Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-07-30
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32747578p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 124053 Nombre total de vues : 124053
Description : 30 juillet 1852 30 juillet 1852
Description : 1852/07/30 (Numéro 212). 1852/07/30 (Numéro 212).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6697268
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUMERO %i%
BVEIEII1& s ru* de Vatolë Palais-Royal), a* 10}
B 1852.-VENDREDI 50 JUILLET.
nrn'Msmrnm
nu de it'AsoRxisas&ira. ...
mis... .7'.. 1» ï. PAa triuestsi;
ÉPiaTEsiKsa. 16 ï. —
UN KtiM&O : 26 CïfltffiS*. ' "
Met UM fit» Ér*i!*QBBi, ïs reporter
aa tableau qui sera publié dans la journal,
les la et ss de ebaijue moi».
Lts ahonntmeus datent' dtt i" ti 19
dt ohuqv*. mit. -
S 'Gtireaer, franco, peur la rédaction^ d Mi C uchival -CU l BIGHTÎ i
' Les articles déposés ne sont pas renduaj
M-/
JOURNAL POLITIQUE:, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
en chef.} t Ck fahome, dass les département, aux Messageriet tl aux Direction! de posté$—A Londres, ehez MM, Cowus et fiis J I
j r-4 Strasbourg, chetU. A isxamiri, pour l'AUeviagm. |'tes annonces iont reçue» an bnrèau du JonrMl; et obéi M. PANIS, régisseur, io.flac® de lia'
S*adrmer, fran«cï >e &r Fadminittration, i M. D knjun , directeur;
PARIS , 29 JUILLET.
Nous avons reproduit hier le décret qui
rétablit la culture du tabac jdans les-deux
-départemens des Bouches-dù-Rhône etdu
Var. C'est une satisfaction donnée à des ré-
fclamations qui datent de loin. L'adminis
tration s'est «nfin rendue aux observations
des commissions législatives qiii ont été
conduites à examiner cette question, à pro
pos de la dernière loi relative à la proro
gation du monopole des tabacs.-v *
La loi de 1816, que l'ona désignée sous le
nom de Charte du tabac, porte que la culture
est maintenue dans les départetnens où elle
était autorisée alors, si d'ailleurs elle a'éle-
tait à 100,000 kilogrammes. A ce titré, les
départemens des Bouohes-dû-Rhône et du
Var continuèrent à'être admis parmi ceux
auxquels la régie demandait du tabac indigè
ne. Ce fut seulement en 1836 que l'adminis
tration supprima la culture dans ces deux dé
partemens où elle avait été régulièrement
pratiquéependantvingtamiées. Oti's'appuya,
pour légitimer cette mesure, sur un article
de la loi de 1835, qui avait laissé au gouver
nement le soin de répartir le nambre d'hee-
tares' ainsi que les quantités entre les dépar-
mens où la culture était autorisée. Ainsi, de
la faculté de répartition, qui 'lui était attri
buée, l'administration Ht sàrtir le dr»it de
suppression.* —
.Depuis 1836 , par l'organe des conseils
Municipaux et des conseils généraux, le#
deux départemens déshéritée n'ont cessé de
se plaindre de ce qu'ils appelaient une vio
lation de la loi à leur égard.
La commission de l'Assemblée législative,
chargée, l'année dernière, d'examiner Je pro
jeteur la prorogationdu monopoledes tabacs,
accueillit ces réclamais. Elle demandades
explications à la régie : celle-ci répondit que le
tabac fourni parles deux départemens. des Bou-
ches-du-Rhône et duVarn'ét^it pas bon; que
les quantités demandées n'était pas livrées,
et que les frais de culture étaient plue élevés
que dans» les au tres départemeas. La commis
sion nese tintpaspour satisfaite decetterépoa-
çe. Elle objecta que le tabac, qui est une plante
trop icalé,devait réussiraussi bien-dans KPre-
veneeque dans l'Alsace; qu'il' avuiUété cons
taté par l'enquête de 1835 que les tabacs des
Bouches-du-Khône notamment convenaient
à la pipe, qualité qui manque en France;
que, si les deux départemens n'avaient pas
fourni'les quantités demandées, c'était pen
dant quelques années seulement' et lorsque
d'autres départemens d'ailleurs étaient dans
" le même cas ; qu'enfin,, l'administration ne
pouvait arguer de la cherté du tabac, puis
qu'elle était maîtresse des tarifs. La commis
sion conclut, en conséquence, en deman
dant que lei réglas fixées par la loi de 1816
servissent de base à la répartition de la cul
ture indigène éutrcjes départemens. \
. Le coup d'F.tat du S décembre ne permit
pas de discuter les conclusions de la com
mission de l'Assemblée législative. Mais le
Corps. Législatif ayant été saisi plus tard
du projôt- relatif à la prorogation du mo-_
nopole, la commission chargée de l'exa
miner se prononça dans le même sèns.
jjn membre avait proposé de reprendre
l'amendement quç «nous ' venons de rap
peler. La commission • ne ('admit'pas, il
est. vrai, mais par cette considération:
« qu'à son avis, les droits établis par la loi
de 1816 avaient été maintenus par" la loi de
1833, et sanctionnés en fait - par l'autorisa
tion de.eulture donnée aux deux départe
tnens des Bouches-du-Rhôrie et du Var, pos
térieurement à cette loi, dans l'année 1836.»
Il faut féliciter l'administration d'avoir fuit
droit à ces réclamations, bien que d'une ma
nière mepipjilète. D'après l'avis même de la
commission du Corps .- Législatif, le* réta
blissement de là 1 culture du tabac dans les
deux départemens déshérités ne devrait être
considéré que comme un retour à l'exécution
de la loi en vigueur. On remarquera, cepen
dant, que la régie semble se réserver de reve
nir sur ce qu'elle ne regarde sans doute que
comme une concession. En effet, le rétablis
sement de la culture n'est ordonné que pour
le tabac léger à fumer et seulement à titra
de nouvel essai. Ce qui veut dire que, si
l'administration n'est pas satisfaite du ré
sultat , elle entend supprimer de nouveau
la culture, malgré tout ce qu'on a pu dire
des droits établis par la loi de 1816.
La suppression de la culture du tabac dans
le département du Var, avait été très dom
mageable pour les communes dei'arrondis-
seinent de Grasse, et surtout pour celles du
•antpn d'Àutibes, qui s'y livraient avant
1836. Ce sont, en effet, des co mmunes pauvres
et sans commerce, auxquelles la culture du
tabaç donnait un profit qu'elles nepouvaient
demander à aucun autre produit. Elle leùr
procurait un travail lucratif, et elle y fai
sait entrer une samme en numéraire qui fa
cilitait le paiement de l'impôt. Ajoutons
que la culture «lu tabac contribuait d'uné
manière efficace à l'entretien ei au dévelop
pement des autres cultures. Le territoire
d'Antibes est formé de petits coteaux propres
à la culture de lsyrigne, qu'on y plante en
rayons, à trois meures»de distance environ ;
les intervalles sont ensemencés en blé ; mais,
après vingt-cinqjannéesde produits, ces vignes
doivent être renouvelées, et beaucoup de
propriétaires ne pouvaient faire la dépense
de 600 fr. pour défoncer un hectare de terre
à 85 centimètres de profondeur, depuis que
la culture du tabac avait cessé de leur ve
nir en aide et t ne leur fournissait plus les
moyen? de se procurer l'argent nécessaire à
cette «pération..
Faut-il voir dans le nouveau décret uk
indice du rètoùr de la régie à de meilleures
dispositions en faveur de la culture indigè-
ne?Nous le désirons, quoique la discussion du
projet de loi relatif» la prorogation du mono
pole nou£ permette d'en douter,; Ga n'a pas
oublié, en effet, que la cômmission ja'a pu
faire admettre un amendement tendant à
donner des garautiès à la culture indigène,
indyennant la prorogation indéfinie, ou,
en Autres termes , moyennant la consé
cration: défiaitivè du monopole. Nous com
prenons, comme le disait M- Siméon dans
son rapportée l'&nnéedernière, qu&la néces
sité de perfectionner la fabrication ait amené
la régie à augmenter la proportion du tabac
exotique,. surtout de * eeljui d'Amérique qui
se distingue par «des qualités-toutes spé
ciale 1 -. Nais l'administration ne deyràilrè-
courir aux tabacs d'Europe qu'après ayoir
épuisé les chances de trouver sur notre
sol les qualité* » légères qu'elle va chercher
en Hongrie. Ce serait se conformer à la pen
sée protectrice qui animai tl Empereur lors
qu'il établit le monopole, et qui est claire
ment exposée 'dans la ^préambule du décret
dd'18J0. l' J^ÉVRÀT. ;
' ^ - ? '• i ' .
' - - * - i _ ^
" "Le Moniteur publie ©e matin: les décrète
suiyans : .. . _ , . s> ■ ,,
Lôuis-Napoléoa,! Président de U République
française, décrète : ■ » .
M. Dreuyn de Lhuys, viee-pirésident da Sénat,
est nomaié ministre des affaires étrangères, en
remplacement de M. le narquis Tnrgot, dont la
démission est acceptée. . N . v
Fait au palais de Saint-Cloud, le 28 juillet 1832.
XOPIÏ-NAPOLÉOÎT. - '
Louis-Napc'éon, Président de là République
"frârrçsisr," décrété : " * ■
M. Magne, pré»ident de lat- section.des'travaur
publics, de l'agriculture et du commerce au con
seil d'Etat, est nommé ministre des Iravaux pu
blics, en remplacement de U. Lefebvre-ûuruflé,
dont la démission est acceptée.
Fait au palais de Saint-Cluad, le 28 juillet 1852.
LOUIS-KlPOtKO!ï.
-■ ; • ' - * * V.
'■ Leuis-Napoléon, président de la République
française, décrète :
M. Lefebvre-Duruflé, ancie^ "ministre des tra-
vaux publics, est nommé membre du Sénat.
Fait au palais de Saint-Cloud, le28 jui|letl852.
LOUIS-NAPOLÉON.
A la suite dé ces décrets, le journal offl?
ciel contient cette déclaration :
« Le prince-Président a .décidé' que U. Banche,
vice-président diï conseil d'Etat, [(rendrait part
aux travaux da «ansetl des-jainisties..»
Un supplément du Moniteur, distribué vers
deux heures, a fait connaître que M. le
cnmte X. de Casablanca, ministre secrétaire
d'Etat, venait de donner sa démission, qui
avait été acceptée par le prince-Président.
M. de Casablanca est nommé membre du
Sénat.
Dass la dernière séance du congrès du
Zollverein à Berlin, les plénipotentiaires da
cinq des gouvernemens qui* forment ce qu'on
appelle la coalitiou de Darmstadt, ont remis
une réponse collective à la déclaration que
la Prusse avait faite au sujet de. l'introduc
tion de l'Autriche dans l'union des douanes.
Ces cinq gouvernemens sont la Bavière, la
Saxe royale, la IIssse-Electorale, la Hesse-
Darmstadt et Nassau. Le plénipotentiaire
prussien a prijj occasion de la suspension
des conférences pour communiquer un
nouveau manifeste dans lequel le cabinet de
Berlin insiste sur les raisons qui ne lui per
mettent pas. d'accueillir les demandes de la
coalition. La lecture de ces documens fera
bien comprendre les dissidences qui existent
entre la . Prusse et l'Autriche sur la ques
tion commerciale, CucnEVAX-CiARiGNY.
