verselle. Chaque fois que les fonds baissent,
ou que'les commis-voyageurs du parti accu
sent quelque froideur ou quelque méconten
tement chez les fidèles, on charge une des'
bonnes plumes du comité de rédiger quel
que manifeste incendiaire, quelque program
me bien pompeux et bien brûlant, qu'on
expédie sur le eontinent, et qui fait lever
une -nouvelle moisson d'espèces.
En 1851, les comités socialistes se flat
taient d'un prochain triomphe ; ils prenaient
leurs précautions pour le combat, et ils crai
gnaient d'alarmer ou de révolter leurs dupes,
en montrant leurs , principes , et leurs projets
trop à découvert. L'ordre avait donc été donné
de mettre des sourdines à la prédication ré
volutionnaire et de baisser d'un ton. C'est
ainsi qu'un des agens du comité, nommé.
Cherval, jadis, condamné pour faux à Aix-la-
Chapelle, et vivant grassement sur les cotisa
tions démocratiques, écrivait à-un des frères de
mettre un peu plus de réserve dans la prédi
cation de l'assassinat politique et dans l'an
nonce des exécutions en masse. Le principe
était bon, disait-il ; mais il ne fallait pas.
trop laisser voiries moyens qu'on voulait em
ployer. « Cela nous fait du tort, d'annoncer
trop ouvertement toutes ces mesures. At-
'» tisons la haine contré' les 'réactionnaires,-
» mais ne la.prêchons pas directement. J'ai
•» "bien ri de ta derïiière :exclamation La-;
'» mort, sans-phrases, pour toute la prêirail-
» le. » Ailleurs il est question-de mener les
robes noires à l'abattoir par cinquante à la fois,
et on se divertit de lapitoyable figure que fe
ront tous ces gens-là. Mais on ajoute aussi
tôt : -« Ce sont de ces choses qu'il faut garder
pôUr nous. » On pourrait citer d'innombra
bles lettres où les mêmes prédictions, les mê
mes plaisanteries, les mêmes recommanda^-
tions reviennent'sans Cessbi .
II paraît que des individus d'une position ^
sociale supérieure à la plupart des membres-
de l'affiliation communiste étaient corréla
tions avec elle. Ils ne sont jamais désignés
que par des noms de guerre qui ■ reparais-
sèot fréquemment dans la-suscriplion ou :
dans le texte des lettres saisies.
C'est grâce aux renseignement transmis
dé Berlin, et vérifiés par la police française
que, le 1- septembre 1851, M. Carlier fit
arrêter en une seule nuit, à Paris,'220jindivi-
dus qui se trouvèrent presque tousAllemands,
et qui furent ou condamnés parla justice ou /
expulsés du territoire. Des arrestationseurent'
lieu le même jour à Yalenciennes, à Mayen-
ce, à Brunswick et à Hambourg. Bientôt,
presque toutes les succursales du comité de;
Londres furent décimées par des arrestations,
ou soumises à une surveillance rigoureuse;
etles principaux coupables, ceux contre les-»
quels dés preuves matérielles suffisantes ont
été réunies, vont expier devant la cour de
Cologne leurs intrigUes criminelles ; en at
tendant que les besoins d'argent et les indis
crétions de quelqu'un des grands hommes
de la démagogie leur envoient des cômpa-
'gnons de captivité.■■■
CUCHEVAi-CLÀRIGNY.
