Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-08-18
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 18 août 1852 18 août 1852
Description : 1852/08/18 (Numéro 231). 1852/08/18 (Numéro 231).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUMÉRO 25t.
_ »UXDB L'ABeamstuinr
pàhis f S y. paû TKisasrai.
DÉPARTÈMES'S; 18 ï. ~
01» kuméro : îo ckntmmé . ,
' pocs'xn patï «tkaitaln», m reporter
àa tsDleaa qui sera publié dan* le !ouro»t;
les lo «t is da chaque moit.
Lu abonnement datent des 1« et i6
de chaque mois.
MWŒlMJkWSi : rue de M r aï«ia ;B*»lats«Sfc©ye.I)," n* tO.j
1&52 .—MERCREDI 18 AOUT.
S'adresser, franco, pour la rédactiàn, à M. CuçHïViirCiAaii
, ... Les articles déposés ne «ont pas rendus
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
' M ektfi I On s'abonw., dans)es âêparteimns, aux Messageries et auxDirections de poste —A Londres, chez MM. CowlS et ms î. I » S'adres,
| • ' ; — A Strasbourg-, chez M. A lexandre, pour l'Allemagne;: , •■■■... ;. I JLes annoncesstatre
S'adresser, franco? p Snae as bureau dît iownai ; et ohex Ù~. PAMS, règiieçur, 19, glao» ds lî Hoxasa
PARIS, 17 AOUT.
—
f - Nous parlions, il y a quelques jours, des
progrèsremarquables que l'institution de la
' caisse des retraites pour la veillesse avait
faits dans ceé* derniers mois. Le rapport,
adressé par M. le directeur général de
la caisse des dépôts et consignations à
la commission de surveillance, nous per
met aujourd'hui de citer des chiffres précis.,
C'est un document qui renferme des rensei-'
gnemens très utiles au point de vue philan*
trojiiqiie aussi bien qu'au point de vue fi
nancier. .. '.
' te rapport de M. le directeur général
commence par nous éclairer sur un fait
ttout on s'était déjà entretenu dans le pu
blic; mais sans en connaîire les détails.
Il s'agit des aclvits de rentes opérés, au mo
ment de la conversion du 5 0/0, pour le
compte de la caisse des retraites. Ces achats
se sont élevés, à une somme de 9,438,278 fr,
de rentes acquises par anticipation.
M. le directeur général expose les motifs
qui l'onldéterminé à faire cette opération. La
caisse des-retraites prenait une extension
considérable, lersqu'intervint le décret qui
ordonna la conversion du 5 0/0. Or, cette mu-
sure dïïvaitiaû-Utr dedeux mani ères sur l'iiis-
. titution. D'une part, les versemens allaient
recevoir nue nouvelle , impulsion , puis
que les tarifs de la caisse, calculés à l'inté-
rct de 5 0/0, offraient aux petits capitaux
un intérêt supérieur à celui de la dette con
vertie. D'autre part, la caisse allait se trouvé r
dans cette position:que, si le nouveau-W/2
était coté au-dessus du pair, ce qui était
probable, elle serait obligée, pour employer
ses fonds, d'acheter du 3 0/0 à 70 fr. et-au-
dessus, qui ne lui donnerait qu'un peu pifs
de 4 0/0, tandis qu'elle accordait S 0/0 aijx
'déposàns. On songea, dans cet état de cho
ses, à profiter de l'abaissament momèntané
des cours qui. suivit la conversion, pour
acheter une réserve de rentes en vue des
versemens qui viendraient â la caisse des re
traites. C'était rendre un double service au
trésor, d'abord en soutenant la rente au
moyen de ces achats, et ensuite en assurant
à là caisse un.emploi, prématuré, il est vrai,
mais avantageux, dés fonds qu'elle devait re
cevoir. . . « ' -.-.i.
^ Telles sont les'considérations, qui décidè
rent M. le minisîre.des finances à autoriser
TacîlaV, par auticipatiorf, de rentes S 0/0
jusqu'à concurrence d'un capital de 10 mil-
lions, pour être'affectés aux versemens pro
bables .de la* caisse; des retraites pendant
l'année 4852. Il est certain que l'expérience
a pleinement justifié cette combinaison. Les
. versemens ont répondu aux évaluations : sur
les 9,438,278 fr. de rentes qui ont clé
achetas par la caisse, et qui forment une.
réserve d'où elle relire, jour par jour, .une
valeur égale à celle des fonds déposé.*," il
ne restait plus, le 30 juin dernier, que
•2.523,201 fr.,qui seront certa : n;ment absor
bés par les versemens ultérieurs, avant la fin
:de l'année, Voici maintenant ce que le tié-ory
a gagné : Les 0,438,278 fr. de 5 0/0, conver
tis ensuite en 4 1/2, out été achetés amcours
' moyen de 99 78. Si la caisse n'avait pas fait
cette opération, le 4 1/2 0,0 s'étant presque
constamment maintenu au-dessus du pair,
«lie eût été obligée d'acheter du 3 0/0,
.qu'elle .eût payé 73 fr. en moyenne, ce qui
lui eût coûté 900,000 fr. de plus, et ce qui
lui donnerait 37,000 fr. dtf rentes de moins.
Ainsi, la caisse a fait un beau bénéfice, en
même temps qu'elle est venue fort à propos
en aide à un marché encombré, et. qu'elle a
contribué au succès de la conversion.
. La caisse des retraites a encore concouru
d'une autre manière à la réussite de cette
mesure, si importante pour la fortune pu.-
blique. On n'a pas oublié qu'un décret du .18
mars donna aux rentiers la faculté d'échan
ger leurs inscriptions de 5 0/0 contre des
titres de rente viagère, avec ou sans réserve
.du capital, jusqu'au maximum légal de
600.fr;, en transférant leurs titres au pair à
la caisse des retraites pour là vieillesse. Il a
été ainsi transféré à la caisse un capital de
10,016,000 fr., sur lequel 911,000 fr. n'ont
pas encore été régularisés par suite des dé
lais apportes" aux déclarations et aux justi
fications nécessaires. '
. O q voit-, d'après cela, que la caisse des re
traites a retiré du.marché général, au mo
ment de la conversion, soit par des achats
anticipés, soit par voie de transports directs,
environ 20 millions, représentant près d'un
. million de rentes. l -
Les faits que nous venons de signaler, en
montraut le rôle que la caisse des retraites a
joué dans l'affaire de la conversion des ren
tes, peuvent déjà faire pressentir le rapide
développement de l'institution pendant ces
derniers temps. En effet, lès versemens, qui
n 'étaient que de 1,212.459 fr. au 31 décem
bre 1851 . s'élevaient, le 30 juin de cette an
née, à 17,368.911 fr., et, par conséquent,
avaient angtnemé de plus de 16 millions ien
six mois. S.ur cette somme, 8,675,278 fr.
proviennent de rentes transférées conformé
ment au décret du 18 mars, et 8,695^632 fr,;
de; dépôts en numéraire.! Il l'augmentation est due, pur moitié, aux
transferts de rentes qui ont été' occasionés
par l'opération de la conversion.
L'intervention des capitaux de rentes
transférées a, d'ailleurs, changé les divers
rapports numériques qui avaient été cons
tatai la tin de lisol. Lés versefQE-h's' "s'élë*-
vent àl8,704, dont 7,022 appartiennent aux
déparfemens et 11,682 à Paris. La moyen-,
ne des versemens s'est élevée de 187 fr.
à 928 fr. Les versemens ,à capital réservé,
qui ne formaient que 15 0/0 de la somme
tôtale, des dépôts., entrent actuellement
dans la. proportion de 56 0/0. Le capital
moyen inscrit à chaque compte individuel,
se trouve porté de 223 fr; à 1,349 fr. Nous
rapportons ces chiffres, mais en r.ippelant
qu'ils, ne peuvent servir de base à «aucun
raisonnement, puisque ces modifications ne
sont dues qu'à uEe cause accidentelle. ,
Onremarqueque les dé'partemensdans iesr
quels les verse mens ont été lés plus nom
breux, sont ceux où de grandes compagnies
industrielles se sont mises à la tête du mou
vement, Ainsi la compagnie des salines de
Dieuze dauslaMeurthe, la caisse des retraites
des ouvriers eli soie dans le Rhôie, la caisse
des secours mutuels d Orléans, la société d'en'
couragement à l'épargne de Mulhouse,' etc.,
représentent un personnel considérable. Sur
les 11,682 versera* n> effectués à Paris, on dis
tingue ceux des compagnies des chemins,de
fer d'Orléabs et de Rouen aii profit de leurs
emplojés elouvi iers, de l'sssociation des gir-
çons de wrettes, des agens du service des om -
nibus , du directeur de la capsulerie de
guerre,.et de dirers industriels et comtner-
çans. Tout annonce, dit le rappor t. que les
versemens collectifs acquerront une impor
tance-croissante, soit par la participation des
diverses comp;iguii s d ; chemins de fer, soit
par la nouvelle organisation des sociétés de
secours mutuels.
Il résulte du. bilan de la caisse,que la som
me de 17,393.000 fr., comprenant la pres
que totalité des recettes, est représentée en
rentesqui produisent un intérêt moyeu de
4.52 0/0. Nous avons vu que ce résultat avan
tageux provient principalement : des achats
effectués par anticipation. L'intérêl..des pla-
.cemens' futurs diminuera évideaiment par
suite de la hausse progressive' dù crédit
publie. De là la nécessité de réduire le taux
de l'intérêt de 5 0/0, qui sert de base aux ta
rifs actuels, et qui n'a été garauti que jus
qu'au l or janvier prochain. M. le directeur de
là caisse des d'-pôts et consignations appelle
l'attention sur cette question,que nous avons
traitée récemment. Il fait, eu outre, espérer
que la révision des tarifs fournira l'occasion
de profiter de l'expérience acquise pour
améliorer et simplifier le mécanisme de l'ins
titution. J. B urat.
.faire, a transmis directement au cabinet an
glais des propositions de transaction qui ont
été jugées avantageuses aux deux pa'ys. M.
Thomas Baring,qui est parti pour -les. Etatsr
Unis, après avoir eu plusieurs entretiens
avec lord Derby> aurait donc pour mission
de conclure et non de préparer un arrange
ment. Il paraît que le gouvernement améri
cain offre aux pêcheurs des colonies anglaises
certaines facililés>sur ses côtes américaines,
en échange de facilités .équivalentes qui se
raient accordées à ses nationaux sur les cô
tes de Terre-Neuve et de Labrador.
Le secrétaire de la rédaction, i. b OS iface.
j ., t.i ■—BBB— . . —'
Nous recevons de Lisbonne des renseigne-
mens foit importans, ayant trait à,une con
vention qui-serait à li veille d'être conclue
entre les gouvernemens français, espagnol
et portugais, pour la construction d'un che
min de fer.
