Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-10-18
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 18 octobre 1852 18 octobre 1852
Description : 1852/10/18 (Numéro 292). 1852/10/18 (Numéro 292).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
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1852.-LUNDI 18 OCTOBRE.
frii de l'abonnement. ;
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s fr. pour trois mois.
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UN NUMÉRO : 15 CENTIMES. \
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Les annonces sont reçues cher/ M. PANIS, régisseur* 10, place de la
" . • . et au bureau du journal.
PARIS> >17 OCTOBRE,
Personne n'ignore dans quelles conditions
«BXCftpiioimeîles se rédigé le Journal de Franc
fort,publié au siège même de la diète ger
manique. Ce jouriïal, à qui il arrive rare-
ïaent d'exprimer un jugement sur la marche
•des affaires ^consacre au discours de Bordeaux
4ia article qui ne peut manquer d'être remar-
«qué. Cet article montre que lespuissance con
tinentales considérant l'Empire comme vir
tuellement rétalîli ; qu'elles acceptent com
plètement ce grand fait; que l'Empire, à
ieurs yeux, a la légitimité de la nécessité,
, «et qu'avec le programme magnifique qu'en
A tracé Louis-Napoléon, il paraît un gage de
ïjiaix et une garantie nouvelle du maintieq
de l'ordre en Europe.
• I;e Journal de.. Francfort ne craint pas de
faire allusion aux coalitions qui ont âm'èûé
îa cliute de l'Empereur et à l'appui qu'elles
ont trouvé dans nos dissensions civiles;
anais c'est pour tirer de ces ; souvenirs une
•conclusion toutetoïitraire à celle des politi
ses de salons./Où l'on s'obstine h ne voir
que les passions d'autrefois. toujours subsis
tantes, de 'nouveaux et puissans. intérêts
^nt nés/ont grandi, et parlent aujourd'hui
. împérieusecftent. Ce n'est pas seulement en
Franco, croyons-le bien, qu'on sait écouter
les en^eignemens de l'expérience et la voix
cio l?i nécessité.
depuis trentercinq ans, la France n'a point
fait un pas hors de ses frontières : les idées
•démagogiques, qui sont la corruption et la:
ruine des idées libérales, en ont-elles moins
fait leur chemin dans le monde? Où s'exerçait
directement l'influence de la France, en Bel-
îgigue,,en, Espagne,'en Piémont* on a vu naî
tre et prospérer la liberté tempérée;, jointe à
l'ordre et à la paix ; où l'influence française
était surveillée, étouffée, proscrit^' on a vu
apparaître leradicalisme effréné, la négation
..systématique de toute croyance et de toute
' Autorité. Les saturnales sanglantes de ,Ber
lin/de Francfort et devienne ont démontré
à tout œil clairvoyant que la - révolution de
^848 avait été le signal et non la cause du
'bouleversement de l'Europe., ' ,
Penda.pt qu'au-delà du Rhin il a fallu des
•flots de sang et de longs combats pour ra
mener la paix dans les rues>et le calme dans
lesesprits , pendant que les rois'ont dûrecon-
ipiéz'irleurs capitales sur la démagogie, cette
France, tant jalousée, tant calomniée,- se ti-
Tait-elle-même, et en quelques mois, de l'abî
me où on l'avait-laissée tomber. En-toute
, >occasion,'par ses suffrages, par les repré-
sentans qu'elle s'est choisis, par .le chef
, qu'elle s'est donné, la France a montré que
la masse, de la nation était demeurée intacte;
Que les idées religieuses et morales, que l'es
prit d'ordre et de paix avaient corfservé tout
Jeur empire, et qu'il suffisait de laisser les
Français à leurs instincts pour les-voir reve
nir au bien et trouver la voie du salut.
Il y a là un enseignement qui ne peut être
" méconnu par. personne. . Où l'immense ma-,
jorité'du peuple est demeurée fidèle aux prin
cipes protecteurs de la société, les idées sub
versives n'ont pu usurper qu'une domination
éphémère et-impossible'à ressusciter. La
France, éclairée et , mûrie par ses épreuves,
«est aujourd'hui l'appui le plus sûr des idées
d'ordre, la véritable gardienne de la civilisa-
tionmoderne. La France, revenue par l'a
paisement- des esprits, à la paix du dedans
et du dehors, et s'élevantpar la .paix à une
prospérité inouïe, est' le meilleur exemple
qn ? on,puisse montrer aux nati'ons : son cal
me, son contentement, le développement de
ses ressources sont une prédication continuel
le en faveur dé la morale, de l'ordre et de
l'autorité.
: Pourquoi veut-on que l'Europe, qui a un
■tel spectacle devant elle, ferme volontaire
ment les yeux à la luriiière, et s'avéùgle sur
ses vrais intérêts? "Quel vœu peut-elle for
mer sinon pour le riiaintien d'un état de
! choses . qui) en affermi^anî la Praffie* dans
là vote tic la-sagesse, consolide du même
coup tous les trônes du continent? Et lorsque
le prince habile et persévérantdontle patrio
tisme et l'énergique volonté ont si puis
samment contribué àla victoire de la, justice
et de la morale sur les passions subversives,
déclare solennellement que, loin de vouloir
compromettre son œuvre" en recommençant
des luttes sans motif , et sans objet, il veut
au contraire la continuer et l'achever, com-
.flient l'Europe n'applaudirait-elle pas à de si
bonnes et ,si salutaires paroles. Pourquoi
verrait-elle avec ombrage cons'olideï el per
pétuer un pouvoir dont il est fait un si noble
usage et .qui profite à la paix du monde au
tant qu'à la grandeur de la France?
C ucheval- C larigny»
On lit dails le Journal de Francfort, du
16 'octobre : ■ ■ ,
. '. «Le prince-Prési dont a parlé à Bordeaux, la pre
mière ville maritime et l'une des principales vil
les commerciales de la France. Nous savons main j
tenant que M: Thiers avait raison quand il disait !
L'Empire est -fait. Nous Attendons seulement l'Em
pereur, à savoir la dignité, car l'Empereur est
fait aussi bien que l'Empire.
'» On aurait tort 'de prétendre que la nation n'a
pas concouru à cet événement. L'Empire n'a pas
été fait par une intrigue ; il a été fait par celui
dans le* nwins duquel se trouvaient le pouvoir et
l'autorité^ tous,les deux menacés d'un côté par
l'anarchie et de l'autre par les passions et l'ambi^
tion des partis. Le Président les à maintenus. Il
les a retnis intacts à la nation,, et la nation a dé
claré par un instinct de sécurité que Louis-Napo-"
léon méritait d'être Président pour dix ans.
» La nation a déjà conïpris les résultats avanta
geux de son élection. La même énergie qui a con
solidé l'autorité en France, a aussi consolidé la
France elle-même. Le pays a confiance dans le
Président, mais il veut aussi avoir confiance dans
la situation. s -
» Ajoutez a cela les traditions de l'Empereur Na
poléon, les réformes et les bienfaits qu'il a répan
dus sur la France, qui, telle qu'elle est, est sortie
de son génie, comme Minerve est sortie de la tête
de Jupiter.
» L'enthousiasme de la nation qui rappelait l'Em
pereur, s'est associé à la reconnaissance envers le
neveu. Ce dernier a sauvé la France de la révolu
tion comme son oncle l'avait sauvée auparavant.
11 l'a non seulement préservée de la révolution,
mais encore de l'anarchie.
» Le peuple a déjà proclamé l'Empereur. Le Pré-,
sident n'a qu'à accepter le suffrage du peuple. 11
l'acceptera ; car l'Empire, dit-il, est la paix. Voilà
la grande,question du présent et de l'avenir. L'Em
pire est la paix, et la paix est la conservation. 11
dit encore : La France désire la paix ! Nous
croyons en effet que la France désire autant la
paix'que le reste du monde; 11 se peut qu'il y ait
en Franco aussi bien que dans les autres pays
des hommes et des partis qui préfèrent la guerre'
au développement pacifique ; mais ce qui est cer
tain, c'est que le pays n'aspire qu'à la sécurité:
La Krance ne-veut pas faire!des conquêtes, elle
veut seulement- exister et prospérer sur la hase des
grands principes et des reformes salutaires que.la
révolution de 1792 a fait naître, et que l'Empe
reur Napoléon a dirigés vers un but pratique. La
nation veut une nouvelle édition de l'Empire, mais
une édition revue et corrigée. La nation veut l'Em
pire de la paix, le Présidentne peut pas se sous
traire à la mission que lui imposent l'histoire et
sa position actuelle, que luKmposent les devoirs
de son nom et ceux qu'il a à remplir envers sa
patrie.
» L'empereur Louis-Napoléon sera -tril légitime?
Faisons abstraction du mot, et' tenons-nous-en seu-
fèment à la notion pratique. Le mot,a été inventé
contre l'oncle lorsqu'il s'agissait de rétablir la paix
du monde et de la placer sur un principe vis-à-
vis de ses tendances spoliatrices et conquérantes.
La notion pratique de la légitimité n'a rien de
commun avec, le mot ; car elle existe seulement là
où l'énergie protège la légitimité. Un trime légi
time, sans l'énergie et la ferme volonté de le main-,
tenir, n'est rien dans les destinées du peuple;, il
n'est rien non plus dans lés destinées des princes,
v:.._ . - T-. ».
-T 'ÊÏJ-
fout ce que" j'ai de force, lout ce que j'ai
de dévoûment. » . ..'
- Le tribunal de commerce du département
de la Seine a envoyé .l'adresse suivante au
prihcë-Président :
f « Monseigneur^ . « ;
» Sous le retentissement de l'accueil sans exem
ple fait à Votre Altesse impériale par les; dcparte
mens qu'elle vient de parcourir, le tribunal de
commerce de la âeine a dû se demander si, mal
gré la' circonspection que son caractère et la na
ture de ses fonctions toutes spéciales lui imposent,
ii no devait pas, cornrùe représentant plus parti
culièrement les intérêts commerciaux de la cité,
s'associer à l'entraînement général ; "
» Et il a compris qu'il ne pouvait rester muet
dans cotte immense et collecti ve adresse que vous
|irc'sbnte le pays tout entier.
» Toutes nos sympathies sont acquises à l'auto
rité vigoureuse qui a pour but la sécurité de tous
sans laquelle il n'y a pas "de vraie liberté.
' » C'est un des grands méritos de Votre Altesse
impériale que d'avoir inspiré cette conviction pro
fonde qiie 1g principe d'autorité ne périra, pas
dans ses mains. »
» Conquérir à la morale et à, la religion des po
pulations qui. connaissen t à peine les principes du
Christ, défricher d'immenses torritoirêS incultes,
ouvrir des routes, creuser des ports, rendre nos
rivières navigables, terminer nos canaux, est le
programme de Votre Altesse impériale.
