Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-09-06
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 06 septembre 1852 06 septembre 1852
Description : 1852/09/06 (Numéro 250). 1852/09/06 (Numéro 250).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
iVUMÉRO 250.
'flSftBACl.rrM m r«î«m (falal#- oyaljrn)
B 185 ÏJ1VDI 6 SEPTEMBRE.
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P.UUS, 5 SEPTEMBRE
C EST L'DËIRE DE SE CONVERTIR.
o Madame, je viins remettre'entre vos mains
ma liberté dont j'ai fait un ti mauvais usage. »
C'est là ce que disait Mlle de La Vallière
à Ja supérieure des Carmélites; et cts paro
les d'un cœur blessé, tendre et réîolu, qui
pour toujours se donnait à Dieu, relevèrent
dans l'histoire la fille d'honneur séduite, de
ses faiblesses et de toutes ses fautes.
C'est un dos beaux privilèges du cœur hu
main de pouvoir se repentir et se convertir.
Pourquoi les grands esprits ne mettraient-
ils pas aussi en honneur, dans la politique,
lfe repentir et la conversion, après les fautes
commises?
Il y a des momens où la société est divisée
eu deux camps et con bat, pour ainsi dire, en
bataille rangée. D'un côté est le pouvoir, de
l'autre marchent et se réunissent des popu
lations habilement endoctrinées, ayant à
leur tôle de saVans stratégistes qui, au nom
dii salut des peuples, des progrès de l'esprit,
humain, viennent toufbonnementdireàceux
qui occupent* dans Rome le3 premièrespla-
ces : «Ote toi de là que jem'y mette». Lors
qu'on est pour ainsi dire enrégimenté, lors
qu'on sert sous un drapeau, lorsqu'on tou
che du coude tant de soldats et tant de chefs
qui vous surveillent, il est bien difficile d'al
ler d'un camp à l'autre ; se convertir, re
noncer au mal, pour se vouer au bien, pas
serait pour une trahison. '
Les gens qui attaquent et outragent ce qui
«xiste "aujourd'hui, nous permettront bien
de rappeler, en termes polis, ce qui existait
et qui se faisait avant le 2 décembre'. L'op
position avait pour ainsi dire des gardes-
côlef.
Les hommes politiques qui, à certains
jours, abandonnaient le pouvoir pour gros
sir les rangs de l 'opposition, étaient fêtés,
choyés et pouvaient compter sur une popu
larité de quelques heures ; mais les hommes
convaincus, qui abandonnaient un instant
l 'opposition pour soutenir le pouvoir, étaient
flétris d'une tache ineffaçable.
-Les journaux opposans n'avaient pour eux
que des injures, et les prince? de Ja parole
qui commandaient alors le siég* contre le
gouvernement, leur refusaient brusquement
le "sourire de la veille et le .salut de la plus
froide politesse; ils étaient "montrés au
doigt, et le-vide se faisait autour d'eux. Il
fallait alors une certaine force de caractère
pour agir comme on pensait, pour ne pas
approuver ce qu'on blâmait, et pour ne pas
blâmer ce qu'on croyait juste et honnête.
Un homme de quelque esprit qui, même
après le 2 décembre, continua à regarder
comme des demi-dieux les piinces de l'op
position, et à tenir pour un point d'honneur
la plus aveugle soumission à leur mot d'or-,
dre, peignit, selon nous, d'un seul mot, les
mœurs de ce temps-là. On offrit, après le 2
décembre, une préfecture à ce personnage
quasi-politique ; il refusa d'être préfet, et
voici pourquoi : « Je tiens, dit-il, à pouvoir
toujours saluer M., le duc de Broglie. »
L°s gardes-côtes sont heureusement li
cenciés, et les princes de la parole gardent
le silence. Il y a quelqu'un, selon nous, qui
a parlé plus haut qu'eux, et dont la parole
a été plus éloquente,.c'est tout le monde.
Grâce au suffrage universel, 7,500,000
votans ont ru le droit de dire leur mot dans
les affaires du pays.
Instruites par le malheur et par l'ex
périence renouvelée des plus formidables
révolutions , les populations ne se laissent
plus tromper par de belles paroles ; elles
ne se laissent plus convaincre que par des
faits. Depuis 1848, on a voulu faire marcher
la société sur la tête, on a voulu faire mar
cher la société, comme la brute, à quatre
pattes,' et elle est trop heureuse de se trou
ver aujourd'hui sur ses pieds. Dans tous les
âges et sous tous les régimes, le bon sens fi
nit par parler avec plus d'autorité que les
plus captieux et les plus séduûans esprits.
Virgile se montrait non moins homme
de bon sens que grand poète, lorsqu'il s'é
criait dans uue de, ses Géorgiques, à-propos
d'Auguste :
Hune salttm everso juvenem succurrere seclo
Neprohibetel
( N'empêchez pasdu moins ce jeune Courageux
de venir remettre la société sur ses pieds.)
Louis-Napoléon a bien eu ce profond sen
timent, qu'il fallait accomplir un grand coup
d'Etat, et renverser d'une miin ferme des
institutions vieillies dont on abusait, pour
remettre, comme il l'a dit lui-même, la py
ramide sur sa base Succurrere seclo everso.
Eh bien! quand on n'est pas dominé par le
plus aveugle orgueil, comment ne pas se
convertir aji respect du pouvoir ? comment
même ne pas prêter main-forte à ce jeune
gouvernement issu de l'élection la plus po
pulaire, quiepouse avec une si ardente sym
pathie toutes les idées du temps et qui satis
fait d'une main si sûre 1 i s intérêts et les be
soins du pays?
Depuis plus de soixante ans, on-a fait de
l'amour de,la libtrté, du respect des Consti-
titutions, une religion populaire.Certes, nous
ne demandons point qu'on brise avec une
brutale , impiété ces autels où furent sa
crifiées tant-de victimes; mais'une des
grandes lois dte la' politique, c'est certaine
ment l'opportunité, et, pour un peuple me
nacé par des barbares, le véritable idéal
d'une Constitution a été, pendant un certain
temps, l'ame d'un Trajan, conseillé par un
Piine-le-Jeune.
Oui, c'est bien l'heure.en France, de se
convertir, et nous estimons qu'une nation
qui, en soixante ans, a fait tant de folies et
subi tant de catastrophes, peut, sans déshon
neur, venir dire à un gouvernement sorti
du suffrage universel: « Je viens (non, com
me Mlle de La Vallière, pour toujours !) re
mettre entre vos rnàins ma liberté dont j'ai
fiit un si mauvais usage.»-
Tous ceux qui avaient vu de près les folies
et les dangers de la Fronde furent trop heu
reux de se rattacher au despotisme magni
fique de Louis XIV.
Il y a une question qui vaudrait la peine
d'être traitée à nouveau par de grands es
prit?. Les- sociétés humaines existent-elles
d'après des lois naturelles, immuables com
me tout le reste de la création ? Plus d'un
philosophe, plus d'un politique admettent
et défendent cette commode théorie ; ils
sont ainsi bien à l'aise pour choisir dans
ce monde fe rôle qui leur pl&ît et qui
sert le mieux leurs intérêts et leurs passions.
D'après cette théorie, lorsque leurs plans
réussissent, c'est l'œuvre de le?ir génie; mais,
dans leurs revers et dans leurs fautes, ils ne
sont que les instrumensinnocens et prédes
tinés des desseins de la Providence,- comment
alors ne point les absoudre de tous les coups
funestes qu'ils peuvent porter à la société?
Sjlon nous, l i société vit plus artificiclle-
mentqu'onne vtutle dire. II.en est des socié
tés comm3 drs individus. La Providence fait
naître chacun à une certaine époque, à une
certaine place. Mais, dans la sphère où il
est né, chacun, par ses bons ou ses mau
vais instincts, par sa conduite, agit per
sonnellement sur sa destinée.
Les société s aussi, par une bonne ou par
une mauvaise direction, peuvent assurer leur
salut ou leur perte. « Il y a au fond de.
l'homme, dit Jfan Paul, un cyclope qui, à
la première occasion, s'éveille, et, si l'on
n'y prend-garde, détruit tout. » Les gou-
vernemens et les sociétés elles-mêmes ont
donc un grand devoir à accomplir, c'est
celui de se sauvegarder à force de prudence
contre le réveil menaçant des cyclopes.
