Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-09-30
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 30 septembre 1852 30 septembre 1852
Description : 1852/09/30 (Numéro 274). 1852/09/30 (Numéro 274).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUMÉRO
-274..
JBW&EA.8JX. - rue de Valois (fi»alals-E&©j*ib g* M§,
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ï852.— JEUDI 50 SEPTEMBRE. 1
. ?rix de i'abonncmeBt.
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PARIS ET be1p &RTEI8IEWB I
S FB. POUR TROIS MOIS.
32 FR. POUR L'ANNÉE.
UN NUMÉRO : 15 CENTIMES.
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pour les pats etbangeks , se repor
ter au tableau publié dans le journal,
les 10 et 23 de chaque mois. " >
fadrttser, franco, pour la rédactionnel Mi CrcHKVAL-CLARiGNTi
Les articles déposés ne sont pas rendut j
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
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! ô ; h ' u3ux politiques.
29 SEPTEMBRE
La colonie pénitentiaire de la Guyane
doit recevoir, dit-on, un prochain envoi de
transportés. Les nouvelles favorables parve
nues de Cayqnnè depuis l'établissement des
premiers colons, permettent certainement
dé diriger un plus grand nombre d'habitans
vers ces parages qui, grâce à des précautions
dictées par l'expérience, seront sans doute
un jour reconnus comme-beaucoup moins
insalubres qu'on ne le suppose générale
ment.
A l'époque du départ de sa dernière cor
respondance, publiée daus le Moniteur, le
commissaire-général de la colonie était sur
le point de faire un essai dont la réussite se
rait, sinon décisive, du moins fort impor
tante. Il se proposait d'établir sur le terri
toire continental de la colonie, en un lieu
appelé : Mentagne-d'Argent, un certain nom-,
bro de transportés. On sait qu'ils ont tous
résidé jusqu'à présent sur des îles situées
dans Je voisinage de Çayenne. Rafraîchies
journellement-par les brises de la mer,,
esemptes des miasmes qu'exhalent sur la
côte ferme les eaux marécageuses , elles
ont été judicieusement choisies comme lieu
de dépôt provisoire. Mais-ce n'est pas sur
des terre s d'une, éte ndue si " faible. que la
colonisilion peut se développer. Il faut
qu'elle trcni-hissa les eaux qui la séparent du
continent ét qu'elle prenne pied dans cette
coji'ïj e,, dont la vaste étendue n'est bornée
que ysï iâ Guyane hollandaise, au nord, et,
au sud, par le Brésil. Le commissaire-géné
ral se montre-t-il trop pressé d'ouvrir à la
transporiation cette nouvelle carrière? Il faut
espérer que non.. On doit avoir confiance
dans son activité et dans le courage qu'il
sait communiquer à ses administrés.
Lorsque sera résolue favorablement la
question de savoir si le travail européen
peut s'acclimater et prospérer dans cette ré
gion , dont certaines parties sont malsaines
le gouvernement aura le droit de s'applau
dir d'avoir jeté les bases d'un établissement
colonial dont l'avenir seramagoiSroo Ta
plus vaste de toutes Its colonies ex j?W<" es,
l'Australie, a été fondée au ;s\oye.a à«i va
vail forcé. N'était-ce paj^aussi u*e
de travail forcé qu p le labeur si «.osfc-
et si honorable de ~\vX? a . armée d'At,
dans les plaines de ia Miiidia, oç.- tant ç «
vies précieuses «ut àû è 're cas ? liées peu
dant les travaux d'assaimjscaieï t fl ifi c om
munications? Le travail rnani" ne. Quand le momen t sera -wt* d'utûiser ce
lui des condamnés au profit de là colonisa
tion, on la verra, si le climat le permet, pro
gresser avec une rapidité surprenante.
La colonie pénitentiaire, fondée à Botany-
Bay en 1788, sur un sol désert et inculte, à
des milliers de lieues dé la plus prochaine
terre civilisée, réunit aujourd'hui soixante-
trois mille habitans; elle a cent soixante-qua
torze mille acres de terres cultivées et entou
rées de clôture ; un commerce des plus floris-
s.'m-, un mouvementanmiel de navigation de
108,000 tonneaux. Cette brillante colonie
n'a pas plus de soixante ans de -date; elle a
été commencée avec cinqcent soixante-cinq
hommes, cent quatre-vingt douze femmes
et un petit détachement de soldats. lis débar
quèrent sur. une plage déserteoù rien n'avait'
été préparé pour les recevoir, et plusieurs fois
dans le cours des premières années, la colo
nie naissante, en proie à la famine, fut sur
le point de périr, en laissant au monde le
souvenir d°une affreuse catastrophe. Mais il
y a une telle énergie de vitalité dans une so
ciété, si petite qu'elle soit, dont tous les
membres sont astreints à un travail constant,
que celle-ci résista à cette épreuve si terri
ble. Elle a pri.«, dtpuis lors, uûe merveil
leuse croissance.
La grande et utile entreprise que le gou
vernement tente à Cayenne est plaeée en
de bien meilleures conditions. Elle s'ap
puie d'abord sur un noyau de colonisa
tion très ancienne. Bien qu'elle n'ait jamais
pu prendre, une très grande extension, la
colonie de la Guyane française est peuplée
de près de vingt mille individus, dont mille
à douze cents de race blanche. C'est un
foyer de civilisation dont le voisinage adou
cira pour les transportée les souffrances d'un
exil d'ailleurs très doux.
La facilité et la promptitude des commu
nications avec la métropole est un autre mo
tif de sécurité pour la colonie nouvelle.
Botany-Bay, situé aux antipodesdè l'Europe,
était à la distance de près de quatre mille
lieues. Lors de sa fondation, la navigation à
vapeur n'était pas encore inventée, et les na
vires .à voiles expédiés d'Angleterre pour
approvisionner l'établissement pénitentiaire
mettaient six mois à faire la traversée. Ex
posés, pendantcc longespacedetemps, à tous
les événemens de nier, ils arrivaient rare-
ment p l'époque où leur pré;encet ûtéténéces-
s tire. Aussi, its colons volontaires ou prison
niers en furent-ils réduits aux plus dures ex
trémités. Plusieurs périrent d'inanition, en-
tr'autres une malheureuse femme qui, dans
sa détresse, avait mangé une quantité consi
dérable de blé en herbe. Dieu merci! une
telie épreuve n'est pas réservée à nos trans
portés. En comparaison de Botany-Bay,
Caytane est voisine de l'Europe ; les moyens
de communication sont prompts et tûrs, et
tout autour du nouvel établiss-ment se
trouvent des pays riches, des populations ci-
viiiséi s fit humaines.
A Botany-Bay,"il fallut avoir recours,dès le
principe, àlaîépressiou la plus rigoureuse;
car il eût été impossible au trement de mainte
nir dans le devoir une population de ce ca
ractère ^vec une très faible garnison. L'inti
midation suppléait à l'insuffisance du nom
bre des soldats ; les convicts vivaient sous
l'empire delà terreur; les moindres fautes
étaient réprimées par des châtimens terri
bles. Le vol d'un mouton fut puni de mort.
Les déportés travaillaient par èandes. sous
la conduite d'un commandeur qui les stimu
lait à coups de bâton. La peine du fouet leur
était appliquée avec la dernière rigueur pour
les omissions le* plus légères, et la nécessité
(•l'inspirer la crainte était si vivement sentie
par l'administration anglaise, ordinairement
très stricte dans la pratique des devoirs de la
morale, que les femmes mêmes étaient fouet
tées en public et de la manière la plus igno
minieuse.
Le régime disciplinaire auquel nos dépor
tés sont soumis est, au contraire, calculé de
façon à leur relever le moral. Le gouverne
ment veut leulr ouvrir, la vole de la-.réhabi -
litation, et tout ce qui pourrait tendre à les
dégrader à leurs propres-yeux sera évité
avec le plus grand soin. La bonne conduite,
le vrai repentir seront traités avec bienveil
lance, et c'est ainsi qhe prendra racine une
colonie peu à peu épurée et florissante.
Si l'espoir qu'il est permis de concevoir à
cet égard venait à se réaliser, la France çe
trouverait avoir réparé la perte du Canada ;
elle reprendrait, en Amérique, le rang qui
lui convient, et qui lui permettrait d'inter
venir dans les.destinées du Nouveau-Monde.
Un seul coup d'œil jeté sur l'état de l'Amé
rique suffira pour faire comprendre l'im
portance que peut avoir la colonie dont on
jette les bases, , •
Le mouvement d'émigration, enaqua jour
plus considérable, qui peuple les c«.-x A~,? -
,riques, tend à donner à ce continen.une oï-
fluence sensible daus les affaires du moneje.
La majeure partie de ce courut l'émigra
tion sè porte sur les Etats-Un^, chose re
marquable! la diversité des races agglomé
rées dans les limites de cette république n'a
pas donné naissance à des divisions intesti
nes. Le sentiment qui domine dans les dis
cussions d'Etat à Etat, comme, par exemple,
dans celles qui ont. pour objet l'esclavage,
est le désir de maintenir l'unité de la confé
dération. C'est un fait certain que l'émigrant
allemand ou anglais qui vient fixer sa rési
dence aux Etats-Unis éprouve tout aussitôt
une vive sympathie pour sa patrie d'adop
tion; il en est fier,, et il rêve pour elle la
gloire et l'agrandissement.