Nous continuons de mettre sous les yeux
de nos lecteurs les informations qui nous
arrivent de Gonstantinople au sujet du refus
de l'emprunt. On se rappellera qu'à la date
du 10 octobre, .notre correspondant nous
ainnoçait que l'emprunt ne serait pas rati
fié. Une note du Moniteur nous a fait'con
naître que le refus de ratification avait été
en effet.prononcé. . . ^
Voici ce que.noùs mande notre correspon
dant à la date du 15 octobre :
La Turquie donne en" ce moment, dans
la personne de ses grands dignitaires, une
preuve de désintéressement et de patrio
tisme à laquelle on ne s'attendait pas, on
pourra voir par là tout ce qu'il est permis
d'espérer de ce pays. Par le refus du gouver
nement de reconnaître l'emprunt, le trésor
se trouvait ■ débiteur envers' la "banque de" 1
140 millions de piastres turques (environ
35 millions de francs), qu'il fallait paver tout
de suite pour s'éviter la honte et tous les dé-
sagrémens d'une faillite imminente. Cette
somme a été trouvée en cinq jours par
mi les dignitaires de l'empire et quel
ques-uns des principaux banquiers indi
gènes , soit au moyen de dons volontai
res' soit à titre de prêt, .portant un intérêt
qui sera fixé plus tard. Près de 80 millions
de piastres (20 millions de francs) étaient
déjà encaissés. Une remisjde 12 millions de
francs, destinée . à' rembourser le premier ,
versement de. l'emprunt a été effectuée: Une
portion, en lettres de change sur Paris et
sur Londres, a été expédiée, le 14 octobre,
par la poste de Vienne; le restant, en or, est
embarqué sur le paquebot français qui a quit-
té'Constantinople, le 15octobre. Une seconde
remise d'égale somme affectée à l'acquitte
ment des traites fournies par la Banque,
et qui échoient les 15 et 25 novembre et
le 5 décembre, a dû partir -le 25 octobre
sur la frégate chargée de transporter en
France le nouvel ambassadeur. Enfin une
troisième remise devant couvrir les échéan
ces de la Banque des 15" et 25 décembre et
5 janvier, sera expédiée par le paquebot du
5 novembre, après le retour de MoUktar-
Bey, qui est aile en Egypte demander à Ab-
bas-Pacha deux années de tribut, dont l'Une
anticipée.
Ainsi se trouveront réglées les dettes du
trésor enversla banque, en pe qui concerne les
engagemens de celle-ci vis-à-vis de l'étranger..
Quant aux autres sommes qu'elle réclame
du gouvernement, elles seront également
. payées. Toutefois on prétendait que les opé-
fritinns de la banque, relatives aux sommes
? fttaiûées aux anciens mimstresj allaient être
r'-i^bjet €'une en'qiiete* Sérieuse.
Pour remplir cette dernière obligation, le
gouvernemeni a démandé au commerce eu-
î ' ropéen un prêt de -40 millions de piastres
i .(fG; millions de francs), garanti par un dé-
| pàt'de bons du trésor (Serghis) portant in-
■ térêt et par le produit des mines de cuivre,
i Cette proposition a été faite dàrtsUric réunion
: ministérielle tenue le 13 à l'hôtel des Mon
naies et à laquelle avaient été appelés huit
r dfes principaux négocians européens. Cinq
d'entre eux ont souscrit, séàiice tenante,
: pour 2 millions et 1 /2 chacun. D'autres si-
> gnatures ont été données ensuite et on ne
doutait pas que la somme demandée ne fût
bientôt complété: : •
i Dans cette mêriie réunion, on s'est pro
noncé pour que la Banque fût maintenue,
mais avec d'importantes modifications dans
ses règlemens et dans son administration.
Là plupart des négocians ,prés.ens se sont
même engagés à venir à son aide âu besoin*
Vely-Paclia, le nouvel ambassadeur nom-
■ mé Paris, en remplacement du prince Calli-
.maki, est spécialement chargé d'expliquer,
au gouvernement et aux banquiers f rançais,
les motifs de la non r'eooûnâissaiiçe de l'em-
pi-unt. Ces motifs sont publics aujourd'hui,
dit notre correspondant : Fuad-Eflendi, mi
nistre des: affaires étrangères, les a fait con
naître dans la réunion de l'hôtel des -mon
naies; La Porte se plaint de l'interprétation
'tkiiméepar lesnégociateursde l'emprunta l'z'-
fadé (décret) du sultan qui autonsaitcetté opé
ration financière. Cetirade.mis sous lesyeux
des assistans. porte la date au 10 juin; il auto
rise effectivement la négociation ; d'un em
prunt, mais de 3t> millions de fr. à 6 0/0, et
pôùr quatre ans. G est surtout la prolonga
tion du terme qui a excite le mécontente
ment du sultan lorsqu'il en a eu connaissan
ce, ce qui n a eu lieu que le 2 de ce mois à
la sUite du conseil extraordinaire qui a ame
né' la chute du grand-visir euprovoqué d'im
portantes révélations sur la véritable situa
tion des finances, que Ion avait jusque là
cachée au souverain. •
•Il paraît que des instructions ministériel
les avaient modifié le décret ou iradé du
sultan, en portant à dix ans lé terme de
l'emprunt- tet en acceptant le chiffre de
50 millions. Mais ces - instructions, données
à l'insu du sultan, ne suffisent pas, au dire
des. ministres actuels, pour justifier la con
duite des négociateur^ de l'emprunt.
