Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-10-16
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 16 octobre 1852 16 octobre 1852
Description : 1852/10/16 (Numéro 290). 1852/10/16 (Numéro 290).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUMÉRO 290.
BU1MEÀU3L : rue de Valets (Palais-Royal),'ii° ÎO.
1 83g c - SAMEDI 16 OCTOBRE.!^
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8 fr. pour trois mois. :
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journal politique, littéraire, universel»
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jLes articles déposés ne sont pas rendus.
On s'abonne, dans les départemens, aux Messageries et\aux Directions de poste.—A Londresi chez MM. C owie et fils.
— A Strasbourg, chez M. A lexandre, pour l'Allemagne.
. [ S 'adresser, franco', pour l'adminii
là m. demain, directeur?!
Les annonces sont reçues '*chez M. PANIS, régisseur, 10, place de la Bourse
et au bureau du journal.
PARIS', 15 OCTOBRE.
UE RETOUR.
Le prince Louis-Napoléôn- rentre demain
•dans Paris , après un mois d'éloignement,
après un mois de voyage dans nos départe-
mens de l'Est et du Midi. Le prince a trouvé
de la force pour soutenir toutes fatigues, tou
tes émotions;il amêmetrouvé assez de calme,
-au milieu de tant d'enthousiasme, de tant de
bruits, de tant de spectacles divers, pour
Jaisser dans.plus d'une grande.ville des tra
ces utiles de son passage, pour y créer des
institutions depuis long-temps réclamées,
pour y décréter des travaux et des monu-
mens.
Le prince Louis-Napoléon a siïrtout, dans
-ce long voyage, jeté çà et là de' ces grandes
et belles paroles que l'esprit français sait si,
bien comprendre, qu'il recueille avidement,
qu'il répète avec joie> avec admiration; mal
gré ses goûts railleurs, l'esprit français ai- :
"me à admirer.
Les dons de l'intelligence, dit Bossuet/
sont les plus beaux ornemens du monde.
Certes, le langage élevé, plein de mouve
ment, de chaleur et dé foi, que parle'le'
'prince Louis-Napoléon , n'est pas fait pour
abaisser les âmes, et pour éteindre les es
prits. Ce beau langage vient au contraire,
à propos, réveiller dans la nation l'élan, le
. patriotisme, enfin tous les sentimens frater
nels «t humains, si nécessaires aujourd'hui;
à la vie et à la défense de la société.
L'esprit français n'est pas bavard; il est
"vif, enjoué; il aime à résumerses jugémens,
à peindre ses émotions,» à colorer ses pen
sées par un seul mot. Le prince Louis-Napo
léon a plus que personne ce secret de lan
gage de l'espvit français. Les Bordelais se
souviendront long-temps de ce mot du prin-
-cc : Vous êtes tous mes soldats !
Qui eut dit, lors dé la révolution de Juillet,
lors de la révolution de Février 1848, > qu'à
la place de ces barricades, instrumens de
guerres civiles, s'élèveraient à l'envi, le 16
octobre 1852, des arcs de triomphe pour la
. récéption, pour la rentrée du prince Louis-
Napoléon dans Paris? Qui eut dit que, ce jour
là, t tous les ouvriers de tous états, en habits de
■fêtes, portant des bannières, s'empresse
raient de faire cortège au chef de l'Etat, et
Viendraient' ainsi protester, en honorant le
pouvoir, de leur amour pour le travail et
pour le bien public ?
Il y acertes là un .grand courant politique,
une entraînante réaction contre l'esprit ré
volutionnaire, un électrique battement de
cœur pour l'homme qui nous a sauvés, une
involontaire élévation des ames vers Dieu
qui nous protège. On ne commande pas de
pareilles émotions à tout un peuple, et l'on
ne saurait même ni les contenir, ni les em
pêcher !
Nous sommes à un de ces momens solen
nels où une nation, et le Souverain qu'elle
s'es t choisi, font bail pour" l'avenir. La nation
et le prince voient cet avenir riant, prospère,
êt. suffisant à peine, par une prodigieuse
activité, à tout ce qui reste encore à faire
pour le bien-être moral, pour la vie meil-
lem'e- de tous, mèrtie au sein du pays le
jslus civilisé de, l'Europe.
Pour l'accomplissement de pacifiques et
nécessaires progrès, lé prince Louis-Napo
léon aura à livrer et à gagner autant de ba
tailles -dans l'intérieur, de la France, que le
grand capitaine en eut à livrer et à gagner
contre des armées ennemies.
Depuis le 2 décembre, la Franceji'a-t-elle,
pas passé subitement de l'état léthargique!
à la vie et à la jeunesse, de la ruine à l'opu
lence, d'un deuil public à des fêtes, à des
joies populaires? :
Au milieu de ce triomphe des idées napo
léoniennes, quels sont les sentimens du.prin
ce ? Il nous convie tous à la conciliation.
Abjurons toutes préventions, toutes hai-:
nés! Que les partis s'apaisent, abdiquent,;
que les factions désarment par dévoûment
pour le pays. Les hommes de talent, les
cœurs généreux ne peuvent s'isoler de ce
grand mouvement national, et se refuser à
la patrie, qui veut des gloires pacifiques pour
le nouvel Empire. ■
D r Li V éron.
La journée de démain sera pour Paris une
journée d'allégresse publique. Dans cette
fête improvisée, la population tout entière
s'associera au grand mouvement d'opi
nion que les cris enthousiastes de la pro- '
vinceont commencé,et qui se propage, puis
sant et irrésistible, sur toute la France. Tout
annonce que cette solennité aura l'éclat et la
grandeur d'une manifestation imposante de
la volonté nationale. Notre ciel parisien, si
avare denses faveurs durant cette année d'ora
ges et de pluies, semble nous promettre son
plus brillant azur et son plus beau soleil. Des
arcs de triomphe, élégans impromptus des
beaux-arts, s'élèvent sur nos places et sur
nos boulevards. Les régimens de notre ar-
mée> les bataillons de la garde nationale '
garniront- de leurs lignes étincelantes d'a
cier lè vaste espace qui s'étend; de la gare
d'Orléans aux Tuileries] Le clergé, à côté de
cette image de la force et de la discipline,
placera les pompes majestueuses de la reli
gion! qui bénit et console. Dès midi,les ma
gasins, les ateliers, les bureaux administra
tifs, les tribunaux, la Bourse, se fermeront.
La vie des affaires et des intérêts sera
momentanément suspendue, et le peuple
entier , sans distinction de rang ni de
classé, le peuple dii suffrage universel,
bourgeois et ouvriers, riches et pauvres,
se portera au-devant du chef de l'Etat,
de l'élu de la nation, qui, dans deux élec
tions mémorables, a réuni quatorze mil
lions de voix,et à qui le vœu populaire ouvre
le ehemin du trône impérial.
. La bourgeoisie ; parisienne sera représen
tée à la fête de demain par les bataillons de
la garde nationale, par les nombreuses dé-
putations qui attendront le prince-Président
à la gare d'Orléans, par les cent mille ci
toyens qui se presseront sur son passage.
Les populations laborieuses ne montreront
pas moins d'élan et moins d'enthousiasme; à
Paris, dans la banlieue,dans les départemens
voisins, les travailleurs, ouvriers et paysans,
se sont donné rendez-vous pour cette grande
journée. Tous léscorps de métiers ontdeman-
dé à l'autorité la permission de prendre part à
cette démonstration toute pacifique et toute
nationale ; leurs désirs ont été exaucés. On
leur a désigné des places sur le parcours du
cortège qui entourera Louis-Napoléon. Eux,
de leur côté, ont fait fabriquer des banniè
res et dés insignes où doit briller l'aigle im
périale, et on les verra demain, sous leurs
étendards respectif^, saluer de leurs accla
mations le nouveau souverain que la France
s'est donné. ■
On nous communique quelques détails sur
la manifestation qui se prépare, et qui
montrent que Paris comme la province sait
se montrer dévoué et reconnaissant en
vers l'héritier de Napoléon. Les corporations
des ouvriers en bâtimens, maçons,, charpen
tiers, menuisiers, peintres, serruriers, tail
leurs de pierre et couvreurs; les ouvriers des
ateliers de construction de Paris et de la
banlieue; les ouvriers ébénistes, armuriers,
cordonniers, tailleurs et mégissiers/au nom
bre de plusieurs milliers ; la corporation des
carriers, les porteurs et les forts de la halle,
les marchands du Temple* les corporations
d'ouvriers imprimeurs, ont sollicité et ob
tenu des stations spéciales sur le passage
du cortège. Il en est de même des ouvriers
des ports de la ville, de Bercy, de la Râ
pée, d'Ivry, qui seront divisés par équipes de
25 à30 hommes. On y verra'figurer pareille
ment des députations de toutes les industries
si nombreuses qui s'exercent dans le départe
ment de la Seine, soit dans le travail des ate
liers, soitdans le travail des champs. Tous ces
braves gens sont venus s'inscrire dans leur
mairie, par un mouvement spontané du
cœur. Les députations de la banlieue seront
conduites par leurs maires, environnés de
leurs conseils municipaux.
Assurément, ce sera , un noble et magni
fique speçtacle que cette foule joyeuse, con
fiante, sympathique, couvrant nos boulevards
et nos places publiques. La discipline volon
taire qu'elle s'est imposée en plaçant à part
chaque corporation ouvrière, en déployant
la bannière de chaque industrie, donnera
à leurs manifestations un caractère plus
éclatant d'ordre et de dévoûment. Ce ne se
ra pas une vaine curiosité'qui les aura fait
sortir de leurs ateliers et de leurs champs,
ces honnêtes travailleurs, troublés tant dp
fois par lé bruit des révolutions, et qui veu- '
lent, une fois pour toutes, prouver leur amour
pour le calme et pour la stabilité. Leur pré
sence est le gage des grandeurs nouvelles
qui sont réservées à Louis-Napoléon.