Il s'agirait de relier par une'voiè ferrée
les trois capitales de France, d'Espagne et de
Portugal: A cet effet, chaque administration
s'engagerait à favoriser la création de
compagnies financières, centralisant les
fonds nécessaires à l'exécution de cette
privée 1 exécution des arrangemens que
la convention aurait stipulés, et donnerait,
par ce fait, un caractère vraiment sérieux et
en quelque sorte officiel, à l'exécution de
cette ligne internationale.
Le chemin de fer relierait d'une part Paris
et Madrid, et de cette capitale se dirigerait
sur Lisbonne. Nous devons l'aire remarquer'
que déjà le gouvernement espagnol, a, en
quelque sorte, devancé l'exécution de cette
convention, en concédant et en exécutant
lui-mê ï.e la section du chemin de fer de
Madrid à la Bidassoa.
En ce qui concerne la France, il reste,
pour entrer dans les conditions du projet,
à autoriser 'l'exécution du chemin de fer de
Bordeaux à Bayonne, qui est déjà, dit-on,
l'objet de plusieurs demandes en concession.
l. b0nifa.ce.
Les journaux ministériels d'Angleterre
annoncent déjà que le démêlé survenu entré
la Grande-Bretagne et le s Etats Unis au sujet
des'pêchericsesfentréen-voied'arraugement.
Il paraît que le gouvernement américain,
désapprouvant la tournure hostib que M.
Webster voulait faire prendre à cette af-
-, ' Ij. ... - -. ,
Lorsqu'il a été question de concéder le
chemin de fer de Bordeaux à Cette, nous
avons exprimé lé regret que les efforts de
mandés à l'industrie privéô et les sacrifices
demandés au trésor ne fussent pas portés dé
preférencesur la ligne de Bordeaux à Bayonne,
prolongement nécessaire de la ligne dé Paris
a Bordeaux, alin de relier, le plus prompte-
îiuuit possible les capitales' de la Franco et
de l'Espagne. Nos appréhensions se trouvtnt
aujourd'hui confirmées et nos regels ac
crus" par les -nouvelles qui nous arrivent
d'Angleterre. La création du chemin de fer
espagnol qui aboutit à Santander, au fond
du golfe de Biscaye, a fait naître oh t des ?pé-
cul;:tturs anglais l'idée d'établir un service
de p;:qiKri)Oti.-ejitre -l'Augif terre-et' l'Espa- -
fine. Ou remarquera que Madrid, S intandVr,
Soulliamptoa et Londres se^ trouvent pres-
quesur une même ligne droite, en sorte
qu'il eft impossible d'imaginer un trajet
plus direct. Da grands bateaux,à vapeur à
hélice des. erviront régulièrement Santanier
' t Southampion, etonpeurra,en trois jourg;
se re ndre de. Londres à Madrid. D'ici à quel
ques mois, le voyageur parisien qui voudra
visiter la eapitalêde l'Espagne .aura, sous le
rapport de la célérité et de la commodité;
avantage à passer par''Londres plutôufue
p.ir Bordeaux: N'est-ce pas un exemple de
plus des ebangemens perpétuels que la
vapeur opère dans les relations d> s peu
ples ? Aujourd'hui la vdie la plus prompte
pour aller de Paris à Alexandrie , est
de passer par Trieste et nou p'ir Mirseille;
pour aller a Vienne, de passer par. Cologne'
et Berlin, et non par Besançon et Munich';
pour aller à Madrid, de païStr par Londres,
et non par Bordeaux et Bayonne.
Le secrétaire de la rédaction, l. bonif acb.
Un journal anglais, le Herald, publie, d'a
près si s correspondances de Malte, un récit
curieux de ce qui s'est passé à Tripoli le 1"
août, lorsque l'escadre française s'est pré
sentée devant cette ville et l'a menacée d'un
bombardement:
Les deux déserteurs françûs do.l'f.Tinée de l'Ai—
gériê, désavoués comme Français par lé consul.de
France, avaient reconnu l'autorilé et la supréma
tie de l'empire ottoman devant le nd^lis ou con
seil provincial j suivant l'usage, et ils.avaient servi
cinq mois comme soldats du sultan. L'ait d'eux; .
par ordre spéci.l reçu de Constantiiiople, touchait
12 dollars par mois, comme ch ; rurgien-vétérir
naire , et l'auirc recevait 8 doilars pour ferrer
les chevaux de là cavaieiie. Par l'instigation
des prêtres romnins , qui leur reprochaient d'a-
avoir renoncé ù leur ie ! igion, ces deux hommes
déferlèrent le service do ta Turquie ; ou les re
prit, et ils furent traités avec douceur-par les
autorités musulmanes. Au bout de trois semai-
rio?, "on les relâcha; ils témoignèrent le regret
'• de s'être laissé entraîner par les prêtres et d'avoir
réclamé la protection f railçaise. On leuf avait pro
mis de les envoyer à 'Rome, de les incorporer
dans l'armée frarçaise en les amnistiant de leur
> désertion en Algérie, s'ils; voulaient se- réclamer
du consul de France ils craignaient maintenant
d'être envoyés en France, et d'y être fusillés ou
incarcéré»»' 1 . < '>
La frégate française'2e Gomtr arriva devant Tri
poli le 22 juillet , au moment'où ces hommes de
mandaient la faveur de rester au service de la
Turquie. Le consul s'empressa de demander la
délivrance de pes -.deux hommes avant le. cou
cher du soleil. On connaît les négociations
qui eurent lieu alors: Le 28 juillet., une escadre
française, forte de six bàtimtns de ligne, une fré
gate à vapeur et deux ,corvettes, parut. On ne
saurait se faire une idée delà consternation gé
nérale. Tout lé monde cherchait un refuge abord
des navires dans la rade. . ;
L'eseadre prit position autour des murs de la
ville. Elle formait un cordon de la nature la plus
imposante ( farminy a cordon of ilie most impo-
sinfi nature). Dans l'après-midi, le consul de Fran
ce envoya so'n ultimatum, à savoir : que'si les hom-
mesn'étaient pas rendus le 29 aulever dù soleil à bord
d ; lalregate dé l'amiral de La Susse, on aurait re
cours à là Force' L,e 28, à six heures et demie du
soir, le consul de France adressa une circulaire à ses
collègues, annoriç int l'intention de recourirà la
fore*, le lendemain matin, et leur offrant un asile
ainsi qu'à leurs nationaux à "bord de l'escadre. Les
consuls d'Angleterre , d'Amérique et de Hcl-
lande } n'approuvant pas la conduite du consul
de France , ef regardant, comme'trop bref le
dildi accordé pour adopter des mesures de sécurité
'ét de protection pour leurs nationaux, ouvrent à
ce sujet une correspondance avec l'amiral et'le
consul. Pendant qu'ils s'occupaient de ce soin,
ils.fureut visités par les consuls d'Espagne,
d'Autriche, de Naples et.de Toscane j qui, très
intimidés, demandaient que les trois consuls
"d'Angleterre, d'Amérique et de Hollande se réu-
nisseni à eux pour se rendre auprès dus auto
rités et obtenir que les .hommes fussent livrés et
que la ville lût sauvée. A|irès quelques momens
le consul d'Amérique leur dit : a 3e conviens avec
vous que l'escadre française peut réduire cette
■ville en poudre en une demi-heure. Mais dus-
sé-je être sûr qu'elle envoyât la ville et tou
tes les ames qui s'y irouvent dans les plus
basses profondeurs de ' Peiifer, je ne conseille
rais pas au gouverneur de livrer. les hom
mes-. ce Les agens consulaires n'Insistèrent pas. Au
lever du 'soleil, le 2s), les hommes n'étaient
pas'rendus. Le consul tmena son paxiilon et il se
rendit à bord des navires avec sa famille et les
Français; A ce moment, un message fut envoyé
par le gouverneur aux consuls étrangers, les priant
de venir conférer au palais sur l'état des choses.
Les consuls s'y rendirent. Le mudir ouvrit la eon-
f.Tcince par un récit succinct des faits. Le pscha,
avant de serend eà Bengazi. apositivement*refu-é
l'extradition des deux hommes. Ces hommes ont
renoncé à la qualité de sujets français pour passer
' sons la domination ottomane, long-temps avant de
voir été réclamés par le consul ; main-tenant, ils
ne veulent pas être livrés ; au consul ; i's saut en
liberté daris les rues; ils auraient pu se rei.dne au
près du consul ou de l'escadre s'ils l'avaient vou
lu. En considération de ces faits, le gouvernement
•eaJt-U'èi-opposé à la reddition de ces hdmmrs. Le
mudir a ajouté que le délai donné pour leur déli
vrance à'bord étal' expiré, et que l'on s'a'tendait
"à une attaque'immédiate de i'escadre La ville est
tout-à-lait hors d'état de^edi.fendreeonire ces for 1
ces. et ( n cas d'attaque, sadestruclionestinévi table.
La population, en conséquence, a supplié le goU-_
verneur de livrer les hommes., pomme: seul
moyen d'éviter ces désastreuses conséquence?.
Le gouverneur a-terminé en disant : « Dans ces
■ circonstances, je vous demande votre avis. »
Les divers consuls ont opiné diil'éieminent. On ne
connaît pas positivement .leur opinion. Le con
sul de< Et its-Unis ( avi'c qui ceux d'Angleterre et
de'H'illandc qui ont marche de concert dans, cette
affaire ) s'est exprimé ainsi : « Il m'est impossi
ble, dans aj-'Cun cas , de' Conseiller de livrer de
foire un homme qui a adopté un pays pour
le sien, et qui a prêté serment de fidélité dans
ce pays Je mis entièrement n'avis qu'une attaque
aura lieu si les hommes ne sont pa-, livre» et que
la ville sera probablement démolie. Mais un
grand principe est impliqué dans cette affai
re , et c'est une question digne du-plus sé-
ri ux fxamfn , que cdle de savoir si le prin
cipe ne doit pas êtr.ï préféré à la villa. Pour
moi, où pour ma sûreté -personnelle, il m'a été
offert un asile à bord des navires de l'escadre;
mais je regarde comme un devoir de rester à mon
poste, et d'attendre tout ce qui pourra advenir.
