Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-07-26
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 26 juillet 1852 26 juillet 1852
Description : 1852/07/26 (Numéro 208). 1852/07/26 (Numéro 208).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUMERO 208.
BtlUSîK ! rue de Falote I'alais-Koyn!), n" VU
B 1852.-LDHDI 26 JUILLET.
ÇâïX »3 L'.&.30ÎSÏ«E£ÏÎS£*
fARIS. ...... 18 ï. PAB TRIMESTE1,
BIPABTEMENS.. 16 î. —
EH NUMÉRO : Si) csNTuna*
fovî lb 3 pats rtbisefflts , se reporter
eu tableau qui sera publié dans le journal,
tas 10 et 25 de chaque moi».
Les abonnement datent des l"et 18
de chaque siûit.
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S'adresser, franco, pour la rédaction, â Mï CncEEVAX-CuaiGNy, rédacteur eti chef.
Les articles déposés ne sont pas rendue)
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
' i On s'adonne, danslet département, ans Messagiries et aux Emettons deppste'.—A Lowln s, chez MM. CowiEef fils * i ■ fft8xi$0Ï m-Boni»
{ -i Sttaibourg'tk** M. A lsïanbhs , ;>
PARIS, 25 JUILLET.
Les élections du 8 juiû en Belgique ont
eu pour , coaséquemsft. unecrise ministé
rielle qui dure depuis près de quinzejours, et
dont on n'entrevoit pas encore le dénoûment.
Cette crise a pris naissance dans un dissenti
ment qui s'est élevé au sein du ministère
belge sur la façon dont on devait apprécier
le résultat des élections.
Le chef du ministère belge, M. Rogier, et
plusieurs de ses collègues ne croyaient pas
que la situation du cabinet'fût changée.
En accordant au parti clérical tous les
noms qu'il réclamait, on arrivait à por
ter à 44 voix le chiifre de l'opposition ;
or 44 voix dans une chambre de 108 mem
bres ne peuvent jamais constituer une ma
jorité» Le pouvoir appartenait donc in
contestablement à l'opinion libérale, et
par conséquent aux hommes que cette opi
nion a portés au ministère en 18-17. On fai r
sait remarquer que toutes les villes impor
tantes du royaume avaient nommé sans ex
ception des candidats libéraux à de très
très foi tes majorités, etquelegouvernement
n'avait suhi d'échecs que dans de petites loca
lités qui comptent à peine deuxou trois cents
électeurs. On ajoutait enfin qu'une retraite
était inopportune à la veille du jour où expi
rait le traité de commerce avec la France, et
au moment où les négociations pour le re
nouveler étaient en bon train. ■
Un homme dent l'avis méritait d'être
compté, à cause de la position qu'il occupe
à la tête de la chambre des représentais, à
cause desagrande popularité et de l'appui
qu'il a donné au ministère dans les jours les
plus difficiles, M. Verhaegen encourageait vi
vement les ministres à la persévérance. Leur
retraite étonnerait le parti libéral , jette
rait le trouble et la confusion dans ses
rangs ; il fallait, au contraire , lenir boa,
afin que toutes les forces, du parti pus
sent se rallier autour du gouvernement,
et, si plus tard un nouvel appel au pays était
nécessaire, il valait mieux descendre dans la
lice électorale comme ministres que comme
chefs d'opposition.
Le ministre des finances, M. Frère-Orban,
était d'un avis" tout différent. C'était contre
lui que se dirigeaient depuis deux ans tous
les efforts de l'opposition; c'était sur sesactes
qu'avaient roulé tous les débats des d'eux
chambres, c'était sa politique financière qui
avait fait tous les frais de la polémique
électorale ; il se sentait plus directement
atteint que seb collègues par les. pertes
que le parti libéral avait faites dans la
lutte. Il soutint que le ministère, arrivé de
haute lutte aux affaires en 1847 par un
triomphe éclatant, ne pouvait garder le pou
voir.après une élection qui avait diminué
ses forces et accru celles de ses adversaires.
Sa situation s'en trouverait amoindrie ; il se
verrait contester ses droits à gouverner ; il
épuiserait, dans des débats stériles, une vi
talité qu'il fallait ménager pour la lutte dé
cisive. Il était donc plus conforme aux prin
cipes constitutionnels, et plus utile à l'ave
nir du parti libéral de se retirer devant une
manifestation incomplète et contestable de
l'opinion publique, que de paraître récuser
le jugement des électeurs.
M. Frère-Orban annonça donc sadétermi- ,
nation de "donner sa démission. M. Te»cli,
ministre de là justice, qui était absent et dont
la santé est fortement ébranlée, fit savoir à
ses collègues sa résolution de quitter égale
ment les affaires. Cette décision lui était im
périeusement commandée par le soin de
sa santé,- elle était irrévocable; mais M. Tesch
uj CuC '.iiiit pus à ses collègues qu'il parta
geait dans une certaine mesure l'opinion de
M. Frère-Orban sur la situation. Devant cette
détermination de deux membres du cabinet,
leâ autres ministres pensèrent qu'une retraite
collective était plus convenable, et ils en
voyèrent tous leur démission au roi Léo-
pold.
Le premier effet produit par la retraite du
cabinet justifia les prévisions de M. Frère-Or
ban. L'organe principal du. parti clérical,
l 'Emancipation,quineseîdisail point illusion
sur la faiblesse de l'opposition, nedissimulani
sa surprise- ni son désappointement : elle
feignit de ne rien comprendre -à Ja con
duite du ministère, g Qçtte réiolùtijm ?ôî3E^
daine, disait-elle, qui causera, sans doute,
une vive surprise, sera difficilement expli
quée.» Laretraitedu cabinet ruinait d'avance
le plan de campagne annoncé par l'opposi
tion. Parmi les soixante-quatre députésque le
parti clérical ne peut revendiquer, il en est
un certain nombre qui diffèrent d'avis avec
le ministère sur plusieurs questions se
condaires ; il suffisait donc de détacher
une dizaine de voix pour arriver à mettre
le cabinet en minorité. Eu laissant à l'écart
les questions purement politiques et en por
tant tout l'effort de l'opposition sur les ques
tions subsidiaires, ou se fhttait d'iafliger
au ministère une série de petits échecs
où se seraient usés sa force et son crédit :
on l'aurait ruiné en détail, comme il vient
d'arriver de lord John Itussell et du cabinet
wliig, et on l'aurait forcé à se présenter de
vant les électeurs avec un prestige perdu, et
compromis vis-à-vis plusieurs des adhérens
actuels du parti libéral.
La démission du cabinet a eu pour consé
quence immédiate de ramener l'attention sur
la question capitale de savoir à quelle opinion
appartiendrait le gouvernement de la Belgi
que. Le parti libéral doit-il conserver le pou
voir? Le parti clérical est-il en état de le pren
dre et de le garder? Où est la majorité? Telle
est la question que chacun s'est faite le jour
qù la retraite du cabinet a été connue; C'est
la question que le pays continuera à se faire
liant que la crise ne sera pas terminée. Le
problème ainsi posé, toutes les "questions
secondaires s'effacent et disparaissent. Si
la veille do la crise on avait demandé à
M. Leclercq ou à M. Lebeau leur avis sur
la conduite du ministère, tous deux au
raient sans doute insisté sur plus d'une
dissidence ; tous deux viennent de décliner
la mission de former un cabinet. Que ré-
sulté-t-il delà, sinon que le parti libéral,
malgré des nuances inévitables, n'a pas cessé
de conserver son homogénéité?
Or, si le parti libéral est demeuré homo
gène, si les soixante-quatre voix-qu'il comp
te dans la chambre dès représentai ont
plus d'affinités entre elles que de motifs d'é-
loignement, il est évident que le parti clé
rical ne peut aspirer à gouverner, attendu
que sa présence au pouvoir réunirait dans
une opposition commune ceux que l'exerci
ce de l'autorité a seul divisés. Le dénoûment
inévitable de la crise sera donc le maintien
de l'opinion libérale au pouvoir et le retour
aux affaires d'une partie des ministres nui
viennent de donner leur démission.'
Ce résultat, que la force des choses paraît
devojr amener, n'a rien que de parfaitement
, ustifiable. Le ministère Rogier a rendu
d'incontestables services à la Belgique. Il a
occupé cinq années le pouvoir, et cette
longévité prouverait à elle seule en sa fa
veur. Il a eu à traverser une disette, les
révolutions du continent, et les crises les
plus périlleuses : il a su maintenir l'ordre,
e calme, la confiance dans 1 s jours les
>lus difficiles. Il a ranimé l'industrie et l'a
griculture des Flandres, qu'il avait trouvées
en proie au paupérisme le plus affreux . il a
créé des institutions de prévoyance en faveur
des classes laborieuses, organisé l'instruction
publique et restauré les finances. Ce sont là
des services incontestables et qui peuvent
compenser bien des fautes.
Il nous coûte d'autant moins de rendre
justice au ministère belge, que nous l'avons
combattu vivement quand il nous a paru ; dé-
vier de la bonne politique. Quand M. Frère-
Orban, pour ramener l'équilibre dans le bud
get, a eu recours à des impôts nouveaux, il
nous a paru qu'il aurait mieux valu combler
le déficit par des économies, et restreindre
le développement un peu exagéré donné à
des travaux publics qui n'avaient rien d'ur
gent. Nous avons désapprouvé comme im-
politique et contraire aux principes d'une
saine économie, l'împôt sur les successions
qui a compromis l'existence du cabinet,
nous avons désapprouvé bien plus encore l'o
piniâtreté avec laquelle le ministère belge a
forcé la main au sénat, dont la sage et pru
dente opposition aurait-dà l'éckirer. —
" Les fitfts ont montré si nous avions rai
son. Le ministère, confiant dans sa majorité
et dans ses premiers succès, a cru qu'il pou
vait être impunément exclusif et intolérant. '
Il s'est, en toute occasion, refusé aux moin
dres concessions, il n'a reculé devant aucune
extrémité pour imposer même à ses amis ta
volonté tout entière. Eu vain on l'a averti
qu'une telle conduite détachait deJuides
hommes dont le concours lui était in- -
dispensable, et mettait en péril pour l'a- ;
venir, l'existence du parti libéral : il a per
sévéré dans cette politique à outrance qui
éloignait de lui les hommes modérés de
son parti. Or, c'est la défection et l'abs- i
tention de t ces hommes modérés, qui ont
été les causes principales des échecs électo- i
raux du ministère, et qui ont fait croire à
la possibilité d'un tiers-paiti et d'un minis
tère de transaction.
