Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-07-28
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 28 juillet 1852 28 juillet 1852
Description : 1852/07/28 (Numéro 210). 1852/07/28 (Numéro 210).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUMÉRO 910.
PRIX DE E.'AlEOÏÎSEEÎS«*
PARIS 18 ï. PAa TELMES*HI."
&ÉPAHT2MENS. 18 F. —
4H NUMÉRO : 50 CENTIMES;
tes abonnemens datent des i« et 16
_ de chaque mois.
rotr* lis pàti RTRiKOERS, se reportât
au tableau qui sera publié dans te Journal,
lei 19 et îi de ebaque mois,
S'adresserf franco, pour la réduction, i M. C bcheval- C iauigni,
Les articles déposés us sont pas rendus,
BUREAITCL l ras ¥almU l,PaIa!*-Réyafy ni 1©.
1852*-MERCREDI 28 JUILLET*
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
chef, | Oa-s'dcnne, data les déjv rtmehs^ aux Messageries et aux Direction» de pastel—A Londres, ekex MM. GoviS et fusî |
| — A Strasbourg, chez M. ÀutlÉfôâ, piïir lAMemagne, |.
S'adresser; franco? po*? à M. D enaii£ d * ect "*'.
Les anconces sont reçues au bureau du journal; eî ofces Mi PAKIS, régisseur, * > V
PARIS, 27 JUILLET»
Les nouvelles des Etaîs-Unis font présager
que le parti démocratique-remportera cette
fois une facile victoire, et* fera asseoir sans
obstacle son candidat sur le fauteuil de la pté»
îridence. Les divisions qu'on appréhendait au
soin du parti, wliig viennfint d 'éclater avec
une "vivacité extrême. C'est du congrès mêûife
qu'est parti le signal de l'opposition à la can
didature du général Scott; Un certain nom
bre de députes et de sénateurs des Etats du
Sud se mai réunis et ont rédigé unef pro
testation contre le choix fait par la conven
tion de Baltimore.
, Voici le texte de cette protestation, qui a
été immédiatement publiée dans tous, les
journaux des Etats-Unis, et qui a reçu l'ad
hésion de plusieurs des hommes les plus
-considérables du parti whig :
Washington, 3 juillet 1832.
Afin de prévenir tonte méprise et tout malen
tendu, nous soussignés, membres du congrès,
adoptons ce moyen de faire savoir positivement'à
* nos concitoyens et à tous ceux que cela intéresse,
que nous ne pouvens ni ne voulons soutenir la
général Scott pour la présidence dans la position
ou il se trouve en présence du peuple américain,
et voici quelques-unes des raisons qui motivent
Uotre reîas :
..Le général Scott a refusé obstinément, jusqu'à
l'heure où il à été nommé, de se prononcer.en fa
veur de la série de mes arts connues sous le nom
de compromis, dont le maintien permanent est à
|}os y aux d'une importance sans.égale. Il n'a pas
«on plus, depuis sa nomination, déclaré qu'il ap
prouvât ces mesures comme up règlement définitif
«es-questions en litige.
Les réselutions de la convention qui l'a nommé
Sont, il est vrai, aussi claires et aussi explicites sur
ce point qu'on peut le souhaiter; mais le général
Scott, dans sa lettre d'acceptation qui contient tout
ce que nous avons dé lui sur ce sujet, ne leur dan ne
peint l'approbation de son jugement. Il accepte
« la nomination avec tes résolutions qui y sont an
nexées » c'est-à-dire qu'il prend la nomination
propriété avec les charges qui peuvent peser sur
elle. Et la seule garantie qu'il oflre de Ion « adhé
sion aux principes des résolutions » sont, «les in-
tidens connus d'une longue carrière publique, etc.»
Parmi ces incidens connus de sa vie, il n'en est
pas un qui sait, que nous sachions, en faveur des
principes du compromis. Dans ùne, au moins,
de ses lettres publiques, il a exprimé de3 sèn-
timens hostiles aux institutions de. quinze des
Etats^ de l'Union. Depuis l'adoption du com
promis,. il a souffert que son nom fût pré
senté au peuple, de divers Etats, pour .la candida
ture présidentielle, par les ennemis hautement'
avoués desdites mesures,. et, dans la convention
qui lui a décerné cette candidature, il a permis aux
free-soiler de se seivir de lui pour décider la dé
faite de M. Fillmore et.de M. Webster, parce qu'ils
avaient défendu ces mesures et s'étaient montrés
fermement dévoués à la : politique qui les a fait
adopter. ......-. :'
Nous réunir à de pareils hommes et les aider à
compléter leur triomphe ainsi que le sacrifice des
amis véritables et éprouvés de la Constitution et
. du fidèle accomplissement de toutes ses obliga
tions, voilà ce à quoi nous ne pouvons consent r.
Les inspirations du devoir et du patriotisme nous
le défendent rigoureusement.
Nous considérons le général Scott comme le can
didat favori de l'aile free^soiliate du parti whig.'
Que sa politique, s'il était élu, soit dirigée et
ajustée de manière à se conformer aux vues des
hommes qui forment cette aile ; qu'ella^ait pour
but de leur donner la prépondérance dans l'ad
ministration, c'est là un résultat que l'on peut
considérer comme naturel et probable. Aussi,
convaincus Comme nous le sommes que les
vues de cette faction d'hommes. malfaisans sont
dangereuses, non seulement pour les droits jus
tes et constitutionnels des Etats méridionaux
que nous représentons en partie; mais pour
la paix et la tranquillité du pays tout entier
et pour l'union permanente des Etats, nous regar
dons comme le premier devoir de tous eeux qui
veulent le bien de notre patrie, quelque pan qu'ils
habitent et quoi qu'ils puissent faire ensuite, de
refuser au moins leur appai au général Scott.
Paur notre part, c'est ce que nous comptons faire.
Les signataires de ce manifeste ne s'en
sont pas tenus à une simple protestation.
Ils ont provoqué la réunion, dans une ville
de Géorgie, de délégués des Etats du Sud pour
aviser à ce qu'exige Ja situation. L'objet de
cette convention est la créatien d'un parti
unioniste, c'est-à-dire qui* fasse passer avant
toute considération le maintien de la confé
dération américaine sur.ses bases actuelles.
Des comités seront nommés, et toute une
organisation établie, afin de permettre au
parti nouveau d'exercer une action politi
que. .
La conduite à tenir dans l'éiectiôn prési
dentielle sera, nous n'avons pas besoin de le
dire, une des premières questions agitées
dans la convention. Trois partis seront pro-
Boum
==*
posés aux délégués du Sud : s'abstenir, aider
efficacement à la défaite du général Scott, en
portant cette fois toutes les voix du Sud sur
le candidat démocratique ; crifin présenter au
choix du peuple un càndidât nouveau. Tous
les trois ont leurâ avantages et. leurs incon-
véfriens. Voter pour le général Pierce, c'est as
surer un échec éclatant et irréparable ati géné
ral Scott* mais c'e?-frdalprc vioiepïment avec
le J&rtî wh'g, dont I< s hommes éminens sont
les' auteurs et les défenseurs les plus zé
lés du compromis, c'est du moins le dé
sorganiser .profondément et donner une
force dangereuse Su p&rti démocratique,
qui s'est montré l'adversaire du compromis,
et chez qui le choix du général Pierce n'est
qu'â& heureux accident. L'abstension évite
rait ce dernier inconvénient ; mais elle répu
gne aux mœurs américaines, et elle ne
permettrait pas aux dissidens de - consta
ter leur force et d'assurer parla pour l'a
venir le respect de leurs droits. Aussi
les adversairesdu général Scott inclinent-
ils pour qu'on lui oppose un concurrent,
malgré le désavantage de descendre dans la
lice à la veille seulement du combat, et sans
avoir le temps de s'organiser complètement.
. Le difficile est de trouver un candidat qui
consente à courir les chances d'une lutte
inégale, mai£ on se flatte que les amis de M.
Webster détermineront cet homme d'Etat à
se laisser porter à la présidence. Il est certain
que M. Webster â refusé jusqu'ici de don
ner une adhésion publique à la candida
ture du général Scott, et toutes les tentatives
faites pour lui arracher ce qu'on appelle aux
Etats-Unis une ratification, sont demeurées
infructueuses. Le Missachusetts a fait à M.
.Webster une réception enthousiaste ; dans la
Pensylvanie les débris du parti qui s'intitulait
natif américain lui ont fait offrir la candida
ture. Ailleurs des meetings ont exprimé le re
gret que le grand orateur n'eût pas été dési
gné par la convention de Baltimoré. De la réu
nion de tous ces faits, on a conclu à la possi
bilité d'une troisième candidature qui par
tagerait les voix de manière à remettre au
congrès la désignation du prochain prési
dent. .
Les amis de M. Webster, dont cet ensem
ble de circonstances a réveillé. l'espoir, ont
compris les chances nouvelles que leur ou
vrait la résolution prise par les représentans
du Sud ; et un avis dont l'origine n'est pas
bien connue, a parusimulianément dans un
assez grand nombre de journaux. Cet avis
est ainsi conçu :
« Une cenvention.de l'Union nationaït^e» te
nue dans la ville de Philadelphie, le 1 er jour d'août
18o2, pour la nomination de Daniel Webster à la
présidence des Etats-Unis, et pour le choix d'un
candidat à la vice-présidence, dans l'intérêt du
parti de l'Uni jn nationale, en novembre prochain.
» Les délégués de dix Etats sont déjà prêts à
prendre part à. cette démonstration; les autres
Etats sont priés de choisir sans délai leurs repré
sentais.
» Amis de l'Union et de son grand défenseur,
vous êtes maintenant appelés à donner là preuve
de votre dévoûment à la cause que les hommes les
plus éminens ont servie de leurs talens et qu'en
tourent les sympathies d'une puissante nation.
» On recommande vivement la formation immé
diate d'associations Wek-ter-mùonistes. »
Si l'opinion publique accueille avec fa
veur cet appel inattendu, si on peut dé
terminer un nombre- suffisant d'hommes
considérables à prendre part à cette con
vention de Philadelphie, et à adhérer ainsi
publiquement à la candidature de M. Webs
tar, la convention des Etats du Sud, quand
elle se réunira dans la Géorgie, trouvera la
moitié de sa besogne faite ; elle-n'aura plus
qu'à se rallier à la candidature de M. Webs
ter, et l'œuvre de Baltimore sera complè
tement détruite. Une chose est certaine dé
sormais, c'est que le succès du général Scott
est imposssible.