Yoici d'abord la note des cinq gouverne
mens :
«Les plénipotentiaires soussignés n'ont pas man-»
qué de soumettre à leurs gouvernemens respectifs
la réponse que le cabinet prussien a faite, dans la
séance du 7 juin, à leurs propositions du 25 mai.
Ct g gourernemen* «rit yu atec regret que le cabi
net prussien croit- deroir décliner toute participa
tion à des négociations au sujet d'un traite d'u
nion douanière avec l'AuUTihe. — ...
» Dès la fondation du Zollverein et dans tous
les traites qui ont été conclus postérieurement,
toutes-les parties contractantes sont constamment
restées lideles à l'idée que le Zollverein est destiné /
4 préparer l'union douanière de tons les Etats al
lemands. Ce principe a pas^è dais le traité du 7
septembre de l'an dernier et se trouve exorimé &
•plusieurs reprises dans les lettres d'invitation aux
■conférences actuelles; ; .
: ' » Le cabinet prussien, dans sa'Téponse au gou-
-vViMinent impérial, a reconnu que,"pour atteiis- ~
dre'ce grand but, il n'y a pas-.de" cace que de regler,les rapports copsmerciaui entre
le Zollverein et l'Autriche, d'une maniéré satisr
faisante pour tous les Etats intéresse» rt conformé»
ment tant a< xeiigcnces dela.raison d'Etal, qu'aux
besoins matériels de l'Allemagne. Uéjà, antérieure
ment, il avait été d'avis, comme idée dirigeante,
-que les négociations au sujet de.-i rapports com- -
Biurciaux'avec l'Autrtbhey de*aient être conduites
dans la prétuioti d'une future union douanière.
'.«.Dans la,déclaration du- gouveraetnerii prus
sien, ajant pour but de décliner la participation à
des négociations au sujet d'un traite d'union doua
nière arec l'Autriche et daos les «rgumen» iu*o-
qués à l'appui, les gouvernemens représentés par
les soussignés ne peuvent donc pas trouver la ré
tractation des explications antérieures ou rabane-
don d'un principe fondamental des anciens traites
commerciaux.
» Dans les conférences qui ont èu lieu récem-
meut à Vienne, sur' l'invitation du cabinet impé
rial, ils n'ont pas méconnu les difficultés inhéren
tes à la situation; mais, dans i'intirèt de l'union
tiouawèie pour toute l'Allemagne, ils se sont crus
.«LIi.jôi-de ne pas »e laisser rebuter par ce» diftl-
cntUs, et c'ert an e de vif-i- regrets qu'ils se sont
vus privés, dans, cette occasion, du concours éclairé
du geuverneraent prussien,
I s Quant aux points particuliers qui se trouvent
énoncés dans la déclaration da 7 juin,'les gouver
nemens représentés par les plénipotentiaires sous
signés, n'y ont point trouvé d'obstacles insurmon
tables à une futur# union- douanière avec l'Autri
che Ils sont prêts tant à-développer, dans le cou r
Tant-.des négociations, les argument qui servent
d'appui à leur opinion, qu 'à examiner arec impar
tialité les argumens. contraires et à accueillir d'au
tres propositions...
s II est vrai que le gouvernement prussien ne
juge pa* compatible avec les égards dus à ses
alliés douaniers et au cabinet impérial, d'enta
mer des négociations qu'il prévoit devoir rester
sans résultat; mais ces négociations ne sau
raient être qualifiées d'iifiUîtiiïuses, si elles
aboutissaient à fan* adopter la conviction du
gouvernement prussien , i savoir que ces obs-
' tacles sont, quant présent, insurmontables.
II est au mois» permis de *se demander s'il est
ptus eonvenable oii de repousser sans négociation
une proposition aussi importante qu* celle de l'u-
niou douanière avec. l'Autriche, ou d'examiner,
dans dès discussions approfondies, si ells «st ou
non réalisable. •
j> Le gouvernement prussien, à notre grande
satisfaction*, s'est déclaré prêt à entrer eu. pégocia-
.tions, au sujet d!un traité-commercial et douanier
avec l'Autriche. D'après .-l'opinion' du cabinet prus
sien, ces négociations ne. doivent être abordées
que lorsque l'existence .ultérieure du Zollverain
- avec l'ascesMon du .Stfuerverein aura été assurée.
Les soussignés sont chargés, à ce sujet, d'inviter
le gouvernement prussiffi à vouloir bien s'expli
quer sur le point de savoir quanti, selonlui, cette
■ assurance pourra ètrw considérée comme réelle.
» Il sera d'autant moins difficile de s'entendre
à ce sujet, que le gouvernement prussien, daus sa
déclaration du 7 juin, s'est montré prêt à ouvrir
des négociations av#c l'Autriche aussitôt que les
délibérations sur l'extension du Zollverein seraient
terminées, et que par conséquent il, parait avoir
en vue non la conclusion des traités sur la recon-
structioB du Zolherein, mais la clôture des déli
bérations sur ce point.
» Comme l'adoption, de cette idée peut amener
un rapprochement des opinions, les gouvernemens
représentés par les soussignés regretteraient d'au
tant plus vivement de voir le gouvernement prus
sien se refuser à ouvrir prompte ment les négocia-
lions en question, que leur résultat satisfaisant est,
à leurs yeux, l'unique moyen d'obtenir une juste
compeniation dès préjudices inséparables de larati- .
1 fication du traité de septembre ; les résultats des dé
libérations qui ont eu lieu sur ce traité permettant, :
en outre, d'espérer que, sous la condition ci-dessus
"énoncée, l'adoption de ce traité ne rencontrera plus
d'opposition'serieuse de la part des gouvernemens
représentés par les soussignés.. .
» Les gouvernemens ne désirent pas avec moins
d'ardeqr que le cabinet prussien voir cesser aussi
tôt que possible l'incertitude qui. règne au sujet
des rapports commerciaux.et douaniers; mais,
après ae mûres réflexions,'ils ont acquis la fermé
conviction que les négociations pendantes ne peu- •
vent aboutir à une solution définitive, dans quel
que question particulière que ce soit,'avant qu'il
na soit possible d'entrevoir le résultat de toutes
lç«,. déiybératijug ..quiJS6.. lient étroitement ttntre
» En particulier, ils ne croient pas pouvoir
prendre de résolution obligatoire au sujet du re
nouvellement du Zollverein et de l'accession du
Steuerverein avant-de tonnallre-quelles seront les
proportions du traité douanier, et commercial à
conclure avec l'Autriche, et de quelle.manière la
future unioa avee cette derrnere puissance pourra
être asiurée. -,
• En const'(|uence, les plénipotentiaires soussignés, ■
Meixner, de Schiinpf, de Meier, Ewald et Woll-
praikt, sont autorisés à exprimer le vœu que les
nézoeiations dont là nécessité est généraleweiit
reconnut}, soient entamées aussi prompte meut qu'il
fera possible, de peur que le defaut .de. temps ne :
rende impossible un arrangement qui est généra
lement désiré, s .
Voiei rnainte&ant le manifeste communi
qué par l« plénipotentiaire prussien. Après ,
avoir rappelélssjnotifs qui ont déterminé
la prorogation an 16 août des travaux du
congrès, la note prussienne continue en ees
termes : -
< Le gouvernement prussien croit pouveir sup -
«er que les raisons 'qui, . conformément v à s ►■s
àcclarations des .7, juin et. 1 er juillet, lui fout re
garder eomme une nécessité impérieuse u obte-
■S
nir-une prompte décision au sujet de l'organisa
tion future du Zollverein, sont approuvées par
tous les gouvernemens représentés ici, St que
ces derniers partagent. son désir de voir'bien-
• tôt cesser rincertitude qui pèse actuellement sur
les-intérêts matériels de l'Allemagne; Ji espère :
donc qu'on sera d'açcori -pour costsidérer la ' pro- 1
rogatioa des conférences comme un moyen de met
tre ân à-ectte. incertitude, et que la reprise--des dé-,
1 b'erat eus tranchera la question de savoir s'il existe
•ne base commune pur les négociations, et par
«onséqueiit la possibilité' d'un accord. .. •
■ » C'est en adoptant ce point de vue que le gou
vernement prussien propose la reprise des délibé
rations à partir du 16 août prochain, et en-accep
tant, par avance, un terme plus rapproché, si on
le désirait, il n'hésite pas à indiquer lés deux ques-
tieris dont il regarde la solution comme préjudi
cielle, quant à la continuation des négociations et
quant à la participation des gouvernemens aux
conférences douanières : •
» C'est, en premier lieu, la remise d'une décla
ration, au sujet'de la proposition prussienn# con
cernant l'adjonction du Steuerverein au Zollverein.
Plusieurs des gouvernemens ici représentés ont
cru devoir différer de se prononcer sur les clau
se» particulières de cette proposition, jusqu'à
ce qu'elle ait été-examine# • dans toute sofl
étendue , et le gouvernement prussien n'a pas
cru devoir réclamer contre cette mànièra dé procé
der. Cependant cette' proposition,'dont le texte est,
du reste, jineralement connu depuis dix mois,
étant à présent discutée dans toutes ses parties et
dan* tous les sens, il ne peut plus y avoir d'obs
tacle à une résolution définitive. Dfe même l'ur
gence d'une pareille re'olutioci, à cause de l'in—
lluenee décisive qu'elle doit avoir sur le résultat
des négociations pendantes, ne saurait être «é-
iCotînue -par qui que ce soit.
» Le- second point, qui, selon le gouvernement
prussien, *st d'une importance décisive, csnsiite
à faire adopter généralement ■ le principe que les
négociations avec le cabinet de Vienue, qui se'
borneraient à ua traité douanier et commer
cial . rie soient ouvertes qu'après la conclusion
-du traité lur le renouvellement et l'extension
du Zollverein."Le gouvernement prussien , dans
les lettres de convocation- au congrès douanier,
dans le discours prononcé - lors de l'ouverture de
ce congrès, et dans ses déclarations du 1" mai,
du 1 er juin et du i" juillet, a indiqué ce prin-i
cipt comme devant diriger sa politique. En se '
référant aux.argumens qu'il a plusieurs fois dé
veloppes à ce sujet, il ne peut que Maintenir
ce principe comme la base de toute délibération
ultérieure. Mais il tient à renouveler d'un au
tre côté l'assurance formelle que, dès que la con
dition susdite se trouvera réalisée,, il sera prêt à
ouvrir iiQmédiateinent'Ies négociations avec l'Au-
tnr.het qui ne lui-paraissent pas moins désirables
qu'à ses alliés, et qu'il n'entend pas, à l'égard de
ces négociations, restreindre les bases que, dans
ses négociations antérieures et particulièrement
dansleproiocole signé à Wiesbaden le 7 juin485t,
ii a reconnues comme acceptables. ; -
» Le gouvernement prussien qui, en développant
.•es opinion? comme il-l'a*fait ci-dessus, a la consf
science d'avoir été animé par lé désir sincère de
maintenir et de consolider une association do«t il
apprécie parfaitement les effets salutaires, et qui
est autorisé à présumer qu'il trouvera le même
sentiment chez tous.ses alliés - douaniers, nourrit
le ferme espoir que* ton* les membres du Zollve
rein actuel se rallieront aux .convictions précé
demment exprimées, et lui permettront,; par lepr
adhésion, de renouer les négociations avec la tOr
talité de ces gouvernemens. s
L'Autriche poursuit avec persévérance et
succès ses efforts poura/fermir sa puissance
en Italie au moyen des améliorations maté
rielles. L'unioii .douanière qu'elle est en voie
d'établir entre je s possessions et les petits
Et,îtsal'Italie trouvera un élément fécond de
développement dans le réseau de chemins
de 1er qu'on continue à frais communs.
