Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-10-17
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 17 octobre 1852 17 octobre 1852
Description : 1852/10/17 (Numéro 291). 1852/10/17 (Numéro 291).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUMÉRO 291.
Vm (I» l'abonaeiHent,
râïîlâ. ET BSiPAK'THSÏEHS :
' S - Fil. VOliR TKOIS S101S. .
. '32 Fil. POVR i'A®'ÉÏ ■
liK NUMÉRO î 15 CEMTLMES.
ïouii: les pays éthangehs, se reporter au
■ tableau publié dans le journal, les 10 et
S-15'de chaque moifï
IIllîlEAlJX. • s^aé «lé Valois (pQlàii^ïloyQl),- p° 1®,
B 1832. - DIMANCHE 17ÏOCTOBRE.
• S! adresser ; franco, pour la rédaction, à M. ÛuçnEVAL'ÛLAKiGNï, rédacteur en chef.
\ • '■ 'v. ■; ./ Les articles déposés ne sont pas rendus-..
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S'adresser, franco, pour l'administ
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. et au .bureau du journal.
PARIS, IG OCTOBRE.
litiilrëc à TarîSi du prince Lo»is-Sa|iolî(tli,
louis-Napoléon est de retour à Paris ; à
Parié comme' en province il a été .salué par
les acclamations' d'un peuplé immense, et la
volonté nationale qui l'appelle au trône im
périal, s'est Biaûifesléë avec éclat et aveè so
lennité. ') ' .
& Lu gare d'Orléans était le point de départ
- de ceUe.fête improvisée, qui. a laissé bien
»°in derrière' elle, par son originalité et par
§ { , 1 .?Pj6pdeur, toutes celles qui l'ont precé-
«M.ynèriçhèdécortitiQn avait transformé une
des., salles de la, gare, en- un • salon somp-,
tueux. C'est là que Louis-Napoléon devait
«Hre reçu par les députations des corps
constitues, avant d'être accueilli sur les
boulevards et sur les places par l'armée,
par la garde nationale, par les corporations
ouvrières, par les délégations des départe
ment voisins, par toute la population, enfin.
grCçlte salle de réception de la gare, ornée
de tentures de velours rouge à crepines d'or,
était magniiique. Soûs un 'baldaquin, orné
d'un,aigle d'or, se trouvait un trône se
mé d'abeilles, Les sièges des ministres étaient
placés, sur les marches de l'estrade. Autour
paient rangées des banquettes réservées aux
î'eprésentans dés corps constitués.
■ ■■ La salie du " Trône, dès une heure, avait
«té occupée par les députions des divers
corps : constitués. Les dispositions avaient
été prises par Mi Feuillet de Conciles, maî-/
fo'é. des cérémonies, qui a fait placer ces dé
putations conjointement avec M. Albert de
Dalmas, chef dù cabinet du prince-Prési
dent. Unoi-dre parfait a régné dans toutes
ces opérations. L'assemblée offrait un coup-
tl'œil splendide. A côté des habits étince-
ïans de dorures " dés ministres, des séna
teurs,, des conseillers d'Etat,- des députés,-
on voyait la _toge sévère des magistrats, la
robe des professeurs, les soutanes dès mem
bres . du clergé. Les Facultés avaient dé
ployé leurs insignes d'apptirat, leurs masses
a orfeyrerie et leurs sceaux d'argent. Auprès
île 1 uniforme, modeste du savant et de l'a
cadémicien,oh voyait briller les habits clia*
inarrès des généraux et des officiers de tous
les corps qui représentaient Tannée.
A deux heures précises, le sifflet de la lo-
comoth d'honneur.qui arrivait. Aussitôt les tambours
®nt battu aux champs. L'orchestre a fait écla
terses lànfares, et la société chorale a entoii-
11.;: là cantate composée exprès pour cette cé
rémonie. Les ouvriers.mécaniciens, rangés
des deux côtés des rails, ont poussé une ac
clamation unanime.
Louis-Napoléon est descendu de son wa
gon. Il .était en costume 'Je lieutenant-géné
ral, cciut .du grpid^cordon de la Légion-
u*Honneur., II ;i été reçu par les adminis-
.1 râleurs d'i chemin de 1er d'Orléans, et il est
tntnj lïumédialementdansla salle du trône.
.'iVpeiuo entré, dans cette salle, une ex
plosion de cris.de Vive l'Empereur ! vive Na
poléon l a reteliti. Tous les dignitaires de
l'Etat, tous les' magistrats, tous les fonction-
îîîûreg, debout , et découverts, , ont salué de
leurs, acclamations le retour du prince, qui, ■
parti' de Paris président de la république, y _
revient empereur et sacré par le vœu popu- !
laire.- Louis-Napoléon a embrassé avec une >
vive effusion le prince Jérôme, président du i
Sénat, et M. le comte de Morny, membre du i
Oorps Législatif, etil a adressé les paroles les •:
plus cordiales à ceux de ses ministres et des :
hauts dignitaires qui se pressaient sur son >
passage.
' Alors s'est'passc .un incident que tout le
, inonde al'emarqué. et qui a causé une pro- ;
: fonde,émotion. On a offert au prince deî
■ prendre place sur, le trône aux abeilles d'or, ;
. surmonté du dais impérialvLouis-Napoléon a
refusé de-s'y asseoir par ungeste plein d'une
'simplicité digne. Escorté par ses ministres,'
"par-quelques généraux, il a fait à pas lents i
, le tour de la salle, s'arrêtant à chaque dé
putation des corps constitués, adressant des
. paroles'cordiales à presque tous les assistans,i
• plein de calme, de bienveillance et d'aine-,
iiité. ...
- Nous avons pu, pendant cette longue con-;
versât ion du prince avec tous ceux qui atti-
• l'aient ses regards et sou attention, contem
plera loisir, ses traits, empreints d'une, ex
pression 'rayonnante de confiance et de joie.'
Ce voyage, de dix-huit cents kilomètres, au
milieu du .bruit des fêtes et des préoccupa
tions incessantes de la vie officielle, n'a pas
laissé sur son visage la moindre trace de fa
tigue. Seulement une légère teinte de hâle a
bruni son front et ses joues, et a donné plus
de caractère à sa mâle physionomie. Il n'est
personne qui n'ait été frappé de l'animation
de sa figure, de la fermeté de son regard, de
l'air de contentement et de'vigiieur que res
pirait toute sa personne. On voyait que trente
jours d'acclamations enthousiastes avaient
vèrsé bien des joies intimes dans cette ame
énergique, mûrie par l'exil et le malheur, et
qui, accessible à tous les sentimens humains, 1
s'épanouit au contact de 1 l'allégresse pu
blique.
Au bout de trois-quarts d'heure environ;
le prince a traversé le salon attenant à. la
salle du Trône pour monter à cheval. La
montureétait cet admirable cheval bai-brun,
présent du sultan, que tout Paris a admiré
lors de la fête des aigles, avec son harnais
d'une magnificence orientale et sa chabra-r
que d'or massif. Dès que le prince a mis lé
pied- dans ,rétrier, avec cette -aisanc&. et
cette grâce qu'on lui connaît, on a entendu
comme une clameur immense.
Le prince avait, été vu par les nombreux
spectateurs qui garnissaient la cour, et leurs
c ris de Vive l'Empereur I gagnaient, comme
une traînée de poudre, la foule innombrablè
qui se pressait aux abords de la gare. Louis-
Napoleon, entouré par un cortège de géné
raux et d'officiers d'état-major, s'est alors
dirigé vers la place Walbubert. Il s'est arrè^-
té un instant devant la'décoration imposan
te qui avait été disposée à l'extrémité de.la
cour de la gare: " •
Là,, s'élevait un trophée industriel d'un
heureux effet. Les principaux emblèmes de
la mécanique, la roue dentelée, le piston, le
balancier, formaient une sorte de pyramide
qui servait de support au buste'de Louis-
Napoléon, couronné de chêne et de lauriers.
On y lisait ces inscriptions :
. A LOWS-XAPOLËON.-
Les Ouvriers du 12 0 arrondissement.
TBAVAiL» — B^COSSABSJtSCF-»— M vô VMISKT j —*.
. tMvAii.-.
Au pied de cet autel de l'industrie intelli
gente et laborieuse., étaient groupées plu
sieurs corporations ouvrières. Leurs bannie-,
res en forme d'oriflammes, les unes tricolo
res et ornées d'une aigle d'argent, les .autres
vertes et 01% flottaiént dans les airs, Â droi
te et à gài»che> les lignés des troupes et de la
garde nationale, derrière elles les masses
compactes de la population. A toutes les
fenêtres des maisons environnantes, des
spectateurs Gn liabils de fête.C'était un magi-
3'ue spectacle. Quand Louis-Napoléon a passé
evant eux, ces braves gensonterié vivat du
meilleur de leur cœur, avec l'enthousiasme
le plus vrai et le plus sympathique.
Louis-Napoléon a pris le chemin du pont
d'Austerlitz, suivi de sa brillante escorte.
Arrivé sur la place Walliubël't, en avant du!
pont d'AiisterlitS, ii s'est arrêté en face de
la tente décorée d'àigles aux ailes éployées,
où l'attendait M. Berger, maire de Paris. A
côté de M. Berger, se trouvaient M. Ch. Mer-
ruau,, secrétaire-général, les deux sous-pré
fets de Sceaux et.de Saint-Denis, MM. Léon
Lambert et de Boisthierry, les membres du
conseil général et du conseil de préfecture;
On remarquait M. Delangle, à la droite de
M., le préfet,de la.Seine. Le nombre des mai
res et des officiers municipaux n'était ras
moindre de quatorze cents. Les cris de Vive
l'Empereur ! ont salué l'arrivée du prince-
Président. '
M. le préfet de la Seine s'est avancé et a
adressé à Louis-Napoléon l'allocution sui
vante :
Monseigneur,
La ville de Paris, votre fidèle capitale, est heu
reuse de vous voir aujourd'hui rentrer dans ses
murs. .
, Depuis un mois, elle vous suivait du. cœur et de
la pensée dans votre marche triomphale, et atten
dait avec impatience le jour où, elle aussi, pour
rait saluer votre retour de ses acclamations.
Les triomphes pacifiques valent bien des victoi
res, et la gloire qui Jés accompagne est également
durable et féconde, ;
Cédez, Monseigneur, aux vœux d'un peuple tout
entier ; la Providence emprunte sa voix pour vous
dire de terminer la mission qu'elle vous a confiée,
en reprenant-la couronne de l'immortel fondateur
de votre dvimtie. Ce n'est qu'avec le titre d'Em
pereur que vous pourrez accomplir les promesses
du magnifique programme que, de Bordeaux, vous
venez d'adresser à l 'Europe attentive.