A la vue d'un? société qui r< mît, qui tra
vaille, qui prospère, à la vue de ces popula
tions unaivmes à bénir la main qui les a
sauvées, c'est l'heure de se convertir; et
bien fous 11 bien coupables ceux qui, comme
le dit Virgile, empêcheraient le chef de l'Etat :
Everso succurrere seclo.
D r L. Véron.
Par décision du ministre des finances,
1 intérêt attaché aux bons du trésor public
est fixé ainsi qu'il suit, à partir du lundi
6 septembre courant":
A 1 1/2 p. 0/0 par an, pour les bons de
quatre à cinq mois d'échéance.
A 2 p. 0/0 par an, pour les bons de cinq à
onze mois d'échéance.
A 3 p. 0/0 pour les bons à un an.
Nous lisons dans Y Indépendance belge de
samedi :
a On parle de recomposition iramcdiate'du mi
nistère, d'offres de porteffuitles, récemment faites
et refusées. Le fait est que personne dans le mi
nistère n'a accepté la mission de recomposer le ca
binet, et que ce dernier se trouve aujourd'hui en
core dans li situation où l'a placé sa démission.
» O.i comprend qu'aussi long-temps qu'a duré
li négociation avec la. France" et à la veille de l'é
chéance du traité, la recomposition du cabinet ait
dû rencontier des difficultés qui ont disparu de
puis. Il est donc permis de prévoit le momerit où
interviendra une solution que tout le monde a ia-
térùt à voir se réaliser aussi promptement que pos
sible. »
- Le même journal annonce que M. Frère,
ministre des finances, est reparti vendredi de
Bruxelles pour sa maison de campagne, aux
environs de Liège. ,
L 'Emancipation, de son côté, publie ce qui
suit : .
. « Le cabinet est décidé à ne réunir les chambres
qu'tn octobre prochain; la réunion aura lieu plu
tôt dans la seconde quinzaine que dans la pre
mière.
» Si le public s'étonnait de recevoir cette nou
velle avant celle qu'il attend, d-puis assez long
temps, de la rcconstitutiou du cabinet, nous pour
rions en même temps lui apprendre que le cabinet
agit comme ministère définitif, en dehors de M.
Frère et sans la participation de ce dernier. »
Ces nouvelles sont un peu contradictoires;
mais nous les avoqs recueillies, parce que,
dèpuis quelque temps, les journaux belges
semblaient avoir oublié la crise ministérielle
qui dure depuis tant de semaines.
L. Boniface.
On écrit de Lisbonne, le 29 août :
. .«Dans une lettre du 21 courant je vous an
nonçais la réduction des droits. Il faut, con
sidérer ce fait coma e une tentative faite pour
abo'ir le système de contrebande que favorise
l'énormité des impôts plutôt qu'une diminution
quelconque de protection. Il était notoire pour
tout le mondequ: il passait à peine par la djuane une
faible quantité de mouchoirs dé soie, de dentelles
ou de boutons en nacre. Aussi le fabricant de
l'intérieur se voyait-il exposé à la concurrence du
contrebandier, et le trésor public était-il cons
tamment frustré. Chose étrange ! Il y a des fabri-
cans de soieries qui se récrient contre la modifi
cation du tarif! Les organes du parti révolution
naire encouragent cet esprit d'opposition pour
vilipender le ministère et rallier autour de leur
bannièreles victimes abusées de la protection. Mais
s'il est juste de reconnaître la sagesse et l'utilité
de la présente mesure de réforme commerciale, il
est ban de se soavenir que les cotons et Jes laines
n'en profitent nullement. Ces derniers articles au
ront encore à lutter contre les droits exorbitans
qui pèsent sur, eux. Toutefois, on espère que les
ministres redoubleront de courage pour faire quel
ques pas de plus dans la même voie. La fatigante
question des droits sur les vins d'Oporto est encore
pendante, et l'on dit qu'elle amènera une crise
mii.isttrielle. Placé enire l'appréhension de pro
voquer le gouvernement britannique par le refus
de supprimer ces droits, et la crainte d'exaspérer
la population des rives du Douro par l'abolition de
la compagnie, le ministère parait flotter dans une
rande perplexité. Le senor Rodrigo aura prov
iennent recours à son système tavori d'accommoder
ment.
El
» Il n'a été publié aucune loi électorale. 11 sera s
difficile d'obtenir une majorité efficace, que les élec
tions seront ajournées ' jusqu'au dernier moment.
» D'après un rapportot'ficie) publié dans le Dior io do
Governo, 4,590 pipes de vinont été expédiées d'O
porto le mois dernier. Reste une quantité de 90,058
pipes, dont 77,730 sont, dit-on, de là première
qualité. Un rapport statistique fort intéressant
sur le revenu du rôle Caras, ou de l'accise de
Lisbonne, vient d'être livré à la publicité. Le total
est de 879,391 r., soit 198,000 liv. sterl. La
quantité de vin consommée dans 4a ville et
qui paie- le droit', est de 20,000 pipes. Il a
été consommé 64,000 quintaux pesant de viande
de boucherie , et environ 2,000 pipes d'huile.
Ajoutez 4,000 pipes environ d'eau-de-vie, 143,000
quintaux à peu près de porc, de jambons, saucisses
et saucissons. À ce calcul il faut ajouter au moins
•un cinquième de plus pour le compte de la contres-
bande, parce que fous ces articles sont fortement
imposés, et qu'un très grand nombre de gens sont
employés à les introduire en fraude dans la ville.
La loi qui a réduit quelques-uns de ces droits, a
été adoptée par la chambre de§ députés, après une
longue discussion ; mais el e n'a p ;s encore été
publiée sous les auspices des dictateurs. Elle serait
accueillie par l'approbation générale.
» La dette intérieure capitalisée est officiellement
évaluée à 35,800 contos ou 8misions de liv, sterl.,
pour laquelle les charges annuelles de l'intérêt, y
compris les annuités à terme, sont de 1,232 contos
ou 290,000 liv. sterl. Ajoutez le montant capitalisé
par décret du 3 décembre, 6,497 contos, soit
1,450,000 liv. sterl., avec l'intérêt annuel de 195
contos, ou 44,000 liv. sterl. La dette extérieure ou
étrangère monte à près de 10 millions de liv. sL
dont l'intëiêt est de 1,360 contos ou 310,000 liv.
sterl. On" ierra par-là que, fous la forme de
dette naiionale, les plaisirs de la mémoire coûtent
près dè 650,000.1iv. sterl.
» On disait hier que la reine viendrait de Mafra
pour t.pir un conseil d'Etat, et que le cabinet, était
a la veille d'une dissolution. Quoique cei bruits
méritent peu de crédit, il n'y a guère- à douter,
cependant, que le gouvernement n'ait subi un
violent éc ec, et que les ministres ne commencent
à perdre la confiance publique. »
(Morning-rChronicle•)
L'émulation pour les voies ferrées ga
gne tous les Etats de l'Europe. Les peti
tes provinces, que la situation restreinte
de leur, budget met dans l'impossibilité
de procéder seules à l'exécution de ces
voies de communication, forment associa
tion, mettent en commun les ressources
dont elles peuvent disposer et garantissent
à l'industrie privée l'entreprise des travaux.
La Moldavie et la Vedachie débutent dans
l'exécution des chemins de fer. Seulement,
les rails seront en bois et posés sous forme
de longrines sur-le sol. La traction se fe
ra par les chevaux et non par là vapeur.
Des ingénieurs français- sont appelés par les
deux gouvernemens pour diriger ces tra
vaux d'une nouvelle espèce.
Les Etats secondaires de l'Italie, jaloux de
coopérer à la réalisation du grand réseau
austraco-lombard et désirent faire partie
de la J grande famille des nations que les
chemins de fer doivent sillonner et féconder,
ont conclu un arrangement dans le but de
favoriser l'établissement d'un chemin des
tiné arelier entre elles toutes les voies fer
rées autrichiennes, lombardes et toscanes.
Les gouvernemens romain, autrichien,
toscan, de Parme et dtî Modène, ont signé
une convention dans ce sens. Ce sera une
compagnie qui sera chargée de l'exécution.
Ce chemin de fer aura son point de départ
à Plaisance, se dirigera sur Parme et attein-
flra Ja ville de Reggio. D autre part, il aura
une tête de ligne* à Mantoue, qu'il mettra
en communication avec Reggio. Reggio de
viendra le point central ; la ligne ira à Mo
dène, à Bologne; et, après avoir touché àPis-
toja, le chemin traversera les Apennins. Ces
monts une fois franchis, il se raccorder^
avec les chemins de fer toscans, qui touchent
eux-mêmes à ceux dés Etats pontificaux.