Au reste, cet empressement des popula
tions ouvrières n'a rien qui puisse surpren
dre. Grâce au 2 décembre, n'a-t-on pas vu
l'activité renaître dans tous les ateliers et
dans toutes les usines? Quand l'aisance a re
paru sous le toit des ouvriers, quand tou
tes les industries se relèvent et marchent à
grands pas, est-il étonnant que les travailleurs
qui ont tant souffert depuis février, et qui
n'avaient d'autres consolations que lès pré
dications haineuses des apôtres de carre
fours, se tournent avec enthousiasme et avec
reconnaissance vers l'homme énergique et
résolu qui, en sauvant la France, a mérité de
la gouverner ? henry cai;vain.
Les états de recettes, que publie aujour
d'hui le ministère des finances, signalent
un accroissement continu du revenu pu
blic. C'est un résultat qui témoigne de la
bohne situation des affaires, à quelque point
de vue qu'on l'envisage. Il atteste l'activité
du commerce et.de 1 industrie, le dévelop
pement de la consommation, les progrès au
bien-être, et il montre en même temps toute
l'abondance des ressources qui affluent au
trésor.
Le revenu public est en quelque sorte le
thermomètre de la prospérité du pays. On
l'a vu tomber à moitié en 1818, alors" que la
crise révolutionnaire avait arrêté le travail,
réduit la consommation et ruiné le patron
aussi bien que l'ouvrier. Il s'est releve à me
sure que le gouvernement du président de la
République a rétabli l'ordre et la sécurité; le
revenu a poursuivi son cours ascensionnel ,
et il n'a été momentanément arrêté dans
sa marche que durant les derniers mois de
l'année dernière, à cette époque d'anarchie
morale où les partis faisaient la guerre la
plus insensée au pouvoir et nous menaient
tout droit à l'abîme. Le grand coup d'Etat
du 2 décembre, en nous sauvant tous, lui a
donné une impulsion nouvelle, et nous le
voyons s'élever rapidement aux chiffres les
plus hauts qu'il ait jamais atteints.
Le produit des impôts indirects, pendant
les neuf premiers mois de l'année, a dépassé
de 49 millions celui de la période correspon
dante de 1850, et de plus de 36 millions celui
de 1851. L'augmentation sur cette dernière
année est même de près de 38 millions,
en tenant compte de la disparition du pro
duit des paquebots, par suite de l'affermage
du service à la compagnie des Messageries
nationales. Il serait difficile de calculer tout
ce que cet accroissement du revenu public
représente d'amélioration dans le sort de
tous et de chacun.
L'augmentation de 36 millions se décom
pose de la manière suivante : 25 millions
pour le premier semestre, et près de 11 mil-
. lions pour le dernier trimestre. Le progrès,
comme on voit, a été un peu moins grandpen-
dant le trimestre de juillet à octobre. Mais on
; sait que cette époque de l'année est toujours
marquée par un ralentissement dans les
transactions. Un mouvement plus vif se ma
nifeste déjà dans les affaires, et l'hiver s'an
nonce soùs les meilleurs auspices.
Le dernier trimestre donnera certaine
ment une augmentation très considérable'
sur le triftiestre correspondant de l'année
dernière. En effet, comme nous le disions
plus haut, il y a eu, en 1851, par suite des
inquiétudes répandues à l'approche de la
date fatale fixée par la Constitution, une dé
croissance énorme dans le revenu des der
niers mois. La diminution a été de près de
12 millions. Par conséquent, si les recettes
continuent à suivre, cette année, la même
progression que pendant les neuf premiers
mois, on peut s'attendre à voir le produit du
trimestre surpasser de 25 millions au moins
celui de l'année dernière.
Toutes les branches les plus importantes
du revenu public sont en hausse, les impôts
sur les transactions aussi bien que les im-.
pôts sur les consommations.
Nous avons gagné sur l'enregistrement plus
de 12 millions, et sur le timbre 1,665,000 fr.
Les immenses travaux d'utilité publique qui
vont s'exécuter, en entraînant de nombreu
ses expropriations , ne peuvent manquer
d'accroître encore le produit de l'enregistre
ment. C'est, du reste, un impôt dont le pro
duit doit s'augmenter d'une manière nota
ble, quand on prendra des mesures efficaces
pour atteindre les affaires qui lui échappent
aujourd'hui.
Les droits de douanes sur les marchan
dises diverses ont donné un excédant de
9,700,000 fr., ce qui prouve l'activité de no
tre industrie manufacturière. Le bénéfice
sur les sacres coloniaux est de 4,300,000 fr.,
et sur les sucres étrangers de 1,900,000 fr. ;
mais il est atténué par une perte de plus de 3
millions sur les sucres indigènes ; situation
bien laite pour attirer l'attention du gouver
nement. Les droits de douanes à la sortie
ont baissé de 594,000fr.j nous avions, en ef
fet, constaté récemment que nos exportations
avaient décru; mais cette décroissance n'est
rien à côté" de l'accroissement général des
consommations. Nos fabriques travaillent
.un peu moins pour l'extérieur, mais beau
coup plus pour l'intérieuç.
L'augmentation sur les boissons est de
4,544,000 fr. Elle est de plus, de 3 millions
sur les sels, différence due principalement à
ce qu'on a étendu l'impôt aux sels employés
dans l'industrie. Sur les tabacs,, le boni est
de 2,400,000 fr.
On remarque une diminution d'un peu
plus d'un million sur les droits divers
et recettes' à différens litres. Il est pro
bable que cette diminution provient de la
concession des chemins de fer de Lyon
: et de Chartres, dont les recettes figuraient
dans ce chapitre. Tout porte donc à croire
que les recettes de différente nature, com
prises sous cette dénomination, sont réelle
ment en progrès.
Pour les postes, nous trouvons une aug
mentation de 2,500,000 fr. sur le produit de
la taxe aux lettres, et, si l'affermage des pa
quebots a fait disparaître une recette de 12
à 1,300,000 fr., on ne doit pas perdre devue
que les dépenses d'exploitation ont égale
ment disparu du budget, sauf la subvention
qui est accordée à la compagnie des Messa
geries nationales chargée ae ce service.
Pendant que le produit des impôts indi- '
rects poursuit sa marche progressive, les
impôts directs rentrent avec une facilité
sans exemple. Les sommes recouvrées à
a fin de septembre montent à 276 mil
lions ; elles représentent 67 0/0 du montant
des rôles et dépassent de 630,000 francs le
montant des termes échus, tandis que
l'année dernière, à la même époque, les
recouvremens ne s'élevaient qu'a 66 p. 0/0
dii montant des rôles, et présentaient par
.conséquent un retard de 4 millions sur les
douzièmes arrivés à échéance. Enfin , la
proportion des frais de poursuite aux re
couvremens, qui était, l'année dernière,
de 2 fr. 91c. pour mille francs, n'a été cette
année que de 2 fr. 53. C'est la preuve la plus
manifeste dé l'abondance du numéraire et
delà confiance générale : .dans.l'avenir.
j. burat.
M. le préfet de la Charente-Inférieure, lors
de la réception à la sous-préfecture, a pres
sente au prince M. Vallein, rédacteur de
l'Indépendant, et a dit : — « Monseigneur, je
vous présente M. Vallein, un propriétaire du
pays, qui s'est fait journaliste par patriotis
me, qui vous est tout dévoué, et dont le cou
rage et l'énergie ne se sont jamais démentis
au milieu des orages de 1848. «
Le prince a fait à M. Vallein l'accueil le
plus affablè et lui a adrèssé quelques paroles
de bienveillance, en ajoutant : « Je suis tou
jours heureux quand je vois de près mes
amis. » '.
M. Vallein a répondu : — « Monseigneur,
je crois que, grâce à votre fermeté, la mis
sion de la presse est à peu près terminée;
Les factions sont vaincues ; nous pouvons
nous reposer. » .
— « Non pas, non pas, a répliqué le prin
ce. Continuez à marcher dans la voie que
vous avez suivie. »
{Indépendant de la Charente.)
Le prince-Président, dont le retour avait
été annoncé pour trois heures, arrivera à la
gare du chemin de fer d'Orléans à deux
heures le samedi 16 octobre. •
Le général commandant supérieur de là
garde nationale de la Seine vient de rendre
public l'ordre du jour suivant :
ëntrèe de s. a. i. le phince louis-napoléon.
S. A. I. devant -rentrer il Paris le 16 du cou
rant, le général commandant supérieur des gar
des nationales du département de la Seine ordon
ne les dispositions suivantes :
Les bataillons de la garde nationale formeront la
haie .à la droite de S. A. I. depuis le pont d'Aus-
terlitz, par les bouleviirds, la rue Royale et la pla
ce de la Concorde, jusqu'à la grille du Pont-
Tournant.
dispositions générales.
Les bataillons seront' sur trois rangs ; toutefois,
lorsqu'ils seront établis sur le terrain, les chefs de
bataillon pourront modifier cette disposition s'ils
y étaient obligés par l'étendue, et la nature de
l'emplacement qui leur est assigné et qu'ils doi
vent occuper entièrement; la haie ne devant pas :
être interrompue, il n'y aura pas d'intervalle en
tre les bataillons ni dans les bataillons entre les
sapeurs-pompiers, porte-hache, et les tambours et.
musiques. •
Les sapeifrs-pompiors seront, ainsi qu'il a déjà
été prescrit, à la droite des sapeurs porte-hache.
Les chefs de bataillon exlrà-muros qui seront
accompagnés de députations de leurs communes,
réserveront à leur droite un intervalle suffisant
pour placer la tète de ces députations, sans que
cette disposition modifie en rien l'emplacement'
qui leur est rigoureusement affecté et "qui a été
calculé dans cette prévision.
