Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-09-29
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 29 septembre 1852 29 septembre 1852
Description : 1852/09/29 (Numéro 273). 1852/09/29 (Numéro 273).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
tfCSIÉRO 275.
SUHIÎ1A.US.-; rue de WmM®ia (I?alai*
1833•- — MERCREDI 29 SEPTEMBRE.
tajsatSiKras^sîssaascs:!
Prix do l'abouncment.
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g FR. pour trois mois.
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32 fr. four L 'année.
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un numéro : 15 centimes.
ponu les pats étrangers , se repor
ter au tableau publié dans le jouri al,'
les 10 et 2b de chaque mois.
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JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
tS'aârzmr, flraaco, pour la rédaction, «î Mi' C 'JCERVAt-f iAEiaaY f rédacteur ea chef, | Cm iah- »4e. dans les dîp'irtzwz,]. ■: Si c» >g~riet *i &w vj -m p c < —A Londrc-, chez MMï.Cowie et fils. §
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IP&isr î'&mœaée. . . . S 21 fr. -
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TIONNEL est au-dessous de celui de tous les
-iournaux politiques.
PÂIIIS5 28 SEPTEMBRE
Nous reproduisons l'article suivant, qui
vient d'être publié dans le Moniteur, et qui
confirme les observations que nous avions
'présentées nous-mêmes au sujet des négo
ciations commerciales entre la France et la
Belgique. ■
NÉGOCIATIONS COMMERCIALES ENTRE LA FRANCE
ET LA BELGIQUE.
Le gouvernement français, pendant tout
le cours des dernières négociations commer
ciales avec la Belgique, a manifesté constam
ment les intentions les plus conciliantes. Il
a dit nettement, saus. hauteur comme sans
arrière-pensée, cequ'ii voulaiten obtenir, ou
concéder ou i\ fuser. Il n'y avait eu aucune
. ambiguïté dans son langage lorsqu'il s'agis
sait de négocier; il ne pouvait y avoiraucune
hésitation dons sesaetes lorsque, après avoir
expressément réservé. Le tarif sur lés houilles
entrant en France par la voie de terre a été
porté de 15 à 30 centimes par 100 kiiogr.
Cette mesure, juste en principe, modérée
dans la forme et dans ses effets, semblait
inattaquable. Cependant certains journaux
- de la Belgique en font ua. sujet de plaintes
contre le gouvernement français. Il importe
de ne pas laisser sans réfulation des alléga
tions de nature à égarer le bon esprit du
peuple belge, et à lui faire oublier 1 .s in
tentions franches et loyales que la France
n'a cessé de lui témoigner.
On dénonce le langage du gouvernement
français comme dur et impératif. Des in
jonctions blessantes, même pour la plussus-
ce'ptible délicatesse, n'ont point été Mies à
la Belgique. Ce ton n'aurait-pu se concilier
avec les dispositions bienveillantes que le,
gouvernemeut français lui a montrées pen
dant et même après Jes dernières conféren
ces. La France, par une note du 9 août, s'est
humée à exprimer son intention en termes
netSHt pressans; nets, parce qu'il fallait échap
per au dilatoire et obtenir une réponse précise;
pressais, parce qu'il était urgent de prendre
immédiatement des mesures. Cette note.n'é-
tait point, comme on voudrait le faire croire,
une bombe qui, éclatant tout.à coup, devait
blesser le cabinet de Bruxelles; elle repro
duisait seulement, sous une forme plus
brève et plus nette, une demande présentée
. déjà dans mainte circonstance, soit directe
ment au ministre belge à Paris, soit indirec
tement à Bruxelles par l'intermédiaire de
notre ministre. La date dçs communications
verbales ou écrites qui ont été faites à ce su
jet pourrait, au besoin, être citée.. Ce n'était
donc point une sommation que le "gouverne
ment français adressait, de prime-abord, le
9 août, au ministère belge,- c'était le résumé
des explications précédentes.
On se montra surpris et on présente com
me un projet imprévu et soudain l'élévation
du tarif sur l'entrée des houilles. La Belgi
que n'a pas été surprise. Elle savait à quoi
s'en tenir; sans cela, les négociateurs n'au
raient point particulièrement insisté pour
obtenir, par une clause formelle, le maintien
du tarif à 15 centimes sur les houilles. Cedé-
sir, manifesté dès le point de départ des né
gociations, a été comme la base de toutes les
combinaisons proposées depuis par la Belgi
que. Non-seulement elle redoutait l'adoption
4e cette mesurepour le cas où le traité de 1845
ne serait pas renouvelé, mais encore pour le
cas où il serait prorogé jusqu'au 31 décem
bre. Aulr». Eimt^rurq.ioi au» ii^-e le insisté
afin d'ool n r >e m \ l. 11 du f c i> à 15 -cen
times. ( 11 e liangp de la proi c„atiou du trai
té d 1 18T> ja -qu'au 31 d c mbre t
Le gt >iv( iiiemtiU tj.*» cais, «'ailleurs, ne
lui a\ it laitue ilh - ioj a cet égard.
Rien u-égalé la persistance de la Belgique à
demander le maintien du tarif sur les houil
les, si ce n'est la persistance de la France à
refuser c; tte concession pendant les derniè
res conférences.
On incrimine comme Vue prétention con
traire aux devoirs constitatioantlj du mi
nistère belge la demande que lui faisait la
France de remettre immédiatement en vi
gueur le traité de 1843. C'est donner une
bien fausse interprétation des pensées du
gouvernement et montrer en même temps
ut) oubli bien profond des véritables prin
cipes coiiKiitoiioruiels. Le gouvernement
français n'a jamais entendu que le ministère
helge se passât deja participation des cham
bres pour uq acte qui exigeait leur con
cours, mais.il a présumé que 1 le ministère
pourrait, dans un cas aussi urgait, accepter
ses propositions et recourir à un bill d'in
demnité, ou bien-convoquer immédiate
ment les chambres. Il n'y avait là rien que
de très régulier et de très constitutionnel ■;
les négociateurs be!g> s, à un autre moment,
ne s'étaient pas montrés opposés à ce projet;
le ministère lui-même l'a exécuté en partie,
puisqu'il vient de réunit' les chambres ; seu
lement. pour Jes convoquer,-'il a cru devoir
attendre que le tarif sur les houilles fût éle
vé; le gouvernement français, lui, croyait
que la convocation pouvait tout aussi bien
avoir lieu, et en temps plus opportun, avant
l'adoption de cette mesure.
On prétend que les tarifs généraux de la
Belgique sont plus favorables à la Frar.ce
que les tarifs généraux de la France ne sont
avantageux à la Belgique. Là n'est pas la
question. Il s'agit de savoir si en Belgique les
tarifs du droit commun' sont aussi favorables
à la France que ' l'étaient les tarifs du droit
conventionnel consacré par le traité de 1843.
Or, il suffit d'énoncer cette question pour y
répondre négativement.
On objecte que le traité de 1845 était dé
savantageux à la Belgique. Ce jugement est
loin d'être sans appel, car, dans ce moment
Sinême, l'industrie linière protesie contre
cette sentence. Mais on oublie .que les prin
cipaux avantages accordés par la France ne
portaient, point sur des articles compris dans
le traité. Ces avantages étaient continués à la
Belgique, non par la convention, mais à
cause d'elle,c'est-à-direàcause des privilèges
qu'elle nous assurait pour Certains de nos
produits. Et d'ailleurs , en demandant la
prorogation du traité de 1845.1a France s'é
tait, clairement expliquée; file voulait arri
ver à la conclusion d'un traité définitif : or
ce traité aurait t» modifier et améliorer ce
lui de 1845. ~ '
On a«sure que le gouvernement'français a
pu obtenir la remise en vigueur provisoire
du traité de 1845. C'est encore une erreur.
Dans le .cours des dernières conférences, il
n'a point été présenté à la France de.combi
naisons sans què le maintien du droit sur
les houilles fût proposé comme l'équivalent
de la-prorogation, et, après la conclusion de
la convention littéraire, ce n'était plus le
traité de 1845 que la Belgique consentait à
remettre en vigueur, puisqu'elle voulait
préalablement en retrancher la faveur ac
cordée à nos fils et tissus de laine.
Ces explications simples et précises étaient
devenues nécessaireaaprès des récits inexacts
qui auraient fini par dénaturer la question.
Le gouvernement français, qui, dans toute
cette affaire, a montré autant de droiture
que de madération, avait à cœur de mainte
nir le débat dans la ligne de la vérité.
DÉPÊCHE ÉLECTRIQUE.
Bruxelles, 28 septembre.
La chambre des représentai vient de
nommer son président.
M. Delahaye a obtenu 54 voix.
M. Verhaegen, candidat du gouvernement,
n'en a obtenu que 46.
Ce vote emporte la retraite du cabinet.
Lesjournauxde Marseille reçus aujourd'hui'
ne nous apprennent rien du complot qui a
été découvert dans cette ville. Aucun nom
propre nVst prononcé; mais doue liions dons
ia Sentinelle « On assure que 1rs cou ni) 1 ^ ann .1 tien
nent à la Société des Vengeurs. Nous aimons
à croire, pour l'honneur de ùos voisins et de
tout le Midi, que cette société ne compte que
des étrangers à la France. » -
La Gazette du Midi rectifie le nom de grand
chemin de Rome qu'elle avait donné au théâ
tre choisi pour l'attentat : c'est eu effet dans
une maison, sur le grand chemin d'Aix, que
la machine infernale a été trouvée. 1
« A part la désignation du lieu que nous
venons de rectifier, tous Tes autres détails
sont pleinement, confirmés, la deserîption
que nous avons donnée de la machine éma
nait des meilleures sources. Cette machine
consiste bien, comme noe>s l'avons cîit, en
deux rangs de- cartouches semblables à
celles des artificiers , superposées comme
des tuyaux d'orgue ; c'e st l'idée dé Fies-
chi, mais perfectionnée par une main habile.
