Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-10-28
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32747578p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 28 octobre 1852 28 octobre 1852
Description : 1852/10/28 (Numéro 302). 1852/10/28 (Numéro 302).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUMÉRO 303.
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Nous les prévenons que nous n'acceptons que
des abonnemens de trois mois, et que nous
tenons à leur disposition* tout l'excédant de
la somme de 8 francs. '*
PARIS, 27 OCTOBRE.
Une fourniture considérable de bois de
construction-yie'nt d'être adjugée par le .dé
partement dp la marine. Elle était diviséç en
"vingt-trois lots. Huit ont été soumissionnés
avec un rabais total de 316,600 francs. Un
seul a été adjugé au prix de base. Quatorze
ont été l'objet d'augmentatioris qui s'élèvent
à la somme totale de 2,056,900 francs. En
publiant ce relevé," un recueil spécial, Tés
Annales forestières, se demande quelle est la
cause de résultats si différens ; il déclare
que les prix de baseétaient suflïsans et que
la fourniture, pouvait être faite aux condi
tions fixées par l'administration de la ma
rine.'' ;' '
Nous sommes tout disposés %. le croire.
C'est un nôuveaumotif de nous élever con
tre le système des adjudications. Cette in
vention démocratique, inspirée par l'envie
et la méfiance, se mble avoir eu pour but de.
mettre les gouvernemens en suspicion.et de
les tenir en échec. Elle a souvent été fu
neste à la fortune publique, dont elle a-
l'air de protéger les intérêts y car elle a
souvent porté les fournisseurs à prendre
des engagemens qu'il leur était impossible
de tenir. Ce système est surtout mauvais, à
notre avis, pour la fourniture des bois des
tinés au service de la marine. Nous ne pou
vons que louer le scrupule avec lequel l'ad
ministration de la marine se conforme, à cet
égard, aux usages établis; mais il est à sou
haiter qu'elle puisse s'en affranchir. On em
ploie, pour la construction de la flotte, des
bois qui deviçnueiitde jour en jour plus rares.
Non-seulement le-génie maritime a besoin
d'arbres d'une excellente qualité, mais aussi
d'une grande dimension et' de conformation
toute particulière. Parexemple, tous les vais
seaux ont aujourd'hui la poupe arrondie ;
or, cette partie d'un bâtiment n'a toute la
solidité désirable que si les pièces de bois
employées à sa construction ont une cour
bure naturelle.
Autrefois, la marine se procurait facile^
ment dans'nos forêts les bois nécessaires.
C'était au temps du martelage. A cette épo-
ijue, des agens de ce département ministé
riel étaient distribués dans toute rétendue
de la France, avec mission de marquer,
dans chaque forêt appartenant soit aux par
ticuliers, soit à l'Etat, les arbres propres à
être utilisés dans nos arsenaux. Le gouver
nement se réservait un 'droit de préemp
tion sur ces arbres. Il les faisait abattre et
les achetait lorsqu'après examen il les ju
geait bons pour l'usage auquel ils étaient
destinés. Les propriétaires de bois se sont
. «levés contre ce privilège de l'Etat. Ils le re
gardaient comme préjudiciable à leur inté
rêt,' parce que la marine ne faisait pas tou
jours acquisition des arbres abattus, quoi
qu'elle les eût marqués sur pied. On ne sait
jamais ce que recouvre l'écorce d'un arbre.
Souvent le bois du plus "bel, aspect a des dé
fauts intérieurs. Les agens de la marine
n'admettaient pas les bois de cette espèce.
"Le martelage engageait les propriétaires avec
l'administration et n'engageait pas l'adulé
nistration avec'les propriétaires. On l'a donc
aboli. i -
y Cette mesure a semblé* dans le principe,
avoir de bons résultats. Les propriétaires
ont_profité de la faculté qu'ils-recouvraient
de disposer de leurs futaies, pour abattre,
sans distinction, tous les arbres que lé mar
telage les eût obligés à conserver auparavant,
et qui n'eussent été exploités qu'au fur et a
mesure des besoins de la marine. Dans les
premières années qui ont suivi l'abolition
du martelage, les fournisseurs des arsenaux
ont pu se procurer en abondance et à bon
marché les bois de construction. Mais la pé
nurie a succédé à la prodigalité. Aucune ré
serve n'avait été faite, et quand les appro-
visionnemens ont été épuisés, il est devenu
très difficile de trouver, même à très'haut,
prix, les bois indispènsables.
La marine n'avait ças à se préoccuper de '
cet embarras.-Pour obtenir sa renonciation
au droit de martelage, on lui avait garanti
les approvisionnemens dont elle avait be
soin. Elle n'avait donc pas autre .chose à fai
re qu'à mettre en adjudication, d'après les
lois existantes, la fourniture des bois dont
elle manquait. C'est ce qu'elle fit en 1846,
après qu'un crédit spécial de 93 millions eût
été mis, par annuités, à sa disposition pour,
l'augmentation de la flotte. On eut des adju
dicataires, on en a toujours ; mais plusieurs
marchés ne "purent être exécutés, notam-,"
ment à Rochefort et à Lorient! -,
' Ce qui augmente la rareté des bois de qua
lité supérieure tels que ceux qu'emploie la t
iparine, c'est le mode d'exploitation des fo
rêts en France. Un de nos plus habiles direc
teurs des constructions navales a fait, à cet
égard, un exposé fort intéressant devant la
commission d'enquête parlementaire sur la]
marine. Il y a deux manières d'exploiter les 1
forêts: l'une*consiste à couper les arbres par>
le pied; l'autre a ies faire tomber avec leurs*
racines. La première est usitée en France,
la seconde est généralement suivie en Alle
magne.
En coupant les arbres au pied, on laisse;
en terre la souche dont la surface présenté
une concavité. Les eaux pluviales y séjour-'
nent et forment avec la terre et les feuilles
mortes qui s'y réunissent, un fumier dont,
l'action' destructive provoque la poifiTiture
de. la souche. Dé : ce tronc gâté s'élancent
pourtant bientôt des jets nouveaux qui se
développent d'abord rapidement "et pren
nent les proportions de jeunes arbres. Mais
•bientôt leur croissance est arrêtée par lamau-
, yaise qualité des sucs qu'ils puisent dans
"la souche pourrie ou ils adhèrent. Ils n'ac
quièrent jamais un grand développement;
Lorsqu'ils sont coupés à leur tour, les sou
ches qu'ils laissent augmentent le foyer d'in
fection d'où partent cependant de nouveaux
rejetons. Mais ceux-ci n'ont aucune vigueur ;
ils apparaissent, suivant l'expression du fonc
tionnaire que nous citons, comme des êtres
rachitiquès. Lors des nouvelles coupes ré
glées, ces soliveaux dégénèrent successive
ment en bon et mauvais taillis; enfin le tout
se transforme en bruyère. C'est ainsi que les
forêts périssent par leur base, qui se change
en pourriture. • '• - .
Le mode d'abattage, qui consiste' à faire
tomber les arbres par la racine est plus dis
pendieux, "moins productif, mais il indique
plus de prévoyance. Le renouvellement des
futaies se fait par .la semence jetée dans la
cavité que les arbres découvrent en tom
bant. Pour peu qu'on ménage aux jeunes
pousse's l'air et l'espace nécessaires, elles
prennent, avec le temps, reilles à celle de l'arbre auquel elles ont suc
cédé. Mais, pour apprécier une telle métho
de, il faut se bornerjt des profits modestes ; il :
faut ne pas escompter l'avenir, ne vouloir pas
jouir beaucoup et vite, et savoir planter
pour les autres : « Mes arrière-neveux me
devront cet ombrage, » dit le vieillard de La
Fontaine aux trois jouvenceaux' qui riaient-
de le voit planter, et qui, tous trois, sont,
morts avant lui. Les Allemands sont un peu
ple bien ordonné et calme, dont l'avenir est'^
-bien assis, et qui se-fait un devoifde-pïépaï'.
rer les ombrages dont jouiront les générav
-tions suivantes. Chez nous> chacun tire après
■soi l'échelle, 1 et ce n'est pas sans quelque
prétexte, après tant de révolutions. ;
; La rareté des beaux bois provient donc de
l'abus qu'on a fait des forêts. Mais en suppo
sant qu'il s'en trouve encore, comme ion
l'assure, en assez grande quantité pour suf
fire abondamment;à tous les besoins de la •
marine, comment les fournisseurs pour
raient-ils les découvrir ? !
Au temps du martelage, l'administration:
de la marine disposait d'un personne} très
nom.br. ux d'agens répartis dïyis chaque
circonscription forestière, et dont l'unique,
occupation consistait à choisir, un à un, les
arbres propres aux constructions navales.
Les fournisseurs de la marine n'ont pas ces
intermédiaires, et ils ne possèdent pas d'ail
leurs les moyens d'informations suffisantes.