' Paris vous secondera, dans . las grands travaux
que vous méditez pour le bonheur du pays ; et de
môme qu'à là voix de l'Empereur nos pères se
sont levés pour défendre, l'indépendance de la
.patrie, ainsi,; Prince, dan^ les conquêtes pacifi
ques auxquelles vous appelez la France, nous se
rons tous vos soldats, . • ! ,
Des acclamations ont accueilli ce discours.
Quand elles se sont un peu calmées, Louis-
Napoléon a pris la parole, et, d'une voix fer
me et bienveillante, il a répondu qu'il était
heureux, en se retrouvant au milieu de la
population parisienne, d'entendre les mêmes
acclamations qui l'avaient accueilli pendant
son voyage ; mais que cet élan général de la
population n'altérait en rieh le calme de son
•esprit; , que si la France voulait changer ses
institutions, c'était pour mieux garantir la
sécurité de son avenir et la' stabilité du
pouvoir; que si le peuple l'appelle à re
cevoir un nouveau, titre, il le trouvera tou
jours animé du môme dévoùment. .
Après cette réponse, que nous ne pouvons
reproduiré qu'en substance et qui a excité
la plus chaleureuse sympathie, le prince .a
repris sa marche, et passant sous l'arc de
triomphe - du pont. d'Austerlitz, s'est dirigé
vers le boulevard. Au moment où le cortège
a passé devant les Arènes Nationales, un bal
lon gigantesque s'est élevé majestueusement
dans, les airs, et a plané dans les nues em
portant avec lui un aigle couronné.
Voici quel était l'ordre du cortège du prince,
depuis l'entrée des boulevards j jusqu'au pa
lais des Tuileries. La légion de la garde natio
nale achevai ouvrait la marche/Venaient en
suite un régiment de "hussards, deux régi-
meus de chasseurs, les magnifiques escadrons
des guides et la maison militaire de Louis Na
poléon. Après cette partie du. cortège ,
s'avançait le prince seul, séparé de son es
corte par 1111 espace de vingt pas environ. 11
était suivi par un brillant cortège de maré
chaux et de généraux ; suivaient enfin le 1 er
et le 7° lanciers, les 0 e et 7= dragons, les
deux régimens de cuirassiers, les deux régi-
mens de"carabiniers, un' escadron de garde
républicaine, un escadron de gendarmerie
de la Seine.
Dans tout ce long trajet, on a remarqué
que Louis-Napoléon, a marché à une assez
grande distance de son escorte, attirant ton?
les regards, calme, -souriant,le front ra
dieux. Il- maniait avec, une aisance parfaite
son.élégante monture et saluait gracieuse
ment a droite et à gauche à mesure que
les Vivats éclataient sur son passage.
Nous renonçons à décrire en détail, tous
les épisodes qui .ont signalé la marche triom-
phale du prince. Là, des jeunes filles, vêtues
de blanc lui ont apporté une énorme cou
ronne de violettes. Ici les dames d'un mar
ché public, lui ont présenté une corbeille:
pleine de fleurs et de fruits. Ailleurs une petite
fille de dix ans est venue au nom des dames
de la halle lui réciter un court compliment
et lui remettre une pièce cle vers qu'il a ac
ceptée avec bonté. Plus loin, des bruyères
avaient été semées sur son passage, et ont
été pieusement ramassées par de braves-vil
lageoises. A tel endroit, par un mouvement
spontané, des bouquets ont volé des balcons
et des fenêtres et ont. jonché sa route. Par
tout un air de fête sur les visages, desaccla-
mations sans fui qui se prolongeaient au-loin
et recommençaient sans cesse; l'élan enthou
siaste d'une population unanime ' dans ses
sentimens et proclamant par un cri de qua
tre cent mille voix sa reconnaissance et son
dévoùment.
Nulle description nesaurait rendre non "plus
tacles qu'il faut voir et qui vous laissent, dans
lamémoire un souvenir ineffaçable. Lesligneè
majestueuses des boulevards sillonnées par
les bataillons, de! la ligne et de là garde na-
tionale, cette fouie gaie, sympathique, alerte,
en habits de fête; ça et là, des arcs de.triom-.
phe et des banderoles flottantes, aux fenê-i
■très, sur les balcons du haut ,ën bas des mai-. ';
'sons, des milliers de dames aux frais visages,
altx l'raiclies ftoilett-es. Au milici/de ce cadre
iiîipo'saht, ëecdrtègé étindelaiït-do cftvalieî's. '
parmi lesquels un seul, le prince, était le jjOiril-
de mire de l'attention universelle : le: senti- /
mentdecalme, de bien-être, d'espérance qui'
était dans tous les cœurs par cette belle joui*-
néé et en face'dc cette fête splendide, tels sont
les élémëns dê ce lablèauque tout Paris a eu
sous les yeux et qui aitefia uii peintre. ;
Ce spectacle magnifique s'était pour ainsi
dire concentré, sur la place de la Concorde.
Un portique élégant avait été dressé à l'en
trée de' la grille au pont tournant. Cette dé*
coration' se mariait à merveille avec les .es
trades qui garnissaient les deux terrassés,
et qui les avaient transformées en deux am-
phiihéàtres immenses. Les bâlimens du mi
nistère de la marine et du Garde-Meuble
étaient pavoisés de drapeaux, et ornés de ;
tentures flottantes. Un public choisi avait
i trouvé place sur ces estrades et sur ces bal
cons. Au fond se dessinaient les ombrages-
des Champs-Elysées,, déjà' clair-semés sous: :
le vent d'automne, mais parés encore d'une;
charmante verdure. Au centre de la pla
ce,. les députations de ces vieux soldats
de l'Empire aux uniformes noircis, débris
vénérables des armées .glorieuses qui ont
promené : dans le inonde le drapeau trico»
lore, souvenirs vivans de l'époque impériale.
Tout autour les rangs presses des bataillons
aux ■ armes étincelantes. Représentez-vous
cette foule. agitée, d'une même émotion et
poussant un même cri, et vous aurez une
faible idée de la scène qui s'offrait aux re-
fards du' haut des estrades dans la vapeur
orée du soleil incliné à l'horizon.
A trois heures et demie, Louis-Napoléon
entrait dans le palais" des Tuileries, après
avoir traversé le jardin dans toute sa lon
gueur, entre deux haies de députations ou
vrières et de , bataillons de soldats. Une
foule immense s'est' amassée en face du
palais et a fait retentir les cris de Vive
Napoléon !
vive
l'Empereur ! Le prince a
paru au balcon et a salué avec affabilité. Les
députations ouvrières, bannières en tète>
ont défilé dans le- jardin. Ce clélilé a duré
plus d'une heure et demie.
Le soir, les édifices publics étaient illumi
nés. Un grand nombre de maisons particu
lières avaient aussi pris part, aux illumina
tions. Nombre-deces éclairages, en lanternes :
vénitiennes, faisaient le meilleur effet. Les
boulevards ont été couverts de promeneurs
jusqu'à minuit.
Paris a vu bien des fétès, bien des solenni
tés; aucune de ses journées d'allégresse pu
blique ne présentait un caractèreplus im
posant. Spontanée comme l'élan d'un grand
peuple, marquée aucachet de l'originalité et
de la grandeur, elle fera" une date dans no
tre histoire. Ce sera la fête de l'ordre rafler-
mi, de la société sauvée, de l'Empire rétabli. „
Lés fêtes du J 5 août sont dépassées. Le',
retour du prinçe-Président laisse bien loin
derrière lui ces solennités somptueuses qui.
avaient attiré à Paris un si grand concours
de populations. Depuis huit jours, les étran
gers affluent d'Angleterre, de Belgique, d'Al
lemagne; et l'immense capitale est devenue
trop petitepour tous sesliôtes.D'heure en heu
re, les chemins de fer amènent une foule nou
velle, désireuse de prendre part à cette ova
tion populaire et de joindre ses acclamations
à toutes celles qui doivent saluer l'élu de la
nation! On peut dire que la population pari
sienne est doublée;.
Pour avoir un exemple d'une semblable ,
affluence, il faut remonter au jour où, , par
un pâle soleil d'hiver,.les cendres de l'Em
pereur f rentrèrent dans sa capitale, toute
pleine encore de son souvenir et de son ;
génie. Pour bien des Français, ce fut alors
un pieux pèlerinage que d'accourir à Paris
saluer ces restes immortels, rapportés de"'
l'exil pour devenir l'un des palladium de la pa
trie- : les routes se couvrirent d'une foule que
l'âge n'arrêtait pas, que la fatiguene rebutait
pointyet qui vint au jour dit se grouper à flots
pressés autour de l'arc-de-triomphej Quand
le char .funèbre passa sous la porte monu
mentale, couverte de tant de noms illustres,
une immense acclamation s'éleva, et des >
cris de Vive l'Empereur! retentirent long
temps. Ces cris ' s'àdrèssaièut au passé, ils
saluaient la gloire. Nous revoyons 'aujour
d'hui la même foule, et les mêmes cris se font
entendre; mais; cette fois, ce sont des cris
d'espérance; ces acclamations saluent l'ave
nir de la, patrie. v
Pendant toute la journée d'hier les bou
levards ont été- encombres de curieux qui
se portaient partout où des préparatifs
avaient, été commencés. Grâce à la sérénité
du ciel et à la r douceur de la température,
l'afiluence des promeneurs s'est prolongée :
fort avant dansla soirée. Ce matin, le soleil a ;
paru radieux, et Une grande partie de la po
pulation s'est portée de très bonne heure '
sur les boulevards, afin de pouvoir les par-
c-ourir avant que la circulation fut inter
dite. Ce qui ajoutait à la curiosité géné
rale, c'est le caractère d'improvisation que
la fête a conservé jusqu'au bout. L'autorité
s'était bornée a prescrire des mesures d'or
dre : l'initiative intelligente et la bonne
volonté des citoyens ont tout fait. Rien n'an-:
nonçait'donc qu'ici ou là dût s'élever- un
arc-de-triomphe, dût se placer une décora- ;
tion artistique. Chacun avait suivi l'inspira
tion de son zèle .: des cotisations volontaires
ont subvenu à toutes les dépenses. Il -n'y
avait donc pas de programme qui put ren
seigner; il fallait voir par ses veux pour
savoir avec quelle rapidité magique, 'avec'
quelle merveilleuse industrie toute la li
gue dos boulevards se transformait en une
série d'arcs de triomphe, en une décoration
d'une lieue et demie de long. On peut dire
que la foule marchait de surprise en sur
prise. Disons-le, et personne ne s'en bles
sera, celte ornementation improvisée avait
un caractère de richesse, d'originalité, d'c-
légance et de variété infinies et dépas
sait de beaucoup la décoration du 15
août, qui' faisait tant-d'honneur cepen
dant à l'habileté et au bon goût de ses or
donnateurs. Les plus grands artistes se re
connaissent volontiers vaincus par tout le
monde, surtout quand tout le monde
c'est Paris. On doit reconnaître qu'aujour
d'hui c'était Paris tout entier qui était l'or-
donnateur.de la fête-: aussi a-t-elle été digne
et de la grande ville qui en prenait l'initia
tive, et du princê à qui elle était spontané#
ment offerte.
