Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-07-13
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 13 juillet 1852 13 juillet 1852
Description : 1852/07/13 (Numéro 195). 1852/07/13 (Numéro 195).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
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poua les çascs étrangers se reportes
au. iîxli sera publié tia&sle Journal,
les. 18 el 25 ie chaqae mois. •
La h-ytiAevtfiu datem du 1« et 16
is chtiout mot'.
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
^adresser-, traano pour la rédaction , à Mi Cucheval-Clakigny, réds »tetr -i.n oii>f.
* Los articles dégqsès ne sortf pas rendus, .
( n s'a'i me, dons les dêpartemens, auc Meta geriet t aux Direcii ni de poste.— A Lonirfs, chez MK CowiE
. —A St'-asbou g, che M. Atmium, pow l'Allemagne,
et fils.] S'adresser, franco, pour 'l'administration, à M.Denain, directeur.
Les acaonaos sont reçues eu bureau du journal ; et chea il. PANtS?, râgfesem. 10, place de Bours
d AIUS, JUILLET.
La multiplication des cas d ? hydrophobie
demeurera l'un des traits caractéristique# de
cette armée. Depuis plusieurs mois, tous les
journaux- retentissent continuellement de
malheurs-affreux. Il n'est point de pariie du
.territoire qui ait été épargnée. L'Isère,
le Gard, les Côtes-du-Nord, le Pas-derCalais,
vingt dêpartemens ont chacun sa tragédie
à raconter; au rœurmême de la capitale,
une famille entière vient d'être frappée, et
tout Paris frémit encore de l'épouvantable
agonie.dont nous avons donné le récit. L'o
pinion publique, d'abord-douloureusement
émue, puis sérieusement effrayée, a besoin
d"ètre.iassurée pour l'avenir.
Puisque la science médicale, et ce nom de
science a presque ici l'air d'une ironie, est
impuissante à combattre-le mal lorsqu'il a
éclaté, tous les efforts doivent se tourner à
le prévenir; Une surveillance assidue et effi
cace peut seule restreindre lis cas d hydro
phobie, et elle exige le triple concours des-
citoyens, de la police administrative ou mu
nicipal?, et enfin du gouvernement.
Il ne faut pas que les citoyens rougissent
ou craignent de'prêter ma : n-forte à l'exécu
tion des règlemens de police. Leur devoir
est ici complètement d'accord avec le soin
de Uur sûreté personnelle. Il faut surtout
que les particuliers soient bien convaincus
des risques qu'ils encourent en s'affranchis-
sànt des prescriptions législatives; il faut
qu'ils sachent qu'ils sont responsables des
malheurs que leur désobéissance à la règle
ou leur imprudence peuvent ocrasioner.
C'est ici que les tribunaux peuvent intei venir
de la façon la plus efficace et 1a plus utile,
non seulement par l'application* sévère de
la pénalité dans toutesJes contraventions
constatées, mais surtout par l'application
de la responsabilité légale. Nous voyons,
du reste, avec une vive satisfaction, les
• magistrats entrer déjà, dans cette voie.
Nous avons publié le jugement par lequel
le tribunal de Lyon a condamné à'l'amen
de et à des dommnges-intérêts un proprié
taire dont le chien avait mordu un enfant,
quoiqu'il n'«n fût point -résulté de consé
quences funestes. En Belgique, un cas plus
douloureux s'est présenté : une morsure a
eu pour conséquence l'hydrophobie et la
pioit; le propriétaire du chien a été con
damné à douze mille francs de dommnges-
intérêts, par application de la loi qui: n'est
antre que le Code français. Si quelques ar
rêts de justice démontraient à tous que la
siiitp'e'dérogation aux prescriptions d>j po
lio: et'-jm accident pouvant entraîner pour
eux l'amende, la prison et des dommages-in-
téiêls", ils seraient moins réfractaires aux or
donnances de i'ciutoçué.
. Ces ordonnances suffirai* nt presque à
.elles seules pour prévenir le mal, si elles
étaient exécutées. On ferait un volume avec
les r èglemens qui existent sur la matière :
règlemens.administratifs, règlement muni
cipaux, tous sont excellens et prévoient à
peu près tous les cas ; malheureusement Ils
n'existent que sur le papier. Nous sommes
convaincus qu'en ce moment on les applique.
Nous avons où dire qu'il se fait même un;
vraie Saint-Bar thélemy de chiens errans, mais
c'est IV un zole ■momentané dû surtout aux
alarmes et aux plaintes du public. Dans les
temp? ordinaires, la police, par indifférence,
par surcharge d'occupation?, par mille rai
sons dont quelques-unes sont fort bonnes,
ferme les yeux sur des contraventions qui
paraissent tout à fait inoffensives lorsque
des accidens, heureusement assez rares, ne
viennent pas leur donner des conséquences
tragiques.
Il- ne faut pas d< mander à la police plus
de zèle qu'elle n'en peut avoir; il ne faut pas
la rendre seule responsable de l'indocilité
« et de l'impradence des citoyens; il ^aul
mieux lui faciliter sa tâche en diminuant'le
nombre des chien'. La raison d Etat est ici
d'accord avec l'hygiène publique.- Il y a
grand intérêt pour une nation à encoura
ger la mulliplicalion des chevaux, du gros
et du petit bétail, parce que c'est autant
d'accroissement pour h richesse générale.
Mais quel intérêt pourrait-on avoir à multi
plier les chie.ns qui coûtent au lieu de rap
porter? Un économiste,par des calculs précis,
et qui sont plutôt au-dessous qu'au-dessusde
la vérité, a établi que les frais de nourriture
des chiens actuellement existans en France,
s'é!evaït annuellement de cinquante à cin-
quante-einq miliions. C'est plus que le budget
de la ville de Paris, ei^tplus que le budget de
sept ou huit royaumes. La presque tota'ité de
cescinquante millions n'étantreprésentée par-
aucun service appréciable, est dépensée en
pure perte. Il y a donc nécessité de diminuer
considérablement le nombre des chiens en
France, et le gouvernement seul peut attein
dre ce but, et par un moyen unique, par
l'impôt.
Nous avons applaudi avec toute la France,
à la décision qui a reliré les cinq projets
d'impôt présentés au Corps Législatif. Quatre
de ces impôts, qulil est inutile d'examiui r
ici, étaient des innovations malheureuses.
Nous a\0"S regretté de voir l'impôt sur les
chiens enveloppé dans une disgrâce que
seul il ne méritait pas de partager. Nous es
pérons le voir reparaître dès l'ouverture de
la session prochaine, et nous sommes con
vaincus qulCrtte fois il prendra définitive
ment place dans notre législation. Nous sou
haitons seulement de le voir établi sur des
bases toutes différences de celles qu'on lui
avait données. ■
L'impôt sur les chiens, si l'on veut qu'il
soit fructueux et produise tous ses effets
utiles^ doit être un impôt-municipal, c'est-
à-dire perçu au profitdes communes. Suppo
sons-le perçu au prufitde l'Etai, ilfaudra,
tomme dans tous les projets de loi jus
qu'ici présentés, s'en rapporter aux auto
rités municipales pour les exemptions à
accorder. Or, en vertu de ce préjugé malheu
reusement accrédité en France que faire
tort au-trésor public ,- c'est ne faire tort
à personne, on se montrera très large
pour les exempt'oiis, surtout, dans-les
campagnes, i c'estvàndire où l'exécution de
la loi est le plus nécessaire. Le maire
exemptera le. chien de l'adjoinl; l'adjoint,
le chien du mà percevoir, f. ra entrer une somme insigni
fiante dans les caisses de l'Etat, et n'amènera
aucune réduction dans le nombre des chiens .
inutiles.
Si 1 s pro luits de l'impôt doivent entrer
au contraire dans la caisse de. la commune,
on peut se fier à la rigidité de. nos édiles;
villageois pour qu'aucun clien n'échappe
au'percepteur. Vingt chiens imposés à H) fr.
exempteraient une commune de ce qu'elle
est contrainte' de payer à son instituteur.
Quelques chiens déplus solderaient le greffe
municipal et le chantre de là paroisse. Im
pôt municipal, l'impôt sur les chiens sera
rigoureusement exigé; et cette rigueur peut
seule faire disparaître les. chiens inutiles,
que la paresse et la mendicité entretiennent
comme distraction et souvent- comme mov< 11
d'intimidation." .
Dans les projets de loi élaborés jusqu'ici
sur la matière, or a eu le tort de vouloir fa
miliariser le public avec l'impôt, comme si
un impôt pouvait jamais cesser d'être rébar
batif. Pour amadouer le contribuable, pour
luiadoucirla pilule, on multipliaitles exemp
tions, et on établissait un tarif très com
pliqué. Il est essentiel, au contraire, que
l'impôt soit universel ; si petite que soit'la-
porte ouverte aux exemptions , on p> ut
être assuré que tous les chiens y passt ron't,
l'un poussant l'autre, et que le percep
teur demeurera en face d'uue esc u'ct lie
complètement vide. Le moin Ire roquet sera
cliit 11 de garde, s'il n'est chien de iierg-ir.
Nous n'exempterions que le chien -dé :
l'aveugle, et cela dans les cas de cécité au*.
tVmique, constatée par le témoignage*
d'une gendarmerie sincère autant que
clairvoyante. L'impôt du'ehien, comme l'im
pôt des portes et fenêtres, entrera dans le
prix du fermage,' et il aura l'avantage d'être
volontaire. Quand le propriétaire de 200
moutons devrait, pour le chien qu'il adjoint
à son berger, payer 10 fr. à la commune
oij il réside, ce n'est pas cet impôt d'une
fraction de centime par mouton qui ajoutera
au prix de la viande ou au prix de la laine.
L'impôt doit donc être universel, afin d'évi
ter toutes les difficultés de perception. ■
La même raison veut que le taux de
l'impôt soit unique. Au lieu de le faire vjrier
d'après la-population ou d'apr ès la condition,
urbaine ou rurale, des communes, on pour
rait peut-être le .porter au double pour
les espèces de luxe, et surtout pour les espè
ces manifestement inutiles. Personne ne
pourra faire illusion sur lis services d'un
carlin, d'un roquet ou d'un griffon. C'est à
ces conditions Seulement que l'impôt "sera
facilement perçu, qu'il sera productif, et
qu'il atteindra surtout son objet principal,
la diminution de la race conine et la destruc
tion .de tous les chiens inuiileset dangereux.
Cucheyal-Clarigny.
Nous avons annoncé que M. l'abbé Bru-
mault, directeur de l'établissement agricole
de Ben-Aknoun,- avait obtenu de l'adminis
tration la faculté d'emmener en Algérie deux
cents enfans.trouvés'qui vont y recevoir une
éducation professionnelle. Nous apprenons
que M. l'aubé Abram, qui est à la tête d'une
maison d'apprentissage pour les orphelins
pauvres à Messerghin, vient d'arriver à
Paris pour solliciter qu'on lui confie un
nombre égal dé jeunes orphelins. Cette de
mande, qui séra certainement accueillie avec
faveur comme celle de M. l'abbé Brumault,
est une preuve de plus du progrès de la co
lonisation dans l'Afrique française. Nous
avons pensé qu'on lirait .avec intérêt qûel-
qqes renseigneméns puisés aux meilleures
sources d'information sur ces établissemens
fondés et soutenus par la puissance toujours
active et toujours féconde de l'esprit de
charité.
La première pensée de l'établissement de
Ben-Aknoun remonte à 1839. A cette épo
que, l'évêque d'Alger, M. Dupucb, ardent
promoteur di s eeuvres de bienfaisance ,
avait créé un arile- pour les enfans aban
donnés, dans le -local de l'ancien consu'at
de Danemarek. Cet établissement y resta
jusqu'en 1811. 11 fut transféré dans le
camp de Dely-Brahim, qmfut mis à sa dis
position pur l'administration de la guerre. ;
Enfin le •I er mai lSio, il reçut une installa-
tion définitive à Ben Àkpoun, commune d'El-
Biar, dans une vaste propriété qu'avait ache
tée l'abbéBrumaùlt;. l'abbé Brumault qui (îuit
à un zèle tout apostolique un véritable talent
d'administration, n'a pas tardé à donner à
cet établissement, à la fois professionnel et
agricole, un dcveloppctu Consultant le goût et la vocation d-.s enfans,
l'abbé Brumault occupe les uns au eléfii-
chenient eles teries, au labour, au jardina
ge,. les au^es à la confection eles ouïs 1s et des
in-trume-ns d'agriculture. Les enfans. dont
la constitution est moins vigoureuse appren
nent des états que plus tard il; pourront
exercer au sein des villes. On les emploie à
dés travaux de couture, de teinturerie, de
boulangerie, de chapellerie, etc., etc. C'est,
comme le dit avec raison un rapport officiel, •
une pépinière de cullivaleurs acclimatés et
laborieux et d'ouvriers intelligens et hon
nêtes. L'abbé '.'rumault*reçoit de l'adminis
tration, en vertu d'une convention qui date
$c-1845, «upc première mise de GO fr. par
chaque enfant, et une allocation mensuelle
de 21 fr. 50 c. .
Encouragé par le succès, M. l'abbé Bru
mault a fondé une succursale de son établis
sement de Ben Almoun'à Bouffarick, et c'est
pour compléter-le personnel de cette derniè
re maison, qu'il a obtenu cette petite colonie
d'enfans trouvés. Avant son "voyage en Fran-
cei il "dirigeait à Ben-Aknoun et à Bouf-
farick environ trois cent cinquante jeu
nes calons, depuis l'enfance jusqu'à' l'ado
lescence , dont la plupart sont Français,
mais qui comptent toutefois une centaine
d'Allemands, d'Espagnols et d'Arabes, tous
élevés dans les principes de la morale reli
gieuse, apprenant tous une profession utile.
Un fdit capital peut donner une juste idée
de la santé et de la vigueur dont jouissent
ces enfui}?, grâce aux soiasintelligens qui lés
entourent. Sur environ trois cent cinquante
personne, on n'a compt''-, en quatre années,
qu'un seul décès, bien que le choléra ait sévi»
deux fois en Algérie. On ne trouverait pas en
Nfrance un étahufsement charitable dont on
pût en dire autant. C'est la première preuve
que le climat de l'Algérie n'est pas à beaucoup
près aussi mëuftrïeiTîTfoiLle prétend', quandt-
la localité eit bien choisie et qu'en adopte
uu bon régime hygiénique.
Nous devons dire un mot de l'établisse
ment des orphelines de Mustapha. Cette mai
son, dirigée par les sœurs de Saint-Vincent
de Paul, renferme 384 jeunes filles, qui y re
çoivent les élémens de l'instruction primaire,
et apprennent, par des travaux d'aiguille et
des travaux agricoles, à devenir des fem
mes d'agriculteurs, de bonnes mères de fa
mille. Cet établissement, qui est dans un état
de prospérité admirable, est placé dans l'an
cien camp de; Mustapha.-
Tels sont les principaux établissemens
charitables de, la province d'Alger. Celui .de
Messerghin, dirigé par M. l'abbé Abram, est
situé dans la province d'Oran. Les alloca
tions y sont les mêmes que pour Ben-
Altnoun. Les enfans y sont nourris et
traités comme les enfans de troupe. On
les habitue, ainsi à une vie sobre et fru
gale , on leur forme une constitution fer
me et robuste. L'enseignement ordinaire des
écoles primaires leur est doqné, et, selon leur
âge, ils sont employésaux travauxdes champs
ou ils exercent un métier. Lés plus beureux
résultats ont été obtenus dans cet établisse
ment, qui rivalise, sinon en importance,
du moins en bonne tenue, avec ses devan
ciers. Si l'abbé Abram obtient, comme l'abbé
Brumault , une petite population d'enfans
trouvés oud'orplielins, 011 verragrartdir dans
la province d'Oran uu centre d'éducation mo
rale. et professionnelle d'où-sortiront d'ex-
ccllens agriculteurs et d'honnêtes ouvriers.
On s'occupe en ce moment de créer une mai
son d'orphelihes dont le noyau a déjà été
foudé àO. au mêiiB , par les sœurs trinitai-
res, moyennant la modeste subvention de
S fr. de première misé et de 15 fr. p?.r mois
par chaque enfant.
La province d'Orann'est point destituéede
ces établissemens charitables. En 1849 un
ornhdï'iaty a étécommeucé par l'abbé Land-
mat.n à Medjez-Amar. Cette maison est
pour ainsi dire modelée sur celle de Ben-
Aknoun, et elle est appelée pareillement à
rendre eie grands services. En outre, -les
sœurs de charité attachées à l'hospice civil
de Constantine se chargent, moyennant une
subvention mensuelle de 15 fr. par mois et
par enfant pour tous frais de nourriture et
d'entretien, et sans première mise, d'un cer
tain nombre, toujours croissant, de jeunes
t filles-abandonnées qui reçoivent les bienfaits
d'une excellente éducation professionnelle.
Nous tracions récemment le tableau in
complet des innombrables eeuvres de bien
faisance qui prospèrent en France sous l'ins
piration de la charité chrétienne. Ou voit
qa'cn Algérie la cliar i Le (Uireutnne ne Je-
meure pas inactive, et que, grâce à ses ef
forts, une je;une génération de laboureurs
et d'artisans, au corps vigoureux, à l'intelli
gence ouverte, aux ma.urs -pures, s'y élève
et s'y prépare à un rôle important dans le
grand-travail de la civilisation.'
^Henry Cauvain.
Le Moniteur belge du 11 confirme la nou
velle de la retraite du cabinet.
« Nous apprenons, dit-il, que les minis
tres ont adressé hier leurs démissions au roi.»
Les fêtes militaires de Varsovie.
L'empereur de Russie a voulu se donner le
spectacle de manœuvres exécutées par plus
de 60,000 hommes. C'est du 1 er au 7 juin
que ces exercices ont eu lieu à Varsovie. Un
certain nombre de généraux autrichiens et
prussiens y assistaient-; le prince Frédéric-
Charles de Prusse était un des hôtes de l'em
pereur. Nous empruntons le récit d'un An
glais, officier dans" l'armée indienne, qui a
été présent à ces manœuvres, avec un Ecos
sais, officier dans la yeomanry.
La première journée ( 1" juin ) , ' fut
employée à une revue de tout le second corps
d'armée , comprenant 48 bataillons d'in-
îanterie et un de tirailleurs (chaque batail
lon est composé de 1,000 hommes); deux
régi mens de lancier s et deux de hussards
(chacun.de 1,200 hommes) ; quatre com
pagnies de Cosaques, Circassiens et autres
irréguliers (chaque compagnie forte de 400
hommes) ; plus, un corps d'artillerie â che
val et à pied, faisant le serviçe de 188 pièces,
et accompagné du train des équipages cor
respondant à ce matériel. Le tout était placé
sous le commandement du lieutenant-géné
ral Paniutine, qui s'est distingué auprès du
général Haynàu dans la guerre de Hongrie.
L'année se développait sur cinq lignes dans
la plaine de Powouski, à une distance de
trois railles de Varsovie.
Le vice-roi de Pologne feld maréchal
prince Paskewitch se rendit sur le terrain
quelques minutes avant dix heures., Les
comtes Orloff et Adlerberg, le prince Gortz-
chakoff, commandant en chef de l'armée
active, et d'autres généraux, arrivèrent, suc
cessivement. Les deux officiers anglais se fi
rent régulièrement présenter à eux par, le
consul 1 général de leur nation. A dix heures'
précises, le czar parut, accompagné du prince
Frédéric-Charles de Prusse.
Aussitôt que l'empereur fut monté à che
val, les deux officiers anglais (on a encore
toin de nous l'apprendre), lui furentprésen-
tés dans toutes les formes. 'Après cinq mi
nutes employées à leur adresser quelques
questions courtoises sur l'état de l urs ser
vices, l'empereur s éîança au galop et fut
reçu avec le cérémonial accoutumé par le
feld-man etn du,miheu des cris âssourdis-
sans qui partaient de pius de soixante mille
poitrines: car cest de cette manière que les
Russes marfueit m\ar iblement leur dé-'
voûmentau ouupjoati toldat quand il passe
devant eux. .
L'infanterie, sur trois rangs de profon-
eleur, formait deux lignes dont chacune oc
cupait un espace de deux milles.La cavalerie
et l'artillerie, présentaient un.front en,rap
port avec ce développement. Réduit à. un
très rapide examen, le narrateur n'avait pas
pu apprécier avec une entière précision
l'état physique des hommes ; mais il a con
sidéré que, depuis plusieurs heures, ces
hommes étaient sous les armes, exposés à la
poussière et à la chaleur, et il n'a pas voulu
rechercher si la tenue et le costume of
fraient 'toute la perfection, tout le fini ,
qu'on eut pu désirer. Quant aux chevaux
de la cavalerie, ils étaient superbes , et
dans les pfys parfaites conditions. Quel
ques chevaux de l'artillerie paraissaient un
peu épuisés, mais plusieurs heures déjà pas
sées au soleil et d'assez rudes efforts pour
disposer les pièces de canon sur le terrain
rxpliquaienteette fatigue. L'infanterie, mar
chant d'un pas lent et bien mesuré, montrait
qu'elle possédait une instruction solide. Les
mouvemens de la cavalerie se faisaient avec
correction. Toutefois, infanterie et cavalerie
paraissaient quelque peu à bout de forces.
Prenant ensuite une allure jilus rapide, les
bataillons d'infanterie se formèrenten colon
nes, deux bataillons composant un régiment
et chaque colonne présentant un front d,;
"cle«*-fiFnts -hommes. Le,.soin avec lgquel ces
masses mouvantes observaient les alignemens
et les distances était remarquable; et pour ce
qui est des chevaux, leur énergie se déploya
brillamment lorsqh'ils eurent à faire ma-
-nœuvrer les pièces d'artillerie sur des terres
marécageuses et très difficiles. S'il est un '
reproche à faire à la cavalerie russe, c'est f
plutôt d'être par trop assujettie aux règles
a'un enseignement méthodique jque de n'être
pas suffisamment instruite. Passant au trot
devant l'empereurV les chevaux, sous la di
rection de leurs cavaliers, repétèrent certaine-
exercices de manège qui montrèrent leur, dc-
eililé et furent très applaudis par Sa
Majesté. Mais pour leur faire acquérir cette
aptitude, il avsit fallusacrifiercertainesautres
qualités, diminuer l'agilité, l'élan, et par con
séquent.supprimer une partie des chances de
l'attaque, puisque c'est l'impétuosité qui en
fait, avant tout, le succès. Les cavaliers
avaient bonne mine, pris en masse ; mus
l'officier anglais ne saurait approuver leur
manière de se tenir (n selle, et, à cet
égard, il multiplie'les observations techni
ques.
A chaque évolution, l'empereur exprimait
à plusieurs reprises sa satisfaction, et les
Russes dê répondre invariablement par une
phrase "équivalant à ceci : « Nous faisons de
notre mieux et nous tâcherons de faire
mieux encore I »
Le 2 juin fut consacré à la revue, sur la
place d'Ugazdow, de seize mille hommes d'in
fanterie, accompagnés de forcés correspon
dantes en cavalerie et artillerie. Deux compa
gnies d'irrégulièrs donnèrent la représenta
tion d'une espèce de fantasia, dans laquelle ces
hommes développèrent leur agilit&diaboh-
que et montrèrent leur manière de combat
tre. L'un de ces cavaliers, jeune drôle plein
d'audace et doué d'une beauté sauvage, par
vint à appeler sur lui l'attention de son sou
verain, en exécutant des tours de force tels
qu'à uu certain moment son corpjs, brusque
ment jeté à terre, parut disloqué et tout bri
sé. L'empereur, affecté douloureusement, le
croyant mort, s'approçhie avec l'expression
d'un vif chagrin; aussitôt notre homme, pre
nant son temps, së redresse sur ses pieds, '
saisit par la queue un cheval qui passait au
galop prèsdelui,b'é!anceaveclaprestessed'un
singe sur lacroupe de la béte,étreint lecavalier
que déjà elle portait; et tous deux, entraînés.
par le vigoureux animal, s'éloignent comme
en triomphe. L'empereur -reste stupéfait, et
la dignité immobile de son visage se déride
un instant ; c'était la seconde fois qu'un de
ces étranges maîtres en équitation trompait
sa compassion et le prenait pour dupe.
Le 3 juin fut consacré à eles manœuvies
de la cavalerie et de l'artillerie à cheval, *ur
la place de Mokatow. Tout réussit à mer
veille." Notre narrateur ne signale qu'une
petite incorrection, uû tout petit désorén^-—
eh déclarant que c'était insignifiant, et ne
valait pas la peine d'être relevé.
Les deux jours suivans furent employés à
l'inspection de l'infanterie et à l'exercice au
fusil. /
Le 7 juin était le grand jour réservé pour
les manœuvres etles exercices de l'artillerie.
216 canons étaient en ligne, savoir : toute
l'artillerie du second corps d'armée, une
division de la 12 e brigade appartenant au
4 e corps,et trois batteries de Cosaquesdu Don.
L'officier anglais décrit minutieusement les
évolutions, il mesure les distances et compte
les coups. Sa conclusion est fâcheuse, et il
ne cherche pas à la dissimuler. Sur un
nombre immense de coups de canon, le
but n'a été que rarement atteint. Sans dou
te il faut bien accorder quelque chose à
l'émotion de gens qui pointent -sous les
veux du czar; mais qu'à raison de ce trou
ble ils . eussent pris plus de temps pour
ajuster, c'est tout ce qu'on pouvait leur
concéder raisonnablement. Toutes les 'dis
tances étant déterminées d'avance et ce tir
n'ayant présenté aucune difficulté imprévue,
il est singulier que l> s boulets aient été si
souvent égarés eu l'air, ou aient si souvent la
bouré la terre au lieu de toucher le but. Somme
toute, et quoique les Cosaques du Don aient, à
ce qu'il paraît ? montré dans.cet exercice line
certaine supériorité relative, l'officier anglais,
dans sa franchise .toute britannique (et aveç
une susceptibilité que plus d'une fois ses
compatriotes, chacun se le rappelleront
montrée en fait de justesse de tir), déclare
que cette importante partie des fêtés de Var- .
sovie l'a véritablement désappointé.
En fin de. compte, ces fêtes se sont tern i
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL, 13 JUILLET.
REVUE MUSICALE.
ôpi'RA : Nouvelles. —soi'iitia-comique : Reprise do
ta Sirène. — la comp.igniii hokchoisb aux Varic-
; tés. —VIRGINIE ET CAUQI.iNË FERS! —DN CONCERT
DE BIFSFAIS.1NCP. —NOUVEAUX DROITS D'AUTEURS.
" L'Opéra vient de jouer Robert-le-Diable et
le 'Prophète',' dêux galanteries qu'on a voulu
faire à Me-yerbeer qui, en gcpéral expeitet
prévoyant, prend déjà les premières mesu
res et trace les premiers plans po ir la cam
pagne,'assez éloignée de l'Africaine. L'illus
tre maître et le grand slratégisle devant se
rendre de Berlin aux eaux de Spa,.a pris par
Paris. H ne paraît pas bien fixé'sur la dUtri-
bution des lôlesdeson ouviage. li écoute
avec la plus grande-attention tous les artis
te? qu'on lui présente., il encourage les uns.
et-les autres-d'un bienveillant sourire et
ne se prononce pjs. Tout se monde a le droit
â'espérer; mais quels seront les élus? Natu
rellement ceux qui auront le plus d-; succès
d'ici à l'année prochaine et même; dans deux
ans (car Meyirbeer sait attendre); ceux qui
auront fait le plus parler d'eux, soit à Paris,
soit à Berlin, soit à Londres. Rien ne réussit
comme le suecès; Meyerbeer le sait par ex
périence, et, à chaque nouveau combat qu'il
livre au public, il aime à «'entourer de noms
connus, de talens éprouvés, de, vaillans auxi
liaires. Il S'attache nirtout aux heureux, à
ceux qui ont la chance et la veine, en
c-la de i'avis de.-> Ramai os, qui élevaient
un tempie à la Fortune, et préféraient César
â Pompée, parce que le premier avait du
bonbtur.
H ne faut point se dissiinù'er que Mlle
Wagner, à qui le premier rôle de l'A fricaine
était de-tiné et promis, a-beaucoup perdu
•de son prestige par. son malheureux procès
de Londres; qu'elle a gaspillé follement dans
de misérables chicanes le temps qu'elle au
rait dû employer à étendre sa réputation-et
à foriifier son talent. Si encore elle e-Cit g::-
gné son procès! Mais elle a subi 1111 double
échec devant l'opinion et devant les juges.
Le jour où le lord-chancelier adinoue?tait
si vertement Mlle Wagner, chaque mot qu'il'
liiHsait tomber do ses lèvres a retenti dèsa-
gréablemeiit aux on illes d'un grand corapo-
Mteur.
D'autres cantatrices, • non pa«, à la vérité,
aussi célèbres que Mlle Wagner, mais qui
n'en sont pas moir:s en possession- légitime
de la fave: r du public, .se flattent d'èlre dc-
f'ignées in p tto pour ce rùlecnvié. Mais, mal
gré leur.mérite incontestable, elles man
quent d'un puissant attrait, celui de la nou-
veauté et de la curiosité, et quand bien mê
me elles satisferaient sur- tous les autres
j oints les exigences du maître elles ne vainr
croient pas ses hésitations, ne 1 ou vaut j, tir
dans la balance ni l'pclat d'un début, ni l'in
térêt de la surprise. En un mot, leur appa
rition dans un nouveau rôle ne serait pas
un événement, et Mcyerhe< r aime assez les
évènemens. .
I.c bruit a couru ces derniers jours qu'on
avait fait des propositions à une jeune et
brillante artiste, qui vient de rempre brus
quement avec le Théâtre-Italien.. Ce n'est
pas la première fois que l'Opéra aurait son
gé à s'attacher celte cautatrice, c-t il e*t bit 11
naturel que, maintenant qu'oïl la sait libre
de tout engagement, 5.011 nom soit remis sur
le tapis. Mais no:-is 11e saurions rien affirmer,
et, api es avoir rapporté le fait, parce qu'il
est de notre devoir de tenir nos lecteurs
au courant de tout ce qui se passe, nous
ne formerons plus qu'un vœu, c'est que
le temps qui nous sépare de la première
représentation de. l'Africaine soit abrégé
le plus qu'il sera possible; car il est fâ
cheux pour ceux des auteurs qui doivent,
d'ici là, occuper notre première scène Ivri-,
que, il est souverainement fâcheux et péni
ble que l'attention- du public soit détournée
sans cesse par les apparitions fec-quenUs du
célèbre maesiro, et que elt s ouvrages de
la plus longue haleine ne deviennent plus,
en quelque sorte, que des levers.de rideau.
— Les deux reprises d'Act éou et ci-la Siiène,
à quelques jours d'i ntvrv.tllo . a'.nonceot de .
h mauière la plus formelle et la plus posi
tive un prochain ouviage -L-M. Ar.b ;r. C'est
en même temps un hommage n ndu au plus
ancien cl au plu; j'.-un^de nos compositeurs,
et une épreuve et un concours pour ceux des*
artistes qui a-pirent à l'honneur in-i^ne de
jouer un rôle dans h iiouv-. Ile pièce. J'ai
parlé d'Action dans mon d rnier article: j'ai
prodigué à Mlle Miolan les éloges qu'elle
m'a paru mériter; j'ai encouragé Miles Ré-
villy et Decroix, et j'ai couvert les autres
d'un indulgent silence; car ce n'est point
par oubli, qu'on veuille bien le croire, ejue
j'ai omis de prononcer les noms de Coulon
et'de Jourdan. Il faut- que je sois plus ex
plicite • pour la reprise de la Sirène, afin
qu'on ne tire pas de mon silence une in
terprétation trop favorab'e à des essais mal
heureux. Et d'abord il est bieni vrai que
Mlle Miolan a eu des choses charmantes,
dans ce rôle de la sirène ; elle a ravi son au-.
diloire dès qu'elle a pu s'approcher de la
i rampe et donner, toute sa veix. Elle a dit
avec autant de-grâce que de tendresse ses
deux duos avec te bandit Scopeito et le ma
rin Seipion ; elle ne se contente pas de vo
caliser avec une légèreté extrême et une jus
tesse irréprochable, elle me t de la couleur et
des.nuances dans chacun de ses traits. Mais,
p; ridant tout le premier acte, et lorsqu'elle
est obligée de chanter dans la coulisse,» sa
voix ne parvient, au spectateur que connue
" un écho alf nbli par une grande distance. Ori
saisit à peine ce" murmure agréable mais
coni'us, et l'on voudrait déchirer la toile de'
fond, briser les châssis, rc-nvers- r tous les
obstacles qui interceptent celte douce voix,
e[u'on devine plutôt qu'on ne l'enfend. Si M.
Aubqr est décidé à donner le premier îôle
de son ouvrage à Mlle Miolan, et je crois
qu'elle peut y avoir uu grand sueeès, il ne
faut pas qu'il la fasse chanter dans les cou
lisses ; ce Serait une double fatigue et pour
l'artiste et pour ie publie.
Boui'j a manqué de force et d'aplomb dans
Sc.opetto. Le 1 ô'.e est au- dessus do ses moyens,
lia dit délicieusement le ravissant largo :
Brille sur la verdure un rayon d'i soleil, et
tontes les fois qu J il s'agira de bien dire un
amiante, aucun ténor n'égalera Boulo pour
la pureté du style, pour la douceur et pour
le charme; mais il-ne faut point demander
à un altiste piers qu'il rie peut donner. Lors
que la révolte éclate au troisième acte et que
les brigands veulent en. finir avec l'ennemi
tombé dans leurs geillVs, pour, faire ren
trer les mutins dans l'ordre, leur chef doit
lés dominer et les écraser de la voix, du
regardât du geste. Boulo n'est point ele
taille à commander à efe tels gai u.Miens ;
son coup d'œ.il n'a rien d'imposant ni ele
te.rrible ; sa colère fait sourire ; toute la
scène est manquée. Quand il invoque le dieu
des flibustiers (apparemment Mercure), on
dirait qu'il n'ose point crier parce qu'il a
peur des gendarmes. Enfin, lorsqu'il a ^ oulu
cli mter trop haut, sa voix s'es: cassée deux
ou trois fois. Prenons garde I ce serait vrai
ment dommage qu'un si bon chanteur fut
exposé à de tels mécomptes, uniquement
parce qu'il est mal placé.
Mou ami Jourdan a été passablement mo
notone. Il jouait Seipion. Depuis quelque
temps, ce garçon abuse de sa voix blanche.
C'est ce qui. a fait dire plaisa'inmsnt à un
voisin : Jourdan vient d'envoyer sa voix à
la blanchisseuse. Il faut que ce jeune artiste
s'observe ; qu'il sombre autant qu'il peut
quelques notés, sans tomher dans les sons
gutturaux. Il a, d'ailleurs, beaucoup ù'h'tel-
ligence et de docilité. On n'a qu'à lui dire
qu'il s'est trompé; je suis certain que la pro
chaine fois il fera mieux.
Le seui acteur complet, le seul amufant,
le seul qui ait égnvé la pièce d*. sa fatuité
charm mie et de sa vnve irrésistible , c'est-
ce bon Ricquier. Quel excellent duc de Popo-
li ! quel contentement de soi I quelle mor
gue incomparable I quelle triomphante 1-è-
tise ! Mon Dieu I que j'ai connu de grands
personnages qui-ressemblaient à Ricquier!
. N'oublions point do dire, pour l'excuse
des artistes, que la Sirène a été reprise par
uu< des soirées les plu- brûlantes que cous
ayi ns enduréis jus.p.t'ici. Oa jouissait dans
la salle de trente-huit degrés de chaleur, on
en avait mesuré, le matin, trente-deux en
plein air et à l'ombre. 11 n'est pas étonnant
que cette t-mpérature du Sénégal ait épuisé
les forces des chanteurs. Ce qui me paraît
digne de remarque, c'est qu'aucun critique
n'ait été cuit dans sa loge comme un œuf â
la coque. Il se peut, seulement, que celte ex
cessive cha'eur nous ait rendu plus sévère
que de coutume -, il-y avait de quoi pousser
à l'hydrophobie l'arne la plus doucé et la
plus charitable.
— Mais les ardeurs de la canicule n'empê
chent pas la Compagnie hongroise f)'attirer du
monde • aux Variétés. Cela prouve qu'en
France on aime la musique. C*.:tte Compa
gnie hongroise, qu'il 11e faut confondre avéc
aucune Compagnie hollandaise , se compo
se d'une quinzaine d'instrumentistes diri
gés militairement par un chef qui sait se
faire obéir. Le mot compagnie est pris dans
le sens italien. Cela veut dire troupe de co
médiens , de chanteurs ou-de . saltimban
ques. On ne l'emploie jamais pour' dési
gner un orchestre. C'est pourtant d'un pe
tit orchestre, et eles plus habiles et dmieux disciplinés,.que veut parler l'afficha
des Variétés. Mais qu'importe ie nojn, ri
la chose est digne d'intérêt? Ces braves
gens se distinguent surtout par la précision,
par l'ensemble et par une sorte ele raideur
mécanique qui les fait assez ressembler à des
soldats prussiens à la parade ou à l'exercice*
Ils sont là six violons, un violoncelle, une
contrebasse, un hautbois, une clarinette,
quelques cornets à piston et un ophicléïde ;
ils exécutent, le plus ponctuellement du mon
de, une foule de morceaux d'opéras italiens,
français, hongrois, des fantaisies, des ouver
tures, des quadrilles et des polkas.-Cet te vi
gueur d'attaqué, celle simullanéiléde mouve
mens et dt- gestes, ce mar tellement rapide, sec
et nerveux font d'aboi d une assez vive impres-
D5«
r£ii,4S8£At;)4. i rt&e «#« §&i&ie i&ojai;, 11. 10.
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485
Àll.yI 13 JUILLET®
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rnix SE f&BOîSKEssrar*
wutts. . : i* ». par -trimkstrï.
OÉPAItTEME^S 18 ». —
1U> MJSif.ko : ?» CENTIMES
poua les çascs étrangers se reportes
au. iîxli sera publié tia&sle Journal,
les. 18 el 25 ie chaqae mois. •
La h-ytiAevtfiu datem du 1« et 16
is chtiout mot'.
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
^adresser-, traano pour la rédaction , à Mi Cucheval-Clakigny, réds »tetr -i.n oii>f.
* Los articles dégqsès ne sortf pas rendus, .
( n s'a'i me, dons les dêpartemens, auc Meta geriet t aux Direcii ni de poste.— A Lonirfs, chez MK CowiE
. —A St'-asbou g, che M. Atmium, pow l'Allemagne,
et fils.] S'adresser, franco, pour 'l'administration, à M.Denain, directeur.
Les acaonaos sont reçues eu bureau du journal ; et chea il. PANtS?, râgfesem. 10, place de Bours
d AIUS, JUILLET.
La multiplication des cas d ? hydrophobie
demeurera l'un des traits caractéristique# de
cette armée. Depuis plusieurs mois, tous les
journaux- retentissent continuellement de
malheurs-affreux. Il n'est point de pariie du
.territoire qui ait été épargnée. L'Isère,
le Gard, les Côtes-du-Nord, le Pas-derCalais,
vingt dêpartemens ont chacun sa tragédie
à raconter; au rœurmême de la capitale,
une famille entière vient d'être frappée, et
tout Paris frémit encore de l'épouvantable
agonie.dont nous avons donné le récit. L'o
pinion publique, d'abord-douloureusement
émue, puis sérieusement effrayée, a besoin
d"ètre.iassurée pour l'avenir.
Puisque la science médicale, et ce nom de
science a presque ici l'air d'une ironie, est
impuissante à combattre-le mal lorsqu'il a
éclaté, tous les efforts doivent se tourner à
le prévenir; Une surveillance assidue et effi
cace peut seule restreindre lis cas d hydro
phobie, et elle exige le triple concours des-
citoyens, de la police administrative ou mu
nicipal?, et enfin du gouvernement.
Il ne faut pas que les citoyens rougissent
ou craignent de'prêter ma : n-forte à l'exécu
tion des règlemens de police. Leur devoir
est ici complètement d'accord avec le soin
de Uur sûreté personnelle. Il faut surtout
que les particuliers soient bien convaincus
des risques qu'ils encourent en s'affranchis-
sànt des prescriptions législatives; il faut
qu'ils sachent qu'ils sont responsables des
malheurs que leur désobéissance à la règle
ou leur imprudence peuvent ocrasioner.
C'est ici que les tribunaux peuvent intei venir
de la façon la plus efficace et 1a plus utile,
non seulement par l'application* sévère de
la pénalité dans toutesJes contraventions
constatées, mais surtout par l'application
de la responsabilité légale. Nous voyons,
du reste, avec une vive satisfaction, les
• magistrats entrer déjà, dans cette voie.
Nous avons publié le jugement par lequel
le tribunal de Lyon a condamné à'l'amen
de et à des dommnges-intérêts un proprié
taire dont le chien avait mordu un enfant,
quoiqu'il n'«n fût point -résulté de consé
quences funestes. En Belgique, un cas plus
douloureux s'est présenté : une morsure a
eu pour conséquence l'hydrophobie et la
pioit; le propriétaire du chien a été con
damné à douze mille francs de dommnges-
intérêts, par application de la loi qui: n'est
antre que le Code français. Si quelques ar
rêts de justice démontraient à tous que la
siiitp'e'dérogation aux prescriptions d>j po
lio: et'-jm accident pouvant entraîner pour
eux l'amende, la prison et des dommages-in-
téiêls", ils seraient moins réfractaires aux or
donnances de i'ciutoçué.
. Ces ordonnances suffirai* nt presque à
.elles seules pour prévenir le mal, si elles
étaient exécutées. On ferait un volume avec
les r èglemens qui existent sur la matière :
règlemens.administratifs, règlement muni
cipaux, tous sont excellens et prévoient à
peu près tous les cas ; malheureusement Ils
n'existent que sur le papier. Nous sommes
convaincus qu'en ce moment on les applique.
Nous avons où dire qu'il se fait même un;
vraie Saint-Bar thélemy de chiens errans, mais
c'est IV un zole ■momentané dû surtout aux
alarmes et aux plaintes du public. Dans les
temp? ordinaires, la police, par indifférence,
par surcharge d'occupation?, par mille rai
sons dont quelques-unes sont fort bonnes,
ferme les yeux sur des contraventions qui
paraissent tout à fait inoffensives lorsque
des accidens, heureusement assez rares, ne
viennent pas leur donner des conséquences
tragiques.
Il- ne faut pas d< mander à la police plus
de zèle qu'elle n'en peut avoir; il ne faut pas
la rendre seule responsable de l'indocilité
« et de l'impradence des citoyens; il ^aul
mieux lui faciliter sa tâche en diminuant'le
nombre des chien'. La raison d Etat est ici
d'accord avec l'hygiène publique.- Il y a
grand intérêt pour une nation à encoura
ger la mulliplicalion des chevaux, du gros
et du petit bétail, parce que c'est autant
d'accroissement pour h richesse générale.
Mais quel intérêt pourrait-on avoir à multi
plier les chie.ns qui coûtent au lieu de rap
porter? Un économiste,par des calculs précis,
et qui sont plutôt au-dessous qu'au-dessusde
la vérité, a établi que les frais de nourriture
des chiens actuellement existans en France,
s'é!evaït annuellement de cinquante à cin-
quante-einq miliions. C'est plus que le budget
de la ville de Paris, ei^tplus que le budget de
sept ou huit royaumes. La presque tota'ité de
cescinquante millions n'étantreprésentée par-
aucun service appréciable, est dépensée en
pure perte. Il y a donc nécessité de diminuer
considérablement le nombre des chiens en
France, et le gouvernement seul peut attein
dre ce but, et par un moyen unique, par
l'impôt.
Nous avons applaudi avec toute la France,
à la décision qui a reliré les cinq projets
d'impôt présentés au Corps Législatif. Quatre
de ces impôts, qulil est inutile d'examiui r
ici, étaient des innovations malheureuses.
Nous a\0"S regretté de voir l'impôt sur les
chiens enveloppé dans une disgrâce que
seul il ne méritait pas de partager. Nous es
pérons le voir reparaître dès l'ouverture de
la session prochaine, et nous sommes con
vaincus qulCrtte fois il prendra définitive
ment place dans notre législation. Nous sou
haitons seulement de le voir établi sur des
bases toutes différences de celles qu'on lui
avait données. ■
L'impôt sur les chiens, si l'on veut qu'il
soit fructueux et produise tous ses effets
utiles^ doit être un impôt-municipal, c'est-
à-dire perçu au profitdes communes. Suppo
sons-le perçu au prufitde l'Etai, ilfaudra,
tomme dans tous les projets de loi jus
qu'ici présentés, s'en rapporter aux auto
rités municipales pour les exemptions à
accorder. Or, en vertu de ce préjugé malheu
reusement accrédité en France que faire
tort au-trésor public ,- c'est ne faire tort
à personne, on se montrera très large
pour les exempt'oiis, surtout, dans-les
campagnes, i c'estvàndire où l'exécution de
la loi est le plus nécessaire. Le maire
exemptera le. chien de l'adjoinl; l'adjoint,
le chien du m
fiante dans les caisses de l'Etat, et n'amènera
aucune réduction dans le nombre des chiens .
inutiles.
Si 1 s pro luits de l'impôt doivent entrer
au contraire dans la caisse de. la commune,
on peut se fier à la rigidité de. nos édiles;
villageois pour qu'aucun clien n'échappe
au'percepteur. Vingt chiens imposés à H) fr.
exempteraient une commune de ce qu'elle
est contrainte' de payer à son instituteur.
Quelques chiens déplus solderaient le greffe
municipal et le chantre de là paroisse. Im
pôt municipal, l'impôt sur les chiens sera
rigoureusement exigé; et cette rigueur peut
seule faire disparaître les. chiens inutiles,
que la paresse et la mendicité entretiennent
comme distraction et souvent- comme mov< 11
d'intimidation." .
Dans les projets de loi élaborés jusqu'ici
sur la matière, or a eu le tort de vouloir fa
miliariser le public avec l'impôt, comme si
un impôt pouvait jamais cesser d'être rébar
batif. Pour amadouer le contribuable, pour
luiadoucirla pilule, on multipliaitles exemp
tions, et on établissait un tarif très com
pliqué. Il est essentiel, au contraire, que
l'impôt soit universel ; si petite que soit'la-
porte ouverte aux exemptions , on p> ut
être assuré que tous les chiens y passt ron't,
l'un poussant l'autre, et que le percep
teur demeurera en face d'uue esc u'ct lie
complètement vide. Le moin Ire roquet sera
cliit 11 de garde, s'il n'est chien de iierg-ir.
Nous n'exempterions que le chien -dé :
l'aveugle, et cela dans les cas de cécité au*.
tVmique, constatée par le témoignage*
d'une gendarmerie sincère autant que
clairvoyante. L'impôt du'ehien, comme l'im
pôt des portes et fenêtres, entrera dans le
prix du fermage,' et il aura l'avantage d'être
volontaire. Quand le propriétaire de 200
moutons devrait, pour le chien qu'il adjoint
à son berger, payer 10 fr. à la commune
oij il réside, ce n'est pas cet impôt d'une
fraction de centime par mouton qui ajoutera
au prix de la viande ou au prix de la laine.
L'impôt doit donc être universel, afin d'évi
ter toutes les difficultés de perception. ■
La même raison veut que le taux de
l'impôt soit unique. Au lieu de le faire vjrier
d'après la-population ou d'apr ès la condition,
urbaine ou rurale, des communes, on pour
rait peut-être le .porter au double pour
les espèces de luxe, et surtout pour les espè
ces manifestement inutiles. Personne ne
pourra faire illusion sur lis services d'un
carlin, d'un roquet ou d'un griffon. C'est à
ces conditions Seulement que l'impôt "sera
facilement perçu, qu'il sera productif, et
qu'il atteindra surtout son objet principal,
la diminution de la race conine et la destruc
tion .de tous les chiens inuiileset dangereux.
Cucheyal-Clarigny.
Nous avons annoncé que M. l'abbé Bru-
mault, directeur de l'établissement agricole
de Ben-Aknoun,- avait obtenu de l'adminis
tration la faculté d'emmener en Algérie deux
cents enfans.trouvés'qui vont y recevoir une
éducation professionnelle. Nous apprenons
que M. l'aubé Abram, qui est à la tête d'une
maison d'apprentissage pour les orphelins
pauvres à Messerghin, vient d'arriver à
Paris pour solliciter qu'on lui confie un
nombre égal dé jeunes orphelins. Cette de
mande, qui séra certainement accueillie avec
faveur comme celle de M. l'abbé Brumault,
est une preuve de plus du progrès de la co
lonisation dans l'Afrique française. Nous
avons pensé qu'on lirait .avec intérêt qûel-
qqes renseigneméns puisés aux meilleures
sources d'information sur ces établissemens
fondés et soutenus par la puissance toujours
active et toujours féconde de l'esprit de
charité.
La première pensée de l'établissement de
Ben-Aknoun remonte à 1839. A cette épo
que, l'évêque d'Alger, M. Dupucb, ardent
promoteur di s eeuvres de bienfaisance ,
avait créé un arile- pour les enfans aban
donnés, dans le -local de l'ancien consu'at
de Danemarek. Cet établissement y resta
jusqu'en 1811. 11 fut transféré dans le
camp de Dely-Brahim, qmfut mis à sa dis
position pur l'administration de la guerre. ;
Enfin le •I er mai lSio, il reçut une installa-
tion définitive à Ben Àkpoun, commune d'El-
Biar, dans une vaste propriété qu'avait ache
tée l'abbéBrumaùlt;. l'abbé Brumault qui (îuit
à un zèle tout apostolique un véritable talent
d'administration, n'a pas tardé à donner à
cet établissement, à la fois professionnel et
agricole, un dcveloppctu
l'abbé Brumault occupe les uns au eléfii-
chenient eles teries, au labour, au jardina
ge,. les au^es à la confection eles ouïs 1s et des
in-trume-ns d'agriculture. Les enfans. dont
la constitution est moins vigoureuse appren
nent des états que plus tard il; pourront
exercer au sein des villes. On les emploie à
dés travaux de couture, de teinturerie, de
boulangerie, de chapellerie, etc., etc. C'est,
comme le dit avec raison un rapport officiel, •
une pépinière de cullivaleurs acclimatés et
laborieux et d'ouvriers intelligens et hon
nêtes. L'abbé '.'rumault*reçoit de l'adminis
tration, en vertu d'une convention qui date
$c-1845, «upc première mise de GO fr. par
chaque enfant, et une allocation mensuelle
de 21 fr. 50 c. .
Encouragé par le succès, M. l'abbé Bru
mault a fondé une succursale de son établis
sement de Ben Almoun'à Bouffarick, et c'est
pour compléter-le personnel de cette derniè
re maison, qu'il a obtenu cette petite colonie
d'enfans trouvés. Avant son "voyage en Fran-
cei il "dirigeait à Ben-Aknoun et à Bouf-
farick environ trois cent cinquante jeu
nes calons, depuis l'enfance jusqu'à' l'ado
lescence , dont la plupart sont Français,
mais qui comptent toutefois une centaine
d'Allemands, d'Espagnols et d'Arabes, tous
élevés dans les principes de la morale reli
gieuse, apprenant tous une profession utile.
Un fdit capital peut donner une juste idée
de la santé et de la vigueur dont jouissent
ces enfui}?, grâce aux soiasintelligens qui lés
entourent. Sur environ trois cent cinquante
personne, on n'a compt''-, en quatre années,
qu'un seul décès, bien que le choléra ait sévi»
deux fois en Algérie. On ne trouverait pas en
Nfrance un étahufsement charitable dont on
pût en dire autant. C'est la première preuve
que le climat de l'Algérie n'est pas à beaucoup
près aussi mëuftrïeiTîTfoiLle prétend', quandt-
la localité eit bien choisie et qu'en adopte
uu bon régime hygiénique.
Nous devons dire un mot de l'établisse
ment des orphelines de Mustapha. Cette mai
son, dirigée par les sœurs de Saint-Vincent
de Paul, renferme 384 jeunes filles, qui y re
çoivent les élémens de l'instruction primaire,
et apprennent, par des travaux d'aiguille et
des travaux agricoles, à devenir des fem
mes d'agriculteurs, de bonnes mères de fa
mille. Cet établissement, qui est dans un état
de prospérité admirable, est placé dans l'an
cien camp de; Mustapha.-
Tels sont les principaux établissemens
charitables de, la province d'Alger. Celui .de
Messerghin, dirigé par M. l'abbé Abram, est
situé dans la province d'Oran. Les alloca
tions y sont les mêmes que pour Ben-
Altnoun. Les enfans y sont nourris et
traités comme les enfans de troupe. On
les habitue, ainsi à une vie sobre et fru
gale , on leur forme une constitution fer
me et robuste. L'enseignement ordinaire des
écoles primaires leur est doqné, et, selon leur
âge, ils sont employésaux travauxdes champs
ou ils exercent un métier. Lés plus beureux
résultats ont été obtenus dans cet établisse
ment, qui rivalise, sinon en importance,
du moins en bonne tenue, avec ses devan
ciers. Si l'abbé Abram obtient, comme l'abbé
Brumault , une petite population d'enfans
trouvés oud'orplielins, 011 verragrartdir dans
la province d'Oran uu centre d'éducation mo
rale. et professionnelle d'où-sortiront d'ex-
ccllens agriculteurs et d'honnêtes ouvriers.
On s'occupe en ce moment de créer une mai
son d'orphelihes dont le noyau a déjà été
foudé àO. au mêiiB , par les sœurs trinitai-
res, moyennant la modeste subvention de
S fr. de première misé et de 15 fr. p?.r mois
par chaque enfant.
La province d'Orann'est point destituéede
ces établissemens charitables. En 1849 un
ornhdï'iaty a étécommeucé par l'abbé Land-
mat.n à Medjez-Amar. Cette maison est
pour ainsi dire modelée sur celle de Ben-
Aknoun, et elle est appelée pareillement à
rendre eie grands services. En outre, -les
sœurs de charité attachées à l'hospice civil
de Constantine se chargent, moyennant une
subvention mensuelle de 15 fr. par mois et
par enfant pour tous frais de nourriture et
d'entretien, et sans première mise, d'un cer
tain nombre, toujours croissant, de jeunes
t filles-abandonnées qui reçoivent les bienfaits
d'une excellente éducation professionnelle.
Nous tracions récemment le tableau in
complet des innombrables eeuvres de bien
faisance qui prospèrent en France sous l'ins
piration de la charité chrétienne. Ou voit
qa'cn Algérie la cliar i Le (Uireutnne ne Je-
meure pas inactive, et que, grâce à ses ef
forts, une je;une génération de laboureurs
et d'artisans, au corps vigoureux, à l'intelli
gence ouverte, aux ma.urs -pures, s'y élève
et s'y prépare à un rôle important dans le
grand-travail de la civilisation.'
^Henry Cauvain.
Le Moniteur belge du 11 confirme la nou
velle de la retraite du cabinet.
« Nous apprenons, dit-il, que les minis
tres ont adressé hier leurs démissions au roi.»
Les fêtes militaires de Varsovie.
L'empereur de Russie a voulu se donner le
spectacle de manœuvres exécutées par plus
de 60,000 hommes. C'est du 1 er au 7 juin
que ces exercices ont eu lieu à Varsovie. Un
certain nombre de généraux autrichiens et
prussiens y assistaient-; le prince Frédéric-
Charles de Prusse était un des hôtes de l'em
pereur. Nous empruntons le récit d'un An
glais, officier dans" l'armée indienne, qui a
été présent à ces manœuvres, avec un Ecos
sais, officier dans la yeomanry.
La première journée ( 1" juin ) , ' fut
employée à une revue de tout le second corps
d'armée , comprenant 48 bataillons d'in-
îanterie et un de tirailleurs (chaque batail
lon est composé de 1,000 hommes); deux
régi mens de lancier s et deux de hussards
(chacun.de 1,200 hommes) ; quatre com
pagnies de Cosaques, Circassiens et autres
irréguliers (chaque compagnie forte de 400
hommes) ; plus, un corps d'artillerie â che
val et à pied, faisant le serviçe de 188 pièces,
et accompagné du train des équipages cor
respondant à ce matériel. Le tout était placé
sous le commandement du lieutenant-géné
ral Paniutine, qui s'est distingué auprès du
général Haynàu dans la guerre de Hongrie.
L'année se développait sur cinq lignes dans
la plaine de Powouski, à une distance de
trois railles de Varsovie.
Le vice-roi de Pologne feld maréchal
prince Paskewitch se rendit sur le terrain
quelques minutes avant dix heures., Les
comtes Orloff et Adlerberg, le prince Gortz-
chakoff, commandant en chef de l'armée
active, et d'autres généraux, arrivèrent, suc
cessivement. Les deux officiers anglais se fi
rent régulièrement présenter à eux par, le
consul 1 général de leur nation. A dix heures'
précises, le czar parut, accompagné du prince
Frédéric-Charles de Prusse.
Aussitôt que l'empereur fut monté à che
val, les deux officiers anglais (on a encore
toin de nous l'apprendre), lui furentprésen-
tés dans toutes les formes. 'Après cinq mi
nutes employées à leur adresser quelques
questions courtoises sur l'état de l urs ser
vices, l'empereur s éîança au galop et fut
reçu avec le cérémonial accoutumé par le
feld-man etn du,miheu des cris âssourdis-
sans qui partaient de pius de soixante mille
poitrines: car cest de cette manière que les
Russes marfueit m\ar iblement leur dé-'
voûmentau ouupjoati toldat quand il passe
devant eux. .
L'infanterie, sur trois rangs de profon-
eleur, formait deux lignes dont chacune oc
cupait un espace de deux milles.La cavalerie
et l'artillerie, présentaient un.front en,rap
port avec ce développement. Réduit à. un
très rapide examen, le narrateur n'avait pas
pu apprécier avec une entière précision
l'état physique des hommes ; mais il a con
sidéré que, depuis plusieurs heures, ces
hommes étaient sous les armes, exposés à la
poussière et à la chaleur, et il n'a pas voulu
rechercher si la tenue et le costume of
fraient 'toute la perfection, tout le fini ,
qu'on eut pu désirer. Quant aux chevaux
de la cavalerie, ils étaient superbes , et
dans les pfys parfaites conditions. Quel
ques chevaux de l'artillerie paraissaient un
peu épuisés, mais plusieurs heures déjà pas
sées au soleil et d'assez rudes efforts pour
disposer les pièces de canon sur le terrain
rxpliquaienteette fatigue. L'infanterie, mar
chant d'un pas lent et bien mesuré, montrait
qu'elle possédait une instruction solide. Les
mouvemens de la cavalerie se faisaient avec
correction. Toutefois, infanterie et cavalerie
paraissaient quelque peu à bout de forces.
Prenant ensuite une allure jilus rapide, les
bataillons d'infanterie se formèrenten colon
nes, deux bataillons composant un régiment
et chaque colonne présentant un front d,;
"cle«*-fiFnts -hommes. Le,.soin avec lgquel ces
masses mouvantes observaient les alignemens
et les distances était remarquable; et pour ce
qui est des chevaux, leur énergie se déploya
brillamment lorsqh'ils eurent à faire ma-
-nœuvrer les pièces d'artillerie sur des terres
marécageuses et très difficiles. S'il est un '
reproche à faire à la cavalerie russe, c'est f
plutôt d'être par trop assujettie aux règles
a'un enseignement méthodique jque de n'être
pas suffisamment instruite. Passant au trot
devant l'empereurV les chevaux, sous la di
rection de leurs cavaliers, repétèrent certaine-
exercices de manège qui montrèrent leur, dc-
eililé et furent très applaudis par Sa
Majesté. Mais pour leur faire acquérir cette
aptitude, il avsit fallusacrifiercertainesautres
qualités, diminuer l'agilité, l'élan, et par con
séquent.supprimer une partie des chances de
l'attaque, puisque c'est l'impétuosité qui en
fait, avant tout, le succès. Les cavaliers
avaient bonne mine, pris en masse ; mus
l'officier anglais ne saurait approuver leur
manière de se tenir (n selle, et, à cet
égard, il multiplie'les observations techni
ques.
A chaque évolution, l'empereur exprimait
à plusieurs reprises sa satisfaction, et les
Russes dê répondre invariablement par une
phrase "équivalant à ceci : « Nous faisons de
notre mieux et nous tâcherons de faire
mieux encore I »
Le 2 juin fut consacré à la revue, sur la
place d'Ugazdow, de seize mille hommes d'in
fanterie, accompagnés de forcés correspon
dantes en cavalerie et artillerie. Deux compa
gnies d'irrégulièrs donnèrent la représenta
tion d'une espèce de fantasia, dans laquelle ces
hommes développèrent leur agilit&diaboh-
que et montrèrent leur manière de combat
tre. L'un de ces cavaliers, jeune drôle plein
d'audace et doué d'une beauté sauvage, par
vint à appeler sur lui l'attention de son sou
verain, en exécutant des tours de force tels
qu'à uu certain moment son corpjs, brusque
ment jeté à terre, parut disloqué et tout bri
sé. L'empereur, affecté douloureusement, le
croyant mort, s'approçhie avec l'expression
d'un vif chagrin; aussitôt notre homme, pre
nant son temps, së redresse sur ses pieds, '
saisit par la queue un cheval qui passait au
galop prèsdelui,b'é!anceaveclaprestessed'un
singe sur lacroupe de la béte,étreint lecavalier
que déjà elle portait; et tous deux, entraînés.
par le vigoureux animal, s'éloignent comme
en triomphe. L'empereur -reste stupéfait, et
la dignité immobile de son visage se déride
un instant ; c'était la seconde fois qu'un de
ces étranges maîtres en équitation trompait
sa compassion et le prenait pour dupe.
Le 3 juin fut consacré à eles manœuvies
de la cavalerie et de l'artillerie à cheval, *ur
la place de Mokatow. Tout réussit à mer
veille." Notre narrateur ne signale qu'une
petite incorrection, uû tout petit désorén^-—
eh déclarant que c'était insignifiant, et ne
valait pas la peine d'être relevé.
Les deux jours suivans furent employés à
l'inspection de l'infanterie et à l'exercice au
fusil. /
Le 7 juin était le grand jour réservé pour
les manœuvres etles exercices de l'artillerie.
216 canons étaient en ligne, savoir : toute
l'artillerie du second corps d'armée, une
division de la 12 e brigade appartenant au
4 e corps,et trois batteries de Cosaquesdu Don.
L'officier anglais décrit minutieusement les
évolutions, il mesure les distances et compte
les coups. Sa conclusion est fâcheuse, et il
ne cherche pas à la dissimuler. Sur un
nombre immense de coups de canon, le
but n'a été que rarement atteint. Sans dou
te il faut bien accorder quelque chose à
l'émotion de gens qui pointent -sous les
veux du czar; mais qu'à raison de ce trou
ble ils . eussent pris plus de temps pour
ajuster, c'est tout ce qu'on pouvait leur
concéder raisonnablement. Toutes les 'dis
tances étant déterminées d'avance et ce tir
n'ayant présenté aucune difficulté imprévue,
il est singulier que l> s boulets aient été si
souvent égarés eu l'air, ou aient si souvent la
bouré la terre au lieu de toucher le but. Somme
toute, et quoique les Cosaques du Don aient, à
ce qu'il paraît ? montré dans.cet exercice line
certaine supériorité relative, l'officier anglais,
dans sa franchise .toute britannique (et aveç
une susceptibilité que plus d'une fois ses
compatriotes, chacun se le rappelleront
montrée en fait de justesse de tir), déclare
que cette importante partie des fêtés de Var- .
sovie l'a véritablement désappointé.
En fin de. compte, ces fêtes se sont tern i
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL, 13 JUILLET.
REVUE MUSICALE.
ôpi'RA : Nouvelles. —soi'iitia-comique : Reprise do
ta Sirène. — la comp.igniii hokchoisb aux Varic-
; tés. —VIRGINIE ET CAUQI.iNË FERS! —DN CONCERT
DE BIFSFAIS.1NCP. —NOUVEAUX DROITS D'AUTEURS.
" L'Opéra vient de jouer Robert-le-Diable et
le 'Prophète',' dêux galanteries qu'on a voulu
faire à Me-yerbeer qui, en gcpéral expeitet
prévoyant, prend déjà les premières mesu
res et trace les premiers plans po ir la cam
pagne,'assez éloignée de l'Africaine. L'illus
tre maître et le grand slratégisle devant se
rendre de Berlin aux eaux de Spa,.a pris par
Paris. H ne paraît pas bien fixé'sur la dUtri-
bution des lôlesdeson ouviage. li écoute
avec la plus grande-attention tous les artis
te? qu'on lui présente., il encourage les uns.
et-les autres-d'un bienveillant sourire et
ne se prononce pjs. Tout se monde a le droit
â'espérer; mais quels seront les élus? Natu
rellement ceux qui auront le plus d-; succès
d'ici à l'année prochaine et même; dans deux
ans (car Meyirbeer sait attendre); ceux qui
auront fait le plus parler d'eux, soit à Paris,
soit à Berlin, soit à Londres. Rien ne réussit
comme le suecès; Meyerbeer le sait par ex
périence, et, à chaque nouveau combat qu'il
livre au public, il aime à «'entourer de noms
connus, de talens éprouvés, de, vaillans auxi
liaires. Il S'attache nirtout aux heureux, à
ceux qui ont la chance et la veine, en
c-la de i'avis de.-> Ramai os, qui élevaient
un tempie à la Fortune, et préféraient César
â Pompée, parce que le premier avait du
bonbtur.
H ne faut point se dissiinù'er que Mlle
Wagner, à qui le premier rôle de l'A fricaine
était de-tiné et promis, a-beaucoup perdu
•de son prestige par. son malheureux procès
de Londres; qu'elle a gaspillé follement dans
de misérables chicanes le temps qu'elle au
rait dû employer à étendre sa réputation-et
à foriifier son talent. Si encore elle e-Cit g::-
gné son procès! Mais elle a subi 1111 double
échec devant l'opinion et devant les juges.
Le jour où le lord-chancelier adinoue?tait
si vertement Mlle Wagner, chaque mot qu'il'
liiHsait tomber do ses lèvres a retenti dèsa-
gréablemeiit aux on illes d'un grand corapo-
Mteur.
D'autres cantatrices, • non pa«, à la vérité,
aussi célèbres que Mlle Wagner, mais qui
n'en sont pas moir:s en possession- légitime
de la fave: r du public, .se flattent d'èlre dc-
f'ignées in p tto pour ce rùlecnvié. Mais, mal
gré leur.mérite incontestable, elles man
quent d'un puissant attrait, celui de la nou-
veauté et de la curiosité, et quand bien mê
me elles satisferaient sur- tous les autres
j oints les exigences du maître elles ne vainr
croient pas ses hésitations, ne 1 ou vaut j, tir
dans la balance ni l'pclat d'un début, ni l'in
térêt de la surprise. En un mot, leur appa
rition dans un nouveau rôle ne serait pas
un événement, et Mcyerhe< r aime assez les
évènemens. .
I.c bruit a couru ces derniers jours qu'on
avait fait des propositions à une jeune et
brillante artiste, qui vient de rempre brus
quement avec le Théâtre-Italien.. Ce n'est
pas la première fois que l'Opéra aurait son
gé à s'attacher celte cautatrice, c-t il e*t bit 11
naturel que, maintenant qu'oïl la sait libre
de tout engagement, 5.011 nom soit remis sur
le tapis. Mais no:-is 11e saurions rien affirmer,
et, api es avoir rapporté le fait, parce qu'il
est de notre devoir de tenir nos lecteurs
au courant de tout ce qui se passe, nous
ne formerons plus qu'un vœu, c'est que
le temps qui nous sépare de la première
représentation de. l'Africaine soit abrégé
le plus qu'il sera possible; car il est fâ
cheux pour ceux des auteurs qui doivent,
d'ici là, occuper notre première scène Ivri-,
que, il est souverainement fâcheux et péni
ble que l'attention- du public soit détournée
sans cesse par les apparitions fec-quenUs du
célèbre maesiro, et que elt s ouvrages de
la plus longue haleine ne deviennent plus,
en quelque sorte, que des levers.de rideau.
— Les deux reprises d'Act éou et ci-la Siiène,
à quelques jours d'i ntvrv.tllo . a'.nonceot de .
h mauière la plus formelle et la plus posi
tive un prochain ouviage -L-M. Ar.b ;r. C'est
en même temps un hommage n ndu au plus
ancien cl au plu; j'.-un^de nos compositeurs,
et une épreuve et un concours pour ceux des*
artistes qui a-pirent à l'honneur in-i^ne de
jouer un rôle dans h iiouv-. Ile pièce. J'ai
parlé d'Action dans mon d rnier article: j'ai
prodigué à Mlle Miolan les éloges qu'elle
m'a paru mériter; j'ai encouragé Miles Ré-
villy et Decroix, et j'ai couvert les autres
d'un indulgent silence; car ce n'est point
par oubli, qu'on veuille bien le croire, ejue
j'ai omis de prononcer les noms de Coulon
et'de Jourdan. Il faut- que je sois plus ex
plicite • pour la reprise de la Sirène, afin
qu'on ne tire pas de mon silence une in
terprétation trop favorab'e à des essais mal
heureux. Et d'abord il est bieni vrai que
Mlle Miolan a eu des choses charmantes,
dans ce rôle de la sirène ; elle a ravi son au-.
diloire dès qu'elle a pu s'approcher de la
i rampe et donner, toute sa veix. Elle a dit
avec autant de-grâce que de tendresse ses
deux duos avec te bandit Scopeito et le ma
rin Seipion ; elle ne se contente pas de vo
caliser avec une légèreté extrême et une jus
tesse irréprochable, elle me t de la couleur et
des.nuances dans chacun de ses traits. Mais,
p; ridant tout le premier acte, et lorsqu'elle
est obligée de chanter dans la coulisse,» sa
voix ne parvient, au spectateur que connue
" un écho alf nbli par une grande distance. Ori
saisit à peine ce" murmure agréable mais
coni'us, et l'on voudrait déchirer la toile de'
fond, briser les châssis, rc-nvers- r tous les
obstacles qui interceptent celte douce voix,
e[u'on devine plutôt qu'on ne l'enfend. Si M.
Aubqr est décidé à donner le premier îôle
de son ouvrage à Mlle Miolan, et je crois
qu'elle peut y avoir uu grand sueeès, il ne
faut pas qu'il la fasse chanter dans les cou
lisses ; ce Serait une double fatigue et pour
l'artiste et pour ie publie.
Boui'j a manqué de force et d'aplomb dans
Sc.opetto. Le 1 ô'.e est au- dessus do ses moyens,
lia dit délicieusement le ravissant largo :
Brille sur la verdure un rayon d'i soleil, et
tontes les fois qu J il s'agira de bien dire un
amiante, aucun ténor n'égalera Boulo pour
la pureté du style, pour la douceur et pour
le charme; mais il-ne faut point demander
à un altiste piers qu'il rie peut donner. Lors
que la révolte éclate au troisième acte et que
les brigands veulent en. finir avec l'ennemi
tombé dans leurs geillVs, pour, faire ren
trer les mutins dans l'ordre, leur chef doit
lés dominer et les écraser de la voix, du
regardât du geste. Boulo n'est point ele
taille à commander à efe tels gai u.Miens ;
son coup d'œ.il n'a rien d'imposant ni ele
te.rrible ; sa colère fait sourire ; toute la
scène est manquée. Quand il invoque le dieu
des flibustiers (apparemment Mercure), on
dirait qu'il n'ose point crier parce qu'il a
peur des gendarmes. Enfin, lorsqu'il a ^ oulu
cli mter trop haut, sa voix s'es: cassée deux
ou trois fois. Prenons garde I ce serait vrai
ment dommage qu'un si bon chanteur fut
exposé à de tels mécomptes, uniquement
parce qu'il est mal placé.
Mou ami Jourdan a été passablement mo
notone. Il jouait Seipion. Depuis quelque
temps, ce garçon abuse de sa voix blanche.
C'est ce qui. a fait dire plaisa'inmsnt à un
voisin : Jourdan vient d'envoyer sa voix à
la blanchisseuse. Il faut que ce jeune artiste
s'observe ; qu'il sombre autant qu'il peut
quelques notés, sans tomher dans les sons
gutturaux. Il a, d'ailleurs, beaucoup ù'h'tel-
ligence et de docilité. On n'a qu'à lui dire
qu'il s'est trompé; je suis certain que la pro
chaine fois il fera mieux.
Le seui acteur complet, le seul amufant,
le seul qui ait égnvé la pièce d*. sa fatuité
charm mie et de sa vnve irrésistible , c'est-
ce bon Ricquier. Quel excellent duc de Popo-
li ! quel contentement de soi I quelle mor
gue incomparable I quelle triomphante 1-è-
tise ! Mon Dieu I que j'ai connu de grands
personnages qui-ressemblaient à Ricquier!
. N'oublions point do dire, pour l'excuse
des artistes, que la Sirène a été reprise par
uu< des soirées les plu- brûlantes que cous
ayi ns enduréis jus.p.t'ici. Oa jouissait dans
la salle de trente-huit degrés de chaleur, on
en avait mesuré, le matin, trente-deux en
plein air et à l'ombre. 11 n'est pas étonnant
que cette t-mpérature du Sénégal ait épuisé
les forces des chanteurs. Ce qui me paraît
digne de remarque, c'est qu'aucun critique
n'ait été cuit dans sa loge comme un œuf â
la coque. Il se peut, seulement, que celte ex
cessive cha'eur nous ait rendu plus sévère
que de coutume -, il-y avait de quoi pousser
à l'hydrophobie l'arne la plus doucé et la
plus charitable.
— Mais les ardeurs de la canicule n'empê
chent pas la Compagnie hongroise f)'attirer du
monde • aux Variétés. Cela prouve qu'en
France on aime la musique. C*.:tte Compa
gnie hongroise, qu'il 11e faut confondre avéc
aucune Compagnie hollandaise , se compo
se d'une quinzaine d'instrumentistes diri
gés militairement par un chef qui sait se
faire obéir. Le mot compagnie est pris dans
le sens italien. Cela veut dire troupe de co
médiens , de chanteurs ou-de . saltimban
ques. On ne l'emploie jamais pour' dési
gner un orchestre. C'est pourtant d'un pe
tit orchestre, et eles plus habiles et d
des Variétés. Mais qu'importe ie nojn, ri
la chose est digne d'intérêt? Ces braves
gens se distinguent surtout par la précision,
par l'ensemble et par une sorte ele raideur
mécanique qui les fait assez ressembler à des
soldats prussiens à la parade ou à l'exercice*
Ils sont là six violons, un violoncelle, une
contrebasse, un hautbois, une clarinette,
quelques cornets à piston et un ophicléïde ;
ils exécutent, le plus ponctuellement du mon
de, une foule de morceaux d'opéras italiens,
français, hongrois, des fantaisies, des ouver
tures, des quadrilles et des polkas.-Cet te vi
gueur d'attaqué, celle simullanéiléde mouve
mens et dt- gestes, ce mar tellement rapide, sec
et nerveux font d'aboi d une assez vive impres-
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