» Inaugurez, Monseigneur, cet empire de lapate
et de l'activité, la volonté nationale est avec vous;
appelez vos soldats, selbn votre expression,_pour
ce grand bien de la patrie, vous nous trouverez
sous]vos aigles. »
La journée d'aujourd'hui a été en quel
que sorte le complément de la journée
d'hier.
Les curieuxquin'avaientpuvoirhierqu'un
seul.poinl du parcours, ont voulu en visiter-
l'ensemble.' ,
Les promeneurs encombraient le boule
vard;-ils suivaient avec intérêt la ligne» qui'
a été parcourue par le cortège. Oiï se mon
trait les lieux témoins de quelques incidens
de cette grande et'belle journée
L'arc de triomphe monumental du pont
d'Àusterlitz, était le point vers lequel conver
geaient. tous les. promenehrsy il n'y avait
qu'une opinion sur sa magnificence. On re
grettait que la pierre et le marbre, si bien
imités, ne fussent pas des réalités destinées
à braver les siècles, en commémoration de
cette . inauguration anticipée de la seconde
ère impériale. L» B oniface.
UN CONTRASTE.
qui savent fort'bien qu'il- y a en Europe fort peu
de trônes qui sont légitimes par la grâce de Dieu,
mais qu'il y en a beaucoup qui le sont par la force
majeure. » -
Voici, d'après le Monite.ur,la réponse du
prince-Président au discours du préfet de la
Seine :
« Je suis d'autant plus -heureux des vœux
que vous m'exprimez au nom de la .ville
» de Paris, que les acclamations qui me re
çoivent ici sont la "continuation de celles
» dont j'ai été l'objet pendant mon voyage.
> Si la France veut l'empire, c'est qu'elle
» piense que cette forme de gouvernement
garantit mieux sa grandeur et son avenir.
» Quant à moi, sous quelque titre qu'il me
» soit donné de la servir, je lui consacrerai
Un rapprochemeàt historique' qui a- êa s:
gnification et sa portéej a été fait hiér pâv
beaucoup de personnes. -
Le 16 octobre 1793, la reine Marie-Antoi
nette montait sur l'échafaud, et, après que
le fatal couperet avait abattu cette tète dé
vouée à tant de malheurs, le bourreau
la montrait à la multitude. C'est sur la
place de la Révolution, aujourd'hui place de
-la Concorde, que s'était accompli ce drame
lugubre. On sait de quelles humiliations et
de quelles souffrances avait été abreuvée
cette fille de Mario-Thérèse, 'cette héritière
4es Césars, cette souveraine qui .était venue
en France à l'âge de seize ans, rayonnante
de grâce et de beauté. Séparée de sort fils et
de sa fille, étroitement gardée à la.Concier-
gerie par une escouade de patriotes à qui
il était défendu de lui parler et de lui ré
pondre, recevant ses alimens par un tour,
réduite à une telle détresse, qu'elle était
obligée de raccommoder elle-même son uni
que robe noire, et qu'elle était contrainte de
solliciter six mois pour obtenir qu'on cardât
le matelas de sa dure couchette, la veuve
de Louis XVI avait comparu devant le tri
bunal révolutionnaire. Elle y avait été accusée
de ce crime abominable dont elle appelait
à toutes les mères ! Elle y avait été comparée
à Messaline, à Frédégonde et à Locuste, et
sa condamnation avait été prononcée. Na
vrée de douleur, laissant ses pauvres en-
fans en des mains sacrilèges, elle monta
dans la vile charrette des condamnés,, alors'
ennoblie- par tant d'illustres victimes, et sa
longue et cruelle agonie se termina sous le
fer de la guillotine.
Voilà à quels hideux excès les passions ré
volutionnaires, exploitées par une poignée
de misérables, et surexcitées jusqu'au delire,
avaient conduit la France. -
FEUILLETON DU CHOTOTTIONÉL. 18 OCTOBRE.
THÉÂTRES.,- -
Point de pièces nouvelles.,— La salle Chante-reine.—
Le' professeur Iiréourt.—Mlle Lucienne. ''
Les théàtres de Paris ont bien senti qu'il y
avait cette semaine un spectacle tout autre
que le leur, et contre lequel ils nepouvaient
lutter ; aussi ne nous ont-ils donné, en fait
de nouveatités, que des arcs de triomphe.
Ces manifestations dramatiques ne sau
raient être le sujet d'une longue analyse,
et d'ailleurs elles n'appartiennent pas, que je
pense, au feuilleton; nous serions donc fort
•a court', sans la grande représentation de
Phèdre que nous annoncions lundi dernier
•d'une manière "assez pompeuse en des
termes propres à exciter la-curiosité'des
véritables amateurs, et qui a effectivement
■eu lieu mardi à la salle Chantereine.
• Sous ce titre imposant de : Salle Chante
reine, on désigne un petit , théâtre de sdciété,
situé vers le milieu de la rue de la jVictoire,
à l'extrémité d'une allée interminable et pré
cédé d'une espèce de petite boutique qu'on
travèrse pour se rendre à la comédie. Le théâ
tre Chantereine, malgré son allée, l'emporte
sua* presque toutes les scènes consacrées à la
déclamation particulière ; son grand mérite
est d'être au rez-de-chaussée, tandis qu'il
faut aller chercher, la plupart des autres au
second étage, et prendre la peine d'essuyer
ses pieds sur le paillasson (S. V-. P.); encore,
risque-t-ron assez souvent de se tromper de
porté, quand il y a plusieurs locataires sur le.
carré. Mais nous ne -nous occuperons pour
l'instant que de la salle Chantereine, remet
tant, si vous le voulez permettre, à un autre
jour où les nouveautés feront encore défaut,
notre promenade dans les cours, écoles,
gymnases ét vastes- greniers où se forme
une brillante jeunesse des ; deux sexes- sous
l'œil de professeurs éméritçs. ■
Le théâtre Chantereine jouit-d'une vieille
célébrité, d'une véritable réputation qu'il
doit autant à la façon dont il est machiné
qu'aux sujets qu'il a déjà produits. 11 parait
que la salle a été construite, par un ancien
machiniste de l'Opéra, jaloux d'utiliser ses
tàlens dans la retraite. Le preçnier et le se
cond dessous , les portans des coulisses,
toilt le système de machines, les sept fa
milles de décors qui composent le maga
sin, le trou duj souffleur; — il y a un
trou de souffleur de toute beauté, et pfes-
qu'aussi "grand qu'une guérite de là garde
nationale ; — les loges de baignoires, les lo
ges d'ayaut-scène et de galerie ; l'orchestre;
portatif formé de banquettes vertes qu'on
pose à volonté; le parterre, formé de ban
quettes grises qu'on aligne - derrière. les
banquettes vertes, suivant. le nombre des
_spectateurs : en un mot, la salle et la
: scène sont l'ouvrage, le chef-d'œuvre d'un
seul homme. Cet .homme seul est à la
fois l'architecte,^ le propriétaire, le lam
piste et le concierge du théâtre ; il se sert
de pompier à lui-meme pour éviter les frais,
et se met de faction dans.sa salle,lorsqu'elle
n'est pas habitée. Il va sans dire qu'il
s'est réservé avec autant de soin que de
goût, sur les derrières du monument, un pe
tit hôtel: de deux ou trois pièces, extrême
ment confortable, bien qu'il manque de fenê
tres à cause de la disposition particulière du
local, et tire tout ; son jour des caves. Heureu
sement les anciens machinistes, habitués à
vivre dans les profondeurs des théâtres, ont
la vue très--perçante. M. le propriétaire, ma
chiniste, allumeur et concierge du théâtre
Chantereine , loue son établissement tout
meuMéj chauffé et éclairé, .à des sociétés sa
vantes, réunions de poètes, concours, d'im- 1
I pr.ovisateurs, et plus particulièrement à ces
! jeunes artistes qu'une-vocation irrésistible
entraîne, et qui ne peuvent renoncer, mal
gré les remontrances de leurs lamilles , au
plaisir de se mettre du rouge de onzième
qualité qui enlève la première peau dès
qu'on s'en est servi seulement trois fois.
. Je ne parle des remontrances des familles
fue pour mémoire, car le plus souvent les
lemoiselles sont amenées par des mères ou
des tantes qui favorisent leurs penchans;
ces dames espèrent toutes que leurs ado
rables créatures remplaceront Rachel dans
le plus bref délai,—avec une légère augmen
tation d'appointemens , — ou que du moins
elles épouseront l'ambassadeur de Portu
gal. Généralement les Messieurs n'ont pas
rencontré non plus beaucoup d'obstacles
à vaincre; et n'ont guère eu. de- peine-—
si j'ose'm'eiprimer en un style que le lieu-
inspire — à franchir la barrière du préjugé ;
de coiffeurs qu'ils étaient, ils aspirent à de
venir cabotins. Quant au propriétaire de la sal
le, il fournit tout, excepté le public, au plus
juste prix. Les acteurs, cela va de soi, ont
la location à payer. Ilélas ! l'art exige dô
frands sacrifices de la part de ceux qui se
évouentà lui ! Le théàtre|Chantereine est de
venu très sérieux; c'est maintenant une salle
d'études, non plus un lieu de divertisse- •
ment ; on y forme la prononciation et l'intel
ligence des élèves : en un mot le grand trottoir
y est presque uniquement cultivé ; partant,
il n'a jamais été si difficile de trouver '
un public pour les représentations ; vous
comprenez qu'il faut actuellement des pu
blics de connaisseurs et d'amis de l'art, et
que les loustics qui'faisaient autrefois les
beaux jours de la salle Chantereine seraient v
bien mal venus. . » . ....
Je n'étais pas-ailé au théâtre Chantereine.
depuis une. douzaine d'années environ ; il
m'a paru bien changé à son avantage. La
. Le 16 octobre 1852, sur cette même place'
de la- Concorde ,„le prince. Louis-Napoléon,
entouré de. foutes les illustratiôns'de son
temps, salué par les acclamations du peuple
et de l'armée, béni par la religion, s'avan--
çait triomphalement vers- les Tuileries.' La
joie et l'espérance brillaient ■ sur tous les'vi
sages. La sécurité et l'allégresse régnaient
dans la grande cité. Tous lès : bons-citoyens,
■ tous les honnêtes gens voyaient s'ouvrir "pour
leur pays une ère nouvelle de-prospérité.
