Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-08-13
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 13 août 1852 13 août 1852
Description : 1852/08/13 (Numéro 226). 1852/08/13 (Numéro 226).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUMÉRO 226.
WBK&611 rue de VMofa (l'alalu-Rojal), n* ÎO !
B 183®.—VENDREDI 15 AOUT.
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au tableau qui sera publié dans la iournsli .
les i« §t î8 de okaqao molli
Les nbtnneméhs datent des l ,r et 16.
de chaque mois*-
S'adresser, franco, pour la rédaction, <2 M. Cbchivàl-Clabïgnt,
• Les articles déposés nie sont pai rendus
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
' I
On s'abonne, daw'Jes département, aux Messageries et aux Directions de poste —A Londres, chez MM. Cowia et fus.'
' — A Strasbourg, chez M. A lexândee, pour l'Allemagne.
1 S'adresser , franco} pour l'administration, à M. DlflAUt, directehrî,
Les annonces sont régnes av bureau du journal ; et ohex M. PXîîIS, régisaew, il, place de la Bouts*
PARIS, AOUT.
De l'Administration des Iribus indigènes
EN ALGÉRIE.
Nous avons présenté le tableau des opéra
tions militaires en Algérie de 1847 à 18S0,
en montrant la marche rapide et sûre de
notre domination. Il nous reste à compléter
ce travail par l'iùdicalion des résultais ob
tenus par nos armes sur la population ara
be, et à faire connaître le mécanisme de
l'administration des tribus indigènes. Nous
puisons aux mêmes sources d'information
pour cette nouvelle étude, non moins signi
ficative, non moins rassurante guelapré-
mière, et nous interrogeons des documens
authentiques qui ne laissent pas la moindre
prise au doute ou à la contestation.
On sait que l'Algérie est partagée en trois
provinces formant autant" de divisions mili
taires. Ces trois, divisions renferment plu
sieurs subdivisions: celle d'Alger, six; celle
d'Orari, cinq ;.-jét celle de Constantine , qua
tre. Chaque subdivision renferme un ou
plusieurs cercles commandés par un ofliciér
supérieur. Les cercles sont au nombre de
onze dans chaque province. Il y a un bureau
arabe auprès de chaque commandant mili
taire chargé dugouvernementdés indigènes.
L'organisation des tribus doit être main
tenant indiquée. Le douar, c'est-à-dire la
réunion de tentes rangées en cercle, est con
sidéré comme l'unité sociale parmi les Ara
bes. Un certain nombre de douars eompor
sent une ferka ou fraction qui obéit à un
cheili. Plusieurs ferkas réunies formèntjuné
tribu qui est commandée par im kaïd. Quel
ques tribus groupées ensemble composent,
soit un grand kaïdat, sous la direction d'un
kild el k'iad (kald des kaïds), soit un agha-
liK, sous celle d'un agha. Des aghalicks peu
vent fQrmer unie circonscription soùs les or
dres d'un bach-agha (chef des aghas), oti
d'un khalifa (lientenant).
Le cheick est nomméfiar le-commandantcte
la subdivision, sur la présentation du kaïd.
C'est un fonctionnaire dont l'emploi ressem
ble assez à celui du maire d'une commune.
Il exerce surtout une surveillance de police.
Il agit avec le concours de- la djemma' (as
semblée) sorte de conseil iminïcijjal, com-
- posé des notables du' douar. Le kaïd est
nommé par le* comrû'àndant de la division,
sur la présentation du Commandant delà
subdivision. Choisi parmi les hommes iri-
fluens de la tribu, il préside le marchéj réu
nit les contingens armés, a le droit d'in
fliger des Amendes de 2o fr., perçoit l'impôt
«t touche une prime sur le produit d« ta
xes; c'est sa seule rétribution. Les agbas
sont nommés par le minisire . de l'a guerre,
servent d'intermédiaire aux khalifas, com
mandent, les contingens armés et peuvent
frapper des amendes de KO fr. On comp
te trois classes d'aghas rétribués à 1,200,
à 1,800 et à 3,00p fr. Les : kh'afifas etbàchv
aghas sont aussi nommés par le minis
tre de la guerres Ils louchent: les khalifas un
traitement de 12,000 fr., les bachâghasun
traitement de 5,000 fr. Ils ont le droit d'infli
ger des amendes de 100 fr. La plupart dispo
sent d'une force armée, soldée par la France.
Enfin, dans chaque tritiu, à côté du kaïd
il y a un cadi , chargé de rendre la justice
et dont les sentences sont appréciées én ap-'
pel par un medjlès (tribjinal supérieur)
convoqué par les bureaux arabes au chef-
lieu de la division oij de la subdivision.
Telle est la hiérarchie des pouvoirs dans
les populations arabes de l'Algérie. Cé sys
tème, comme on voit, est très simple, très
pratique. ïl est fondé sur l'expérience et les
mœurs du pays. Quelques chiffres emprun
tés aux statistiques'officielles vônt nous mon
trer à quelle portion du peuplé arabe s'é
tend ça régime qui fonctionne d'une ma
nière très satisfaisante. '
: L'Algérie tout entière, Tell et Sahara, pré
sente une surface évaluée à 390,900 kilomè
tres carrés, c'est-à-dire environ les quatre
cinquièmes du territoire français. Les tribus
arabes et kabyles qui l'habitent sont au nom
bre del,145, et composentunepopulationjde
près de 3 millions d'ames. Là province d'Al
ger contient 290 tribus, composées d'envi
ron 900,000 individus. La province d'Oran
compte 275 tribas, avëcuue population de
600,000 amès. La province de Constantine est
la plus peuplée. Elle compte 580 tribus, com T
posées de 1,300,000 habitans. Or, à part
quelques tribus du Djurd jura et des frontières
,d6 l'Est qui n'ont pas encore reconnu emiè-
reinent notre domination, le Tell (Tellus,
terre cultivable), qui embrasse 137,900 kilo
mètres carrés est complètement soumis. Les
tribus obéissent au gouvernement de nos
âgens indigènes, sous la surveillance des bu*
reaux arabes. Le Sahara, c'est-à-dire lé
.pays des. oûsis et des landés de sable,
dont l'étendue est de 253,000 kilomètres
carrés est également soumis. L'administra
tion y est exercée par de grands chefs indi
gènes, d'après les coutumes féodales et che
valeresques qui, depuis la cunquête : musul
mane, se sont maintenues intactes dans ces
contrées. La population y est moins com
pacte que dans le Tell. Un petit nombre de
points fortifiés y sont occupés par nos trou
pes. De temps en temps des colonnes fran-*
«aises parcourent cts régions pour y mon
trer notre drapeau et pour constater no,tre
pouvoir. D'ailleurs, le Sahara est tributaire
du Tell pour la nourriture des hommes et
des chevaux. C'est ià ce qui nous assure son
obéissance. Toutefois* une surveillance ac
tive doit y être établie."L'expérience nous a
iippris que les insurrections les plus, dange
reuses sont celles qui ont des ramifications
dans le sud, parce que les chefs ont toujours
l'espoir de s'y réfugier et d'y éterniser -la
lutte en reparaissant dans le Tell dès que
l'occasion leur semble favorable. '
Sur les 290 JjiJtms de la provineerd'Alger,
i 75 sont administrées directement par les
commandans des cercles avec le concours des
bureaux arabes; 35 se rattachent à des cir
conscriptions indigènes soùs l'a direction de
chefs arabes surveillés par les bureaux ara
bes; 52, dans le Sahara ou dans la Ka-
bylie, sont-gouvernées par des dignitai
res arabes, nos vassaux, mais indépendans
par leur action administrative ; 28 enfin ,
sur les crêtes du Djurdjura, sont encore in
soumises. Dans la province d'Oran, sur les
275 tribus, 202 sont administrées directe
ment; 45 sont soumises aux bureaux arabes
par l'intermédiaire des chefs indigènes ;<
28 sont gouvernées par des chefs. ÔfifcS la
province de Constantine, sur les 580 tribus,
240 sont placées sous notre autorité directe,
200 nous obéissent par l'intermédiaire des
grands chefs indigènes, 80 sont administrées
par ces chefs, sans contrôle immédiat de no
tre part; 80 sont en état d'insoumission»Ce
dernier nombre, vrai au commencement de
"1851, est erroné aujourd'hui depuis les ex
péditions récentes. Une vingtaine de tribus
seulement peuvent encore être considérées
comme indépendantes.
En résumé, l'autorité française s'exerce
directement sur 897 Iribus arabeâ, pour le
moins. Ces tribûs occupent les parties les
plus fertiles du territoire algérien, environ
nent les villes, sont placées le long des voies
de communication, et fréquentent assidû
ment nos marchés. 160 tribus ne sont gou
vernées que par délégation. En 1851, 88
étaient encore insoumises. Mais aujourd'hui
cc chiffre a diminué au moins d'uni tiers.
Aussi voyons-nous d'année en année notre
autorité directe gagner sur la population
arabe. Le progrès de notre domination
; nous permet de restreindre le nombre des
fonctionnaires . indigènes , et de réduire
leurs traitemens. L'action administrative
a augmenté et les dépenses ont décru.
En 1847, les chefs indigènes figuraient au
budget pour 450,000 fr. En 1851, ; le même
crédit .n'est plus que de 300,000 fr. Les
grandes existences féodales que nous avcfns
dû respecter parce qu'elles tenaient à|des.
traditions militaires, el religieuses, tendent
également à disparaître peu à peu. On peut
prévoir le jour assez 'prochain où nos bu
reaux arabes, sous l'impulsion des comman
dans des cercles, gouverneront directement
la population indigène ettièndront en main
tous ses intérêts.
Nous pouvons constater l'heureuse in
fluence denolre politique par les facilités que
nous trouvons maintenant dans la percep
tion de l'impôt et dans la prestation du ser
vice militaire. Il fut un temps, et ce temps
n'est pas bien éloigné, où l'impôt arabe ne
pouvaitêlre perçu pour ainsi dire quel'épée à
la main $ où la présence d'une colonne était,
nécessaire pour y parvenir. Maintenant, la
perception est aussi aiséequerégulière. L'im
pôt, arabe produit actuellement de 5 à 6 mil
lions. Quelques anpées de tranquillité feront
monter rapidement ce chiffre à 7 on 8 millions..
Quant au service militaire, dans les premiè
res années, à l'exception du magbzen d'O
ran, boire fidèle allié, l'es goums de cavale
rie indigènes ne consentaient à marcher
qu'avec nos chasseurs et nos spahis. Ils vou
laient, aux yeux de leurs co-religionnaires,
avoir l'air d'être contraints à servir sous nos
drapeaux. Aujourd'hui, lis agissent énergi-
quement avec ou sans nos troupessous le
commandement de nos officiers ou de nos fonc
tionnaires arabes. Nous pouvons compter sur
le concours actif et dévoué de plus de 15,000
cavaliers arabes, organisés en goums. De
plus, nous comptons dans les rangs de nos
troupes environ 5,000 indigènes, zouaves ou
spahis, qui sont de bons et loyaux soldats.