CUCHEVAL-CLA.RIGNY.
culte assca sérieuse se serj.it élevée entre le gou-
vernemçntfpex cain et la légation française. Voici
les.détails que donne a c« Sujet le Irait^è'Unim,
do Mexico;' saus la date dd 9 juin : —« ihc qii&s*
tioii financière' a eiesoultiveetout recemmcntentre i
le fondé de pouvoirs des créanciers anglais et lé '
gouvernement mexicain. On se rappelle que, par
l'arrangement survenu emre les détenteurs de bons
anglais et le gouvernement mexicain, ce ^dernier
s'est engagé à p lycr. à compte du principal de
la dette" anglaise . une somme de 2 millions
et demi de piastres sur lindemnite ainerieai-
' ne. L'époquo de ce naiement étant venue, il s'a
git de savoir aujourd hui si ces 2 millions et de
mi de piastres sortant de'la République paie
ront ou non les droits imposes paf les l»is fiscales
fiir les espèces expédiées à lextcrieutvM. Fa'con-
nct, fondé de pouvoir des détenteurs do b ms an
glais, prétend que les droits ne doivent pas être*'
payés; autrement la convention, suivant Lui, ne se
rait pas exécutee. puisqu'au lieu de recevoir 2 mil
lions et demi de piastres, les créanciers anglais ne
recevraient plus que 2.SuO.OOO piastres, les-droits
s'élevant à , 200.000 piastrts. Le gouvernement -
mexicain»s'est rangé a cette opinion, et le Cons-
titucional d'hier ne nous laisse aucun dûute à
cet égard, en faisant la déclaration suivante :
« En effet, dit-il., comment ,pouvait-il être
juste et rationel qu'un argent du trésor pu
blic , destifié au paiement de dettes, dût ac
quitter les droits? » Mais le mjnbtre de Fran
ce est intervenu tians le débat en s'appuyant sur
les fermes généraux de la loi, et en insistant sur !
son application la \ilus stricte. La légation fran- ;
çaise a été amenée- à cette démarche pour déftn- i
dre les intérêts d'une maison à laquelle, en paie-
ment de ce que lui doit le trésor, il a été fait délé- '
galion d'une partie des droits de conduite et d'ex
portation des métaux précieux : ne rien, percevoir :
sur les, 2 millions et demi de piastres destinés
aux créanciers anglais, ce serait donc faire un '
tort réel à la maison dont il s'agit. Le ministre de
France a réclamé, puis il a protesté, et il » en
voyé au gouvernement plusieurs notes diploma
tiques très fortes ; l'une de ces notes, si nous som
mes bien informés, lui aurait été retournée ; de
là, le départ pour la France du secrétaire delà lé:
gation. On affirme enoare que le ministre anglais
a promis-sa coopération au gouvernement mexi
cain, si les choses en venaient à quelque extrémi
té regrettable. »
Le New-York-Berald, contredit sur plusieurs
points le récit du Courrier des Etats-Unis.
Voici sa version r
« Nous avons parlé dernièrement de3 causes du
départ pour l'Europe du secrétaire de la légation
française. Nous nous sommes rendus l'écho de plu
sieurs rumeurs occasionées par ce départ subit; nous
avons à faire, à cet égard , quelques rectifications.
Le gouvernement mexicain n'a pas retourné de note
au ministre de France. Il avait été fortement ques
tion, H est vrai, de prendre cette détermination,
mais on n'en & rien fait. Toujours est-il qu'on
parle encore, dans un certain monde, avec beau
coup d'amertume et de ressentiment, des notes de
M. tevasseur, qu'on accuse d'être sorti de son ter
rain et d'avoir outrepassé les convenances diplo
matiques. Le gouvernement mexicain, dit-on, a usé
de.représailles et a expédié, par le dernier stea-,
mer, des dépêches fort peu amieales à son re
présentant à Paris. Telles sont les rumeurs
qui circulent. Nous ne pouvons encore rien affir
mer ; mais il paraît que les relations sont encore
d-ins un-état peu satisfaisant entre le ministre de -
-France *t le- -gouvjer«eoieftt<»- B»eîicattïv. Quant à- -
l'intervention élu ministre anglais et à la promesse
de concours qu'il aurait faite au gouvernement
mexicain, nous devons déclarer, qu'il n'y a rien,
encore d'officiel à cet égard.»
Les journaux américains, arrivés par la
dernière malle, donnaient la nouvelle d'un
dissentiment qui se serait élevé entre le gou
vernement du Mexique et le représentant de
la France dans ce pays. Nous recevons deux
journaux de New-York qui contiennent cha
cun une version différente de cette affaire;
Voici d'abord ce que dit le Courrier des
Etats-Unis :
a Si l'on en croit certaines rumeurs, une diffi-
Les premières nouvelles des élections mu
nicipales nous arrivenU|ujpurd'hul d'Arras.
Sur 0,201 électeurs, 2^212 ont pris part au
scrutin ; vingt conseillers sur vingt - neuf
ont. été élus au premier tour de scrutin.
De ce nombre sont le maire et les deux ad
joints, nommés pàr décret du Président de
la République. M. Renard-ïtoharf, le 2° ad
joint, vient le 3* sur la liste des conseillers ;
le maire, M. Plichon, arrive le 19% ei le 1 er .
adjoint, M. Amonts, le 20 e ,avec 1,553 voix ;
c'est-à-dire 4 voix au-dessus de la majorité
indispensable (le qu art des électeurs inscrits).
Le Journal de Rouen a reçu un premier
avertissement conçu en ces termes :
Cabinet du préfet de la Seine-Inférieure,
Le préfet de la Seine-Inférieure,
Vu l'art. 32 du décret sur la presse du 17 février
1852;
Attendu que l'article publié par le Journal de
Rouen dans son numéro 208 du 26 juillet 1852,'
sous le litre de : Elections départementales et com
munales, présente les caractères d'une polémique
violente et calomnieuse,.puisqu'il impute aux can
didats pour le conseil générahrt le conseil d'arron
dissement, dont la liste a paru dais deux journaux
de Rouen, ud'avoirenuoiiue préférence le pouvoir
» qui existe, plutôt parce qu'il existe que pour la ga-
» rantie qu'il peut offrir-à la cause du progrès et de
» la véritable liberté ; » et - que, de plus, un pas» .
sage dudit article est dirigé contre la Constitution
et les pouvoirs que le prince-Président tient de /
cette Constitution, puisqu'après avoir indiqué une ?
catégorie de candidats qui. seraient « les républi- >
a cains qui regrettent toujours que l'on ait ap-
» porté, le 2 décembre, des modifications au pou
rvoir présidentiel, » il insinue que les électeurs
doivent accorder la préférence^ cette catégorie de
candidats. T
Arrête : ■■■■,:
;-Art .-itf'. Un pumnr avertissement est donné
. sh Journal de- Rouen, en la personne du iieurBeu-
•'SosviUe, signataire, comme rédacteur de l'article
ci-depsus indiqué et comme gérant du journal
(numéro 208) du 20 juillet 1852. -
Art. 2. Le présent arrêté sera, aux termes de
l'ariicli; 19 du décret précité, inséré en tète du plus
prochain numéro du Journal de Rouen.
Ai't. 3. M. le commissaire central de police de
Rouen est chargé di î'exécuîion du présent ar
rête.
Fait en l'hôtel de la préfecture, le 26 juillet 1852.
E. LE ROY.
' Le Mormng-Post-, du 26 juillet, publie les
relevés suivans des élections déjà Connues :
Ministériels.- Libéraux
Angleterre-Galles 1 273 223
Ecosse . 20 31
•Irlande.." T...' 1 "" 32 ' 47
325
301
Restent 28 élections à connaître. Les per-
sonnages-suivans, qui occupaient des places
dans le ministère de lord John Russell, n'ont
pas été réélus : Bellen et Graig, lordsde la tréso
rerie; Dundas, juge-avocat ; sir G. Grey,'secré--
taire de l'intérieur ; Hatchell, procureur gé
néral d'Irlande; lord Marcus Hill, trésorier
de la maison de la reine; CornwallLewis,
secrétaire du trésor ; lordPaget, secrétaire
du grand-maître de l'artillerie ; J. Parker,
secrétaire de l'amirauté ; sir W. Somerville,
secrétaire de l'Irlande; l'amiral Stewart, lord
; de l'amirauté. On peut ajouter JiL Bernai,
• président des comités de la chambre des com
munes. ' -
Obsèques du maréchal Exelmans.
V"
• Une chapelle ardente avait été disposée à
l'entrée du palais de la Légion-d'Honneur.
Le corps du grand-chancelier y avait été dé
posé, et le public a .été admis dès le matin à
jeter l'eau bénite sur - les restes mortels
du maréchal. L'affluence des vieux militaires
était considérable.
Vers dix heures, de forts détàcheméns
de troupes ont entouré l'hôtel. Bientôt sont
arrivés les frères d'armes du maréchal,
et des fonctionnaires de tout ordre. On re
marquait dans l'assistance "tous les mem
bres présens à Paris de la commission du
monument à élever à la mémoire du roi
Joachim Murât; ils avaient tenu à remplir
un'douloureux devoir en assistant au service
fuûèbre de l'illustre président qu'une mort
fatale est venue leur enlever. Un peu après
onze heures le cortège funèbre s'est formé et
S'est mis en marche pour les. Invalides, v
Ce corbillard était traîne par six chevaux
richement caparaçonnés. Le char étaitpavoi-
sé de trophées.
Les cordons du poêle étaient tenus par le
maréchal Vaillant, le ministre de la guerre,
j 1e'génsfestt is dB
gnan. ■ '
. M. le curé et son clergé sont venusrece-
voir Je convoi jusqu'à la grille de l'espla
nade. -
Des ministres, des sénateurs, des membres
du Corps Législatif, des conseillers d'Etat,
des maréchaux, des généraux, suivaient "le
char, aijqsi que des membres du corps diplo
matique, des officiers étrangers, dont un
anglais.
Le deuil était conduit par les fils du ma-
réchaL ■ '
A midi, Te bruit des tambours battant
aux champs, a annoncé l'arrivée du. prince-
Président de la République. Le roi Jérôme,
gouverneur des Invalides, est allé le rece
voir avec l'ètat-major de l'hôtel èt un corj
tège 3e hauts fonctionnaires. L'arrivée du
chef de l'Etat a été saluée par de nombreux
vivats.
La princesse Mathilde ; conduite par le.
prince Murât, était arrivée quelques instans
avant le prince-Président. On remarquait
dans les tribunes un assez grand nombre de
dames en deuil.
L'église, tendue de noir, était comblé.
Partout étaient appendus, sur les tentures,
les armes et le chiffre du maréchal. Dans la
nef, un peu au-dessus de la chaire, voilée
d'un crêpe noir, élaitun magnifique catafal*
que :i co!ivert de cierges et de candélabres.
Un grand labarum d'argent couvrait le rejj
table du maître-autel.