D'autre part, les souffrances qui seront le lot
d'une population inoffensive, en cas de bombarde--
meut de la ville doivent être d'un grand poids au
près de ceux qui 'décideront la question. Tojten
nô pouvant pas assumer la responsabilité de
conseiller la délivrance ou ' la non délivrance
des hommes, dans toutes les circonstances, je n'en
gagerais les autorités, t-i elles se décident à les li
vrer, à ne le frtire que sous une protestation solen
nelle et par écrit, spécifiant les raisons qui les ont
■dt?terminées à . agir, et réservant nettement le
principe par elles maintenu dans le commencer
ment; elles a jouteraient que la ville étant hors d'é
tat d'être défendue contrôla force qui la menace,
les autorités ont cédéaux inspiralionsdel'humani
té.» Ce conseil a été adopte; les hommes ont été li
vrés sous protestations; les autorités ont déclaré cé.-
der à des forces supérieures, laissant la question de
droit à la solution desgouvernemensde Turquie et
France. L'amiral ayant réfusé de se'mêler d'autrés
différé ad s entre le consul et" le-.pacha, st donné au,
consul le.Gomer pour le transpfir]ei: r à,.Mparillon français n'a pas encore été rétabli à Tri-,
poli, et toutes les autres . questionsdemeurent;
dans le statu qwo. Le consul Pellissier est parti
pour Marseille. Cette question compliquée en est
restée là. - . , ....
Nous avons déjà dit comment les difficul-J
tés survenues entre les deux gouverneme'ns;
de Montetideo et du Brésil à l'occasion des'
derniers traités, avaient été aplanies par l'ha-,
bile conduite du cabinet de Rio. Quand les
résistances ont été vaincues j quand le prési
dent Giro a eu approuvé purement et sim
plement les. traités, lé négociateur brésilien'
a consenti à signer une clause additionnelle
qui modifie légèrement les, conyèntions du
12 v octobre en ce qui touche les limites des
deux Etats. ^ . ■ ; ■ -,
. Le différend était ainsi'terminé à l'amia^
ble entre les deux gouvernemens; mais aux
termes de la Cotistitulion de l'Etat oriental,
l«'s.traités acceptés par le pouvoir exécutif
devaient être eoumis à la sanction des. cham
bres législatives. Le sénat les a purement et
simplement approuvés. Mais au sein de la
chambre des représentans, où le parti blanco
est en forcej une vive opposition s'est mani
festée. La commission nommée pour.exami-
ner les traités a proposé leur adoption, mais
-elle a voulu qib son yole fût motivé par un
préambule aipsi conçu.: .. ; . .(
« Dans l'espérance de modifications uttér
d rieures qui mettront d'accord les stlpula-
» tions des traités du 12 octobre avec les vé-
» ritables intérêts de la République, a
Ce préambule a été adopté par 13 voix
contre 9. !
Entre le : sénat qui sanctionne les traités
purement et simplement^ et la chambré des
représentans qui- motive son vote, il faut
que la question se vide. Le préambule; con
sidéré comme amendement; sera soumis au
sénat; s'il l'adopte, tout'sera dit, ..le pou
voir législatif aura parlé s'il le rejette, lek
deux chambres devront se réunir en assem
blée générale, et l'amendement ne sera ad
mis que s'il réunit les deux tiers des voix.
Mais- quelle que soit ,1a décision du sénat
ou .de l'assemblée générale, les traités de
meurent approuvés par les deux chambres.
Le débatsur le préambule est purèmentinté
rieur et n'affecte pas la question internatio
nale. Du reste, l'opinion des gens bien infor
més à Montevideo était que le sénat ne se
déjugerait pas et que l'assemblée générale
rejetterait le préambule,
A Rio on s'était très peu inquiété de ce té
moignage de m iuvais vouloir du parti blan
co. L'habile et vigoureux gouvernement de
l'empereur, sûr de* sa force', et pour
laisser aux pouvoirs légaux de Montevi
deo pleine liberté d'agir, a continué l'é
vacuation de se? troupes, qui, au départ du
courrier; avaient entièrement quitté le ter
ritoire oriental. Urqùiza est en parfait ac
cord avec le cihiuei impérial, et il condamne
hautement les manœuvres au parti blanco,
dépositaire des haines d'Gribe.
, La fièvre jaune avait (-nlln disparu de Rio,
et les.allaijjes avaient pris-dans cette capitale;
uii développement, immense. Nous avons
déjà parlé d'un grand nombre d'entreprises
de chemins,de f<:r, de cinalissiion des riviè
res, de colonisation, qui s'organisaient avec
un-merveilleux succès. Les capitaux abon
dent à Rio, et les actions de ces compagnies
continuent à se coter à,'des cours élevés,
bien qu'il se forme chaque'jour de nouvelles
entreprises, et, dans le nombre, on cite liœu-
vre gigantesque de-la canaiisation du fleuve
des Amazones. > ,
i Le gouvernement e ncourage et seconde de
tous ses moyens, les grandes améliorations qui
se préparent. Mais sa sollicitude ne s'absorbe
pas uniquement dans la préoccupation des
intérêts matériels. Il s'est donné la glorieuse
tâche de supprimer la .traite, et,il vient de
demander aux chambres un crédit considé
rable, à l'elfet de faire construire de nou
veaux bateaux à vapeur qui rendront plus ef
ficace encore la surveillance exercée sur les
côtes. La commission de la chambre des dé
putés a proposé, à l'unanimité,-l'adoption de
ce projet. La courtoisie de lord Malmeêbury
qui retire enfin ses croiseurs des mers in—
térieures du Brésil, aura fourni au gouver
nement impérial l'occasiou de donner des
loyales intentions qui l'animent, un témoi
gnage que la dignité ne lui permettait pas
d'accorder aux provocations insultantes de
lord PaJmerston.
Le général en chef comte de Caxias -a.été
nommé marquis, et M. Carneiïo-Leao a été
créé vicomte de- Parana. Ces deux person
nages, par les négociations et par les ar
mes, ont le plus activement contribué à la
solution des affaires delà Plata, après toute
fois le ministre des affaires étrangères, M.'
P.mlino de Souza, qui a conduit toute l'a'f-
faire diplomfttiqtté^t militaire; L'iuvincible
modestie de M." Pauline s'èét refusée à toute
distinction. ; Coinmé.' , , ! cë: niinistre n'admpt
tias qu'il puisse être., spécialement récom
pensé tant qu'il,siège'dans, les conseils de
l'empereur-, et .comme iiL y itient» mer
veilleusement bien sa place j il est dési
rable, dans l'intérêt du Brésil et de sesborts
rapports avec le monde, que la récompense
due à son- dévoûment et à'ses succès soit
indéfiniment ajourné^. ' ' ^
Le secrétaire de la rédaction, L. bonifàcf..
La Suisse contient, dans son numéro du
15 apût, l'article suivant-: - . ?
« La. Nouvelle Gazette* de Prusse annonce quer
la Prusse ^envoyé'un ultimatum au conseil fédé-
ral;concernant'Neuchâtel, et menacé d'une ruptu
re pour le cas où l'ancien ordre des choses ne se
rait pas rétabli dans ce canton. ILsuffit de dii'e
que les extravagances de -ce journal viennent de
lui attirer un sérieux avertissement de la part du
gouvernement prussien. » '.
Plusieurs dépêches télégraphiques ont été adres
sées aux préfets par le ministre de l'intérieur dans
la journée d'hier pour les tenir au courant des
phases successives de la fête. - Un certain nombre
de ces dépêches nous reviennent aujourd hui pu*-
bliées par divers journaux des départemins. Lù
première est'datée du-15 à midi ; la dernière dù
l(i à une heure du matin. -
Le bal de Saint-Cloùd a été un des plug
beauxj des plus brillans et des plus animés
que l'on puisse voir. L'aflluence était énor?
me, et dans certains salons les. invités se
pressaient tellement, qu'on ne voyait plus
qu' une masse étincelante d'uniformes, de bro
deries et de diamans; Rien ne peut donner
l'idée du coup d'œil vraiment féerique qu'of
frait ce magnifique palais, une des plus belles
résidences de l'Europe, éclairé par les feus
d'innombrables bougies.. Plus d'une femme
éblouie et charmée a oublié son cayalier et
lé quadrille promis, pour contempler ce ra<-
vissant.sne,etacle. Les chefs-d'œuvre du pin
ceau italien, hollandais et espagnol sem
blaient : s'animer d'une vie surnaturelle, et
on eûtdit qu'ils"se (létachaient de leurs cadres
pour sç mêler, dans une ronde fanatique;
aux groupes rapidefe et haletans des 'valseurs.
Les admirables iapisseries"dës Gobelins,' d'a
près Rubens , .càresséès par des flots de lu
mière, rayonnaient d'une immortelle beau
té. On a remarqué dans le salon de Mars au
meuble d'une ingénieuse invention et d'un
goût charmant, qui forme un divan, une
table et une double jardinière surmontée
d'un candélabre à plusieurs' branches, eri
broozedoré. Tout au tour dé ce divan étaient
venues «s'asseoir.douze jeunes femçnes,, des
plus jolies, des plus fraîches, ;des' mieux
parées, qui ne sé connaissaient pas peut-être^
que le hasard av^it rapprochées, et qui se
trouvaient mery'eilleusçment assorties pour
représenter une corbeille de -fleurs vivan
tes.. L'orchestre,. dirigé par Dufresne, était
placé au fond de l'immense galerie d'A- 1
pollon ; mais les danseurs avaient beau
coup de peine à -faire une trouée dans
ces murailles' compactés et pressées
spectatpurs. U,a grand nombre d'unifo,r-,
tries étrangers, de costumes grecs, vajaques,
indiens, ajoulaieot à la variété et à l'éclat de
lafête. Le prince, suivi d'un nombreux cor.-
tige, a fait plusieurs fois le tour de& .salons ? ;
échangeant quelques mots pleins d'affabiii'^'
et de courloisie avec les pérsonnes présentée^
qui se trouvaient sur son passage. Un ore.hfs-
tre militaire, caché dans le jardin, éveillait
les échos du bois par d'harmonieuses'fan
fares. Au dehors, la- soirée était spJendide. ■
Vers minuit, le souper a été servi dans l'o
rangerie. Les dames seules ont pu y péné
trer d'abord; mais les cavaliers ont eu
bientôt leur .tour, dispensés, par cette
séparation imprévue des deux sexes, de
toute galanterie incommode et de tout ,
sacrifice. Le bal s'est prolongé fort tard dans
la nuit. A une heure et à trois heures du
matin, d'îuxconvois extraordinaires avaient,
été mis à la disposition des voyageurs
qui. étaient venus par le chemin de fer ou
q ui m'avaient pu rejoindre leur voi ture. Nous,.
faisions.nousTmême partie d'un de ces con-*
vois, remplis presque entièrement d'officiers
qui semblaient fort touchés de cette atten
tion gracieuse dont tout le monde a deviné
l'auteur. ■
L\E|E ANGLAISE.
-Les journaux - de l'Inde' continuent' de rendre
compte des opérations de l'armée anglaise dans
l'empire des-Birmans, dont no.us avons parlé som
mairement hier. Le général Godwin avait succes
sivement pris possession de llangoun, de Marta
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL, I8J10UT.
THÉÂTRES.
gymnase : Les Avocats , comédie-vaudeville en trois
actes, de MM. Dumanpir et Clairviile — gaitê: La
' Chambre rouge, drame en cinq actes, de M. Théo
dore Anne.— vaudeville : Le Bal de la Halle, vau
deville en un acte, de MM Clairviile et-Choler —
cirque : La Chatte blanche, féerie en vingt-deux
tableaux, de M. Cogniard.
