Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-08-11
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 11 août 1852 11 août 1852
Description : 1852/08/11 (Numéro 224). 1852/08/11 (Numéro 224).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUMÉRO 221.
BVREA1X : rue de Vaioi* iPalala-Rsyal); n« f®.|
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MERCREDI 11 AOUT.
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au tableau qui «era publié dans le tournai•
les 10 et H de abaque moisi
Lu aôcanetjutu datent des 1" ti 11
de cAaqut moisi
JOURNAL POLITIQtE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
S'adresser, franco, /Jour la rédaction, à M. C uchïval -C labignt, rédacteur en chef. I
Les articles déposés ne sont pas rendus J
On s'abonni, dans let dêpartemins, aux Messageries et aux Directions de poste — A Londres, chiz MM. Cowi* et fils J i S'adresser, franco]} pour l'administration, à M.
• A Strasbourg, chez A lexandre , pour l'Allemagne. I Les annonces sont reQues au bureau du journal : et ohex M. PANJS,
Dmn, directeur.
régisseur, 16, place de la BotuM
PARIS, 10 AOUT.
Nous avons fait connaître sous leur côté
politique les derniers comptes-rendus des
chambres de commerce prussiennes, et on a
- pu voir comment l'heureuse influence de la
révolution du 2 décembre avait été appré-
c ée par le commerce étranger. Nous al
lons maintenant rechercher dans ces mê
mes rapports les faits, les observations
qui intéressent plus particulièrement les
. industriels et les expéditeurs français. Une
même pensée domine ces curieux documens,
c'est la nécêssité pour l'Allemagne d'ouvrir
aux produits du Zollverein des débouchés
nouveaux, et aussi d'entrer pour la confection
de certains articles en rivalité sérieuse avec
les grands centrés manufacturiers de l'An
gleterre et de la France. Une des chambres
les plus importantes, la chambre d'Elberfeld
;et de Barmen, signale en Europe trois Etats
qui, par l'élévation des tarifs, excluent pres
que complètement de leurs marchés les prin
cipaux produits de l'association douaniè
re ; ce. seraient, suivant elle, l'Espagne, la
France et enfin l'Angleterre qu'on ne s'at
tendait pas sans doute à trouver au nom
bre des* -pays protecteurs. Il est vrai que
la manufacture d'Elberfeld , qui produit*
beaucoup d'acier, de toiles, de tissus de
soie, etc., a quelque raison de se plaindre
des prohibitions. Néanmoins la plupart des
comptes-rendus de 1851 insistent auprès
des gouvernemens de l'association pour
- qu'ils persévèrent dans la .voie ouverte
par le congrès de Stuttgardt en 1842. On
n'ignore pas qu'à cette époque, par une or
donnance du mois d'octobre, qui fut mise"
à exécution le l ,r janvier 1843, le zollverein
augmenta les droits sur un certain nombre
d'articles qui sont essentiellement des pro
duits de l'industrie française, tels que
eaux de-vie de vin, orfèvrerie et bijouterie,
plaqués, péndules,ileurs artificielles, plumes
de parure apprêtées, parfumerie fine, gan
terie, papier de tenture, éventails, lustres et
bronzes, articles de Paris, etc. De 1843à
1848 , ces aggravations de droit, tout en '
comprimant l'essor des produits qu'elles
atteignaient' ne. portèrent aucun préju
dice à l'ensemble de nos exportations et
au développement naturel de nos échan
ges. Aussi, les chambres de commerce:
prussiennes réclament-elles aujourd'hui
'coetre -nous de nouvelles ..mesures ..pro=.
liibifivts. Si le Zollverein n'obtient pas de lai
France de notables diminutions, on prétend
le pousser à user de représailles et à nous
déclarer une véritable guerre de tarifs.
La chambre de Dusseldorf se plaint amè
rement de voir l'entrée des produits de laine
manufacturée entièrement interdite en Fran
ce. La chambre d'Elberfeld et de Carmen que
nous citions déjà tout à l'heure, croit savoir
que le gouvernement français a l'intention
d'accorder un drawback à plusieurs articles
dont la fabrication exige des matières im
portées de l'étranger, ainsi que cela se prati
que depuis longtemps pour les lai nés manu
facturées, même sans aucune preuve de l'i
dentité, et elle engage vivement l'administra
tion centrale de l'union douanière « à inter
venir avec vigueur en cette circonstance, à
rendre la pareille, afin de détourner une con
currence qui pourrait devenir extrêmement
dangereuse à l'exportation allemande. »
A son tour, la chambre de Giadbach s'at
tacha assez singulièrement à trouver des
auxiliaires libre-échangistes parmi les pro
ducteurs français. « Depuis longt-temps,
dit-elle, il éïwte en France un grand parti,,
toute une classe de citoyens cjui stimulent
le gouvernement à négocier avec le Zoll
verein en vue d'obtenir une diminution sur
le vin et les eaux-de-vie. Si leurs efforts ont
échoué. jusqu'à ce jour devant le mauvais
vouloir des chambres et des assemblées fran
çaises où les partisans du régime prohibitif
exerçaient une influence prépondérante, il
nous semble que cette difficulté vient d'être
complètement levée, et que rien ne peut plus
s'opposer aux désirs des viticulteurs. D'un
autre côté, le traité du 7 septembre 1851
doit apporter dans les tarifs de l'associa
tion douanière une diminution considé
rable sur les droits que supportent le
vin et les eaux-de-vie. Mais cette diminution,
nous nous plaisons à le penser, ne sera ac
cordée au geuvernement français que sous
la condition expresse qu'il lèvera les prohi
bitions dont il a frappé nos marchandises en
demi-soie, laine et coton, ou, tout au moins,
que, par une sorte de réciprocité, ces mar
chandise?, à leur importation en France, ac
quitteront des droits égaux à ceux des pro
duits similaires français à leur entrée dans
le Zollverein. »
Au reste, depuis quelques années, la con
sommation des vins français a sensiblement
dimiuué en Prusse et dans l'Allemagne du
nord. Les vins du Zollverein semblent avoir
repris davantage. Ils ne paientque 3 fr. 10 c.
par quintal ou 8 fr. 61 c. par hectolitre,,
de droit de passage, tandis que les vins fran
çais subissent un droit d'entrée de 30 fr.
par quintal de 36 litres ou de 83 fr. 33 c.
par hectolitre. Notre exportation des eaux-
de-vie et liqueurs, par suite de l'ordon
nance de Stuttgardt, dont nous parlions
en commençant cet article, a aussi beaucoup
décru : ainsi de 1,634 hectolitres en 1842,
elle est descendue à 57Ô en 1848; et, en
1849, elle.tombait à un chiffré insignifiant.
En revanche, la consommation spéciale des
vins de Champagne paraît avoir moins souf
fert. En 1838, le Zollverein consommait en
viron de 8à 9,000 hectolitresde vin dé Cham
pagne. Dans ce chiffre la Prusse entrait pour
4.935-hectulitres; la Bavière, pour 2,486; et la
Saxe pour 1,112. La seule ville de Berlin
consommait 130,000 bouteilles de vin de
Champagne par année. On nous assure que
cette consommation s'est encore augmentée
et en même temps qu'une bouteille de vin de
Champagne ne coûte pas plus cher à Franc
fort, à Berlin, qu'une bouteille de vin du
Rhin. Le fait s'explique : il existe depuis
peu en Silésie, à Kirscliberg, une fabrique
considérable de v»n de Champagne qui ne
Llaisse pas de faire un grand, tort aux produc
teurs français, i
Il faut remarquer ici que les habitudes du
commerce devins se sont profondément mo
difiées en ces derniers temps. Déjà, dans une
circulaire du 2 juin 1848, adressée aux di
recteurs provinciaux des douanes, le minis
tre' des finances de Prussé disait : « Beau
coup de négocians préfèreul Anvers à Rot
terdam pour l'introduction des vins fran
çais expédiés de Cette et de Bordeaux, parce
que d'Anvers ces vins peuvent être réexpé
diés par les chemins de fer sur leurs desti
nations respectives. » La chambre deBreslau
constate aujourd'hui dans son compte-rendu
que les commerçans dé vins en gros de Ham
bourg, de Lubeck et de Brème, s'efforcent
de plus en plus d'entrer en relations directes
avec les personnes qui consomment des quan
tités tant soit peu considérables de vin, rhum
et arack, et qui naguère étaient forcées de
s'adresser aux caves dés marchauds en gros
de leur résidence. Peut-être les expéditeurs
français pourraient-ils profiter de ces ten
dances et suivre cet exemple. L'envoi de
commis-voyageurs intelligens leur permet
trait sans doute d'économiser beaucoup do
frais accessoires, et rendrait inutiles les dé
pôts sur place, les intermédiaires. C'est une
expérience qui mérite d'être faite.
Ce no sont pas seulement nos producteurs
de vins qui ont intérêt à prendre connai-
sance des comptes-rendus des chambres de
commerce allemandes. D'autres branches
importantes de l'industrie française "v trou
veront à leur tour de bonnes indica
tions et .des encouragemens précieux. Par
exemple-, la chambre de Géra ne fait pas
difficulté d'avouer que dans ces derniers
temps la filature française, par le bon
marché de ses articles, a fait la plus rude
concurrence à la fabrique allemande sur
les marchés d'Italie, d'Espagne et d'Orient,
et qu'il n'a pas été possible aux produits
de l'Allemagne de se maintenir partout à
côté des produits similaires de la France.
De son côté, la chambre d'Aix-la-Chapelle
et de Burtscheid se plaint d'une diminution,
considérable dans les demandes autrefois
très importantes que la France faisait en ai
guilles, et elle se voit contrainte d'attribuer
ce fait à la prospérité croissante des nouvel
les fabriques françaises. Toutefois la cham
bre ne veut pas reconnaître la supériorité de
nos produits sur ceux de la Prusse rhénane,
ni même accorder à tous deux un égal mé
rite. « Nos voisins sont parvenus, dit-elle, à
livrer les qualités inférieures, qui sont de
beaucoup lesplus demandées, à des.prix ex
trêmement modiques. En outre, nos qualités
de même ordre, à leur entrée en France sont
imposées à 73 0/0 de leur valeur. Il devient
évident que nous né pouvons plus con
courir avec les manufactures françaises
pour le placement des qualités inférieu
res qui forment le "gros de la consom
mation. » A ces réflexions, la chambre
de Géra en ajoute quelques autres. Elle
fait observer que les Allemands ne sont pas
en mesure de supporter la concurrence de la
Grande-Bretagne ; que les droits sur l'acier
anglais augmentent outre mesure le prix de
la matière première, et qu'il est plus que
jamais désirable d'obtenir de la France une
réduction de tarif sur l'entrée des aiguilles
d'Aix-la-Chapelle.