Nous souhaitons sincèrement que ce ré- >
suftat d'une politique trop absolue ouvre i
Ic-s yeux aux hommes éminens qui vien- i
nent de quitter le pouvoir. Nous désirons
que le parti libérai conserve Ja direction des
affaires, parce qull a derrière lui la grande i
mnjorité de la nation. Il est indispensable à
la Belgique d'avoir un gouvernement fort et !
stable, autour duquel le pays se rallie una
nimement aux jours de crise. La Belgique a
donc besoin avant tout de l'accord de tous
les hommes modérés, comme première con
dition de l'union nationale. Concilier et
calmer les esprits, rallier. tous les hommes .
sincères que des idées trop absolues n'éga
rent pas, tel nous parait être le premier devoir
du ministère belge. Nous ne voyons là rien
qui soit incompatible avec Inexistence d'un
ministère libéral. M. Frère-Orban, avec
l'ardeur de son caractère, ses habitudes do
minatrices et la rigueur absolue de ses
idées en ferait difficilement partie, mais
M. Frère-Ttrban, dont la droiture est connue,
n'est pas de ces hommes qu'on a pour enne
mis implacables, le jour où on est obligé de
se séparer d'eux. M. Verhaegen a montré en
1848qu'il savait écouter la voix du patriotis-'
me, et faire au salut de son pays d'hono
rables concessions ; il ne refuserait pas à
un ministère libéral modéré l'appui qu'il a
accordé au dernier cabinet. Les difficultés
ne sont pas moins grandes aujourd'hui,
pour être moins apparentes, qu'en 1848.
L'estime qui n'a point cessé d'entourer M.
Lebeau,lapopularité naissante de M. T'Iîindt
deNaeyer; les talens dont ont fait preuve deux
ou trois des jeunes- députés de l'opinion*
libérale modérée indiquent assez à j quels
hommes le dernier ministère devrait deman
der un rajeunissement qui profiterait à l'opi
nion libérale et àia Belgique tout entière.
CuCHEVAX-ClAElGNT.
Le Morning-Post revendique déjà pour le
ministère anglais une majorité de vingt
voix. Le Globe continue, au contraire, d'at
tribuer cinq voix de majorité à l'opposition.
Sir George Grey a définitivement succombé -
dans le Northumberland. C'est le cinquième
des membres du dernier cabinet whig qui
cesse de faire partie de la chambre des corn-
munes.
Nous trouvons, dans le journal la Suisse,
l'analyse du projet de Coie pénal fédéral,
rédigé, dit ce journal, d'après le texte même
de ce projet et d'après le message aux deux
chambres des Etats :
« La question de savoir si l'on appliquera la loi
pénale aux actes commis à l'étranger, a été résolue
conformément ail Code français, mais dont les dis
positions à cet égard ont été récemment modifiées.
Le projet veut que les peines statuées dans le Co
de suisse ne soient applicables , quant aux actes
commis à l'étranger, qu'autant que ces actes met
tent la confédération en danger ou lui causent un
dommage.
» La peine de mort est .écartée de ce Code, bien
que le message reconnaisse que la sévérité de c^.t-
te peine se justifie à l'égard de ce'ui qui porte les
armes contre sa patrie. On propose la réclusion
pour dix ans au riioins, jusqu'à p- rpetuité, par res
pect, dit le message, pour l'art. 54 de la Constitu
tion fédérale. Toutefois, les assises fédérales peu
vent, pour le3 crimes ordinaires, appliquer la loi
cantonale, et, conséquemmtnt-, la peine de mort.
» L'art. 41 de ce projet de Code défend, sous
peine d'amende, ou, s'il y a lieu, de réclusion,
d'entrer en relations diplomatiques avec; un gou
vernement étranger ou un de ses agens, dans
-H-'inï^ntion -d'influer, sur h conduite 3e cet Eut
enfers la . Confédération. On ne manquera pas de
.trouver.cci article foit singulier à cerfeiiis égârdfcj
-toujours est-il qu'il faudrait définir le fait coupa
ble ; car' ces relations pourraient être très inno
centes,' et même très utiles à la Confédération.
On a dit récemment} par exemple, que M. le gé
néral Dilfour et M. te dticieUr Kern ont exercé
une influence salutaire à la Suisse, et il ne paraît
pas qu'ils aient demandé la permission de le foire,
ainsi que le veut le projet Druey.
» La violation d'un territoire étranger serait
punie Je l'emprisonnement avec amende. L'outra
ge public fait à une nation étrangère, à son sou
verain ou à un gouvernement étranger, serait
puni, dans les cas graves, de deux ans d'empri
sonnement, pourvu qu'il y ait réciprocité envers
la confédération. Nous pensons qu'il s'agit aussi
des outrages commis par la voie de la presse ; en
ce cas, les journaux ainis du législateur auront à
se Lien tenir. m".
» Nous reviendrons sur ce projet de Code, qui
traite, en outre, des crimes contre l'ordre consti
tutionnel et la sûreté intérieure, tt contre les fonc
tionnaires féicrauï, etc. -
» Il est bon de protéger ces fonctionnaires ; mais
il est aussi juste que le pnb'ic soit protégé La loi
ne doit pas créer un privilège d'un côté, l'oppres
sion de l'-autre côté. ... . »
■ «Quant aux délits commis par la voie de la
presse, par écrit ou oralement, h projet Druey est
infiniment plus menaçant que la loi bernoise. Nous
le recommandons aux adversaires de cette loi. » •
Dans une lettre adressée aux journaux de
son département, M. le préfet de la Dordor
gne règle i'exerciqe d'un droit que la légis
lation nouvelle a conféré aux fonctionnaires,
croyons utile de reproduire cette lettre ;
« Périgeux, le 22 juillet 1852.
» Monsieur le rédac teur,
» Quelques fonctionnaires croient qu'il leur
est permis de faire insérer dans les jour
naux de départemens, des communiqués ou
même des aitieles de fonds, pouvant, à un
degré quelconque, engager la politique du gouver
nement. 11 importe que cet abus cesse. Le préfet,
seul responsable de la direction du département,
est et doit être en même temps le seul juge de la
portée de ces publications, il. appartient à lui seul
de les autoriser où de les interdire. >
§£» En conséquence; et.je me conforme en cela
aux ordres que je reçois de M. le ministre de l'in
térieur, je vous invite à n'accueillir comme ayant
u'n caractère officiel, q«e les communications éma
nées de la préfecture.
» Agréez, etc., Le préfet delàDordogne,
» A. DE CALVIMOKT. »
L'assemblée générale des directeurs et des
administrateurs de la caisse d'épargne de
Paris a entendu,, dans sa séance du 22 de ce
mois, le rapport de M. F. Delessert, prési
dent du conseil des directeurs. Ce rapport
vient d'être imprime. Nous y puisons quel
ques résultats principaux :
• À la fin de l'année 1850, le solde dù aux déposans
était de 37,746,794 fr. 94 c. • ■
La caisse d'épargne de Paris a reçu, en 1851, pour
le compte des déposans, savoir :
En 208,751 versemens, dont 26,516 nouveaux, la
somme de 25.305.434 »
,.En 835.transfcrts 7 rccetles pro- • .
venant ; aescaissesTd'épargne dé«- r < " '
parlementais. ■ 381.S35 89
En intérêts capitalisés et arré- ■.<
rages de rentes 2.173.678 46
Ensemble £.7.860.440 35
Elle apayé par contre aux déposans :
En 65,403 remboursemens en espè
ces, dont 21,399 pour solde, la somme
de 19.048.957 11
En 1,665 transferts-
paiemens envoyés aux
caisses d'épargné des
départemens 390.598 8
En . 6,831 achats de .
rentes faits pour comp
te et sur la demande
volontaire desdéposans 6 349.522 40
En intérêts annulés,
etc 19.668 37
25.808.745 96 25.808.745 96
Excédant pour 1851 des recettes
sur les paiemens
A quoi il faut ajouter le solde dû
aux déposans au 31 décembre 1850
ci-dessus mentionné
2.051.694 39
37.746.794 94
Ce qui donne pour solde dû à
17S.995 déposans au 31 décembre 1851 39.798.489 33
Les versemens ont t été à peu près les mêmes
dans les deux années :'en 1850, 25,600,000 fr.
1851, 25,300,000 fr.
Mais les retraits ont présenté cette grande dif
férence, que tandis que ceux de 1850 ne s'éle
vaient qu'à 9,800,000 fr.
ceux de 185 i ont été de 19,000,000
• NCtas trouvons encore ici une nouvelle preuve
des observations qui ont été faites si souvent de
puis l'établissement des caisses d'épargne 'sur les
effets jproduits sur les versemens et les retraits par
les inquiétudes politiques. L'année 1850 avait été
en général assez calme, aussi il y a eu peu ,de
perturbation dans les mou/emens généraux de la
caisse; mais vers les derniers mois de l'851, les
préoccupations sur les événemens de 1852 se
sont tut sentir, et vous pourrez en juger par le
relevé que voici des versemens et des retraits des
trois derniers mois de 1850 comparés aux trois
derniers de 1531 .3^ ' , „
■ Versem ;ns «îes trois derniers môis de 1850, 6
millions ; trois rienvers mois de 1851, 3 millions.
"ïlrttrai's "de.-, tréli derniov" îuois de 1850,
• 4-,■200,000 fr. ; tf«8«ierniers eiois- ée l 8al, g mil
lions. ■
Et- pouf le mois de décembre seulement :
Versemens de 18S0, 2,400,000 fr.; de décembre
1851,1 million. , .<
Retraits de décembre 1850, 900 tf 000 ft. 5 de dé
cembre 1851, 2,400,000 fr.
En définitive, ainsi que vous l'avez vu, les re
traits de 1330 n'ont été que 9 millions, et ceux de
1851 de 19 millions. (
Nous devons toutefois signaiÊf qtte les place-
mens en rente faits volontairement par Itîs dépo
sans, indépendamment des retraits e» espèces, se
sont élevés, en 1851, à la somme de 6,300,0.00 fr.,
tandis qu'ils ne s'étaient élevés, en 1850, qu'à
2,100,000 fr.
Le rapport examine ici les effets de la loi^
du 30 juin 4851, qui a modifié en plusieurs
points la législation des caisses d'épargne.
« Yous savez que le principal but de celte loi
était de modérer l'action des caisses d'épargne pour
diminuer la responsabilité du treSor, e.ins touti fois
vouloir nuire à l'efficacité :de l'institution, problè
me qui avait déjà été posé plusieurs fois, et, dont
la solution présente toujours les mêmes difficultés.