Soldats", gardes nationaux, cultivateurs,
ouvriers, riches, pauvres, tous s'associaient
sans arrière-pensée au grand courant d'o
pinion qui avait électrisé la France en
tière sur le passage de l'héritier de l'Em
pereur. Au milieu de cette fête générale, de
ces cris sans cesse renouvelés, de ces témoi
gnages de la confiance et de l'ivresse popu
laires, Louis-Napoléon, maître de lùi aux
jours de bonheur comme aux jours d'adver
sité , recueillait la juste récompense, de
son courage et de sa résolution, dans . ces
vivats, dans cet enthousiasme dè toute la na
tion. Admirable spectacle qui donnera à
l'Europe et au monde une haute idée de la
grandeur/et de la puissance de notre pays. *'
. Tels sont les- sentimens, telle est la situa
tion de la France, quand l'ordre y-est réta
bli; quand l'anarchie est vaincue, quand un
pouvoir fort et stable règle ses destinées.
Comparez et jugez.
• ~ H enry C auvain.
VOYAGE ÔC p^INCE-PRESIDENT.,
On écrit de Tours, le iS octobrC
« Le prince a quitté Poifjçfs à. (Sn2d heures 'et
'demie, au milieu d'une foule aussi nonitireiise fc't
. aussi enthousiaste qu'à son arrivée. Autorités'ci'
" viles et militaires, magistrature,-clergé, tout le
monde a.voulu l'accompagner jusqu'à la gare du
cheniîn de fer, et le saluer une dernière fois des
cris de Vive l'Empereur ! vibn le sauveur de la
France ! ' -
» Le prince ne s'est arrêté qu'une seule ibi's
pendant le parcours de Poitiers à Tours (101 lcilo-
mètres); c'est à Chàtellerault. Cette ville avait fait
•le p;r!inds préparatifs de fête pour recevoir digne
ment S. A. L'enthousiasme populaire a dépassé
toute attente. Le maire est venu recevoir le prtncç
et le complimenter; son discours a été constam
ment interrompu par les cris de Vive l'Empereur!
Le prince s'est, rendu à pied au milieu de eette
population si ardente dans ses transports et si dé
sireuse de le voir de prés. v
. » Un magnifique arc de triompiie, construit
avec des armes pîtr les ouvriers de la manufactu
re , et portant pour légende : Au sauveur de la
France, ia tille dç Châtellerauti reconnaissante !
s'élevait à l'entrée de la ville. .
» Les communes, rangées.à droite et à ( gauche
de l'arc de triomphe , ont défilé successivement
devant S. A., bannières déployées et faisant Gn-
v tendre de fréquentes acclamations de : Vicel'Em-
, peïèilr /
» Enfin le convoi est arrivé dans là gâte de
..Tours. Ici le prince devait recevoir' ujc ovation
"plus imposante ëncore, et qui a clignement cou-
roililê cette longue marche triomphale. On aurait
dit que la Fi ance entière s'était donné rendez-vous -
. à fours pour acclamer dans un dernier et unani
me élan d'enthousiasme l'honime providentiel
auquel elle à confié ses destinées. Un beau soleil,
un soleil de printemps éclairait cette grande fête
nationale. ' •
» Dès le matin, les populations des communes
du département et celles des départemens. envi-
rannans entraient dans la ville avec leurs ban
nières aux diverses couleurs et venaient se ranger
en ligné sur toute l'étendue des boulevards. On
eh comptait près de douze cents.
» Ce t'ait il une signifieation d'âuliiiU pliiè ini-
portante, que la Touraine est en ce moment en
pleine vendange et que les paysans avaient tous
déserté leurs travaux pour se rendre à la ville. La
Touraine tout entière était là en habits de fête.
» Les bannières de l'arrondissemcht de Tours
se distinguaient par l'élégance, la variété, le choix
des inscriptions. On lisait entre autres légendes
cellé-ci ; Après Dieu, tout à toi! i— Au sauveur±
au seul espoir de la France ! La commune de Saint
Àventin portait une pspèce d'oriflamme d'un ri-
clicHravail, représentant la couronne impériale
et le manteah parsemé d'abeilles^ le tout entouré
d'une résille d'or. M. Paul de Ilicliemond, député,
maire de Saint-Aventin, a fait au prince l'hom
mage de cette œuvre artistique.
» Sur le drapeau de Sainte-Catherine-de-Fier- -
bois on ■ lisait ces trois noms : Charles Martel f
Jeanne d'Arc, Louis-Napoléon! avec cette légende
explicative : « En 732, Charles Martel fonda l'é
glise Sainte-Catherine de Fièrbois et y déposa son
épée. Jeanne d'Arc releva cette épée et sauva ia
."France. Louis-Napoléon vient de faire réparer l'é
glise de Sainte-Catherine de Fierhois. »
» La bannière d'Amboise avait pour inscrip
tion : A quila in turribus insidere juvat.
» Chenonceau» avait choisi l'antique devise de
son château : Foi promise et gardée, et "au-des
sous : A Louis-Napoléon, empereur!
» M. lé comte de Villeneuve, ancien chambellan
de la reine Hortense, et propriétaire du. château,
conduisait lui-même la députation de sa com
mune^ Enfin toutes les communes avaient rivalisé
dé.zèle, d'empressement et d'enthousiasme.
. » Le prince a été reçu à la gare par toutes les
autorités du département, par l'état-major de l'é
cole de Saumur, de la Flèche, etc. •. >
» Le maire a adi'essé à S. A. le discours sui
vant
. « Monseigneur,
» J'ai l'honneur do vous présenter les hommages
respectueux des habitans de la ville de Tours. Si notre
cité est la dernière de celles; qui ont eu le bonheur
de recevoir Votre Altesse impériale dans le cours de
son voyage triomphal, npus p en réclamons pas moins
notre place au premier rang parmi les postulations-
qui vous sont le plus sincèrement dévouées. Vous
nous trouvez, Monseigneur, pénétrés de reconnais-
sanoe pour : les - grandes: choses que- vous avez déjà
faites, pleins de confiance dans les inspirations de
Voire patriotisme pour, l'accomplissement de votre,
mission providentielle. Les acclamations enthousias
tes qui ont accompagné Votre Altesse Impériale par
tout où elle a porté ses pas sont une nouvelle consé
cration des pouvoirs que le pays vous a conférés et
révèlent la préoccupation générale de là France, qui
veut voir sa prospérité garantie par une autorité forte
et durable. Nous attendions avec impatience le mo
ment de nous joindre à cette manifestation solennelle
et de faire éclater en votre présence les vœux àrdens
que nous formons pour votre conservation et pour ia
complète réalisation de vos glorieuses destinées »
» Le prince a répondu :•
« Monsieur le maire, 1 si la ville
dG Tours se
» trouve la dernière sur mon passage, elle n'est
»" pas la dernière dans mes affections. »'
. » Cesi paroles ont été couvertes Me frénétiques
"apjilaudissemenfi et de cris de Vive rEmpereur ' j
plusieurs fois répétés'.-■ -
» Lorsque le prince a parti à l'entrée de la gare,
une immense acclamation est partie en même
d'un bout à l'autre de ces vastes constructions.
Toute cette foule,haletante., pressée, enthousiaste,
semblait mue par un inêine sentiment, par une
^Amo s pensée de reconnaissance et de joie résu
mée au»r s £ e cl ' national : Vive VEmpire ! Vive
l'Empereur ! , , . ,
» C'était tlti specw'" 3 v - ralmen t magnifique,
que de voir défiler ces ma&_ ses compactes, dont
les flots pressés couvraient le» promenades
et les larges rues de Tours, et dont ]'ea,.' lousI as-
me allait toujours croissant. Le prinee est pissé
à dieval devant toutes les députations, et les a-
vues défiler devant lui. Ce défilé a duré prés de
deux heures. , ,
* » Nous ne parioriâ'pas des préparatifs de \a fête ;
ils étaient spl'endides : arc» de triomphe, làêtspa-
voiijés, devises, réceptions, vœui pour lé, rétablis
sement de l'Empire, rien n'y ;inanquaît ; ajoutons
que le temps n'a cessé d'être magnifique. On di
rait que la Touraine avait réservé, poùrcettejour-
néc, toutes les séductions de son charmant climat
comme elle avait réservé pour le prince tous les
témoignages 'du dévoûment le plus sympathique.»
. Le parlement anglais' se,réuh
mois prochain. Les?ordres' de' et
ont paru dans la Gazette de Londres
dredisoir.
. La reconstitution du ministère belge ren
contre, à ce qu'il paraît, des difficultés inat
tendues. L'Indépendance, reçue aujourd'hui,
ne dit pasun mot de la crise.;
L* Emancipation ne montre pas moins (te
réserve :
. «'La crise ministérielle se prolonge,, dit ce
journal. Nous voudrions pouvoir dire que, dans la-
journée qui. vient de s'écouler, la solution a fait
un pasdans'un sens ou dans un autre; nous re
grettons dé devoir dire que nous ne l'avons pas
appris.
• » Lë mystère d on t s'envelopfient les hommes
politiques appelés à faire partie de* la combinai
son, semble s'épaissir. Nous,nous faisons uiï de
voir de le respecter. », , • - ' •
" L'exécution des docks parisiens peut être
considérée désormais comme assurée'; les,'
La malle du Brésil et de Kio-de-la-Plata ap
porte la nouvelle de la reconnaissance de
l'indépendance du Paraguay. Les rivières in
térieures sont ouvertes à tous les pavillons
étrangers; cette mesure de van ce-complète
ment le but de la mission anglo-française. •
« Sir Charles Hothain parlii-ii probablement
•bientôt jrôift ~'o Paraguay,, dit le Times, et ntms.
ne prévoyons pas qir'ducun obstacle s'opposa à
l'arrangement amiable de toutes le» négociations
penda,ntes ou projetées. Jînfin, nousS cspéi'onS
vivement aujourd'hui une, oijjanisation paci/i-=„
que et- permanente., Dieîl" veuille qujsnfls ,espéran
ces ne soient pas déçues l II a" éW-réft'dit un dôé'et
donnant au senor Terrero les biens appartenant
au gonéml Rosas, et abrogeant celui du 16 mars
qui av«it mis ses propriétés sous séquestre. Le
général Rosas possède d'iiiimeofws domaines à
Buenos-Ayres. Un autre décret abolit î.'t peine do
mort en matières - de cnmes politiques, à moin#
que les coupables n'aient attaqué les autorités
constituées à force armée. Par"un autre décret,
les loteries publiques sont abolies comme subver
sives de la Jntirale {Hlblkjtio. Les nouvelles de Rio
voçt jusqu'à 14 du mois dernier/ Les chambre»
brésiliennes avaient été closes le 4. » ■
On a reçu à-Londres des nouvelles de Lis
bonne jusqu'à" la date (la 10 courant. D'a
près des lettres de Lisbonne, du i0, le décret
royal réglant lés opérations électorales sur
le système direct, et convoquant les cortès
pour le 2 janvier prochain, avait causé une
satisfaction générale, Le feld-maréchal duc
de Terceirfi et des officièrs qui avaient servi
dans les guerres de la Péninsule, avaient été
choisis pour serendre en Angleterre afin d'as
sister j aux funérailles du duc de Wellington,
au nom du gouvernement portugais etde l'ar
mée, qui drivait porter le deuil pendant trois
jours, à l'époque de la cérémonie funèbre.