Àu-dessousdes drapeaux ennemis qui sont
placés tout à l'enlour de la nef, au-dessus
des galeries supérieures réservées aux dame?,
on:hsait sur des boucliers les noms des ba-
taijles et combats ci-après, où le maréchal
se couvrit de gloire.
A gauche de la nef : Friedland, Eylau
Poïen, Austerlitz. Vertingen, Pizzighitone ,
Caslel-NuoYO, Crémone, Fieurus, Gembloui,
A droite : la Moskowa , Kalouga, Wilna,
Bautzen, Leipzick, Hanau, Dresde. Fère-
Champéîîoise, PJsocy, Merry, Arcis-sur-Au-
be, Montereau, Andréa, T'raneSj Veh'^y,Ver
sailles et Roquencourf. V ■
Les places étaient indiquées par aes Ins
criptions. A gauche du maître - autel :
le prlnce=Président-, le roi Jérôme et leurs
états-majors"; leS membres du Corps Lé
gislatif, îes maréchaux, le général en chef
de l'armée de Paris, les généraui de lagàr-
officiers de l'afmée èt dé la garde nationale,
les officiers des invalides.
A droite, Mgr l'archevêque de Paris f les
ministres, le Sénat, le conseil d'Etat, le per
sonnel de la grahde-chapcellerie de la Lé-
gion-d'Konneur, les fonctionnaires civils et
administratif. .
Devant Je catafalque, les membres de la
famille et les aides-de-camp du marée hil:
Trente sous-officiers de toutes armes, dé
corés. et des plus anciens, étaient comman
des comme gards d'honneur pour entourer
le cataiatque.
Les invalides formaient uno double haie
depuis le catafalque jusqu'à la grille de 1 Es
planade.
On a exécuté une messe de Requiem de la
composition de M» Renard, maître de cha
pelle des Invalides.
Mgr l'archevêque adonné l'absoute; pen
dant le service funèbre, le canon tonnait de
minute en minuté.
Après l'absoute, le cercueil a été placé sur
un Corbillard, qui a été conduit devant la
grille de l'Esplanade pour le défilé de toutes
les troupes, commandées par le général Cou
rant. Le cercueil a ensuite été reconduit à
l'église pour être placé dans le caveau des
maréchaux.
LE OÉXÉRAL GOURGAUD.
« Les morts vont vite», età peinela tom
be s'est-elle refermée sur la froide dépouille
du maréchal Exelmans, qu'elle s'ouvre pour
une autre gloire de l'Empire, non moins
chère et non moins honorable.
Il appartient à une meilleure plume que
la nôtre d'entrer dans de complets détails
sur cette vie remplie par tant d'activité, et
surtout par tant de dévoûment. Nous en es
quisserons seulement à grands traits quelques
épisodes les plus lumineux.
Gaspard Gourgaud était né à Veuilles, le
14 septembre 1783, au moment le plus bril
lant de la nouvelle carrière de son oncle pa
ternel,' chez lequel il était élevé, Henri Gour
gaud, si connu dans les annales de notre
honne Comédie-Française, sous le .pseudo-
nymé de Dugazon. - . . '
L'école Polytechnique, l'école de Châlons
et celle de Metz virent se développer les heu
reuses dispositions du jeune Gourgaud. En
1801, il entra au 6 e d'artillerie à pied, et de
vint, en 1803, aide-de-camp du général Fou- 1
ché, détaché alors à Boulogne-sur-Mer, et
ae 1 Empiré se succédaient alors avec une
pr'odigiensemagie de succès: àTabor, à A us't
terlitz.'àléna, à Friedland, à Essling, et sur
tout a Wagram, cet Arbelles du nouvel
Alexandre, Gourgaud montra un courage et
une intelligence qui lui valurent, jeune,en
core, l'honneur-d'être officier d'ordonnance'
de l'Empereur.-' ••••' ' ■
En cette qualité, il l'accompagna en Hol
lande et revint ensuite en France, mettre à
l'abri d'un coup de main de la part des An
glais, les îles de Rhé, d'Aîx et d'Oleron, que
l'Angleterre avait désignées comme points
stratégiquesdedébarquement. Tous les plans
de cette nation, furent déjoués par le jeune
tacticien, et le littoral mis en un tel état
formidable de "défense que toute entreprise
de "l'ennemi fut rendue impossible.
A Dresde, à Ostrowno, à Smolensk,il paye
de sa personne ; puis il contribue, avec l'é
lite de nos officiers-généraux, au succès de
cette terrible bataille de la Moskowa, où la
France fait sa gigantesque trouée en Russie.
Là, avec moins d'éclat, mais avec plus de
mérite intime } se place un' épisode qui
rend le jeune ""Officier cher à ses frères
d'armes; — Napoléon est au Kremlin. —^
Les destins du monde- lui appartenaient,
mais la nature et non l'ennemi avec ses pré-,
visions et ses forces, devait lui ravir et les
fruits de la- victoire, et les élémens de la con
quête.
Dans son désespoir, le général russe, Ros-
topehin, a fait porter par les mineurs-cosa
ques , sous les voûtes du Kremlin et des au-
tres constructions voisines,prèsde300milliers
de poudre, destinés à faire sauter l'état-ma-
jor, la-maison militaire et la g:arde de l'Em
pereur : le feu va être mis, et déjà la
mèche fume... Gourgaud se précipite alors
sans mesurer l'étendue du péril, dans ce
gouffre où la mort n'attend qu'une étincelle
p/>ur devorer l'élite de notre armée, et, par
un suprême effort, il arrête à temps I'incen-,
die qui couve, eè .sauve ainsi ses frères d'ar
mes et son Empereur. •, . ,,
C'était là une des heurë ^es fatalités déve
lues à son dévoûment ; car plumard, a Briens
ne, dans cette bataille du 29 j anvië^ « der
niers reflets de nos victoires chez le? aui res,
l'Empereur se trouve :pris dans ufl -g™»
de cosaques qui le pressait ayee acnai. -
ment. En cet instant un de ces rudes guçr-
riers pousse à lui, passe à sa droite, en renr
versant le vélite de service et darde un
coup de lance à Napoléon dont le cheval se
cabre... C'enest fait de lui, quand Gourgaud,
jetant son coursier éntre l'empereur, et e Co :
gaaue, soulève dextrement le bras de celui-ci
et lui loge une halle dans le menton : le co-
satfas vacille en arrière; sa lance s abat el
tombe sa US efforts shr la selle du chml de
Napoléon, et pour la deuxième fois 1 Empe
reur échappe ainsi â la mort. .
, C'est pour reconnaître cet acte de devou-
ment heureux? que Napoléon,-se jetant dan^
les bras de son aide-de-campj lui donna cette
épéesi chère à sés premiers souvenirs, fuors
qu'il gagnait sa première bataille d Italie, ei
qu'il n'était encore quele général Bonaparte^
Cette épée, noble conquête, c^st elfe que
Gourgaud portait à son tour à la jojirnee ae
Waterloo. ' . v blanry-laurenck.
EXPLOSION D'UN BATEAU A VAPEUR.
Le télégraphe nous avait déjà annoncé sommai
rement l'épouvantable catastrophe quî- a eu lieu
sur. le lac Pontcharlrain dans la matinée «u ? juil
let. L es -journaux de Nouvelle-Orléans .nous eij
apportent lés détaits. L'Abeille en donne, d ^prés
un témoin oculaire, un récit que nous lui emprun
tons: .
Le bateau à vapeur Saint-Ja,mes , capitaine
Clark, revenait, dans la nuit 1 de dimanche à lun
di, de Biloxi et de la baie Saint-Louis, avec ua
grand nombre dé passagers dont le chiffre est lixé
à soixante-dix pâr les uns et à cent par d autres,
Le Saint-Charles, parti aVarit lui; et le Cahforma,
environ trois quarts d'heure plus tard, étaient
également encombrés de voyageurs.
Vérs trois heures du matin', le Saint-James
àvait atteint la Pointe-aux-Herbes, à la sortie des. .
Rigolets , lorsque ses chaudières firent explosion
avec un bruit formidable. Les passagers ^ du Car,
lifarnia, qui se trouvait à trois quarts uS mille
en arrière , furent réveillés en sursaut, et,
se précipitant sur le pont, virent avec épou
vante le Saint - James enveloppé de flammes,.
Toute la partie supérieure du bateau s'était en ef- ,
fet écroulée sur les fourneaux et les débris de la
machine, et le. feu s'y était communique. Le
capitaine Ensign, du California, fit marcher à
toute vapeur sur le Saint-James que l'incendie dé
vorait rapidemènt. À mesure qu'on en approchait,
on entendait plus distinctement les cris des hom
mes, des femmçs et des enfant -qui s'étaient réfu
giés à l'arrière pour échapper " flammes. Ils
tendaient les mains vers h Californitii faisaient des
signaux et criaient : « Venez vite, venez vite! »_ .
Le capitaine Clark, du Saint-James, s'est précipité
vers le canot immédiatement après l'explosion, et
avait donné l'ordre de n'y recevoir que îesfemmes,
les enfans et le pilote, M. Robert Smith, qui avait
un bras cassé. L&canot poussa au large ; mais, foit
.jajûLùiUbord4 çasle-CmfarMa, spitiout autre^ftcia-..
aent, il chavira, et toutes lès pefSonries qui étaient
à bord se noyèrent à- l'exception ' d'une dame
Shed v Le capitaine Clark ne quitta h' Saintr
James qu'au dernier moment; ses deux fifo, âgés
de moins de dix ans, s'étaient déjà sauvés à
la nage," ainsi que le fils de M. J. M. Wolf,
avocat. Ces trois tafans ont montré un epu-
rage. héroïque :• ils n'opt tremblé ni devant les fiana^
mes pi devant l'abîme." Ils se sont élancés à l'eau,
et opt nagé' jusqu'au California. Le jeune Wolfe,
dont le père _a péri, a même sauvé quelques har-
des qu'il avait dans sa cabine et qu'il n'a pas vou
lu abandonner.
Le California n'a réussi qu'à grand'peine à abor
der le Saint-James. Il s'amarra enfin à la poupe
de ce dernier bateau, et ou établit, au moyen de
planches, un pont de sauvetage sur lequel les pas
sagers du Saint-James passèrent à bord du Cflli-,
fornia, et qui servit également à transborder les
blessés. Plusieurs personnes qui s'étaient jetées à
l'eau furent recueillies par les canots du Cali
fornia.
Parmi les victimes de l'explosion, celle dont la
mort a le plus douloureusement ému les esprits est
M. IsaacT. Preston, juge de la cour suprême, fl,
occupait une chambre au-dessus des chaudières ,
et toute cette partie du bateau a été brsyée. M-,
Preston dormait au moment de l'explosion il ne
devait plus se réveiller! C'était un homme de beau
coup de talent et.de beaucoup de cœur; il occupait
une place éminente ; dans, l'Etat et parmi ses eon-
citoyens. C'est là une grande et belle intelligence
' de moins. Sa perte sera longtemps et vivem«nt
regrettée. ' / ;■
Voici- les. noms des victimes connues jusqu'à pré*
sent : l'honorableL. T.Preston,M. Richard Turner,
MM. John Malloy et N. Reed, membres de la com-f
pagnie des pompiers n° 19; M. J. M. Wolf; M.