Les propriétaires de bois ont désappris à
traiter avec la marine et à lui réserver les
pièces qui lui conviennent. L'énorme con
sommation de charpente qu'on a faite ,
depuis quelques années , l'établissement'
des chemins de fer et la construction de tant
.d'édifices qu'on élève sur tous-les points de -
la France, ont absorbé tout ce que nos forêts
produisent, el les prbpriétairës, après avoir* '
cessé leUrs anciens rapports* avec nos arse
naux, n'ont pas éprouvé la nécessité d'y re
venir pour placer les bois provenant des
coupes réglées. Les fournisseurs sont donc
obligés de. s'en tenir aux renseignemens que
leur donnent un petit nombre de courtiers,
ignorant généralement ce qui convient $ la
marine, et intéressés à présenter sous le
plus bel aspect les bois dont "la vente leur
vaut un droit de commission. \ ,
AuSsi une très grande partie des bois ap
portés dans nos ports sont dans lé cas d'être
refusés par les commissions auxquelles on
les présente. Lorsque les préfets .maritimes
ou les inspecteurs généraux jugent qu'il est
indispensable de rappeler les fournisseurs à
l'exécution de leurs marchés, ils recomman
dent aux membres des commissions, non de
montrer de "la sévérité, mais de s'en tenir
strictement aux conditions stipulées' lors des
adjudications. Alors la presque totalité des
bois offerts sont repoussés. On a vu, dans
un port y refuser L'admission de deux cent
quarante-neuf pièces sur deux cent cinquante
qui avaient été soumises à la commission ;
mais les autorités maritimes ne recourent à
de telles-extrémités que dans les cas extrê
mes, et quand il devient absolument néces
saire de ramener l'ordre dans les fournitu
res. Généralement on accepte, dans les ports;
un approvisionnement inférieur à celui que
l'adjudicataire s'était engagé à fournir, p$rce
qu'on lui tient compte d'obstaclesfpresque
impossibles à surmonter.
Une, grande quantité de bois, toutefois,
est rebutée chaque année, et ces- refus,
d'ailleurs impérieusement commandés par
la conscience des officiers, suffiraient sou
vent pour ruiner les fournisseurs qui au
raient contracté avec l'Etat à des prix mo
dérés, car ils ont à supporter pour les piè
ces refusées, comme pour les bois admis,
les frais d'exploitation, de transport, de flot
tage, de commission; Mais, dans la prévision
de ces rebuts, laplupar tdes soumissionnaires
ont soin de demander à l'Etat, lorsdel'adju-
cation, des augmentations de 20 et 30 0/0.
Afin d'engager l'administration à y souscrire,
ils promettent de fournir une quantité de bois
de première qualité plus grande que celle qui
se trouve stipulée dans les marchés proposés
par la marine. Cet arrangement leur assure
un bénéfice énorme sur les bois de qualité
inférieijre. Ouant aux autres b,ois, ils ne par
viennent .pas ordinairement à en livrer la
quantité prévue et promise Quelques-uns
même ne l'essaient, pas, et se résignent d'a
vance à la perte de leur cautionnement. - î
■ De tout ce qui précède, il nous semble ré
sulter que l'adjudication est une mesure
&mauvaise, surtout, pour, la fourniture-,des
■^'bois ,àc-construction. Dans la marine on a
demandé le rétablissement du martelage:
L'administration des forêts n'eu veut pas
entendre parler, et elle est secondée par les
vœux de tous les propriétaires forestiers.
Mais tout le monde s'accorde à dire que la
marine et les propriétaires de bois auraient
unavantage mutuel à rentrer en relations di
rectes. -
A cet effet, la commission d'enquête par
lementaire avait; proposé* de supprimer les
adjudication? en matière de bois. L'admi-
îiistration de la marine aurait fait connaître,
à mesure de.; ses besoins,- les espèces et les
formes de-bois qu'elle aurait proposé d'a
cheter. Elle aurait ensuite reçu les offres des
propriétaires qui, seuls, sont aptes à dire ce
que renferment leurs forêts. Puis,elle aurait
tait son choix en traitant de gré à gré.
• Ces conclusions nous paraissent excellen
tes, et il. est à souhaiter que l'application
puisse en être faite à l'avenir. benaln.
Le Siècle ne sait et ne croit des affaires de
Turquie que ce que le Journal de Constanti-
' naple lui en apprend. Il veut bien nous le dé
clarer ce matin. Nous n'avons rien à dire à cet
aveu modeste; mais nous ne comprenons pas
pourquoi le Siècle nous fait un crime d'avoir
a Constantinople un qprresjiondant bien in-
%ï'nïé, et-dfe communiquer 'ait public les
renseignemens qui nous sont transmis. C'est
d'ordinaire dans ce .but que les journaux
ont des correspondans. Il est tout simple,
d'ailleurg, qu'un homme fort au courant des
affaires turques et, depuis longues an
nées ,. en position d'être fort bien ins
truit , ait pu nous en dire 'plus long
qu'un journal serai-officiel/vieux de plu
sieurs Jours, et obligé, jsar position, a ne
point parler. De là ces détails si complets y
si précis et si exacts qui causent le naïf éton-
ne'ment du Siècle. ' .
^ L'emprunt n'a pas été ratifié. Le Siècle,
l'ignorait, et même, dans sa sagacité, il-s'at-'
tendait à un résultat tout contraire à celui;
que nous annoncions. Nous n'y pouvons
rien;'pn n'est pas maître de changer les j'aits.
Le Journal des Débats publie ce matin une
dépêche télégraphique qui confirme nos nou-
relles, et le Siècle, s'il se défie du Journal des
Débats et de nous,pourra lire cettemèmedé-
pêclie dans tous les journaux anglais. Le
Siècle y verra en outre qu'à lu? bourse de
Londres, le second versement de l'emprunt'
a été indéfiniment ajourné. ■
-Cette résolution prise par. les concession
naires de l'emprunt; s'explique tout natu
rellement.par la lettre suivante, que le mi
nistre des affaires, étrangères a adressée, dès
. le 10 octobre, aux directeurs de la Banque
de Constantinople, et qui était le présage du
refus définitif de4a ratification: *
A Màf. A lleon et Ballazzi, directeurs de la Banque,
à Constantinople.
Sublime-Porte. — Ministère des affaires étrangères.
■ ' « Le 10 betobre 18oî.
» Messieurs,
» Je-m'empresse de porter à votre connaissance
que le conseil, à la délibération duquel la question
de l'emprunt a, été référée par ordre, de S. M. 1.,
n'a pris jusqu'à présent aucune décision défini
tive sur ce sujet. ■ :
■ »; Toutefois, le gouvernement impérial, dans le
but de prévenir des complications qui auraient
pu survenir à la suite, a jugé convenable d'ins
truire son envoyé il Paris d'arrêter, pour le mo
ment, toute espèce d'opérations y relatives, ct j'ai
l'honneur, par conséquent, da vous inviter, Mes
sieurs, à donner à votre agent à Paris des instruc
tions d'agir en conformité avec les ordres trans
mis au prince Callimaclii par le bateau à .vapeur
"français partant aujourd'hui.
» J1 nie reste à vous assurer, Messieurs, que
sauve-garder l'honneur et le crédit de la Banque,
telle est et sera, Messieurs, toujours la base de
toutes les délibérations et de la décision du con
seil, quant à l'importante et délicate question de
l'emprunt projeté. *
» Recevez, Messieurs, l'assurance de ma haute
considération. ' » fuad. h
Le Journal des Débats publie, relativement
à cette affaire de l'emprunt turc, la note
suivante, dont nous lui laissons la respon
sabilité. < C uciievax- C laiugny.
« Ce n'est pas tout encore. Outre la dépèche té
légraphique reproduite plus haut, il est arrivé
aujourd'hui à Paris des lettres de Vienne qui an
noncent qu'on venait d'y recevoir, par la voie de
Belgrade, des nouvelles" de Constantinople des
quelles il résulterait d'abord qu'un'soulèvement
a éclaté dans cettè capitale, et, en second lieu,
que l'ambassadeur de France aurait dénoncé au
divan, pour revenir sur son refus de ratification
l'emprunt, un déiai'rie®septj(aiïSv.Ce tc«upa«eoulé,*
s'il n'était pas t'ait droit à sa demande, l'ambassa
deur devait'prendre ses passeports et rentrer en
France. _ ■ r
» Si ces dernières nouvelles doivent être confir
mées, elles créeront une situation dont nous-n'a
vons pas besoin de l'aire ressortir la gravité. »
(Xavier Raymond.)
- On lit dans le Times :
Des nouvelles télégraphiques de Constantino
ple jusqu'au 14 nous" ont appris ce matin qu'à
.cette date on annonçait non-seulement que l'em
prunt avait été décidément refusé, mais que des re
mises d'argent seraient envoyées par les nateaux à
vapeur français et anglais, les 1 . ! i et! 9 courant, pour
rembourser le premier versement. On dit que ces
fonds ont été assurés et que, peu après leur arri
vée, l'ofl're de remboursement sera laite aux dé
tenteurs de coupons; "leur intérêt sera de re
fuser clairement, et comme il importe qu'ils agis
sent avec ensemble, il semblerait que le moment
est arrivé pour eux de nommer une commis
sion qui défende leurs droits et fasse en même
temps un appel à l'appui diplomatique. La com
mission de la bourse s'est de nouveau réunie .au
jourd'hui; à" la suite de celte réunion, la corres
pondance suivante de MU. Devaux et C e , contrac-
tans de l'emprunt, a été rendue publique. La let
tre du prince Callimaclii. est une preuve irrécu
sable de la culpabilité directe du gouvernement
turc, et rend son refus l'un des plus tristes exem
ples de déshonneur public qu'on ait encore vu
nulle part. Par le dernier de ces documeus, on
verra que l'agent de-la banque de Constantinople-
a retardé le prochain versement de 500,000 liv.
sterling qui devait avoir lieu au 1" novembre :
« King-Villiam-streçt, 25 octobrp v
' '* »"MÔns"îeur, '' nous avons reçu' votre lettre "tiu
23, dont une copie a. été envoyée à Paris, où elle
est arrivée hier dimanche, et :i laquelle nous n'a
vons pas encore eu de réponse. Nous vous ^dres
sons des copies de lettres que nous venons de re
cevoir de nos correspondans de Paris.
» Nous avons l'honneur d'être, etc.
» c. devaux et c e . »
N° 1. • -
« Paris, 22 octobre.
» Prince, notre maison de Londres nous envoie;
copie des lettres qu'elle a échangées avec le co
mité de la bourse de Londres. Nous prenons la li
berté de vous soumettre cette correspondance, et
nous vous serions très obligés si vous vouliez bien
nous mettre en mesure d'y répondre.