! On écrit de Vienne &\iJuurml de Franc fort,
à la date du 35 juillet :
Le traité sur les chemins de fer entre l'Autri
che, -l'Etat de l'Eglise, les duchés de Mo;lène,,dè
Parme et de la Toscane vient de paraître. Les
Etats contractans y, déclarent que, pénétrés de
l'importance qu'il y a à faciliter les moyens de
communication, ils décident de faire construi
re un chemin rie fer portant le nom de chemiirtle
fer central de l'Italie, et qui'partant d'un côté de
Plaisance pour^ Parme et Reggio, de l'autre de
Mantoue aits>i pôùr Regjio, puis de là,par Modène '
et Bologne, à Pi^toja ou Prato, félon que le pas
sage des Apennins «era plus facile et moins coû
teux, se reliera enfin au reseau des chemins de fer
toscan».
Le gouvernement impérial t'engage & achever
en même temps que ce chemin central, ses propres
ligue* italiennes jusqu'à Plaisance et Mantoue pour
les relier audit chemin de fer central; la Tosca
prend les mêmes engageméns pour les siens. lia
construction de la voie centrale sera confiée à une
société qui aura.un privilège de cent ans, et à la
quelle on -garantira un minimum d'intérêt pour
les actions àu capital nécessaire. M soçj! té s'engage, par contre, J commencer srfr
cinq points 3-versles' travaux un moi^ aprèsTa'lop-
tioj! du tracé. Des lignes télégraphiq^ies «Vront
établies le long de cfe : chemin de fer et-ouvertes
.a l'usage du public -après décision des jerouver-
nemens intéressés. L'administration centrale d_a
chemin aura son siège à Modène, eù se trouTcra
aussi la commission des gouvernemens {un mem
bre par Etat). Les actions de la société jouiront
dan-chacun des Etats contractans des mêmes droits
et des mêa.es garanties que les actions des leciétéa
du paji.
Le journal la Suisse publie -dans son ' nu
méro du 27 juillet un article ayant pour ti
tre : Rendons la liberté aux Fribourgeois, ar
ticle dont nous reproduisons les passages
suivons -: .
a Nous écrivons avec la même plume qui a com
battu le Sonderbun'd et la domination cléricale, et
qui les combattrait encore, si l'un ou l'autre re
paraissait d»ns la confédération ; avec la méiqa
plume qui réclama énergiquemerit la réforme fé
dérale comme un remède efficace à la situation qnp
nous avait faite le pacte de 1815. Cette réforme,
que nous avons annoncée à la veille d'une guerre
civile, nous. n'avons cessé de la défendre depuis
qu'elle a été accomplie. Nous serons peut-être ap
pelés à la défenare encore contre ceux qui l'ont
eombaltue et qui, maintenant, déguisent leurs ran
cunes ultra-radicales pour faire tourner une œuvrp
de. réconciliation et de salut commua au profit d'u®
parti-exclusif et persécuteur."
», Ce n'é.-t donc pas au nero du Soriderbund ou
de la réaction que nou3 venons soutenir encore la
cause da peuple fribourgeois à l'approche du jour
où nos chambres sont de nouveau appelées à la,
juger. Le Sonderbund et la réaction, dcsorra.iig'
impossibles en Suisse, sont des mats usés daiis le
vocabulaire de l'absolutisme radical. On a vu que
toutes les opinions qui respectent le principefonda-
^meutid de nos Constitutions, ont. tenu et tiennent
constamment le mèpie langage' dans la question de
Fribourg : les libéraux, les conservateurs, les radi
caux conséqueus, tous ont condamné un ordre de
choses inouï dans la, confédération suisse. C'est à
peine si trois ou^quatre organes ou auxiliaires de
certains régimes menacés eux-mêmes de l'abandon
du peuple osent soutenir, dans leur propre intérêt,
ie pouvoir exceptionnel qui siège à Fribourg, pou
voir qui, repoussé solennellement par le- peuplé',
vient décliner jusqu'à sa responsabilité devant les
représentai du pays, en déclarant que ce sont
eux qui gouvernent le canton. ;
■» ..... Non, il n'est plus permisse se faire illu
sion sur la situation du cantort de Fribourg; l'o
pinion que nous exprimons à l'égard de son gou
vernement ne saurait être suspecte. Maigre l'illé
gitimité de fa naissance, nous "n'avons j»as hésité à
soutenir ce gouvernement contre un parti qui avait
compromis là paix et lasecurité dn pays,etsi ce parti
existait ou pouvait exister encore, fce n'est pas (tour
lui qùe nous plaiderions. L'ancantissemeiitdu Son
derbund, ou du moins son impuissance, étant <16—
"sormais constatés, le devoir nous commande im- '
périeusement à tous, et, en premier lieu, aux re-
présentans du : pays, de ne pas compromettre la
seule politique qui doit faire la force et le salut
de la Suisse, et de ne pas Attirer sur nos nouvel
les institutions un sentiment de déQajice ou d'ani-
madversion , en les présentant comme l.t sauve
garde de l'injustice ou les complices d'un régime
qui-en nie le principe.
» Depuis bientôt- cinq ans qu'il existe, le gou
vernement -da Fribourg, loin-de les,augmenter, a
vu diminuer à vue d'œil ses partisans. U eu avait
quatre ou cinq raillé 1 la lin de 1847, lors
qu'il vint succéder au §onderbund sous la protec
tion des troupes- fédérales. Combien en a-t-il au*
joBrd'huiî Deux milie peut-être : les employés
et les gardes civiques, soldés aux frais du peu
ple. Le grand f-it de Posieux; sont-ce des dé
clamations ou des injures qui pourront le nier ou
l'iittenuerT EtVayans-nous pas entendu s't lever,
-du camp meme d.e l'oligarchie, des voix assuré
ment non suspectes et qui condamnaient haute
ment ce regimt:? A-t-on oublié les discours-accu
sateurs qui furent prononcés au sein du grand
conseil de Fribourg dans un moment de sincérité,
sous l'impression de l'immense manifestation da
Posietjx, queT«n adairait alors et que l'on pro
voque aujourd'hui par i'iwulte et la calomnie
sout -les auspices, en l'a déclaré, de* autorites fé
dérales? Des défenseurs du régime actuel n'ont-
ils pas senti, comme nous, la nécessité d'aban
donner la yoie désastreuse que l'on a suivie
jusqu'ici? N'a-t-on pas demandé à grands cris
des concessions, quand on a çraint de se trou
ver seul», face à face du peuple? N'a-t-on pag
aussi pressenti que la farde civique allait t t
FEUILLETON OU CONSTITUTIONNEL. 30 JUILLiET.
IL FAIT m imim SEPASSr.
XXIII. . ;»
La chaumière dé Landry, le g^rde-chasse,
était située (le lecteur le sait déjà) k quelque
distance d u château de Fenestraùge et à l'une
des portes du parc. Le' soleil venait de se lé--
ver et semblait incendier le chaume de la toi
ture; ses premier» rayons, tamisés, dans le
feuillage de la vigne qui serpentait devant les
carreaux étroits ntenfumés de la fenêtre, pétfé-
traientauseindel'hyrable denaeureet y éclai
raient quelques meubles grossiers en pois ' da
chêne, les portraitsde Charrette et de Lescure,
une image'de faïence coloriée, représentant
ia Vierge; et le vieux fusil de^. munition qui
avait servi dans les guerres de la Vendée.
• Le jour naissant n'avait réveillé cliei Lan
dry, comme d'habitude, qua dés pensées de
■pieté et l'amour dù travail. Après ayoir fait
ses prières, il s'était mis à 'fourbir le fusil
de chasse, dont son maître lui avait Tait ca
deau, en 1832, pour remplacer célai-qui re
posait maintenant, appendu au-dessus de fa
eheminte, à la fois éomme un symbole et un
trophée de l'antique chouannerie. T»ut-à-
eoup le trot précipité d'un cheval sa fit fn-
tenure à peu de distance ; 1« cheval s'arrêta
brusquement devant la chaumière, et, quel
ques secondes après, une main levait fami
lièrement le loquet de la perte, et le vieomte
de Fenestrange entrait sans façon clic* son
ancien serviteur. " .
Landry s'iùcliaa respectueusement; lë.vi-
comte lui' serra cordialement- la main et se
Ëta sur l'unique fauteuil qui âe trouvait dans
cabane. - :
' — Bonjour, mon vieux Landry, s 'icr ia-t-
II, c'est' encore moi qui viens te surpren
dre. Je suis" parti à cheval, avant le jour,
du château df. .Msrvillkrs où "j'habite de
puis qvielque temps. J.'att: iids ;dps" amis
aujourd iiui. 11 faut que f tu ïii'^tidès à les
bien recevoir, ei à leur prpjw'er que l'hos
pitalité n'a pas "dégénéré "chéir les Fenes-
* La reproduction est interdite.
trange!.,. Tu m'aideras avéc.plus de plaisir
que jkmais à leur faire bon ficcueil, quand
tu sauras que tu vas v.oir la marquue.de
Morvilliers, k dont tu, m'as; entendu-parler
d'siicienrie date, ai son fils, (Jue tu iie con
nais pas encore: un charmant cavalier, ma
foi 1 qui vient d'être bien gravement malade
et auquel nous faisons f are aujourd'hui,
une pronienade.de convalescence en l'ame
nant au château de Fenestrange ; s'e^t sa
mère qui- s'est' chargée de lui ; il viedi avec
elle dans sa voilure ; ; car - il n'aurait pu sup
porter une si longue course à cheval. La
marquise et son Ils .sont pour moi une fa
mille; je veux finir ma vie avec eux. et avec
une autre personne encore. ' " v
La physionqmie de umdry s'éclaira à ce
dernier mot comme s'il avait attendu cette
mystérieuse .addition du viepinte. s
-rr. Mais cette personne, reprit Fenestrange,
je ne l'attends, pas aujourd'hui.
— Ah ! tant pis 1 fit .naïvement Landry.
— Tiens, tu la regrettes comme si tu la
connaissais! repritFenestrange. •>
Landry allait ouvrir la bouche pour ex T
pjiquer au vicomte, le sens de son exclama-
tiQn b miiis cette discrétjph qui scellai t pour
ainsi dira cheàlui le dévoiiment, L'empêcha
d insister, et Té vicomte, sans y faire autre
ment attention, lui demanda du fci) pour
Allumer son cigare. -.
.. — Mon cher Landry, continufl-t-il, mes
hôtes arriveront après déjeûner ; mais lors
qu'il» auront parcouru le château'et le paye,
ce qui leur. prendra une grande heure au
moins, je les ferai sorljr par iei... Prépare-^
leurdu lait et des fraises pour deux heures...
la halte obligée avant d'aller parcourir les
environs. .