La Banque de Portugal a fait' d'inilti.les ef
forts- pour'engager le cabinet Saldanha-Ma-
galhaes à révoquer ou .à modifier le décret
du 30 août.
On assure que'le comte Lavradio a été en
voyé à Paris pour expliquer lés raisons qu'a
le gouvernement portugais pour ne pas ra
tifier le traité imprudemment négocié -par
l'ex-ministre vicomte Almeida Garreti
transformation est due à notre ami Ilicourt ;.
nous .rendrons tout à l'heure à,Ilicourt les
honneurs qui lui ; sont dus; qu'il me soit
seulement" permis, en mettanfle pied dans
le temple, de me iiVrer un" peu aux souve
nirs que l'aspect des lieux réveille. .
Comme on .perd ses illusions; comme l'âge
glace le cœur; et qu'il est triste d'être blasé
sur les émotions dramatiques avant même
d'avoir les cheveux gris ! Est-il possible q je
je sois entré dans cette salle Chantereine
sans un tremblement, et que j'aie traversé
le long couloir d'un pas si dégagé? C'est que
l'habitude de la critique vous enlèv.e bien
vite la fraîcheur,des premières impressions.
Nous étions plus timides et plus palpitant
vers l'année... je n'ose pas poser les.chiffres,
tant la date me semble effrayante, tant elle
nous éloigne d'aujourd'hui, et nous reporte
en arrière : enfin, qu'il'vous suffise de savoir
qu'il y a de cela quinze ans révolus.
A Cette époque florissaient trois étudians
récemment arrivés de leur province pour
faire leur droit, et qui occupaient à eux trois
une chambre et demie, par économie d'a
bord et ensuite pour se livrer en commun,
ie ne dirai point au Code civil, ainsi qu'ils'
'auraient dû, mais bien à leurs penchans
dépravés pour'les arts. L'un des trois est de
venu avoué depuis, et il exerce encore,
ce qui l'excuse suffisamment ; les deux
autres n'ont écouté que leurs mauvais ins
tincts, ils ont tout à fait négligé les Insti-
tutes; ils ont passé... par quoi,-bon Dieu !
n'ont-ilspas passé? Par l'Odéon, je crois...!
Mais c'est bien fait, que ça leur serve de pu
nition ; ils ne - sont seulement pas dignes de
pitié !
Ah ! qu'il est doux, à la fleur de l'âge, de
contempler lesafïïchesde spectacle et de re
garder deloiniemondé dramatique, lemonde
artistique, et de rêver l'ineffable-volupté d'ê
tre imprimé vivant, et jouétouteru, fut-ce en
I
la collaboration de M. le souffleur de Bobino!
Pour l'instant } la grande ambition des
trois étudians était d'attirer les regards fa
vorables d'un important monsieur qui pu
bliait un petit journal sur papier de diffé
rentes couleurs, et d'obtenir des entrées au
théâtre Comte, afin, comme on dit, de met
tre le pied à l'étricr. Dans le for intérièur on
avait de bien autres projets, on nourrissait
un secret dada beaucoup plus hérissé; mais
.étouffons avec soin ces mouvemens d'orgueil
intempestif, et cachons à tous les regards
nos grands travaux littéraires !
Il fallait se créer des relations.
Les relations ! voilà le point important.
Comment, sans relations,aborder le journal
jaune et le théâtre du Luxembourg? AhJ si
l'on savait le respect qu'inspire à la candide
adolescence un acteur de la banlieue', qui se
promène la brôcliureà la main, avec une re-,
dingote à brandebourgs en plein été, et l'en
vie qu'excite chez les ^pauvres novices, tout
poète à cheveux gras qui a eu l'insigne hon
neur de publier un logogriphe ! " .
Un soir que les trois amis causaient un
peu vivement de leurs espérances dans un
petit café artistique, en regardant les cé
lébrités du coin de l'œil > un auteur dai
gna s'approcher d'eux Ciel!... un au
teur!... un véritable auteur!' plusieurs
fois joué sur le thâtre des Jeunes-Elè
ves! C'est la bonté des dieux ' qui l'en
voie. Je le vois encore : il était hideux ;
-vêtu d'un habit noir • impossible, • et d'Un
pantalon' qui reluisait comme si on l'avait
ciré; ave'c cela jaune, rabougri et dégageant
je ne sais.quel parfum de sauvageon. Au
premier abord nous le trouvâmes charmant;,
il portait sous son bras une liasse énorme
de manuscrits, qui nous frappa de respect.
. - —Vous voulez donc, dit-il, ae cet air pro
tecteur qu'une position faite donne naturel
lement, travailler pour le théâtre? Ah ! jeu
câpitaux se '.portent vers cette entreprise'
éminemment utile-, et nous verrons bientôt'
s'élever dans nos murs des établissemens
analogues à'cêux qifi ont fait la fortune cki
commerce britannique. ' - % .
Tout le monde comprend aujourd'hui les
services que les docks doivent rendre à notre
grande cité industrielle et commerçante. If
s'agit de centraliser les affaires, d'ériger.de
vastes établissemens'' où le négociant puisse
envoyer ses marchandises , sans avoir à- _.
s'embarrasser de leur réception, de leur
emmagasinage et de leiir livraison, en
fin de mobiliser la valeur des marchandi
ses au moyen de warrants qui permettent
d'en disposer,' soit pour la vente, soit pour
l'emprunt , sans obliger à aucun déplace- v
ment- Nous n'avons pas besoin d'énumérer
de nouveau les conséquences de la révolu j
tion féconde que cette institution amènera
dans les habitudes du commerce parisien.
Mais il nous paraît utile de répondre à qu<*
ques observations que nous avons enteJ"
émettre sur les conditions comparatives dei:
docks de Paris et dt"5 docks de Londres. .
■ On a dit que Londres" était la capitale du
'mondecommerçp.nl, que le*-.marché de Paris
ne pouvait pas être mis en parallèle 'avec cet ,
entrepôt dit mo,nde entier, 'et quS les docks
n'obtiendraient peut-être pas chez'nous le
même succès que de l'autre côté du détroit.
L'objection serait, fondée si l'on voulait
agir à Paris sur des proportions aussi"
colossales qu'à Londres. Mais personna
n'y songe. L'entrepris*; parisienne est cons
tituée au capital de" SQ "millions. On 'estime à
plus de 400 millions lés sommes qui ont été
.dépensée» dans la construction des différons
docks existans à Londres. C'est-à-dire que le
capital appliqué aux établissemens de Paris
sera environ le huitième de celui que les éta
blissemens de'Londres ont absorbé. Toutes
les proportions sont donc gardées, el certes^
quand on considère l'immense mouvement
commercial qui convarge vers-Paris, surtout; "
depuis la construction des chemins .de fer, iï
n'y a pas témérité à croire qu'on pourra ob- ■
tenir des résultats avantageux en dépensant
SO millions dans des entreprises où Londres-
a dépensé plus de 400 millions. -
Nos docks auront d'ailleurs un grandi
.avantage sur ceux de,Londres, c'est de ne
pas avoir à faire les travaux qui ont coûté le
plus cher à nos voisins, et qui ont enfoui la
plus forte partie de leur capital. Il a fallu,
de l'autre Côté du détroit, pour faciliier .
le débarquement des marchandises, établir
de Vastes bassins qui ont été mis eu commu
nication pàr des écluses avec la Tamise. No
tre principal dock, qui sera surtout -un dock
de chemins dè fej', n'aUra pas à exécuter ces
travaux hydrauliques, et il pourra affecter
presque tous les terrains àl'emmagasinage ou
à la manutention de la marchandise, qui for- -,
ment les véritables profits de ces établisse
mens. -
Quelçfue's renseignemens techniques sont
nécessaires pour faire comprendre toute l'im-
nes gens, c'est un métier bien difficile; j'en
suis moi-même la victime !...
— Nous nous hasardâmes à répondre que
rien ne nous coûterait pour marcher sur ses
traces.
— Ainsi, àjouta-t-il, mon propriétaire
vient de me renvoyer aujourd'hui même, et
c'est à peine si j'ai pu emporter mes manus
crits. . : .1
—r Quoi ! tant de pièces à vous tout seul!
ont-elles été jouées?
— Toutes ! Il y a là, Messieurs, cent cin
quante vaudevilles et drames de différens
théâtres, que j'ai copiés de ma main, pour -
apprendre mon état; j'en copie encore main-,
tenant afin de me perfectionner, et de, me
rompre à la mise en scène ; seulement, je ne '
sais où déposer mes manuscrits, puisqu'on
m'a expulsé de mon logement. Travaillez
donc pour le théâtre !
— Eh bien ! voulez-vous venir chez nous?
fîmes-nous tous les trois d'un même mou-
vement ; nons .n'avons qu'une chambre et
demie, mais il y a une grande armoire dans
laquelle on peut très bien coucher.
— : Peu m'importe , répondit r il,- pourvu
que je serre mes manuscrits avec soin. ,
D'ailleurs je vais avoir ma grande pièce qu'on
répète en ce moment : trois francs de droits
par représentation, sans compter les billets
que la marchande de pain d'épice du pas
sage Choiseul nous acheté, douze sols en ar-
. gent. ou quinze sols en sucre d'orge ! .
j Après quoi l'auteur ne lit aucune difficulté
d'accepteï' notre offre et s'en alla avec nous*
Je vous assure que- les trois amis étaient
■bien fiers ce soir là, qu'ils se sentaient le
cœur gonflé d'un légitime orgueil, et qu'ils .
auraient donné beaucoup pour qu'il fît jour,
et qu'on pût les yoir publiquement rentrer
chez eux avec un auteur. .;
— Voulez-vous que je porte vos manus
crits? dis-je un peu indiscrètement < :
®UR1ÎA.UX.4 iw €^iTaIoîs„(ï*alaIs-^®ya|)j
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1852.-LUNDI 18 OCTOBRE.
frii de l'abonnement. ;
PA.R1S ET DEPARTEMEKS
s fr. pour trois mois.