. -On travaillait nuit et jour a la Monnaie
pour remplacer, au moins en partie, le nu
méraire que les fortes-remises faîtes par le
gouvernement en Europe, enlèvent à lacir-
, culation. Presque- tous les pachas," indépen
damment des sommes qu'ils ont données en
numéraire,-ont fait fondre eux-mêmes une
partie de leur argenterie, et l'ont envoyée
■ en lingots à la Monnaie, sans même deman-
* d5r de rëçu. Il "est aussi question- de l'aban
don que les ministres et la plupart des hauts
employés auraient lait d'un.mois de leur
traitement, échu le 13. Enfin, il y a dans ce
moment-ci parmi les Turcs un mouvement
de patriotisme digne des plus grands éloges
et que l'on est forcé d'admirer, à quelque
point de vue qu'on le considéré.
Vély-Paclia, le nouvel ambassadeur en
France, est un homme encore jeune, qui a
reçu une très belle éducation et parle plu
sieurs langues, notamment le français, dans
la perfection. C'est le vils de Moustapha-Pa-
cha, ancien gouverneur de l'île de Candie,
et aujourd'hui président du conseil supé
rieur de justice. Vely-Pacha a dû partir le
25, sur la frégate à vapeur de l'Etat le Taïf.
. 11 emmène avec lui un nombreux personnel,
et tout annonce que son ambassade sera des
plus brillantes. Il doit être porteur de plu
sieurs cadeaux de prix que le sultan envoie
au président de la République.
On prétend que d'autres changemens ne
voiit pas tarder à avoir lieu (dans le corps
diplomatique, et que désormais la Porte ne
veut être représentée à l'étranger que par
des Turcs. ,.
Solyman-Pacha, exrgouverneur de Brous
se,, que l'on croyait destiné à occuper un
posté dans le ministère, vient d'être appelé
au gouvernement d'Alep.
Les dernières nouvelles de Tunis donnent
de vives inquiétudes sur la santé du bey.
Dans la prévision de sa mort prochaine, la
flotte anglaise ne quitte, pas çes parages.
Des lettres de la Perse, en date de la fin
de septembre, annoncent queplus de quatre
cents individus de la secte dés Baabis, ac
cusés de complicité dans l'attentat commis
dernièrement contre la personne du schah,
avaient-été exécutés à Téhéran. Une grande
agitation régnait dans le pays s t. bosiïace.
n'est par une ordonnance impériale du
11 de ce mois, que Vely-Paclia est nommé
ambassadeur de la Sublime-Porte à Paris,
en remplacement du prince Callimaki, qiii
n'avait que le titre d'envoyé extraordinaire
et ministre plénipotentiaire.
« Conciliant par nature, plein de modé
ration et de courtoisie, on peut ètre^sûr, dît
le Journal de Constantinople , qu'il* mettra
tous ses soins à resserrer de plus en plus les
relations qui existent entre la Sublime-Porte
et la France, sans perdre un instant de vue
les légitimes intérêts de son gouvernemeriî.
Ifomme d'étude et d'observation, il acquerra
promptement, dans ce vaste foyer de lu
mière où il va bientôt se trouver, et au con
tact des plus grandes sommités de l'Europe,
ce qui peut lui manquer encore pour mar
cher avec succès dans une carrière , qui s'ou
vre ptfiir la première fois devant lui. »
Nous avons des nouvelles d'Athènes'du 17.
L'escadre anglaise, sous les ordres de l'ami
ral Dundas, avait quitté la rade de Salamine,
pour sb rendre à Corfou.et à Malte.