Landry n'avait ^as besoin de répandre à
son maître ; mais si Fenestrange eût songé
à l'observer, il eût deviné facilemont chez
l'honnête, serviteur le désappoiniementd'une
çôûtidënce espérée et refusée ; -ftésapp jipter
biént où avaient plus de paît, à coup sûr,
lea .mécomptes ■ du dwoûment déçu que le
"dépit de la curiosité avortée.
* Qiioi qu'il en soit, Fenestrange, après avoir,
allumé son jcîgirè et exprimé ^es intention^,'
Serra de nouveau Ui main du vieux ga»de-
ehaSse,".et, Temontaut sur son cheval qu'il
avaitâWàéhë' 1 à'ia'"pofW âà'la" éhàumiére, "il
s'éloigna. .
* ,..., -■
Une .heure, après, au. moment où Landry
rentrait avec les élémens delà collation qu'il
devait-oflVir aux W tes de son maître, il avisa
une jeune femme, la tôte couverte «'un am
ple chapeau de .paillCj et qui paraissait pro-
mener.sur la route un regard interrogatif.
Landry n'y fit pas autrement attention ;
mais, quelques insUms après, otte même
jeune femme se présentait^ la porte de la
Cabane du garde-diasse, et ôtaut avec un
sans-façon qui semblait lui é.tre habituel,
l'ample chapeau, qui la garantissait des
ardeurs du soleil, elle offrit aux yeux?de
Landry des traits qoi ne lui étaient pas in
connus; toutefois ce dernier eut d'abord quel
que peine à mettre ce qu'il voyait d'accord
avec ses' souvenirs; car, au lieu de cette
magnifique chevelure fauve qui repliait pré
cédemment sur le sommet de cette léte sé
duisante ses spirales'dorées, il ne retrouvait
plus qu'une titus écojurtée, qui pouvait à
peine, çà et là, faire onduler quelque? bou
cles naissantes.
\ Landry, dès qu'il reconnut la jeune fecà-
me^ sembla vouloir attacher s.ub t-lle uti re-
gard d'affectueux respect.et.de déyqûtneo%
presque passionné ;■ toutefois l'indécision qui
restai t «ncQre-.em preinte. dans ce regard -mê*
me prouvait qu'il doutait dé ce qu'il ..croyait
deviner et4.eëe:qu'il désirait tant.- t i- .jr,
— Est-ce -que , vous ne me : reconnaissez
paSjxmon ami ? dit la.jeûné femmes: y-y
Oh ! si fait, Mademoiselle j répondit le ;
garde-chasse d'un ion mystérieux; c'est Ma
demoiselle, qui est venue au château, il y a
tantôt un mois; avec M.Je vicomte. ■< -,
— Allons, je vois que vous aves delà.mé-
moire,# repnt. vivement la jeune étrangère,
dau9;laquçlfe le lecteur aura sans doute déjà
reconnu une personn'fe'qtii. a joué un grand
,rôle dans ce réciA;. rarniicifeuse Florentine.
Vous permetsï, mon : am', que je vienne me
reposer sous votre .-toit, après une.promenar
4e.matinale?. .. ■
- — -C'est bien, de l^h.onnéjor pnur moi, Ma-
deffiî>isel!e... D'ailleurs, n'èles-vou» pas ici-
ebi ! z,vous? < t ■
Florentine, à ces derhiers.motsyse mirà
considérer.soniiiîtîsrtQCttteUr avee un regard
.qui siemblait>voal(îie.pénétrçr jusqu'au plus
,p.ço/pjii4ç.$pnLame, puikette répondit avec
insouciance ef fea souriant légèrement' :
*- Peut-être!..
^ .Çette audacieuse déclaration, bien que
cée sons uneforme dubitative, était-elle<
juelan-
ichen
Florentine mi pur et simple mensonge, ou
bien croyait-file facilement pouvoir ressai
sir sou empire sur Fenestrange, malgré le
juste mépris avec lequel elle avait été traitée
par lui 7... C'est là ce qu'il était assex difficile
de décider; la fausseté comme l'outrecuidan
ce étant également dans le caractère de Flo
rentine. ; .
> Quoi qu'il en soit, îaphysionomie de Lan
dry s'éclaira à cette parole, comme à une,
révélation décisive. :.
— J'en étais bien jûr, mur mura- t-il. M.
de. Fenestrange va être bien content, ajouta-t-
il tout haut, lui qui /ne vous attendait pas
aujourd'hui.
— Il vous a donc, parlé de moi? reprit
florentine. ~ ^
" Sans doute, répartit Landry; et com
ment ne m'en aurait-il poiut parlé?.. Qhl
j'avais biendeviné, moi... la première lois que
vous êtes venue.avec jui. Par mon saint pa;
tron, vous devez être ia première personne
-qii'il désire conduire au château de Fenes
trange. . . :
■ Florentinp sentit se réveiller en elle tous
ses instincts de curiosité avide et de ven
geance encore inassouvie, en pressentant
quelque grave révélation qui deviendrait une
arme entre ses mains.
Et quand il m'a dit que Mme la mar
quise de Morvilliers devait venir aussi au
jourd'hui, continua Landry .tout joyeux, je
n'ai pas dil conserver le moindre doute!
Mais je vous parle de cela, ajouta-t-il avec
embarras, et je ne sais si cela convient à M.
de Fenestrange:
— Vous pouvez continuer, reprit Floren
tine avec aplomb, il m'a instruite de tout,
et spécialement de ce qui concerne Mme de
Morvilliers. ; . .
C'était là, surtout, ce que Florentine, on
le compread, désirait savoir. . . ^
! —Il vous a tout d.it? Au fait", reprit
Landry, votre mèré a,i Dieu- 1 merci, assi-z
expié sa fautH.!,.,. -Pauvre .femme ! Elle a failli
«n mourir! Ah ! «vous devez-bien l'aimer ! :
avait
Florentine savait déjfi, par la lettre qu'elle
ait soustraite etlivrée à irae si seaudïtleuse
publicité., jquîune .liaisML.av&i^extsté entre
Mme de ^lorvilliers et le vicomte de Fenes
trange, et qu'une fille était cée de cette liai
son... U lui était facile de voir que Landry
la prenait pour cette enfant... L'excursion
d« Florentine au château, seule avec le vi
comte, les allusions que ee dernier venait de
faire devant Landry à une personne qu'il
n'avait pas nommée et qui n'était autre que
Louise, tout avait contribué à entretenir
l'erreur du digne serviteur. • • »
Il s'agissait maintenant pour Florentine
de savoir ce que pouvait être devenue l'enfant
issue de la liaison du vicomte et de la mar
quise. Or, si étrange que fût le jeu du sort
dont elle désirait la réalisation, sa. haine le
lui faisait voir d'avance accompli. ,
— Oui... je savais tout, reprit-elle, en pe
sant, chacune de ses paroles, et en observant
l'effet qu'elles.produisaient sur L'indry... et
l'ecclésiastique , qui Ki'a élevée m'a dit quel
respect je devais 'conserver pour Mme de
Morvilliers, pour ma mère... à qui il m'a
enfin, amenée et que j'ai pu embrasser à
Paris. -■ - ...
— Oh! s'écria Landry, c'est donc pour cela
que M. de Fenestrange, quand je l'ai revu
après cette longue absence, ne m'a pas de
mandé des nouvelles de lia pauvre enfant
qu'il avait laissée mourante,: entre leg m-'iins
ae ma femme, c'est qu*iI s'était déjà infor
mé de son j sort et qu'il avait été rassuré.
Ah l jbous vous ayons bien crue morte
dans ces temps.terribles; mais quand je
suis revenu au bout d'un an, que j'avais
aidé M. le vicomte à se cacher ,et à stem- <
barquer... îna fomme m'a dit, sous le sceau
du> secret : « Elle existe eucote, celte chère •
enfant! » Depuis, quand ma pauvre Simonne
est morte, AI. ; l'abbé Saturnin, qui était au- s
eiennement curé de cette paroisse,, est venu
vous chercher et s'est chargé de vous. J'ai
su dans ces derniers temps, car,je v m'en suis ï
informé dans le pays, après que j'ai eu revu
mun maître, que, M. l'abbe Saturnin avait
été cotïduire à Paris, chet Mme de Morvil
liers, la jeune fille qu'il avait élevée... Alors, -
je n'ai plus douté de rien, et cette jeune fille,
c'est bien vous !
- —Meii-même! reprit Florentine, avec une
explosion de vengeance, triomphale que le
pauvre" Landry prit pour ie cri ne la vérité.
*-r Vous êtes dionc la fille de mon maître,
• lè daraiecjoïjétoû-de Via, maison.de Feu$5i-
trange!... repétait le digne serviteur.» Mon
D îmx ! jepuis mourir... je sqis «ûrque cett»
noble descendance ne s'éteindra pas.
Et des larmes abondantes ruisselaieiitsur
les joues ridées du "vieux garde-chasse. #
s'agenouilla devant Florentine, et, de seç
mains treniblantes, prit sa robe, qu'il porta
à ses lèvres.
Florentine ne voyait même pas l'émotion
touchante, rattendrissement pieux du Viéil T
lard ; elle était toute à sa haine, que le ha
sard satisfaisait au-delà de ses espérances.
— Eeoutéz, dit-elle à" Landry, toujours
agenouillé et défaillant presque de joie,' il
ne faut pas dire encore à Jflme de Morvilliers
jet à M. de Fenestrange qué je suis ici.
— Je compiiends, répondit Landf7, c'est'
une surprise quevous voulezleui* faire...Ofil
je ne vous trahirai pas, soyez trariquiilç, car
je suis sûr que plus votre présence sera inat
tendue, plus elle leur fera plaisir.
. -rs Donc, pas iin mot! réprit Florentine,'
en rejetant son. large chapeau de paille sur
sa tête et en.recommandant encore le silence
S Landry d'un doigt posé sur ses lèvres. " , !;
Et elle s'éloigna. :
. Le pauvre Landry la suivit des yeux,, et,
se reportant aux souvenirs qui le rattachaient
au passé du yiçomte, tout son cœur se fon
dit allégresse M en douces illusions.
Deux heures .sonnaient au rustique coucou
de la chauirièr.e, queMmedeMoniiliers, ap
puyée sur le bras de Fenestrange,. et suivie
ae son fils, entrait dans la cabane dé Laudry";
A la vue de l'ambigu, improvisé par 1e yi T
comte, la marquise et Tristan se récrièrent
£ur le bon goùt de' eette hospitalité villa
geoise.
• Mais ce qui faisait plus de plaisir encore
à la marquise que cette délicate attention dé
son vieil ami, c'était la physionomie heu
reuse de Tristan ; la pâleur que lui avait
laissée sa maladie, commençait à se tempé
rer d'une, teinte rosée, ft la gaîté luireve-
-nait en même temps qye là santé. ,Tout fc-a-
hisiait, en qn mot,:<:h( zi'héri lier des Mùrvil*
•liers les joies intimes de l'amoiir heureux.
Pendant que tous trpis prenaient leur part
ide la collation çhamj?être, ja marquise stii-
vait avec une indicible effusion de cœur les
.mouvemens si -résolus et si joyeux dèTris-
Jaii^et Fenestrange, deiçipant fa pensée, lui
répétai* tontba^. jle Jenips à autre .cet.apo-
pntkegme : v
— C'est un grand médscia que l'amour t
BVEIEII1& s ru* de Vatolë Palais-Royal), a* 10}
B 1852.-VENDREDI 50 JUILLET.
nrn'Msmrnm
nu de it'AsoRxisas&ira. ...
mis... .7'.. 1» ï. PAa triuestsi;
ÉPiaTEsiKsa. 16 ï. —
UN KtiM&O : 26 CïfltffiS*. ' "
Met UM fit» Ér*i!*QBBi, ïs reporter
aa tableau qui sera publié dans la journal,
les la et ss de ebaijue moi».
