Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-09-03
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 03 septembre 1852 03 septembre 1852
Description : 1852/09/03 (Numéro 247). 1852/09/03 (Numéro 247).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NCJMftRO 247.
BURKAIT& s i*ue de Vafola (S»«Ea !**fî«y «lS m 1
té
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. UN NUMÉRO î 15 CENTIMES.
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PARIS, 2 StPTEâlBRK
Uae simple cour d'assises d'Irlanîe va ju-
gft dans quelques jours un procès dont l'an
nonce seule a éveillé toutes lés passions po
litiques en Angleterre et en Irlande, et qui
jettera la plus grande lumière sur l'action
exercée par une partie du clergé catholique
dans les dernières élections générales. C'est
le procès d'un juge de paix du comté de
Clare, M. Dilmège, et de huit soldats du 31 e
régiment d'infanterie anglaise. „
La proclamation par laquelle le ministère
tory a interdit toute procession religieuse
avait pour objet de prévenir les manifesta
tions des ultra-'protes'ans, t-ussi bien que
celles des catholiques. Elle n'en a pas moins
causé au sein du clergé irlandais une irrita
tion très vive, qui s'est accrue encore à là
nouvelle de l'émeute de Stockport, dans la
quelle une église catholique a été dévastée.
Par suite de ces deux faits , la presque
totalité du clergé ' irlandais a pris parti
contre le ministère dans les élections géné
rales. Son intervention active dans la lutte
électorale a eu, pour conséquence, de faire
éclmuer les tories dansplusieurs collèges où
ils espéraient un succès,, et même de leur
faire perdre des collèges dont ils étaient
en possession. Le ministère s'était flatté de
gagner une douzaine de voix en Irlande, c'est
à peine s'il a pu en conquérir deux ou trois.
Malheureusement le clergé irlandais n'a
pu jouer un rôle aussi actif dans les élec
tions sans donner-prise à bien des récrimi
nation?. La presse anglaise de tous les par
tis lui a.reproché avec une extrême amer
tume d'avoir fait rejeter des hommes uni
versellement considérés et d'avoir fuit réus
sir deux ou trois candidats qui, par leurs
aniccéd n?j leur moralité et leurs opinions
démagogiques, semblaient devoir éloigner
plutôt qu'appeler les suffrages. La presse an
glaise reproche surtout à uneportionducler-
gé catholique d'avoir eu recours à l'intimi
dation et à la violence. _
Ce n'est pas sans étonne/nent qu'on a vu
l'archevêque de .Tuam, M. Maft»H{il >, parcou
rir son diocèse eù'convoquant jiartoui des
réunions électorales où il ne se bornait pas
à recommander certains candidats, mais où
.il faisait un cas de conscience à ses auditeurs
de ne pas yoier pour eux. Un ecclésiastique
du reêaae diocèse, à la fin d'un discours dans
lequel il avait attaqué la reine, le ministère
et le - parlement, et voué l'Angleterre à la
destruction et au feu du ciel, ajouta, en for
me de conclusion, que quiconque voterait'
-pour un candidat ministériel, encourrait par
ce seul fait l'exroiflïriunicàlïoa. Ua autre prê
tre, dynl le discours a été çg4eménti>ubtié,
avança que dans tout district où nh candidat
du gouve rnementserait éhj^âptipulation se
rait brbu'illée avec l'Eglise et dévolue au feu
de l'enfer. Il était donc du .devoir de tout
chrétien, homme ou femme, de mettre tout
en usage pour prévenir le succès des soutiens
de l'Antéchrist.' On'devine l'diet de pareilles
Médications sur une population ignorante
et crédule. En maint endroit, les paysans
avaient organisé une surveillance active au
tour des bureaux d'élection : ils ne se fai
saient pas fiute d'a:-sommer lès électeurs
mal peusans : ailleurs, on les a tenus en
charte privée jusqu'à la clôture du scru
tin,. ou on les à assiégés chez eux : il en
est beaucoup qu'on a fait \ot r malgré eux,
sous une menace d'incendie ou d'assas
sinat. À Ennis, un malheureux électeur to-
j y avait réussi à s'évader, et se croyait en
sûreté dans tn chemin de traverse, lorsqu'il
fut rencontré par trois ou quatre paysannes
qui se jetèrent sur lui, le dépouillèrent com
plètement et emportèrent ses vêtemeiis, afin
de le meltre hors d'état de se présenter de
vant le magistrat, ' .
Du risie, ces violences et ces scènes de dé :
sordre sont l'accompagnement habituel dis
élections dans les campagnes de 1 Irlande. Les
brutalités et lès voies de fai t dont usent les
paysans sont une sorte dé compensation de
la pression que les grands seigneurs extreeut
sur tous les gens de leur dépendance. Les
faits que nous venons de résumer auraient
motivé l'annulation de quelques élections et
auraient été promplemtnt oubliés sans l'in
cident qui a fait naître le procès dont nous
avons parlé en commençant.
Le parti tury se croyait certain d'emporter
l'élection des deux députés du comté de
Glare. L'avantage lui était surtout assuré
dans ia section de Six-JMille-Bridge, où ia
presque totalilédesélecteurs, par conviction
ou par obéissance à leurs maîtres, avaient
annoncé qu'ils vêleraient pour les candidats
ministériels, Mais lorsque les électeurs vou
lurent pénétrer jusqu'à la place du vill geoù
était établi le bureau des scrutateurs, il leur
fut impossible d'y arriver. Uuu foule com
pacte gardait toutes les avenues de la place,
protestant qu'elle ne laisserait passer que les
électeurs .qui voteraient conuQ.le.gouverne
ment. Tous les autres étaient roués de coups
et emprisonnés à mesure qu'ils se présen
taient.- Le curé de la paroisse, JVL Bourke,
et un autre ecclésiastique, M. Michel Glune,
haraoguaient de temps en temps 1([ multitu
de, ët l 'eDcoura t caitnt à faire son devoir*
Prévenus de ce qui se passait, les magiâ- '
trats du district accouraient, entrèrent en
pourparlers avec la foulé, et réclamèrent le
libre passage pour tous les électeurs. Ils fu
rent accueillis par des huées, des manifes
tations hostiles, et obligés de se retirer eux-
ihêmes pour se mettre en sûreté. Enfin, un
détachement du 31 e régiment, qu'on avait
mandé d'un bourg voisin, étant arrivé, un
des cùagistrats, M. Delmege, lit former les
soldats en deux lignes,-entre lesquelles il
pl iça tous les électeurs ; puis on te mit en
marche vers la place publique. Grâce fi leur
escorte' militai ce, les électeurs avalent *pu
pénétrer jusqu'au milieu du bourg, lorsque
M. Bourkè, montant sur une borne, haran
gua la foule et lui reprocha amèrement set
lâcheté. Ce langage ne fut que trop entendu.
Immédiatement, la populace se mit à dépa
ver la rue i l fit pleuvoir une gr-êle de pierres
FEUILLETON DU COKSTITUTIONNEL, 3 SEPT.
IA COMTESSE
DE mauléon:
III.
bu SÉrOMlICÈNE ENSEIGNE A LUCIEN L'ART DE
BIEN DINER A DIX- SEPT SOUS.
Le sort en étiit jeté; j'avais un élève. Les
truffes de-là *eutë étaient de premier choix,
et le goût acheva ce que l'odorat avait com
mencé. D'ailleurs, à la mieux définir, cette
tâche présentait un côté qui me souriait. Un
élève, c'est le sceau d'une position en relief.
Quel grand homme n'a les siens, nfe serait-ce
qu'à titre d'esclaves chargés de célébrer ses
louanges et de brûler chaque jour en son
honneur quelques- grains d'un encens per
fectionné? Dans les sciences il y a toujours
un élève près d'un nom illustre; dans
l'enseignement aussi ; il y en a pour toute
chose, même pour le Chinois. Pourquoi
n'âurais-je pas eu le mien? Jusqu'alors je
m'étais contenté d'une grandeur solitaire ;
je me nourrissais seul de mon influence sur
l'opinion ; je manquais de thuriféraire et ne
créais ni.tradition, ni école. Que s'il m'eût
plu de voler vers d'autres cieux, SHr quelle*
épaul' s au rais-je laissé- tomber manteau
démon apostolat? Problèm- s accumulés et
qu'il importaitîleTCSOudref isolé, j'offrais
quelques lacunes'/avec un élève, je me com-
* La reproduction est interdite
sur les soldats.