Les grands contres de commerce et de po,-
pulation dé l'Itahe vont être reliés par cè
nouveau tracé : Rome,Civita-Vecchia, Sien
ne, Livourne, Florence, Bologne, Modène,
Mantoue, Reggio, Plaisance, Milan j etc.
Les relations des ports de mer de la pénin
sule italienne avec les ports' français, de la
Méditerranée vont obtenir un] développe
ment que tendent à favoriser déjà les gran
des entreprises de navires à vapeur établies
depuis peu de temps entre Marseille et lés
villes littorales dé l'Italie,
L. BONIFACE.
*' La circulaire suivante relative aux con
damnés libérés en surveillance, vient d'être
adressée aux préfets par M. le ministre de la
police générale :
Paris, le 1 er septembre 1852.
Monsieur le préfet, j'ai reconnu que les déplace-
mens des condamnés libérés en surveillance n'é
taient pas beaucoup moins fréquens aujourd'nui
Qu'ils ne l'étaient avant la promulgation du décret
u 8 décembre.
Cette situation me donne lieu de penser, ou que
les prescriptions de ma circulaire tiu 22 mars der-'
nier ne sont pas ponctuellement exécutées, ou
qu'elles n'ont pas été bien comprises. Je crois
donc utile de vous adresser sur ce point des expli
cations qui auront, en tout cas, paur résultat d'é
tablir l'unité désirable dans Je mode d'application
des mesures à prendre pour mettre un terme à cet
état de vagabondage perpétuel des individus en
surveillance, que l'ancienne législation favorisait
d'une manière si fâcheuse, et que la nouvelle est
appelée à réprimer d'une manière fructueuse.
Ainsi que je vous l'ai fait observer dans ma cir
culaire du mois de mars, les libérés en surveillance
ne doivent plus changar de résidence sans l'auto
risation du gouvernement; mais tous pouvoir^
sont délégués à MM. les préfets pour accorder des
autorisations provisoires, sauf à m'en donner avis,
comme il leur appartient également de déterminer
les forma'ités proprés à constater la présence con
tinue du condamné dans le lieu de sa résidence. '
Il résulte decesdispbsitions qu'aucun condamné
en surveillance dans votre département ne peut-
plus quitter sa résidence actuelle sans avoir ob
tenu votre autorisation préalable. Nul autre fonc-j
tionnaire, sous-préfet, maire ou commissaire de
police,ne saurait vous suppléer en pareille circons
tance ; j'insûte vivement sur ce point, et je necon-
silérerai désormais comme réguliers que les seuls
changemens de résidence que vous m'annoncerez
avoir vous-même autorités, tt c'est aussi de ceux-
là seulement qu'il sera pris note dans mes bu
reaux. Je vous invite, en conséquence, à prendre'
les mesures nécessaires pour qu'il ne s'effectue
plus, à l'avenir, aucun déplacement de condamnés
d'après l'ancienne législation.
Je ne saurais trop insister pour que vous ap
portiez une prudente réserve dans l'usage de la fa
culté qui Vous est attribuée de permettre ces dé-
placemens. Assurez-vous, avant d'accueillir une
demande, qu'elle est réellement motivée, et que
le pétitionnaire, en désignant le lieu où il veut
transférer sa résidence, n'a d'autre intention que
se procurer le travail qui lui manque. Toute de
mande devra être l'objet d'une instruction préala
ble, et vous n'y donnerez suite qu'en connaissance
de cause. Ne négligez rien enfin pour que la sur
veillance de la haute policé cesse d'être une lettre
morte, comme jusqu'à ces derniers temps, et pour
que l'administration ressaisisse désormais, dans
toute sa plénitudë, l'exercice de son action à cet
égard.
Je n'ai point d'instructions spéciales à vous don
ner. quant aux limites dans lesquelles vous devrez
maintenir cette action ; elle sera nécessairemest
plus ou moins sévère, selon les antécédens et la
conduite des condamnés à l'égard desquels elle
s'exercera..
Lorsque l'un d'eux aura disparu de sa résiden
ce, je devrai en être aussitôt informé, pour qde je
puisse sans retard prescrire sa recherche par tous
les moyens mis à ma disposition.
Vous me rendrez compte également des pour
suites pour rupture de ban, qui seront intentées
f EUILLETON DU CONSTITUTIONNEL, 6 SEPTEMB.
THÉÂTRES.
G ymnase : Le Démon du Foyer, comédie on -deux
setes, de Mme George SaniJ. — vabiétl's : Les
Souvenirs de'Jcttneu, se, vaudeville tn cinq tableaux,
de ilV. Lambert Thiboust et DJacour. — Les piè-
ccfc nouvelle:-'. ,
il nous est très agréable d'annoncer qu'un
nouvel ouvrageenaeux actes, de MmeSand,
le JJimo» du Foyer, afOinplètement réussi tfu
théâtre du Gymnase; après cela, nous tâche
rons de nous entendre sur le genre et sur le
mérite de la pièce, espérant, par le soin que
nous prenons d'abord de constater le succès,
excuser notre critique.
Oa est maintenant fort embarrassé vis à-
visde Mme Sand, moins à cause du respect
que son nom inspire, qu'à cause de sa sus
ceptibilité; il f iut toujouis que le sexe se*
trahisse, et c'est peut-être un bien. George
Sand, qui ne le cède à aucun homme en vi
rilité dé lalent, a des nerfs comme une pe-
tite-maitresse. Si la plus légère observa
tion, la discussion la plus polie, le moin
dre nuage dans son ciel, la pli d'une feuil
le de rose lui sont intol^ables, prenez-
vous-en à ses nerfs, Mme Sand ne nous a
encore pardonné à aucuns de lui avoir osé
dire dans les termes les plus révérencieux,
lors des Vtcances de Pandelphe, sa dernière
comédie, son arlequinade de prédilection,
qu'elle s'était trompée ; je ne sa s si, cette
l'ois, nous obtiendrons grâce; à certains si
gnes, il n'y parait guères.
Cependant quel auteur, — je ne dis point
qtielle lf-.mme, — a jamais été mieux ac
cueilli, mieux traité, plus fêté? Vous sou-
vic-nt-il du concert en l'honneur de François
le Champi et de C'taidie ? A ce propos, on n'a
rappelé Cosima que comme erreur de la pre
mière jeunesse,tout-à-fait oubliée.Puis est ve
nue la Vie de Molière. Que de précautions ora
toires,quedephrases de condoléance pour dé
montrer ce qui se démontrait trop clairement
de soi-même,à savoir que l'ouvrsge n'était'ni
un drame, ni uns biographie, ni même une
étudel et comme on s'< stdédommagé de quel
ques restrictions forcées en louant plus
tard sans réserve le Mariage de Victorine 1
Malheureusement, les Vacances de Pandolphe
parurent; il fallut faire son devoir, ne fût-ce
que pour donner du prix aux précédens élo
ges; c'est alors que Mme Sand, incapable de
se contenir, écrivit contre nous une préface
aigre-douce qui sentait bien plus le bas-bleu
irrité, que le grand prosateur;—est-il possi
ble que ce mot de bas-bleu vous vienne à l'es
prit à l'occasion de Mme Sand, et vraiment
amené par elle, quand chacun de nous avait
pris soin d'exprimer ses respects et de rap
peler que l'auteur des Vacances de Pandolphe
était le grand écrivain de la Mare au Diable ?
Cette fois, je ne sais pas si nous aurons
encore une préface pour faire suite à nos
feuilletons sur le Démon du Ftyer ; mais ce
que je sais, c\ st que la rancune de Mme Sand
dure , et qu'elle s'est manifestée par une
bonne'grosse injure que nous avons tous
reçue l'autre soir en plein visage, comme si
c'était une assiette qu'on nous eût jetée dans
un accès lunatique. A la bonne heure, soyi z
donc femme tout à fait: brisez la vaisselle !
pour ma part, je préfère un verre cassé à
toutes les préfaces. D'ailleurs, venant du sexe,
un soufflet vaut un baiser; il faudra,bon gré,
mal gré,que le Démondu Foyer reçoive ici mê -
me le prix de l'agacerie uu peu violente que
Mme Sand nous a faite.