Pour prévenir toute déviation dans le tir,
l'auteur de cet instrument de mort avait eu
soin d ossnjétir fortement les cartouches en
tre deux-planches.
» On sait maintenant d'une manière posi
tive que la machine infernale devait être
placée dans une salle à blé au faubourg
Saint-Lazare, vis-à -vis ia chapelle de l'an
cien hospice. Déjà l'on avait disposé à une
fenêtre les mou tans qui devaient retenir
l'instrument de mort. »
Nous reproduisons ces détails sans pouvoir
affirmer qu'ils soient aussi exacts que le
prétend la Gazette du Midi. Nous ajouterons
qu'il'nous a été rapporté que les tubes
étaient placés la lumière en dessous, et
• qu'une rigole en cuivre, formant une sorte
de bassinet continu, devait recevoir la poudre
d'amorce de façon à ce que l'explosion fût
aussi simultanée qui possible. D'après d'au
tres bruits, cette machine aurait été-confec-
tionnée dans l'arsenal de Toulon, d'où elle
aurait été enlevée par pièces détachées. Cela
expliquerait la perfection du travail.
En livrant ces faits à la curiosité du pu
blic, nous sommes certains de ne nuire en
aucune façon aux recherches de la justice.
Nous avons voulu seulement moutrer que
rien n'avait été négligé pour rendre l'instru
ment de destruction aussi formidable que
possible, et qu'une fois entr és dans une voie
perverse, certaines nature s se reculent plus
devant aucupe conception pour arriver à
leurs lins. , • l. boniface.
On lit ce soir dans la Pairie :
« La machine infernale dont la police a fait la
découverte à Marsîille était construite avec beau
coup d'art et d'habileté. Les officiers d'artillerie
appelés comme experts ont constaté qu'elle etdt
étibhe de manière a. produire des eftets terribles
et à mettre ceux qui l'aurakut tirée à l'abri de
toute atteinte. » '
L'instruction du complot de Marseille se
poursuit avec activité. C'est la cour d'Aix
qui connaîtra de cette affaire.
L'épouvantable attentat qui vient d'être
découvert et prévenu à Marseille, en même
temps qu'il attriste les âmes, témoigne aussi
qu'un gouvernement plein de dévoûment et
de patriotisme veille sur toutes les menées
qui peuvent s'ourdir dans l'ombre; son ac
tive vigilance ne peut être mise en défaut,
On fut moins heureux sous la monarchie de
Juillet, la machine Fieschi joncha les bou
levards de nombreuses victimes.
Il nous en coûte d'autant moins de;louer
le zèle et l'habileté qui ont assuré la décou
verte du complot de Marseille, qu'au sein
du Corps Législatif nous avons pu défendre
publiquement la création du ministère de
la police générale. Le lendemain d'une
révolution qui a réveillé toutes les mauvai
ses passions des bas-fonds de la société, il
importe qu'aucun moyen de surveillance ne
soit négligé. Il faut que les jnéchans trem
blent, pour que les bons se rassurent.
D r L. VÉROM.
Nnus avons parie récemment de-la vaste
S^cOCiailOll Qui o taux Etats-Unis
pour arracher aux puissances européen
nes les colonies qu'elles possèdent encore
dans les mers et sur le sol du Nouveau -Monde.
L'esprit de conquête qui domine le peuple
.américain va avoir bientôt un autre théâ
tre où s'exercer. Le Mexique lui offre une
proie bien plus facile et plus riche encore
que Cuba, la Jamaïque ou la Guadeloupe.
Les derniers jours de ce malheureux pays
semblent afrivés. Le général Arista a été
impuissant à arrêter la désorganisation qui
y détruit tous les ressorts du gouverne
ment, tous les liens de la société. La moindre
tentative d'amélioration, le moindre sacrifi
es imposé aux habitudes #ou aux intérêts'de
la population, provoque aussitôt des touîè-
vemens où s'épuisent la force du gouverne
ment et les ressources du pays.
La tentative essayée psr un chef de rebel
les ou plutôt de contrebandiers, pour piller
la douane de Matamoras, vient a peine d'être
réprimée, etle calme est à peine rétabli dans
les' provinces du nord, que des insurrections
nouvelles éclatent au centré. A Mazatlan, la
population a cba?sé le gouverneur et em
prisonné les employés des douanes, tout en
proîéstànt de ta fidélité aux lois et à la
Constitution. À Cordova, un officier du
nom de Rtboiiedo a proclamé un gouverne
ment insurrectionnel, et levé des troupes
pour défVndre l'honneur et assurer les li
bertés de la patrie. Le véritable objet de
mouvement était de mettre la main sur une
conducta, c'est-à-dire sur un convoi d'argent
que le gouvernement dirigeait sur laVerâ-
Cruz. Ce convoi, qui s'élevait à plusieurs
millions, était destiné-aux créanciers anglais
du Mexique. Les autorités mexicaines ont
fait partir de Vera-Cruz un corps de troupes
de ligne et une partie de la garde nationale,
qui sont allés au-devant du convoi jusqu'à
Jalapa. Mais le convoi était déjà à Perote,
d'où il a. continué sa route sans encombre.
U11 autre détachement de troupes avait tn
effet rencontré Rebolledo et l'avait battu.
Malgré cet échec qui faisait manquer l'ob
jet de son mouvement, Rebolledo n'a pas
voulu déposer les armes.. Il s'est jeté sur
Naoliado, où il a recruté des partisans, et où
il s'est mis en état de tenir la campagne et de
prêter main-forte à un autre insurgé. Un
certain GregorioDavili a excité, en effet, un
soulèvement à Guadalajara, et a fuit recon
naître son autorité par l'évêque, le chapitre
et Ta municipalité. Plusieurs des.villes de
l'Etat : Etsatlan, Tonila, Tequila, Santa-Ana-
Tepetitlan, ont également reconnu son au
torité, et plusieurs détachemens de troupes
lui ont fait leur soumission. Pour faire ap
précier le nature de ce mouvement, il suf
fira de dire que Davili a fait sortir des.pri
sons de Mescala 400 criminels auxquels il
a donné des armes et qu'il a enrôlés dans ses
troupes.
Le gouverneur Lopez, expulsé de Guadala-
jara,a transporté à Lsgos sa résidence,et s'y est
fortifié, en attendant des renforts de Mexico.
On répandait le bruit que d'autres soulève-
mens allaient éclater, etqueS.mta-Arma était
derrière tout ce mouvement. C'est un bruit
qui renaît chaque fois que des troubles écla
tent au Mexique, c'est-à-dire de moisen mois.
Mais siSanta-Anna pouvait débarquer sur un
point quelconque du Mexique, il est certain
qne son apparition serait un grave embarras
pour le président Arista et déterminerait
peut être sa chute. Il serait étrange que ce
vieillard septuagénaire et mutilé consacrât'
ses derniers jours à une nouvelle révolution,
et vouiût, pour couronner sa carrière, con
sommer la ruine de cette république qu'il a
fondée. La confédération mexicaine, à quil'on
a fait trop tôt le funesteprésent d'une indépen
dance qu'elle ne pouvait ni supporter ni dé
fendre, n'aura pas vécu mie vie d'homme-. L
Mixiqur s'ui v. aujourd'hui par lambeaux,
et si les élections de cet automne fout monter
sur le siège présidentiel des Etats-Unis le
candidat des démocrates, c'est-à-dire du parti
favorable à toutes les conquêtes, le démêlé
relatif à l'isthme de Tehuentepec deviendra
en 1853, un prétexte tout trouvé pour un
nouveau démembrement, sinon pour l'as
sujettissement du Mexique.
cucheval- clarigky.
ELECTIONS.
Ds même que MM. Cavaignac et Carnot,
M. Hénon, élu à Lyon, s'était refusé à prêter
serment.
M. C tbias, candidat du gouvernement, a
été élu en remplacement de M. Hénon. Il
avait pour concurrent M. Dupont .(de l'Eure)
Les nouvelles reçues ce soir du Puy-de-
Dôme et de la Lozère annoncent des résul
tats pareils. L'élection de MM. Pennautier
et Desmolles était certaine d'après les résul
tats déjà connus des scrutins.
; Le prince-Président est à Toulon depuis
hier. Oa verra par les dépêches qui suivent
l'accueil qu'il a reçu dans cette ville, et ce
qu'à été ia, journée du 26 à Marseille. Le
vaisseau le Napoléon, à bord duquel le prince
Président a fait la traversée de MarstiUe à
Toulon, était escorté par les corvettes à va
peur la la Rti11e-R0rtev.se, le Prony et par
l'aviso à vapeur VEchnreur.
Marseille, .26 septembre, 3 h. 30 m.
Le prince vient de poser lâ première pierre de
la nouvelle Bourse. Au discours étendu que lui a
adressé le président de la chambre du commerce,
S. À. a répondu qu'elle se félicitait de'donner ce.
témoignage d'intérêt au commerce de Marseille et
que son désir était que Marseille, de plus en plus
florissante, concourût à réaliser cette grande pen
sée de l'Empereur que la Méditerranée devait ctre
uft lac français.
Le prince part pour la revue ; il reviendra à
Marseille pai' le port sûr la frégate la Reine-îlor-
tensc.
Marseille, 27 septembre 8 h. 1/2 matin.
Hier la journée a été superbe de toute manière.
L'enthousiasme, a' éclaté partout avec une violence
toute méridionale. Le discours du prince en po
sant la première pierre de la cathédrale et ses pa
roles eu posant'celle de laBourso-, feront époque à
Marseille'.
Le bal a été magnifique. Jamais le prince n'a
reçu plus d'applaudissemens èt plus d'acclama
tions.
La saaté du prince est excellente.
Marseille, 27 septembre, 11 h. matin.
Le temps, qui menaçait hier matin de rester à
la pluie, s'est élevé vers une heure, au moment où
S. A. s'est rendu à la cathédrale pour assister à
une messe basse et poser la première pierre de l'é
glise de k Major.
S. À. a assisté ensuite à la joùte et à la pose de
la première pierre de la nouvelle Bourse, et a passé
on revue toutes les troupes:
A quatre heures 33 minutes, S. A. s'est embar
qué au-dc,-sus du Prado à bord du vapeur la Reine
Horlense; elle a fait le tour des îles et est rentrée
à Marseille à six heures cinq minutes.
Sur tous les points parcourus, la population n'a
cessé de faire entendre les cris de Vive VEmpe
reur ! Vive Napoléon III !
S. A, jouit d'une santé parfaite.
Marseille, 27 septembre, 11 h. 13 m. du mat.
La revue du Prado avait attiré un concours im
mense de popul tion. Le trmps est magnifique.
Les cris de : Vive l'Empereur ! sont pou-sés tous
à la fois par les soldats au défilé et par la foule
des.spectateurs.
Le prince distribue des croix de la Légion-
d'ffonneur, et, après la revue , il se rend, par la
route du Prado, jusqu'à la mér, où il est attendu
par la frégate la Reine-IIortense. 11 visite le port
du Frioul, et rentre dans Marseille par le grand
port à travers une forêt de navires pavoises. Tous
les matefots sont sur les vergues, la population
e^t entassée-sur les quais, sur les to:ts. Plus da
soixante milie personnes poussent à la fois le cri
de Vive l'Empereur ! L'ivresse va croissant, quand
jl remonte en voiture à la Cannebière. Partout les
flots de population électrisés,toutes lesfamilles soi.t
aui fenêtres, et toutes les voix acclament l'Empire.
Toutes les paroles, du prince circulent en. ville,
tous les cœurs sont à lui.
Marseille, 27: septembre, midi.
- Quand le prince sVst rendu au bal, à neuf heu
res du soir, il a trouvé sur son passage la popu
lation tout entière agglomérée pour renouveler avec
enthousiasme les acclamations de la journée. Tous
les rangs, toutes les classes de la société étaient
confondues dans le même sentiment d'amour et
de respect. La ville était, comme la veilie, res
plendissante de lumières. Cinq mille per.-onnes se
pressaient déjà dans les satons de l'Hôtel-de-
Ville quand le prince a paru. Les cris de Vive
l'Empereur! et les plus vifs applaudissemens ont
salué'son arrivée et se renouvelaient à chaque
instant. Il a ouvert le bal. Les mêmes vivats, les
mômes applaudissemens ont éclaté à son départ.
Sur tout son passage, la foule était aussi nom
breuse et aussi animée à onze heures et demie du
soir que dans le reste de la journée.
Le prince est parti le matin à neuf heur&s pour
Toulon. La foule était immense sur son passage;
même cri , même enthousiasme que dans la
journée.
L'archevêque d'Ephèse, envoyé du saint-père,
accompagne le prince à Toulon.
Toulon, 27 septembre, 3 h. 1/2 soir.
Le prince vient de débarquer après la plus belle
traversée, accompagné de l'escadre et de tous les
bàtimens à vapeur de la rade, une acclamation
universelle, enthousiaste, un seul cri de Vive'
l'Empereur \ l'ont suivi de la calle du fort à la
préfecture maritime. It ' est impossible de rendre
un pareil spectacle.
Toulon, 27 sept., 4 h. du s.
Le prince entre à Toulon; l'enthousiasme est
impossible à rendre. La marine a poussé un seul
cri de : \ ive l'Empereur ! et la ville toute entière
y a répondu. L'egcaùre a salué de ses milîe canons.
Toulon et sa rade offrent un spectacle aussi im
posant que magnifique.
Toulon, 27 septembre, 4 h. 1/2 du soir.
Le prince a débarqué à l'arsenal à deux heures
cinquante minutes. S. A., escortée des autorités
civiles et militaires, s'est rendue à pied à la pré
fecture maritime, au milieu d'un immense con
cours de populations qui l'ont salué des plus vives
acclamations et qui n'ont cessé de faire entendre '
le cri de Vive l'Empereur !
La santé du prince est parfaite.
Bans une heure, revue des troupes de terre, et
de mer.
Marseille, 2G septembre, 4 h. -du soir.
Réponse du prince au discours de. Monseigneur
l'évêque de Marseille,
Monseigneur,
^ Je suie piofondément touc!:é des remer-
cîrneus que vous m'adressez au nom de la
religion-et de la société qu'il m'a é é donné
ele défendre dans des temps difficiles. La
religion est, comme vous l'avez bien dit,
la base de toute société et de tout gouverne
ment qui a le sentiment de ses destinées;
c'est elle qui fait ma force et qui me guide
dans la yoie où je marche ; j'espère que vos
prières appelleront les bénédictions du ciel
sur l'entier accomplissement de la mission
que je tiens de la confiance du peuple fran
çais. -
Nous empruntons au Moniteur quelques
détails sur le voyage de prince-Président de
Valence à Avignon ■
Partout sur les deux rives, du côté de
l'Afdcch"^ surtout où les villages touchent
au fleuve, on voyait des arcs-de-triomphe,
les autorités assemblées, les populations
massées. A La Voulte les ouvriers mineurs
avaient dressé un arc de triomphe avec cette
inscription : A Louis - Napoléon, empereur!
Au marnent du passage du prince, ils ont
fait jouer la mine, pour donner le spectacle
d'un énorme rocher éclatant dans les airs.
Au passage des ponts, on fait descendre sur
le fleuve des couronnes , des fleurs, des
adresses.
« Ici, dit le Moniteur, ce sont les ouvriers du
canal de Pierrelatte montés sur de petits bateaux
pavoisés; là, le bourg Saint-Andéol, paré coaune
pour une fête religieuse, a placé sur upe terrasse,
au bord Su Htiône, une rangée de jeunes filles qui
font pleuvoir des fleurs; les cloihes sonnent, le
tambour bat, ■ ur>e immense population est sur le
rivage, et le bateau passe aux cris de Vive l'Em
pereur!
«Pont-Saint-Esprit, les murs, les édifices, les
toiis des maisons sont chargés de spectateurs ; un •
arc de triomphe s'élève sur le pont, portant ces
FEUILLETON DU CONSTITUTIQpEl, 29 SEPT.
SOUVENERS
M CHATEAU DE SCÏIMRIM
. NAPOLÉON. 1
ii.
Visite nocturne de Napoléon aux caveaux funèbres
de l'église des Capucins. — Générosité du peu
ple autrichien. — One-sœur hospitalière. — Fu
nérailles d'un colonêl autrichien. — Dispositions
de l'amiée française. — Lu pipe du général Ou-
dinot. —Hominage rendu par Napoléon à la fidé
lité d 'un vieux royaliste. — Appréciation de la ré
volution française par Napoléon. — Une jambe sas-
sée. — La fortune vient en dorisant.
Les Viennois n'aimaient point l'Empereur,
mais ils l'admiraient ; ils courbaient diffici
lement leur front sous le joug dû conqué
rant,, mais ils rendaient justice à l'élévation
de l'intelligence et à la puissance du génie
du capitaine.. Ils possédaient à un trop haut
degré lé sentiment de la nationalité pour
courtiser le triomphateur, mais ils Je véné
raient assez pour lui témoigaer en toute oe-
casion l'hommage du respect qu'on doit aux'
natures supérieures ; plusieurs fois même à
leurs" yenx< le conquérant disparut dans le
grand homme. Déplorant les malheurs qu'en-
- traîne toujours fatalement avec elle la guer
re étrangère et traduisant là cause de ces
malheurs, par un seul nom, Napoléon,
ils savaient apprécier tout ce que ce nom
renfermait de prestige et de merveilleux.
Le temps qui détruit si facilement les sou
venirs vulgaires , n'a pas effacé cette ap
préciation. Les Viennois de 1832 jugent
Napoléon comme .les Viennois de 18tlS
et de ISO® l'ont jugé : ils le considèrent tou
jours comme l'oppresseur de leur pays, mais
ils le regardent encore comme le plus grand
sa|itaiae de? temps modernes; leurs anti
pathies mêmes se sont adoucies devaut l'ex
piation et ia tombe de Sainte-Hélène, ils ont
mis un crêpe sur leur haine; dans les ima
ges napoléoniennes-qu'ils conservent avec
un culte re ligieux dans leurs palais et leurs
chaumières, ils'ne voient plus que le héros.
La grande figure de Napoléon couché dans
son triple cercueil, est devenue pour eux le
type du génie, la personnification vivante de
la puissance humaine; c'est un bon, un jus
te et noble peuple que le peuple. d'Autriche!
Dans les commencemens du mois d'octo
bre 1809, par une pluie froide et pluvieuse,
l'Empereur, accompagné seulement de Rapp
et de Duroc, se rendit à Vienne ; silencieux
et seul assis au fond de la voiture, il parais
sait recueilli , livré à de graves réflexions :
a Je veux que le diable m'emporte, dit à voix
basse Rapp à son compagnon, si je sais ce
que nnus allons faire à Vienne? »
— Si Napoléon avait une autre maîtresse
que la gloire, répondit également tout bas
Duroc à Uapp, je croirais qu'il nous mène
à quelque rendez-vous galant.
— Tu te tromperais, répondit à haute
voix 1 Empereur, qui avait entendu les u-, ux
inlerlt/eu leurs.
— Où donc nous conduisez-vous, Sire?
— A un rendez vous funèbre.
— Pour quoi faire, Sire?
— Pour méditer sur le néant des gloires
humaines!
Un quart d'heure après, la voiture s'arrêta
sur la place du marché aux farines. Napo
léon et les deux généraux, dirigés ,par des
capucins portant des torches, s'engagèrent
dans les longues galeries d'un cloître silen
cieux comme le sépulcre, et descendirent un
escalier qui les conduisit dans les caveaux
funèbres de l'impériale maison d'Autriche.
Ce dernier asile des forts et di»s puissant était
splendidement éclairé : des flots de lumière
ruisselaient sur des couronnes et des scep
tres brisés ; l'Empereur, le front découvert,
passa rapidement devant-une double rangée
de cercueils, et vint' s'agenouiller devant 'le
magnifique maus&léa qui renfermait les cen
dres illustres da Marie-Thérèse :
— Le Napoléon de l'empire d'Autriche re
pose ici, dU-il en se relevant; et il ajouta :
Où reposera le Napoléon de la France ?
— A Saint-Denis, répliqua vivement Du
roc.
— Saint-Denis! s'écria Napoléon , n'est
plus qu'une solitude profanée par la main -
ele la révolution ; le peuple en sa démence
n'a pas même épargné les restes de Turen-
ne, de Louis XIV, d'Henri IV ; d'Henri IV, le"
seul roi dont le peuple cependant avait con
servé la mémoire. , , "
Plus heureux que les rois de France, les
empereurs d'Autriche n'ont pas à redouter
la main sacrilège qui a Jeté les cendres roya
les au vent : c'est une horrible chose que la
révolution.
— Dont vous avtz fait justice.
— Ce sera, dans l'avenir, mon plus beau
titre de gloire.
— La France ne l'oubliera jamais.
—Voilà donc, ajoutai Empereur, en jetant
ses regards sur la file des cercueils impé
riaux, voilà donc ce qui reste aujourd'hui
des Césars qui ont rempli l'univers de leurs
noms ! Un peu £e poussière étendue sur un
morceau de velours,une épitapbe tracée par
la main d'un courtisan sur une plaque d'or,
un cercueil de plomb pour dernier trône,
de pauvres moines • pour gardes d'hon
neur, rien de plus! Et, pour arriver là,
que de larmes et de sang: répandus ! que
de calamités jetées au sein des nations !
0 néant des grandeurs humaines, voilà donc
ee que vous réservez un jour au vainqueur
de Rivoli, des Pyramides, d'Arcole, de Ma-
rengo, d'Austerlitz et de Wagram !
Il n'y a qu'une seule chose de vraie ici,
ajouta Napoléon, et de la main, il montra
la croix qui dominaiL les sceptres couchés
sur les cercueils.
Il était trois heures du matin quand l'Em
pereur, qu'une première tombe attendait à.
Sainte-Hélène, rentra triste,et silencieux à
Schogobrunn. Son regard d'aigle avait peut-
êtra lu dans l'avenir.
Napoléon allait -régulièrement tous les
.quinze jours à Vienne , pour visiter les
hôpitaux et les ambulances où les blessés
d'Essiing et de Wagram avaient été trans
portés. Ces martyrs de la foi militaire étaient
nombreux, car les deux batailles avaient été
sanglantes, surtout celle de Wagram,la.plus
•grande qui se fût livrée dans,les siècles mo
dernes. De trois cent mille hommés qui se
trouvaient le matin en présence, quarante-
quatre mille avaient été couchés sur le ter
rain par les feux de ojize cents pièces de ca
non.
Les écrivains français et étrangers qui ont
écrit l'histoire de eette mémorable époque,
. ont oublié de constater la générosité du peu
ple autrichien après la lutte qui, pour la se
conde fois, avait ramené avec des milliers^
de blessés Tes bataillons français au sein de
leur capitale. Qu'il nous soit permis de'com
bler ici cette lacune en rendant un piste
hommage aux dames viennoises, générale
ment aussi remarquables par la bonté de
leur excellera cœur que par Ja beauté de leur
charmant visage. Nos malheureux blessés,
admirablement traités par les médecins de
j'atmée, étaient héroïquement soignés par
les femmes de la ville. D> grandes da
mes, cachant sous l'humble tahiier blanc
de l'infirmière, les illustres blasons ele la
naissance, et refoulant au fond de leur ame
des senlimens de haine et de vengeance,
avaient, du matin au soir, élu domicile
dans' les asiles de la douleur pour prodi-
•.guer avec intelligence, pour prodiguer jour
et nuit aux mdaaes les soins du dévouement
• le plus éclairé. C'était une admirable chose
que de voir des grandes dames transformées
eu sœurs hospitalières^ panser de leurs'pro
pres mains les blessure* et s'efforcer de con
server la vie des hommes dont l'épée na
guère leur avait tué, peut-être, un père, un
époux, un frère ou un fils. La religion du
Christ seule peut inspirer une telle vertu!
Chaque fois que- Napoléon visitait les hô
pitaux et les ambulances, il ne laissait échap
per aucune occasion de témoigner son ad
miration et sa reconnaissance à ces nobles
dames qui avaient écrit ces mots sublimes
sur la porte des pieux établissemens confiés
à leurs soins : La souffrance ne reconnaît
qu'une seule nationalité, la Charité ! La vue
de l 'Empereur s'arrêtant devant chaqae lit
pour adresser à» Celui qui l'occupait des
paroles d'espérance et de consolation, pro
duisait toujours un excellent elfet sur l'es
prit des malades. « Cette vue, disait le célè
bre docteur Corvisart, est plus efficace que
l'application de nos wieilleurs remèdes.»
Il e;4 certain qu'un mot, un éloge, une ré
compense accordés à propos par l'Empereur,
.produisaient dans l'Etat des blessés une réac
tion souvent favorable.
Le cont .'Ct journalier de nos blessés avec
de jeunes femmes aussi bonnes que belles
donna lieu à plusieurs épisodes romanes
que? dont ia tradition a conservé jusqu'à
nos jours le .souvenir. Il en est un entre au
tres que nos lecteurs apprendront avec plai
sir. Un jeune lieutenant de cavalerie, nom
mé R:)ùf, Lyonnais de naissance, frappé
d'une balle en pleine poitrine et abandonné,
pour ainsi dire, par un chirurgien-major
qui considérait sa blessure comme mortelle,
se trouvait dans la zone d'une ambulance
confiée au dévoûment d'une jeune fille ,
âgée de dix-huit ans, nommée Lina Sclieffer.
Quel malheur, avait-eïle dit en apprenant la
fatale sentence du docteur, quel inalheur de
voir.mourir ainsi un jeune homme si beau
et qui paraît si bon ! Rouf, en elfet, était
remarquable par les lignes, d'une, beauté
mâle et régulière, et puis sa voix brisée par
la souffrance était si douce à entendre, lors
que, dans l'égarement de ia fièvre, il ap
pelait sa mère ! Il a sa mère encore, di
sait Lina chaque fois que ce nom si doux
frappait son oreille. Pauvre femme, quelle
sera son désespoir en apprenant la mort
d'un fils, dont, moins heureuse que moi,
eile n'aura pu recueillir le dernier soupir et
fermer les yeux ! Oti ! je veux, le sauver, je
le sauverai.'.. Et se jetant à genoux près du
lit d'où le moribond appelait sa mère, elle
priait Dieu avec toute l'ardeur de son ame. -
Elfe pria si bien, et en même temps-elle
soigna son jeune malade avec tant d'intelli
gence, qu'au bout d'uil mois le docteur, ré
tractant son terrible pronostic, échangea sa
sentence de condamnation contre une parole
d'espérance. Lina redoubla ses prières et ses
soins; quinze jours plus tard, le jeune lieu
tenant put se lever. ..
— Soyez béni, mon Dieu! s'écria Lina, il
est sauvé !
• Il y avait sous les fenêtres de l'ambu
lance un vaste jardin rempli de fleurs et
ombragé par de grands arbres, dessinant çà
et là de mystérieuses allées.
Le liemen'atit, en voie de guérison, s 'y
rendait chaque jour,appuyésur le bras de sa
jeune Antigone, et, comme il n'était pas aveu
gle, il surprit bientôt dans les regards qui
cherchaient les siens avec tendresse, l'expli
cation des sentimens secrets qui,, depuis sa
convalescence, faisaient battre son cœur. Lina
était jolie plutôt que belle; elle était pe-
iite;mais sa taille mignonne était irréprocha
ble; elle avait une petite mai h , un petit.pied,
une petite, bouche, mais de grands yeux
bleus, un grand front, et fie longs cheveux
blonds. Numa Rouf l'aima bientôt avec pas
sion, et résolu t de lui consacrer la vie qu'elle
lui avait conservée. Habitué à considérer
dans celle qui l'avait sauvé l'ange plutôt que
là femme ,-son amour pour elle était si pur-
et si -tendrement timide", qu'il n'avait jamais
osé jusque-là déclarer la nature des senti
mens qu'elle lui avait inspirés. L'occasion
de se prononcer enfin se présenta : c'était un.
soir, Lina, assise près de lui sur un banc de
gazon, à l'ombre d'un chêne séculaire, était
triste et silencieuse; Numa devait rejoindre
dans quelques jours son régiment, cantonné
à SclieEûbrunn.
— Qd'avez-vous, Lina ? lui dit-il.