Aucune ; sommation , aucune menace, ne
put mettre un terme à ces attaques. Déjà
plusieurs soldats avaient été renversés , un
officier avait tu la mâchoire brisée d'un
coup de pierre, lorsque le sergent du pelo
ton qui était en tête reçut de M. Delmege la
permission de commander lè feu. Celte dé
charge, qui blessa cinq ou six personnes et
en tua une, suffit à disperser la foule.
Le cadavre de l'individu tué fut relevé, et,
conformément à la législation britannique,
une enquête fut aussitôt ouverte. Un coroner
ou jury préparatoire fut convoqué, on fit
compaïaître devaut lui M. D-lmege et les huit
soldats composant le peloton qui avait tait
feu, .on entendit les témoins qui se présen
tèrent en invita ensuite le Coroner à rendre
son verdict. Malgré la notoriété des faits,
malgré la concordance des témoignages, le
coroner, composé de dix-huit Irlandais, de
dix-huit catholiques, déclara que la mort de .
l'individu tué était le résultat non-seule
ment d'un homicide, mais, d'un assassinat
Volontaire et prémédité. Comme le verdict
d'un coroner équivaut aux décisions de
nos chambres de mise en accusation, M. Del
mege et les huit soldais durent être mis en
état d'arres'ation et être assignés à compa
raître aux assis! s comme-coupables d'assas
sinat. I ! s furent immédiatement traasférés
nu chef-lieu et iacarcérés ; il a fallu une dé- ,
clsion du président des assises pour les met
tre en liberté sous eau Uon.
Le verdict du coroner d £§iX -Mille-Bridge •
a excité dans toute l'Angleterre l'indignation
la plus profonde. On y voit un outrage à l'é
quité, un parti pris de mettre les formes de
la justice au service des haines nationales et
dès passions religiwes. On interpelle le
gouvernement" pour savoir si, " dans le. cas
d'une coudàajnatiun, il livrera aux consé
quences d'un arrêt inique des soldats qui
ont obéi, à leur chef et qui n'ont fait
usage de leurs armes que dans le cas de lé- '
gitime défense. On ne s'en tient pas là : on
signale comme les vrais coupables et corp-.
me fespabsablçs du sang fprsé, les deux,
prêtres catholiques, et spécialement M. Boùïr
t ke; on somme le procureur-gtnfrai d'Irlai de
de les faire arrêter"et Je. les traduire, à son
tour, devant la justice commie coupables de
jSédîtRui'- et d'exciïatiSn à- la"; révolté ètau.
meurtre. ; .; i ' \
Les journauxjlleur cÔtp, ne de meurent pas en 'reste de - dé-,
clamaiioûs; ; .ils prodiguent à 5L Delmpge'et;
aux soldats du 31 e les uou.s d'aïsassiiis,
bourie ;.uX) de cannibales. Ils ijivitenHesju
rés irlandais à prendre œil poijtr œil et sang
pour gang ;41s annoncgpt que^ si on touche
aux deux prêtres catl^pliqv.es^ le peuple se
soulèvvra poiir la défense desf minisires de
son Dieu. Le père deM. Delmege, qui est un
des grands propriétaires du comté de Ctare,
ne peut, à aucun prix, liouver d'ouvriers
pour couper v et rentrer ses récoltes ; il a eu
b au f.iire offrir le double et 1« -triple du sa
laire habituel, personne daas ce pays si pau-
vre;â'o$J affronter les menaces portées con-
plétais. *
Voilà comment je pris mon parti d'un
événement qui, d'abord, m'avait causé un
peu d'humeur : £e que je perdais du rôté de
l'indépendance, je le retrouvais amplement
du côté de la vanité. J'avais désormais l'es
poir de me survivre ; je fondais une dynas ;
lie. Comme instrument, leba?ard me servait
àsoubait. Lucien était un joli brun, svelte x
bien taillé, les traits réguliers; les yeux vifs et
fiers, la bouche aimirablement meublée. Il
régnait sur sa physionomie un air de can
deur, bien rare à cet âge, rare surtout dans le
monde où il allait être lancé. Tout cela avait
son prix. Puis, c'était un esprit sûr et patient,
aimant l'étude, ayantacquis beaucoupet dési
rant acquérir encore. Autre avantage. Enfin,
il faut le dire, je m'étais fort exagéré les
charges qu'il allait faire peser sur moi. S j
mère avait pourvu à tout; elle avait eu le
soin de coudre dans un de ses gilets assez de
pièces d'or t pour suffire amplement aux be
soins de la première année. On eût dit vrai
ment qu'elle battait monnaie. Et encore la
digne femme y joignait-elle l'admirable at
tention de m'envôyer, de temps à autre,
quelques bourriches de truffes, comme si le
plaisir que je trouvais dans leur commercé
dût tournée au profit de sop enfant. 7
Vous devinez ce qui en résulta ; chaque
jour jo sentis s'accroître l'intérêt que je
portais à Lucien. Nous vivons ici dans un tel
tourbillon, que peu d'affections y résistent
elles se brisent et se forment presqu'en mê
me temps. Celle-ci eut un caractère durable
et. presque dominateur. Ce jeune homme
eût été de mon sang que je ne l'eusse pas-
plus tendrement aimé, IL me créa un but
dans la vie^eelui de le voir grandir; se for-
tre quiconque travaillera aux terres d'un
homme voué à la vengeançe publique. Des
poursuites viennent d'être ordonnées contre
le propriétaire du journal le Celte, de Chvan,
A l'occasion de la polémique diffamatoire et
séditieuse que lui a inspirée celte triste af
faire.
Lors de leur translation à Ennis, M. Del
mege et ses compagnons de captivité y ont
été l'objet (h s démonstrations les plus hos
tiles, et les protestans prétendent qu'un sys
tème d'intimidation est déjà organisé pour
arracher aux jurés une condamnation. Il est
cèrtain qu'un acquittement sera pour toute
la presse catholique le sujet dçg plus violen-
' tes déclamations ; d'autre p^rt,"une condam
nation provoquerait chez les protestans une
• explosion de colère et d'indignation. J.e
procès qu'on paraît vouloir faire aux deux
prêtres catholiques n'offre pas moins de
difficultés et de dangers dans un pays où
les passions sont surexcitées. Où trouver un
jury qui osé siéger et rendre un arrêt? Faut-
il laisser braver la justice, faut-il courir lès
risques d'une nouvelle collision? C'est sous
de tels auspices que la session des assises
va s'ouvrir à Ennis. On comprendra sans
peine que tous les yeux soient tournés vers
celte petite ville d'où la sentence d'un jury
peut déchaîner sur l'Irlande l'incendie, l'as
sassinat et la guerre civile.
CUCHEVAL-CtARIGNY.
mer,4'élever à ma voix et sous ma main. Je
m'y attachai .comme l'artiste s'attache à son,
œuvre, avec " un enthousiasme mêlé d'orr
gueil. Je souffrais de ses peinep, j'élais heu
reux de ses joies; l'adoption me parlait avec
autant de puissante qlie là nature»- A mes
yeux il personnifiait l'énfant de ]Q0S monts,,
rude piais sentie, ardont mqis^réfléchi.