Le Démon du Foyer, dont nous allons par
ler, et qui a si bien réussi, est à proprement
parler une comédie qui n'est point gaie, ou
si vous le prélértz un petit drame qui n'est
pas triste. L'action se passe eu Italie, dans
un monde à la fois réel et invraisemblable,
entre gens qui tiennent un peu des person
nages de nos vaudevilles, — c'est leur beau
côté,— et plus qu'il ne faudrait de l'arlequi-
nade, comme on l'entend dans les Vacances de
Pandolphe, voilà leur tort. En somme, dans
plusieurs scènt s Mme Sand rivalisa presque
avec M. Scribe, tandis qu'ailleurs ses fan-
toccini peident lout à coup le corps, le réa
lisme, 11 se changent en ombres chiuoises.
Je sais bien qu'on prétend ainsi allier le
matériel à l'immatériel et introduire le
lyrisme dans la come'die de genre. Mais
nous aurons bien de la peine à nous faire
à des procédés dramatiques dans le goût
du Constulo. Nous sommes encore telle
ment grossiers I Molière nous a si peu habi
tués à la i êverie et à la quintessence 1 enfin,
Mme Cottin elle-même y a perdu son fran
çais romanesque; de tant de spirilmlisme,
il ne reste que des modèles de pendules, entiè
rement passés de mode,eldignesde fdire pen
dant à l'Arabe qui parut accompagné de son
coursier sur toutes les cheminées semi-
mentales, lors de la grande vogue d 'Abufar.
George Sand prendra-t-elle en bien ou en
mal ce rapprochement avec Mme Cottin, au
quel on. ne s'attendait guère probable
ment? Mme Cotlin a aussi son méri'.e dans
le romanesque et l'idéal. Abufar lui-mê
me ne laisse point que d'être spiritua -
liste et sentimental au superlatif, tou
jours est-il qu'à les bien regarder, certains
héros de George Sand tiennent, volontaire
ment nu non, beaucoup plus qu'on ne croit
de l'intéressant Maltk-Adel. On se récriera à
cause de la sainte simplicité et des préten
tions de l'illustre Berrichonne au sublime
naturel, à cause surtout du merveilleux style
qu'elle a dans ses chefs-d'œuvre, et de ses:
etonnans paysages ; ne prolongeons donc
point davantage )a comparaison aujourd'hui ;
prenons que c'est un aperçu. Je mè rappro
che beaucoup plus si je dis que sous les traits
passionnés, mélancoliques et pompeux de l'a
mant idéal qui nous est représenté dans la
pièce nouvelle de Mme Sand, j'ai cru voir
apparaître Oswald lui-même, le noble étran
ger, letouristesentimental,^ son nécessaire de
voyage à la main,d'étui anglais à comparti-
mens sous le bras,rasé,brossé, ciré, tiré, sans
un pli, sans un fil de trop,prêt à recevoir avec
les transports d'un véritable gentleman, Co
rinne et sa palme à leur descente du Cà-
pitole. Enfln voulez-vous être lout à fait
dans le vrai, mettez à notre marquis du Dé
mon du Foyer une tunique abricot à taille
courte et à petits crevés, vous aurez un che
valier parfait, dans le goût de l'école lyon
naise sous l'Empire.
Mais, guel est ce marquis? Un jeune seir
gneur vénitien, le plus noble des hommes;
riche, beau, passionné jusqu'à la déclama-»
tion, fou des arts, cœur inextinguible, et vi
vant plus encore dans les domaines sans bor
nes de l'imagination que dans son propre
palais. Jamais le marquis ne parle sans le
ver les yeux au ciel, sans appuyer sa
main gauche sur son cœur ; pendant ce
temps il agite le bras droit comme un im
provisateur, et accompagne du geste la ca
dence de ses paroles; ou bieD, s'il lui arrive
de se taire, il prend des poses, semble écou-,
ter des voix intérieures et se drape dans son
manteau à la façon de Byron, ou de M. Jul-
lien, le fameux chef d'orchestre.
A cette époque, la sigdora Camille, élève
. du maestro Tantarelli, venait de faire son
début à la Srala de Milan, on sait avec quel
éclat. La Camille avait deux sœurs, sa sœur
ainéeNina, èt sa jeune sœur Flora-. Toutes les
trois, orphelines dès le bas âge, avaient
giandi péniblement sous l'aile du Tantarelli,
leur père d'adoption, qui n'était encore, à
l'époque de la mort de leurs parens, qu'un
pauvre musicien sans réputation. Nina, l'aî
née, servit de mère à ses sœurs'; Camille tra
vailla courageusement, et fut dès le pre
mier soir l'honneur de son professeur et de
l'Italie; quant à la Flora, adorée de ses deùx
soeurs aînées, véritable enfant gâté, c'est avec
bien de la peine qu'elle put débuter à côté
de Camille dans un second rôle. Camille est
aussi simple de manières que sublime de ta
lent; elle n'est même pas d'une grande beauté;
la Flora a gardé pour elle tous les charmes
de la famille, il ne lui manque, que de là
voix ,et de la méthode ; mais elle est co
quette , mais elle est impérieuse, mais
elle est exigeante, jalouse; elle fait dam
ner ses pauvres sœurs et le bon maestro;
c'est vraiment le démon du foyer. Ajou
tez que Mlle Flora se trouve très supérieure
à toutes les autres, à ses camarades, à sa
sœur le premier sujet, et à tout l'univers,
lorsqu'elle consulte son miroir. Ajoutez que
les succès étourdissans de la Camille la font
mourir de jalousie que la tendresse delà
pauvre Camille ne la touche seulement pas',;
qu'elle tyrannise toute la maison par ses ca
prices, ses colères, et qu'il est impossible
que cela ne finisse pas mal. Ohl si le maestro
s'écoutait, on viendrait bien à bout de Mlle
Flora; mais le moyen de corriger l'enfant
fàté sans désespérer la chère Camille! Il faut
onc tout souffrir.
Vous voyez le tableau ; il est à la fois gra
cieux et amusmt ; il serait vrai si les cou
leurs n'étaient un peu foncées ; le maestro
est plein de bonhomie et tracé de main de
maître.
Sur ces entrefaites, arrive à Milan notre
jeune marquis vénitien ; il court à la Scala,
entend la Camille, se pâme ; et quand il est
revenu à lui, court se jeter dans les bras du
maestro Tantarelli, qui, par un heureux ha
sard, a été son professeur de musique. Tan
tarelli accueille avec transport le cher élève,
et le conduit che? la Camille. A la seule pen
sée de voir la sijblime cantatrice, le marquis
s'exalte. Une créature charmante paraît; le
marquis, grâce à sa vite basse, n'a pu la
veille distinguer que les voix ; il prend donc
facilement Flora pour Camille, d'autant que
de près ses yeux l'y invitent, et le voilà lancé!
L'erreur est bientôt reconnue, la véritable
Camille se montre, et reprend tousses droits
à l'enthousiasme du marquis. Le dépit, la
rage et les trépignemens de la Flora, vous
les devinez. Tout cela va si loin, que notre
jalouse, plutôt que de rester au, théâtre
avec sa sœur,. plutôt que de supporter la
supériorité de cette Camille, se décide à
quitter Milan et la maison.
Précisément un certain prince de Chia-
monte , protecteur des arts et des artistes,
se trouve là :
—Voulez-vous que je vous conduise à Na*
pies et que je vous y fasse engager? dit-il, en
allumant un cigare.
— Oui.
— Je vous enlève dans dix minutes.
-r M'enlever! s'écrie en rougissant la pu
dique Flora.
— En tout bien tout honneur, répond le
Chiamonte, me prenez-vous pour un gaze
tte»" ou un directeur de théâtre?
Voilà le gros mpt lâché! Qui sait? la pièce
a peut-être été faite expressément pour l'a
mener ; sinon la pièce entière, le personnage
du moins, en faveur du mot.Eh bien! la ran
cune a porté bonheur, jusqu'à un certain
point, à Mme Sand. Ce personnage du prince
est le plus original de la pièce ; on le peut
comparer aux meilleurs types de nos vau
devilles ; il est vrai,grossier, tout nu, et pris
sur la nature même; c'est un sacripant
aristocratique, un manant, un goujat de
distinction aussi accompli qu'on le peut-
désirer. On ne pouvait mettre dans une bou
che plus digne ce compliment aux gazettOrs,
que nous avons tous reçu à brûle-pourpoint.
