Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-09-22
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 22 septembre 1852 22 septembre 1852
Description : 1852/09/22 (Numéro 266). 1852/09/22 (Numéro 266).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUMÉRO '266.
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PARIS 21 SEPTEMBRE
DISCOURS
prononcé par le prince-president a l'inau-
guiiàtign de la statue équestre de l'eui-
'pereur.
« Lyonnais, votre ville s'est toujours as-
sociéè par des incidens remarquables aux
phases différentes de la vie de l'Empereur.
Vous l'avez salué consul, lorsqu'il allait
par delà 1rs monts cueillir de nouveaux
lauriers ; vous l'avez salué Empereur tout
puissant : et lorsque l'Europe l'avait relé
gué dans une île, vous l'avez, encore des pre
miers, en 1815. salué Empereur.
» De même .aujourd'hui votre ville est la
première qui lui élève une statue. Ce fait a
une signification. On n'élève des statues
équestres qu'aux souverains qui ont régné;
aussi les gouvernemens qui m'ont précédé
ont-ils toujours refusé cet hommage à un
pouvoir dont ils ne voulaient pas admettre
la légitimité.-
» Et cependant, qui fat plus légitimé que
l'Empereur, élu trois fois par le peuple,
sacré par le chef de la religion, recoanu par
toutes les puissances continentales de l'Eu
rope, qui s'unirent à lui et par les liens de
la politique et par les liens du sang ?
» L'Empereur fut le médiateur entre deux
siècles ennemis ; il tua l'ancien régime en
rétablissant tout ce que ce régime avait de
bon; il tua l'esprit révolutionnaire en fai
sant triompher partout les bienfaits de la
révolution :.voilà pourquoi ceux qui l'ont
renversé eurent bientôt à déplorer leur
triomphe ; quant à ceux qui l'ont défendu,
ai-je besoin de rappeler combien ils ont
pleuré sa chule?
» Aussi, dès que le peuple s'est vu libre
de son choix, il a jeté les yeux sur l'héritier
de Napoléon, et, par la.même raison, depuis
Paris jusqu'à Lyon, sur tous les points de
mon passage, s'est élevé le cri unanime de :
Vive l'Etnptreur I Mais ce cri est bien plus à
mes yeux un souvenir qui touche mon cœur
qu'un espoir qui touche mon orgueil. ,
» Fidèje serviteur du pays, je n'aurai ja
mais qu'un but, c'est de reconstituer dans
ce grand pays, si' bouleversé par tant de
commotions et par tant d'utopies, une paix
basée sur la conciliation pour les hommes,
sur l'inflexibilité des principes d'autorité, de
morale, d'amour pour les classes laborieu
ses et souffrantes, de.dignité nationale.
» Nous sortons à peine de et s momens de
crise où, les notions du bieu et du mal
•étant confondues, les meilleurs esprits se
sont pervertis. La prudence et le patriotisme
exigent que, dans de semblables momens,
la nation se recueille avant de fixer ses
destinée!!; et il est encore pour moi difficile
de savoir sous quel nom je puis rendre les
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL, 22"SEPTEMBRE.
DE MAULÉON.
XIX.
ou l'on' reconnait que lucien n'est pas
facile l manier. —trait de continence
digne de scipion l'africain.
J'avais trouvé dans la chanoinesse un sup
pléant bien pins actif, bien plus vigilant que
ne l'avait été le chevalier Rigebert. Comme
elle surveillait Lucien! comme elle s'infor
mait de ses faits ét gestes! Il n'y.a point
de police au monde qui vaille une fem-
nifî pour cela,' Les .femmes ^savent tout
ce qu'elles veulent savoir, pénètrent tout
ce qu'elles veulent pénétrer. En vain es
pérerait- ou garder un repli du coeur à l'abri
5e leurs recherches ; elles trouvent le moyen
dp s'y insinuer et d'en mettre les mystères à
nu Lucien était donc en bonnes mains, et
je pouvais laisser flotter mes lisières.
Ce qu 'Efïïalieî en faisait était plutôt dans
son intérêt que dans le mien ; k-dessus,
poiat d'illusion ni de méprise. Je le savais,
je lè voyais, et que m'importait, après tout ?
J'imitais ces médecins qui, pour combattra
un mal sérieux, inoculent un mal léger, cer
tains que, si le premier cède, iis viendront
facilement à bout du second. La comtesse
;a\au des dangers, et (a suite le prouva bien.
;; :l chanoinesse a'en avait pas. Eu les opposmt
D'une i l'autre, in conjurais le risque te plus
precS iiii ; le reste n'était qu'un souci fort
plus grands services.
» Si le titre modeste de Président pouvait
faciliter la mission qui m'était confiée, et de
vant laquelle je n'ai pas reculé, ce n'est pas
moi qui, par. intérêt personnel, désirerais
changer ce titre contre celui d'Empereur.
» Déposons donc sur cette pierre notre
hommage à un grand homme; c'est hono
rer à la fois la gloire de la France: et la gé
néreuse reconnaissance du peuple; c'est
constater aussi la fidélité des Lyonnais à
d'immortels souvenirs. »
Ce discours a été accueilli par les applau-
dissernens les plus enthousiastes, et aux cris
mille fois répétés de Vive l'Empereur !
Le Moniteur publie aujourd'hui le décret
suivant :
Louis-Napoléon. Président de la République,
Sur le rapport du ministre de l'intéiieur, de l'a
griculture et du commerce,
Vu les lois du 2 juillet 1836 et 6 ma^J84I qui
ont réglé le tarif actuel des houiiles.et dés fontes
brutes ;
Décrète :
Art 1 er . A partir du 1 er octobre prochain", le
droit établi sur les houille* importées par terre,
dans la zcrne comprise entre Halluin inclusivement
et Longwy inclusivement, est fixé à 0 fr. 30 c.
par 100 kil.
2. Le droit sur les fentes brutes importées par
terre de Blanc-Misseron inclusivement à Longwy
inclusivement, est fixe à 5 fr. par 100 kil.
Fait au palais de Saint-Cloud, le 14 septembre
1852.
lobis-napoléon.
Dans sa partie non officielle, le Moniteur
donne les explications suivantes sur ce dé
cret : .
« Les négociations ouvertes avec le cabinet de
Bruielles, pour la remise en vigueur du traite
commercial conclu'entre les deux pays, le 13 dé
cembre 1845, n'ayant point amené le résultat sa
tisfaisant que l'on était en droit d'espérer, il deve
nait indi>pensable d'aûopter, du-côté de laFrance,
les mesures propres à ramener l'égalité dans les
conséquences du régime de droit commun qui pré
sidé désormais aux rapports commerciaux, de la
France et de la Belgique. C'est cette pensée qui a
inspiré au gouvernement du prince-Président le
décret publié ci-dessus. »
Le gouvernement publie aujourd'hui un
décret qui élève, à partir du 1 er octobre, Je
droit sur les houilles belges de 15 à 30 centi
mes/ et le droit sur les fers belges de 4 à 5 fr.
par quintal métrique. Une note qui est
publiée par le journal officiel, et que nous
reproduisons plus haut, fait connaître que
cette mesure est la conséquence de la rup
ture des négociations ouVeites pour le re
nouvellement du traité de commerce conclu
en 1845 avec la Belgique. Il devenait indis
pensable/dit le Moniteur, d'adopter, du côté
de la France, les mesures propres à replacer
les rapports commerciaux entre les deux
pays sous le régime du droit commun.
Quelques observations sont nécessaires
pour apprécier la portée de ce décret. Il faut
d'abord se rappeler que lousles a van Liges ac
cordés par la France aux produits belges n'é
taient pas compris dans le traité de 18-45. De
telle sorte îque, malgré l'expiration et le
non renouvellement, de ce traité, la Belgi
que n'en cpnliniîait pas moins à jouir
de faveurs exceptionnelles. Ainsi les houil
les qu'elle importait chez nous ne payaient
que 15 centimes par quinlal, tandis que
les houilles anglaises étaient soumises ,
sur le littoral de la Manche, à un droit
de: 50 centimes. Il en était de même de.
ses fontes, qui étaient reçues moyennant un
droit de 4 fr., tandis qu'on en demandait 6
aux fontes anglaises.
Nous étions-donc fondés à réclamer'de la
Belgique quelques avantages en retour de
ceux que nousaviôns continués à ses houilles
et à ses fontes. C'est ce qu'a pensé legouver-
nement. 11 a insisté, dit-on, pour que nos soie
ries et nos vins continuassent'à être admis?
aux droits réduits qui avaient été stipulé^
dans le traité de 1845, et dont les soieries-'
et les vins du Zollverein sont d'ailleurs
en possession. La Belgique n'ayant pas ac
cédé à cette demande, ou du moins ayant
élevé des difficultés que l'on pouvait consi
dérer comme un refus, notre gouvernement
a cru devoir prendre alors un parti énergie
que ; il a augmenté le3 droits sur les houil
les et les fontes belles.
La-manière dont a procédé notre gouver
nement, doit être remarquée au point de,
vue des principes économiques. l'y avaitdeux
moyens d'atteindre les importations de la
Belgique . ou de diminuer les droits sur les
houilles anglaises ou d'élever les droits sur
les houilles belges. Le résultat eûtété le même
eu ce qui concerne la Belgique, puisqu'on ,
eût fait disparaître, par ces deux moyens, la
faveur accordée à ses produits. La chambre '
de commerce de Rouen, on ne l'a pas oublié,
avait rédigé de nombreuses pétitions; pour
que l'on eût recours au premier moyen,
c'est-à-dire pour que l'on abaissât Je droit
sur les houilles anglaises au même taux que
le droit sur les houilles belges. On pouvait
donc craindre que le gouvernement n'adoptât.
cette ligne de conduite. Mais il a montré/dans
cette nouvelle occasion, qu'il n'entendait
nullement se départir de la protection ac"*'
cordée au travail national. Il n'a pas abaissé
les droits sur les houilles anglaises, ce qui
"eût. porté un coup funeste a notre pro
duction houillère ; il a, au contraire, aug
menté les droits sur les houilles belges;'
au lieu de diminuer la protection, il l'a rtn*-
forcée. Nous croyons d'autant plus utile de
bien caractériser la résolution adoptée par le
gouvernement, qu'elle confirme en quelque
sorte les déclarations qu'il a faites récem
ment en faveur du régime protecteur , et
qu'elle est de nature à rassurer complète
ment les esprits inquiétés par des bruits
mensongers. -
Le décret, du reste, ne va même pas
aussi loin qu'on pourrait l'inférer de la note
publiée par le journal olficiel. Il résulterait,
en effet', de cette note, que les houilles et les
fontes belges se trouveraient replacés sous le
tarif général. Or, leshouilies belges conservent
encore un avantage réel. Le droit n'est, il
est vrai, que de .30 c. sur le littoral de l'O
céan ; mais il est de 50 c. sur le littoral delà
Manche, et c'est surtout dans ces contrées
que les houilles belges rencontrent la con
currence des houilles anglaises. Ainsi,- dans ■
la part\ q n j fo, i L'i France où. les charbons des i
deux proyenances se trouvent en lutte, •
lfes houilles anglaises paieront 50 cent.,
tandis que les houilles belges pourront •
entrer avec un droit de 30 centimes. D'où il
suit que la Belgique aura encore un avanta
ge considérable sur l'Angleterre.
Cette augmentation de droits ne peut pas
d'ailleurs être regardée comme définitive.
Elle .a été provoquée par le refus de donner
satisfaction aux demandes du gouvernement
fiançais, et elle peut, par-conséquent, être
retirée, sil'on parvient à se mettre d'accord.
Nul doute que la Belgique ne soit amenée à
faire des réflexions sérieuses sur la mauvaise
situation où elle se place. Il y va pour elle
de la prospérité des branches les plus im
portantes de ton industrie minérale.
Les importations de houilles belges se sont
élevées; l'année dernière, à 17,500.000 quin
taux métriques. Les importations de foutes
belges n'ont-été que de 185,000 quintaux;
mais il ne faut pas perdre de vue qu'elles
étaienlbeaucoup plus considérabli s en 1847,
et qu'elles se seraient notablement accrues
avec 1 impulsion donnée aux entreprises de *
chemins de fer.
Ces chiffres suffisent pour montrer tout
l'int- rêtque la Belgique peut avoir à obtenir "
le retrait d'une mesure qui touche d'une
manière si grave à son industrie minérale.
j. durat.
mimiŒammimm&iœmgsmasmgssssssiisi*
La reproduction est interdite.
secondaire.
Ainsi, la divine Eulalie procédait à la façon
des bons limiers, elle chassait pour son comp
te et avec une merveilleuse ardeur. Depuis'
que Lucien avait répandu sur son salon uu
lustre inaccoutumé, elle s'était abandonnée
à l'idée que ce jeune homme lui appartenait
et qu'elle avait sur lui des droits que rien ne
pcîuvait prescrire. Qui les eût contestée, ces
droits? N'avaient-ils pas l'origine la plus na
turelle, la plus précise, la mieux fondée ?
N'étaient-ils pas gravés dans toutes les char
tes de la chevalerie? N'étaient-ils pas la con
séquence d'une hospitalité offerte à propos ?
Au moyen-Age, jamais il n'en fut autrement.
Entre le trouvere et la d/ime qui l'ac
cueillait dans ses palais se formait à l'ins
tant un lien indissoluble, un accord mys
térieux : la châtelaine fournissait l'asile,
le troubadour les chansons, et ils s'ensei
gnaient mutuellement les pratiques du gai
savoir. Telles étaient les traditions sur les
quelles s'appuyait la clianoinesse; elle y
puisait la conscience de son droit. Rien
d'ailleurs ne manquait au rapprochement.
La harpe de Lucien était son manuscrit ; le
palais d'Eulalie son salon, et encore négli
geait-elle d'y compiendre le tapis riè serge
verte et le spectacle des quatre portraits.
Err vertu de ces motifs anciens ou récens,
la chanoinesse con-ilér.nt mon jeune ami
comme sa propriété particulière.et-à ce titre
elle portait sur sa conduits un œil soupçon
neux et jaloux. En rnèmo temps elle cher
chait à l'attirer, à l'envelopper, à s'emparer
de lui au moyen des plus savantes combinai
sons. Que de génie el:e y mil! que de res
sources d'imagination-elle y déploya! Jamais
elle n'avait tint tant (te frvtis, même pour un
Scandinave. C'élai! à chaque in-lant d- p -iits
billets ambrés qui venaient surprendre Lu
cien partout où il se trouvait, et dîins ton
tes 1; s situations de la vie..On lui proposai
une jplace au spectacle ou au concert,.une
course aux musées o.u aux expositions ; les
prétextes ne manquaient prt. Le tenait elle
sous sa main, elle le gardait Je plus long
temps possible, et, quand il lui échappait, sa
tête et ses jambes ne se remettaient au repos
qu'après l'avoir rejoint et ressaisi. Elle u;ait
de tout, même d'une invitation a dîner, et c'é
tait le comble, dans'l'élat où se trouvaient ses
violettes. Point de trèvê, point de relâche;
elle en comprenait les périls. Que ce jeune
homme cessât d'être emporté dans son tour
billon et il pouvait s'en aller vers d'autres
sphères où déjà une pente l'entraînait. Il fal
lait donc le tenir eu haleine, l'occuper, le
maîtriser et au besoin l'obséder. -
Il ne semblait pas néanmoins que ce beau
plan eût obtenu tout le succès-que la clia
noinesse s'en était promis. Peut-être était-ce
en raison de- l'excès; il -ne faut abuser de-
rien, même du génie. Eulalie eu avait trop
déployé. J'ai l eu de croire que Lucien n'eu-
vi.-ageait pas du même œil qu 'elle les tradi
tion» .du moyen âge et qu'il se refusait à
remplir,les fonctions de troubadour, avec
l'étendue et le caractère qu'elle leur as
signait. Surtout il ne se croyait pas en
chaîné par la s-rge verte et les quatre por
traits. De là des différences d'appréciations
qui, d'-s âges passé-;, s'étend tient à l'âge pré
sent et occasionaient des quer< lies dans ce
ménage peu assorti. Quan-lje dis ménage,
c'est que je me -mets du côté de la chanoi-
ne.ise: Lurien n'eût pas accepté le mot, et on
va bien le voir.
Un jour, Eulalie arriva chez moi le visage
en ouragan et les coups de poing tout faits.
Sa toilette avait des airs eff-rés :i»oriis à la
physionomie ; le chapeau s'en allait à la re
cherche du i-lngno'i. la g vanpe ét-iit passée
à l'envers, et. les brodequins traînaient le-irs
laesHs apiès enx com.ne des ligues de pèche.
A pe ne entrée, elle, posa une main sur sa
hanche et n'attendit pas l'échange des civi-
| litès d'usage, entre gens bieu appris..
Voici la continuation de3 dépêchés télé
graphiques reçues. C'est toujours le même
enthousiasme. Son Altesse a dû quitter Lyon
ce matin pour se rendre à Gre noble, où elle
passera la journée de mercredi :
■ Lyon, 21 septembre, 7 heures du matin.
Hier, à neuf heures,ie prince s'est rendu
au théâtre; comme toujours, il a traversé
une foule immense, et les cris répétés de ;
Vive l'Empereur l l'ont accompagné jusqu'au
péristyle.
A son entrée dans la salle, il est salué par
des acclamations enthousiastes de la bril
lante société qui remplit le tliéàtré. 11 se re
tire à minuit, suivi des marques de sympa
thie et d'tntheuHa-me. Aujourd'hui il part
à huit heures pour Grenoble'. Jamais la'ville
de Lyon n'avait été plus brillante ni plus
animée. Cent mille étrangers étaient venus
augmenter la population de la ville.
Dans le jour, des guirlandes de fleurs, le
soir de magnifiques illuminations, ont mar
qué son passage, et partout sur ses pas S. A.
a rencontré les témoignages les plus enthou
? siàstes, les svmpatLies et les espérances po
pulaires. ■ *
Lyon, 21 septembre, 10 h. du matin.
Le prince est parti de Lyon pour Greno
ble à huit heures. S.A. a reçu, en traver
sant la ville et ses faubourgs, de nouveaux
témoignages des plus vives sympathies de la
population entière.
Son cortège a été suivi jusqu'aux limites
du département par les fonctionnaires et les
notabilités JocaJcs, dont Jes équipages nom
breux occupaient une partie de ce parcours.
Le vœu du prince s'est accompli ; ce n'est,
point en vain qu'il a fait, appel à l'amour
des Lyonnais. Il en a reçu à son départ com
me à son arrivée, et pendant son séjour, des
preuves éclatantes et décisives.
Lyon, 21 septembre, dix heures
et demie du matin. •
Partout sur son passage et jusqu'aux limi
tes du département du Rhône, le prince a
été salué des acclamations de : Vive i'Empe-
rtur/'-Malgré le temps pluviéux, une foule
énonne sepressait pour lui fiire t-es adieux.
La prince jouit de la plus admirable santé,
et n'éprouve pas la moindre fatigue.
Lyon, 21 septembre, deux heures un
quart du soir.
Le prince poursuit sa marche triomphale
dans le département de l'Isère, dans la limi
te duquel le préfet est venu le trouver.
On ne s'entretient à Lyon, après le départ
de S. A., que de l'effet produit par le dis
cours prononce au pied de la statue qui orne
maintenant la place Napoléon. On est encore
sous l'impression du tonnerre de cris de:
Viv: l'Empereur / qui ont retenti comme le
bruit imposant d'un sacre populaire, au
moment où S. A. a déclaré que, si le titre
-modeste -de Président "pouvait suffire "à" Va
mission, il n'en ambitionnait pas d'autre.
Nous continuons-de publier le récit offi
ciel du voyage du prince-Président :
Saint Etienne, samedi 18 septembre.
Le 18, à la réception del'IIôtel-de-Ville, le prin
ce Président a accordé la croix de la Légion-d'Hon-
neur aux personnes dont les noms suivent :
M. Quanûn, maire de Saint-Elieriné; ■
£ M. 3oass;ird, maire de Sdint Chnsto-en-Jwret ;
M. Capbert, commissaire central'àSainl-Eiieunc;
M. Eugène Janvier.-
La municipalité de Saint-Etienne, pour honorer
le pas-are du prince-President, ayait ouvert à t'llô-
tel-de-Viile une exposition des principaux produits
de l'industrie stpphdiioi.se.
L'on remarquait d'abord l'Hôtel—de-Ville, dont
la faç-ide avait été splendidement décorée pour re
cevoir lu -princr -pi -ésidiiiit. Les gradins du vaste
perron par lequel on moule de la place à /IlOtel
étaient garnis feuillage; lt.siriterv.,Iles'de.-.lenèiresdart:z de-ch^i s-
se« étaient décorés (tes armes de la'ville de Saii-r-
Etienne et de celles des principales villes del'arroo-
dis*emeni, " Feurs, Saiut-Chaoïond, etç ; des t'e-
■èires du prvuuier.étage peiuUient des draps d'o',
avec les initiales L. N. Entre les eniablemens, ou
lisait deux inscriptions : l'une, Marenyd, Ausier-
liiz, la Muskuwa, r;ippela.it les grandes luttas l'erà|)ire; i'autiv, lu -décembre, 2 décembre, 20. dé
cembre, ié umait les trois phases de la vie politi
que de la France, qui oru fait du Pnece Louis-Na
poléon l'élu de la nation. Un' aigle d>déployées, planait sur l'Iiorloge; des banderoles
aux couleurs nationales fljttaient de toutes parts
sur 1 edifiee.
Les marches de l'escalier intérieur étaient aussi
ornées de fleurs ; un aigle colossal, entièrement
— Mon cher, me dit-elle, je viens vous
voir ; car enliu ceci vous regarde autant que
^moi. C'est que, voyez vous, les choses en
sont sur un pied intolérable.-J'en ai passe,
j'en passe tous les jours j j'y mets du mien ;
oh ! oui, j'y mets du mien ; mais il y a une
limite, emënd< z-vous ? il y a une limite.
— Dis quoi s'agit-il donc, ma belle? répon
dis je avec une politesse de chevalier. Parlez,
chanoinesse, et surtout ne demeurtz pas as
sise sur ce pliant. Prenez un fauteuil, dé
grâce, prenez un lauteuil !
— Non, mon cher, trêve aux façons ; je ne
suis pas venue jiour prendre des poses. Il y
a 'ceci en deux mots, sans points ni virgules :
que vous m'avez confié un jeune homme, et
qu'il vous compromet.
— Qui donc, chanoinesse? Serait-ce Lu
cien, par hasard?
— Oui, votre Lucien, mon cher, votre
Lucien dont vous avez plein la bouche. Il
vous compromet épouvantabienient. Ne riez
pas -j c'e.-t trè-i téneux. Quand je lai accepté
de "votre maiu, je me suis dit : Ce doit être
un sujet dressé ; Népomucène ne. me l'eût
point amené sans cela. Il sait trop vivre, il
connaît trop les usages; oui, c'est un sujet
dressé, je puis tabler là-dessus. Que si, par
hasard, il. avait eu un peud'écorce de sa
province, eh bien 1 Népomucène n'eût pas
manqué de le raboter; il s'y entend, il a-du
style et sait comment ou dégrossit les hom-
m'es pour les p ro luire ensociél é. Yoilà quelle
confiance j'ai eue en vous, mon cher, et
j'ajoute que celte confiance a éteindignement
trompée. Vousm'avi z tenduuu piège â loups,
avouez-le!
— Moi, chanoinesse I Dieu m'est témoin
qu'il n'en e-t rien. .
— N'empêche que j'y suis prise et que j'y
laisserai ce que j'y iaisserui." Ali ! mais oui",
il n'y a pa-s à ricaner. Bien, bien, plaisantez
encore l Un garçon qui oie vient de vous !
Un cadeau que vous m'avez fait! C'est-à-dire
fait avec des armes, couvrait lé mur. Pour donner,
une idée de la composiiion ingénieuse de cet era-.
blè r.e, nous noûs bornerons à dire que les gran
des plumes étaient formées de sabres de cavale
rie, les petites plumes de baïonnettes, et les au
tres ' parties de différentes pièces d'armes démon
tées ; de chaque côté de l'aigte étaient suspendues
une croix d'honneur et une médaille militaire
composées de la même manière.
Au premier étage {l'on apercevait d'abord une
galerie d'armes historiques, formée en grande
partie des acquisitions faites par la ville de S.iint-
Etitinne au musée du imréch.-.l Oudinot. Dix ar
mures complètes de chevaliers étaient rangées
contre les murs; parmi elles on remarquait, en-
tièremeet dorée, celle de MoritccuculH, l'adver
saire quelquefois heureux de Turenne, cl celle
de François I er , le roi chevalier, le vainqueur de
Marignan. Sur le plastron de cette armure, toute
en acier, on voit des salamandres jouant avec des
amours p.t cachant leurs tètes dans -des corbeil
les de fleurs, et, sur l'ep-ule droite, une sala
mandre lançant des flammes et des dards; une
armure suisse, à bandes blanches, sur fond noir,
fixait aursi l'attention par le Uni de son iravail.
Il y avait parmi toutes ces armes curieuses des
arquebuses à rouet du XVII 0 siècle, un pierrier et
dvs bombardes du XV 0 ; îles coulevrines bavai o^ses
du XVII e , et un fusil d'honneur légué à la ville
de Sâint-E ienrie par le gendarme Pétiot, à qui il
avait été donné par le premier consul.
Puis venait, dans une longue galerie, l'ex
position des produits lo :aux : des pièces de
grande- fo-ge, un moi tier monté en fer, des cer
cles de roues de locomotive en acier trempé, et
d'autres pièces .importantes fabriquées à l'aide
du mortier-pilon; les faulx en acier de MM.
Jackson ; entin des échantillons de tous les pro
duits mctallurgiqu- s de l'arVondi-senieut.
Les armuriers appelés à concourir pour la
confection d'un fut-il d'honneur que la ville ,
compte ofl'tir au prince avaient tous exposé ; et
pour donner une idee des transformations que
sul.it. le fer pour arriver à lVtat de canon
de fusil, on avait placé à côté l'une de-l'au
tre des" baguetles de fer d 'abord, brutes et ito-
lée?, puis soudées entre elles, puis tordues, arri
vant «insi par degrés jusqu'au dernier échelon de
ce travr.il, c'est-à-dire jusqu'à un canon.de fusil
entièrement terminé.
Dans une autre pièce, la rubannerie de Saint-
Etienne, qui n'a point de rivale dans le monde, et
que les ouvriers ont poussée jusqu'à l'art le plus
.perfectionné, avait expose des spécimens de ses
plus riches produits; on y voyait, entre autres,
des rubans représentant !e prince-Président, tra
vail precieux que l'on avait l'ait fabriquer en sou
venu de son passage dans la ville. «
L'on comprendra l'importance de cette expo
sition en se rappelant que l'arrondissement de
Saint-Etienne renferme 200,000 habitans; qu'il
est l'un des foyers les plus actifs de l'industrie
française; que ses mines de houille, verreries,
hauts-fourneaux, forges, armes, quincaillerie, ru
bans, fournissent des produits pour une somme de
plus de 120 millions.
Le prince-Président a parcouru ces différentes
galeries .à plusieurs reprises, et examiné dan-i les
plus, grands détails, et avec- le plus vif intérêt,
tous l=s objets ci posés, témoignage éclatant des
richesses industrielles de la France.
A huit heures, la ville entière a été illuminée,
un feu d'artilicea < té tiré.
A neuf heures, le prince-Président a ouvert le
bal qui lui était offert à l'Iîôtel-de-.Ville ; il dan
sait avec Mme Q'iantin, fumaie du maire de Saint-
Etienne ; il avait pour vis-à-vis M. le préfet du
défiarteme' tde la. Loire, dansant avec Mme la ba
ronne de Richepause, femme du général comman
dant la subdivision militaire. Une seconde fois
dans la soirée, il a dansé avec Mme Balay, fille du
député de l'airendiss'ement de Suint-Etienne ; M.
le général de Saint-Aï naud lui faisait vis-à-vis
avec Mme la baronne de Riche pans é.
Le'prince-President s'est retiré à onze heures ;
la fête a continué jusqu'à cinq heures du matin.
MM: les administrateurs des différentes conces-'
fions de mines de houille ont offert au prince-
Président un cuff'ret d'ebène,, garni d'argent, sur
monté de ses armes. Ce coffret, objet d'art du plus
grand prix, était divisé en soixante-deux compar-
timens, et renfermait un échantillon de charbon
de chacune des soixante-deux concessions de l'ar
rondissement.
Saixit-Etienne, 18 septembre 1852;
samedi, dix heures du soir.
La réception si chaleureuse ,et si sympathique
que le prince, avait reçue à Roanne nous avait
donné une idée des seiitimeus qui animent 1rs
habitons ' du département de la Loire. Mais c'es-t
à S iint-Etienne surtout que ces sentiment de
vaient éclater avec une force, i ne spontanéité,
un enthousiasme dont on n'avait pas encore eu
d'exemple. Saint Etienne, la cite industrieuse, !a
ville ouvrière par excellence, a dépasse tout ce que
nous avions vu jusqu'à ce >our. Jamais, à aucune
éjioque. il n'y avait eu un p ireil élan, un pareil
entr.iinement dans l'esprit et dans le cœur di s
mt-sf s. Cette journée' ^era certainement -une des
plus mémorables du voyage du prince-P. esirlent.
- Parti de Ro.t« ne à dix heures, le prince est . r-
rivé à Saiet-btu une à quatre heurts.-Son voyage
a ete le prélude de l'ovation qui l'attendait ici.
Partout, sur son passage, à Neulise, à Feurs, à
Montrond, à la Gouyonniere, les populations des
cuupagnes environnantes s'étùent agglomérée*
que vous m'eu répondez sur votre tête, mon
cher.
— J'accepte la responsabilité, chanoinesse.
Voyons, parlez, épanchez-vous ; que vous a-
t-il l'ait?
--Des horreurs, mon ami, dit-elle en s'at
tend ritsant, de véritables horreurs! Figu
rez vous que je me suis prodiguée pour lui !
Des attentions, des prévenances, rien ne me
coûtait, rien ne me pesait; je devais bien
cela à un jeune homme que vous protégiez.
Qu'est-ce que je lui demandais e,n retour?
Peu de chose, grands dieux ! Quelques égards,
de bons pro- édés et de là reconnaissance,
s'il est susceptible d'en avoir. Eh bien! mon
cher, rien, rien, rien ! mais rien de rien-. Un
bloc, de glace ! un fossile, ! une incrustation!
Voilà le sujet que vous m'avez confié.
— Peut-être, chanoinesse, ■ n'y avez-vous
pas mis a;sez du ïôtre? dis-je avec une ap
parente candeur.
— Mon cher, épargnez-moi ; depuis deux
semaines je ne cesse d'en rougir; je m'épuise,
en accès de pudeur et tout mon sang a passé
sur mes joues. ' Pour un rien, je cacherais
■ma honte dans vos bras.
, — ^Pauvre femme ! m'écriai-je en me pla
çant île manière à éluder l'effet de cette me
nace. Pauvre femme !!! Eh bien! il y a des
exemples de cela. Peut-être serait-il à propos
d'en répandre quelques-uns sur vos blessu
res. Chanoinesse, croyrz-en un homme'qui
a trouvé des goujugemens induis dans l'étude,
de l'antiquité. Voulez-vous que je vous énu-
mère, comme adoucissement à vos maux,
les noms de grandes délaissées? Vous avez
Ariane, vous avez Didon...
— Laissez-moi donc en paix avec vos vé
tustés, mon cher, je n'ai pas de goût pour
les momies. C'est de votre-jeune homme
qu'il f.iut parler.
— De mon jeune homme ? soit. Alors, ma
belle, permettez^moi de vous dire qu'il a son
modèle tout trouvé ; c'est Seipion l'Africain
pour le saluer, elles aussi, du cri de Vive l'Empe*
reur ! qui sera bientôt le cri de ralliement de la
France, entière. ~
. Partout des a:rcs de triomphe sont dressés, mê
me dans les lieux où il ne doit pas s'arrêter ; en
vain dit-on aux hitiitans que le prince ne fera que
passer, ils n'en persistent pas moins dans leur
œuvre; chacun veut apporter sa branche pour
l'arc triomphal.
Le préfet, la sous-préfet, le général Tournemine,'
inspecteur de l'artillerie; lès députés Janvier, de
Tarn-et-Garonne; Desmarets, de.la Loire; Bouche-
tal de la Roche, de Montbrison; de la Tour-Mau-
bourg, de la Haute-Loire; et Ba'ay-de la Bertran-
dière, étaient allés à la rencontre du prince jus-»
qu'à la Gouyonnière,
Arrivé à 4 kilomètres de Saint-Etienne, une
surprise était réservée au prince-Président, et il y
a paru sensible. C'est le côté caractérisque des fè-r»
tes que la ville allait lui olîrir.
Au pied du village de Saini Priest, sur les bords
de la rjute, les ouvriers mineurs de tout l'arron
dissement de Saint-Etienne,, pour fêter la venue
du prince, avaienteu l'heureuse idée d'executerle
spécimen d'une galerie de mine en pleine exploi
tation. Cette galerie était tià-.ie en blocs de char- '
hou, "et des trophées de même matière en d' CO-
raient l'entrée. Au-dessus de la porte oti lisait l'ins
cription suivante : A Louis Napoléon, les ouvriers
mineurs 1
Le prince a fait arrêter sa voiture et a visité ces
travaux avec un vif intérêt ; puis, traversant la
route, il s'est rendu, pir un plan incliné , sous
une vaste tente de 40 pieds de hauteur et magni-
fique'ment dt eorée de draperies en velours rouge
garni de crépi fies d'or.
Sur le fronton, étaient inscrits, en lettres d'or,
ces mots : Vive l'Empereur !
Au centre du la tente, sur un piédestal, on avait
placé un aigle colossal, sculpté dans un immense
bloc de charbon;
Du l'autre côté de latente, dans une vaste prai
rie formant urt demi-cercle, étaient plantés des
mâts ornés de banderoles tricolores. Autour dé--
chaque mât étaient rangés les ouvriers mineurs
appartenant à l'exploitation dont le nom se trou
vait inscrit sur un écusSon. Leur nombre s'élevait
à six mille au moins.
Quand le prince, est arrivé à l'entrée de la tente,
le cri de Vive l'Empereur ! est sorti instantané
ment de toutes l'es bouches.'
• M. Jayr, ancien ministre, président du conseil
d'administration des mines de la Loire, qui avait
reçu le prince à son arrivée,"lui a présenté M. Mo-
rillot, directeur des mines de Firminy, auquel le
prince a remis la croix de la Légion-d'IIonneur, et
un vieil ouvrier mineur, MaHignier, ancien soldat '
de l'île d'Elbe, auquel le prince a également donné ■
la croix;au moment où le prince attachait la déco
ration sur la poitrine de ce vieillar d à cheveux;
blancs, les cris de Vive l'Empereur! ont redoublé.
De ce point jusqu'à la ville, de Saint-Etienne ,
c'est à-dire sur un parcours de 4 kilomètres , ce
n'est pas exagérer que de porter à 80,000 le nom- •
bre des personnes qui se pressaient sur son pas- .
sage. C'est avec peine que le cortège put se frayer
un chemin à travers cette foule émue et enihou-
sia-.te, jusqu'à l'arc de triomphe où l'attendait le
maire, M. Quantin, à la tête du conseil municipal.
Sur cet arc de triomphe étaient- inscrits ces
mots: A S. A. I. le prince Louis-Napoléon.
« Prince, l'ii a dit ce magistrat, la ville de, Saint-
Etienne est heureuse de recevoir dans ses me.rs le
prince illustre, digne héritier du nom de Napo
léon., à qui l.i France doit la paix et la sécurité."
» Veuitlwagréer, Mon-eigneur, les.hommages
empressés de celle innombrable population qui se
presse sur vos pas, avide de témoigner, par ses
acclamations, la reconnaissance dè (oui pour
l 'homme qui a sauvé la patrie et assis sur une ba
se immuable l'honneur et la prospérité du pays. »
Le prince l'a remercié en termes qui prouvaient'
combien l'accueil des habitans de Saint-Etienne le
touchait profondément.
Les cris r>e Vive l'Empereur .'-redoublant et l'ac
compagnent jusqu'à riIôtel-de-Yille.
Toutes les rues sont pavoisées de mâts vénitiens
et de banderoles tricolores. Un seul fait suffira J!
poiir donner une idée ■ de rempresçeraent qu'ont
mis les habitans à décorer leurs maisons : c'est
qu'à l'heure qu'il est- on ne:trouverait pas dans
les magasins de la ville de SaintfEtienne 100 mè^
très d'éiolfes ronge ou bleue.
Au moment où.le cortège débouchait sur la place
de i'Hôtel-de-Ville, il y a eu dans la foule immense
qui couvrait cétle place un niouvenient. .fui q Ue i e
prince a été pour ainsi dire porté,par ia'foule avide
de b contémpler.jusqu'au haut dê l'escalier.
L'Hôtel-de Ville c*t magnifiquement *téco'é pour
le îecevoii ^ des trophées d armes, nn aigle colos
sal, ne 4 mètres d'envoigure, font face a l'escalier
d'honneur par lequci le prince est entré.Cetaigle
est co;iipo-é de sabres de cavalerie, deb.tïinuet—
-t^S, etc.. groupés avec un art infini; de cliaque
cote de 1 aigle s»»nt sir-penduos ft croix d'honneur
et la médaillé d'honneur l'armées de la même ma
nière.
Les habitans de S.dntrEiienne ont pei^é que
ri :n ne serait plus .agréable au prince que de lui
montrer reunis les .principaux produite de son in
dustrie métallurgique. . • - -
Noua regrettons de détails a ce sujet.
A six heures, le prince Président a reçu les au
torités de la ville et du département, les maires,
les conseillers municipaux ét les déput itions de
toutes les -cammunes, ainsi que toutes lés députs-
au siège de Carthagèse.
— Encore ! Vous baissez, mon cher; vous
vous pétrifiez; la mousse vous gagne. Voyous
ne traviiil'ons pas dans le vieux. Soyons dé
notre temps ; il s'agit de Lucien ; voici ■ un
dernier trait. Je n'osais pas y arrivor, tant la
confusion m'inonde, à y songer seulement
Promettez-moi, Népomucène, que vous n'en
abuserez pas et que je verse cet nveu dans
une oreille.impénétrablement discrète. Vous
me le promettez?
—En douteriez-vous? Vous avez affaire
à un galant homme, chanoinesse.
—Allons, c'est bien ; excusez le mot ; c'est
le dernier cri de la pudeur aux abois. J'en
reviens à mon aveu. Eiguréz-vous qu'un d^
ces jours passés, un matin, et, faut il le dire
d'assez bonne heure, je me réveille avec la
pensée que Lucien me manque depuis quel
ques jours et avec un désir effréné de le're
voir. Je vous ai promis d épancher daus vo
tre sein toutes les ur.nes de mon cœur; vous
voyez que je ne m'en fais pas faute. Le ciel
m'est témoin pourtant que je luttai et que '
je ne cédai qu'après un vif combat. Mon
cher, on ne se jette pas' à Ja tête des gens
sans y mettre uu peu d'hésitation. Enfin re
cède, le m'abandonnej je me livre au destin;
J'endosse au hasard, a la hât^, une robe dà
négligé, mets un chàlé sur mes épaules et
m'achemine, par- un brouillard affreux, voust.
devinez où, mon cher, et vers, quel but'. Pa»- '
scz-moi vos écrans, tous vos écrans, Népo
mucène, je me sens incapable de supporter
un regard humain. •
— feuez, chanoinesse, dis'-je en m'exé-
cutant, et prenez courage. Faut-il se porter à
votre secours? Voyons, j'y ferai de mon
mieux. Oui l Eh bien! vous alliez demander
l'hospitalité pour un cœur blessé ! Vous vous
rendiez chez Lucien,, dans sa chambre, est-
ce cela?
— Vous l'avez dit, mon cher, et ce mot
me rend toute ma force. C'était le seul qui
ISUI&lE&irx. : rue de Waiois (&*aiais-Iloval). 11. 19.
B
IB52. - ^SICREDI S3 SEPTEMBRE,
Prix de l'abonnement.
0 _ ■
PARIS ET DEPARTEOTEKB :
§ fh. poto trois mois.
32 f». pour l'année.
un numéro : 15 centimes*
r-
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POÇa LES PAYS ETRANGERS
ter au tableau publié dans journal. 1
-les 10 et 25 de chaque mois.
" i • ... •. - • " * " . ' " -
S'adresser , franco, pour la rédaction, d Mï CccaïVAL-CiAaiGHT, [rédacteur tn
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PARIS 21 SEPTEMBRE
DISCOURS
prononcé par le prince-president a l'inau-
guiiàtign de la statue équestre de l'eui-
'pereur.
« Lyonnais, votre ville s'est toujours as-
sociéè par des incidens remarquables aux
phases différentes de la vie de l'Empereur.
Vous l'avez salué consul, lorsqu'il allait
par delà 1rs monts cueillir de nouveaux
lauriers ; vous l'avez salué Empereur tout
puissant : et lorsque l'Europe l'avait relé
gué dans une île, vous l'avez, encore des pre
miers, en 1815. salué Empereur.
» De même .aujourd'hui votre ville est la
première qui lui élève une statue. Ce fait a
une signification. On n'élève des statues
équestres qu'aux souverains qui ont régné;
aussi les gouvernemens qui m'ont précédé
ont-ils toujours refusé cet hommage à un
pouvoir dont ils ne voulaient pas admettre
la légitimité.-
» Et cependant, qui fat plus légitimé que
l'Empereur, élu trois fois par le peuple,
sacré par le chef de la religion, recoanu par
toutes les puissances continentales de l'Eu
rope, qui s'unirent à lui et par les liens de
la politique et par les liens du sang ?
» L'Empereur fut le médiateur entre deux
siècles ennemis ; il tua l'ancien régime en
rétablissant tout ce que ce régime avait de
bon; il tua l'esprit révolutionnaire en fai
sant triompher partout les bienfaits de la
révolution :.voilà pourquoi ceux qui l'ont
renversé eurent bientôt à déplorer leur
triomphe ; quant à ceux qui l'ont défendu,
ai-je besoin de rappeler combien ils ont
pleuré sa chule?
» Aussi, dès que le peuple s'est vu libre
de son choix, il a jeté les yeux sur l'héritier
de Napoléon, et, par la.même raison, depuis
Paris jusqu'à Lyon, sur tous les points de
mon passage, s'est élevé le cri unanime de :
Vive l'Etnptreur I Mais ce cri est bien plus à
mes yeux un souvenir qui touche mon cœur
qu'un espoir qui touche mon orgueil. ,
» Fidèje serviteur du pays, je n'aurai ja
mais qu'un but, c'est de reconstituer dans
ce grand pays, si' bouleversé par tant de
commotions et par tant d'utopies, une paix
basée sur la conciliation pour les hommes,
sur l'inflexibilité des principes d'autorité, de
morale, d'amour pour les classes laborieu
ses et souffrantes, de.dignité nationale.
» Nous sortons à peine de et s momens de
crise où, les notions du bieu et du mal
•étant confondues, les meilleurs esprits se
sont pervertis. La prudence et le patriotisme
exigent que, dans de semblables momens,
la nation se recueille avant de fixer ses
destinée!!; et il est encore pour moi difficile
de savoir sous quel nom je puis rendre les
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL, 22"SEPTEMBRE.
DE MAULÉON.
XIX.
ou l'on' reconnait que lucien n'est pas
facile l manier. —trait de continence
digne de scipion l'africain.
J'avais trouvé dans la chanoinesse un sup
pléant bien pins actif, bien plus vigilant que
ne l'avait été le chevalier Rigebert. Comme
elle surveillait Lucien! comme elle s'infor
mait de ses faits ét gestes! Il n'y.a point
de police au monde qui vaille une fem-
nifî pour cela,' Les .femmes ^savent tout
ce qu'elles veulent savoir, pénètrent tout
ce qu'elles veulent pénétrer. En vain es
pérerait- ou garder un repli du coeur à l'abri
5e leurs recherches ; elles trouvent le moyen
dp s'y insinuer et d'en mettre les mystères à
nu Lucien était donc en bonnes mains, et
je pouvais laisser flotter mes lisières.
Ce qu 'Efïïalieî en faisait était plutôt dans
son intérêt que dans le mien ; k-dessus,
poiat d'illusion ni de méprise. Je le savais,
je lè voyais, et que m'importait, après tout ?
J'imitais ces médecins qui, pour combattra
un mal sérieux, inoculent un mal léger, cer
tains que, si le premier cède, iis viendront
facilement à bout du second. La comtesse
;a\au des dangers, et (a suite le prouva bien.
;; :l chanoinesse a'en avait pas. Eu les opposmt
D'une i l'autre, in conjurais le risque te plus
precS iiii ; le reste n'était qu'un souci fort
plus grands services.
» Si le titre modeste de Président pouvait
faciliter la mission qui m'était confiée, et de
vant laquelle je n'ai pas reculé, ce n'est pas
moi qui, par. intérêt personnel, désirerais
changer ce titre contre celui d'Empereur.
» Déposons donc sur cette pierre notre
hommage à un grand homme; c'est hono
rer à la fois la gloire de la France: et la gé
néreuse reconnaissance du peuple; c'est
constater aussi la fidélité des Lyonnais à
d'immortels souvenirs. »
Ce discours a été accueilli par les applau-
dissernens les plus enthousiastes, et aux cris
mille fois répétés de Vive l'Empereur !
Le Moniteur publie aujourd'hui le décret
suivant :
Louis-Napoléon. Président de la République,
Sur le rapport du ministre de l'intéiieur, de l'a
griculture et du commerce,
Vu les lois du 2 juillet 1836 et 6 ma^J84I qui
ont réglé le tarif actuel des houiiles.et dés fontes
brutes ;
Décrète :
Art 1 er . A partir du 1 er octobre prochain", le
droit établi sur les houille* importées par terre,
dans la zcrne comprise entre Halluin inclusivement
et Longwy inclusivement, est fixé à 0 fr. 30 c.
par 100 kil.
2. Le droit sur les fentes brutes importées par
terre de Blanc-Misseron inclusivement à Longwy
inclusivement, est fixe à 5 fr. par 100 kil.
Fait au palais de Saint-Cloud, le 14 septembre
1852.
lobis-napoléon.
Dans sa partie non officielle, le Moniteur
donne les explications suivantes sur ce dé
cret : .
« Les négociations ouvertes avec le cabinet de
Bruielles, pour la remise en vigueur du traite
commercial conclu'entre les deux pays, le 13 dé
cembre 1845, n'ayant point amené le résultat sa
tisfaisant que l'on était en droit d'espérer, il deve
nait indi>pensable d'aûopter, du-côté de laFrance,
les mesures propres à ramener l'égalité dans les
conséquences du régime de droit commun qui pré
sidé désormais aux rapports commerciaux, de la
France et de la Belgique. C'est cette pensée qui a
inspiré au gouvernement du prince-Président le
décret publié ci-dessus. »
Le gouvernement publie aujourd'hui un
décret qui élève, à partir du 1 er octobre, Je
droit sur les houilles belges de 15 à 30 centi
mes/ et le droit sur les fers belges de 4 à 5 fr.
par quintal métrique. Une note qui est
publiée par le journal officiel, et que nous
reproduisons plus haut, fait connaître que
cette mesure est la conséquence de la rup
ture des négociations ouVeites pour le re
nouvellement du traité de commerce conclu
en 1845 avec la Belgique. Il devenait indis
pensable/dit le Moniteur, d'adopter, du côté
de la France, les mesures propres à replacer
les rapports commerciaux entre les deux
pays sous le régime du droit commun.
Quelques observations sont nécessaires
pour apprécier la portée de ce décret. Il faut
d'abord se rappeler que lousles a van Liges ac
cordés par la France aux produits belges n'é
taient pas compris dans le traité de 18-45. De
telle sorte îque, malgré l'expiration et le
non renouvellement, de ce traité, la Belgi
que n'en cpnliniîait pas moins à jouir
de faveurs exceptionnelles. Ainsi les houil
les qu'elle importait chez nous ne payaient
que 15 centimes par quinlal, tandis que
les houilles anglaises étaient soumises ,
sur le littoral de la Manche, à un droit
de: 50 centimes. Il en était de même de.
ses fontes, qui étaient reçues moyennant un
droit de 4 fr., tandis qu'on en demandait 6
aux fontes anglaises.
Nous étions-donc fondés à réclamer'de la
Belgique quelques avantages en retour de
ceux que nousaviôns continués à ses houilles
et à ses fontes. C'est ce qu'a pensé legouver-
nement. 11 a insisté, dit-on, pour que nos soie
ries et nos vins continuassent'à être admis?
aux droits réduits qui avaient été stipulé^
dans le traité de 1845, et dont les soieries-'
et les vins du Zollverein sont d'ailleurs
en possession. La Belgique n'ayant pas ac
cédé à cette demande, ou du moins ayant
élevé des difficultés que l'on pouvait consi
dérer comme un refus, notre gouvernement
a cru devoir prendre alors un parti énergie
que ; il a augmenté le3 droits sur les houil
les et les fontes belles.
La-manière dont a procédé notre gouver
nement, doit être remarquée au point de,
vue des principes économiques. l'y avaitdeux
moyens d'atteindre les importations de la
Belgique . ou de diminuer les droits sur les
houilles anglaises ou d'élever les droits sur
les houilles belges. Le résultat eûtété le même
eu ce qui concerne la Belgique, puisqu'on ,
eût fait disparaître, par ces deux moyens, la
faveur accordée à ses produits. La chambre '
de commerce de Rouen, on ne l'a pas oublié,
avait rédigé de nombreuses pétitions; pour
que l'on eût recours au premier moyen,
c'est-à-dire pour que l'on abaissât Je droit
sur les houilles anglaises au même taux que
le droit sur les houilles belges. On pouvait
donc craindre que le gouvernement n'adoptât.
cette ligne de conduite. Mais il a montré/dans
cette nouvelle occasion, qu'il n'entendait
nullement se départir de la protection ac"*'
cordée au travail national. Il n'a pas abaissé
les droits sur les houilles anglaises, ce qui
"eût. porté un coup funeste a notre pro
duction houillère ; il a, au contraire, aug
menté les droits sur les houilles belges;'
au lieu de diminuer la protection, il l'a rtn*-
forcée. Nous croyons d'autant plus utile de
bien caractériser la résolution adoptée par le
gouvernement, qu'elle confirme en quelque
sorte les déclarations qu'il a faites récem
ment en faveur du régime protecteur , et
qu'elle est de nature à rassurer complète
ment les esprits inquiétés par des bruits
mensongers. -
Le décret, du reste, ne va même pas
aussi loin qu'on pourrait l'inférer de la note
publiée par le journal olficiel. Il résulterait,
en effet', de cette note, que les houilles et les
fontes belges se trouveraient replacés sous le
tarif général. Or, leshouilies belges conservent
encore un avantage réel. Le droit n'est, il
est vrai, que de .30 c. sur le littoral de l'O
céan ; mais il est de 50 c. sur le littoral delà
Manche, et c'est surtout dans ces contrées
que les houilles belges rencontrent la con
currence des houilles anglaises. Ainsi,- dans ■
la part\ q n j fo, i L'i France où. les charbons des i
deux proyenances se trouvent en lutte, •
lfes houilles anglaises paieront 50 cent.,
tandis que les houilles belges pourront •
entrer avec un droit de 30 centimes. D'où il
suit que la Belgique aura encore un avanta
ge considérable sur l'Angleterre.
Cette augmentation de droits ne peut pas
d'ailleurs être regardée comme définitive.
Elle .a été provoquée par le refus de donner
satisfaction aux demandes du gouvernement
fiançais, et elle peut, par-conséquent, être
retirée, sil'on parvient à se mettre d'accord.
Nul doute que la Belgique ne soit amenée à
faire des réflexions sérieuses sur la mauvaise
situation où elle se place. Il y va pour elle
de la prospérité des branches les plus im
portantes de ton industrie minérale.
Les importations de houilles belges se sont
élevées; l'année dernière, à 17,500.000 quin
taux métriques. Les importations de foutes
belges n'ont-été que de 185,000 quintaux;
mais il ne faut pas perdre de vue qu'elles
étaienlbeaucoup plus considérabli s en 1847,
et qu'elles se seraient notablement accrues
avec 1 impulsion donnée aux entreprises de *
chemins de fer.
Ces chiffres suffisent pour montrer tout
l'int- rêtque la Belgique peut avoir à obtenir "
le retrait d'une mesure qui touche d'une
manière si grave à son industrie minérale.
j. durat.
mimiŒammimm&iœmgsmasmgssssssiisi*
La reproduction est interdite.
secondaire.
Ainsi, la divine Eulalie procédait à la façon
des bons limiers, elle chassait pour son comp
te et avec une merveilleuse ardeur. Depuis'
que Lucien avait répandu sur son salon uu
lustre inaccoutumé, elle s'était abandonnée
à l'idée que ce jeune homme lui appartenait
et qu'elle avait sur lui des droits que rien ne
pcîuvait prescrire. Qui les eût contestée, ces
droits? N'avaient-ils pas l'origine la plus na
turelle, la plus précise, la mieux fondée ?
N'étaient-ils pas gravés dans toutes les char
tes de la chevalerie? N'étaient-ils pas la con
séquence d'une hospitalité offerte à propos ?
Au moyen-Age, jamais il n'en fut autrement.
Entre le trouvere et la d/ime qui l'ac
cueillait dans ses palais se formait à l'ins
tant un lien indissoluble, un accord mys
térieux : la châtelaine fournissait l'asile,
le troubadour les chansons, et ils s'ensei
gnaient mutuellement les pratiques du gai
savoir. Telles étaient les traditions sur les
quelles s'appuyait la clianoinesse; elle y
puisait la conscience de son droit. Rien
d'ailleurs ne manquait au rapprochement.
La harpe de Lucien était son manuscrit ; le
palais d'Eulalie son salon, et encore négli
geait-elle d'y compiendre le tapis riè serge
verte et le spectacle des quatre portraits.
Err vertu de ces motifs anciens ou récens,
la chanoinesse con-ilér.nt mon jeune ami
comme sa propriété particulière.et-à ce titre
elle portait sur sa conduits un œil soupçon
neux et jaloux. En rnèmo temps elle cher
chait à l'attirer, à l'envelopper, à s'emparer
de lui au moyen des plus savantes combinai
sons. Que de génie el:e y mil! que de res
sources d'imagination-elle y déploya! Jamais
elle n'avait tint tant (te frvtis, même pour un
Scandinave. C'élai! à chaque in-lant d- p -iits
billets ambrés qui venaient surprendre Lu
cien partout où il se trouvait, et dîins ton
tes 1; s situations de la vie..On lui proposai
une jplace au spectacle ou au concert,.une
course aux musées o.u aux expositions ; les
prétextes ne manquaient prt. Le tenait elle
sous sa main, elle le gardait Je plus long
temps possible, et, quand il lui échappait, sa
tête et ses jambes ne se remettaient au repos
qu'après l'avoir rejoint et ressaisi. Elle u;ait
de tout, même d'une invitation a dîner, et c'é
tait le comble, dans'l'élat où se trouvaient ses
violettes. Point de trèvê, point de relâche;
elle en comprenait les périls. Que ce jeune
homme cessât d'être emporté dans son tour
billon et il pouvait s'en aller vers d'autres
sphères où déjà une pente l'entraînait. Il fal
lait donc le tenir eu haleine, l'occuper, le
maîtriser et au besoin l'obséder. -
Il ne semblait pas néanmoins que ce beau
plan eût obtenu tout le succès-que la clia
noinesse s'en était promis. Peut-être était-ce
en raison de- l'excès; il -ne faut abuser de-
rien, même du génie. Eulalie eu avait trop
déployé. J'ai l eu de croire que Lucien n'eu-
vi.-ageait pas du même œil qu 'elle les tradi
tion» .du moyen âge et qu'il se refusait à
remplir,les fonctions de troubadour, avec
l'étendue et le caractère qu'elle leur as
signait. Surtout il ne se croyait pas en
chaîné par la s-rge verte et les quatre por
traits. De là des différences d'appréciations
qui, d'-s âges passé-;, s'étend tient à l'âge pré
sent et occasionaient des quer< lies dans ce
ménage peu assorti. Quan-lje dis ménage,
c'est que je me -mets du côté de la chanoi-
ne.ise: Lurien n'eût pas accepté le mot, et on
va bien le voir.
Un jour, Eulalie arriva chez moi le visage
en ouragan et les coups de poing tout faits.
Sa toilette avait des airs eff-rés :i»oriis à la
physionomie ; le chapeau s'en allait à la re
cherche du i-lngno'i. la g vanpe ét-iit passée
à l'envers, et. les brodequins traînaient le-irs
laesHs apiès enx com.ne des ligues de pèche.
A pe ne entrée, elle, posa une main sur sa
hanche et n'attendit pas l'échange des civi-
| litès d'usage, entre gens bieu appris..
Voici la continuation de3 dépêchés télé
graphiques reçues. C'est toujours le même
enthousiasme. Son Altesse a dû quitter Lyon
ce matin pour se rendre à Gre noble, où elle
passera la journée de mercredi :
■ Lyon, 21 septembre, 7 heures du matin.
Hier, à neuf heures,ie prince s'est rendu
au théâtre; comme toujours, il a traversé
une foule immense, et les cris répétés de ;
Vive l'Empereur l l'ont accompagné jusqu'au
péristyle.
A son entrée dans la salle, il est salué par
des acclamations enthousiastes de la bril
lante société qui remplit le tliéàtré. 11 se re
tire à minuit, suivi des marques de sympa
thie et d'tntheuHa-me. Aujourd'hui il part
à huit heures pour Grenoble'. Jamais la'ville
de Lyon n'avait été plus brillante ni plus
animée. Cent mille étrangers étaient venus
augmenter la population de la ville.
Dans le jour, des guirlandes de fleurs, le
soir de magnifiques illuminations, ont mar
qué son passage, et partout sur ses pas S. A.
a rencontré les témoignages les plus enthou
? siàstes, les svmpatLies et les espérances po
pulaires. ■ *
Lyon, 21 septembre, 10 h. du matin.
Le prince est parti de Lyon pour Greno
ble à huit heures. S.A. a reçu, en traver
sant la ville et ses faubourgs, de nouveaux
témoignages des plus vives sympathies de la
population entière.
Son cortège a été suivi jusqu'aux limites
du département par les fonctionnaires et les
notabilités JocaJcs, dont Jes équipages nom
breux occupaient une partie de ce parcours.
Le vœu du prince s'est accompli ; ce n'est,
point en vain qu'il a fait, appel à l'amour
des Lyonnais. Il en a reçu à son départ com
me à son arrivée, et pendant son séjour, des
preuves éclatantes et décisives.
Lyon, 21 septembre, dix heures
et demie du matin. •
Partout sur son passage et jusqu'aux limi
tes du département du Rhône, le prince a
été salué des acclamations de : Vive i'Empe-
rtur/'-Malgré le temps pluviéux, une foule
énonne sepressait pour lui fiire t-es adieux.
La prince jouit de la plus admirable santé,
et n'éprouve pas la moindre fatigue.
Lyon, 21 septembre, deux heures un
quart du soir.
Le prince poursuit sa marche triomphale
dans le département de l'Isère, dans la limi
te duquel le préfet est venu le trouver.
On ne s'entretient à Lyon, après le départ
de S. A., que de l'effet produit par le dis
cours prononce au pied de la statue qui orne
maintenant la place Napoléon. On est encore
sous l'impression du tonnerre de cris de:
Viv: l'Empereur / qui ont retenti comme le
bruit imposant d'un sacre populaire, au
moment où S. A. a déclaré que, si le titre
-modeste -de Président "pouvait suffire "à" Va
mission, il n'en ambitionnait pas d'autre.
Nous continuons-de publier le récit offi
ciel du voyage du prince-Président :
Saint Etienne, samedi 18 septembre.
Le 18, à la réception del'IIôtel-de-Ville, le prin
ce Président a accordé la croix de la Légion-d'Hon-
neur aux personnes dont les noms suivent :
M. Quanûn, maire de Saint-Elieriné; ■
£ M. 3oass;ird, maire de Sdint Chnsto-en-Jwret ;
M. Capbert, commissaire central'àSainl-Eiieunc;
M. Eugène Janvier.-
La municipalité de Saint-Etienne, pour honorer
le pas-are du prince-President, ayait ouvert à t'llô-
tel-de-Viile une exposition des principaux produits
de l'industrie stpphdiioi.se.
L'on remarquait d'abord l'Hôtel—de-Ville, dont
la faç-ide avait été splendidement décorée pour re
cevoir lu -princr -pi -ésidiiiit. Les gradins du vaste
perron par lequel on moule de la place à /IlOtel
étaient garnis
se« étaient décorés (tes armes de la'ville de Saii-r-
Etienne et de celles des principales villes del'arroo-
dis*emeni, " Feurs, Saiut-Chaoïond, etç ; des t'e-
■èires du prvuuier.étage peiuUient des draps d'o',
avec les initiales L. N. Entre les eniablemens, ou
lisait deux inscriptions : l'une, Marenyd, Ausier-
liiz, la Muskuwa, r;ippela.it les grandes luttas
cembre, ié umait les trois phases de la vie politi
que de la France, qui oru fait du Pnece Louis-Na
poléon l'élu de la nation. Un' aigle d>
aux couleurs nationales fljttaient de toutes parts
sur 1 edifiee.
Les marches de l'escalier intérieur étaient aussi
ornées de fleurs ; un aigle colossal, entièrement
— Mon cher, me dit-elle, je viens vous
voir ; car enliu ceci vous regarde autant que
^moi. C'est que, voyez vous, les choses en
sont sur un pied intolérable.-J'en ai passe,
j'en passe tous les jours j j'y mets du mien ;
oh ! oui, j'y mets du mien ; mais il y a une
limite, emënd< z-vous ? il y a une limite.
— Dis quoi s'agit-il donc, ma belle? répon
dis je avec une politesse de chevalier. Parlez,
chanoinesse, et surtout ne demeurtz pas as
sise sur ce pliant. Prenez un fauteuil, dé
grâce, prenez un lauteuil !
— Non, mon cher, trêve aux façons ; je ne
suis pas venue jiour prendre des poses. Il y
a 'ceci en deux mots, sans points ni virgules :
que vous m'avez confié un jeune homme, et
qu'il vous compromet.
— Qui donc, chanoinesse? Serait-ce Lu
cien, par hasard?
— Oui, votre Lucien, mon cher, votre
Lucien dont vous avez plein la bouche. Il
vous compromet épouvantabienient. Ne riez
pas -j c'e.-t trè-i téneux. Quand je lai accepté
de "votre maiu, je me suis dit : Ce doit être
un sujet dressé ; Népomucène ne. me l'eût
point amené sans cela. Il sait trop vivre, il
connaît trop les usages; oui, c'est un sujet
dressé, je puis tabler là-dessus. Que si, par
hasard, il. avait eu un peud'écorce de sa
province, eh bien 1 Népomucène n'eût pas
manqué de le raboter; il s'y entend, il a-du
style et sait comment ou dégrossit les hom-
m'es pour les p ro luire ensociél é. Yoilà quelle
confiance j'ai eue en vous, mon cher, et
j'ajoute que celte confiance a éteindignement
trompée. Vousm'avi z tenduuu piège â loups,
avouez-le!
— Moi, chanoinesse I Dieu m'est témoin
qu'il n'en e-t rien. .
— N'empêche que j'y suis prise et que j'y
laisserai ce que j'y iaisserui." Ali ! mais oui",
il n'y a pa-s à ricaner. Bien, bien, plaisantez
encore l Un garçon qui oie vient de vous !
Un cadeau que vous m'avez fait! C'est-à-dire
fait avec des armes, couvrait lé mur. Pour donner,
une idée de la composiiion ingénieuse de cet era-.
blè r.e, nous noûs bornerons à dire que les gran
des plumes étaient formées de sabres de cavale
rie, les petites plumes de baïonnettes, et les au
tres ' parties de différentes pièces d'armes démon
tées ; de chaque côté de l'aigte étaient suspendues
une croix d'honneur et une médaille militaire
composées de la même manière.
Au premier étage {l'on apercevait d'abord une
galerie d'armes historiques, formée en grande
partie des acquisitions faites par la ville de S.iint-
Etitinne au musée du imréch.-.l Oudinot. Dix ar
mures complètes de chevaliers étaient rangées
contre les murs; parmi elles on remarquait, en-
tièremeet dorée, celle de MoritccuculH, l'adver
saire quelquefois heureux de Turenne, cl celle
de François I er , le roi chevalier, le vainqueur de
Marignan. Sur le plastron de cette armure, toute
en acier, on voit des salamandres jouant avec des
amours p.t cachant leurs tètes dans -des corbeil
les de fleurs, et, sur l'ep-ule droite, une sala
mandre lançant des flammes et des dards; une
armure suisse, à bandes blanches, sur fond noir,
fixait aursi l'attention par le Uni de son iravail.
Il y avait parmi toutes ces armes curieuses des
arquebuses à rouet du XVII 0 siècle, un pierrier et
dvs bombardes du XV 0 ; îles coulevrines bavai o^ses
du XVII e , et un fusil d'honneur légué à la ville
de Sâint-E ienrie par le gendarme Pétiot, à qui il
avait été donné par le premier consul.
Puis venait, dans une longue galerie, l'ex
position des produits lo :aux : des pièces de
grande- fo-ge, un moi tier monté en fer, des cer
cles de roues de locomotive en acier trempé, et
d'autres pièces .importantes fabriquées à l'aide
du mortier-pilon; les faulx en acier de MM.
Jackson ; entin des échantillons de tous les pro
duits mctallurgiqu- s de l'arVondi-senieut.
Les armuriers appelés à concourir pour la
confection d'un fut-il d'honneur que la ville ,
compte ofl'tir au prince avaient tous exposé ; et
pour donner une idee des transformations que
sul.it. le fer pour arriver à lVtat de canon
de fusil, on avait placé à côté l'une de-l'au
tre des" baguetles de fer d 'abord, brutes et ito-
lée?, puis soudées entre elles, puis tordues, arri
vant «insi par degrés jusqu'au dernier échelon de
ce travr.il, c'est-à-dire jusqu'à un canon.de fusil
entièrement terminé.
Dans une autre pièce, la rubannerie de Saint-
Etienne, qui n'a point de rivale dans le monde, et
que les ouvriers ont poussée jusqu'à l'art le plus
.perfectionné, avait expose des spécimens de ses
plus riches produits; on y voyait, entre autres,
des rubans représentant !e prince-Président, tra
vail precieux que l'on avait l'ait fabriquer en sou
venu de son passage dans la ville. «
L'on comprendra l'importance de cette expo
sition en se rappelant que l'arrondissement de
Saint-Etienne renferme 200,000 habitans; qu'il
est l'un des foyers les plus actifs de l'industrie
française; que ses mines de houille, verreries,
hauts-fourneaux, forges, armes, quincaillerie, ru
bans, fournissent des produits pour une somme de
plus de 120 millions.
Le prince-Président a parcouru ces différentes
galeries .à plusieurs reprises, et examiné dan-i les
plus, grands détails, et avec- le plus vif intérêt,
tous l=s objets ci posés, témoignage éclatant des
richesses industrielles de la France.
A huit heures, la ville entière a été illuminée,
un feu d'artilicea < té tiré.
A neuf heures, le prince-Président a ouvert le
bal qui lui était offert à l'Iîôtel-de-.Ville ; il dan
sait avec Mme Q'iantin, fumaie du maire de Saint-
Etienne ; il avait pour vis-à-vis M. le préfet du
défiarteme' tde la. Loire, dansant avec Mme la ba
ronne de Richepause, femme du général comman
dant la subdivision militaire. Une seconde fois
dans la soirée, il a dansé avec Mme Balay, fille du
député de l'airendiss'ement de Suint-Etienne ; M.
le général de Saint-Aï naud lui faisait vis-à-vis
avec Mme la baronne de Riche pans é.
Le'prince-President s'est retiré à onze heures ;
la fête a continué jusqu'à cinq heures du matin.
MM: les administrateurs des différentes conces-'
fions de mines de houille ont offert au prince-
Président un cuff'ret d'ebène,, garni d'argent, sur
monté de ses armes. Ce coffret, objet d'art du plus
grand prix, était divisé en soixante-deux compar-
timens, et renfermait un échantillon de charbon
de chacune des soixante-deux concessions de l'ar
rondissement.
Saixit-Etienne, 18 septembre 1852;
samedi, dix heures du soir.
La réception si chaleureuse ,et si sympathique
que le prince, avait reçue à Roanne nous avait
donné une idée des seiitimeus qui animent 1rs
habitons ' du département de la Loire. Mais c'es-t
à S iint-Etienne surtout que ces sentiment de
vaient éclater avec une force, i ne spontanéité,
un enthousiasme dont on n'avait pas encore eu
d'exemple. Saint Etienne, la cite industrieuse, !a
ville ouvrière par excellence, a dépasse tout ce que
nous avions vu jusqu'à ce >our. Jamais, à aucune
éjioque. il n'y avait eu un p ireil élan, un pareil
entr.iinement dans l'esprit et dans le cœur di s
mt-sf s. Cette journée' ^era certainement -une des
plus mémorables du voyage du prince-P. esirlent.
- Parti de Ro.t« ne à dix heures, le prince est . r-
rivé à Saiet-btu une à quatre heurts.-Son voyage
a ete le prélude de l'ovation qui l'attendait ici.
Partout, sur son passage, à Neulise, à Feurs, à
Montrond, à la Gouyonniere, les populations des
cuupagnes environnantes s'étùent agglomérée*
que vous m'eu répondez sur votre tête, mon
cher.
— J'accepte la responsabilité, chanoinesse.
Voyons, parlez, épanchez-vous ; que vous a-
t-il l'ait?
--Des horreurs, mon ami, dit-elle en s'at
tend ritsant, de véritables horreurs! Figu
rez vous que je me suis prodiguée pour lui !
Des attentions, des prévenances, rien ne me
coûtait, rien ne me pesait; je devais bien
cela à un jeune homme que vous protégiez.
Qu'est-ce que je lui demandais e,n retour?
Peu de chose, grands dieux ! Quelques égards,
de bons pro- édés et de là reconnaissance,
s'il est susceptible d'en avoir. Eh bien! mon
cher, rien, rien, rien ! mais rien de rien-. Un
bloc, de glace ! un fossile, ! une incrustation!
Voilà le sujet que vous m'avez confié.
— Peut-être, chanoinesse, ■ n'y avez-vous
pas mis a;sez du ïôtre? dis-je avec une ap
parente candeur.
— Mon cher, épargnez-moi ; depuis deux
semaines je ne cesse d'en rougir; je m'épuise,
en accès de pudeur et tout mon sang a passé
sur mes joues. ' Pour un rien, je cacherais
■ma honte dans vos bras.
, — ^Pauvre femme ! m'écriai-je en me pla
çant île manière à éluder l'effet de cette me
nace. Pauvre femme !!! Eh bien! il y a des
exemples de cela. Peut-être serait-il à propos
d'en répandre quelques-uns sur vos blessu
res. Chanoinesse, croyrz-en un homme'qui
a trouvé des goujugemens induis dans l'étude,
de l'antiquité. Voulez-vous que je vous énu-
mère, comme adoucissement à vos maux,
les noms de grandes délaissées? Vous avez
Ariane, vous avez Didon...
— Laissez-moi donc en paix avec vos vé
tustés, mon cher, je n'ai pas de goût pour
les momies. C'est de votre-jeune homme
qu'il f.iut parler.
— De mon jeune homme ? soit. Alors, ma
belle, permettez^moi de vous dire qu'il a son
modèle tout trouvé ; c'est Seipion l'Africain
pour le saluer, elles aussi, du cri de Vive l'Empe*
reur ! qui sera bientôt le cri de ralliement de la
France, entière. ~
. Partout des a:rcs de triomphe sont dressés, mê
me dans les lieux où il ne doit pas s'arrêter ; en
vain dit-on aux hitiitans que le prince ne fera que
passer, ils n'en persistent pas moins dans leur
œuvre; chacun veut apporter sa branche pour
l'arc triomphal.
Le préfet, la sous-préfet, le général Tournemine,'
inspecteur de l'artillerie; lès députés Janvier, de
Tarn-et-Garonne; Desmarets, de.la Loire; Bouche-
tal de la Roche, de Montbrison; de la Tour-Mau-
bourg, de la Haute-Loire; et Ba'ay-de la Bertran-
dière, étaient allés à la rencontre du prince jus-»
qu'à la Gouyonnière,
Arrivé à 4 kilomètres de Saint-Etienne, une
surprise était réservée au prince-Président, et il y
a paru sensible. C'est le côté caractérisque des fè-r»
tes que la ville allait lui olîrir.
Au pied du village de Saini Priest, sur les bords
de la rjute, les ouvriers mineurs de tout l'arron
dissement de Saint-Etienne,, pour fêter la venue
du prince, avaienteu l'heureuse idée d'executerle
spécimen d'une galerie de mine en pleine exploi
tation. Cette galerie était tià-.ie en blocs de char- '
hou, "et des trophées de même matière en d' CO-
raient l'entrée. Au-dessus de la porte oti lisait l'ins
cription suivante : A Louis Napoléon, les ouvriers
mineurs 1
Le prince a fait arrêter sa voiture et a visité ces
travaux avec un vif intérêt ; puis, traversant la
route, il s'est rendu, pir un plan incliné , sous
une vaste tente de 40 pieds de hauteur et magni-
fique'ment dt eorée de draperies en velours rouge
garni de crépi fies d'or.
Sur le fronton, étaient inscrits, en lettres d'or,
ces mots : Vive l'Empereur !
Au centre du la tente, sur un piédestal, on avait
placé un aigle colossal, sculpté dans un immense
bloc de charbon;
Du l'autre côté de latente, dans une vaste prai
rie formant urt demi-cercle, étaient plantés des
mâts ornés de banderoles tricolores. Autour dé--
chaque mât étaient rangés les ouvriers mineurs
appartenant à l'exploitation dont le nom se trou
vait inscrit sur un écusSon. Leur nombre s'élevait
à six mille au moins.
Quand le prince, est arrivé à l'entrée de la tente,
le cri de Vive l'Empereur ! est sorti instantané
ment de toutes l'es bouches.'
• M. Jayr, ancien ministre, président du conseil
d'administration des mines de la Loire, qui avait
reçu le prince à son arrivée,"lui a présenté M. Mo-
rillot, directeur des mines de Firminy, auquel le
prince a remis la croix de la Légion-d'IIonneur, et
un vieil ouvrier mineur, MaHignier, ancien soldat '
de l'île d'Elbe, auquel le prince a également donné ■
la croix;au moment où le prince attachait la déco
ration sur la poitrine de ce vieillar d à cheveux;
blancs, les cris de Vive l'Empereur! ont redoublé.
De ce point jusqu'à la ville, de Saint-Etienne ,
c'est à-dire sur un parcours de 4 kilomètres , ce
n'est pas exagérer que de porter à 80,000 le nom- •
bre des personnes qui se pressaient sur son pas- .
sage. C'est avec peine que le cortège put se frayer
un chemin à travers cette foule émue et enihou-
sia-.te, jusqu'à l'arc de triomphe où l'attendait le
maire, M. Quantin, à la tête du conseil municipal.
Sur cet arc de triomphe étaient- inscrits ces
mots: A S. A. I. le prince Louis-Napoléon.
« Prince, l'ii a dit ce magistrat, la ville de, Saint-
Etienne est heureuse de recevoir dans ses me.rs le
prince illustre, digne héritier du nom de Napo
léon., à qui l.i France doit la paix et la sécurité."
» Veuitlwagréer, Mon-eigneur, les.hommages
empressés de celle innombrable population qui se
presse sur vos pas, avide de témoigner, par ses
acclamations, la reconnaissance dè (oui pour
l 'homme qui a sauvé la patrie et assis sur une ba
se immuable l'honneur et la prospérité du pays. »
Le prince l'a remercié en termes qui prouvaient'
combien l'accueil des habitans de Saint-Etienne le
touchait profondément.
Les cris r>e Vive l'Empereur .'-redoublant et l'ac
compagnent jusqu'à riIôtel-de-Yille.
Toutes les rues sont pavoisées de mâts vénitiens
et de banderoles tricolores. Un seul fait suffira J!
poiir donner une idée ■ de rempresçeraent qu'ont
mis les habitans à décorer leurs maisons : c'est
qu'à l'heure qu'il est- on ne:trouverait pas dans
les magasins de la ville de SaintfEtienne 100 mè^
très d'éiolfes ronge ou bleue.
Au moment où.le cortège débouchait sur la place
de i'Hôtel-de-Ville, il y a eu dans la foule immense
qui couvrait cétle place un niouvenient. .fui q Ue i e
prince a été pour ainsi dire porté,par ia'foule avide
de b contémpler.jusqu'au haut dê l'escalier.
L'Hôtel-de Ville c*t magnifiquement *téco'é pour
le îecevoii ^ des trophées d armes, nn aigle colos
sal, ne 4 mètres d'envoigure, font face a l'escalier
d'honneur par lequci le prince est entré.Cetaigle
est co;iipo-é de sabres de cavalerie, deb.tïinuet—
-t^S, etc.. groupés avec un art infini; de cliaque
cote de 1 aigle s»»nt sir-penduos ft croix d'honneur
et la médaillé d'honneur l'armées de la même ma
nière.
Les habitans de S.dntrEiienne ont pei^é que
ri :n ne serait plus .agréable au prince que de lui
montrer reunis les .principaux produite de son in
dustrie métallurgique. . • - -
Noua regrettons
A six heures, le prince Président a reçu les au
torités de la ville et du département, les maires,
les conseillers municipaux ét les déput itions de
toutes les -cammunes, ainsi que toutes lés députs-
au siège de Carthagèse.
— Encore ! Vous baissez, mon cher; vous
vous pétrifiez; la mousse vous gagne. Voyous
ne traviiil'ons pas dans le vieux. Soyons dé
notre temps ; il s'agit de Lucien ; voici ■ un
dernier trait. Je n'osais pas y arrivor, tant la
confusion m'inonde, à y songer seulement
Promettez-moi, Népomucène, que vous n'en
abuserez pas et que je verse cet nveu dans
une oreille.impénétrablement discrète. Vous
me le promettez?
—En douteriez-vous? Vous avez affaire
à un galant homme, chanoinesse.
—Allons, c'est bien ; excusez le mot ; c'est
le dernier cri de la pudeur aux abois. J'en
reviens à mon aveu. Eiguréz-vous qu'un d^
ces jours passés, un matin, et, faut il le dire
d'assez bonne heure, je me réveille avec la
pensée que Lucien me manque depuis quel
ques jours et avec un désir effréné de le're
voir. Je vous ai promis d épancher daus vo
tre sein toutes les ur.nes de mon cœur; vous
voyez que je ne m'en fais pas faute. Le ciel
m'est témoin pourtant que je luttai et que '
je ne cédai qu'après un vif combat. Mon
cher, on ne se jette pas' à Ja tête des gens
sans y mettre uu peu d'hésitation. Enfin re
cède, le m'abandonnej je me livre au destin;
J'endosse au hasard, a la hât^, une robe dà
négligé, mets un chàlé sur mes épaules et
m'achemine, par- un brouillard affreux, voust.
devinez où, mon cher, et vers, quel but'. Pa»- '
scz-moi vos écrans, tous vos écrans, Népo
mucène, je me sens incapable de supporter
un regard humain. •
— feuez, chanoinesse, dis'-je en m'exé-
cutant, et prenez courage. Faut-il se porter à
votre secours? Voyons, j'y ferai de mon
mieux. Oui l Eh bien! vous alliez demander
l'hospitalité pour un cœur blessé ! Vous vous
rendiez chez Lucien,, dans sa chambre, est-
ce cela?
— Vous l'avez dit, mon cher, et ce mot
me rend toute ma force. C'était le seul qui
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