Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-07-24
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 24 juillet 1852 24 juillet 1852
Description : 1852/07/24 (Numéro 206). 1852/07/24 (Numéro 206).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
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NUMÉRO 306.
ISSïf&SSJLtm î rue tïe Valoi* iPAlafs-Eoyal), n® i®5
Mi—m nmnrimni witnWTiiiivv rirn
4 8!t«.-SAMEDI 94 JUILLET.
PUS BB -ï.'&BOKKESSISK 'Sfl
PARIS. V «r. M* TKIMïSTBïS
PAftrïMESS. I8ï. ' —
US NUMÉRO : 30 CENTIMES."
fona lss pats etraïigkks , se reporte*
a-i ïaDiaau qui ^era publié dans le îouraii;
les 1 .6' st îs de oii&qus moisi
"ïii"
M
tes aZcmotens datent des i" et 1S , ■
de ckdqui mois;
S 'adresser, -franco, pourla rédaction, à M. CtCHKVja-Cusim, rédacteur en chef.
Les articles déposés ne sont pas rendus
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIYERSEL.
IOn s'abîme, dans la dêpartemetis, aux Messagerie et aux Directions de poste.—A Londres, ches MM. Cowis et pus ; |
— A Strasbourg, chez. M. AtHUKEBl, pour l'Allemagne^ I »
S'adresser, franco? pour l'administration, â M. Dmia, directeur:
aces sont re'çnes au bureau du journal; et ches M. PÀNIS, régisseur, le, place de la 'Bua; i
l'AllIS, 25 ïlt7lliL£T«
Deux élections de comté ont préoccupé vi-
Yemeut l'attention publique eu Angleterre,
celle du Middlesex et celle du Northumber-
land. Le Middlesex, dans lequel est enclavée
une partie de Londres, avait, dans la session
dernière, pour députés un représentant de l'a
ristocratie libérale, lord Robert Grosveaor,
dont la famille a de grandes propriétés dans
le comté, et M. Bernai Osborne. Ce dernier
est fils de M. Bernai, ^président des comités
de là chambre des communes, qui vient
de perdre son siège à Roch ester, où il a été
remplacé par un tory! M. Bernai fils, qui
qui a pris le nom d'Osborne depuis sou ma
riage avec une riche héritière irlandaise, ap
partient à la fraction libérale avancée :
c'est un homme d'un csprit vif et sarcasii-
que, qui s'était donné pour tâche de cribler
d'épigmmmes et de tourner en dérision
les ultra-anglicans et leurs doctrines. Un
effort considérable a été tenté par le par
ti religieux pour lui faire perdre son
siège au parlement. On lui a opposé,
dans le Middlesex, le représentant d'une
des plus grandes maisons d'Angleterre,
îe fils du duc de Màrlborough, le marquis
de Blandford, qui, à ses relations aristocra
tiques, joignait l'avantage d'être un puritain
fort en faveur parmi le clergé protestant.
Les adversaires de M. Osborne, pour désin
téresser les grands propiiétaires de la lutte,
avaient eu soin d'annoncer qu'ils ne combat
traient pas la réélection de lord Robert Gros-
venor.
La fraction radicale, qui avait déjà éprou
vé dans les élections des pertes si cruelles,
qui ne voyait entrer dans ses rangs pour re
crues que des hommes d'une médiocrité dé
sespérante, et qui se voyait menacée de per
dre encore un de ses orateurs,a jeté des cris de
détresse. On a adjuré toutes les oppositions de
faire cause commune pour empêcher le minis
tère de remporter une victoire aux portes mê
mes de Londres, on a battu pendant plusieui s
joi rs le rappel des" électeurs. Les faits ont-
montré que ces alamnes n'avaient rien d'exa
géré. La lutte a été des plus vives, les deux
concurrens ont réuni chacun plus de 4,000
suffrages, et M. Bernal-Osborne ne l'a em
porté au dernier moment que de 151 voix.
Les 4 0.00 voix obtenues par le marquis de
Blandford, jointes auj 3,000 voix obtenues
par lord Maidstone, à Westminster, et aux
6,000 voix de M. Masterman, dans la Cité,
attestent toute li vitalité du parti tory dans
la capitile de l'Angleterre.
Dans le Northumberland, c'est un des prin
cipaux lieutenans de lord John Russell, c'est
le ministre de l'intérieur du dernier cabinet,
sir George Grey en personne, qui se trouve
menacé dans un comté où les Grey possèdent
d'immenses propriétés. Les tories, qui n'a
vaient jusqu'ici jamais combattu sa réélec
tion, lui opposent lord Ossulstou. L'élection
a commencé lundi dernier, et le vote à mains
levées a éié défavorable à sir George Grey.Le
scrutin a été réclamé par ses amis, et a dû
commencer dès lé lendemain. On attend avec
impatience à Londres des nouvelles du-Nor-
thuuiberland. L'échec de sir George Grey se
rait en c IFt-t un coup très sensible pour le
parti Vvhig, et un véritable triomphe pour
le ministère.
Le journaldes whigs, le Globe, m résu
mant les résultats des élections, avait com
mencé par classer les députés en ministé
riels et, en opposans. Il a persévéré dans ce
système tant qu'il a pu attribuer à l'op
position une majorité de quelques voix :
mai? le moment est arrivé où il aurait fallu
donner l'avantage au ministère. Le Globe a,
imaginé immédiatement une troisième caté
gorie, celle des douteux, dans laquelle il a
transporté une trentaine de députés qu'il
avait jusque là qualifiés de ministériels. Cette
petite manœuvre du Globe est à elle seule
la démonstration des succès obtenus par le
cabinet tory dans les élections ■générales. Il
est certain que le cabinet serait en minorité
s'il proposait de rétablir les lois sur les cé
réales -, mais il est tout aussi certain main
tenant que lord JohnRussill serait battu,
si, comme il en avait annoncé l'intention, il
essayait .de provoquer, à l'ouverture de la
session, un vote de défiance envers lord Der
by et ses collègues.
CUCnEVAL-CIABIGNY.
Nous avons souvent recueilli des docu-
mens et des chiffres propres à montrer le
mouvement du commerce étranger et en
particulier du commerce allemand. Nous
trouvons aujourd'hui dans les mêmes sour
ces Une. série de renseignemens et d'ap
préciations qui, cette fois, prouvent de la
manière la plus évidente la connexion
intime de la situation commerciale et
des événemens politiques. Les chambres de
commerce de l'Allemagne ont récemment
publié leurSkComptes-rendus de l'année 1831.
Nous avons reçu les rapports des cham
bres du Zollverein. A côté de faits et de
détails spéciaux que nous analyserons plus
tard, ces donimens signalent l'influence
que l'état politique-de.„i'Europe a exercée
pendant la dernière année sur le déve
loppement de l'agriculture, du travail in
dustriel et des arts. Les chambres de com
merce sont unauimes à constater que l'in
certitude de3 solutions politiques n'a pas
moins nùi à l'essor de l'industrie et au raf
fermissement de la confiance, que le mau
vais temps, les mauvaises récoltes et la'
maladie des pommes de terre. A leur#
yeux, le commerce du nord de l'Allemagne
souffre encore des suites de la mobilisation
de l'armée prussienne en A 850 Sans doute
la situation était impérieuse; les difficultés
considérables au milieu desquelles se trou
vai t engagé le cabinet de Berlin, exigeai eu f des
mesures et des ressources tout-à-fait excep
tionnelles. C'est ainsi qu'ilproposait un nou
vel impôt du revenu et-des classes, des;;né à
couvrir un déficit de 1,700,000 tbalers ou
6.373.000 fr. Mais cette mobilisation de
l'armée n'avait pas moins rendu plus me
naçantes les éventualités de l'avenir, et en
môme temps le commerce plus timide. La
lutte diplomatique qui divisait alors l'Au
triche et la Prusse, et que le prince de
Schwartzenb&'rg menait si vivement, a éga
lement contribué à paralyser les efforts
du commerce et de l'industrie. Pendant
les premiers mois de 18hl, la crainte de
voir éclater la guerre entre les deux gran
des puissances alit mandes, pesa' lourdement
sur la situation. Les industriels prussiens
n'ignoraient pas que la guerre du Sleswig-
Hcisteio avait déjà coûté 18 mil/ions de. tha-
lers (67,500,000 fr.). Ce ne fut qu'après les
conférences d'OUmû'z , dans lesquelles la
Prusse tendit la main à sa rivale, qu'une
certaine sécurité reparut dans le monde des
affaires.
En revanche, la plupart des comptes-
rendus annuels se félicitent des modifi
cations apportée? par le gouvernement à
la législation commerciale et au tarif doua
nier commun. L'affranchissement des droits
qui frappaient les matièws premièn s à
leur importation de l'étranger; les fa
cilités accordées au commerce de tran
sit; la convention relative à la réduction
réciproque des péages du Rhin ; les traités
conclus avec les royaumes de Sardaigne et de
Hanovre; sont signalés;avec une faveur par
ticulière par les chambres de commerce. Le
traité du 7 septembre dernier, qui abaisse
les barrières du Hanovre, 1-ur paraît surtout
destiné à stimuler de la façon la plus heu
reuse le développement de toutes les bran
ches de la production et du commerce.
N,on seulement les chambres prussiennes
regardent le traité du 7 septembre comme
un événement capital parce qu'il ouvre à
l'union douanière de nouveaux débouchés,
et lui conquiert en quelque sorte ua litto
ral ; mais elles y attachent aussi une grande
importance politique, et leurs réflexions
montrent sobs un jour vrai, les difficultés
encore pendantes entre le nord et le midi de
l'Allemagne. A cet égard, la chambre de
commerced'Elberfeld et de Darmen s'exprime
ainsi :
a Ce qui nous réjouit dans le traité du 7
septembre, ce n'est pis seulement les avan
tages qu'il promet. à uo;re industrie, et l'ex
tension considérable qu'il apporte à notre
marché ; nous y voyous avec un patriotique
orgueil le pas décisif qui conduit les Etats
allemauds à uue union bien autrement solide
que toutes celles que l'on avait tentées jusqu'à
cejour. Nous voyonsles membres disjointsdu
corps germanique se rapprocher et se rallier
dans une vaste unité où les intérêts les
plus élevés, et moraux et matériels , de
vront se fondre de telle sortt," qu'il ne sera
plus jamais possible de les séparer. » On re
trouve dans ces paroles d'un'e chambre de
commi rce les pensées et les espérances-se
crètes qui ont souvent inspiré le gouverne
ment prussien dans ces dernières années.
Mais l'industrieallemandenese préoccupe
pas exclusivement de la situation de l'empire
et de ses querelles intestines. Loin de s'i
soler des autres peuples, elle est atten
tive à tous les faits qui, de piès ou de
loin, peuvent réagir sur elle. Aussi la révo
lution qui s'est accomplie' en France à li fin
de 1851. a été, de la part des chambres de
commerce du Zollverein , l'objet de cu
rieux commentaires. Il est piquant de voir
en quels termes nos voigins d'au-delà du
Rhin apprécient nos dernières commotions.
Tous les comptes - rendus des chambres
s'accordent à reconnaître l'influence heu
reuse et décisive que l'acte du prince
Louis - Napoléon a exercée sur le mou
vement du commerce européen. Quelques-
uns portent l'expression de leur contente
ment jusqu'à l'enthousiasme ; d'autres sont
moins expanslfs, mais leur impartialité n'en
est que mieux constatée. Il y a tel de ces
rapports qui rend hommage à la révolution
du 2 décembre involontairement et comme
à son insu. "
Ainsi, la chambre de commerce de Min-
den ne pense pas « que les événemens de la
fin de l atinée dernière en France aient été
par eux-mêmes très propres à opérer une
action favorable su'r la situation du com
merce; mais elle ne méconnaît pas qu'ils
ont délruit la crainte d'une catastrophe du
côté de l'étranger, et qu'à leur suite lu con
fiance est revenue avec une grande rapidité. »
La chambre d'Aix-la-Chapelle et de Burs-
cheid, tout en rendant justice à la révolu
tion du 2 décembre, n'ose se livrer encore à
de grandes -espérances- d'avenir. « A peine
pouvait on se flatter, dit-elle, que les affaires
allaient se relever en Allemagne, après avoir
vu se dissiper la crainte d'une guerre gé
nérale germanique, que de nouvelles ap
préhensions du côté de la France ve
naient anéantir la confiance et <*{frayer le
monde i ndustrie!. Bien que l'ordre paraisse
provisoirement garanti par les événemens
accomplis depuis le 2 décembre, ilrestetou
jours dans les esprits de graves préoccupa
tions... On redoute de voir le pou veau régi
me, après quelque temps de tranquillité, se
trouver en face de difficultés formidables. »
La chambre de BnVlau est moins alarmis
te et plus explicite. Après avoir blâmé la mo
bilisation de l'armée prussienne, elle affirme
de la manière la plus formelle « que la tor
peur répandue parmi toutes les. branches
industrit lies cessa tout à coup au moment
où le coup d'Etat fut accompli en France, et
qu'alors on put se livrer à l'espoir qu'au
moins pour un avenir rapproché, les périls
avaient dir-paru. » '
,A Stettin , à Dusseldorf, l'éventualité de
ce qu'on appelle en Allemagne « une guerre
civile * entre la Prusse et l'Autriche, et
surtout les probabilités meuançautes de
mai 1832, éveillaient également de légi
times appréhensions. La chambre de com
merce ue Dusseldorf ne croit pas devoir
marchander les éloges au prince Louis-
Napoléon. Suivant die, malgré l'éloigne-
ment des dangers d'une guerre avec l'Au-
triche, les affaires de l'Allemagne seraient res
tées dans lu plus profonde stagnation sans le
coup d'Etat du 2 décembre. « Le coup d'Etat du
Président de la République française, ajoute
le compte-rendu de Dusseldorf, fit disparaî
tre vers la fin de l'année les craintes qu'ins
pirait la situation de la France, et chez nous
aussi, il releva la foi dans la durée de la tran
quillité et de l'ordre légal, dans l'inviolabilité
de la propriété et dans l'essor de la vie
industrielle, d
On voit par ces citations que le désir et
l'amour de lapaix.&outduns tous les esprits.
Ds dîux côtés du Rhin, c'est la mène pen
sée. Ou a pu s en coiivauirre dans ces der
niers jours par le concours et les démons
trations de c pnpahtous laborieuses et
fortes de la Lorraine ci ue l'Alsace accourant
sur le passage du priuee Louis-Napiléon.
Les fêtes de l'industrie sont, aussi les fêtes de
la paix, et partout l'Europe nous offre ;e
même spectacle et les mêmes sentimens.
E. B erry.
La dernière conférence du Zollverein a eu
lieu à Berlin, le 20 juillet. Le congrès s'est
ajourné au 16 août. Ce délai a pour objet de
laisser à la Prusse le temps de négocier avec
l'Autriche et avec les confédérés de Darms-
tadt.
La crise ministérielle en Belgique n'avan
ce pas encore vers le dénouement.
On ht dans l'Observateur :
•a Hier M. L»beau a été appelé c I kz le roi ; on
assuré que, de même que M. Lecl req, M. Lebcau
'a décliné l'honneur d« comjjoser un cabinet en se
fondant sur la conformité' de ses'opinions polilL-»
ques avec celles du ministère démissionnaire. »
L 'Indépendance ajoute dans soa numéro
d'hier soir :
s Nous apprenons, que M. le ministre des finan
ces a dû être reçu aujourd'hui (jeudi) par le roi. »
Ainsi qu'on l'avait annoncé, toute l'armée
de Paris a pris les armes aujourd'hui entre
trois et quatre heures de l'après-midi, pour
aller occuper les postes qui lui avaient é.é
assignés sur la ligne que le Prés d nt de la
République devait parcourir à sa rentrée
dans Pari?.
La place de la gare du chemin de Stras
bourg était oecupéî par le 1" régiment de
lanciers, par"un bataillon de gendarmerie
mobile, les guides stationnaientsur la chaus
sée de la rue du Faubourg Saiut-Denis,et
les régimens d'infanterie formaient la haie
le long de la rue du Faubourg-S iint-Denis,
sur les boulevards jusqu'à la Madeleine, dans
la rue Royale, sur la place de la Concorde et
dans la grande avenue des Champs-Elysées
jusqu'à la barrière de TEtoile. Vers "cinq
heures, ou a vu arriver la foule des curieux
sur tout ; cette immense ligne. A cinq heu
res et demie, la circulation a été interdite
sur les boulevards pour les voitures, excepté
à la croi-ée des rues.
Verssix heures arrivaient à la gare les équi
pages du prince, composés de trois calèches
découvertes, à quatre chevaux, conduites à
la Domon, et d'une calèche à deux che
vaux. Au même moment, les ministres pré
sens à Paris, Mgr. l'archevêque, le prince
président du Sénat et- le grand référendaire,
le vice-président du conseil d'Etat, les deux
préf' ts, et tous les hauts fonctionnaires, ar
rivaient à la gare, ainsi que le général com
muniant en cht f, le génér.il commandant
la division militaire, les généraux de division
et de brigade, et un grand nombre d'officiers
généraux sans commandement.
Ils ont appris qu'une dépêché télégraphi
que annonçait un retard dans l'arrivée du
prince. Ou a su depuis, que Louis Nipoléoa
avait été retardé sur plusieurs poinis et no
tamment à Chàlons-sur-Marne où il avait dû
mettre pied à terre pour se rendre aux vœux
de la population.
C'est à sept heures et dix minutes seule
ment que le couvoi présidentiel, conduit
par MM. Viguier, E Kvard et Hallopeau, chef
de l'exploitation, décoré à Strasbourg, est'
arrivé au débarcadère. Tout aussitôt un s ; -
g ial télégraphique a transmis la nouvelle
aux Invalides, donfle canon a annoncé l'ar
rivée du chef de. l'Etfit en même temps que
le beurdon de Notre-Dame et les cloches des
autres églises se mettaient en branle.
Le pnnce-Président, dont lasarïté est par
faite, a été reçu par Mgr l'archevêque, et
par les ministres, et il a embrassé plusieurs
des assi-taus. Bientôt après, lorsqu'il est ar
rivé sous le péristyle, un bouquet lui a été
offert par les dames du marché Saint- Lau
rent.
Le prince, qui portait l'uniforme de lieu
tenant-général et le grand cordon de la Lé-
gion-d Honneur,est alors monté dans sa voi
ture avec le maréchal Jérôme Bonaparte en
grand uniforme, et un oflicier d'oi d jnnau-
ce. les ' ctionnaires ont pris, place dans les
autres ■'obtures, et le cortège s'est formé de
la suivante : .
Eu tête, le général Carrelet, commandant
la division militaire, et ses aides-de-camp
l'i scadron des guides, le général Magnau,
commandant en cht f de l'armée de Paris ; le
1" régiment de lanciers, et un peloton de
carabiniers précéda : ent la voiture .du Prési
dent , derrière laquelle se pressaient un
grand nombre d'officiers généraux à cheval.
Dans une seconde calèche découverte étaient
plusieurs officiers de la maison dii prince,
que suivaient M. de Persigny et M. Du-
cos, dans la voiture du ministre de l'in
térieur. Dans la troisième calèche, aux
armes et à la livrée du prince , avaient
pris place Mgr. l'archevêque de Paris,
M. Casabianca, ministre d'Etat, M. de
Maupas , ministre de la police générale,
et M. Fortoul, ministre de l'instruction
publique. Venaient ensuite un grand nom
bre de fonctionnaires dans leurs voitures.
Le 7" régiment de lanci-rs fermait la mar
che. Les troupes rompaient les rangs, et re
tournaient à leurs casernes, dès que le cor
tège présid-'-ntiel avait passé devant elles.
Le Président est arrivé à s-pt heures troi s
quarts devant la Madeleine : ;le clergé de
cette paroisse attendait le prince au pied du
perron. Le Président, après avoir, rendu le
salut du clergé, a fait arrêter un instant sa
voiture, et a fait si^ne à M. l'abbé Deguerry
d'approcher. Ilaéchaug ; quelques paroles
amicales avec lui, et le cortège a repris sa
marche.
^Oa se ferait difficilement une idée de la
foule «p i se pressait partout sur le pas-age
du chef de l'Etat. Des acclamations, parmi
lequel!' s dominait le cri de vive l'Empereur !
se sont fait entendre incsssamnunt le long
du faubourg Salut-Deuis. Sur les boule
vards, où la foule était moins compacte;:
l'accueil a continué d'êire sympa bique.
Dans les rues toutes 1 s croisés s éta'ent oc
cupées, et partout les dames placées aux fe
nêtres agitaient leurs mouchoirs.
Le Président s'est rendu directement à
Saint-Cioud, où un grand dîner était pré
paré pour le prince et pour tous les hauts
fontionnaires qui avaient été à sa rencontre.
Nous n'avons'tnteudu parler d'aucun ac
cident.
Le gouvernement a reçu les dépêches sui
vantes :
Strasbourg, 22 juillet, à 5 b.
Le préfet du département du Bas-Rhin à MM. les
ministres de Vintérieur et de lapoiiee générale.
Le prince est par'i à une heure, salué p ir.les
acclamations les pius enthousiastes, à toutes les
station.:-, bien„que son passage n'eût été annoncé
que p> u « instans auparavant.
On voyait se prssser tous l-s maire?, décorés de
leurs écha pes, les cures, pa teurs, ni toutes leurs
populations acrourucs pour situer uiie derniere
foi c -tni qu'elles appellent le sauveur de la France.
Plusieurs fois le prince a fait arrêter le convoi
pour adivsser des paroles de bonté à ces braves
populations.
Près de Hochfelden,on a remarqué une cinquan
taine de cavaliers, porteurs de lances aux flammes
tricolores, et qui ont escorté au galop le convoi
pendant asses 1 ng-tem|is..
Avant de quitter Strasl ourg, le Prince a fait dis
tribuer d'abondanu » aumônes. A Sarerne, le
Prince a quitté son wagon poar examiner de plus
près le chdlcuu qu'il destine à un asile ds retraite.
Là, comme ailleurs, il a éié accueilli avec des
transports de j"ie, tt son cortège coi.vert du bou
quets qu'on lui adressait de toutes parts.
Nancy, 22 juillet, à dix heures du soir.
Le préfet du département de la Meurthe à MM. les
ministres de l'intérieur et de la police générale.
Lunéville, 22 juillet, à 7 heures.
Le prince est arrivé à Lunéviile à quatre Jieures
«t dt'inie, après avoir traversé l arronaissement de
Sarrebo rg, où il a ctè accueilli par d'unanimes
acctainaiions.
Une foute immense l'?ttendait à la gare de Lu-
névi.le, où il a reçu immédiatement les autorités
civiles et religieuses. Les maires des communes
rur.iles surtout se sont fait remarquer par leurs
manifestai ions entbousia tes, répétées de tout côte.
Trente jeunes tilles ont îour à to jr remis au priii-
ce chacune un bouquet, et l'une d'elles lui a adres
sé un charmant compliment. Quelques instans
après , S. A. s'est rendue à cheval, entourée d'un,
brillant état-major, au champ de manœuvres où
elle est en ce moment.
Sur son pas âge, des fbt' pressés d'une popula
tion avide de contempler le princt; ne cessaient de
crier: Vive Louis -Napoléon
S. A. couchera ce soir ici, et en repartira de*
main, à dix heures et demie du matin.
. Lunéville, 7 h. 1/2 du so'r.
Le prince ri mt da,passer la revue de? ir mpp.g.
Il a été accueilli, eoimtfe toujours, avec les mêmes
acclamation-;. Il partira demain à. dix heures et
demie. Il arrivera à Paris à cir.q heircs ei deu.ie.
Nancy, 23 juillet, 11 h. ! 5 m.
Lunéville, le 23.
Le minhtre de la guerre au général Magnan,
commandant de l'armée de Paris.
L®. prince a trouvé à Lunéville le même enthou
siasme, la même affluence que sur tous les autres
points de son passage.
Les manoeu\re> de cavalerie ont duré deux heu
res-avec une.prccision digne de nos Jr- upes et des
généraux qui les commandent. Le prince arrivera
à la gare de P^ris à six heures. Les troupes de
vront former la haie jusqu'à la barrière de l'Etoile.
Nancy, 11 heures 1/2.
Le directeur général du minis'ère delà police à
M. le ministre.
Nous arrivons à Nancy. Tout se passe parfaite
ment. Le prince s'est reposé celte nuit. Sa santé
est excellente.
Remi-J tseph-Isidore, comte Ëxelmans, était né
à Bar-Ie-Duc le (3 rfovembre 1773, et était par
conséquent âgé de p;è : de soixante-dis-sfpt ans.
Il sétait enrôlé en 1791, à peine âgé de stize
ans, dansie 3 e bataillon des volontaires'de la
Meuse commandé par Oudinot. Il lit les premier' s
campagnes de Fiance, en Belgique, en Allemagne,
en Italie, et servit dans les diverses armes et dans
plusieurs états-m^jor.^.
En l'an VII, il lit la campagne de Naples soua
Macdouald, puis devint aide-de-namp du général
Murât. U fut nom i é colonel et ofiicier de la Lé-
gion-d'llonneur en 1805, et général de brigade
vers la tin de 1807, époque à laquelle il accompa
gna Murât en Espagne. Fait prisonnier par les
paitisriiisi-spagnoU, 11 fut conduit aux îles B-léa-
res, et delà en Angleterre d'où il parvint à s'échap
per en se jetant dans une barque, av,c laqueiie il
traversa !a Manche et d-barqua a Graveline-i.
Le général Exelmans devint alora grand-tcuyer
du roi de Nazies (Mural), mais il ne tarda pas à
revenir prendre du service en,France, it fut placé
da is la cavalerie «je la garde ijusqu'à la veille de la bauilli de laMosk„wa
(6 septembre 1812); il fui alors'nommé gencralde
niri-i-n. En 1813 et 1814, il eut le coin mande
ment de la 2 e division de cav lerie légère sous le
général Seb istiani. Dans la eauupagne de France,
le général Exelmans c >mmasda lé 2? corps de ca-
val l ie jusqu'à la bataille de Mcntere'au, et ensuite
la division deja vieille garde.
Lors de la rentrée des Bourbon*, le général
Exelmans fut nommai inspecieur général de la ca-
va erie; le 12 septembre 18i i, axase de corres
pondre clandestinement avec le roi Murât, il reçut
l'ordre de sortir de France, et f it obligé de se ca
cher pendant quelques jours, m ti-s il ne tarda pas
à se constituer prisonnier, etiîfuljugé et acquitté.
En 1815, le général Exelmans commandait à
Waterloo le deuxième corps de cavalerie de ré
serve. Après cette funeste journée, le général
Exelmans revint sur Paris, et ayarn appris qu'ua
corps ennemi venant de Versail es, avait p..sȎ la
S ine et s'avançât sur Paris au nombre de 3,0n0
hommes environ, il n'hésita pas à .'attaquer, le
eu buta et-ld força à se replir.r sur Versailles. Cette
affaire fui le dernier combat livré dans les Ceut-
Jours.
Le général Exelmans p'vsa slors eu Belgique,'
mais en 1819 il fut rappelé pir le gouvernement
du roi, et rétabli sur les cadies de disponibilité.
En 1828, il fut de nouveau nomme inspicteur
général de la cava erie; en 1830, il prit p,.rt aux
journées de juillet, et commanda sous le général
Pajol l'expédition de Rambouillet.
Dans les prem ers jours du regne de Louis-Phi
lippe il fut envoyé pour inspecter douze régimens
dans le nord et dans l'est de la France, et conser
va sa position dans les cadres de disponibilité.
Après la révolution de février, le 15 août 1849,
le générai Ex hrians fut nommé grand-chancelier
de la I .égion-d'Honneur, en remplacement du gê
nerai Mjlitor,lT cede.
Le 11 mars 18b I, le général Exelmans avait été
élevé à la dignité de mareclïàl de France.
Le corps du maréchal Exelmans va être exposé
dans une chap Ile ardente à la grande chancellerie
delà Légion-d'Honneur. Le jour des funéraiile»
n'ist pas encore Jixé.
CONSEIL MUNICIPAL.
Le, conseil municipal de Paris a continué, dans
sa séance d'aujourd'hui, l'examen du budget de la
ville.
Les dépenses de l'octroi ont été votées, jour un
2,510,998 fr.; les prévisions dç recettes, pour
l'exercice 1833, s'clevant à 31,596,000 l'r., les
frais de p Tception no grèvent donc les produits
que. d'environ 7 I /2 0/0.
Le conseil a donné ensuite son approbation au
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL, 24 JUILLET.
♦
IL FAUT ÔÏIE JEUNESSE SE PASSE'.
XIX.
Lecœurdes mères est inépuisable en souf
frances. Après la douloureuse expiation ac
complie par Mme de Morvilhers, les derniè
res paroles de son lils l'avaient jetée dans
un nouvel abîme d'angoisses et • presque. de
rçmards; car dans cette inévitable fatalité
qui s'attachait depuis quelque temps à tou
tes hs démarchés de la marquise, elle se re
prochait encore plus amèrement peut-être
le scrupule généreux auquel elle avait cédé,
en arrachaut définitivement sajeune lectrice
à de nouvelles tentatives de rapt ou de sé-
ductioD, que les capitulations de conscience
qui l'avaieufrendue un moment la complice
de son fils. S'il devait y avoir péril de la vie
pour Louise ou pour Tristan, la marquise
de Morvilliers ri'était-elle pas mère avant
tout, et, à ce titre, son choix pouvait-il être
douteux? "
Cependant les anxiétés de la marquise au
raient été plus pénibles encore si elle avait
dû être séparée de son fils ; heureusement
Tristan ressentait ce besoin d'expansion si
naturel à la douleur, et Tristan n'avait que
sa m ; ;re à qui il pût parler de Louise !.
La marquise avait donc ramené son fils à
l'hôtel de Morvilliers, et avait obtenu de lui,
à force de prières, qu'il ne quittàtpas l'hôtel;
mais le malheureux jeune homme ne s'était
point couché , et il avait passé la nuit à es
sayer d'éci'ire vingt lettres pour Louise, let
tres qu'il déchirait aussitôt après les avoir
commencées. Lé jour vint que Tristan écri
vait encore.
Après avoir assisté au déjeûner, auquel sa
mère ne fit pas plus honneur que lui, Tris
tan avait senti cependant la fatigue maté-
» La reproduction est interdite
rielle vaincre sa douleur, et, rentré dans sa
chambre, il ne tmla pas à succomber à un
long assoupissement.
.La marquise se sentait à peine un peu
plus calme en songeant que son fils reposait,
lorsqu'on annonça le vicomte de Fenestrange.
Mme de Morvilliers - n'avait pas revu l'au
dacieux vicomte depuis son amoureuse as
cension ; elle était au fait, toutefois, de ses
exploits aéronautiques ; et, à sonentrée, elle
l'accueil rie amicale, mais pleins d'une douce mélan
colie, où se traduisait celte petite méchan
ceté du cœur plus douce encore que la bien
veillance des indifférens.
— On sait de vos nouvelles, dit-elle, bel
Astolphe, qui, sans doute, alliez chercher
dans la luue la raison d'uu autre Roland.
Au moins en preniez-vous le chemin?...
Après pela, vous auriez pu être personnelle
ment intéressé dans la commission !
Fenestrange se troubla, et un observateur
attentif eût pu deviner que ce qui aurait été
à peine une sorte de confusion satisfaite chi i
lui vis-à-vis de toute autre personne, deve
nait un embarras et un malaise réels en pré
sence de Mme de Morvilliers. ,
— M* foi, marquise, reprit Fenestrange,
visiblement empressé ne détourner la con
versation, ce qui semblait une folie, s'est
trouvé être en résumé un acte des plus rai
sonnables. .. J'ai été transporté avec beaucoup
plus de rapidité, sinon d'économie, au châ
teau de Fenestrange, et je me suis trouvé
faire sans y penser, et malgré moi, ce voyage
que j'avais*différé à mon retour en France,
pressé, que j'étais de revoir d'abord la capi
tale où vous étiez... et là... à mon château
ja vous prie de le croire, chère marquise,
j'ai retrouvé bien des souvenirs!
— Oui, les souvenirs de Mme de Fenes
trange, reprit Mme de Morvilliers d'un ton
qui semblait indiquer la volonté énergique
que la conversation n'allât point plus loin
sur ce terrain... Mais, voyons, contez-moi
les détails de votre voyage, vos impressions
et celles de la séduisante fee qui vous a enlevé
avec elle dans les airs,
— Mon voyage!'... oh! c'est inutile, ré
pondit le vicomte -, notre conducteur aérien
en aura rédigé un récit qui paraîtra saus
doute dans quelque journal..» Mais il faut
bien, ajouta-t-il avec quelque hésitation, que
j'arrive à un incident qui devra VOus inté
resser davantage; marquise... voudriez vous
vous reporter aux souvenirs que nous retra
ce ceci?
Et Fenestrange tira de sa poche un paquet
de lettres.
La marquise devint fort rouge, et détourna
d'abord involontairemeut ses regards à la
vue des lettres que le vicomte lui présentait,
comme si elle avait dû toucher à uu remords
matérialisé; puis^cédaiit à des sentimens
qu'il serait trop lorig d'analyser, elle saisit-
vivement le paquet.
— Je vous remercie, vicomte, dit-elle
d'une voix émue, miis avec une résolution
bien arrêtée, de m'avoir permis d'anéantir,
en me les faisant retrouver, ces dernières
traces d'un passé qui doit être à jamais ou-
blié,d'une faute qui ne doit survivre en nou»
que par l'expiation, puisque Dieu n'a pas
voulu qu'un autre témoignage lui fût con
servé !... Que ces lettres disparaissent de
mêmf.
— Quoi! vous voul "Z les détruire! s'écria
Fenestrange mes plus doux souvenirs '
ma consolation ! Je m'y opposa, ent-ndez-
vous, marquise? C'est moi qui, au temps
jadis, ai pris soin de réunir toutes ces let
tres et os marquer chacuue d'elles d'un
chiffre, de peur d'en égarer une seule. Pen
sez-vous que cette précieuse colieciion me
soit aujourd'hui moins chère? Oh ! non,
vous né le pensez pas! D'ail.eurs, permet
tez moi d'ajouter qu'il s'agit ici d'une ques
tion de propriété.
— Je pourrais, si j'étais cruelle, reprit la
marquise, vous rappeier en quelle compa
gnie vous étiez, lorsque vous avez retrouvé
ces lettres! Mais aucune amertume ne se
mêle à la prière que je vais vous faire, et que
votre déférence, je l'espère, name forcera
pas à transformer en une invitation plus
précise. Ecoute*.,, je ne suis plus que raère>
je vous l'ai dit, et si vous tenez à conserver,
mon cher Fenestrange, le seul sentiment
que puis-e désc/bnais vous offrir mon cœur,
une franche et bonne amitié, eh bien! je
vous'en supplie, que jamais un mot de
votre part ne vienne réveiller un repen
tir que je n'ai la force de "supporter que
parce que mon fils ignore et ignorera à ja
mais que sa mère a pu mériter de le subir !..
Mon pauvre fils, reprit la marquise, se lais
sant aller à 1'exaltatiou qu'excitait toujours
chez elle ce sujet douloureux, tout à l'heure
encore, il s'accusait à, mes pieds des fautes
de sa jeunesse eu rappelant la pureté irré
prochable de mou passé!... Le mérite que
j'avais eu à me conserver fi ièleà la mémoi
re d'un mari beaucoup plus ftgé que moi et
que je n'avais pu aimer... Ah ! s'il me t'al'ait
perdre son estime par votre faute, s'écria la
maïquise avec une vive émotion, jamais je
ne vous le pardonnerais, Fenestrange; mais,
croyez-moi, je n'aurais pas long-temps à
vous maudire...
A ce moment Tristan apparut sur le seuil
.de la porte, nàle, encore ?ous les traces du
sommeil fatigant auquel il s'était abandon
né quelque temps ; la marquise n'eut que le
temps de cacher au plus vite le paquet qu'el
le tenait à la maki, et sur lequel, d'ailleurs,
les regards préoccupés de Tristan ne se fas
sent sans doute pas portés.
La conversation devint générale; mais on
peut comprendre qu'elle dut naturellement
être foi t languissante, du moment où aucun
des trois interlocuteurs ne pouvait pail-r de
l'unique pensée qui Je préoccupait. La mère
était tout entière aux pénibles,sensatious ré
veillées par le passé, a ses inquiétudes ma
ternelles pour l'avenir. Quant à Tristan, il
•aurait craint dé profaner les sentimens qu'il
ressentait pour Louise, s'il les avait compro
mis en présence de Fenestrange, dont il con
naissait toute la lfgèreté. Le vicomte lui-
même se sentait mal a l'aise.
Après quelques phrases insignifiantes, il
prit congé de la marquise; seulement, il at
tira dans un coin Tristan, et, d'un air moi
tié embarrassé, moitié triomphateur , il lui
remit un billet de Florentine, dont il déclara
négligemment ne pas savoir le contenu;
mais n'élant pas obligés de le croire sur pa
role, nous dirons au lecteur que l'heureux
vicomte ne pensait pas ignorer qu'un congé
était signifié par la danse us s à son adorateur
infidèle.
Tristan prit le billet; mais, resté seul avec
sa mère, i! ne voulut même pas l'ouvrir de
vant elle par un sentim ut de pudeur et de
convenauce qu'un amour plus chaste et plus
digne avait contribué à naturaliser dans son
cœur. Ce ne fut qu'une heure après, à un
moment où il se trouva seul, qu'il ouvrit la
missive de la danseu>e. '
Cette missive était ainsi conçue :
« Si M. le comte Tristan de Morvilliers
» n'a pas perdu tout souvenir d'une
» ancipnne ainie, elle espère qu'il voudra
» bien se rendre.ee soir an restaurant de la
» Mai-on-d'Or, où il pourra apprendre d'ail-
» leurs des détails intérêt saus sur une pér
is sonne qui lui est chère.
» FLORENTINE. »
Il y avait à cette lettre uu post-scriptum,
par lequel Florentine annonçait qu'< lie avait
cru pouvoir accepter le fliuer qui lui était
offert par le vicomtedeFenestrange, attendu
que tous Jes commensaux ordinaires de
Tristan devaient s'y trouver, Et qu'elle se
croyait d'ailleurs dorénavant tout-à-fait dé
gagée envers le comte de Morvilliers par la
conduite qu'il avait tenue envers elle.
Tristan avait besoin d'une semblable di
version pour échapper à la pensée absor-
bmte qui s'était emparée de lui depuis le
départ de Louise. D'un autre côté, il trou
vait encore uu autre aliment à sa passion,
dans cet avis mystérieux qui lui était donné
par Florentine, et qui ne pouvait s'appli
quer, dans sa pensée, qu'à la jeune lectrice.
N'avait - il pas , dans cette circonstance,
quelque devoir à remplir, quelque piège à
conjurer? Sous l'impression des inquiétudes
nouvelles auxquelles le livrait cet étrange bil
let, il résolut de se rendre le soir à la Maison-
d'Or.
Pendant «e tsmps -là, Mme Morvilliers
était en proie de son côté à une préoccupation
aussi cruelle qu'inattendue. Elle s'était la ssés
aller à relire «-es annales intimes du passé de
son cœur, et elle avait remarque avec inquié
tude qu'une lettre manquait, ce qui lui avait
été facile à constater, Fenestrange, ainsi qu'on
l'a vu, ayant marqué d'un chiffre chacun ds
ces.tendres souvenirs; la marquise prit et
reprit, compta et recompta la liasse qui lui
avait été remise, mais toujours le fatal nu
méro faisait défaut.
Pour mettre fin à une inquiétude qui, mal
gré elle, devenait de l'effroi, elle prit le parti
d'écrire de son côté quelques lignes qu'elle
èe hâta de faire porter au vicomte; mais on
répondit que M. de Fenestrange était sorti
pour toute la soirée.
Si le lecteur est tant soit peu curieux de
le rejoindre, il faut qu'il se transporte avec
nous au restaurant de la Maisou-d Or, où
l'aéronaute improvisé donnait au baron de
Poutauriol, au docteur jGodard, au priuce
Ratanoff et à quelques convives du même
monde et des ueux sexes un splendide dîner
présidé par Florentine, et destiné à célébrer
l'heureux déuoûmeutd'uneascen-ion aérien
ne qui n'avait pas élé exempte de quelques
périls. Le repas devait être suîvi d'une tom
bola,, organisée par les soins de Florentine
elle-même, qui avait reçu, dans cette cir
constance, les pleins pouvoirs du vicomte ,
véritable amant magnifique dans toute l'ac
ception du terme. C'était là une ùiçou in
génieuse de payer la bienvenue du l'ancien
ne noblesse auprès du corps de ballet de la
nouvelle République française.
même, disait-on, d'autogr iphes de person
nages plus ou moins célèbres. A cet égard,
le cœur de Gédéon avait tressailli, lorsqu'on
lui-avait annoncé q i'une lettre attribuée à
la Guimard était un des lots auxquels il
pouvait prétendre. La chance d'adjoindre un
souvenir de l'ancien Opéra à la collection
que le baron avait pu naturéllem nt formor
dans coulisses actuelles, avait de quai
NUMÉRO 306.
ISSïf&SSJLtm î rue tïe Valoi* iPAlafs-Eoyal), n® i®5
Mi—m nmnrimni witnWTiiiivv rirn
4 8!t«.-SAMEDI 94 JUILLET.
PUS BB -ï.'&BOKKESSISK 'Sfl
PARIS. V «r. M* TKIMïSTBïS
PAftrïMESS. I8ï. ' —
US NUMÉRO : 30 CENTIMES."
fona lss pats etraïigkks , se reporte*
a-i ïaDiaau qui ^era publié dans le îouraii;
les 1 .6' st îs de oii&qus moisi
"ïii"
M
tes aZcmotens datent des i" et 1S , ■
de ckdqui mois;
S 'adresser, -franco, pourla rédaction, à M. CtCHKVja-Cusim, rédacteur en chef.
Les articles déposés ne sont pas rendus
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIYERSEL.
IOn s'abîme, dans la dêpartemetis, aux Messagerie et aux Directions de poste.—A Londres, ches MM. Cowis et pus ; |
— A Strasbourg, chez. M. AtHUKEBl, pour l'Allemagne^ I »
S'adresser, franco? pour l'administration, â M. Dmia, directeur:
aces sont re'çnes au bureau du journal; et ches M. PÀNIS, régisseur, le, place de la 'Bua; i
l'AllIS, 25 ïlt7lliL£T«
Deux élections de comté ont préoccupé vi-
Yemeut l'attention publique eu Angleterre,
celle du Middlesex et celle du Northumber-
land. Le Middlesex, dans lequel est enclavée
une partie de Londres, avait, dans la session
dernière, pour députés un représentant de l'a
ristocratie libérale, lord Robert Grosveaor,
dont la famille a de grandes propriétés dans
le comté, et M. Bernai Osborne. Ce dernier
est fils de M. Bernai, ^président des comités
de là chambre des communes, qui vient
de perdre son siège à Roch ester, où il a été
remplacé par un tory! M. Bernai fils, qui
qui a pris le nom d'Osborne depuis sou ma
riage avec une riche héritière irlandaise, ap
partient à la fraction libérale avancée :
c'est un homme d'un csprit vif et sarcasii-
que, qui s'était donné pour tâche de cribler
d'épigmmmes et de tourner en dérision
les ultra-anglicans et leurs doctrines. Un
effort considérable a été tenté par le par
ti religieux pour lui faire perdre son
siège au parlement. On lui a opposé,
dans le Middlesex, le représentant d'une
des plus grandes maisons d'Angleterre,
îe fils du duc de Màrlborough, le marquis
de Blandford, qui, à ses relations aristocra
tiques, joignait l'avantage d'être un puritain
fort en faveur parmi le clergé protestant.
Les adversaires de M. Osborne, pour désin
téresser les grands propiiétaires de la lutte,
avaient eu soin d'annoncer qu'ils ne combat
traient pas la réélection de lord Robert Gros-
venor.
La fraction radicale, qui avait déjà éprou
vé dans les élections des pertes si cruelles,
qui ne voyait entrer dans ses rangs pour re
crues que des hommes d'une médiocrité dé
sespérante, et qui se voyait menacée de per
dre encore un de ses orateurs,a jeté des cris de
détresse. On a adjuré toutes les oppositions de
faire cause commune pour empêcher le minis
tère de remporter une victoire aux portes mê
mes de Londres, on a battu pendant plusieui s
joi rs le rappel des" électeurs. Les faits ont-
montré que ces alamnes n'avaient rien d'exa
géré. La lutte a été des plus vives, les deux
concurrens ont réuni chacun plus de 4,000
suffrages, et M. Bernal-Osborne ne l'a em
porté au dernier moment que de 151 voix.
Les 4 0.00 voix obtenues par le marquis de
Blandford, jointes auj 3,000 voix obtenues
par lord Maidstone, à Westminster, et aux
6,000 voix de M. Masterman, dans la Cité,
attestent toute li vitalité du parti tory dans
la capitile de l'Angleterre.
Dans le Northumberland, c'est un des prin
cipaux lieutenans de lord John Russell, c'est
le ministre de l'intérieur du dernier cabinet,
sir George Grey en personne, qui se trouve
menacé dans un comté où les Grey possèdent
d'immenses propriétés. Les tories, qui n'a
vaient jusqu'ici jamais combattu sa réélec
tion, lui opposent lord Ossulstou. L'élection
a commencé lundi dernier, et le vote à mains
levées a éié défavorable à sir George Grey.Le
scrutin a été réclamé par ses amis, et a dû
commencer dès lé lendemain. On attend avec
impatience à Londres des nouvelles du-Nor-
thuuiberland. L'échec de sir George Grey se
rait en c IFt-t un coup très sensible pour le
parti Vvhig, et un véritable triomphe pour
le ministère.
Le journaldes whigs, le Globe, m résu
mant les résultats des élections, avait com
mencé par classer les députés en ministé
riels et, en opposans. Il a persévéré dans ce
système tant qu'il a pu attribuer à l'op
position une majorité de quelques voix :
mai? le moment est arrivé où il aurait fallu
donner l'avantage au ministère. Le Globe a,
imaginé immédiatement une troisième caté
gorie, celle des douteux, dans laquelle il a
transporté une trentaine de députés qu'il
avait jusque là qualifiés de ministériels. Cette
petite manœuvre du Globe est à elle seule
la démonstration des succès obtenus par le
cabinet tory dans les élections ■générales. Il
est certain que le cabinet serait en minorité
s'il proposait de rétablir les lois sur les cé
réales -, mais il est tout aussi certain main
tenant que lord JohnRussill serait battu,
si, comme il en avait annoncé l'intention, il
essayait .de provoquer, à l'ouverture de la
session, un vote de défiance envers lord Der
by et ses collègues.
CUCnEVAL-CIABIGNY.
Nous avons souvent recueilli des docu-
mens et des chiffres propres à montrer le
mouvement du commerce étranger et en
particulier du commerce allemand. Nous
trouvons aujourd'hui dans les mêmes sour
ces Une. série de renseignemens et d'ap
préciations qui, cette fois, prouvent de la
manière la plus évidente la connexion
intime de la situation commerciale et
des événemens politiques. Les chambres de
commerce de l'Allemagne ont récemment
publié leurSkComptes-rendus de l'année 1831.
Nous avons reçu les rapports des cham
bres du Zollverein. A côté de faits et de
détails spéciaux que nous analyserons plus
tard, ces donimens signalent l'influence
que l'état politique-de.„i'Europe a exercée
pendant la dernière année sur le déve
loppement de l'agriculture, du travail in
dustriel et des arts. Les chambres de com
merce sont unauimes à constater que l'in
certitude de3 solutions politiques n'a pas
moins nùi à l'essor de l'industrie et au raf
fermissement de la confiance, que le mau
vais temps, les mauvaises récoltes et la'
maladie des pommes de terre. A leur#
yeux, le commerce du nord de l'Allemagne
souffre encore des suites de la mobilisation
de l'armée prussienne en A 850 Sans doute
la situation était impérieuse; les difficultés
considérables au milieu desquelles se trou
vai t engagé le cabinet de Berlin, exigeai eu f des
mesures et des ressources tout-à-fait excep
tionnelles. C'est ainsi qu'ilproposait un nou
vel impôt du revenu et-des classes, des;;né à
couvrir un déficit de 1,700,000 tbalers ou
6.373.000 fr. Mais cette mobilisation de
l'armée n'avait pas moins rendu plus me
naçantes les éventualités de l'avenir, et en
môme temps le commerce plus timide. La
lutte diplomatique qui divisait alors l'Au
triche et la Prusse, et que le prince de
Schwartzenb&'rg menait si vivement, a éga
lement contribué à paralyser les efforts
du commerce et de l'industrie. Pendant
les premiers mois de 18hl, la crainte de
voir éclater la guerre entre les deux gran
des puissances alit mandes, pesa' lourdement
sur la situation. Les industriels prussiens
n'ignoraient pas que la guerre du Sleswig-
Hcisteio avait déjà coûté 18 mil/ions de. tha-
lers (67,500,000 fr.). Ce ne fut qu'après les
conférences d'OUmû'z , dans lesquelles la
Prusse tendit la main à sa rivale, qu'une
certaine sécurité reparut dans le monde des
affaires.
En revanche, la plupart des comptes-
rendus annuels se félicitent des modifi
cations apportée? par le gouvernement à
la législation commerciale et au tarif doua
nier commun. L'affranchissement des droits
qui frappaient les matièws premièn s à
leur importation de l'étranger; les fa
cilités accordées au commerce de tran
sit; la convention relative à la réduction
réciproque des péages du Rhin ; les traités
conclus avec les royaumes de Sardaigne et de
Hanovre; sont signalés;avec une faveur par
ticulière par les chambres de commerce. Le
traité du 7 septembre dernier, qui abaisse
les barrières du Hanovre, 1-ur paraît surtout
destiné à stimuler de la façon la plus heu
reuse le développement de toutes les bran
ches de la production et du commerce.
N,on seulement les chambres prussiennes
regardent le traité du 7 septembre comme
un événement capital parce qu'il ouvre à
l'union douanière de nouveaux débouchés,
et lui conquiert en quelque sorte ua litto
ral ; mais elles y attachent aussi une grande
importance politique, et leurs réflexions
montrent sobs un jour vrai, les difficultés
encore pendantes entre le nord et le midi de
l'Allemagne. A cet égard, la chambre de
commerced'Elberfeld et de Darmen s'exprime
ainsi :
a Ce qui nous réjouit dans le traité du 7
septembre, ce n'est pis seulement les avan
tages qu'il promet. à uo;re industrie, et l'ex
tension considérable qu'il apporte à notre
marché ; nous y voyous avec un patriotique
orgueil le pas décisif qui conduit les Etats
allemauds à uue union bien autrement solide
que toutes celles que l'on avait tentées jusqu'à
cejour. Nous voyonsles membres disjointsdu
corps germanique se rapprocher et se rallier
dans une vaste unité où les intérêts les
plus élevés, et moraux et matériels , de
vront se fondre de telle sortt," qu'il ne sera
plus jamais possible de les séparer. » On re
trouve dans ces paroles d'un'e chambre de
commi rce les pensées et les espérances-se
crètes qui ont souvent inspiré le gouverne
ment prussien dans ces dernières années.
Mais l'industrieallemandenese préoccupe
pas exclusivement de la situation de l'empire
et de ses querelles intestines. Loin de s'i
soler des autres peuples, elle est atten
tive à tous les faits qui, de piès ou de
loin, peuvent réagir sur elle. Aussi la révo
lution qui s'est accomplie' en France à li fin
de 1851. a été, de la part des chambres de
commerce du Zollverein , l'objet de cu
rieux commentaires. Il est piquant de voir
en quels termes nos voigins d'au-delà du
Rhin apprécient nos dernières commotions.
Tous les comptes - rendus des chambres
s'accordent à reconnaître l'influence heu
reuse et décisive que l'acte du prince
Louis - Napoléon a exercée sur le mou
vement du commerce européen. Quelques-
uns portent l'expression de leur contente
ment jusqu'à l'enthousiasme ; d'autres sont
moins expanslfs, mais leur impartialité n'en
est que mieux constatée. Il y a tel de ces
rapports qui rend hommage à la révolution
du 2 décembre involontairement et comme
à son insu. "
Ainsi, la chambre de commerce de Min-
den ne pense pas « que les événemens de la
fin de l atinée dernière en France aient été
par eux-mêmes très propres à opérer une
action favorable su'r la situation du com
merce; mais elle ne méconnaît pas qu'ils
ont délruit la crainte d'une catastrophe du
côté de l'étranger, et qu'à leur suite lu con
fiance est revenue avec une grande rapidité. »
La chambre d'Aix-la-Chapelle et de Burs-
cheid, tout en rendant justice à la révolu
tion du 2 décembre, n'ose se livrer encore à
de grandes -espérances- d'avenir. « A peine
pouvait on se flatter, dit-elle, que les affaires
allaient se relever en Allemagne, après avoir
vu se dissiper la crainte d'une guerre gé
nérale germanique, que de nouvelles ap
préhensions du côté de la France ve
naient anéantir la confiance et <*{frayer le
monde i ndustrie!. Bien que l'ordre paraisse
provisoirement garanti par les événemens
accomplis depuis le 2 décembre, ilrestetou
jours dans les esprits de graves préoccupa
tions... On redoute de voir le pou veau régi
me, après quelque temps de tranquillité, se
trouver en face de difficultés formidables. »
La chambre de BnVlau est moins alarmis
te et plus explicite. Après avoir blâmé la mo
bilisation de l'armée prussienne, elle affirme
de la manière la plus formelle « que la tor
peur répandue parmi toutes les. branches
industrit lies cessa tout à coup au moment
où le coup d'Etat fut accompli en France, et
qu'alors on put se livrer à l'espoir qu'au
moins pour un avenir rapproché, les périls
avaient dir-paru. » '
,A Stettin , à Dusseldorf, l'éventualité de
ce qu'on appelle en Allemagne « une guerre
civile * entre la Prusse et l'Autriche, et
surtout les probabilités meuançautes de
mai 1832, éveillaient également de légi
times appréhensions. La chambre de com
merce ue Dusseldorf ne croit pas devoir
marchander les éloges au prince Louis-
Napoléon. Suivant die, malgré l'éloigne-
ment des dangers d'une guerre avec l'Au-
triche, les affaires de l'Allemagne seraient res
tées dans lu plus profonde stagnation sans le
coup d'Etat du 2 décembre. « Le coup d'Etat du
Président de la République française, ajoute
le compte-rendu de Dusseldorf, fit disparaî
tre vers la fin de l'année les craintes qu'ins
pirait la situation de la France, et chez nous
aussi, il releva la foi dans la durée de la tran
quillité et de l'ordre légal, dans l'inviolabilité
de la propriété et dans l'essor de la vie
industrielle, d
On voit par ces citations que le désir et
l'amour de lapaix.&outduns tous les esprits.
Ds dîux côtés du Rhin, c'est la mène pen
sée. Ou a pu s en coiivauirre dans ces der
niers jours par le concours et les démons
trations de c pnpahtous laborieuses et
fortes de la Lorraine ci ue l'Alsace accourant
sur le passage du priuee Louis-Napiléon.
Les fêtes de l'industrie sont, aussi les fêtes de
la paix, et partout l'Europe nous offre ;e
même spectacle et les mêmes sentimens.
E. B erry.
La dernière conférence du Zollverein a eu
lieu à Berlin, le 20 juillet. Le congrès s'est
ajourné au 16 août. Ce délai a pour objet de
laisser à la Prusse le temps de négocier avec
l'Autriche et avec les confédérés de Darms-
tadt.
La crise ministérielle en Belgique n'avan
ce pas encore vers le dénouement.
On ht dans l'Observateur :
•a Hier M. L»beau a été appelé c I kz le roi ; on
assuré que, de même que M. Lecl req, M. Lebcau
'a décliné l'honneur d« comjjoser un cabinet en se
fondant sur la conformité' de ses'opinions polilL-»
ques avec celles du ministère démissionnaire. »
L 'Indépendance ajoute dans soa numéro
d'hier soir :
s Nous apprenons, que M. le ministre des finan
ces a dû être reçu aujourd'hui (jeudi) par le roi. »
Ainsi qu'on l'avait annoncé, toute l'armée
de Paris a pris les armes aujourd'hui entre
trois et quatre heures de l'après-midi, pour
aller occuper les postes qui lui avaient é.é
assignés sur la ligne que le Prés d nt de la
République devait parcourir à sa rentrée
dans Pari?.
La place de la gare du chemin de Stras
bourg était oecupéî par le 1" régiment de
lanciers, par"un bataillon de gendarmerie
mobile, les guides stationnaientsur la chaus
sée de la rue du Faubourg Saiut-Denis,et
les régimens d'infanterie formaient la haie
le long de la rue du Faubourg-S iint-Denis,
sur les boulevards jusqu'à la Madeleine, dans
la rue Royale, sur la place de la Concorde et
dans la grande avenue des Champs-Elysées
jusqu'à la barrière de TEtoile. Vers "cinq
heures, ou a vu arriver la foule des curieux
sur tout ; cette immense ligne. A cinq heu
res et demie, la circulation a été interdite
sur les boulevards pour les voitures, excepté
à la croi-ée des rues.
Verssix heures arrivaient à la gare les équi
pages du prince, composés de trois calèches
découvertes, à quatre chevaux, conduites à
la Domon, et d'une calèche à deux che
vaux. Au même moment, les ministres pré
sens à Paris, Mgr. l'archevêque, le prince
président du Sénat et- le grand référendaire,
le vice-président du conseil d'Etat, les deux
préf' ts, et tous les hauts fonctionnaires, ar
rivaient à la gare, ainsi que le général com
muniant en cht f, le génér.il commandant
la division militaire, les généraux de division
et de brigade, et un grand nombre d'officiers
généraux sans commandement.
Ils ont appris qu'une dépêché télégraphi
que annonçait un retard dans l'arrivée du
prince. Ou a su depuis, que Louis Nipoléoa
avait été retardé sur plusieurs poinis et no
tamment à Chàlons-sur-Marne où il avait dû
mettre pied à terre pour se rendre aux vœux
de la population.
C'est à sept heures et dix minutes seule
ment que le couvoi présidentiel, conduit
par MM. Viguier, E Kvard et Hallopeau, chef
de l'exploitation, décoré à Strasbourg, est'
arrivé au débarcadère. Tout aussitôt un s ; -
g ial télégraphique a transmis la nouvelle
aux Invalides, donfle canon a annoncé l'ar
rivée du chef de. l'Etfit en même temps que
le beurdon de Notre-Dame et les cloches des
autres églises se mettaient en branle.
Le pnnce-Président, dont lasarïté est par
faite, a été reçu par Mgr l'archevêque, et
par les ministres, et il a embrassé plusieurs
des assi-taus. Bientôt après, lorsqu'il est ar
rivé sous le péristyle, un bouquet lui a été
offert par les dames du marché Saint- Lau
rent.
Le prince, qui portait l'uniforme de lieu
tenant-général et le grand cordon de la Lé-
gion-d Honneur,est alors monté dans sa voi
ture avec le maréchal Jérôme Bonaparte en
grand uniforme, et un oflicier d'oi d jnnau-
ce. les ' ctionnaires ont pris, place dans les
autres ■'obtures, et le cortège s'est formé de
la suivante : .
Eu tête, le général Carrelet, commandant
la division militaire, et ses aides-de-camp
l'i scadron des guides, le général Magnau,
commandant en cht f de l'armée de Paris ; le
1" régiment de lanciers, et un peloton de
carabiniers précéda : ent la voiture .du Prési
dent , derrière laquelle se pressaient un
grand nombre d'officiers généraux à cheval.
Dans une seconde calèche découverte étaient
plusieurs officiers de la maison dii prince,
que suivaient M. de Persigny et M. Du-
cos, dans la voiture du ministre de l'in
térieur. Dans la troisième calèche, aux
armes et à la livrée du prince , avaient
pris place Mgr. l'archevêque de Paris,
M. Casabianca, ministre d'Etat, M. de
Maupas , ministre de la police générale,
et M. Fortoul, ministre de l'instruction
publique. Venaient ensuite un grand nom
bre de fonctionnaires dans leurs voitures.
Le 7" régiment de lanci-rs fermait la mar
che. Les troupes rompaient les rangs, et re
tournaient à leurs casernes, dès que le cor
tège présid-'-ntiel avait passé devant elles.
Le Président est arrivé à s-pt heures troi s
quarts devant la Madeleine : ;le clergé de
cette paroisse attendait le prince au pied du
perron. Le Président, après avoir, rendu le
salut du clergé, a fait arrêter un instant sa
voiture, et a fait si^ne à M. l'abbé Deguerry
d'approcher. Ilaéchaug ; quelques paroles
amicales avec lui, et le cortège a repris sa
marche.
^Oa se ferait difficilement une idée de la
foule «p i se pressait partout sur le pas-age
du chef de l'Etat. Des acclamations, parmi
lequel!' s dominait le cri de vive l'Empereur !
se sont fait entendre incsssamnunt le long
du faubourg Salut-Deuis. Sur les boule
vards, où la foule était moins compacte;:
l'accueil a continué d'êire sympa bique.
Dans les rues toutes 1 s croisés s éta'ent oc
cupées, et partout les dames placées aux fe
nêtres agitaient leurs mouchoirs.
Le Président s'est rendu directement à
Saint-Cioud, où un grand dîner était pré
paré pour le prince et pour tous les hauts
fontionnaires qui avaient été à sa rencontre.
Nous n'avons'tnteudu parler d'aucun ac
cident.
Le gouvernement a reçu les dépêches sui
vantes :
Strasbourg, 22 juillet, à 5 b.
Le préfet du département du Bas-Rhin à MM. les
ministres de Vintérieur et de lapoiiee générale.
Le prince est par'i à une heure, salué p ir.les
acclamations les pius enthousiastes, à toutes les
station.:-, bien„que son passage n'eût été annoncé
que p> u « instans auparavant.
On voyait se prssser tous l-s maire?, décorés de
leurs écha pes, les cures, pa teurs, ni toutes leurs
populations acrourucs pour situer uiie derniere
foi c -tni qu'elles appellent le sauveur de la France.
Plusieurs fois le prince a fait arrêter le convoi
pour adivsser des paroles de bonté à ces braves
populations.
Près de Hochfelden,on a remarqué une cinquan
taine de cavaliers, porteurs de lances aux flammes
tricolores, et qui ont escorté au galop le convoi
pendant asses 1 ng-tem|is..
Avant de quitter Strasl ourg, le Prince a fait dis
tribuer d'abondanu » aumônes. A Sarerne, le
Prince a quitté son wagon poar examiner de plus
près le chdlcuu qu'il destine à un asile ds retraite.
Là, comme ailleurs, il a éié accueilli avec des
transports de j"ie, tt son cortège coi.vert du bou
quets qu'on lui adressait de toutes parts.
Nancy, 22 juillet, à dix heures du soir.
Le préfet du département de la Meurthe à MM. les
ministres de l'intérieur et de la police générale.
Lunéville, 22 juillet, à 7 heures.
Le prince est arrivé à Lunéviile à quatre Jieures
«t dt'inie, après avoir traversé l arronaissement de
Sarrebo rg, où il a ctè accueilli par d'unanimes
acctainaiions.
Une foute immense l'?ttendait à la gare de Lu-
névi.le, où il a reçu immédiatement les autorités
civiles et religieuses. Les maires des communes
rur.iles surtout se sont fait remarquer par leurs
manifestai ions entbousia tes, répétées de tout côte.
Trente jeunes tilles ont îour à to jr remis au priii-
ce chacune un bouquet, et l'une d'elles lui a adres
sé un charmant compliment. Quelques instans
après , S. A. s'est rendue à cheval, entourée d'un,
brillant état-major, au champ de manœuvres où
elle est en ce moment.
Sur son pas âge, des fbt' pressés d'une popula
tion avide de contempler le princt; ne cessaient de
crier: Vive Louis -Napoléon
S. A. couchera ce soir ici, et en repartira de*
main, à dix heures et demie du matin.
. Lunéville, 7 h. 1/2 du so'r.
Le prince ri mt da,passer la revue de? ir mpp.g.
Il a été accueilli, eoimtfe toujours, avec les mêmes
acclamation-;. Il partira demain à. dix heures et
demie. Il arrivera à Paris à cir.q heircs ei deu.ie.
Nancy, 23 juillet, 11 h. ! 5 m.
Lunéville, le 23.
Le minhtre de la guerre au général Magnan,
commandant de l'armée de Paris.
L®. prince a trouvé à Lunéville le même enthou
siasme, la même affluence que sur tous les autres
points de son passage.
Les manoeu\re> de cavalerie ont duré deux heu
res-avec une.prccision digne de nos Jr- upes et des
généraux qui les commandent. Le prince arrivera
à la gare de P^ris à six heures. Les troupes de
vront former la haie jusqu'à la barrière de l'Etoile.
Nancy, 11 heures 1/2.
Le directeur général du minis'ère delà police à
M. le ministre.
Nous arrivons à Nancy. Tout se passe parfaite
ment. Le prince s'est reposé celte nuit. Sa santé
est excellente.
Remi-J tseph-Isidore, comte Ëxelmans, était né
à Bar-Ie-Duc le (3 rfovembre 1773, et était par
conséquent âgé de p;è : de soixante-dis-sfpt ans.
Il sétait enrôlé en 1791, à peine âgé de stize
ans, dansie 3 e bataillon des volontaires'de la
Meuse commandé par Oudinot. Il lit les premier' s
campagnes de Fiance, en Belgique, en Allemagne,
en Italie, et servit dans les diverses armes et dans
plusieurs états-m^jor.^.
En l'an VII, il lit la campagne de Naples soua
Macdouald, puis devint aide-de-namp du général
Murât. U fut nom i é colonel et ofiicier de la Lé-
gion-d'llonneur en 1805, et général de brigade
vers la tin de 1807, époque à laquelle il accompa
gna Murât en Espagne. Fait prisonnier par les
paitisriiisi-spagnoU, 11 fut conduit aux îles B-léa-
res, et delà en Angleterre d'où il parvint à s'échap
per en se jetant dans une barque, av,c laqueiie il
traversa !a Manche et d-barqua a Graveline-i.
Le général Exelmans devint alora grand-tcuyer
du roi de Nazies (Mural), mais il ne tarda pas à
revenir prendre du service en,France, it fut placé
da is la cavalerie «je la garde ijusqu'à la veille de la bauilli de laMosk„wa
(6 septembre 1812); il fui alors'nommé gencralde
niri-i-n. En 1813 et 1814, il eut le coin mande
ment de la 2 e division de cav lerie légère sous le
général Seb istiani. Dans la eauupagne de France,
le général Exelmans c >mmasda lé 2? corps de ca-
val l ie jusqu'à la bataille de Mcntere'au, et ensuite
la division deja vieille garde.
Lors de la rentrée des Bourbon*, le général
Exelmans fut nommai inspecieur général de la ca-
va erie; le 12 septembre 18i i, axase de corres
pondre clandestinement avec le roi Murât, il reçut
l'ordre de sortir de France, et f it obligé de se ca
cher pendant quelques jours, m ti-s il ne tarda pas
à se constituer prisonnier, etiîfuljugé et acquitté.
En 1815, le général Exelmans commandait à
Waterloo le deuxième corps de cavalerie de ré
serve. Après cette funeste journée, le général
Exelmans revint sur Paris, et ayarn appris qu'ua
corps ennemi venant de Versail es, avait p..sȎ la
S ine et s'avançât sur Paris au nombre de 3,0n0
hommes environ, il n'hésita pas à .'attaquer, le
eu buta et-ld força à se replir.r sur Versailles. Cette
affaire fui le dernier combat livré dans les Ceut-
Jours.
Le général Exelmans p'vsa slors eu Belgique,'
mais en 1819 il fut rappelé pir le gouvernement
du roi, et rétabli sur les cadies de disponibilité.
En 1828, il fut de nouveau nomme inspicteur
général de la cava erie; en 1830, il prit p,.rt aux
journées de juillet, et commanda sous le général
Pajol l'expédition de Rambouillet.
Dans les prem ers jours du regne de Louis-Phi
lippe il fut envoyé pour inspecter douze régimens
dans le nord et dans l'est de la France, et conser
va sa position dans les cadres de disponibilité.
Après la révolution de février, le 15 août 1849,
le générai Ex hrians fut nommé grand-chancelier
de la I .égion-d'Honneur, en remplacement du gê
nerai Mjlitor,lT cede.
Le 11 mars 18b I, le général Exelmans avait été
élevé à la dignité de mareclïàl de France.
Le corps du maréchal Exelmans va être exposé
dans une chap Ile ardente à la grande chancellerie
delà Légion-d'Honneur. Le jour des funéraiile»
n'ist pas encore Jixé.
CONSEIL MUNICIPAL.
Le, conseil municipal de Paris a continué, dans
sa séance d'aujourd'hui, l'examen du budget de la
ville.
Les dépenses de l'octroi ont été votées, jour un
2,510,998 fr.; les prévisions dç recettes, pour
l'exercice 1833, s'clevant à 31,596,000 l'r., les
frais de p Tception no grèvent donc les produits
que. d'environ 7 I /2 0/0.
Le conseil a donné ensuite son approbation au
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL, 24 JUILLET.
♦
IL FAUT ÔÏIE JEUNESSE SE PASSE'.
XIX.
Lecœurdes mères est inépuisable en souf
frances. Après la douloureuse expiation ac
complie par Mme de Morvilhers, les derniè
res paroles de son lils l'avaient jetée dans
un nouvel abîme d'angoisses et • presque. de
rçmards; car dans cette inévitable fatalité
qui s'attachait depuis quelque temps à tou
tes hs démarchés de la marquise, elle se re
prochait encore plus amèrement peut-être
le scrupule généreux auquel elle avait cédé,
en arrachaut définitivement sajeune lectrice
à de nouvelles tentatives de rapt ou de sé-
ductioD, que les capitulations de conscience
qui l'avaieufrendue un moment la complice
de son fils. S'il devait y avoir péril de la vie
pour Louise ou pour Tristan, la marquise
de Morvilliers ri'était-elle pas mère avant
tout, et, à ce titre, son choix pouvait-il être
douteux? "
Cependant les anxiétés de la marquise au
raient été plus pénibles encore si elle avait
dû être séparée de son fils ; heureusement
Tristan ressentait ce besoin d'expansion si
naturel à la douleur, et Tristan n'avait que
sa m ; ;re à qui il pût parler de Louise !.
La marquise avait donc ramené son fils à
l'hôtel de Morvilliers, et avait obtenu de lui,
à force de prières, qu'il ne quittàtpas l'hôtel;
mais le malheureux jeune homme ne s'était
point couché , et il avait passé la nuit à es
sayer d'éci'ire vingt lettres pour Louise, let
tres qu'il déchirait aussitôt après les avoir
commencées. Lé jour vint que Tristan écri
vait encore.
Après avoir assisté au déjeûner, auquel sa
mère ne fit pas plus honneur que lui, Tris
tan avait senti cependant la fatigue maté-
» La reproduction est interdite
rielle vaincre sa douleur, et, rentré dans sa
chambre, il ne tmla pas à succomber à un
long assoupissement.
.La marquise se sentait à peine un peu
plus calme en songeant que son fils reposait,
lorsqu'on annonça le vicomte de Fenestrange.
Mme de Morvilliers - n'avait pas revu l'au
dacieux vicomte depuis son amoureuse as
cension ; elle était au fait, toutefois, de ses
exploits aéronautiques ; et, à sonentrée, elle
l'accueil
colie, où se traduisait celte petite méchan
ceté du cœur plus douce encore que la bien
veillance des indifférens.
— On sait de vos nouvelles, dit-elle, bel
Astolphe, qui, sans doute, alliez chercher
dans la luue la raison d'uu autre Roland.
Au moins en preniez-vous le chemin?...
Après pela, vous auriez pu être personnelle
ment intéressé dans la commission !
Fenestrange se troubla, et un observateur
attentif eût pu deviner que ce qui aurait été
à peine une sorte de confusion satisfaite chi i
lui vis-à-vis de toute autre personne, deve
nait un embarras et un malaise réels en pré
sence de Mme de Morvilliers. ,
— M* foi, marquise, reprit Fenestrange,
visiblement empressé ne détourner la con
versation, ce qui semblait une folie, s'est
trouvé être en résumé un acte des plus rai
sonnables. .. J'ai été transporté avec beaucoup
plus de rapidité, sinon d'économie, au châ
teau de Fenestrange, et je me suis trouvé
faire sans y penser, et malgré moi, ce voyage
que j'avais*différé à mon retour en France,
pressé, que j'étais de revoir d'abord la capi
tale où vous étiez... et là... à mon château
ja vous prie de le croire, chère marquise,
j'ai retrouvé bien des souvenirs!
— Oui, les souvenirs de Mme de Fenes
trange, reprit Mme de Morvilliers d'un ton
qui semblait indiquer la volonté énergique
que la conversation n'allât point plus loin
sur ce terrain... Mais, voyons, contez-moi
les détails de votre voyage, vos impressions
et celles de la séduisante fee qui vous a enlevé
avec elle dans les airs,
— Mon voyage!'... oh! c'est inutile, ré
pondit le vicomte -, notre conducteur aérien
en aura rédigé un récit qui paraîtra saus
doute dans quelque journal..» Mais il faut
bien, ajouta-t-il avec quelque hésitation, que
j'arrive à un incident qui devra VOus inté
resser davantage; marquise... voudriez vous
vous reporter aux souvenirs que nous retra
ce ceci?
Et Fenestrange tira de sa poche un paquet
de lettres.
La marquise devint fort rouge, et détourna
d'abord involontairemeut ses regards à la
vue des lettres que le vicomte lui présentait,
comme si elle avait dû toucher à uu remords
matérialisé; puis^cédaiit à des sentimens
qu'il serait trop lorig d'analyser, elle saisit-
vivement le paquet.
— Je vous remercie, vicomte, dit-elle
d'une voix émue, miis avec une résolution
bien arrêtée, de m'avoir permis d'anéantir,
en me les faisant retrouver, ces dernières
traces d'un passé qui doit être à jamais ou-
blié,d'une faute qui ne doit survivre en nou»
que par l'expiation, puisque Dieu n'a pas
voulu qu'un autre témoignage lui fût con
servé !... Que ces lettres disparaissent de
mêmf.
— Quoi! vous voul "Z les détruire! s'écria
Fenestrange mes plus doux souvenirs '
ma consolation ! Je m'y opposa, ent-ndez-
vous, marquise? C'est moi qui, au temps
jadis, ai pris soin de réunir toutes ces let
tres et os marquer chacuue d'elles d'un
chiffre, de peur d'en égarer une seule. Pen
sez-vous que cette précieuse colieciion me
soit aujourd'hui moins chère? Oh ! non,
vous né le pensez pas! D'ail.eurs, permet
tez moi d'ajouter qu'il s'agit ici d'une ques
tion de propriété.
— Je pourrais, si j'étais cruelle, reprit la
marquise, vous rappeier en quelle compa
gnie vous étiez, lorsque vous avez retrouvé
ces lettres! Mais aucune amertume ne se
mêle à la prière que je vais vous faire, et que
votre déférence, je l'espère, name forcera
pas à transformer en une invitation plus
précise. Ecoute*.,, je ne suis plus que raère>
je vous l'ai dit, et si vous tenez à conserver,
mon cher Fenestrange, le seul sentiment
que puis-e désc/bnais vous offrir mon cœur,
une franche et bonne amitié, eh bien! je
vous'en supplie, que jamais un mot de
votre part ne vienne réveiller un repen
tir que je n'ai la force de "supporter que
parce que mon fils ignore et ignorera à ja
mais que sa mère a pu mériter de le subir !..
Mon pauvre fils, reprit la marquise, se lais
sant aller à 1'exaltatiou qu'excitait toujours
chez elle ce sujet douloureux, tout à l'heure
encore, il s'accusait à, mes pieds des fautes
de sa jeunesse eu rappelant la pureté irré
prochable de mou passé!... Le mérite que
j'avais eu à me conserver fi ièleà la mémoi
re d'un mari beaucoup plus ftgé que moi et
que je n'avais pu aimer... Ah ! s'il me t'al'ait
perdre son estime par votre faute, s'écria la
maïquise avec une vive émotion, jamais je
ne vous le pardonnerais, Fenestrange; mais,
croyez-moi, je n'aurais pas long-temps à
vous maudire...
A ce moment Tristan apparut sur le seuil
.de la porte, nàle, encore ?ous les traces du
sommeil fatigant auquel il s'était abandon
né quelque temps ; la marquise n'eut que le
temps de cacher au plus vite le paquet qu'el
le tenait à la maki, et sur lequel, d'ailleurs,
les regards préoccupés de Tristan ne se fas
sent sans doute pas portés.
La conversation devint générale; mais on
peut comprendre qu'elle dut naturellement
être foi t languissante, du moment où aucun
des trois interlocuteurs ne pouvait pail-r de
l'unique pensée qui Je préoccupait. La mère
était tout entière aux pénibles,sensatious ré
veillées par le passé, a ses inquiétudes ma
ternelles pour l'avenir. Quant à Tristan, il
•aurait craint dé profaner les sentimens qu'il
ressentait pour Louise, s'il les avait compro
mis en présence de Fenestrange, dont il con
naissait toute la lfgèreté. Le vicomte lui-
même se sentait mal a l'aise.
Après quelques phrases insignifiantes, il
prit congé de la marquise; seulement, il at
tira dans un coin Tristan, et, d'un air moi
tié embarrassé, moitié triomphateur , il lui
remit un billet de Florentine, dont il déclara
négligemment ne pas savoir le contenu;
mais n'élant pas obligés de le croire sur pa
role, nous dirons au lecteur que l'heureux
vicomte ne pensait pas ignorer qu'un congé
était signifié par la danse us s à son adorateur
infidèle.
Tristan prit le billet; mais, resté seul avec
sa mère, i! ne voulut même pas l'ouvrir de
vant elle par un sentim ut de pudeur et de
convenauce qu'un amour plus chaste et plus
digne avait contribué à naturaliser dans son
cœur. Ce ne fut qu'une heure après, à un
moment où il se trouva seul, qu'il ouvrit la
missive de la danseu>e. '
Cette missive était ainsi conçue :
« Si M. le comte Tristan de Morvilliers
» n'a pas perdu tout souvenir d'une
» ancipnne ainie, elle espère qu'il voudra
» bien se rendre.ee soir an restaurant de la
» Mai-on-d'Or, où il pourra apprendre d'ail-
» leurs des détails intérêt saus sur une pér
is sonne qui lui est chère.
» FLORENTINE. »
Il y avait à cette lettre uu post-scriptum,
par lequel Florentine annonçait qu'< lie avait
cru pouvoir accepter le fliuer qui lui était
offert par le vicomtedeFenestrange, attendu
que tous Jes commensaux ordinaires de
Tristan devaient s'y trouver, Et qu'elle se
croyait d'ailleurs dorénavant tout-à-fait dé
gagée envers le comte de Morvilliers par la
conduite qu'il avait tenue envers elle.
Tristan avait besoin d'une semblable di
version pour échapper à la pensée absor-
bmte qui s'était emparée de lui depuis le
départ de Louise. D'un autre côté, il trou
vait encore uu autre aliment à sa passion,
dans cet avis mystérieux qui lui était donné
par Florentine, et qui ne pouvait s'appli
quer, dans sa pensée, qu'à la jeune lectrice.
N'avait - il pas , dans cette circonstance,
quelque devoir à remplir, quelque piège à
conjurer? Sous l'impression des inquiétudes
nouvelles auxquelles le livrait cet étrange bil
let, il résolut de se rendre le soir à la Maison-
d'Or.
Pendant «e tsmps -là, Mme Morvilliers
était en proie de son côté à une préoccupation
aussi cruelle qu'inattendue. Elle s'était la ssés
aller à relire «-es annales intimes du passé de
son cœur, et elle avait remarque avec inquié
tude qu'une lettre manquait, ce qui lui avait
été facile à constater, Fenestrange, ainsi qu'on
l'a vu, ayant marqué d'un chiffre chacun ds
ces.tendres souvenirs; la marquise prit et
reprit, compta et recompta la liasse qui lui
avait été remise, mais toujours le fatal nu
méro faisait défaut.
Pour mettre fin à une inquiétude qui, mal
gré elle, devenait de l'effroi, elle prit le parti
d'écrire de son côté quelques lignes qu'elle
èe hâta de faire porter au vicomte; mais on
répondit que M. de Fenestrange était sorti
pour toute la soirée.
Si le lecteur est tant soit peu curieux de
le rejoindre, il faut qu'il se transporte avec
nous au restaurant de la Maisou-d Or, où
l'aéronaute improvisé donnait au baron de
Poutauriol, au docteur jGodard, au priuce
Ratanoff et à quelques convives du même
monde et des ueux sexes un splendide dîner
présidé par Florentine, et destiné à célébrer
l'heureux déuoûmeutd'uneascen-ion aérien
ne qui n'avait pas élé exempte de quelques
périls. Le repas devait être suîvi d'une tom
bola,, organisée par les soins de Florentine
elle-même, qui avait reçu, dans cette cir
constance, les pleins pouvoirs du vicomte ,
véritable amant magnifique dans toute l'ac
ception du terme. C'était là une ùiçou in
génieuse de payer la bienvenue du l'ancien
ne noblesse auprès du corps de ballet de la
nouvelle République française.
même, disait-on, d'autogr iphes de person
nages plus ou moins célèbres. A cet égard,
le cœur de Gédéon avait tressailli, lorsqu'on
lui-avait annoncé q i'une lettre attribuée à
la Guimard était un des lots auxquels il
pouvait prétendre. La chance d'adjoindre un
souvenir de l'ancien Opéra à la collection
que le baron avait pu naturéllem nt formor
dans coulisses actuelles, avait de quai
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