Comme elle en parle, des gazetiers! cette chère
George Sand ! — Ce n'est pas mon opinion
que j'exprime, dira-t-elle très-doucement. Le
mot est de mon personnage et pour la cou-
'flSftBACl.rrM m r«î«m (falal#- oyaljrn)
B 185 ÏJ1VDI 6 SEPTEMBRE.
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P.UUS, 5 SEPTEMBRE
C EST L'DËIRE DE SE CONVERTIR.
o Madame, je viins remettre'entre vos mains
ma liberté dont j'ai fait un ti mauvais usage. »
C'est là ce que disait Mlle de La Vallière
à Ja supérieure des Carmélites; et cts paro
les d'un cœur blessé, tendre et réîolu, qui
pour toujours se donnait à Dieu, relevèrent
dans l'histoire la fille d'honneur séduite, de
ses faiblesses et de toutes ses fautes.
C'est un dos beaux privilèges du cœur hu
main de pouvoir se repentir et se convertir.
Pourquoi les grands esprits ne mettraient-
ils pas aussi en honneur, dans la politique,
lfe repentir et la conversion, après les fautes
commises?
Il y a des momens où la société est divisée
eu deux camps et con bat, pour ainsi dire, en
bataille rangée. D'un côté est le pouvoir, de
l'autre marchent et se réunissent des popu
lations habilement endoctrinées, ayant à
leur tôle de saVans stratégistes qui, au nom
dii salut des peuples, des progrès de l'esprit,
humain, viennent toufbonnementdireàceux
qui occupent* dans Rome le3 premièrespla-
ces : «Ote toi de là que jem'y mette». Lors
qu'on est pour ainsi dire enrégimenté, lors
qu'on sert sous un drapeau, lorsqu'on tou
che du coude tant de soldats et tant de chefs
qui vous surveillent, il est bien difficile d'al
ler d'un camp à l'autre ; se convertir, re
noncer au mal, pour se vouer au bien, pas
serait pour une trahison. '
Les gens qui attaquent et outragent ce qui
«xiste "aujourd'hui, nous permettront bien
de rappeler, en termes polis, ce qui existait
et qui se faisait avant le 2 décembre'. L'op
position avait pour ainsi dire des gardes-
côlef.
Les hommes politiques qui, à certains
jours, abandonnaient le pouvoir pour gros
sir les rangs de l 'opposition, étaient fêtés,
choyés et pouvaient compter sur une popu
larité de quelques heures ; mais les hommes
convaincus, qui abandonnaient un instant
l 'opposition pour soutenir le pouvoir, étaient
flétris d'une tache ineffaçable.
-Les journaux opposans n'avaient pour eux
que des injures, et les prince? de Ja parole
qui commandaient alors le siég* contre le
gouvernement, leur refusaient brusquement
le "sourire de la veille et le .salut de la plus
froide politesse; ils étaient "montrés au
doigt, et le-vide se faisait autour d'eux. Il
fallait alors une certaine force de caractère
pour agir comme on pensait, pour ne pas
approuver ce qu'on blâmait, et pour ne pas
blâmer ce qu'on croyait juste et honnête.
Un homme de quelque esprit qui, même
après le 2 décembre, continua à regarder
comme des demi-dieux les piinces de l'op
position, et à tenir pour un point d'honneur
la plus aveugle soumission à leur mot d'or-,
dre, peignit, selon nous, d'un seul mot, les
mœurs de ce temps-là. On offrit, après le 2
décembre, une préfecture à ce personnage
quasi-politique ; il refusa d'être préfet, et
voici pourquoi : « Je tiens, dit-il, à pouvoir
toujours saluer M., le duc de Broglie. »
L°s gardes-côtes sont heureusement li
cenciés, et les princes de la parole gardent
le silence. Il y a quelqu'un, selon nous, qui
a parlé plus haut qu'eux, et dont la parole
a été plus éloquente,.c'est tout le monde.
Grâce au suffrage universel, 7,500,000
votans ont ru le droit de dire leur mot dans
les affaires du pays.
Instruites par le malheur et par l'ex
périence renouvelée des plus formidables
révolutions , les populations ne se laissent
plus tromper par de belles paroles ; elles
ne se laissent plus convaincre que par des
faits. Depuis 1848, on a voulu faire marcher
la société sur la tête, on a voulu faire mar
cher la société, comme la brute, à quatre
pattes,' et elle est trop heureuse de se trou
ver aujourd'hui sur ses pieds. Dans tous les
âges et sous tous les régimes, le bon sens fi
nit par parler avec plus d'autorité que les
plus captieux et les plus séduûans esprits.
Virgile se montrait non moins homme
de bon sens que grand poète, lorsqu'il s'é
criait dans uue de, ses Géorgiques, à-propos
d'Auguste :
Hune salttm everso juvenem succurrere seclo
Neprohibetel
( N'empêchez pasdu moins ce jeune Courageux
de venir remettre la société sur ses pieds.)
Louis-Napoléon a bien eu ce profond sen
timent, qu'il fallait accomplir un grand coup
d'Etat, et renverser d'une miin ferme des
institutions vieillies dont on abusait, pour
remettre, comme il l'a dit lui-même, la py
ramide sur sa base Succurrere seclo everso.
Eh bien! quand on n'est pas dominé par le
plus aveugle orgueil, comment ne pas se
convertir aji respect du pouvoir ? comment
même ne pas prêter main-forte à ce jeune
gouvernement issu de l'élection la plus po
pulaire, quiepouse avec une si ardente sym
pathie toutes les idées du temps et qui satis
fait d'une main si sûre 1 i s intérêts et les be
soins du pays?
Depuis plus de soixante ans, on-a fait de
l'amour de,la libtrté, du respect des Consti-
titutions, une religion populaire.Certes, nous
ne demandons point qu'on brise avec une
brutale , impiété ces autels où furent sa
crifiées tant-de victimes; mais'une des
grandes lois dte la' politique, c'est certaine
ment l'opportunité, et, pour un peuple me
nacé par des barbares, le véritable idéal
d'une Constitution a été, pendant un certain
temps, l'ame d'un Trajan, conseillé par un
Piine-le-Jeune.
Oui, c'est bien l'heure.en France, de se
convertir, et nous estimons qu'une nation
qui, en soixante ans, a fait tant de folies et
subi tant de catastrophes, peut, sans déshon
neur, venir dire à un gouvernement sorti
du suffrage universel: « Je viens (non, com
me Mlle de La Vallière, pour toujours !) re
mettre entre vos rnàins ma liberté dont j'ai
fiit un si mauvais usage.»-
Tous ceux qui avaient vu de près les folies
et les dangers de la Fronde furent trop heu
reux de se rattacher au despotisme magni
fique de Louis XIV.
Il y a une question qui vaudrait la peine
d'être traitée à nouveau par de grands es
prit?. Les- sociétés humaines existent-elles
d'après des lois naturelles, immuables com
me tout le reste de la création ? Plus d'un
philosophe, plus d'un politique admettent
et défendent cette commode théorie ; ils
sont ainsi bien à l'aise pour choisir dans
ce monde fe rôle qui leur pl&ît et qui
sert le mieux leurs intérêts et leurs passions.
D'après cette théorie, lorsque leurs plans
réussissent, c'est l'œuvre de le?ir génie; mais,
dans leurs revers et dans leurs fautes, ils ne
sont que les instrumensinnocens et prédes
tinés des desseins de la Providence,- comment
alors ne point les absoudre de tous les coups
funestes qu'ils peuvent porter à la société?
Sjlon nous, l i société vit plus artificiclle-
mentqu'onne vtutle dire. II.en est des socié
tés comm3 drs individus. La Providence fait
naître chacun à une certaine époque, à une
certaine place. Mais, dans la sphère où il
est né, chacun, par ses bons ou ses mau
vais instincts, par sa conduite, agit per
sonnellement sur sa destinée.
Les société s aussi, par une bonne ou par
une mauvaise direction, peuvent assurer leur
salut ou leur perte. « Il y a au fond de.
l'homme, dit Jfan Paul, un cyclope qui, à
la première occasion, s'éveille, et, si l'on
n'y prend-garde, détruit tout. » Les gou-
vernemens et les sociétés elles-mêmes ont
donc un grand devoir à accomplir, c'est
celui de se sauvegarder à force de prudence
contre le réveil menaçant des cyclopes.
A la vue d'un? société qui r< mît, qui tra
vaille, qui prospère, à la vue de ces popula
tions unaivmes à bénir la main qui les a
sauvées, c'est l'heure de se convertir; et
bien fous 11 bien coupables ceux qui, comme
le dit Virgile, empêcheraient le chef de l'Etat :
Everso succurrere seclo.