Il sera donc bien difficile d'empêcher
que l'Union" américaine s'étende un jour
sur tout le continent septentrional dont
elle occupe déjà la plus grande partie. Cer
tes ce ne seront pas les scrupules qui
l'arrêteront et borneront sa carrière. Elle
procède aux annexions de territoires, avec
un grand dédain pour les droits d'autiui. A
vrai dire, la confédération américaine n'a
que deux Etats à conquérir pour étendre sa
souveraineté sur toute l'Amérique du Nord.
Ces Etats sont : le Canada et le "Mexique.
Le Canada pourrait résister à la conquête,
surtout avec l'appui de la Grande Bretagne;
remis ses habitans désirent l'annexion. Cela
se comprend : il vaut mieux être citoyen
d'une république fédéraiive que sujet sou
mis à un gouvernement étranger. "Quant au
Mexique, ce n'est pas l'antipathie contre la
race anglo saxonne, ce n'est pas le désir de
la ripoussrr qui lui manquent, c'est la force
de se défendre. Livré à une dissolution inté
rieure cent fois plus dangereuse que l'inva
sion étrangère, il est ouvert à touies les en
treprises de ses hardis voisins.
Le sentiment de cette faiblesse, la certitu
de d'annexer prochainement la Mexique à la
confédération, sont tellement gravés crans
l'esprit de la population des Etats-Unis,
qu'elle croit pouvoir' détourner les yeux
de cet agrandissement, considéré comme
déjà opéré, et qu'elle dirige sés visées
beaucoup plus loin. Une _société secrète
très nombreuse, très influente, qui s'ap
puie sur les sympathies générales, M"-
toile vnique, dont nous avons publié les sta
tuts, s'est formée dans le but d'envahir les
Antilles, y compris la Jamaïque, Haïti et Cul
ba, et, en outre, d'arborer le drapeau de la
confédération sur les îles Sandwich.
Que celte ambition soit entièrement satis
faite ou qu'elle manque- son but en partie,
peu importe pour l'avenir de- l'Amérique.
Les Etats-Unis n'en pèseront pas moins sur les
.Stmvernemens'de l'Amérique méridionale
,'&• manière à .limiter - singulièrement leur
indépendance.
Dans cette dernière partie du monde, il
n'existe aujourd'hui qu'une puissance assez
fortement organisée pour.opposer une bar
rière ait drapeau étoilé de l'Union : c'est le
Brésil. Les républiques nombreuses et con
fuses qui se partagent le reste du territoire
sont dans un t l élat de désordre et d'im
puissance qu'elles n'existent en quelque sor
te que de nom.Ellesnecomptent pas dansles
. spéculations de la politique ambitieuse des
Etats-Unis.
Le Brésil est un vaste empire ; il obéit
à un pouvoir régulier ; la dynastie im
périale lui donne des élémens de stabi
lité. ; il s'est distingué surtout dans ces
derniers temps par une politique ferme et
libérale; il a fort habilement défendu con
tre l'Angleterre son indépendance, à la
quelle attentait indirectement la marine
anglaise, sous prétexte de répression de
la traite, et, en réalité, dans le but
d'obtenir certains privilégesxommerciaux.
Mais l'Angleterre est éloignée, tandis que
et Etats-Unis sont voisins. L'influence de
ee'o:c dernière puissance est bien plus
forte ; ell „ pourra devenir irrésistible* dans
toute l'Amérique. L'empire du Brésil est
peu peuplé;. des provinces frontières, sé
parées par des déserts du siège du gouver
nement, ont manifesté plusieurs fois des vel
léités de révolte. L'exemple des républiques
voisnes n'est certainement pas séduisant;
m-alsil se trouve partout de méchans esprits
qui sont prêts à édifier leur fortune sur les
ruines de la chose publique. Malgré la sa
gesse de son gouvernement, malgré l'impor-
lance réelle de ses ressources, le Brésil, livré
à'lui-même, n'opposerait peut-être qu'un
obstacle insuffisant à l'invasion de la race
anglo-saxonne.
Mais la Guyane française, devenue popu
leuse et prospère, lui servira d'avant-garde.
Unies entre elles, ces deux populations, ca
tholiques et d'origine latine, formeront un
rempart puissant. Le Brésil a le plus grand
intérêt à cette alliance, car si, par suite d'em-
pièiemens des Etats-Unis .dans l'Amérique
méridionale, la France peut voir annihiler
une de ses colonies, là du moins se bornent
les risques qu'elle court.
Au contraire, c'est l'indépendance et l'exis-
, tence même du Brésil qui se trouveraient
enjei dans cette affaire. C'est une raison
pour que cet empire se rapproche de plus
en plus de nous. Il existe entre le Bré
sil et nous des causes secondaires de dis
sentiment, telles que le règlement des fron
tières de la Guyane, et, par une déplorable
erreur, c'est à la Grande-Bretagne que le
Brésil a toujours fait appel, comme à
un médiateur, pour résoudre ce différend.
Or, le rôle de l'Angleterre est d'empêcher
toute union intime entre les deux nations.
On peut donc être sûr qu'elle ne cherchera
jamais à terminer d'une manière satisfaisan
te le débat qui nous divise. Vidons ensem
ble et sans intermédiaire nos discussions
déjà trop longues.
C'est en quelque sorte une affaire de fa
mille, cjr nous sommes de la même race et
• de "la môme religion. Si, comme nous l'es
pérons,la colonisation nouvelle de h Guyane
réussit et devient prospère, ,1e Bré >il éprou
vera plus que jamais l'utilité de ces liens
étroits qui doivent l'unir a la France, prin
cipalement dansi toutes les questions où il
s'agit des destinées futui%s de l'Amérique.
Denain.
DES TIMBRES-MARQUES.
Le commerce a une telle confiance dans
l'avenir que lui promet le gouvernement du
prince Louis-Napoléon, que, loin, de s'alar
mer de l'établissement d'un nouvel impôt,
il le provoque. • . ,
Toute l'industrie réclame la création du
timbre-marque-, dont la proposition a été
faite par M. Téron ; elle la réclame avec d'au
tant plus d'instance, qu'elle voit dans cette
mesure le moyen de moraliser le commerce,
de lui rendre cette haute considération dont
il jouissait autrefois; enfin, d'arrêter à tout
jamais ces concurrences déloyales de contre
façon qui inondent les marchés de mauvais
produits et ruinent les fabricans honnêtes.
L'établissement du timbre-marque a vive-_
ment préoccupé M. le ministre des finances.
L'aptitude de M. Bineau à résoudre les ques
tions financières les plus délicates , l'intérêt
qu'il a toujours témoigné au commerce,
permettent d'espérer le prochain établisse
ment de cet impôt, qui doit être simplement
' facultatif, mais qui peut devenir une des
branches les plus importantes des revenus
de l'Etat.
Si nous sommes bien informés, un projet
de loi pour la création du timbre-marque
avait été envoyé au conseil d'Etat en même
temps que les projets de nouveaux impôts
qui n'ont pas été discutés. Nous ne serions
pas étonnés que l'accroissement du revenu
public fournît les moyens d'équilibrer le
budget sans recourir à ces nouveaux im
pôts. Mais sans doute M. Bineau n'en per
sistera pas moins dans la création du tim
bre-marque, qui est surtout une mesure
d'intérêt commercial, quoiqu'elle doive en
même temps profiter au trésor.
Le projet envoyé au conseil d'Etat par M.
le ministre des finances était, dit-on, fort
simple. Mais l'examen, dont il a été l'objet,
a conduit à l'étendre. Approuvé en principe,
on n'hésite plus guères que sur le mo'de
d'exécution.
Ce.tte difficulté est d'autant o.'iy itfon-
"daire, que 'chaque maison de «w-ratree
a autant d'intéiêt que le gou7?ïiraient
à éviter qu'on, ne puisse abuser dt «es tim
bres-marques.
Aux termes de ce projet, chaque commer
çant qui veut préserver ses produits de la
contrefaçon fait la demande d'un timbre-
marque, qui est inscrite sur un registre avec
sa signature ; il fait connaître le nom despro
duits qu'il désire garantir et leur valeur ap
proximative; il dépose en même temps une
«omme de 300 fr. pour subvenir aux frais
de l'établissement de chaque timbre-marque
que le gouvernement fait-frapper dans les
trois mois. Au fur et à' mesure di chaque
demande de timbres-marques, dont le nom
bre ne peut jamais être au-dessous de S00,
chaque commerçant acquitte les droits, et
les quantités livrées sont inscrites sur un re
gistre spécial tenu en double par les em
ployés du gouvernement.
Il paraît que la pensée de M. Binean se
rait encore plus vaste et beaucoup plus
importante ; son intention serait d'appli
quer le, timbre - marque à tous les pro
duits en général. Cette mesure nous pa
raît d'autant plus réalisable, que l'adminis
tration pourrait frapper non seulement des
timbres-marques sur papier, mais encore de
légères estampilles sur métal que l'on adap
terait 'aussi bien aux machines qu'à tout au
tre produit. Au surplus, que l'on mette au
c r-1' « ji sic mode de procédé à inventer, pour
étàbl»*" vu'timbre-marque pour l'iadustrie ,
uni au timbre du gouvernement,
verrons bien vite ce léger problême
la manière la plus avantageuse pour le com
merce et pour le tréspr. I. BURAT,
Le conseil municipal de Dunkerque s'est
réuni dimanche pour la première fois, et il
n'a pas voulu se séparer sans voter une
adresse au prince-Président à l'occasion de
l'attentat projeté à Marseille. C'est la pre
mière qui nous parvienne, et nous croyons
devoir la reproduire :
A S. Â, I. le prince-Président, les maire, ad
joints et conseillers municipaux de Dunkerque.