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UN NUMÉRO : 15 CENTIMES. \
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odr les pays étbanceiis , se reporter aa
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. S'adresser, franco, pour la rédaction, à M. CtiCHEyAL-CLAitiGNY, rédacteur en chef.
, Les articles dépôsés"ne sont pas rendus.
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
S'adressir, franco,pow»' radministmivml
à m. denaix, directeur.
On s'abonne, da/is les dcpartemens, aux Messageries et au-x Directions de poste.-.—A Londreschez M." C owie et b'iis.
— A Strasbourg, chez M.. A lexandre, pour l'Allcnmgne.
Les annonces sont reçues cher/ M. PANIS, régisseur* 10, place de la
" . • . et au bureau du journal.
PARIS> >17 OCTOBRE,
Personne n'ignore dans quelles conditions
«BXCftpiioimeîles se rédigé le Journal de Franc
fort,publié au siège même de la diète ger
manique. Ce jouriïal, à qui il arrive rare-
ïaent d'exprimer un jugement sur la marche
•des affaires ^consacre au discours de Bordeaux
4ia article qui ne peut manquer d'être remar-
«qué. Cet article montre que lespuissance con
tinentales considérant l'Empire comme vir
tuellement rétalîli ; qu'elles acceptent com
plètement ce grand fait; que l'Empire, à
ieurs yeux, a la légitimité de la nécessité,
, «et qu'avec le programme magnifique qu'en
A tracé Louis-Napoléon, il paraît un gage de
ïjiaix et une garantie nouvelle du maintieq
de l'ordre en Europe.
• I;e Journal de.. Francfort ne craint pas de
faire allusion aux coalitions qui ont âm'èûé
îa cliute de l'Empereur et à l'appui qu'elles
ont trouvé dans nos dissensions civiles;
anais c'est pour tirer de ces ; souvenirs une
•conclusion toutetoïitraire à celle des politi
ses de salons./Où l'on s'obstine h ne voir
que les passions d'autrefois. toujours subsis
tantes, de 'nouveaux et puissans. intérêts
^nt nés/ont grandi, et parlent aujourd'hui
. împérieusecftent. Ce n'est pas seulement en
Franco, croyons-le bien, qu'on sait écouter
les en^eignemens de l'expérience et la voix
cio l?i nécessité.
depuis trentercinq ans, la France n'a point
fait un pas hors de ses frontières : les idées
•démagogiques, qui sont la corruption et la:
ruine des idées libérales, en ont-elles moins
fait leur chemin dans le monde? Où s'exerçait
directement l'influence de la France, en Bel-
îgigue,,en, Espagne,'en Piémont* on a vu naî
tre et prospérer la liberté tempérée;, jointe à
l'ordre et à la paix ; où l'influence française
était surveillée, étouffée, proscrit^' on a vu
apparaître leradicalisme effréné, la négation
..systématique de toute croyance et de toute
' Autorité. Les saturnales sanglantes de ,Ber
lin/de Francfort et devienne ont démontré
à tout œil clairvoyant que la - révolution de
^848 avait été le signal et non la cause du
'bouleversement de l'Europe., ' ,
Penda.pt qu'au-delà du Rhin il a fallu des
•flots de sang et de longs combats pour ra
mener la paix dans les rues>et le calme dans
lesesprits , pendant que les rois'ont dûrecon-
ipiéz'irleurs capitales sur la démagogie, cette
France, tant jalousée, tant calomniée,- se ti-
Tait-elle-même, et en quelques mois, de l'abî
me où on l'avait-laissée tomber. En-toute
, >occasion,'par ses suffrages, par les repré-
sentans qu'elle s'est choisis, par .le chef
, qu'elle s'est donné, la France a montré que
la masse, de la nation était demeurée intacte;
Que les idées religieuses et morales, que l'es
prit d'ordre et de paix avaient corfservé tout
Jeur empire, et qu'il suffisait de laisser les
Français à leurs instincts pour les-voir reve
nir au bien et trouver la voie du salut.
Il y a là un enseignement qui ne peut être
" méconnu par. personne. . Où l'immense ma-,
jorité'du peuple est demeurée fidèle aux prin
cipes protecteurs de la société, les idées sub
versives n'ont pu usurper qu'une domination
éphémère et-impossible'à ressusciter. La
France, éclairée et , mûrie par ses épreuves,
«est aujourd'hui l'appui le plus sûr des idées
d'ordre, la véritable gardienne de la civilisa-
tionmoderne. La France, revenue par l'a
paisement- des esprits, à la paix du dedans
et du dehors, et s'élevantpar la .paix à une
prospérité inouïe, est' le meilleur exemple
qn ? on,puisse montrer aux nati'ons : son cal
me, son contentement, le développement de
ses ressources sont une prédication continuel
le en faveur dé la morale, de l'ordre et de
l'autorité.
: Pourquoi veut-on que l'Europe, qui a un
■tel spectacle devant elle, ferme volontaire
ment les yeux à la luriiière, et s'avéùgle sur
ses vrais intérêts? "Quel vœu peut-elle for
mer sinon pour le riiaintien d'un état de
! choses . qui) en affermi^anî la Praffie* dans
là vote tic la-sagesse, consolide du même
coup tous les trônes du continent? Et lorsque
le prince habile et persévérantdontle patrio
tisme et l'énergique volonté ont si puis
samment contribué àla victoire de la, justice
et de la morale sur les passions subversives,
déclare solennellement que, loin de vouloir
compromettre son œuvre" en recommençant
des luttes sans motif , et sans objet, il veut
au contraire la continuer et l'achever, com-
.flient l'Europe n'applaudirait-elle pas à de si
bonnes et ,si salutaires paroles. Pourquoi
verrait-elle avec ombrage cons'olideï el per
pétuer un pouvoir dont il est fait un si noble
usage et .qui profite à la paix du monde au
tant qu'à la grandeur de la France?
C ucheval- C larigny»
On lit dails le Journal de Francfort, du
16 'octobre : ■ ■ ,
. '. «Le prince-Prési dont a parlé à Bordeaux, la pre
mière ville maritime et l'une des principales vil
les commerciales de la France. Nous savons main j
tenant que M: Thiers avait raison quand il disait !
L'Empire est -fait. Nous Attendons seulement l'Em
pereur, à savoir la dignité, car l'Empereur est
fait aussi bien que l'Empire.
'» On aurait tort 'de prétendre que la nation n'a
pas concouru à cet événement. L'Empire n'a pas
été fait par une intrigue ; il a été fait par celui
dans le* nwins duquel se trouvaient le pouvoir et
l'autorité^ tous,les deux menacés d'un côté par
l'anarchie et de l'autre par les passions et l'ambi^
tion des partis. Le Président les à maintenus. Il
les a retnis intacts à la nation,, et la nation a dé
claré par un instinct de sécurité que Louis-Napo-"
léon méritait d'être Président pour dix ans.
» La nation a déjà conïpris les résultats avanta
geux de son élection. La même énergie qui a con
solidé l'autorité en France, a aussi consolidé la
France elle-même. Le pays a confiance dans le
Président, mais il veut aussi avoir confiance dans
la situation. s -
» Ajoutez a cela les traditions de l'Empereur Na
poléon, les réformes et les bienfaits qu'il a répan
dus sur la France, qui, telle qu'elle est, est sortie
de son génie, comme Minerve est sortie de la tête
de Jupiter.
» L'enthousiasme de la nation qui rappelait l'Em
pereur, s'est associé à la reconnaissance envers le
neveu. Ce dernier a sauvé la France de la révolu
tion comme son oncle l'avait sauvée auparavant.
11 l'a non seulement préservée de la révolution,
mais encore de l'anarchie.
» Le peuple a déjà proclamé l'Empereur. Le Pré-,
sident n'a qu'à accepter le suffrage du peuple. 11
l'acceptera ; car l'Empire, dit-il, est la paix. Voilà
la grande,question du présent et de l'avenir. L'Em
pire est la paix, et la paix est la conservation. 11
dit encore : La France désire la paix ! Nous
croyons en effet que la France désire autant la
paix'que le reste du monde; 11 se peut qu'il y ait
en Franco aussi bien que dans les autres pays
des hommes et des partis qui préfèrent la guerre'
au développement pacifique ; mais ce qui est cer
tain, c'est que le pays n'aspire qu'à la sécurité:
La Krance ne-veut pas faire!des conquêtes, elle
veut seulement- exister et prospérer sur la hase des
grands principes et des reformes salutaires que.la
révolution de 1792 a fait naître, et que l'Empe
reur Napoléon a dirigés vers un but pratique. La
nation veut une nouvelle édition de l'Empire, mais
une édition revue et corrigée. La nation veut l'Em
pire de la paix, le Présidentne peut pas se sous
traire à la mission que lui imposent l'histoire et
sa position actuelle, que luKmposent les devoirs
de son nom et ceux qu'il a à remplir envers sa
patrie.
» L'empereur Louis-Napoléon sera -tril légitime?
Faisons abstraction du mot, et' tenons-nous-en seu-
fèment à la notion pratique. Le mot,a été inventé
contre l'oncle lorsqu'il s'agissait de rétablir la paix
du monde et de la placer sur un principe vis-à-
vis de ses tendances spoliatrices et conquérantes.
La notion pratique de la légitimité n'a rien de
commun avec, le mot ; car elle existe seulement là
où l'énergie protège la légitimité. Un trime légi
time, sans l'énergie et la ferme volonté de le main-,
tenir, n'est rien dans les destinées du peuple;, il
n'est rien non plus dans lés destinées des princes,
v:.._ . - T-. ».
-T 'ÊÏJ-
fout ce que" j'ai de force, lout ce que j'ai
de dévoûment. » . ..'
- Le tribunal de commerce du département
de la Seine a envoyé .l'adresse suivante au
prihcë-Président :
f « Monseigneur^ . « ;
» Sous le retentissement de l'accueil sans exem
ple fait à Votre Altesse impériale par les; dcparte
mens qu'elle vient de parcourir, le tribunal de
commerce de la âeine a dû se demander si, mal
gré la' circonspection que son caractère et la na
ture de ses fonctions toutes spéciales lui imposent,
ii no devait pas, cornrùe représentant plus parti
culièrement les intérêts commerciaux de la cité,
s'associer à l'entraînement général ; "
» Et il a compris qu'il ne pouvait rester muet
dans cotte immense et collecti ve adresse que vous
|irc'sbnte le pays tout entier.
» Toutes nos sympathies sont acquises à l'auto
rité vigoureuse qui a pour but la sécurité de tous
sans laquelle il n'y a pas "de vraie liberté.