Le lord h'aut-commissâire des îles ionien
nes avait eu l'honneur de dîner, à la table
royale le lf>. ainsi que M. le comte Baccioc-
chi, arrive le 10 au Pyrée sur le navire à va
peur le Magellan. Le comte Bacciocchi se
rendait a Constantinople en mission ex-
traoïduiure niaib il avait l'ordre de pas
ser par Atnenes pour complimenter la reine
au nom du prince-Président. M. Bacciocchi
a été reçu par la reine, immédiatement
après sa sortie de quarantaine.
Le . Morning-IIerald contient un article de
fond sur les' assurances pacifiques du dis
cours de Bordeaux-/ Il blâme cette hostilité
systématique de ; quelques journaux anglais
qui,'tout .en reconnaissant qu'il n'est ni dans
|leè inclinations personnelles du prince-Pré
sident, ni dans l'intérêt de la France de faire
la guerre, persistent cependant à semer l'a
larme et à faire craindre la guerre qui doit,
selon eux, nécessairement résulter de la
position de Louis-Napoléon.
La solution de la crise ministérielle en Bel
gique est encore ajournée. Il paraît, dit l'E
mancipation, que M. Henri de Brouckère, en
Srésence de 1 attitude prise par la chambre
ans la .formation de son bureau, a considé
ré son ministère comme impossible.
L'Indépendance n'est* pas moins formelle :
« Le bruit était assez généralement ré
pandu hier, dit ce journal, qu'une des pre
mières conséquences des votes de la chambre
pour la composition de son bureau, serait
le rappel de M. H. de Brouckère auprès du
roi.
» Quelques .personnes allaient plus loin
encore;*elles présentaient la chose comme
décidée, et fixaient à aujourd'hui ou demain
au plus tard la publication des arrêtés royaux
portant nomination des membres du nou
veau cabinet.
» Nous regrettons sincèrement de devQir
dire que ces rumeurs étaient mal fondées,
car on donne comme positif e't certain que
M. - H. de Brouckère est décidément résolu à
ne pas entrer au pouvoir. »
La chambre paraît avoir compris la diffi
culté de la situation. Elle a dû achever hier
de nommer les commissions permanentes,
et l'on pensait qu'elle s'ajournerait au se
cond mardi du mois prochain, c'est-à-dire
au 9 novembre.
A supposer qu'un cabinet soit formé p.our
cette epoque, la crise aura duré environ
cinq mois., - L. B oniface.
• On lit dansée Morning-Post :
« Le zèle et rintelligencè de notre correspon
dant de Paris nous met à portée de placer sous
les yeux de nos lecteurs des faits d'une grave im
portance. D'après les représentations amicales des
puissancesalliéesduroi des Belges, en ce moment
sans" ministres, deux prévisions sont inévitables.
La'première, que les puissances qui, en donnant
tîn'c'existence à la Belgique, ont garanti sa per-
manèncey'sont convaincues que la continua
tion de l'état'de choses qu'elles ont garanti est
sérieusement c©mp"roniis par une faction. La se
conde, que ces puissances voient, sans s'en trou
bler, la démonstration récente du peuple français
en faveur du rétablissement de l'Empire. Nous A . .-
mentionnons cette dernière question'que rpoui-y i
revenir plus tard; la première est plus urgente.
Conformément aux recommandations;-.des; puis--
sancel contractantes, le roi des Belges ; posera
pour condition tine quâ non dans. Information
du nouveau cabinet, qâe ce dernier présenter a aux
chambres un projet de loi imposant quelques res-,
tricticins à la licence de la presse belge dans l'ex
pression de son opinion'relative aux Etats étran
gers et ainis. Cette licence a été exclusivement' 1 .,
l'ananage de ce qu'on appelle - la pressé : libérale,
(tui ne souffrira pas qu'un cabinet libéral admette
cette condition. Un cabinet conservateur pour
rait le faire; mais un cubiiiet conservateur pro--
noncerait ainsi sa propre sentence , d autant
plus que la tendance de î;: législature vient,
de se manifester par l'élection de'.M. Delfosse, can
didat litjérai, à la présidence de il chambre des-
députés. Il y a donc une véritable .crise. Il faut,;
dans la garantie des alliés, comprendn:' non-seu
lement l'existence constitutionnelle de la Belgique, :
mais aussi sa neutralité ; et sa neutralité ujspa-
raît évidemment devant les attaques systématiques
contre l'action libre d'un Etat ami, et l'excitation
à l'assassinat du chef qu'il s'est choisi. Les puis-»
sances alliées accomplissent àmicalemênt le devoir
que leur position leur. imposé, et le roi ne peut
rien- car, des deux "partis qui composeSnt les hom
mes politiques du pays, l'un ne veut pas, l'autre
ne peut pas faire ce qu'on leur demande à tous
deux. Où donc, alorti. trouvera-t-on un cabinet ?