» Recevez, etc, c. devaux. »
; N® : 2. ' ' -
• « Légation de Turquie. Paris, 23 octobre.'
» Monsieur, en réponse à la lettre que vous
m'avez fait l'honneur de ni'écrire hier soir, je ne
puis que vous répé'ter-ce que j'avais eu. l'honneur
de vous dire déjà, que le décret relatif à l'em
prunt de la banque de Constantinople, garanti par
le gouvernement ottoman , est à Coiislantinople,
et qu'il n'est pas d'usage que des documens de
cotte nature soient déplacés.
» Recevez, etc., callijsacui,
» Ministre plénipotentiaire de
■ » Turquie. »
A M. Devaus, à Paris.
,N° 3.
« Monsieur, nous vous envoyons copie des com
munications qui ont eu lieu- entre le chef de-no
tre maison et la prince Callimaclii, en réponse à
la correspondance de la bourse de Londres.
» Nous sommes, etc., ' devaux et c®.
» Paris, 23 octobre. »
A MM. Ch. Devaux et C e , à Londres,
N° 4.
' « Paris, 24 octobre.
» Messieurs, t les obligations provisoires de l'em-
nruut de la banque de Constantinople, garanti par
Te gouvernement ottoman, stipulent que le second
paiement de 250 fr. par action doit être effectué
par vous le 1 er novembre 1852. Èq ma qualité
de représentant de la banque à Constantinople., et
en son nom, je ne puis me refuser à la demande
qui m'a été adressée afin que ce versement soit
différé jusqu'à nouvel avis de ma part. Cet avis
précédera de cinq jours celui où le paiement de
vra être effectué en vos mains; et cet ajournement
que j'établis' ici, ne peut, quant aux portetirs d'ac
tions, doilner lieu à l'application des déchéances
énoncées dans ces certificats.
l> Cette résolution de ma part est causée par les
difficultés aussi inexplicables qu'inattendues, qui
se sont élevées à Constantinople au sujet de l'em
prunt contracté par la banque sous la garante
du gouvernement ottoman. Je doi3 ajouter que la
correspondance de iperchefe, les directeurs de la
banque de Constantinople, me donne lieu , d'es
pérer que ces difficultés auront une prompte .et
favorable solution. . '
» Veuillez agréer, etc. » G. qqutuuter,
» Fonflé de pouvoirs de la ban
que de Constantinople: » ■
A MM. DevaUx et C", à Londres.
> ■. * - - - . r ' ,
On lit dans le Globe :
« Après qub le comité de la bourse se fut séparé
hier, le paiement du second versement de l'em- '
prurit turc,montant à 500*000liv. sterl., échéance
du 1 er novembre, a été indéfiniment ajourné. Les-
ncuvellcj télégraphiques de Constantinople, qui
vûîft ju«|u y au 14 courant, rapportent que fe sul
tan avait non-seulement rejeté l'emprunt en bloc,
sous -prétexte qu'on avait souscrit une somme
plus forte que celle qui avait été fixée, et que
les conditions étaient exorbitantes," mais qu'il,
avait encore donné ovdrede transmettre du numé
raire pour rembourser le premier versement.,
Le prince Callimachi est, dit-on, [actuellement à
Londrcs.En réposse aux demandes qui lui sont fai !
tes, ilexprime l'opinion que l'affaire peut encore'
s'arranger d'une manière satisfaisante. Il est très ■
malheureux que le premier essai fait par la Porte-
Ottomane de contracter un emprunt ait offert un *
caractère si peu honorable,- et qui est si fâcheux
pour ceux qui avaient basé toute leur confiancct
sur la haute réputation et sur -la probité : du gou
vernement turc. Après s'être ouvert à 3, le taux,
de l'emprunt s'est amélioré déjà jusqu'à 4, et ce
ci malgré tous les renseignemens propres à exer
cer une influence contraire,, et publies ce matin.
Nous recevons et nous publions plus loin,
l'analyse de la première séance des cham
bres belges. La situation est plus compli
quée encore que nous ne le supposions.
En effet, l'élection de M. Delfosse, annon
cée hier par dépêche télégraphique, semblait
annuler seulement l'échec éprouvé, il y a un.
mois, par M. Verhaegen. Si les autres nomi
nations avaient été faites dans le même sens,
dn aurait pu eu conclure qu'il venait de se re
constituer une majorit^libérale, très faibla
sans doute, mais compacte. Cette conclusion
est impossible en présence des deux scrutins '
qui ont écarté de la vice-présidence M. Loos,
celui des candidats libéraux auquel les'
partisans de M. Delfosse tenaient le plus
et qui ont fait prévaloir contré lui, d'abord.
M._ Vilain XIV, candidat catholique, et en
suite M. Veydt. Les nominations de secré
taires attestent également que la cliambre.des
représciitans belges èst exactement dans la
même situation qu'il y a un mois; c'est-à-
dire qu'il n'y a dè majorité ni pour ni contra
lé parti libéral. Une dissolution semble la
seule issue de la crise, puisque la nuança
intermédiaire, ou n'a pas le" courage de pren
dre le gouvernement, ou n'a rencontre ni à
droite ni à gauche les tendances conciliantes
et les patriotiques concessions qui pouvaient
seules lui donner chance de gouverner.
C uchevax -C làkigny.
Le Times publie la dépêche télégraphique
suivante, relative aux affaires de l'Inde : '
: Tricste, 23 octobre.
La brigade du général Reynolds, coin posée, du
18* régiment irlandais , du 80° régiment, du 35«
d'infanterie indigène,avec un équipage d'artille
rie, à quitté Rangoun le 18 septembre sur dea
bateaux à vapeur, se dirigeant sur Prome, et ac
compagnée du général en chef Godwin.
La flottille devait revenir immédiatement cher
cher la seconde brigade.
Les troupes birmanes ont détruit Prome e ; t sa
sont postées en niasse yir les hauteurs à dix milhes
de la ville. On évaluait leurs, forces à 7,000 hom
mes. Elles ent avec elles quelques canons.
Une dépêche télégraphique de Trieste an
nonce que le roi de Grèce s'est embarqué
dans cette ville le 21, à bord du vapeur royal
Othon, pour rentrer dans son royaume. Rien
n'est encore décidé cfuant à la question de la
succession au trône de Grèce, et'ce voyage
du r.oi à Munich, que l'on croyait devoir
amener une solution définitive, n'a produit
aucun résultat. ' > <
Depuis que le gouvernement de Louis-
Napoléon est fermement résolu à extirper le
banditisme en Corse, l'administration locale
redouble d'activité et d'énergie. Des résul
tats importans ont déjà été obtenus. On sait
que deux bandits redoutables, nommés Pa-
dovana et Tramoni ont été," le premier, tué
dans une rencontre; le second, arrêté par la
gendarmerie et livré la justice. Tramoni sur
tout était un des contumaces les plus dange
reux. U sera prochainement jugé par la cour
d'assises. Nous apprenons que deux autres
baudits, Dominique CesariditSperato, et Cé
sar Bartoli, ont été atteint^ par là force ar
mée et ont succombé tous deux dans lalutté^
Sperato était un homme d'une audace extrêj
me et d'une force surhumaine, qui avait réusj
si à jeter la terreur dans les environs de
Sartène, son quartier-général. C'était le type
. .Le Constitutionnel 'commencera, le 3 no
vembre, la publication d'un roman nouveau
ayant pour titre :
' XtENÉSâ VA3WI&JL12,
en 2 volumes,
' PAft M°" VIRGINIE ANCELOT.
'FEUILLETON DU COHSTlfU"îiO«KEL, 28 OCTOBRE,
- La vive curiosité excitée en Angleterre par
l'arrivée, d'un ambassadeur de l'ile Pitcairn,
.qui vient ..demander au gouvernement an
glais l'envoi d'un ministre protestant dans
.cette petite république modèle, nous a .fait
penser qu'on lirait avec intérêt le récit sui
vant, dû à la plume d'un officier de la ma
rine anglaise qui a visité récèmment cette
?le singulière. cuciiEYAL-CLARinsT.
VISITE A L'ILE BE PITCAIRN
Au mois de février 1851, nous partîmes
de Valparaiso sur le vaisseau la Colypso, avec
la mission de visiter plusieurs des lies mé
ridionales de l'océan. Pacifique, de nous met
tre a la disposition des consuls qui y-rési
dent, et de leur prêter l'appui dont ils pour-
" raient avoir besoin. Quand,les habitans de
Valparaiso et les navires de guerre qui te-
liaient la rade surent que, sur notre route,
nous devions visiter l'île romanesque de Pit
cairn, on s'empressa de nous apportèr de
tous côtés des Bibles, des, livres religieux,
des ustensiles de chasse, de pêche et d'agri
culture. C'était à qui souscrirait pour oflVir
un plus grand nombre d objets auxjbabi-
tans de Pitcairn. < ,
La traversée fut heureuse, et, le 9 mars, la
vigie nous signala l'île de Pitcairn. Bientôt
l'ile nous apparut comme un rocher orgueil
leux qui élevait sa tète superbe jusqu'aux
cieux. Le vent»se mit à souffler avec violen
ce, et fut accompagné d'une "pluie abondan
te. Nous avions déjà perdu tout espoir d'a
border pour ce jour, lorsqu'un bateau mon
té, par de vigoureux rameurs vint jusqu'à
portée de la voix, et nous demanda la per
mission d'accoster. Les hommes qui le di
rigeaient grimpèrent sur le pont, et nous ex
primèrent leur joie de voir des visages an
glais et un navire dû la marine anglaise.
Comme le temps devenait de.. plus en plus
mauvais, ils obtinrent de rester toute U
nuit à bord, et nous firent passer une soirée
très ajréabla ep nous racontant l'histoire de
leur île, ■ -
Le 10 au matin,, nous desefsndùnes à ter
re, ou on nous lit l'accueil le plus cordial.