Quel spectacle comparer à ce Paris em
brasé d'hier soir,.à la nuit étincelante, à ce
gigantesque combat des feux humains cçm-
. tre l'ombre céleste, et que dirais-jé de nés.
petits théâtres, qui contiennent quelques
centaines-de spectateurs, quand j ai vu
un million d'hommes,, par toutes les ar
tères de l'immense ville, courir aux. fu
sées? Il est deux heures du matin et le re
flux dure encore; sous lès pas de l'éternel
le fouie, le sol s'ébranle profondément; le
souffle des . poitrines monte à nous comme
-un ouragan. Allez donc faire part de vos co-
: médies nouvelles et de vos reflexions criti
ques à des gens qui ont encore Je bouquet
dans les yeux et le canon aux oreilles, à des,
fens-qufvienneirt de vivre dans des nuages
e ppudre,' qui ont absorbé à pleins pou
mons la fumée du salpêtre, qui se sont plon
gés avec délices dans un fracas plus épou
vantai le que celui de Marengo et de Trafal-
gar, qui ont vu le matin, de leurs yetix vu, une.
frégate, en pleius rivière, leur tirant aii nez par
toiîs tes sabords, ox qui, en sorfant d'*coin-
bat iiaval. sont allés contempkr'le pasâurei
du monf Saint Bernard, au milieu dés flam
mes de Bengale. Parlez leur des auteurs, ils
vous diront que l'auteur se homme Ruggie-
ri. Vive Ruggieri I Toute la gloire artistique,
dramatique et littéraire appartient aux arti
ficiers. Quel dommage qu'on n'ait pas pu les.
rappeler tous! tous 1 et qu'ils n'aient pas pu
reparaîtree« fe»x de lance, comme l'Empereur
lumineux qui s'est tout à coup dressé au
milieu des flammes ! Il y a aussi le sou
venir des mâts de.cocagne qui occupe
les imaginations vives ; avisez-vous de lutter
avec le simple dialogue et les couplets, cem-
tre la montimballe d'argent, et demandez à ces mes
sieurs qui grimpant si bien, de redescendre
jusqu'à la prose! .
Cependant-le Gymnase a joué une pièce
charmante; et quaud je dis charmante, ce
.n'est point assez; l'éloge set ait banal; le Gym
nase a joué une pièce très hardie, très forte',
très aristophanesque, presque une comédie;
en un mot , quelque chose dans le goût des
JS'uéis, moins la personnalité. Le titre est déjà
une grande hardiesse ; l'affiche dit les Avocats,
en toutes Mires. Il faut que les auteurs qui
ont osé faire cette pièce, et lui donner son
titre, aient autour de la poitrine ufi triple
parchemin— œs triplex car le courage du
premier navigateur n'était rien en compa
raison du leur. ^ '
On peut braver la médecine, au risque
d'une pleurésie; on ne brave pas le barreau
qui vous rattrape toujours. Voyez si Molière
lui-même s'est attaqué aux robes noires : à
peine touche-t-il les procureurs et les huis
siers en la personne cle M. Loyal ; mais dans
tout son i.épertoireil n'y a qu'un avoc^i dan^
saut, et ueî avocat chantant ; encore la plai
santerie ne tire pas à conséquence, à «tuse
du tou général delà pièce,qui est tout à fait
de bas comique, et dafis le style des farces.
Je uo suis pas moins surpris de la liberté :
qû'on a laissée à MiNL Dumanoir et Clair-'
ville, que de leur audace. S'il est vrai que
l'ancienne monarchie ait détendu les Avocats
qu'on vient d'autoriser, n'est-ce point une
preuve nouvelle que l'idée finit toujours
par l'emporter, et qu'elle a pour complices',
suivant les circonstances , ses adversaires
eux-mêmes? ainsi Louis XIV- fait jouer
Tartufe , qui rte serait pas permis aujour
d'hui ; et c'est de la cour que vint la comé
die de Beaumarchais. Après cela, nous n'a
vons ni Tartufe ni Figaro au Gymnase; je
n'entends pas comparer ,les. petites choses
aux grandes. La représentation clés Avocats ne
remuera pas le monde, mais j'y vois la preuve
consolante que les sujets de comédie ne sont
pas épuisés comme on le dit, et qu'il y a en
core de la ressource pour ceux auxquels il
reste de l'ohservation, de la franchise et de
l'esprit. Seulement je souhaite à nos deux
auteurs de n'avoir jamais de procès: les avo
cats, le cas échéant, prendraient leur revan-;
che.
Si l'on en croyait h s avocats; la toge et
le bonnet seraient respectables à l'égal des
choses les plus saintes; il faudrait se pros
terner devant ces insignes, et entrer dans
la salle des Pas-Perdus comme dans l'é
glise, en faisant le signe de la croix. Car en- :
fia qu'est-ce que l'avocat? L'avocat est le dé-
fenseurde la veuve et de l'orphelin 1 L'hom
me qui fait profession exclusive de défendre
la veuve et l'orphelin exerce un sacerdoce,
nul n'en, saurait disconvenir. Mais le mur
mitoyen se présente, et le métier commen
ce'; mais nous avons le pour et 1« contre -
que certains plaident indifféremment, et
la toge mérite moins de respects. C'est
bien assez peut-être qu'à l'abri de la to
ge, après avoir salué de la : toque et remis
sa toque sur sa tête; on ait le droit de tout
débiter en fausset, et d'assimiler, dans les
grands mouvemens oratoires, ses adversaires
au rebut de l'espèce humaine, parce qu'il se
trouve une borne un peu contestable entre
deux champs de blé. ,
A Thémis ne plaise que je veuille -faire aux
avocats un crime de leur éloquence, ou que
je prétende les accuser de manquer de con
science ! Us possèdent trop de conscience, au
•contraire; car ayant souvent perdu le dis
cernement et le jugement par l'étude et la
.pratique de leur art, ils sont presque tous
capables de défendre, avec la plus entière
bonne foi la cause qu'ils auraient attaquée
avec une bonne foi au moins égale, si
elle leur étdit venue de ce côté-ci plutôt
quô de celui-là. La seule chose qu'on puisse,
exiger d'un honorable avocat, c'est qu'il ne
plaide pas pour les deux parties dans la mê
me affaire. Autrement, le céièbre Cicéron
lui-même ne différait go ères de nos avo
cats, et l'on sait par l'histoire à quoi s'en
tenir sur Démqsthènes.
Prenons doue les types du barreau mo
derne. Racine a fait les Plaideurs-, il est bien
permis de faire, avec un peu plus dé réalis
me, ; les avocats. Les mœurs. et les carac
tères sont le domaine nit'irel du poète co-
mique.'N'a-t-oo pasmis les rois, les princes,
les seigneurs, les nobles, tes bourgeoisies
ouvriers, les hoin »"s d-: tout rang et do tou
te profs-ion en f cène'/.L'huissier qui veille
à la barre n'eu détendra pas les avocats..
Honni soit d'ailleurs qui mal y pensa; et tant
pis pour qui se reconnaît. — L'avocat irrésisti
ble, celui qui prodiguel'insulte,dontle talent
consiste à déshonorer sa partie adverse, dût
son propre client en être couvert de honte ;
l'avocat spécial des causes équivoques, des
procèsen séparation, homme charmant, d'un
talent délicieux, et bâtonnier de l'otdre au
besoin l'avocat qu'on prend, non pour ga
gner son procès, mais pour faire dire impu
nément quelqu'une de ces choses pour les
quelles on serait soi-même dix foisbàtonné ;
— l'avocat badin,dont sa- gaîté naturelle a fait
lesuccèsau,Palais, quïseraitqueue-rouge s'il
n'éuiit avocat, qui rit comme Odry avec les
gendarmes, pratique le calembour en cour
d'assises, et parvient toujours à dérider le
tribunal, grâce à ses impayables grimaces,
lorsque la parole ne suffit pas;—le'petit loustic
de première instance, — l'imposante ganache
de la cour d'appel, qui tousse avec solennité,
quiade gros yeux ronds,degrossourcilshéris-
sés, une voix de ebantre à laquelle il doit sa
réputation, et qui, du reste, n'apoint son pa
reil pour les vertus de famille ; car, malgré
son terrible organe, il se met tous les jours
à quatre pattes dans son cabinet, comme
Henri IV , et fait monter ses enfans à
cheval sur son dos;—l'avocat'galant, l'avocat
dameret; l'avocat timide ; et celui qui baisse
les yeux, et celui qui rougit comme une
jeune fille; et le crâne qui porte sa toque sur
le coin de l'oreille; et l'avocat sans causes qui
ne peut seulement pas se procurer un {petit
voleur;—l'avocat dandy, qui se fait inscrire
au tableau pour avoir un état dans le monde,
sur ses cartes de visites, et surtout pour sa
tisfaire une famille riche , qui croit qu'un
jeune homme échappe aux-dangers.avec un
diplôme!; toute la galerie, en un mot, appar
tient à nos Aristophane?, à la condition seu-
tement qu'en peignant les ridicules, on ne
.diffamera ni les personnes ni la profession.
Or, dans la pièce du Gymnase; toute la
personnalité consiste à faire voir les avocats
dans leur appareil et dans leur sanctuaire,
c'est-à-dire en robe et en pleine salle des Pas-
Perdus ; quant à la profession, elle est ho
norée etinearnéedansle plus noble,le plusdé- '•
sintéressé, le plussublime avocat qu'il y ait jii
mais eu, l'avocat Grandier, chevalier delà Lé-
gion-d'Honneur, puits de jurisprudence, lu
mière du barreau moderne, recours de l'inno
cence, appui des faibles et défenseur naturel
des opprimés. L'avocat Grandier est la gloire
de son ordre, l'ami des magistrats, le type de
la réunion des grands'talens et de la beauté
du caractère. Celui-là n'a ni l'esprit faussé
ni la conscience facile ; il jugeles causes avec
sincérité, et ne plaide que par conviction ; il
est avocat, et il a les procès en horreur,
surtout les procès scandaleux; il n'admet
les discussions judiciaires que pour les cas
de droit douteux ; il conseille toujours à ses
cliens de tratsiger, disant qu'une mauvaise
transae.tion'est préférable au meilleur procès
Quelle joie pour lui quand il termine les af
faires à ramiahleet réconcilie deux plaideurs!
Bref, Grandier met l'estime publique au-des
sus des "honoraires. Tel est Grandier, tel est -
l'avocat digne de sa profession I
Il y a trois autres avocats dans la piècfc :
un jeuue avocat sans causes, un avocat gri
vois, et un avocat malin. Survient un pro.ès
en séparation. La comédie est faite. L'intri
gue n'est plus ici que raccjsaoiro. les ca
ractères et leur développement, voi],-'; ]<>
fond. Dites-vous toujours qu»; si l'on se
passe des inventions ordinaires, des ro-
_ »UXDB L'ABeamstuinr
pàhis f S y. paû TKisasrai.