« Prince,
» Le joiirhième où le conseil municipal de Dun
kerque, nouvellement élu, s'assemble' pour Ja pre
mière fois, un abominable attentat répand dans
la ville entière la consternation.
» Au milieu des acclamations de trente-cinq
millions d'hommes auxquels vous avez rendu le
repos et la prospérité, au sein d'un# ovation sans
exemple dans l'histoire des peuples, au début de
la glorieuse mission que le ciel vous a confiée, les
héritiers de Fieschis'app: étaient froidement à frap
per le père de la patrie, le sauveur de la civilisa
tion.
» Dieu, qui veille sur vous, ne l'a pas voulu.
Leurs coups ont été détournés, et le projet des as
sassins ne.faissera après lui que l'indignation con
tre les effroyables doctrines qui ne se lassent pas
d'enfanter tant de monstrueux desseins et une
reconnaissance unanime envers la Providence, qui
ne se lasse pas dé les confondre.
» Mais ce n'est pas assez. Un défi permanent est
porté à la France par les irréconciliables ennemis
de l'ordre social. Il est temps que l i France y ré
ponde en replaçant pour toujours, sur la tête de
l'élu du peuple et de ses successeurs, la couronne
i eu péri aie de Napoléon-le-Grand.
» 11 y a un an, à pareille époque, la démagogie
faisait des préparatifs menaçans. Elle le déclarait,
elle était sûre de vaincre en 1852 dans la lutte ef
froyable qui allait s'engager entre la barbarie et
la civilisation ; elle était sûre de vaincre, car l'a
veuglement passionné et coupable des anciens par
tis devait paralyser toutés les forces vives et con
servatrices de la société. C'en était fait de la Fran
ce!
» Visiblement guidé par la Providence divine, 1
vous avez vaincu l'anarchie et détruit le socialis
me. La société a été sauvée au 2 décembre.
» Grâce à vous, Prince, grâce à votre courageu
se initiative et à votre énergie, le calme règne
partout aujourd'hui, lareligion est respectée, la loi
est obéie, le crédit imprime au travail une impul
sion considérable. Jamais le pays n'a joui d'une
prospérité plus grande.
» Le conseil municipal de la ville de Dunker
que, interprète des senti mens de ses concitoyens,
s'empresse, en commençant ses travaux, de vous
MyHmer ses vives sympathies et sa reconnaissan
ce ; i ar l'acte mémorable que vous avez accompli;
» Mais qu'il lui soit permis de le dire : il faut à
un grand Elat comme la France, des institutions
fortes, stables et définitives. Vous avez rétabli
l'ordre dans le présent, vous puiserez dans voire
haute raison et dans votre patriotisme les inspira
tions nécessaires pour le consolider dans l'ave
nir. Vous compléterez ainsi l'œuvre 4mmense que
vous avez entr eprise et conduite jusqu'à ce jour
avec tant de boifiieur, avec tant de courag.e, avec
tant d'abnégation; et alors, confiante dans sa des
tinée, la France, heureuse et puissante, bénira en
vous,*Prince, le digne successeur de l'homme ex
traordinaire qui fit d'elle, au commencement de ce
siècle, la olus grande des nations.
» Ils sont avec le plus profond respect, etc.
(Suivent les signatures.)
» Dunkerque, le 26 septembre 1832. »
Indépendamment de Cette adresse, une au?
tre adresse des habitans de Dunkerque au
prince-Président, à l'occasion dû complot
qui indigne tous les amis dei'tçdre, est déjà
couverte de signatures. En voici le texte :
A. S. A. I. le prince-Président, les habitans de
la ville de Dunkerque.
» Prince,
» La ville de Dunkerque vient d'apprendre,
avec autant d'indignation contie les assassins que
de gratitude pour la Providence qui veille sur vo»
jours, l'attentat médité contre votre vie.
» Il est temps que la France réponde an défi
qui lui est sans cesse porté par les irréconciliables
ennemis de la civilisation, en assurant pour tou-*
jours son repos et ses destinées. -
» Vous avez recommencé l'œuvre de Napoléon-
k-Grajid en sauvant la patrie et l'ordre-social. 1
Mettez-y le sceau en acceptant la couronne impé»
riale que la nation entière replace sur votre tête;
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL, 30 SEPT.
SOUVENIRS
*
DU CHATEAU SE SCiatUO.
NAPOLÉON.
III.
Le Couvent de Klosterneubourg.—L'École écUctique
—Histoire d'une ég'ise et d'un voile blanc.—L'In
tendant Muller.—Exécution militaire.—Un Orsge
proYideRtiel.—Le Caporal-Empereur.—La Mère la
victoire.—Napoléon, pairain.—Le Sang français est
la Rusée de la'Gloire —Un Ane tué. — Une Poule
pour un œuf. — Le Prince de Metternicù, prison
nier sur parole à Grùnberg.
Il existe à quelques lieues de Vienne un
magnifique monastère situé dans' une belle
position sur le Danube*, à l'extrémité de la
petite ville de Klosterneuburg. Les religieux
qui l'habitent appartiennent à l'ordre des
ehanoiiiesréguliers de Saint-Augustin. Avant
les guerres et .surlout avant la révolution de
1848, qui a supprimé les dîmes et les cor-,
vées, ce couvent était fort riche ; seule,
la récolte annuelle des vins rangeait par
année Commune cent mille pièces dans
ses caves, formant trois étages superposés
et creusés profondément dans le sol. Il pos
sède encore un trésor où Fœil du visiteur
admire plusieurs merveilles de prix et un
grand nombre de souvenirs artistiques qui
rappellent au j résent l'histoire ou des lé
gendes du. moyen-âge. Un jour Napoléon,
accompagné de Mural, de Berihier et de Sé-
î>ast ; ani, se rendit à Klosierneuburg, et pé
nétra daus le couvent sans se faire annon
cer ; les religieux, qui se trouvaient dans ce
moment au réfectoire, le reconnurent aus
sitôt :
« Vous êtes très bien ici, leur dit l'Empe-
» reur ; achevez votre repas, car nous avons
» en F/ance un proverbe qui défend dè dé-
» ranger les honnêtes gens qui dîaent. '»
Il visita le monastère dans les plus grands
détails, admirant et critiquant teur à tour ce
qui lui paraissait digne d'éloges ou de blâma:
la vue du paysage^ aaia$ par les eaux rapi
des du Danube, lui plut beaucoup : ses de
mandes, ses réponses, ses observations char
mèrent et'surprirent à là fois les religieux
prévenus corair e tons les Autrichiens contre
l'heureux conquérant :
— Queile école suivez-vous en théolo
gie, mon père, demanda-Uil au supérieur,
celle de Saint-Augustin ou celle de Saint-
Thomas?
— Toutes les deux en ce qu'elles offrent
de meilleur, répondit le bon prêtre.
— Je" fais ainsi en toutes choses , répli
qua l'Empereur , comme vous je suis. de
l'école éclectique.
— Il faut avouer, aj ï>utale religieux qu'elle
réussit admirablement à Voire Majesté.
— Votre monastère est-il riche?
— Non, Sire.
— Pour quelle raison?
— Les enarges de la guerre l'ont ap
pauvri.
— Dans ce cas, Monsieur, je ne vous de
manderai que six mille florins en or, au
lieu de s vingt mille dont j'ai besoin.
Les religieux ne purent donner que deux
mille florins en or, les autres furent offerts*
en papier.
Après avoir accepté une légère collation,
et bu du vin de 1757, dans un verre que les
chanoines réguliers ont gardé précieuse
ment, Napoléon visita les caves, et rit beau
coup, à la vue d'un tonneau dont la capa
cité contient mille pièces, soit trois cent mille
litres. Eosi ite il visita le trésor, et se fit con
ter l'histoire d'un voile de femme conservé
depuis des siècles dans un riche reliquair. ;
cette hi?toire l'irit rasa, comme elle iutô-cs-
seia. sans doute nos lecteurs. La voici :
En l'an' de grâce -1200, le duc Léopoîd,
sur le point de perdre une bataille qui de
vait décider du sort de ses Etats, descendit
de cheval et,se mettant à genoux, ii jura sur
la croix de son épée de construire une église
si Dieu accordait la victoire à ses armes. Ce
vœu fut sans doute agréable au Si igneur,
puisque les ennemis, saisis tout, à coup d'u
ne terreur panique, prirent* la fuite et su*
birent plus tard les conditions du vainqueur.
Dès lors le duc, songeant â s'acqïiitter du
vœu qu'il avait fait en un jour de détresse,
parcourut avec Agnès, safemmebien aimée,
les environs de son château, car il voulait
choisir un lieu digne du temple que sa recon
naissance devait élever auSsigneur. Son iadé*
cisionentre la variété des sites enchanteurs
qui entourent Vienne durait depuis plu
sieurs mois, lorsqu'un soir, se promenant
atec sa belle compagne, Agnès lui dit :
* —11 e.-t temps, Seigneur, de Voys décider
à Unir la promesse que vous avez faite à
Dieu; un plus long retard pourrait nous
porter malheur.
Dans ce moment, une forte brise, s'élevant,
enleva le voilé de la- duchesse et l'emporta
au loin.
—Cette biise n'est pas naturelle-, dit le duc;
n'avez-vous pas senti, quand elle a passé
sur votre front, un parfum mille fois plus
embaumé que l'encens qu'on brûle le di-
maoçhe dans votre chapelle?