James Jones, second du bateau; John, homme de
, couleur et maître d'hôtel ; Mme Asher et ses trois
filles, dont une âgée de quinze ans. Deux dômes-,
tiques, dont l'une appartenait au docteur Pennis-
ton, un jeune mulâtre libre et un matelot ont
également péri. MM. Gachet de Lisle, Guex, cais
sier de l'association consolidée, et Shed, n'ont pas
été revus . ■ t
Le docteur Penniston est un de ceux qui ont été
recueillis par le California, : à peine arrivé sur la
Eont de ce bateau, il s'est empressé auprès de»
lessés et leur a prodigué tous les secours née
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL, 28 JUILLIET.
IL FAUT QtË 'JEUNESSE SE PASSE*.
XXI. '
En rentrant au presbytère, Louise aperçut
deux personnes, un homme et une femme,
qui se dirigeaient vers la maison curiale, et
qui la saluèrent avec beaucoup d'empresse
ment. Elle reconnut M. Xavier Durand, per
cepteur des contributions du bourg, qui ve
nait, en compagnie de sa mère, lui faire
v.site.
' M. Durand tenait à la main un bou
quet et un panier de fraises, prémices de
son jardin-, qu'il demanda la permission
d'offrir à sa jeune et charmante voisine. Cel
le-ci ne put'sa dispenser d'accepter l'offran
de qui lui était faite avec tant de bonne grâ
ce ; mais, bien involontairement saas doute,
il s'établit instantanément dans son esprit
une comparaison entre deux poursuivans à
coup sûr bien dissemblables. '
-D'un côté, elle avait devant elle un jeune
homme timide, un peu gauche même, vêtu
comme on peut l'être dans un village à cent
lieues de Paris, lorsqu'on n'est point appelé
â quitter ce village, s'exprimant en termes
convenables sans doute, mais n'abordant que
des sujets de conversation vulgaires et étroi
tement circonscrits, comme le milieu même
* La reproduction e3t interdite.
dans lequel le jeune percepteur était condam
né à vivre par la nature de ses fonctions; d'un
autre côté, Louise avait la tête toute pleine
encore de ce portrait qu'elle venait de con
templer , et qui réunissait si bien toutes
les qualités et toutes les grâces d'une or
ganisation d'élite, habituée de longue date
à l'atmosphère des salons les plus élé-
gans d'une grande capitale. Et puis que.de
hardiesse et de fierté tempérées par la dou
ceur et L'urbanité dans ce visage de jeu
ne patricien chez lequel mille détails jusqu'a
lors inaperçus peut-être de Louise, la fines
se des mains et des pieds, la blancheur trans
parente de la p.eau, tout enfin dénotait une
noblesse native l
La conversation fut froide et languissante
sous l'influence de ce fâcheux parallèle, et
elle l'eût été davantage encore, sans doute, si
Mme Durand n'avait été douee de cette lo
quacité qui caractérise assez généralement
e"n France les femmes de la petite bourgeoi
sie, et qui' supplée par l'abondance des mots
à l'absence des idées. Louise promit d'aller
rendre bientôt la visite qu'on avait bien voulu
lui faire, et l'on se sépara dans des termes
aussi satisfaisans que possible, les visiteurs
ayant eu d'ailleurs assez de tact pour ne fai
re aucune allusion directe ou indirecte à des
projets dont la réalisation semblait toujours
fort hypothétique.
Apres le départ de M. Xavier Durand et de
sa mère, Louise se sentit, plus que jamais,
en proie à une agitation dont il est facile de
se rendre compte, si l'onsonge à la nouvelle
qu'elle avait recueillie au château, de l'arri-
Vée de la marquise de Morvilliers et de son
fils pour le jour même. Asa mélancolie des
jours précédens avait succédé une inquiétu
de profonde, qui ne lui permettait pas de res
ter en place. Elle parcourait incessamment
le presbytère, se demandant quelle ligne
de conduite elle devait adopter au milieu
des périls nouveaux qùv&llaient l'assaillir.
Tant qu'il n'avait pas été question du retour
des hôtes du château, Lojuise s'était attristée
de la pensée qu'elle ne lég reverrait plus ja
mais peut-être j et maintenant qu'ils- étaient
annoncés, maintenant que déjà, sans doute,
ils avaient repris possession de leur do
maine, qu'ils respiraient le même air qu'el
le, Louise, en proie à'toutes sortes d'ap
préhensions, tremblait instinctivement de
vant sa propre faiblesse^ elle se demandait
si elle, était bien en sûreté au presbytère
et si elle ne devait pas' s'arracher de nou
veau par la fuite a toutes les conséquen
ces possibles de l'arrivée de Tristan, Pour
tous ceux qui ont observé ou se souvien
nent , il n'y a que^eontradictions dans le
cœur humain.
Toute la journée se passa dans ces tumul
tueuses agitations. Le soir venu et après le
souper (on a conservé généralement en Ven
dée et particulièrement dansées presbytères ?
la coutume patriarcale de ce repas si*goûte
de nos bons aieux), Louise, fatiguée sans dou
te par toutes les émotions pénibles auxquelles
elle avait été en proie durant tout le jour,
s'assit devant une fenêtre.
De cette fenêtre on apercevait, à mi-côte,
et à une distance d'environ un kilomètre,
l 'une des faces du château de Mm® de Mor
villiers se détachant,; aux rayons de la lune,
des grands massifs d'arbres dont il était en
vironné. La jeune fille Considérait d'un re
gard qui avait repris toute sa douloureuse
langueur, les magnificences de ce paysage
pour lequel la nature s'était montrée si pro
digue. •
. La journée avait été très chaude;, on était
au mois de juin, le temps était- à l'orage ,
et de gros nuages noirs qui marbraient
l'horizon venaient incessamment voiler ,1e
disque, de, la lune. Alors, on pouvait aper- '
cevoir distinctement les lumières qui se
projetaient sur la sombre silhouette de la
résidence seigneuriale. Ces lumières , qui
allaient et venaient, se montrant successive
ment à plusieurs fenêtres et disparaissant
par intervalles pour reparaître ensuite, indi
quaient suffisamment qu'il se faisait dans
l'intérieur des appartemens un grand mou
vement, déterminé sans doute par l'arrivée
des hôtes du château. Louise suivait avec
une curiosité presque fiévreuse les phases di
verses de ce spectacle.
Catherine qui avaït l'habitude de se coucher
de bonne Jieure, et dont les bâillemens réité
rés annonçaient qu'elle n'était nullement dis
posée à renoncer à un pareil usage, crut de
voir faire observer à sa jeune maîtresse que le
moment était venu de se livrer au repos, et
elle lui offrit ses services pour la déshabiller;
mais Louise répondit qu'elle n'avait nulle
hâte de dormir, qu'elle se déshabillerait el
le-même sans la moindre difficulté, et qu'elle
se reprochait d'avoir retardé, sans y prendre
garde, l'heure du coucher de la bonne et fi
dèle servante de son oncle. Catherine n'était
pas femme à se le faire dire deux fois, et
elle s'empressa de gagner son lit, non sans
fi livrer à des réflexions pleines ae sens et
e jnstessft'fur ie changement radical qui
s'était opéré_dan? toutes les habitudes com
me dans le caractère même de la nièce de
M. le curé. -" tu -
ït -Seigneur mon Dieu! disait-elle enmettant
sa coiffe de nuk,.m'est avis qu'il ne,faut pas
envoyer ; les jeunée demoiselles à Paris; cela
les change trop. Notre demoiselle, à nous,
était si gaie,u si rieuse, si folâtre avant son
départ; et voilà qu'elle *nous est revenue
triste, soucieuse, parlant 1 peine. Elle ai
mait à se coucher à bonne heure, comme
les poules, et à se lever de grand matin,
comme le coq, et maintenant, c'est tout le
contraire. Ah I si jamais je redeviens jeune,
Dieu me garde d'aller à Paris !...
Minuit sonnait à l'horloge de l'antique
église paroissiale du village. Louise était tou
jours penchée sur l'appui delà fenêtre, dans
la même attitude, et la brise de nuit venait
se jouer follement dans les bandeaux de sa
fine et soyeuse chevelure, en même temps
qu'elle rafraîchissait son front brûlant. La
grosse Catherine dormait à poings fermés,
et le vieux Toby qui, depuis l'arrivée de sa
jeune maîtresse, ne consentait pas facilement
à s'en séparer, s'était couché a ses pieds et
ronflait tout bas.
Tout à coup, on sonna avec violence à la
porte du presbytère , et Toby, réveillé en
sursaut, se mit a aboyer.
Inquiète, troublée, Louise se demandait si
elle devait répondre à cet appel, lorsqu'une
voix bien connue se fitentenare al'exterieur,
et cria :
—■ Ouvrez ! ouvrez vite ! Je viens du châ
teau ;pourdemander un prêtre! ,
Cette voix était celledu vicomte de Fenes-
trange. -, t > : -,
Profondément émue,, en entendant une
pareille requête, Louise s'élança à la porte,
qu'elle ouvrit avec précipitation, et elle se
trouva bientôt face a face avec le vicomte,'
qui, pâle, haletant, le visage décomposé, le»
yeux noyés de larmes, loi tendit la. maint-
sans avoir d'abord la force d'articuler uns
parole. *
— 0 mon Dieu ! balbutia la jeune fille en
attachant sur M. de Fenestrange un regard
rempli d'une anxiété profonde, que se passe-
t-il donc au château? Mon oncle n'est pas;
ici, il est en retraite à l'évêché. ' ' s
— Je le sais, ma chère enfant, reprit le
vicomte d'une voix strangulée; mais vous
pouvez au moins me dire quel est l'ecclésias
tique qui le remplace, afin qu'on lui envoie
tout de suite un exprès et qu'il vienne rem
plir un bien triste devoir de son ministère.'
— Ah 1 Monsieur, reprit Louise, vous m'é
pouvantez ; est-ce que Mme la marquise ser
rait plus malade?
, — Hélas 1 mon enfant, ce n'est pas d'elle
qu'il s'agit en ce moment. Tristan, mon pau
vre Tristan se meurt !...
Après avoir laissé tomber ces funestes pa
roles, le vicomte se jeta sur une chaise qu'il
trouva à sa portée et se mit à fondre en
larmes. . . ...