DÉPARTÈMES'S; 18 ï. ~
01» kuméro : îo ckntmmé . ,
' pocs'xn patï «tkaitaln», m reporter
àa tsDleaa qui sera publié dan* le !ouro»t;
les lo «t is da chaque moit.
Lu abonnement datent des 1« et i6
de chaque mois.
MWŒlMJkWSi : rue de M r aï«ia ;B*»lats«Sfc©ye.I)," n* tO.j
1&52 .—MERCREDI 18 AOUT.
S'adresser, franco, pour la rédactiàn, à M. CuçHïViirCiAaii
, ... Les articles déposés ne «ont pas rendus
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
' M ektfi I On s'abonw., dans)es âêparteimns, aux Messageries et auxDirections de poste —A Londres, chez MM. CowlS et ms î. I » S'adres,
| • ' ; — A Strasbourg-, chez M. A lexandre, pour l'Allemagne;: , •■■■... ;. I JLes annoncesstatre
S'adresser, franco? p
PARIS, 17 AOUT.
—
f - Nous parlions, il y a quelques jours, des
progrèsremarquables que l'institution de la
' caisse des retraites pour la veillesse avait
faits dans ceé* derniers mois. Le rapport,
adressé par M. le directeur général de
la caisse des dépôts et consignations à
la commission de surveillance, nous per
met aujourd'hui de citer des chiffres précis.,
C'est un document qui renferme des rensei-'
gnemens très utiles au point de vue philan*
trojiiqiie aussi bien qu'au point de vue fi
nancier. .. '.
' te rapport de M. le directeur général
commence par nous éclairer sur un fait
ttout on s'était déjà entretenu dans le pu
blic; mais sans en connaîire les détails.
Il s'agit des aclvits de rentes opérés, au mo
ment de la conversion du 5 0/0, pour le
compte de la caisse des retraites. Ces achats
se sont élevés, à une somme de 9,438,278 fr,
de rentes acquises par anticipation.
M. le directeur général expose les motifs
qui l'onldéterminé à faire cette opération. La
caisse des-retraites prenait une extension
considérable, lersqu'intervint le décret qui
ordonna la conversion du 5 0/0. Or, cette mu-
sure dïïvaitiaû-Utr dedeux mani ères sur l'iiis-
. titution. D'une part, les versemens allaient
recevoir nue nouvelle , impulsion , puis
que les tarifs de la caisse, calculés à l'inté-
rct de 5 0/0, offraient aux petits capitaux
un intérêt supérieur à celui de la dette con
vertie. D'autre part, la caisse allait se trouvé r
dans cette position:que, si le nouveau-W/2
était coté au-dessus du pair, ce qui était
probable, elle serait obligée, pour employer
ses fonds, d'acheter du 3 0/0 à 70 fr. et-au-
dessus, qui ne lui donnerait qu'un peu pifs
de 4 0/0, tandis qu'elle accordait S 0/0 aijx
'déposàns. On songea, dans cet état de cho
ses, à profiter de l'abaissament momèntané
des cours qui. suivit la conversion, pour
acheter une réserve de rentes en vue des
versemens qui viendraient â la caisse des re
traites. C'était rendre un double service au
trésor, d'abord en soutenant la rente au
moyen de ces achats, et ensuite en assurant
à là caisse un.emploi, prématuré, il est vrai,
mais avantageux, dés fonds qu'elle devait re
cevoir. . . « ' -.-.i.
^ Telles sont les'considérations, qui décidè
rent M. le minisîre.des finances à autoriser
TacîlaV, par auticipatiorf, de rentes S 0/0
jusqu'à concurrence d'un capital de 10 mil-
lions, pour être'affectés aux versemens pro
bables .de la* caisse; des retraites pendant
l'année 4852. Il est certain que l'expérience
a pleinement justifié cette combinaison. Les
. versemens ont répondu aux évaluations : sur
les 9,438,278 fr. de rentes qui ont clé
achetas par la caisse, et qui forment une.
réserve d'où elle relire, jour par jour, .une
valeur égale à celle des fonds déposé.*," il
ne restait plus, le 30 juin dernier, que
•2.523,201 fr.,qui seront certa : n;ment absor
bés par les versemens ultérieurs, avant la fin
:de l'année, Voici maintenant ce que le tié-ory
a gagné : Les 0,438,278 fr. de 5 0/0, conver
tis ensuite en 4 1/2, out été achetés amcours
' moyen de 99 78. Si la caisse n'avait pas fait
cette opération, le 4 1/2 0,0 s'étant presque
constamment maintenu au-dessus du pair,
«lie eût été obligée d'acheter du 3 0/0,
.qu'elle .eût payé 73 fr. en moyenne, ce qui
lui eût coûté 900,000 fr. de plus, et ce qui
lui donnerait 37,000 fr. dtf rentes de moins.
Ainsi, la caisse a fait un beau bénéfice, en
même temps qu'elle est venue fort à propos
en aide à un marché encombré, et. qu'elle a
contribué au succès de la conversion.
. La caisse des retraites a encore concouru
d'une autre manière à la réussite de cette
mesure, si importante pour la fortune pu.-
blique. On n'a pas oublié qu'un décret du .18
mars donna aux rentiers la faculté d'échan
ger leurs inscriptions de 5 0/0 contre des
titres de rente viagère, avec ou sans réserve
.du capital, jusqu'au maximum légal de
600.fr;, en transférant leurs titres au pair à
la caisse des retraites pour là vieillesse. Il a
été ainsi transféré à la caisse un capital de
10,016,000 fr., sur lequel 911,000 fr. n'ont
pas encore été régularisés par suite des dé
lais apportes" aux déclarations et aux justi
fications nécessaires. '
. O q voit-, d'après cela, que la caisse des re
traites a retiré du.marché général, au mo
ment de la conversion, soit par des achats
anticipés, soit par voie de transports directs,
environ 20 millions, représentant près d'un
. million de rentes. l -
Les faits que nous venons de signaler, en
montraut le rôle que la caisse des retraites a
joué dans l'affaire de la conversion des ren
tes, peuvent déjà faire pressentir le rapide
développement de l'institution pendant ces
derniers temps. En effet, lès versemens, qui
n 'étaient que de 1,212.459 fr. au 31 décem
bre 1851 . s'élevaient, le 30 juin de cette an
née, à 17,368.911 fr., et, par conséquent,
avaient angtnemé de plus de 16 millions ien
six mois. S.ur cette somme, 8,675,278 fr.
proviennent de rentes transférées conformé
ment au décret du 18 mars, et 8,695^632 fr,;
de; dépôts en numéraire.! Il l'augmentation est due, pur moitié, aux
transferts de rentes qui ont été' occasionés
par l'opération de la conversion.
L'intervention des capitaux de rentes
transférées a, d'ailleurs, changé les divers
rapports numériques qui avaient été cons
tatai la tin de lisol. Lés versefQE-h's' "s'élë*-
vent àl8,704, dont 7,022 appartiennent aux
déparfemens et 11,682 à Paris. La moyen-,
ne des versemens s'est élevée de 187 fr.
à 928 fr. Les versemens ,à capital réservé,
qui ne formaient que 15 0/0 de la somme
tôtale, des dépôts., entrent actuellement
dans la. proportion de 56 0/0. Le capital
moyen inscrit à chaque compte individuel,
se trouve porté de 223 fr; à 1,349 fr. Nous
rapportons ces chiffres, mais en r.ippelant
qu'ils, ne peuvent servir de base à «aucun
raisonnement, puisque ces modifications ne
sont dues qu'à uEe cause accidentelle. ,
Onremarqueque les dé'partemensdans iesr
quels les verse mens ont été lés plus nom
breux, sont ceux où de grandes compagnies
industrielles se sont mises à la tête du mou
vement, Ainsi la compagnie des salines de
Dieuze dauslaMeurthe, la caisse des retraites
des ouvriers eli soie dans le Rhôie, la caisse
des secours mutuels d Orléans, la société d'en'
couragement à l'épargne de Mulhouse,' etc.,
représentent un personnel considérable. Sur
les 11,682 versera* n> effectués à Paris, on dis
tingue ceux des compagnies des chemins,de
fer d'Orléabs et de Rouen aii profit de leurs
emplojés elouvi iers, de l'sssociation des gir-
çons de wrettes, des agens du service des om -
nibus , du directeur de la capsulerie de
guerre,.et de dirers industriels et comtner-
çans. Tout annonce, dit le rappor t. que les
versemens collectifs acquerront une impor
tance-croissante, soit par la participation des
diverses comp;iguii s d ; chemins de fer, soit
par la nouvelle organisation des sociétés de
secours mutuels.
Il résulte du. bilan de la caisse,que la som
me de 17,393.000 fr., comprenant la pres
que totalité des recettes, est représentée en
rentesqui produisent un intérêt moyeu de
4.52 0/0. Nous avons vu que ce résultat avan
tageux provient principalement : des achats
effectués par anticipation. L'intérêl..des pla-
.cemens' futurs diminuera évideaiment par
suite de la hausse progressive' dù crédit
publie. De là la nécessité de réduire le taux
de l'intérêt de 5 0/0, qui sert de base aux ta
rifs actuels, et qui n'a été garauti que jus
qu'au l or janvier prochain. M. le directeur de
là caisse des d'-pôts et consignations appelle
l'attention sur cette question,que nous avons
traitée récemment. Il fait, eu outre, espérer
que la révision des tarifs fournira l'occasion
de profiter de l'expérience acquise pour
améliorer et simplifier le mécanisme de l'ins
titution. J. B urat.
.faire, a transmis directement au cabinet an
glais des propositions de transaction qui ont
été jugées avantageuses aux deux pa'ys. M.
Thomas Baring,qui est parti pour -les. Etatsr
Unis, après avoir eu plusieurs entretiens
avec lord Derby> aurait donc pour mission
de conclure et non de préparer un arrange
ment. Il paraît que le gouvernement améri
cain offre aux pêcheurs des colonies anglaises
certaines facililés>sur ses côtes américaines,
en échange de facilités .équivalentes qui se
raient accordées à ses nationaux sur les cô
tes de Terre-Neuve et de Labrador.
Le secrétaire de la rédaction, i. b OS iface.
j ., t.i ■—BBB— . . —'
Nous recevons de Lisbonne des renseigne-
mens foit importans, ayant trait à,une con
vention qui-serait à li veille d'être conclue
entre les gouvernemens français, espagnol
et portugais, pour la construction d'un che
min de fer.