Et à qui la France adressera-fr-elle ses justes re
montrances? C'est au parti libéral en Belgique 4
répondre cette question de ses compatriotes, qui
doivent leur prospérité croissante*à la neutralité
garantie en leur faveur par le traité qui les a ren
dus citoyens indépendans. ; .
» Les nouvelles de Turquie, qui nous parvien
nent de Paris par la même lettre, sont importan
tes à un autre point de vue ; elles portent sur les
intérêts anglais. Il est maintenant hors d.e doute
que la Porte-Ottomane refuse péremptoirement
de ratifier l'emprunt contracte par la banque-
de Constantinople. Le remboursement des fonds
déjà versés peut suffire aux premiers souscrip
teurs ; mais quant à ceux .qui ont payé 8
ou 9 0/0 de prime, la perte est rude et
sans ressource. La question n'est pas de celles où
notre gouvernement puisse intervenir; le coutrat
a été volontaire de la part des souscripteurs, et
ils île peuvent s'en prendre qu'à eux-mêmes <î&
leur ignorance de ce qu'il existe encore, comme •
toujours, à Constantinople, : un esprit de fanatis
me. Il se peut aussi qu'on ait vu ailleurs avec dé
plaisir l'influence qu'une avance considérable
d'argent pourrait donner à la France ou à, l'An
gleterre. L'empressement de certains capitalistes'
anglais pourrait donc, en affaiblissant la puissance
de l'Angleterre auprès du gouvernemenf turc, !
mettre définitivement en péril notre ancien com- ■
merce, dont les profits moins rapides, il est vrai,
étaient du moins plus certains que ceux d'un em-
prunt. » -
Douze Colonnes du journal officiel sont
encore* remplies aujourd'hui par des adres
ses de communes qui demandent l'Empire,
et surtout par la liste des compiunes des dé-
partémehs de la Sèine-Inférieurè, de la Meu
se, de l'Eure, de la Charente-Inférieure et de
la Seine, qui ont signé ces adresses : la liste
de la Seine-Inférieure comprend les noms
de plus de 700 communes.
Voici l'adresse du conseil municipal de
Sceaux : .v - - .? ■ •
«Le conseil municipal de la commune de_ Sceaux
s'est associé avec empressement .aux témoignages
de reconnaissance dont l'immense majorité du
pars a salué l'acte par lequel vous l'avez, le 2 dé
cembre, préservé de l'anarchie.
» Avec cette même majorité, il donne son en
tière adhésion à tout ce qui affermira dans vos
mains l'énergique autorité . de' laquelle seule la
France peut attendre la garantie de son repos in
térieur et de sa prospérité. »
MALLE DE L'INDE.
Par le Caradoc, capitaine Derriman, arrivé
le 26 au matin à Marseille/ nous recevons,
dit le Courrier, nos correspondances de l'In
de. Les dates sont de Calcutta du 30 septem
bre, 'et de Bombay du 2 octobre. La malle
qui a passé par Marseille, le 27 juillet, est
arrivée à la Pointe-de-Galles le 20 août, à
Madras le 23,et à Calcutta le 28; celle passée
le 11 août est arriv.ée à Bombay le 5 sep
tembre et à Calcutta le 13 du même mois ;
celle partie aussi de notre port le 27 août, a
touché à Bombay le 23 septembre.