—C'estpeut-êlre un avertissement céleste,
répondit Agnès, suivons la direction de la
brise, et là où elle aura déposé mon voilé,
nous ferons construire l'église que vous de
vez à Dieu.
— Qu'il soit fait ainsi, ajouta le duc, et,
pendant plus d'une heure, il marcha dans
la direction du vent; mais toutes ses recher
ches furent inutiles; la nuit survint, sans
qu'il eût aperçu le voile de gaze enlevé par
la brise au front d'Agnè?. Comme- il avait
préparé pour le lendemain une grande par
tie de chasse, il songea à la cmitremander
pour con'/iiuer ses recherches ; mais la du
chesse l'en dissuada, disant que son ange
gardien conduirait ses pas vers l'endroit
où son voile s'était arrêté. Le lendemain
donc , de grand matin, les échos des fo
rêts voisines se réveillèrent au son du cor,
et Léopold, en compagnie de ses princi
paux . officiers, se mit en cita.-s"}. Le jour
commençait à baisser et il avait battu
1 s pl-iin set les. montagnes sans être plus
heureux qa" la veille, lorsque tout à coup
une biche blanche apparut à ses yenx. Ses
yeux, brillaient comme d>.-ux étoiles et une
croix lumineuse resplendissait au milieu
de son front. Le duc se signa au nom du
Père, du Fils et du S mit-Esprit, et il
suivit la biche, qir se dirigea vers le soin-
met d'une hauteur où les voix ds-s chiens
hurlaient d'une étrange manière. Il était sept
heures; le jour avait disparu, mais ia lune
répandait sur la montagne une clarté plus
éclatante que cêlle du soleil. La biche
marchait toujours; enfin tlïe s'arrêta au
point culminant d'une montagne, devant un
chêne vert. A sa vue, les chiens qui entou
raient l'arbre cessèrent leurs aboiemens ; et,
loin de s'élahcèr sur la biche, ils se roulè
rent à ses pieds, avec les manques d'une mys
térieuse terreur. Les yeux étoilés du mysté
rieux animal, fixés sur le chêne vert, sem
blaient ouvrir un chemin au regard du duc
qui, levant la fête, aperçut à l'un des ra
meaux de l'arbre le voile de la pieuse du
chesse. La biche disparut aussitôt.
L'église que l'on voit encore sur Jes hau
teurs du Léopoldsbergest l'accomplissement
du vœu du dac Léopold. Le voile blanc que
l'on voit ad monastère de Klosterneuburg
ejit le voile de la duchesse Agnès. »
Avant de prendre congé des chanoines de
■ Klosierneuburg, Napoléon donna l'ordre au
père procureur d'envoyer à Schœnbrunn
huit mille pièces du meilleur vin qu'ils pos
sédaient dans leurs caves, qui contenaient à
cette, époque cent vingt mille tonneaux. Unin-
teodaut, nommé Muller, fut désigné pour
expédier cette opération. Le surlendemain,
l'Empereur, passant la revue de sa garde
dans la cour de Schœnbrunn, vit arriver les
huit mille.pièces demandées; il en fit aussi
tôt défoncer uiie, et, prenant un verre des
mains de Savary, il porta ce toast : Je bois à
la France et aux braves soldats qui, par leur
indomptable valeur, l'ont placée la première
toi premier rang des nations !
Un immense hourra, suivi du cri de Vive
l'Empereur! se fit entendre sur toute la ligne.
En vidant son verre, Napoléon avait fron
cé le sourcil, car le vin qu'il venait de boire
était, d'une qualité secondaire, et ne ressem
blait en rien à celui qu'il avnit dégusté la
veille; il fit aussitôt appeler l'intendant et
lui demanda l'explication de ce changement.
Muller répondit on pâlissant que la cause
de ce changement ne pouvait être attri
buée qu'à la fatigue du. transport par une
température fort élevée, et quô deux joiirs
de repos rend; aient au vin sa qualité pre
mière. Cette réponse satisfit d'autant moins
/Empereur que les deux jours de repos s'é
coulèrent sans produire les résultas annon
cés : les vins restèrent détestables. Napoléon
envoya aussitôt Savary à Kiostcrncuburg
pour adresser les pîus vifs reproches aux
chanoines ; ceux-ci, qui s'étaient conformés,
strictement aux ordres reçus, n'eurent pas
de peine à prouver qu'ils avaient envoyé
* leurs meilleurs erûs. Les soupçons de Sava
ry se portèrent alors sur Muller, dont plu
sieurs fois déjà il avait suspecté la probité.
Voulan t avoir le dernier mot de cette affa ; re,
il interrogea les voituriers qui avaient
transporté les huit mille pièces, et il ap
prit par l'un d'eux que les vins avaient pas
sé par Vienne pour se rendre à Schœn
brunn. Savary n'en demanda pas davan
tage ; il remonta aussitôt à cheval et s'élan-
çaau grand galop sur la route de Vienne.
Les informations qu'il-'rapportait de Klos-
terneuburg le mirent immédiatement sur
la voie de la vérité. Avant la fin de la
journée, il apprit que Mûller avait changé
les meilleurs vins des chanoines contre une
pitoyable boisson, et avait réalisé de cette
inique transaction un bénéfice de cent vingt
mille francs. En apprenant cette nouvelle,-
l'Empereur devint furieux; l'intendant fut
arrêté la soir même et traduit dans la nuit
devant uo conseil de guerre.
A cette époque, la justice était expéditive.
Muiler avoua tout; le conseil de guerre le
condamna à la peine de mort. Quelques
membres du tribunal militaire voulurent
qu'il fût pendu sur un tonneau, l'un d'eux
môme proposa qu'il fût noyé comme un
chien, une pierre au cou, dans le Danube.
L'Empt reur décida qu'il serait fusillé dans
les vingt-quatre heures, après avoir été dé
gradé de §es insignes. Mûller subit sa peine
dans la cour n<ètae et devant les caves du
couvent de Klosterneuburg. ,
L'Empereur ne se contentait pas de passer
des revues à Schœnbrunn, il visitait souvent
les différens corps d'aniée qui occupaient
les environs de. Vienne. Surpris une fuis par
un violent orage, il se réfugia, ainsi que sa
suite, dans une cabane voisine. Les éclairs et
les éclats de la foudre se succédaient sans
intervalle; le ciel était tout en feu.
— Il me semble, dit Napoléon, que les
saints du paradis donnent au bon Dieu une
représentation de la bataille de Wagram.
Daus un coin de la cabane, sur un mon
ceau de feuilles sèches, recouvert d'un lam
beau de toile, se trouvait couché un petit
enfant malade. Sa mère, jeune femme que
la présence inattendue de Napoléon fit tres
saillir, cherchait à réchauffer ses lèvres par
le feu de ses baisers maternels.
Napoléon s'approcha d'elle, et, Finterro-
. raconta" en quelques mots : Enfant, elle n'a
vait point connu sa mère, morte en lui don
nant le jour; jeunelille, son père s'était noyé
par accident dans le Nil ; plus tard, mariée
à un officier de l'armée d'Orient, un boulet
de canon l'avait rendue veuve à vingt ans;
enfin, la destinée l'avait conduite en Autri
che, où la charité d'un riche seigneur l'a
vait recueillie dans l'humble cabane qui
devait un jour abriter aussi contre l'oura
gan du ciel la plus grande majesté de la
terre. L'Empereur sourit à ce compliment
oriental, et. lui prenant la main, il lui de
manda quelle rente suffirait pour la mettre
à l'abri de la misère, elle et son fils ; elle ré
pondit que deux cents francs serait une for
tune pour son enfant.
— Deux cents francs I s'écria Napoléon,
vos désirs sont trop modestes... je vous don
ne une pension de douze cents francs et je
me charge de l'éducation de votre fils.
La pauvre femme se jeta -aux pieds de
l'Empereur et les couvrit de larmes.
—C'est la première fois, dit Napoléon en
remontant à cheval, que j'ai mis pied à
terre pour éviter un orage; j'avais le pres
sentiment qu'une bonne action m'atten
dait là.
Par une de ces nuits d'insomnie qui, pour
lui, étaient si fréquentes, Napoléon réveilla
Roustan, revêtit son uniforme de chas
seur, et, couvert d'un manteau blanc de
cavalerie, il descendit dans les jardins de
Schœnbrunn. La nuit était calme, le ciel par
semé d'étoiles; le repos de la terre endor
mie n'était interrompu que par le bruit des
pas des sentinelles ou le chant des rossi
gnols. L'Empereur paraissait soucieux. Qui
sait? cette nuit-!à peut-être il rêvait au
Kremlin ! Après s'être promené silencieuse
ment près d'une heure sous les grands ar
bres qui jadis avaient abrité Marie-Thérèse
et Marie-Antoinette, il songea à rentrer au
château. Avant de remonter dans son ap
partement , il entra, sans être aperçu, dans*
le corps-de-garde situé dans la grande
cour ; les hommes, en attendant leur
tour de faction , dormaient sur le lit
de camp; le sergent et deux caporaux £
le dos tourné contre la porte, jouaiert
aux cartes, et se plaignaient des passe;
droits. L'un d'eux, surnommé 1 Empereur
par ses camarades, disait : — J'ai mérité cinq
fois la croix-d'honneur. — Moi, disait le set
-274..
JBW&EA.8JX. - rue de Valois (fi»alals-E&©j*ib g* M§,
B
MtzJ
ï852.— JEUDI 50 SEPTEMBRE. 1
. ?rix de i'abonncmeBt.