. La décoration qui aboutissait au jartiin
. des Tuiierieâ, après avoir suivi toute h' ligne
des boulevards, commeifcdit h l'e 4 mbarc.a-
■'Xdvre même du chemin, de fer d'Orléaiïs.- De?-
i" "puis huit/jours un nombre considérable d'ou
vriers travaillaient sans relâche à transfor
mer cet criîbîïfeadpre en un véritable palais,
digne de recevoir lé pr'iijfc'e-Présidènt et tous
les grands corps de l'Etat.
. Plus loin à la rentrée du pont d'Auster
litz^ avait été dressé un arc de. triomphe gi
gantesque avec cette devise L a vij,l.e de
P auis A Lot'is^NAroiioif, H m M iiki'îi. Cet arc
de triomphe, qui rappelait par sa forme et
par ses dimensions celui de Cofistantin à Ro
me^ était entouré de guirlandes et de fleurs.
A: la sortie de la gare et dans toute l'éten
due du boulevard de l'Hôpital stationnaient les
députationsdu i 2° arrondissement. Plusieurs,
de ces députations se composaient d'ouvriers
encore couverts de leurs habits de travail;
La majorité cependant des délégués s'é
taient endimanchés. Sur la place Mazas, à
la gauche du pont d'Austerlitz, en venant
du débarcadère, se trouvaient d'abord les
députations dè Seiné-et-Oise, les députa^
lions de la ban lieue, et les députations
des douze départemens , puis ehfih la
commune de La Ch ap e lie, représentée par
une députation très nombreuse, au-dessus
de: laquelle flottaient de nombreux éten
dards. Toutes les députations rurales
avaient d'immenses bannières sur, lesquelles
- était écrit : Vive l'Empereur! A Napo-"
lém IIII et le nom de la commune., Elles
avaient à leur tête le maire et les adjoints de
' chaque commune, ét presque partout le cu
ré s'était joint aux magistrats municipaux.
Ces députations comprenaient un grand riont
bre de femmes en habits de fête, et qui se
: faisaient'remarquer, par l'ardeur et la viva-.
cité de leur enthousiasme.
De l'autre côté de la place Mazas, le long
• du canal, et à partir du pont d'Austerlitz,
étaient rangés le collège irlandais, qui doit, à
la France une hospitalité séculaire, et qui a
reçu dans ses rangs plusieurs vénérables pré-
, lats irlandais venus a Paris pour visit i t l'asile
• où se forment quelgues-uns dt leur; coad-
juteurs les plus zélés. Après le collège irlan
dais, venaient la corporation des fondeurs de
suif, une députation des Quinze-Vingts, la
société des sauveteurs de la Seine, dont on
ne peut faire partie à moins d'avoir reçu au
moins une médaille nationale pour avoir sauvé
la vie à un de ses semblables, et dont presque
tous les membres portaient la croix de la Lé-
gion-d'Honneur.Après eux venaient leschar-
geurs et déchàrgeurs de l'Entrepôt, et la
société de bienfaisance des Amis de la Pré
voyance.'
. A. l'entrée, du-boulevard Bourdon, à la
hauteur du grenier-d'abondance, s'élevait
un second arc de triomphe, vert,et or, dis
posé avec un goût exquis. A partir de cet arc
de triomphe, le long du boulevard et du
: côté du grenier d'abondance étaient rangés
lès ouvi'iefs* de la Belle-Jardinière; lescliar-
: bonniers médaillés pour leur nonne conduite
et pour des actes de dévoùment, les paveurs
de -la-'ville de Paris, les payeurs de la niai-
son Cbanudet, les ouvriers en plaqué.de la
maison Gandin, et enfin toutes les corpora
tions ouvrières du 7 e arrondissement, en
commençant par les chapeliers .-
-En face, du-côté du canal, et à partir de
de l'ai'c de triomphe, se trouvaient successi
vement les ouvriers cles compagnies d'éclai
rage par legaz,les.employés de l'abattoir Po-
pincourt, le facteurs de la poste, les ouvriers
des maisons Fichet et Hèrmann, et la société
; des Epicuriens. Toutes ces corporations,
avaient des bannières. Deux lignes immenses -
de députations se continuaient ainsi des deux
côtés du boulevard jusqu'à la place de la
Concorde/ où les vieux soldats de l'Empire
formaient un groupe nombreux autour de
■ l'obélisque. -
De la Bastille, on débouchait sur le boule
vard Beaumarchais par une porte inonu-
mentale, élevée par le 8 e arrondissement; un
peu plus loin,, entre la rue Ménilmontant et
la me de CrussoL était l'arc construit par
les ouvriers qui viennent d'achever les Arè
nes nationales; les théâtres réunis du boule
vard du Temple avaient élevé, à la hauteur
du jardin Turc, un arc composé de deux co
lonnes, reliées par une immense tenture,
.au-dessous de laquelle pendait un lustre ma-
.gnilique destiné à l'illumination du soir;
tout près de là se trouvait un arc presque
semblable, construit par le Théâtre-Lyrique
et les concerts voisins ; chacun de ces établis-
semens avait décoré'sa façade de drapeaux,
de transparens, de guirlandes.. On remar
quait particulièrement un aigle colossal for
mé avec-des roses et des camélias.
A l'extérieur, du théâtre de l'Ambigu-Co-
mique, richement décoré, sur le balcon de
la principale façade, un magnifique décorj
dù aux pinceaux de M. Duflocq, représente
le temple.de la gloire, au milieu duquel
brille le soleil de l'Empire, dont chaque
rayon porte l'inscription d'une victoire :
Austerhtz,, léna, Friedland, Marengo, Smo-
lertsk, etc... Au centre, un N couronné, au-
dessous duquel est le buste de Louis-Napo-
' légn. Tout le théâtre est entouré, de trophées
d'armes et d'une multitude de drapeaux
tricolores, et sur le côté du bâtiment qui fait,
tout-à-fait face au boulevard, on ht sur un
. transparent ces quatre vers de Virgile, faits
à l'adresse d'Octave, le neveu de César, le
jour où il fut proclamé empereur :
Dî jiatrii indiqetes, et l{omule 1 Vestaque mater,
Quœ tuscurn f iberim et romana palatia servas,
]lunc saltcin everso juvenem siiccurrere sœclo
Ne prohibele!
En voici la traduction littérale :
Dieux de la patrie, Romulus et Vesta, notre mi-
, re, qui gardez le Tibre toscan et les palais de Ro-
• me, n'empêchez pas du moins ce héros de secourir
„ cette société renversée! ' ■
Le théâtre de la Porte-Saint-Martin avait
. érigé un arc monumental formé d'une porte
triomphale entre deux portes plus petites.
Des aigles couronnées-'surmon'tent cette dé
coration qui produit un très bon effet ; placée
sur .un point culminant, au'lieu d'être relé-
fuée dans une tranchée , elle en aurait pro-
uit plus encore. , .
Vient après,-un arc érigé sur le boulevard
Saint-Denis par les associations des 6° et 7 e
arrondissemens. Cet arc de triomphe, com-
ïner tous ceux dont nous venons de parler,
porte cette inscription : A l'Empereur Napo
léon III! Il se relie par les décorations qu'ont
disposées les bataillons de la garde nationa
le, avec les portes Saint-Denis et Saint-Mar
tin ornées de drapeaux et de banderolés. .
Nous ayons déjà dit comment le 9° batail
lon de- la garde nationale avait eu l'idée de
.rappéler par des légendes, des paroles mt*-
•morables dù chef de l'Etat ; cette idte n a
rien perdu à l'exécuticî'tt , les mâts, avec
lè'vfi'g banderoles flottantes, les Jjoucliers
portant lé numéro de la légion avec des at
tributs, les cartouches retraçant d'éloquen
tes paroles, appellent vivement, l'attention»
: Ce, décor, qui' se marie avec les façades
ornées du Bazar et du Gymnase, arrive à la
rue du Faubourg-Poissonnière.
Là, sur le trottoir de droite, le 7° bataillon
de la garde nationale offre une suite, de tro-
ipliées portant tous sur un écusson : Vive
l'Empereur Napoléon HT! Ces trophées sont
entourés de . vasques remplies de fleurs.
Dé l'autre côté, c'est le 10° bataillon qui" a
fait dresser une suite de mâts pavoisés or-,
nés de faisceaux et de drapeaux.. Des ; ban
nières aux trois couleurs flottent, au-dessus
de la chaussée d'espace en espace, et s'éten
dent aussi d'un côté à l'autre des rues qui
i viennent aboutir aux boulevards.
La manufacture de tapis d'Aubusson avait
déployé le long de sa façade ses tapis les-
plus magniflques qui formaient une espèce
de dais- Au centre de cette décoration, sur
Un tàpis de toute beauté, se dessinait un ai-
g 'ÎZ' gigantesque. ■
A partir de la rue, du Fauboiti'g-Montiliar- 1
tre, nous trouvons la décoration du théâtre
des Variétés ; puis, à l'entrée de la rue Vi-.
vienne, une décoration formée par des nïfits
très élevés i reliés entre eux par . des guir-'
landes et supportaiit un vaste rideau de ve
lours vert avec crépines d'or,.sur lequel on.
lisait en lettres d'or ; A Louis-Napoléon, le
tribunal de commerce de ta Seine et la chambre
de commerce de Paris. ,.
. Au coin de la rue Drouot, en face de la
rue Richelieu, ce sont encore des mâts avec
dès banderoles qui annoncent que l'on est
sur le terrain du 2° arrondissement; ce sont
partout, à droite et à gauche, des trophées
de drapeaux, dés écussdns rappelant les cir-,
conscriptions des bataillons de la garde na
tionale : malheureusement, l'es nécessités
du service n'ont pas permis de placer; les
gardes nationaux près des mâts ou des tro
phées qu'ils ont fait dresser.
L'arc de triomphe, élevé par les directeurs
de i'Opéraetdel'Opéra-Comique, àlabauteur
de là rue Le Pelletier, se distingue entre tous
par son élégance et son aspect monumen
tal. Il se compose de. quatre colonnes
peintes, couronnées par 1111 baldaquin rou
ge, avec cette inscription on lettres d'or :
Vive l'Empereur! Les quatre colonnes eu
marbre b ! a rc reposent sur des Socles de gra
nit roug'è et sont surmontées d'aigles d'or.
Au-dessus des socles' on remarque des attri
buts de musique. Devant les colonnes de la
façade, sont deux bustes peints en couleur
bronze, l'un représentant l'Empereur etl'au-
tre Louis-Napoléon, tous deux la tète cein
te de lauriers d'or. Enfin, de chaque côté de
l'arc de triomphe s'élèvent deux grands
écussoii&portant; celui-de - gauche : Théâtre
impérial ae l'Opéra-Comique, et celui de ilroi-
te : Académie impériale de Musique.
■ La décoration improvisée à-la hauteur de
la rue de la Paix, moins grandiose,, sans
doute , est d'un goût charmant. Ce sont
quatre colonnes eu forme de trophées,
deux grandes et deux plus petites <, réu
nies par des guirlandes de feuillage. Des-
armures en fer battu ornent les deux gran
des colonnes. Des drapeaux verts, à orne-
mens dorés, portant la devise de Vive l'Em
pereur! flottent au dessus. La décoration est
surmontée d'un vaste écriteau : Le 1 er ba
taillon de la garde nationale, (i l'Empereur
Napoléon III!
Au corn de la rue Royale et du faubourg
Saint-Honoré, s'élevaient plusieurs mâts gi
gantesques, ornés de banderoles, et portant
plie élevé devant le Pont-Tournant,-se com-
Sose de deux belles colonnes surmontées
'aigles colossales, et est entouré d'inscrip-
ment de la rue de Rivoli.
Voici le texte de l'adresse du conseil mu
nicipal de Paris, remise à Louis-Napoléon,
•par M. Delangle :
ADRESSE DU CONSEIL MUNICIPAL DE PAlilS AS. A. I.
MONSEIGXECR LE PRlXCE-l'UÊSIDEST.
. ■ l'rince, ; : • ■■ • ■
' Le conseil municipal de Paris vient avec em
pressement saluer votre retour; il vient se félici
ter avec vous du triomphe dont chacun de vos
pas a été marqué dans ce glorieux voyage.
Si la plus noble jouissance, après celle de sau
ver son pays, est de - le trouver reconnaissant,
quel bonheur a rempli votre cœur! Partout le
sentiment du service- rendu ! Partout l'applaudis-
semènt et les acclamations du peuplé! Où les dis
cordes civiles avaient semé le désespoir et la mort,
vous avez porté la consolation, l'espérance, la vie !
Prince, la France vous * remettait, il y a quel
ques mois, le droit suprême de lui donner des
lois. Aujourd'hui la. voix du peuple, après avoir
consacré le 2 décembre, demande qrté le pouvoir
qui vous a été confié s'affermisse, et que sa stabi
lité soit la garantie de l'avenir.
La ville* de Paris est heureuse de s'associer à ce
vœu, non dans vôtre intérêt, Prince, et pour ajou
ter à votre gloire, il n!y en a pas de plus grande
que d'avoir sauvé la patrie, mais dans l'intérêt
de" tous et pour que la mobilité des institutions
ne laisse désormais à l'esprit de désordre ni es
pérance, ni prétexte.
Vous avez devancé la France quand il s'est agi
de l'arracher au jpéril ; maintenant que, guidée
par ses souvenirs^-inspirée par son amour, elle
vous ouvre une? voie nouvelle, suivezrlu.
La cantate qui a-été exécutée dans la
gare, à l'arrivee du prince ,a pour auteurs
M;- Granger pour les paroles, et pour la mu
sique M.-Dufrène, chef d'orchestre de S. A, I.
Les sociétés chorales, dites élèves Chevé,
ont exécuté avec beaucoup d'ensemble et
de talent - cette, cantate, qui n'est pas un
chef-d'œuvre 'de poésie, mais qui a ,le mé
rité d'exprimer les sentimens que parta-
feait la population tout entière, et qui est
'un rythme franc et chaleureux. L'orcbestre
de M. Dufrène l'a accompagnée. Elle doit être
exécuté de. nouveau demain, 17, à une heu
re, à la fête napoléonienne donnée aux cor
porations des départemens.
Voici les paroles de c'ette cantate : -
HOMMAGE A LQUIS-NAPOLEOM.
CASTATE.E.N L'HOKSEOK DE LA llEXTRÉE A PARIS
J)E S. A. IMPÉRIALE.
_ - Chœur; , . ■
iour d'allégresse, jour dé gloire!- y :
; • Parmi nous il est de retour: 1 •--■'■ ■■.••■■■
■Aux plus beaux jours dc.son histoire; i ■ '■ . '.
Paris va joindre ce beau jour.- • • ' - - !
I. : ''
Dans ton ame, de la province , * '/ J .'
Vibrent encore les clameurs', .
• Et sur ton passage, lieureux prince, - - !
Tu n'as moissonné que.des fleurs.
Près des drapeaux conquis par la victoire, .
Dépose-Les; ces fleurs, afin qu'un jour,';. , •
Près des jjages de notre gloire ^ I
On trouve ceux de notre amour." r
Chœur. ~
Jour d'allégresse, etc.-
II.' \ '
A cëtte marche triomphale,'
Paris, de loin, applaudissait. :
Fier de ta'gloire impériale.
De tes périls il frémissait.
. Mais le pays, qui t'aime et qui t'honore,
De tes périls a bien su te venger. :
Tu lui deviens plus cher encore, . ;
JEt tu grandis pour le danger.
Chœur : v
Jour.d'allégresse, jour de gloire,'
' Parmi npus il est de retour! . . '
Aux plus beaux joui's de son histoire
. Paris va joindre.ee beau jour.'.
Le maire de. Rouen, accompagné de plu-?
sieurs membres de "son, administration et
d'une nombreuse députation du conseil mut
nicipal, s'était empressé de venir, se réunir
au corps municipal de Paris pour joindre ses
acclamations à celles qui ont accueilli le
prince à son arrivée.
Parmi les bannières des députations des
départemens, nous en avons, remarqué de
locaiités très éloignées, de Salins par exemr
pie; il y avait aussi la bannière au chèsain
ae fer de Gray.
Les députations du département de Seine-
et-Marne ont parcouru toute la ligne des
boulevards, le préfet et les sous-préfets en tê te-
Seine-et-Oise était aussi très amplement re
présenté. Presque partout, le curé accompa
gnait: les maires et les adjoints. Ou voyait
aussi bon nombre de femmes qui avaient
suivi leurs'maris.
Il faudrait un journal entier pour men
tionner seulement " les bannières de la ban
lieue de Paris. Quelques communes en
avaient, plusieurs. '
Des gardes "nationales avaient des bou
quets dans le canon de leurs fusils. D'autres
avaient joint de vieux drapeaux de l'Em
pire aux drapeaux de la dernière distribu
tion; Otf'remarquait-avec intérêt un drapeau
de l'ancienne armée impériale, crible par
la mitraille, et sinon porté, du moins ac
compagné par le vieux orave qui l'avait pré
cieusement conseryé.
M. Guériii de Tencin, ancien officier, con
nu sous le nom de Guérin le sauveteur, et M.
Courtellemont, accompagnés de nombreux .
détachemens de sauveteurs de la France,
dont plusieurs étaient venus de "fort loin,
étaient à la gare pour recevoir le Président
au débarcadère. Ils ont voulu, disaient-ils,
que les sauveteurs vinssent faire acte d'ad
hésion au grand sauveur de la France ! On ap
plaudissait sur toute la ligne des boulevards .
ces cent vingt braves gens-, tous décorés de
plusieurs médailles de sauvetage, gages de
leurs actes de dévoùment.
Le 9° bataillon de la garde nationale avait
dressé neuf mâts pavoisés sur là ligne du .
boulevard qui borde sa circonscription; ils
portaient les inscriptions suivantes : Le droit
vient du. peuple, la force fient de Dieu. L'Em
piré, c'est la paix. La gloire se lègue', mais non
la guerre. La guerre ne se fait que par néces
sité. Confiance dans le présent, sécurité, dans
l'avenir. Lorsque la France est satisfaite, le
monde est tranquille. Vous voulez,le bien de la
■patrie. Nous sommes vos soldats. Vive l'Em
pereur! ' \ >
Parmi les nombreuses députations qui
ont sillonné aujourd'hui les boulevards, nous
avons remarqué le pèrsonnel de l'imprime- .
rie nationale, chefs de service, employés et
ouvriers, précédés d'une riche bannière por
tant sur la face ' A Louis-Napoléon l'Impri
merie nationale, et au revers : 2 décembre
1851 — 16 octobre 1852. Elle était surmon
tée d'un aigle, supporté par un gigantesque
bouquet de violettes.
Cette manifestation, qui ne comptait pas
moins de huit cents personnes, se faisait; re
marquer par sa belle tenue, un ordre.par-
fait, maintenu' par les contre-maîtres, déco
rés de brassards tricolores , et par un en
thousiasme'd'autant plus chaleureux, que .
l'imprimerie nationale compte au premier
rang, parmi ses titrés de gloire, d'avoir se
condé, par la rapidité de son action, l'acte
sauveur du 2 décembre. ^ " ■
M. de Saint-Georges, que le service, de, la
garde nationale retenait à la tète de son ba
taillon, n'avait pu conduire lui-même cette
députation; mais il l'attendait au retour, et
quand elle est rentrée 'dans la cour de l'izh-
primerie nationale, il lui a adressé de cha
leureuses et patriotiques paroles qui, à plu
sieurs reprises, ont été couvertes du cri de
Vive l Empereur !
Les écoles communales de la ville de
Paris s'étaient rangées, dans Je" meilleur
ordre , devant l'église de la Madeleine ; .
les plus jeunes écoliers portaient de petits
drapeaux; les plus grands des bannières sur
montées d'une aigle. Tous sefaisaienfromarr
quer par la chaleur de leurs acclamations.
Ces écoles sont ensuite retournées dans leurs
quartiers respectifs, recueillant sur leur rou
te les témoignages que méritait , leur .bon
ne tenue, et les frères qui les conduisaient
ont reçu partout des marques de sympathie.
. Les élèves des lycées de Paris, accompa-
pagnés de leurs professeurs en robe, étaient
sur les marches de la Madeleine, avec des
bannières indiquant le nom de chaque lycée.
- Éii arrivant'devant l'église de la Mtfde-
Vm (I» l'abonaeiHent,
râïîlâ. ET BSiPAK'THSÏEHS :
' S - Fil. VOliR TKOIS S101S. .
. '32 Fil. POVR i'A®'ÉÏ ■
liK NUMÉRO î 15 CEMTLMES.
ïouii: les pays éthangehs, se reporter au
■ tableau publié dans le journal, les 10 et
S-15'de chaque moifï
IIllîlEAlJX. • s^aé «lé Valois (pQlàii^ïloyQl),- p° 1®,
B 1832. - DIMANCHE 17ÏOCTOBRE.
• S! adresser ; franco, pour la rédaction, à M. ÛuçnEVAL'ÛLAKiGNï, rédacteur en chef.
\ • '■ 'v. ■; ./ Les articles déposés ne sont pas rendus-..
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
On s^abor.fl?, dans les départemensj aux Messageries, et ûu± pifeetims de poste,—A Lonrlrçs, çfe MM. C o wie ef fils. ; j
— A Strasbourg, chez M. A lexandre , péé l'Ailèmagrieî 1
S'adresser, franco, pour l'administ
à M.DlifiAlN, directeur.
Les annonces sont reçues chez M. PANIS, régisseur, 10, place de la Bourse;
. et au .bureau du journal.
PARIS, IG OCTOBRE.
litiilrëc à TarîSi du prince Lo»is-Sa|iolî(tli,
louis-Napoléon est de retour à Paris ; à
Parié comme' en province il a été .salué par
les acclamations' d'un peuplé immense, et la
volonté nationale qui l'appelle au trône im
périal, s'est Biaûifesléë avec éclat et aveè so
lennité. ') ' .
& Lu gare d'Orléans était le point de départ
- de ceUe.fête improvisée, qui. a laissé bien
»°in derrière' elle, par son originalité et par
§ { , 1 .?Pj6pdeur, toutes celles qui l'ont precé-
«M.ynèriçhèdécortitiQn avait transformé une
des., salles de la, gare, en- un • salon somp-,
tueux. C'est là que Louis-Napoléon devait
«Hre reçu par les députations des corps
constitues, avant d'être accueilli sur les
boulevards et sur les places par l'armée,
par la garde nationale, par les corporations
ouvrières, par les délégations des départe
ment voisins, par toute la population, enfin.
grCçlte salle de réception de la gare, ornée
de tentures de velours rouge à crepines d'or,
était magniiique. Soûs un 'baldaquin, orné
d'un,aigle d'or, se trouvait un trône se
mé d'abeilles, Les sièges des ministres étaient
placés, sur les marches de l'estrade. Autour
paient rangées des banquettes réservées aux
î'eprésentans dés corps constitués.
■ ■■ La salie du " Trône, dès une heure, avait
«té occupée par les députions des divers
corps : constitués. Les dispositions avaient
été prises par Mi Feuillet de Conciles, maî-/
fo'é. des cérémonies, qui a fait placer ces dé
putations conjointement avec M. Albert de
Dalmas, chef dù cabinet du prince-Prési
dent. Unoi-dre parfait a régné dans toutes
ces opérations. L'assemblée offrait un coup-
tl'œil splendide. A côté des habits étince-
ïans de dorures " dés ministres, des séna
teurs,, des conseillers d'Etat,- des députés,-
on voyait la _toge sévère des magistrats, la
robe des professeurs, les soutanes dès mem
bres . du clergé. Les Facultés avaient dé
ployé leurs insignes d'apptirat, leurs masses
a orfeyrerie et leurs sceaux d'argent. Auprès
île 1 uniforme, modeste du savant et de l'a
cadémicien,oh voyait briller les habits clia*
inarrès des généraux et des officiers de tous
les corps qui représentaient Tannée.
A deux heures précises, le sifflet de la lo-
comoth d'honneur.qui arrivait. Aussitôt les tambours
®nt battu aux champs. L'orchestre a fait écla
terses lànfares, et la société chorale a entoii-
11.;: là cantate composée exprès pour cette cé
rémonie. Les ouvriers.mécaniciens, rangés
des deux côtés des rails, ont poussé une ac
clamation unanime.
Louis-Napoléon est descendu de son wa
gon. Il .était en costume 'Je lieutenant-géné
ral, cciut .du grpid^cordon de la Légion-
u*Honneur., II ;i été reçu par les adminis-
.1 râleurs d'i chemin de 1er d'Orléans, et il est
tntnj lïumédialementdansla salle du trône.
.'iVpeiuo entré, dans cette salle, une ex
plosion de cris.de Vive l'Empereur ! vive Na
poléon l a reteliti. Tous les dignitaires de
l'Etat, tous les' magistrats, tous les fonction-
îîîûreg, debout , et découverts, , ont salué de
leurs, acclamations le retour du prince, qui, ■
parti' de Paris président de la république, y _
revient empereur et sacré par le vœu popu- !
laire.- Louis-Napoléon a embrassé avec une >
vive effusion le prince Jérôme, président du i
Sénat, et M. le comte de Morny, membre du i
Oorps Législatif, etil a adressé les paroles les •:
plus cordiales à ceux de ses ministres et des :
hauts dignitaires qui se pressaient sur son >
passage.
' Alors s'est'passc .un incident que tout le
, inonde al'emarqué. et qui a causé une pro- ;
: fonde,émotion. On a offert au prince deî
■ prendre place sur, le trône aux abeilles d'or, ;
. surmonté du dais impérialvLouis-Napoléon a
refusé de-s'y asseoir par ungeste plein d'une
'simplicité digne. Escorté par ses ministres,'
"par-quelques généraux, il a fait à pas lents i
, le tour de la salle, s'arrêtant à chaque dé
putation des corps constitués, adressant des
. paroles'cordiales à presque tous les assistans,i
• plein de calme, de bienveillance et d'aine-,
iiité. ...
- Nous avons pu, pendant cette longue con-;
versât ion du prince avec tous ceux qui atti-
• l'aient ses regards et sou attention, contem
plera loisir, ses traits, empreints d'une, ex
pression 'rayonnante de confiance et de joie.'
Ce voyage, de dix-huit cents kilomètres, au
milieu du .bruit des fêtes et des préoccupa
tions incessantes de la vie officielle, n'a pas
laissé sur son visage la moindre trace de fa
tigue. Seulement une légère teinte de hâle a
bruni son front et ses joues, et a donné plus
de caractère à sa mâle physionomie. Il n'est
personne qui n'ait été frappé de l'animation
de sa figure, de la fermeté de son regard, de
l'air de contentement et de'vigiieur que res
pirait toute sa personne. On voyait que trente
jours d'acclamations enthousiastes avaient
vèrsé bien des joies intimes dans cette ame
énergique, mûrie par l'exil et le malheur, et
qui, accessible à tous les sentimens humains, 1
s'épanouit au contact de 1 l'allégresse pu
blique.
Au bout de trois-quarts d'heure environ;
le prince a traversé le salon attenant à. la
salle du Trône pour monter à cheval. La
montureétait cet admirable cheval bai-brun,
présent du sultan, que tout Paris a admiré
lors de la fête des aigles, avec son harnais
d'une magnificence orientale et sa chabra-r
que d'or massif. Dès que le prince a mis lé
pied- dans ,rétrier, avec cette -aisanc&. et
cette grâce qu'on lui connaît, on a entendu
comme une clameur immense.
Le prince avait, été vu par les nombreux
spectateurs qui garnissaient la cour, et leurs
c ris de Vive l'Empereur I gagnaient, comme
une traînée de poudre, la foule innombrablè
qui se pressait aux abords de la gare. Louis-
Napoleon, entouré par un cortège de géné
raux et d'officiers d'état-major, s'est alors
dirigé vers la place Walbubert. Il s'est arrè^-
té un instant devant la'décoration imposan
te qui avait été disposée à l'extrémité de.la
cour de la gare: " •
Là,, s'élevait un trophée industriel d'un
heureux effet. Les principaux emblèmes de
la mécanique, la roue dentelée, le piston, le
balancier, formaient une sorte de pyramide
qui servait de support au buste'de Louis-
Napoléon, couronné de chêne et de lauriers.
On y lisait ces inscriptions :
. A LOWS-XAPOLËON.-
Les Ouvriers du 12 0 arrondissement.
TBAVAiL» — B^COSSABSJtSCF-»— M vô VMISKT j —*.
. tMvAii.-.
Au pied de cet autel de l'industrie intelli
gente et laborieuse., étaient groupées plu
sieurs corporations ouvrières. Leurs bannie-,
res en forme d'oriflammes, les unes tricolo
res et ornées d'une aigle d'argent, les .autres
vertes et 01% flottaiént dans les airs, Â droi
te et à gài»che> les lignés des troupes et de la
garde nationale, derrière elles les masses
compactes de la population. A toutes les
fenêtres des maisons environnantes, des
spectateurs Gn liabils de fête.C'était un magi-
3'ue spectacle. Quand Louis-Napoléon a passé
evant eux, ces braves gensonterié vivat du
meilleur de leur cœur, avec l'enthousiasme
le plus vrai et le plus sympathique.
Louis-Napoléon a pris le chemin du pont
d'Austerlitz, suivi de sa brillante escorte.
Arrivé sur la place Walliubël't, en avant du!
pont d'AiisterlitS, ii s'est arrêté en face de
la tente décorée d'àigles aux ailes éployées,
où l'attendait M. Berger, maire de Paris. A
côté de M. Berger, se trouvaient M. Ch. Mer-
ruau,, secrétaire-général, les deux sous-pré
fets de Sceaux et.de Saint-Denis, MM. Léon
Lambert et de Boisthierry, les membres du
conseil général et du conseil de préfecture;
On remarquait M. Delangle, à la droite de
M., le préfet,de la.Seine. Le nombre des mai
res et des officiers municipaux n'était ras
moindre de quatorze cents. Les cris de Vive
l'Empereur ! ont salué l'arrivée du prince-
Président. '
M. le préfet de la Seine s'est avancé et a
adressé à Louis-Napoléon l'allocution sui
vante :
Monseigneur,
La ville de Paris, votre fidèle capitale, est heu
reuse de vous voir aujourd'hui rentrer dans ses
murs. .
, Depuis un mois, elle vous suivait du. cœur et de
la pensée dans votre marche triomphale, et atten
dait avec impatience le jour où, elle aussi, pour
rait saluer votre retour de ses acclamations.
Les triomphes pacifiques valent bien des victoi
res, et la gloire qui Jés accompagne est également
durable et féconde, ;
Cédez, Monseigneur, aux vœux d'un peuple tout
entier ; la Providence emprunte sa voix pour vous
dire de terminer la mission qu'elle vous a confiée,
en reprenant-la couronne de l'immortel fondateur
de votre dvimtie. Ce n'est qu'avec le titre d'Em
pereur que vous pourrez accomplir les promesses
du magnifique programme que, de Bordeaux, vous
venez d'adresser à l 'Europe attentive.
' Paris vous secondera, dans . las grands travaux
que vous méditez pour le bonheur du pays ; et de
môme qu'à là voix de l'Empereur nos pères se
sont levés pour défendre, l'indépendance de la
.patrie, ainsi,; Prince, dan^ les conquêtes pacifi
ques auxquelles vous appelez la France, nous se
rons tous vos soldats, . • ! ,
Des acclamations ont accueilli ce discours.
Quand elles se sont un peu calmées, Louis-
Napoléon a pris la parole, et, d'une voix fer
me et bienveillante, il a répondu qu'il était
heureux, en se retrouvant au milieu de la
population parisienne, d'entendre les mêmes
acclamations qui l'avaient accueilli pendant
son voyage ; mais que cet élan général de la
population n'altérait en rieh le calme de son
•esprit; , que si la France voulait changer ses
institutions, c'était pour mieux garantir la
sécurité de son avenir et la' stabilité du
pouvoir; que si le peuple l'appelle à re
cevoir un nouveau, titre, il le trouvera tou
jours animé du môme dévoùment. .
Après cette réponse, que nous ne pouvons
reproduiré qu'en substance et qui a excité
la plus chaleureuse sympathie, le prince .a
repris sa marche, et passant sous l'arc de
triomphe - du pont. d'Austerlitz, s'est dirigé
vers le boulevard. Au moment où le cortège
a passé devant les Arènes Nationales, un bal
lon gigantesque s'est élevé majestueusement
dans, les airs, et a plané dans les nues em
portant avec lui un aigle couronné.
Voici quel était l'ordre du cortège du prince,
depuis l'entrée des boulevards j jusqu'au pa
lais des Tuileries. La légion de la garde natio
nale achevai ouvrait la marche/Venaient en
suite un régiment de "hussards, deux régi-
meus de chasseurs, les magnifiques escadrons
des guides et la maison militaire de Louis Na
poléon. Après cette partie du. cortège ,
s'avançait le prince seul, séparé de son es
corte par 1111 espace de vingt pas environ. 11
était suivi par un brillant cortège de maré
chaux et de généraux ; suivaient enfin le 1 er
et le 7° lanciers, les 0 e et 7= dragons, les
deux régimens de cuirassiers, les deux régi-
mens de"carabiniers, un' escadron de garde
républicaine, un escadron de gendarmerie
de la Seine.
Dans tout ce long trajet, on a remarqué
que Louis-Napoléon, a marché à une assez
grande distance de son escorte, attirant ton?
les regards, calme, -souriant,le front ra
dieux. Il- maniait avec, une aisance parfaite
son.élégante monture et saluait gracieuse
ment a droite et à gauche à mesure que
les Vivats éclataient sur son passage.
Nous renonçons à décrire en détail, tous
les épisodes qui .ont signalé la marche triom-
phale du prince. Là, des jeunes filles, vêtues
de blanc lui ont apporté une énorme cou
ronne de violettes. Ici les dames d'un mar
ché public, lui ont présenté une corbeille:
pleine de fleurs et de fruits. Ailleurs une petite
fille de dix ans est venue au nom des dames
de la halle lui réciter un court compliment
et lui remettre une pièce cle vers qu'il a ac
ceptée avec bonté. Plus loin, des bruyères
avaient été semées sur son passage, et ont
été pieusement ramassées par de braves-vil
lageoises. A tel endroit, par un mouvement
spontané, des bouquets ont volé des balcons
et des fenêtres et ont. jonché sa route. Par
tout un air de fête sur les visages, desaccla-
mations sans fui qui se prolongeaient au-loin
et recommençaient sans cesse; l'élan enthou
siaste d'une population unanime ' dans ses
sentimens et proclamant par un cri de qua
tre cent mille voix sa reconnaissance et son
dévoùment.
Nulle description nesaurait rendre non "plus
tacles qu'il faut voir et qui vous laissent, dans
lamémoire un souvenir ineffaçable. Lesligneè
majestueuses des boulevards sillonnées par
les bataillons, de! la ligne et de là garde na-
tionale, cette fouie gaie, sympathique, alerte,
en habits de fête; ça et là, des arcs de.triom-.
phe et des banderoles flottantes, aux fenê-i
■très, sur les balcons du haut ,ën bas des mai-. ';
'sons, des milliers de dames aux frais visages,
altx l'raiclies ftoilett-es. Au milici/de ce cadre
iiîipo'saht, ëecdrtègé étindelaiït-do cftvalieî's. '
parmi lesquels un seul, le prince, était le jjOiril-
de mire de l'attention universelle : le: senti- /
mentdecalme, de bien-être, d'espérance qui'
était dans tous les cœurs par cette belle joui*-
néé et en face'dc cette fête splendide, tels sont
les élémëns dê ce lablèauque tout Paris a eu
sous les yeux et qui aitefia uii peintre. ;
Ce spectacle magnifique s'était pour ainsi
dire concentré, sur la place de la Concorde.
Un portique élégant avait été dressé à l'en
trée de' la grille au pont tournant. Cette dé*
coration' se mariait à merveille avec les .es
trades qui garnissaient les deux terrassés,
et qui les avaient transformées en deux am-
phiihéàtres immenses. Les bâlimens du mi
nistère de la marine et du Garde-Meuble
étaient pavoisés de drapeaux, et ornés de ;
tentures flottantes. Un public choisi avait
i trouvé place sur ces estrades et sur ces bal
cons. Au fond se dessinaient les ombrages-
des Champs-Elysées,, déjà' clair-semés sous: :
le vent d'automne, mais parés encore d'une;
charmante verdure. Au centre de la pla
ce,. les députations de ces vieux soldats
de l'Empire aux uniformes noircis, débris
vénérables des armées .glorieuses qui ont
promené : dans le inonde le drapeau trico»
lore, souvenirs vivans de l'époque impériale.
Tout autour les rangs presses des bataillons
aux ■ armes étincelantes. Représentez-vous
cette foule. agitée, d'une même émotion et
poussant un même cri, et vous aurez une
faible idée de la scène qui s'offrait aux re-
fards du' haut des estrades dans la vapeur
orée du soleil incliné à l'horizon.
A trois heures et demie, Louis-Napoléon
entrait dans le palais" des Tuileries, après
avoir traversé le jardin dans toute sa lon
gueur, entre deux haies de députations ou
vrières et de , bataillons de soldats. Une
foule immense s'est' amassée en face du
palais et a fait retentir les cris de Vive
Napoléon !
vive
l'Empereur ! Le prince a
paru au balcon et a salué avec affabilité. Les
députations ouvrières, bannières en tète>
ont défilé dans le- jardin. Ce clélilé a duré
plus d'une heure et demie.
Le soir, les édifices publics étaient illumi
nés. Un grand nombre de maisons particu
lières avaient aussi pris part, aux illumina
tions. Nombre-deces éclairages, en lanternes :
vénitiennes, faisaient le meilleur effet. Les
boulevards ont été couverts de promeneurs
jusqu'à minuit.
Paris a vu bien des fétès, bien des solenni
tés; aucune de ses journées d'allégresse pu
blique ne présentait un caractèreplus im
posant. Spontanée comme l'élan d'un grand
peuple, marquée aucachet de l'originalité et
de la grandeur, elle fera" une date dans no
tre histoire. Ce sera la fête de l'ordre rafler-
mi, de la société sauvée, de l'Empire rétabli. „
Lés fêtes du J 5 août sont dépassées. Le',
retour du prinçe-Président laisse bien loin
derrière lui ces solennités somptueuses qui.
avaient attiré à Paris un si grand concours
de populations. Depuis huit jours, les étran
gers affluent d'Angleterre, de Belgique, d'Al
lemagne; et l'immense capitale est devenue
trop petitepour tous sesliôtes.D'heure en heu
re, les chemins de fer amènent une foule nou
velle, désireuse de prendre part à cette ova
tion populaire et de joindre ses acclamations
à toutes celles qui doivent saluer l'élu de la
nation! On peut dire que la population pari
sienne est doublée;.
Pour avoir un exemple d'une semblable ,
affluence, il faut remonter au jour où, , par
un pâle soleil d'hiver,.les cendres de l'Em
pereur f rentrèrent dans sa capitale, toute
pleine encore de son souvenir et de son ;
génie. Pour bien des Français, ce fut alors
un pieux pèlerinage que d'accourir à Paris
saluer ces restes immortels, rapportés de"'
l'exil pour devenir l'un des palladium de la pa
trie- : les routes se couvrirent d'une foule que
l'âge n'arrêtait pas, que la fatiguene rebutait
pointyet qui vint au jour dit se grouper à flots
pressés autour de l'arc-de-triomphej Quand
le char .funèbre passa sous la porte monu
mentale, couverte de tant de noms illustres,
une immense acclamation s'éleva, et des >
cris de Vive l'Empereur! retentirent long
temps. Ces cris ' s'àdrèssaièut au passé, ils
saluaient la gloire. Nous revoyons 'aujour
d'hui la même foule, et les mêmes cris se font
entendre; mais; cette fois, ce sont des cris
d'espérance; ces acclamations saluent l'ave
nir de la, patrie. v
Pendant toute la journée d'hier les bou
levards ont été- encombres de curieux qui
se portaient partout où des préparatifs
avaient, été commencés. Grâce à la sérénité
du ciel et à la r douceur de la température,
l'afiluence des promeneurs s'est prolongée :
fort avant dansla soirée. Ce matin, le soleil a ;
paru radieux, et Une grande partie de la po
pulation s'est portée de très bonne heure '
sur les boulevards, afin de pouvoir les par-
c-ourir avant que la circulation fut inter
dite. Ce qui ajoutait à la curiosité géné
rale, c'est le caractère d'improvisation que
la fête a conservé jusqu'au bout. L'autorité
s'était bornée a prescrire des mesures d'or
dre : l'initiative intelligente et la bonne
volonté des citoyens ont tout fait. Rien n'an-:
nonçait'donc qu'ici ou là dût s'élever- un
arc-de-triomphe, dût se placer une décora- ;
tion artistique. Chacun avait suivi l'inspira
tion de son zèle .: des cotisations volontaires
ont subvenu à toutes les dépenses. Il -n'y
avait donc pas de programme qui put ren
seigner; il fallait voir par ses veux pour
savoir avec quelle rapidité magique, 'avec'
quelle merveilleuse industrie toute la li
gue dos boulevards se transformait en une
série d'arcs de triomphe, en une décoration
d'une lieue et demie de long. On peut dire
que la foule marchait de surprise en sur
prise. Disons-le, et personne ne s'en bles
sera, celte ornementation improvisée avait
un caractère de richesse, d'originalité, d'c-
légance et de variété infinies et dépas
sait de beaucoup la décoration du 15
août, qui' faisait tant-d'honneur cepen
dant à l'habileté et au bon goût de ses or
donnateurs. Les plus grands artistes se re
connaissent volontiers vaincus par tout le
monde, surtout quand tout le monde
c'est Paris. On doit reconnaître qu'aujour
d'hui c'était Paris tout entier qui était l'or-
donnateur.de la fête-: aussi a-t-elle été digne
et de la grande ville qui en prenait l'initia
tive, et du princê à qui elle était spontané#
ment offerte.
. La décoration qui aboutissait au jartiin
. des Tuiierieâ, après avoir suivi toute h' ligne
des boulevards, commeifcdit h l'e 4 mbarc.a-
■'Xdvre même du chemin, de fer d'Orléaiïs.- De?-
i" "puis huit/jours un nombre considérable d'ou
vriers travaillaient sans relâche à transfor
mer cet criîbîïfeadpre en un véritable palais,
digne de recevoir lé pr'iijfc'e-Présidènt et tous
les grands corps de l'Etat.
. Plus loin à la rentrée du pont d'Auster
litz^ avait été dressé un arc de. triomphe gi
gantesque avec cette devise L a vij,l.e de
P auis A Lot'is^NAroiioif, H m M iiki'îi. Cet arc
de triomphe, qui rappelait par sa forme et
par ses dimensions celui de Cofistantin à Ro
me^ était entouré de guirlandes et de fleurs.
A: la sortie de la gare et dans toute l'éten
due du boulevard de l'Hôpital stationnaient les
députationsdu i 2° arrondissement. Plusieurs,
de ces députations se composaient d'ouvriers
encore couverts de leurs habits de travail;
La majorité cependant des délégués s'é
taient endimanchés. Sur la place Mazas, à
la gauche du pont d'Austerlitz, en venant
du débarcadère, se trouvaient d'abord les
députations dè Seiné-et-Oise, les députa^
lions de la ban lieue, et les députations
des douze départemens , puis ehfih la
commune de La Ch ap e lie, représentée par
une députation très nombreuse, au-dessus
de: laquelle flottaient de nombreux éten
dards. Toutes les députations rurales
avaient d'immenses bannières sur, lesquelles
- était écrit : Vive l'Empereur! A Napo-"
lém IIII et le nom de la commune., Elles
avaient à leur tête le maire et les adjoints de
' chaque commune, ét presque partout le cu
ré s'était joint aux magistrats municipaux.
Ces députations comprenaient un grand riont
bre de femmes en habits de fête, et qui se
: faisaient'remarquer, par l'ardeur et la viva-.
cité de leur enthousiasme.
De l'autre côté de la place Mazas, le long
• du canal, et à partir du pont d'Austerlitz,
étaient rangés le collège irlandais, qui doit, à
la France une hospitalité séculaire, et qui a
reçu dans ses rangs plusieurs vénérables pré-
, lats irlandais venus a Paris pour visit i t l'asile
• où se forment quelgues-uns dt leur; coad-
juteurs les plus zélés. Après le collège irlan
dais, venaient la corporation des fondeurs de
suif, une députation des Quinze-Vingts, la
société des sauveteurs de la Seine, dont on
ne peut faire partie à moins d'avoir reçu au
moins une médaille nationale pour avoir sauvé
la vie à un de ses semblables, et dont presque
tous les membres portaient la croix de la Lé-
gion-d'Honneur.Après eux venaient leschar-
geurs et déchàrgeurs de l'Entrepôt, et la
société de bienfaisance des Amis de la Pré
voyance.'
. A. l'entrée, du-boulevard Bourdon, à la
hauteur du grenier-d'abondance, s'élevait
un second arc de triomphe, vert,et or, dis
posé avec un goût exquis. A partir de cet arc
de triomphe, le long du boulevard et du
: côté du grenier d'abondance étaient rangés
lès ouvi'iefs* de la Belle-Jardinière; lescliar-
: bonniers médaillés pour leur nonne conduite
et pour des actes de dévoùment, les paveurs
de -la-'ville de Paris, les payeurs de la niai-
son Cbanudet, les ouvriers en plaqué.de la
maison Gandin, et enfin toutes les corpora
tions ouvrières du 7 e arrondissement, en
commençant par les chapeliers .-
-En face, du-côté du canal, et à partir de
de l'ai'c de triomphe, se trouvaient successi
vement les ouvriers cles compagnies d'éclai
rage par legaz,les.employés de l'abattoir Po-
pincourt, le facteurs de la poste, les ouvriers
des maisons Fichet et Hèrmann, et la société
; des Epicuriens. Toutes ces corporations,
avaient des bannières. Deux lignes immenses -
de députations se continuaient ainsi des deux
côtés du boulevard jusqu'à la place de la
Concorde/ où les vieux soldats de l'Empire
formaient un groupe nombreux autour de
■ l'obélisque. -
De la Bastille, on débouchait sur le boule
vard Beaumarchais par une porte inonu-
mentale, élevée par le 8 e arrondissement; un
peu plus loin,, entre la rue Ménilmontant et
la me de CrussoL était l'arc construit par
les ouvriers qui viennent d'achever les Arè
nes nationales; les théâtres réunis du boule
vard du Temple avaient élevé, à la hauteur
du jardin Turc, un arc composé de deux co
lonnes, reliées par une immense tenture,
.au-dessous de laquelle pendait un lustre ma-
.gnilique destiné à l'illumination du soir;
tout près de là se trouvait un arc presque
semblable, construit par le Théâtre-Lyrique
et les concerts voisins ; chacun de ces établis-
semens avait décoré'sa façade de drapeaux,
de transparens, de guirlandes.. On remar
quait particulièrement un aigle colossal for
mé avec-des roses et des camélias.
A l'extérieur, du théâtre de l'Ambigu-Co-
mique, richement décoré, sur le balcon de
la principale façade, un magnifique décorj
dù aux pinceaux de M. Duflocq, représente
le temple.de la gloire, au milieu duquel
brille le soleil de l'Empire, dont chaque
rayon porte l'inscription d'une victoire :
Austerhtz,, léna, Friedland, Marengo, Smo-
lertsk, etc... Au centre, un N couronné, au-
dessous duquel est le buste de Louis-Napo-
' légn. Tout le théâtre est entouré, de trophées
d'armes et d'une multitude de drapeaux
tricolores, et sur le côté du bâtiment qui fait,
tout-à-fait face au boulevard, on ht sur un
. transparent ces quatre vers de Virgile, faits
à l'adresse d'Octave, le neveu de César, le
jour où il fut proclamé empereur :
Dî jiatrii indiqetes, et l{omule 1 Vestaque mater,
Quœ tuscurn f iberim et romana palatia servas,
]lunc saltcin everso juvenem siiccurrere sœclo
Ne prohibele!
En voici la traduction littérale :
Dieux de la patrie, Romulus et Vesta, notre mi-
, re, qui gardez le Tibre toscan et les palais de Ro-
• me, n'empêchez pas du moins ce héros de secourir
„ cette société renversée! ' ■
Le théâtre de la Porte-Saint-Martin avait
. érigé un arc monumental formé d'une porte
triomphale entre deux portes plus petites.
Des aigles couronnées-'surmon'tent cette dé
coration qui produit un très bon effet ; placée
sur .un point culminant, au'lieu d'être relé-
fuée dans une tranchée , elle en aurait pro-
uit plus encore. , .
Vient après,-un arc érigé sur le boulevard
Saint-Denis par les associations des 6° et 7 e
arrondissemens. Cet arc de triomphe, com-
ïner tous ceux dont nous venons de parler,
porte cette inscription : A l'Empereur Napo
léon III! Il se relie par les décorations qu'ont
disposées les bataillons de la garde nationa
le, avec les portes Saint-Denis et Saint-Mar
tin ornées de drapeaux et de banderolés. .
Nous ayons déjà dit comment le 9° batail
lon de- la garde nationale avait eu l'idée de
.rappéler par des légendes, des paroles mt*-
•morables dù chef de l'Etat ; cette idte n a
rien perdu à l'exécuticî'tt , les mâts, avec
lè'vfi'g banderoles flottantes, les Jjoucliers
portant lé numéro de la légion avec des at
tributs, les cartouches retraçant d'éloquen
tes paroles, appellent vivement, l'attention»
: Ce, décor, qui' se marie avec les façades
ornées du Bazar et du Gymnase, arrive à la
rue du Faubourg-Poissonnière.
Là, sur le trottoir de droite, le 7° bataillon
de la garde nationale offre une suite, de tro-
ipliées portant tous sur un écusson : Vive
l'Empereur Napoléon HT! Ces trophées sont
entourés de . vasques remplies de fleurs.
Dé l'autre côté, c'est le 10° bataillon qui" a
fait dresser une suite de mâts pavoisés or-,
nés de faisceaux et de drapeaux.. Des ; ban
nières aux trois couleurs flottent, au-dessus
de la chaussée d'espace en espace, et s'éten
dent aussi d'un côté à l'autre des rues qui
i viennent aboutir aux boulevards.
La manufacture de tapis d'Aubusson avait
déployé le long de sa façade ses tapis les-
plus magniflques qui formaient une espèce
de dais- Au centre de cette décoration, sur
Un tàpis de toute beauté, se dessinait un ai-
g 'ÎZ' gigantesque. ■
A partir de la rue, du Fauboiti'g-Montiliar- 1
tre, nous trouvons la décoration du théâtre
des Variétés ; puis, à l'entrée de la rue Vi-.
vienne, une décoration formée par des nïfits
très élevés i reliés entre eux par . des guir-'
landes et supportaiit un vaste rideau de ve
lours vert avec crépines d'or,.sur lequel on.
lisait en lettres d'or ; A Louis-Napoléon, le
tribunal de commerce de ta Seine et la chambre
de commerce de Paris. ,.
. Au coin de la rue Drouot, en face de la
rue Richelieu, ce sont encore des mâts avec
dès banderoles qui annoncent que l'on est
sur le terrain du 2° arrondissement; ce sont
partout, à droite et à gauche, des trophées
de drapeaux, dés écussdns rappelant les cir-,
conscriptions des bataillons de la garde na
tionale : malheureusement, l'es nécessités
du service n'ont pas permis de placer; les
gardes nationaux près des mâts ou des tro
phées qu'ils ont fait dresser.
L'arc de triomphe, élevé par les directeurs
de i'Opéraetdel'Opéra-Comique, àlabauteur
de là rue Le Pelletier, se distingue entre tous
par son élégance et son aspect monumen
tal. Il se compose de. quatre colonnes
peintes, couronnées par 1111 baldaquin rou
ge, avec cette inscription on lettres d'or :
Vive l'Empereur! Les quatre colonnes eu
marbre b ! a rc reposent sur des Socles de gra
nit roug'è et sont surmontées d'aigles d'or.
Au-dessus des socles' on remarque des attri
buts de musique. Devant les colonnes de la
façade, sont deux bustes peints en couleur
bronze, l'un représentant l'Empereur etl'au-
tre Louis-Napoléon, tous deux la tète cein
te de lauriers d'or. Enfin, de chaque côté de
l'arc de triomphe s'élèvent deux grands
écussoii&portant; celui-de - gauche : Théâtre
impérial ae l'Opéra-Comique, et celui de ilroi-
te : Académie impériale de Musique.
■ La décoration improvisée à-la hauteur de
la rue de la Paix, moins grandiose,, sans
doute , est d'un goût charmant. Ce sont
quatre colonnes eu forme de trophées,
deux grandes et deux plus petites <, réu
nies par des guirlandes de feuillage. Des-
armures en fer battu ornent les deux gran
des colonnes. Des drapeaux verts, à orne-
mens dorés, portant la devise de Vive l'Em
pereur! flottent au dessus. La décoration est
surmontée d'un vaste écriteau : Le 1 er ba
taillon de la garde nationale, (i l'Empereur
Napoléon III!
Au corn de la rue Royale et du faubourg
Saint-Honoré, s'élevaient plusieurs mâts gi
gantesques, ornés de banderoles, et portant
plie élevé devant le Pont-Tournant,-se com-
Sose de deux belles colonnes surmontées
'aigles colossales, et est entouré d'inscrip-
ment de la rue de Rivoli.
Voici le texte de l'adresse du conseil mu
nicipal de Paris, remise à Louis-Napoléon,
•par M. Delangle :
ADRESSE DU CONSEIL MUNICIPAL DE PAlilS AS. A. I.
MONSEIGXECR LE PRlXCE-l'UÊSIDEST.
. ■ l'rince, ; : • ■■ • ■
' Le conseil municipal de Paris vient avec em
pressement saluer votre retour; il vient se félici
ter avec vous du triomphe dont chacun de vos
pas a été marqué dans ce glorieux voyage.
Si la plus noble jouissance, après celle de sau
ver son pays, est de - le trouver reconnaissant,
quel bonheur a rempli votre cœur! Partout le
sentiment du service- rendu ! Partout l'applaudis-
semènt et les acclamations du peuplé! Où les dis
cordes civiles avaient semé le désespoir et la mort,
vous avez porté la consolation, l'espérance, la vie !
Prince, la France vous * remettait, il y a quel
ques mois, le droit suprême de lui donner des
lois. Aujourd'hui la. voix du peuple, après avoir
consacré le 2 décembre, demande qrté le pouvoir
qui vous a été confié s'affermisse, et que sa stabi
lité soit la garantie de l'avenir.
La ville* de Paris est heureuse de s'associer à ce
vœu, non dans vôtre intérêt, Prince, et pour ajou
ter à votre gloire, il n!y en a pas de plus grande
que d'avoir sauvé la patrie, mais dans l'intérêt
de" tous et pour que la mobilité des institutions
ne laisse désormais à l'esprit de désordre ni es
pérance, ni prétexte.
Vous avez devancé la France quand il s'est agi
de l'arracher au jpéril ; maintenant que, guidée
par ses souvenirs^-inspirée par son amour, elle
vous ouvre une? voie nouvelle, suivezrlu.
La cantate qui a-été exécutée dans la
gare, à l'arrivee du prince ,a pour auteurs
M;- Granger pour les paroles, et pour la mu
sique M.-Dufrène, chef d'orchestre de S. A, I.
Les sociétés chorales, dites élèves Chevé,
ont exécuté avec beaucoup d'ensemble et
de talent - cette, cantate, qui n'est pas un
chef-d'œuvre 'de poésie, mais qui a ,le mé
rité d'exprimer les sentimens que parta-
feait la population tout entière, et qui est
'un rythme franc et chaleureux. L'orcbestre
de M. Dufrène l'a accompagnée. Elle doit être
exécuté de. nouveau demain, 17, à une heu
re, à la fête napoléonienne donnée aux cor
porations des départemens.
Voici les paroles de c'ette cantate : -
HOMMAGE A LQUIS-NAPOLEOM.
CASTATE.E.N L'HOKSEOK DE LA llEXTRÉE A PARIS
J)E S. A. IMPÉRIALE.
_ - Chœur; , . ■
iour d'allégresse, jour dé gloire!- y :
; • Parmi nous il est de retour: 1 •--■'■ ■■.••■■■
■Aux plus beaux jours dc.son histoire; i ■ '■ . '.
Paris va joindre ce beau jour.- • • ' - - !
I. : ''
Dans ton ame, de la province , * '/ J .'
Vibrent encore les clameurs', .
• Et sur ton passage, lieureux prince, - - !
Tu n'as moissonné que.des fleurs.
Près des drapeaux conquis par la victoire, .
Dépose-Les; ces fleurs, afin qu'un jour,';. , •
Près des jjages de notre gloire ^ I
On trouve ceux de notre amour." r
Chœur. ~
Jour d'allégresse, etc.-
II.' \ '
A cëtte marche triomphale,'
Paris, de loin, applaudissait. :
Fier de ta'gloire impériale.
De tes périls il frémissait.
. Mais le pays, qui t'aime et qui t'honore,
De tes périls a bien su te venger. :
Tu lui deviens plus cher encore, . ;
JEt tu grandis pour le danger.
Chœur : v
Jour.d'allégresse, jour de gloire,'
' Parmi npus il est de retour! . . '
Aux plus beaux joui's de son histoire
. Paris va joindre.ee beau jour.'.
Le maire de. Rouen, accompagné de plu-?
sieurs membres de "son, administration et
d'une nombreuse députation du conseil mut
nicipal, s'était empressé de venir, se réunir
au corps municipal de Paris pour joindre ses
acclamations à celles qui ont accueilli le
prince à son arrivée.
Parmi les bannières des députations des
départemens, nous en avons, remarqué de
locaiités très éloignées, de Salins par exemr
pie; il y avait aussi la bannière au chèsain
ae fer de Gray.
Les députations du département de Seine-
et-Marne ont parcouru toute la ligne des
boulevards, le préfet et les sous-préfets en tê te-
Seine-et-Oise était aussi très amplement re
présenté. Presque partout, le curé accompa
gnait: les maires et les adjoints. Ou voyait
aussi bon nombre de femmes qui avaient
suivi leurs'maris.
Il faudrait un journal entier pour men
tionner seulement " les bannières de la ban
lieue de Paris. Quelques communes en
avaient, plusieurs. '
Des gardes "nationales avaient des bou
quets dans le canon de leurs fusils. D'autres
avaient joint de vieux drapeaux de l'Em
pire aux drapeaux de la dernière distribu
tion; Otf'remarquait-avec intérêt un drapeau
de l'ancienne armée impériale, crible par
la mitraille, et sinon porté, du moins ac
compagné par le vieux orave qui l'avait pré
cieusement conseryé.
M. Guériii de Tencin, ancien officier, con
nu sous le nom de Guérin le sauveteur, et M.
Courtellemont, accompagnés de nombreux .
détachemens de sauveteurs de la France,
dont plusieurs étaient venus de "fort loin,
étaient à la gare pour recevoir le Président
au débarcadère. Ils ont voulu, disaient-ils,
que les sauveteurs vinssent faire acte d'ad
hésion au grand sauveur de la France ! On ap
plaudissait sur toute la ligne des boulevards .
ces cent vingt braves gens-, tous décorés de
plusieurs médailles de sauvetage, gages de
leurs actes de dévoùment.
Le 9° bataillon de la garde nationale avait
dressé neuf mâts pavoisés sur là ligne du .
boulevard qui borde sa circonscription; ils
portaient les inscriptions suivantes : Le droit
vient du. peuple, la force fient de Dieu. L'Em
piré, c'est la paix. La gloire se lègue', mais non
la guerre. La guerre ne se fait que par néces
sité. Confiance dans le présent, sécurité, dans
l'avenir. Lorsque la France est satisfaite, le
monde est tranquille. Vous voulez,le bien de la
■patrie. Nous sommes vos soldats. Vive l'Em
pereur! ' \ >
Parmi les nombreuses députations qui
ont sillonné aujourd'hui les boulevards, nous
avons remarqué le pèrsonnel de l'imprime- .
rie nationale, chefs de service, employés et
ouvriers, précédés d'une riche bannière por
tant sur la face ' A Louis-Napoléon l'Impri
merie nationale, et au revers : 2 décembre
1851 — 16 octobre 1852. Elle était surmon
tée d'un aigle, supporté par un gigantesque
bouquet de violettes.
Cette manifestation, qui ne comptait pas
moins de huit cents personnes, se faisait; re
marquer par sa belle tenue, un ordre.par-
fait, maintenu' par les contre-maîtres, déco
rés de brassards tricolores , et par un en
thousiasme'd'autant plus chaleureux, que .
l'imprimerie nationale compte au premier
rang, parmi ses titrés de gloire, d'avoir se
condé, par la rapidité de son action, l'acte
sauveur du 2 décembre. ^ " ■
M. de Saint-Georges, que le service, de, la
garde nationale retenait à la tète de son ba
taillon, n'avait pu conduire lui-même cette
députation; mais il l'attendait au retour, et
quand elle est rentrée 'dans la cour de l'izh-
primerie nationale, il lui a adressé de cha
leureuses et patriotiques paroles qui, à plu
sieurs reprises, ont été couvertes du cri de
Vive l Empereur !
Les écoles communales de la ville de
Paris s'étaient rangées, dans Je" meilleur
ordre , devant l'église de la Madeleine ; .
les plus jeunes écoliers portaient de petits
drapeaux; les plus grands des bannières sur
montées d'une aigle. Tous sefaisaienfromarr
quer par la chaleur de leurs acclamations.
Ces écoles sont ensuite retournées dans leurs
quartiers respectifs, recueillant sur leur rou
te les témoignages que méritait , leur .bon
ne tenue, et les frères qui les conduisaient
ont reçu partout des marques de sympathie.
. Les élèves des lycées de Paris, accompa-
pagnés de leurs professeurs en robe, étaient
sur les marches de la Madeleine, avec des
bannières indiquant le nom de chaque lycée.
- Éii arrivant'devant l'église de la Mtfde-
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