Le gouvernement venait d'envoyer de&
renforts au général Godwin, qui, on le sait,
commande l'expédition contre les Birmans ;
l'envoi de ces troupes porte l'effectif de l'ar
mée anglaise qui opère dans ces contrées à'
15,000 hommes, d'infanterie et 1,000 'hom
mes de troupes d'artillerie et du génie.- Les
dernières nouvelles de Ran'goun, théâtre de
la guerre, vont jusqu'au 12 septembre. S'il"
faut en croire les correspondances anglaises,
la plupart des habitans se prononceraient
pour l'occupation britannique. Le gouver„
Le Constitutionnel commencera, le 3 no
vembre, la publication d'un romafl nouveau
ayant pour titre:: • .
CMEWÉE t)E ¥A11VIIJLE, ,
i* en2volumes, . :: ;
PAR M 1 »» VIRGINIE AKCELOT.
FEUILLETON DU CONSTITUTIOHNELv 30 OCTOBRE.
SOUVENIRS JUDICIAIRES.
LA LESCOMBAT.
' ' II. ' ■ 1
Lorsqu'on releva le cadavre de Lescom-
hat, on . trouva dans ses poches deux li
vrés. . L'un était intitulé : Etrennes spiri
tuelles contenant l'office en latin et en français;
et-l'aiitre : La brance galante, ou Histoire
amoureuse de la cour. Ces ueux livres, si diffé-
rens, étaient parfaitemen t en rapport avec le
caractère que cet homme se donnait dans sa
confession. Nous ne nous étendrons pas sur
les détails qu'elle contenait, parce cpi'ils ne
sont rien moins qu'édifians. Enfant, il
avait préludé aux crimes de sa vie par des
larcins beaucoup plus considérables que ceitx
qui sont avoues par J.-J. Rousseau et par
saint Augustin; il avait volé de l'argent!
Successivement escroc et faussaire, il s'était
livré sans contrainte aux plus sales et aux
plus abominables passions ; l'ivrognerie était
son moindre vice. Depuis long-temps le feu
du ciel eût dû abréger sa carrière, mais la
justice divine s'était contentée de lui infliger
ce mal qui défigura le docteur Pangloss.Clio-
se étrange ! au milieu de cette vie souillée de
vices et de 'crimes, Lescombat avait conser
ve l'habitude des pratiques religieuses. Dans
sa Confession il s'accuse d'avoir parfois des
distractions dans les églises et de rechercher
les confesseurs les.moins sévères pour obte
nir plus - facilement l'absolution de ses fau
tes". Qu'on ajoute à cela qu'il croyait aux
soréiers, et l'on aura le portrait exact decèt-
te individualité bizarre et ignoble à-la fois..
On se rappelle que ses dernieres paroles, au
moment où il vomissait des flots de sang,
avaient été celles-ci : « Un confesseur ! un
confesseur !... » Au milieu des angoisses de
la inort, avait-il enfin été touché d'un re
pentir sincère ? Etait-ce une dernière fluc
tuation de cette ame faible et profondément
. gangrenée t Toujours est-il que la Société,
en perdant Lescombat , avait perdu ùn
: membre peu digne d'être regretté.
C'était probablement ce que sa veuve avait
voulu faire comprendre aux magistrats en
gardant sur elle la confession de son mari.
Peut-être en le montrant sous son véritable
jour avait-elle espéré rendre.plus admissible
la fable de Mongeot? Nous ne saurions dire
au juste quel fut son but, mais il est certain
que la justice ne se laissa pas'prendre au
piège qu'on lui tendait. La mort d'un hom
me, quelque impur qu'il soit, doit être sui
vie d'une expiation, et, d'ailleurs, la Les
combat n'était pas assez pure elle-meine pour
se couvrir de l'indignité de son mari. '
Elle fut conduite au For-l'Evêque et appe
lée devant M. de Sartines pour subir un in
terrogatoire.