Voici maintenant la chambre de Bielefeld
qui publie, sur la fabrication de la batiste,
une série de renseignemens qui doivent être
lus avec satisfaction par les producteurs
français. Depuis dix ans, l'Allemagne a fait
de louables efforts pour introduire et déve
lopper cette branche de l'industrie linière
dans quelques parties de son vaste territoire. ;
Tous les élemens de la fa brication de la batiste .
se trouvaient réunis à Bielefeld de la façon la
plus heureuse. Il ne paraît pas néaumoins que ?
les manufactures allemandes aient obtenu
jusqu'ici de sérieux résultats. En 1844, dans -
un rapportauministreducomcnercesur l'ex
position de Berlin,undélégùé français, M.Le-
gentil, s'exprimait en ces termes : «On a tenté
en Silésie de fabriquer la batiste et même ;
les linons de fil; nous en avons vu quel- !
ques. essais; et nous avons même acheté i
une pièce qui porte I e nom de batiste. !
L'exameri fait reconnaître que ce n' m est .
usurpé. La batiste de France reste encore .
inimitable ou au moins inimitée. » Dans son
compte-rendu de 1849-1850, la chambre de j
commerce de Bielefeld fait exactement la :
même remarque. Nous y attachons d'autant i
plus d importance, qu'un pareil aveu a dû j
lui coûter. « Jusqu'à présent , dit-elle, tous |
les essais de fabriquer une qualité de ba- ï
tiste comparable à celle de Valenciennes :
ont complètement échoué. » La chambre
né craint pas de donner les motifs de cette f
infériorité; «Ou avait pensé, continue-t- 1
elle, pouvoir filer des fils de batiste avec le ;
chanvre préparé à la manière ordinaire, et j
fabriquer ainsi de vraies batistes françaises, i
C'était une erreur. Il était impossible que le I
produit obtenu par de tels procédés satisfit le *
consommateur. Les fils de Bielefeld sont trop
lâches, trop mous, d'un tissu trop filandreux.
PouracquérirîaduretéetlasoMitéqu'exigela
fabrication de la batiste, le chanvre a besoin
d'une culture particulière et surtout d'un
traitement spécial. » Recueillons encore d'au
tres aveux *. «Lesapprêteurs que nous avons
envoyés dans la Flandre française, ajoute le
compte-rendu, se sont efforcés d'y apprendre
les méthodes de culture et de préparation du
chanvre.Dansnosnouvelles manufactures que
l'Etat subventionne, ils ont introduit, d'après
les modèles français, des métiers, des usten
siles, des outils d'une délicatesse remarqua-
• bip, et il nous semble que leurs récens essais
ont donné d'assez bons résultats.» Néanmoins
la chambre n'ose se livrer à ses espérances et
croire à l'avenir de cetté"fabrication. Elle
craint de ne pouvoir jamais lutter de bon
marché avec les ateliers de Valenciennes. La
culture et la préparation du chanvre des
tiné aux fils de batiste, demandent trop de
soins et de dépenses. D'ailleurs, s'il faut l'en
croire, la consommation des batistes a baissé
depuis quelque temps, et les industriels
français eux-mêmes éprouvent quelque péi-
• ne à écouler leurs produits.
C< s plaintes de la chambre de commerce
de Bielefeld sont toutes à l'honneur de l'in-
dustrie française ; elles monta nt que l'étran
ger s'efforce toujours de s'approprier nos
procédés et nos peifi ctionnemens. Quand il
ne nous enlève pas nos ouvriers et nos des
sinateurs, il envoie ses chefs d'ateliers à
notre école et copie, sans scrupule, nos
instrumens, nos machines et nos produits.
Il faut dire aussi que le travail du filage à la
main que lesphilan thropes allemands avaient
soutenu jusqu'ici, tend de plus en plus à
disparaître, et que l'importation des mécani
ques dans les Etats du Zollverein pourra nous
créer quelque jour une concurrence tout-à-
fait sérieuse. Mais,à prendre la situation telle
qu'elle se comporte aujourd'hui, l'industrie
française peut sans crainte accepter toute
comparaison avec l'industrie de nos voisins.
Toutefois, si légitimes que puissent être sa sé
curité et même son orgueil, el le doit chercher,
dans la connaissance approfondie de l'état
économique de l'association douanière, d'u-
tiles renseignemens et de nouveaux motifs
d'une émulation féconde.
E. R eiuiy. ï
- Le démêlé entre les Etats-Unis et l'Angle
terre au sujet des pêcheriesde Terre-Neuve a
été immédiatement mis à prolit par les cour ■;
■tiers électoraux. ..Les amis de, M. Webster
ce sont montrés immédiatement les plus ar-
dens et les plus empressés à éveiller les sus
ceptibilités nationales. Dans tous leurs jour-,
naux, il n'est question que des droits de l'A
mérique, que des prétentions insoutenables'
de 1 Angleterre, que de la nécessité d'en-,
voyer toute la flotte à Terre-Neuve . afin!
de faire respecter la liberté des pêcheurs;
améneainset l uonneur du pavillon natio-î
nul. On a ménage, en outre, a M. Websteri
1'occasioii de prononcer un discours où ilj
s'est posé enchampionoijergiqueet e t ludes;
droits du pays, mais ou.il a evne a expliquer';
quelle extension il attribuait a ces droits et>
daus quëlles limites'il renfermait les préten-j
tions de -l'Angleterre* La fouie iry regarde}
pas de si prè-s; et quind M. Webster. de saî
voix la plus sonore et avec,son geste le plus;
-majestueux, s'est écrié que la Grande-Bieta
g ne serait responsable dès moindres acte»
de ses croiseurs, et qu'il ne serait pas
. une barque, un canot, une planche américai
ne sans qu'il en fût demandé compte su ca
binet de Saiut-J tmes, ç a.été un enthousns-
me qui tenait du délire. Il n'y a pourtant rien;
d'héroïque ni même de nouveau à avancer i
que toute nation est responsable de actes
de ses agens ; c'est cette condition qui fait
3ue les marins ou les soldats d'un pays out
roit de faire ce qui, de la part des simples
particuliers, constituerait un délit, saisir,!
par exempte, la personne ou la propriété de
quelqu'un.
. M. Webster & donc payé son auditoire de
belles paroles sans s'engager à aucun degré,
et sans avancer un mot qui soit un déni de
la justice des prétentions anglaises/Puis, au
plus fort des applaudissemens, il a glissé en
deux outrois motsque lemomen tnelui parais
sait pas venu de s'expliquer sur la question
présidentielle, en d'autres termes de se pro
noncer pour ou contre la candidature du
général Scott. Cela se comprend aisément;
M. Webster a prononcé son discours dans les
derniers jours de juillet, et c'est le 1" août
qu'a dû se réunir, à Philadelphie, la conven
tion destinée à poser sa propre candidature.
Suivant l'éclat de cette réunion, la valeur des
personnages qui la composeront, èt l'effet
qu'elle produira dans le public, M. Webster
se décidera à abdiquer toute prétention per
sonnelle ou à courir les risques de la lutte
électorale. C'est alors que le moment de s'ex
pliquer sur la question présidentielle lui pa
raîtra venu.
En-attendant, on ne néglige rien pour ti
rer parti de l'émotion qu'excitant sur les
côtes de la Nouvelle-Angleterre les mesures
prises par le cabinet britannique. .Les amis
de M. W< bster avaient un puissant moyen
d'action au sud : c'était l'appréhension qife
le général Scott inspire aux propriétaires
d'esclaves. En parlant de la défense du com
promis et de la nécessité de màinlenir l'union,
ils étaient sûrs de trouver des, oreilles com-
plaiseotes ; mais au nord ils n'obtenaient pas
un succès aussi facile. La question des pê
cheries est venue fort à propos leur four
nir un thème qui complète merveilleuse
ment leur programmerez y faisant une place
aux, intérêts et aux passions des Etats du
nord. Aussi voyons-nous tous les journaux
favorables à M. Webster ajouter maintenant
un verset nouveau à leur symbole et recom
mander leur candidat comme l'avocat du
compromit et comme l'énergique défenseur
des droits et de l'honneur national.
Rien n'annonce du reste que la question
des pêcheries doive faire naître des difficultés
sérieuses entre lesdeuxpays intéressés.Lesé-
nat des Etats Unis a cessé déj i de s'en occu
per ; le congrès va se séparer, prochainement
et laissera au président toute facilité deriégo-
cier, et d'arriver par les voies diplomatiques
à un arrangement amiable avant l'ouver
ture de la session prochaine. Rien n'attï-
sera donc une querelle qui eût passé inaperçu
sans sa coïncidence avec la lutte électorale.
C ijchevax -C labignï.
Voici dans quels termes le Moniteur an
nonce que les négociations avec la Belgique
sont demeurées sans résultats : * ;
« Le traité de commerce, conclu le 13 décem-:
Lrc 18 tïi, entre la France et la Belgique, et res
pectivement mis à exéeution'à partir du 10 août
1810, expire le 9 du courant. Ce traité n'ayant été
m prorogé ni renouvelé, tes rapport-. c«mm< reiaux
des deux pays sont replacés sous le régime du ta
rif général, v
Les journaux belges n'annoncent pas en
core là conclusion de la crise. ' !
M. Verhaegen, appelé dimanche au palais,
a eu une conférence de-plus d'une heure
avec le roi.
Le rejet par les états-généraux des Pays-
Bas de la convention conclue avec la France
pour la suppression de la contrefaçon a eu
pour résultat la retraite de M. Sonsbeeck,
ministre, des affaires étrangères, signataire
de cette con vention. La reprise des-négocia*
tjons suivra de près la nomination d'un
nouveau ministre des affaires étrangères.