Il s'agirait de relier par une'voiè ferrée
les trois capitales de France, d'Espagne et de
Portugal: A cet effet, chaque administration
s'engagerait à favoriser la création de
compagnies financières, centralisant les
fonds nécessaires à l'exécution de cette
privée 1 exécution des arrangemens que
la convention aurait stipulés, et donnerait,
par ce fait, un caractère vraiment sérieux et
en quelque sorte officiel, à l'exécution de
cette ligne internationale.
Le chemin de fer relierait d'une part Paris
et Madrid, et de cette capitale se dirigerait
sur Lisbonne. Nous devons l'aire remarquer'
que déjà le gouvernement espagnol, a, en
quelque sorte, devancé l'exécution de cette
convention, en concédant et en exécutant
lui-mê ï.e la section du chemin de fer de
Madrid à la Bidassoa.
En ce qui concerne la France, il reste,
pour entrer dans les conditions du projet,
à autoriser 'l'exécution du chemin de fer de
Bordeaux à Bayonne, qui est déjà, dit-on,
l'objet de plusieurs demandes en concession.
l. b0nifa.ce.
Les journaux ministériels d'Angleterre
annoncent déjà que le démêlé survenu entré
la Grande-Bretagne et le s Etats Unis au sujet
des'pêchericsesfentréen-voied'arraugement.
Il paraît que le gouvernement américain,
désapprouvant la tournure hostib que M.
Webster voulait faire prendre à cette af-
-, ' Ij. ... - -. ,
Lorsqu'il a été question de concéder le
chemin de fer de Bordeaux à Cette, nous
avons exprimé lé regret que les efforts de
mandés à l'industrie privéô et les sacrifices
demandés au trésor ne fussent pas portés dé
preférencesur la ligne de Bordeaux à Bayonne,
prolongement nécessaire de la ligne dé Paris
a Bordeaux, alin de relier, le plus prompte-
îiuuit possible les capitales' de la Franco et
de l'Espagne. Nos appréhensions se trouvtnt
aujourd'hui confirmées et nos regels ac
crus" par les -nouvelles qui nous arrivent
d'Angleterre. La création du chemin de fer
espagnol qui aboutit à Santander, au fond
du golfe de Biscaye, a fait naître oh t des ?pé-
cul;:tturs anglais l'idée d'établir un service
de p;:qiKri)Oti.-ejitre -l'Augif terre-et' l'Espa- -
fine. Ou remarquera que Madrid, S intandVr,
Soulliamptoa et Londres se^ trouvent pres-
quesur une même ligne droite, en sorte
qu'il eft impossible d'imaginer un trajet
plus direct. Da grands bateaux,à vapeur à
hélice des. erviront régulièrement Santanier
' t Southampion, etonpeurra,en trois jourg;
se re ndre de. Londres à Madrid. D'ici à quel
ques mois, le voyageur parisien qui voudra
visiter la eapitalêde l'Espagne .aura, sous le
rapport de la célérité et de la commodité;
avantage à passer par''Londres plutôufue
p.ir Bordeaux: N'est-ce pas un exemple de
plus des ebangemens perpétuels que la
vapeur opère dans les relations d> s peu
ples ? Aujourd'hui la vdie la plus prompte
pour aller de Paris à Alexandrie , est
de passer par Trieste et nou p'ir Mirseille;
pour aller a Vienne, de passer par. Cologne'
et Berlin, et non par Besançon et Munich';
pour aller à Madrid, de païStr par Londres,
et non par Bordeaux et Bayonne.
Le secrétaire de la rédaction, l. bonif acb.
Un journal anglais, le Herald, publie, d'a
près si s correspondances de Malte, un récit
curieux de ce qui s'est passé à Tripoli le 1"
août, lorsque l'escadre française s'est pré
sentée devant cette ville et l'a menacée d'un
bombardement:
Les deux déserteurs françûs do.l'f.Tinée de l'Ai—
gériê, désavoués comme Français par lé consul.de
France, avaient reconnu l'autorilé et la supréma
tie de l'empire ottoman devant le nd^lis ou con
seil provincial j suivant l'usage, et ils.avaient servi
cinq mois comme soldats du sultan. L'ait d'eux; .
par ordre spéci.l reçu de Constantiiiople, touchait
12 dollars par mois, comme ch ; rurgien-vétérir
naire , et l'auirc recevait 8 doilars pour ferrer
les chevaux de là cavaieiie. Par l'instigation
des prêtres romnins , qui leur reprochaient d'a-
avoir renoncé ù leur ie ! igion, ces deux hommes
déferlèrent le service do ta Turquie ; ou les re
prit, et ils furent traités avec douceur-par les
autorités musulmanes. Au bout de trois semai-
rio?, "on les relâcha; ils témoignèrent le regret
'• de s'être laissé entraîner par les prêtres et d'avoir
réclamé la protection f railçaise. On leuf avait pro
mis de les envoyer à 'Rome, de les incorporer
dans l'armée frarçaise en les amnistiant de leur
> désertion en Algérie, s'ils; voulaient se- réclamer
du consul de France ils craignaient maintenant
d'être envoyés en France, et d'y être fusillés ou
incarcéré»»' 1 . < '>
La frégate française'2e Gomtr arriva devant Tri
poli le 22 juillet , au moment'où ces hommes de
mandaient la faveur de rester au service de la
Turquie. Le consul s'empressa de demander la
délivrance de pes -.deux hommes avant le. cou
cher du soleil. On connaît les négociations
qui eurent lieu alors: Le 28 juillet., une escadre
française, forte de six bàtimtns de ligne, une fré
gate à vapeur et deux ,corvettes, parut. On ne
saurait se faire une idée delà consternation gé
nérale. Tout lé monde cherchait un refuge abord
des navires dans la rade. . ;
L'eseadre prit position autour des murs de la
ville. Elle formait un cordon de la nature la plus
imposante ( farminy a cordon of ilie most impo-
sinfi nature). Dans l'après-midi, le consul de Fran
ce envoya so'n ultimatum, à savoir : que'si les hom-
mesn'étaient pas rendus le 29 aulever dù soleil à bord
d ; lalregate dé l'amiral de La Susse, on aurait re
cours à là Force' L,e 28, à six heures et demie du
soir, le consul de France adressa une circulaire à ses
collègues, annoriç int l'intention de recourirà la
fore*, le lendemain matin, et leur offrant un asile
ainsi qu'à leurs nationaux à "bord de l'escadre. Les
consuls d'Angleterre , d'Amérique et de Hcl-
lande } n'approuvant pas la conduite du consul
de France , ef regardant, comme'trop bref le
dildi accordé pour adopter des mesures de sécurité
'ét de protection pour leurs nationaux, ouvrent à
ce sujet une correspondance avec l'amiral et'le
consul. Pendant qu'ils s'occupaient de ce soin,
ils.fureut visités par les consuls d'Espagne,
d'Autriche, de Naples et.de Toscane j qui, très
intimidés, demandaient que les trois consuls
"d'Angleterre, d'Amérique et de Hollande se réu-
nisseni à eux pour se rendre auprès dus auto
rités et obtenir que les .hommes fussent livrés et
que la ville lût sauvée. A|irès quelques momens
le consul d'Amérique leur dit : a 3e conviens avec
vous que l'escadre française peut réduire cette
■ville en poudre en une demi-heure. Mais dus-
sé-je être sûr qu'elle envoyât la ville et tou
tes les ames qui s'y irouvent dans les plus
basses profondeurs de ' Peiifer, je ne conseille
rais pas au gouverneur de livrer. les hom
mes-. ce Les agens consulaires n'Insistèrent pas. Au
lever du 'soleil, le 2s), les hommes n'étaient
pas'rendus. Le consul tmena son paxiilon et il se
rendit à bord des navires avec sa famille et les
Français; A ce moment, un message fut envoyé
par le gouverneur aux consuls étrangers, les priant
de venir conférer au palais sur l'état des choses.
Les consuls s'y rendirent. Le mudir ouvrit la eon-
f.Tcince par un récit succinct des faits. Le pscha,
avant de serend eà Bengazi. apositivement*refu-é
l'extradition des deux hommes. Ces hommes ont
renoncé à la qualité de sujets français pour passer
' sons la domination ottomane, long-temps avant de
voir été réclamés par le consul ; main-tenant, ils
ne veulent pas être livrés ; au consul ; i's saut en
liberté daris les rues; ils auraient pu se rei.dne au
près du consul ou de l'escadre s'ils l'avaient vou
lu. En considération de ces faits, le gouvernement
•eaJt-U'èi-opposé à la reddition de ces hdmmrs. Le
mudir a ajouté que le délai donné pour leur déli
vrance à'bord étal' expiré, et que l'on s'a'tendait
"à une attaque'immédiate de i'escadre La ville est
tout-à-lait hors d'état de^edi.fendreeonire ces for 1
ces. et ( n cas d'attaque, sadestruclionestinévi table.
La population, en conséquence, a supplié le goU-_
verneur de livrer les hommes., pomme: seul
moyen d'éviter ces désastreuses conséquence?.
Le gouverneur a-terminé en disant : « Dans ces
■ circonstances, je vous demande votre avis. »
Les divers consuls ont opiné diil'éieminent. On ne
connaît pas positivement .leur opinion. Le con
sul de< Et its-Unis ( avi'c qui ceux d'Angleterre et
de'H'illandc qui ont marche de concert dans, cette
affaire ) s'est exprimé ainsi : « Il m'est impossi
ble, dans aj-'Cun cas , de' Conseiller de livrer de
foire un homme qui a adopté un pays pour
le sien, et qui a prêté serment de fidélité dans
ce pays Je mis entièrement n'avis qu'une attaque
aura lieu si les hommes ne sont pa-, livre» et que
la ville sera probablement démolie. Mais un
grand principe est impliqué dans cette affai
re , et c'est une question digne du-plus sé-
ri ux fxamfn , que cdle de savoir si le prin
cipe ne doit pas êtr.ï préféré à la villa. Pour
moi, où pour ma sûreté -personnelle, il m'a été
offert un asile à bord des navires de l'escadre;
mais je regarde comme un devoir de rester à mon
poste, et d'attendre tout ce qui pourra advenir.
D'autre part, les souffrances qui seront le lot
d'une population inoffensive, en cas de bombarde--
meut de la ville doivent être d'un grand poids au
près de ceux qui 'décideront la question. Tojten
nô pouvant pas assumer la responsabilité de
conseiller la délivrance ou ' la non délivrance
des hommes, dans toutes les circonstances, je n'en
gagerais les autorités, t-i elles se décident à les li
vrer, à ne le frtire que sous une protestation solen
nelle et par écrit, spécifiant les raisons qui les ont
■dt?terminées à . agir, et réservant nettement le
principe par elles maintenu dans le commencer
ment; elles a jouteraient que la ville étant hors d'é
tat d'être défendue contrôla force qui la menace,
les autorités ont cédéaux inspiralionsdel'humani
té.» Ce conseil a été adopte; les hommes ont été li
vrés sous protestations; les autorités ont déclaré cé.-
der à des forces supérieures, laissant la question de
droit à la solution desgouvernemensde Turquie et
France. L'amiral ayant réfusé de se'mêler d'autrés
différé ad s entre le consul et" le-.pacha, st donné au,
consul le.Gomer pour le transpfir]ei: r à,.M
poli, et toutes les autres . questionsdemeurent;
dans le statu qwo. Le consul Pellissier est parti
pour Marseille. Cette question compliquée en est
restée là. - . , ....