Elle avait vingt-
n'a que trop de penchant à çhanger tout tré
teau en piédestal, ce tréteau, fût-il un écha-
faûd, la Lescombat eut bientôt de nombreux
admirateurs. On se hâta de reproduire ses
traits et de les livrer au public.Elle avait, dit
un auteur du temps (1), la taille bien prise,
l'œil noir et bien fendu, sa gorge était belle
ainsi que sa main et son bras, sa peau était
d'un blanc à éblouir. Il est facile du reste de
vérifier, de nos jours, la beauté de sa main.
Une-épreuve de cette main fine, paresseuse,
potelée, ornée de fossettes gracieuses, se re
trouve chez tous les mouleurs.
« M. de Sartines était jeune alors, dit
Mercier, il sut se défendre des charmes de
la Lescombat, quoiqu'il fût dans l'âge des
passions ; cela lui fit lioiineur et contribua à
son avancement.-»
Elle était, donc belle, le fait est certain.
Elle s'appelait Marie-Catherine Taperet.Lors
qu'elle se maria, elle était orpheline ; une
vieille grand'mère, qui demeurait dans la
rue Saint-Denis et qui n'était pas riche, l'avait
élevée. Cela semble indiquer que Mlle Tape
ret était née sur les extrêmes confins de la
petite bourgeoisie. C'étaitpresque une griset-
te. Peut-être sapremière jeunessese passa-t-
elle dans un magasin de modes ? Peut-être,
gâtée par une grand'mère indulgente, dé-
pensa-t-elle_son temps à lire des romans et
a se regarder dans le miroir. Les romans
lui racontaient des aventures et le miroir
lui en promettait, non pas toutefois de celles
qui finissent par une potence.
Elle aimait la toilette et le far niente. En
plein XVIII" siècle comme de nos jours,
elle eût pu, tant qu'elle eût été jeune et belle,
mener cette vie de nonchalance et de luxe
qu'elle semblait avoir rêvée. Elle avait un
frère garçon dans un jeu de paume, qui ne
demandait pas mieux que de jouer auprès
d'elle le rôle que Lescot lo garde-du-corps
joue auprès de sa charmante sœur dans le
roman de l'abbé Prévôt. Au lieu de se jeter
» ! a :——: . - ^
(.1) Lettre d'un Français à un Anglais; petit
iii-12. . ■ , > :
dans cette vie d'aventures/ elle se maria;
elle épousa un homme ascétique et cra
puleux à la fois , jaloux et inquiet, bru
tal" et pauvre. Ce -n'était pas là le mari qui
lui convenait. Un mari quelque,peu myope et
d'un caractère facile eût été bien mieux
son affaire. C'est pourtant une justice à ren
dre à la Lescombat, on ne trouve dans le
dossiër aucune trace de désordres antérieurs
à sa liaison avec Mongeot; et cette liaison a
tous les caractères d'un amour sérieux, pro
fond et désintéressé, surtout de la part de la
Lescombat; il débute chez elle par le dévoû-
mènt, elle tire son amant,de prison. Mongeot
était d'ailleurs aussi gueux (pie Lescombat.
Ce ne fut donc pas en Danaé qu'elle se jeta
dans cette intrigue. Il y a dans le dénoûment
de ce drame intime quelque chose de violent 1
et de sanglant qui ne va pas au caractère de
femme galante attribué par quelques auteurs
à la Lescombat. Une femme galante trompe
trop facilement son mari pour avoir besoin
de le tuer. Quand il-la bat, elle le quitte, elle
ne l'assassine pas; l'assassinat en cette ma
tière est l'indice d'une ame profondément
pervertie, mais qui n'a pas bu toute honte.
On l'interrogea sur ses relations avec Mon
geot.
— « Jamais, répondit-elle, je n'ai eu avec
lui les relations que vous entendez.
— » Cependant, vous ne nierez pas que
votre mari ne fût très jaloux de Mongeot?
— » Que pouvais-je y faire? Il était jaloux
même de mon frère ! n
Et elle se plaint de la brutalité de son
mari.
On lui parle de la déposition de la ser
vante.
— « Voilà un beau témoin! répond-elle,
une servante qui me volait et que j'ai en
voyée se faire pendre ailleurs !»