La berge de Bounty-Bav était couverte des
habitans accourus pour nous recevoir, et à
deux cents pieds au-dessus de l'embarcadè»
re, se tenait la population féminine, qui sa-
lua notre arrivée avec la plus grande allé
gresse, Chez les femmes, en efïet, l'élément
saxon prédomina. Hommes, femmes, en-
fans nous entouraient, et nous montraient
leurs demeures et leurs établisse mens. Part-
tout des porcs, des ignames (racines bonnes
a manger), des taros, et des pommes de
terre étaient cuits pour nous. Partout on
nous offrait comme boisson, du lait de co-
co> car je yi»et les liqueurs ne sont d'usage
dans l'ile'que comme remèdes. Les habitans '
s'empressaient de nous montrer tout ce qu'ils
croyaient curieux et capable de nous plaire, -
et nous conduisaient dans les sites remar-'
quables par quelques bizarreries de. la na
ture ou par les ruines qu'ont laissées les
premiers habitans de l'île. C'était pour eux
un jour de fête que cette visite ; c'en fut un
aussi pour nous. . .
Rien n'est plus singulier que l'histoire de
cette colonie et le récit des vicissitudes par
lesquelles elle a passé. En 1789, le navire la
Bonté visita les îles de la Société, et fit un sé
jour de plusieurs mois dans la rade de Tahiti.
Lorsqu'il fallut reprendre la mer, l'équipage
se révolta et massacra plusieurs des officiers
afin de rester dans l'île. L'atniral Uligh, alors
simple officier, s'échappa comme par mira
cle avec quelques hommes, et porta en An- '
gleterre la nouvelle de cette sanglante tra
gédie. L'année suivante, un navire de guerre
arriva à Tahiti, s'empara des matelots cou
pables et en fit justice. Neuf d'entre eux. .
réussirent à se cacher dans les bois; et, ne
se croyant plus en sûreté à- Tahiti, résolu^
rent d'émigrer dans une des îles inhabitées
de l'océan Pacifique. Ils s'embarquèrent avec
tqut ce -qu'ils possédaient et d'abondantes
provisions dans la principalp cljajqupe de. la
Bonté, emmenant avec eux six Tahi tiens et
douze femmes, taliitiennes. Ils jetèrent l'an»
cie dans la criquenaturelle qui sert de port
à l'ile de Pitcairn, et se mirent à dé bar- ■
quer leurs provisions sur le rivage. Ils
n'en avaient encore transporté que la moi- :
tié, lorsque l'un d'eux, Jean Mills, mit le
fen à la fthaloupe sans qu'on ait. pu savoir
pour quel'motif. En 1V93, les Taljitieï)5 ?
U-aités'par les Anglais avec trop de cruauté,
.et- révoltèrent. contre eux et en massacrè
rent quelques-uns. Un des Anglais survi
vons, nommé Christian Flescher, plein de '
repentir des crimes qu'il avait" commis, se
sépara de ses compatriotes et alla vivre à
l'écart. Les autres blancs se concertèrent et
firent périr tous les Tahitiens jusqu'au der
nier. L'année suivante; plusieurs Taliitien
nes, lasses de la jalousie et des mauvais trai-
temens que les Anglais leur faisaient subir,
construisirent un radeau pour quitter l'île
secrètement, mais ne purent s'en servir, et
. renoncèrent à leur projet. La petite colonie
fut assez paisible jusqu'en 1798, année où
l'un des blancs, nommé Coy, réussit à tirer
une sorte de liqueur spiritueuse de diverses
racines. Ce furent alors des scènes déplora
bles d'ivresse. L'inventeur en fut la victime;
cette liqueur lui causa des délires furieux, et
un jour il s'attacha une pierre au cou et se
précipita dans la mer. Sur les neuf Anglais
il n'en restait plus que trois, M. Quintal,
Ed. Joung, "et J. Adam. Le premier voulut
faire périr les deux autres ; il échoua dans
son sinistre projet, et eut la tête fendue d'un
coup de hache. En 1800, Ed. Joung mourut
d'un asthme, et Jean Adam se trouva le seul
homme vivant de la colonie. En quelques
- PHgegs tous avaient péri, sauf un, de mort
-violente. . = ,
• Instruit par l'expérience de tant de misè
res, et par les malheurs-que les crimes de
ses compagnons" leur ■ avaient attirés, Jean
Adam résolut d'élever les familles de seg
compatriotes dans les principes de la reli
gion "la plus rigoureuse, et «de la, morale la
plus sévère. Il établit un code de lois, et,
avec le secours de sa Bible et d'un livre de
prières de l'Eglise anglaise, il fonda la reli
gion que les futurs habitans de l'île devaient
su|vre. Rigide et sévère pour lui-même, it
-devint duret inflexible comme un Spartiate;
. Ses premières lois rappelaient la législation
draconienne, et la moindre faute était punie
avec la plus grande rigueur, U siégeait sur
un tribunal, et ses décisiQfjs étaient sans ap
pel. Nouveau Brutus, il condamna sa propre
îille q, mort pour avoir violé ses lois, mais
l'inhumanité de sa sentence révolta ses su
jettes; et il fut forcé de pardonner à sa fille.
En 1808,; un vaisseau vint aborder à l'île"
de Pitcairn, c'était le premier qui y eût tou--
ché depuis l'arrivée de la Bonté. Jean Adam
ne le vit pas aborder sans crainte ; mais rien
ne peut se comparer à l'étonnement que le
spectacle nouveau d'un navire causa à 1$
nouvelle génération! En 1814., deux navires
de guerre le Briton et le Tage approchèrent
de l'île, et les marins ne furent pas peu sur
pris de s'entendre interpeller en bon anglais
par les canots qui voltigeaient autour d'eux.
Leur étonnement redoubla lorsqu'ils appri
rent l'histoire singulière de la colonie. De
puis cette époque, l'île a été souvent visitée,
surtout par les baleiniers qui viennent y
faire de l'eau et renouveler leurs provisions.
Quelque temps avant sa mort, Adam,
.craignant que l'île np put pas nourrir "une
population plus nombreuse, s'adressa, par
rentremise du consul de Tahiti, au gouverne^
ment anglais. Un vaisseau de guerre, le Co
rnus, fut chargé de transporter toute la co*
lonie à ^hiti. Les colons n'y restèrent que
six mois, ils se dégoûtèrent bientôt de la li
cence et des vices des Tahitiens, et deman
dèrent avec instance à retourner dans leur
patrie. La Lucy-Anna les y ramena, et ils re
trouvèrent avec joie les habitations qu^ls
avaient cru abandonner pour toujours.
Je reviens au récit de notre visite. Le che-
•min qui conduit ^ux maisons est très rapide
et taillé dans ie flanc d'un rQolwr esoat'pè;
aussi, quand il pleut, il devient très glissant
et très dangereux. Le village est établi sur
la, pente nord-ouest de l'île, à 300 pieds au-
dessus de la mçr. Les maisons ne sont pas
group'ées les unes à côté, qes aùtrès ; elles
sont situées, selon le caprice des habitans,
les unes tout près de l'océan, les autres plus
retirées ètenfoncées sous lea arbres : toutes
sont ombragées par de gracieux palmiers
ou par de larges banquiers sauvages. Cha
que maison ne contient qu'une famille, mais
un bâtiment plus vaste sert à la fois d'église,
de lieu de réunion et d'école pour les enfans.
Les maisons sont en bois, sauf les parties in
férieures que l'on construit en pierre, pour
empêcher que les pluies abondantes du prin
temps ne les dégradent. Le chaume du toit
est avantageusement remplacé par le feuil
lage du pandanus ou vin noueux. Chaque mai
son est partagée en deux parties ; de chaque
côté sont les chambres occupées par les
membres de la famille, un rideau épais leur
sert de cloison> et une petite fenêtre donna
à chaque alcove de l'air et de la lumière.
Des tables, des chaises, des commodes gar
nissent ces appartemens,
La population s'élève aujourd'hui à 140
personnes, -71 hommes, 69 femmés. Sur-ce
nombre, 47 ont moins de quinze ans, et sa
partagent en^4 garçons et 23 filles. Delà
•première génération née dans l'île il ne resta >
plus que S personnes vivantes. Le doyen des
colons est la Tahitienne Suzanne, âgée de
quatre-vingts ans, qui est venue dans 111e da
Pitcairn avec les premiers émigrans sur'le
navire la Bonté. • ; -
Les habitans suivent la religion anglicane
et ae règlent sur la Bible. Il y a service deus
fois par semaine, le dimanche et le mercredi.
Ge dernier jour est consacré à l'explication
desEcritures. LeurS repas sont précédés et
suivis d'actions de grâces que le plus âgé
prononcé à haute voix", et que tous écoutent •
dans le plus grand recueillement. Leur for
me de gouvernement est très simple. Elle
consiste en un magistrat et deux conseillers
adjoints, Le magistrat est élu tous les ans à
»
' Prix de l'abonnement.
M ET DEFARTESIENS .
8 FR. POUR T&018M0I3.
TIN NUMÉRO ! 15 CENTIMES.
vocfi-us pats ètbangeb Sj se reporter au
tableau publié, dans le iournal-j les 10 et
"25 tie chaque mois. ......
*'■ S'adresser, franco, pour la rédaction, à M. C ucîieval -C laiugnt
" Les articles déposés ne sont pas rendus
BUREAUX : rue de Valois (Palais-Xtoyal), u # 1®.
B 1852. - JEUDI 28 OCTOBRE.
BSB8@E3ESE89
SSSBBB
liM — MM
JOBBNÂL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
On s'abonne, dans les département, aux Messageries et'aux Dircctimas depmtc.—A Londres, chez tiM. Cowis et fils.