; Louise, pâle comme une morte, resta de
bout devant lui,_ son flambeau,à la main,
l'œil fixe, sans voix, sans respiration. On eût
dit qu'elle était pétrifiée.-
PRIX DE E.'AlEOÏÎSEEÎS«*
PARIS 18 ï. PAa TELMES*HI."
&ÉPAHT2MENS. 18 F. —
4H NUMÉRO : 50 CENTIMES;
tes abonnemens datent des i« et 16
_ de chaque mois.
rotr* lis pàti RTRiKOERS, se reportât
au tableau qui sera publié dans te Journal,
lei 19 et îi de ebaque mois,
S'adresserf franco, pour la réduction, i M. C bcheval- C iauigni,
Les articles déposés us sont pas rendus,
BUREAITCL l ras ¥almU l,PaIa!*-Réyafy ni 1©.
1852*-MERCREDI 28 JUILLET*
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
chef, | Oa-s'dcnne, data les déjv rtmehs^ aux Messageries et aux Direction» de pastel—A Londres, ekex MM. GoviS et fusî |
| — A Strasbourg, chez M. ÀutlÉfôâ, piïir lAMemagne, |.
S'adresser; franco? po*? à M. D enaii£ d * ect "*'.
Les anconces sont reçues au bureau du journal; eî ofces Mi PAKIS, régisseur, * > V
PARIS, 27 JUILLET»
Les nouvelles des Etaîs-Unis font présager
que le parti démocratique-remportera cette
fois une facile victoire, et* fera asseoir sans
obstacle son candidat sur le fauteuil de la pté»
îridence. Les divisions qu'on appréhendait au
soin du parti, wliig viennfint d 'éclater avec
une "vivacité extrême. C'est du congrès mêûife
qu'est parti le signal de l'opposition à la can
didature du général Scott; Un certain nom
bre de députes et de sénateurs des Etats du
Sud se mai réunis et ont rédigé unef pro
testation contre le choix fait par la conven
tion de Baltimore.
, Voici le texte de cette protestation, qui a
été immédiatement publiée dans tous, les
journaux des Etats-Unis, et qui a reçu l'ad
hésion de plusieurs des hommes les plus
-considérables du parti whig :
Washington, 3 juillet 1832.
Afin de prévenir tonte méprise et tout malen
tendu, nous soussignés, membres du congrès,
adoptons ce moyen de faire savoir positivement'à
* nos concitoyens et à tous ceux que cela intéresse,
que nous ne pouvens ni ne voulons soutenir la
général Scott pour la présidence dans la position
ou il se trouve en présence du peuple américain,
et voici quelques-unes des raisons qui motivent
Uotre reîas :
..Le général Scott a refusé obstinément, jusqu'à
l'heure où il à été nommé, de se prononcer.en fa
veur de la série de mes arts connues sous le nom
de compromis, dont le maintien permanent est à
|}os y aux d'une importance sans.égale. Il n'a pas
«on plus, depuis sa nomination, déclaré qu'il ap
prouvât ces mesures comme up règlement définitif
«es-questions en litige.
Les réselutions de la convention qui l'a nommé
Sont, il est vrai, aussi claires et aussi explicites sur
ce point qu'on peut le souhaiter; mais le général
Scott, dans sa lettre d'acceptation qui contient tout
ce que nous avons dé lui sur ce sujet, ne leur dan ne
peint l'approbation de son jugement. Il accepte
« la nomination avec tes résolutions qui y sont an
nexées » c'est-à-dire qu'il prend la nomination
elle. Et la seule garantie qu'il oflre de Ion « adhé
sion aux principes des résolutions » sont, «les in-
tidens connus d'une longue carrière publique, etc.»
Parmi ces incidens connus de sa vie, il n'en est
pas un qui sait, que nous sachions, en faveur des
principes du compromis. Dans ùne, au moins,
de ses lettres publiques, il a exprimé de3 sèn-
timens hostiles aux institutions de. quinze des
Etats^ de l'Union. Depuis l'adoption du com
promis,. il a souffert que son nom fût pré
senté au peuple, de divers Etats, pour .la candida
ture présidentielle, par les ennemis hautement'
avoués desdites mesures,. et, dans la convention
qui lui a décerné cette candidature, il a permis aux
free-soiler de se seivir de lui pour décider la dé
faite de M. Fillmore et.de M. Webster, parce qu'ils
avaient défendu ces mesures et s'étaient montrés
fermement dévoués à la : politique qui les a fait
adopter. ......-. :'
Nous réunir à de pareils hommes et les aider à
compléter leur triomphe ainsi que le sacrifice des
amis véritables et éprouvés de la Constitution et
. du fidèle accomplissement de toutes ses obliga
tions, voilà ce à quoi nous ne pouvons consent r.
Les inspirations du devoir et du patriotisme nous
le défendent rigoureusement.
Nous considérons le général Scott comme le can
didat favori de l'aile free^soiliate du parti whig.'
Que sa politique, s'il était élu, soit dirigée et
ajustée de manière à se conformer aux vues des
hommes qui forment cette aile ; qu'ella^ait pour
but de leur donner la prépondérance dans l'ad
ministration, c'est là un résultat que l'on peut
considérer comme naturel et probable. Aussi,
convaincus Comme nous le sommes que les
vues de cette faction d'hommes. malfaisans sont
dangereuses, non seulement pour les droits jus
tes et constitutionnels des Etats méridionaux
que nous représentons en partie; mais pour
la paix et la tranquillité du pays tout entier
et pour l'union permanente des Etats, nous regar
dons comme le premier devoir de tous eeux qui
veulent le bien de notre patrie, quelque pan qu'ils
habitent et quoi qu'ils puissent faire ensuite, de
refuser au moins leur appai au général Scott.
Paur notre part, c'est ce que nous comptons faire.
Les signataires de ce manifeste ne s'en
sont pas tenus à une simple protestation.
Ils ont provoqué la réunion, dans une ville
de Géorgie, de délégués des Etats du Sud pour
aviser à ce qu'exige Ja situation. L'objet de
cette convention est la créatien d'un parti
unioniste, c'est-à-dire qui* fasse passer avant
toute considération le maintien de la confé
dération américaine sur.ses bases actuelles.
Des comités seront nommés, et toute une
organisation établie, afin de permettre au
parti nouveau d'exercer une action politi
que. .
La conduite à tenir dans l'éiectiôn prési
dentielle sera, nous n'avons pas besoin de le
dire, une des premières questions agitées
dans la convention. Trois partis seront pro-
Boum
==*
posés aux délégués du Sud : s'abstenir, aider
efficacement à la défaite du général Scott, en
portant cette fois toutes les voix du Sud sur
le candidat démocratique ; crifin présenter au
choix du peuple un càndidât nouveau. Tous
les trois ont leurâ avantages et. leurs incon-
véfriens. Voter pour le général Pierce, c'est as
surer un échec éclatant et irréparable ati géné
ral Scott* mais c'e?-frdalprc vioiepïment avec
le J&rtî wh'g, dont I< s hommes éminens sont
les' auteurs et les défenseurs les plus zé
lés du compromis, c'est du moins le dé
sorganiser .profondément et donner une
force dangereuse Su p&rti démocratique,
qui s'est montré l'adversaire du compromis,
et chez qui le choix du général Pierce n'est
qu'â& heureux accident. L'abstension évite
rait ce dernier inconvénient ; mais elle répu
gne aux mœurs américaines, et elle ne
permettrait pas aux dissidens de - consta
ter leur force et d'assurer parla pour l'a
venir le respect de leurs droits. Aussi
les adversairesdu général Scott inclinent-
ils pour qu'on lui oppose un concurrent,
malgré le désavantage de descendre dans la
lice à la veille seulement du combat, et sans
avoir le temps de s'organiser complètement.
. Le difficile est de trouver un candidat qui
consente à courir les chances d'une lutte
inégale, mai£ on se flatte que les amis de M.
Webster détermineront cet homme d'Etat à
se laisser porter à la présidence. Il est certain
que M. Webster â refusé jusqu'ici de don
ner une adhésion publique à la candida
ture du général Scott, et toutes les tentatives
faites pour lui arracher ce qu'on appelle aux
Etats-Unis une ratification, sont demeurées
infructueuses. Le Missachusetts a fait à M.
.Webster une réception enthousiaste ; dans la
Pensylvanie les débris du parti qui s'intitulait
natif américain lui ont fait offrir la candida
ture. Ailleurs des meetings ont exprimé le re
gret que le grand orateur n'eût pas été dési
gné par la convention de Baltimoré. De la réu
nion de tous ces faits, on a conclu à la possi
bilité d'une troisième candidature qui par
tagerait les voix de manière à remettre au
congrès la désignation du prochain prési
dent. .
Les amis de M. Webster, dont cet ensem
ble de circonstances a réveillé. l'espoir, ont
compris les chances nouvelles que leur ou
vrait la résolution prise par les représentans
du Sud ; et un avis dont l'origine n'est pas
bien connue, a parusimulianément dans un
assez grand nombre de journaux. Cet avis
est ainsi conçu :
« Une cenvention.de l'Union nationaït^e» te
nue dans la ville de Philadelphie, le 1 er jour d'août
18o2, pour la nomination de Daniel Webster à la
présidence des Etats-Unis, et pour le choix d'un
candidat à la vice-présidence, dans l'intérêt du
parti de l'Uni jn nationale, en novembre prochain.
» Les délégués de dix Etats sont déjà prêts à
prendre part à. cette démonstration; les autres
Etats sont priés de choisir sans délai leurs repré
sentais.
» Amis de l'Union et de son grand défenseur,
vous êtes maintenant appelés à donner là preuve
de votre dévoûment à la cause que les hommes les
plus éminens ont servie de leurs talens et qu'en
tourent les sympathies d'une puissante nation.
» On recommande vivement la formation immé
diate d'associations Wek-ter-mùonistes. »
Si l'opinion publique accueille avec fa
veur cet appel inattendu, si on peut dé
terminer un nombre- suffisant d'hommes
considérables à prendre part à cette con
vention de Philadelphie, et à adhérer ainsi
publiquement à la candidature de M. Webs
tar, la convention des Etats du Sud, quand
elle se réunira dans la Géorgie, trouvera la
moitié de sa besogne faite ; elle-n'aura plus
qu'à se rallier à la candidature de M. Webs
ter, et l'œuvre de Baltimore sera complè
tement détruite. Une chose est certaine dé
sormais, c'est que le succès du général Scott
est imposssible.