La garde nationale sera en grande tenue. "
Les bataillons -seront rendus sur le terrain à
une heure et demie. Les mouvemens généraux
des troupes de la première division militaire, la
multiplicité des bataillons de la "garde nationale
et des députations des communes exlrà-muros
rendent indispensable l'arrivée des bataillons à
l'heure indiquée ci-dessus.
Les gardes nationaux-qui ne seront pas présens
au moment du départ de leur bataillon .au lieu de
réunion ne pourront plus ôtre admis dans les
rangs.
La liaie sera formée sur le granit des trottoirs'
de manière à ce quela chaussée soit entièrement
libre pour la cavalerie. • •
Au passage de S. A. I., le chef de bataillon fera
présenter les armes, les tambours battront' aux
champs, les aigles salueront, et les- officiers, quel
que soit leur grade, feront le salut du sabre.
MM. les majors prendront la droite de la garde
nationale ; ils seront placés à la gauche du 4 t e ba
taillon au pont d'Austerlitz.
(Suit le tableau de l'emplacement- que devront
occuper les bataillons; nous croyons inutile de le
reproduire, puisque, d'après les dispositions qui
précèdent, les gardes nationaux abspns au moment
du départ ne pourront plus, être admis dans les
rangs.)
La musique de la 5° subdivision, capitaine Fo
restier, sera placée au pont d'Austerlitz à la gau
che du 44" bataillon.
La musique de la 3" subdivision, capitaine Mei-
fred, sera placée à la droite du 9' bataillon.
La musique de la 2" subdivision, capitaine Ver-
roust, sera placée à la droite de la t" division.
La musique de la 4° subdivision, capitaine Klo-
sé, sera placée à la droite du 38° bataillon.
La musiquff de la \v subdivision sera placée à
la droite du*n e bataillon.
Lorsque la tôle du cortège arrivera ;l là hau
teur de l'obélisque, sur la place de la Concorde,
les chefs dos 16 e et 17 e bataillons prendront des
dispositions afin de laisser libre la chaussée pour
le passage de la cavalerie qui doit se former sur
le quai des Tuileries et dans les Champs-Elysées;
Le colonel de la cavalerie recevra directement
les instructions qu'il est chargé de transmettre
aux officiers soùs ses ordres.
Les officiers de l'état-major général et les fonc
tionnaires de l'intendance seront rendus, en grande
tenue, pantalon à hande écarlatc. ceinture, plu
met et sabre, à midi et demi, à cheval^ dans la
cour du Palais-Royal.
Le général commandant supérieur,
marquis de laycestok,
S. A. I. le prince Louis-Napoléon devan
çant d'une heure son arrivée a Paris, il est
indispensable que les bataillons de la garde
nationale soient rendus une heure plus tôt
sur le terrain qui leur est assigné, a cause
des mouvémens de troupes et du placement
des députations.
En conséquence, MM. les chefs de batail
lon prendront dès ce moment les disposi
tions pour être arrivés avec leur troupe à
midi et demi précis.
désignation des différentes places qu'occu
peront les députations sur le passage du
prince louis-napoléon.
Boulevard de l'hhpital. —Toutes les députations
du 12 e arrondissement. -
Place Mazas. —Députations de Seine-etrOlse.r-
Délégation des , quatorze arrondissement du dé
partement de la Seine. — Collège irlandais.— Les
fondeurs de suif. — La Société des sauveteurs, et
diverses autres députations ouvrières.
Boulevard Bourdon. —Sociétés d'éclairage par
le gaz.—Abattoir Popincourt.—Facteurs de la
poste.—Ouvriers de la Belle-Jardinière et diverses
autres députations ouvrières.
Place de la Bastille. —Députations de Seine-et-
Marne.—Députations des Corses.—Ouvriers de la
Monnaie.'—Ouvriers du service municipal.—Ou
vriers des carrières et diverses autres députations
ouvrières. *" .
*} Boulevard Beaumarchais. — Ouvriers de la secg
tion de l'Hôtel-de-Ville, etc.,—et d'autres corpora
tions oyvrières. ,
CMteau-d'Eau. — Ouvriers des chemins de fer.
— Navigation de la Seine. — Ouvriers des doua
nes. — Ponts-et-Chaussées. — Ouvriers des égouts
et des eaux de Paris, — et'diverses autres sociétés
ouvrières.
, Boulevard des Capucines. — Députation de Gen-
tilly. —Ouvriers des travaux de la rue de Rivoli
et du Louvre. — Société des boulangers.— Union
des maçons, et d'autres corporations ouvrières.
Boulevard de la Madeleine. — Au coin de la rua
Royale, service de la navigation (ouvriers des
ports). — Mariniers du Gros-Caillou. •
Place de la Concorde (autour de l'obélisque).—
Vieux soldats de l'Empire.—Imprimerie nationale.
--Ouvriers des autres imprimeries.—Blanchis
seurs et blanchisseuses.—Manufacture des tabacs,
et d'autres corporations. ,.
Jardin des Tuileries. —Délégations des halles et
marchés.
.. Les arcs de triomphe, les mâts pavoises,
les trophées se multiplient sur la ligne que
parcourra le cortège. Le 9° arrondissement
élève son monubient de reconnaissance à la
place de la Bastille, le 8 e au boulevard Beau-
marchais. Un second arc de triomphe estéri-
gé au boulevard du Temple. Uu.autre s'élève
au boulevard Saint-Denis.. Lebôulevard Bons
ne-Nouvelle et le . boulevard Poissonnière
se couvrent de mâts pavoisés, de trophées,'
de guirlandes. On dresse des mâts colos
saux à l'entrée de la rue Neuve-Vivienne. Le
baldaquin qui s'élève au coin de la rue Pel
letier, sur les dessins de M. Perrin, direc
teur de l'Opéra-Comique, et par ses soins et
ceux de M. Roqueplan / directeur du Grandj
Opéra, prend dés proportions gigantesques^
Une décoration toute gracieuse est disposée
à la hauteur de la rue de la Paix; enfin on
termine à l'entrée des Tuileries, sur la place
de la Concorde, un portique magnifique,
exécuté par les soins du ministère d'Etat,
et qui se coordonnera avec les estrades éta
blies sur les deux terrassés.
Les particuliers rivalisent de zèle avec les
établissemens publics et les corporations
pour la décoration de la ligne des boule
vards. Déjà, bon nombre de balcons, de croi
sées ont reçu leurs tentures ; beaucoup
dentre elles sont aux couleurs impériales,
vert et or.
Les édifices publics seront illun'iinés de
main samedi, à l'occasion de la rentrée à
Paris de S. A. le prince Lonis-Napoléon.
Le discours prononcé à Bordeaux pas, le
prince-Président de la République a produit
en Angleterre la plus grande sensation. Ce
discours a inspiré au Morning - Pust, or
gane et défenseur du ministère actuel, les
réflexions suivantes qui sont une réponse
aux attaques de quelques autres journaux
anglais, et qui seront lues avec intérêt.
Le secrétaire de la rédaction : l. boniface.
< La -discours.de Louis-Napoléon, à Bordeaux
produira en Europe une grande sensation,. Il y
déclare formellement pour la première fois qu'il ac-
sénat prendra immédiatement des mesures pour
satisfaire le vœu unanime de la. nation française
et un gouvernement fort et permanent sera. étal
F euilleton du coNsfiTutioNNÈL, i6 octobre.
LA COSSTE&SÏ: ,.
de mauléon:
. f, . . XLI.
013 l'on . assiste aux souffrances. »'tîn coécr
jaloux.— la girouette des amours.
Cette scène ne fut qùè le .prélude de la pé
riode de douleurs dans laquelle allait entrer
Lucien. Ce que j'avais fjrévu se réalisait ; les
prédictions d'Êulalie étaient justifiées. Le
xnyrthe touchait à peine le front de notre
jeune homme, que déjà on voyait ses feuil-
Je'é se flétrir au souffle corrosif a'une rivalité,
S'il avait eu comme moi le goût des gran
des; recherches, j'aurais pu lui faire tou-
clwir du doigt, sur les feuillets de l'histoire,
un ou deux mémorables exemples, suscep
tibles de fournir à son ame froissée de bien
larges consolations. Les choses s'étaient tou
jours passées ainsi, dans le meilleur monde,
au sein des plus brillantes «nirg. 1 Témoins
Elisabeth d'Angleterre èt Catherine de Rus
sie : ces reines des peuples n'y procédaient
pas autrement, qu'une reine de l'art ; elles
changeaient aussi de iflajn et se passaient
leurs petits caprices.. A ce tiiny Mérinval
marchait de pair Avec des favoris de ùonnp
jnaison et avartsur eux l'ayantagede.ne pou
voir être tii exilé en Sibérie ni dec&ljë sur un
■* La reproduction est iuterdifè.
Mais'Lucieu ne l'entendait pas ainsi; les
satisfactions historiques ne lui étaient qu'jun
faible dédommagement pour ses blessures de
cœur ; chaque jour il les sentait s'envenimer.
Certes, nous l'eussions pris, vous et moi, tout
autrement. Quand on a, comme nous, vécu
dans le contact des sages de l'antiquité, et
pris' la mesure des belles de notre temps, on
sait tout ce qu'il faut emprunter de philoso
phie aux anciens pour regler son pas sur les
fantaisies des modernes. La recette est sirn-
})le et consiste en deux mots : Dit-on bon-
oùi' d'un côté, il faut dire bonjour de l'au
tre ; diî»pn bonsoir, il faut dire bonsoir; et
cela dû même ton, 'àvec la même ardeur ou
le même détachement. Bonjour, bonsoir,
c'est l'abrégé de tous les amours. Or, de quoi
s'agissait-il ici? De renvoyer à la comtesse
un bonsoir dans les règles, avec un accent
significatif et qui fût à la hauteur du sien!