Enfin, dans toutes les expédition?, nous em
ployons utilement les convois de bêtes dé
somme fournies par les Arabes sur les ré
quisitions de nos autorités.
Les progrès de notre domination ont tourné
àl'avantage des tribus. Nous les fixons de plus
en plus au sol . en leur inspirant le goût des
constructions, des plantations, des cultures
industrielles. Déjà la province d'Alger compte
1,030 habitations privées, occupées par des
chefs ou par de riches propriétaires, qui ont
quitté la tente pour une demeure fixe. Un
grand nombre d'ouvriers européens ont" été
bien accueillis dans les tribus, y sont fort
employés, et sont très exactement payés. En
1849, dans la province de Miiiana, lés indigè
nes ont fait travailler les ouvriers européens
pour une sommé de plus de 5®0,000 fr.;
300.000 au moinsont été dépensés de la mêpne
façon dans le même laps de temps, dans celle
d J OrIéan: v 1 e. Daa> la province d'Qran, le nom
bre des habitations privées s''élève à 8 i 1 ;et dans
celle de Constantine,"à 441. Presque tous nos
fonctionnaires occupent de belles et solides
maisons de pierre. Les indigènes, à notre ins
tigation, ont dépensé plus de deux millions
pour substituer à leurs bulles grossières ou
à la tente,des demeures construites à l'euro
péenne. On voit déjà des villages presque en
tout semblables aux nôtres, où la mosquée,
l'école, le moulin , l'abreuvoir, sont grou
pés auprès des maisons qu'habitent les.
principaux habitans. On y rencontre des
fermes aussi vastes, aussi bien aména
gées que celles de la : métropole. En outre,
le? Arabes ont dépensé plus de trois millions
en caravansérails, en lavoirs, en moulins,
en puits, én fontaines, en fondouk (bazar
fermé), en bains maures, en ponts, en
travaux d'utilité publique. Enfin, plusieurs
mosquées et zaouias ont été bâties aux frai3
des tribus dans les trois provinces.
Nous n'avons rien négligé pour améliorer
l'agriculture des. ipdigènesj pour protéger
leur commerce, pour soutenir leur indus
trie. Les labours ont pris un accroissement
considérable -..dès terres incultes ont été dé
frichées ; on a pu remarquer une différence
de 28 0/0, en 1849, dans la subdivision
d'Orléansville. La culture des pommes de
terre a été favorisée : on s'en est bien
trouvé lors de là disette des grains qui
qui a coïncidé avec le choléra. La culture du
tabac, naguère abandonnée, a été reprise
avec ardeur et donne de beaux résultats. Les
Kabyles greffent maintenant leurs oliviers.
Au lieu de faire consommer l'herbe des prai- '
ries en vert, comme autrefois], les indigènes
fauchent leurs foins. La vigne est cultivée
heureusement sur nombre de points. Les Ara
bes ont fait de grands progrés dans la cul
ture maraîchère et dans le jardinage. L'élève
des bestiaux et des chevaux est vivement
encouragée. Le commerce du Tell et du Sa
hara est aussi l'objet des soins les plus assi
dus. On s'efforce, par tous les moyens pos
sibles, de soutenir l'industrie indigène, qui
a bien de la peine à supporter la concur
rence de la nôtre. Ajoutons à cela la propa
gation de la vaccine parmi les tribus, l'or
ganisation d'un service médical dans les
douars, • l'admission des malades indigènes
dans nos hôpitaux , et l'on verra que no
tre administration paternelle et bienveil
lante s'occupe incessamment de l'améliora
tion physique et morale de ces populations
qui, soumises par nos armes, sont placées
maintenant sous notre tutelle et initiées,
peu à peu, aux bienfaits de là civilisation.
HENRY CA .uvain.
Une dépêche télégraphique a apporté la
nouvelle du remplacement de M. le marquis
de Miraflorès, ministre d'Etat en Espagne
par M. Beltran de Lis. Ce dernier est rem
placé au ministère de l'intérieur par M. Or-
donnrz, gouverneur civil deMadrid.
La retraits de M. de Miraflorès avait été
annoncée hier dans notre correspondance
d'Espagne. l. boniface.
Les nouvelles reçues du Cap de Bonne-Es
pérance ont causé uns baisse assez sensible
à la bpurse de Londres. On n'en est point
surpris ,en présence du tableau que les jour
naux du Cap et les. lettres particulières tra
cent de l'éiat de cette colonie. La guerre
contre les Cafres a repris avec plus de vi
vacité que jamais. Les Cafres persévèrent
dans la tactique qui leur a si merveilleuse
ment réussi jusqu'ici : ils évitent tout enga
gement avec les troupps régulières, mais ils
harassent de leurs attaques tous les dé tache-
mens isolés ; ils enlevent tous les petits pos
tes, ils se glissent par bandes derrière les co
lonnes anglaises et ravagent tout le pays,
mettant le fèu aux habitations et emmenant
(ous les troupeaux. . ,
> «Nous.remplirions plusieurs colonnes, dit
un journal du'Cap, si nous voulions donner
te détail des attaques; des assassinats, des
escarmouches, des rencontres journalières
3ui coûtent la vie à des'colons ou à d<\s sol-
ats. La ruine et lë danger sont aujourd'hui
l'état pcrmanentd'un territoire qui comporte
cent milles de largeur sur. cent cinquante
milles de long. » Cette guerre d'extermina
tion qu'un ennemi infatigable fait aux émi-
grans anglais, a pour résultat ' la désolation '
de la colonie. Les garnisons anglaises sont
seules en sûreté, mais personne ne peut s'é
loigner de quelques pas des cantonnemens
sans rencontrer un ennemi. La posté a été
plusieurs fois interceptée ^.jusqu'au cœur-de
la colonie,: uue station de missionnaires a
été prise de vive force et sa garnison massa
crée ; enfin un convoi, expédié de Graham au
fort Beaufort, ■ a été enlevé et son escorte
taillée en pièces. Des fusils et trente mille
paquets de cartouches sont tombés au, pou
voir des Cafres.
. Eu regard de tous ces échecs partiels, les
Anglais ne peuvent mettre que la destruction
d'un camp nottentot aprèsun engagement as
sez vif. Maïs les Iloitentots, chassés d'une
hauteur, vont s'établir'sur une autre monta
gne, et les troupes anglaises ont déjà pris c-t
repris plusieurs de ces camps que quelques
jours de travail'suffiseiit à établir, et qui re- ■
naissent sans cesse de leurs cendres. Le gé
néral Cathcarta dû recourir de nouveau aux
colons hollandais et réclamer leur coopéra
tion. On ignore quel succès a obtenu sa pro
clamation. • .
Le général en chef a dît prendre une autre
mesure, qui est un aveu implicite de l'im
puissance des Anglais à terminer cette guerre.
Nous avons dit qu'un certain nombre de co
lons d'origine hellandaise , fuyant, le joug
britannique, s'étaient établis au-delà de la
rivière Yaal, au nord du pays qu'ou appelle
la souveraineté d'Orange. Les autorités an
glaises qui ne's'étaient emparées dî la sou
veraineté d'Orange que pour maintenir ces
colons sous leur obéissance, avaient élevé les
mêmes prétentions sur les rives du Vaal. Le
général Çalhcart vient par un traité de re
connaître l'indépendance des colons établis
au nord du Vaal. Il s'est engagé à leur lais
ser le droit d'administrer leurs affaires et
de se gouverner eux mêmes sans contrôle
ni empiétement des autorisés anglaise?, à :
laisser à tout émigrant ou colon du Cap plei- '
ne libert é d'aller s'établir au-delà du Vaal, et
à ne j imais contracter d'alliance avec les in
digènes dé ce territoire, à la condition que
les habitans du Vaal n'établiront pas chtz
eux l'esclavage, et ne feront pas le commerce
de la poudre avec les indigènes. .
Ce traité est l'abandon complet des pré
tentions que la Grande-Bretagne n'a cessé
d'élever, sur les Boers. L'Angleterre renonce
'à ses vaincs tentatives pour s'a&sujétir cette"
race indomptable. Elle préféré leur laisser
leur indépendance à la condition qu'ils la
protégeront contre lés Cafres. On peut être
certain, en effet, que grand nombre de co
lons d'origine hollandaise s'empresseront
de quitter le territoire anglais pour aller
s'établir sur les bords du Vaal. Cet Etat nou
veau deviendra pour la souveraineté d'O
range la plus sûre barrière contre lés incur
sions des Cafres. Si do'nc ce sacrifice a dû
coûter à l'orgueil britannique, il met à l'a
bri une partie considérable de celte immense
frontière que les Anglais sè reconnaissent
enfin impuissans à défendre.
' • . CUCKEVAL-CLÀJUGNY. . .
Nous nous étions toujours doutés qu'il y
avait quelque malentendu au fond de cette
querelle du paganisme dans l'éducation qui
défraie depuis plusieurs mois la presse reli
gieuse. Une lettre que nous trouvons dans
l'Univers jette quelque jour sur l'origine de
cette controverse'. Voici comment s'exprime
un prêtre, M. l'abbé Bansa, professeur dans
un collège ecclésiastique de Lorraine :
Un jour, en parlant à mes élèves des plus hautes
classes de littérature, je nommai saint Luc, auteur
des Actes des Apôtres; aussitôt l'un d'eux s'écrie
tout ébahi : Comment, Moniteur, saint Lue est
l'auteur des Actes des Apôtres? Un second se lèye
et me demande : Que sont-ce dtmo, Monsieur, les
Actes des Apôtrvs? Une autre fois, ayant cité un
passage des épîtres de saint Paul, en le quali
fiant de parole de Dieu, j'entendis sur-le-champ
•un des élèves exprimer son étonnement : Com
ment, Monsieur, les épîlres de saint Paul sont la
parole de Dieu! jamais je n'avais entendu pareille-
chose. Enfin, il est bien constant que nos enfans,
sans en excepter ceux qui sont élevés dans les col
lèges chrétiens les mieux réglés, à la fin de leurs
études classiques, savent de la religion chrétienne
tout au plus comme ils savent de l'allemand ou
de l'anglais, quand ils y ont étudié ces langues,
selon l'expression très juste de M. l'abbé Gaume.