CUCHEVAL-CLA.RIGNY.
culte assca sérieuse se serj.it élevée entre le gou-
vernemçntfpex cain et la légation française. Voici
les.détails que donne a c« Sujet le Irait^è'Unim,
do Mexico;' saus la date dd 9 juin : —« ihc qii&s*
tioii financière' a eiesoultiveetout recemmcntentre i
le fondé de pouvoirs des créanciers anglais et lé '
gouvernement mexicain. On se rappelle que, par
l'arrangement survenu emre les détenteurs de bons
anglais et le gouvernement mexicain, ce ^dernier
s'est engagé à p lycr. à compte du principal de
la dette" anglaise . une somme de 2 millions
et demi de piastres sur lindemnite ainerieai-
' ne. L'époquo de ce naiement étant venue, il s'a
git de savoir aujourd hui si ces 2 millions et de
mi de piastres sortant de'la République paie
ront ou non les droits imposes paf les l»is fiscales
fiir les espèces expédiées à lextcrieutvM. Fa'con-
nct, fondé de pouvoir des détenteurs do b ms an
glais, prétend que les droits ne doivent pas être*'
payés; autrement la convention, suivant Lui, ne se
rait pas exécutee. puisqu'au lieu de recevoir 2 mil
lions et demi de piastres, les créanciers anglais ne
recevraient plus que 2.SuO.OOO piastres, les-droits
s'élevant à , 200.000 piastrts. Le gouvernement -
mexicain»s'est rangé a cette opinion, et le Cons-
titucional d'hier ne nous laisse aucun dûute à
cet égard, en faisant la déclaration suivante :
« En effet, dit-il., comment ,pouvait-il être
juste et rationel qu'un argent du trésor pu
blic , destifié au paiement de dettes, dût ac
quitter les droits? » Mais le mjnbtre de Fran
ce est intervenu tians le débat en s'appuyant sur
les fermes généraux de la loi, et en insistant sur !
son application la \ilus stricte. La légation fran- ;
çaise a été amenée- à cette démarche pour déftn- i
dre les intérêts d'une maison à laquelle, en paie-
ment de ce que lui doit le trésor, il a été fait délé- '
galion d'une partie des droits de conduite et d'ex
portation des métaux précieux : ne rien, percevoir :
sur les, 2 millions et demi de piastres destinés
aux créanciers anglais, ce serait donc faire un '
tort réel à la maison dont il s'agit. Le ministre de
France a réclamé, puis il a protesté, et il » en
voyé au gouvernement plusieurs notes diploma
tiques très fortes ; l'une de ces notes, si nous som
mes bien informés, lui aurait été retournée ; de
là, le départ pour la France du secrétaire delà lé:
gation. On affirme enoare que le ministre anglais
a promis-sa coopération au gouvernement mexi
cain, si les choses en venaient à quelque extrémi
té regrettable. »
Le New-York-Berald, contredit sur plusieurs
points le récit du Courrier des Etats-Unis.
Voici sa version r
« Nous avons parlé dernièrement de3 causes du
départ pour l'Europe du secrétaire de la légation
française. Nous nous sommes rendus l'écho de plu
sieurs rumeurs occasionées par ce départ subit; nous
avons à faire, à cet égard , quelques rectifications.
Le gouvernement mexicain n'a pas retourné de note
au ministre de France. Il avait été fortement ques
tion, H est vrai, de prendre cette détermination,
mais on n'en & rien fait. Toujours est-il qu'on
parle encore, dans un certain monde, avec beau
coup d'amertume et de ressentiment, des notes de
M. tevasseur, qu'on accuse d'être sorti de son ter
rain et d'avoir outrepassé les convenances diplo
matiques. Le gouvernement mexicain, dit-on, a usé
de.représailles et a expédié, par le dernier stea-,
mer, des dépêches fort peu amieales à son re
présentant à Paris. Telles sont les rumeurs
qui circulent. Nous ne pouvons encore rien affir
mer ; mais il paraît que les relations sont encore
d-ins un-état peu satisfaisant entre le ministre de -
-France *t le- -gouvjer«eoieftt<»- B»eîicattïv. Quant à- -
l'intervention élu ministre anglais et à la promesse
de concours qu'il aurait faite au gouvernement
mexicain, nous devons déclarer, qu'il n'y a rien,
encore d'officiel à cet égard.»
Les journaux américains, arrivés par la
dernière malle, donnaient la nouvelle d'un
dissentiment qui se serait élevé entre le gou
vernement du Mexique et le représentant de
la France dans ce pays. Nous recevons deux
journaux de New-York qui contiennent cha
cun une version différente de cette affaire;
Voici d'abord ce que dit le Courrier des
Etats-Unis :
a Si l'on en croit certaines rumeurs, une diffi-
Les premières nouvelles des élections mu
nicipales nous arrivenU|ujpurd'hul d'Arras.
Sur 0,201 électeurs, 2^212 ont pris part au
scrutin ; vingt conseillers sur vingt - neuf
ont. été élus au premier tour de scrutin.
De ce nombre sont le maire et les deux ad
joints, nommés pàr décret du Président de
la République. M. Renard-ïtoharf, le 2° ad
joint, vient le 3* sur la liste des conseillers ;
le maire, M. Plichon, arrive le 19% ei le 1 er .
adjoint, M. Amonts, le 20 e ,avec 1,553 voix ;
c'est-à-dire 4 voix au-dessus de la majorité
indispensable (le qu art des électeurs inscrits).
Le Journal de Rouen a reçu un premier
avertissement conçu en ces termes :
Cabinet du préfet de la Seine-Inférieure,
Le préfet de la Seine-Inférieure,
Vu l'art. 32 du décret sur la presse du 17 février
1852;
Attendu que l'article publié par le Journal de
Rouen dans son numéro 208 du 26 juillet 1852,'
sous le litre de : Elections départementales et com
munales, présente les caractères d'une polémique
violente et calomnieuse,.puisqu'il impute aux can
didats pour le conseil générahrt le conseil d'arron
dissement, dont la liste a paru dais deux journaux
de Rouen, ud'avoirenuoiiue préférence le pouvoir
» qui existe, plutôt parce qu'il existe que pour la ga-
» rantie qu'il peut offrir-à la cause du progrès et de
» la véritable liberté ; » et - que, de plus, un pas» .
sage dudit article est dirigé contre la Constitution
et les pouvoirs que le prince-Président tient de /
cette Constitution, puisqu'après avoir indiqué une ?
catégorie de candidats qui. seraient « les républi- >
a cains qui regrettent toujours que l'on ait ap-
» porté, le 2 décembre, des modifications au pou
rvoir présidentiel, » il insinue que les électeurs
doivent accorder la préférence^ cette catégorie de
candidats. T
Arrête : ■■■■,:
;-Art .-itf'. Un pumnr avertissement est donné
. sh Journal de- Rouen, en la personne du iieurBeu-
•'SosviUe, signataire, comme rédacteur de l'article
ci-depsus indiqué et comme gérant du journal
(numéro 208) du 20 juillet 1852. -
Art. 2. Le présent arrêté sera, aux termes de
l'ariicli; 19 du décret précité, inséré en tète du plus
prochain numéro du Journal de Rouen.
Ai't. 3. M. le commissaire central de police de
Rouen est chargé di î'exécuîion du présent ar
rête.
Fait en l'hôtel de la préfecture, le 26 juillet 1852.
E. LE ROY.
' Le Mormng-Post-, du 26 juillet, publie les
relevés suivans des élections déjà Connues :
Ministériels.- Libéraux
Angleterre-Galles 1 273 223
Ecosse . 20 31
•Irlande.." T...' 1 "" 32 ' 47
325
301
Restent 28 élections à connaître. Les per-
sonnages-suivans, qui occupaient des places
dans le ministère de lord John Russell, n'ont
pas été réélus : Bellen et Graig, lordsde la tréso
rerie; Dundas, juge-avocat ; sir G. Grey,'secré--
taire de l'intérieur ; Hatchell, procureur gé
néral d'Irlande; lord Marcus Hill, trésorier
de la maison de la reine; CornwallLewis,
secrétaire du trésor ; lordPaget, secrétaire
du grand-maître de l'artillerie ; J. Parker,
secrétaire de l'amirauté ; sir W. Somerville,
secrétaire de l'Irlande; l'amiral Stewart, lord
; de l'amirauté. On peut ajouter JiL Bernai,
• président des comités de la chambre des com
munes. ' -
Obsèques du maréchal Exelmans.
V"
• Une chapelle ardente avait été disposée à
l'entrée du palais de la Légion-d'Honneur.
Le corps du grand-chancelier y avait été dé
posé, et le public a .été admis dès le matin à
jeter l'eau bénite sur - les restes mortels
du maréchal. L'affluence des vieux militaires
était considérable.
Vers dix heures, de forts détàcheméns
de troupes ont entouré l'hôtel. Bientôt sont
arrivés les frères d'armes du maréchal,
et des fonctionnaires de tout ordre. On re
marquait dans l'assistance "tous les mem
bres présens à Paris de la commission du
monument à élever à la mémoire du roi
Joachim Murât; ils avaient tenu à remplir
un'douloureux devoir en assistant au service
fuûèbre de l'illustre président qu'une mort
fatale est venue leur enlever. Un peu après
onze heures le cortège funèbre s'est formé et
S'est mis en marche pour les. Invalides, v
Ce corbillard était traîne par six chevaux
richement caparaçonnés. Le char étaitpavoi-
sé de trophées.
Les cordons du poêle étaient tenus par le
maréchal Vaillant, le ministre de la guerre,
j 1e'génsfestt is dB
gnan. ■ '
. M. le curé et son clergé sont venusrece-
voir Je convoi jusqu'à la grille de l'espla
nade. -
Des ministres, des sénateurs, des membres
du Corps Législatif, des conseillers d'Etat,
des maréchaux, des généraux, suivaient "le
char, aijqsi que des membres du corps diplo
matique, des officiers étrangers, dont un
anglais.
Le deuil était conduit par les fils du ma-
réchaL ■ '
A midi, Te bruit des tambours battant
aux champs, a annoncé l'arrivée du. prince-
Président de la République. Le roi Jérôme,
gouverneur des Invalides, est allé le rece
voir avec l'ètat-major de l'hôtel èt un corj
tège 3e hauts fonctionnaires. L'arrivée du
chef de l'Etat a été saluée par de nombreux
vivats.
La princesse Mathilde ; conduite par le.
prince Murât, était arrivée quelques instans
avant le prince-Président. On remarquait
dans les tribunes un assez grand nombre de
dames en deuil.
L'église, tendue de noir, était comblé.
Partout étaient appendus, sur les tentures,
les armes et le chiffre du maréchal. Dans la
nef, un peu au-dessus de la chaire, voilée
d'un crêpe noir, élaitun magnifique catafal*
que :i co!ivert de cierges et de candélabres.
Un grand labarum d'argent couvrait le rejj
table du maître-autel.
Àu-dessousdes drapeaux ennemis qui sont
placés tout à l'enlour de la nef, au-dessus
des galeries supérieures réservées aux dame?,
on:hsait sur des boucliers les noms des ba-
taijles et combats ci-après, où le maréchal
se couvrit de gloire.