Lioa ne répondit point, mais elle dé
tourna la tête pour dérober une larme qui
perlait sa paupière. Numa lui. prit la-main
et ajouta : Pourquoi me cacher la cause da .
votre tristesse? ne suis-je pias votre ami?
SUHIÎ1A.US.-; rue de WmM®ia (I?alai*
1833•- — MERCREDI 29 SEPTEMBRE.
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ter au tableau publié dans le jouri al,'
les 10 et 2b de chaque mois.
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JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
tS'aârzmr, flraaco, pour la rédaction, «î Mi' C 'JCERVAt-f iAEiaaY f rédacteur ea chef, | Cm iah- »4e. dans les dîp'irtzwz,]. ■: Si c» >g~riet *i &w vj -m p c < —A Londrc-, chez MMï.Cowie et fils. §
Les articles déposés na sont pas re .ïiiïii. g | — Â c'**». MS, ~t~ r •*- , 1 <■" ■< " a _ $
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Le prix d'abonnement du CONSTITU
TIONNEL est au-dessous de celui de tous les
-iournaux politiques.
PÂIIIS5 28 SEPTEMBRE
Nous reproduisons l'article suivant, qui
vient d'être publié dans le Moniteur, et qui
confirme les observations que nous avions
'présentées nous-mêmes au sujet des négo
ciations commerciales entre la France et la
Belgique. ■
NÉGOCIATIONS COMMERCIALES ENTRE LA FRANCE
ET LA BELGIQUE.
Le gouvernement français, pendant tout
le cours des dernières négociations commer
ciales avec la Belgique, a manifesté constam
ment les intentions les plus conciliantes. Il
a dit nettement, saus. hauteur comme sans
arrière-pensée, cequ'ii voulaiten obtenir, ou
concéder ou i\ fuser. Il n'y avait eu aucune
. ambiguïté dans son langage lorsqu'il s'agis
sait de négocier; il ne pouvait y avoiraucune
hésitation dons sesaetes lorsque, après avoir
expressément réservé. Le tarif sur lés houilles
entrant en France par la voie de terre a été
porté de 15 à 30 centimes par 100 kiiogr.
Cette mesure, juste en principe, modérée
dans la forme et dans ses effets, semblait
inattaquable. Cependant certains journaux
- de la Belgique en font ua. sujet de plaintes
contre le gouvernement français. Il importe
de ne pas laisser sans réfulation des alléga
tions de nature à égarer le bon esprit du
peuple belge, et à lui faire oublier 1 .s in
tentions franches et loyales que la France
n'a cessé de lui témoigner.
On dénonce le langage du gouvernement
français comme dur et impératif. Des in
jonctions blessantes, même pour la plussus-
ce'ptible délicatesse, n'ont point été Mies à
la Belgique. Ce ton n'aurait-pu se concilier
avec les dispositions bienveillantes que le,
gouvernemeut français lui a montrées pen
dant et même après Jes dernières conféren
ces. La France, par une note du 9 août, s'est
humée à exprimer son intention en termes
netSHt pressans; nets, parce qu'il fallait échap
per au dilatoire et obtenir une réponse précise;
pressais, parce qu'il était urgent de prendre
immédiatement des mesures. Cette note.n'é-
tait point, comme on voudrait le faire croire,
une bombe qui, éclatant tout.à coup, devait
blesser le cabinet de Bruxelles; elle repro
duisait seulement, sous une forme plus
brève et plus nette, une demande présentée
. déjà dans mainte circonstance, soit directe
ment au ministre belge à Paris, soit indirec
tement à Bruxelles par l'intermédiaire de
notre ministre. La date dçs communications
verbales ou écrites qui ont été faites à ce su
jet pourrait, au besoin, être citée.. Ce n'était
donc point une sommation que le "gouverne
ment français adressait, de prime-abord, le
9 août, au ministère belge,- c'était le résumé
des explications précédentes.
On se montra surpris et on présente com
me un projet imprévu et soudain l'élévation
du tarif sur l'entrée des houilles. La Belgi
que n'a pas été surprise. Elle savait à quoi
s'en tenir; sans cela, les négociateurs n'au
raient point particulièrement insisté pour
obtenir, par une clause formelle, le maintien
du tarif à 15 centimes sur les houilles. Cedé-
sir, manifesté dès le point de départ des né
gociations, a été comme la base de toutes les
combinaisons proposées depuis par la Belgi
que. Non-seulement elle redoutait l'adoption
4e cette mesurepour le cas où le traité de 1845
ne serait pas renouvelé, mais encore pour le
cas où il serait prorogé jusqu'au 31 décem
bre. Aulr». Eimt^rurq.ioi au» ii^-e le insisté
afin d'ool n r >e m \ l. 11 du f c i> à 15 -cen
times. ( 11 e liangp de la proi c„atiou du trai
té d 1 18T> ja -qu'au 31 d c mbre t
Le gt >iv( iiiemtiU tj.*» cais, «'ailleurs, ne
lui a\ it laitue ilh - ioj a cet égard.
Rien u-égalé la persistance de la Belgique à
demander le maintien du tarif sur les houil
les, si ce n'est la persistance de la France à
refuser c; tte concession pendant les derniè
res conférences.
On incrimine comme Vue prétention con
traire aux devoirs constitatioantlj du mi
nistère belge la demande que lui faisait la
France de remettre immédiatement en vi
gueur le traité de 1843. C'est donner une
bien fausse interprétation des pensées du
gouvernement et montrer en même temps
ut) oubli bien profond des véritables prin
cipes coiiKiitoiioruiels. Le gouvernement
français n'a jamais entendu que le ministère
helge se passât deja participation des cham
bres pour uq acte qui exigeait leur con
cours, mais.il a présumé que 1 le ministère
pourrait, dans un cas aussi urgait, accepter
ses propositions et recourir à un bill d'in
demnité, ou bien-convoquer immédiate
ment les chambres. Il n'y avait là rien que
de très régulier et de très constitutionnel ■;
les négociateurs be!g> s, à un autre moment,
ne s'étaient pas montrés opposés à ce projet;
le ministère lui-même l'a exécuté en partie,
puisqu'il vient de réunit' les chambres ; seu
lement. pour Jes convoquer,-'il a cru devoir
attendre que le tarif sur les houilles fût éle
vé; le gouvernement français, lui, croyait
que la convocation pouvait tout aussi bien
avoir lieu, et en temps plus opportun, avant
l'adoption de cette mesure.
On prétend que les tarifs généraux de la
Belgique sont plus favorables à la Frar.ce
que les tarifs généraux de la France ne sont
avantageux à la Belgique. Là n'est pas la
question. Il s'agit de savoir si en Belgique les
tarifs du droit commun' sont aussi favorables
à la France que ' l'étaient les tarifs du droit
conventionnel consacré par le traité de 1843.
Or, il suffit d'énoncer cette question pour y
répondre négativement.
On objecte que le traité de 1845 était dé
savantageux à la Belgique. Ce jugement est
loin d'être sans appel, car, dans ce moment
Sinême, l'industrie linière protesie contre
cette sentence. Mais on oublie .que les prin
cipaux avantages accordés par la France ne
portaient, point sur des articles compris dans
le traité. Ces avantages étaient continués à la
Belgique, non par la convention, mais à
cause d'elle,c'est-à-direàcause des privilèges
qu'elle nous assurait pour Certains de nos
produits. Et d'ailleurs , en demandant la
prorogation du traité de 1845.1a France s'é
tait, clairement expliquée; file voulait arri
ver à la conclusion d'un traité définitif : or
ce traité aurait t» modifier et améliorer ce
lui de 1845. ~ '
On a«sure que le gouvernement'français a
pu obtenir la remise en vigueur provisoire
du traité de 1845. C'est encore une erreur.
Dans le .cours des dernières conférences, il
n'a point été présenté à la France de.combi
naisons sans què le maintien du droit sur
les houilles fût proposé comme l'équivalent
de la-prorogation, et, après la conclusion de
la convention littéraire, ce n'était plus le
traité de 1845 que la Belgique consentait à
remettre en vigueur, puisqu'elle voulait
préalablement en retrancher la faveur ac
cordée à nos fils et tissus de laine.
Ces explications simples et précises étaient
devenues nécessaireaaprès des récits inexacts
qui auraient fini par dénaturer la question.
Le gouvernement français, qui, dans toute
cette affaire, a montré autant de droiture
que de madération, avait à cœur de mainte
nir le débat dans la ligne de la vérité.
DÉPÊCHE ÉLECTRIQUE.
Bruxelles, 28 septembre.
La chambre des représentai vient de
nommer son président.
M. Delahaye a obtenu 54 voix.
M. Verhaegen, candidat du gouvernement,
n'en a obtenu que 46.
Ce vote emporte la retraite du cabinet.
Lesjournauxde Marseille reçus aujourd'hui'
ne nous apprennent rien du complot qui a
été découvert dans cette ville. Aucun nom
propre nVst prononcé; mais doue liions dons
ia Sentinelle
nent à la Société des Vengeurs. Nous aimons
à croire, pour l'honneur de ùos voisins et de
tout le Midi, que cette société ne compte que
des étrangers à la France. » -
La Gazette du Midi rectifie le nom de grand
chemin de Rome qu'elle avait donné au théâ
tre choisi pour l'attentat : c'est eu effet dans
une maison, sur le grand chemin d'Aix, que
la machine infernale a été trouvée. 1
« A part la désignation du lieu que nous
venons de rectifier, tous Tes autres détails
sont pleinement, confirmés, la deserîption
que nous avons donnée de la machine éma
nait des meilleures sources. Cette machine
consiste bien, comme noe>s l'avons cîit, en
deux rangs de- cartouches semblables à
celles des artificiers , superposées comme
des tuyaux d'orgue ; c'e st l'idée dé Fies-
chi, mais perfectionnée par une main habile.
Pour prévenir toute déviation dans le tir,
l'auteur de cet instrument de mort avait eu
soin d ossnjétir fortement les cartouches en
tre deux-planches.
» On sait maintenant d'une manière posi
tive que la machine infernale devait être
placée dans une salle à blé au faubourg
Saint-Lazare, vis-à -vis ia chapelle de l'an
cien hospice. Déjà l'on avait disposé à une
fenêtre les mou tans qui devaient retenir
l'instrument de mort. »
Nous reproduisons ces détails sans pouvoir
affirmer qu'ils soient aussi exacts que le
prétend la Gazette du Midi. Nous ajouterons
qu'il'nous a été rapporté que les tubes
étaient placés la lumière en dessous, et
• qu'une rigole en cuivre, formant une sorte
de bassinet continu, devait recevoir la poudre
d'amorce de façon à ce que l'explosion fût
aussi simultanée qui possible. D'après d'au
tres bruits, cette machine aurait été-confec-
tionnée dans l'arsenal de Toulon, d'où elle
aurait été enlevée par pièces détachées. Cela
expliquerait la perfection du travail.
En livrant ces faits à la curiosité du pu
blic, nous sommes certains de ne nuire en
aucune façon aux recherches de la justice.
Nous avons voulu seulement moutrer que
rien n'avait été négligé pour rendre l'instru
ment de destruction aussi formidable que
possible, et qu'une fois entr és dans une voie
perverse, certaines nature s se reculent plus
devant aucupe conception pour arriver à
leurs lins. , • l. boniface.
On lit ce soir dans la Pairie :
« La machine infernale dont la police a fait la
découverte à Marsîille était construite avec beau
coup d'art et d'habileté. Les officiers d'artillerie
appelés comme experts ont constaté qu'elle etdt
étibhe de manière a. produire des eftets terribles
et à mettre ceux qui l'aurakut tirée à l'abri de
toute atteinte. » '
L'instruction du complot de Marseille se
poursuit avec activité. C'est la cour d'Aix
qui connaîtra de cette affaire.
L'épouvantable attentat qui vient d'être
découvert et prévenu à Marseille, en même
temps qu'il attriste les âmes, témoigne aussi
qu'un gouvernement plein de dévoûment et
de patriotisme veille sur toutes les menées
qui peuvent s'ourdir dans l'ombre; son ac
tive vigilance ne peut être mise en défaut,
On fut moins heureux sous la monarchie de
Juillet, la machine Fieschi joncha les bou
levards de nombreuses victimes.
Il nous en coûte d'autant moins de;louer
le zèle et l'habileté qui ont assuré la décou
verte du complot de Marseille, qu'au sein
du Corps Législatif nous avons pu défendre
publiquement la création du ministère de
la police générale. Le lendemain d'une
révolution qui a réveillé toutes les mauvai
ses passions des bas-fonds de la société, il
importe qu'aucun moyen de surveillance ne
soit négligé. Il faut que les jnéchans trem
blent, pour que les bons se rassurent.
D r L. VÉROM.
Nnus avons parie récemment de-la vaste
S^cOCiailOll Qui o taux Etats-Unis
pour arracher aux puissances européen
nes les colonies qu'elles possèdent encore
dans les mers et sur le sol du Nouveau -Monde.
L'esprit de conquête qui domine le peuple
.américain va avoir bientôt un autre théâ
tre où s'exercer. Le Mexique lui offre une
proie bien plus facile et plus riche encore
que Cuba, la Jamaïque ou la Guadeloupe.
Les derniers jours de ce malheureux pays
semblent afrivés. Le général Arista a été
impuissant à arrêter la désorganisation qui
y détruit tous les ressorts du gouverne
ment, tous les liens de la société. La moindre
tentative d'amélioration, le moindre sacrifi
es imposé aux habitudes #ou aux intérêts'de
la population, provoque aussitôt des touîè-
vemens où s'épuisent la force du gouverne
ment et les ressources du pays.
La tentative essayée psr un chef de rebel
les ou plutôt de contrebandiers, pour piller
la douane de Matamoras, vient a peine d'être
réprimée, etle calme est à peine rétabli dans
les' provinces du nord, que des insurrections
nouvelles éclatent au centré. A Mazatlan, la
population a cba?sé le gouverneur et em
prisonné les employés des douanes, tout en
proîéstànt de ta fidélité aux lois et à la
Constitution. À Cordova, un officier du
nom de Rtboiiedo a proclamé un gouverne
ment insurrectionnel, et levé des troupes
pour défVndre l'honneur et assurer les li
bertés de la patrie. Le véritable objet de
mouvement était de mettre la main sur une
conducta, c'est-à-dire sur un convoi d'argent
que le gouvernement dirigeait sur laVerâ-
Cruz. Ce convoi, qui s'élevait à plusieurs
millions, était destiné-aux créanciers anglais
du Mexique. Les autorités mexicaines ont
fait partir de Vera-Cruz un corps de troupes
de ligne et une partie de la garde nationale,
qui sont allés au-devant du convoi jusqu'à
Jalapa. Mais le convoi était déjà à Perote,
d'où il a. continué sa route sans encombre.
U11 autre détachement de troupes avait tn
effet rencontré Rebolledo et l'avait battu.
Malgré cet échec qui faisait manquer l'ob
jet de son mouvement, Rebolledo n'a pas
voulu déposer les armes.. Il s'est jeté sur
Naoliado, où il a recruté des partisans, et où
il s'est mis en état de tenir la campagne et de
prêter main-forte à un autre insurgé. Un
certain GregorioDavili a excité, en effet, un
soulèvement à Guadalajara, et a fuit recon
naître son autorité par l'évêque, le chapitre
et Ta municipalité. Plusieurs des.villes de
l'Etat : Etsatlan, Tonila, Tequila, Santa-Ana-
Tepetitlan, ont également reconnu son au
torité, et plusieurs détachemens de troupes
lui ont fait leur soumission. Pour faire ap
précier le nature de ce mouvement, il suf
fira de dire que Davili a fait sortir des.pri
sons de Mescala 400 criminels auxquels il
a donné des armes et qu'il a enrôlés dans ses
troupes.
Le gouverneur Lopez, expulsé de Guadala-
jara,a transporté à Lsgos sa résidence,et s'y est
fortifié, en attendant des renforts de Mexico.
On répandait le bruit que d'autres soulève-
mens allaient éclater, etqueS.mta-Arma était
derrière tout ce mouvement. C'est un bruit
qui renaît chaque fois que des troubles écla
tent au Mexique, c'est-à-dire de moisen mois.
Mais siSanta-Anna pouvait débarquer sur un
point quelconque du Mexique, il est certain
qne son apparition serait un grave embarras
pour le président Arista et déterminerait
peut être sa chute. Il serait étrange que ce
vieillard septuagénaire et mutilé consacrât'
ses derniers jours à une nouvelle révolution,
et vouiût, pour couronner sa carrière, con
sommer la ruine de cette république qu'il a
fondée. La confédération mexicaine, à quil'on
a fait trop tôt le funesteprésent d'une indépen
dance qu'elle ne pouvait ni supporter ni dé
fendre, n'aura pas vécu mie vie d'homme-. L
Mixiqur s'ui v. aujourd'hui par lambeaux,
et si les élections de cet automne fout monter
sur le siège présidentiel des Etats-Unis le
candidat des démocrates, c'est-à-dire du parti
favorable à toutes les conquêtes, le démêlé
relatif à l'isthme de Tehuentepec deviendra
en 1853, un prétexte tout trouvé pour un
nouveau démembrement, sinon pour l'as
sujettissement du Mexique.
cucheval- clarigky.
ELECTIONS.
Ds même que MM. Cavaignac et Carnot,
M. Hénon, élu à Lyon, s'était refusé à prêter
serment.
M. C tbias, candidat du gouvernement, a
été élu en remplacement de M. Hénon. Il
avait pour concurrent M. Dupont .(de l'Eure)
Les nouvelles reçues ce soir du Puy-de-
Dôme et de la Lozère annoncent des résul
tats pareils. L'élection de MM. Pennautier
et Desmolles était certaine d'après les résul
tats déjà connus des scrutins.
; Le prince-Président est à Toulon depuis
hier. Oa verra par les dépêches qui suivent
l'accueil qu'il a reçu dans cette ville, et ce
qu'à été ia, journée du 26 à Marseille. Le
vaisseau le Napoléon, à bord duquel le prince
Président a fait la traversée de MarstiUe à
Toulon, était escorté par les corvettes à va
peur la la Rti11e-R0rtev.se, le Prony et par
l'aviso à vapeur VEchnreur.
Marseille, .26 septembre, 3 h. 30 m.
Le prince vient de poser lâ première pierre de
la nouvelle Bourse. Au discours étendu que lui a
adressé le président de la chambre du commerce,
S. À. a répondu qu'elle se félicitait de'donner ce.
témoignage d'intérêt au commerce de Marseille et
que son désir était que Marseille, de plus en plus
florissante, concourût à réaliser cette grande pen
sée de l'Empereur que la Méditerranée devait ctre
uft lac français.
Le prince part pour la revue ; il reviendra à
Marseille pai' le port sûr la frégate la Reine-îlor-
tensc.
Marseille, 27 septembre 8 h. 1/2 matin.
Hier la journée a été superbe de toute manière.
L'enthousiasme, a' éclaté partout avec une violence
toute méridionale. Le discours du prince en po
sant la première pierre de la cathédrale et ses pa
roles eu posant'celle de laBourso-, feront époque à
Marseille'.
Le bal a été magnifique. Jamais le prince n'a
reçu plus d'applaudissemens èt plus d'acclama
tions.
La saaté du prince est excellente.
Marseille, 27 septembre, 11 h. matin.
Le temps, qui menaçait hier matin de rester à
la pluie, s'est élevé vers une heure, au moment où
S. A. s'est rendu à la cathédrale pour assister à
une messe basse et poser la première pierre de l'é
glise de k Major.
S. À. a assisté ensuite à la joùte et à la pose de
la première pierre de la nouvelle Bourse, et a passé
on revue toutes les troupes:
A quatre heures 33 minutes, S. A. s'est embar
qué au-dc,-sus du Prado à bord du vapeur la Reine
Horlense; elle a fait le tour des îles et est rentrée
à Marseille à six heures cinq minutes.
Sur tous les points parcourus, la population n'a
cessé de faire entendre les cris de Vive VEmpe
reur ! Vive Napoléon III !
S. A, jouit d'une santé parfaite.
Marseille, 27 septembre, 11 h. 13 m. du mat.
La revue du Prado avait attiré un concours im
mense de popul tion. Le trmps est magnifique.
Les cris de : Vive l'Empereur ! sont pou-sés tous
à la fois par les soldats au défilé et par la foule
des.spectateurs.
Le prince distribue des croix de la Légion-
d'ffonneur, et, après la revue , il se rend, par la
route du Prado, jusqu'à la mér, où il est attendu
par la frégate la Reine-IIortense. 11 visite le port
du Frioul, et rentre dans Marseille par le grand
port à travers une forêt de navires pavoises. Tous
les matefots sont sur les vergues, la population
e^t entassée-sur les quais, sur les to:ts. Plus da
soixante milie personnes poussent à la fois le cri
de Vive l'Empereur ! L'ivresse va croissant, quand
jl remonte en voiture à la Cannebière. Partout les
flots de population électrisés,toutes lesfamilles soi.t
aui fenêtres, et toutes les voix acclament l'Empire.
Toutes les paroles, du prince circulent en. ville,
tous les cœurs sont à lui.
Marseille, 27: septembre, midi.
- Quand le prince sVst rendu au bal, à neuf heu
res du soir, il a trouvé sur son passage la popu
lation tout entière agglomérée pour renouveler avec
enthousiasme les acclamations de la journée. Tous
les rangs, toutes les classes de la société étaient
confondues dans le même sentiment d'amour et
de respect. La ville était, comme la veilie, res
plendissante de lumières. Cinq mille per.-onnes se
pressaient déjà dans les satons de l'Hôtel-de-
Ville quand le prince a paru. Les cris de Vive
l'Empereur! et les plus vifs applaudissemens ont
salué'son arrivée et se renouvelaient à chaque
instant. Il a ouvert le bal. Les mêmes vivats, les
mômes applaudissemens ont éclaté à son départ.
Sur tout son passage, la foule était aussi nom
breuse et aussi animée à onze heures et demie du
soir que dans le reste de la journée.
Le prince est parti le matin à neuf heur&s pour
Toulon. La foule était immense sur son passage;
même cri , même enthousiasme que dans la
journée.
L'archevêque d'Ephèse, envoyé du saint-père,
accompagne le prince à Toulon.
Toulon, 27 septembre, 3 h. 1/2 soir.
Le prince vient de débarquer après la plus belle
traversée, accompagné de l'escadre et de tous les
bàtimens à vapeur de la rade, une acclamation
universelle, enthousiaste, un seul cri de Vive'
l'Empereur \ l'ont suivi de la calle du fort à la
préfecture maritime. It ' est impossible de rendre
un pareil spectacle.
Toulon, 27 sept., 4 h. du s.
Le prince entre à Toulon; l'enthousiasme est
impossible à rendre. La marine a poussé un seul
cri de : \ ive l'Empereur ! et la ville toute entière
y a répondu. L'egcaùre a salué de ses milîe canons.
Toulon et sa rade offrent un spectacle aussi im
posant que magnifique.
Toulon, 27 septembre, 4 h. 1/2 du soir.
Le prince a débarqué à l'arsenal à deux heures
cinquante minutes. S. A., escortée des autorités
civiles et militaires, s'est rendue à pied à la pré
fecture maritime, au milieu d'un immense con
cours de populations qui l'ont salué des plus vives
acclamations et qui n'ont cessé de faire entendre '
le cri de Vive l'Empereur !
La santé du prince est parfaite.
Bans une heure, revue des troupes de terre, et
de mer.
Marseille, 2G septembre, 4 h. -du soir.
Réponse du prince au discours de. Monseigneur
l'évêque de Marseille,
Monseigneur,
^ Je suie piofondément touc!:é des remer-
cîrneus que vous m'adressez au nom de la
religion-et de la société qu'il m'a é é donné
ele défendre dans des temps difficiles. La
religion est, comme vous l'avez bien dit,
la base de toute société et de tout gouverne
ment qui a le sentiment de ses destinées;
c'est elle qui fait ma force et qui me guide
dans la yoie où je marche ; j'espère que vos
prières appelleront les bénédictions du ciel
sur l'entier accomplissement de la mission
que je tiens de la confiance du peuple fran
çais. -
Nous empruntons au Moniteur quelques
détails sur le voyage de prince-Président de
Valence à Avignon ■
Partout sur les deux rives, du côté de
l'Afdcch"^ surtout où les villages touchent
au fleuve, on voyait des arcs-de-triomphe,
les autorités assemblées, les populations
massées. A La Voulte les ouvriers mineurs
avaient dressé un arc de triomphe avec cette
inscription : A Louis - Napoléon, empereur!
Au marnent du passage du prince, ils ont
fait jouer la mine, pour donner le spectacle
d'un énorme rocher éclatant dans les airs.
Au passage des ponts, on fait descendre sur
le fleuve des couronnes , des fleurs, des
adresses.
« Ici, dit le Moniteur, ce sont les ouvriers du
canal de Pierrelatte montés sur de petits bateaux
pavoisés; là, le bourg Saint-Andéol, paré coaune
pour une fête religieuse, a placé sur upe terrasse,
au bord Su Htiône, une rangée de jeunes filles qui
font pleuvoir des fleurs; les cloihes sonnent, le
tambour bat, ■ ur>e immense population est sur le
rivage, et le bateau passe aux cris de Vive l'Em
pereur!
«Pont-Saint-Esprit, les murs, les édifices, les
toiis des maisons sont chargés de spectateurs ; un •
arc de triomphe s'élève sur le pont, portant ces
FEUILLETON DU CONSTITUTIQpEl, 29 SEPT.
SOUVENERS
M CHATEAU DE SCÏIMRIM
. NAPOLÉON. 1
ii.
Visite nocturne de Napoléon aux caveaux funèbres
de l'église des Capucins. — Générosité du peu
ple autrichien. — One-sœur hospitalière. — Fu
nérailles d'un colonêl autrichien. — Dispositions
de l'amiée française. — Lu pipe du général Ou-
dinot. —Hominage rendu par Napoléon à la fidé
lité d 'un vieux royaliste. — Appréciation de la ré
volution française par Napoléon. — Une jambe sas-
sée. — La fortune vient en dorisant.
Les Viennois n'aimaient point l'Empereur,
mais ils l'admiraient ; ils courbaient diffici
lement leur front sous le joug dû conqué
rant,, mais ils rendaient justice à l'élévation
de l'intelligence et à la puissance du génie
du capitaine.. Ils possédaient à un trop haut
degré lé sentiment de la nationalité pour
courtiser le triomphateur, mais ils Je véné
raient assez pour lui témoigaer en toute oe-
casion l'hommage du respect qu'on doit aux'
natures supérieures ; plusieurs fois même à
leurs" yenx< le conquérant disparut dans le
grand homme. Déplorant les malheurs qu'en-
- traîne toujours fatalement avec elle la guer
re étrangère et traduisant là cause de ces
malheurs, par un seul nom, Napoléon,
ils savaient apprécier tout ce que ce nom
renfermait de prestige et de merveilleux.
Le temps qui détruit si facilement les sou
venirs vulgaires , n'a pas effacé cette ap
préciation. Les Viennois de 1832 jugent
Napoléon comme .les Viennois de 18tlS
et de ISO® l'ont jugé : ils le considèrent tou
jours comme l'oppresseur de leur pays, mais
ils le regardent encore comme le plus grand
sa|itaiae de? temps modernes; leurs anti
pathies mêmes se sont adoucies devaut l'ex
piation et ia tombe de Sainte-Hélène, ils ont
mis un crêpe sur leur haine; dans les ima
ges napoléoniennes-qu'ils conservent avec
un culte re ligieux dans leurs palais et leurs
chaumières, ils'ne voient plus que le héros.
La grande figure de Napoléon couché dans
son triple cercueil, est devenue pour eux le
type du génie, la personnification vivante de
la puissance humaine; c'est un bon, un jus
te et noble peuple que le peuple. d'Autriche!
Dans les commencemens du mois d'octo
bre 1809, par une pluie froide et pluvieuse,
l'Empereur, accompagné seulement de Rapp
et de Duroc, se rendit à Vienne ; silencieux
et seul assis au fond de la voiture, il parais
sait recueilli , livré à de graves réflexions :
a Je veux que le diable m'emporte, dit à voix
basse Rapp à son compagnon, si je sais ce
que nnus allons faire à Vienne? »
— Si Napoléon avait une autre maîtresse
que la gloire, répondit également tout bas
Duroc à Uapp, je croirais qu'il nous mène
à quelque rendez-vous galant.
— Tu te tromperais, répondit à haute
voix 1 Empereur, qui avait entendu les u-, ux
inlerlt/eu leurs.
— Où donc nous conduisez-vous, Sire?
— A un rendez vous funèbre.
— Pour quoi faire, Sire?
— Pour méditer sur le néant des gloires
humaines!
Un quart d'heure après, la voiture s'arrêta
sur la place du marché aux farines. Napo
léon et les deux généraux, dirigés ,par des
capucins portant des torches, s'engagèrent
dans les longues galeries d'un cloître silen
cieux comme le sépulcre, et descendirent un
escalier qui les conduisit dans les caveaux
funèbres de l'impériale maison d'Autriche.
Ce dernier asile des forts et di»s puissant était
splendidement éclairé : des flots de lumière
ruisselaient sur des couronnes et des scep
tres brisés ; l'Empereur, le front découvert,
passa rapidement devant-une double rangée
de cercueils, et vint' s'agenouiller devant 'le
magnifique maus&léa qui renfermait les cen
dres illustres da Marie-Thérèse :
— Le Napoléon de l'empire d'Autriche re
pose ici, dU-il en se relevant; et il ajouta :
Où reposera le Napoléon de la France ?
— A Saint-Denis, répliqua vivement Du
roc.
— Saint-Denis! s'écria Napoléon , n'est
plus qu'une solitude profanée par la main -
ele la révolution ; le peuple en sa démence
n'a pas même épargné les restes de Turen-
ne, de Louis XIV, d'Henri IV ; d'Henri IV, le"
seul roi dont le peuple cependant avait con
servé la mémoire. , , "
Plus heureux que les rois de France, les
empereurs d'Autriche n'ont pas à redouter
la main sacrilège qui a Jeté les cendres roya
les au vent : c'est une horrible chose que la
révolution.
— Dont vous avtz fait justice.
— Ce sera, dans l'avenir, mon plus beau
titre de gloire.
— La France ne l'oubliera jamais.
—Voilà donc, ajoutai Empereur, en jetant
ses regards sur la file des cercueils impé
riaux, voilà donc ce qui reste aujourd'hui
des Césars qui ont rempli l'univers de leurs
noms ! Un peu £e poussière étendue sur un
morceau de velours,une épitapbe tracée par
la main d'un courtisan sur une plaque d'or,
un cercueil de plomb pour dernier trône,
de pauvres moines • pour gardes d'hon
neur, rien de plus! Et, pour arriver là,
que de larmes et de sang: répandus ! que
de calamités jetées au sein des nations !
0 néant des grandeurs humaines, voilà donc
ee que vous réservez un jour au vainqueur
de Rivoli, des Pyramides, d'Arcole, de Ma-
rengo, d'Austerlitz et de Wagram !
Il n'y a qu'une seule chose de vraie ici,
ajouta Napoléon, et de la main, il montra
la croix qui dominaiL les sceptres couchés
sur les cercueils.
Il était trois heures du matin quand l'Em
pereur, qu'une première tombe attendait à.
Sainte-Hélène, rentra triste,et silencieux à
Schogobrunn. Son regard d'aigle avait peut-
êtra lu dans l'avenir.
Napoléon allait -régulièrement tous les
.quinze jours à Vienne , pour visiter les
hôpitaux et les ambulances où les blessés
d'Essiing et de Wagram avaient été trans
portés. Ces martyrs de la foi militaire étaient
nombreux, car les deux batailles avaient été
sanglantes, surtout celle de Wagram,la.plus
•grande qui se fût livrée dans,les siècles mo
dernes. De trois cent mille hommés qui se
trouvaient le matin en présence, quarante-
quatre mille avaient été couchés sur le ter
rain par les feux de ojize cents pièces de ca
non.
Les écrivains français et étrangers qui ont
écrit l'histoire de eette mémorable époque,
. ont oublié de constater la générosité du peu
ple autrichien après la lutte qui, pour la se
conde fois, avait ramené avec des milliers^
de blessés Tes bataillons français au sein de
leur capitale. Qu'il nous soit permis de'com
bler ici cette lacune en rendant un piste
hommage aux dames viennoises, générale
ment aussi remarquables par la bonté de
leur excellera cœur que par Ja beauté de leur
charmant visage. Nos malheureux blessés,
admirablement traités par les médecins de
j'atmée, étaient héroïquement soignés par
les femmes de la ville. D> grandes da
mes, cachant sous l'humble tahiier blanc
de l'infirmière, les illustres blasons ele la
naissance, et refoulant au fond de leur ame
des senlimens de haine et de vengeance,
avaient, du matin au soir, élu domicile
dans' les asiles de la douleur pour prodi-
•.guer avec intelligence, pour prodiguer jour
et nuit aux mdaaes les soins du dévouement
• le plus éclairé. C'était une admirable chose
que de voir des grandes dames transformées
eu sœurs hospitalières^ panser de leurs'pro
pres mains les blessure* et s'efforcer de con
server la vie des hommes dont l'épée na
guère leur avait tué, peut-être, un père, un
époux, un frère ou un fils. La religion du
Christ seule peut inspirer une telle vertu!
Chaque fois que- Napoléon visitait les hô
pitaux et les ambulances, il ne laissait échap
per aucune occasion de témoigner son ad
miration et sa reconnaissance à ces nobles
dames qui avaient écrit ces mots sublimes
sur la porte des pieux établissemens confiés
à leurs soins : La souffrance ne reconnaît
qu'une seule nationalité, la Charité ! La vue
de l 'Empereur s'arrêtant devant chaqae lit
pour adresser à» Celui qui l'occupait des
paroles d'espérance et de consolation, pro
duisait toujours un excellent elfet sur l'es
prit des malades. « Cette vue, disait le célè
bre docteur Corvisart, est plus efficace que
l'application de nos wieilleurs remèdes.»
Il e;4 certain qu'un mot, un éloge, une ré
compense accordés à propos par l'Empereur,
.produisaient dans l'Etat des blessés une réac
tion souvent favorable.
Le cont .'Ct journalier de nos blessés avec
de jeunes femmes aussi bonnes que belles
donna lieu à plusieurs épisodes romanes
que? dont ia tradition a conservé jusqu'à
nos jours le .souvenir. Il en est un entre au
tres que nos lecteurs apprendront avec plai
sir. Un jeune lieutenant de cavalerie, nom
mé R:)ùf, Lyonnais de naissance, frappé
d'une balle en pleine poitrine et abandonné,
pour ainsi dire, par un chirurgien-major
qui considérait sa blessure comme mortelle,
se trouvait dans la zone d'une ambulance
confiée au dévoûment d'une jeune fille ,
âgée de dix-huit ans, nommée Lina Sclieffer.
Quel malheur, avait-eïle dit en apprenant la
fatale sentence du docteur, quel inalheur de
voir.mourir ainsi un jeune homme si beau
et qui paraît si bon ! Rouf, en elfet, était
remarquable par les lignes, d'une, beauté
mâle et régulière, et puis sa voix brisée par
la souffrance était si douce à entendre, lors
que, dans l'égarement de ia fièvre, il ap
pelait sa mère ! Il a sa mère encore, di
sait Lina chaque fois que ce nom si doux
frappait son oreille. Pauvre femme, quelle
sera son désespoir en apprenant la mort
d'un fils, dont, moins heureuse que moi,
eile n'aura pu recueillir le dernier soupir et
fermer les yeux ! Oti ! je veux, le sauver, je
le sauverai.'.. Et se jetant à genoux près du
lit d'où le moribond appelait sa mère, elle
priait Dieu avec toute l'ardeur de son ame. -
Elfe pria si bien, et en même temps-elle
soigna son jeune malade avec tant d'intelli
gence, qu'au bout d'uil mois le docteur, ré
tractant son terrible pronostic, échangea sa
sentence de condamnation contre une parole
d'espérance. Lina redoubla ses prières et ses
soins; quinze jours plus tard, le jeune lieu
tenant put se lever. ..
— Soyez béni, mon Dieu! s'écria Lina, il
est sauvé !
• Il y avait sous les fenêtres de l'ambu
lance un vaste jardin rempli de fleurs et
ombragé par de grands arbres, dessinant çà
et là de mystérieuses allées.
Le liemen'atit, en voie de guérison, s 'y
rendait chaque jour,appuyésur le bras de sa
jeune Antigone, et, comme il n'était pas aveu
gle, il surprit bientôt dans les regards qui
cherchaient les siens avec tendresse, l'expli
cation des sentimens secrets qui,, depuis sa
convalescence, faisaient battre son cœur. Lina
était jolie plutôt que belle; elle était pe-
iite;mais sa taille mignonne était irréprocha
ble; elle avait une petite mai h , un petit.pied,
une petite, bouche, mais de grands yeux
bleus, un grand front, et fie longs cheveux
blonds. Numa Rouf l'aima bientôt avec pas
sion, et résolu t de lui consacrer la vie qu'elle
lui avait conservée. Habitué à considérer
dans celle qui l'avait sauvé l'ange plutôt que
là femme ,-son amour pour elle était si pur-
et si -tendrement timide", qu'il n'avait jamais
osé jusque-là déclarer la nature des senti
mens qu'elle lui avait inspirés. L'occasion
de se prononcer enfin se présenta : c'était un.
soir, Lina, assise près de lui sur un banc de
gazon, à l'ombre d'un chêne séculaire, était
triste et silencieuse; Numa devait rejoindre
dans quelques jours son régiment, cantonné
à SclieEûbrunn.
— Qd'avez-vous, Lina ? lui dit-il.
Lioa ne répondit point, mais elle dé
tourna la tête pour dérober une larme qui
perlait sa paupière. Numa lui. prit la-main
et ajouta : Pourquoi me cacher la cause da .
votre tristesse? ne suis-je pias votre ami?
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