Voilà l'affaire réduite à ses termes les plus
nptSy et avec quel plaisir je l'eusse vidée de
cette manière; I4 belle ievanche que je me
serais procurée et quel magnifique bonsoir
j'eusse adressé à ma' traîtresse ep prenant,
congé pour ui)e autre destination 1
• Malheureusement il n'y ayaif rien fie par
reil à attendre de Luciép; son !sœi}i; Ua'jf
n'aurait pu soutenir ce, rôle. Il n'était pas
encore ferré sur la vie, il n'avait pas jeté
(lans les fossés du chemin l'inutile bagage
de ses illusions. D'ailleurs il avait tout mis
sur cet unique tmjeu, ses souvenirs pas
sés,'ses rêves d'avenir ; "les forces 40 scr;
esprit, les puissances de-son ame. Pour
lm c'était le commencement et la fin; il
âvail débuté puv c'est par là qu'il voû
tent conclure ; la comtesse 'avait eu
jnjpi'e pensée elle aurait sa' dèriiieré a^ssi.
terait-il un délaissement qui paraissait Iné
vitable ? A y songer, je ne pouvais me défen
dre de tristes pressentimens. Tout devait lui
échapper le même jour et à la fois ; plu3 de
point d'appui èt un sol chancelant sous ses
pieds, le vide et le néant à ses côtés, l'a
bandon et un deuil incurable. N'était-il pas
à craindre ' que cette épreuve ne fût trop
rude pour lui, et qu'il ji'ent pas assez dp
force pour la traverser ?
Depuis le jo\ir du concert,je voyais Lucien
plus souvent, et il n'en était plus avec moi
a des procédés aussi sommaires. Sans se
coijfier encore, il se montrait plus expansif,
moins jaloux dp m.e fuir, plus attentif à ce
que je lui disais. Mes premières observations
portèrent sur ga santé, qui me causait des
inquiétudes. A défaut des yeux d'un méde
cin, j'avais ceux d'un ami, et il m'était im
possible de ne pas remarquer l'altération
lente et graduelle dont sa physionomie por
tait les traces, je voulais qu'il en prît souci
plus qu'il ne le faisait, et consultât les gens
de l'art,; n^on cousoil fut accueilli par-un-
sourire''d'incrédulité.
" — Allons, me dit-il, voilà bien du bruit
pour des misères ! Moi, malade ? y songez-
yoip, niQn cousin? Uii enfant 4ençjs rrjorçta-
gnes ! fi donc, ! c'est bon pour vos Parisiens,
Et puis, ajouta-t-il avec un accent où domi
nait la tristesse, quand cela serait; voyez le
beau mal ! Pour ce que je fois sur cette terre,
ce n'est vraiment pas la peine de s'y ratta
cher par ]e moiïujre effort, Y laisserai^-ip
seulement un cœur qui nje Cpgrétiè ? "Mty
sainte et digne mère, voilà tout.
— Ingrat,lui dis-je, et moi'?
Voi}S avez raison, mon cousin j je suis
iqjustij. y .cjijs pt£s un gl-and cqHic; je vqu ?
ai trop lông-ternps" nlécqnnu. 'Pardonriez-
alors qu'allait-il dévenif'? Êonwient suppqïr
"j?est ajnsi que peu à pet| je regçgi^is s%
confiance, sans rien forcer, sans lui tendre
des pièges, en acceptant le moindre gage
comme une conquête de prix, et ne laissant
jamais paraître ae curiosité déplacée. Il est
des sentimens qui se rendent manifestes par
eux-mêmes; les miens étaient de ceux-là.
Lucien comprit enfin que je l'aimais pour
lui, et non pour moi ; il vjt que son intérêt
seul m'animait. C'était une justice tardive,
ie savais qu'elle ne me manquerait pas. Dès
lors nos rapports devinrent xjieo meilleurs,
bien plus satisfaisais ; il est vrai que j'avais
un auxiliaire dans ses peines sécrétés. Cha
que fois que je le voyais revenir ou sombre
ou irrité, j'étais assuré de faire yn pas dç
plus dansées confidences, La glace se rom
pait de plus en plus, et le jour arriva où je
pus, sans inconvénient, lui parler à coeur
ouvert.
— Celte femme ne vous aime pas, lui dis-
je en portant le fer dans la plaie.
— Vous croyez? répliqua-t-il avec u*i sou
rire contraint. i\lors pourquoi le feint-elle ?
Qui l'y oblige"? Ou en est le motif? Je cher
che en vain l'intérêt qu'elle aurait à me
tromper ; je-ne le. trouve pas. On trompe un
homme titié ou un liorqme illustre; mais
mpi, qui s'pi-p qè mon liarp'eftu, qui n'ai ni
iiom, ni qualité, ni argent,ni crédit, qui suis,
la plus humble unité de tant d'.ètrç» yivans
pourquoi me tromperait-êlle ? " '
—r Qui le sait?*lui dis-je; le epgur d'une
femme est un si abîme!. Vrai, j'ai
Wpil -Btiqr gu^Ué pe vous trompe, Lucien !
-rte moyeu de le croire, réponditril, quand
elle peut me chasser comme un laquais,
nie fermer sa porte derpqin, aujourd'hui, sur.
J'IlfW'P Pourquoi descendre à la fein
te? Pourquoi tant de frais? Tenez, mou cou-
sii), ajouta-t-il, c'est là ce qui me rassure
quand le. dp,yte m'assiège et que le désespoir-
yiènt s'asseoir a mon chevet, Je 11e suis
qu'un grain de sable sous son pied; com
ment s'en ferait-elle un obstacle? Qui l'em
pêche de m'écraser sans pitié? Et puis, voyez»
vous, j'ai beau récapituler mes griefs, ai
guiser mes soupçons, réchauffer mes co
lères, je ne viens pas à bout de me dé
tacher. Que voulez-vous? j'ai foi en elle;
ce mot vous dit tout. Le jour où oette
croyance sera éteinte,: qn pourra chercher
mon cœur, on n'en trouvera que les cendres.
Mais non, c'est impossible, cela ne peut pas
être, cela n'est pas. Songez-y doqo ! ce serait
trop affreux ! m'abuser tnnsi? se jouer de
moi? mç prendre comme un hochet et me
quitter de même? Et puis, si vous saviez
tout ! ! ! Non, il n'en .est rien, et ces défiances
l'outragent. Son front est trop glorieux pour
la - trahison; sa bouche trop fière pou? le
mensonge.N'en doutez plus, qipn cQqsi\i, ou
je prendrais l'insisté P.Q^r- mw,
Tels étaient les combats de cette ame par
tagée entre l'espoir et la crainte, et se rat
tachant au bonheur, en dépit de tous lç§i
échecs. De mon côté je n'insistais pas et évi
tais de faire verppr v^esurè du côté du
cpurag-eflient, Je ménageais 1* Hérité à Lu-
cipn commo on mû»- e la lumière à l'aveu
gle gui vi* :u d'être opéré. Je me serais bien
£ttïaé de lui dire que lés femmes sont tou
jours les mêmes, qu'elles aient l'auréole ou
non, et que les plus illustres s'entendent en
perfidies comme les autres, mieux- que les
autres. Encore moins, lui aurais-je dit que,
porté par un caprice, un autre caprice allait
^'emporter et que ce restant de règne dont il
était enorgueilli, il le devait plutôt à la com
passion qu'à l'amour.- C'était un coup trop;
rude pour que la prudence ne conseillât pas
d'en ajourner et d 'en adoucir l 'effet ; il ën
fallait laisser le soin et la responsabilité aux
événemen6.
Avec la comtesse, ils marchaient vite, et
chaque jour Lucien revenait de F che* elfes
avec un soupçon de plus et une illusion de
moins. Pour être du Quercy,il n'en était pas
moins un homme jouissant de la plénitude
de ses facultés et doué de tous les organes
inhérens à sa destination sur ce globe. Il
avait des yeux pour voir et des oreilles pour
entendre : ; c'étaient là de terribles ennemis
de son bonheur. Ses yeux lui présentaient
des scènes où son rôle'devenait de plus en
plus ingrat; ses oreilles recueillaient des pro
pos qui ne gardaient pas même la gaze nér
cessaire; ouïe et regard conspiraient contré
lui. De sinistres clartés lui arrivaient de tous
les points, comme des avant-coureurs de son
naufrage, Powr se former une idée nette de sa
situation, il avait lechoix entre les plus gran
des images que la rhétorique puisse fourni^
U assistait éperdu et sans pouvoir la Conju
rer à l'une de ces décadences £ont l'histoire
consacre le souvenir, ou ^n, dans ùn tour
plus {îuwliep, « baisse de ses actions et à.
te hausse ^ celles d'autrui. Bref> il était
^uuamné de toutes les façons, avec ou sans
tropes. - . ■ ; , '. -.
De mon côté, je recueillais des renseigne] -
mens qui portaient jusqu'à l'a dernière évi
dence la déroute de ses amours. C 'était une
journée des éperons, ou ils avaient détalé à
l'envi et jusqu'au dernier. II ne restait sur
le champ de bataille que des. carquois brisés,
et des fléchés sans dard. Passez-moi encore
ces images; c'est au goût du jour. Dana
une langue plus simple, j'ajouterai que
le cri public ne laissait là-dessus aucun
doute. La comtesse s'affichait avec l'ar
tiste suédois ; ou les voyait partout en-,
semble et sur un pied très significatif. Si
ce n'étaient que des apparences, elles étaient
pires (pie des réalités. Long-temps je cachai
ces détails à Lucien; je le voyais en proie à
des tristesses que je n'eusse pas voulu ag-
BU1MEÀU3L : rue de Valets (Palais-Royal),'ii° ÎO.