Nous avons déjà dit comment les difficul-J
tés survenues entre les deux gouverneme'ns;
de Montetideo et du Brésil à l'occasion des'
derniers traités, avaient été aplanies par l'ha-,
bile conduite du cabinet de Rio. Quand les
résistances ont été vaincues j quand le prési
dent Giro a eu approuvé purement et sim
plement les. traités, lé négociateur brésilien'
a consenti à signer une clause additionnelle
qui modifie légèrement les, conyèntions du
12 v octobre en ce qui touche les limites des
deux Etats. ^ . ■ ; ■ -,
. Le différend était ainsi'terminé à l'amia^
ble entre les deux gouvernemens; mais aux
termes de la Cotistitulion de l'Etat oriental,
l«'s.traités acceptés par le pouvoir exécutif
devaient être eoumis à la sanction des. cham
bres législatives. Le sénat les a purement et
simplement approuvés. Mais au sein de la
chambre des représentans, où le parti blanco
est en forcej une vive opposition s'est mani
festée. La commission nommée pour.exami-
ner les traités a proposé leur adoption, mais
-elle a voulu qib son yole fût motivé par un
préambule aipsi conçu.: .. ; . .(
« Dans l'espérance de modifications uttér
d rieures qui mettront d'accord les stlpula-
» tions des traités du 12 octobre avec les vé-
» ritables intérêts de la République, a
Ce préambule a été adopté par 13 voix
contre 9. !
Entre le : sénat qui sanctionne les traités
purement et simplement^ et la chambré des
représentans qui- motive son vote, il faut
que la question se vide. Le préambule; con
sidéré comme amendement; sera soumis au
sénat; s'il l'adopte, tout'sera dit, ..le pou
voir législatif aura parlé s'il le rejette, lek
deux chambres devront se réunir en assem
blée générale, et l'amendement ne sera ad
mis que s'il réunit les deux tiers des voix.
Mais- quelle que soit ,1a décision du sénat
ou .de l'assemblée générale, les traités de
meurent approuvés par les deux chambres.
Le débatsur le préambule est purèmentinté
rieur et n'affecte pas la question internatio
nale. Du reste, l'opinion des gens bien infor
més à Montevideo était que le sénat ne se
déjugerait pas et que l'assemblée générale
rejetterait le préambule,
A Rio on s'était très peu inquiété de ce té
moignage de m iuvais vouloir du parti blan
co. L'habile et vigoureux gouvernement de
l'empereur, sûr de* sa force', et pour
laisser aux pouvoirs légaux de Montevi
deo pleine liberté d'agir, a continué l'é
vacuation de se? troupes, qui, au départ du
courrier; avaient entièrement quitté le ter
ritoire oriental. Urqùiza est en parfait ac
cord avec le cihiuei impérial, et il condamne
hautement les manœuvres au parti blanco,
dépositaire des haines d'Gribe.
, La fièvre jaune avait (-nlln disparu de Rio,
et les.allaijjes avaient pris-dans cette capitale;
uii développement, immense. Nous avons
déjà parlé d'un grand nombre d'entreprises
de chemins,de f<:r, de cinalissiion des riviè
res, de colonisation, qui s'organisaient avec
un-merveilleux succès. Les capitaux abon
dent à Rio, et les actions de ces compagnies
continuent à se coter à,'des cours élevés,
bien qu'il se forme chaque'jour de nouvelles
entreprises, et, dans le nombre, on cite liœu-
vre gigantesque de-la canaiisation du fleuve
des Amazones. > ,
i Le gouvernement e ncourage et seconde de
tous ses moyens, les grandes améliorations qui
se préparent. Mais sa sollicitude ne s'absorbe
pas uniquement dans la préoccupation des
intérêts matériels. Il s'est donné la glorieuse
tâche de supprimer la .traite, et,il vient de
demander aux chambres un crédit considé
rable, à l'elfet de faire construire de nou
veaux bateaux à vapeur qui rendront plus ef
ficace encore la surveillance exercée sur les
côtes. La commission de la chambre des dé
putés a proposé, à l'unanimité,-l'adoption de
ce projet. La courtoisie de lord Malmeêbury
qui retire enfin ses croiseurs des mers in—
térieures du Brésil, aura fourni au gouver
nement impérial l'occasiou de donner des
loyales intentions qui l'animent, un témoi
gnage que la dignité ne lui permettait pas
d'accorder aux provocations insultantes de
lord PaJmerston.
Le général en chef comte de Caxias -a.été
nommé marquis, et M. Carneiïo-Leao a été
créé vicomte de- Parana. Ces deux person
nages, par les négociations et par les ar
mes, ont le plus activement contribué à la
solution des affaires delà Plata, après toute
fois le ministre des affaires étrangères, M.'
P.mlino de Souza, qui a conduit toute l'a'f-
faire diplomfttiqtté^t militaire; L'iuvincible
modestie de M." Pauline s'èét refusée à toute
distinction. ; Coinmé.' , , ! cë: niinistre n'admpt
tias qu'il puisse être., spécialement récom
pensé tant qu'il,siège'dans, les conseils de
l'empereur-, et .comme iiL y itient» mer
veilleusement bien sa place j il est dési
rable, dans l'intérêt du Brésil et de sesborts
rapports avec le monde, que la récompense
due à son- dévoûment et à'ses succès soit
indéfiniment ajourné^. ' ' ^
Le secrétaire de la rédaction, L. bonifàcf..
La Suisse contient, dans son numéro du
15 apût, l'article suivant-: - . ?
« La. Nouvelle Gazette* de Prusse annonce quer
la Prusse ^envoyé'un ultimatum au conseil fédé-
ral;concernant'Neuchâtel, et menacé d'une ruptu
re pour le cas où l'ancien ordre des choses ne se
rait pas rétabli dans ce canton. ILsuffit de dii'e
que les extravagances de -ce journal viennent de
lui attirer un sérieux avertissement de la part du
gouvernement prussien. » '.
Plusieurs dépêches télégraphiques ont été adres
sées aux préfets par le ministre de l'intérieur dans
la journée d'hier pour les tenir au courant des
phases successives de la fête. - Un certain nombre
de ces dépêches nous reviennent aujourd hui pu*-
bliées par divers journaux des départemins. Lù
première est'datée du-15 à midi ; la dernière dù
l(i à une heure du matin. -
Le bal de Saint-Cloùd a été un des plug
beauxj des plus brillans et des plus animés
que l'on puisse voir. L'aflluence était énor?
me, et dans certains salons les. invités se
pressaient tellement, qu'on ne voyait plus
qu' une masse étincelante d'uniformes, de bro
deries et de diamans; Rien ne peut donner
l'idée du coup d'œil vraiment féerique qu'of
frait ce magnifique palais, une des plus belles
résidences de l'Europe, éclairé par les feus
d'innombrables bougies.. Plus d'une femme
éblouie et charmée a oublié son cayalier et
lé quadrille promis, pour contempler ce ra<-
vissant.sne,etacle. Les chefs-d'œuvre du pin
ceau italien, hollandais et espagnol sem
blaient : s'animer d'une vie surnaturelle, et
on eûtdit qu'ils"se (létachaient de leurs cadres
pour sç mêler, dans une ronde fanatique;
aux groupes rapidefe et haletans des 'valseurs.
Les admirables iapisseries"dës Gobelins,' d'a
près Rubens , .càresséès par des flots de lu
mière, rayonnaient d'une immortelle beau
té. On a remarqué dans le salon de Mars au
meuble d'une ingénieuse invention et d'un
goût charmant, qui forme un divan, une
table et une double jardinière surmontée
d'un candélabre à plusieurs' branches, eri
broozedoré. Tout au tour dé ce divan étaient
venues «s'asseoir.douze jeunes femçnes,, des
plus jolies, des plus fraîches, ;des' mieux
parées, qui ne sé connaissaient pas peut-être^
que le hasard av^it rapprochées, et qui se
trouvaient mery'eilleusçment assorties pour
représenter une corbeille de -fleurs vivan
tes.. L'orchestre,. dirigé par Dufresne, était
placé au fond de l'immense galerie d'A- 1
pollon ; mais les danseurs avaient beau
coup de peine à -faire une trouée dans
ces murailles' compactés et pressées
spectatpurs. U,a grand nombre d'unifo,r-,
tries étrangers, de costumes grecs, vajaques,
indiens, ajoulaieot à la variété et à l'éclat de
lafête. Le prince, suivi d'un nombreux cor.-
tige, a fait plusieurs fois le tour de& .salons ? ;
échangeant quelques mots pleins d'affabiii'^'
et de courloisie avec les pérsonnes présentée^
qui se trouvaient sur son passage. Un ore.hfs-
tre militaire, caché dans le jardin, éveillait
les échos du bois par d'harmonieuses'fan
fares. Au dehors, la- soirée était spJendide. ■
Vers minuit, le souper a été servi dans l'o
rangerie. Les dames seules ont pu y péné
trer d'abord; mais les cavaliers ont eu
bientôt leur .tour, dispensés, par cette
séparation imprévue des deux sexes, de
toute galanterie incommode et de tout ,
sacrifice. Le bal s'est prolongé fort tard dans
la nuit. A une heure et à trois heures du
matin, d'îuxconvois extraordinaires avaient,
été mis à la disposition des voyageurs
qui. étaient venus par le chemin de fer ou
q ui m'avaient pu rejoindre leur voi ture. Nous,.
faisions.nousTmême partie d'un de ces con-*
vois, remplis presque entièrement d'officiers
qui semblaient fort touchés de cette atten
tion gracieuse dont tout le monde a deviné
l'auteur. ■
L\E|E ANGLAISE.
-Les journaux - de l'Inde' continuent' de rendre
compte des opérations de l'armée anglaise dans
l'empire des-Birmans, dont no.us avons parlé som
mairement hier. Le général Godwin avait succes
sivement pris possession de llangoun, de Marta
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL, I8J10UT.
THÉÂTRES.
gymnase : Les Avocats , comédie-vaudeville en trois
actes, de MM. Dumanpir et Clairviile — gaitê: La
' Chambre rouge, drame en cinq actes, de M. Théo
dore Anne.— vaudeville : Le Bal de la Halle, vau
deville en un acte, de MM Clairviile et-Choler —
cirque : La Chatte blanche, féerie en vingt-deux
tableaux, de M. Cogniard.