Cet aveu,, si précieux à recueillir, pro uve
ce que nous savions déjà et ce que nous
n'aurions pas osé dire, si nous n'avions eu
l'appui d'un pareil témoignage, que dans
les. établissemens ecclésiastiques il n'est fait
aucune part aux auteurs chrétiens, et qu'il
en résulte chez les élèves de ces établisse
mens une ignorance déplorable des choses
les plus essentielles à savoir. Il y a là un
excès à corriger, et nous comprenons les
plaintes de M. Gaume, s'il les restreint à l'en
seignement des petits séminaires. Les faits
avoués par M. l'abbé Bansa prouvent pé
remptoirement que les établissemens ec
clésiastiques doivent se liàter d'introduire
dans. le programme de leurs classes l'expli
cation de l'Ancien et du Nouveau Testament
et des Actes des Apôtres. Ils suivront en cela
l'exemple que leur donne depuis quelque
vingt ans l'Uuiversité : et ils arriveront sans
doute un jour à faire expliquer comme elle.
dans les classes quelques-uns des beaux dis
cours de saint Basile et de saint Jean Chry-
sostôme. i
Le secrétaire de la rédaction., t. boniface.
En. rendant compte du nouveau livre de i
M. Proudhon, le jour même de sa mise en'
vente, nous avons fait ajlusion aux difiiculi-
tés qui en avaient retardé la pubfication, et
à la lettre que M. Proudhon avait écrite à ce
sujet au Président de la République. Nous
reproduisons aujourd'hui cette lettre, que
M. Proudhon a communiquée à plusieurs
journaux.
.• Le secrétaire de la rédaction, t. boniface. -
Au Président de la République.
« Monsieur le Président,
, » En 1848, j'ai combattu votre candidature à la
présidence de la Kéfrtiblique! parce que je là jugeais
menaçante pour la démocratie, hostile aux répu
blicains. Les amateurs de pamphlets ont gardé le
souvenir de ma polémiqué de ce temps-là.
» Après lVlection du 10 décembre, j'ai fait une
maladie grave qui m'a forcé pendant un mois de
m'hbsenter de l'Assemblée nationale, dont j'étais
membre. La cause de cette maladie, Monsieur le
président, je n'ai pas btsoin de vous la dire :
tandis que le peuple vous élevait sur le pavois; il
me perçait le cœur.
» A peine rétabli de mes chagrins et de mes fa
tigues, sur la fin de janvier 1849, j'ai attaqué vo
tre pouvoir avec toute l'irritation de la convales
cence. Cette attaque m'a valu trois ans de prison,
qui orit pris fin au 4 juin. 1832.
'«Pendant la première année de ma captivi
té, j'ai recommencé la lutte autant de fois qu'jl
m'a été possible. J'ai subi, pour cette obsti
nation, deux mises au secret, deux transfere-
mens et deux procès, dont l'un a été abandon
né pour vice de forme, et l'autre s'est termi
né par un acquittement. Je ne me suis résigné au
silence que lorsqu'il m'a été notifié par le préfet
de police que la prison emportait pour moi, jourr
nali.?le, avec la séquestration de ma personne, le
silence dé ma parole. La loi pénale n'en dit rien,
et, sous le dernier roi, cela ne s'était pas vu ; mais
le temes et les circonstances donnent aux lois leur
interprétation.
». Après le coup d'Etat du 2 décembre et la dé
faite de l'insurrection, j'ai été pendant cinq jours
comme un condamné à mort. Je n'avais rien à
craindre .pour nia personne; mais le coup por
té à la République me désespérait. Ah ! Monsieur
le Président, vous n'av trerez . jamais ('.'adversaire plus éntrgique et
en mémo temps plus désintéressé que moi. Je "
n'ai point été votre rival, comme d'autres qui, à
mon avis, en étaient dignes, !e furent ; je n'aspire
poinjt à votre succession, comme.d'autres, qui va
lent moins peut-être, y pensent. Je n'en veux pas
plus à votre dignité qu'à votre personne, et je ne
conspire pas. J'ai vu c-n vous l'ennemi de la Ré
publique que j'avais embrassée : ne cherchez pas
d'autre cause à mon opposition. ;
' » Depuis votre second avçnement, j'ai cherché
à me consoler, — je serais mort, sans cette conso
lation,--en me démontrant à moi-môme que
vous étiez le produit de circonstances fatales, et
que cette révolution, quemesamis etrnoin'avions
sans doute pas été trouvés dignes de faire, \ou|j-
en étiez, bon gré, mal gré, le représentant. • ; »
» Louis-Napoléon, me suis-je dit, est le mandji|-
taire de la révolution, à peine de déchéance ! >
» Aussitôt, je fais de ma pensée un livre ; j 'irrv-
prime ce livre; mai? la police en interdit la vente;
menaçant à la fois l'imprimeur et ; le librairel
Pourquoi? C'est ce _quc je viens vous demander à
Tous -même, Monsieur le Président. Pardonnez
cette interrogation à un républicain. i
«Vous êtes la révolution au XIX 0 siècle^ car
vous ne pouvez pas être autre chose. Hors de là;
le 2 décembre ne serait qu'un accident historique;
sans principe, sansportée : voilà mon premier point 1 .
Maintenant, lesavi z-vous, Monsieurle Président? ie
\'Ou !ez -\ous? l'oserez-vous dire? Questionsscabreu-
< SHietqaeje n'oseré-oudre: voilà inon.secondpoint;
,Cest tout mon livre : consolation pour moi-même^
espérance à mes coreligionnaires, défi à la contre*
révolution ! A ce livre, j'ai donné ma façon, mon
style, mes idées, mes opinions, mes craintes ; du
reste, et malgré mon extrême franchise, pas la
moindre attaque, ni au Président ni au gouverne:
ment. ... ; . i
» Je ne me suis pas dissimulé que ce livre; en
donnant la raison d'existence du 2 décembre, lui
créait uni; sorte da légitimité dans lesioboses; que
recevant ainsi sa signification,de l'histoire, le gou
vernement en recevrait une nouvelle force, et qu'à
ce m>t tombé de ma plume.: «Louis Napoléon est
■ le mandataire de la révolution, » la popularité de
.l'homme, tant .de fois fatale aux. républicains,
. mont* rjit encore parmi sei sept millions de.vo x.
» Homme de parti, je use suis dit ce*..choses ;
homme de révolution,falpas-.é outre ; !aissez-moi
vous dire, Monsieur le Président, pour quel motif
et dans quel espoir.
» J'ai considéré que vous ne pouviez obtenir,
comme mandataire dç la révolution, le moindre
succès auquel la révolution n'eût sa grande pai|t.
• » J'ai donc espéré,, dans 1'io.térêt de cette ré-
. volution, que la France, éclairée sur sa.;situa.tiôn
véritable, rassurée par vous contre toute sur
prise, oserait enfin envisager de face la ques
tion qui lui. a été posée en février ; et j'ai
espéré qu'alors notre pays, qu'on vit de tout
temps à la tète , du mouvement intellectuel, à
l'époque des troubadours, à la renaissance , aux
XVII e et XVIII* siècles, pourrait suivre sans dan
ger la révolution philosophique et s'ciale com
mencée au XIX", et à laquelle vous-même,
Monsieur le Président, avez pris part;—j'ai espéré,-
enfin, qu'au fond de l'exil, dans les prisons, la dé
mocratie recevrait de mes paroles quelque allége
ment, et que peut-être il serait permis à ceux qui
partagent -ma résignation dans le présent et uia
confiance pour l'avenir, de revoir, honorables et
inoffensifs, leurs amis et leurs foyers.
» Compensation faite, je n'ai pas cru devoir su
bordonner à mes ressentimens de parti les inté
rêts généraux de la révolution, et donner plus
longtemps la joie de notre infortune à ces vieux
partis dont la longue traliisoa a décidé le succès
du coup d'Etat, et qui tous, sans en excepter le
clergé, se - sont montrés sans miséricorde...
» Maintenant la p«lice arrête la vente de mon
ouvrage. Le nom de l'auteur, le titre du livre, les
formes du langage, voilà ses griefs!...
. » Je me croirais un hypocrite et un lâche si,
après m'être mis dans le cas de solliciter votre in
tervention, Monsieur le Président, jè faisais 4u
pouvoir la moindre excuse. Qu'est-il donc be
soin que je m'explique! J'ai voulu que ma pu
blication fut un acte de haute moralité; il lie
tient qu'à vous, Monsieur le Président, d'en faire
un acte dû haute politique. Pour cela, il faut que
mon livre paraisse, tel que je l'ai fait, avec ses
âmertumt», ses hardiesses, ses méfiances, sfes pa
radoxes. Je ne passe condamnation que sur ce qui
sera déclaré crime ou délit par les tribunaux ; çn
ce cas, je demande que la condamnation tombe
exclusivement sur ma tête. . ' >
» Je me disais, il y a quatre jours : Qu'il se
trouve un homme de tête et de cœur, un seul
dans le gouvernement du 2 décembre, et mon œu
vre passe. Faut-il que j'aille jusqu'à vous, Mon
sieur le Président, pour rencontrer cet liomme-là?
» Je suis, etc. p.-.r. proudhon.
» P. S. La terreur exercée par la police est telle,
qu'il a été impossible à l'auteur d'obtenir un seul
exemplaire de son livre pour le Président de la Ré
publique . » -
Ouelques réclamations arrivées des dépar-
temens font de nouveau allusion à de pré
tendus projets du gouvernement sur les of
fices ministériels.
Ces bruits, que la malveillance s'obstine à
répandre, ont déjà été souvent démentis. Le
gou vernement déclare encore une fois qu'ils
n'ont aucune espèce de fondement-.
(Moniteur.)
. "" Il " ■■ , ■■ ■ • ! .
Il parait décidé que le voyage du prince-
Présidept de la République à Bordeaux n'au
ra pas lieu avant le 15 du mois de septem
bre. ■ ■ ■ ' » (Idem.)
On écrit de Berlin, en date du 9 août :
Le ministre de la justice, M. Simons, a donné
sa démission par des considérations de famille. On
désigne pour son successeur le comte de Rittberg, '
président de la première chambre.
On a reçu des nouvelles de Constanlinople
en date dû 29 juillet : *
Y M. de Lavalette, ambassadeur de France, à' Con
stanlinople, était arrivé le 26 au malin sur le
vaisseau mixte le Charlemagne, après avoir touché
auPirce.lt n'a débarqué que le lendemain à onie
heures à l'échelle, de Top-Hané, où il 3 été reçu
par tous les officiers de l'ambassade, les députqs
du commerce et les membres de la colonie fran
çaise, qui l'ont accompagné jusqu'au palais de
Péra.
Peu de temps après son arrivée, M. de Lava
lette a reçu.la visite de l'introducteur des, ambas
sadeurs, Kiamil-Bey, qui venait le féliciter de la
part de la Sublime-Porte. Il a reçu aussi le jouir
même et.le lendemain la, visite de tous les mem
bres du corps diplomatique.
Le 28, M. de Lavalette, accompagné du corn- 1
mandant du Charlemagne et des officiers de l'am
bassade, était allé faire les visites d'usage à la
Porte, au ministre de la marine, au grand-maître
de l'artillerie et au ministre de lar guerre.