■ » En restreignant à 1,000 fr. le maximum des
versemens, fixé précédemment à 1,500 fr. pour les
vèrscffiens et à 2,000 fr. ayec l'accumulation des
intérêts, la loi a-t-elle produit les résultats que le
gouverne.i ent en attendait? La réponse à cette
question nous parait encore fo't indécise et le
fera longtemps, selon les diftVrens aspects sous
lesquels on peut considérer les caisses d'épargne :
celui des avantages immenses, qui en résultent
pour la moralité.des classes ouvrières ou celui;des
charges qu'elles, peuvent imposer au trésor pu
blic. _ v- -—
» Le? caisses d'épargne ies départemens, que
nous avons consultées à cet égard, nous ont fait
des réponses fort diverses.
» Un des motifs qui ont contribué à faire adop
ter un chiffre aussi minime que celui de 1,000 fr.
pour maximum des versemens (minime surtout
pour Paris où les salaires sont plus élevés), est la
faculté que chaque membre d'une famille a de se
taire ouvrir un compte personnel; aussi nous n'a
vons pas été surpris de voir s'augmenter le nom
bre des nouveaux livrets.
» Il nous paraît que cet inconvénient ( qui nous
a été signalé dans plusieurs des réponses des cais
ses départementales; est bien faible si on le .com
pare aux inconvéniens qu'entraînerait la suppres
sion de cette faculté dont'le maintien a été l'objet
de fréquentes discussions et d'un examen appro- '
fondi dans lès délibérations relatives à la loi du
30 juin 1851. , '
» Il nons parait évident, malgré des opinions
contraires et fort respectables, que, dans un grand
nombre de cas, les intérêts pécuniaires sont entiè
rement distincts pour les difTérens membres d'une
famille, et que les confondre dans un même
compte ou -les restreindre à un seul.serait agir
contrairement à des considérations de haute mo
ralité que nous avons toujours mi«es en première
ligne dans nos délibérations. Et d'ailleurs quilles
difficultés dans la pratique ne soulèverait pas l'exé
cution de la restriction d'un livret par famille! » "
» Quant au maintien du maximum-à 300 fr. dé
chaque versement, il nous" paraît avoir eu tous
les avantages qui ont été développés avec tant de
force, Foit dans les délibérations qui ont précédé
l'adoption de là loi, soit dans vos précédens rap
ports, sans ajeoir tes inconvéniens qui préoccupent
quelques personnes. ' ' ■
» L'achat d'office de 10 fr. de rente, ordonné
par l'article 2 de la loi du 30 )uin pour tou3 les
comptes excédant 1,000 fr. après règlement annuel
des intérêts, et dont les soldes n'ont pas été abais
sés dans les trois premiers mois de l'année sui
vante, a remplacé la cessation des intérêts qui, aux
termes de la loi de 1845, frappait toùs les comp
tes supérieurs à 2,000 fr. Cet achat d'office, mis à
exécution pour la première foi? le 1 er avril dernier,
a été appliqué à .1,979 comptes, auxquels on a
transféré 19,790 fr. de rente 3 0/0 au taux de
71 fr. 25 c. »
Arrivant à la réduction des intérêts, le
rapporteur poursuit ainsi :
« Nous l'avons dit souvent, ce n'tst pas l'appât
d'un gros intérêt qui attire la plupart des déposans
de la classe ouvrière ; ils recherchent avant tout
la sûreté du placement et la facilité du retrait; et
si cette assertion avait encore besoin d'être corro
borée par une nouvelle expérience, on la trouve
rait dans l'abondance des versemens de cette an
née 1852, pendant laquelle les déposans ne reçoi-
'épargne.
» L'administration des finances s'étant refusée,
malgré nos instances, à appliquer les prescrip
tions de l'article 2 de la loi du 30 jiiin aux
comptes qui se trouvaient créanciers de plus de
1,000 fr. avant la date de cette loi, et ayant vou
lu maintenir !a mesure rigoureuse dù non-paie
ment des intérêts sur ces? comptes, rfbu s avons
dù chercher à atténuer tout ce que cette me
sure avait de fâcheux pour les déposans qu'elle
atteint, et ne négliger aucun des moyens a& pu
blicité et d'avertissement qui étaient à notre dis
position. Par suite de ces avertissemeris de toute
nature, nous avons vu successivement diminuer le
nombre des comptes qui, supérieurs à 1,000 fr.
au moment de la promulgation de la loi, devaient
trois mois après être'privés de toute bonification
d'int'-rèts au* 30 juin 1851 ; 12,004 comptes
étaient dans cette position , et leurs soldes réu
nis présentaient un capital de 16,006,258 t. 13 c.
Sh- 1®.octobre suivant, terme fatal assigné a 1 ap
plication de la -mesure ; le nombre de ces comptes
était déjà- descendu à 2,293 possédant un ca
pital de 3,043.729 fr. 99 c,, qui, augmente de»
ialéràts ils avaient droit^pour ieë neut
premiers mois de Vannée* c'est-à-dire de 4^,017 if»
iOc./forûïait une somme totale 3,087,7d8lr. 9c.>
laquelle devefl&itioutà fait improductive ; niais, par
suite de nos avertissement aux déposans, toutes
nos démarches, au .31 décembre 1851 ili ne resiait
plus que' 971' comptes, dont le solde- (1,302,569 tr.
f(0 C.) subissait l'annulation des intérêts pendant
trois liiois ; et enfin, au 31 mai 185ï, il ne restait
plus de cette catégorie que 298 comptes ^au capital
dé 397,899 fr. 21 C.,'qui probablement a .wnsu ae
leurs titulaires, continueront à encourir une péna
lité dont la rigueur s'aggrave de jour en lour. ; *
■ n Le résultat définitif de cette suppression par
tielle ou totale des intérêts pendant le dei'nier tri
mestre seulement de 1851 s'est'élevé h la somme
de 22,093 fr. 61 c. - dont la caisse des deppts et
.^consignations a opéré le retranchement sur l'en--
sembla des intérêts alloués à la çaiise .a épargné
de Paris pour l'exercice écoulé ; triste reveiiu pour
l'Etat, prélevé en grande partie sur l'épargne des
classes ouvrières. » ■ ;
Quelque opinion, du reste, que l'on se
fasse des dispositions restrictives de Ja loi
de juin 1831, elles n'ont pas empeché les:
caisses d'épargne ds reprendre leur essor ;
car; à partir du mois de. janvier 1852, les
versemens, soit eiî sombres, soit eu som
mes, ont suivi une proportion-ascendante,
et il faut remonter aux année? les plus pros
pères, soit à Paris, soit dans les départemens,.
pour trouver des recettes aussi abondantes
et aussi multipliées que dans les premiers;
mois de 18S2. ■
Eù effet, les recettes des cinq premiers
mois de 1852 se sonf élevées à 16,370,000 f,
et-les remboursemens à ... :. 7 ; 9ô0,000
Ce qui donre pour ces cinq mois une aug
mentation de 8,400,000 fr.; et d'après les
renseignemens obtenus des départemens", les
versemens ont été aussi fort abondans dans
les premiers mois de 1852. La totalité des dé
pôts des caisses départementales était, au 30,
mai 1852, d'environ 152 millions.
Le rapport annuel de la caisse d'épargne
donne le relevé par classes des quotités de
tous les soldes existans au 31 décembre : de ;
chaque année.* > i
« Les données de ce travail pour 1851, dit le
rapport, différent essentiellement des résultats pré
sentés dans les exercices précédens, parce qu'au
mouvement .régulier des compîcs sont venus se
joindre, à dater de la loi du 30 ju^n-1851, l'ef
fet produit par cette loi et l 'abaissement du
maximum des livrets â 1,000 fr.; sur le» l'7ô»996
déposans ayant des comptes ouverts au 21
décembre 1851 , 146,413 ne possédaient que .
de 1 à 500 fr. (ensemble 15,999>056 fr. 17 c.,
c'ést-à-dire 109 fr. en moyenne par chaque livret;
24,627 de 501 fr. a 1,000'fr. (ensemble 18,233,039
fr. 96 c.), soit 740 fr. en moyenne; et entin 4,744
dépassaient le maximum de l,000jf.Sur ce dernier
nombre, on se rappelle que nous avons constaté ,
971 comptes devenus improdùctifs d'intérêts,, et
3,773 ayant excédé 1,000 f. depuis la promulgation
de la loi, et qui auraient donné lieu à l'achat de
rentes d'office s'il» étaient restés stationnaires.
» Parmi les remplaçans militaires, 81 réunissant
97,313 fr. 94 c., ont une moyenne de l,2i)i fr., et
131 sociétés de secours mutcels n'ont pas nîoins
de 286,380 fr. 37 c„ soitunemojennede2,186 fr»
Neuf sociétés sont encore venues, depuis le com- \
mencemcnt de 1852, augmenter le nombre de ces
comptes collectifs; qui peuvent s'élever jusqu'au
maximum de 8,000 fr.
» On sait que les. membres de ces sociétés ont
souvent un compte personnel tout à fait indépen
dant de celui de la société dont ils fo«t partie.
» 11 n'en est pas de même des versemens indivi
duels et presque toujours mensuels effectués simul
tanément pour certaines classes d'ouvriers appar
tenant au service municipal ou à de grandes en
treprises, et dont le montant est prélevé par les
administrations elles-mêmes sur les salaires des
ouvriers qu'elles occupent habituellement. Les
sommes qui proviennent de ces versemens ne sont
disponibles qu'à la sortie des titulaires, ou pen-
dant la durée de leurs fonctions, avec le consente
ment exprès et par écrit des chefs de Ces adminis
trations respectives. _ • ■ 1 .
» En tête.deces catégories, il faut placerlescan-
tqpniers paveurs, pour lesquels ii a été verèé plus
de 15,000 fr. en 1851 seulement. Des apprentis
placés par la ville ont des. livrels dont le montant
provient des remises obtenues sur dej< prix d'ap
prentissage accordés aux meilleurs élèves des éco- ,
les par le conseil municipal ; ces livrets sont sou-
mis aux mêmes conditions.
»Les ouvriers de la manutention des vivres de la
guerre, ceux de la douane, ceux du chemin de fer
d'Orléans, les cochers, conducteurs, palefreniers
de la compagnie générale des omnibus, etc.,
donnent lieu à des opérations semblables et
sont assujettis aux mêmes règles. Enfin, sans
parler des dons faits par l'Etat aux orphelins
des victimes des diverses épidémies, révolutions
ou émeutes depuis 1830 jusqu'à ce jour, il existe
une assez grande quantité de comptes destinés à
recevoir les prix et récompenses donnés, soit par
la ville de Paris, soit par des sociétés de.bienfai
sance, soit même par des particuliers, aux élèves
des écoles communales ou privées, à ceux de l'as-,
sistance publique des Sourds-Muets, des Jeunes
Aveugles, des Jeunes Détenus du département.de .
la Seine, des Amis de l'Enfance, etc., etc.
» C'est toujours avec satisfaction que nous
voyons la succursale du 8 e arrondissement appe-
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL , 26 JUILLET.
THÉÂTRES.
théâtre du PALAis -boval : la Perdrix rouge, vau
deville en un acte, de MM. "Decourcelles et Lam
bert Thiboust. — La Tête de Martin, vaudeville en
un acte de MM. Barrierre et Decourcelles. — Re
prise du Voyage à Pontoise au Théâtre-Français.
La semaine s'est encore passée bien dou
cement, et deux petits vaudevilles en ont
fut tous les frais. Le plus joli feuilleton du
monde ne peut donner que ce qu'il a ; il
faudra que vous vous contentiez.de la Per
drix rouge et de la Tè-ie de Martin. Si vous
n'êtes point contens , prent z ,i nos têtes 1...
Mais , à quoi cela vous servirait-il? Mal
gré le vide du répertoire, je ne me sens
pas la force d'entamer sérieusement un cours
de critique à l'occasion delà Perdrix rouge et
de la Tête de Martin. Un beau lieu-commun
nous serait à tous d'un grand secours; mais
encore vaut-il mieux, je crois, parler de la
Perdrix rouge avec quelques détails, vu la
nouveauté de l'intrigue et la curiosité du ti
tre. Pourquoi la perdrix est-elle rouge et la
pièce un peu... comment dirais-je cela?...
un peu grise?... On préférerait que la per
drix fût grise et la pièce... Coupons court au
préambule avant qu'il ne s'embarrasse da
vantage.
Le théâtre du Palais-Royal,—c'est à ce bien
heureux théâtre que les nouvelles destinées
de l'art ont été confiées toute la semaine du
rant,—le Palais-Royal, dis-je,nous a donné
la Perdrix rouge-, cela est grand, cela est
généreux de sa part ; peu importe que la per-
drixsoit rouge ou grise ; toujoura est-il que
sans luinousn'aurion^point de gibier.—Pan 1
— entendez-vouslecoup de fusil? La perdrix
en tient, et tombe dans la coulisse ; Azor
aboie.—A moi, mon chien, apporte ! — Pro
bablement Azor fait son devoir, car le chas
seur, sans plus de réflexions, entre au châ
teau le carnier sur le dos. 11 faut vous
dire qu« M. de Lucienne, — ainsi se nom
me le chasseur, — est un intrépide. Le
gibier mène cet homme-Jà par le bout du
nez, il le conduit juque dans les endroits ha
bités, dans l'intérieur des fermes et des châ
teaux. M. de Lucienne poursuivrait un liè
vre jusqu'au quatrième étage ; jugez s'il hé
site à tuer une perdrix sous la fenêtre du
salon, une perdrix rouge surtout-. Par exem
ple, au bruit du fusil, les gens qui se trou
vent'dans le salon poussent un cri de sur
prise bien naturel. La comtesse de Noisy dit
avec uncertain mécontentement :— Je trouve
étrange qu'on vienne chasser à traders mes
plates-baudes. M. de Valfleury ajoute : —
L'impertinent mériterait qu'on lui dréssàt
proces-verbal ! ;
Quel est donc cet intéressant Valfleury?
Vingt-cinq ans à peine, une bonne éduca
tion, les pieds en dehors, et le cœur tendre,
voilà Valfleury; puis, imaginez une figure
qui ne dit rien et une bouche qui parle
toujours, vous avez l'original au complet;
de plus Valfleury se présente' comme pos
sesseur ; d'uue fortune honorable. A coup sûr
ce serait un bon jparti pour Mine de .Noisy.
"Mme de Noisy est jeune, elle est veuve, mais
si peu, qu'elle pourrait se donner pour de
moiselle; elle s'ennuie, et pourtant les décla
rations lui tournent sur le cœur. — Mon
Dieu 1 Messieurs les galans, laissez-moi donc;
mon premier mariage me suffit-; dispensez-
moi du reste.
— Plutôt mourir que de ne point obtenir
votre main, répond Valfleury, sans changer
de visage, mais d'une voix 'irrésistible.
— Et qu'en ferez-vous, de ma main?
— Petite méchante 1
■-T- Je suis bonne, au contraire.
— Epousez-moi.
,— Un peu plus tard.
— Quand?
— Le mois prochain.
— Alors, faites-moi un billet.
; — Vous voulez un billet, baron ? prenez
côlui-ci : « Bon pour ma main, etc. »
Ah ! le bon billet qu'a ce cher Valfleury I
La conversation, en est là au moment où
l'on tire sur la perdrix rouge. Cependant le
chasseur, quoique intrépide, sait son mon
de; à peine s'apèrçoit-il de son inconvenance,
qu'il la veut reparer et se fait présenter au
maître de la maison. Voyant le chasseur en
trer, la veuve se sauve pour aller faire,
comme on dit, un bout dt toilette, et laisse
Valfleury.
— Palsamhleu! Valfleury, c'est toi, dit M.
de Lucienne en reconnaissant son ami, je te
présente mes excuses ; ces perdix rouges me
font toujours faire dns folies.
— Mon cher Lucienne, tu diras tes raisons
à la maîtresse du château.
— Quoi! ne suis-je pas chez toi?
— Non.
— Et chez qui sommes-cous alors?
— Chez.Mme de Noisv.
- — Qu'entendez-vous par ces paroles?
-+• J'entends une veuve adorable... Ahl
mon ami... une veuve qui...
Bref, l'émotion de Valfleury est telle, bien
que sa figure n'en dise rien, qu'il ne peut
trouver un mot de plus avant que Mme de
Noisy ait achevé sa toilette, et dès que Mme
de Noisy revient, il se sauve, dans la crainte
sans doute qu'on ne lui reprenne son boû
billet. — Mme de Noisy entre donc avec un
peu d'embarras que la circoflstance explique,
et M. de Lucienne salue avec une certaine
confusion bien naturelle. Puis tous deux se
regardent: — Quoi! c'est vous? -r- Quoi!
c'est vous? — Ma femme ! — mon mari !
Voici le roman : Il y a environ cinq ans
qu'Hélène a épousé Hector de Lucienne, le
quel était déjà un chasseur forcené. Quinze
jours après le mariage, Hélène vit bien qu'elle
xie s'entendrait jamais avec son mari, qu'il
aimait trop les perdrix rouges, bref qu'il y
avait entre elle et lui entière incompatibilité
d'humeur. J3e son côté Hector se dit qu'il n'y
avait pas de femme qui valût seulement une
perdrix grise; si bien que, d'un commun-ac
cord, Hélène et llertor invoquèrent je ne sais
plus quelle nullité étonnante de contrat, et fi
rent rom pre leur mariage. Depuis ce temps-là,
Hector n'a point cessé de chasser, il est tout
aux perdrix, tandis qu'Hélène, toute à son en
nui, signe pardésœuvrement le billet que vous
savezà ce cher Valfleury.On comprend de res
te qu'après sa rupture avec M. de Lucien
ne, Hélène ait changé de nom et pris celui
de comtesse de Noisy. C'est pourquoi, en
apprenant qu'il se trouvait chez Mme de
Noisy, Lucienne ae se serait guères douté
qu'il était chez sa femme. Mais enfin, il y
est ; et comment s'en tirer?
— Èhbien j Monsieur, vous aimez donc-
toujours la chasse? dit Hélène, la première.
— Un peu plus que la vie, un peu moins
que vous, répond effrontément Hector.
— Ah ! fort joli ! fait Hélène... je vous sa
vais spirituel...
— Je ne vous savais pas aussi jolie.
— Vous riez? mon mari.
— D'honneur, ma femme, je dis l'exacte
vérité. :
Le fait est qu'Hélène a pris comme qui di
rait une petite pointe d'embonpoint qui
l'embellit encore. Hector croirait presque
qu'on lui a changé sa femme; il lie s'en
plaint pas : la nouveauté a toujours de l'at
trait. Hélène trouve aussi qu'Hector - a bon
air : après cinq ans de veuvage, il lui pa
raît mieux fait, un peu bruni, plus vif :
pourquoi ne ras l'avouer?'il lui paraît char
mant. Les voilà donc tous les deux, le mari
et la femme, qui s'enflamment, et, de perdrix
rouges en perdrix grises, on en vient à l'a
moureuse chasse. C'est un fort agréable spec
tacle que celui de ces anciens époux trans
formés en aipans. Mais il y a le bon billet de
Valfleury, sans quoi je pense qu'ils se répou-
seraient tout de suite.
— Hélas! cher Hector, dit Hélène, j'ai
souscrit un engagement.
— Chère Hélène, votre signature ne vaut
rien sans la mienne.
Cependant Valfleury; fort de son billet, fait
ce qu'il peut pour prendre un visage expres
sif. — Oserais-tu bien me disputer ma fem
me? lui demande le comte. — Comte, je l'o
serais, répond lè baron; — On pense bien
que c'est le mari qui l'emporte; mais après
combien de péripéties !
L'histoire de cette rivalité est desalus in
téressantes , au point qu'on croit plusieurs
fois que les traits de Valfleury vont s'animer.
Ils ne s'animent pas cependant ; tout reste
en dedans. A celte émotion intérieure recon
naissez l'homme véritablement passionné.
Si le récit que je termine ici vous paraît
un peu dramatique, j'ai réussi selon mes
vœux. En l'absence de tout sujet capable
d'exercer la critique, nous n'avons point
d'autre ressource que le romanesque, et no
tre art consiste, je crois, à présenter les vau
devilles en un acte comme si le sort des em
pires y était attaché, comme s'il y allait du
salut de la société, ou mieux, comme des
ouvrages -considérables réduits par un tour
de force d'analyse en un seul numéro. Il faut
•donc que la Perdrix rouge pour une 1
pièce étonnante, d'une invention sans pa
reille, et dans le ton de la haute comédie.
Qiiantauton, elle l'a autant qu'on peut l'avoir
au théâtre du Palais-Royal ; et la meilleure
preuve, c'est que l'acteur Derval joue le prin
cipal rôle. Si vous voyez paraître Derval, dites-
vous que les auteurs prétendent lutter aveç
le Théâtre-Français, et nous offrir une pièce
bon genre qui n'ait rien de commun avec les
lazzis de la maison. II ne dépendait même
que d'eux cette fois, aussi bien quelesautres,
demettre les personnages en poudre et en
habit brodé. Palsembleu 1 pourquoi s'en êlre
privé? La redingote et le pantalon sont d'un
réalisme grossier'; le vaudeville y perd de sat
comédie et de sa dignité. „On connaît le rôle
de M. Derval dans les pièces, bon genre du
Palais-Royal : il est toujours le même et
BtlUSîK ! rue de Falote I'alais-Koyn!), n" VU
B 1852.-LDHDI 26 JUILLET.
ÇâïX »3 L'.&.30ÎSÏ«E£ÏÎS£*
fARIS. ...... 18 ï. PAB TRIMESTE1,
BIPABTEMENS.. 16 î. —
EH NUMÉRO : Si) csNTuna*
fovî lb 3 pats rtbisefflts , se reporter
eu tableau qui sera publié dans le journal,
tas 10 et 25 de chaque moi».
Les abonnement datent des l"et 18
de chaque siûit.
«M
.
:
\ i
0
S'adresser, franco, pour la rédaction, â Mï CncEEVAX-CuaiGNy, rédacteur eti chef.
Les articles déposés ne sont pas rendue)
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
' i On s'adonne, danslet département, ans Messagiries et aux Emettons deppste'.—A Lowln s, chez MM. CowiEef fils * i ■ fft8xi$0Ï m-Boni»
{ -i Sttaibourg'tk** M. A lsïanbhs , ;>
PARIS, 25 JUILLET.
Les élections du 8 juiû en Belgique ont
eu pour , coaséquemsft. unecrise ministé
rielle qui dure depuis près de quinzejours, et
dont on n'entrevoit pas encore le dénoûment.
Cette crise a pris naissance dans un dissenti
ment qui s'est élevé au sein du ministère
belge sur la façon dont on devait apprécier
le résultat des élections.
Le chef du ministère belge, M. Rogier, et
plusieurs de ses collègues ne croyaient pas
que la situation du cabinet'fût changée.
En accordant au parti clérical tous les
noms qu'il réclamait, on arrivait à por
ter à 44 voix le chiifre de l'opposition ;
or 44 voix dans une chambre de 108 mem
bres ne peuvent jamais constituer une ma
jorité» Le pouvoir appartenait donc in
contestablement à l'opinion libérale, et
par conséquent aux hommes que cette opi
nion a portés au ministère en 18-17. On fai r
sait remarquer que toutes les villes impor
tantes du royaume avaient nommé sans ex
ception des candidats libéraux à de très
très foi tes majorités, etquelegouvernement
n'avait suhi d'échecs que dans de petites loca
lités qui comptent à peine deuxou trois cents
électeurs. On ajoutait enfin qu'une retraite
était inopportune à la veille du jour où expi
rait le traité de commerce avec la France, et
au moment où les négociations pour le re
nouveler étaient en bon train. ■
Un homme dent l'avis méritait d'être
compté, à cause de la position qu'il occupe
à la tête de la chambre des représentais, à
cause desagrande popularité et de l'appui
qu'il a donné au ministère dans les jours les
plus difficiles, M. Verhaegen encourageait vi
vement les ministres à la persévérance. Leur
retraite étonnerait le parti libéral , jette
rait le trouble et la confusion dans ses
rangs ; il fallait, au contraire , lenir boa,
afin que toutes les forces, du parti pus
sent se rallier autour du gouvernement,
et, si plus tard un nouvel appel au pays était
nécessaire, il valait mieux descendre dans la
lice électorale comme ministres que comme
chefs d'opposition.
Le ministre des finances, M. Frère-Orban,
était d'un avis" tout différent. C'était contre
lui que se dirigeaient depuis deux ans tous
les efforts de l'opposition; c'était sur sesactes
qu'avaient roulé tous les débats des d'eux
chambres, c'était sa politique financière qui
avait fait tous les frais de la polémique
électorale ; il se sentait plus directement
atteint que seb collègues par les. pertes
que le parti libéral avait faites dans la
lutte. Il soutint que le ministère, arrivé de
haute lutte aux affaires en 1847 par un
triomphe éclatant, ne pouvait garder le pou
voir.après une élection qui avait diminué
ses forces et accru celles de ses adversaires.
Sa situation s'en trouverait amoindrie ; il se
verrait contester ses droits à gouverner ; il
épuiserait, dans des débats stériles, une vi
talité qu'il fallait ménager pour la lutte dé
cisive. Il était donc plus conforme aux prin
cipes constitutionnels, et plus utile à l'ave
nir du parti libéral de se retirer devant une
manifestation incomplète et contestable de
l'opinion publique, que de paraître récuser
le jugement des électeurs.
M. Frère-Orban annonça donc sadétermi- ,
nation de "donner sa démission. M. Te»cli,
ministre de là justice, qui était absent et dont
la santé est fortement ébranlée, fit savoir à
ses collègues sa résolution de quitter égale
ment les affaires. Cette décision lui était im
périeusement commandée par le soin de
sa santé,- elle était irrévocable; mais M. Tesch
uj CuC '.iiiit pus à ses collègues qu'il parta
geait dans une certaine mesure l'opinion de
M. Frère-Orban sur la situation. Devant cette
détermination de deux membres du cabinet,
leâ autres ministres pensèrent qu'une retraite
collective était plus convenable, et ils en
voyèrent tous leur démission au roi Léo-
pold.
Le premier effet produit par la retraite du
cabinet justifia les prévisions de M. Frère-Or
ban. L'organe principal du. parti clérical,
l 'Emancipation,quineseîdisail point illusion
sur la faiblesse de l'opposition, nedissimulani
sa surprise- ni son désappointement : elle
feignit de ne rien comprendre -à Ja con
duite du ministère, g Qçtte réiolùtijm ?ôî3E^
daine, disait-elle, qui causera, sans doute,
une vive surprise, sera difficilement expli
quée.» Laretraitedu cabinet ruinait d'avance
le plan de campagne annoncé par l'opposi
tion. Parmi les soixante-quatre députésque le
parti clérical ne peut revendiquer, il en est
un certain nombre qui diffèrent d'avis avec
le ministère sur plusieurs questions se
condaires ; il suffisait donc de détacher
une dizaine de voix pour arriver à mettre
le cabinet en minorité. Eu laissant à l'écart
les questions purement politiques et en por
tant tout l'effort de l'opposition sur les ques
tions subsidiaires, ou se fhttait d'iafliger
au ministère une série de petits échecs
où se seraient usés sa force et son crédit :
on l'aurait ruiné en détail, comme il vient
d'arriver de lord John Itussell et du cabinet
wliig, et on l'aurait forcé à se présenter de
vant les électeurs avec un prestige perdu, et
compromis vis-à-vis plusieurs des adhérens
actuels du parti libéral.
La démission du cabinet a eu pour consé
quence immédiate de ramener l'attention sur
la question capitale de savoir à quelle opinion
appartiendrait le gouvernement de la Belgi
que. Le parti libéral doit-il conserver le pou
voir? Le parti clérical est-il en état de le pren
dre et de le garder? Où est la majorité? Telle
est la question que chacun s'est faite le jour
qù la retraite du cabinet a été connue; C'est
la question que le pays continuera à se faire
liant que la crise ne sera pas terminée. Le
problème ainsi posé, toutes les "questions
secondaires s'effacent et disparaissent. Si
la veille do la crise on avait demandé à
M. Leclercq ou à M. Lebeau leur avis sur
la conduite du ministère, tous deux au
raient sans doute insisté sur plus d'une
dissidence ; tous deux viennent de décliner
la mission de former un cabinet. Que ré-
sulté-t-il delà, sinon que le parti libéral,
malgré des nuances inévitables, n'a pas cessé
de conserver son homogénéité?
Or, si le parti libéral est demeuré homo
gène, si les soixante-quatre voix-qu'il comp
te dans la chambre dès représentai ont
plus d'affinités entre elles que de motifs d'é-
loignement, il est évident que le parti clé
rical ne peut aspirer à gouverner, attendu
que sa présence au pouvoir réunirait dans
une opposition commune ceux que l'exerci
ce de l'autorité a seul divisés. Le dénoûment
inévitable de la crise sera donc le maintien
de l'opinion libérale au pouvoir et le retour
aux affaires d'une partie des ministres nui
viennent de donner leur démission.'
Ce résultat, que la force des choses paraît
devojr amener, n'a rien que de parfaitement
, ustifiable. Le ministère Rogier a rendu
d'incontestables services à la Belgique. Il a
occupé cinq années le pouvoir, et cette
longévité prouverait à elle seule en sa fa
veur. Il a eu à traverser une disette, les
révolutions du continent, et les crises les
plus périlleuses : il a su maintenir l'ordre,
e calme, la confiance dans 1 s jours les
>lus difficiles. Il a ranimé l'industrie et l'a
griculture des Flandres, qu'il avait trouvées
en proie au paupérisme le plus affreux . il a
créé des institutions de prévoyance en faveur
des classes laborieuses, organisé l'instruction
publique et restauré les finances. Ce sont là
des services incontestables et qui peuvent
compenser bien des fautes.
Il nous coûte d'autant moins de rendre
justice au ministère belge, que nous l'avons
combattu vivement quand il nous a paru ; dé-
vier de la bonne politique. Quand M. Frère-
Orban, pour ramener l'équilibre dans le bud
get, a eu recours à des impôts nouveaux, il
nous a paru qu'il aurait mieux valu combler
le déficit par des économies, et restreindre
le développement un peu exagéré donné à
des travaux publics qui n'avaient rien d'ur
gent. Nous avons désapprouvé comme im-
politique et contraire aux principes d'une
saine économie, l'împôt sur les successions
qui a compromis l'existence du cabinet,
nous avons désapprouvé bien plus encore l'o
piniâtreté avec laquelle le ministère belge a
forcé la main au sénat, dont la sage et pru
dente opposition aurait-dà l'éckirer. —
" Les fitfts ont montré si nous avions rai
son. Le ministère, confiant dans sa majorité
et dans ses premiers succès, a cru qu'il pou
vait être impunément exclusif et intolérant. '
Il s'est, en toute occasion, refusé aux moin
dres concessions, il n'a reculé devant aucune
extrémité pour imposer même à ses amis ta
volonté tout entière. Eu vain on l'a averti
qu'une telle conduite détachait deJuides
hommes dont le concours lui était in- -
dispensable, et mettait en péril pour l'a- ;
venir, l'existence du parti libéral : il a per
sévéré dans cette politique à outrance qui
éloignait de lui les hommes modérés de
son parti. Or, c'est la défection et l'abs- i
tention de t ces hommes modérés, qui ont
été les causes principales des échecs électo- i
raux du ministère, et qui ont fait croire à
la possibilité d'un tiers-paiti et d'un minis
tère de transaction.