A gauche de la nef : Friedland, Eylau
Poïen, Austerlitz. Vertingen, Pizzighitone ,
Caslel-NuoYO, Crémone, Fieurus, Gembloui,
A droite : la Moskowa , Kalouga, Wilna,
Bautzen, Leipzick, Hanau, Dresde. Fère-
Champéîîoise, PJsocy, Merry, Arcis-sur-Au-
be, Montereau, Andréa, T'raneSj Veh'^y,Ver
sailles et Roquencourf. V ■
Les places étaient indiquées par aes Ins
criptions. A gauche du maître - autel :
le prlnce=Président-, le roi Jérôme et leurs
états-majors"; leS membres du Corps Lé
gislatif, îes maréchaux, le général en chef
de l'armée de Paris, les généraui de lagàr-
officiers de l'afmée èt dé la garde nationale,
les officiers des invalides.
A droite, Mgr l'archevêque de Paris f les
ministres, le Sénat, le conseil d'Etat, le per
sonnel de la grahde-chapcellerie de la Lé-
gion-d'Konneur, les fonctionnaires civils et
administratif. .
Devant Je catafalque, les membres de la
famille et les aides-de-camp du marée hil:
Trente sous-officiers de toutes armes, dé
corés. et des plus anciens, étaient comman
des comme gards d'honneur pour entourer
le cataiatque.
Les invalides formaient uno double haie
depuis le catafalque jusqu'à la grille de 1 Es
planade.
On a exécuté une messe de Requiem de la
composition de M» Renard, maître de cha
pelle des Invalides.
Mgr l'archevêque adonné l'absoute; pen
dant le service funèbre, le canon tonnait de
minute en minuté.
Après l'absoute, le cercueil a été placé sur
un Corbillard, qui a été conduit devant la
grille de l'Esplanade pour le défilé de toutes
les troupes, commandées par le général Cou
rant. Le cercueil a ensuite été reconduit à
l'église pour être placé dans le caveau des
maréchaux.
LE OÉXÉRAL GOURGAUD.
« Les morts vont vite», età peinela tom
be s'est-elle refermée sur la froide dépouille
du maréchal Exelmans, qu'elle s'ouvre pour
une autre gloire de l'Empire, non moins
chère et non moins honorable.
Il appartient à une meilleure plume que
la nôtre d'entrer dans de complets détails
sur cette vie remplie par tant d'activité, et
surtout par tant de dévoûment. Nous en es
quisserons seulement à grands traits quelques
épisodes les plus lumineux.
Gaspard Gourgaud était né à Veuilles, le
14 septembre 1783, au moment le plus bril
lant de la nouvelle carrière de son oncle pa
ternel,' chez lequel il était élevé, Henri Gour
gaud, si connu dans les annales de notre
honne Comédie-Française, sous le .pseudo-
nymé de Dugazon. - . . '
L'école Polytechnique, l'école de Châlons
et celle de Metz virent se développer les heu
reuses dispositions du jeune Gourgaud. En
1801, il entra au 6 e d'artillerie à pied, et de
vint, en 1803, aide-de-camp du général Fou- 1
ché, détaché alors à Boulogne-sur-Mer, et
ae 1 Empiré se succédaient alors avec une
pr'odigiensemagie de succès: àTabor, à A us't
terlitz.'àléna, à Friedland, à Essling, et sur
tout a Wagram, cet Arbelles du nouvel
Alexandre, Gourgaud montra un courage et
une intelligence qui lui valurent, jeune,en
core, l'honneur-d'être officier d'ordonnance'
de l'Empereur.-' ••••' ' ■
En cette qualité, il l'accompagna en Hol
lande et revint ensuite en France, mettre à
l'abri d'un coup de main de la part des An
glais, les îles de Rhé, d'Aîx et d'Oleron, que
l'Angleterre avait désignées comme points
stratégiquesdedébarquement. Tous les plans
de cette nation, furent déjoués par le jeune
tacticien, et le littoral mis en un tel état
formidable de "défense que toute entreprise
de "l'ennemi fut rendue impossible.
A Dresde, à Ostrowno, à Smolensk,il paye
de sa personne ; puis il contribue, avec l'é
lite de nos officiers-généraux, au succès de
cette terrible bataille de la Moskowa, où la
France fait sa gigantesque trouée en Russie.
Là, avec moins d'éclat, mais avec plus de
mérite intime } se place un' épisode qui
rend le jeune ""Officier cher à ses frères
d'armes; — Napoléon est au Kremlin. —^
Les destins du monde- lui appartenaient,
mais la nature et non l'ennemi avec ses pré-,
visions et ses forces, devait lui ravir et les
fruits de la- victoire, et les élémens de la con
quête.
Dans son désespoir, le général russe, Ros-
topehin, a fait porter par les mineurs-cosa
ques , sous les voûtes du Kremlin et des au-
tres constructions voisines,prèsde300milliers
de poudre, destinés à faire sauter l'état-ma-
jor, la-maison militaire et la g:arde de l'Em
pereur : le feu va être mis, et déjà la
mèche fume... Gourgaud se précipite alors
sans mesurer l'étendue du péril, dans ce
gouffre où la mort n'attend qu'une étincelle
p/>ur devorer l'élite de notre armée, et, par
un suprême effort, il arrête à temps I'incen-,
die qui couve, eè .sauve ainsi ses frères d'ar
mes et son Empereur. •, . ,,
C'était là une des heurë ^es fatalités déve
lues à son dévoûment ; car plumard, a Briens
ne, dans cette bataille du 29 j anvië^ « der
niers reflets de nos victoires chez le? aui res,
l'Empereur se trouve :pris dans ufl -g™»
de cosaques qui le pressait ayee acnai. -
ment. En cet instant un de ces rudes guçr-
riers pousse à lui, passe à sa droite, en renr
versant le vélite de service et darde un
coup de lance à Napoléon dont le cheval se
cabre... C'enest fait de lui, quand Gourgaud,
jetant son coursier éntre l'empereur, et e Co :
gaaue, soulève dextrement le bras de celui-ci
et lui loge une halle dans le menton : le co-
satfas vacille en arrière; sa lance s abat el
tombe sa US efforts shr la selle du chml de
Napoléon, et pour la deuxième fois 1 Empe
reur échappe ainsi â la mort. .
, C'est pour reconnaître cet acte de devou-
ment heureux? que Napoléon,-se jetant dan^
les bras de son aide-de-campj lui donna cette
épéesi chère à sés premiers souvenirs, fuors
qu'il gagnait sa première bataille d Italie, ei
qu'il n'était encore quele général Bonaparte^
Cette épée, noble conquête, c^st elfe que
Gourgaud portait à son tour à la jojirnee ae
Waterloo. ' . v blanry-laurenck.
EXPLOSION D'UN BATEAU A VAPEUR.
Le télégraphe nous avait déjà annoncé sommai
rement l'épouvantable catastrophe quî- a eu lieu
sur. le lac Pontcharlrain dans la matinée «u ? juil
let. L es -journaux de Nouvelle-Orléans .nous eij
apportent lés détaits. L'Abeille en donne, d ^prés
un témoin oculaire, un récit que nous lui emprun
tons: .
Le bateau à vapeur Saint-Ja,mes , capitaine
Clark, revenait, dans la nuit 1 de dimanche à lun
di, de Biloxi et de la baie Saint-Louis, avec ua
grand nombre dé passagers dont le chiffre est lixé
à soixante-dix pâr les uns et à cent par d autres,
Le Saint-Charles, parti aVarit lui; et le Cahforma,
environ trois quarts d'heure plus tard, étaient
également encombrés de voyageurs.
Vérs trois heures du matin', le Saint-James
àvait atteint la Pointe-aux-Herbes, à la sortie des. .
Rigolets , lorsque ses chaudières firent explosion
avec un bruit formidable. Les passagers ^ du Car,
lifarnia, qui se trouvait à trois quarts uS mille
en arrière , furent réveillés en sursaut, et,
se précipitant sur le pont, virent avec épou
vante le Saint - James enveloppé de flammes,.
Toute la partie supérieure du bateau s'était en ef- ,
fet écroulée sur les fourneaux et les débris de la
machine, et le. feu s'y était communique. Le
capitaine Ensign, du California, fit marcher à
toute vapeur sur le Saint-James que l'incendie dé
vorait rapidemènt. À mesure qu'on en approchait,
on entendait plus distinctement les cris des hom
mes, des femmçs et des enfant -qui s'étaient réfu
giés à l'arrière pour échapper " flammes. Ils
tendaient les mains vers h Californitii faisaient des
signaux et criaient : « Venez vite, venez vite! »_ .
Le capitaine Clark, du Saint-James, s'est précipité
vers le canot immédiatement après l'explosion, et
avait donné l'ordre de n'y recevoir que îesfemmes,
les enfans et le pilote, M. Robert Smith, qui avait
un bras cassé. L&canot poussa au large ; mais, foit
.jajûLùiUbord4 çasle-CmfarMa, spitiout autre^ftcia-..
aent, il chavira, et toutes lès pefSonries qui étaient
à bord se noyèrent à- l'exception ' d'une dame
Shed v Le capitaine Clark ne quitta h' Saintr
James qu'au dernier moment; ses deux fifo, âgés
de moins de dix ans, s'étaient déjà sauvés à
la nage," ainsi que le fils de M. J. M. Wolf,
avocat. Ces trois tafans ont montré un epu-
rage. héroïque :• ils n'opt tremblé ni devant les fiana^
mes pi devant l'abîme." Ils se sont élancés à l'eau,
et opt nagé' jusqu'au California. Le jeune Wolfe,
dont le père _a péri, a même sauvé quelques har-
des qu'il avait dans sa cabine et qu'il n'a pas vou
lu abandonner.
Le California n'a réussi qu'à grand'peine à abor
der le Saint-James. Il s'amarra enfin à la poupe
de ce dernier bateau, et ou établit, au moyen de
planches, un pont de sauvetage sur lequel les pas
sagers du Saint-James passèrent à bord du Cflli-,
fornia, et qui servit également à transborder les
blessés. Plusieurs personnes qui s'étaient jetées à
l'eau furent recueillies par les canots du Cali
fornia.
Parmi les victimes de l'explosion, celle dont la
mort a le plus douloureusement ému les esprits est
M. IsaacT. Preston, juge de la cour suprême, fl,
occupait une chambre au-dessus des chaudières ,
et toute cette partie du bateau a été brsyée. M-,
Preston dormait au moment de l'explosion il ne
devait plus se réveiller! C'était un homme de beau
coup de talent et.de beaucoup de cœur; il occupait
une place éminente ; dans, l'Etat et parmi ses eon-
citoyens. C'est là une grande et belle intelligence
' de moins. Sa perte sera longtemps et vivem«nt
regrettée. ' / ;■
Voici- les. noms des victimes connues jusqu'à pré*
sent : l'honorableL. T.Preston,M. Richard Turner,
MM. John Malloy et N. Reed, membres de la com-f
pagnie des pompiers n° 19; M. J. M. Wolf; M.