On assurait que l'audience du sultan aurait lieu
dans les premiers jours d'août.
Il était question de donner à bord du Charlema
gne un grand bal, auquel seraient invites les hauts
foactionnaires de la Porte et les membres du.corps
diplomatique. On pensait.d'ailleurs que le Charlè-
magne ne resterait pas à Constantinople plus de
douze ou quinze jours. , , ;
L'un des drogniaqs de l'ambassadeM. Pellier,
qui, depuis une dizaine d'années qu'il se trouve p
Constantinople, avait toujours été employé aujc
travaux du secrétariat par les divers ambassadeur
qui se sont succédé depuis cette époque , venait
d'être nommé secrétaire-archiviste dé l'ambassade;
M. Sabatier, nommé consul-général à Alexan
drie, devait quitter Constantinople par le paquébqt
du S août, pour se rendre en France avant d'aller
occuper son nouveau poste;
Le retour de M. de Lavalette à Constantinoplq,
a été accueilli avec une satisfaction marquée par
la colonie française ; une affluence très considé
rable s'était portée à sa rencontre lors de. son dé
barquement j et, arrivé au palais de Péra, en réi-
ponse au premier député du commerce, qui.
avait été chargé, d'exprimer à M. de Lava
lette, la joie.qu'éprouvait la .colonie do son
retour, l'a-nb.assadçur a. prononcé une courte
allocution dans laquelle il a exprimé l'espoir
de voir, grâce à la tranquillité dont le pays
jouit en ce moment , s'accroître .chaque jour
notre influence extérieure et les garanties de nés
intérêts politiques et commerciaux. Ces paroles
ont cté accueillies avec une faveur marquse. i
Le 28, vers sept heures u et demie du soir, le,feu
s'était déclaré à l'échelle de lémicli-Iskélessi, h
Constantinople, entre les deux ponts; on n"a
s'en rendre maître qu'après trois heures de.trayaily
et le dommage Ait être cpnsidérable. Uu ; détachef
m mt de cinq cents hommes, du Çharltmagne s'es
tait porté sur le lieu de l'incendie et a puissant
ment aidé à l'éteindre. ' -j
On annonçait qu'une grande partie' dè la.ville
d'Eraerount venait d'être détruite par un tremblct
nunt de terre.—A. Berlin. (Débats.)'
critique le droit attribué au pou-voir par le décret
organique de nommer les officiers de la gardena
tionale, et parodie indécemment le droit d'avertis
sement conféré aux'préfets par le décret sur la
présse ; ' ->
» Attendu, de iplus, qiie dans le même numéra
du 7 août le même journal s'est permis d'inséré .
insidieusement, sans autorisation de son auteur,
une lettre adressée par le préfet de l'Oise à un
fonctionnaire public,, et qui n'était pas destiné à la
publicité; > ' g
» Arrêtons : ■ >
» Art. 1 e ' Un premier avertissement est donné au
journal le Progrès- de l 'Oise, en la personne du
sieur Jules Escuyer, son rédacteur-gérant.
» Fait à Beauvais, le 8 août 1852.
» Le préfet de l'Oise : a. randouin. »
Nous avons publié la proclamation du
préfet de la Charente-Inférieure contre la
candidature de M. de Chasseloup-Laubat.
L'impartialité nous oblige à reproduire éga
lement la protestation suivante des électeurs
du canton de Marennes : i
m Les .soussignés, électeurs du canton-de Maren
nes, protestent de la manièie suivante contre l'é->
lection du prince Lucien Murât au conseil général,
effectuée le i" août 1832 ;
» Consi térant que les gardes-champêtres et
cantoaniers communaux du canton de Marennes
ont été chargés, par l'administration, de porter
aux électeurs des campagnes, en même temps qu#
leure cartes, les bulletins de son candidat;
_ » Que cette remise a dû être regardée par eeux«
ci, gens pour la plupart illettrés et timides, comme
un ordre d'autant plus • formel de voter feïïr le
candidat de l'administration, qu'il leur était trans
mis par l'agent habituel d« l'autorité dans les cam
pagnes; et qu'en outre, la candidature du prince
Murât a été portée à . leur connaissance par'de#
publications à son de caisse, de Ja même manière
que sont publiés les arrêtés et ordonnances d&
cette même autorité ;
» Considérant que dans toutes les communes du,
canton ces mêmes agens oat été apostés à l'entrée'
et aux abords des salles d'élection et ont distribué
les bulletins du candidat de l'administration, sous
l'action et la surveillance de la force publique qui
leur donnait toutes consignes nécessaires;
» Considérant que l'administration a réuni à.
l'hôtel de la sous-préfecture, le jeudi 29 juillet, h
rteuf heures du matin, les lonctionnaires sous sa
plus
cheuses et a inspiré quelques craintes ; t
. » Considérant, en effet* que, dans cette rëu<»
nion, la voix de l'autorité a représenté la candi»
dature de M. Prospër de Chasseloup-Laubat com
me tout-à-1'ait impossible, à raison de ce qu'elle
était produite et soutenue par le parti de la dé
magogie;
» Qu'indépendamment de celte injure faite à.
l'honorabilité de M. de Chas^eleup-Laubat et à'di s
électeurs qui appuyaient sa candidature, M. le
sous-préfet de Marennes a fait répandre , afficher
et publier à son de caisse, une proclamation se
terminant ainsi : « Voter contre le prince Murât
» (capdidat de l'administration), c'est voter contre
» le Président lui-même. »
» Qu'une semblable proclamation a évidem
ment fait croire à un grand nombre d'électeurs
que le choix qu'ils feraient de M. de Chasseloup-
Laubat mettrait en péril le gouvernement du prin
ce, auquel on le sait sincèrement attaché.;
» Que, de plus, l'administration n'a pss craint
de dire à MM. les maires et de faire répandre par
ses agens que l'élection de M. Prospcr de Chassa*
loup-Laubat porterait une grave atteinte aux in
térêts matériels du pays, qui s'aliénerait ainsi la.
bienveillance du gouvernement, sa protect'on et ïà
justice;
. » Considérant.que,sur la demande des électeurs
de la commune de Marennes, exprimée par lè pré
sident du bureau lui-même, de voir apposé dans
la'salle de l'élection le nom' respectable de M. de
Chasseloup-Laubat, leur candidat, à côté de celui
du prince .Murât, d'administration s'est formelle
ment opposée à l'exerci.ce de ce droit si naturel' et
qui avait été consacré jusqu'à ce jour dans tolïtea
les précédentes opérations électorales, pour ' ne
laisser jouir de cet àvantage que le nom'de son
candidat; - ■
» Considérant que rien de semblable àHouf ce
qui vient d'être signalé n'a eu lieu dans nôs'pius
mauvais jours, alors qu'il s'agissait d'intérêts gra-
ves'et tout politiques, tandis qu'aujourd'hui, des
cpnsidération3 de-cette halure devaient être com
plètement écartées ■ ■* !•'
» Les soussignés protestent contre l'électiotf pro
clamée ce jour, en demandent l'annulai ion, et
prient messieurs les membre§ du.bureau de• .vou
loir, bien joindre.à leur procèsrvei lui la présente
protestation.»; (Suiventlesrsignatures.)
Le rédacteur du Progrès de l'Oise a reçu
l'avertissement suivant :
« Nous, préïet du département de l'Oise, o 'ffir
cier de la Légion-d'Bouneur,
» Vu l'ïirt. 52 du décret sur la presse du 17 fé
vrier 1852,
» Vu les numéros du Progrès de l'Oise, et daté
des 4 et 7 août présent, contenant .deux articles
signés Jules Escuyer ;
» L'un commençant par, ces mots : « On voit
par es résultat... » et finissant pai' ceux-ci ; « La
leçon profitera peut-êtrç » ; :
« L 'autre commençant par ces mots : « L'Echo
■s n'à'pas manqué de"mettre en jeu le Progrès... »
et finissant par ceux-ci : « Qui parlent sans cesse
. de leur vertu;. » ...
. » Considérait qué, dans ses articles, le rédacteur
CONSEIL MUNICIPAL. , i.
Le conseil municipal a terminé aujourd'hui /'af
faire du traité entre la ville de P ^ris et les compa
gnies du gaz.-Après une longue discussion, n a
adopté sans modifications , les propositions con
tenues dans le Tappbrt du comité chargé de l 'exa
men de cette question; et. dont' nous' avons déjà
donné un aperçu succinct;' ' •
On sait quê le' traité de 1846, portant conces
sion pour dix-sept annés, expire au 31 décembre
1863. Lé rapport expose que ces prévisions-fai
tes à cette époque et fondées sur l'accroisse
ment probable de la consommation du gaz èt -It»
avantages que les compagnies. devaient en retirer
ne se sont point réalkési, par suite des évépe-
njens; de février «t de, la stagnation générale .qui
s'en est suivie. La durée de la concession se trou
vait aujourd'hui restreinte à onze années, et ce
terme était, selon le rapport, insuffisant pôur met
tre les compagnies à même d'opérer l'amortisse
ment des capitaux nouveaux qu'elles ont dû émet
tre pour remplir les obligations oui leur ont été
imposées par le traité du 12 décembre'1816. "*
• Ce sont ces considérations qui ont engagé l'ad
ministration à étudier les bases d'un nouveau
traité qui, en offrant aux compagnies des avan
tages que n'a pu leur donner l'exécution de
l'ancien traité, fit profiler «n-même temps 1«
public et la ville de Paris des amélicrations de-di
verse nature qui peuvent être apportées danâc*
service- ' , ■ ■ ,
Le nouveau cahier des charges présenté par
^administration, admis par les compagnies, et
adopté par. le conseil municipal, continue à MM.
droit exclusif de-conserver el d'établir des tuyaux
pour la conduite du gaz sous les voies publiques.
Cette concession nouvelle est faite pour 32' années
qui commenceront lè 1" janvier 18u3 et finirent
le 31 décembre 1884. . ' 1
Ces compagnies devront : ' {
1° Payer à titre d'abonnement, la somme an-r
nuelle de 200,000' fr'., comme droit de location do
sous--sol de la voie publique occupé par ces tuyaux
de conduite; •"v .
2° Se fu-ionner et se constituer en société ano
nyme; • ■
3° Réduire les prix de l'éclairage public au tarif
uniforme de 20 c. par mètre cube. - • ••••«
4° Appliquer ce prix de 20 centimes à l'éclairage
des établissemens. militaires qui serant désignés
par M. le préfet de police ; , .
■L* Abaisser successivement, à partir, de 4837,
tous les trois an?, le prix de l'éclairage particulier,
jusqu'à réduction définitive de ce prix,à,.33 c,eiit.
par mètre cube livré àu compteur, par une clause
particulière, ce prix devra être. de. 43 centipàcl k
partir de 185t5, aui lieu de 48 auquel ji s'éîçve
aujourd'hui ;
WBK&611 rue de VMofa (l'alalu-Rojal), n* ÎO !