D r L. Véron.
Par décision du ministre des finances,
1 intérêt attaché aux bons du trésor public
est fixé ainsi qu'il suit, à partir du lundi
6 septembre courant":
A 1 1/2 p. 0/0 par an, pour les bons de
quatre à cinq mois d'échéance.
A 2 p. 0/0 par an, pour les bons de cinq à
onze mois d'échéance.
A 3 p. 0/0 pour les bons à un an.
Nous lisons dans Y Indépendance belge de
samedi :
a On parle de recomposition iramcdiate'du mi
nistère, d'offres de porteffuitles, récemment faites
et refusées. Le fait est que personne dans le mi
nistère n'a accepté la mission de recomposer le ca
binet, et que ce dernier se trouve aujourd'hui en
core dans li situation où l'a placé sa démission.
» O.i comprend qu'aussi long-temps qu'a duré
li négociation avec la. France" et à la veille de l'é
chéance du traité, la recomposition du cabinet ait
dû rencontier des difficultés qui ont disparu de
puis. Il est donc permis de prévoit le momerit où
interviendra une solution que tout le monde a ia-
térùt à voir se réaliser aussi promptement que pos
sible. »
- Le même journal annonce que M. Frère,
ministre des finances, est reparti vendredi de
Bruxelles pour sa maison de campagne, aux
environs de Liège. ,
L 'Emancipation, de son côté, publie ce qui
suit : .
. « Le cabinet est décidé à ne réunir les chambres
qu'tn octobre prochain; la réunion aura lieu plu
tôt dans la seconde quinzaine que dans la pre
mière.
» Si le public s'étonnait de recevoir cette nou
velle avant celle qu'il attend, d-puis assez long
temps, de la rcconstitutiou du cabinet, nous pour
rions en même temps lui apprendre que le cabinet
agit comme ministère définitif, en dehors de M.
Frère et sans la participation de ce dernier. »
Ces nouvelles sont un peu contradictoires;
mais nous les avoqs recueillies, parce que,
dèpuis quelque temps, les journaux belges
semblaient avoir oublié la crise ministérielle
qui dure depuis tant de semaines.
L. Boniface.
On écrit de Lisbonne, le 29 août :
. .«Dans une lettre du 21 courant je vous an
nonçais la réduction des droits. Il faut, con
sidérer ce fait coma e une tentative faite pour
abo'ir le système de contrebande que favorise
l'énormité des impôts plutôt qu'une diminution
quelconque de protection. Il était notoire pour
tout le mondequ: il passait à peine par la djuane une
faible quantité de mouchoirs dé soie, de dentelles
ou de boutons en nacre. Aussi le fabricant de
l'intérieur se voyait-il exposé à la concurrence du
contrebandier, et le trésor public était-il cons
tamment frustré. Chose étrange ! Il y a des fabri-
cans de soieries qui se récrient contre la modifi
cation du tarif! Les organes du parti révolution
naire encouragent cet esprit d'opposition pour
vilipender le ministère et rallier autour de leur
bannièreles victimes abusées de la protection. Mais
s'il est juste de reconnaître la sagesse et l'utilité
de la présente mesure de réforme commerciale, il
est ban de se soavenir que les cotons et Jes laines
n'en profitent nullement. Ces derniers articles au
ront encore à lutter contre les droits exorbitans
qui pèsent sur, eux. Toutefois, on espère que les
ministres redoubleront de courage pour faire quel
ques pas de plus dans la même voie. La fatigante
question des droits sur les vins d'Oporto est encore
pendante, et l'on dit qu'elle amènera une crise
mii.isttrielle. Placé enire l'appréhension de pro
voquer le gouvernement britannique par le refus
de supprimer ces droits, et la crainte d'exaspérer
la population des rives du Douro par l'abolition de
la compagnie, le ministère parait flotter dans une
rande perplexité. Le senor Rodrigo aura prov
iennent recours à son système tavori d'accommoder
ment.
El
» Il n'a été publié aucune loi électorale. 11 sera s
difficile d'obtenir une majorité efficace, que les élec
tions seront ajournées ' jusqu'au dernier moment.
» D'après un rapportot'ficie) publié dans le Dior io do
Governo, 4,590 pipes de vinont été expédiées d'O
porto le mois dernier. Reste une quantité de 90,058
pipes, dont 77,730 sont, dit-on, de là première
qualité. Un rapport statistique fort intéressant
sur le revenu du rôle Caras, ou de l'accise de
Lisbonne, vient d'être livré à la publicité. Le total
est de 879,391 r., soit 198,000 liv. sterl. La
quantité de vin consommée dans 4a ville et
qui paie- le droit', est de 20,000 pipes. Il a
été consommé 64,000 quintaux pesant de viande
de boucherie , et environ 2,000 pipes d'huile.
Ajoutez 4,000 pipes environ d'eau-de-vie, 143,000
quintaux à peu près de porc, de jambons, saucisses
et saucissons. À ce calcul il faut ajouter au moins
•un cinquième de plus pour le compte de la contres-
bande, parce que fous ces articles sont fortement
imposés, et qu'un très grand nombre de gens sont
employés à les introduire en fraude dans la ville.
La loi qui a réduit quelques-uns de ces droits, a
été adoptée par la chambre de§ députés, après une
longue discussion ; mais el e n'a p ;s encore été
publiée sous les auspices des dictateurs. Elle serait
accueillie par l'approbation générale.
» La dette intérieure capitalisée est officiellement
évaluée à 35,800 contos ou 8misions de liv, sterl.,
pour laquelle les charges annuelles de l'intérêt, y
compris les annuités à terme, sont de 1,232 contos
ou 290,000 liv. sterl. Ajoutez le montant capitalisé
par décret du 3 décembre, 6,497 contos, soit
1,450,000 liv. sterl., avec l'intérêt annuel de 195
contos, ou 44,000 liv. sterl. La dette extérieure ou
étrangère monte à près de 10 millions de liv. sL
dont l'intëiêt est de 1,360 contos ou 310,000 liv.
sterl. On" ierra par-là que, fous la forme de
dette naiionale, les plaisirs de la mémoire coûtent
près dè 650,000.1iv. sterl.
» On disait hier que la reine viendrait de Mafra
pour t.pir un conseil d'Etat, et que le cabinet, était
a la veille d'une dissolution. Quoique cei bruits
méritent peu de crédit, il n'y a guère- à douter,
cependant, que le gouvernement n'ait subi un
violent éc ec, et que les ministres ne commencent
à perdre la confiance publique. »
(Morning-rChronicle•)
L'émulation pour les voies ferrées ga
gne tous les Etats de l'Europe. Les peti
tes provinces, que la situation restreinte
de leur, budget met dans l'impossibilité
de procéder seules à l'exécution de ces
voies de communication, forment associa
tion, mettent en commun les ressources
dont elles peuvent disposer et garantissent
à l'industrie privée l'entreprise des travaux.
La Moldavie et la Vedachie débutent dans
l'exécution des chemins de fer. Seulement,
les rails seront en bois et posés sous forme
de longrines sur-le sol. La traction se fe
ra par les chevaux et non par là vapeur.
Des ingénieurs français- sont appelés par les
deux gouvernemens pour diriger ces tra
vaux d'une nouvelle espèce.
Les Etats secondaires de l'Italie, jaloux de
coopérer à la réalisation du grand réseau
austraco-lombard et désirent faire partie
de la J grande famille des nations que les
chemins de fer doivent sillonner et féconder,
ont conclu un arrangement dans le but de
favoriser l'établissement d'un chemin des
tiné arelier entre elles toutes les voies fer
rées autrichiennes, lombardes et toscanes.
Les gouvernemens romain, autrichien,
toscan, de Parme et dtî Modène, ont signé
une convention dans ce sens. Ce sera une
compagnie qui sera chargée de l'exécution.
Ce chemin de fer aura son point de départ
à Plaisance, se dirigera sur Parme et attein-
flra Ja ville de Reggio. D autre part, il aura
une tête de ligne* à Mantoue, qu'il mettra
en communication avec Reggio. Reggio de
viendra le point central ; la ligne ira à Mo
dène, à Bologne; et, après avoir touché àPis-
toja, le chemin traversera les Apennins. Ces
monts une fois franchis, il se raccorder^
avec les chemins de fer toscans, qui touchent
eux-mêmes à ceux dés Etats pontificaux.