Lts ahonntmeus datent' dtt i" ti 19
dt ohuqv*. mit. -
S 'Gtireaer, franco, peur la rédaction^ d Mi C uchival -CU l BIGHTÎ i
' Les articles déposés ne sont pas renduaj
M-/
JOURNAL POLITIQUE:, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
en chef.} t Ck fahome, dass les département, aux Messageriet tl aux Direction! de posté$—A Londres, ehez MM, Cowus et fiis J I
j r-4 Strasbourg, chetU. A isxamiri, pour l'AUeviagm. |'tes annonces iont reçue» an bnrèau du JonrMl; et obéi M. PANIS, régisseur, io.flac® de lia'
S*adrmer, fran«cï >e &r Fadminittration, i M. D knjun , directeur;
PARIS , 29 JUILLET.
Nous avons reproduit hier le décret qui
rétablit la culture du tabac jdans les-deux
-départemens des Bouches-dù-Rhône etdu
Var. C'est une satisfaction donnée à des ré-
fclamations qui datent de loin. L'adminis
tration s'est «nfin rendue aux observations
des commissions législatives qiii ont été
conduites à examiner cette question, à pro
pos de la dernière loi relative à la proro
gation du monopole des tabacs.-v *
La loi de 1816, que l'ona désignée sous le
nom de Charte du tabac, porte que la culture
est maintenue dans les départetnens où elle
était autorisée alors, si d'ailleurs elle a'éle-
tait à 100,000 kilogrammes. A ce titré, les
départemens des Bouohes-dû-Rhône et du
Var continuèrent à'être admis parmi ceux
auxquels la régie demandait du tabac indigè
ne. Ce fut seulement en 1836 que l'adminis
tration supprima la culture dans ces deux dé
partemens où elle avait été régulièrement
pratiquéependantvingtamiées. Oti's'appuya,
pour légitimer cette mesure, sur un article
de la loi de 1835, qui avait laissé au gouver
nement le soin de répartir le nambre d'hee-
tares' ainsi que les quantités entre les dépar-
mens où la culture était autorisée. Ainsi, de
la faculté de répartition, qui 'lui était attri
buée, l'administration Ht sàrtir le dr»it de
suppression.* —
.Depuis 1836 , par l'organe des conseils
Municipaux et des conseils généraux, le#
deux départemens déshéritée n'ont cessé de
se plaindre de ce qu'ils appelaient une vio
lation de la loi à leur égard.
La commission de l'Assemblée législative,
chargée, l'année dernière, d'examiner Je pro
jeteur la prorogationdu monopoledes tabacs,
accueillit ces réclamais. Elle demandades
explications à la régie : celle-ci répondit que le
tabac fourni parles deux départemens. des Bou-
ches-du-Rhône et duVarn'ét^it pas bon; que
les quantités demandées n'était pas livrées,
et que les frais de culture étaient plue élevés
que dans» les au tres départemeas. La commis
sion nese tintpaspour satisfaite decetterépoa-
çe. Elle objecta que le tabac, qui est une plante
trop icalé,devait réussiraussi bien-dans KPre-
veneeque dans l'Alsace; qu'il' avuiUété cons
taté par l'enquête de 1835 que les tabacs des
Bouches-du-Khône notamment convenaient
à la pipe, qualité qui manque en France;
que, si les deux départemens n'avaient pas
fourni'les quantités demandées, c'était pen
dant quelques années seulement' et lorsque
d'autres départemens d'ailleurs étaient dans
" le même cas ; qu'enfin,, l'administration ne
pouvait arguer de la cherté du tabac, puis
qu'elle était maîtresse des tarifs. La commis
sion conclut, en conséquence, en deman
dant que lei réglas fixées par la loi de 1816
servissent de base à la répartition de la cul
ture indigène éutrcjes départemens. \
. Le coup d'F.tat du S décembre ne permit
pas de discuter les conclusions de la com
mission de l'Assemblée législative. Mais le
Corps. Législatif ayant été saisi plus tard
du projôt- relatif à la prorogation du mo-_
nopole, la commission chargée de l'exa
miner se prononça dans le même sèns.
jjn membre avait proposé de reprendre
l'amendement quç «nous ' venons de rap
peler. La commission • ne ('admit'pas, il
est. vrai, mais par cette considération:
« qu'à son avis, les droits établis par la loi
de 1816 avaient été maintenus par" la loi de
1833, et sanctionnés en fait - par l'autorisa
tion de.eulture donnée aux deux départe
tnens des Bouches-du-Rhôrie et du Var, pos
térieurement à cette loi, dans l'année 1836.»
Il faut féliciter l'administration d'avoir fuit
droit à ces réclamations, bien que d'une ma
nière mepipjilète. D'après l'avis même de la
commission du Corps .- Législatif, le* réta
blissement de là 1 culture du tabac dans les
deux départemens déshérités ne devrait être
considéré que comme un retour à l'exécution
de la loi en vigueur. On remarquera, cepen
dant, que la régie semble se réserver de reve
nir sur ce qu'elle ne regarde sans doute que
comme une concession. En effet, le rétablis
sement de la culture n'est ordonné que pour
le tabac léger à fumer et seulement à titra
de nouvel essai. Ce qui veut dire que, si
l'administration n'est pas satisfaite du ré
sultat , elle entend supprimer de nouveau
la culture, malgré tout ce qu'on a pu dire
des droits établis par la loi de 1816.
La suppression de la culture du tabac dans
le département du Var, avait été très dom
mageable pour les communes dei'arrondis-
seinent de Grasse, et surtout pour celles du
•antpn d'Àutibes, qui s'y livraient avant
1836. Ce sont, en effet, des co mmunes pauvres
et sans commerce, auxquelles la culture du
tabaç donnait un profit qu'elles nepouvaient
demander à aucun autre produit. Elle leùr
procurait un travail lucratif, et elle y fai
sait entrer une samme en numéraire qui fa
cilitait le paiement de l'impôt. Ajoutons
que la culture «lu tabac contribuait d'uné
manière efficace à l'entretien ei au dévelop
pement des autres cultures. Le territoire
d'Antibes est formé de petits coteaux propres
à la culture de lsyrigne, qu'on y plante en
rayons, à trois meures»de distance environ ;
les intervalles sont ensemencés en blé ; mais,
après vingt-cinqjannéesde produits, ces vignes
doivent être renouvelées, et beaucoup de
propriétaires ne pouvaient faire la dépense
de 600 fr. pour défoncer un hectare de terre
à 85 centimètres de profondeur, depuis que
la culture du tabac avait cessé de leur ve
nir en aide et t ne leur fournissait plus les
moyen? de se procurer l'argent nécessaire à
cette «pération..
Faut-il voir dans le nouveau décret uk
indice du rètoùr de la régie à de meilleures
dispositions en faveur de la culture indigè-
ne?Nous le désirons, quoique la discussion du
projet de loi relatif» la prorogation du mono
pole nou£ permette d'en douter,; Ga n'a pas
oublié, en effet, que la cômmission ja'a pu
faire admettre un amendement tendant à
donner des garautiès à la culture indigène,
indyennant la prorogation indéfinie, ou,
en Autres termes , moyennant la consé
cration: défiaitivè du monopole. Nous com
prenons, comme le disait M- Siméon dans
son rapportée l'&nnéedernière, qu&la néces
sité de perfectionner la fabrication ait amené
la régie à augmenter la proportion du tabac
exotique,. surtout de * eeljui d'Amérique qui
se distingue par «des qualités-toutes spé
ciale 1 -. Nais l'administration ne deyràilrè-
courir aux tabacs d'Europe qu'après ayoir
épuisé les chances de trouver sur notre
sol les qualité* » légères qu'elle va chercher
en Hongrie. Ce serait se conformer à la pen
sée protectrice qui animai tl Empereur lors
qu'il établit le monopole, et qui est claire
ment exposée 'dans la ^préambule du décret
dd'18J0. l' J^ÉVRÀT. ;
' ^ - ? '• i ' .
' - - * - i _ ^
" "Le Moniteur publie ©e matin: les décrète
suiyans : .. . _ , . s> ■ ,,
Lôuis-Napoléoa,! Président de U République
française, décrète : ■ » .
M. Dreuyn de Lhuys, viee-pirésident da Sénat,
est nomaié ministre des affaires étrangères, en
remplacement de M. le narquis Tnrgot, dont la
démission est acceptée. . N . v
Fait au palais de Saint-Cloud, le 28 juillet 1832.
XOPIÏ-NAPOLÉOÎT. - '
Louis-Napc'éon, Président de là République
"frârrçsisr," décrété : " * ■
M. Magne, pré»ident de lat- section.des'travaur
publics, de l'agriculture et du commerce au con
seil d'Etat, est nommé ministre des Iravaux pu
blics, en remplacement de U. Lefebvre-ûuruflé,
dont la démission est acceptée.
Fait au palais de Saint-Cluad, le 28 juillet 1852.
LOUIS-KlPOtKO!ï.
-■ ; • ' - * * V.
'■ Leuis-Napoléon, président de la République
française, décrète :
M. Lefebvre-Duruflé, ancie^ "ministre des tra-
vaux publics, est nommé membre du Sénat.
Fait au palais de Saint-Cloud, le28 jui|letl852.
LOUIS-NAPOLÉON.
A la suite dé ces décrets, le journal offl?
ciel contient cette déclaration :
« Le prince-Président a .décidé' que U. Banche,
vice-président diï conseil d'Etat, [(rendrait part
aux travaux da «ansetl des-jainisties..»
Un supplément du Moniteur, distribué vers
deux heures, a fait connaître que M. le
cnmte X. de Casablanca, ministre secrétaire
d'Etat, venait de donner sa démission, qui
avait été acceptée par le prince-Président.
M. de Casablanca est nommé membre du
Sénat.
Dass la dernière séance du congrès du
Zollverein à Berlin, les plénipotentiaires da
cinq des gouvernemens qui* forment ce qu'on
appelle la coalitiou de Darmstadt, ont remis
une réponse collective à la déclaration que
la Prusse avait faite au sujet de. l'introduc
tion de l'Autriche dans l'union des douanes.
Ces cinq gouvernemens sont la Bavière, la
Saxe royale, la IIssse-Electorale, la Hesse-
Darmstadt et Nassau. Le plénipotentiaire
prussien a prijj occasion de la suspension
des conférences pour communiquer un
nouveau manifeste dans lequel le cabinet de
Berlin insiste sur les raisons qui ne lui per
mettent pas. d'accueillir les demandes de la
coalition. La lecture de ces documens fera
bien comprendre les dissidences qui existent
entre la . Prusse et l'Autriche sur la ques
tion commerciale, CucnEVAX-CiARiGNY.
Yoici d'abord la note des cinq gouverne
mens :
«Les plénipotentiaires soussignés n'ont pas man-»
qué de soumettre à leurs gouvernemens respectifs
la réponse que le cabinet prussien a faite, dans la
séance du 7 juin, à leurs propositions du 25 mai.