— A Strasbourg, chez M» A uxanbbe , prvr i'Aiîemagnu ' ;
Les annonces sont reçues'cliez M. PANIS,
et au bureau du
S'adresser, franco ,pour l'àdminist
à M. DBNiiN, directeur, j
■ «
régisseur, 10, place de la Boursi
journal.
Le tirage du Constitutionnel est aujour
d'hui de 40,000 exemplaires.
> Pour la régularité du service d'un aussi
grand nombre d'abonnés, - l'administration
& dû prendre le parti de ne recevoir doré
navant que des aboangniens de trois mois.
(8 francs.) ■ - . : * •
Toute réclamation ou demande de chan
gement d'adresse doit être accompagnée
d'une des dernières bandes imprimées.
: Les lettres non affranchies sont rigoureu
sement refusées. •
4 Malgré nos avis réitérés, plusieurs person
nes continuent de nous envoyer des man
dats supérieurs à la somme de 8 francs.
Nous les prévenons que nous n'acceptons que
des abonnemens de trois mois, et que nous
tenons à leur disposition* tout l'excédant de
la somme de 8 francs. '*
PARIS, 27 OCTOBRE.
Une fourniture considérable de bois de
construction-yie'nt d'être adjugée par le .dé
partement dp la marine. Elle était diviséç en
"vingt-trois lots. Huit ont été soumissionnés
avec un rabais total de 316,600 francs. Un
seul a été adjugé au prix de base. Quatorze
ont été l'objet d'augmentatioris qui s'élèvent
à la somme totale de 2,056,900 francs. En
publiant ce relevé," un recueil spécial, Tés
Annales forestières, se demande quelle est la
cause de résultats si différens ; il déclare
que les prix de baseétaient suflïsans et que
la fourniture, pouvait être faite aux condi
tions fixées par l'administration de la ma
rine.'' ;' '
Nous sommes tout disposés %. le croire.
C'est un nôuveaumotif de nous élever con
tre le système des adjudications. Cette in
vention démocratique, inspirée par l'envie
et la méfiance, se mble avoir eu pour but de.
mettre les gouvernemens en suspicion.et de
les tenir en échec. Elle a souvent été fu
neste à la fortune publique, dont elle a-
l'air de protéger les intérêts y car elle a
souvent porté les fournisseurs à prendre
des engagemens qu'il leur était impossible
de tenir. Ce système est surtout mauvais, à
notre avis, pour la fourniture des bois des
tinés au service de la marine. Nous ne pou
vons que louer le scrupule avec lequel l'ad
ministration de la marine se conforme, à cet
égard, aux usages établis; mais il est à sou
haiter qu'elle puisse s'en affranchir. On em
ploie, pour la construction de la flotte, des
bois qui deviçnueiitde jour en jour plus rares.
Non-seulement le-génie maritime a besoin
d'arbres d'une excellente qualité, mais aussi
d'une grande dimension et' de conformation
toute particulière. Parexemple, tous les vais
seaux ont aujourd'hui la poupe arrondie ;
or, cette partie d'un bâtiment n'a toute la
solidité désirable que si les pièces de bois
employées à sa construction ont une cour
bure naturelle.
Autrefois, la marine se procurait facile^
ment dans'nos forêts les bois nécessaires.
C'était au temps du martelage. A cette épo-
ijue, des agens de ce département ministé
riel étaient distribués dans toute rétendue
de la France, avec mission de marquer,
dans chaque forêt appartenant soit aux par
ticuliers, soit à l'Etat, les arbres propres à
être utilisés dans nos arsenaux. Le gouver
nement se réservait un 'droit de préemp
tion sur ces arbres. Il les faisait abattre et
les achetait lorsqu'après examen il les ju
geait bons pour l'usage auquel ils étaient
destinés. Les propriétaires de bois se sont
. «levés contre ce privilège de l'Etat. Ils le re
gardaient comme préjudiciable à leur inté
rêt,' parce que la marine ne faisait pas tou
jours acquisition des arbres abattus, quoi
qu'elle les eût marqués sur pied. On ne sait
jamais ce que recouvre l'écorce d'un arbre.
Souvent le bois du plus "bel, aspect a des dé
fauts intérieurs. Les agens de la marine
n'admettaient pas les bois de cette espèce.
"Le martelage engageait les propriétaires avec
l'administration et n'engageait pas l'adulé
nistration avec'les propriétaires. On l'a donc
aboli. i -
y Cette mesure a semblé* dans le principe,
avoir de bons résultats. Les propriétaires
ont_profité de la faculté qu'ils-recouvraient
de disposer de leurs futaies, pour abattre,
sans distinction, tous les arbres que lé mar
telage les eût obligés à conserver auparavant,
et qui n'eussent été exploités qu'au fur et a
mesure des besoins de la marine. Dans les
premières années qui ont suivi l'abolition
du martelage, les fournisseurs des arsenaux
ont pu se procurer en abondance et à bon
marché les bois de construction. Mais la pé
nurie a succédé à la prodigalité. Aucune ré
serve n'avait été faite, et quand les appro-
visionnemens ont été épuisés, il est devenu
très difficile de trouver, même à très'haut,
prix, les bois indispènsables.
La marine n'avait ças à se préoccuper de '
cet embarras.-Pour obtenir sa renonciation
au droit de martelage, on lui avait garanti
les approvisionnemens dont elle avait be
soin. Elle n'avait donc pas autre .chose à fai
re qu'à mettre en adjudication, d'après les
lois existantes, la fourniture des bois dont
elle manquait. C'est ce qu'elle fit en 1846,
après qu'un crédit spécial de 93 millions eût
été mis, par annuités, à sa disposition pour,
l'augmentation de la flotte. On eut des adju
dicataires, on en a toujours ; mais plusieurs
marchés ne "purent être exécutés, notam-,"
ment à Rochefort et à Lorient! -,
' Ce qui augmente la rareté des bois de qua
lité supérieure tels que ceux qu'emploie la t
iparine, c'est le mode d'exploitation des fo
rêts en France. Un de nos plus habiles direc
teurs des constructions navales a fait, à cet
égard, un exposé fort intéressant devant la
commission d'enquête parlementaire sur la]
marine. Il y a deux manières d'exploiter les 1
forêts: l'une*consiste à couper les arbres par>
le pied; l'autre a ies faire tomber avec leurs*
racines. La première est usitée en France,
la seconde est généralement suivie en Alle
magne.
En coupant les arbres au pied, on laisse;
en terre la souche dont la surface présenté
une concavité. Les eaux pluviales y séjour-'
nent et forment avec la terre et les feuilles
mortes qui s'y réunissent, un fumier dont,
l'action' destructive provoque la poifiTiture
de. la souche. Dé : ce tronc gâté s'élancent
pourtant bientôt des jets nouveaux qui se
développent d'abord rapidement "et pren
nent les proportions de jeunes arbres. Mais
•bientôt leur croissance est arrêtée par lamau-
, yaise qualité des sucs qu'ils puisent dans
"la souche pourrie ou ils adhèrent. Ils n'ac
quièrent jamais un grand développement;
Lorsqu'ils sont coupés à leur tour, les sou
ches qu'ils laissent augmentent le foyer d'in
fection d'où partent cependant de nouveaux
rejetons. Mais ceux-ci n'ont aucune vigueur ;
ils apparaissent, suivant l'expression du fonc
tionnaire que nous citons, comme des êtres
rachitiquès. Lors des nouvelles coupes ré
glées, ces soliveaux dégénèrent successive
ment en bon et mauvais taillis; enfin le tout
se transforme en bruyère. C'est ainsi que les
forêts périssent par leur base, qui se change
en pourriture. • '• - .
Le mode d'abattage, qui consiste' à faire
tomber les arbres par la racine est plus dis
pendieux, "moins productif, mais il indique
plus de prévoyance. Le renouvellement des
futaies se fait par .la semence jetée dans la
cavité que les arbres découvrent en tom
bant. Pour peu qu'on ménage aux jeunes
pousse's l'air et l'espace nécessaires, elles
prennent, avec le temps,
cédé. Mais, pour apprécier une telle métho
de, il faut se bornerjt des profits modestes ; il :
faut ne pas escompter l'avenir, ne vouloir pas
jouir beaucoup et vite, et savoir planter
pour les autres : « Mes arrière-neveux me
devront cet ombrage, » dit le vieillard de La
Fontaine aux trois jouvenceaux' qui riaient-
de le voit planter, et qui, tous trois, sont,
morts avant lui. Les Allemands sont un peu
ple bien ordonné et calme, dont l'avenir est'^
-bien assis, et qui se-fait un devoifde-pïépaï'.
rer les ombrages dont jouiront les générav
-tions suivantes. Chez nous> chacun tire après
■soi l'échelle, 1 et ce n'est pas sans quelque
prétexte, après tant de révolutions. ;
; La rareté des beaux bois provient donc de
l'abus qu'on a fait des forêts. Mais en suppo
sant qu'il s'en trouve encore, comme ion
l'assure, en assez grande quantité pour suf
fire abondamment;à tous les besoins de la •
marine, comment les fournisseurs pour
raient-ils les découvrir ? !
Au temps du martelage, l'administration:
de la marine disposait d'un personne} très
nom.br. ux d'agens répartis dïyis chaque
circonscription forestière, et dont l'unique,
occupation consistait à choisir, un à un, les
arbres propres aux constructions navales.
Les fournisseurs de la marine n'ont pas ces
intermédiaires, et ils ne possèdent pas d'ail
leurs les moyens d'informations suffisantes.