Les grands contres de commerce et de po,-
pulation dé l'Itahe vont être reliés par cè
nouveau tracé : Rome,Civita-Vecchia, Sien
ne, Livourne, Florence, Bologne, Modène,
Mantoue, Reggio, Plaisance, Milan j etc.
Les relations des ports de mer de la pénin
sule italienne avec les ports' français, de la
Méditerranée vont obtenir un] développe
ment que tendent à favoriser déjà les gran
des entreprises de navires à vapeur établies
depuis peu de temps entre Marseille et lés
villes littorales dé l'Italie,
L. BONIFACE.
*' La circulaire suivante relative aux con
damnés libérés en surveillance, vient d'être
adressée aux préfets par M. le ministre de la
police générale :
Paris, le 1 er septembre 1852.
Monsieur le préfet, j'ai reconnu que les déplace-
mens des condamnés libérés en surveillance n'é
taient pas beaucoup moins fréquens aujourd'nui
Qu'ils ne l'étaient avant la promulgation du décret
u 8 décembre.
Cette situation me donne lieu de penser, ou que
les prescriptions de ma circulaire tiu 22 mars der-'
nier ne sont pas ponctuellement exécutées, ou
qu'elles n'ont pas été bien comprises. Je crois
donc utile de vous adresser sur ce point des expli
cations qui auront, en tout cas, paur résultat d'é
tablir l'unité désirable dans Je mode d'application
des mesures à prendre pour mettre un terme à cet
état de vagabondage perpétuel des individus en
surveillance, que l'ancienne législation favorisait
d'une manière si fâcheuse, et que la nouvelle est
appelée à réprimer d'une manière fructueuse.
Ainsi que je vous l'ai fait observer dans ma cir
culaire du mois de mars, les libérés en surveillance
ne doivent plus changar de résidence sans l'auto
risation du gouvernement; mais tous pouvoir^
sont délégués à MM. les préfets pour accorder des
autorisations provisoires, sauf à m'en donner avis,
comme il leur appartient également de déterminer
les forma'ités proprés à constater la présence con
tinue du condamné dans le lieu de sa résidence. '
Il résulte decesdispbsitions qu'aucun condamné
en surveillance dans votre département ne peut-
plus quitter sa résidence actuelle sans avoir ob
tenu votre autorisation préalable. Nul autre fonc-j
tionnaire, sous-préfet, maire ou commissaire de
police,ne saurait vous suppléer en pareille circons
tance ; j'insûte vivement sur ce point, et je necon-
silérerai désormais comme réguliers que les seuls
changemens de résidence que vous m'annoncerez
avoir vous-même autorités, tt c'est aussi de ceux-
là seulement qu'il sera pris note dans mes bu
reaux. Je vous invite, en conséquence, à prendre'
les mesures nécessaires pour qu'il ne s'effectue
plus, à l'avenir, aucun déplacement de condamnés
d'après l'ancienne législation.
Je ne saurais trop insister pour que vous ap
portiez une prudente réserve dans l'usage de la fa
culté qui Vous est attribuée de permettre ces dé-
placemens. Assurez-vous, avant d'accueillir une
demande, qu'elle est réellement motivée, et que
le pétitionnaire, en désignant le lieu où il veut
transférer sa résidence, n'a d'autre intention que
se procurer le travail qui lui manque. Toute de
mande devra être l'objet d'une instruction préala
ble, et vous n'y donnerez suite qu'en connaissance
de cause. Ne négligez rien enfin pour que la sur
veillance de la haute policé cesse d'être une lettre
morte, comme jusqu'à ces derniers temps, et pour
que l'administration ressaisisse désormais, dans
toute sa plénitudë, l'exercice de son action à cet
égard.
Je n'ai point d'instructions spéciales à vous don
ner. quant aux limites dans lesquelles vous devrez
maintenir cette action ; elle sera nécessairemest
plus ou moins sévère, selon les antécédens et la
conduite des condamnés à l'égard desquels elle
s'exercera..
Lorsque l'un d'eux aura disparu de sa résiden
ce, je devrai en être aussitôt informé, pour qde je
puisse sans retard prescrire sa recherche par tous
les moyens mis à ma disposition.
Vous me rendrez compte également des pour
suites pour rupture de ban, qui seront intentées
f EUILLETON DU CONSTITUTIONNEL, 6 SEPTEMB.
THÉÂTRES.
G ymnase : Le Démon du Foyer, comédie on -deux
setes, de Mme George SaniJ. — vabiétl's : Les
Souvenirs de'Jcttneu, se, vaudeville tn cinq tableaux,
de ilV. Lambert Thiboust et DJacour. — Les piè-
ccfc nouvelle:-'. ,
il nous est très agréable d'annoncer qu'un
nouvel ouvrageenaeux actes, de MmeSand,
le JJimo» du Foyer, afOinplètement réussi tfu
théâtre du Gymnase; après cela, nous tâche
rons de nous entendre sur le genre et sur le
mérite de la pièce, espérant, par le soin que
nous prenons d'abord de constater le succès,
excuser notre critique.
Oa est maintenant fort embarrassé vis à-
visde Mme Sand, moins à cause du respect
que son nom inspire, qu'à cause de sa sus
ceptibilité; il f iut toujouis que le sexe se*
trahisse, et c'est peut-être un bien. George
Sand, qui ne le cède à aucun homme en vi
rilité dé lalent, a des nerfs comme une pe-
tite-maitresse. Si la plus légère observa
tion, la discussion la plus polie, le moin
dre nuage dans son ciel, la pli d'une feuil
le de rose lui sont intol^ables, prenez-
vous-en à ses nerfs, Mme Sand ne nous a
encore pardonné à aucuns de lui avoir osé
dire dans les termes les plus révérencieux,
lors des Vtcances de Pandelphe, sa dernière
comédie, son arlequinade de prédilection,
qu'elle s'était trompée ; je ne sa s si, cette
l'ois, nous obtiendrons grâce; à certains si
gnes, il n'y parait guères.
Cependant quel auteur, — je ne dis point
qtielle lf-.mme, — a jamais été mieux ac
cueilli, mieux traité, plus fêté? Vous sou-
vic-nt-il du concert en l'honneur de François
le Champi et de C'taidie ? A ce propos, on n'a
rappelé Cosima que comme erreur de la pre
mière jeunesse,tout-à-fait oubliée.Puis est ve
nue la Vie de Molière. Que de précautions ora
toires,quedephrases de condoléance pour dé
montrer ce qui se démontrait trop clairement
de soi-même,à savoir que l'ouvrsge n'était'ni
un drame, ni uns biographie, ni même une
étudel et comme on s'< stdédommagé de quel
ques restrictions forcées en louant plus
tard sans réserve le Mariage de Victorine 1
Malheureusement, les Vacances de Pandolphe
parurent; il fallut faire son devoir, ne fût-ce
que pour donner du prix aux précédens élo
ges; c'est alors que Mme Sand, incapable de
se contenir, écrivit contre nous une préface
aigre-douce qui sentait bien plus le bas-bleu
irrité, que le grand prosateur;—est-il possi
ble que ce mot de bas-bleu vous vienne à l'es
prit à l'occasion de Mme Sand, et vraiment
amené par elle, quand chacun de nous avait
pris soin d'exprimer ses respects et de rap
peler que l'auteur des Vacances de Pandolphe
était le grand écrivain de la Mare au Diable ?
Cette fois, je ne sais pas si nous aurons
encore une préface pour faire suite à nos
feuilletons sur le Démon du Ftyer ; mais ce
que je sais, c\ st que la rancune de Mme Sand
dure , et qu'elle s'est manifestée par une
bonne'grosse injure que nous avons tous
reçue l'autre soir en plein visage, comme si
c'était une assiette qu'on nous eût jetée dans
un accès lunatique. A la bonne heure, soyi z
donc femme tout à fait: brisez la vaisselle !
pour ma part, je préfère un verre cassé à
toutes les préfaces. D'ailleurs, venant du sexe,
un soufflet vaut un baiser; il faudra,bon gré,
mal gré,que le Démondu Foyer reçoive ici mê -
me le prix de l'agacerie uu peu violente que
Mme Sand nous a faite.