Ct g gourernemen* «rit yu atec regret que le cabi
net prussien croit- deroir décliner toute participa
tion à des négociations au sujet d'un traite d'u
nion douanière avec l'AuUTihe. — ...
» Dès la fondation du Zollverein et dans tous
les traites qui ont été conclus postérieurement,
toutes-les parties contractantes sont constamment
restées lideles à l'idée que le Zollverein est destiné /
4 préparer l'union douanière de tons les Etats al
lemands. Ce principe a pas^è dais le traité du 7
septembre de l'an dernier et se trouve exorimé &
•plusieurs reprises dans les lettres d'invitation aux
■conférences actuelles; ; .
: ' » Le cabinet prussien, dans sa'Téponse au gou-
-vViMinent impérial, a reconnu que,"pour atteiis- ~
dre'ce grand but, il n'y a pas-.de"
le Zollverein et l'Autriche, d'une maniéré satisr
faisante pour tous les Etats intéresse» rt conformé»
ment tant a< xeiigcnces dela.raison d'Etal, qu'aux
besoins matériels de l'Allemagne. Uéjà, antérieure
ment, il avait été d'avis, comme idée dirigeante,
-que les négociations au sujet de.-i rapports com- -
Biurciaux'avec l'Autrtbhey de*aient être conduites
dans la prétuioti d'une future union douanière.
'.«.Dans la,déclaration du- gouveraetnerii prus
sien, ajant pour but de décliner la participation à
des négociations au sujet d'un traite d'union doua
nière arec l'Autriche et daos les «rgumen» iu*o-
qués à l'appui, les gouvernemens représentés par
les soussignés ne peuvent donc pas trouver la ré
tractation des explications antérieures ou rabane-
don d'un principe fondamental des anciens traites
commerciaux.
» Dans les conférences qui ont èu lieu récem-
meut à Vienne, sur' l'invitation du cabinet impé
rial, ils n'ont pas méconnu les difficultés inhéren
tes à la situation; mais, dans i'intirèt de l'union
tiouawèie pour toute l'Allemagne, ils se sont crus
.«LIi.jôi-de ne pas »e laisser rebuter par ce» diftl-
cntUs, et c'ert an e de vif-i- regrets qu'ils se sont
vus privés, dans, cette occasion, du concours éclairé
du geuverneraent prussien,
I s Quant aux points particuliers qui se trouvent
énoncés dans la déclaration da 7 juin,'les gouver
nemens représentés par les plénipotentiaires sous
signés, n'y ont point trouvé d'obstacles insurmon
tables à une futur# union- douanière avec l'Autri
che Ils sont prêts tant à-développer, dans le cou r
Tant-.des négociations, les argument qui servent
d'appui à leur opinion, qu 'à examiner arec impar
tialité les argumens. contraires et à accueillir d'au
tres propositions...
s II est vrai que le gouvernement prussien ne
juge pa* compatible avec les égards dus à ses
alliés douaniers et au cabinet impérial, d'enta
mer des négociations qu'il prévoit devoir rester
sans résultat; mais ces négociations ne sau
raient être qualifiées d'iifiUîtiiïuses, si elles
aboutissaient à fan* adopter la conviction du
gouvernement prussien , i savoir que ces obs-
' tacles sont, quant présent, insurmontables.
II est au mois» permis de *se demander s'il est
ptus eonvenable oii de repousser sans négociation
une proposition aussi importante qu* celle de l'u-
niou douanière avec. l'Autriche, ou d'examiner,
dans dès discussions approfondies, si ells «st ou
non réalisable. •
j> Le gouvernement prussien, à notre grande
satisfaction*, s'est déclaré prêt à entrer eu. pégocia-
.tions, au sujet d!un traité-commercial et douanier
avec l'Autriche. D'après .-l'opinion' du cabinet prus
sien, ces négociations ne. doivent être abordées
que lorsque l'existence .ultérieure du Zollverain
- avec l'ascesMon du .Stfuerverein aura été assurée.
Les soussignés sont chargés, à ce sujet, d'inviter
le gouvernement prussiffi à vouloir bien s'expli
quer sur le point de savoir quanti, selonlui, cette
■ assurance pourra ètrw considérée comme réelle.
» Il sera d'autant moins difficile de s'entendre
à ce sujet, que le gouvernement prussien, daus sa
déclaration du 7 juin, s'est montré prêt à ouvrir
des négociations av#c l'Autriche aussitôt que les
délibérations sur l'extension du Zollverein seraient
terminées, et que par conséquent il, parait avoir
en vue non la conclusion des traités sur la recon-
structioB du Zolherein, mais la clôture des déli
bérations sur ce point.
» Comme l'adoption, de cette idée peut amener
un rapprochement des opinions, les gouvernemens
représentés par les soussignés regretteraient d'au
tant plus vivement de voir le gouvernement prus
sien se refuser à ouvrir prompte ment les négocia-
lions en question, que leur résultat satisfaisant est,
à leurs yeux, l'unique moyen d'obtenir une juste
compeniation dès préjudices inséparables de larati- .
1 fication du traité de septembre ; les résultats des dé
libérations qui ont eu lieu sur ce traité permettant, :
en outre, d'espérer que, sous la condition ci-dessus
"énoncée, l'adoption de ce traité ne rencontrera plus
d'opposition'serieuse de la part des gouvernemens
représentés par les soussignés.. .
» Les gouvernemens ne désirent pas avec moins
d'ardeqr que le cabinet prussien voir cesser aussi
tôt que possible l'incertitude qui. règne au sujet
des rapports commerciaux.et douaniers; mais,
après ae mûres réflexions,'ils ont acquis la fermé
conviction que les négociations pendantes ne peu- •
vent aboutir à une solution définitive, dans quel
que question particulière que ce soit,'avant qu'il
na soit possible d'entrevoir le résultat de toutes
lç«,. déiybératijug ..quiJS6.. lient étroitement ttntre
» En particulier, ils ne croient pas pouvoir
prendre de résolution obligatoire au sujet du re
nouvellement du Zollverein et de l'accession du
Steuerverein avant-de tonnallre-quelles seront les
proportions du traité douanier, et commercial à
conclure avec l'Autriche, et de quelle.manière la
future unioa avee cette derrnere puissance pourra
être asiurée. -,
• En const'(|uence, les plénipotentiaires soussignés, ■
Meixner, de Schiinpf, de Meier, Ewald et Woll-
praikt, sont autorisés à exprimer le vœu que les
nézoeiations dont là nécessité est généraleweiit
reconnut}, soient entamées aussi prompte meut qu'il
fera possible, de peur que le defaut .de. temps ne :
rende impossible un arrangement qui est généra
lement désiré, s .
Voiei rnainte&ant le manifeste communi
qué par l« plénipotentiaire prussien. Après ,
avoir rappelélssjnotifs qui ont déterminé
la prorogation an 16 août des travaux du
congrès, la note prussienne continue en ees
termes : -
< Le gouvernement prussien croit pouveir sup -
«er que les raisons 'qui, . conformément v à s ►■s
àcclarations des .7, juin et. 1 er juillet, lui fout re
garder eomme une nécessité impérieuse u obte-
■S
nir-une prompte décision au sujet de l'organisa
tion future du Zollverein, sont approuvées par
tous les gouvernemens représentés ici, St que
ces derniers partagent. son désir de voir'bien-
• tôt cesser rincertitude qui pèse actuellement sur
les-intérêts matériels de l'Allemagne; Ji espère :
donc qu'on sera d'açcori -pour costsidérer la ' pro- 1
rogatioa des conférences comme un moyen de met
tre ân à-ectte. incertitude, et que la reprise--des dé-,
1 b'erat eus tranchera la question de savoir s'il existe
•ne base commune pur les négociations, et par
«onséqueiit la possibilité' d'un accord. .. •
■ » C'est en adoptant ce point de vue que le gou
vernement prussien propose la reprise des délibé
rations à partir du 16 août prochain, et en-accep
tant, par avance, un terme plus rapproché, si on
le désirait, il n'hésite pas à indiquer lés deux ques-
tieris dont il regarde la solution comme préjudi
cielle, quant à la continuation des négociations et
quant à la participation des gouvernemens aux
conférences douanières : •
» C'est, en premier lieu, la remise d'une décla
ration, au sujet'de la proposition prussienn# con
cernant l'adjonction du Steuerverein au Zollverein.
Plusieurs des gouvernemens ici représentés ont
cru devoir différer de se prononcer sur les clau
se» particulières de cette proposition, jusqu'à
ce qu'elle ait été-examine# • dans toute sofl
étendue , et le gouvernement prussien n'a pas
cru devoir réclamer contre cette mànièra dé procé
der. Cependant cette' proposition,'dont le texte est,
du reste, jineralement connu depuis dix mois,
étant à présent discutée dans toutes ses parties et
dan* tous les sens, il ne peut plus y avoir d'obs
tacle à une résolution définitive. Dfe même l'ur
gence d'une pareille re'olutioci, à cause de l'in—
lluenee décisive qu'elle doit avoir sur le résultat
des négociations pendantes, ne saurait être «é-
iCotînue -par qui que ce soit.
» Le- second point, qui, selon le gouvernement
prussien, *st d'une importance décisive, csnsiite
à faire adopter généralement ■ le principe que les
négociations avec le cabinet de Vienue, qui se'
borneraient à ua traité douanier et commer
cial . rie soient ouvertes qu'après la conclusion
-du traité lur le renouvellement et l'extension
du Zollverein."Le gouvernement prussien , dans
les lettres de convocation- au congrès douanier,
dans le discours prononcé - lors de l'ouverture de
ce congrès, et dans ses déclarations du 1" mai,
du 1 er juin et du i" juillet, a indiqué ce prin-i
cipt comme devant diriger sa politique. En se '
référant aux.argumens qu'il a plusieurs fois dé
veloppes à ce sujet, il ne peut que Maintenir
ce principe comme la base de toute délibération
ultérieure. Mais il tient à renouveler d'un au
tre côté l'assurance formelle que, dès que la con
dition susdite se trouvera réalisée,, il sera prêt à
ouvrir iiQmédiateinent'Ies négociations avec l'Au-
tnr.het qui ne lui-paraissent pas moins désirables
qu'à ses alliés, et qu'il n'entend pas, à l'égard de
ces négociations, restreindre les bases que, dans
ses négociations antérieures et particulièrement
dansleproiocole signé à Wiesbaden le 7 juin485t,
ii a reconnues comme acceptables. ; -
» Le gouvernement prussien qui, en développant
.•es opinion? comme il-l'a*fait ci-dessus, a la consf
science d'avoir été animé par lé désir sincère de
maintenir et de consolider une association do«t il
apprécie parfaitement les effets salutaires, et qui
est autorisé à présumer qu'il trouvera le même
sentiment chez tous.ses alliés - douaniers, nourrit
le ferme espoir que* ton* les membres du Zollve
rein actuel se rallieront aux .convictions précé
demment exprimées, et lui permettront,; par lepr
adhésion, de renouer les négociations avec la tOr
talité de ces gouvernemens. s
L'Autriche poursuit avec persévérance et
succès ses efforts poura/fermir sa puissance
en Italie au moyen des améliorations maté
rielles. L'unioii .douanière qu'elle est en voie
d'établir entre je s possessions et les petits
Et,îtsal'Italie trouvera un élément fécond de
développement dans le réseau de chemins
de 1er qu'on continue à frais communs.