C'était du métal de là trempe la plus,pure,
quoique difficile à façonner. A^ssk, avec
quels ménagemens je le traitais I Etjfluand
plus tard il m'échappa, q.uand il abandonna
les sentiers faciles que'j% lui", ouvrais, .pour
s'engager dans des.;..vçiçs dojutoureuseSr-je
n'eus pas la force .de le b limer; jà peine m'en
restait-il assez pour le plain$re. $l4is je m'é
gare, j'empiète sus les événenjepsj l'êoao-
tion me-gçgue.çt je brouille le?, faits.: Reve
nons-y. '•
Avaut -tout, il s'agésaft d'installer mon
provincial : ce fut mon premier soin. Dans
un pays âpre aux novices, ma «vieille expé*
rience n'était pas de trop ; elle préàida^ux^
moindres détails de son établissement. Les %
ressources de Lucien étaient înodestes,. et il
s'était promis de ne jamais les dépasser. Il
fallut docte regarder à tout et de très près :
au logement, au service,. : aux faux, frais, à
une "foule 4e phargts. Ôp ne connaît le prix
de l'argent, que lorsqu'on es| obligé.d? le
traiter avec cette rigueur ; c'est bien alors le
dieu de la fable qui s'échappe sous raille for
mes et qu'on ne peut ressaisir. Passe?-moi l'al-
légnri»;'; c'est uoefl -urjetées» passant sur de
m-'laiicoliques additions. Toujours est-il
qu'après bien des effor ts, en prenant un peu
sur ceci, un peu sur cela, nous parvînmes
à obtenir une balance exacte. Par exemple,
les $tch de tout genre demeuraient inter
Le service de la télégraphie électrique est,
depuis peu de temps, complètement organi
sé, et fonctionne syr toute l'étendue de la
ligne de Paris à" Strasbourg. Cette nouvelle
ligne télégraphique est venue se rattacher
par Kehl a celle du grand-duché de Bade,
qui se rattache à son tour, par Bruchsal,
au léseau général des ligues allemandes, de
sorte qu'aujourd'hui les dépêches télégraphi
ques, non seulement du nord de la-France,
mais d'une partie de la Belgique et de toute
l.'Angîçlyrre pour le centre ctle*ftiidi del'Al-
lerr:agne, àinsf que" pour lltalier ne~tttJt--
vent plus passer par les lignes austro-alle
mandes, mais par celle de Strasbourg, qui
est la plus directe et la plus courte. Bien
qu'il n'y ait', en quelque sorte, pas de distan
ce plus ou moins éloiguée pour d'électricité,
il-î.y a tout avantage, sous • le rapport de la
■célérité des trausmissions, à suivre la ligne
de Sirasbourg; Cela est facile à comprendre:
de BrivvelU s à -Vitïine, par la Prusse, il y a
dix huit stations principales où les dépêches
s'arrêtent. De Bruxelles à Vienne par Paris
et Strasbourg, il n'y a qye huit stations, et
en outre, par suite de la multiplicité des
fils établis cluz nous, les lignes françaises
sont beaucoup' moins encombrées que les
lignes allemandes. Le transit nous appar-'
tient-donc naturellement et forcément.
Miis l'Allemagne t'ait tous ses efforts pour
le certiserver. L'association télégraphique aus
tro-allemande a réussi à fiire augmenter le
prix du passage, sur le territoire du grand-
duché de Btde. des dépêches électriques qui
viennent de la France et qui vont par Kehl
et Briichsal au-delà du graud-duché. L'aug
mentation esit de 3 fr, 45 c. pour vingt mots
seulement. On ■ spère, mais saus doute bien
"à tort, amener par l'attrait d'une économie
de quelques fr ancs, les expéditeurs A pren dre
-la voie allemande de préférence à la voie
dits ; mais Lucien, avec son cœur virginal,
pa^sa facUement condamnation sur ce cha-
pilre, 1 > : :
■j II est cepenlant un. point où j intervins
dans un sens opposé et pour conseiller une
dépense. D'un premier coup d'oeil, j'avais
pu voir que la garderobe de mon élève pré
sentait des formes et des coupes trop mani
festement empruntées au département du
Lot; que le linge était écruetle tissu des
vêtémens/plus voisin de la bure que du
drap. Je crois même que les souliers avaient
4es courroies en guise de coi$0ns : partout
l'art était à la hauteur de la m§lière. De pa-
.reils "équigemenç n'auraient pu circuler (
dans Paris sans exposer leur propriétairp
des appréciations désobligeantes ; je voulus^
épargner ce déboire à mon protégé.
Lucien, lui dis-je, vous ne pouvez pas
porter cela 5 c'est trop agreste, trop corsé
. pour nos latitudes. Ces boutons sentent l'é-
glogue ; en.est trop -blasé ici, pour rendre justice à
: ces créations de là nature. Croyez-moi , re
noncez-y ; cédez au mauvais goût régnant;
venez dans un magasin de confection, verser^
votre offrande sur les autels de la camelott'e.
Au lieu d'habit-.- solides, vous aurez des ha
bits transparens ; au lieu de chaussures à
l'épçpuve, vous aurez dts bottes sujettes aux
inonda,ti(jnsiCè sera fout profit. Et puis, mon
auii.si vous y/teii» z, H y a moym'd'ari angér
les choses. Vu'^avez'là un c^fffeîïéreditaire,
aussi sûr que. massif; enjUjss z y votrg dé
pouille rustique; puis, quand ell» y sera
scellée, entourez/ia de respects, vouez lui uq
culte silencieux. Et plus tard, bien t$rd peut-
être, le jour où vous reprendrez le chemin du
Quej'çy, vous imiterez ce roi qui abandonna
m . ■ " ......
française. L'avantage d'un tarif un peu moins
élevé que le nôtre, de l'autre côté du Rhin,
ne saurait compenser l'aventage d'une cé
lérité plus rapide de notre côté. Ce que
l'on a en vue quand on a recours aux trans
missions instantanées par l'électricité, ce
n'est pas l'économie, mais la plus grande
vitesse possible. On peut jugqui s'est produit dernièrement, de combien
la France l'emporte sous ce rapport.
Le 3 août dernier; le Lloyd, de Trieste, fit
expédier en même, temps au journal le 7Ï-
•mes à Londres, par le télégraphe électrique,
deux avis semblables, annonçant le i^lard
éprouvé dans l'arrivée de la malle f'es In
des. L'un de ces avis fut expédié par la
ligne de Strasbourg, l'autre par l'Allemagne,*
Vervierset Bruxelles;lepremier est parvenu le
3 dans la soirée, à Londres; l'autre n'est
arrivé que le 4, au soir. Différence :
vingt-quatre heures de retardlTu côté de
l'Allemagaè. Dé ce rôté il est vrai que le mes
sage avait coûté 5 ou 6 fr. de. moins que ce
lui expédié par la France. Le Lloyd de
Trieste a donc été servi suivant ce qu'il avait
payé; il en a eu des deux côtés pour son ar
gent. r
■ Nous croyons devoir rappeler cette expé
rience, afin que le public soit bien averti,en
France comme à l'étranger, que la voie la plus
courte pour les dépêches télégraphiques de
France, de Belgique, d.'Angleterre, pour le
midi de l'Allemagne,de l'Italie,^ viceversâ, est
celle de Strasbourg. C'est aussi, on peut le
dire , la plus avantageuse , puisque, bien
qu'elle coûte quelques francs de plus , elle
fut gagner uuè avance aussi considérable
que celle que l'on vient de çiter.
La concurrence que l'Allemagne veut nous
faire pour le transit de la télégraphie élec
trique n'aura pas plus de succès que celle
qu'elle a essayée un moment de nous faire
pour le passage de la malle des Indes. Stras
bourg et Marseille resteront, à cause des
t - ^ A 11 A wfc lfin v
dition que le comte de Thomar et ses fré'reg
renonceront à toute prétention personnelle.
Cette condition, d'après nos correspondons,
ne sera point un obstacle à la reconstitution
du rarti modéré, Je comte et ses frères ayant
déclaré à leurs amis qu'ils étaient disposés à
tous les sacrifices personnels pour hâter
une réconciliation indispensable au bien du
pays- m '
M.-d'ATmeida, qui vient de donner sa de-,
mission de miiiist» e des affaii es étrangères,
est l'un des chefs du parti septemhriste.
Quant à M. Seabra, il était l'un des orateurs
principaux de la célèbre junte d'Oporto. '
■ . CUCHEVAL CLABIGNY.