' » C'est un des grands méritos de Votre Altesse
impériale que d'avoir inspiré cette conviction pro
fonde qiie 1g principe d'autorité ne périra, pas
dans ses mains. »
» Conquérir à la morale et à, la religion des po
pulations qui. connaissen t à peine les principes du
Christ, défricher d'immenses torritoirêS incultes,
ouvrir des routes, creuser des ports, rendre nos
rivières navigables, terminer nos canaux, est le
programme de Votre Altesse impériale.
» Inaugurez, Monseigneur, cet empire de lapate
et de l'activité, la volonté nationale est avec vous;
appelez vos soldats, selbn votre expression,_pour
ce grand bien de la patrie, vous nous trouverez
sous]vos aigles. »
La journée d'aujourd'hui a été en quel
que sorte le complément de la journée
d'hier.
Les curieuxquin'avaientpuvoirhierqu'un
seul.poinl du parcours, ont voulu en visiter-
l'ensemble.' ,
Les promeneurs encombraient le boule
vard;-ils suivaient avec intérêt la ligne» qui'
a été parcourue par le cortège. Oiï se mon
trait les lieux témoins de quelques incidens
de cette grande et'belle journée
L'arc de triomphe monumental du pont
d'Àusterlitz, était le point vers lequel conver
geaient. tous les. promenehrsy il n'y avait
qu'une opinion sur sa magnificence. On re
grettait que la pierre et le marbre, si bien
imités, ne fussent pas des réalités destinées
à braver les siècles, en commémoration de
cette . inauguration anticipée de la seconde
ère impériale. L» B oniface.
UN CONTRASTE.
qui savent fort'bien qu'il- y a en Europe fort peu
de trônes qui sont légitimes par la grâce de Dieu,
mais qu'il y en a beaucoup qui le sont par la force
majeure. » -
Voici, d'après le Monite.ur,la réponse du
prince-Président au discours du préfet de la
Seine :
« Je suis d'autant plus -heureux des vœux
que vous m'exprimez au nom de la .ville
» de Paris, que les acclamations qui me re
çoivent ici sont la "continuation de celles
» dont j'ai été l'objet pendant mon voyage.
> Si la France veut l'empire, c'est qu'elle
» piense que cette forme de gouvernement
garantit mieux sa grandeur et son avenir.
» Quant à moi, sous quelque titre qu'il me
» soit donné de la servir, je lui consacrerai
Un rapprochemeàt historique' qui a- êa s:
gnification et sa portéej a été fait hiér pâv
beaucoup de personnes. -
Le 16 octobre 1793, la reine Marie-Antoi
nette montait sur l'échafaud, et, après que
le fatal couperet avait abattu cette tète dé
vouée à tant de malheurs, le bourreau
la montrait à la multitude. C'est sur la
place de la Révolution, aujourd'hui place de
-la Concorde, que s'était accompli ce drame
lugubre. On sait de quelles humiliations et
de quelles souffrances avait été abreuvée
cette fille de Mario-Thérèse, 'cette héritière
4es Césars, cette souveraine qui .était venue
en France à l'âge de seize ans, rayonnante
de grâce et de beauté. Séparée de sort fils et
de sa fille, étroitement gardée à la.Concier-
gerie par une escouade de patriotes à qui
il était défendu de lui parler et de lui ré
pondre, recevant ses alimens par un tour,
réduite à une telle détresse, qu'elle était
obligée de raccommoder elle-même son uni
que robe noire, et qu'elle était contrainte de
solliciter six mois pour obtenir qu'on cardât
le matelas de sa dure couchette, la veuve
de Louis XVI avait comparu devant le tri
bunal révolutionnaire. Elle y avait été accusée
de ce crime abominable dont elle appelait
à toutes les mères ! Elle y avait été comparée
à Messaline, à Frédégonde et à Locuste, et
sa condamnation avait été prononcée. Na
vrée de douleur, laissant ses pauvres en-
fans en des mains sacrilèges, elle monta
dans la vile charrette des condamnés,, alors'
ennoblie- par tant d'illustres victimes, et sa
longue et cruelle agonie se termina sous le
fer de la guillotine.
Voilà à quels hideux excès les passions ré
volutionnaires, exploitées par une poignée
de misérables, et surexcitées jusqu'au delire,
avaient conduit la France. -
FEUILLETON DU CHOTOTTIONÉL. 18 OCTOBRE.
THÉÂTRES.,- -
Point de pièces nouvelles.,— La salle Chante-reine.—
Le' professeur Iiréourt.—Mlle Lucienne. ''
Les théàtres de Paris ont bien senti qu'il y
avait cette semaine un spectacle tout autre
que le leur, et contre lequel ils nepouvaient
lutter ; aussi ne nous ont-ils donné, en fait
de nouveatités, que des arcs de triomphe.
Ces manifestations dramatiques ne sau
raient être le sujet d'une longue analyse,
et d'ailleurs elles n'appartiennent pas, que je
pense, au feuilleton; nous serions donc fort
•a court', sans la grande représentation de
Phèdre que nous annoncions lundi dernier
•d'une manière "assez pompeuse en des
termes propres à exciter la-curiosité'des
véritables amateurs, et qui a effectivement
■eu lieu mardi à la salle Chantereine.
• Sous ce titre imposant de : Salle Chante
reine, on désigne un petit , théâtre de sdciété,
situé vers le milieu de la rue de la jVictoire,
à l'extrémité d'une allée interminable et pré
cédé d'une espèce de petite boutique qu'on
travèrse pour se rendre à la comédie. Le théâ
tre Chantereine, malgré son allée, l'emporte
sua* presque toutes les scènes consacrées à la
déclamation particulière ; son grand mérite
est d'être au rez-de-chaussée, tandis qu'il
faut aller chercher, la plupart des autres au
second étage, et prendre la peine d'essuyer
ses pieds sur le paillasson (S. V-. P.); encore,
risque-t-ron assez souvent de se tromper de
porté, quand il y a plusieurs locataires sur le.
carré. Mais nous ne -nous occuperons pour
l'instant que de la salle Chantereine, remet
tant, si vous le voulez permettre, à un autre
jour où les nouveautés feront encore défaut,
notre promenade dans les cours, écoles,
gymnases ét vastes- greniers où se forme
une brillante jeunesse des ; deux sexes- sous
l'œil de professeurs éméritçs. ■
Le théâtre Chantereine jouit-d'une vieille
célébrité, d'une véritable réputation qu'il
doit autant à la façon dont il est machiné
qu'aux sujets qu'il a déjà produits. 11 parait
que la salle a été construite, par un ancien
machiniste de l'Opéra, jaloux d'utiliser ses
tàlens dans la retraite. Le preçnier et le se
cond dessous , les portans des coulisses,
toilt le système de machines, les sept fa
milles de décors qui composent le maga
sin, le trou duj souffleur; — il y a un
trou de souffleur de toute beauté, et pfes-
qu'aussi "grand qu'une guérite de là garde
nationale ; — les loges de baignoires, les lo
ges d'ayaut-scène et de galerie ; l'orchestre;
portatif formé de banquettes vertes qu'on
pose à volonté; le parterre, formé de ban
quettes grises qu'on aligne - derrière. les
banquettes vertes, suivant. le nombre des
_spectateurs : en un mot, la salle et la
: scène sont l'ouvrage, le chef-d'œuvre d'un
seul homme. Cet .homme seul est à la
fois l'architecte,^ le propriétaire, le lam
piste et le concierge du théâtre ; il se sert
de pompier à lui-meme pour éviter les frais,
et se met de faction dans.sa salle,lorsqu'elle
n'est pas habitée. Il va sans dire qu'il
s'est réservé avec autant de soin que de
goût, sur les derrières du monument, un pe
tit hôtel: de deux ou trois pièces, extrême
ment confortable, bien qu'il manque de fenê
tres à cause de la disposition particulière du
local, et tire tout ; son jour des caves. Heureu
sement les anciens machinistes, habitués à
vivre dans les profondeurs des théâtres, ont
la vue très--perçante. M. le propriétaire, ma
chiniste, allumeur et concierge du théâtre
Chantereine , loue son établissement tout
meuMéj chauffé et éclairé, .à des sociétés sa
vantes, réunions de poètes, concours, d'im- 1
I pr.ovisateurs, et plus particulièrement à ces
! jeunes artistes qu'une-vocation irrésistible
entraîne, et qui ne peuvent renoncer, mal
gré les remontrances de leurs lamilles , au
plaisir de se mettre du rouge de onzième
qualité qui enlève la première peau dès
qu'on s'en est servi seulement trois fois.
. Je ne parle des remontrances des familles
fue pour mémoire, car le plus souvent les
lemoiselles sont amenées par des mères ou
des tantes qui favorisent leurs penchans;
ces dames espèrent toutes que leurs ado
rables créatures remplaceront Rachel dans
le plus bref délai,—avec une légère augmen
tation d'appointemens , — ou que du moins
elles épouseront l'ambassadeur de Portu
gal. Généralement les Messieurs n'ont pas
rencontré non plus beaucoup d'obstacles
à vaincre; et n'ont guère eu. de- peine-—
si j'ose'm'eiprimer en un style que le lieu-
inspire — à franchir la barrière du préjugé ;
de coiffeurs qu'ils étaient, ils aspirent à de
venir cabotins. Quant au propriétaire de la sal
le, il fournit tout, excepté le public, au plus
juste prix. Les acteurs, cela va de soi, ont
la location à payer. Ilélas ! l'art exige dô
frands sacrifices de la part de ceux qui se
évouentà lui ! Le théàtre|Chantereine est de
venu très sérieux; c'est maintenant une salle
d'études, non plus un lieu de divertisse- •
ment ; on y forme la prononciation et l'intel
ligence des élèves : en un mot le grand trottoir
y est presque uniquement cultivé ; partant,
il n'a jamais été si difficile de trouver '
un public pour les représentations ; vous
comprenez qu'il faut actuellement des pu
blics de connaisseurs et d'amis de l'art, et
que les loustics qui'faisaient autrefois les
beaux jours de la salle Chantereine seraient v
bien mal venus. . » . ....
Je n'étais pas-ailé au théâtre Chantereine.
depuis une. douzaine d'années environ ; il
m'a paru bien changé à son avantage. La
. Le 16 octobre 1852, sur cette même place'
de la- Concorde ,„le prince. Louis-Napoléon,
entouré de. foutes les illustratiôns'de son
temps, salué par les acclamations du peuple
et de l'armée, béni par la religion, s'avan--
çait triomphalement vers- les Tuileries.' La
joie et l'espérance brillaient ■ sur tous les'vi
sages. La sécurité et l'allégresse régnaient
dans la grande cité. Tous lès : bons-citoyens,
■ tous les honnêtes gens voyaient s'ouvrir "pour
leur pays une ère nouvelle de-prospérité.
Soldats", gardes nationaux, cultivateurs,
ouvriers, riches, pauvres, tous s'associaient
sans arrière-pensée au grand courant d'o
pinion qui avait électrisé la France en
tière sur le passage de l'héritier de l'Em
pereur. Au milieu de cette fête générale, de
ces cris sans cesse renouvelés, de ces témoi
gnages de la confiance et de l'ivresse popu
laires, Louis-Napoléon, maître de lùi aux
jours de bonheur comme aux jours d'adver
sité , recueillait la juste récompense, de
son courage et de sa résolution, dans . ces
vivats, dans cet enthousiasme dè toute la na
tion. Admirable spectacle qui donnera à
l'Europe et au monde une haute idée de la
grandeur/et de la puissance de notre pays. *'
. Tels sont les- sentimens, telle est la situa
tion de la France, quand l'ordre y-est réta
bli; quand l'anarchie est vaincue, quand un
pouvoir fort et stable règle ses destinées.
Comparez et jugez.
• ~ H enry C auvain.
VOYAGE ÔC p^INCE-PRESIDENT.,
On écrit de Tours, le iS octobrC
« Le prince a quitté Poifjçfs à. (Sn2d heures 'et
'demie, au milieu d'une foule aussi nonitireiise fc't
. aussi enthousiaste qu'à son arrivée. Autorités'ci'
" viles et militaires, magistrature,-clergé, tout le
monde a.voulu l'accompagner jusqu'à la gare du
cheniîn de fer, et le saluer une dernière fois des
cris de Vive l'Empereur ! vibn le sauveur de la
France ! ' -
» Le prince ne s'est arrêté qu'une seule ibi's
pendant le parcours de Poitiers à Tours (101 lcilo-
mètres); c'est à Chàtellerault. Cette ville avait fait
•le p;r!inds préparatifs de fête pour recevoir digne
ment S. A. L'enthousiasme populaire a dépassé
toute attente. Le maire est venu recevoir le prtncç
et le complimenter; son discours a été constam
ment interrompu par les cris de Vive l'Empereur!
Le prince s'est, rendu à pied au milieu de eette
population si ardente dans ses transports et si dé
sireuse de le voir de prés. v
. » Un magnifique arc de triompiie, construit
avec des armes pîtr les ouvriers de la manufactu
re , et portant pour légende : Au sauveur de la
France, ia tille dç Châtellerauti reconnaissante !
s'élevait à l'entrée de la ville. .
» Les communes, rangées.à droite et à ( gauche
de l'arc de triomphe , ont défilé successivement
devant S. A., bannières déployées et faisant Gn-
v tendre de fréquentes acclamations de : Vicel'Em-
, peïèilr /
» Enfin le convoi est arrivé dans là gâte de
..Tours. Ici le prince devait recevoir' ujc ovation
"plus imposante ëncore, et qui a clignement cou-
roililê cette longue marche triomphale. On aurait
dit que la Fi ance entière s'était donné rendez-vous -
. à fours pour acclamer dans un dernier et unani
me élan d'enthousiasme l'honime providentiel
auquel elle à confié ses destinées. Un beau soleil,
un soleil de printemps éclairait cette grande fête
nationale. ' •
» Dès le matin, les populations des communes
du département et celles des départemens. envi-
rannans entraient dans la ville avec leurs ban
nières aux diverses couleurs et venaient se ranger
en ligné sur toute l'étendue des boulevards. On
eh comptait près de douze cents.
» Ce t'ait il une signifieation d'âuliiiU pliiè ini-
portante, que la Touraine est en ce moment en
pleine vendange et que les paysans avaient tous
déserté leurs travaux pour se rendre à la ville. La
Touraine tout entière était là en habits de fête.
» Les bannières de l'arrondissemcht de Tours
se distinguaient par l'élégance, la variété, le choix
des inscriptions. On lisait entre autres légendes
cellé-ci ; Après Dieu, tout à toi! i— Au sauveur±
au seul espoir de la France ! La commune de Saint
Àventin portait une pspèce d'oriflamme d'un ri-
clicHravail, représentant la couronne impériale
et le manteah parsemé d'abeilles^ le tout entouré
d'une résille d'or. M. Paul de Ilicliemond, député,
maire de Saint-Aventin, a fait au prince l'hom
mage de cette œuvre artistique.
» Sur le drapeau de Sainte-Catherine-de-Fier- -
bois on ■ lisait ces trois noms : Charles Martel f
Jeanne d'Arc, Louis-Napoléon! avec cette légende
explicative : « En 732, Charles Martel fonda l'é
glise Sainte-Catherine de Fièrbois et y déposa son
épée. Jeanne d'Arc releva cette épée et sauva ia
."France. Louis-Napoléon vient de faire réparer l'é
glise de Sainte-Catherine de Fierhois. »
» La bannière d'Amboise avait pour inscrip
tion : A quila in turribus insidere juvat.
» Chenonceau» avait choisi l'antique devise de
son château : Foi promise et gardée, et "au-des
sous : A Louis-Napoléon, empereur!
» M. lé comte de Villeneuve, ancien chambellan
de la reine Hortense, et propriétaire du. château,
conduisait lui-même la députation de sa com
mune^ Enfin toutes les communes avaient rivalisé
dé.zèle, d'empressement et d'enthousiasme.
. » Le prince a été reçu à la gare par toutes les
autorités du département, par l'état-major de l'é
cole de Saumur, de la Flèche, etc. •. >
» Le maire a adi'essé à S. A. le discours sui
vant
. « Monseigneur,
» J'ai l'honneur do vous présenter les hommages
respectueux des habitans de la ville de Tours. Si notre
cité est la dernière de celles; qui ont eu le bonheur
de recevoir Votre Altesse impériale dans le cours de
son voyage triomphal, npus p en réclamons pas moins
notre place au premier rang parmi les postulations-
qui vous sont le plus sincèrement dévouées. Vous
nous trouvez, Monseigneur, pénétrés de reconnais-
sanoe pour : les - grandes: choses que- vous avez déjà
faites, pleins de confiance dans les inspirations de
Voire patriotisme pour, l'accomplissement de votre,
mission providentielle. Les acclamations enthousias
tes qui ont accompagné Votre Altesse Impériale par
tout où elle a porté ses pas sont une nouvelle consé
cration des pouvoirs que le pays vous a conférés et
révèlent la préoccupation générale de là France, qui
veut voir sa prospérité garantie par une autorité forte
et durable. Nous attendions avec impatience le mo
ment de nous joindre à cette manifestation solennelle
et de faire éclater en votre présence les vœux àrdens
que nous formons pour votre conservation et pour ia
complète réalisation de vos glorieuses destinées »
» Le prince a répondu :•
« Monsieur le maire, 1 si la ville
dG Tours se
» trouve la dernière sur mon passage, elle n'est
»" pas la dernière dans mes affections. »'
. » Cesi paroles ont été couvertes Me frénétiques
"apjilaudissemenfi et de cris de Vive rEmpereur ' j
plusieurs fois répétés'.-■ -
» Lorsque le prince a parti à l'entrée de la gare,
une immense acclamation est partie en même
d'un bout à l'autre de ces vastes constructions.
Toute cette foule,haletante., pressée, enthousiaste,
semblait mue par un inêine sentiment, par une
^Amo s pensée de reconnaissance et de joie résu
mée au»r s £ e cl ' national : Vive VEmpire ! Vive
l'Empereur ! , , . ,
» C'était tlti specw'" 3 v - ralmen t magnifique,
que de voir défiler ces ma&_ ses compactes, dont
les flots pressés couvraient le» promenades
et les larges rues de Tours, et dont ]'ea,.' lousI as-
me allait toujours croissant. Le prinee est pissé
à dieval devant toutes les députations, et les a-
vues défiler devant lui. Ce défilé a duré prés de
deux heures. , ,
* » Nous ne parioriâ'pas des préparatifs de \a fête ;
ils étaient spl'endides : arc» de triomphe, làêtspa-
voiijés, devises, réceptions, vœui pour lé, rétablis
sement de l'Empire, rien n'y ;inanquaît ; ajoutons
que le temps n'a cessé d'être magnifique. On di
rait que la Touraine avait réservé, poùrcettejour-
néc, toutes les séductions de son charmant climat
comme elle avait réservé pour le prince tous les
témoignages 'du dévoûment le plus sympathique.»
. Le parlement anglais' se,réuh
mois prochain. Les?ordres' de' et
ont paru dans la Gazette de Londres
dredisoir.
. La reconstitution du ministère belge ren
contre, à ce qu'il paraît, des difficultés inat
tendues. L'Indépendance, reçue aujourd'hui,
ne dit pasun mot de la crise.;
L* Emancipation ne montre pas moins (te
réserve :
. «'La crise ministérielle se prolonge,, dit ce
journal. Nous voudrions pouvoir dire que, dans la-
journée qui. vient de s'écouler, la solution a fait
un pasdans'un sens ou dans un autre; nous re
grettons dé devoir dire que nous ne l'avons pas
appris.
• » Lë mystère d on t s'envelopfient les hommes
politiques appelés à faire partie de* la combinai
son, semble s'épaissir. Nous,nous faisons uiï de
voir de le respecter. », , • - ' •
" L'exécution des docks parisiens peut être
considérée désormais comme assurée'; les,'
La malle du Brésil et de Kio-de-la-Plata ap
porte la nouvelle de la reconnaissance de
l'indépendance du Paraguay. Les rivières in
térieures sont ouvertes à tous les pavillons
étrangers; cette mesure de van ce-complète
ment le but de la mission anglo-française. •
« Sir Charles Hothain parlii-ii probablement
•bientôt jrôift ~'o Paraguay,, dit le Times, et ntms.
ne prévoyons pas qir'ducun obstacle s'opposa à
l'arrangement amiable de toutes le» négociations
penda,ntes ou projetées. Jînfin, nousS cspéi'onS
vivement aujourd'hui une, oijjanisation paci/i-=„
que et- permanente., Dieîl" veuille qujsnfls ,espéran
ces ne soient pas déçues l II a" éW-réft'dit un dôé'et
donnant au senor Terrero les biens appartenant
au gonéml Rosas, et abrogeant celui du 16 mars
qui av«it mis ses propriétés sous séquestre. Le
général Rosas possède d'iiiimeofws domaines à
Buenos-Ayres. Un autre décret abolit î.'t peine do
mort en matières - de cnmes politiques, à moin#
que les coupables n'aient attaqué les autorités
constituées à force armée. Par"un autre décret,
les loteries publiques sont abolies comme subver
sives de la Jntirale {Hlblkjtio. Les nouvelles de Rio
voçt jusqu'à 14 du mois dernier/ Les chambre»
brésiliennes avaient été closes le 4. » ■
On a reçu à-Londres des nouvelles de Lis
bonne jusqu'à" la date (la 10 courant. D'a
près des lettres de Lisbonne, du i0, le décret
royal réglant lés opérations électorales sur
le système direct, et convoquant les cortès
pour le 2 janvier prochain, avait causé une
satisfaction générale, Le feld-maréchal duc
de Terceirfi et des officièrs qui avaient servi
dans les guerres de la Péninsule, avaient été
choisis pour serendre en Angleterre afin d'as
sister j aux funérailles du duc de Wellington,
au nom du gouvernement portugais etde l'ar
mée, qui drivait porter le deuil pendant trois
jours, à l'époque de la cérémonie funèbre.