! On écrit de Vienne &\iJuurml de Franc fort,
à la date du 35 juillet :
Le traité sur les chemins de fer entre l'Autri
che, -l'Etat de l'Eglise, les duchés de Mo;lène,,dè
Parme et de la Toscane vient de paraître. Les
Etats contractans y, déclarent que, pénétrés de
l'importance qu'il y a à faciliter les moyens de
communication, ils décident de faire construi
re un chemin rie fer portant le nom de chemiirtle
fer central de l'Italie, et qui'partant d'un côté de
Plaisance pour^ Parme et Reggio, de l'autre de
Mantoue aits>i pôùr Regjio, puis de là,par Modène '
et Bologne, à Pi^toja ou Prato, félon que le pas
sage des Apennins «era plus facile et moins coû
teux, se reliera enfin au reseau des chemins de fer
toscan».
Le gouvernement impérial t'engage & achever
en même temps que ce chemin central, ses propres
ligue* italiennes jusqu'à Plaisance et Mantoue pour
les relier audit chemin de fer central; la Tosca
prend les mêmes engageméns pour les siens. lia
construction de la voie centrale sera confiée à une
société qui aura.un privilège de cent ans, et à la
quelle on -garantira un minimum d'intérêt pour
les actions àu capital nécessaire.
cinq points 3-versles' travaux un moi^ aprèsTa'lop-
tioj! du tracé. Des lignes télégraphiq^ies «Vront
établies le long de cfe : chemin de fer et-ouvertes
.a l'usage du public -après décision des jerouver-
nemens intéressés. L'administration centrale d_a
chemin aura son siège à Modène, eù se trouTcra
aussi la commission des gouvernemens {un mem
bre par Etat). Les actions de la société jouiront
dan-chacun des Etats contractans des mêmes droits
et des mêa.es garanties que les actions des leciétéa
du paji.
Le journal la Suisse publie -dans son ' nu
méro du 27 juillet un article ayant pour ti
tre : Rendons la liberté aux Fribourgeois, ar
ticle dont nous reproduisons les passages
suivons -: .
a Nous écrivons avec la même plume qui a com
battu le Sonderbun'd et la domination cléricale, et
qui les combattrait encore, si l'un ou l'autre re
paraissait d»ns la confédération ; avec la méiqa
plume qui réclama énergiquemerit la réforme fé
dérale comme un remède efficace à la situation qnp
nous avait faite le pacte de 1815. Cette réforme,
que nous avons annoncée à la veille d'une guerre
civile, nous. n'avons cessé de la défendre depuis
qu'elle a été accomplie. Nous serons peut-être ap
pelés à la défenare encore contre ceux qui l'ont
eombaltue et qui, maintenant, déguisent leurs ran
cunes ultra-radicales pour faire tourner une œuvrp
de. réconciliation et de salut commua au profit d'u®
parti-exclusif et persécuteur."
», Ce n'é.-t donc pas au nero du Soriderbund ou
de la réaction que nou3 venons soutenir encore la
cause da peuple fribourgeois à l'approche du jour
où nos chambres sont de nouveau appelées à la,
juger. Le Sonderbund et la réaction, dcsorra.iig'
impossibles en Suisse, sont des mats usés daiis le
vocabulaire de l'absolutisme radical. On a vu que
toutes les opinions qui respectent le principefonda-
^meutid de nos Constitutions, ont. tenu et tiennent
constamment le mèpie langage' dans la question de
Fribourg : les libéraux, les conservateurs, les radi
caux conséqueus, tous ont condamné un ordre de
choses inouï dans la, confédération suisse. C'est à
peine si trois ou^quatre organes ou auxiliaires de
certains régimes menacés eux-mêmes de l'abandon
du peuple osent soutenir, dans leur propre intérêt,
ie pouvoir exceptionnel qui siège à Fribourg, pou
voir qui, repoussé solennellement par le- peuplé',
vient décliner jusqu'à sa responsabilité devant les
représentai du pays, en déclarant que ce sont
eux qui gouvernent le canton. ;
■» ..... Non, il n'est plus permisse se faire illu
sion sur la situation du cantort de Fribourg; l'o
pinion que nous exprimons à l'égard de son gou
vernement ne saurait être suspecte. Maigre l'illé
gitimité de fa naissance, nous "n'avons j»as hésité à
soutenir ce gouvernement contre un parti qui avait
compromis là paix et lasecurité dn pays,etsi ce parti
existait ou pouvait exister encore, fce n'est pas (tour
lui qùe nous plaiderions. L'ancantissemeiitdu Son
derbund, ou du moins son impuissance, étant <16—
"sormais constatés, le devoir nous commande im- '
périeusement à tous, et, en premier lieu, aux re-
présentans du : pays, de ne pas compromettre la
seule politique qui doit faire la force et le salut
de la Suisse, et de ne pas Attirer sur nos nouvel
les institutions un sentiment de déQajice ou d'ani-
madversion , en les présentant comme l.t sauve
garde de l'injustice ou les complices d'un régime
qui-en nie le principe.
» Depuis bientôt- cinq ans qu'il existe, le gou
vernement -da Fribourg, loin-de les,augmenter, a
vu diminuer à vue d'œil ses partisans. U eu avait
quatre ou cinq raillé 1 la lin de 1847, lors
qu'il vint succéder au §onderbund sous la protec
tion des troupes- fédérales. Combien en a-t-il au*
joBrd'huiî Deux milie peut-être : les employés
et les gardes civiques, soldés aux frais du peu
ple. Le grand f-it de Posieux; sont-ce des dé
clamations ou des injures qui pourront le nier ou
l'iittenuerT EtVayans-nous pas entendu s't lever,
-du camp meme d.e l'oligarchie, des voix assuré
ment non suspectes et qui condamnaient haute
ment ce regimt:? A-t-on oublié les discours-accu
sateurs qui furent prononcés au sein du grand
conseil de Fribourg dans un moment de sincérité,
sous l'impression de l'immense manifestation da
Posietjx, queT«n adairait alors et que l'on pro
voque aujourd'hui par i'iwulte et la calomnie
sout -les auspices, en l'a déclaré, de* autorites fé
dérales? Des défenseurs du régime actuel n'ont-
ils pas senti, comme nous, la nécessité d'aban
donner la yoie désastreuse que l'on a suivie
jusqu'ici? N'a-t-on pas demandé à grands cris
des concessions, quand on a çraint de se trou
ver seul», face à face du peuple? N'a-t-on pag
aussi pressenti que la farde civique allait t t
FEUILLETON OU CONSTITUTIONNEL. 30 JUILLiET.
IL FAIT m imim SEPASSr.
XXIII. . ;»
La chaumière dé Landry, le g^rde-chasse,
était située (le lecteur le sait déjà) k quelque
distance d u château de Fenestraùge et à l'une
des portes du parc. Le' soleil venait de se lé--
ver et semblait incendier le chaume de la toi
ture; ses premier» rayons, tamisés, dans le
feuillage de la vigne qui serpentait devant les
carreaux étroits ntenfumés de la fenêtre, pétfé-
traientauseindel'hyrable denaeureet y éclai
raient quelques meubles grossiers en pois ' da
chêne, les portraitsde Charrette et de Lescure,
une image'de faïence coloriée, représentant
ia Vierge; et le vieux fusil de^. munition qui
avait servi dans les guerres de la Vendée.
• Le jour naissant n'avait réveillé cliei Lan
dry, comme d'habitude, qua dés pensées de
■pieté et l'amour dù travail. Après ayoir fait
ses prières, il s'était mis à 'fourbir le fusil
de chasse, dont son maître lui avait Tait ca
deau, en 1832, pour remplacer célai-qui re
posait maintenant, appendu au-dessus de fa
eheminte, à la fois éomme un symbole et un
trophée de l'antique chouannerie. T»ut-à-
eoup le trot précipité d'un cheval sa fit fn-
tenure à peu de distance ; 1« cheval s'arrêta
brusquement devant la chaumière, et, quel
ques secondes après, une main levait fami
lièrement le loquet de la perte, et le vieomte
de Fenestrange entrait sans façon clic* son
ancien serviteur. " .
Landry s'iùcliaa respectueusement; lë.vi-
comte lui' serra cordialement- la main et se
Ëta sur l'unique fauteuil qui âe trouvait dans
cabane. - :
' — Bonjour, mon vieux Landry, s 'icr ia-t-
II, c'est' encore moi qui viens te surpren
dre. Je suis" parti à cheval, avant le jour,
du château df. .Msrvillkrs où "j'habite de
puis qvielque temps. J.'att: iids ;dps" amis
aujourd iiui. 11 faut que f tu ïii'^tidès à les
bien recevoir, ei à leur prpjw'er que l'hos
pitalité n'a pas "dégénéré "chéir les Fenes-
* La reproduction est interdite.
trange!.,. Tu m'aideras avéc.plus de plaisir
que jkmais à leur faire bon ficcueil, quand
tu sauras que tu vas v.oir la marquue.de
Morvilliers, k dont tu, m'as; entendu-parler
d'siicienrie date, ai son fils, (Jue tu iie con
nais pas encore: un charmant cavalier, ma
foi 1 qui vient d'être bien gravement malade
et auquel nous faisons f are aujourd'hui,
une pronienade.de convalescence en l'ame
nant au château de Fenestrange ; s'e^t sa
mère qui- s'est' chargée de lui ; il viedi avec
elle dans sa voilure ; ; car - il n'aurait pu sup
porter une si longue course à cheval. La
marquise et son Ils .sont pour moi une fa
mille; je veux finir ma vie avec eux. et avec
une autre personne encore. ' " v
La physionqmie de umdry s'éclaira à ce
dernier mot comme s'il avait attendu cette
mystérieuse .addition du viepinte. s
-rr. Mais cette personne, reprit Fenestrange,
je ne l'attends, pas aujourd'hui.
— Ah ! tant pis 1 fit .naïvement Landry.
— Tiens, tu la regrettes comme si tu la
connaissais! repritFenestrange. •>
Landry allait ouvrir la bouche pour ex T
pjiquer au vicomte, le sens de son exclama-
tiQn b miiis cette discrétjph qui scellai t pour
ainsi dira cheàlui le dévoiiment, L'empêcha
d insister, et Té vicomte, sans y faire autre
ment attention, lui demanda du fci) pour
Allumer son cigare. -.
.. — Mon cher Landry, continufl-t-il, mes
hôtes arriveront après déjeûner ; mais lors
qu'il» auront parcouru le château'et le paye,
ce qui leur. prendra une grande heure au
moins, je les ferai sorljr par iei... Prépare-^
leurdu lait et des fraises pour deux heures...
la halte obligée avant d'aller parcourir les
environs. .
Landry n'avait ^as besoin de répandre à
son maître ; mais si Fenestrange eût songé
à l'observer, il eût deviné facilemont chez
l'honnête, serviteur le désappoiniementd'une
çôûtidënce espérée et refusée ; -ftésapp jipter
biént où avaient plus de paît, à coup sûr,
lea .mécomptes ■ du dwoûment déçu que le
"dépit de la curiosité avortée.
* Qiioi qu'il en soit, Fenestrange, après avoir,
allumé son jcîgirè et exprimé ^es intention^,'
Serra de nouveau Ui main du vieux ga»de-
ehaSse,".et, Temontaut sur son cheval qu'il
avaitâWàéhë' 1 à'ia'"pofW âà'la" éhàumiére, "il
s'éloigna. .