*
PARIS ET be1p &RTEI8IEWB I
S FB. POUR TROIS MOIS.
32 FR. POUR L'ANNÉE.
UN NUMÉRO : 15 CENTIMES.
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ff-J
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fei
pour les pats etbangeks , se repor
ter au tableau publié dans le journal,
les 10 et 23 de chaque mois. " >
fadrttser, franco, pour la rédactionnel Mi CrcHKVAL-CLARiGNTi
Les articles déposés ne sont pas rendut j
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
chef} » On t'aêcn ise, dans les département, aux Messagï#et tteax Directions de pttsie.—A Lmdrc fj chez MM* C owie et vas* b -s£
* — A Strasbcuroj ckes M» AMSX aru & k , pour i'Allfriatmt* I
Les annono
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PB&IH OVMOTrTOËflUPlVtf
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E°©sir sis: bsi©Is. . . 1.6 ffr,
fi'oup l'aimée. . . . 51 fp.
Le prix d'abonnement du CONSTITU
TIONNEL est au-dessous "de celui de tous les
! ô ; h ' u3ux politiques.
29 SEPTEMBRE
La colonie pénitentiaire de la Guyane
doit recevoir, dit-on, un prochain envoi de
transportés. Les nouvelles favorables parve
nues de Cayqnnè depuis l'établissement des
premiers colons, permettent certainement
dé diriger un plus grand nombre d'habitans
vers ces parages qui, grâce à des précautions
dictées par l'expérience, seront sans doute
un jour reconnus comme-beaucoup moins
insalubres qu'on ne le suppose générale
ment.
A l'époque du départ de sa dernière cor
respondance, publiée daus le Moniteur, le
commissaire-général de la colonie était sur
le point de faire un essai dont la réussite se
rait, sinon décisive, du moins fort impor
tante. Il se proposait d'établir sur le terri
toire continental de la colonie, en un lieu
appelé : Mentagne-d'Argent, un certain nom-,
bro de transportés. On sait qu'ils ont tous
résidé jusqu'à présent sur des îles situées
dans Je voisinage de Çayenne. Rafraîchies
journellement-par les brises de la mer,,
esemptes des miasmes qu'exhalent sur la
côte ferme les eaux marécageuses , elles
ont été judicieusement choisies comme lieu
de dépôt provisoire. Mais-ce n'est pas sur
des terre s d'une, éte ndue si " faible. que la
colonisilion peut se développer. Il faut
qu'elle trcni-hissa les eaux qui la séparent du
continent ét qu'elle prenne pied dans cette
coji'ïj e,, dont la vaste étendue n'est bornée
que ysï iâ Guyane hollandaise, au nord, et,
au sud, par le Brésil. Le commissaire-géné
ral se montre-t-il trop pressé d'ouvrir à la
transporiation cette nouvelle carrière? Il faut
espérer que non.. On doit avoir confiance
dans son activité et dans le courage qu'il
sait communiquer à ses administrés.
Lorsque sera résolue favorablement la
question de savoir si le travail européen
peut s'acclimater et prospérer dans cette ré
gion , dont certaines parties sont malsaines
le gouvernement aura le droit de s'applau
dir d'avoir jeté les bases d'un établissement
colonial dont l'avenir seramagoiSroo Ta
plus vaste de toutes Its colonies ex j?W<" es,
l'Australie, a été fondée au ;s\oye.a à«i va
vail forcé. N'était-ce paj^aussi u*e
de travail forcé qu p le labeur si «.osfc-
et si honorable de ~\vX? a . armée d'At,
dans les plaines de ia Miiidia, oç.- tant ç «
vies précieuses «ut àû è 're cas ? liées peu
dant les travaux d'assaimjscaieï t fl ifi c om
munications? Le travail rnani"
lui des condamnés au profit de là colonisa
tion, on la verra, si le climat le permet, pro
gresser avec une rapidité surprenante.
La colonie pénitentiaire, fondée à Botany-
Bay en 1788, sur un sol désert et inculte, à
des milliers de lieues dé la plus prochaine
terre civilisée, réunit aujourd'hui soixante-
trois mille habitans; elle a cent soixante-qua
torze mille acres de terres cultivées et entou
rées de clôture ; un commerce des plus floris-
s.'m-, un mouvementanmiel de navigation de
108,000 tonneaux. Cette brillante colonie
n'a pas plus de soixante ans de -date; elle a
été commencée avec cinqcent soixante-cinq
hommes, cent quatre-vingt douze femmes
et un petit détachement de soldats. lis débar
quèrent sur. une plage déserteoù rien n'avait'
été préparé pour les recevoir, et plusieurs fois
dans le cours des premières années, la colo
nie naissante, en proie à la famine, fut sur
le point de périr, en laissant au monde le
souvenir d°une affreuse catastrophe. Mais il
y a une telle énergie de vitalité dans une so
ciété, si petite qu'elle soit, dont tous les
membres sont astreints à un travail constant,
que celle-ci résista à cette épreuve si terri
ble. Elle a pri.«, dtpuis lors, uûe merveil
leuse croissance.
La grande et utile entreprise que le gou
vernement tente à Cayenne est plaeée en
de bien meilleures conditions. Elle s'ap
puie d'abord sur un noyau de colonisa
tion très ancienne. Bien qu'elle n'ait jamais
pu prendre, une très grande extension, la
colonie de la Guyane française est peuplée
de près de vingt mille individus, dont mille
à douze cents de race blanche. C'est un
foyer de civilisation dont le voisinage adou
cira pour les transportée les souffrances d'un
exil d'ailleurs très doux.
La facilité et la promptitude des commu
nications avec la métropole est un autre mo
tif de sécurité pour la colonie nouvelle.
Botany-Bay, situé aux antipodesdè l'Europe,
était à la distance de près de quatre mille
lieues. Lors de sa fondation, la navigation à
vapeur n'était pas encore inventée, et les na
vires .à voiles expédiés d'Angleterre pour
approvisionner l'établissement pénitentiaire
mettaient six mois à faire la traversée. Ex
posés, pendantcc longespacedetemps, à tous
les événemens de nier, ils arrivaient rare-
ment p l'époque où leur pré;encet ûtéténéces-
s tire. Aussi, its colons volontaires ou prison
niers en furent-ils réduits aux plus dures ex
trémités. Plusieurs périrent d'inanition, en-
tr'autres une malheureuse femme qui, dans
sa détresse, avait mangé une quantité consi
dérable de blé en herbe. Dieu merci! une
telie épreuve n'est pas réservée à nos trans
portés. En comparaison de Botany-Bay,
Caytane est voisine de l'Europe ; les moyens
de communication sont prompts et tûrs, et
tout autour du nouvel établiss-ment se
trouvent des pays riches, des populations ci-
viiiséi s fit humaines.
A Botany-Bay,"il fallut avoir recours,dès le
principe, àlaîépressiou la plus rigoureuse;
car il eût été impossible au trement de mainte
nir dans le devoir une population de ce ca
ractère ^vec une très faible garnison. L'inti
midation suppléait à l'insuffisance du nom
bre des soldats ; les convicts vivaient sous
l'empire delà terreur; les moindres fautes
étaient réprimées par des châtimens terri
bles. Le vol d'un mouton fut puni de mort.
Les déportés travaillaient par èandes. sous
la conduite d'un commandeur qui les stimu
lait à coups de bâton. La peine du fouet leur
était appliquée avec la dernière rigueur pour
les omissions le* plus légères, et la nécessité
(•l'inspirer la crainte était si vivement sentie
par l'administration anglaise, ordinairement
très stricte dans la pratique des devoirs de la
morale, que les femmes mêmes étaient fouet
tées en public et de la manière la plus igno
minieuse.
Le régime disciplinaire auquel nos dépor
tés sont soumis est, au contraire, calculé de
façon à leur relever le moral. Le gouverne
ment veut leulr ouvrir, la vole de la-.réhabi -
litation, et tout ce qui pourrait tendre à les
dégrader à leurs propres-yeux sera évité
avec le plus grand soin. La bonne conduite,
le vrai repentir seront traités avec bienveil
lance, et c'est ainsi qhe prendra racine une
colonie peu à peu épurée et florissante.
Si l'espoir qu'il est permis de concevoir à
cet égard venait à se réaliser, la France çe
trouverait avoir réparé la perte du Canada ;
elle reprendrait, en Amérique, le rang qui
lui convient, et qui lui permettrait d'inter
venir dans les.destinées du Nouveau-Monde.
Un seul coup d'œil jeté sur l'état de l'Amé
rique suffira pour faire comprendre l'im
portance que peut avoir la colonie dont on
jette les bases, , •
Le mouvement d'émigration, enaqua jour
plus considérable, qui peuple les c«.-x A~,? -
,riques, tend à donner à ce continen.une oï-
fluence sensible daus les affaires du moneje.
La majeure partie de ce courut l'émigra
tion sè porte sur les Etats-Un^, chose re
marquable! la diversité des races agglomé
rées dans les limites de cette république n'a
pas donné naissance à des divisions intesti
nes. Le sentiment qui domine dans les dis
cussions d'Etat à Etat, comme, par exemple,
dans celles qui ont. pour objet l'esclavage,
est le désir de maintenir l'unité de la confé
dération. C'est un fait certain que l'émigrant
allemand ou anglais qui vient fixer sa rési
dence aux Etats-Unis éprouve tout aussitôt
une vive sympathie pour sa patrie d'adop
tion; il en est fier,, et il rêve pour elle la
gloire et l'agrandissement.
Il sera donc bien difficile d'empêcher
que l'Union" américaine s'étende un jour
sur tout le continent septentrional dont
elle occupe déjà la plus grande partie. Cer
tes ce ne seront pas les scrupules qui
l'arrêteront et borneront sa carrière. Elle
procède aux annexions de territoires, avec
un grand dédain pour les droits d'autiui. A
vrai dire, la confédération américaine n'a
que deux Etats à conquérir pour étendre sa
souveraineté sur toute l'Amérique du Nord.
Ces Etats sont : le Canada et le "Mexique.
Le Canada pourrait résister à la conquête,
surtout avec l'appui de la Grande Bretagne;
remis ses habitans désirent l'annexion. Cela
se comprend : il vaut mieux être citoyen
d'une république fédéraiive que sujet sou
mis à un gouvernement étranger. "Quant au
Mexique, ce n'est pas l'antipathie contre la
race anglo saxonne, ce n'est pas le désir de
la ripoussrr qui lui manquent, c'est la force
de se défendre. Livré à une dissolution inté
rieure cent fois plus dangereuse que l'inva
sion étrangère, il est ouvert à touies les en
treprises de ses hardis voisins.
Le sentiment de cette faiblesse, la certitu
de d'annexer prochainement la Mexique à la
confédération, sont tellement gravés crans
l'esprit de la population des Etats-Unis,
qu'elle croit pouvoir' détourner les yeux
de cet agrandissement, considéré comme
déjà opéré, et qu'elle dirige sés visées
beaucoup plus loin. Une _société secrète
très nombreuse, très influente, qui s'ap
puie sur les sympathies générales, M"-
toile vnique, dont nous avons publié les sta
tuts, s'est formée dans le but d'envahir les
Antilles, y compris la Jamaïque, Haïti et Cul
ba, et, en outre, d'arborer le drapeau de la
confédération sur les îles Sandwich.
Que celte ambition soit entièrement satis
faite ou qu'elle manque- son but en partie,
peu importe pour l'avenir de- l'Amérique.
Les Etats-Unis n'en pèseront pas moins sur les
.Stmvernemens'de l'Amérique méridionale
,'&• manière à .limiter - singulièrement leur
indépendance.
Dans cette dernière partie du monde, il
n'existe aujourd'hui qu'une puissance assez
fortement organisée pour.opposer une bar
rière ait drapeau étoilé de l'Union : c'est le
Brésil. Les républiques nombreuses et con
fuses qui se partagent le reste du territoire
sont dans un t l élat de désordre et d'im
puissance qu'elles n'existent en quelque sor
te que de nom.Ellesnecomptent pas dansles
. spéculations de la politique ambitieuse des
Etats-Unis.
Le Brésil est un vaste empire ; il obéit
à un pouvoir régulier ; la dynastie im
périale lui donne des élémens de stabi
lité. ; il s'est distingué surtout dans ces
derniers temps par une politique ferme et
libérale; il a fort habilement défendu con
tre l'Angleterre son indépendance, à la
quelle attentait indirectement la marine
anglaise, sous prétexte de répression de
la traite, et, en réalité, dans le but
d'obtenir certains privilégesxommerciaux.
Mais l'Angleterre est éloignée, tandis que
et Etats-Unis sont voisins. L'influence de
ee'o:c dernière puissance est bien plus
forte ; ell „ pourra devenir irrésistible* dans
toute l'Amérique. L'empire du Brésil est
peu peuplé;. des provinces frontières, sé
parées par des déserts du siège du gouver
nement, ont manifesté plusieurs fois des vel
léités de révolte. L'exemple des républiques
voisnes n'est certainement pas séduisant;
m-alsil se trouve partout de méchans esprits
qui sont prêts à édifier leur fortune sur les
ruines de la chose publique. Malgré la sa
gesse de son gouvernement, malgré l'impor-
lance réelle de ses ressources, le Brésil, livré
à'lui-même, n'opposerait peut-être qu'un
obstacle insuffisant à l'invasion de la race
anglo-saxonne.
Mais la Guyane française, devenue popu
leuse et prospère, lui servira d'avant-garde.
Unies entre elles, ces deux populations, ca
tholiques et d'origine latine, formeront un
rempart puissant. Le Brésil a le plus grand
intérêt à cette alliance, car si, par suite d'em-
pièiemens des Etats-Unis .dans l'Amérique
méridionale, la France peut voir annihiler
une de ses colonies, là du moins se bornent
les risques qu'elle court.
Au contraire, c'est l'indépendance et l'exis-
, tence même du Brésil qui se trouveraient
enjei dans cette affaire. C'est une raison
pour que cet empire se rapproche de plus
en plus de nous. Il existe entre le Bré
sil et nous des causes secondaires de dis
sentiment, telles que le règlement des fron
tières de la Guyane, et, par une déplorable
erreur, c'est à la Grande-Bretagne que le
Brésil a toujours fait appel, comme à
un médiateur, pour résoudre ce différend.
Or, le rôle de l'Angleterre est d'empêcher
toute union intime entre les deux nations.
On peut donc être sûr qu'elle ne cherchera
jamais à terminer d'une manière satisfaisan
te le débat qui nous divise. Vidons ensem
ble et sans intermédiaire nos discussions
déjà trop longues.
C'est en quelque sorte une affaire de fa
mille, cjr nous sommes de la même race et
• de "la môme religion. Si, comme nous l'es
pérons,la colonisation nouvelle de h Guyane
réussit et devient prospère, ,1e Bré >il éprou
vera plus que jamais l'utilité de ces liens
étroits qui doivent l'unir a la France, prin
cipalement dansi toutes les questions où il
s'agit des destinées futui%s de l'Amérique.
Denain.
DES TIMBRES-MARQUES.
Le commerce a une telle confiance dans
l'avenir que lui promet le gouvernement du
prince Louis-Napoléon, que, loin, de s'alar
mer de l'établissement d'un nouvel impôt,
il le provoque. • . ,
Toute l'industrie réclame la création du
timbre-marque-, dont la proposition a été
faite par M. Téron ; elle la réclame avec d'au
tant plus d'instance, qu'elle voit dans cette
mesure le moyen de moraliser le commerce,
de lui rendre cette haute considération dont
il jouissait autrefois; enfin, d'arrêter à tout
jamais ces concurrences déloyales de contre
façon qui inondent les marchés de mauvais
produits et ruinent les fabricans honnêtes.
L'établissement du timbre-marque a vive-_
ment préoccupé M. le ministre des finances.
L'aptitude de M. Bineau à résoudre les ques
tions financières les plus délicates , l'intérêt
qu'il a toujours témoigné au commerce,
permettent d'espérer le prochain établisse
ment de cet impôt, qui doit être simplement
' facultatif, mais qui peut devenir une des
branches les plus importantes des revenus
de l'Etat.
Si nous sommes bien informés, un projet
de loi pour la création du timbre-marque
avait été envoyé au conseil d'Etat en même
temps que les projets de nouveaux impôts
qui n'ont pas été discutés. Nous ne serions
pas étonnés que l'accroissement du revenu
public fournît les moyens d'équilibrer le
budget sans recourir à ces nouveaux im
pôts. Mais sans doute M. Bineau n'en per
sistera pas moins dans la création du tim
bre-marque, qui est surtout une mesure
d'intérêt commercial, quoiqu'elle doive en
même temps profiter au trésor.
Le projet envoyé au conseil d'Etat par M.
le ministre des finances était, dit-on, fort
simple. Mais l'examen, dont il a été l'objet,
a conduit à l'étendre. Approuvé en principe,
on n'hésite plus guères que sur le mo'de
d'exécution.
Ce.tte difficulté est d'autant o.'iy itfon-
"daire, que 'chaque maison de «w-ratree
a autant d'intéiêt que le gou7?ïiraient
à éviter qu'on, ne puisse abuser dt «es tim
bres-marques.
Aux termes de ce projet, chaque commer
çant qui veut préserver ses produits de la
contrefaçon fait la demande d'un timbre-
marque, qui est inscrite sur un registre avec
sa signature ; il fait connaître le nom despro
duits qu'il désire garantir et leur valeur ap
proximative; il dépose en même temps une
«omme de 300 fr. pour subvenir aux frais
de l'établissement de chaque timbre-marque
que le gouvernement fait-frapper dans les
trois mois. Au fur et à' mesure di chaque
demande de timbres-marques, dont le nom
bre ne peut jamais être au-dessous de S00,
chaque commerçant acquitte les droits, et
les quantités livrées sont inscrites sur un re
gistre spécial tenu en double par les em
ployés du gouvernement.
Il paraît que la pensée de M. Binean se
rait encore plus vaste et beaucoup plus
importante ; son intention serait d'appli
quer le, timbre - marque à tous les pro
duits en général. Cette mesure nous pa
raît d'autant plus réalisable, que l'adminis
tration pourrait frapper non seulement des
timbres-marques sur papier, mais encore de
légères estampilles sur métal que l'on adap
terait 'aussi bien aux machines qu'à tout au
tre produit. Au surplus, que l'on mette au
c r-1' « ji sic mode de procédé à inventer, pour
étàbl»*" vu'timbre-marque pour l'iadustrie ,
uni au timbre du gouvernement,
verrons bien vite ce léger problême
la manière la plus avantageuse pour le com
merce et pour le tréspr. I. BURAT,
Le conseil municipal de Dunkerque s'est
réuni dimanche pour la première fois, et il
n'a pas voulu se séparer sans voter une
adresse au prince-Président à l'occasion de
l'attentat projeté à Marseille. C'est la pre
mière qui nous parvienne, et nous croyons
devoir la reproduire :
A S. Â, I. le prince-Président, les maire, ad
joints et conseillers municipaux de Dunkerque.
« Prince,
» Le joiirhième où le conseil municipal de Dun
kerque, nouvellement élu, s'assemble' pour Ja pre
mière fois, un abominable attentat répand dans
la ville entière la consternation.
» Au milieu des acclamations de trente-cinq
millions d'hommes auxquels vous avez rendu le
repos et la prospérité, au sein d'un# ovation sans
exemple dans l'histoire des peuples, au début de
la glorieuse mission que le ciel vous a confiée, les
héritiers de Fieschis'app: étaient froidement à frap
per le père de la patrie, le sauveur de la civilisa
tion.
» Dieu, qui veille sur vous, ne l'a pas voulu.
Leurs coups ont été détournés, et le projet des as
sassins ne.faissera après lui que l'indignation con
tre les effroyables doctrines qui ne se lassent pas
d'enfanter tant de monstrueux desseins et une
reconnaissance unanime envers la Providence, qui
ne se lasse pas dé les confondre.
» Mais ce n'est pas assez. Un défi permanent est
porté à la France par les irréconciliables ennemis
de l'ordre social. Il est temps que l i France y ré
ponde en replaçant pour toujours, sur la tête de
l'élu du peuple et de ses successeurs, la couronne
i eu péri aie de Napoléon-le-Grand.
» 11 y a un an, à pareille époque, la démagogie
faisait des préparatifs menaçans. Elle le déclarait,
elle était sûre de vaincre en 1852 dans la lutte ef
froyable qui allait s'engager entre la barbarie et
la civilisation ; elle était sûre de vaincre, car l'a
veuglement passionné et coupable des anciens par
tis devait paralyser toutés les forces vives et con
servatrices de la société. C'en était fait de la Fran
ce!
» Visiblement guidé par la Providence divine, 1
vous avez vaincu l'anarchie et détruit le socialis
me. La société a été sauvée au 2 décembre.
» Grâce à vous, Prince, grâce à votre courageu
se initiative et à votre énergie, le calme règne
partout aujourd'hui, lareligion est respectée, la loi
est obéie, le crédit imprime au travail une impul
sion considérable. Jamais le pays n'a joui d'une
prospérité plus grande.
» Le conseil municipal de la ville de Dunker
que, interprète des senti mens de ses concitoyens,
s'empresse, en commençant ses travaux, de vous
MyHmer ses vives sympathies et sa reconnaissan
ce ; i ar l'acte mémorable que vous avez accompli;
» Mais qu'il lui soit permis de le dire : il faut à
un grand Elat comme la France, des institutions
fortes, stables et définitives. Vous avez rétabli
l'ordre dans le présent, vous puiserez dans voire
haute raison et dans votre patriotisme les inspira
tions nécessaires pour le consolider dans l'ave
nir. Vous compléterez ainsi l'œuvre 4mmense que
vous avez entr eprise et conduite jusqu'à ce jour
avec tant de boifiieur, avec tant de courag.e, avec
tant d'abnégation; et alors, confiante dans sa des
tinée, la France, heureuse et puissante, bénira en
vous,*Prince, le digne successeur de l'homme ex
traordinaire qui fit d'elle, au commencement de ce
siècle, la olus grande des nations.
» Ils sont avec le plus profond respect, etc.
(Suivent les signatures.)
» Dunkerque, le 26 septembre 1832. »
Indépendamment de Cette adresse, une au?
tre adresse des habitans de Dunkerque au
prince-Président, à l'occasion dû complot
qui indigne tous les amis dei'tçdre, est déjà
couverte de signatures. En voici le texte :
A. S. A. I. le prince-Président, les habitans de
la ville de Dunkerque.
» Prince,
» La ville de Dunkerque vient d'apprendre,
avec autant d'indignation contie les assassins que
de gratitude pour la Providence qui veille sur vo»
jours, l'attentat médité contre votre vie.
» Il est temps que la France réponde an défi
qui lui est sans cesse porté par les irréconciliables
ennemis de la civilisation, en assurant pour tou-*
jours son repos et ses destinées. -
» Vous avez recommencé l'œuvre de Napoléon-
k-Grajid en sauvant la patrie et l'ordre-social. 1
Mettez-y le sceau en acceptant la couronne impé»
riale que la nation entière replace sur votre tête;
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL, 30 SEPT.
SOUVENIRS
*
DU CHATEAU SE SCiatUO.
NAPOLÉON.
III.
Le Couvent de Klosterneubourg.—L'École écUctique
—Histoire d'une ég'ise et d'un voile blanc.—L'In
tendant Muller.—Exécution militaire.—Un Orsge
proYideRtiel.—Le Caporal-Empereur.—La Mère la
victoire.—Napoléon, pairain.—Le Sang français est
la Rusée de la'Gloire —Un Ane tué. — Une Poule
pour un œuf. — Le Prince de Metternicù, prison
nier sur parole à Grùnberg.
Il existe à quelques lieues de Vienne un
magnifique monastère situé dans' une belle
position sur le Danube*, à l'extrémité de la
petite ville de Klosterneuburg. Les religieux
qui l'habitent appartiennent à l'ordre des
ehanoiiiesréguliers de Saint-Augustin. Avant
les guerres et .surlout avant la révolution de
1848, qui a supprimé les dîmes et les cor-,
vées, ce couvent était fort riche ; seule,
la récolte annuelle des vins rangeait par
année Commune cent mille pièces dans
ses caves, formant trois étages superposés
et creusés profondément dans le sol. Il pos
sède encore un trésor où Fœil du visiteur
admire plusieurs merveilles de prix et un
grand nombre de souvenirs artistiques qui
rappellent au j résent l'histoire ou des lé
gendes du. moyen-âge. Un jour Napoléon,
accompagné de Mural, de Berihier et de Sé-
î>ast ; ani, se rendit à Klosierneuburg, et pé
nétra daus le couvent sans se faire annon
cer ; les religieux, qui se trouvaient dans ce
moment au réfectoire, le reconnurent aus
sitôt :
« Vous êtes très bien ici, leur dit l'Empe-
» reur ; achevez votre repas, car nous avons
» en F/ance un proverbe qui défend dè dé-
» ranger les honnêtes gens qui dîaent. '»
Il visita le monastère dans les plus grands
détails, admirant et critiquant teur à tour ce
qui lui paraissait digne d'éloges ou de blâma:
la vue du paysage^ aaia$ par les eaux rapi
des du Danube, lui plut beaucoup : ses de
mandes, ses réponses, ses observations char
mèrent et'surprirent à là fois les religieux
prévenus corair e tons les Autrichiens contre
l'heureux conquérant :
— Queile école suivez-vous en théolo
gie, mon père, demanda-Uil au supérieur,
celle de Saint-Augustin ou celle de Saint-
Thomas?
— Toutes les deux en ce qu'elles offrent
de meilleur, répondit le bon prêtre.
— Je" fais ainsi en toutes choses , répli
qua l'Empereur , comme vous je suis. de
l'école éclectique.
— Il faut avouer, aj ï>utale religieux qu'elle
réussit admirablement à Voire Majesté.
— Votre monastère est-il riche?
— Non, Sire.
— Pour quelle raison?
— Les enarges de la guerre l'ont ap
pauvri.
— Dans ce cas, Monsieur, je ne vous de
manderai que six mille florins en or, au
lieu de s vingt mille dont j'ai besoin.
Les religieux ne purent donner que deux
mille florins en or, les autres furent offerts*
en papier.
Après avoir accepté une légère collation,
et bu du vin de 1757, dans un verre que les
chanoines réguliers ont gardé précieuse
ment, Napoléon visita les caves, et rit beau
coup, à la vue d'un tonneau dont la capa
cité contient mille pièces, soit trois cent mille
litres. Eosi ite il visita le trésor, et se fit con
ter l'histoire d'un voile de femme conservé
depuis des siècles dans un riche reliquair. ;
cette hi?toire l'irit rasa, comme elle iutô-cs-
seia. sans doute nos lecteurs. La voici :
En l'an' de grâce -1200, le duc Léopoîd,
sur le point de perdre une bataille qui de
vait décider du sort de ses Etats, descendit
de cheval et,se mettant à genoux, ii jura sur
la croix de son épée de construire une église
si Dieu accordait la victoire à ses armes. Ce
vœu fut sans doute agréable au Si igneur,
puisque les ennemis, saisis tout, à coup d'u
ne terreur panique, prirent* la fuite et su*
birent plus tard les conditions du vainqueur.
Dès lors le duc, songeant â s'acqïiitter du
vœu qu'il avait fait en un jour de détresse,
parcourut avec Agnès, safemmebien aimée,
les environs de son château, car il voulait
choisir un lieu digne du temple que sa recon
naissance devait élever auSsigneur. Son iadé*
cisionentre la variété des sites enchanteurs
qui entourent Vienne durait depuis plu
sieurs mois, lorsqu'un soir, se promenant
atec sa belle compagne, Agnès lui dit :
* —11 e.-t temps, Seigneur, de Voys décider
à Unir la promesse que vous avez faite à
Dieu; un plus long retard pourrait nous
porter malheur.
Dans ce moment, une forte brise, s'élevant,
enleva le voilé de la- duchesse et l'emporta
au loin.
—Cette biise n'est pas naturelle-, dit le duc;
n'avez-vous pas senti, quand elle a passé
sur votre front, un parfum mille fois plus
embaumé que l'encens qu'on brûle le di-
maoçhe dans votre chapelle?
—C'estpeut-êlre un avertissement céleste,
répondit Agnès, suivons la direction de la
brise, et là où elle aura déposé mon voilé,
nous ferons construire l'église que vous de
vez à Dieu.
— Qu'il soit fait ainsi, ajouta le duc, et,
pendant plus d'une heure, il marcha dans
la direction du vent; mais toutes ses recher
ches furent inutiles; la nuit survint, sans
qu'il eût aperçu le voile de gaze enlevé par
la brise au front d'Agnè?. Comme- il avait
préparé pour le lendemain une grande par
tie de chasse, il songea à la cmitremander
pour con'/iiuer ses recherches ; mais la du
chesse l'en dissuada, disant que son ange
gardien conduirait ses pas vers l'endroit
où son voile s'était arrêté. Le lendemain
donc , de grand matin, les échos des fo
rêts voisines se réveillèrent au son du cor,
et Léopold, en compagnie de ses princi
paux . officiers, se mit en cita.-s"}. Le jour
commençait à baisser et il avait battu
1 s pl-iin set les. montagnes sans être plus
heureux qa" la veille, lorsque tout à coup
une biche blanche apparut à ses yenx. Ses
yeux, brillaient comme d>.-ux étoiles et une
croix lumineuse resplendissait au milieu
de son front. Le duc se signa au nom du
Père, du Fils et du S mit-Esprit, et il
suivit la biche, qir se dirigea vers le soin-
met d'une hauteur où les voix ds-s chiens
hurlaient d'une étrange manière. Il était sept
heures; le jour avait disparu, mais ia lune
répandait sur la montagne une clarté plus
éclatante que cêlle du soleil. La biche
marchait toujours; enfin tlïe s'arrêta au
point culminant d'une montagne, devant un
chêne vert. A sa vue, les chiens qui entou
raient l'arbre cessèrent leurs aboiemens ; et,
loin de s'élahcèr sur la biche, ils se roulè
rent à ses pieds, avec les manques d'une mys
térieuse terreur. Les yeux étoilés du mysté
rieux animal, fixés sur le chêne vert, sem
blaient ouvrir un chemin au regard du duc
qui, levant la fête, aperçut à l'un des ra
meaux de l'arbre le voile de la pieuse du
chesse. La biche disparut aussitôt.
L'église que l'on voit encore sur Jes hau
teurs du Léopoldsbergest l'accomplissement
du vœu du dac Léopold. Le voile blanc que
l'on voit ad monastère de Klosterneuburg
ejit le voile de la duchesse Agnès. »
Avant de prendre congé des chanoines de
■ Klosierneuburg, Napoléon donna l'ordre au
père procureur d'envoyer à Schœnbrunn
huit mille pièces du meilleur vin qu'ils pos
sédaient dans leurs caves, qui contenaient à
cette, époque cent vingt mille tonneaux. Unin-
teodaut, nommé Muller, fut désigné pour
expédier cette opération. Le surlendemain,
l'Empereur, passant la revue de sa garde
dans la cour de Schœnbrunn, vit arriver les
huit mille.pièces demandées; il en fit aussi
tôt défoncer uiie, et, prenant un verre des
mains de Savary, il porta ce toast : Je bois à
la France et aux braves soldats qui, par leur
indomptable valeur, l'ont placée la première
toi premier rang des nations !
Un immense hourra, suivi du cri de Vive
l'Empereur! se fit entendre sur toute la ligne.
En vidant son verre, Napoléon avait fron
cé le sourcil, car le vin qu'il venait de boire
était, d'une qualité secondaire, et ne ressem
blait en rien à celui qu'il avnit dégusté la
veille; il fit aussitôt appeler l'intendant et
lui demanda l'explication de ce changement.
Muller répondit on pâlissant que la cause
de ce changement ne pouvait être attri
buée qu'à la fatigue du. transport par une
température fort élevée, et quô deux joiirs
de repos rend; aient au vin sa qualité pre
mière. Cette réponse satisfit d'autant moins
/Empereur que les deux jours de repos s'é
coulèrent sans produire les résultas annon
cés : les vins restèrent détestables. Napoléon
envoya aussitôt Savary à Kiostcrncuburg
pour adresser les pîus vifs reproches aux
chanoines ; ceux-ci, qui s'étaient conformés,
strictement aux ordres reçus, n'eurent pas
de peine à prouver qu'ils avaient envoyé
* leurs meilleurs erûs. Les soupçons de Sava
ry se portèrent alors sur Muller, dont plu
sieurs fois déjà il avait suspecté la probité.
Voulan t avoir le dernier mot de cette affa ; re,
il interrogea les voituriers qui avaient
transporté les huit mille pièces, et il ap
prit par l'un d'eux que les vins avaient pas
sé par Vienne pour se rendre à Schœn
brunn. Savary n'en demanda pas davan
tage ; il remonta aussitôt à cheval et s'élan-
çaau grand galop sur la route de Vienne.
Les informations qu'il-'rapportait de Klos-
terneuburg le mirent immédiatement sur
la voie de la vérité. Avant la fin de la
journée, il apprit que Mûller avait changé
les meilleurs vins des chanoines contre une
pitoyable boisson, et avait réalisé de cette
inique transaction un bénéfice de cent vingt
mille francs. En apprenant cette nouvelle,-
l'Empereur devint furieux; l'intendant fut
arrêté la soir même et traduit dans la nuit
devant uo conseil de guerre.
A cette époque, la justice était expéditive.
Muiler avoua tout; le conseil de guerre le
condamna à la peine de mort. Quelques
membres du tribunal militaire voulurent
qu'il fût pendu sur un tonneau, l'un d'eux
môme proposa qu'il fût noyé comme un
chien, une pierre au cou, dans le Danube.
L'Empt reur décida qu'il serait fusillé dans
les vingt-quatre heures, après avoir été dé
gradé de §es insignes. Mûller subit sa peine
dans la cour n<ètae et devant les caves du
couvent de Klosterneuburg. ,
L'Empereur ne se contentait pas de passer
des revues à Schœnbrunn, il visitait souvent
les différens corps d'aniée qui occupaient
les environs de. Vienne. Surpris une fuis par
un violent orage, il se réfugia, ainsi que sa
suite, dans une cabane voisine. Les éclairs et
les éclats de la foudre se succédaient sans
intervalle; le ciel était tout en feu.
— Il me semble, dit Napoléon, que les
saints du paradis donnent au bon Dieu une
représentation de la bataille de Wagram.
Daus un coin de la cabane, sur un mon
ceau de feuilles sèches, recouvert d'un lam
beau de toile, se trouvait couché un petit
enfant malade. Sa mère, jeune femme que
la présence inattendue de Napoléon fit tres
saillir, cherchait à réchauffer ses lèvres par
le feu de ses baisers maternels.
Napoléon s'approcha d'elle, et, Finterro-
. raconta" en quelques mots : Enfant, elle n'a
vait point connu sa mère, morte en lui don
nant le jour; jeunelille, son père s'était noyé
par accident dans le Nil ; plus tard, mariée
à un officier de l'armée d'Orient, un boulet
de canon l'avait rendue veuve à vingt ans;
enfin, la destinée l'avait conduite en Autri
che, où la charité d'un riche seigneur l'a
vait recueillie dans l'humble cabane qui
devait un jour abriter aussi contre l'oura
gan du ciel la plus grande majesté de la
terre. L'Empereur sourit à ce compliment
oriental, et. lui prenant la main, il lui de
manda quelle rente suffirait pour la mettre
à l'abri de la misère, elle et son fils ; elle ré
pondit que deux cents francs serait une for
tune pour son enfant.
— Deux cents francs I s'écria Napoléon,
vos désirs sont trop modestes... je vous don
ne une pension de douze cents francs et je
me charge de l'éducation de votre fils.
La pauvre femme se jeta -aux pieds de
l'Empereur et les couvrit de larmes.
—C'est la première fois, dit Napoléon en
remontant à cheval, que j'ai mis pied à
terre pour éviter un orage; j'avais le pres
sentiment qu'une bonne action m'atten
dait là.
Par une de ces nuits d'insomnie qui, pour
lui, étaient si fréquentes, Napoléon réveilla
Roustan, revêtit son uniforme de chas
seur, et, couvert d'un manteau blanc de
cavalerie, il descendit dans les jardins de
Schœnbrunn. La nuit était calme, le ciel par
semé d'étoiles; le repos de la terre endor
mie n'était interrompu que par le bruit des
pas des sentinelles ou le chant des rossi
gnols. L'Empereur paraissait soucieux. Qui
sait? cette nuit-!à peut-être il rêvait au
Kremlin ! Après s'être promené silencieuse
ment près d'une heure sous les grands ar
bres qui jadis avaient abrité Marie-Thérèse
et Marie-Antoinette, il songea à rentrer au
château. Avant de remonter dans son ap
partement , il entra, sans être aperçu, dans*
le corps-de-garde situé dans la grande
cour ; les hommes, en attendant leur
tour de faction , dormaient sur le lit
de camp; le sergent et deux caporaux £
le dos tourné contre la porte, jouaiert
aux cartes, et se plaignaient des passe;
droits. L'un d'eux, surnommé 1 Empereur
par ses camarades, disait : — J'ai mérité cinq
fois la croix-d'honneur. — Moi, disait le set
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