On lit dans le journal la Suisse :
« Le conseil des Etats a accompli dans sa séance
du s août, pour ce qui le conceri:e. une œuvre de
pacification. Il s'agit de l'arrête dont nom avons
pubit ; le teste et qui a été auopie. modification. La souscription nationale avait
beaucoup contribué à populariser J idee de f remise au moins du restant des sommes dues
■ par les cantons du Soiiderbund pour frais de
guerre, Celte idée a ete cormrue en arrête par le
conseil des Etats. Mais nous avons vu avec peine
M. Jauies -Fazy qui, dans 11 Revue de Gn ièuc, se
varias d'avoir conçu le premier cçt'ç id£ç pacifica
trice et libérale (ce qui est pauç, le moins inexact),
s'éiever jeudi - vec vivacité conirs cette même sous*
cripiion nationale à laquelle nous devrons le i-uc-
ces d'une ptoposinon que nous avons appuyée do
toutes nos forces contre fit Revue et confrères en
absolutisme radical.
» Ddjis la di-cussion, MM. Fazy, PI' nta, Kurx,
Jean Renaud , Ochsenljem, Duchosal. Munzing»r,
Krieg, Aepli, Kaiser et Arnold se sent prononces
pour la runise entière du restantdes frais.M. Am-
mann (Schaffhouse) proposait la remise d'un mil
lion. M. Blumer ne voulait quel-* remise de la
dette supplémentaire. MM. Schwaiz, Pe-talotz et
Schenkel repoussaient absolument la proposition.
On a invoqué en sa faveur l'ttat florissant des fi
nances tédérales. Les excédans annuels auront
bientôt comblé la lacune, qui ne f-era que d'envi
ron 2 millions. Ce sacrifice doit être fait en vue
de la pacification du pays.
» C'est par 26 voix contre 13 que le premier ar
ticle concernant la remise des Irais a été adopté.
Ont voté contre l'article : MM. Pestalutz (Zurich),
Blumer,Weber (GldTiî'), Madeux (Bàle-Campagne),
Ammann, Schenkel (Schatfhouse), Roth (App^nzell
Rh.-Ext.), Wurih (Samt-Gall), Sctiwarz, Weis-
senb eh (Argovie), Rappeler, Albrecht (Ttiurgo-
vie), Rejmond (Vau i).
» L'assemblée s'est occupée,- dans sa séance du
6, dts modifications apportées au budget de 1853
par le conseil national. Le conseilles Etats a ré
tabli le chiffre dé 24,060 fr. pour lé traitement de
notre charge d'affaires à fans-. On sait que le con
seil national l'avait réduit à 23,000 fr. »
Nous, lisons dans le journal ministériel
du soir: :
« Les résultats qui arrivent successivement au
gouvernement sur les élections continuent à être
favorables.
» Toutefois, le scrutin de Saint-ïïtienne a révé
lé un fait qui montre malheureusement que dans
certaines localités, les événemèns que no s avons
traversés n'ont pas encore ouvert les yeux aux
hommes d'ordre et ne les ont pas guéri de cesii-
valités déplorables qui les font succomber, malgré
leur incontestable majorité, devant les,minorités
organisées de leurs adversaires.
» En effet, pour le conseil général, les deux .can
didats conservateurs,. MM. Saliau et Roche/aillé
ont eu, le premier,, 1,218 voix, le second 1,313,
ensemble 2,531 voix ; mais le candidat de l'oppo
sition socialiste, fyL Sain, sur lequel tous les suf
frages de l'opposition se sont portés, a été nommé
avec 1,774 voix seulement. » — (Ch.. Schiller.) ,
Nous ajouterons que les résultats appor
tés ce soir par les journaux de Saint-Eîieh-
ne et de Lyon constatent la double élection
de M. Jules Favre dans ces deux villes : à
Siint-Etienne, pour le canton ouest, et à
Lyon, pour le quatrième canton.
- Dans le canton sud-onest de Lille, le-can
didat du gouvernement a triomphé pour le
conseil général, et le candidat opposant
pour le const il d'arrondissement. Il « ht ju^ta
d'ajouter que la moitié à peine-des électeurs
inscrits ont pris pariim scrutin.
Lè prince-Président de la République
donnera un bal, le lundi 16 de ce mois, an
palais de Saint-Cloud.
NOUVELLES ÉTHAr?QÈi|È&
ANGLETERRE.
On lit dans le Mmniny-lhrald du 9 août re
lativement à la discussion actuelle entre la Grande-
Bretagne et les Etats-Unis :
«Le gouvernement de S. M. n'a élevé aucune
réclamation nouvelle contre les Etats-Unis, et n'a
retire aucune concession faite à ce gouvernement.
» La longue discussion sur la baie de Fundy n'a
point été rouverte. La concession faite en 1843 par
lord Aberdecn au sujet de ce bras de ruer (tout en
conservant nos droits sur la baie entière) reste telle
qu'elle était, L'interprétation des ternies techni
ques du traité de 1818 n'a subi aucun changement -
Tout ce qu'a fait le gouvernement, est de renforcer
notre escadre sur les côtes de Terre-Neuve, de la
Nouvelle-Ecosse et cfu iV'ouveau-ljrunswick, pour
11 défense d'un droit que les Etats-Unis ne noua
dt putentpas, et ne nous ont jamais disputé, ceb'';
de protéger nos eaux à trois milles de nos riv.„ J g
contre les empiétement des pêcheurs fr£ ncai ° e !
lit 'ficajtis i et le navire américain [ ora ,
on fait allusion, a été saisi à uef quar t de mille de
nos cotes, Notru fescadre, en ce moment, n'est pas
plus forte que la division, française. Notre droit
e*t ce qui commande la respect à toutes les na
tions du globe, une. loi internationale reconnue•
et.si, depuis nombre d'années, nos gouvernemens
accessits ont négligé de protéger les sujets anglais
comme la France et les Etats-Unis protègent le â
leurs, tant en Amérique que dans la Manche, nous
ne pouvons qu£, fètititer nos ministres actuels de
réparer leuc fatale inaction. Nous reviendrons sur
.FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL. 11 AOUT.
G&IMOD DE LA REYNIÈfi£
I.
le» trois la KXYNl &ke,
Grimod delà Reyuière fut le plus gour
mand des lettrés et le plus lettre des gour
mands. Tout le XVIII* siècle s'est assis à sa
table, mieux fournie que celle de Scarron,
où le rôti était trop souvent remplacé par un
entretien spirituel et animé. Durant plus de
soixante années, Grimod de la Reyniere n'a
pas cessé d'offrir l 'heureux accord d'un tr
ient aimable el d'un vaste estomac. Parla
franchise de sa littérature, par l 'originalité
de ses habitudes, par ses relations dégagées
de tout préjugé, par le bruit qui s'esi fût
autour de son nom et par l'oubli qui a si
vite succédé à ce bruit, il appartient à cette
série d'auteurs'dont' nous avons entrepris
d'épousseter la mémoire.
Jl est incontestablement le premier de nos
écrivains de cuisine. A ce propos, remar
quons avec inquiétude que, si la race des
«astronomes est loin de s'éteindre, que si la
(8vûasî ,ie des cuisiniers célèbres se perpétue
Sieureusenoent parmi nous, en dépitou peut-
être à causs des casse-tète politiques, remar
quons, dis-je, qu'il n'en est psis de même
des auteurs spéciaux, des docteurs ès-sen-
sualisme, dont les enseignemens nous i'ont
défaut depuis un certain nombre d'armées.
De toutes les plumes sérieuses qui font jouer
un rôle important au papier, et il en est
beaucoup, aucune n'a consenti à se vouer
au développement de cette science que npus
.appellerons la science universelle. A quoi
«cela tient-il ï Des article» isolés se produi
sent bien çà et là, des essais de g^tle
ad ht ont bien eu lifil à de lointains
intervalles; .nuis d'bomm« importât et
écoulé, tel qu« Grimod de la tteytv.ère,
tel même que Brillât - Savarin, si insuf-
jSïfttii qu« soit ce d«raiei^0i m'm
Serait-ce donc à dire que le dernier mot de
la cuisine française aurait été prononcé?
Non, grâce au ciel; elle s'enrichit chaque
jour, au contraire, des découvertes les plus
intéressantes et les mieux appréciées ; mais
ces découvertes, ce n'est pas à la tradition
qu'il appatdeles transmettre.Latradi- 1
tion s'altère et meurt, livre reste. Je veux
bien croire que la plupart aCS gourmands
modernes, jaloux d'éterniser » les pià)S'. rs -
qu'ils ont goûtés, laisseront après eux des
mémoires où ne manqueront pas d'être
consacrées les recettes admirables aux -
quelles ils doivent la plus réelle et la plus
prolongée des jouissances humaines ; mais
en attendant, n y a-t-il pas de leur part un
criminel egoïs'me à priver la plus grande
partie de leurs coatemporains des fruits dé
licieux de leur imagination? Des esprits
plus mercantiles que sincèrement dévoués
réimpriment à satiété la Cuisinière bour
geoise, qui est certainement un foi t bon li
vre, mais un livre élémentaire et qui tend
à rendre stitionnaire un art susceptible de
toutes sortes de perfectiorinemeus. Nous ne
pensons pas que ce soit un amour-propre mal
entendu qui éloigne «le ces matières nos
hommes de lettres actuels; rougit-on de cé
lébrer le blé nourricier, de composer des
discours sur l'impôt du sel ou sur la tsife
des viandes de boucherie? Tous les jours,
les poètes qui nous restent encore ne chan
tent-ils pas le vin, cet élément indispensable
et radieux de riog dîners?. Si l'on croit par
hasard qu'il n'y a ni gloir# pi profit à ce
métier rte professeur d* chère-lie, qu'on }i££
l'histoire de Grimod de la Ri ynière, et l'on
sera grandement détrompé.
Trois hommes de Tenom ont apparu dans
les fastes de la bombance : le grand ppre, le
père et le fils; c'est ce qui s'appelle glorieu
sement chasser de race. Leur triple action,
à laquelle ce dernier ajouta des enseigne-
mens'é.ct'Jis. q. e£erp,é une influence active en
un temps d'émulation t jt de ppogrps qui ne
jluit po ; nt ètr»' oublié, surtout si l'on consj-
Ae*e l'éUil misérable où végétait la gaustro-
jiomi,e, il y a se^lgj^pnt trois ou quatre
sjpcies. ' .
%| eviisiM, sm e^t^ »'a gukp
inaugurée en France que sous le règne de
Louis XIV, où les fourneau?, eqrent leurs
grands hommes aussi bien que les lettres.
Vatel a laisse un nom aussi illustre que ce
lui de Boileau,- et le marquis de Béchamel
s'e 1 st immortalisé par "sa recette de la mprue
à la crétne. Quelques aPuées plus tard. Igs
filets de lapereau à la JJ rry devaient leur
naissance a lu fille bien-aimée du régent qui,
lui-même, inventait le pain à la d'Orléang.
Criail la réy nce alors, etsa»s hyperbole la. fu
mée des cheminée s du Palaiî-Itoyal parfumait
toutes les nuits l'atmosphère rte la capitale.
■Louis XV continua l'œuvre de Philippe, aveft
no» tï!Oi|)?d,cre | 'lt ( 'i'clie, dans les peliïs'?"oli-
pers do Ghoisy, o^ los pl)lpp dp s^'es s'ele-
vaientdu plancher .comme parepet} iriteafent.
Les courtisauB lie restèrent pas en an i ère
du maître : à leur fête, le maréchal de
Richelieu eut l'honneur de baptiser Ips
mahounaises ou mayonnaises, et d'attacher
son nom à mille, recettes dont les gour
mands ne se souvienne, ut qu'avec recon
naissance, pendant que rimaginafio.1 rian
te et féconde de Jîme de pompadour créait
l> s filets de volaille à la flellevue,' les' pa?
lais de bœuf à la Pompadour et les ten
drons d'agneau au soleil. Ces tnveutions ne
sont pas les seules dont non* soyons redeva
bles au beau sexe : 1< j s cailles'à la Mirepoix,
les chartrepses à la I^jaucopseil, les poulets
à la Vtîleroy, trahissent le goût e+ercé de
trois grandes dain' s qui ne sacriflarcnl pas
exclusivement, celles-là, les soins de l'office
à ceux du boudoir. Le blason des Montmo
rency évoque le souvenir des excellentes
poulardes ajjj cesses ? qui survivront à tous
les régimes.'
On sait, que le successeur de Louis XV ne
se piquait point de délicatesse daus le choix
de ses aliiiviis ; jeune et vigoureusement
constitué , il s'accommodait volontiers des
grosses pièces do boucherie. Devant un tel
jippétit, la science n'avait que faire, le rafli-
n- ment devenait inutile. Heureusement que
les gtvnds seigneurs qi|i ava]en| reçu Jj| trç-
ditu'Ki des miûns du fr-u roi ne la lai-gerMi
point dépérir. Le» dites dé La Vallière et de
Duras, le prince de Guéméné, aussi célèbre
gar les earrés do vwu ^u'M imagina ^ie par
,sa banqueroute de vi^gt-buit millions, le
marquis de Brancas, le comte de Tessé con
servèrent du mieux qu'ils purent le feu sa
cré de la bonne chère. 'Autour du trône mê
me, les princes de la famille royale protes-
tèrenj, po^pmept contre l'indiflerence de
Louis XVI : Monsieur, par le potage à la Xa
vier, le comte d'Artois par une façon nou
velle d'accommoder les riz-de-veat}, et le
prince d§ Gondé par pe potage savoureux
qui demande à être traité.avec tant de soin,
Ces noms sont grands sans doute, ils sont
la consécration du plus utile et du plus
agréable des arts, de l'art alimentaire ; tou-
t» fois il serait injuste d attribuer unique
ment à la noblesse U gloire de l'avoir porté
§ §o$ apogée et de l iVuir soutepu èi sou dé
clin.' La ffuanoe p ut i v n i quér une l'afge
p^rt de ces soins, et principalement i'ûpu--
lyqte plasse des f 'rniit'rs-g.iuér^uj, Vftillans
amphitryons, chez qui k nappe était mise
toutes les semaines. L s poètes ingrats on'
pu S" moquer de leur hèii^ tourner eu ri
dicule leur ignorance, les exposer en scène
soiis les noms de fylçtndQr et de furcaret;
mais jamais écrivain satirique, jamais libi 1-
liste à jeun ou repu n'a dénigré un seul de
leurs repas, n'a osé écrire une seule ligne
de critique contre leurs cuisiniers. C'est
là le côté inattaquable des fermiers géné
raux, celui - là surtout qui les fera vivre
daus l'histoire. Rie» n'afihme "comme les
chiffres, et les fermiers généraux ont laissé
la mémoire du plus incommensurable ap
pétit. J'aime ces grosses et joyeuses figures
enluminées de vin de Jurançon et de Rota,
couvertes d'une perruque volumineuse; j'ai-
pjé"! les yoir, cés grivois, tapissés d'un gi
let en pluie d'or et d'un habit de velours
çramoisij circuler pesamment, eiïs'appuyant
sur une haute canne de bois des îles, ou
bien tourner entre leurs -doigts chargés de
b3gués une épaisse tabatièue à double fond
et à sujet galant. Avec quelle importance ils
savent tousser, avec quels lourds éclats on
les entend rire i Gomme ils sont «xperts
à "pincer le menton des soubrette# et à
marchander les fleurs des bouquetières !
Girioatures si vous voule», mais carica-
tures étantes «ft bi
Bourret, Beaojon, La Popelinière ! que ceç
noms-là éveillent d'idées folles et luxueu
ses! comme on pense tout de suite à des
jardins 4e fées remplis de musique et de
robes fuyantes; à des petites maisons dorées
et peintes du haut en bas, à des théâtres
particuliers éblouiras m lumière et mis
en joie par les couplets égrillards de Gueu-
lette ou de Carrelet, les poètes barbouillés
de lie, honneur des spectacles de la Foire !
Le grand-père de Grimod de la R< j ynière
était fermier-général, et le plus déterminé
gourmand de son siècle; il mourut, la ser
viette autour du cou, suffoqué par un pâté
de fois gras, en 11S4 (1). Sa charge et son
appétit, passèrent à son Hls, qui s'enrichit
puissamment avec l'une, et se rendit célè
bre par l'autre , en tenant table ou^. r t e
tous les jours de la semaiae .vO n'était pas
tout à fait ce au'^ a ppeiirun homme
d esprit,-» * t faut en cioire ce trait, dé-
cocné sans doute par un parasite de mau
vaise humeur :« On ie mange, mais on
ne le digère pas. » Néanmoins il eut l'hon
neur d'occuper plusieurs fuisGrimm dans sa
correspondance, Chamfort dans ses anecdo
tes, et la société de Mme Doublet dans ses
Mémoires clandestins. De tous les fermiers-
généraux dont les noms viennent d'être-évo-
qués, ce n'était ni 1 h moins brillant, ni le
moins ambitieux r il avait épousé Mlle de
J irente, sœur du célèbre Malesherbes, et
nièce de l'évêque d'Orléans, qui tenait la
feuille des bénéfices ; ce qui lui mettait un
pied dans la magistrature et un autre dans
le clergé. Ainsi pourvu, Grimod de la Rey-
nière II touchait à fout, et était, en réalité,
un des personnages les plus considérables de
l'époque.
Rien ne manqua à son bonheur, le 20 no
vembre 1758, c'est-à-dire le jour où sa fem
me lui donna un héritier. Sa joiç fut im
mense; et dans l'explosion de ses premiers
(t) Nous ne gavons pas pourquoi tous les bio
graphes veulent qu^ 1 ce Grimod de la Reyniere ait,
«•te charcutier. — Il avait épousa une di-rooiselle
ds M-^ade, qui ?e lem ria avec le marquis dp fa
F>'t ifire. Elle avait V-rit^ goûts dç son pre
mier mari, et ell« fut longtemps réputée pour te
nir une méillWre»'^bléf de Pari?-,
transports, il voulut que son enfant portât la
nom de BALTHAZAR!
Il y a des noms prédestinés, et des races
d'hommes en. qui se succèdent les mêmes
instincts, se développent les mêmes facultés.
Grimod de la Revnière III, ou Alexandre-
BALTHAZAK -Laurent Grimod de la Reynière,
devait se montrer digne de son glorieux pa--
tron, digne aussi de son grand-fière et de
son père. Il devait sauver la cuisine fran
çaise du naufrage de la Révolution, et rele
ver l'autel de Comus sur les débris grossiers
des agapes jacobines.
II.
PREMIÈRES ANNÉES.
Il y a des prédestinations, venons-nous de
dire. Il y a aussi des analogies, qui sont dès
jeux cruels de la nature. Pour avoir exagéré
les jouissances animales, le père de Grimod
de la Reynière devait être châtié de la plut
étonnante et de la plus sanglante façon.
Quand son délire fut passé, il s'aperçut quft
son fils n'avait, à la place de mains, que des
membranes en forme de patte d'oie.,..
Bdthazar.était un palmipède!
Cette confotmité avec les volatiles, dans le
rejeton d'un financier, pouvait pa-S"r pour
une épigramme du destin: mais elle frappait
'encore davantage sur le gourmand, qu'elle
•rattâchait à une parenté honteuse, ignomi- .
nieusement inférieure. Le fermier-général
en reçut un coup jusqu'au coeur ; peu s'en
fallut même qu'un second exemple de tré
pas par suffocation ne se produisit dans la
famille la Reynière. Nous osons à peine ar
rêter notre esprit sur les pensées de toute
espèce qui durent traverser son cerveau,
pendant les deux ou trois heures qui suivi
rent la découverte de cette abjecte difforjoui-
té. Mlle de Jarente surtout , si infatuée
de noblesse, Mlle de Jarente qui regar
dait, dit-on, cotp.me une mésalliance son
union avec Grimod de la Reynière, quels
paouvemens d'irritation ne ressentit-elle pas
à la vue de Ce petit être disgracié, et com
bien ne dut elle pas maudire lejeuroij
l'amour des richesses l'avait jetée dans le»
bras d'un financier «t d'tia glouton ! N'étaiH
BVREA1X : rue de Vaioi* iPalala-Rsyal); n« f®.|
B
MERCREDI 11 AOUT.
muz ds l'âboanam
ïjlriï. ...... 13 v. pa& TBUOSTBr:
»ifA *t*ukîîs. 16 ï. —
TJN HDMÉHO : 10 CïNTIÎCSlJ
wc* lbs tktn âtauiam, se reporur
au tableau qui «era publié dans le tournai•
les 10 et H de abaque moisi
Lu aôcanetjutu datent des 1" ti 11
de cAaqut moisi
JOURNAL POLITIQtE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
S'adresser, franco, /Jour la rédaction, à M. C uchïval -C labignt, rédacteur en chef. I
Les articles déposés ne sont pas rendus J
On s'abonni, dans let dêpartemins, aux Messageries et aux Directions de poste — A Londres, chiz MM. Cowi* et fils J i S'adresser, franco]} pour l'administration, à M.
• A Strasbourg, chez A lexandre , pour l'Allemagne. I Les annonces sont reQues au bureau du journal : et ohex M. PANJS,
Dmn, directeur.
régisseur, 16, place de la BotuM
PARIS, 10 AOUT.
Nous avons fait connaître sous leur côté
politique les derniers comptes-rendus des
chambres de commerce prussiennes, et on a
- pu voir comment l'heureuse influence de la
révolution du 2 décembre avait été appré-
c ée par le commerce étranger. Nous al
lons maintenant rechercher dans ces mê
mes rapports les faits, les observations
qui intéressent plus particulièrement les
. industriels et les expéditeurs français. Une
même pensée domine ces curieux documens,
c'est la nécêssité pour l'Allemagne d'ouvrir
aux produits du Zollverein des débouchés
nouveaux, et aussi d'entrer pour la confection
de certains articles en rivalité sérieuse avec
les grands centrés manufacturiers de l'An
gleterre et de la France. Une des chambres
les plus importantes, la chambre d'Elberfeld
;et de Barmen, signale en Europe trois Etats
qui, par l'élévation des tarifs, excluent pres
que complètement de leurs marchés les prin
cipaux produits de l'association douaniè
re ; ce. seraient, suivant elle, l'Espagne, la
France et enfin l'Angleterre qu'on ne s'at
tendait pas sans doute à trouver au nom
bre des* -pays protecteurs. Il est vrai que
la manufacture d'Elberfeld , qui produit*
beaucoup d'acier, de toiles, de tissus de
soie, etc., a quelque raison de se plaindre
des prohibitions. Néanmoins la plupart des
comptes-rendus de 1851 insistent auprès
des gouvernemens de l'association pour
- qu'ils persévèrent dans la .voie ouverte
par le congrès de Stuttgardt en 1842. On
n'ignore pas qu'à cette époque, par une or
donnance du mois d'octobre, qui fut mise"
à exécution le l ,r janvier 1843, le zollverein
augmenta les droits sur un certain nombre
d'articles qui sont essentiellement des pro
duits de l'industrie française, tels que
eaux de-vie de vin, orfèvrerie et bijouterie,
plaqués, péndules,ileurs artificielles, plumes
de parure apprêtées, parfumerie fine, gan
terie, papier de tenture, éventails, lustres et
bronzes, articles de Paris, etc. De 1843à
1848 , ces aggravations de droit, tout en '
comprimant l'essor des produits qu'elles
atteignaient' ne. portèrent aucun préju
dice à l'ensemble de nos exportations et
au développement naturel de nos échan
ges. Aussi, les chambres de commerce:
prussiennes réclament-elles aujourd'hui
'coetre -nous de nouvelles ..mesures ..pro=.
liibifivts. Si le Zollverein n'obtient pas de lai
France de notables diminutions, on prétend
le pousser à user de représailles et à nous
déclarer une véritable guerre de tarifs.
La chambre de Dusseldorf se plaint amè
rement de voir l'entrée des produits de laine
manufacturée entièrement interdite en Fran
ce. La chambre d'Elberfeld et de Carmen que
nous citions déjà tout à l'heure, croit savoir
que le gouvernement français a l'intention
d'accorder un drawback à plusieurs articles
dont la fabrication exige des matières im
portées de l'étranger, ainsi que cela se prati
que depuis longtemps pour les lai nés manu
facturées, même sans aucune preuve de l'i
dentité, et elle engage vivement l'administra
tion centrale de l'union douanière « à inter
venir avec vigueur en cette circonstance, à
rendre la pareille, afin de détourner une con
currence qui pourrait devenir extrêmement
dangereuse à l'exportation allemande. »
A son tour, la chambre de Giadbach s'at
tacha assez singulièrement à trouver des
auxiliaires libre-échangistes parmi les pro
ducteurs français. « Depuis longt-temps,
dit-elle, il éïwte en France un grand parti,,
toute une classe de citoyens cjui stimulent
le gouvernement à négocier avec le Zoll
verein en vue d'obtenir une diminution sur
le vin et les eaux-de-vie. Si leurs efforts ont
échoué. jusqu'à ce jour devant le mauvais
vouloir des chambres et des assemblées fran
çaises où les partisans du régime prohibitif
exerçaient une influence prépondérante, il
nous semble que cette difficulté vient d'être
complètement levée, et que rien ne peut plus
s'opposer aux désirs des viticulteurs. D'un
autre côté, le traité du 7 septembre 1851
doit apporter dans les tarifs de l'associa
tion douanière une diminution considé
rable sur les droits que supportent le
vin et les eaux-de-vie. Mais cette diminution,
nous nous plaisons à le penser, ne sera ac
cordée au geuvernement français que sous
la condition expresse qu'il lèvera les prohi
bitions dont il a frappé nos marchandises en
demi-soie, laine et coton, ou, tout au moins,
que, par une sorte de réciprocité, ces mar
chandise?, à leur importation en France, ac
quitteront des droits égaux à ceux des pro
duits similaires français à leur entrée dans
le Zollverein. »
Au reste, depuis quelques années, la con
sommation des vins français a sensiblement
dimiuué en Prusse et dans l'Allemagne du
nord. Les vins du Zollverein semblent avoir
repris davantage. Ils ne paientque 3 fr. 10 c.
par quintal ou 8 fr. 61 c. par hectolitre,,
de droit de passage, tandis que les vins fran
çais subissent un droit d'entrée de 30 fr.
par quintal de 36 litres ou de 83 fr. 33 c.
par hectolitre. Notre exportation des eaux-
de-vie et liqueurs, par suite de l'ordon
nance de Stuttgardt, dont nous parlions
en commençant cet article, a aussi beaucoup
décru : ainsi de 1,634 hectolitres en 1842,
elle est descendue à 57Ô en 1848; et, en
1849, elle.tombait à un chiffré insignifiant.
En revanche, la consommation spéciale des
vins de Champagne paraît avoir moins souf
fert. En 1838, le Zollverein consommait en
viron de 8à 9,000 hectolitresde vin dé Cham
pagne. Dans ce chiffre la Prusse entrait pour
4.935-hectulitres; la Bavière, pour 2,486; et la
Saxe pour 1,112. La seule ville de Berlin
consommait 130,000 bouteilles de vin de
Champagne par année. On nous assure que
cette consommation s'est encore augmentée
et en même temps qu'une bouteille de vin de
Champagne ne coûte pas plus cher à Franc
fort, à Berlin, qu'une bouteille de vin du
Rhin. Le fait s'explique : il existe depuis
peu en Silésie, à Kirscliberg, une fabrique
considérable de v»n de Champagne qui ne
Llaisse pas de faire un grand, tort aux produc
teurs français, i
Il faut remarquer ici que les habitudes du
commerce devins se sont profondément mo
difiées en ces derniers temps. Déjà, dans une
circulaire du 2 juin 1848, adressée aux di
recteurs provinciaux des douanes, le minis
tre' des finances de Prussé disait : « Beau
coup de négocians préfèreul Anvers à Rot
terdam pour l'introduction des vins fran
çais expédiés de Cette et de Bordeaux, parce
que d'Anvers ces vins peuvent être réexpé
diés par les chemins de fer sur leurs desti
nations respectives. » La chambre deBreslau
constate aujourd'hui dans son compte-rendu
que les commerçans dé vins en gros de Ham
bourg, de Lubeck et de Brème, s'efforcent
de plus en plus d'entrer en relations directes
avec les personnes qui consomment des quan
tités tant soit peu considérables de vin, rhum
et arack, et qui naguère étaient forcées de
s'adresser aux caves dés marchauds en gros
de leur résidence. Peut-être les expéditeurs
français pourraient-ils profiter de ces ten
dances et suivre cet exemple. L'envoi de
commis-voyageurs intelligens leur permet
trait sans doute d'économiser beaucoup do
frais accessoires, et rendrait inutiles les dé
pôts sur place, les intermédiaires. C'est une
expérience qui mérite d'être faite.
Ce no sont pas seulement nos producteurs
de vins qui ont intérêt à prendre connai-
sance des comptes-rendus des chambres de
commerce allemandes. D'autres branches
importantes de l'industrie française "v trou
veront à leur tour de bonnes indica
tions et .des encouragemens précieux. Par
exemple-, la chambre de Géra ne fait pas
difficulté d'avouer que dans ces derniers
temps la filature française, par le bon
marché de ses articles, a fait la plus rude
concurrence à la fabrique allemande sur
les marchés d'Italie, d'Espagne et d'Orient,
et qu'il n'a pas été possible aux produits
de l'Allemagne de se maintenir partout à
côté des produits similaires de la France.
De son côté, la chambre d'Aix-la-Chapelle
et de Burtscheid se plaint d'une diminution,
considérable dans les demandes autrefois
très importantes que la France faisait en ai
guilles, et elle se voit contrainte d'attribuer
ce fait à la prospérité croissante des nouvel
les fabriques françaises. Toutefois la cham
bre ne veut pas reconnaître la supériorité de
nos produits sur ceux de la Prusse rhénane,
ni même accorder à tous deux un égal mé
rite. « Nos voisins sont parvenus, dit-elle, à
livrer les qualités inférieures, qui sont de
beaucoup lesplus demandées, à des.prix ex
trêmement modiques. En outre, nos qualités
de même ordre, à leur entrée en France sont
imposées à 73 0/0 de leur valeur. Il devient
évident que nous né pouvons plus con
courir avec les manufactures françaises
pour le placement des qualités inférieu
res qui forment le "gros de la consom
mation. » A ces réflexions, la chambre
de Géra en ajoute quelques autres. Elle
fait observer que les Allemands ne sont pas
en mesure de supporter la concurrence de la
Grande-Bretagne ; que les droits sur l'acier
anglais augmentent outre mesure le prix de
la matière première, et qu'il est plus que
jamais désirable d'obtenir de la France une
réduction de tarif sur l'entrée des aiguilles
d'Aix-la-Chapelle.
Voici maintenant la chambre de Bielefeld
qui publie, sur la fabrication de la batiste,
une série de renseignemens qui doivent être
lus avec satisfaction par les producteurs
français. Depuis dix ans, l'Allemagne a fait
de louables efforts pour introduire et déve
lopper cette branche de l'industrie linière
dans quelques parties de son vaste territoire. ;
Tous les élemens de la fa brication de la batiste .
se trouvaient réunis à Bielefeld de la façon la
plus heureuse. Il ne paraît pas néaumoins que ?
les manufactures allemandes aient obtenu
jusqu'ici de sérieux résultats. En 1844, dans -
un rapportauministreducomcnercesur l'ex
position de Berlin,undélégùé français, M.Le-
gentil, s'exprimait en ces termes : «On a tenté
en Silésie de fabriquer la batiste et même ;
les linons de fil; nous en avons vu quel- !
ques. essais; et nous avons même acheté i
une pièce qui porte I e nom de batiste. !
L'exameri fait reconnaître que ce n' m est .
usurpé. La batiste de France reste encore .
inimitable ou au moins inimitée. » Dans son
compte-rendu de 1849-1850, la chambre de j
commerce de Bielefeld fait exactement la :
même remarque. Nous y attachons d'autant i
plus d importance, qu'un pareil aveu a dû j
lui coûter. « Jusqu'à présent , dit-elle, tous |
les essais de fabriquer une qualité de ba- ï
tiste comparable à celle de Valenciennes :
ont complètement échoué. » La chambre
né craint pas de donner les motifs de cette f
infériorité; «Ou avait pensé, continue-t- 1
elle, pouvoir filer des fils de batiste avec le ;
chanvre préparé à la manière ordinaire, et j
fabriquer ainsi de vraies batistes françaises, i
C'était une erreur. Il était impossible que le I
produit obtenu par de tels procédés satisfit le *
consommateur. Les fils de Bielefeld sont trop
lâches, trop mous, d'un tissu trop filandreux.
PouracquérirîaduretéetlasoMitéqu'exigela
fabrication de la batiste, le chanvre a besoin
d'une culture particulière et surtout d'un
traitement spécial. » Recueillons encore d'au
tres aveux *. «Lesapprêteurs que nous avons
envoyés dans la Flandre française, ajoute le
compte-rendu, se sont efforcés d'y apprendre
les méthodes de culture et de préparation du
chanvre.Dansnosnouvelles manufactures que
l'Etat subventionne, ils ont introduit, d'après
les modèles français, des métiers, des usten
siles, des outils d'une délicatesse remarqua-
• bip, et il nous semble que leurs récens essais
ont donné d'assez bons résultats.» Néanmoins
la chambre n'ose se livrer à ses espérances et
croire à l'avenir de cetté"fabrication. Elle
craint de ne pouvoir jamais lutter de bon
marché avec les ateliers de Valenciennes. La
culture et la préparation du chanvre des
tiné aux fils de batiste, demandent trop de
soins et de dépenses. D'ailleurs, s'il faut l'en
croire, la consommation des batistes a baissé
depuis quelque temps, et les industriels
français eux-mêmes éprouvent quelque péi-
• ne à écouler leurs produits.
C< s plaintes de la chambre de commerce
de Bielefeld sont toutes à l'honneur de l'in-
dustrie française ; elles monta nt que l'étran
ger s'efforce toujours de s'approprier nos
procédés et nos peifi ctionnemens. Quand il
ne nous enlève pas nos ouvriers et nos des
sinateurs, il envoie ses chefs d'ateliers à
notre école et copie, sans scrupule, nos
instrumens, nos machines et nos produits.
Il faut dire aussi que le travail du filage à la
main que lesphilan thropes allemands avaient
soutenu jusqu'ici, tend de plus en plus à
disparaître, et que l'importation des mécani
ques dans les Etats du Zollverein pourra nous
créer quelque jour une concurrence tout-à-
fait sérieuse. Mais,à prendre la situation telle
qu'elle se comporte aujourd'hui, l'industrie
française peut sans crainte accepter toute
comparaison avec l'industrie de nos voisins.
Toutefois, si légitimes que puissent être sa sé
curité et même son orgueil, el le doit chercher,
dans la connaissance approfondie de l'état
économique de l'association douanière, d'u-
tiles renseignemens et de nouveaux motifs
d'une émulation féconde.
E. R eiuiy. ï
- Le démêlé entre les Etats-Unis et l'Angle
terre au sujet des pêcheriesde Terre-Neuve a
été immédiatement mis à prolit par les cour ■;
■tiers électoraux. ..Les amis de, M. Webster
ce sont montrés immédiatement les plus ar-
dens et les plus empressés à éveiller les sus
ceptibilités nationales. Dans tous leurs jour-,
naux, il n'est question que des droits de l'A
mérique, que des prétentions insoutenables'
de 1 Angleterre, que de la nécessité d'en-,
voyer toute la flotte à Terre-Neuve . afin!
de faire respecter la liberté des pêcheurs;
améneainset l uonneur du pavillon natio-î
nul. On a ménage, en outre, a M. Websteri
1'occasioii de prononcer un discours où ilj
s'est posé enchampionoijergiqueet e t ludes;
droits du pays, mais ou.il a evne a expliquer';
quelle extension il attribuait a ces droits et>
daus quëlles limites'il renfermait les préten-j
tions de -l'Angleterre* La fouie iry regarde}
pas de si prè-s; et quind M. Webster. de saî
voix la plus sonore et avec,son geste le plus;
-majestueux, s'est écrié que la Grande-Bieta
g ne serait responsable dès moindres acte»
de ses croiseurs, et qu'il ne serait pas
. une barque, un canot, une planche américai
ne sans qu'il en fût demandé compte su ca
binet de Saiut-J tmes, ç a.été un enthousns-
me qui tenait du délire. Il n'y a pourtant rien;
d'héroïque ni même de nouveau à avancer i
que toute nation est responsable de actes
de ses agens ; c'est cette condition qui fait
3ue les marins ou les soldats d'un pays out
roit de faire ce qui, de la part des simples
particuliers, constituerait un délit, saisir,!
par exempte, la personne ou la propriété de
quelqu'un.
. M. Webster & donc payé son auditoire de
belles paroles sans s'engager à aucun degré,
et sans avancer un mot qui soit un déni de
la justice des prétentions anglaises/Puis, au
plus fort des applaudissemens, il a glissé en
deux outrois motsque lemomen tnelui parais
sait pas venu de s'expliquer sur la question
présidentielle, en d'autres termes de se pro
noncer pour ou contre la candidature du
général Scott. Cela se comprend aisément;
M. Webster a prononcé son discours dans les
derniers jours de juillet, et c'est le 1" août
qu'a dû se réunir, à Philadelphie, la conven
tion destinée à poser sa propre candidature.
Suivant l'éclat de cette réunion, la valeur des
personnages qui la composeront, èt l'effet
qu'elle produira dans le public, M. Webster
se décidera à abdiquer toute prétention per
sonnelle ou à courir les risques de la lutte
électorale. C'est alors que le moment de s'ex
pliquer sur la question présidentielle lui pa
raîtra venu.
En-attendant, on ne néglige rien pour ti
rer parti de l'émotion qu'excitant sur les
côtes de la Nouvelle-Angleterre les mesures
prises par le cabinet britannique. .Les amis
de M. W< bster avaient un puissant moyen
d'action au sud : c'était l'appréhension qife
le général Scott inspire aux propriétaires
d'esclaves. En parlant de la défense du com
promis et de la nécessité de màinlenir l'union,
ils étaient sûrs de trouver des, oreilles com-
plaiseotes ; mais au nord ils n'obtenaient pas
un succès aussi facile. La question des pê
cheries est venue fort à propos leur four
nir un thème qui complète merveilleuse
ment leur programmerez y faisant une place
aux, intérêts et aux passions des Etats du
nord. Aussi voyons-nous tous les journaux
favorables à M. Webster ajouter maintenant
un verset nouveau à leur symbole et recom
mander leur candidat comme l'avocat du
compromit et comme l'énergique défenseur
des droits et de l'honneur national.
Rien n'annonce du reste que la question
des pêcheries doive faire naître des difficultés
sérieuses entre lesdeuxpays intéressés.Lesé-
nat des Etats Unis a cessé déj i de s'en occu
per ; le congrès va se séparer, prochainement
et laissera au président toute facilité deriégo-
cier, et d'arriver par les voies diplomatiques
à un arrangement amiable avant l'ouver
ture de la session prochaine. Rien n'attï-
sera donc une querelle qui eût passé inaperçu
sans sa coïncidence avec la lutte électorale.
C ijchevax -C labignï.
Voici dans quels termes le Moniteur an
nonce que les négociations avec la Belgique
sont demeurées sans résultats : * ;
« Le traité de commerce, conclu le 13 décem-:
Lrc 18 tïi, entre la France et la Belgique, et res
pectivement mis à exéeution'à partir du 10 août
1810, expire le 9 du courant. Ce traité n'ayant été
m prorogé ni renouvelé, tes rapport-. c«mm< reiaux
des deux pays sont replacés sous le régime du ta
rif général, v
Les journaux belges n'annoncent pas en
core là conclusion de la crise. ' !
M. Verhaegen, appelé dimanche au palais,
a eu une conférence de-plus d'une heure
avec le roi.
Le rejet par les états-généraux des Pays-
Bas de la convention conclue avec la France
pour la suppression de la contrefaçon a eu
pour résultat la retraite de M. Sonsbeeck,
ministre, des affaires étrangères, signataire
de cette con vention. La reprise des-négocia*
tjons suivra de près la nomination d'un
nouveau ministre des affaires étrangères.
On lit dans le journal la Suisse :
« Le conseil des Etats a accompli dans sa séance
du s août, pour ce qui le conceri:e. une œuvre de
pacification. Il s'agit de l'arrête dont nom avons
pubit ; le teste et qui a été auopie.
beaucoup contribué à populariser J idee de f
■ par les cantons du Soiiderbund pour frais de
guerre, Celte idée a ete cormrue en arrête par le
conseil des Etats. Mais nous avons vu avec peine
M. Jauies -Fazy qui, dans 11 Revue de Gn ièuc, se
varias d'avoir conçu le premier cçt'ç id£ç pacifica
trice et libérale (ce qui est pauç, le moins inexact),
s'éiever jeudi - vec vivacité conirs cette même sous*
cripiion nationale à laquelle nous devrons le i-uc-
ces d'une ptoposinon que nous avons appuyée do
toutes nos forces contre fit Revue et confrères en
absolutisme radical.
» Ddjis la di-cussion, MM. Fazy, PI' nta, Kurx,
Jean Renaud , Ochsenljem, Duchosal. Munzing»r,
Krieg, Aepli, Kaiser et Arnold se sent prononces
pour la runise entière du restantdes frais.M. Am-
mann (Schaffhouse) proposait la remise d'un mil
lion. M. Blumer ne voulait quel-* remise de la
dette supplémentaire. MM. Schwaiz, Pe-talotz et
Schenkel repoussaient absolument la proposition.
On a invoqué en sa faveur l'ttat florissant des fi
nances tédérales. Les excédans annuels auront
bientôt comblé la lacune, qui ne f-era que d'envi
ron 2 millions. Ce sacrifice doit être fait en vue
de la pacification du pays.
» C'est par 26 voix contre 13 que le premier ar
ticle concernant la remise des Irais a été adopté.
Ont voté contre l'article : MM. Pestalutz (Zurich),
Blumer,Weber (GldTiî'), Madeux (Bàle-Campagne),
Ammann, Schenkel (Schatfhouse), Roth (App^nzell
Rh.-Ext.), Wurih (Samt-Gall), Sctiwarz, Weis-
senb eh (Argovie), Rappeler, Albrecht (Ttiurgo-
vie), Rejmond (Vau i).
» L'assemblée s'est occupée,- dans sa séance du
6, dts modifications apportées au budget de 1853
par le conseil national. Le conseilles Etats a ré
tabli le chiffre dé 24,060 fr. pour lé traitement de
notre charge d'affaires à fans-. On sait que le con
seil national l'avait réduit à 23,000 fr. »
Nous, lisons dans le journal ministériel
du soir: :
« Les résultats qui arrivent successivement au
gouvernement sur les élections continuent à être
favorables.
» Toutefois, le scrutin de Saint-ïïtienne a révé
lé un fait qui montre malheureusement que dans
certaines localités, les événemèns que no s avons
traversés n'ont pas encore ouvert les yeux aux
hommes d'ordre et ne les ont pas guéri de cesii-
valités déplorables qui les font succomber, malgré
leur incontestable majorité, devant les,minorités
organisées de leurs adversaires.
» En effet, pour le conseil général, les deux .can
didats conservateurs,. MM. Saliau et Roche/aillé
ont eu, le premier,, 1,218 voix, le second 1,313,
ensemble 2,531 voix ; mais le candidat de l'oppo
sition socialiste, fyL Sain, sur lequel tous les suf
frages de l'opposition se sont portés, a été nommé
avec 1,774 voix seulement. » — (Ch.. Schiller.) ,
Nous ajouterons que les résultats appor
tés ce soir par les journaux de Saint-Eîieh-
ne et de Lyon constatent la double élection
de M. Jules Favre dans ces deux villes : à
Siint-Etienne, pour le canton ouest, et à
Lyon, pour le quatrième canton.
- Dans le canton sud-onest de Lille, le-can
didat du gouvernement a triomphé pour le
conseil général, et le candidat opposant
pour le const il d'arrondissement. Il « ht ju^ta
d'ajouter que la moitié à peine-des électeurs
inscrits ont pris pariim scrutin.
Lè prince-Président de la République
donnera un bal, le lundi 16 de ce mois, an
palais de Saint-Cloud.
NOUVELLES ÉTHAr?QÈi|È&
ANGLETERRE.
On lit dans le Mmniny-lhrald du 9 août re
lativement à la discussion actuelle entre la Grande-
Bretagne et les Etats-Unis :
«Le gouvernement de S. M. n'a élevé aucune
réclamation nouvelle contre les Etats-Unis, et n'a
retire aucune concession faite à ce gouvernement.
» La longue discussion sur la baie de Fundy n'a
point été rouverte. La concession faite en 1843 par
lord Aberdecn au sujet de ce bras de ruer (tout en
conservant nos droits sur la baie entière) reste telle
qu'elle était, L'interprétation des ternies techni
ques du traité de 1818 n'a subi aucun changement -
Tout ce qu'a fait le gouvernement, est de renforcer
notre escadre sur les côtes de Terre-Neuve, de la
Nouvelle-Ecosse et cfu iV'ouveau-ljrunswick, pour
11 défense d'un droit que les Etats-Unis ne noua
dt putentpas, et ne nous ont jamais disputé, ceb'';
de protéger nos eaux à trois milles de nos riv.„ J g
contre les empiétement des pêcheurs fr£ ncai ° e !
lit 'ficajtis i et le navire américain [ ora ,
on fait allusion, a été saisi à uef quar t de mille de
nos cotes, Notru fescadre, en ce moment, n'est pas
plus forte que la division, française. Notre droit
e*t ce qui commande la respect à toutes les na
tions du globe, une. loi internationale reconnue•
et.si, depuis nombre d'années, nos gouvernemens
accessits ont négligé de protéger les sujets anglais
comme la France et les Etats-Unis protègent le â
leurs, tant en Amérique que dans la Manche, nous
ne pouvons qu£, fètititer nos ministres actuels de
réparer leuc fatale inaction. Nous reviendrons sur
.FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL. 11 AOUT.
G&IMOD DE LA REYNIÈfi£
I.
le» trois la KXYNl &ke,
Grimod delà Reyuière fut le plus gour
mand des lettrés et le plus lettre des gour
mands. Tout le XVIII* siècle s'est assis à sa
table, mieux fournie que celle de Scarron,
où le rôti était trop souvent remplacé par un
entretien spirituel et animé. Durant plus de
soixante années, Grimod de la Reyniere n'a
pas cessé d'offrir l 'heureux accord d'un tr
ient aimable el d'un vaste estomac. Parla
franchise de sa littérature, par l 'originalité
de ses habitudes, par ses relations dégagées
de tout préjugé, par le bruit qui s'esi fût
autour de son nom et par l'oubli qui a si
vite succédé à ce bruit, il appartient à cette
série d'auteurs'dont' nous avons entrepris
d'épousseter la mémoire.
Jl est incontestablement le premier de nos
écrivains de cuisine. A ce propos, remar
quons avec inquiétude que, si la race des
«astronomes est loin de s'éteindre, que si la
(8vûasî ,ie des cuisiniers célèbres se perpétue
Sieureusenoent parmi nous, en dépitou peut-
être à causs des casse-tète politiques, remar
quons, dis-je, qu'il n'en est psis de même
des auteurs spéciaux, des docteurs ès-sen-
sualisme, dont les enseignemens nous i'ont
défaut depuis un certain nombre d'armées.
De toutes les plumes sérieuses qui font jouer
un rôle important au papier, et il en est
beaucoup, aucune n'a consenti à se vouer
au développement de cette science que npus
.appellerons la science universelle. A quoi
«cela tient-il ï Des article» isolés se produi
sent bien çà et là, des essais de g^tle
ad ht ont bien eu lifil à de lointains
intervalles; .nuis d'bomm« importât et
écoulé, tel qu« Grimod de la tteytv.ère,
tel même que Brillât - Savarin, si insuf-
jSïfttii qu« soit ce d«raiei^0i m'm
Serait-ce donc à dire que le dernier mot de
la cuisine française aurait été prononcé?
Non, grâce au ciel; elle s'enrichit chaque
jour, au contraire, des découvertes les plus
intéressantes et les mieux appréciées ; mais
ces découvertes, ce n'est pas à la tradition
qu'il appatdeles transmettre.Latradi- 1
tion s'altère et meurt, livre reste. Je veux
bien croire que la plupart aCS gourmands
modernes, jaloux d'éterniser » les pià)S'. rs -
qu'ils ont goûtés, laisseront après eux des
mémoires où ne manqueront pas d'être
consacrées les recettes admirables aux -
quelles ils doivent la plus réelle et la plus
prolongée des jouissances humaines ; mais
en attendant, n y a-t-il pas de leur part un
criminel egoïs'me à priver la plus grande
partie de leurs coatemporains des fruits dé
licieux de leur imagination? Des esprits
plus mercantiles que sincèrement dévoués
réimpriment à satiété la Cuisinière bour
geoise, qui est certainement un foi t bon li
vre, mais un livre élémentaire et qui tend
à rendre stitionnaire un art susceptible de
toutes sortes de perfectiorinemeus. Nous ne
pensons pas que ce soit un amour-propre mal
entendu qui éloigne «le ces matières nos
hommes de lettres actuels; rougit-on de cé
lébrer le blé nourricier, de composer des
discours sur l'impôt du sel ou sur la tsife
des viandes de boucherie? Tous les jours,
les poètes qui nous restent encore ne chan
tent-ils pas le vin, cet élément indispensable
et radieux de riog dîners?. Si l'on croit par
hasard qu'il n'y a ni gloir# pi profit à ce
métier rte professeur d* chère-lie, qu'on }i££
l'histoire de Grimod de la Ri ynière, et l'on
sera grandement détrompé.
Trois hommes de Tenom ont apparu dans
les fastes de la bombance : le grand ppre, le
père et le fils; c'est ce qui s'appelle glorieu
sement chasser de race. Leur triple action,
à laquelle ce dernier ajouta des enseigne-
mens'é.ct'Jis. q. e£erp,é une influence active en
un temps d'émulation t jt de ppogrps qui ne
jluit po ; nt ètr»' oublié, surtout si l'on consj-
Ae*e l'éUil misérable où végétait la gaustro-
jiomi,e, il y a se^lgj^pnt trois ou quatre
sjpcies. ' .
%| eviisiM, sm e^t^ »'a gukp
inaugurée en France que sous le règne de
Louis XIV, où les fourneau?, eqrent leurs
grands hommes aussi bien que les lettres.
Vatel a laisse un nom aussi illustre que ce
lui de Boileau,- et le marquis de Béchamel
s'e 1 st immortalisé par "sa recette de la mprue
à la crétne. Quelques aPuées plus tard. Igs
filets de lapereau à la JJ rry devaient leur
naissance a lu fille bien-aimée du régent qui,
lui-même, inventait le pain à la d'Orléang.
Criail la réy nce alors, etsa»s hyperbole la. fu
mée des cheminée s du Palaiî-Itoyal parfumait
toutes les nuits l'atmosphère rte la capitale.
■Louis XV continua l'œuvre de Philippe, aveft
no» tï!Oi|)?d,cre | 'lt ( 'i'clie, dans les peliïs'?"oli-
pers do Ghoisy, o^ los pl)lpp dp s^'es s'ele-
vaientdu plancher .comme parepet} iriteafent.
Les courtisauB lie restèrent pas en an i ère
du maître : à leur fête, le maréchal de
Richelieu eut l'honneur de baptiser Ips
mahounaises ou mayonnaises, et d'attacher
son nom à mille, recettes dont les gour
mands ne se souvienne, ut qu'avec recon
naissance, pendant que rimaginafio.1 rian
te et féconde de Jîme de pompadour créait
l> s filets de volaille à la flellevue,' les' pa?
lais de bœuf à la Pompadour et les ten
drons d'agneau au soleil. Ces tnveutions ne
sont pas les seules dont non* soyons redeva
bles au beau sexe : 1< j s cailles'à la Mirepoix,
les chartrepses à la I^jaucopseil, les poulets
à la Vtîleroy, trahissent le goût e+ercé de
trois grandes dain' s qui ne sacriflarcnl pas
exclusivement, celles-là, les soins de l'office
à ceux du boudoir. Le blason des Montmo
rency évoque le souvenir des excellentes
poulardes ajjj cesses ? qui survivront à tous
les régimes.'
On sait, que le successeur de Louis XV ne
se piquait point de délicatesse daus le choix
de ses aliiiviis ; jeune et vigoureusement
constitué , il s'accommodait volontiers des
grosses pièces do boucherie. Devant un tel
jippétit, la science n'avait que faire, le rafli-
n- ment devenait inutile. Heureusement que
les gtvnds seigneurs qi|i ava]en| reçu Jj| trç-
ditu'Ki des miûns du fr-u roi ne la lai-gerMi
point dépérir. Le» dites dé La Vallière et de
Duras, le prince de Guéméné, aussi célèbre
gar les earrés do vwu ^u'M imagina ^ie par
,sa banqueroute de vi^gt-buit millions, le
marquis de Brancas, le comte de Tessé con
servèrent du mieux qu'ils purent le feu sa
cré de la bonne chère. 'Autour du trône mê
me, les princes de la famille royale protes-
tèrenj, po^pmept contre l'indiflerence de
Louis XVI : Monsieur, par le potage à la Xa
vier, le comte d'Artois par une façon nou
velle d'accommoder les riz-de-veat}, et le
prince d§ Gondé par pe potage savoureux
qui demande à être traité.avec tant de soin,
Ces noms sont grands sans doute, ils sont
la consécration du plus utile et du plus
agréable des arts, de l'art alimentaire ; tou-
t» fois il serait injuste d attribuer unique
ment à la noblesse U gloire de l'avoir porté
§ §o$ apogée et de l iVuir soutepu èi sou dé
clin.' La ffuanoe p ut i v n i quér une l'afge
p^rt de ces soins, et principalement i'ûpu--
lyqte plasse des f 'rniit'rs-g.iuér^uj, Vftillans
amphitryons, chez qui k nappe était mise
toutes les semaines. L s poètes ingrats on'
pu S" moquer de leur hèii^ tourner eu ri
dicule leur ignorance, les exposer en scène
soiis les noms de fylçtndQr et de furcaret;
mais jamais écrivain satirique, jamais libi 1-
liste à jeun ou repu n'a dénigré un seul de
leurs repas, n'a osé écrire une seule ligne
de critique contre leurs cuisiniers. C'est
là le côté inattaquable des fermiers géné
raux, celui - là surtout qui les fera vivre
daus l'histoire. Rie» n'afihme "comme les
chiffres, et les fermiers généraux ont laissé
la mémoire du plus incommensurable ap
pétit. J'aime ces grosses et joyeuses figures
enluminées de vin de Jurançon et de Rota,
couvertes d'une perruque volumineuse; j'ai-
pjé"! les yoir, cés grivois, tapissés d'un gi
let en pluie d'or et d'un habit de velours
çramoisij circuler pesamment, eiïs'appuyant
sur une haute canne de bois des îles, ou
bien tourner entre leurs -doigts chargés de
b3gués une épaisse tabatièue à double fond
et à sujet galant. Avec quelle importance ils
savent tousser, avec quels lourds éclats on
les entend rire i Gomme ils sont «xperts
à "pincer le menton des soubrette# et à
marchander les fleurs des bouquetières !
Girioatures si vous voule», mais carica-
tures étantes «ft bi
Bourret, Beaojon, La Popelinière ! que ceç
noms-là éveillent d'idées folles et luxueu
ses! comme on pense tout de suite à des
jardins 4e fées remplis de musique et de
robes fuyantes; à des petites maisons dorées
et peintes du haut en bas, à des théâtres
particuliers éblouiras m lumière et mis
en joie par les couplets égrillards de Gueu-
lette ou de Carrelet, les poètes barbouillés
de lie, honneur des spectacles de la Foire !
Le grand-père de Grimod de la R< j ynière
était fermier-général, et le plus déterminé
gourmand de son siècle; il mourut, la ser
viette autour du cou, suffoqué par un pâté
de fois gras, en 11S4 (1). Sa charge et son
appétit, passèrent à son Hls, qui s'enrichit
puissamment avec l'une, et se rendit célè
bre par l'autre , en tenant table ou^. r t e
tous les jours de la semaiae .vO n'était pas
tout à fait ce au'^ a ppeiirun homme
d esprit,-» * t faut en cioire ce trait, dé-
cocné sans doute par un parasite de mau
vaise humeur :« On ie mange, mais on
ne le digère pas. » Néanmoins il eut l'hon
neur d'occuper plusieurs fuisGrimm dans sa
correspondance, Chamfort dans ses anecdo
tes, et la société de Mme Doublet dans ses
Mémoires clandestins. De tous les fermiers-
généraux dont les noms viennent d'être-évo-
qués, ce n'était ni 1 h moins brillant, ni le
moins ambitieux r il avait épousé Mlle de
J irente, sœur du célèbre Malesherbes, et
nièce de l'évêque d'Orléans, qui tenait la
feuille des bénéfices ; ce qui lui mettait un
pied dans la magistrature et un autre dans
le clergé. Ainsi pourvu, Grimod de la Rey-
nière II touchait à fout, et était, en réalité,
un des personnages les plus considérables de
l'époque.
Rien ne manqua à son bonheur, le 20 no
vembre 1758, c'est-à-dire le jour où sa fem
me lui donna un héritier. Sa joiç fut im
mense; et dans l'explosion de ses premiers
(t) Nous ne gavons pas pourquoi tous les bio
graphes veulent qu^ 1 ce Grimod de la Reyniere ait,
«•te charcutier. — Il avait épousa une di-rooiselle
ds M-^ade, qui ?e lem ria avec le marquis dp fa
F>'t ifire. Elle avait V-rit^ goûts dç son pre
mier mari, et ell« fut longtemps réputée pour te
nir une méillWre»'^bléf de Pari?-,
transports, il voulut que son enfant portât la
nom de BALTHAZAR!
Il y a des noms prédestinés, et des races
d'hommes en. qui se succèdent les mêmes
instincts, se développent les mêmes facultés.
Grimod de la Revnière III, ou Alexandre-
BALTHAZAK -Laurent Grimod de la Reynière,
devait se montrer digne de son glorieux pa--
tron, digne aussi de son grand-fière et de
son père. Il devait sauver la cuisine fran
çaise du naufrage de la Révolution, et rele
ver l'autel de Comus sur les débris grossiers
des agapes jacobines.
II.
PREMIÈRES ANNÉES.
Il y a des prédestinations, venons-nous de
dire. Il y a aussi des analogies, qui sont dès
jeux cruels de la nature. Pour avoir exagéré
les jouissances animales, le père de Grimod
de la Reynière devait être châtié de la plut
étonnante et de la plus sanglante façon.
Quand son délire fut passé, il s'aperçut quft
son fils n'avait, à la place de mains, que des
membranes en forme de patte d'oie.,..
Bdthazar.était un palmipède!
Cette confotmité avec les volatiles, dans le
rejeton d'un financier, pouvait pa-S"r pour
une épigramme du destin: mais elle frappait
'encore davantage sur le gourmand, qu'elle
•rattâchait à une parenté honteuse, ignomi- .
nieusement inférieure. Le fermier-général
en reçut un coup jusqu'au coeur ; peu s'en
fallut même qu'un second exemple de tré
pas par suffocation ne se produisit dans la
famille la Reynière. Nous osons à peine ar
rêter notre esprit sur les pensées de toute
espèce qui durent traverser son cerveau,
pendant les deux ou trois heures qui suivi
rent la découverte de cette abjecte difforjoui-
té. Mlle de Jarente surtout , si infatuée
de noblesse, Mlle de Jarente qui regar
dait, dit-on, cotp.me une mésalliance son
union avec Grimod de la Reynière, quels
paouvemens d'irritation ne ressentit-elle pas
à la vue de Ce petit être disgracié, et com
bien ne dut elle pas maudire lejeuroij
l'amour des richesses l'avait jetée dans le»
bras d'un financier «t d'tia glouton ! N'étaiH
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