Nos lettres de Palerme du 26 août nous,
annoncent Ja rentrée duprince.de Satriano»»
dans le chef-lieu de son gouvemecaeat. il'
arrivait de Catane-où il avait été représenter
le roi.qui n'avait pu se rendre à l'invitition
des habitans de cette ville, pour la célébra
tion d'une grande fête à l'occa?ion de l'anni
versaire de la cessation d'un désastre qui
avait frappé Catane il y a cent ans.
Les ârrestations dont quelques journaux-
avaient parlé, et qui auraient,été faites à
Castro-Giovani, représenté comme centre
d'un mouvement révolutionnaire, sont de
peu d'importance, et la Sicile entière conti
nue à jouir de la plus profonde tranquillité.
h. BON1FACE.
DEPECHE TÉLÉGRAPHIQUE.
BerliD, 31 août.
Hier, le gouvernement prussien a remis
au congrès -douanier une note fort conci
liante, appuyée par le Hanovre, le Brunswick,
l'Oldenbourg et par l'association de Thu-
ringe.
La Prusse demande une réponse décisive
pour le 15 septembre.
élégraphiques
postalea transitant par laFrance.
Si, comme on l'annonce,, une convention
se prénare entre l i France, là Belgique et
l'Allemagne pour l'exploitation de la télé-
rapineélectrique, ce serait le cas de faire
revenir sur la sur-élévation de prix au moyen
de laquelle l'association télégraphique aus
tro-allemande cherche à empêcher les expé
diteurs de se servir dû* réseau fi ançais.
- DENAIN.
Les nouvelles que nous recevons de Lis-
boriiie par, la voie d'Espagne, confirment
fffeinemerrt. les prévisiôns que nous avons
émisi s,l'l v a'quelques jours. Nous disions
que- lé maréchal Saldanha s'était décidé à
rompre avec les septembristes, et que la re
traite de M. d'Almeida serait bientôt suivie
de la démission du ministre de la justice.
Nous apprenons, en effet, que M. Seabra a
donné sa démission le 19 août, et que le
-portefeuille de la justice a été confié par in
térim à M. Fonseca-Magalh tes.
Voici donc deux places vacantes dans le
cabinet. Il paraît qu'on ne complétera pas le
ministère avant la convocation des nouvelles
'cories, convocation qui ne peut tarder long
temps. D'ici les élections, le ducd'.Saldanha
aura le temps de mener à bonne fin les né
gociations qu'il a entamées avec le„paiti
ebartiste. Le doc de Saldanha, pour consom
mer la réunion du parti modéré, est prêt à
donner place dans son cabinet aux amis du
comte de Thomar, mais il y met pour con-
la pourpre pour la tunique du berger ; vous
ferez votre rentrée là-bas dans le même ap
pareil qu'au départ. Ce sera'd'un grand ef
fet et un "phénomène inouï de conserva
tion.
Cette perspective d'un retour triomphal
mit mon jeune homme en belle humeur ; il
rit et s'exécuta sur-le-champ.
— Vous avez raison, me répondit-il ; il
faut être vêtu comme tout le monde.
— C'est cela, repris-je, le mot est juste
autant que profond. Aller comme tout le
monde ! L'essentiel est de figurer, de paraî
tre, de représenter. On met tout sur soi, et
prçisi au dîner, on se serre le, ventre. Voilà
Paris I Inclino'.is-nous, Lucien, et volons vers
les temples de la confection.
Une heure après, ,1a métamorphose était
complète : c 'est au point que j'avais moi-
même quelque peine à m'y accoutumer. Ce
n'était plus mon enfant des montagnes que
j'avais sous le bras, mais un jeune gentil
homme habitué à fouler l'asphalte des bou
levards. Il ne semblait pas emprunté-sous ses
nouveaux vêtemens et les portait avec une
aisance et une grâce naturelles.
« J'avais accompli la partie la plus aisée de
ma lâche :.dépenser de l'argent, on y arrive
toujours. Le difficile était de rétablir l'équi
libre entre les divers services, .et de Rattraper
sur la bouche ce que nous avions mis dé
trop à l'habillemen t. Il y avait bien un biais :
c'était que Lucien, pendant quelque temps
au moins, partageât mon couvert". J'insistai
beaucoup pour qu'il y consentît; il m'op
posa une résistance invincible; Jamais je
n'ai connu d'être plus discret, ni piils déli
cat; c'était presque à s'en fâcher.^'^déc de
passer pour, un parasite Iui^ausSit^del
Voici quelques nouveaux renseignemens
sur la convention conclue avec la France au
sujet de la contrefaçon : nous les emprun
tons à l'Observateur :
« Dans les irrités que la France a conclus avec
l 'Angleterre, la Sardaigne, le Portugal, etc., rela
tivement à la propriété littéraire^ les stipulations
concernant la garantie de celte propriété .ont été
étendues purement et complètement à la représen
tation des ouvrages dra'maiiques. Le demi r rap
port présenté à la société des gens de lettres de
Paris, indiquait même le montant des recettes ef
fectuées du chef de ces arrangemens. \ ,.j
, » Une disposition analogue se trouve dans la'
convention réaniment conclue entre iaJfraiife et'
la Belgique : sf-ulement, par suite d'une déroga
tion en notre faveur aux précédens • que nous ve
nons de citer, des droits d'suteur nepoerro^it être
réclamés sur la repn scntftiori des ojvrages dra
matiques, que pour ceux dont la première repré
sentai]'. it en France aura eu lieu pô-térieur mentr
à la signature de la convention, et ces droits ne
seront perçus qu'à dater du 1" février 1853.
» Ceite disposition , on le eompr nd, laisse
exempt de tous droits le grand répertoire lyrique
qui-continuera à alimenter presque exolusiv'eihei t
iids théâtres d'ot éra*. Elle laisse aussi ex> tniit de
tout droit t nit le répertoire dramatique actuel. Les
théâtres n'auront donc à payer de droits que pour,
un asstz petit nombre? des piècts qu'ils represea-s
teront.
» En outre, ce droit sera assez modéré. En prin
cipe, la fixation du taux du droit est Ui-sé à l'ac
cord des intéressés. Pour le cas seulement où ils
ne pourraient s'entendre, la " convention fixe un
maximum q'ie le droit ne pourra pas dépasser.
Les th'-àtres seroi.t classés, comme dans les dé-
partemens français, d'après leur imjoriance, et?
et le maxinaum, gradué d'après cette importance.
frissons; il serait mort d'inanition plutôt. 1
Quand j'eus compiis cela; je changeai de'
tactique. Il ne voulait pas venir à moi, j'al
lai à lui. Le moyen était rude pourtant, et,
pour s'y résoudre, il fallait que le cœur
triomphât des révoltes de l'esiomae. Il ne.
s'agissait de rien moins que de descendre au*
plus bas dans l'échelle' des ajimens et.de se*
eonfier aux produits suspects dès fourneaux®
économiques. Jeune, on s'y fait; «omme un
autre, j'y avais passé. La table ne compte
pas alors; mais avec l'âge on devient sensuel,
et c'était pour moi, je l'avoue, un véritable
acrifice. Pourtant je m'y résignai. '
Tout compte f<|it, et en y mettant même
une certaine grandéur, Lucien ne pouvait
excéder dix-sept sous- pour son principal re
pas. C'était la stricte limite ; au-delà il y au
rait eu imprévoyance. A ce prix, il ne fallait
songer ni aux mets choisis ni aux grands
vins ; mais il se prouvait encore des af
fiches pour promettre trois plats au choix,
carafon et dessert. Les murs de Paris sont ta
pissés de ces problêmes'aussi insalubres que
captieux. J'aimai mieux les éluder que les
résoudre.
— Laissez-moi vous guider, dis-je à mon
élève ; je suis votre ancien ici, votre chef de
file, je connais les bons coins. Il s'agit du
salut de nos viscères; je prends la conduite
de l'opération. Suivant que nous irons ici ou
là, l'attentat sur nos personnes sera plus ou
moius accompagné de circonstances aggra-t
vantes. Vous m'entendez, Lucien; je ne yeux
pas succomber saus défense. *
Je me réservai donc le soin de choisir le
restaurant au rabais où nous devions faire
chaque jour notre orgie à raison de qualre-
vingt-cinq centimes par tête. Celui que j'ho-
BURKAIT& s i*ue de Vafola (S»«Ea !**fî«y «lS m 1
té
B 1852.-VENDREDI 5 SEPTEMBRE
•j»
ssaa
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PARIS SSt DEPARTEMENT :
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. UN NUMÉRO î 15 CENTIMES.