B 183®.—VENDREDI 15 AOUT.
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9&sm ds &'abor»essbs7
m» 18 ï. pàb teimsbte2.
bfipartimïns. 16 f. ~ '
un mmÉ ao : 90 aarrnati
von les Pi?g éTHAHGBRS , ». Ï6]?prteï
au tableau qui sera publié dans la iournsli .
les i« §t î8 de okaqao molli
Les nbtnneméhs datent des l ,r et 16.
de chaque mois*-
S'adresser, franco, pour la rédaction, <2 M. Cbchivàl-Clabïgnt,
• Les articles déposés nie sont pai rendus
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
' I
On s'abonne, daw'Jes département, aux Messageries et aux Directions de poste —A Londres, chez MM. Cowia et fus.'
' — A Strasbourg, chez M. A lexândee, pour l'Allemagne.
1 S'adresser , franco} pour l'administration, à M. DlflAUt, directehrî,
Les annonces sont régnes av bureau du journal ; et ohex M. PXîîIS, régisaew, il, place de la Bouts*
PARIS, AOUT.
De l'Administration des Iribus indigènes
EN ALGÉRIE.
Nous avons présenté le tableau des opéra
tions militaires en Algérie de 1847 à 18S0,
en montrant la marche rapide et sûre de
notre domination. Il nous reste à compléter
ce travail par l'iùdicalion des résultais ob
tenus par nos armes sur la population ara
be, et à faire connaître le mécanisme de
l'administration des tribus indigènes. Nous
puisons aux mêmes sources d'information
pour cette nouvelle étude, non moins signi
ficative, non moins rassurante guelapré-
mière, et nous interrogeons des documens
authentiques qui ne laissent pas la moindre
prise au doute ou à la contestation.
On sait que l'Algérie est partagée en trois
provinces formant autant" de divisions mili
taires. Ces trois, divisions renferment plu
sieurs subdivisions: celle d'Alger, six; celle
d'Orari, cinq ;.-jét celle de Constantine , qua
tre. Chaque subdivision renferme un ou
plusieurs cercles commandés par un ofliciér
supérieur. Les cercles sont au nombre de
onze dans chaque province. Il y a un bureau
arabe auprès de chaque commandant mili
taire chargé dugouvernementdés indigènes.
L'organisation des tribus doit être main
tenant indiquée. Le douar, c'est-à-dire la
réunion de tentes rangées en cercle, est con
sidéré comme l'unité sociale parmi les Ara
bes. Un certain nombre de douars eompor
sent une ferka ou fraction qui obéit à un
cheili. Plusieurs ferkas réunies formèntjuné
tribu qui est commandée par im kaïd. Quel
ques tribus groupées ensemble composent,
soit un grand kaïdat, sous la direction d'un
kild el k'iad (kald des kaïds), soit un agha-
liK, sous celle d'un agha. Des aghalicks peu
vent fQrmer unie circonscription soùs les or
dres d'un bach-agha (chef des aghas), oti
d'un khalifa (lientenant).
Le cheick est nomméfiar le-commandantcte
la subdivision, sur la présentation du kaïd.
C'est un fonctionnaire dont l'emploi ressem
ble assez à celui du maire d'une commune.
Il exerce surtout une surveillance de police.
Il agit avec le concours de- la djemma' (as
semblée) sorte de conseil iminïcijjal, com-
- posé des notables du' douar. Le kaïd est
nommé par le* comrû'àndant de la division,
sur la présentation du Commandant delà
subdivision. Choisi parmi les hommes iri-
fluens de la tribu, il préside le marchéj réu
nit les contingens armés, a le droit d'in
fliger des Amendes de 2o fr., perçoit l'impôt
«t touche une prime sur le produit d« ta
xes; c'est sa seule rétribution. Les agbas
sont nommés par le minisire . de l'a guerre,
servent d'intermédiaire aux khalifas, com
mandent, les contingens armés et peuvent
frapper des amendes de KO fr. On comp
te trois classes d'aghas rétribués à 1,200,
à 1,800 et à 3,00p fr. Les : kh'afifas etbàchv
aghas sont aussi nommés par le minis
tre de la guerres Ils louchent: les khalifas un
traitement de 12,000 fr., les bachâghasun
traitement de 5,000 fr. Ils ont le droit d'infli
ger des amendes de 100 fr. La plupart dispo
sent d'une force armée, soldée par la France.
Enfin, dans chaque tritiu, à côté du kaïd
il y a un cadi , chargé de rendre la justice
et dont les sentences sont appréciées én ap-'
pel par un medjlès (tribjinal supérieur)
convoqué par les bureaux arabes au chef-
lieu de la division oij de la subdivision.
Telle est la hiérarchie des pouvoirs dans
les populations arabes de l'Algérie. Cé sys
tème, comme on voit, est très simple, très
pratique. ïl est fondé sur l'expérience et les
mœurs du pays. Quelques chiffres emprun
tés aux statistiques'officielles vônt nous mon
trer à quelle portion du peuplé arabe s'é
tend ça régime qui fonctionne d'une ma
nière très satisfaisante. '
: L'Algérie tout entière, Tell et Sahara, pré
sente une surface évaluée à 390,900 kilomè
tres carrés, c'est-à-dire environ les quatre
cinquièmes du territoire français. Les tribus
arabes et kabyles qui l'habitent sont au nom
bre del,145, et composentunepopulationjde
près de 3 millions d'ames. Là province d'Al
ger contient 290 tribus, composées d'envi
ron 900,000 individus. La province d'Oran
compte 275 tribas, avëcuue population de
600,000 amès. La province de Constantine est
la plus peuplée. Elle compte 580 tribus, com T
posées de 1,300,000 habitans. Or, à part
quelques tribus du Djurd jura et des frontières
,d6 l'Est qui n'ont pas encore reconnu emiè-
reinent notre domination, le Tell (Tellus,
terre cultivable), qui embrasse 137,900 kilo
mètres carrés est complètement soumis. Les
tribus obéissent au gouvernement de nos
âgens indigènes, sous la surveillance des bu*
reaux arabes. Le Sahara, c'est-à-dire lé
.pays des. oûsis et des landés de sable,
dont l'étendue est de 253,000 kilomètres
carrés est également soumis. L'administra
tion y est exercée par de grands chefs indi
gènes, d'après les coutumes féodales et che
valeresques qui, depuis la cunquête : musul
mane, se sont maintenues intactes dans ces
contrées. La population y est moins com
pacte que dans le Tell. Un petit nombre de
points fortifiés y sont occupés par nos trou
pes. De temps en temps des colonnes fran-*
«aises parcourent cts régions pour y mon
trer notre drapeau et pour constater no,tre
pouvoir. D'ailleurs, le Sahara est tributaire
du Tell pour la nourriture des hommes et
des chevaux. C'est ià ce qui nous assure son
obéissance. Toutefois* une surveillance ac
tive doit y être établie."L'expérience nous a
iippris que les insurrections les plus, dange
reuses sont celles qui ont des ramifications
dans le sud, parce que les chefs ont toujours
l'espoir de s'y réfugier et d'y éterniser -la
lutte en reparaissant dans le Tell dès que
l'occasion leur semble favorable. '
Sur les 290 JjiJtms de la provineerd'Alger,
i 75 sont administrées directement par les
commandans des cercles avec le concours des
bureaux arabes; 35 se rattachent à des cir
conscriptions indigènes soùs l'a direction de
chefs arabes surveillés par les bureaux ara
bes; 52, dans le Sahara ou dans la Ka-
bylie, sont-gouvernées par des dignitai
res arabes, nos vassaux, mais indépendans
par leur action administrative ; 28 enfin ,
sur les crêtes du Djurdjura, sont encore in
soumises. Dans la province d'Oran, sur les
275 tribus, 202 sont administrées directe
ment; 45 sont soumises aux bureaux arabes
par l'intermédiaire des chefs indigènes ;<
28 sont gouvernées par des chefs. ÔfifcS la
province de Constantine, sur les 580 tribus,
240 sont placées sous notre autorité directe,
200 nous obéissent par l'intermédiaire des
grands chefs indigènes, 80 sont administrées
par ces chefs, sans contrôle immédiat de no
tre part; 80 sont en état d'insoumission»Ce
dernier nombre, vrai au commencement de
"1851, est erroné aujourd'hui depuis les ex
péditions récentes. Une vingtaine de tribus
seulement peuvent encore être considérées
comme indépendantes.
En résumé, l'autorité française s'exerce
directement sur 897 Iribus arabeâ, pour le
moins. Ces tribûs occupent les parties les
plus fertiles du territoire algérien, environ
nent les villes, sont placées le long des voies
de communication, et fréquentent assidû
ment nos marchés. 160 tribus ne sont gou
vernées que par délégation. En 1851, 88
étaient encore insoumises. Mais aujourd'hui
cc chiffre a diminué au moins d'uni tiers.
Aussi voyons-nous d'année en année notre
autorité directe gagner sur la population
arabe. Le progrès de notre domination
; nous permet de restreindre le nombre des
fonctionnaires . indigènes , et de réduire
leurs traitemens. L'action administrative
a augmenté et les dépenses ont décru.
En 1847, les chefs indigènes figuraient au
budget pour 450,000 fr. En 1851, ; le même
crédit .n'est plus que de 300,000 fr. Les
grandes existences féodales que nous avcfns
dû respecter parce qu'elles tenaient à|des.
traditions militaires, el religieuses, tendent
également à disparaître peu à peu. On peut
prévoir le jour assez 'prochain où nos bu
reaux arabes, sous l'impulsion des comman
dans des cercles, gouverneront directement
la population indigène ettièndront en main
tous ses intérêts.
Nous pouvons constater l'heureuse in
fluence denolre politique par les facilités que
nous trouvons maintenant dans la percep
tion de l'impôt et dans la prestation du ser
vice militaire. Il fut un temps, et ce temps
n'est pas bien éloigné, où l'impôt arabe ne
pouvaitêlre perçu pour ainsi dire quel'épée à
la main $ où la présence d'une colonne était,
nécessaire pour y parvenir. Maintenant, la
perception est aussi aiséequerégulière. L'im
pôt, arabe produit actuellement de 5 à 6 mil
lions. Quelques anpées de tranquillité feront
monter rapidement ce chiffre à 7 on 8 millions..
Quant au service militaire, dans les premiè
res années, à l'exception du magbzen d'O
ran, boire fidèle allié, l'es goums de cavale
rie indigènes ne consentaient à marcher
qu'avec nos chasseurs et nos spahis. Ils vou
laient, aux yeux de leurs co-religionnaires,
avoir l'air d'être contraints à servir sous nos
drapeaux. Aujourd'hui, lis agissent énergi-
quement avec ou sans nos troupessous le
commandement de nos officiers ou de nos fonc
tionnaires arabes. Nous pouvons compter sur
le concours actif et dévoué de plus de 15,000
cavaliers arabes, organisés en goums. De
plus, nous comptons dans les rangs de nos
troupes environ 5,000 indigènes, zouaves ou
spahis, qui sont de bons et loyaux soldats.