Nous souhaitons sincèrement que ce ré- >
suftat d'une politique trop absolue ouvre i
Ic-s yeux aux hommes éminens qui vien- i
nent de quitter le pouvoir. Nous désirons
que le parti libérai conserve Ja direction des
affaires, parce qull a derrière lui la grande i
mnjorité de la nation. Il est indispensable à
la Belgique d'avoir un gouvernement fort et !
stable, autour duquel le pays se rallie una
nimement aux jours de crise. La Belgique a
donc besoin avant tout de l'accord de tous
les hommes modérés, comme première con
dition de l'union nationale. Concilier et
calmer les esprits, rallier. tous les hommes .
sincères que des idées trop absolues n'éga
rent pas, tel nous parait être le premier devoir
du ministère belge. Nous ne voyons là rien
qui soit incompatible avec Inexistence d'un
ministère libéral. M. Frère-Orban, avec
l'ardeur de son caractère, ses habitudes do
minatrices et la rigueur absolue de ses
idées en ferait difficilement partie, mais
M. Frère-Ttrban, dont la droiture est connue,
n'est pas de ces hommes qu'on a pour enne
mis implacables, le jour où on est obligé de
se séparer d'eux. M. Verhaegen a montré en
1848qu'il savait écouter la voix du patriotis-'
me, et faire au salut de son pays d'hono
rables concessions ; il ne refuserait pas à
un ministère libéral modéré l'appui qu'il a
accordé au dernier cabinet. Les difficultés
ne sont pas moins grandes aujourd'hui,
pour être moins apparentes, qu'en 1848.
L'estime qui n'a point cessé d'entourer M.
Lebeau,lapopularité naissante de M. T'Iîindt
deNaeyer; les talens dont ont fait preuve deux
ou trois des jeunes- députés de l'opinion*
libérale modérée indiquent assez à j quels
hommes le dernier ministère devrait deman
der un rajeunissement qui profiterait à l'opi
nion libérale et àia Belgique tout entière.
CuCHEVAX-ClAElGNT.
Le Morning-Post revendique déjà pour le
ministère anglais une majorité de vingt
voix. Le Globe continue, au contraire, d'at
tribuer cinq voix de majorité à l'opposition.
Sir George Grey a définitivement succombé -
dans le Northumberland. C'est le cinquième
des membres du dernier cabinet whig qui
cesse de faire partie de la chambre des corn-
munes.
Nous trouvons, dans le journal la Suisse,
l'analyse du projet de Coie pénal fédéral,
rédigé, dit ce journal, d'après le texte même
de ce projet et d'après le message aux deux
chambres des Etats :
« La question de savoir si l'on appliquera la loi
pénale aux actes commis à l'étranger, a été résolue
conformément ail Code français, mais dont les dis
positions à cet égard ont été récemment modifiées.
Le projet veut que les peines statuées dans le Co
de suisse ne soient applicables , quant aux actes
commis à l'étranger, qu'autant que ces actes met
tent la confédération en danger ou lui causent un
dommage.
» La peine de mort est .écartée de ce Code, bien
que le message reconnaisse que la sévérité de c^.t-
te peine se justifie à l'égard de ce'ui qui porte les
armes contre sa patrie. On propose la réclusion
pour dix ans au riioins, jusqu'à p- rpetuité, par res
pect, dit le message, pour l'art. 54 de la Constitu
tion fédérale. Toutefois, les assises fédérales peu
vent, pour le3 crimes ordinaires, appliquer la loi
cantonale, et, conséquemmtnt-, la peine de mort.
» L'art. 41 de ce projet de Code défend, sous
peine d'amende, ou, s'il y a lieu, de réclusion,
d'entrer en relations diplomatiques avec; un gou
vernement étranger ou un de ses agens, dans
-H-'inï^ntion -d'influer, sur h conduite 3e cet Eut
enfers la . Confédération. On ne manquera pas de
.trouver.cci article foit singulier à cerfeiiis égârdfcj
-toujours est-il qu'il faudrait définir le fait coupa
ble ; car' ces relations pourraient être très inno
centes,' et même très utiles à la Confédération.
On a dit récemment} par exemple, que M. le gé
néral Dilfour et M. te dticieUr Kern ont exercé
une influence salutaire à la Suisse, et il ne paraît
pas qu'ils aient demandé la permission de le foire,
ainsi que le veut le projet Druey.
» La violation d'un territoire étranger serait
punie Je l'emprisonnement avec amende. L'outra
ge public fait à une nation étrangère, à son sou
verain ou à un gouvernement étranger, serait
puni, dans les cas graves, de deux ans d'empri
sonnement, pourvu qu'il y ait réciprocité envers
la confédération. Nous pensons qu'il s'agit aussi
des outrages commis par la voie de la presse ; en
ce cas, les journaux ainis du législateur auront à
se Lien tenir. m".
» Nous reviendrons sur ce projet de Code, qui
traite, en outre, des crimes contre l'ordre consti
tutionnel et la sûreté intérieure, tt contre les fonc
tionnaires féicrauï, etc. -
» Il est bon de protéger ces fonctionnaires ; mais
il est aussi juste que le pnb'ic soit protégé La loi
ne doit pas créer un privilège d'un côté, l'oppres
sion de l'-autre côté. ... . »
■ «Quant aux délits commis par la voie de la
presse, par écrit ou oralement, h projet Druey est
infiniment plus menaçant que la loi bernoise. Nous
le recommandons aux adversaires de cette loi. » •
Dans une lettre adressée aux journaux de
son département, M. le préfet de la Dordor
gne règle i'exerciqe d'un droit que la légis
lation nouvelle a conféré aux fonctionnaires,
croyons utile de reproduire cette lettre ;
« Périgeux, le 22 juillet 1852.
» Monsieur le rédac teur,
» Quelques fonctionnaires croient qu'il leur
est permis de faire insérer dans les jour
naux de départemens, des communiqués ou
même des aitieles de fonds, pouvant, à un
degré quelconque, engager la politique du gouver
nement. 11 importe que cet abus cesse. Le préfet,
seul responsable de la direction du département,
est et doit être en même temps le seul juge de la
portée de ces publications, il. appartient à lui seul
de les autoriser où de les interdire. >
§£» En conséquence; et.je me conforme en cela
aux ordres que je reçois de M. le ministre de l'in
térieur, je vous invite à n'accueillir comme ayant
u'n caractère officiel, q«e les communications éma
nées de la préfecture.
» Agréez, etc., Le préfet delàDordogne,
» A. DE CALVIMOKT. »
L'assemblée générale des directeurs et des
administrateurs de la caisse d'épargne de
Paris a entendu,, dans sa séance du 22 de ce
mois, le rapport de M. F. Delessert, prési
dent du conseil des directeurs. Ce rapport
vient d'être imprime. Nous y puisons quel
ques résultats principaux :
• À la fin de l'année 1850, le solde dù aux déposans
était de 37,746,794 fr. 94 c. • ■
La caisse d'épargne de Paris a reçu, en 1851, pour
le compte des déposans, savoir :
En 208,751 versemens, dont 26,516 nouveaux, la
somme de 25.305.434 »
,.En 835.transfcrts 7 rccetles pro- • .
venant ; aescaissesTd'épargne dé«- r < " '
parlementais. ■ 381.S35 89
En intérêts capitalisés et arré- ■.<
rages de rentes 2.173.678 46
Ensemble £.7.860.440 35
Elle apayé par contre aux déposans :
En 65,403 remboursemens en espè
ces, dont 21,399 pour solde, la somme
de 19.048.957 11
En 1,665 transferts-
paiemens envoyés aux
caisses d'épargné des
départemens 390.598 8
En . 6,831 achats de .
rentes faits pour comp
te et sur la demande
volontaire desdéposans 6 349.522 40
En intérêts annulés,
etc 19.668 37
25.808.745 96 25.808.745 96
Excédant pour 1851 des recettes
sur les paiemens
A quoi il faut ajouter le solde dû
aux déposans au 31 décembre 1850
ci-dessus mentionné
2.051.694 39
37.746.794 94
Ce qui donne pour solde dû à
17S.995 déposans au 31 décembre 1851 39.798.489 33
Les versemens ont t été à peu près les mêmes
dans les deux années :'en 1850, 25,600,000 fr.
1851, 25,300,000 fr.
Mais les retraits ont présenté cette grande dif
férence, que tandis que ceux de 1850 ne s'éle
vaient qu'à 9,800,000 fr.
ceux de 185 i ont été de 19,000,000
• NCtas trouvons encore ici une nouvelle preuve
des observations qui ont été faites si souvent de
puis l'établissement des caisses d'épargne 'sur les
effets jproduits sur les versemens et les retraits par
les inquiétudes politiques. L'année 1850 avait été
en général assez calme, aussi il y a eu peu ,de
perturbation dans les mou/emens généraux de la
caisse; mais vers les derniers mois de l'851, les
préoccupations sur les événemens de 1852 se
sont tut sentir, et vous pourrez en juger par le
relevé que voici des versemens et des retraits des
trois derniers mois de 1850 comparés aux trois
derniers de 1531 .3^ ' , „
■ Versem ;ns «îes trois derniers môis de 1850, 6
millions ; trois rienvers mois de 1851, 3 millions.
"ïlrttrai's "de.-, tréli derniov" îuois de 1850,
• 4-,■200,000 fr. ; tf«8«ierniers eiois- ée l 8al, g mil
lions. ■
Et- pouf le mois de décembre seulement :
Versemens de 18S0, 2,400,000 fr.; de décembre
1851,1 million. , .<
Retraits de décembre 1850, 900 tf 000 ft. 5 de dé
cembre 1851, 2,400,000 fr.
En définitive, ainsi que vous l'avez vu, les re
traits de 1330 n'ont été que 9 millions, et ceux de
1851 de 19 millions. (
Nous devons toutefois signaiÊf qtte les place-
mens en rente faits volontairement par Itîs dépo
sans, indépendamment des retraits e» espèces, se
sont élevés, en 1851, à la somme de 6,300,0.00 fr.,
tandis qu'ils ne s'étaient élevés, en 1850, qu'à
2,100,000 fr.
Le rapport examine ici les effets de la loi^
du 30 juin 4851, qui a modifié en plusieurs
points la législation des caisses d'épargne.
« Yous savez que le principal but de celte loi
était de modérer l'action des caisses d'épargne pour
diminuer la responsabilité du treSor, e.ins touti fois
vouloir nuire à l'efficacité :de l'institution, problè
me qui avait déjà été posé plusieurs fois, et, dont
la solution présente toujours les mêmes difficultés.
■ » En restreignant à 1,000 fr. le maximum des
versemens, fixé précédemment à 1,500 fr. pour les
vèrscffiens et à 2,000 fr. ayec l'accumulation des
intérêts, la loi a-t-elle produit les résultats que le
gouverne.i ent en attendait? La réponse à cette
question nous parait encore fo't indécise et le
fera longtemps, selon les diftVrens aspects sous
lesquels on peut considérer les caisses d'épargne :
celui des avantages immenses, qui en résultent
pour la moralité.des classes ouvrières ou celui;des
charges qu'elles, peuvent imposer au trésor pu
blic. _ v- -—
» Le? caisses d'épargne ies départemens, que
nous avons consultées à cet égard, nous ont fait
des réponses fort diverses.
» Un des motifs qui ont contribué à faire adop
ter un chiffre aussi minime que celui de 1,000 fr.
pour maximum des versemens (minime surtout
pour Paris où les salaires sont plus élevés), est la
faculté que chaque membre d'une famille a de se
taire ouvrir un compte personnel; aussi nous n'a
vons pas été surpris de voir s'augmenter le nom
bre des nouveaux livrets.
» Il nous paraît que cet inconvénient ( qui nous
a été signalé dans plusieurs des réponses des cais
ses départementales; est bien faible si on le .com
pare aux inconvéniens qu'entraînerait la suppres
sion de cette faculté dont'le maintien a été l'objet
de fréquentes discussions et d'un examen appro- '
fondi dans lès délibérations relatives à la loi du
30 juin 1851. , '
» Il nons parait évident, malgré des opinions
contraires et fort respectables, que, dans un grand
nombre de cas, les intérêts pécuniaires sont entiè
rement distincts pour les difTérens membres d'une
famille, et que les confondre dans un même
compte ou -les restreindre à un seul.serait agir
contrairement à des considérations de haute mo
ralité que nous avons toujours mi«es en première
ligne dans nos délibérations. Et d'ailleurs quilles
difficultés dans la pratique ne soulèverait pas l'exé
cution de la restriction d'un livret par famille! » "
» Quant au maintien du maximum-à 300 fr. dé
chaque versement, il nous" paraît avoir eu tous
les avantages qui ont été développés avec tant de
force, Foit dans les délibérations qui ont précédé
l'adoption de là loi, soit dans vos précédens rap
ports, sans ajeoir tes inconvéniens qui préoccupent
quelques personnes. ' ' ■
» L'achat d'office de 10 fr. de rente, ordonné
par l'article 2 de la loi du 30 )uin pour tou3 les
comptes excédant 1,000 fr. après règlement annuel
des intérêts, et dont les soldes n'ont pas été abais
sés dans les trois premiers mois de l'année sui
vante, a remplacé la cessation des intérêts qui, aux
termes de la loi de 1845, frappait toùs les comp
tes supérieurs à 2,000 fr. Cet achat d'office, mis à
exécution pour la première foi? le 1 er avril dernier,
a été appliqué à .1,979 comptes, auxquels on a
transféré 19,790 fr. de rente 3 0/0 au taux de
71 fr. 25 c. »
Arrivant à la réduction des intérêts, le
rapporteur poursuit ainsi :
« Nous l'avons dit souvent, ce n'tst pas l'appât
d'un gros intérêt qui attire la plupart des déposans
de la classe ouvrière ; ils recherchent avant tout
la sûreté du placement et la facilité du retrait; et
si cette assertion avait encore besoin d'être corro
borée par une nouvelle expérience, on la trouve
rait dans l'abondance des versemens de cette an
née 1852, pendant laquelle les déposans ne reçoi-
'épargne.
» L'administration des finances s'étant refusée,
malgré nos instances, à appliquer les prescrip
tions de l'article 2 de la loi du 30 jiiin aux
comptes qui se trouvaient créanciers de plus de
1,000 fr. avant la date de cette loi, et ayant vou
lu maintenir !a mesure rigoureuse dù non-paie
ment des intérêts sur ces? comptes, rfbu s avons
dù chercher à atténuer tout ce que cette me
sure avait de fâcheux pour les déposans qu'elle
atteint, et ne négliger aucun des moyens a& pu
blicité et d'avertissement qui étaient à notre dis
position. Par suite de ces avertissemeris de toute
nature, nous avons vu successivement diminuer le
nombre des comptes qui, supérieurs à 1,000 fr.
au moment de la promulgation de la loi, devaient
trois mois après être'privés de toute bonification
d'int'-rèts au* 30 juin 1851 ; 12,004 comptes
étaient dans cette position , et leurs soldes réu
nis présentaient un capital de 16,006,258 t. 13 c.
Sh- 1®.octobre suivant, terme fatal assigné a 1 ap
plication de la -mesure ; le nombre de ces comptes
était déjà- descendu à 2,293 possédant un ca
pital de 3,043.729 fr. 99 c,, qui, augmente de»
ialéràts ils avaient droit^pour ieë neut
premiers mois de Vannée* c'est-à-dire de 4^,017 if»
iOc./forûïait une somme totale 3,087,7d8lr. 9c.>
laquelle devefl&itioutà fait improductive ; niais, par
suite de nos avertissement aux déposans, toutes
nos démarches, au .31 décembre 1851 ili ne resiait
plus que' 971' comptes, dont le solde- (1,302,569 tr.
f(0 C.) subissait l'annulation des intérêts pendant
trois liiois ; et enfin, au 31 mai 185ï, il ne restait
plus de cette catégorie que 298 comptes ^au capital
dé 397,899 fr. 21 C.,'qui probablement a .wnsu ae
leurs titulaires, continueront à encourir une péna
lité dont la rigueur s'aggrave de jour en lour. ; *
■ n Le résultat définitif de cette suppression par
tielle ou totale des intérêts pendant le dei'nier tri
mestre seulement de 1851 s'est'élevé h la somme
de 22,093 fr. 61 c. - dont la caisse des deppts et
.^consignations a opéré le retranchement sur l'en--
sembla des intérêts alloués à la çaiise .a épargné
de Paris pour l'exercice écoulé ; triste reveiiu pour
l'Etat, prélevé en grande partie sur l'épargne des
classes ouvrières. » ■ ;
Quelque opinion, du reste, que l'on se
fasse des dispositions restrictives de Ja loi
de juin 1831, elles n'ont pas empeché les:
caisses d'épargne ds reprendre leur essor ;
car; à partir du mois de. janvier 1852, les
versemens, soit eiî sombres, soit eu som
mes, ont suivi une proportion-ascendante,
et il faut remonter aux année? les plus pros
pères, soit à Paris, soit dans les départemens,.
pour trouver des recettes aussi abondantes
et aussi multipliées que dans les premiers;
mois de 18S2. ■
Eù effet, les recettes des cinq premiers
mois de 1852 se sonf élevées à 16,370,000 f,
et-les remboursemens à ... :. 7 ; 9ô0,000
Ce qui donre pour ces cinq mois une aug
mentation de 8,400,000 fr.; et d'après les
renseignemens obtenus des départemens", les
versemens ont été aussi fort abondans dans
les premiers mois de 1852. La totalité des dé
pôts des caisses départementales était, au 30,
mai 1852, d'environ 152 millions.
Le rapport annuel de la caisse d'épargne
donne le relevé par classes des quotités de
tous les soldes existans au 31 décembre : de ;
chaque année.* > i
« Les données de ce travail pour 1851, dit le
rapport, différent essentiellement des résultats pré
sentés dans les exercices précédens, parce qu'au
mouvement .régulier des compîcs sont venus se
joindre, à dater de la loi du 30 ju^n-1851, l'ef
fet produit par cette loi et l 'abaissement du
maximum des livrets â 1,000 fr.; sur le» l'7ô»996
déposans ayant des comptes ouverts au 21
décembre 1851 , 146,413 ne possédaient que .
de 1 à 500 fr. (ensemble 15,999>056 fr. 17 c.,
c'ést-à-dire 109 fr. en moyenne par chaque livret;
24,627 de 501 fr. a 1,000'fr. (ensemble 18,233,039
fr. 96 c.), soit 740 fr. en moyenne; et entin 4,744
dépassaient le maximum de l,000jf.Sur ce dernier
nombre, on se rappelle que nous avons constaté ,
971 comptes devenus improdùctifs d'intérêts,, et
3,773 ayant excédé 1,000 f. depuis la promulgation
de la loi, et qui auraient donné lieu à l'achat de
rentes d'office s'il» étaient restés stationnaires.
» Parmi les remplaçans militaires, 81 réunissant
97,313 fr. 94 c., ont une moyenne de l,2i)i fr., et
131 sociétés de secours mutcels n'ont pas nîoins
de 286,380 fr. 37 c„ soitunemojennede2,186 fr»
Neuf sociétés sont encore venues, depuis le com- \
mencemcnt de 1852, augmenter le nombre de ces
comptes collectifs; qui peuvent s'élever jusqu'au
maximum de 8,000 fr.
» On sait que les. membres de ces sociétés ont
souvent un compte personnel tout à fait indépen
dant de celui de la société dont ils fo«t partie.
» 11 n'en est pas de même des versemens indivi
duels et presque toujours mensuels effectués simul
tanément pour certaines classes d'ouvriers appar
tenant au service municipal ou à de grandes en
treprises, et dont le montant est prélevé par les
administrations elles-mêmes sur les salaires des
ouvriers qu'elles occupent habituellement. Les
sommes qui proviennent de ces versemens ne sont
disponibles qu'à la sortie des titulaires, ou pen-
dant la durée de leurs fonctions, avec le consente
ment exprès et par écrit des chefs de Ces adminis
trations respectives. _ • ■ 1 .
» En tête.deces catégories, il faut placerlescan-
tqpniers paveurs, pour lesquels ii a été verèé plus
de 15,000 fr. en 1851 seulement. Des apprentis
placés par la ville ont des. livrels dont le montant
provient des remises obtenues sur dej< prix d'ap
prentissage accordés aux meilleurs élèves des éco- ,
les par le conseil municipal ; ces livrets sont sou-
mis aux mêmes conditions.
»Les ouvriers de la manutention des vivres de la
guerre, ceux de la douane, ceux du chemin de fer
d'Orléans, les cochers, conducteurs, palefreniers
de la compagnie générale des omnibus, etc.,
donnent lieu à des opérations semblables et
sont assujettis aux mêmes règles. Enfin, sans
parler des dons faits par l'Etat aux orphelins
des victimes des diverses épidémies, révolutions
ou émeutes depuis 1830 jusqu'à ce jour, il existe
une assez grande quantité de comptes destinés à
recevoir les prix et récompenses donnés, soit par
la ville de Paris, soit par des sociétés de.bienfai
sance, soit même par des particuliers, aux élèves
des écoles communales ou privées, à ceux de l'as-,
sistance publique des Sourds-Muets, des Jeunes
Aveugles, des Jeunes Détenus du département.de .
la Seine, des Amis de l'Enfance, etc., etc.
» C'est toujours avec satisfaction que nous
voyons la succursale du 8 e arrondissement appe-
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL , 26 JUILLET.
THÉÂTRES.
théâtre du PALAis -boval : la Perdrix rouge, vau
deville en un acte, de MM. "Decourcelles et Lam
bert Thiboust. — La Tête de Martin, vaudeville en
un acte de MM. Barrierre et Decourcelles. — Re
prise du Voyage à Pontoise au Théâtre-Français.
La semaine s'est encore passée bien dou
cement, et deux petits vaudevilles en ont
fut tous les frais. Le plus joli feuilleton du
monde ne peut donner que ce qu'il a ; il
faudra que vous vous contentiez.de la Per
drix rouge et de la Tè-ie de Martin. Si vous
n'êtes point contens , prent z ,i nos têtes 1...
Mais , à quoi cela vous servirait-il? Mal
gré le vide du répertoire, je ne me sens
pas la force d'entamer sérieusement un cours
de critique à l'occasion delà Perdrix rouge et
de la Tête de Martin. Un beau lieu-commun
nous serait à tous d'un grand secours; mais
encore vaut-il mieux, je crois, parler de la
Perdrix rouge avec quelques détails, vu la
nouveauté de l'intrigue et la curiosité du ti
tre. Pourquoi la perdrix est-elle rouge et la
pièce un peu... comment dirais-je cela?...
un peu grise?... On préférerait que la per
drix fût grise et la pièce... Coupons court au
préambule avant qu'il ne s'embarrasse da
vantage.
Le théâtre du Palais-Royal,—c'est à ce bien
heureux théâtre que les nouvelles destinées
de l'art ont été confiées toute la semaine du
rant,—le Palais-Royal, dis-je,nous a donné
la Perdrix rouge-, cela est grand, cela est
généreux de sa part ; peu importe que la per-
drixsoit rouge ou grise ; toujoura est-il que
sans luinousn'aurion^point de gibier.—Pan 1
— entendez-vouslecoup de fusil? La perdrix
en tient, et tombe dans la coulisse ; Azor
aboie.—A moi, mon chien, apporte ! — Pro
bablement Azor fait son devoir, car le chas
seur, sans plus de réflexions, entre au châ
teau le carnier sur le dos. 11 faut vous
dire qu« M. de Lucienne, — ainsi se nom
me le chasseur, — est un intrépide. Le
gibier mène cet homme-Jà par le bout du
nez, il le conduit juque dans les endroits ha
bités, dans l'intérieur des fermes et des châ
teaux. M. de Lucienne poursuivrait un liè
vre jusqu'au quatrième étage ; jugez s'il hé
site à tuer une perdrix sous la fenêtre du
salon, une perdrix rouge surtout-. Par exem
ple, au bruit du fusil, les gens qui se trou
vent'dans le salon poussent un cri de sur
prise bien naturel. La comtesse de Noisy dit
avec uncertain mécontentement :— Je trouve
étrange qu'on vienne chasser à traders mes
plates-baudes. M. de Valfleury ajoute : —
L'impertinent mériterait qu'on lui dréssàt
proces-verbal ! ;
Quel est donc cet intéressant Valfleury?
Vingt-cinq ans à peine, une bonne éduca
tion, les pieds en dehors, et le cœur tendre,
voilà Valfleury; puis, imaginez une figure
qui ne dit rien et une bouche qui parle
toujours, vous avez l'original au complet;
de plus Valfleury se présente' comme pos
sesseur ; d'uue fortune honorable. A coup sûr
ce serait un bon jparti pour Mine de .Noisy.
"Mme de Noisy est jeune, elle est veuve, mais
si peu, qu'elle pourrait se donner pour de
moiselle; elle s'ennuie, et pourtant les décla
rations lui tournent sur le cœur. — Mon
Dieu 1 Messieurs les galans, laissez-moi donc;
mon premier mariage me suffit-; dispensez-
moi du reste.
— Plutôt mourir que de ne point obtenir
votre main, répond Valfleury, sans changer
de visage, mais d'une voix 'irrésistible.
— Et qu'en ferez-vous, de ma main?
— Petite méchante 1
■-T- Je suis bonne, au contraire.
— Epousez-moi.
,— Un peu plus tard.
— Quand?
— Le mois prochain.
— Alors, faites-moi un billet.
; — Vous voulez un billet, baron ? prenez
côlui-ci : « Bon pour ma main, etc. »
Ah ! le bon billet qu'a ce cher Valfleury I
La conversation, en est là au moment où
l'on tire sur la perdrix rouge. Cependant le
chasseur, quoique intrépide, sait son mon
de; à peine s'apèrçoit-il de son inconvenance,
qu'il la veut reparer et se fait présenter au
maître de la maison. Voyant le chasseur en
trer, la veuve se sauve pour aller faire,
comme on dit, un bout dt toilette, et laisse
Valfleury.
— Palsamhleu! Valfleury, c'est toi, dit M.
de Lucienne en reconnaissant son ami, je te
présente mes excuses ; ces perdix rouges me
font toujours faire dns folies.
— Mon cher Lucienne, tu diras tes raisons
à la maîtresse du château.
— Quoi! ne suis-je pas chez toi?
— Non.
— Et chez qui sommes-cous alors?
— Chez.Mme de Noisv.
- — Qu'entendez-vous par ces paroles?
-+• J'entends une veuve adorable... Ahl
mon ami... une veuve qui...
Bref, l'émotion de Valfleury est telle, bien
que sa figure n'en dise rien, qu'il ne peut
trouver un mot de plus avant que Mme de
Noisy ait achevé sa toilette, et dès que Mme
de Noisy revient, il se sauve, dans la crainte
sans doute qu'on ne lui reprenne son boû
billet. — Mme de Noisy entre donc avec un
peu d'embarras que la circoflstance explique,
et M. de Lucienne salue avec une certaine
confusion bien naturelle. Puis tous deux se
regardent: — Quoi! c'est vous? -r- Quoi!
c'est vous? — Ma femme ! — mon mari !
Voici le roman : Il y a environ cinq ans
qu'Hélène a épousé Hector de Lucienne, le
quel était déjà un chasseur forcené. Quinze
jours après le mariage, Hélène vit bien qu'elle
xie s'entendrait jamais avec son mari, qu'il
aimait trop les perdrix rouges, bref qu'il y
avait entre elle et lui entière incompatibilité
d'humeur. J3e son côté Hector se dit qu'il n'y
avait pas de femme qui valût seulement une
perdrix grise; si bien que, d'un commun-ac
cord, Hélène et llertor invoquèrent je ne sais
plus quelle nullité étonnante de contrat, et fi
rent rom pre leur mariage. Depuis ce temps-là,
Hector n'a point cessé de chasser, il est tout
aux perdrix, tandis qu'Hélène, toute à son en
nui, signe pardésœuvrement le billet que vous
savezà ce cher Valfleury.On comprend de res
te qu'après sa rupture avec M. de Lucien
ne, Hélène ait changé de nom et pris celui
de comtesse de Noisy. C'est pourquoi, en
apprenant qu'il se trouvait chez Mme de
Noisy, Lucienne ae se serait guères douté
qu'il était chez sa femme. Mais enfin, il y
est ; et comment s'en tirer?
— Èhbien j Monsieur, vous aimez donc-
toujours la chasse? dit Hélène, la première.
— Un peu plus que la vie, un peu moins
que vous, répond effrontément Hector.
— Ah ! fort joli ! fait Hélène... je vous sa
vais spirituel...
— Je ne vous savais pas aussi jolie.
— Vous riez? mon mari.
— D'honneur, ma femme, je dis l'exacte
vérité. :
Le fait est qu'Hélène a pris comme qui di
rait une petite pointe d'embonpoint qui
l'embellit encore. Hector croirait presque
qu'on lui a changé sa femme; il lie s'en
plaint pas : la nouveauté a toujours de l'at
trait. Hélène trouve aussi qu'Hector - a bon
air : après cinq ans de veuvage, il lui pa
raît mieux fait, un peu bruni, plus vif :
pourquoi ne ras l'avouer?'il lui paraît char
mant. Les voilà donc tous les deux, le mari
et la femme, qui s'enflamment, et, de perdrix
rouges en perdrix grises, on en vient à l'a
moureuse chasse. C'est un fort agréable spec
tacle que celui de ces anciens époux trans
formés en aipans. Mais il y a le bon billet de
Valfleury, sans quoi je pense qu'ils se répou-
seraient tout de suite.
— Hélas! cher Hector, dit Hélène, j'ai
souscrit un engagement.
— Chère Hélène, votre signature ne vaut
rien sans la mienne.
Cependant Valfleury; fort de son billet, fait
ce qu'il peut pour prendre un visage expres
sif. — Oserais-tu bien me disputer ma fem
me? lui demande le comte. — Comte, je l'o
serais, répond lè baron; — On pense bien
que c'est le mari qui l'emporte; mais après
combien de péripéties !
L'histoire de cette rivalité est desalus in
téressantes , au point qu'on croit plusieurs
fois que les traits de Valfleury vont s'animer.
Ils ne s'animent pas cependant ; tout reste
en dedans. A celte émotion intérieure recon
naissez l'homme véritablement passionné.
Si le récit que je termine ici vous paraît
un peu dramatique, j'ai réussi selon mes
vœux. En l'absence de tout sujet capable
d'exercer la critique, nous n'avons point
d'autre ressource que le romanesque, et no
tre art consiste, je crois, à présenter les vau
devilles en un acte comme si le sort des em
pires y était attaché, comme s'il y allait du
salut de la société, ou mieux, comme des
ouvrages -considérables réduits par un tour
de force d'analyse en un seul numéro. Il faut
•donc que la Perdrix rouge pour une 1
pièce étonnante, d'une invention sans pa
reille, et dans le ton de la haute comédie.
Qiiantauton, elle l'a autant qu'on peut l'avoir
au théâtre du Palais-Royal ; et la meilleure
preuve, c'est que l'acteur Derval joue le prin
cipal rôle. Si vous voyez paraître Derval, dites-
vous que les auteurs prétendent lutter aveç
le Théâtre-Français, et nous offrir une pièce
bon genre qui n'ait rien de commun avec les
lazzis de la maison. II ne dépendait même
que d'eux cette fois, aussi bien quelesautres,
demettre les personnages en poudre et en
habit brodé. Palsembleu 1 pourquoi s'en êlre
privé? La redingote et le pantalon sont d'un
réalisme grossier'; le vaudeville y perd de sat
comédie et de sa dignité. „On connaît le rôle
de M. Derval dans les pièces, bon genre du
Palais-Royal : il est toujours le même et
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