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PARIS, 2 StPTEâlBRK
Uae simple cour d'assises d'Irlanîe va ju-
gft dans quelques jours un procès dont l'an
nonce seule a éveillé toutes lés passions po
litiques en Angleterre et en Irlande, et qui
jettera la plus grande lumière sur l'action
exercée par une partie du clergé catholique
dans les dernières élections générales. C'est
le procès d'un juge de paix du comté de
Clare, M. Dilmège, et de huit soldats du 31 e
régiment d'infanterie anglaise. „
La proclamation par laquelle le ministère
tory a interdit toute procession religieuse
avait pour objet de prévenir les manifesta
tions des ultra-'protes'ans, t-ussi bien que
celles des catholiques. Elle n'en a pas moins
causé au sein du clergé irlandais une irrita
tion très vive, qui s'est accrue encore à là
nouvelle de l'émeute de Stockport, dans la
quelle une église catholique a été dévastée.
Par suite de ces deux faits , la presque
totalité du clergé ' irlandais a pris parti
contre le ministère dans les élections géné
rales. Son intervention active dans la lutte
électorale a eu, pour conséquence, de faire
éclmuer les tories dansplusieurs collèges où
ils espéraient un succès,, et même de leur
faire perdre des collèges dont ils étaient
en possession. Le ministère s'était flatté de
gagner une douzaine de voix en Irlande, c'est
à peine s'il a pu en conquérir deux ou trois.
Malheureusement le clergé irlandais n'a
pu jouer un rôle aussi actif dans les élec
tions sans donner-prise à bien des récrimi
nation?. La presse anglaise de tous les par
tis lui a.reproché avec une extrême amer
tume d'avoir fait rejeter des hommes uni
versellement considérés et d'avoir fuit réus
sir deux ou trois candidats qui, par leurs
aniccéd n?j leur moralité et leurs opinions
démagogiques, semblaient devoir éloigner
plutôt qu'appeler les suffrages. La presse an
glaise reproche surtout à uneportionducler-
gé catholique d'avoir eu recours à l'intimi
dation et à la violence. _
Ce n'est pas sans étonne/nent qu'on a vu
l'archevêque de .Tuam, M. Maft»H{il >, parcou
rir son diocèse eù'convoquant jiartoui des
réunions électorales où il ne se bornait pas
à recommander certains candidats, mais où
.il faisait un cas de conscience à ses auditeurs
de ne pas yoier pour eux. Un ecclésiastique
du reêaae diocèse, à la fin d'un discours dans
lequel il avait attaqué la reine, le ministère
et le - parlement, et voué l'Angleterre à la
destruction et au feu du ciel, ajouta, en for
me de conclusion, que quiconque voterait'
-pour un candidat ministériel, encourrait par
ce seul fait l'exroiflïriunicàlïoa. Ua autre prê
tre, dynl le discours a été çg4eménti>ubtié,
avança que dans tout district où nh candidat
du gouve rnementserait éhj^âptipulation se
rait brbu'illée avec l'Eglise et dévolue au feu
de l'enfer. Il était donc du .devoir de tout
chrétien, homme ou femme, de mettre tout
en usage pour prévenir le succès des soutiens
de l'Antéchrist.' On'devine l'diet de pareilles
Médications sur une population ignorante
et crédule. En maint endroit, les paysans
avaient organisé une surveillance active au
tour des bureaux d'élection : ils ne se fai
saient pas fiute d'a:-sommer lès électeurs
mal peusans : ailleurs, on les a tenus en
charte privée jusqu'à la clôture du scru
tin,. ou on les à assiégés chez eux : il en
est beaucoup qu'on a fait \ot r malgré eux,
sous une menace d'incendie ou d'assas
sinat. À Ennis, un malheureux électeur to-
j y avait réussi à s'évader, et se croyait en
sûreté dans tn chemin de traverse, lorsqu'il
fut rencontré par trois ou quatre paysannes
qui se jetèrent sur lui, le dépouillèrent com
plètement et emportèrent ses vêtemeiis, afin
de le meltre hors d'état de se présenter de
vant le magistrat, ' .
Du risie, ces violences et ces scènes de dé :
sordre sont l'accompagnement habituel dis
élections dans les campagnes de 1 Irlande. Les
brutalités et lès voies de fai t dont usent les
paysans sont une sorte dé compensation de
la pression que les grands seigneurs extreeut
sur tous les gens de leur dépendance. Les
faits que nous venons de résumer auraient
motivé l'annulation de quelques élections et
auraient été promplemtnt oubliés sans l'in
cident qui a fait naître le procès dont nous
avons parlé en commençant.
Le parti tury se croyait certain d'emporter
l'élection des deux députés du comté de
Glare. L'avantage lui était surtout assuré
dans ia section de Six-JMille-Bridge, où ia
presque totalilédesélecteurs, par conviction
ou par obéissance à leurs maîtres, avaient
annoncé qu'ils vêleraient pour les candidats
ministériels, Mais lorsque les électeurs vou
lurent pénétrer jusqu'à la place du vill geoù
était établi le bureau des scrutateurs, il leur
fut impossible d'y arriver. Uuu foule com
pacte gardait toutes les avenues de la place,
protestant qu'elle ne laisserait passer que les
électeurs .qui voteraient conuQ.le.gouverne
ment. Tous les autres étaient roués de coups
et emprisonnés à mesure qu'ils se présen
taient.- Le curé de la paroisse, JVL Bourke,
et un autre ecclésiastique, M. Michel Glune,
haraoguaient de temps en temps 1([ multitu
de, ët l 'eDcoura t caitnt à faire son devoir*
Prévenus de ce qui se passait, les magiâ- '
trats du district accouraient, entrèrent en
pourparlers avec la foulé, et réclamèrent le
libre passage pour tous les électeurs. Ils fu
rent accueillis par des huées, des manifes
tations hostiles, et obligés de se retirer eux-
ihêmes pour se mettre en sûreté. Enfin, un
détachement du 31 e régiment, qu'on avait
mandé d'un bourg voisin, étant arrivé, un
des cùagistrats, M. Delmege, lit former les
soldats en deux lignes,-entre lesquelles il
pl iça tous les électeurs ; puis on te mit en
marche vers la place publique. Grâce fi leur
escorte' militai ce, les électeurs avalent *pu
pénétrer jusqu'au milieu du bourg, lorsque
M. Bourkè, montant sur une borne, haran
gua la foule et lui reprocha amèrement set
lâcheté. Ce langage ne fut que trop entendu.
Immédiatement, la populace se mit à dépa
ver la rue i l fit pleuvoir une gr-êle de pierres
FEUILLETON DU COKSTITUTIONNEL, 3 SEPT.
IA COMTESSE
DE mauléon:
III.
bu SÉrOMlICÈNE ENSEIGNE A LUCIEN L'ART DE
BIEN DINER A DIX- SEPT SOUS.
Le sort en étiit jeté; j'avais un élève. Les
truffes de-là *eutë étaient de premier choix,
et le goût acheva ce que l'odorat avait com
mencé. D'ailleurs, à la mieux définir, cette
tâche présentait un côté qui me souriait. Un
élève, c'est le sceau d'une position en relief.
Quel grand homme n'a les siens, nfe serait-ce
qu'à titre d'esclaves chargés de célébrer ses
louanges et de brûler chaque jour en son
honneur quelques- grains d'un encens per
fectionné? Dans les sciences il y a toujours
un élève près d'un nom illustre; dans
l'enseignement aussi ; il y en a pour toute
chose, même pour le Chinois. Pourquoi
n'âurais-je pas eu le mien? Jusqu'alors je
m'étais contenté d'une grandeur solitaire ;
je me nourrissais seul de mon influence sur
l'opinion ; je manquais de thuriféraire et ne
créais ni.tradition, ni école. Que s'il m'eût
plu de voler vers d'autres cieux, SHr quelle*
épaul' s au rais-je laissé- tomber manteau
démon apostolat? Problèm- s accumulés et
qu'il importaitîleTCSOudref isolé, j'offrais
quelques lacunes'/avec un élève, je me com-
* La reproduction est interdite
sur les soldats.
Aucune ; sommation , aucune menace, ne
put mettre un terme à ces attaques. Déjà
plusieurs soldats avaient été renversés , un
officier avait tu la mâchoire brisée d'un
coup de pierre, lorsque le sergent du pelo
ton qui était en tête reçut de M. Delmege la
permission de commander lè feu. Celte dé
charge, qui blessa cinq ou six personnes et
en tua une, suffit à disperser la foule.
Le cadavre de l'individu tué fut relevé, et,
conformément à la législation britannique,
une enquête fut aussitôt ouverte. Un coroner
ou jury préparatoire fut convoqué, on fit
compaïaître devaut lui M. D-lmege et les huit
soldats composant le peloton qui avait tait
feu, .on entendit les témoins qui se présen
tèrent en invita ensuite le Coroner à rendre
son verdict. Malgré la notoriété des faits,
malgré la concordance des témoignages, le
coroner, composé de dix-huit Irlandais, de
dix-huit catholiques, déclara que la mort de .
l'individu tué était le résultat non-seule
ment d'un homicide, mais, d'un assassinat
Volontaire et prémédité. Comme le verdict
d'un coroner équivaut aux décisions de
nos chambres de mise en accusation, M. Del
mege et les huit soldais durent être mis en
état d'arres'ation et être assignés à compa
raître aux assis! s comme-coupables d'assas
sinat. I ! s furent immédiatement traasférés
nu chef-lieu et iacarcérés ; il a fallu une dé- ,
clsion du président des assises pour les met
tre en liberté sous eau Uon.
Le verdict du coroner d £§iX -Mille-Bridge •
a excité dans toute l'Angleterre l'indignation
la plus profonde. On y voit un outrage à l'é
quité, un parti pris de mettre les formes de
la justice au service des haines nationales et
dès passions religiwes. On interpelle le
gouvernement" pour savoir si, " dans le. cas
d'une coudàajnatiun, il livrera aux consé
quences d'un arrêt inique des soldats qui
ont obéi, à leur chef et qui n'ont fait
usage de leurs armes que dans le cas de lé- '
gitime défense. On ne s'en tient pas là : on
signale comme les vrais coupables et corp-.
me fespabsablçs du sang fprsé, les deux,
prêtres catholiques, et spécialement M. Boùïr
t ke; on somme le procureur-gtnfrai d'Irlai de
de les faire arrêter"et Je. les traduire, à son
tour, devant la justice commie coupables de
jSédîtRui'- et d'exciïatiSn à- la"; révolté ètau.
meurtre. ; .; i ' \
Les journauxjlleur cÔtp, ne de meurent pas en 'reste de - dé-,
clamaiioûs; ; .ils prodiguent à 5L Delmpge'et;
aux soldats du 31 e les uou.s d'aïsassiiis,
bourie ;.uX) de cannibales. Ils ijivitenHesju
rés irlandais à prendre œil poijtr œil et sang
pour gang ;41s annoncgpt que^ si on touche
aux deux prêtres catl^pliqv.es^ le peuple se
soulèvvra poiir la défense desf minisires de
son Dieu. Le père deM. Delmege, qui est un
des grands propriétaires du comté de Ctare,
ne peut, à aucun prix, liouver d'ouvriers
pour couper v et rentrer ses récoltes ; il a eu
b au f.iire offrir le double et 1« -triple du sa
laire habituel, personne daas ce pays si pau-
vre;â'o$J affronter les menaces portées con-
plétais. *
Voilà comment je pris mon parti d'un
événement qui, d'abord, m'avait causé un
peu d'humeur : £e que je perdais du rôté de
l'indépendance, je le retrouvais amplement
du côté de la vanité. J'avais désormais l'es
poir de me survivre ; je fondais une dynas ;
lie. Comme instrument, leba?ard me servait
àsoubait. Lucien était un joli brun, svelte x
bien taillé, les traits réguliers; les yeux vifs et
fiers, la bouche aimirablement meublée. Il
régnait sur sa physionomie un air de can
deur, bien rare à cet âge, rare surtout dans le
monde où il allait être lancé. Tout cela avait
son prix. Puis, c'était un esprit sûr et patient,
aimant l'étude, ayantacquis beaucoupet dési
rant acquérir encore. Autre avantage. Enfin,
il faut le dire, je m'étais fort exagéré les
charges qu'il allait faire peser sur moi. S j
mère avait pourvu à tout; elle avait eu le
soin de coudre dans un de ses gilets assez de
pièces d'or t pour suffire amplement aux be
soins de la première année. On eût dit vrai
ment qu'elle battait monnaie. Et encore la
digne femme y joignait-elle l'admirable at
tention de m'envôyer, de temps à autre,
quelques bourriches de truffes, comme si le
plaisir que je trouvais dans leur commercé
dût tournée au profit de sop enfant. 7
Vous devinez ce qui en résulta ; chaque
jour jo sentis s'accroître l'intérêt que je
portais à Lucien. Nous vivons ici dans un tel
tourbillon, que peu d'affections y résistent
elles se brisent et se forment presqu'en mê
me temps. Celle-ci eut un caractère durable
et. presque dominateur. Ce jeune homme
eût été de mon sang que je ne l'eusse pas-
plus tendrement aimé, IL me créa un but
dans la vie^eelui de le voir grandir; se for-
tre quiconque travaillera aux terres d'un
homme voué à la vengeançe publique. Des
poursuites viennent d'être ordonnées contre
le propriétaire du journal le Celte, de Chvan,
A l'occasion de la polémique diffamatoire et
séditieuse que lui a inspirée celte triste af
faire.
Lors de leur translation à Ennis, M. Del
mege et ses compagnons de captivité y ont
été l'objet (h s démonstrations les plus hos
tiles, et les protestans prétendent qu'un sys
tème d'intimidation est déjà organisé pour
arracher aux jurés une condamnation. Il est
cèrtain qu'un acquittement sera pour toute
la presse catholique le sujet dçg plus violen-
' tes déclamations ; d'autre p^rt,"une condam
nation provoquerait chez les protestans une
• explosion de colère et d'indignation. J.e
procès qu'on paraît vouloir faire aux deux
prêtres catholiques n'offre pas moins de
difficultés et de dangers dans un pays où
les passions sont surexcitées. Où trouver un
jury qui osé siéger et rendre un arrêt? Faut-
il laisser braver la justice, faut-il courir lès
risques d'une nouvelle collision? C'est sous
de tels auspices que la session des assises
va s'ouvrir à Ennis. On comprendra sans
peine que tous les yeux soient tournés vers
celte petite ville d'où la sentence d'un jury
peut déchaîner sur l'Irlande l'incendie, l'as
sassinat et la guerre civile.
CUCHEVAL-CtARIGNY.
mer,4'élever à ma voix et sous ma main. Je
m'y attachai .comme l'artiste s'attache à son,
œuvre, avec " un enthousiasme mêlé d'orr
gueil. Je souffrais de ses peinep, j'élais heu
reux de ses joies; l'adoption me parlait avec
autant de puissante qlie là nature»- A mes
yeux il personnifiait l'énfant de ]Q0S monts,,
rude piais sentie, ardont mqis^réfléchi.
C'était du métal de là trempe la plus,pure,
quoique difficile à façonner. A^ssk, avec
quels ménagemens je le traitais I Etjfluand
plus tard il m'échappa, q.uand il abandonna
les sentiers faciles que'j% lui", ouvrais, .pour
s'engager dans des.;..vçiçs dojutoureuseSr-je
n'eus pas la force .de le b limer; jà peine m'en
restait-il assez pour le plain$re. $l4is je m'é
gare, j'empiète sus les événenjepsj l'êoao-
tion me-gçgue.çt je brouille le?, faits.: Reve
nons-y. '•
Avaut -tout, il s'agésaft d'installer mon
provincial : ce fut mon premier soin. Dans
un pays âpre aux novices, ma «vieille expé*
rience n'était pas de trop ; elle préàida^ux^
moindres détails de son établissement. Les %
ressources de Lucien étaient înodestes,. et il
s'était promis de ne jamais les dépasser. Il
fallut docte regarder à tout et de très près :
au logement, au service,. : aux faux, frais, à
une "foule 4e phargts. Ôp ne connaît le prix
de l'argent, que lorsqu'on es| obligé.d? le
traiter avec cette rigueur ; c'est bien alors le
dieu de la fable qui s'échappe sous raille for
mes et qu'on ne peut ressaisir. Passe?-moi l'al-
légnri»;'; c'est uoefl -urjetées» passant sur de
m-'laiicoliques additions. Toujours est-il
qu'après bien des effor ts, en prenant un peu
sur ceci, un peu sur cela, nous parvînmes
à obtenir une balance exacte. Par exemple,
les $tch de tout genre demeuraient inter
Le service de la télégraphie électrique est,
depuis peu de temps, complètement organi
sé, et fonctionne syr toute l'étendue de la
ligne de Paris à" Strasbourg. Cette nouvelle
ligne télégraphique est venue se rattacher
par Kehl a celle du grand-duché de Bade,
qui se rattache à son tour, par Bruchsal,
au léseau général des ligues allemandes, de
sorte qu'aujourd'hui les dépêches télégraphi
ques, non seulement du nord de la-France,
mais d'une partie de la Belgique et de toute
l.'Angîçlyrre pour le centre ctle*ftiidi del'Al-
lerr:agne, àinsf que" pour lltalier ne~tttJt--
vent plus passer par les lignes austro-alle
mandes, mais par celle de Strasbourg, qui
est la plus directe et la plus courte. Bien
qu'il n'y ait', en quelque sorte, pas de distan
ce plus ou moins éloiguée pour d'électricité,
il-î.y a tout avantage, sous • le rapport de la
■célérité des trausmissions, à suivre la ligne
de Sirasbourg; Cela est facile à comprendre:
de BrivvelU s à -Vitïine, par la Prusse, il y a
dix huit stations principales où les dépêches
s'arrêtent. De Bruxelles à Vienne par Paris
et Strasbourg, il n'y a qye huit stations, et
en outre, par suite de la multiplicité des
fils établis cluz nous, les lignes françaises
sont beaucoup' moins encombrées que les
lignes allemandes. Le transit nous appar-'
tient-donc naturellement et forcément.
Miis l'Allemagne t'ait tous ses efforts pour
le certiserver. L'association télégraphique aus
tro-allemande a réussi à fiire augmenter le
prix du passage, sur le territoire du grand-
duché de Btde. des dépêches électriques qui
viennent de la France et qui vont par Kehl
et Briichsal au-delà du graud-duché. L'aug
mentation esit de 3 fr, 45 c. pour vingt mots
seulement. On ■ spère, mais saus doute bien
"à tort, amener par l'attrait d'une économie
de quelques fr ancs, les expéditeurs A pren dre
-la voie allemande de préférence à la voie
dits ; mais Lucien, avec son cœur virginal,
pa^sa facUement condamnation sur ce cha-
pilre, 1 > : :
■j II est cepenlant un. point où j intervins
dans un sens opposé et pour conseiller une
dépense. D'un premier coup d'oeil, j'avais
pu voir que la garderobe de mon élève pré
sentait des formes et des coupes trop mani
festement empruntées au département du
Lot; que le linge était écruetle tissu des
vêtémens/plus voisin de la bure que du
drap. Je crois même que les souliers avaient
4es courroies en guise de coi$0ns : partout
l'art était à la hauteur de la m§lière. De pa-
.reils "équigemenç n'auraient pu circuler (
dans Paris sans exposer leur propriétairp
des appréciations désobligeantes ; je voulus^
épargner ce déboire à mon protégé.
Lucien, lui dis-je, vous ne pouvez pas
porter cela 5 c'est trop agreste, trop corsé
. pour nos latitudes. Ces boutons sentent l'é-
glogue ;
: ces créations de là nature. Croyez-moi , re
noncez-y ; cédez au mauvais goût régnant;
venez dans un magasin de confection, verser^
votre offrande sur les autels de la camelott'e.
Au lieu d'habit-.- solides, vous aurez des ha
bits transparens ; au lieu de chaussures à
l'épçpuve, vous aurez dts bottes sujettes aux
inonda,ti(jnsiCè sera fout profit. Et puis, mon
auii.si vous y/teii» z, H y a moym'd'ari angér
les choses. Vu'^avez'là un c^fffeîïéreditaire,
aussi sûr que. massif; enjUjss z y votrg dé
pouille rustique; puis, quand ell» y sera
scellée, entourez/ia de respects, vouez lui uq
culte silencieux. Et plus tard, bien t$rd peut-
être, le jour où vous reprendrez le chemin du
Quej'çy, vous imiterez ce roi qui abandonna
m . ■ " ......
française. L'avantage d'un tarif un peu moins
élevé que le nôtre, de l'autre côté du Rhin,
ne saurait compenser l'aventage d'une cé
lérité plus rapide de notre côté. Ce que
l'on a en vue quand on a recours aux trans
missions instantanées par l'électricité, ce
n'est pas l'économie, mais la plus grande
vitesse possible. On peut jug
la France l'emporte sous ce rapport.
Le 3 août dernier; le Lloyd, de Trieste, fit
expédier en même, temps au journal le 7Ï-
•mes à Londres, par le télégraphe électrique,
deux avis semblables, annonçant le i^lard
éprouvé dans l'arrivée de la malle f'es In
des. L'un de ces avis fut expédié par la
ligne de Strasbourg, l'autre par l'Allemagne,*
Vervierset Bruxelles;lepremier est parvenu le
3 dans la soirée, à Londres; l'autre n'est
arrivé que le 4, au soir. Différence :
vingt-quatre heures de retardlTu côté de
l'Allemagaè. Dé ce rôté il est vrai que le mes
sage avait coûté 5 ou 6 fr. de. moins que ce
lui expédié par la France. Le Lloyd de
Trieste a donc été servi suivant ce qu'il avait
payé; il en a eu des deux côtés pour son ar
gent. r
■ Nous croyons devoir rappeler cette expé
rience, afin que le public soit bien averti,en
France comme à l'étranger, que la voie la plus
courte pour les dépêches télégraphiques de
France, de Belgique, d.'Angleterre, pour le
midi de l'Allemagne,de l'Italie,^ viceversâ, est
celle de Strasbourg. C'est aussi, on peut le
dire , la plus avantageuse , puisque, bien
qu'elle coûte quelques francs de plus , elle
fut gagner uuè avance aussi considérable
que celle que l'on vient de çiter.
La concurrence que l'Allemagne veut nous
faire pour le transit de la télégraphie élec
trique n'aura pas plus de succès que celle
qu'elle a essayée un moment de nous faire
pour le passage de la malle des Indes. Stras
bourg et Marseille resteront, à cause des
t - ^ A 11 A wfc lfin v
dition que le comte de Thomar et ses fré'reg
renonceront à toute prétention personnelle.
Cette condition, d'après nos correspondons,
ne sera point un obstacle à la reconstitution
du rarti modéré, Je comte et ses frères ayant
déclaré à leurs amis qu'ils étaient disposés à
tous les sacrifices personnels pour hâter
une réconciliation indispensable au bien du
pays- m '
M.-d'ATmeida, qui vient de donner sa de-,
mission de miiiist» e des affaii es étrangères,
est l'un des chefs du parti septemhriste.
Quant à M. Seabra, il était l'un des orateurs
principaux de la célèbre junte d'Oporto. '
■ . CUCHEVAL CLABIGNY.