Enfin, dans toutes les expédition?, nous em
ployons utilement les convois de bêtes dé
somme fournies par les Arabes sur les ré
quisitions de nos autorités.
Les progrès de notre domination ont tourné
àl'avantage des tribus. Nous les fixons de plus
en plus au sol . en leur inspirant le goût des
constructions, des plantations, des cultures
industrielles. Déjà la province d'Alger compte
1,030 habitations privées, occupées par des
chefs ou par de riches propriétaires, qui ont
quitté la tente pour une demeure fixe. Un
grand nombre d'ouvriers européens ont" été
bien accueillis dans les tribus, y sont fort
employés, et sont très exactement payés. En
1849, dans la province de Miiiana, lés indigè
nes ont fait travailler les ouvriers européens
pour une sommé de plus de 5®0,000 fr.;
300.000 au moinsont été dépensés de la mêpne
façon dans le même laps de temps, dans celle
d J OrIéan: v 1 e. Daa> la province d'Qran, le nom
bre des habitations privées s''élève à 8 i 1 ;et dans
celle de Constantine,"à 441. Presque tous nos
fonctionnaires occupent de belles et solides
maisons de pierre. Les indigènes, à notre ins
tigation, ont dépensé plus de deux millions
pour substituer à leurs bulles grossières ou
à la tente,des demeures construites à l'euro
péenne. On voit déjà des villages presque en
tout semblables aux nôtres, où la mosquée,
l'école, le moulin , l'abreuvoir, sont grou
pés auprès des maisons qu'habitent les.
principaux habitans. On y rencontre des
fermes aussi vastes, aussi bien aména
gées que celles de la : métropole. En outre,
le? Arabes ont dépensé plus de trois millions
en caravansérails, en lavoirs, en moulins,
en puits, én fontaines, en fondouk (bazar
fermé), en bains maures, en ponts, en
travaux d'utilité publique. Enfin, plusieurs
mosquées et zaouias ont été bâties aux frai3
des tribus dans les trois provinces.
Nous n'avons rien négligé pour améliorer
l'agriculture des. ipdigènesj pour protéger
leur commerce, pour soutenir leur indus
trie. Les labours ont pris un accroissement
considérable -..dès terres incultes ont été dé
frichées ; on a pu remarquer une différence
de 28 0/0, en 1849, dans la subdivision
d'Orléansville. La culture des pommes de
terre a été favorisée : on s'en est bien
trouvé lors de là disette des grains qui
qui a coïncidé avec le choléra. La culture du
tabac, naguère abandonnée, a été reprise
avec ardeur et donne de beaux résultats. Les
Kabyles greffent maintenant leurs oliviers.
Au lieu de faire consommer l'herbe des prai- '
ries en vert, comme autrefois], les indigènes
fauchent leurs foins. La vigne est cultivée
heureusement sur nombre de points. Les Ara
bes ont fait de grands progrés dans la cul
ture maraîchère et dans le jardinage. L'élève
des bestiaux et des chevaux est vivement
encouragée. Le commerce du Tell et du Sa
hara est aussi l'objet des soins les plus assi
dus. On s'efforce, par tous les moyens pos
sibles, de soutenir l'industrie indigène, qui
a bien de la peine à supporter la concur
rence de la nôtre. Ajoutons à cela la propa
gation de la vaccine parmi les tribus, l'or
ganisation d'un service médical dans les
douars, • l'admission des malades indigènes
dans nos hôpitaux , et l'on verra que no
tre administration paternelle et bienveil
lante s'occupe incessamment de l'améliora
tion physique et morale de ces populations
qui, soumises par nos armes, sont placées
maintenant sous notre tutelle et initiées,
peu à peu, aux bienfaits de là civilisation.
HENRY CA .uvain.
Une dépêche télégraphique a apporté la
nouvelle du remplacement de M. le marquis
de Miraflorès, ministre d'Etat en Espagne
par M. Beltran de Lis. Ce dernier est rem
placé au ministère de l'intérieur par M. Or-
donnrz, gouverneur civil deMadrid.
La retraits de M. de Miraflorès avait été
annoncée hier dans notre correspondance
d'Espagne. l. boniface.
Les nouvelles reçues du Cap de Bonne-Es
pérance ont causé uns baisse assez sensible
à la bpurse de Londres. On n'en est point
surpris ,en présence du tableau que les jour
naux du Cap et les. lettres particulières tra
cent de l'éiat de cette colonie. La guerre
contre les Cafres a repris avec plus de vi
vacité que jamais. Les Cafres persévèrent
dans la tactique qui leur a si merveilleuse
ment réussi jusqu'ici : ils évitent tout enga
gement avec les troupps régulières, mais ils
harassent de leurs attaques tous les dé tache-
mens isolés ; ils enlevent tous les petits pos
tes, ils se glissent par bandes derrière les co
lonnes anglaises et ravagent tout le pays,
mettant le fèu aux habitations et emmenant
(ous les troupeaux. . ,
> «Nous.remplirions plusieurs colonnes, dit
un journal du'Cap, si nous voulions donner
te détail des attaques; des assassinats, des
escarmouches, des rencontres journalières
3ui coûtent la vie à des'colons ou à d<\s sol-
ats. La ruine et lë danger sont aujourd'hui
l'état pcrmanentd'un territoire qui comporte
cent milles de largeur sur. cent cinquante
milles de long. » Cette guerre d'extermina
tion qu'un ennemi infatigable fait aux émi-
grans anglais, a pour résultat ' la désolation '
de la colonie. Les garnisons anglaises sont
seules en sûreté, mais personne ne peut s'é
loigner de quelques pas des cantonnemens
sans rencontrer un ennemi. La posté a été
plusieurs fois interceptée ^.jusqu'au cœur-de
la colonie,: uue station de missionnaires a
été prise de vive force et sa garnison massa
crée ; enfin un convoi, expédié de Graham au
fort Beaufort, ■ a été enlevé et son escorte
taillée en pièces. Des fusils et trente mille
paquets de cartouches sont tombés au, pou
voir des Cafres.
. Eu regard de tous ces échecs partiels, les
Anglais ne peuvent mettre que la destruction
d'un camp nottentot aprèsun engagement as
sez vif. Maïs les Iloitentots, chassés d'une
hauteur, vont s'établir'sur une autre monta
gne, et les troupes anglaises ont déjà pris c-t
repris plusieurs de ces camps que quelques
jours de travail'suffiseiit à établir, et qui re- ■
naissent sans cesse de leurs cendres. Le gé
néral Cathcarta dû recourir de nouveau aux
colons hollandais et réclamer leur coopéra
tion. On ignore quel succès a obtenu sa pro
clamation. • .
Le général en chef a dît prendre une autre
mesure, qui est un aveu implicite de l'im
puissance des Anglais à terminer cette guerre.
Nous avons dit qu'un certain nombre de co
lons d'origine hellandaise , fuyant, le joug
britannique, s'étaient établis au-delà de la
rivière Yaal, au nord du pays qu'ou appelle
la souveraineté d'Orange. Les autorités an
glaises qui ne's'étaient emparées dî la sou
veraineté d'Orange que pour maintenir ces
colons sous leur obéissance, avaient élevé les
mêmes prétentions sur les rives du Vaal. Le
général Çalhcart vient par un traité de re
connaître l'indépendance des colons établis
au nord du Vaal. Il s'est engagé à leur lais
ser le droit d'administrer leurs affaires et
de se gouverner eux mêmes sans contrôle
ni empiétement des autorisés anglaise?, à :
laisser à tout émigrant ou colon du Cap plei- '
ne libert é d'aller s'établir au-delà du Vaal, et
à ne j imais contracter d'alliance avec les in
digènes dé ce territoire, à la condition que
les habitans du Vaal n'établiront pas chtz
eux l'esclavage, et ne feront pas le commerce
de la poudre avec les indigènes. .
Ce traité est l'abandon complet des pré
tentions que la Grande-Bretagne n'a cessé
d'élever, sur les Boers. L'Angleterre renonce
'à ses vaincs tentatives pour s'a&sujétir cette"
race indomptable. Elle préféré leur laisser
leur indépendance à la condition qu'ils la
protégeront contre lés Cafres. On peut être
certain, en effet, que grand nombre de co
lons d'origine hollandaise s'empresseront
de quitter le territoire anglais pour aller
s'établir sur les bords du Vaal. Cet Etat nou
veau deviendra pour la souveraineté d'O
range la plus sûre barrière contre lés incur
sions des Cafres. Si do'nc ce sacrifice a dû
coûter à l'orgueil britannique, il met à l'a
bri une partie considérable de celte immense
frontière que les Anglais sè reconnaissent
enfin impuissans à défendre.
' • . CUCKEVAL-CLÀJUGNY. . .
Nous nous étions toujours doutés qu'il y
avait quelque malentendu au fond de cette
querelle du paganisme dans l'éducation qui
défraie depuis plusieurs mois la presse reli
gieuse. Une lettre que nous trouvons dans
l'Univers jette quelque jour sur l'origine de
cette controverse'. Voici comment s'exprime
un prêtre, M. l'abbé Bansa, professeur dans
un collège ecclésiastique de Lorraine :
Un jour, en parlant à mes élèves des plus hautes
classes de littérature, je nommai saint Luc, auteur
des Actes des Apôtres; aussitôt l'un d'eux s'écrie
tout ébahi : Comment, Moniteur, saint Lue est
l'auteur des Actes des Apôtres? Un second se lèye
et me demande : Que sont-ce dtmo, Monsieur, les
Actes des Apôtrvs? Une autre fois, ayant cité un
passage des épîtres de saint Paul, en le quali
fiant de parole de Dieu, j'entendis sur-le-champ
•un des élèves exprimer son étonnement : Com
ment, Monsieur, les épîlres de saint Paul sont la
parole de Dieu! jamais je n'avais entendu pareille-
chose. Enfin, il est bien constant que nos enfans,
sans en excepter ceux qui sont élevés dans les col
lèges chrétiens les mieux réglés, à la fin de leurs
études classiques, savent de la religion chrétienne
tout au plus comme ils savent de l'allemand ou
de l'anglais, quand ils y ont étudié ces langues,
selon l'expression très juste de M. l'abbé Gaume.
Cet aveu,, si précieux à recueillir, pro uve
ce que nous savions déjà et ce que nous
n'aurions pas osé dire, si nous n'avions eu
l'appui d'un pareil témoignage, que dans
les. établissemens ecclésiastiques il n'est fait
aucune part aux auteurs chrétiens, et qu'il
en résulte chez les élèves de ces établisse
mens une ignorance déplorable des choses
les plus essentielles à savoir. Il y a là un
excès à corriger, et nous comprenons les
plaintes de M. Gaume, s'il les restreint à l'en
seignement des petits séminaires. Les faits
avoués par M. l'abbé Bansa prouvent pé
remptoirement que les établissemens ec
clésiastiques doivent se liàter d'introduire
dans. le programme de leurs classes l'expli
cation de l'Ancien et du Nouveau Testament
et des Actes des Apôtres. Ils suivront en cela
l'exemple que leur donne depuis quelque
vingt ans l'Uuiversité : et ils arriveront sans
doute un jour à faire expliquer comme elle.
dans les classes quelques-uns des beaux dis
cours de saint Basile et de saint Jean Chry-
sostôme. i
Le secrétaire de la rédaction., t. boniface.
En. rendant compte du nouveau livre de i
M. Proudhon, le jour même de sa mise en'
vente, nous avons fait ajlusion aux difiiculi-
tés qui en avaient retardé la pubfication, et
à la lettre que M. Proudhon avait écrite à ce
sujet au Président de la République. Nous
reproduisons aujourd'hui cette lettre, que
M. Proudhon a communiquée à plusieurs
journaux.
.• Le secrétaire de la rédaction, t. boniface. -
Au Président de la République.
« Monsieur le Président,
, » En 1848, j'ai combattu votre candidature à la
présidence de la Kéfrtiblique! parce que je là jugeais
menaçante pour la démocratie, hostile aux répu
blicains. Les amateurs de pamphlets ont gardé le
souvenir de ma polémiqué de ce temps-là.
» Après lVlection du 10 décembre, j'ai fait une
maladie grave qui m'a forcé pendant un mois de
m'hbsenter de l'Assemblée nationale, dont j'étais
membre. La cause de cette maladie, Monsieur le
président, je n'ai pas btsoin de vous la dire :
tandis que le peuple vous élevait sur le pavois; il
me perçait le cœur.
» A peine rétabli de mes chagrins et de mes fa
tigues, sur la fin de janvier 1849, j'ai attaqué vo
tre pouvoir avec toute l'irritation de la convales
cence. Cette attaque m'a valu trois ans de prison,
qui orit pris fin au 4 juin. 1832.
'«Pendant la première année de ma captivi
té, j'ai recommencé la lutte autant de fois qu'jl
m'a été possible. J'ai subi, pour cette obsti
nation, deux mises au secret, deux transfere-
mens et deux procès, dont l'un a été abandon
né pour vice de forme, et l'autre s'est termi
né par un acquittement. Je ne me suis résigné au
silence que lorsqu'il m'a été notifié par le préfet
de police que la prison emportait pour moi, jourr
nali.?le, avec la séquestration de ma personne, le
silence dé ma parole. La loi pénale n'en dit rien,
et, sous le dernier roi, cela ne s'était pas vu ; mais
le temes et les circonstances donnent aux lois leur
interprétation.
». Après le coup d'Etat du 2 décembre et la dé
faite de l'insurrection, j'ai été pendant cinq jours
comme un condamné à mort. Je n'avais rien à
craindre .pour nia personne; mais le coup por
té à la République me désespérait. Ah ! Monsieur
le Président, vous n'av
en mémo temps plus désintéressé que moi. Je "
n'ai point été votre rival, comme d'autres qui, à
mon avis, en étaient dignes, !e furent ; je n'aspire
poinjt à votre succession, comme.d'autres, qui va
lent moins peut-être, y pensent. Je n'en veux pas
plus à votre dignité qu'à votre personne, et je ne
conspire pas. J'ai vu c-n vous l'ennemi de la Ré
publique que j'avais embrassée : ne cherchez pas
d'autre cause à mon opposition. ;
' » Depuis votre second avçnement, j'ai cherché
à me consoler, — je serais mort, sans cette conso
lation,--en me démontrant à moi-môme que
vous étiez le produit de circonstances fatales, et
que cette révolution, quemesamis etrnoin'avions
sans doute pas été trouvés dignes de faire, \ou|j-
en étiez, bon gré, mal gré, le représentant. • ; »
» Louis-Napoléon, me suis-je dit, est le mandji|-
taire de la révolution, à peine de déchéance ! >
» Aussitôt, je fais de ma pensée un livre ; j 'irrv-
prime ce livre; mai? la police en interdit la vente;
menaçant à la fois l'imprimeur et ; le librairel
Pourquoi? C'est ce _quc je viens vous demander à
Tous -même, Monsieur le Président. Pardonnez
cette interrogation à un républicain. i
«Vous êtes la révolution au XIX 0 siècle^ car
vous ne pouvez pas être autre chose. Hors de là;
le 2 décembre ne serait qu'un accident historique;
sans principe, sansportée : voilà mon premier point 1 .
Maintenant, lesavi z-vous, Monsieurle Président? ie
\'Ou !ez -\ous? l'oserez-vous dire? Questionsscabreu-
< SHietqaeje n'oseré-oudre: voilà inon.secondpoint;
,Cest tout mon livre : consolation pour moi-même^
espérance à mes coreligionnaires, défi à la contre*
révolution ! A ce livre, j'ai donné ma façon, mon
style, mes idées, mes opinions, mes craintes ; du
reste, et malgré mon extrême franchise, pas la
moindre attaque, ni au Président ni au gouverne:
ment. ... ; . i
» Je ne me suis pas dissimulé que ce livre; en
donnant la raison d'existence du 2 décembre, lui
créait uni; sorte da légitimité dans lesioboses; que
recevant ainsi sa signification,de l'histoire, le gou
vernement en recevrait une nouvelle force, et qu'à
ce m>t tombé de ma plume.: «Louis Napoléon est
■ le mandataire de la révolution, » la popularité de
.l'homme, tant .de fois fatale aux. républicains,
. mont* rjit encore parmi sei sept millions de.vo x.
» Homme de parti, je use suis dit ce*..choses ;
homme de révolution,falpas-.é outre ; !aissez-moi
vous dire, Monsieur le Président, pour quel motif
et dans quel espoir.
» J'ai considéré que vous ne pouviez obtenir,
comme mandataire dç la révolution, le moindre
succès auquel la révolution n'eût sa grande pai|t.
• » J'ai donc espéré,, dans 1'io.térêt de cette ré-
. volution, que la France, éclairée sur sa.;situa.tiôn
véritable, rassurée par vous contre toute sur
prise, oserait enfin envisager de face la ques
tion qui lui. a été posée en février ; et j'ai
espéré qu'alors notre pays, qu'on vit de tout
temps à la tète , du mouvement intellectuel, à
l'époque des troubadours, à la renaissance , aux
XVII e et XVIII* siècles, pourrait suivre sans dan
ger la révolution philosophique et s'ciale com
mencée au XIX", et à laquelle vous-même,
Monsieur le Président, avez pris part;—j'ai espéré,-
enfin, qu'au fond de l'exil, dans les prisons, la dé
mocratie recevrait de mes paroles quelque allége
ment, et que peut-être il serait permis à ceux qui
partagent -ma résignation dans le présent et uia
confiance pour l'avenir, de revoir, honorables et
inoffensifs, leurs amis et leurs foyers.
» Compensation faite, je n'ai pas cru devoir su
bordonner à mes ressentimens de parti les inté
rêts généraux de la révolution, et donner plus
longtemps la joie de notre infortune à ces vieux
partis dont la longue traliisoa a décidé le succès
du coup d'Etat, et qui tous, sans en excepter le
clergé, se - sont montrés sans miséricorde...
» Maintenant la p«lice arrête la vente de mon
ouvrage. Le nom de l'auteur, le titre du livre, les
formes du langage, voilà ses griefs!...
. » Je me croirais un hypocrite et un lâche si,
après m'être mis dans le cas de solliciter votre in
tervention, Monsieur le Président, jè faisais 4u
pouvoir la moindre excuse. Qu'est-il donc be
soin que je m'explique! J'ai voulu que ma pu
blication fut un acte de haute moralité; il lie
tient qu'à vous, Monsieur le Président, d'en faire
un acte dû haute politique. Pour cela, il faut que
mon livre paraisse, tel que je l'ai fait, avec ses
âmertumt», ses hardiesses, ses méfiances, sfes pa
radoxes. Je ne passe condamnation que sur ce qui
sera déclaré crime ou délit par les tribunaux ; çn
ce cas, je demande que la condamnation tombe
exclusivement sur ma tête. . ' >
» Je me disais, il y a quatre jours : Qu'il se
trouve un homme de tête et de cœur, un seul
dans le gouvernement du 2 décembre, et mon œu
vre passe. Faut-il que j'aille jusqu'à vous, Mon
sieur le Président, pour rencontrer cet liomme-là?
» Je suis, etc. p.-.r. proudhon.
» P. S. La terreur exercée par la police est telle,
qu'il a été impossible à l'auteur d'obtenir un seul
exemplaire de son livre pour le Président de la Ré
publique . » -
Ouelques réclamations arrivées des dépar-
temens font de nouveau allusion à de pré
tendus projets du gouvernement sur les of
fices ministériels.
Ces bruits, que la malveillance s'obstine à
répandre, ont déjà été souvent démentis. Le
gou vernement déclare encore une fois qu'ils
n'ont aucune espèce de fondement-.
(Moniteur.)
. "" Il " ■■ , ■■ ■ • ! .
Il parait décidé que le voyage du prince-
Présidept de la République à Bordeaux n'au
ra pas lieu avant le 15 du mois de septem
bre. ■ ■ ■ ' » (Idem.)
On écrit de Berlin, en date du 9 août :
Le ministre de la justice, M. Simons, a donné
sa démission par des considérations de famille. On
désigne pour son successeur le comte de Rittberg, '
président de la première chambre.
On a reçu des nouvelles de Constanlinople
en date dû 29 juillet : *
Y M. de Lavalette, ambassadeur de France, à' Con
stanlinople, était arrivé le 26 au malin sur le
vaisseau mixte le Charlemagne, après avoir touché
auPirce.lt n'a débarqué que le lendemain à onie
heures à l'échelle, de Top-Hané, où il 3 été reçu
par tous les officiers de l'ambassade, les députqs
du commerce et les membres de la colonie fran
çaise, qui l'ont accompagné jusqu'au palais de
Péra.
Peu de temps après son arrivée, M. de Lava
lette a reçu.la visite de l'introducteur des, ambas
sadeurs, Kiamil-Bey, qui venait le féliciter de la
part de la Sublime-Porte. Il a reçu aussi le jouir
même et.le lendemain la, visite de tous les mem
bres du corps diplomatique.
Le 28, M. de Lavalette, accompagné du corn- 1
mandant du Charlemagne et des officiers de l'am
bassade, était allé faire les visites d'usage à la
Porte, au ministre de la marine, au grand-maître
de l'artillerie et au ministre de lar guerre.
On assurait que l'audience du sultan aurait lieu
dans les premiers jours d'août.
Il était question de donner à bord du Charlema
gne un grand bal, auquel seraient invites les hauts
foactionnaires de la Porte et les membres du.corps
diplomatique. On pensait.d'ailleurs que le Charlè-
magne ne resterait pas à Constantinople plus de
douze ou quinze jours. , , ;
L'un des drogniaqs de l'ambassadeM. Pellier,
qui, depuis une dizaine d'années qu'il se trouve p
Constantinople, avait toujours été employé aujc
travaux du secrétariat par les divers ambassadeur
qui se sont succédé depuis cette époque , venait
d'être nommé secrétaire-archiviste dé l'ambassade;
M. Sabatier, nommé consul-général à Alexan
drie, devait quitter Constantinople par le paquébqt
du S août, pour se rendre en France avant d'aller
occuper son nouveau poste;
Le retour de M. de Lavalette à Constantinoplq,
a été accueilli avec une satisfaction marquée par
la colonie française ; une affluence très considé
rable s'était portée à sa rencontre lors de. son dé
barquement j et, arrivé au palais de Péra, en réi-
ponse au premier député du commerce, qui.
avait été chargé, d'exprimer à M. de Lava
lette, la joie.qu'éprouvait la .colonie do son
retour, l'a-nb.assadçur a. prononcé une courte
allocution dans laquelle il a exprimé l'espoir
de voir, grâce à la tranquillité dont le pays
jouit en ce moment , s'accroître .chaque jour
notre influence extérieure et les garanties de nés
intérêts politiques et commerciaux. Ces paroles
ont cté accueillies avec une faveur marquse. i
Le 28, vers sept heures u et demie du soir, le,feu
s'était déclaré à l'échelle de lémicli-Iskélessi, h
Constantinople, entre les deux ponts; on n"a
s'en rendre maître qu'après trois heures de.trayaily
et le dommage Ait être cpnsidérable. Uu ; détachef
m mt de cinq cents hommes, du Çharltmagne s'es
tait porté sur le lieu de l'incendie et a puissant
ment aidé à l'éteindre. ' -j
On annonçait qu'une grande partie' dè la.ville
d'Eraerount venait d'être détruite par un tremblct
nunt de terre.—A. Berlin. (Débats.)'
critique le droit attribué au pou-voir par le décret
organique de nommer les officiers de la gardena
tionale, et parodie indécemment le droit d'avertis
sement conféré aux'préfets par le décret sur la
présse ; ' ->
» Attendu, de iplus, qiie dans le même numéra
du 7 août le même journal s'est permis d'inséré .
insidieusement, sans autorisation de son auteur,
une lettre adressée par le préfet de l'Oise à un
fonctionnaire public,, et qui n'était pas destiné à la
publicité; > ' g
» Arrêtons : ■ >
» Art. 1 e ' Un premier avertissement est donné au
journal le Progrès- de l 'Oise, en la personne du
sieur Jules Escuyer, son rédacteur-gérant.
» Fait à Beauvais, le 8 août 1852.
» Le préfet de l'Oise : a. randouin. »
Nous avons publié la proclamation du
préfet de la Charente-Inférieure contre la
candidature de M. de Chasseloup-Laubat.
L'impartialité nous oblige à reproduire éga
lement la protestation suivante des électeurs
du canton de Marennes : i
m Les .soussignés, électeurs du canton-de Maren
nes, protestent de la manièie suivante contre l'é->
lection du prince Lucien Murât au conseil général,
effectuée le i" août 1832 ;
» Consi térant que les gardes-champêtres et
cantoaniers communaux du canton de Marennes
ont été chargés, par l'administration, de porter
aux électeurs des campagnes, en même temps qu#
leure cartes, les bulletins de son candidat;
_ » Que cette remise a dû être regardée par eeux«
ci, gens pour la plupart illettrés et timides, comme
un ordre d'autant plus • formel de voter feïïr le
candidat de l'administration, qu'il leur était trans
mis par l'agent habituel d« l'autorité dans les cam
pagnes; et qu'en outre, la candidature du prince
Murât a été portée à . leur connaissance par'de#
publications à son de caisse, de Ja même manière
que sont publiés les arrêtés et ordonnances d&
cette même autorité ;
» Considérant que dans toutes les communes du,
canton ces mêmes agens oat été apostés à l'entrée'
et aux abords des salles d'élection et ont distribué
les bulletins du candidat de l'administration, sous
l'action et la surveillance de la force publique qui
leur donnait toutes consignes nécessaires;
» Considérant que l'administration a réuni à.
l'hôtel de la sous-préfecture, le jeudi 29 juillet, h
rteuf heures du matin, les lonctionnaires sous sa
plus
cheuses et a inspiré quelques craintes ; t
. » Considérant, en effet* que, dans cette rëu<»
nion, la voix de l'autorité a représenté la candi»
dature de M. Prospër de Chasseloup-Laubat com
me tout-à-1'ait impossible, à raison de ce qu'elle
était produite et soutenue par le parti de la dé
magogie;
» Qu'indépendamment de celte injure faite à.
l'honorabilité de M. de Chas^eleup-Laubat et à'di s
électeurs qui appuyaient sa candidature, M. le
sous-préfet de Marennes a fait répandre , afficher
et publier à son de caisse, une proclamation se
terminant ainsi : « Voter contre le prince Murât
» (capdidat de l'administration), c'est voter contre
» le Président lui-même. »
» Qu'une semblable proclamation a évidem
ment fait croire à un grand nombre d'électeurs
que le choix qu'ils feraient de M. de Chasseloup-
Laubat mettrait en péril le gouvernement du prin
ce, auquel on le sait sincèrement attaché.;
» Que, de plus, l'administration n'a pss craint
de dire à MM. les maires et de faire répandre par
ses agens que l'élection de M. Prospcr de Chassa*
loup-Laubat porterait une grave atteinte aux in
térêts matériels du pays, qui s'aliénerait ainsi la.
bienveillance du gouvernement, sa protect'on et ïà
justice;
. » Considérant.que,sur la demande des électeurs
de la commune de Marennes, exprimée par lè pré
sident du bureau lui-même, de voir apposé dans
la'salle de l'élection le nom' respectable de M. de
Chasseloup-Laubat, leur candidat, à côté de celui
du prince .Murât, d'administration s'est formelle
ment opposée à l'exerci.ce de ce droit si naturel' et
qui avait été consacré jusqu'à ce jour dans tolïtea
les précédentes opérations électorales, pour ' ne
laisser jouir de cet àvantage que le nom'de son
candidat; - ■
» Considérant que rien de semblable àHouf ce
qui vient d'être signalé n'a eu lieu dans nôs'pius
mauvais jours, alors qu'il s'agissait d'intérêts gra-
ves'et tout politiques, tandis qu'aujourd'hui, des
cpnsidération3 de-cette halure devaient être com
plètement écartées ■ ■* !•'
» Les soussignés protestent contre l'électiotf pro
clamée ce jour, en demandent l'annulai ion, et
prient messieurs les membre§ du.bureau de• .vou
loir, bien joindre.à leur procèsrvei lui la présente
protestation.»; (Suiventlesrsignatures.)
Le rédacteur du Progrès de l'Oise a reçu
l'avertissement suivant :
« Nous, préïet du département de l'Oise, o 'ffir
cier de la Légion-d'Bouneur,
» Vu l'ïirt. 52 du décret sur la presse du 17 fé
vrier 1852,
» Vu les numéros du Progrès de l'Oise, et daté
des 4 et 7 août présent, contenant .deux articles
signés Jules Escuyer ;
» L'un commençant par, ces mots : « On voit
par es résultat... » et finissant pai' ceux-ci ; « La
leçon profitera peut-êtrç » ; :
« L 'autre commençant par ces mots : « L'Echo
■s n'à'pas manqué de"mettre en jeu le Progrès... »
et finissant par ceux-ci : « Qui parlent sans cesse
. de leur vertu;. » ...
. » Considérait qué, dans ses articles, le rédacteur
CONSEIL MUNICIPAL. , i.
Le conseil municipal a terminé aujourd'hui /'af
faire du traité entre la ville de P ^ris et les compa
gnies du gaz.-Après une longue discussion, n a
adopté sans modifications , les propositions con
tenues dans le Tappbrt du comité chargé de l 'exa
men de cette question; et. dont' nous' avons déjà
donné un aperçu succinct;' ' •
On sait quê le' traité de 1846, portant conces
sion pour dix-sept annés, expire au 31 décembre
1863. Lé rapport expose que ces prévisions-fai
tes à cette époque et fondées sur l'accroisse
ment probable de la consommation du gaz èt -It»
avantages que les compagnies. devaient en retirer
ne se sont point réalkési, par suite des évépe-
njens; de février «t de, la stagnation générale .qui
s'en est suivie. La durée de la concession se trou
vait aujourd'hui restreinte à onze années, et ce
terme était, selon le rapport, insuffisant pôur met
tre les compagnies à même d'opérer l'amortisse
ment des capitaux nouveaux qu'elles ont dû émet
tre pour remplir les obligations oui leur ont été
imposées par le traité du 12 décembre'1816. "*
• Ce sont ces considérations qui ont engagé l'ad
ministration à étudier les bases d'un nouveau
traité qui, en offrant aux compagnies des avan
tages que n'a pu leur donner l'exécution de
l'ancien traité, fit profiler «n-même temps 1«
public et la ville de Paris des amélicrations de-di
verse nature qui peuvent être apportées danâc*
service- ' , ■ ■ ,
Le nouveau cahier des charges présenté par
^administration, admis par les compagnies, et
adopté par. le conseil municipal, continue à MM.
droit exclusif de-conserver el d'établir des tuyaux
pour la conduite du gaz sous les voies publiques.
Cette concession nouvelle est faite pour 32' années
qui commenceront lè 1" janvier 18u3 et finirent
le 31 décembre 1884. . ' 1
Ces compagnies devront : ' {
1° Payer à titre d'abonnement, la somme an-r
nuelle de 200,000' fr'., comme droit de location do
sous--sol de la voie publique occupé par ces tuyaux
de conduite; •"v .
2° Se fu-ionner et se constituer en société ano
nyme; • ■
3° Réduire les prix de l'éclairage public au tarif
uniforme de 20 c. par mètre cube. - • ••••«
4° Appliquer ce prix de 20 centimes à l'éclairage
des établissemens. militaires qui serant désignés
par M. le préfet de police ; , .
■L* Abaisser successivement, à partir, de 4837,
tous les trois an?, le prix de l'éclairage particulier,
jusqu'à réduction définitive de ce prix,à,.33 c,eiit.
par mètre cube livré àu compteur, par une clause
particulière, ce prix devra être. de. 43 centipàcl k
partir de 185t5, aui lieu de 48 auquel ji s'éîçve
aujourd'hui ;
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