Elle nie être allée chez Mongeot, rue Dau-
phine, si ce n'est deux fois pour réclamer
l'arriéré de la pension. Et quand on lui dit
que la veille même du crime on l'a vue dans
la chambre de Mongeot essayer la pointe de
l'épée qui devait tuer son mari, elle répond:
—« C'est un mensonge ; je n'ai pas bou
gé de chez moi le jour que vous dites ! >v
" En un mot elle se défend avec énergie et
sang-froid. Les réponses de son frère Ge-
neste Ruelle, gui avait été conduit au Châ-
telet, concordaient parfaitement avec les ré
ponses faites par la Lescomba*. Le juge était
fort embarrassé. L'adultère paraissait assez
clairement établi; mais la preuve dé com
plicité dans l'assassinat ne résultait que du
fait de la pointe d'épée éprouvée. Or, il n'y
avait qu'un seul témoin de ce fait, et dans
notre ancienne jurisprudence/ il fallait au
moins deux témoins pour faire la preuve
d'un fait (testis unus, testis nullus ). Pour se
procurer les preuves qui lui manquaient, le
juge eût recours à un moyen qui n'existe
pas dans notre Code d'instrûction criminelle :
il publia des monitoires.
En vertu de lettres monitorialés obtenues
de l'official, les curés des églises paroissiales
de Paris durent faire dans leur prône, pen
dant trois dimanches consécutifs, injonction
a tous les fidèles de révéler ce qu ils pou
vaient savoir au sujet de l'assassinat de Les
combat et des circonstances établissant la
complicité de sa femme et son beau-frère,
et ce sous peine d'excommunication.
Les prônes eurent lieu pendant trois di
manches, et aucune révélation ne fut faite.
La Lescombat et son frère présentèrent alors
une requête a fin d'être mis en liberté. En
tre autres motifs de cette mesure, la Lescom
bat alléguait le terme prochain de sa gros
sesse.
On fit droit à leur requêté. sans trop de
de difficultés, car, après deux mois d'incar
cération, ils furent relâchés. Il fut dit, tou
tefois, dans l'ordonnance de mise en liberté,
qu'ils seraient tenus de se représenter à la
première réquisition, et qu'ils resteraient en
état d'ajournement personnel.
Il fallait ensuite songer à faire le procès de
Mongeot; mais à .cette occasion le Châtelet,
qui d'ordinaire pourtant se montrait assez
expéditif, procéda avec beaucoup de lenteur.'
Plus d'une année s'écoula avant que la con
damnation de Mongeot fût prononcée. Ce n'é
tait pas que la conviction des juges ne fût
déjà complètement arrêtée, mais uo accident
politique entravait a cette epoque le cours de
la justice, et prolongea ainsi les jours de
l'assassin. -
Au sujet des billets de confession, la vieille
querelle des jansénistes et des molinistes s'é
tait ranimée. Le parlement s'était mis en
guerre ouverte avec l archeveque de Paris.
Le roi, ayant pris parti pour l'archevêque,'
envoya des lettres de cachet aux conseillers
les plus insoumis et exila la grand'chambre
à Pontoise. Lâ grand'chambre refusa de
rendre la justice, et on créa une chambre
royale composée de conseillers d'Etat, qui
n'osaient pas juger,, parce que le public ne
les prenait pas au sérieux et qu'ils ne se pre
naient pas au sérieux eux-mêmes.
Le Châtelet s'était déclaré en faveur du.
parlement. Dans ces circonstances, un voleur
nommé Sandrin, ayant été condamné à être
pendu, par le Châtelet, comparut en appel
'devant la chàmbre royale, qui confirma la
sentence. Le Châtelet prétendit que le par
lement seul avait le droit de statuer sur ses
sentences, et il refusa de pendre le coupa
ble. Le rapporteur de cette cause criminelle,'
nommé Milon, fut mis à la Bastille pour n'a
voir point fait pendre Sandrin. Le Cbâtelef
alors cessa ses fonctions comme le parle
ment, et il n'y eut plus aucune justice dans
Paris.
Voilà pourquoi le procès de Mongeot ne
s'instruisait pas. Mais les choses s'etant ar
rangées et le parlement ayant été rappelé à
l'occasion de la naissance du duc de Berrv
-(août 1754), la justice reprit son cours ordi-
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