Le Démon du Foyer, dont nous allons par
ler, et qui a si bien réussi, est à proprement
parler une comédie qui n'est point gaie, ou
si vous le prélértz un petit drame qui n'est
pas triste. L'action se passe eu Italie, dans
un monde à la fois réel et invraisemblable,
entre gens qui tiennent un peu des person
nages de nos vaudevilles, — c'est leur beau
côté,— et plus qu'il ne faudrait de l'arlequi-
nade, comme on l'entend dans les Vacances de
Pandolphe, voilà leur tort. En somme, dans
plusieurs scènt s Mme Sand rivalisa presque
avec M. Scribe, tandis qu'ailleurs ses fan-
toccini peident lout à coup le corps, le réa
lisme, 11 se changent en ombres chiuoises.
Je sais bien qu'on prétend ainsi allier le
matériel à l'immatériel et introduire le
lyrisme dans la come'die de genre. Mais
nous aurons bien de la peine à nous faire
à des procédés dramatiques dans le goût
du Constulo. Nous sommes encore telle
ment grossiers I Molière nous a si peu habi
tués à la i êverie et à la quintessence 1 enfin,
Mme Cottin elle-même y a perdu son fran
çais romanesque; de tant de spirilmlisme,
il ne reste que des modèles de pendules, entiè
rement passés de mode,eldignesde fdire pen
dant à l'Arabe qui parut accompagné de son
coursier sur toutes les cheminées semi-
mentales, lors de la grande vogue d 'Abufar.
George Sand prendra-t-elle en bien ou en
mal ce rapprochement avec Mme Cottin, au
quel on. ne s'attendait guère probable
ment? Mme Cotlin a aussi son méri'.e dans
le romanesque et l'idéal. Abufar lui-mê
me ne laisse point que d'être spiritua -
liste et sentimental au superlatif, tou
jours est-il qu'à les bien regarder, certains
héros de George Sand tiennent, volontaire
ment nu non, beaucoup plus qu'on ne croit
de l'intéressant Maltk-Adel. On se récriera à
cause de la sainte simplicité et des préten
tions de l'illustre Berrichonne au sublime
naturel, à cause surtout du merveilleux style
qu'elle a dans ses chefs-d'œuvre, et de ses:
etonnans paysages ; ne prolongeons donc
point davantage )a comparaison aujourd'hui ;
prenons que c'est un aperçu. Je mè rappro
che beaucoup plus si je dis que sous les traits
passionnés, mélancoliques et pompeux de l'a
mant idéal qui nous est représenté dans la
pièce nouvelle de Mme Sand, j'ai cru voir
apparaître Oswald lui-même, le noble étran
ger, letouristesentimental,^ son nécessaire de
voyage à la main,d'étui anglais à comparti-
mens sous le bras,rasé,brossé, ciré, tiré, sans
un pli, sans un fil de trop,prêt à recevoir avec
les transports d'un véritable gentleman, Co
rinne et sa palme à leur descente du Cà-
pitole. Enfln voulez-vous être lout à fait
dans le vrai, mettez à notre marquis du Dé
mon du Foyer une tunique abricot à taille
courte et à petits crevés, vous aurez un che
valier parfait, dans le goût de l'école lyon
naise sous l'Empire.
Mais, guel est ce marquis? Un jeune seir
gneur vénitien, le plus noble des hommes;
riche, beau, passionné jusqu'à la déclama-»
tion, fou des arts, cœur inextinguible, et vi
vant plus encore dans les domaines sans bor
nes de l'imagination que dans son propre
palais. Jamais le marquis ne parle sans le
ver les yeux au ciel, sans appuyer sa
main gauche sur son cœur ; pendant ce
temps il agite le bras droit comme un im
provisateur, et accompagne du geste la ca
dence de ses paroles; ou bieD, s'il lui arrive
de se taire, il prend des poses, semble écou-,
ter des voix intérieures et se drape dans son
manteau à la façon de Byron, ou de M. Jul-
lien, le fameux chef d'orchestre.
A cette époque, la sigdora Camille, élève
. du maestro Tantarelli, venait de faire son
début à la Srala de Milan, on sait avec quel
éclat. La Camille avait deux sœurs, sa sœur
ainéeNina, èt sa jeune sœur Flora-. Toutes les
trois, orphelines dès le bas âge, avaient
giandi péniblement sous l'aile du Tantarelli,
leur père d'adoption, qui n'était encore, à
l'époque de la mort de leurs parens, qu'un
pauvre musicien sans réputation. Nina, l'aî
née, servit de mère à ses sœurs'; Camille tra
vailla courageusement, et fut dès le pre
mier soir l'honneur de son professeur et de
l'Italie; quant à la Flora, adorée de ses deùx
soeurs aînées, véritable enfant gâté, c'est avec
bien de la peine qu'elle put débuter à côté
de Camille dans un second rôle. Camille est
aussi simple de manières que sublime de ta
lent; elle n'est même pas d'une grande beauté;
la Flora a gardé pour elle tous les charmes
de la famille, il ne lui manque, que de là
voix ,et de la méthode ; mais elle est co
quette , mais elle est impérieuse, mais
elle est exigeante, jalouse; elle fait dam
ner ses pauvres sœurs et le bon maestro;
c'est vraiment le démon du foyer. Ajou
tez que Mlle Flora se trouve très supérieure
à toutes les autres, à ses camarades, à sa
sœur le premier sujet, et à tout l'univers,
lorsqu'elle consulte son miroir. Ajoutez que
les succès étourdissans de la Camille la font
mourir de jalousie que la tendresse delà
pauvre Camille ne la touche seulement pas',;
qu'elle tyrannise toute la maison par ses ca
prices, ses colères, et qu'il est impossible
que cela ne finisse pas mal. Ohl si le maestro
s'écoutait, on viendrait bien à bout de Mlle
Flora; mais le moyen de corriger l'enfant
fàté sans désespérer la chère Camille! Il faut
onc tout souffrir.
Vous voyez le tableau ; il est à la fois gra
cieux et amusmt ; il serait vrai si les cou
leurs n'étaient un peu foncées ; le maestro
est plein de bonhomie et tracé de main de
maître.
Sur ces entrefaites, arrive à Milan notre
jeune marquis vénitien ; il court à la Scala,
entend la Camille, se pâme ; et quand il est
revenu à lui, court se jeter dans les bras du
maestro Tantarelli, qui, par un heureux ha
sard, a été son professeur de musique. Tan
tarelli accueille avec transport le cher élève,
et le conduit che? la Camille. A la seule pen
sée de voir la sijblime cantatrice, le marquis
s'exalte. Une créature charmante paraît; le
marquis, grâce à sa vite basse, n'a pu la
veille distinguer que les voix ; il prend donc
facilement Flora pour Camille, d'autant que
de près ses yeux l'y invitent, et le voilà lancé!
L'erreur est bientôt reconnue, la véritable
Camille se montre, et reprend tousses droits
à l'enthousiasme du marquis. Le dépit, la
rage et les trépignemens de la Flora, vous
les devinez. Tout cela va si loin, que notre
jalouse, plutôt que de rester au, théâtre
avec sa sœur,. plutôt que de supporter la
supériorité de cette Camille, se décide à
quitter Milan et la maison.
Précisément un certain prince de Chia-
monte , protecteur des arts et des artistes,
se trouve là :
—Voulez-vous que je vous conduise à Na*
pies et que je vous y fasse engager? dit-il, en
allumant un cigare.
— Oui.
— Je vous enlève dans dix minutes.
-r M'enlever! s'écrie en rougissant la pu
dique Flora.
— En tout bien tout honneur, répond le
Chiamonte, me prenez-vous pour un gaze
tte»" ou un directeur de théâtre?
Voilà le gros mpt lâché! Qui sait? la pièce
a peut-être été faite expressément pour l'a
mener ; sinon la pièce entière, le personnage
du moins, en faveur du mot.Eh bien! la ran
cune a porté bonheur, jusqu'à un certain
point, à Mme Sand. Ce personnage du prince
est le plus original de la pièce ; on le peut
comparer aux meilleurs types de nos vau
devilles ; il est vrai,grossier, tout nu, et pris
sur la nature même; c'est un sacripant
aristocratique, un manant, un goujat de
distinction aussi accompli qu'on le peut-
désirer. On ne pouvait mettre dans une bou
che plus digne ce compliment aux gazettOrs,
que nous avons tous reçu à brûle-pourpoint.
Comme elle en parle, des gazetiers! cette chère
George Sand ! — Ce n'est pas mon opinion
que j'exprime, dira-t-elle très-doucement. Le
mot est de mon personnage et pour la cou-
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