La Banque de Portugal a fait' d'inilti.les ef
forts- pour'engager le cabinet Saldanha-Ma-
galhaes à révoquer ou .à modifier le décret
du 30 août.
On assure que'le comte Lavradio a été en
voyé à Paris pour expliquer lés raisons qu'a
le gouvernement portugais pour ne pas ra
tifier le traité imprudemment négocié -par
l'ex-ministre vicomte Almeida Garreti
transformation est due à notre ami Ilicourt ;.
nous .rendrons tout à l'heure à,Ilicourt les
honneurs qui lui ; sont dus; qu'il me soit
seulement" permis, en mettanfle pied dans
le temple, de me iiVrer un" peu aux souve
nirs que l'aspect des lieux réveille. .
Comme on .perd ses illusions; comme l'âge
glace le cœur; et qu'il est triste d'être blasé
sur les émotions dramatiques avant même
d'avoir les cheveux gris ! Est-il possible q je
je sois entré dans cette salle Chantereine
sans un tremblement, et que j'aie traversé
le long couloir d'un pas si dégagé? C'est que
l'habitude de la critique vous enlèv.e bien
vite la fraîcheur,des premières impressions.
Nous étions plus timides et plus palpitant
vers l'année... je n'ose pas poser les.chiffres,
tant la date me semble effrayante, tant elle
nous éloigne d'aujourd'hui, et nous reporte
en arrière : enfin, qu'il'vous suffise de savoir
qu'il y a de cela quinze ans révolus.
A Cette époque florissaient trois étudians
récemment arrivés de leur province pour
faire leur droit, et qui occupaient à eux trois
une chambre et demie, par économie d'a
bord et ensuite pour se livrer en commun,
ie ne dirai point au Code civil, ainsi qu'ils'
'auraient dû, mais bien à leurs penchans
dépravés pour'les arts. L'un des trois est de
venu avoué depuis, et il exerce encore,
ce qui l'excuse suffisamment ; les deux
autres n'ont écouté que leurs mauvais ins
tincts, ils ont tout à fait négligé les Insti-
tutes; ils ont passé... par quoi,-bon Dieu !
n'ont-ilspas passé? Par l'Odéon, je crois...!
Mais c'est bien fait, que ça leur serve de pu
nition ; ils ne - sont seulement pas dignes de
pitié !
Ah ! qu'il est doux, à la fleur de l'âge, de
contempler lesafïïchesde spectacle et de re
garder deloiniemondé dramatique, lemonde
artistique, et de rêver l'ineffable-volupté d'ê
tre imprimé vivant, et jouétouteru, fut-ce en
I
la collaboration de M. le souffleur de Bobino!
Pour l'instant } la grande ambition des
trois étudians était d'attirer les regards fa
vorables d'un important monsieur qui pu
bliait un petit journal sur papier de diffé
rentes couleurs, et d'obtenir des entrées au
théâtre Comte, afin, comme on dit, de met
tre le pied à l'étricr. Dans le for intérièur on
avait de bien autres projets, on nourrissait
un secret dada beaucoup plus hérissé; mais
.étouffons avec soin ces mouvemens d'orgueil
intempestif, et cachons à tous les regards
nos grands travaux littéraires !
Il fallait se créer des relations.
Les relations ! voilà le point important.
Comment, sans relations,aborder le journal
jaune et le théâtre du Luxembourg? AhJ si
l'on savait le respect qu'inspire à la candide
adolescence un acteur de la banlieue', qui se
promène la brôcliureà la main, avec une re-,
dingote à brandebourgs en plein été, et l'en
vie qu'excite chez les ^pauvres novices, tout
poète à cheveux gras qui a eu l'insigne hon
neur de publier un logogriphe ! " .
Un soir que les trois amis causaient un
peu vivement de leurs espérances dans un
petit café artistique, en regardant les cé
lébrités du coin de l'œil > un auteur dai
gna s'approcher d'eux Ciel!... un au
teur!... un véritable auteur!' plusieurs
fois joué sur le thâtre des Jeunes-Elè
ves! C'est la bonté des dieux ' qui l'en
voie. Je le vois encore : il était hideux ;
-vêtu d'un habit noir • impossible, • et d'Un
pantalon' qui reluisait comme si on l'avait
ciré; ave'c cela jaune, rabougri et dégageant
je ne sais.quel parfum de sauvageon. Au
premier abord nous le trouvâmes charmant;,
il portait sous son bras une liasse énorme
de manuscrits, qui nous frappa de respect.
. - —Vous voulez donc, dit-il, ae cet air pro
tecteur qu'une position faite donne naturel
lement, travailler pour le théâtre? Ah ! jeu
câpitaux se '.portent vers cette entreprise'
éminemment utile-, et nous verrons bientôt'
s'élever dans nos murs des établissemens
analogues à'cêux qifi ont fait la fortune cki
commerce britannique. ' - % .
Tout le monde comprend aujourd'hui les
services que les docks doivent rendre à notre
grande cité industrielle et commerçante. If
s'agit de centraliser les affaires, d'ériger.de
vastes établissemens'' où le négociant puisse
envoyer ses marchandises , sans avoir à- _.
s'embarrasser de leur réception, de leur
emmagasinage et de leiir livraison, en
fin de mobiliser la valeur des marchandi
ses au moyen de warrants qui permettent
d'en disposer,' soit pour la vente, soit pour
l'emprunt , sans obliger à aucun déplace- v
ment- Nous n'avons pas besoin d'énumérer
de nouveau les conséquences de la révolu j
tion féconde que cette institution amènera
dans les habitudes du commerce parisien.
Mais il nous paraît utile de répondre à qu<*
ques observations que nous avons enteJ"
émettre sur les conditions comparatives dei:
docks de Paris et dt"5 docks de Londres. .
■ On a dit que Londres" était la capitale du
'mondecommerçp.nl, que le*-.marché de Paris
ne pouvait pas être mis en parallèle 'avec cet ,
entrepôt dit mo,nde entier, 'et quS les docks
n'obtiendraient peut-être pas chez'nous le
même succès que de l'autre côté du détroit.
L'objection serait, fondée si l'on voulait
agir à Paris sur des proportions aussi"
colossales qu'à Londres. Mais personna
n'y songe. L'entrepris*; parisienne est cons
tituée au capital de" SQ "millions. On 'estime à
plus de 400 millions lés sommes qui ont été
.dépensée» dans la construction des différons
docks existans à Londres. C'est-à-dire que le
capital appliqué aux établissemens de Paris
sera environ le huitième de celui que les éta
blissemens de'Londres ont absorbé. Toutes
les proportions sont donc gardées, el certes^
quand on considère l'immense mouvement
commercial qui convarge vers-Paris, surtout; "
depuis la construction des chemins .de fer, iï
n'y a pas témérité à croire qu'on pourra ob- ■
tenir des résultats avantageux en dépensant
SO millions dans des entreprises où Londres-
a dépensé plus de 400 millions. -
Nos docks auront d'ailleurs un grandi
.avantage sur ceux de,Londres, c'est de ne
pas avoir à faire les travaux qui ont coûté le
plus cher à nos voisins, et qui ont enfoui la
plus forte partie de leur capital. Il a fallu,
de l'autre Côté du détroit, pour faciliier .
le débarquement des marchandises, établir
de Vastes bassins qui ont été mis eu commu
nication pàr des écluses avec la Tamise. No
tre principal dock, qui sera surtout -un dock
de chemins dè fej', n'aUra pas à exécuter ces
travaux hydrauliques, et il pourra affecter
presque tous les terrains àl'emmagasinage ou
à la manutention de la marchandise, qui for- -,
ment les véritables profits de ces établisse
mens. -
Quelçfue's renseignemens techniques sont
nécessaires pour faire comprendre toute l'im-
nes gens, c'est un métier bien difficile; j'en
suis moi-même la victime !...
— Nous nous hasardâmes à répondre que
rien ne nous coûterait pour marcher sur ses
traces.
— Ainsi, àjouta-t-il, mon propriétaire
vient de me renvoyer aujourd'hui même, et
c'est à peine si j'ai pu emporter mes manus
crits. . : .1
—r Quoi ! tant de pièces à vous tout seul!
ont-elles été jouées?
— Toutes ! Il y a là, Messieurs, cent cin
quante vaudevilles et drames de différens
théâtres, que j'ai copiés de ma main, pour -
apprendre mon état; j'en copie encore main-,
tenant afin de me perfectionner, et de, me
rompre à la mise en scène ; seulement, je ne '
sais où déposer mes manuscrits, puisqu'on
m'a expulsé de mon logement. Travaillez
donc pour le théâtre !
— Eh bien ! voulez-vous venir chez nous?
fîmes-nous tous les trois d'un même mou-
vement ; nons .n'avons qu'une chambre et
demie, mais il y a une grande armoire dans
laquelle on peut très bien coucher.
— : Peu m'importe , répondit r il,- pourvu
que je serre mes manuscrits avec soin. ,
D'ailleurs je vais avoir ma grande pièce qu'on
répète en ce moment : trois francs de droits
par représentation, sans compter les billets
que la marchande de pain d'épice du pas
sage Choiseul nous acheté, douze sols en ar-
. gent. ou quinze sols en sucre d'orge ! .
j Après quoi l'auteur ne lit aucune difficulté
d'accepteï' notre offre et s'en alla avec nous*
Je vous assure que- les trois amis étaient
■bien fiers ce soir là, qu'ils se sentaient le
cœur gonflé d'un légitime orgueil, et qu'ils .
auraient donné beaucoup pour qu'il fît jour,
et qu'on pût les yoir publiquement rentrer
chez eux avec un auteur. .;
— Voulez-vous que je porte vos manus
crits? dis-je un peu indiscrètement < :
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