* ,..., -■
Une .heure, après, au. moment où Landry
rentrait avec les élémens delà collation qu'il
devait-oflVir aux W tes de son maître, il avisa
une jeune femme, la tôte couverte «'un am
ple chapeau de .paillCj et qui paraissait pro-
mener.sur la route un regard interrogatif.
Landry n'y fit pas autrement attention ;
mais, quelques insUms après, otte même
jeune femme se présentait^ la porte de la
Cabane du garde-diasse, et ôtaut avec un
sans-façon qui semblait lui é.tre habituel,
l'ample chapeau, qui la garantissait des
ardeurs du soleil, elle offrit aux yeux?de
Landry des traits qoi ne lui étaient pas in
connus; toutefois ce dernier eut d'abord quel
que peine à mettre ce qu'il voyait d'accord
avec ses' souvenirs; car, au lieu de cette
magnifique chevelure fauve qui repliait pré
cédemment sur le sommet de cette léte sé
duisante ses spirales'dorées, il ne retrouvait
plus qu'une titus écojurtée, qui pouvait à
peine, çà et là, faire onduler quelque? bou
cles naissantes.
\ Landry, dès qu'il reconnut la jeune fecà-
me^ sembla vouloir attacher s.ub t-lle uti re-
gard d'affectueux respect.et.de déyqûtneo%
presque passionné ;■ toutefois l'indécision qui
restai t «ncQre-.em preinte. dans ce regard -mê*
me prouvait qu'il doutait dé ce qu'il ..croyait
deviner et4.eëe:qu'il désirait tant.- t i- .jr,
— Est-ce -que , vous ne me : reconnaissez
paSjxmon ami ? dit la.jeûné femmes: y-y
Oh ! si fait, Mademoiselle j répondit le ;
garde-chasse d'un ion mystérieux; c'est Ma
demoiselle, qui est venue au château, il y a
tantôt un mois; avec M.Je vicomte. ■< -,
— Allons, je vois que vous aves delà.mé-
moire,# repnt. vivement la jeune étrangère,
dau9;laquçlfe le lecteur aura sans doute déjà
reconnu une personn'fe'qtii. a joué un grand
,rôle dans ce réciA;. rarniicifeuse Florentine.
Vous permetsï, mon : am', que je vienne me
reposer sous votre .-toit, après une.promenar
4e.matinale?. .. ■
- — -C'est bien, de l^h.onnéjor pnur moi, Ma-
deffiî>isel!e... D'ailleurs, n'èles-vou» pas ici-
ebi ! z,vous? < t ■
Florentine, à ces derhiers.motsyse mirà
considérer.soniiiîtîsrtQCttteUr avee un regard
.qui siemblait>voal(îie.pénétrçr jusqu'au plus
,p.ço/pjii4ç.$pnLame, puikette répondit avec
insouciance ef fea souriant légèrement' :
*- Peut-être!..
^ .Çette audacieuse déclaration, bien que
cée sons uneforme dubitative, était-elle<
juelan-
ichen
Florentine mi pur et simple mensonge, ou
bien croyait-file facilement pouvoir ressai
sir sou empire sur Fenestrange, malgré le
juste mépris avec lequel elle avait été traitée
par lui 7... C'est là ce qu'il était assex difficile
de décider; la fausseté comme l'outrecuidan
ce étant également dans le caractère de Flo
rentine. ; .
> Quoi qu'il en soit, îaphysionomie de Lan
dry s'éclaira à cette parole, comme à une,
révélation décisive. :.
— J'en étais bien jûr, mur mura- t-il. M.
de. Fenestrange va être bien content, ajouta-t-
il tout haut, lui qui /ne vous attendait pas
aujourd'hui.
— Il vous a donc, parlé de moi? reprit
florentine. ~ ^
" Sans doute, répartit Landry; et com
ment ne m'en aurait-il poiut parlé?.. Qhl
j'avais biendeviné, moi... la première lois que
vous êtes venue.avec jui. Par mon saint pa;
tron, vous devez être ia première personne
-qii'il désire conduire au château de Fenes
trange. . . :
■ Florentinp sentit se réveiller en elle tous
ses instincts de curiosité avide et de ven
geance encore inassouvie, en pressentant
quelque grave révélation qui deviendrait une
arme entre ses mains.
Et quand il m'a dit que Mme la mar
quise de Morvilliers devait venir aussi au
jourd'hui, continua Landry .tout joyeux, je
n'ai pas dil conserver le moindre doute!
Mais je vous parle de cela, ajouta-t-il avec
embarras, et je ne sais si cela convient à M.
de Fenestrange:
— Vous pouvez continuer, reprit Floren
tine avec aplomb, il m'a instruite de tout,
et spécialement de ce qui concerne Mme de
Morvilliers. ; . .
C'était là, surtout, ce que Florentine, on
le compread, désirait savoir. . . ^
! —Il vous a tout d.it? Au fait", reprit
Landry, votre mèré a,i Dieu- 1 merci, assi-z
expié sa fautH.!,.,. -Pauvre .femme ! Elle a failli
«n mourir! Ah ! «vous devez-bien l'aimer ! :
avait
Florentine savait déjfi, par la lettre qu'elle
ait soustraite etlivrée à irae si seaudïtleuse
publicité., jquîune .liaisML.av&i^extsté entre
Mme de ^lorvilliers et le vicomte de Fenes
trange, et qu'une fille était cée de cette liai
son... U lui était facile de voir que Landry
la prenait pour cette enfant... L'excursion
d« Florentine au château, seule avec le vi
comte, les allusions que ee dernier venait de
faire devant Landry à une personne qu'il
n'avait pas nommée et qui n'était autre que
Louise, tout avait contribué à entretenir
l'erreur du digne serviteur. • • »
Il s'agissait maintenant pour Florentine
de savoir ce que pouvait être devenue l'enfant
issue de la liaison du vicomte et de la mar
quise. Or, si étrange que fût le jeu du sort
dont elle désirait la réalisation, sa. haine le
lui faisait voir d'avance accompli. ,
— Oui... je savais tout, reprit-elle, en pe
sant, chacune de ses paroles, et en observant
l'effet qu'elles.produisaient sur L'indry... et
l'ecclésiastique , qui Ki'a élevée m'a dit quel
respect je devais 'conserver pour Mme de
Morvilliers, pour ma mère... à qui il m'a
enfin, amenée et que j'ai pu embrasser à
Paris. -■ - ...
— Oh! s'écria Landry, c'est donc pour cela
que M. de Fenestrange, quand je l'ai revu
après cette longue absence, ne m'a pas de
mandé des nouvelles de lia pauvre enfant
qu'il avait laissée mourante,: entre leg m-'iins
ae ma femme, c'est qu*iI s'était déjà infor
mé de son j sort et qu'il avait été rassuré.
Ah l jbous vous ayons bien crue morte
dans ces temps.terribles; mais quand je
suis revenu au bout d'un an, que j'avais
aidé M. le vicomte à se cacher ,et à stem- <
barquer... îna fomme m'a dit, sous le sceau
du> secret : « Elle existe eucote, celte chère •
enfant! » Depuis, quand ma pauvre Simonne
est morte, AI. ; l'abbé Saturnin, qui était au- s
eiennement curé de cette paroisse,, est venu
vous chercher et s'est chargé de vous. J'ai
su dans ces derniers temps, car,je v m'en suis ï
informé dans le pays, après que j'ai eu revu
mun maître, que, M. l'abbe Saturnin avait
été cotïduire à Paris, chet Mme de Morvil
liers, la jeune fille qu'il avait élevée... Alors, -
je n'ai plus douté de rien, et cette jeune fille,
c'est bien vous !
- —Meii-même! reprit Florentine, avec une
explosion de vengeance, triomphale que le
pauvre" Landry prit pour ie cri ne la vérité.
*-r Vous êtes dionc la fille de mon maître,
• lè daraiecjoïjétoû-de Via, maison.de Feu$5i-
trange!... repétait le digne serviteur.» Mon
D îmx ! jepuis mourir... je sqis «ûrque cett»
noble descendance ne s'éteindra pas.
Et des larmes abondantes ruisselaieiitsur
les joues ridées du "vieux garde-chasse. #
s'agenouilla devant Florentine, et, de seç
mains treniblantes, prit sa robe, qu'il porta
à ses lèvres.
Florentine ne voyait même pas l'émotion
touchante, rattendrissement pieux du Viéil T
lard ; elle était toute à sa haine, que le ha
sard satisfaisait au-delà de ses espérances.
— Eeoutéz, dit-elle à" Landry, toujours
agenouillé et défaillant presque de joie,' il
ne faut pas dire encore à Jflme de Morvilliers
jet à M. de Fenestrange qué je suis ici.
— Je compiiends, répondit Landf7, c'est'
une surprise quevous voulezleui* faire...Ofil
je ne vous trahirai pas, soyez trariquiilç, car
je suis sûr que plus votre présence sera inat
tendue, plus elle leur fera plaisir.
. -rs Donc, pas iin mot! réprit Florentine,'
en rejetant son. large chapeau de paille sur
sa tête et en.recommandant encore le silence
S Landry d'un doigt posé sur ses lèvres. " , !;
Et elle s'éloigna. :
. Le pauvre Landry la suivit des yeux,, et,
se reportant aux souvenirs qui le rattachaient
au passé du yiçomte, tout son cœur se fon
dit allégresse M en douces illusions.
Deux heures .sonnaient au rustique coucou
de la chauirièr.e, queMmedeMoniiliers, ap
puyée sur le bras de Fenestrange,. et suivie
ae son fils, entrait dans la cabane dé Laudry";
A la vue de l'ambigu, improvisé par 1e yi T
comte, la marquise et Tristan se récrièrent
£ur le bon goùt de' eette hospitalité villa
geoise.
• Mais ce qui faisait plus de plaisir encore
à la marquise que cette délicate attention dé
son vieil ami, c'était la physionomie heu
reuse de Tristan ; la pâleur que lui avait
laissée sa maladie, commençait à se tempé
rer d'une, teinte rosée, ft la gaîté luireve-
-nait en même temps qye là santé. ,Tout fc-a-
hisiait, en qn mot,:<:h( zi'héri lier des Mùrvil*
•liers les joies intimes de l'amoiir heureux.
Pendant que tous trpis prenaient leur part
ide la collation çhamj?être, ja marquise stii-
vait avec une indicible effusion de cœur les
.mouvemens si -résolus et si joyeux dèTris-
Jaii^et Fenestrange, deiçipant fa pensée, lui
répétai* tontba^. jle Jenips à autre .cet.apo-
pntkegme : v
— C'est un grand médscia que l'amour t
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 66.58%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 66.58%.
- Related digital collections Bibliothèque Francophone Numérique Bibliothèque Francophone Numérique /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "RfnEns0"Bibliothèque Diplomatique Numérique Bibliothèque Diplomatique Numérique /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "MAEDIGen0"
- Related authors Bibliothèque Francophone Numérique Bibliothèque Francophone Numérique /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "RfnEns0"Bibliothèque Diplomatique Numérique Bibliothèque Diplomatique Numérique /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "MAEDIGen0"
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6697268/f1.image ×
Search in the document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6697268/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6697268/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Staging
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k6697268/f1.image ×
Manage your personal area
Add this document
Add/See bookmark(s)
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6697268
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6697268
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k6697268/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest