Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-08-27
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 27 août 1852 27 août 1852
Description : 1852/08/27 (Numéro 240). 1852/08/27 (Numéro 240).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUtiÉRO 240.
Ï retire?*
18S2.-- VENDREDI 27 AOUT.
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52 IV.
, ïï,e V&nsMîtsîims-nel pu -
blîera dans le plus prêchai n
délai, les romans cloiit les ti
tre» suivent : . ' ' ' '
?> LA COMTESSE • '
DE MÀU'LÉOiV,- - ' ^
Eu deux volumes,
Par M; 'LOUIS KU^BjilJDk ,
RENÉE BE VA IS VILLE
Eu deux volumes, - \
- ' ■#àkv'M**W. '.AkcîEIiÔT..' • :
M. ET M UE .F A VAUT,
Par HOSJSSA.YE.
"■ • .LA'MOUCHE.,. ;
I»ar A2JFRE2IÔ E® MUSSET,
• de l'académie française. :
LE DÉPUTÉ B'ÂRCIS,
' En quatre volumes.
Par II. SB33 IIALZ.fcC.
-ïï,e C © ms HtuU&nneJ com-
meEseera , le «^septembre-, la
pEsMicatio» c3« fa CCSiSTISSi-
SîE ESS3 SS^US j I3©^ ; roatan en
eîeeïx volumes, par il. Inouïs
Reyfeau&I.
PÂfUSj .-20'/ AOUT.
Nous-avons montré comment notre domi
nation s'est établie par la forcé des armes en
Algérie, et" comment une administration
forte, tutélaire, bienfaisante, et d,e plus en
plus immédiate, y a été fondce.il nous reste
à examiner quel doit être l'avenir de ces po
pulations, qui-sont aujourd'hui en contact
avec la civilisation européenne. C'est lecom-
plément nécessaire de nos études sur cet élé
ment indigène, qui nous a été si long-temps
l'imagination, par le sentiment de sa pro
pre dignité. Tous cejjx qui .n'ont étudié que
superficiellement les Arabes, ont été disposés
à se laisser-éblouir par leurs qualités , au
point de fermer les yeux trop souvent sur
leurs vice s et sur leurs défauts! Au premier
aspect, l'AraBe fier, sur de lui-même, drapé
dans son burnôus comme un sénateur ro
main dans. sa toge',, paraît plus poétique as
surément etplus'pittoresque que l'Européen!
Si lî©n ne s'arrête qu'à sa superficie on est
frappé de la rapidité de sa conception, de
la fermeté de son caractère, de tous les si
gnes extérieurs d'une'nakire courageuse et
indépendante.- Son aftachement aux-choses
religieuses lui donne aussi de l'élévatiqn tt
.de la grandeur dans les idées et -dans la pa
role. A chaque.instant on entend sortir dé
sa bouche de nobles préceptes/de riches
inétaphores, des expressions pleines d'éner--
gie et de couleur, emprunts non déguisés
aux livres du prophète, aux ouvrages de
ses commentateurs, aux, innombrables ins
pirations de la muse orientale. 11 faut avoir
pratiqué les Arabes long-tem^s pour savoir
qu'ils cachent sous cette.enveloppe brillante
un incurable orgueil, un égoïime profond,
-une duplrcité iflcorrigible et,les passions'de
la haine et de ia cupidité poussées à 'l'ex
trême.. Nous verrons plus tar,d à quelle cause
il faut surtout attribuer les imperfections
du caractère arabe. ' , ;
. Néanmoins, dans une certaine mesure,
•cette race est éminemment perfectible, et
nous pouvons l'associt*progressivement aux
travaux.de la civilisation et au progrès des
arts. Il ne faut.pas essayer toutefois de l'en
lever aux occupations!qui lui conviennent et
auxquelles elle semble destinée. Les nations
orierntaleSj on le-sait,.paraissent être war-,
quées au sceau de l'imnîûahilité Elles con
servent à travers les temps leurs mœurs,,
leurs habitudes, leur vêlement, leur apti
tude. naturelle à des labeurs détermines. Or,
e» Algérif, l'élément indigène se compose de
deux nations de souches et de coutumes dif-
[. féréntes : l'Arabe, descendant des conquérant
musulmans, cavalier, pasteur, éleveur de bes
tiaux, vivant sous la tenté et nomade;, ie
Kabyle, agriculteur, pratiquant des indus
tries grossières, hantant des demeures fixes.
Les deux nations, juxta-posées que les siècles
n'ont point mêléesau point de les fondre en une
seule, doivent être utilisées pour la colonisa-
l'tion, d'après leurs tendances, diverses; L'A
rabe est plus particulièrement destiné à la
vie pastorale ; le Kabyle à la vie agricole. Au
premier on peut demander les produits de
ses troupeaux,, ses- chevaux justement re
nommés ; au second, des huiles, des céréa^*
les, des plantes légumineuses./Ii est remar
quable, toutefois, que notre conquête a déjà
savoir en ( lT(,t si nous devrons être toujours
sur le quï^vive, au milieu de ces peupks
guerriers, soumis à notre autorité, mais en
core p&JpitaDs, pour ainsi dire, sous noltre^
mai», ou si la colonisation française peut
e?pérer de trouver un jour eh eux. des auxi
liaires. Questions graves et difiiciles, dont
la'spiution, bonne ou mauvaise, doit avoir,
sur le. sort 'de l'Algérie, une si grandé'in
fluence. . •
La race qui habite l'Algérie, n'est assu-:
rémtnt ni dénuée .d'intelligence, ni dépour
vue des facultés qui rendent les nations per
fectibles. Elle est remarquable au contraire'
l'ardeur de
inconnu, et qui commence à n'avoir plus ds
secrets pour nous, grâce à la furveiljance in-1 eu pour elfet de modifier les'mcBurs des Àrâ-i
cessante des bureaux arabes. Il importe de-Jbes. Nous avons voulu leur faire perdre.leursj
habitudes nomades et les fixer au sol. Nous
aviîns en grande partie atteint ce but. Nous
avons déjà accoutumé leurs chefs à proférer
à leurs tentes d'honneur des habitations eu
ropéennes, et à grouper autour d'eux leurs'
tribus , devenues , stables. Nous avons on
maint endroit subalitué des villages au
- douar jiatriarca'. Eu fi a, nous avons déve
loppé en eux le goût de l'agriculture, qui
.attache l'homme à la glèbe. Les'Arabes n'é-
-taientpoiot étrangers à la culture du sol;
mais la vie pastorale' était leur principale
fonction. En améliorant leur agriculture,
en leur enseignant le moyen dé tirer de la
terre ensemencée un. produit plus considé--
par la vivacité de l'esprit, par
rable que celui des pâturages, nous leur
avons déjà inspiré sur beaucoup. de points
,1'âœour tl'une existence sédentaire qui nous
permet d'txercer • sur eux. une action plus
forte et plus rapide en cas de troubles.
Au point de, vue de l'intelligence, les p'o- :
pulatidns indigènes sent done dignes de la
civilisation, ët nous leur avons déjà fai t.faire
des progrès qui sont rassurans pour l'avenir. • ,
Mais réussirons-nous à leur faire abandon
ner leurs habitudes turbulentes, leur haine
farouche contre nous, letfr penchant à la
^yoite-et à l'insurrection? Là est toute la
'question. La colonisation a besoin de sécu
rité. Long-temps encore l'élément européen
ne sera qu'un appoint presque insignifiant
dans la popuiatfon .totale de l'Algérie. Que
peuvent quelques milliers de colons au mi
lieu de masses fanatisées qui, à un signal ■
donné, .si une insurrection ^générale éclatait,
pourraient renouveler les désastres de la
plaine de la Mitidja en i8-40? L'armée, nous .
le savons, veille et se tient prête à tous évé-
nemens. Mai^'si une levée de boucliers avait
lieu d'un bout à l'autre de l'Afrique fran-> •
çaise, l'armée, si énergique qu'elle soit, ne
pourrait guère que venger ies_colons des sa;
criflces qui leur auraient été infligés. Le mal -•
se serait accompli avant qu'elle pût interve
nir d'Une façon efficace. - ,
On le voit donc, pour que la colonisation
sorte des conditions précaires qui .lui sont'
faites et qui exigent encore, sur presque
tous les points du territoire, la vigoureuse
administration de l'autorité militaire, il faut
déraciner chez les Arabes l'esprit d'insubor
dination et de révolte. Ce n'est point là une
làclïe aisée et qu'on'.puisse faire en un jour-
Une politique habile, persévérante, éclairée,
peut seule amener, en un laps de temps plus
ou moins îo'ug, cette transformationhtureu-;
se qui donnerait à nos colons-up.e sécurité "
complète. La principale difficulté, nous la
rencontrons, nous l'avons déjà démontré,
dans ' le fanatisme religieux 'de ces tribus
profondément croyantes, et 'qui nous sont:
hostiles à raison même de leurs croyances.
Il faut en effet qii'ulie cause bien p;uis- .
sante»nous aliène le cœur des Arabes,, car,".
s'ils l'eussent voulu ; nous ne leur aurions
porté qye des bienfaits. Nous les avons dé
livrés de l'administration rapace', cruelle/fc
impitoyable des Ttircs de l'odjark,. qui n'a
vaient d'autre politique que de- faire battJ-e ■
les tribus entre elles,' et qui, au milieu du -
dépérissement graduel du; pays, se mon- ■
traient toujours plus exigeans et plus cupi
des. A l'organisation vicieuse du. gouverne- '
ment intérieur, nous avons substitué un
pouvoir régulier, juste,, animé de l'amour
du bien. Nous avons soustrait les Arabes aux-
exactions et aux pilleries de leurs chefs.
Nous avons mis un terme à leurs^ querelles
intestines. Leur culte a été p^r nous,respecté
et protégé. Nous avons partout établi une
police tutélaire, line justice exacte. Nous
avons versé dans ce pays pauvre en numé
raire des sommes énormes. Nous avons jn- -
■troduitl'Etat civil, la vaccination, des établis
sement-hospitaliers., des services sanitaires,
de meilleurs procédés agricoles, des cultures ,
.nouvelles. Et cependant ces populations que -
nous avons choyées,.enrichies, environnées
de soins, remuent et s'émeuvent dès qu'un
chérif en haillons vient les .convier à la
guerre sainte,et nous ont trop souvent forcés
de leur infliger de terribles chàtiiiiens. Vai
nement imputerait-on ces dispositions fu- :
nestes au sentiment national. Le sentiment
national n'existe guère chez tes peuples cons
titués d'après l'organisation féodale; D'ail
leurs, les Turcs étaient des maîtres et des
malin s bien plus durs et bien plus exigeans
que nous. H faut donc s'en prendre au fana
tisme religieux, à la loi mahoiftétane, loi
étroite, exclusive, haineuse, surtout quand
elfe est interprétée par des peuples ignorans
et;f rompis à s'enflammer.
sEncore un coup, 'nous sommes loin^de
prêcher la persécution. -La persécution se
rait impolitique et odieuse; elle est d'ailleurs
impossible. Pour extirper l'islamisme de
•. l'Algérie, il faudrait exterminer la popula
tion, et ce serait une folie insigue-dje rêver
unie telle énormité. Mais, ces réserves faites',
et en n'engageant bien entendu- que 'notre
propre responsabilité, nous n'hésitons pas à
répéter que le Coran est aujourd'hui' le prin
cipal obstacle que rencontre notre domina
tion, et que noire politique'doit èlre'domi-
. née par ce fait que, pour assurer l'avenir de
la colonisation, il faut que l'esprit nlaho-
métan s'y transforme, et de. fanatiquè y de-
. : yienne modéré, comme - en Turquie, en
Egypte, à-'l'unis.
Nous , trouvons des lumières sur ce grave
sujet, dans une brochure récemment publiée
par un prêtre, français, M. l'abbé Bourgade,
et intitulée : la Clé difCoran. M. l'abbé Bour
gade, qui est un savant orientaliste, et qui
exerce les fonctions d'aumônier de la cha
pelle de Saint-Louis, à- Carthage, nous fait
voir dans le cadre ingénieux d'un dialogue
entre des musulmans éclairés et des musul
mans fanatiques, le vice essentiel de ce Ij-
. vre fameux, qui eet l'évangile et le code
judiciaire des_ maliométans. ' A côté d.e pré
ceptes admirables empruntés à h Bible et
à ia révélation du Christ,, on y trouve
toute une politique en quelque sorte mon-..
dahiÇjifïiaginee pàr le Prophète pour fonder
sa domination, pour maintenir la prépon
dérance de sa secte religieuse: Par son beau
côté, le Coran est au fond, comme le mani-'
chéisme, une -hérésie Chrétienne qui a mieux
réussi q.ue les autres, parce qu'elle a eu pour
véhicule l'enthousiasme militaire d'une race
neuve et énergique. Par son mauvais côté,'le
Coran est le code du matérialisme, de la fa
talité, de la mauvaise foi et du mensonge.
Dans'l'intérêt dëla foi, tous les moyens sont
bons : la déloyauté est un devoir. « Combat
tez, dit le Coran, jusq#à ce qu'il n'y ait plus
de mécréans sur la terre, jusqu'à ce que toute
religion soit réduite à celle du Dieu unique.
Chassez-les d'où ils vous ont chassés. » Et
-ailleurs : « Dieu et l'apôtre sont libres des
engagemens contractés avec les ' infidèles. •
Ajoutons qu'en s'appuyant sur des ver
sets du Coran, les commentateurs lès plus
accrédités, les moralistes et les jurisçonsul-
* tes .on'f permis le mensonge. Ecoatons-ies
plutôt : «Il y a cinq espèces dfe mensonges. Le
niensonge de précepte. : c'est # celui que doit
faire le musulman powr défendre contre les
infidèles ses biens ou ceux de ses frètes. Le
mensonge illicite : c'est c -lui qui. n'est d'au
cune utilité pour la religion. Le mensonge
louable : tel est celui qu'on fait aux infi
dèles en leur disant, pour les détourner de
leurs projets d'agression ou de résistance,
que les musulmans font des préparatifs de
guerre. Le mensonge peu convenable : telle
est la promesse mensongère (d'un joujou,
par exemple) que le mari fait à sa femme
pour la rendre de belle humeur, etc. »
On voit par ces passages quel fonds il fau
drait faire sur les promesses et sur la parole
d'Abd-el-Kàder, si l'on s"ongeaii à le mettre
en liberté. La religion • mens et lui ordonne de ne s'y point confor
mer. On peut .s'expliquer aussi comment le
mensonge est l'arme favorite des agitateurs
dans toutes les insurrections, mensonge sur
nos intentions, mçnsonge sur leurs projets
et sur leursmoyens d'action, mensonge sur
nos'victoires et sur leurs défaites, mensonge
sur tout et à propos de tout. Il "faut convenir,
d'ailleurs, -que jamais menteurs n'ont été
mieux encouragés par la crédulité des. masses.
Il y apeu d' Arabes quine croient fermement,à
l'heure qu'il est,aux entrevues d'Abd-el-Kader
a^SIbn saint patrem de Bagdad; à l'inyuluéfa :
biH4j»*de Bou-Maza, qui a été plusieurs fois'
blessé, aux palmiers de Temacin qui. ont
. fait feu,,il y a dix ans. environ, contre les
gens de Tug&urt; au sabre merveilleux que
posséd lit un chérif tué dans une rencontre,et
qui abattait douze cents chrétiens à la fois d'un
coup de cette arme formidable. Le colportage
des mensonges de tribus en tribus; estun des
soucis de ços bureaux arabes, et à chaque
instant on" apprend que sous une tente on a
immolé mystérieusement une poule noire
-pour vouer les Français à l'exécration du
ciel et aux"vengeances du Prophète.
Si la brochure de M. l'abbé Bourgade nous
fait toucher du doigt le mal, elle nous indi
que aussi le remède. On peut y voir^omr
ment,eu éclairant, en instruisant les indigè
nes, on peut' adoucir leur-fanatisme et les
amener à l'état de -modération relative de
leurs coréiigionnaires de la Turquie et de
l'Egypte. Nous savons bien qud chez ces der-
niers, de temps en temps la liête féroce rp-
■ paraît, et que si leur gouvernement est éclai
ré, les masses le sont encore fort,peu. Mais
du moins là, le côté pernicieux du Coran
s'efface, pour laisser la suprématie au côté
élevé et- sociable. Le fanatisme fait place
peu à peu à l'esprit religieux mieux com
pris et mieux-employé. Nous pouvons pré
tendre à quelque chose de semblable en Al
gérie, par une politique ferme Rigou
reuse," nous savons -arracher le Moghreb à
l'influence du Maroc, surveiller et paralyser
les associations dangereuses, supprimer les "i
écoles indigènes pour les remplacer par des
écoles françaises, réformer le piersonnel des
fonctionnaires du cuite, calmer et assoupir
les passions religieuses. Cette œuvré ne peut
être .accomplie sur-le-champ. De longues
aimées sont nécessaires pour y parvenir;
msîis nous ne devons jamaislaperdre de vue
un seul moment. La sécurité de notre colonie
algérienne est à ce prix, henrt cauvain.
On sait qu'aux termes d'une ordonnance
qui remonte à 1823, une commission est
nommée, à la fin de chaque, année, pour ar
rêter le journal et le grand-livre de la comp
tabilité générale, èt pour constater la; con
cordance'des comptes des ministres avec les
résultats des écritures centrales du minis^
tère des finances. La commission chargée
de la vérification des comptes pour l'exer-.
cice 1650 et pour l'aanée 1831 vient de re
mettre à M. le ministre'des fiaances le procès-
verbal de'ses opérations et le rapport qui*
les résume. Ce rapport, rédigé par'M. Rey-
naud de B irbarin, référendaire à la cour des
comptes, conclut par une déclaration portant
qu'il y a conformité, d'une part, entre.les
comptes des ministres Ordonnateurs et le
compte général de" l'administration des fi
nances, et, d'autre part, entre ce dernier
-compte et les résultats des arrêts de la cour
des comptes; ■
La comparaison des dépensés et des re
cettes pendant l'exercice de 1850 fait ressor
tir une insuffisance de ressources de 41 'mil
lions qui, venant s'ajouter aux déficits des"
ancibns budgets, élève l'ensemble des dé- "
couverts à 551 millions. .
'.On n'a encore que le compte provisoire-da
l'année 1851. D'après ce compte, l'excédait;
des dépenses semblerait devoir s'élever à 103i
initiions. Mais la commission reconnaît elle-
même -que ce chifTre s'atténuera notable- ;
ment, lors du règlement définitif, par suite :
dès annulations de crédit qui n'auront pas',
été employés." Bien qu'il soit assez difficile de
déterminer aujourd'hui le montant de cette
diminution', les précédens nous, permettent
de croire qu'elle pourra être de .50 à 60 mil
lions. ^
Lé rapport de la commission npus apprend
d'ailleurs que, d'après la situation genéràla
de nos finances, la dette flottante s'élevait ?
au l* r janvier 1852, à 6U millions, ce qui
ne représentait que 22 millions de plus qu'au '
1 er janvier 1851. L'augmentation provenait
des comptes-courans et fonds en dépôt. Ils
s'étaient accrus'de 76 millions, tandis que
les bons du trésor, les avances des compta
bles et les traites et mandats àvaient baissé
d'environ 53 millions.
. La dette flottante, pomme on .se le rap
pelle,.s'est augmentée, depuis le commen- '
cernent de l'année, par suite des rembourse-
mens qu'a entraînés la conversion des rentes.
Il résulte du'rapport de M. Gôuin au Corps
Législatif/qu'elle n\ontait, le 1" juin dernier,
à 693 millions. Il n'est pas probable qu'elle
se s'oit notablement'accrue. Si les dépôtsdes
caissesd'épargne ontgrosîi, le gouvernement, >
d'un autre .côté, a rembourse 25 millions à
la Banque de France sur les 50 millions prêS
tés en échange de bons du trésor.
La commission, en terminant, rend hom
mage à la perfection du mécanisme et à
l'exactitude ae. la grstion financière. Elle a
surtout reconnu l'utilité du contrôle central
institué au ministère des finances, pour
constater, contra dictoirement , avec les agen3,
chargés de l'encaissement et des paiemens, la
régularitédes opérationsjournalières. Pas un
fait ne peut être accompli' au chef-lieu des fi- '
nances, sans que, par lacontradiction ducon-
trôle^la-régulàriten'en ait été- constatée.,Les,
procédés employés pour çe contrôle présen
tent un enchaînement méthodique,simple et
rationel. On se fera une idée de l'importance
et de./l'étendue de ce travail, quand on
saura que les opérations ont porté, eh
1851, sur 3,103 000,000, dont 1,514,000,000
en recettes, et 1,589,000,000«n paiemens. Et
cependant telle est la rapidité et là sûreté de
la méthode suivie, que tous les états, borde
reaux et relevés partiels sont résumés à la
fin de chaque jour dans une feuille remise
entré les mains du ministre des finances, -
pour constater la situation journalière de la
caissè.
. Nous insistons d'autant plus sur les cen-v
clusions de cette commission qu'elles ont
une plus grande importance* sous Je nou
veau régime constitutionnel. On voit que-
les garanties données, aux contribuables n'ont
pas diminué. Vérification-des écritures cen
trales de la conïfrtabilité générale des finances
et comparaison de leursrésultatsavecceuxdes
comptes publiés par les râiaistres ; examen
des comptes tant eû argent qu'en matières ;
arrêté, à la fin de chaque annee, de la balance .
générale du grand-livre de l'administration
des finances': telles sont les précautions pri
ses pour assurer l'em ploi régulier des deniers
publics. ' J. B urat.
Le gouvernement anglais vient de .publier
un document intéressant : c'est le rapport
des directeurs des prisons de l'Etat. Ces pri
sons sont des établissemens,tout nouveaux
«t qui fonctionnent depuis qu'elqûes années
à peine. Il n'existait auparavant en Angle
terre que des maisons d'arrêt administrées
et entretenues par les comtés, et ouïes pré
venus étaient déposés jusqu'au jour dî leur,
jugement. Après l'arrêt (rendu, ils étaient
mis en liberté ou transportés dans telle ou
telle colonie pénale , suivant la nature de
&S5Sm®3g&ig*
FEUIILETOK, eu COKSTiTUTlQKSEl, 27 flOOT.
HSVUE "MUSICALE.
opéïia. Débuts do m lie La grua dans Rahert-k-Dia-
iile.— opéra-comique. L*es Deux Jajiel; paroles de
M. da Wfin'ard, .musique di M. JuslinCadaux. —
Concours du Conscrvaloiri. ^ SI" 10 Sontag a Bado.
MHo .vEm .nay dç LaGrua a tout ce qu'il faut -
pour bien jouer le rôle d'Alice: la taille éle
vée et, souple, les yeux noirs, la figure ex-
pre-sive et dramatique, la voix belle, émou
vante, énergique dans le registre aigu,, déjà
fortifiée dans le médium, suffisante dans les,
not-.s gravés,. M lie La G rua rappelle par les
traits, par la chaleur et l'animation de son
jeu, celte pauvre Falçonque nous àvons tant
regrettée". Lu jeune artiste a étudié et com
posé son iôle avec un soiri et un^ délicatesse
extrême, * t, malg-ré l'agitation et les alaraws,-.'
d'un début, elle s'-, st souvenue, à poiut nom-
mé ) des l'gaes Jf : s plus «aillantes, qu'elle.s'é 1 - "
tait tracéts d'avance, et avec beaucoup de
justose, de ce beau vypé inspiré de jeune
lîlle, géuié du'bien, ange tutélaire, accom-
-plissant prè3 de Itobert une mission divine,
comme la vierge de Vaucouleurs. J'ai enten
du faire un reproche à Mlle La Gruâ de ce
qu'elle aurait donné trop de force et de relief
à cette figure-d'Alice en lui ôtant peut-être
dé si naïveté et de sa douceur ; mais il ne
faut pas oublier qu'Alice n'est pas une jeune
filieordinairc-, une pauvre et timide paysanne;
elle' entreprend un long voyage à travers
mille dangers, elle vient de Normandie en
■Sicile, avec l'aide et l'assistance manifeste de
Dieu, pou r 1 u tlei vlctc ricuseiner-1 avec l'rspri t
du mal et le replonger dans i'abj me. C'est ce
côté surnaturel mystique du rôle que Mlle
La Grua a bit n saisi et rendu avec bonheur.
Dans toutle troi.-icme r:cie,,(l!é a été drama
tique et touchante; elle a eu des mom •passion et de verve qui ont forcé les applau-
dissemens; car, à l'Opéra,-on n'apphudit
qu'aux endroits marqués, et l'on est lofit
dérouté lorsqù'un artiste, s'écartaRt des che
mins battus, trouve _un effet nouveau. Au
cinquième acte, délivrée de toute crainte ,
Mlle La Grua a montré ce qu'elle sera dans
Lout le rôle aux représentations suivantes ;
c'C;t à-dire : la meiiieure Alice que nous
ayons eue depuis.Mines Doius et Faucon.
Gueymard a d.? fort beaux passages dans le
rôle de'Robert. Pour tout ce qui exige de l'é
clat, de la vigueur et du retentissement, il
n'a pas son pareil; il a dit magnifiquement
la célèbre phrase -. Des chevaliers de ma pa
trie-, il a transporté le public. Mais il y a
dans son chan! des'inégalités et des lacunes
qu'un travail assidu fera disparaître; îl passe
a\ec trop d'effort',, sans gradation et sans
nuances, de la voix de poitrine à la voix de
tête; il n'a point d'agilité; c'est là fou côté
faible; c'est là-qu'il doit porter tous ses soins
et toute son application.
Mgrie Labordea été 1res Ifrillantc et très
applaudie dans le rôle d'Isabelle. Dépa-sio
devrait bien se contenter •de' la voix que le
ciel lui a donnée : elle est asstz belle, assr,z
profonde, assez sonore, sans qu'il cherche
inutilement, par un. excès regrettable, à
descendre plus bas qu'il ne'peut. Quelle
gloire y ai-t-il pour l'arliste-et quel agré-
|. ment pour le publiç dans ces. sons eav< r-
neux? Il faut laisser cela aux ventriloques.
,Dépassio a des cho>es excellentes dans le rôle •
de Bertram, et c'est pitié «Je,le voijr s'égarer, :
farce que des gais d'un goût douteux l'ap- '
prouvent précisément où ils devraient le
blâmer.; -, - , , ■
—MM.P'ariardetCaiaux fanent le nombre ,
paii'. lis ont fait les ±)e>ix < Gtii'.ilshonimïs, i's
font es Iknx JaJtet, ils feront les Deux Jabot,-
si jamais les perroquets leur tombm so..;s
la main. -Ils aimènt à faire marcher les gens
de compagnie,- peut-on leur en vouloir? Les
deux Jaket de MM. Planard èt Cadaux sont
marins de leur état. Un jour, les voilà partis
pour la guerre,.laissant là leurs fiancées tout
en pleurs, la fraîche Lucyet la jolie Margue
rite. Marguerite et Lucy attendent trois ans
le retour des deux Jaket; mais c.omme enfin
tout doit avoir un terme, Lucy, lasse d'atten- ^
dre, épouse uç bmve et d ; gne, garçon, nommé
Pii:nana_, la perle des-maris. Marguerite est
plus constante; -d'abord ello aimait-plus
tendrement soa Jaket à elle; ensuite le mari
qu'on lui propose est fort vieux, fort laid,
fort bavard et fort méchant. C'est un liquo- '
riste de la pire espèce, qui jdébite autant de
mauvais propos que -d'eau-de-vie frelatée."
.S'il ne comptait que sur ses qualités person-^
nclles, le vieux drôle triompherait malai
sément de la répulsion qu'il inspire à Mar
guerite, Mais la mort lui yient en aide, et
l'or apprend que Jaket^P*, d'héroïque mé
moire, a été emporté par unljouiet de trente-
six. Cet événement déplorable, -dont les
journaux du temps ont parlé, modifie les
idées de Marguerite touchant le Mariage.
Après avoir pleuré convenablement le dé
funt, elle se décide à.épouser, moitié raisin,
moitié figue, le vieux marchand de fruits
confits. Oc, voici la fia de l'histoire : Ce fa'est
point Jaket I" qui est mort, c'est Jaket II, et
la gazstte, par une erreur excusable, a con
fondu ces deux personnages; Le jaket de
Lucy a succombé, mais le Jaliet de Mar-,
guerite, se porte comme un carme, et afin
que nul n'en ignore, il revient &u pays dé
guisé en herboriste, un gros recueiPde sim
ples sous lé bras,- et une .belle paire de
lunettes vertes sur le,nez. Il s'introduit chez
les époux Plimaimà lafaveur décès lunettes.
Mais il ne les garde pas long-temps, ni sa
perruque non plus,;ni sa houppélande, et il
se transforme, à la nuit, tombante, en un
jeune et beau matelot qui parle de fort près
à Mme Pliinann, de si pr ès, ma foi ! qu'il iui
applique un bon baiser sur la joue. L'infor
tuné mari, qui a tout vu par le trou de j a
serrure, croit que son malheur est complet;
mais il prend fort bien la chose. C'est une
façon de Jacques, l'époux rêvé par Mme Sand,
qui se ferait sauter la cervelle plutôt que de
gêner les amours de sa moitié. Heureuse
ment le quiproquo s'explique avant que le
bon Plimann soit forcé d'eij venir à celte ex
trémité conjugale. Marguerite épouse son
Jaket, et Lu<-y corrige son mari d'un premier
accès d^ jalcusie par une petite parabole
qu'elle récite à la fin de la pièce en guise de
moralité.. ■
: La musique de .ee petit acte est vive, aler
te, spirituelle. Il y a surtout, dès la premiè
re scène, ua char.iyari-qui a fait, mes délices.
J'en entends souvent des charivaris, mais
celui-là est fait exprès. De jolis couplets, une
chanson de table, un diio, une romance gra
cieuse et touchante, en voilà assez pour,
assurer là réussite de eet agréable lever-de-
rideau. ,'»••• '
Ricquier joue fort plaisamment le person
nage d'un liquoriste sceptique à l'endroit de
la fidélité du beau séxe, et persuadé que
tous les maris font partie de la même con
frérie. Ses traits ne sont pas neufs, mais ils
portent toujours. Voiilez-vous amuser tout '
le monde, les garçons; les fèmmes, les ma
ris tout les pj emiers ? visez à la. tête.
. « v * * • \
■ Mais, dira-1- n'est-il en nulles guises
D'heureux a. inage.? Après "mûr examen.
J'appelle un bon, voire un parfait hymen,
Quand les conjoints se souffrent leurs -sottises..
. » • ' t .
Un parfait hymen, selon moi, est celui de
M. èt Mme, Piimann, représentés très au -
naturel par M. et Mme Meillet. Après une-.
brouille innocente et passagère, les deux
époux se réconcilient, se rapprochent, s'em- ■
brassent dè tout leur cœur. Le npari a ,
une belle voix de-baryton, la femme a*
un joli soprano ; ils chantent bien, ils
jouent bien, ils se font mille * caresses.
Le mari donne un baiser, là femme en rend'
deux., -r- Est-ce bien ainsi? -»■ Non, c'est
mieux comme ça. Et le parterre de'rire, ,
Ï retire?*
18S2.-- VENDREDI 27 AOUT.
- Pris fo ribmtnat.
• ' > ■ ' ■ ' • • , .
PJIHÏS ET »2PARTEKErfS :'
■ 8 FB. POUR TROIS MOIS.
32 FR. POUR t'AN.N'ÉE.
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§ fr.
16 :fr.
52 IV.
, ïï,e V&nsMîtsîims-nel pu -
blîera dans le plus prêchai n
délai, les romans cloiit les ti
tre» suivent : . ' ' ' '
?> LA COMTESSE • '
DE MÀU'LÉOiV,- - ' ^
Eu deux volumes,
Par M; 'LOUIS KU^BjilJDk ,
RENÉE BE VA IS VILLE
Eu deux volumes, - \
- ' ■#àkv'M**W. '.AkcîEIiÔT..' • :
M. ET M UE .F A VAUT,
Par HOSJSSA.YE.
"■ • .LA'MOUCHE.,. ;
I»ar A2JFRE2IÔ E® MUSSET,
• de l'académie française. :
LE DÉPUTÉ B'ÂRCIS,
' En quatre volumes.
Par II. SB33 IIALZ.fcC.
-ïï,e C © ms HtuU&nneJ com-
meEseera , le «^septembre-, la
pEsMicatio» c3« fa CCSiSTISSi-
SîE ESS3 SS^US j I3©^ ; roatan en
eîeeïx volumes, par il. Inouïs
Reyfeau&I.
PÂfUSj .-20'/ AOUT.
Nous-avons montré comment notre domi
nation s'est établie par la forcé des armes en
Algérie, et" comment une administration
forte, tutélaire, bienfaisante, et d,e plus en
plus immédiate, y a été fondce.il nous reste
à examiner quel doit être l'avenir de ces po
pulations, qui-sont aujourd'hui en contact
avec la civilisation européenne. C'est lecom-
plément nécessaire de nos études sur cet élé
ment indigène, qui nous a été si long-temps
l'imagination, par le sentiment de sa pro
pre dignité. Tous cejjx qui .n'ont étudié que
superficiellement les Arabes, ont été disposés
à se laisser-éblouir par leurs qualités , au
point de fermer les yeux trop souvent sur
leurs vice s et sur leurs défauts! Au premier
aspect, l'AraBe fier, sur de lui-même, drapé
dans son burnôus comme un sénateur ro
main dans. sa toge',, paraît plus poétique as
surément etplus'pittoresque que l'Européen!
Si lî©n ne s'arrête qu'à sa superficie on est
frappé de la rapidité de sa conception, de
la fermeté de son caractère, de tous les si
gnes extérieurs d'une'nakire courageuse et
indépendante.- Son aftachement aux-choses
religieuses lui donne aussi de l'élévatiqn tt
.de la grandeur dans les idées et -dans la pa
role. A chaque.instant on entend sortir dé
sa bouche de nobles préceptes/de riches
inétaphores, des expressions pleines d'éner--
gie et de couleur, emprunts non déguisés
aux livres du prophète, aux ouvrages de
ses commentateurs, aux, innombrables ins
pirations de la muse orientale. 11 faut avoir
pratiqué les Arabes long-tem^s pour savoir
qu'ils cachent sous cette.enveloppe brillante
un incurable orgueil, un égoïime profond,
-une duplrcité iflcorrigible et,les passions'de
la haine et de ia cupidité poussées à 'l'ex
trême.. Nous verrons plus tar,d à quelle cause
il faut surtout attribuer les imperfections
du caractère arabe. ' , ;
. Néanmoins, dans une certaine mesure,
•cette race est éminemment perfectible, et
nous pouvons l'associt*progressivement aux
travaux.de la civilisation et au progrès des
arts. Il ne faut.pas essayer toutefois de l'en
lever aux occupations!qui lui conviennent et
auxquelles elle semble destinée. Les nations
orierntaleSj on le-sait,.paraissent être war-,
quées au sceau de l'imnîûahilité Elles con
servent à travers les temps leurs mœurs,,
leurs habitudes, leur vêlement, leur apti
tude. naturelle à des labeurs détermines. Or,
e» Algérif, l'élément indigène se compose de
deux nations de souches et de coutumes dif-
[. féréntes : l'Arabe, descendant des conquérant
musulmans, cavalier, pasteur, éleveur de bes
tiaux, vivant sous la tenté et nomade;, ie
Kabyle, agriculteur, pratiquant des indus
tries grossières, hantant des demeures fixes.
Les deux nations, juxta-posées que les siècles
n'ont point mêléesau point de les fondre en une
seule, doivent être utilisées pour la colonisa-
l'tion, d'après leurs tendances, diverses; L'A
rabe est plus particulièrement destiné à la
vie pastorale ; le Kabyle à la vie agricole. Au
premier on peut demander les produits de
ses troupeaux,, ses- chevaux justement re
nommés ; au second, des huiles, des céréa^*
les, des plantes légumineuses./Ii est remar
quable, toutefois, que notre conquête a déjà
savoir en ( lT(,t si nous devrons être toujours
sur le quï^vive, au milieu de ces peupks
guerriers, soumis à notre autorité, mais en
core p&JpitaDs, pour ainsi dire, sous noltre^
mai», ou si la colonisation française peut
e?pérer de trouver un jour eh eux. des auxi
liaires. Questions graves et difiiciles, dont
la'spiution, bonne ou mauvaise, doit avoir,
sur le. sort 'de l'Algérie, une si grandé'in
fluence. . •
La race qui habite l'Algérie, n'est assu-:
rémtnt ni dénuée .d'intelligence, ni dépour
vue des facultés qui rendent les nations per
fectibles. Elle est remarquable au contraire'
l'ardeur de
inconnu, et qui commence à n'avoir plus ds
secrets pour nous, grâce à la furveiljance in-1 eu pour elfet de modifier les'mcBurs des Àrâ-i
cessante des bureaux arabes. Il importe de-Jbes. Nous avons voulu leur faire perdre.leursj
habitudes nomades et les fixer au sol. Nous
aviîns en grande partie atteint ce but. Nous
avons déjà accoutumé leurs chefs à proférer
à leurs tentes d'honneur des habitations eu
ropéennes, et à grouper autour d'eux leurs'
tribus , devenues , stables. Nous avons on
maint endroit subalitué des villages au
- douar jiatriarca'. Eu fi a, nous avons déve
loppé en eux le goût de l'agriculture, qui
.attache l'homme à la glèbe. Les'Arabes n'é-
-taientpoiot étrangers à la culture du sol;
mais la vie pastorale' était leur principale
fonction. En améliorant leur agriculture,
en leur enseignant le moyen dé tirer de la
terre ensemencée un. produit plus considé--
par la vivacité de l'esprit, par
rable que celui des pâturages, nous leur
avons déjà inspiré sur beaucoup. de points
,1'âœour tl'une existence sédentaire qui nous
permet d'txercer • sur eux. une action plus
forte et plus rapide en cas de troubles.
Au point de, vue de l'intelligence, les p'o- :
pulatidns indigènes sent done dignes de la
civilisation, ët nous leur avons déjà fai t.faire
des progrès qui sont rassurans pour l'avenir. • ,
Mais réussirons-nous à leur faire abandon
ner leurs habitudes turbulentes, leur haine
farouche contre nous, letfr penchant à la
^yoite-et à l'insurrection? Là est toute la
'question. La colonisation a besoin de sécu
rité. Long-temps encore l'élément européen
ne sera qu'un appoint presque insignifiant
dans la popuiatfon .totale de l'Algérie. Que
peuvent quelques milliers de colons au mi
lieu de masses fanatisées qui, à un signal ■
donné, .si une insurrection ^générale éclatait,
pourraient renouveler les désastres de la
plaine de la Mitidja en i8-40? L'armée, nous .
le savons, veille et se tient prête à tous évé-
nemens. Mai^'si une levée de boucliers avait
lieu d'un bout à l'autre de l'Afrique fran-> •
çaise, l'armée, si énergique qu'elle soit, ne
pourrait guère que venger ies_colons des sa;
criflces qui leur auraient été infligés. Le mal -•
se serait accompli avant qu'elle pût interve
nir d'Une façon efficace. - ,
On le voit donc, pour que la colonisation
sorte des conditions précaires qui .lui sont'
faites et qui exigent encore, sur presque
tous les points du territoire, la vigoureuse
administration de l'autorité militaire, il faut
déraciner chez les Arabes l'esprit d'insubor
dination et de révolte. Ce n'est point là une
làclïe aisée et qu'on'.puisse faire en un jour-
Une politique habile, persévérante, éclairée,
peut seule amener, en un laps de temps plus
ou moins îo'ug, cette transformationhtureu-;
se qui donnerait à nos colons-up.e sécurité "
complète. La principale difficulté, nous la
rencontrons, nous l'avons déjà démontré,
dans ' le fanatisme religieux 'de ces tribus
profondément croyantes, et 'qui nous sont:
hostiles à raison même de leurs croyances.
Il faut en effet qii'ulie cause bien p;uis- .
sante»nous aliène le cœur des Arabes,, car,".
s'ils l'eussent voulu ; nous ne leur aurions
porté qye des bienfaits. Nous les avons dé
livrés de l'administration rapace', cruelle/fc
impitoyable des Ttircs de l'odjark,. qui n'a
vaient d'autre politique que de- faire battJ-e ■
les tribus entre elles,' et qui, au milieu du -
dépérissement graduel du; pays, se mon- ■
traient toujours plus exigeans et plus cupi
des. A l'organisation vicieuse du. gouverne- '
ment intérieur, nous avons substitué un
pouvoir régulier, juste,, animé de l'amour
du bien. Nous avons soustrait les Arabes aux-
exactions et aux pilleries de leurs chefs.
Nous avons mis un terme à leurs^ querelles
intestines. Leur culte a été p^r nous,respecté
et protégé. Nous avons partout établi une
police tutélaire, line justice exacte. Nous
avons versé dans ce pays pauvre en numé
raire des sommes énormes. Nous avons jn- -
■troduitl'Etat civil, la vaccination, des établis
sement-hospitaliers., des services sanitaires,
de meilleurs procédés agricoles, des cultures ,
.nouvelles. Et cependant ces populations que -
nous avons choyées,.enrichies, environnées
de soins, remuent et s'émeuvent dès qu'un
chérif en haillons vient les .convier à la
guerre sainte,et nous ont trop souvent forcés
de leur infliger de terribles chàtiiiiens. Vai
nement imputerait-on ces dispositions fu- :
nestes au sentiment national. Le sentiment
national n'existe guère chez tes peuples cons
titués d'après l'organisation féodale; D'ail
leurs, les Turcs étaient des maîtres et des
malin s bien plus durs et bien plus exigeans
que nous. H faut donc s'en prendre au fana
tisme religieux, à la loi mahoiftétane, loi
étroite, exclusive, haineuse, surtout quand
elfe est interprétée par des peuples ignorans
et;f rompis à s'enflammer.
sEncore un coup, 'nous sommes loin^de
prêcher la persécution. -La persécution se
rait impolitique et odieuse; elle est d'ailleurs
impossible. Pour extirper l'islamisme de
•. l'Algérie, il faudrait exterminer la popula
tion, et ce serait une folie insigue-dje rêver
unie telle énormité. Mais, ces réserves faites',
et en n'engageant bien entendu- que 'notre
propre responsabilité, nous n'hésitons pas à
répéter que le Coran est aujourd'hui' le prin
cipal obstacle que rencontre notre domina
tion, et que noire politique'doit èlre'domi-
. née par ce fait que, pour assurer l'avenir de
la colonisation, il faut que l'esprit nlaho-
métan s'y transforme, et de. fanatiquè y de-
. : yienne modéré, comme - en Turquie, en
Egypte, à-'l'unis.
Nous , trouvons des lumières sur ce grave
sujet, dans une brochure récemment publiée
par un prêtre, français, M. l'abbé Bourgade,
et intitulée : la Clé difCoran. M. l'abbé Bour
gade, qui est un savant orientaliste, et qui
exerce les fonctions d'aumônier de la cha
pelle de Saint-Louis, à- Carthage, nous fait
voir dans le cadre ingénieux d'un dialogue
entre des musulmans éclairés et des musul
mans fanatiques, le vice essentiel de ce Ij-
. vre fameux, qui eet l'évangile et le code
judiciaire des_ maliométans. ' A côté d.e pré
ceptes admirables empruntés à h Bible et
à ia révélation du Christ,, on y trouve
toute une politique en quelque sorte mon-..
dahiÇjifïiaginee pàr le Prophète pour fonder
sa domination, pour maintenir la prépon
dérance de sa secte religieuse: Par son beau
côté, le Coran est au fond, comme le mani-'
chéisme, une -hérésie Chrétienne qui a mieux
réussi q.ue les autres, parce qu'elle a eu pour
véhicule l'enthousiasme militaire d'une race
neuve et énergique. Par son mauvais côté,'le
Coran est le code du matérialisme, de la fa
talité, de la mauvaise foi et du mensonge.
Dans'l'intérêt dëla foi, tous les moyens sont
bons : la déloyauté est un devoir. « Combat
tez, dit le Coran, jusq#à ce qu'il n'y ait plus
de mécréans sur la terre, jusqu'à ce que toute
religion soit réduite à celle du Dieu unique.
Chassez-les d'où ils vous ont chassés. » Et
-ailleurs : « Dieu et l'apôtre sont libres des
engagemens contractés avec les ' infidèles. •
Ajoutons qu'en s'appuyant sur des ver
sets du Coran, les commentateurs lès plus
accrédités, les moralistes et les jurisçonsul-
* tes .on'f permis le mensonge. Ecoatons-ies
plutôt : «Il y a cinq espèces dfe mensonges. Le
niensonge de précepte. : c'est # celui que doit
faire le musulman powr défendre contre les
infidèles ses biens ou ceux de ses frètes. Le
mensonge illicite : c'est c -lui qui. n'est d'au
cune utilité pour la religion. Le mensonge
louable : tel est celui qu'on fait aux infi
dèles en leur disant, pour les détourner de
leurs projets d'agression ou de résistance,
que les musulmans font des préparatifs de
guerre. Le mensonge peu convenable : telle
est la promesse mensongère (d'un joujou,
par exemple) que le mari fait à sa femme
pour la rendre de belle humeur, etc. »
On voit par ces passages quel fonds il fau
drait faire sur les promesses et sur la parole
d'Abd-el-Kàder, si l'on s"ongeaii à le mettre
en liberté. La religion
mer. On peut .s'expliquer aussi comment le
mensonge est l'arme favorite des agitateurs
dans toutes les insurrections, mensonge sur
nos intentions, mçnsonge sur leurs projets
et sur leursmoyens d'action, mensonge sur
nos'victoires et sur leurs défaites, mensonge
sur tout et à propos de tout. Il "faut convenir,
d'ailleurs, -que jamais menteurs n'ont été
mieux encouragés par la crédulité des. masses.
Il y apeu d' Arabes quine croient fermement,à
l'heure qu'il est,aux entrevues d'Abd-el-Kader
a^SIbn saint patrem de Bagdad; à l'inyuluéfa :
biH4j»*de Bou-Maza, qui a été plusieurs fois'
blessé, aux palmiers de Temacin qui. ont
. fait feu,,il y a dix ans. environ, contre les
gens de Tug&urt; au sabre merveilleux que
posséd lit un chérif tué dans une rencontre,et
qui abattait douze cents chrétiens à la fois d'un
coup de cette arme formidable. Le colportage
des mensonges de tribus en tribus; estun des
soucis de ços bureaux arabes, et à chaque
instant on" apprend que sous une tente on a
immolé mystérieusement une poule noire
-pour vouer les Français à l'exécration du
ciel et aux"vengeances du Prophète.
Si la brochure de M. l'abbé Bourgade nous
fait toucher du doigt le mal, elle nous indi
que aussi le remède. On peut y voir^omr
ment,eu éclairant, en instruisant les indigè
nes, on peut' adoucir leur-fanatisme et les
amener à l'état de -modération relative de
leurs coréiigionnaires de la Turquie et de
l'Egypte. Nous savons bien qud chez ces der-
niers, de temps en temps la liête féroce rp-
■ paraît, et que si leur gouvernement est éclai
ré, les masses le sont encore fort,peu. Mais
du moins là, le côté pernicieux du Coran
s'efface, pour laisser la suprématie au côté
élevé et- sociable. Le fanatisme fait place
peu à peu à l'esprit religieux mieux com
pris et mieux-employé. Nous pouvons pré
tendre à quelque chose de semblable en Al
gérie, par une politique ferme Rigou
reuse," nous savons -arracher le Moghreb à
l'influence du Maroc, surveiller et paralyser
les associations dangereuses, supprimer les "i
écoles indigènes pour les remplacer par des
écoles françaises, réformer le piersonnel des
fonctionnaires du cuite, calmer et assoupir
les passions religieuses. Cette œuvré ne peut
être .accomplie sur-le-champ. De longues
aimées sont nécessaires pour y parvenir;
msîis nous ne devons jamaislaperdre de vue
un seul moment. La sécurité de notre colonie
algérienne est à ce prix, henrt cauvain.
On sait qu'aux termes d'une ordonnance
qui remonte à 1823, une commission est
nommée, à la fin de chaque, année, pour ar
rêter le journal et le grand-livre de la comp
tabilité générale, èt pour constater la; con
cordance'des comptes des ministres avec les
résultats des écritures centrales du minis^
tère des finances. La commission chargée
de la vérification des comptes pour l'exer-.
cice 1650 et pour l'aanée 1831 vient de re
mettre à M. le ministre'des fiaances le procès-
verbal de'ses opérations et le rapport qui*
les résume. Ce rapport, rédigé par'M. Rey-
naud de B irbarin, référendaire à la cour des
comptes, conclut par une déclaration portant
qu'il y a conformité, d'une part, entre.les
comptes des ministres Ordonnateurs et le
compte général de" l'administration des fi
nances, et, d'autre part, entre ce dernier
-compte et les résultats des arrêts de la cour
des comptes; ■
La comparaison des dépensés et des re
cettes pendant l'exercice de 1850 fait ressor
tir une insuffisance de ressources de 41 'mil
lions qui, venant s'ajouter aux déficits des"
ancibns budgets, élève l'ensemble des dé- "
couverts à 551 millions. .
'.On n'a encore que le compte provisoire-da
l'année 1851. D'après ce compte, l'excédait;
des dépenses semblerait devoir s'élever à 103i
initiions. Mais la commission reconnaît elle-
même -que ce chifTre s'atténuera notable- ;
ment, lors du règlement définitif, par suite :
dès annulations de crédit qui n'auront pas',
été employés." Bien qu'il soit assez difficile de
déterminer aujourd'hui le montant de cette
diminution', les précédens nous, permettent
de croire qu'elle pourra être de .50 à 60 mil
lions. ^
Lé rapport de la commission npus apprend
d'ailleurs que, d'après la situation genéràla
de nos finances, la dette flottante s'élevait ?
au l* r janvier 1852, à 6U millions, ce qui
ne représentait que 22 millions de plus qu'au '
1 er janvier 1851. L'augmentation provenait
des comptes-courans et fonds en dépôt. Ils
s'étaient accrus'de 76 millions, tandis que
les bons du trésor, les avances des compta
bles et les traites et mandats àvaient baissé
d'environ 53 millions.
. La dette flottante, pomme on .se le rap
pelle,.s'est augmentée, depuis le commen- '
cernent de l'année, par suite des rembourse-
mens qu'a entraînés la conversion des rentes.
Il résulte du'rapport de M. Gôuin au Corps
Législatif/qu'elle n\ontait, le 1" juin dernier,
à 693 millions. Il n'est pas probable qu'elle
se s'oit notablement'accrue. Si les dépôtsdes
caissesd'épargne ontgrosîi, le gouvernement, >
d'un autre .côté, a rembourse 25 millions à
la Banque de France sur les 50 millions prêS
tés en échange de bons du trésor.
La commission, en terminant, rend hom
mage à la perfection du mécanisme et à
l'exactitude ae. la grstion financière. Elle a
surtout reconnu l'utilité du contrôle central
institué au ministère des finances, pour
constater, contra dictoirement , avec les agen3,
chargés de l'encaissement et des paiemens, la
régularitédes opérationsjournalières. Pas un
fait ne peut être accompli' au chef-lieu des fi- '
nances, sans que, par lacontradiction ducon-
trôle^la-régulàriten'en ait été- constatée.,Les,
procédés employés pour çe contrôle présen
tent un enchaînement méthodique,simple et
rationel. On se fera une idée de l'importance
et de./l'étendue de ce travail, quand on
saura que les opérations ont porté, eh
1851, sur 3,103 000,000, dont 1,514,000,000
en recettes, et 1,589,000,000«n paiemens. Et
cependant telle est la rapidité et là sûreté de
la méthode suivie, que tous les états, borde
reaux et relevés partiels sont résumés à la
fin de chaque jour dans une feuille remise
entré les mains du ministre des finances, -
pour constater la situation journalière de la
caissè.
. Nous insistons d'autant plus sur les cen-v
clusions de cette commission qu'elles ont
une plus grande importance* sous Je nou
veau régime constitutionnel. On voit que-
les garanties données, aux contribuables n'ont
pas diminué. Vérification-des écritures cen
trales de la conïfrtabilité générale des finances
et comparaison de leursrésultatsavecceuxdes
comptes publiés par les râiaistres ; examen
des comptes tant eû argent qu'en matières ;
arrêté, à la fin de chaque annee, de la balance .
générale du grand-livre de l'administration
des finances': telles sont les précautions pri
ses pour assurer l'em ploi régulier des deniers
publics. ' J. B urat.
Le gouvernement anglais vient de .publier
un document intéressant : c'est le rapport
des directeurs des prisons de l'Etat. Ces pri
sons sont des établissemens,tout nouveaux
«t qui fonctionnent depuis qu'elqûes années
à peine. Il n'existait auparavant en Angle
terre que des maisons d'arrêt administrées
et entretenues par les comtés, et ouïes pré
venus étaient déposés jusqu'au jour dî leur,
jugement. Après l'arrêt (rendu, ils étaient
mis en liberté ou transportés dans telle ou
telle colonie pénale , suivant la nature de
&S5Sm®3g&ig*
FEUIILETOK, eu COKSTiTUTlQKSEl, 27 flOOT.
HSVUE "MUSICALE.
opéïia. Débuts do m lie La grua dans Rahert-k-Dia-
iile.— opéra-comique. L*es Deux Jajiel; paroles de
M. da Wfin'ard, .musique di M. JuslinCadaux. —
Concours du Conscrvaloiri. ^ SI" 10 Sontag a Bado.
MHo .vEm .nay dç LaGrua a tout ce qu'il faut -
pour bien jouer le rôle d'Alice: la taille éle
vée et, souple, les yeux noirs, la figure ex-
pre-sive et dramatique, la voix belle, émou
vante, énergique dans le registre aigu,, déjà
fortifiée dans le médium, suffisante dans les,
not-.s gravés,. M lie La G rua rappelle par les
traits, par la chaleur et l'animation de son
jeu, celte pauvre Falçonque nous àvons tant
regrettée". Lu jeune artiste a étudié et com
posé son iôle avec un soiri et un^ délicatesse
extrême, * t, malg-ré l'agitation et les alaraws,-.'
d'un début, elle s'-, st souvenue, à poiut nom-
mé ) des l'gaes Jf : s plus «aillantes, qu'elle.s'é 1 - "
tait tracéts d'avance, et avec beaucoup de
justose, de ce beau vypé inspiré de jeune
lîlle, géuié du'bien, ange tutélaire, accom-
-plissant prè3 de Itobert une mission divine,
comme la vierge de Vaucouleurs. J'ai enten
du faire un reproche à Mlle La Gruâ de ce
qu'elle aurait donné trop de force et de relief
à cette figure-d'Alice en lui ôtant peut-être
dé si naïveté et de sa douceur ; mais il ne
faut pas oublier qu'Alice n'est pas une jeune
filieordinairc-, une pauvre et timide paysanne;
elle' entreprend un long voyage à travers
mille dangers, elle vient de Normandie en
■Sicile, avec l'aide et l'assistance manifeste de
Dieu, pou r 1 u tlei vlctc ricuseiner-1 avec l'rspri t
du mal et le replonger dans i'abj me. C'est ce
côté surnaturel mystique du rôle que Mlle
La Grua a bit n saisi et rendu avec bonheur.
Dans toutle troi.-icme r:cie,,(l!é a été drama
tique et touchante; elle a eu des mom
dissemens; car, à l'Opéra,-on n'apphudit
qu'aux endroits marqués, et l'on est lofit
dérouté lorsqù'un artiste, s'écartaRt des che
mins battus, trouve _un effet nouveau. Au
cinquième acte, délivrée de toute crainte ,
Mlle La Grua a montré ce qu'elle sera dans
Lout le rôle aux représentations suivantes ;
c'C;t à-dire : la meiiieure Alice que nous
ayons eue depuis.Mines Doius et Faucon.
Gueymard a d.? fort beaux passages dans le
rôle de'Robert. Pour tout ce qui exige de l'é
clat, de la vigueur et du retentissement, il
n'a pas son pareil; il a dit magnifiquement
la célèbre phrase -. Des chevaliers de ma pa
trie-, il a transporté le public. Mais il y a
dans son chan! des'inégalités et des lacunes
qu'un travail assidu fera disparaître; îl passe
a\ec trop d'effort',, sans gradation et sans
nuances, de la voix de poitrine à la voix de
tête; il n'a point d'agilité; c'est là fou côté
faible; c'est là-qu'il doit porter tous ses soins
et toute son application.
Mgrie Labordea été 1res Ifrillantc et très
applaudie dans le rôle d'Isabelle. Dépa-sio
devrait bien se contenter •de' la voix que le
ciel lui a donnée : elle est asstz belle, assr,z
profonde, assez sonore, sans qu'il cherche
inutilement, par un. excès regrettable, à
descendre plus bas qu'il ne'peut. Quelle
gloire y ai-t-il pour l'arliste-et quel agré-
|. ment pour le publiç dans ces. sons eav< r-
neux? Il faut laisser cela aux ventriloques.
,Dépassio a des cho>es excellentes dans le rôle •
de Bertram, et c'est pitié «Je,le voijr s'égarer, :
farce que des gais d'un goût douteux l'ap- '
prouvent précisément où ils devraient le
blâmer.; -, - , , ■
—MM.P'ariardetCaiaux fanent le nombre ,
paii'. lis ont fait les ±)e>ix < Gtii'.ilshonimïs, i's
font es Iknx JaJtet, ils feront les Deux Jabot,-
si jamais les perroquets leur tombm so..;s
la main. -Ils aimènt à faire marcher les gens
de compagnie,- peut-on leur en vouloir? Les
deux Jaket de MM. Planard èt Cadaux sont
marins de leur état. Un jour, les voilà partis
pour la guerre,.laissant là leurs fiancées tout
en pleurs, la fraîche Lucyet la jolie Margue
rite. Marguerite et Lucy attendent trois ans
le retour des deux Jaket; mais c.omme enfin
tout doit avoir un terme, Lucy, lasse d'atten- ^
dre, épouse uç bmve et d ; gne, garçon, nommé
Pii:nana_, la perle des-maris. Marguerite est
plus constante; -d'abord ello aimait-plus
tendrement soa Jaket à elle; ensuite le mari
qu'on lui propose est fort vieux, fort laid,
fort bavard et fort méchant. C'est un liquo- '
riste de la pire espèce, qui jdébite autant de
mauvais propos que -d'eau-de-vie frelatée."
.S'il ne comptait que sur ses qualités person-^
nclles, le vieux drôle triompherait malai
sément de la répulsion qu'il inspire à Mar
guerite, Mais la mort lui yient en aide, et
l'or apprend que Jaket^P*, d'héroïque mé
moire, a été emporté par unljouiet de trente-
six. Cet événement déplorable, -dont les
journaux du temps ont parlé, modifie les
idées de Marguerite touchant le Mariage.
Après avoir pleuré convenablement le dé
funt, elle se décide à.épouser, moitié raisin,
moitié figue, le vieux marchand de fruits
confits. Oc, voici la fia de l'histoire : Ce fa'est
point Jaket I" qui est mort, c'est Jaket II, et
la gazstte, par une erreur excusable, a con
fondu ces deux personnages; Le jaket de
Lucy a succombé, mais le Jaliet de Mar-,
guerite, se porte comme un carme, et afin
que nul n'en ignore, il revient &u pays dé
guisé en herboriste, un gros recueiPde sim
ples sous lé bras,- et une .belle paire de
lunettes vertes sur le,nez. Il s'introduit chez
les époux Plimaimà lafaveur décès lunettes.
Mais il ne les garde pas long-temps, ni sa
perruque non plus,;ni sa houppélande, et il
se transforme, à la nuit, tombante, en un
jeune et beau matelot qui parle de fort près
à Mme Pliinann, de si pr ès, ma foi ! qu'il iui
applique un bon baiser sur la joue. L'infor
tuné mari, qui a tout vu par le trou de j a
serrure, croit que son malheur est complet;
mais il prend fort bien la chose. C'est une
façon de Jacques, l'époux rêvé par Mme Sand,
qui se ferait sauter la cervelle plutôt que de
gêner les amours de sa moitié. Heureuse
ment le quiproquo s'explique avant que le
bon Plimann soit forcé d'eij venir à celte ex
trémité conjugale. Marguerite épouse son
Jaket, et Lu<-y corrige son mari d'un premier
accès d^ jalcusie par une petite parabole
qu'elle récite à la fin de la pièce en guise de
moralité.. ■
: La musique de .ee petit acte est vive, aler
te, spirituelle. Il y a surtout, dès la premiè
re scène, ua char.iyari-qui a fait, mes délices.
J'en entends souvent des charivaris, mais
celui-là est fait exprès. De jolis couplets, une
chanson de table, un diio, une romance gra
cieuse et touchante, en voilà assez pour,
assurer là réussite de eet agréable lever-de-
rideau. ,'»••• '
Ricquier joue fort plaisamment le person
nage d'un liquoriste sceptique à l'endroit de
la fidélité du beau séxe, et persuadé que
tous les maris font partie de la même con
frérie. Ses traits ne sont pas neufs, mais ils
portent toujours. Voiilez-vous amuser tout '
le monde, les garçons; les fèmmes, les ma
ris tout les pj emiers ? visez à la. tête.
. « v * * • \
■ Mais, dira-1- n'est-il en nulles guises
D'heureux a. inage.? Après "mûr examen.
J'appelle un bon, voire un parfait hymen,
Quand les conjoints se souffrent leurs -sottises..
. » • ' t .
Un parfait hymen, selon moi, est celui de
M. èt Mme, Piimann, représentés très au -
naturel par M. et Mme Meillet. Après une-.
brouille innocente et passagère, les deux
époux se réconcilient, se rapprochent, s'em- ■
brassent dè tout leur cœur. Le npari a ,
une belle voix de-baryton, la femme a*
un joli soprano ; ils chantent bien, ils
jouent bien, ils se font mille * caresses.
Le mari donne un baiser, là femme en rend'
deux., -r- Est-ce bien ainsi? -»■ Non, c'est
mieux comme ça. Et le parterre de'rire, ,
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