1 83g c - SAMEDI 16 OCTOBRE.!^
fPriv de l'abonnement.
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IS ET DEPARTEMEN3
8 fr. pour trois mois. :
32 fr. pour l'année. ,. . !
. un numéro : 15 centimes.
pour les pays étbangeds , se reporter au
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journal politique, littéraire, universel»
^S'adresser , franco, pour la rédaction, à M. C ucheval- C larigny, rédacteur en chef.
jLes articles déposés ne sont pas rendus.
On s'abonne, dans les départemens, aux Messageries et\aux Directions de poste.—A Londresi chez MM. C owie et fils.
— A Strasbourg, chez M. A lexandre, pour l'Allemagne.
. [ S 'adresser, franco', pour l'adminii
là m. demain, directeur?!
Les annonces sont reçues '*chez M. PANIS, régisseur, 10, place de la Bourse
et au bureau du journal.
PARIS', 15 OCTOBRE.
UE RETOUR.
Le prince Louis-Napoléôn- rentre demain
•dans Paris , après un mois d'éloignement,
après un mois de voyage dans nos départe-
mens de l'Est et du Midi. Le prince a trouvé
de la force pour soutenir toutes fatigues, tou
tes émotions;il amêmetrouvé assez de calme,
-au milieu de tant d'enthousiasme, de tant de
bruits, de tant de spectacles divers, pour
Jaisser dans.plus d'une grande.ville des tra
ces utiles de son passage, pour y créer des
institutions depuis long-temps réclamées,
pour y décréter des travaux et des monu-
mens.
Le prince Louis-Napoléon a siïrtout, dans
-ce long voyage, jeté çà et là de' ces grandes
et belles paroles que l'esprit français sait si,
bien comprendre, qu'il recueille avidement,
qu'il répète avec joie> avec admiration; mal
gré ses goûts railleurs, l'esprit français ai- :
"me à admirer.
Les dons de l'intelligence, dit Bossuet/
sont les plus beaux ornemens du monde.
Certes, le langage élevé, plein de mouve
ment, de chaleur et dé foi, que parle'le'
'prince Louis-Napoléon , n'est pas fait pour
abaisser les âmes, et pour éteindre les es
prits. Ce beau langage vient au contraire,
à propos, réveiller dans la nation l'élan, le
. patriotisme, enfin tous les sentimens frater
nels «t humains, si nécessaires aujourd'hui;
à la vie et à la défense de la société.
L'esprit français n'est pas bavard; il est
"vif, enjoué; il aime à résumerses jugémens,
à peindre ses émotions,» à colorer ses pen
sées par un seul mot. Le prince Louis-Napo
léon a plus que personne ce secret de lan
gage de l'espvit français. Les Bordelais se
souviendront long-temps de ce mot du prin-
-cc : Vous êtes tous mes soldats !
Qui eut dit, lors dé la révolution de Juillet,
lors de la révolution de Février 1848, > qu'à
la place de ces barricades, instrumens de
guerres civiles, s'élèveraient à l'envi, le 16
octobre 1852, des arcs de triomphe pour la
. récéption, pour la rentrée du prince Louis-
Napoléon dans Paris? Qui eut dit que, ce jour
là, t tous les ouvriers de tous états, en habits de
■fêtes, portant des bannières, s'empresse
raient de faire cortège au chef de l'Etat, et
Viendraient' ainsi protester, en honorant le
pouvoir, de leur amour pour le travail et
pour le bien public ?
Il y acertes là un .grand courant politique,
une entraînante réaction contre l'esprit ré
volutionnaire, un électrique battement de
cœur pour l'homme qui nous a sauvés, une
involontaire élévation des ames vers Dieu
qui nous protège. On ne commande pas de
pareilles émotions à tout un peuple, et l'on
ne saurait même ni les contenir, ni les em
pêcher !
Nous sommes à un de ces momens solen
nels où une nation, et le Souverain qu'elle
s'es t choisi, font bail pour" l'avenir. La nation
et le prince voient cet avenir riant, prospère,
êt. suffisant à peine, par une prodigieuse
activité, à tout ce qui reste encore à faire
pour le bien-être moral, pour la vie meil-
lem'e- de tous, mèrtie au sein du pays le
jslus civilisé de, l'Europe.
Pour l'accomplissement de pacifiques et
nécessaires progrès, lé prince Louis-Napo
léon aura à livrer et à gagner autant de ba
tailles -dans l'intérieur, de la France, que le
grand capitaine en eut à livrer et à gagner
contre des armées ennemies.
Depuis le 2 décembre, la Franceji'a-t-elle,
pas passé subitement de l'état léthargique!
à la vie et à la jeunesse, de la ruine à l'opu
lence, d'un deuil public à des fêtes, à des
joies populaires? :
Au milieu de ce triomphe des idées napo
léoniennes, quels sont les sentimens du.prin
ce ? Il nous convie tous à la conciliation.
Abjurons toutes préventions, toutes hai-:
nés! Que les partis s'apaisent, abdiquent,;
que les factions désarment par dévoûment
pour le pays. Les hommes de talent, les
cœurs généreux ne peuvent s'isoler de ce
grand mouvement national, et se refuser à
la patrie, qui veut des gloires pacifiques pour
le nouvel Empire. ■
D r Li V éron.
La journée de démain sera pour Paris une
journée d'allégresse publique. Dans cette
fête improvisée, la population tout entière
s'associera au grand mouvement d'opi
nion que les cris enthousiastes de la pro- '
vinceont commencé,et qui se propage, puis
sant et irrésistible, sur toute la France. Tout
annonce que cette solennité aura l'éclat et la
grandeur d'une manifestation imposante de
la volonté nationale. Notre ciel parisien, si
avare denses faveurs durant cette année d'ora
ges et de pluies, semble nous promettre son
plus brillant azur et son plus beau soleil. Des
arcs de triomphe, élégans impromptus des
beaux-arts, s'élèvent sur nos places et sur
nos boulevards. Les régimens de notre ar-
mée> les bataillons de la garde nationale '
garniront- de leurs lignes étincelantes d'a
cier lè vaste espace qui s'étend; de la gare
d'Orléans aux Tuileries] Le clergé, à côté de
cette image de la force et de la discipline,
placera les pompes majestueuses de la reli
gion! qui bénit et console. Dès midi,les ma
gasins, les ateliers, les bureaux administra
tifs, les tribunaux, la Bourse, se fermeront.
La vie des affaires et des intérêts sera
momentanément suspendue, et le peuple
entier , sans distinction de rang ni de
classé, le peuple dii suffrage universel,
bourgeois et ouvriers, riches et pauvres,
se portera au-devant du chef de l'Etat,
de l'élu de la nation, qui, dans deux élec
tions mémorables, a réuni quatorze mil
lions de voix,et à qui le vœu populaire ouvre
le ehemin du trône impérial.
. La bourgeoisie ; parisienne sera représen
tée à la fête de demain par les bataillons de
la garde nationale, par les nombreuses dé-
putations qui attendront le prince-Président
à la gare d'Orléans, par les cent mille ci
toyens qui se presseront sur son passage.
Les populations laborieuses ne montreront
pas moins d'élan et moins d'enthousiasme; à
Paris, dans la banlieue,dans les départemens
voisins, les travailleurs, ouvriers et paysans,
se sont donné rendez-vous pour cette grande
journée. Tous léscorps de métiers ontdeman-
dé à l'autorité la permission de prendre part à
cette démonstration toute pacifique et toute
nationale ; leurs désirs ont été exaucés. On
leur a désigné des places sur le parcours du
cortège qui entourera Louis-Napoléon. Eux,
de leur côté, ont fait fabriquer des banniè
res et dés insignes où doit briller l'aigle im
périale, et on les verra demain, sous leurs
étendards respectif^, saluer de leurs accla
mations le nouveau souverain que la France
s'est donné. ■
On nous communique quelques détails sur
la manifestation qui se prépare, et qui
montrent que Paris comme la province sait
se montrer dévoué et reconnaissant en
vers l'héritier de Napoléon. Les corporations
des ouvriers en bâtimens, maçons,, charpen
tiers, menuisiers, peintres, serruriers, tail
leurs de pierre et couvreurs; les ouvriers des
ateliers de construction de Paris et de la
banlieue; les ouvriers ébénistes, armuriers,
cordonniers, tailleurs et mégissiers/au nom
bre de plusieurs milliers ; la corporation des
carriers, les porteurs et les forts de la halle,
les marchands du Temple* les corporations
d'ouvriers imprimeurs, ont sollicité et ob
tenu des stations spéciales sur le passage
du cortège. Il en est de même des ouvriers
des ports de la ville, de Bercy, de la Râ
pée, d'Ivry, qui seront divisés par équipes de
25 à30 hommes. On y verra'figurer pareille
ment des députations de toutes les industries
si nombreuses qui s'exercent dans le départe
ment de la Seine, soit dans le travail des ate
liers, soitdans le travail des champs. Tous ces
braves gens sont venus s'inscrire dans leur
mairie, par un mouvement spontané du
cœur. Les députations de la banlieue seront
conduites par leurs maires, environnés de
leurs conseils municipaux.
Assurément, ce sera , un noble et magni
fique speçtacle que cette foule joyeuse, con
fiante, sympathique, couvrant nos boulevards
et nos places publiques. La discipline volon
taire qu'elle s'est imposée en plaçant à part
chaque corporation ouvrière, en déployant
la bannière de chaque industrie, donnera
à leurs manifestations un caractère plus
éclatant d'ordre et de dévoûment. Ce ne se
ra pas une vaine curiosité'qui les aura fait
sortir de leurs ateliers et de leurs champs,
ces honnêtes travailleurs, troublés tant dp
fois par lé bruit des révolutions, et qui veu- '
lent, une fois pour toutes, prouver leur amour
pour le calme et pour la stabilité. Leur pré
sence est le gage des grandeurs nouvelles
qui sont réservées à Louis-Napoléon.