James Jones, second du bateau; John, homme de
, couleur et maître d'hôtel ; Mme Asher et ses trois
filles, dont une âgée de quinze ans. Deux dômes-,
tiques, dont l'une appartenait au docteur Pennis-
ton, un jeune mulâtre libre et un matelot ont
également péri. MM. Gachet de Lisle, Guex, cais
sier de l'association consolidée, et Shed, n'ont pas
été revus . ■ t
Le docteur Penniston est un de ceux qui ont été
recueillis par le California, : à peine arrivé sur la
Eont de ce bateau, il s'est empressé auprès de»
lessés et leur a prodigué tous les secours née
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL, 28 JUILLIET.
IL FAUT QtË 'JEUNESSE SE PASSE*.
XXI. '
En rentrant au presbytère, Louise aperçut
deux personnes, un homme et une femme,
qui se dirigeaient vers la maison curiale, et
qui la saluèrent avec beaucoup d'empresse
ment. Elle reconnut M. Xavier Durand, per
cepteur des contributions du bourg, qui ve
nait, en compagnie de sa mère, lui faire
v.site.
' M. Durand tenait à la main un bou
quet et un panier de fraises, prémices de
son jardin-, qu'il demanda la permission
d'offrir à sa jeune et charmante voisine. Cel
le-ci ne put'sa dispenser d'accepter l'offran
de qui lui était faite avec tant de bonne grâ
ce ; mais, bien involontairement saas doute,
il s'établit instantanément dans son esprit
une comparaison entre deux poursuivans à
coup sûr bien dissemblables. '
-D'un côté, elle avait devant elle un jeune
homme timide, un peu gauche même, vêtu
comme on peut l'être dans un village à cent
lieues de Paris, lorsqu'on n'est point appelé
â quitter ce village, s'exprimant en termes
convenables sans doute, mais n'abordant que
des sujets de conversation vulgaires et étroi
tement circonscrits, comme le milieu même
* La reproduction e3t interdite.
dans lequel le jeune percepteur était condam
né à vivre par la nature de ses fonctions; d'un
autre côté, Louise avait la tête toute pleine
encore de ce portrait qu'elle venait de con
templer , et qui réunissait si bien toutes
les qualités et toutes les grâces d'une or
ganisation d'élite, habituée de longue date
à l'atmosphère des salons les plus élé-
gans d'une grande capitale. Et puis que.de
hardiesse et de fierté tempérées par la dou
ceur et L'urbanité dans ce visage de jeu
ne patricien chez lequel mille détails jusqu'a
lors inaperçus peut-être de Louise, la fines
se des mains et des pieds, la blancheur trans
parente de la p.eau, tout enfin dénotait une
noblesse native l
La conversation fut froide et languissante
sous l'influence de ce fâcheux parallèle, et
elle l'eût été davantage encore, sans doute, si
Mme Durand n'avait été douee de cette lo
quacité qui caractérise assez généralement
e"n France les femmes de la petite bourgeoi
sie, et qui' supplée par l'abondance des mots
à l'absence des idées. Louise promit d'aller
rendre bientôt la visite qu'on avait bien voulu
lui faire, et l'on se sépara dans des termes
aussi satisfaisans que possible, les visiteurs
ayant eu d'ailleurs assez de tact pour ne fai
re aucune allusion directe ou indirecte à des
projets dont la réalisation semblait toujours
fort hypothétique.
Apres le départ de M. Xavier Durand et de
sa mère, Louise se sentit, plus que jamais,
en proie à une agitation dont il est facile de
se rendre compte, si l'onsonge à la nouvelle
qu'elle avait recueillie au château, de l'arri-
Vée de la marquise de Morvilliers et de son
fils pour le jour même. Asa mélancolie des
jours précédens avait succédé une inquiétu
de profonde, qui ne lui permettait pas de res
ter en place. Elle parcourait incessamment
le presbytère, se demandant quelle ligne
de conduite elle devait adopter au milieu
des périls nouveaux qùv&llaient l'assaillir.
Tant qu'il n'avait pas été question du retour
des hôtes du château, Lojuise s'était attristée
de la pensée qu'elle ne lég reverrait plus ja
mais peut-être j et maintenant qu'ils- étaient
annoncés, maintenant que déjà, sans doute,
ils avaient repris possession de leur do
maine, qu'ils respiraient le même air qu'el
le, Louise, en proie à'toutes sortes d'ap
préhensions, tremblait instinctivement de
vant sa propre faiblesse^ elle se demandait
si elle, était bien en sûreté au presbytère
et si elle ne devait pas' s'arracher de nou
veau par la fuite a toutes les conséquen
ces possibles de l'arrivée de Tristan, Pour
tous ceux qui ont observé ou se souvien
nent , il n'y a que^eontradictions dans le
cœur humain.
Toute la journée se passa dans ces tumul
tueuses agitations. Le soir venu et après le
souper (on a conservé généralement en Ven
dée et particulièrement dansées presbytères ?
la coutume patriarcale de ce repas si*goûte
de nos bons aieux), Louise, fatiguée sans dou
te par toutes les émotions pénibles auxquelles
elle avait été en proie durant tout le jour,
s'assit devant une fenêtre.
De cette fenêtre on apercevait, à mi-côte,
et à une distance d'environ un kilomètre,
l 'une des faces du château de Mm® de Mor
villiers se détachant,; aux rayons de la lune,
des grands massifs d'arbres dont il était en
vironné. La jeune fille Considérait d'un re
gard qui avait repris toute sa douloureuse
langueur, les magnificences de ce paysage
pour lequel la nature s'était montrée si pro
digue. •
. La journée avait été très chaude;, on était
au mois de juin, le temps était- à l'orage ,
et de gros nuages noirs qui marbraient
l'horizon venaient incessamment voiler ,1e
disque, de, la lune. Alors, on pouvait aper- '
cevoir distinctement les lumières qui se
projetaient sur la sombre silhouette de la
résidence seigneuriale. Ces lumières , qui
allaient et venaient, se montrant successive
ment à plusieurs fenêtres et disparaissant
par intervalles pour reparaître ensuite, indi
quaient suffisamment qu'il se faisait dans
l'intérieur des appartemens un grand mou
vement, déterminé sans doute par l'arrivée
des hôtes du château. Louise suivait avec
une curiosité presque fiévreuse les phases di
verses de ce spectacle.
Catherine qui avaït l'habitude de se coucher
de bonne Jieure, et dont les bâillemens réité
rés annonçaient qu'elle n'était nullement dis
posée à renoncer à un pareil usage, crut de
voir faire observer à sa jeune maîtresse que le
moment était venu de se livrer au repos, et
elle lui offrit ses services pour la déshabiller;
mais Louise répondit qu'elle n'avait nulle
hâte de dormir, qu'elle se déshabillerait el
le-même sans la moindre difficulté, et qu'elle
se reprochait d'avoir retardé, sans y prendre
garde, l'heure du coucher de la bonne et fi
dèle servante de son oncle. Catherine n'était
pas femme à se le faire dire deux fois, et
elle s'empressa de gagner son lit, non sans
fi livrer à des réflexions pleines ae sens et
e jnstessft'fur ie changement radical qui
s'était opéré_dan? toutes les habitudes com
me dans le caractère même de la nièce de
M. le curé. -" tu -
ït -Seigneur mon Dieu! disait-elle enmettant
sa coiffe de nuk,.m'est avis qu'il ne,faut pas
envoyer ; les jeunée demoiselles à Paris; cela
les change trop. Notre demoiselle, à nous,
était si gaie,u si rieuse, si folâtre avant son
départ; et voilà qu'elle *nous est revenue
triste, soucieuse, parlant 1 peine. Elle ai
mait à se coucher à bonne heure, comme
les poules, et à se lever de grand matin,
comme le coq, et maintenant, c'est tout le
contraire. Ah I si jamais je redeviens jeune,
Dieu me garde d'aller à Paris !...
Minuit sonnait à l'horloge de l'antique
église paroissiale du village. Louise était tou
jours penchée sur l'appui delà fenêtre, dans
la même attitude, et la brise de nuit venait
se jouer follement dans les bandeaux de sa
fine et soyeuse chevelure, en même temps
qu'elle rafraîchissait son front brûlant. La
grosse Catherine dormait à poings fermés,
et le vieux Toby qui, depuis l'arrivée de sa
jeune maîtresse, ne consentait pas facilement
à s'en séparer, s'était couché a ses pieds et
ronflait tout bas.
Tout à coup, on sonna avec violence à la
porte du presbytère , et Toby, réveillé en
sursaut, se mit a aboyer.
Inquiète, troublée, Louise se demandait si
elle devait répondre à cet appel, lorsqu'une
voix bien connue se fitentenare al'exterieur,
et cria :
—■ Ouvrez ! ouvrez vite ! Je viens du châ
teau ;pourdemander un prêtre! ,
Cette voix était celledu vicomte de Fenes-
trange. -, t > : -,
Profondément émue,, en entendant une
pareille requête, Louise s'élança à la porte,
qu'elle ouvrit avec précipitation, et elle se
trouva bientôt face a face avec le vicomte,'
qui, pâle, haletant, le visage décomposé, le»
yeux noyés de larmes, loi tendit la. maint-
sans avoir d'abord la force d'articuler uns
parole. *
— 0 mon Dieu ! balbutia la jeune fille en
attachant sur M. de Fenestrange un regard
rempli d'une anxiété profonde, que se passe-
t-il donc au château? Mon oncle n'est pas;
ici, il est en retraite à l'évêché. ' ' s
— Je le sais, ma chère enfant, reprit le
vicomte d'une voix strangulée; mais vous
pouvez au moins me dire quel est l'ecclésias
tique qui le remplace, afin qu'on lui envoie
tout de suite un exprès et qu'il vienne rem
plir un bien triste devoir de son ministère.'
— Ah 1 Monsieur, reprit Louise, vous m'é
pouvantez ; est-ce que Mme la marquise ser
rait plus malade?
, — Hélas 1 mon enfant, ce n'est pas d'elle
qu'il s'agit en ce moment. Tristan, mon pau
vre Tristan se meurt !...
Après avoir laissé tomber ces funestes pa
roles, le vicomte se jeta sur une chaise qu'il
trouva à sa portée et se mit à fondre en
larmes. . . ...
; Louise, pâle comme une morte, resta de
bout devant lui,_ son flambeau,à la main,
l'œil fixe, sans voix, sans respiration. On eût
dit qu'elle était pétrifiée.-
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