Quel spectacle comparer à ce Paris em
brasé d'hier soir,.à la nuit étincelante, à ce
gigantesque combat des feux humains cçm-
. tre l'ombre céleste, et que dirais-jé de nés.
petits théâtres, qui contiennent quelques
centaines-de spectateurs, quand j ai vu
un million d'hommes,, par toutes les ar
tères de l'immense ville, courir aux. fu
sées? Il est deux heures du matin et le re
flux dure encore; sous lès pas de l'éternel
le fouie, le sol s'ébranle profondément; le
souffle des . poitrines monte à nous comme
-un ouragan. Allez donc faire part de vos co-
: médies nouvelles et de vos reflexions criti
ques à des gens qui ont encore Je bouquet
dans les yeux et le canon aux oreilles, à des,
fens-qufvienneirt de vivre dans des nuages
e ppudre,' qui ont absorbé à pleins pou
mons la fumée du salpêtre, qui se sont plon
gés avec délices dans un fracas plus épou
vantai le que celui de Marengo et de Trafal-
gar, qui ont vu le matin, de leurs yetix vu, une.
frégate, en pleius rivière, leur tirant aii nez par
toiîs tes sabords, ox qui, en sorfant d'*coin-
bat iiaval. sont allés contempkr'le pasâurei
du monf Saint Bernard, au milieu dés flam
mes de Bengale. Parlez leur des auteurs, ils
vous diront que l'auteur se homme Ruggie-
ri. Vive Ruggieri I Toute la gloire artistique,
dramatique et littéraire appartient aux arti
ficiers. Quel dommage qu'on n'ait pas pu les.
rappeler tous! tous 1 et qu'ils n'aient pas pu
reparaîtree« fe»x de lance, comme l'Empereur
lumineux qui s'est tout à coup dressé au
milieu des flammes ! Il y a aussi le sou
venir des mâts de.cocagne qui occupe
les imaginations vives ; avisez-vous de lutter
avec le simple dialogue et les couplets, cem-
tre la mon
sieurs qui grimpant si bien, de redescendre
jusqu'à la prose! .
Cependant-le Gymnase a joué une pièce
charmante; et quaud je dis charmante, ce
.n'est point assez; l'éloge set ait banal; le Gym
nase a joué une pièce très hardie, très forte',
très aristophanesque, presque une comédie;
en un mot , quelque chose dans le goût des
JS'uéis, moins la personnalité. Le titre est déjà
une grande hardiesse ; l'affiche dit les Avocats,
en toutes Mires. Il faut que les auteurs qui
ont osé faire cette pièce, et lui donner son
titre, aient autour de la poitrine ufi triple
parchemin— œs triplex car le courage du
premier navigateur n'était rien en compa
raison du leur. ^ '
On peut braver la médecine, au risque
d'une pleurésie; on ne brave pas le barreau
qui vous rattrape toujours. Voyez si Molière
lui-même s'est attaqué aux robes noires : à
peine touche-t-il les procureurs et les huis
siers en la personne cle M. Loyal ; mais dans
tout son i.épertoireil n'y a qu'un avoc^i dan^
saut, et ueî avocat chantant ; encore la plai
santerie ne tire pas à conséquence, à «tuse
du tou général delà pièce,qui est tout à fait
de bas comique, et dafis le style des farces.
Je uo suis pas moins surpris de la liberté :
qû'on a laissée à MiNL Dumanoir et Clair-'
ville, que de leur audace. S'il est vrai que
l'ancienne monarchie ait détendu les Avocats
qu'on vient d'autoriser, n'est-ce point une
preuve nouvelle que l'idée finit toujours
par l'emporter, et qu'elle a pour complices',
suivant les circonstances , ses adversaires
eux-mêmes? ainsi Louis XIV- fait jouer
Tartufe , qui rte serait pas permis aujour
d'hui ; et c'est de la cour que vint la comé
die de Beaumarchais. Après cela, nous n'a
vons ni Tartufe ni Figaro au Gymnase; je
n'entends pas comparer ,les. petites choses
aux grandes. La représentation clés Avocats ne
remuera pas le monde, mais j'y vois la preuve
consolante que les sujets de comédie ne sont
pas épuisés comme on le dit, et qu'il y a en
core de la ressource pour ceux auxquels il
reste de l'ohservation, de la franchise et de
l'esprit. Seulement je souhaite à nos deux
auteurs de n'avoir jamais de procès: les avo
cats, le cas échéant, prendraient leur revan-;
che.
Si l'on en croyait h s avocats; la toge et
le bonnet seraient respectables à l'égal des
choses les plus saintes; il faudrait se pros
terner devant ces insignes, et entrer dans
la salle des Pas-Perdus comme dans l'é
glise, en faisant le signe de la croix. Car en- :
fia qu'est-ce que l'avocat? L'avocat est le dé-
fenseurde la veuve et de l'orphelin 1 L'hom
me qui fait profession exclusive de défendre
la veuve et l'orphelin exerce un sacerdoce,
nul n'en, saurait disconvenir. Mais le mur
mitoyen se présente, et le métier commen
ce'; mais nous avons le pour et 1« contre -
que certains plaident indifféremment, et
la toge mérite moins de respects. C'est
bien assez peut-être qu'à l'abri de la to
ge, après avoir salué de la : toque et remis
sa toque sur sa tête; on ait le droit de tout
débiter en fausset, et d'assimiler, dans les
grands mouvemens oratoires, ses adversaires
au rebut de l'espèce humaine, parce qu'il se
trouve une borne un peu contestable entre
deux champs de blé. ,
A Thémis ne plaise que je veuille -faire aux
avocats un crime de leur éloquence, ou que
je prétende les accuser de manquer de con
science ! Us possèdent trop de conscience, au
•contraire; car ayant souvent perdu le dis
cernement et le jugement par l'étude et la
.pratique de leur art, ils sont presque tous
capables de défendre, avec la plus entière
bonne foi la cause qu'ils auraient attaquée
avec une bonne foi au moins égale, si
elle leur étdit venue de ce côté-ci plutôt
quô de celui-là. La seule chose qu'on puisse,
exiger d'un honorable avocat, c'est qu'il ne
plaide pas pour les deux parties dans la mê
me affaire. Autrement, le céièbre Cicéron
lui-même ne différait go ères de nos avo
cats, et l'on sait par l'histoire à quoi s'en
tenir sur Démqsthènes.
Prenons doue les types du barreau mo
derne. Racine a fait les Plaideurs-, il est bien
permis de faire, avec un peu plus dé réalis
me, ; les avocats. Les mœurs. et les carac
tères sont le domaine nit'irel du poète co-
mique.'N'a-t-oo pasmis les rois, les princes,
les seigneurs, les nobles, tes bourgeoisies
ouvriers, les hoin »"s d-: tout rang et do tou
te profs-ion en f cène'/.L'huissier qui veille
à la barre n'eu détendra pas les avocats..
Honni soit d'ailleurs qui mal y pensa; et tant
pis pour qui se reconnaît. — L'avocat irrésisti
ble, celui qui prodiguel'insulte,dontle talent
consiste à déshonorer sa partie adverse, dût
son propre client en être couvert de honte ;
l'avocat spécial des causes équivoques, des
procèsen séparation, homme charmant, d'un
talent délicieux, et bâtonnier de l'otdre au
besoin l'avocat qu'on prend, non pour ga
gner son procès, mais pour faire dire impu
nément quelqu'une de ces choses pour les
quelles on serait soi-même dix foisbàtonné ;
— l'avocat badin,dont sa- gaîté naturelle a fait
lesuccèsau,Palais, quïseraitqueue-rouge s'il
n'éuiit avocat, qui rit comme Odry avec les
gendarmes, pratique le calembour en cour
d'assises, et parvient toujours à dérider le
tribunal, grâce à ses impayables grimaces,
lorsque la parole ne suffit pas;—le'petit loustic
de première instance, — l'imposante ganache
de la cour d'appel, qui tousse avec solennité,
quiade gros yeux ronds,degrossourcilshéris-
sés, une voix de ebantre à laquelle il doit sa
réputation, et qui, du reste, n'apoint son pa
reil pour les vertus de famille ; car, malgré
son terrible organe, il se met tous les jours
à quatre pattes dans son cabinet, comme
Henri IV , et fait monter ses enfans à
cheval sur son dos;—l'avocat'galant, l'avocat
dameret; l'avocat timide ; et celui qui baisse
les yeux, et celui qui rougit comme une
jeune fille; et le crâne qui porte sa toque sur
le coin de l'oreille; et l'avocat sans causes qui
ne peut seulement pas se procurer un {petit
voleur;—l'avocat dandy, qui se fait inscrire
au tableau pour avoir un état dans le monde,
sur ses cartes de visites, et surtout pour sa
tisfaire une famille riche , qui croit qu'un
jeune homme échappe aux-dangers.avec un
diplôme!; toute la galerie, en un mot, appar
tient à nos Aristophane?, à la condition seu-
tement qu'en peignant les ridicules, on ne
.diffamera ni les personnes ni la profession.
Or, dans la pièce du Gymnase; toute la
personnalité consiste à faire voir les avocats
dans leur appareil et dans leur sanctuaire,
c'est-à-dire en robe et en pleine salle des Pas-
Perdus ; quant à la profession, elle est ho
norée etinearnéedansle plus noble,le plusdé- '•
sintéressé, le plussublime avocat qu'il y ait jii
mais eu, l'avocat Grandier, chevalier delà Lé-
gion-d'Honneur, puits de jurisprudence, lu
mière du barreau moderne, recours de l'inno
cence, appui des faibles et défenseur naturel
des opprimés. L'avocat Grandier est la gloire
de son ordre, l'ami des magistrats, le type de
la réunion des grands'talens et de la beauté
du caractère. Celui-là n'a ni l'esprit faussé
ni la conscience facile ; il jugeles causes avec
sincérité, et ne plaide que par conviction ; il
est avocat, et il a les procès en horreur,
surtout les procès scandaleux; il n'admet
les discussions judiciaires que pour les cas
de droit douteux ; il conseille toujours à ses
cliens de tratsiger, disant qu'une mauvaise
transae.tion'est préférable au meilleur procès
Quelle joie pour lui quand il termine les af
faires à ramiahleet réconcilie deux plaideurs!
Bref, Grandier met l'estime publique au-des
sus des "honoraires. Tel est Grandier, tel est -
l'avocat digne de sa profession I
Il y a trois autres avocats dans la piècfc :
un jeuue avocat sans causes, un avocat gri
vois, et un avocat malin. Survient un pro.ès
en séparation. La comédie est faite. L'intri
gue n'est plus ici que raccjsaoiro. les ca
ractères et leur développement, voi],-'; ]<>
fond. Dites-vous toujours qu»; si l'on se
passe des inventions ordinaires, des ro-
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