Au reste, cet empressement des popula
tions ouvrières n'a rien qui puisse surpren
dre. Grâce au 2 décembre, n'a-t-on pas vu
l'activité renaître dans tous les ateliers et
dans toutes les usines? Quand l'aisance a re
paru sous le toit des ouvriers, quand tou
tes les industries se relèvent et marchent à
grands pas, est-il étonnant que les travailleurs
qui ont tant souffert depuis février, et qui
n'avaient d'autres consolations que lès pré
dications haineuses des apôtres de carre
fours, se tournent avec enthousiasme et avec
reconnaissance vers l'homme énergique et
résolu qui, en sauvant la France, a mérité de
la gouverner ? henry cai;vain.
Les états de recettes, que publie aujour
d'hui le ministère des finances, signalent
un accroissement continu du revenu pu
blic. C'est un résultat qui témoigne de la
bohne situation des affaires, à quelque point
de vue qu'on l'envisage. Il atteste l'activité
du commerce et.de 1 industrie, le dévelop
pement de la consommation, les progrès au
bien-être, et il montre en même temps toute
l'abondance des ressources qui affluent au
trésor.
Le revenu public est en quelque sorte le
thermomètre de la prospérité du pays. On
l'a vu tomber à moitié en 1818, alors" que la
crise révolutionnaire avait arrêté le travail,
réduit la consommation et ruiné le patron
aussi bien que l'ouvrier. Il s'est releve à me
sure que le gouvernement du président de la
République a rétabli l'ordre et la sécurité; le
revenu a poursuivi son cours ascensionnel ,
et il n'a été momentanément arrêté dans
sa marche que durant les derniers mois de
l'année dernière, à cette époque d'anarchie
morale où les partis faisaient la guerre la
plus insensée au pouvoir et nous menaient
tout droit à l'abîme. Le grand coup d'Etat
du 2 décembre, en nous sauvant tous, lui a
donné une impulsion nouvelle, et nous le
voyons s'élever rapidement aux chiffres les
plus hauts qu'il ait jamais atteints.
Le produit des impôts indirects, pendant
les neuf premiers mois de l'année, a dépassé
de 49 millions celui de la période correspon
dante de 1850, et de plus de 36 millions celui
de 1851. L'augmentation sur cette dernière
année est même de près de 38 millions,
en tenant compte de la disparition du pro
duit des paquebots, par suite de l'affermage
du service à la compagnie des Messageries
nationales. Il serait difficile de calculer tout
ce que cet accroissement du revenu public
représente d'amélioration dans le sort de
tous et de chacun.
L'augmentation de 36 millions se décom
pose de la manière suivante : 25 millions
pour le premier semestre, et près de 11 mil-
. lions pour le dernier trimestre. Le progrès,
comme on voit, a été un peu moins grandpen-
dant le trimestre de juillet à octobre. Mais on
; sait que cette époque de l'année est toujours
marquée par un ralentissement dans les
transactions. Un mouvement plus vif se ma
nifeste déjà dans les affaires, et l'hiver s'an
nonce soùs les meilleurs auspices.
Le dernier trimestre donnera certaine
ment une augmentation très considérable'
sur le triftiestre correspondant de l'année
dernière. En effet, comme nous le disions
plus haut, il y a eu, en 1851, par suite des
inquiétudes répandues à l'approche de la
date fatale fixée par la Constitution, une dé
croissance énorme dans le revenu des der
niers mois. La diminution a été de près de
12 millions. Par conséquent, si les recettes
continuent à suivre, cette année, la même
progression que pendant les neuf premiers
mois, on peut s'attendre à voir le produit du
trimestre surpasser de 25 millions au moins
celui de l'année dernière.
Toutes les branches les plus importantes
du revenu public sont en hausse, les impôts
sur les transactions aussi bien que les im-.
pôts sur les consommations.
Nous avons gagné sur l'enregistrement plus
de 12 millions, et sur le timbre 1,665,000 fr.
Les immenses travaux d'utilité publique qui
vont s'exécuter, en entraînant de nombreu
ses expropriations , ne peuvent manquer
d'accroître encore le produit de l'enregistre
ment. C'est, du reste, un impôt dont le pro
duit doit s'augmenter d'une manière nota
ble, quand on prendra des mesures efficaces
pour atteindre les affaires qui lui échappent
aujourd'hui.
Les droits de douanes sur les marchan
dises diverses ont donné un excédant de
9,700,000 fr., ce qui prouve l'activité de no
tre industrie manufacturière. Le bénéfice
sur les sacres coloniaux est de 4,300,000 fr.,
et sur les sucres étrangers de 1,900,000 fr. ;
mais il est atténué par une perte de plus de 3
millions sur les sucres indigènes ; situation
bien laite pour attirer l'attention du gouver
nement. Les droits de douanes à la sortie
ont baissé de 594,000fr.j nous avions, en ef
fet, constaté récemment que nos exportations
avaient décru; mais cette décroissance n'est
rien à côté" de l'accroissement général des
consommations. Nos fabriques travaillent
.un peu moins pour l'extérieur, mais beau
coup plus pour l'intérieuç.
L'augmentation sur les boissons est de
4,544,000 fr. Elle est de plus, de 3 millions
sur les sels, différence due principalement à
ce qu'on a étendu l'impôt aux sels employés
dans l'industrie. Sur les tabacs,, le boni est
de 2,400,000 fr.
On remarque une diminution d'un peu
plus d'un million sur les droits divers
et recettes' à différens litres. Il est pro
bable que cette diminution provient de la
concession des chemins de fer de Lyon
: et de Chartres, dont les recettes figuraient
dans ce chapitre. Tout porte donc à croire
que les recettes de différente nature, com
prises sous cette dénomination, sont réelle
ment en progrès.
Pour les postes, nous trouvons une aug
mentation de 2,500,000 fr. sur le produit de
la taxe aux lettres, et, si l'affermage des pa
quebots a fait disparaître une recette de 12
à 1,300,000 fr., on ne doit pas perdre devue
que les dépenses d'exploitation ont égale
ment disparu du budget, sauf la subvention
qui est accordée à la compagnie des Messa
geries nationales chargée ae ce service.
Pendant que le produit des impôts indi- '
rects poursuit sa marche progressive, les
impôts directs rentrent avec une facilité
sans exemple. Les sommes recouvrées à
a fin de septembre montent à 276 mil
lions ; elles représentent 67 0/0 du montant
des rôles et dépassent de 630,000 francs le
montant des termes échus, tandis que
l'année dernière, à la même époque, les
recouvremens ne s'élevaient qu'a 66 p. 0/0
dii montant des rôles, et présentaient par
.conséquent un retard de 4 millions sur les
douzièmes arrivés à échéance. Enfin , la
proportion des frais de poursuite aux re
couvremens, qui était, l'année dernière,
de 2 fr. 91c. pour mille francs, n'a été cette
année que de 2 fr. 53. C'est la preuve la plus
manifeste dé l'abondance du numéraire et
delà confiance générale : .dans.l'avenir.
j. burat.
M. le préfet de la Charente-Inférieure, lors
de la réception à la sous-préfecture, a pres
sente au prince M. Vallein, rédacteur de
l'Indépendant, et a dit : — « Monseigneur, je
vous présente M. Vallein, un propriétaire du
pays, qui s'est fait journaliste par patriotis
me, qui vous est tout dévoué, et dont le cou
rage et l'énergie ne se sont jamais démentis
au milieu des orages de 1848. «
Le prince a fait à M. Vallein l'accueil le
plus affablè et lui a adrèssé quelques paroles
de bienveillance, en ajoutant : « Je suis tou
jours heureux quand je vois de près mes
amis. » '.
M. Vallein a répondu : — « Monseigneur,
je crois que, grâce à votre fermeté, la mis
sion de la presse est à peu près terminée;
Les factions sont vaincues ; nous pouvons
nous reposer. » .
— « Non pas, non pas, a répliqué le prin
ce. Continuez à marcher dans la voie que
vous avez suivie. »
{Indépendant de la Charente.)
Le prince-Président, dont le retour avait
été annoncé pour trois heures, arrivera à la
gare du chemin de fer d'Orléans à deux
heures le samedi 16 octobre. •
Le général commandant supérieur de là
garde nationale de la Seine vient de rendre
public l'ordre du jour suivant :
ëntrèe de s. a. i. le phince louis-napoléon.
S. A. I. devant -rentrer il Paris le 16 du cou
rant, le général commandant supérieur des gar
des nationales du département de la Seine ordon
ne les dispositions suivantes :
Les bataillons de la garde nationale formeront la
haie .à la droite de S. A. I. depuis le pont d'Aus-
terlitz, par les bouleviirds, la rue Royale et la pla
ce de la Concorde, jusqu'à la grille du Pont-
Tournant.
dispositions générales.
Les bataillons seront' sur trois rangs ; toutefois,
lorsqu'ils seront établis sur le terrain, les chefs de
bataillon pourront modifier cette disposition s'ils
y étaient obligés par l'étendue, et la nature de
l'emplacement qui leur est assigné et qu'ils doi
vent occuper entièrement; la haie ne devant pas :
être interrompue, il n'y aura pas d'intervalle en
tre les bataillons ni dans les bataillons entre les
sapeurs-pompiers, porte-hache, et les tambours et.
musiques. •
Les sapeifrs-pompiors seront, ainsi qu'il a déjà
été prescrit, à la droite des sapeurs porte-hache.
Les chefs de bataillon exlrà-muros qui seront
accompagnés de députations de leurs communes,
réserveront à leur droite un intervalle suffisant
pour placer la tète de ces députations, sans que
cette disposition modifie en rien l'emplacement'
qui leur est rigoureusement affecté et "qui a été
calculé dans cette prévision.
La garde nationale sera en grande tenue. "
Les bataillons -seront rendus sur le terrain à
une heure et demie. Les mouvemens généraux
des troupes de la première division militaire, la
multiplicité des bataillons de la "garde nationale
et des députations des communes exlrà-muros
rendent indispensable l'arrivée des bataillons à
l'heure indiquée ci-dessus.
Les gardes nationaux-qui ne seront pas présens
au moment du départ de leur bataillon .au lieu de
réunion ne pourront plus ôtre admis dans les
rangs.
La liaie sera formée sur le granit des trottoirs'
de manière à ce quela chaussée soit entièrement
libre pour la cavalerie. • •
Au passage de S. A. I., le chef de bataillon fera
présenter les armes, les tambours battront' aux
champs, les aigles salueront, et les- officiers, quel
que soit leur grade, feront le salut du sabre.
MM. les majors prendront la droite de la garde
nationale ; ils seront placés à la gauche du 4 t e ba
taillon au pont d'Austerlitz.
(Suit le tableau de l'emplacement- que devront
occuper les bataillons; nous croyons inutile de le
reproduire, puisque, d'après les dispositions qui
précèdent, les gardes nationaux abspns au moment
du départ ne pourront plus, être admis dans les
rangs.)
La musique de la 5° subdivision, capitaine Fo
restier, sera placée au pont d'Austerlitz à la gau
che du 44" bataillon.
La musique de la 3" subdivision, capitaine Mei-
fred, sera placée à la droite du 9' bataillon.
La musique de la 2" subdivision, capitaine Ver-
roust, sera placée à la droite de la t" division.
La musique de la 4° subdivision, capitaine Klo-
sé, sera placée à la droite du 38° bataillon.
La musiquff de la \v subdivision sera placée à
la droite du*n e bataillon.
Lorsque la tôle du cortège arrivera ;l là hau
teur de l'obélisque, sur la place de la Concorde,
les chefs dos 16 e et 17 e bataillons prendront des
dispositions afin de laisser libre la chaussée pour
le passage de la cavalerie qui doit se former sur
le quai des Tuileries et dans les Champs-Elysées;
Le colonel de la cavalerie recevra directement
les instructions qu'il est chargé de transmettre
aux officiers soùs ses ordres.
Les officiers de l'état-major général et les fonc
tionnaires de l'intendance seront rendus, en grande
tenue, pantalon à hande écarlatc. ceinture, plu
met et sabre, à midi et demi, à cheval^ dans la
cour du Palais-Royal.
Le général commandant supérieur,
marquis de laycestok,
S. A. I. le prince Louis-Napoléon devan
çant d'une heure son arrivée a Paris, il est
indispensable que les bataillons de la garde
nationale soient rendus une heure plus tôt
sur le terrain qui leur est assigné, a cause
des mouvémens de troupes et du placement
des députations.
En conséquence, MM. les chefs de batail
lon prendront dès ce moment les disposi
tions pour être arrivés avec leur troupe à
midi et demi précis.
désignation des différentes places qu'occu
peront les députations sur le passage du
prince louis-napoléon.
Boulevard de l'hhpital. —Toutes les députations
du 12 e arrondissement. -
Place Mazas. —Députations de Seine-etrOlse.r-
Délégation des , quatorze arrondissement du dé
partement de la Seine. — Collège irlandais.— Les
fondeurs de suif. — La Société des sauveteurs, et
diverses autres députations ouvrières.
Boulevard Bourdon. —Sociétés d'éclairage par
le gaz.—Abattoir Popincourt.—Facteurs de la
poste.—Ouvriers de la Belle-Jardinière et diverses
autres députations ouvrières.
Place de la Bastille. —Députations de Seine-et-
Marne.—Députations des Corses.—Ouvriers de la
Monnaie.'—Ouvriers du service municipal.—Ou
vriers des carrières et diverses autres députations
ouvrières. *" .
*} Boulevard Beaumarchais. — Ouvriers de la secg
tion de l'Hôtel-de-Ville, etc.,—et d'autres corpora
tions oyvrières. ,
CMteau-d'Eau. — Ouvriers des chemins de fer.
— Navigation de la Seine. — Ouvriers des doua
nes. — Ponts-et-Chaussées. — Ouvriers des égouts
et des eaux de Paris, — et'diverses autres sociétés
ouvrières.
, Boulevard des Capucines. — Députation de Gen-
tilly. —Ouvriers des travaux de la rue de Rivoli
et du Louvre. — Société des boulangers.— Union
des maçons, et d'autres corporations ouvrières.
Boulevard de la Madeleine. — Au coin de la rua
Royale, service de la navigation (ouvriers des
ports). — Mariniers du Gros-Caillou. •
Place de la Concorde (autour de l'obélisque).—
Vieux soldats de l'Empire.—Imprimerie nationale.
--Ouvriers des autres imprimeries.—Blanchis
seurs et blanchisseuses.—Manufacture des tabacs,
et d'autres corporations. ,.
Jardin des Tuileries. —Délégations des halles et
marchés.
.. Les arcs de triomphe, les mâts pavoises,
les trophées se multiplient sur la ligne que
parcourra le cortège. Le 9° arrondissement
élève son monubient de reconnaissance à la
place de la Bastille, le 8 e au boulevard Beau-
marchais. Un second arc de triomphe estéri-
gé au boulevard du Temple. Uu.autre s'élève
au boulevard Saint-Denis.. Lebôulevard Bons
ne-Nouvelle et le . boulevard Poissonnière
se couvrent de mâts pavoisés, de trophées,'
de guirlandes. On dresse des mâts colos
saux à l'entrée de la rue Neuve-Vivienne. Le
baldaquin qui s'élève au coin de la rue Pel
letier, sur les dessins de M. Perrin, direc
teur de l'Opéra-Comique, et par ses soins et
ceux de M. Roqueplan / directeur du Grandj
Opéra, prend dés proportions gigantesques^
Une décoration toute gracieuse est disposée
à la hauteur de la rue de la Paix; enfin on
termine à l'entrée des Tuileries, sur la place
de la Concorde, un portique magnifique,
exécuté par les soins du ministère d'Etat,
et qui se coordonnera avec les estrades éta
blies sur les deux terrassés.
Les particuliers rivalisent de zèle avec les
établissemens publics et les corporations
pour la décoration de la ligne des boule
vards. Déjà, bon nombre de balcons, de croi
sées ont reçu leurs tentures ; beaucoup
dentre elles sont aux couleurs impériales,
vert et or.
Les édifices publics seront illun'iinés de
main samedi, à l'occasion de la rentrée à
Paris de S. A. le prince Lonis-Napoléon.
Le discours prononcé à Bordeaux pas, le
prince-Président de la République a produit
en Angleterre la plus grande sensation. Ce
discours a inspiré au Morning - Pust, or
gane et défenseur du ministère actuel, les
réflexions suivantes qui sont une réponse
aux attaques de quelques autres journaux
anglais, et qui seront lues avec intérêt.
Le secrétaire de la rédaction : l. boniface.
< La -discours.de Louis-Napoléon, à Bordeaux
produira en Europe une grande sensation,. Il y
déclare formellement pour la première fois qu'il ac-
sénat prendra immédiatement des mesures pour
satisfaire le vœu unanime de la. nation française
et un gouvernement fort et permanent sera. étal
F euilleton du coNsfiTutioNNÈL, i6 octobre.
LA COSSTE&SÏ: ,.
de mauléon:
. f, . . XLI.
013 l'on . assiste aux souffrances. »'tîn coécr
jaloux.— la girouette des amours.
Cette scène ne fut qùè le .prélude de la pé
riode de douleurs dans laquelle allait entrer
Lucien. Ce que j'avais fjrévu se réalisait ; les
prédictions d'Êulalie étaient justifiées. Le
xnyrthe touchait à peine le front de notre
jeune homme, que déjà on voyait ses feuil-
Je'é se flétrir au souffle corrosif a'une rivalité,
S'il avait eu comme moi le goût des gran
des; recherches, j'aurais pu lui faire tou-
clwir du doigt, sur les feuillets de l'histoire,
un ou deux mémorables exemples, suscep
tibles de fournir à son ame froissée de bien
larges consolations. Les choses s'étaient tou
jours passées ainsi, dans le meilleur monde,
au sein des plus brillantes «nirg. 1 Témoins
Elisabeth d'Angleterre èt Catherine de Rus
sie : ces reines des peuples n'y procédaient
pas autrement, qu'une reine de l'art ; elles
changeaient aussi de iflajn et se passaient
leurs petits caprices.. A ce tiiny Mérinval
marchait de pair Avec des favoris de ùonnp
jnaison et avartsur eux l'ayantagede.ne pou
voir être tii exilé en Sibérie ni dec&ljë sur un
■* La reproduction est iuterdifè.
Mais'Lucieu ne l'entendait pas ainsi; les
satisfactions historiques ne lui étaient qu'jun
faible dédommagement pour ses blessures de
cœur ; chaque jour il les sentait s'envenimer.
Certes, nous l'eussions pris, vous et moi, tout
autrement. Quand on a, comme nous, vécu
dans le contact des sages de l'antiquité, et
pris' la mesure des belles de notre temps, on
sait tout ce qu'il faut emprunter de philoso
phie aux anciens pour regler son pas sur les
fantaisies des modernes. La recette est sirn-
})le et consiste en deux mots : Dit-on bon-
oùi' d'un côté, il faut dire bonjour de l'au
tre ; diî»pn bonsoir, il faut dire bonsoir; et
cela dû même ton, 'àvec la même ardeur ou
le même détachement. Bonjour, bonsoir,
c'est l'abrégé de tous les amours. Or, de quoi
s'agissait-il ici? De renvoyer à la comtesse
un bonsoir dans les règles, avec un accent
significatif et qui fût à la hauteur du sien!
Voilà l'affaire réduite à ses termes les plus
nptSy et avec quel plaisir je l'eusse vidée de
cette manière; I4 belle ievanche que je me
serais procurée et quel magnifique bonsoir
j'eusse adressé à ma' traîtresse ep prenant,
congé pour ui)e autre destination 1
• Malheureusement il n'y ayaif rien fie par
reil à attendre de Luciép; son !sœi}i; Ua'jf
n'aurait pu soutenir ce, rôle. Il n'était pas
encore ferré sur la vie, il n'avait pas jeté
(lans les fossés du chemin l'inutile bagage
de ses illusions. D'ailleurs il avait tout mis
sur cet unique tmjeu, ses souvenirs pas
sés,'ses rêves d'avenir ; "les forces 40 scr;
esprit, les puissances de-son ame. Pour
lm c'était le commencement et la fin; il
âvail débuté puv c'est par là qu'il voû
tent conclure ; la comtesse 'avait eu
jnjpi'e pensée elle aurait sa' dèriiieré a^ssi.
terait-il un délaissement qui paraissait Iné
vitable ? A y songer, je ne pouvais me défen
dre de tristes pressentimens. Tout devait lui
échapper le même jour et à la fois ; plu3 de
point d'appui èt un sol chancelant sous ses
pieds, le vide et le néant à ses côtés, l'a
bandon et un deuil incurable. N'était-il pas
à craindre ' que cette épreuve ne fût trop
rude pour lui, et qu'il ji'ent pas assez dp
force pour la traverser ?
Depuis le jo\ir du concert,je voyais Lucien
plus souvent, et il n'en était plus avec moi
a des procédés aussi sommaires. Sans se
coijfier encore, il se montrait plus expansif,
moins jaloux dp m.e fuir, plus attentif à ce
que je lui disais. Mes premières observations
portèrent sur ga santé, qui me causait des
inquiétudes. A défaut des yeux d'un méde
cin, j'avais ceux d'un ami, et il m'était im
possible de ne pas remarquer l'altération
lente et graduelle dont sa physionomie por
tait les traces, je voulais qu'il en prît souci
plus qu'il ne le faisait, et consultât les gens
de l'art,; n^on cousoil fut accueilli par-un-
sourire''d'incrédulité.
" — Allons, me dit-il, voilà bien du bruit
pour des misères ! Moi, malade ? y songez-
yoip, niQn cousin? Uii enfant 4ençjs rrjorçta-
gnes ! fi donc, ! c'est bon pour vos Parisiens,
Et puis, ajouta-t-il avec un accent où domi
nait la tristesse, quand cela serait; voyez le
beau mal ! Pour ce que je fois sur cette terre,
ce n'est vraiment pas la peine de s'y ratta
cher par ]e moiïujre effort, Y laisserai^-ip
seulement un cœur qui nje Cpgrétiè ? "Mty
sainte et digne mère, voilà tout.
— Ingrat,lui dis-je, et moi'?
Voi}S avez raison, mon cousin j je suis
iqjustij. y .cjijs pt£s un gl-and cqHic; je vqu ?
ai trop lông-ternps" nlécqnnu. 'Pardonriez-
alors qu'allait-il dévenif'? Êonwient suppqïr
"j?est ajnsi que peu à pet| je regçgi^is s%
confiance, sans rien forcer, sans lui tendre
des pièges, en acceptant le moindre gage
comme une conquête de prix, et ne laissant
jamais paraître ae curiosité déplacée. Il est
des sentimens qui se rendent manifestes par
eux-mêmes; les miens étaient de ceux-là.
Lucien comprit enfin que je l'aimais pour
lui, et non pour moi ; il vjt que son intérêt
seul m'animait. C'était une justice tardive,
ie savais qu'elle ne me manquerait pas. Dès
lors nos rapports devinrent xjieo meilleurs,
bien plus satisfaisais ; il est vrai que j'avais
un auxiliaire dans ses peines sécrétés. Cha
que fois que je le voyais revenir ou sombre
ou irrité, j'étais assuré de faire yn pas dç
plus dansées confidences, La glace se rom
pait de plus en plus, et le jour arriva où je
pus, sans inconvénient, lui parler à coeur
ouvert.
— Celte femme ne vous aime pas, lui dis-
je en portant le fer dans la plaie.
— Vous croyez? répliqua-t-il avec u*i sou
rire contraint. i\lors pourquoi le feint-elle ?
Qui l'y oblige"? Ou en est le motif? Je cher
che en vain l'intérêt qu'elle aurait à me
tromper ; je-ne le. trouve pas. On trompe un
homme titié ou un liorqme illustre; mais
mpi, qui s'pi-p qè mon liarp'eftu, qui n'ai ni
iiom, ni qualité, ni argent,ni crédit, qui suis,
la plus humble unité de tant d'.ètrç» yivans
pourquoi me tromperait-êlle ? " '
—r Qui le sait?*lui dis-je; le epgur d'une
femme est un si abîme!. Vrai, j'ai
Wpil -Btiqr gu^Ué pe vous trompe, Lucien !
-rte moyeu de le croire, réponditril, quand
elle peut me chasser comme un laquais,
nie fermer sa porte derpqin, aujourd'hui, sur.
J'IlfW'P Pourquoi descendre à la fein
te? Pourquoi tant de frais? Tenez, mou cou-
sii), ajouta-t-il, c'est là ce qui me rassure
quand le. dp,yte m'assiège et que le désespoir-
yiènt s'asseoir a mon chevet, Je 11e suis
qu'un grain de sable sous son pied; com
ment s'en ferait-elle un obstacle? Qui l'em
pêche de m'écraser sans pitié? Et puis, voyez»
vous, j'ai beau récapituler mes griefs, ai
guiser mes soupçons, réchauffer mes co
lères, je ne viens pas à bout de me dé
tacher. Que voulez-vous? j'ai foi en elle;
ce mot vous dit tout. Le jour où oette
croyance sera éteinte,: qn pourra chercher
mon cœur, on n'en trouvera que les cendres.
Mais non, c'est impossible, cela ne peut pas
être, cela n'est pas. Songez-y doqo ! ce serait
trop affreux ! m'abuser tnnsi? se jouer de
moi? mç prendre comme un hochet et me
quitter de même? Et puis, si vous saviez
tout ! ! ! Non, il n'en .est rien, et ces défiances
l'outragent. Son front est trop glorieux pour
la - trahison; sa bouche trop fière pou? le
mensonge.N'en doutez plus, qipn cQqsi\i, ou
je prendrais l'insisté P.Q^r- mw,
Tels étaient les combats de cette ame par
tagée entre l'espoir et la crainte, et se rat
tachant au bonheur, en dépit de tous lç§i
échecs. De mon côté je n'insistais pas et évi
tais de faire verppr v^esurè du côté du
cpurag-eflient, Je ménageais 1* Hérité à Lu-
cipn commo on mû»- e la lumière à l'aveu
gle gui vi* :u d'être opéré. Je me serais bien
£ttïaé de lui dire que lés femmes sont tou
jours les mêmes, qu'elles aient l'auréole ou
non, et que les plus illustres s'entendent en
perfidies comme les autres, mieux- que les
autres. Encore moins, lui aurais-je dit que,
porté par un caprice, un autre caprice allait
^'emporter et que ce restant de règne dont il
était enorgueilli, il le devait plutôt à la com
passion qu'à l'amour.- C'était un coup trop;
rude pour que la prudence ne conseillât pas
d'en ajourner et d 'en adoucir l 'effet ; il ën
fallait laisser le soin et la responsabilité aux
événemen6.
Avec la comtesse, ils marchaient vite, et
chaque jour Lucien revenait de F che* elfes
avec un soupçon de plus et une illusion de
moins. Pour être du Quercy,il n'en était pas
moins un homme jouissant de la plénitude
de ses facultés et doué de tous les organes
inhérens à sa destination sur ce globe. Il
avait des yeux pour voir et des oreilles pour
entendre : ; c'étaient là de terribles ennemis
de son bonheur. Ses yeux lui présentaient
des scènes où son rôle'devenait de plus en
plus ingrat; ses oreilles recueillaient des pro
pos qui ne gardaient pas même la gaze nér
cessaire; ouïe et regard conspiraient contré
lui. De sinistres clartés lui arrivaient de tous
les points, comme des avant-coureurs de son
naufrage, Powr se former une idée nette de sa
situation, il avait lechoix entre les plus gran
des images que la rhétorique puisse fourni^
U assistait éperdu et sans pouvoir la Conju
rer à l'une de ces décadences £ont l'histoire
consacre le souvenir, ou ^n, dans ùn tour
plus {îuwliep, « baisse de ses actions et à.
te hausse ^ celles d'autrui. Bref> il était
^uuamné de toutes les façons, avec ou sans
tropes. - . ■ ; , '. -.
De mon côté, je recueillais des renseigne] -
mens qui portaient jusqu'à l'a dernière évi
dence la déroute de ses amours. C 'était une
journée des éperons, ou ils avaient détalé à
l'envi et jusqu'au dernier. II ne restait sur
le champ de bataille que des. carquois brisés,
et des fléchés sans dard. Passez-moi encore
ces images; c'est au goût du jour. Dana
une langue plus simple, j'ajouterai que
le cri public ne laissait là-dessus aucun
doute. La comtesse s'affichait avec l'ar
tiste suédois ; ou les voyait partout en-,
semble et sur un pied très significatif. Si
ce n'étaient que des apparences, elles étaient
pires (pie des réalités. Long-temps je cachai
ces détails à Lucien; je le voyais en proie à
des tristesses que je n'eusse pas voulu ag-
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