Nos lettres de Palerme du 26 août nous,
annoncent Ja rentrée duprince.de Satriano»»
dans le chef-lieu de son gouvemecaeat. il'
arrivait de Catane-où il avait été représenter
le roi.qui n'avait pu se rendre à l'invitition
des habitans de cette ville, pour la célébra
tion d'une grande fête à l'occa?ion de l'anni
versaire de la cessation d'un désastre qui
avait frappé Catane il y a cent ans.
Les ârrestations dont quelques journaux-
avaient parlé, et qui auraient,été faites à
Castro-Giovani, représenté comme centre
d'un mouvement révolutionnaire, sont de
peu d'importance, et la Sicile entière conti
nue à jouir de la plus profonde tranquillité.
h. BON1FACE.
DEPECHE TÉLÉGRAPHIQUE.
BerliD, 31 août.
Hier, le gouvernement prussien a remis
au congrès -douanier une note fort conci
liante, appuyée par le Hanovre, le Brunswick,
l'Oldenbourg et par l'association de Thu-
ringe.
La Prusse demande une réponse décisive
pour le 15 septembre.
élégraphiques
postalea transitant par laFrance.
Si, comme on l'annonce,, une convention
se prénare entre l i France, là Belgique et
l'Allemagne pour l'exploitation de la télé-
rapineélectrique, ce serait le cas de faire
revenir sur la sur-élévation de prix au moyen
de laquelle l'association télégraphique aus
tro-allemande cherche à empêcher les expé
diteurs de se servir dû* réseau fi ançais.
- DENAIN.
Les nouvelles que nous recevons de Lis-
boriiie par, la voie d'Espagne, confirment
fffeinemerrt. les prévisiôns que nous avons
émisi s,l'l v a'quelques jours. Nous disions
que- lé maréchal Saldanha s'était décidé à
rompre avec les septembristes, et que la re
traite de M. d'Almeida serait bientôt suivie
de la démission du ministre de la justice.
Nous apprenons, en effet, que M. Seabra a
donné sa démission le 19 août, et que le
-portefeuille de la justice a été confié par in
térim à M. Fonseca-Magalh tes.
Voici donc deux places vacantes dans le
cabinet. Il paraît qu'on ne complétera pas le
ministère avant la convocation des nouvelles
'cories, convocation qui ne peut tarder long
temps. D'ici les élections, le ducd'.Saldanha
aura le temps de mener à bonne fin les né
gociations qu'il a entamées avec le„paiti
ebartiste. Le doc de Saldanha, pour consom
mer la réunion du parti modéré, est prêt à
donner place dans son cabinet aux amis du
comte de Thomar, mais il y met pour con-
la pourpre pour la tunique du berger ; vous
ferez votre rentrée là-bas dans le même ap
pareil qu'au départ. Ce sera'd'un grand ef
fet et un "phénomène inouï de conserva
tion.
Cette perspective d'un retour triomphal
mit mon jeune homme en belle humeur ; il
rit et s'exécuta sur-le-champ.
— Vous avez raison, me répondit-il ; il
faut être vêtu comme tout le monde.
— C'est cela, repris-je, le mot est juste
autant que profond. Aller comme tout le
monde ! L'essentiel est de figurer, de paraî
tre, de représenter. On met tout sur soi, et
prçisi au dîner, on se serre le, ventre. Voilà
Paris I Inclino'.is-nous, Lucien, et volons vers
les temples de la confection.
Une heure après, ,1a métamorphose était
complète : c 'est au point que j'avais moi-
même quelque peine à m'y accoutumer. Ce
n'était plus mon enfant des montagnes que
j'avais sous le bras, mais un jeune gentil
homme habitué à fouler l'asphalte des bou
levards. Il ne semblait pas emprunté-sous ses
nouveaux vêtemens et les portait avec une
aisance et une grâce naturelles.
« J'avais accompli la partie la plus aisée de
ma lâche :.dépenser de l'argent, on y arrive
toujours. Le difficile était de rétablir l'équi
libre entre les divers services, .et de Rattraper
sur la bouche ce que nous avions mis dé
trop à l'habillemen t. Il y avait bien un biais :
c'était que Lucien, pendant quelque temps
au moins, partageât mon couvert". J'insistai
beaucoup pour qu'il y consentît; il m'op
posa une résistance invincible; Jamais je
n'ai connu d'être plus discret, ni piils déli
cat; c'était presque à s'en fâcher.^'^déc de
passer pour, un parasite Iui^ausSit^del
Voici quelques nouveaux renseignemens
sur la convention conclue avec la France au
sujet de la contrefaçon : nous les emprun
tons à l'Observateur :
« Dans les irrités que la France a conclus avec
l 'Angleterre, la Sardaigne, le Portugal, etc., rela
tivement à la propriété littéraire^ les stipulations
concernant la garantie de celte propriété .ont été
étendues purement et complètement à la représen
tation des ouvrages dra'maiiques. Le demi r rap
port présenté à la société des gens de lettres de
Paris, indiquait même le montant des recettes ef
fectuées du chef de ces arrangemens. \ ,.j
, » Une disposition analogue se trouve dans la'
convention réaniment conclue entre iaJfraiife et'
la Belgique : sf-ulement, par suite d'une déroga
tion en notre faveur aux précédens • que nous ve
nons de citer, des droits d'suteur nepoerro^it être
réclamés sur la repn scntftiori des ojvrages dra
matiques, que pour ceux dont la première repré
sentai]'. it en France aura eu lieu pô-térieur mentr
à la signature de la convention, et ces droits ne
seront perçus qu'à dater du 1" février 1853.
» Ceite disposition , on le eompr nd, laisse
exempt de tous droits le grand répertoire lyrique
qui-continuera à alimenter presque exolusiv'eihei t
iids théâtres d'ot éra*. Elle laisse aussi ex> tniit de
tout droit t nit le répertoire dramatique actuel. Les
théâtres n'auront donc à payer de droits que pour,
un asstz petit nombre? des piècts qu'ils represea-s
teront.
» En outre, ce droit sera assez modéré. En prin
cipe, la fixation du taux du droit est Ui-sé à l'ac
cord des intéressés. Pour le cas seulement où ils
ne pourraient s'entendre, la " convention fixe un
maximum q'ie le droit ne pourra pas dépasser.
Les th'-àtres seroi.t classés, comme dans les dé-
partemens français, d'après leur imjoriance, et?
et le maxinaum, gradué d'après cette importance.
frissons; il serait mort d'inanition plutôt. 1
Quand j'eus compiis cela; je changeai de'
tactique. Il ne voulait pas venir à moi, j'al
lai à lui. Le moyen était rude pourtant, et,
pour s'y résoudre, il fallait que le cœur
triomphât des révoltes de l'esiomae. Il ne.
s'agissait de rien moins que de descendre au*
plus bas dans l'échelle' des ajimens et.de se*
eonfier aux produits suspects dès fourneaux®
économiques. Jeune, on s'y fait; «omme un
autre, j'y avais passé. La table ne compte
pas alors; mais avec l'âge on devient sensuel,
et c'était pour moi, je l'avoue, un véritable
acrifice. Pourtant je m'y résignai. '
Tout compte f<|it, et en y mettant même
une certaine grandéur, Lucien ne pouvait
excéder dix-sept sous- pour son principal re
pas. C'était la stricte limite ; au-delà il y au
rait eu imprévoyance. A ce prix, il ne fallait
songer ni aux mets choisis ni aux grands
vins ; mais il se prouvait encore des af
fiches pour promettre trois plats au choix,
carafon et dessert. Les murs de Paris sont ta
pissés de ces problêmes'aussi insalubres que
captieux. J'aimai mieux les éluder que les
résoudre.
— Laissez-moi vous guider, dis-je à mon
élève ; je suis votre ancien ici, votre chef de
file, je connais les bons coins. Il s'agit du
salut de nos viscères; je prends la conduite
de l'opération. Suivant que nous irons ici ou
là, l'attentat sur nos personnes sera plus ou
moius accompagné de circonstances aggra-t
vantes. Vous m'entendez, Lucien; je ne yeux
pas succomber saus défense. *
Je me réservai donc le soin de choisir le
restaurant au rabais où nous devions faire
chaque jour notre orgie à raison de qualre-
vingt-cinq centimes par tête. Celui que j'ho-
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