Les propriétaires de bois ont désappris à
traiter avec la marine et à lui réserver les
pièces qui lui conviennent. L'énorme con
sommation de charpente qu'on a faite ,
depuis quelques années , l'établissement'
des chemins de fer et la construction de tant
.d'édifices qu'on élève sur tous-les points de -
la France, ont absorbé tout ce que nos forêts
produisent, el les prbpriétairës, après avoir* '
cessé leUrs anciens rapports* avec nos arse
naux, n'ont pas éprouvé la nécessité d'y re
venir pour placer les bois provenant des
coupes réglées. Les fournisseurs sont donc
obligés de. s'en tenir aux renseignemens que
leur donnent un petit nombre de courtiers,
ignorant généralement ce qui convient $ la
marine, et intéressés à présenter sous le
plus bel aspect les bois dont "la vente leur
vaut un droit de commission. \ ,
AuSsi une très grande partie des bois ap
portés dans nos ports sont dans lé cas d'être
refusés par les commissions auxquelles on
les présente. Lorsque les préfets .maritimes
ou les inspecteurs généraux jugent qu'il est
indispensable de rappeler les fournisseurs à
l'exécution de leurs marchés, ils recomman
dent aux membres des commissions, non de
montrer de "la sévérité, mais de s'en tenir
strictement aux conditions stipulées' lors des
adjudications. Alors la presque totalité des
bois offerts sont repoussés. On a vu, dans
un port y refuser L'admission de deux cent
quarante-neuf pièces sur deux cent cinquante
qui avaient été soumises à la commission ;
mais les autorités maritimes ne recourent à
de telles-extrémités que dans les cas extrê
mes, et quand il devient absolument néces
saire de ramener l'ordre dans les fournitu
res. Généralement on accepte, dans les ports;
un approvisionnement inférieur à celui que
l'adjudicataire s'était engagé à fournir, p$rce
qu'on lui tient compte d'obstaclesfpresque
impossibles à surmonter.
Une, grande quantité de bois, toutefois,
est rebutée chaque année, et ces- refus,
d'ailleurs impérieusement commandés par
la conscience des officiers, suffiraient sou
vent pour ruiner les fournisseurs qui au
raient contracté avec l'Etat à des prix mo
dérés, car ils ont à supporter pour les piè
ces refusées, comme pour les bois admis,
les frais d'exploitation, de transport, de flot
tage, de commission; Mais, dans la prévision
de ces rebuts, laplupar tdes soumissionnaires
ont soin de demander à l'Etat, lorsdel'adju-
cation, des augmentations de 20 et 30 0/0.
Afin d'engager l'administration à y souscrire,
ils promettent de fournir une quantité de bois
de première qualité plus grande que celle qui
se trouve stipulée dans les marchés proposés
par la marine. Cet arrangement leur assure
un bénéfice énorme sur les bois de qualité
inférieijre. Ouant aux autres b,ois, ils ne par
viennent .pas ordinairement à en livrer la
quantité prévue et promise Quelques-uns
même ne l'essaient, pas, et se résignent d'a
vance à la perte de leur cautionnement. - î
■ De tout ce qui précède, il nous semble ré
sulter que l'adjudication est une mesure
&mauvaise, surtout, pour, la fourniture-,des
■^'bois ,àc-construction. Dans la marine on a
demandé le rétablissement du martelage:
L'administration des forêts n'eu veut pas
entendre parler, et elle est secondée par les
vœux de tous les propriétaires forestiers.
Mais tout le monde s'accorde à dire que la
marine et les propriétaires de bois auraient
unavantage mutuel à rentrer en relations di
rectes. -
A cet effet, la commission d'enquête par
lementaire avait; proposé* de supprimer les
adjudication? en matière de bois. L'admi-
îiistration de la marine aurait fait connaître,
à mesure de.; ses besoins,- les espèces et les
formes de-bois qu'elle aurait proposé d'a
cheter. Elle aurait ensuite reçu les offres des
propriétaires qui, seuls, sont aptes à dire ce
que renferment leurs forêts. Puis,elle aurait
tait son choix en traitant de gré à gré.
• Ces conclusions nous paraissent excellen
tes, et il. est à souhaiter que l'application
puisse en être faite à l'avenir. benaln.
Le Siècle ne sait et ne croit des affaires de
Turquie que ce que le Journal de Constanti-
' naple lui en apprend. Il veut bien nous le dé
clarer ce matin. Nous n'avons rien à dire à cet
aveu modeste; mais nous ne comprenons pas
pourquoi le Siècle nous fait un crime d'avoir
a Constantinople un qprresjiondant bien in-
%ï'nïé, et-dfe communiquer 'ait public les
renseignemens qui nous sont transmis. C'est
d'ordinaire dans ce .but que les journaux
ont des correspondans. Il est tout simple,
d'ailleurg, qu'un homme fort au courant des
affaires turques et, depuis longues an
nées ,. en position d'être fort bien ins
truit , ait pu nous en dire 'plus long
qu'un journal serai-officiel/vieux de plu
sieurs Jours, et obligé, jsar position, a ne
point parler. De là ces détails si complets y
si précis et si exacts qui causent le naïf éton-
ne'ment du Siècle. ' .
^ L'emprunt n'a pas été ratifié. Le Siècle,
l'ignorait, et même, dans sa sagacité, il-s'at-'
tendait à un résultat tout contraire à celui;
que nous annoncions. Nous n'y pouvons
rien;'pn n'est pas maître de changer les j'aits.
Le Journal des Débats publie ce matin une
dépêche télégraphique qui confirme nos nou-
relles, et le Siècle, s'il se défie du Journal des
Débats et de nous,pourra lire cettemèmedé-
pêclie dans tous les journaux anglais. Le
Siècle y verra en outre qu'à lu? bourse de
Londres, le second versement de l'emprunt'
a été indéfiniment ajourné. ■
-Cette résolution prise par. les concession
naires de l'emprunt; s'explique tout natu
rellement.par la lettre suivante, que le mi
nistre des affaires, étrangères a adressée, dès
. le 10 octobre, aux directeurs de la Banque
de Constantinople, et qui était le présage du
refus définitif de4a ratification: *
A Màf. A lleon et Ballazzi, directeurs de la Banque,
à Constantinople.
Sublime-Porte. — Ministère des affaires étrangères.
■ ' « Le 10 betobre 18oî.
» Messieurs,
» Je-m'empresse de porter à votre connaissance
que le conseil, à la délibération duquel la question
de l'emprunt a, été référée par ordre, de S. M. 1.,
n'a pris jusqu'à présent aucune décision défini
tive sur ce sujet. ■ :
■ »; Toutefois, le gouvernement impérial, dans le
but de prévenir des complications qui auraient
pu survenir à la suite, a jugé convenable d'ins
truire son envoyé il Paris d'arrêter, pour le mo
ment, toute espèce d'opérations y relatives, ct j'ai
l'honneur, par conséquent, da vous inviter, Mes
sieurs, à donner à votre agent à Paris des instruc
tions d'agir en conformité avec les ordres trans
mis au prince Callimaclii par le bateau à .vapeur
"français partant aujourd'hui.
» J1 nie reste à vous assurer, Messieurs, que
sauve-garder l'honneur et le crédit de la Banque,
telle est et sera, Messieurs, toujours la base de
toutes les délibérations et de la décision du con
seil, quant à l'importante et délicate question de
l'emprunt projeté. *
» Recevez, Messieurs, l'assurance de ma haute
considération. ' » fuad. h
Le Journal des Débats publie, relativement
à cette affaire de l'emprunt turc, la note
suivante, dont nous lui laissons la respon
sabilité. < C uciievax- C laiugny.
« Ce n'est pas tout encore. Outre la dépèche té
légraphique reproduite plus haut, il est arrivé
aujourd'hui à Paris des lettres de Vienne qui an
noncent qu'on venait d'y recevoir, par la voie de
Belgrade, des nouvelles" de Constantinople des
quelles il résulterait d'abord qu'un'soulèvement
a éclaté dans cettè capitale, et, en second lieu,
que l'ambassadeur de France aurait dénoncé au
divan, pour revenir sur son refus de ratification
l'emprunt, un déiai'rie®septj(aiïSv.Ce tc«upa«eoulé,*
s'il n'était pas t'ait droit à sa demande, l'ambassa
deur devait'prendre ses passeports et rentrer en
France. _ ■ r
» Si ces dernières nouvelles doivent être confir
mées, elles créeront une situation dont nous-n'a
vons pas besoin de l'aire ressortir la gravité. »
(Xavier Raymond.)
- On lit dans le Times :
Des nouvelles télégraphiques de Constantino
ple jusqu'au 14 nous" ont appris ce matin qu'à
.cette date on annonçait non-seulement que l'em
prunt avait été décidément refusé, mais que des re
mises d'argent seraient envoyées par les nateaux à
vapeur français et anglais, les 1 . ! i et! 9 courant, pour
rembourser le premier versement. On dit que ces
fonds ont été assurés et que, peu après leur arri
vée, l'ofl're de remboursement sera laite aux dé
tenteurs de coupons; "leur intérêt sera de re
fuser clairement, et comme il importe qu'ils agis
sent avec ensemble, il semblerait que le moment
est arrivé pour eux de nommer une commis
sion qui défende leurs droits et fasse en même
temps un appel à l'appui diplomatique. La com
mission de la bourse s'est de nouveau réunie .au
jourd'hui; à" la suite de celte réunion, la corres
pondance suivante de MU. Devaux et C e , contrac-
tans de l'emprunt, a été rendue publique. La let
tre du prince Callimaclii. est une preuve irrécu
sable de la culpabilité directe du gouvernement
turc, et rend son refus l'un des plus tristes exem
ples de déshonneur public qu'on ait encore vu
nulle part. Par le dernier de ces documeus, on
verra que l'agent de-la banque de Constantinople-
a retardé le prochain versement de 500,000 liv.
sterling qui devait avoir lieu au 1" novembre :
« King-Villiam-streçt, 25 octobrp v
' '* »"MÔns"îeur, '' nous avons reçu' votre lettre "tiu
23, dont une copie a. été envoyée à Paris, où elle
est arrivée hier dimanche, et :i laquelle nous n'a
vons pas encore eu de réponse. Nous vous ^dres
sons des copies de lettres que nous venons de re
cevoir de nos correspondans de Paris.
» Nous avons l'honneur d'être, etc.
» c. devaux et c e . »
N° 1. • -
« Paris, 22 octobre.
» Prince, notre maison de Londres nous envoie;
copie des lettres qu'elle a échangées avec le co
mité de la bourse de Londres. Nous prenons la li
berté de vous soumettre cette correspondance, et
nous vous serions très obligés si vous vouliez bien
nous mettre en mesure d'y répondre.
» Recevez, etc, c. devaux. »
; N® : 2. ' ' -
• « Légation de Turquie. Paris, 23 octobre.'
» Monsieur, en réponse à la lettre que vous
m'avez fait l'honneur de ni'écrire hier soir, je ne
puis que vous répé'ter-ce que j'avais eu. l'honneur
de vous dire déjà, que le décret relatif à l'em
prunt de la banque de Constantinople, garanti par
le gouvernement ottoman , est à Coiislantinople,
et qu'il n'est pas d'usage que des documens de
cotte nature soient déplacés.
» Recevez, etc., callijsacui,
» Ministre plénipotentiaire de
■ » Turquie. »
A M. Devaus, à Paris.
,N° 3.
« Monsieur, nous vous envoyons copie des com
munications qui ont eu lieu- entre le chef de-no
tre maison et la prince Callimaclii, en réponse à
la correspondance de la bourse de Londres.
» Nous sommes, etc., ' devaux et c®.
» Paris, 23 octobre. »
A MM. Ch. Devaux et C e , à Londres,
N° 4.
' « Paris, 24 octobre.
» Messieurs, t les obligations provisoires de l'em-
nruut de la banque de Constantinople, garanti par
Te gouvernement ottoman, stipulent que le second
paiement de 250 fr. par action doit être effectué
par vous le 1 er novembre 1852. Èq ma qualité
de représentant de la banque à Constantinople., et
en son nom, je ne puis me refuser à la demande
qui m'a été adressée afin que ce versement soit
différé jusqu'à nouvel avis de ma part. Cet avis
précédera de cinq jours celui où le paiement de
vra être effectué en vos mains; et cet ajournement
que j'établis' ici, ne peut, quant aux portetirs d'ac
tions, doilner lieu à l'application des déchéances
énoncées dans ces certificats.
l> Cette résolution de ma part est causée par les
difficultés aussi inexplicables qu'inattendues, qui
se sont élevées à Constantinople au sujet de l'em
prunt contracté par la banque sous la garante
du gouvernement ottoman. Je doi3 ajouter que la
correspondance de iperchefe, les directeurs de la
banque de Constantinople, me donne lieu , d'es
pérer que ces difficultés auront une prompte .et
favorable solution. . '
» Veuillez agréer, etc. » G. qqutuuter,
» Fonflé de pouvoirs de la ban
que de Constantinople: » ■
A MM. DevaUx et C", à Londres.
> ■. * - - - . r ' ,
On lit dans le Globe :
« Après qub le comité de la bourse se fut séparé
hier, le paiement du second versement de l'em- '
prurit turc,montant à 500*000liv. sterl., échéance
du 1 er novembre, a été indéfiniment ajourné. Les-
ncuvellcj télégraphiques de Constantinople, qui
vûîft ju«|u y au 14 courant, rapportent que fe sul
tan avait non-seulement rejeté l'emprunt en bloc,
sous -prétexte qu'on avait souscrit une somme
plus forte que celle qui avait été fixée, et que
les conditions étaient exorbitantes," mais qu'il,
avait encore donné ovdrede transmettre du numé
raire pour rembourser le premier versement.,
Le prince Callimachi est, dit-on, [actuellement à
Londrcs.En réposse aux demandes qui lui sont fai !
tes, ilexprime l'opinion que l'affaire peut encore'
s'arranger d'une manière satisfaisante. Il est très ■
malheureux que le premier essai fait par la Porte-
Ottomane de contracter un emprunt ait offert un *
caractère si peu honorable,- et qui est si fâcheux
pour ceux qui avaient basé toute leur confiancct
sur la haute réputation et sur -la probité : du gou
vernement turc. Après s'être ouvert à 3, le taux,
de l'emprunt s'est amélioré déjà jusqu'à 4, et ce
ci malgré tous les renseignemens propres à exer
cer une influence contraire,, et publies ce matin.
Nous recevons et nous publions plus loin,
l'analyse de la première séance des cham
bres belges. La situation est plus compli
quée encore que nous ne le supposions.
En effet, l'élection de M. Delfosse, annon
cée hier par dépêche télégraphique, semblait
annuler seulement l'échec éprouvé, il y a un.
mois, par M. Verhaegen. Si les autres nomi
nations avaient été faites dans le même sens,
dn aurait pu eu conclure qu'il venait de se re
constituer une majorit^libérale, très faibla
sans doute, mais compacte. Cette conclusion
est impossible en présence des deux scrutins '
qui ont écarté de la vice-présidence M. Loos,
celui des candidats libéraux auquel les'
partisans de M. Delfosse tenaient le plus
et qui ont fait prévaloir contré lui, d'abord.
M._ Vilain XIV, candidat catholique, et en
suite M. Veydt. Les nominations de secré
taires attestent également que la cliambre.des
représciitans belges èst exactement dans la
même situation qu'il y a un mois; c'est-à-
dire qu'il n'y a dè majorité ni pour ni contra
lé parti libéral. Une dissolution semble la
seule issue de la crise, puisque la nuança
intermédiaire, ou n'a pas le" courage de pren
dre le gouvernement, ou n'a rencontre ni à
droite ni à gauche les tendances conciliantes
et les patriotiques concessions qui pouvaient
seules lui donner chance de gouverner.
C uchevax -C làkigny.
Le Times publie la dépêche télégraphique
suivante, relative aux affaires de l'Inde : '
: Tricste, 23 octobre.
La brigade du général Reynolds, coin posée, du
18* régiment irlandais , du 80° régiment, du 35«
d'infanterie indigène,avec un équipage d'artille
rie, à quitté Rangoun le 18 septembre sur dea
bateaux à vapeur, se dirigeant sur Prome, et ac
compagnée du général en chef Godwin.
La flottille devait revenir immédiatement cher
cher la seconde brigade.
Les troupes birmanes ont détruit Prome e ; t sa
sont postées en niasse yir les hauteurs à dix milhes
de la ville. On évaluait leurs, forces à 7,000 hom
mes. Elles ent avec elles quelques canons.
Une dépêche télégraphique de Trieste an
nonce que le roi de Grèce s'est embarqué
dans cette ville le 21, à bord du vapeur royal
Othon, pour rentrer dans son royaume. Rien
n'est encore décidé cfuant à la question de la
succession au trône de Grèce, et'ce voyage
du r.oi à Munich, que l'on croyait devoir
amener une solution définitive, n'a produit
aucun résultat. ' > <
Depuis que le gouvernement de Louis-
Napoléon est fermement résolu à extirper le
banditisme en Corse, l'administration locale
redouble d'activité et d'énergie. Des résul
tats importans ont déjà été obtenus. On sait
que deux bandits redoutables, nommés Pa-
dovana et Tramoni ont été," le premier, tué
dans une rencontre; le second, arrêté par la
gendarmerie et livré la justice. Tramoni sur
tout était un des contumaces les plus dange
reux. U sera prochainement jugé par la cour
d'assises. Nous apprenons que deux autres
baudits, Dominique CesariditSperato, et Cé
sar Bartoli, ont été atteint^ par là force ar
mée et ont succombé tous deux dans lalutté^
Sperato était un homme d'une audace extrêj
me et d'une force surhumaine, qui avait réusj
si à jeter la terreur dans les environs de
Sartène, son quartier-général. C'était le type
. .Le Constitutionnel 'commencera, le 3 no
vembre, la publication d'un roman nouveau
ayant pour titre :
' XtENÉSâ VA3WI&JL12,
en 2 volumes,
' PAft M°" VIRGINIE ANCELOT.
'FEUILLETON DU COHSTlfU"îiO«KEL, 28 OCTOBRE,
- La vive curiosité excitée en Angleterre par
l'arrivée, d'un ambassadeur de l'ile Pitcairn,
.qui vient ..demander au gouvernement an
glais l'envoi d'un ministre protestant dans
.cette petite république modèle, nous a .fait
penser qu'on lirait avec intérêt le récit sui
vant, dû à la plume d'un officier de la ma
rine anglaise qui a visité récèmment cette
?le singulière. cuciiEYAL-CLARinsT.
VISITE A L'ILE BE PITCAIRN
Au mois de février 1851, nous partîmes
de Valparaiso sur le vaisseau la Colypso, avec
la mission de visiter plusieurs des lies mé
ridionales de l'océan. Pacifique, de nous met
tre a la disposition des consuls qui y-rési
dent, et de leur prêter l'appui dont ils pour-
" raient avoir besoin. Quand,les habitans de
Valparaiso et les navires de guerre qui te-
liaient la rade surent que, sur notre route,
nous devions visiter l'île romanesque de Pit
cairn, on s'empressa de nous apportèr de
tous côtés des Bibles, des, livres religieux,
des ustensiles de chasse, de pêche et d'agri
culture. C'était à qui souscrirait pour oflVir
un plus grand nombre d objets auxjbabi-
tans de Pitcairn. < ,
La traversée fut heureuse, et, le 9 mars, la
vigie nous signala l'île de Pitcairn. Bientôt
l'ile nous apparut comme un rocher orgueil
leux qui élevait sa tète superbe jusqu'aux
cieux. Le vent»se mit à souffler avec violen
ce, et fut accompagné d'une "pluie abondan
te. Nous avions déjà perdu tout espoir d'a
border pour ce jour, lorsqu'un bateau mon
té, par de vigoureux rameurs vint jusqu'à
portée de la voix, et nous demanda la per
mission d'accoster. Les hommes qui le di
rigeaient grimpèrent sur le pont, et nous ex
primèrent leur joie de voir des visages an
glais et un navire dû la marine anglaise.
Comme le temps devenait de.. plus en plus
mauvais, ils obtinrent de rester toute U
nuit à bord, et nous firent passer une soirée
très ajréabla ep nous racontant l'histoire de
leur île, ■ -
Le 10 au matin,, nous desefsndùnes à ter
re, ou on nous lit l'accueil le plus cordial.
La berge de Bounty-Bav était couverte des
habitans accourus pour nous recevoir, et à
deux cents pieds au-dessus de l'embarcadè»
re, se tenait la population féminine, qui sa-
lua notre arrivée avec la plus grande allé
gresse, Chez les femmes, en efïet, l'élément
saxon prédomina. Hommes, femmes, en-
fans nous entouraient, et nous montraient
leurs demeures et leurs établisse mens. Part-
tout des porcs, des ignames (racines bonnes
a manger), des taros, et des pommes de
terre étaient cuits pour nous. Partout on
nous offrait comme boisson, du lait de co-
co> car je yi»et les liqueurs ne sont d'usage
dans l'ile'que comme remèdes. Les habitans '
s'empressaient de nous montrer tout ce qu'ils
croyaient curieux et capable de nous plaire, -
et nous conduisaient dans les sites remar-'
quables par quelques bizarreries de. la na
ture ou par les ruines qu'ont laissées les
premiers habitans de l'île. C'était pour eux
un jour de fête que cette visite ; c'en fut un
aussi pour nous. . .
Rien n'est plus singulier que l'histoire de
cette colonie et le récit des vicissitudes par
lesquelles elle a passé. En 1789, le navire la
Bonté visita les îles de la Société, et fit un sé
jour de plusieurs mois dans la rade de Tahiti.
Lorsqu'il fallut reprendre la mer, l'équipage
se révolta et massacra plusieurs des officiers
afin de rester dans l'île. L'atniral Uligh, alors
simple officier, s'échappa comme par mira
cle avec quelques hommes, et porta en An- '
gleterre la nouvelle de cette sanglante tra
gédie. L'année suivante, un navire de guerre
arriva à Tahiti, s'empara des matelots cou
pables et en fit justice. Neuf d'entre eux. .
réussirent à se cacher dans les bois; et, ne
se croyant plus en sûreté à- Tahiti, résolu^
rent d'émigrer dans une des îles inhabitées
de l'océan Pacifique. Ils s'embarquèrent avec
tqut ce -qu'ils possédaient et d'abondantes
provisions dans la principalp cljajqupe de. la
Bonté, emmenant avec eux six Tahi tiens et
douze femmes, taliitiennes. Ils jetèrent l'an»
cie dans la criquenaturelle qui sert de port
à l'ile de Pitcairn, et se mirent à dé bar- ■
quer leurs provisions sur le rivage. Ils
n'en avaient encore transporté que la moi- :
tié, lorsque l'un d'eux, Jean Mills, mit le
fen à la fthaloupe sans qu'on ait. pu savoir
pour quel'motif. En 1V93, les Taljitieï)5 ?
U-aités'par les Anglais avec trop de cruauté,
.et- révoltèrent. contre eux et en massacrè
rent quelques-uns. Un des Anglais survi
vons, nommé Christian Flescher, plein de '
repentir des crimes qu'il avait" commis, se
sépara de ses compatriotes et alla vivre à
l'écart. Les autres blancs se concertèrent et
firent périr tous les Tahitiens jusqu'au der
nier. L'année suivante; plusieurs Taliitien
nes, lasses de la jalousie et des mauvais trai-
temens que les Anglais leur faisaient subir,
construisirent un radeau pour quitter l'île
secrètement, mais ne purent s'en servir, et
. renoncèrent à leur projet. La petite colonie
fut assez paisible jusqu'en 1798, année où
l'un des blancs, nommé Coy, réussit à tirer
une sorte de liqueur spiritueuse de diverses
racines. Ce furent alors des scènes déplora
bles d'ivresse. L'inventeur en fut la victime;
cette liqueur lui causa des délires furieux, et
un jour il s'attacha une pierre au cou et se
précipita dans la mer. Sur les neuf Anglais
il n'en restait plus que trois, M. Quintal,
Ed. Joung, "et J. Adam. Le premier voulut
faire périr les deux autres ; il échoua dans
son sinistre projet, et eut la tête fendue d'un
coup de hache. En 1800, Ed. Joung mourut
d'un asthme, et Jean Adam se trouva le seul
homme vivant de la colonie. En quelques
- PHgegs tous avaient péri, sauf un, de mort
-violente. . = ,
• Instruit par l'expérience de tant de misè
res, et par les malheurs-que les crimes de
ses compagnons" leur ■ avaient attirés, Jean
Adam résolut d'élever les familles de seg
compatriotes dans les principes de la reli
gion "la plus rigoureuse, et «de la, morale la
plus sévère. Il établit un code de lois, et,
avec le secours de sa Bible et d'un livre de
prières de l'Eglise anglaise, il fonda la reli
gion que les futurs habitans de l'île devaient
su|vre. Rigide et sévère pour lui-même, it
-devint duret inflexible comme un Spartiate;
. Ses premières lois rappelaient la législation
draconienne, et la moindre faute était punie
avec la plus grande rigueur, U siégeait sur
un tribunal, et ses décisiQfjs étaient sans ap
pel. Nouveau Brutus, il condamna sa propre
îille q, mort pour avoir violé ses lois, mais
l'inhumanité de sa sentence révolta ses su
jettes; et il fut forcé de pardonner à sa fille.
En 1808,; un vaisseau vint aborder à l'île"
de Pitcairn, c'était le premier qui y eût tou--
ché depuis l'arrivée de la Bonté. Jean Adam
ne le vit pas aborder sans crainte ; mais rien
ne peut se comparer à l'étonnement que le
spectacle nouveau d'un navire causa à 1$
nouvelle génération! En 1814., deux navires
de guerre le Briton et le Tage approchèrent
de l'île, et les marins ne furent pas peu sur
pris de s'entendre interpeller en bon anglais
par les canots qui voltigeaient autour d'eux.
Leur étonnement redoubla lorsqu'ils appri
rent l'histoire singulière de la colonie. De
puis cette époque, l'île a été souvent visitée,
surtout par les baleiniers qui viennent y
faire de l'eau et renouveler leurs provisions.
Quelque temps avant sa mort, Adam,
.craignant que l'île np put pas nourrir "une
population plus nombreuse, s'adressa, par
rentremise du consul de Tahiti, au gouverne^
ment anglais. Un vaisseau de guerre, le Co
rnus, fut chargé de transporter toute la co*
lonie à ^hiti. Les colons n'y restèrent que
six mois, ils se dégoûtèrent bientôt de la li
cence et des vices des Tahitiens, et deman
dèrent avec instance à retourner dans leur
patrie. La Lucy-Anna les y ramena, et ils re
trouvèrent avec joie les habitations qu^ls
avaient cru abandonner pour toujours.
Je reviens au récit de notre visite. Le che-
•min qui conduit ^ux maisons est très rapide
et taillé dans ie flanc d'un rQolwr esoat'pè;
aussi, quand il pleut, il devient très glissant
et très dangereux. Le village est établi sur
la, pente nord-ouest de l'île, à 300 pieds au-
dessus de la mçr. Les maisons ne sont pas
group'ées les unes à côté, qes aùtrès ; elles
sont situées, selon le caprice des habitans,
les unes tout près de l'océan, les autres plus
retirées ètenfoncées sous lea arbres : toutes
sont ombragées par de gracieux palmiers
ou par de larges banquiers sauvages. Cha
que maison ne contient qu'une famille, mais
un bâtiment plus vaste sert à la fois d'église,
de lieu de réunion et d'école pour les enfans.
Les maisons sont en bois, sauf les parties in
férieures que l'on construit en pierre, pour
empêcher que les pluies abondantes du prin
temps ne les dégradent. Le chaume du toit
est avantageusement remplacé par le feuil
lage du pandanus ou vin noueux. Chaque mai
son est partagée en deux parties ; de chaque
côté sont les chambres occupées par les
membres de la famille, un rideau épais leur
sert de cloison> et une petite fenêtre donna
à chaque alcove de l'air et de la lumière.
Des tables, des chaises, des commodes gar
nissent ces appartemens,
La population s'élève aujourd'hui à 140
personnes, -71 hommes, 69 femmés. Sur-ce
nombre, 47 ont moins de quinze ans, et sa
partagent en^4 garçons et 23 filles. Delà
•première génération née dans l'île il ne resta >
plus que S personnes vivantes. Le doyen des
colons est la Tahitienne Suzanne, âgée de
quatre-vingts ans, qui est venue dans 111e da
Pitcairn avec les premiers émigrans sur'le
navire la Bonté. • ; -
Les habitans suivent la religion anglicane
et ae règlent sur la Bible. Il y a service deus
fois par semaine, le dimanche et le mercredi.
Ge dernier jour est consacré à l'explication
desEcritures. LeurS repas sont précédés et
suivis d'actions de grâces que le plus âgé
prononcé à haute voix", et que tous écoutent •
dans le plus grand recueillement. Leur for
me de gouvernement est très simple. Elle
consiste en un magistrat et deux conseillers
adjoints, Le magistrat est élu tous les ans à
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