Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-07-11
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 11 juillet 1852 11 juillet 1852
Description : 1852/07/11 (Numéro 193). 1852/07/11 (Numéro 193).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUMÉRO 195.
BUREAU! i m *9 Wmia ({P&laiN-I&oyaljy u? ftO.
lï 1852 -BlMANCHE 11 JUILLET.
PRIS DE X.'&BOHSIE2Si?EK?
PARIS. 13 F. PAR TRIMESTRE.
DÉPABTEMENS. 16 F. — * ^
OM NUMÉRO : SO CSSTIMESÎ
Les abonnemens datent des 1*' et 16^J
de chaque mois.-Sft ■;
POO& LSS PATS ÉTRAKGKSS, S9 rcporiBf
au tableau qui sera publié dans la journal
les 13 et as de otaquû moi3.
> . ^ adresser, franco, peu ? la rédaction, « M* CttŒBVAL-CLÀaiGNT/^ftoëwr en chef.
Les articles déposés ne sont pas rendus.
L1TTÉBAIRE. UNIVERSEL.
On s'abonne, dans les départemens, aux Messageries et eux Directiont députe.—A Londres, che.% MM. Cowie et fjls»
~ A Strasbourg, ckes M. AlEXAMDBS, pour l'Allemagne.
■ S'adreêsc?) irsjicoj pour VadtiiinUtMtifÂ'i
Los annonces soïst reçues au bSîSûa du Journal; 6t ciiSi M.
à M. DERAW; directeur.
PANIS, riîpsscTV, i r ?î£-f3 de la Bours,
PARIS, -50 JUILLET.
Un écrivain éminent, qui s'est montré un
homme politique plein de sagacité etde sens,
a fait, il y a quelques jours, l'oraison funè
bre du gouvernement représentatif. C'était
une gageure, et M. Saint-Marc Girardin s'en
est acquitté comme de tout ce qu'il entre
prend, avec môniment d'esprit; mais il nous
permettra de lui demander des preuves plus
convaincantes à l'appui de cetacte de décès
inattendu. Parce que sir J. Graham, désireux
de voir hâter la finde lasession,a décoché deux
ou trois épigrammes contre la loquacité des
whigs et contre l'abus des réclames électora
les sous forme de motions, nous ne croyons
pas que les Anglais aient perdu le respect et
l'amour de leurs libres institutions. Ne s'oc
cupent-ils pas au contraire des élections gé
nérales avec une ardeur qui prouve'qu'ils
prennent encore la chambre des communes
forf au sérieux? On ne se'passionne pas pour
ce qui n'a point de vie.
Une crise ministérielle a eu lieu en Pié
mont ; un ministre plein de talent et juste
ment fteï dé ses succès, y a perdu le pou
voir pour avoir contracté une alliance incon
sidérée, pour s'être écarté de la voie de sages
se et de prudence où le roi et le peuple de
Piémont marcfaentavec un si parfait accord.
Est-ce une preuve de faiblesse «u de solidité
dans les institutions piémontaises? N'a-t-on
pas vu la nation accueillir avec joie, et la
chambre ratifier par son approbation l'usa
ge que le roi de Sardaigne a fait de'sa pré
rogative? La discussion à laquelle donne
lieu en ce moment au sein des chambres 'de
Turin l'établissement du mariage ciyil, n'est-
elle pas, pour l'élévation, la solidité et l'éclat,
au niveau: des plus mémorables débats de
nos%r an( ïes assemblées ? ' '
~ À. Berlin, nous le reconnaissons, une fau
te grave a été commise. Une fraction du parti
libéral, entraînée parles sarcasmes d'un ora
teur puissant, est tombée dans le piège que
lui tendait le parti absolutiste. Le roi de
Prusse, au lieu de recourir à son pouvoir
constituant, demandait à la chambre des dé
putés la sanction de l'organisation qu'il vou
lait donner à la chambre haute. 11 y avait,
dans cette démarche uh fait considérable,
la reconnaissance du pouvoir populaire.
La politique commandait d'accueillir la
proposition royale, fût-elle défectueuse (et
elle était juste, raisonnable, libérale mê
me) , afin de constater le pouvoir de -la
chambre, afin de terminer de bon accord
cette œuvre pénible de la Constitution prus
sienne, afin de ne laisser derrière soi au
cune question grave en suspens, ni aucun
motif de mécontentement. Les amis de M.
de Vincke ont préféré faire échouer la pro
position royale en unissant leurs voix à celles
des absolutistes. La chambre a été' pro -
rogée, et il dépend aujourd'hui du bon plai
sir royal qu'elle revienne à Berlin, ou qu'el
le laisse son œuvre Sans défense. Oui, on a
perdu àBerlin l'occasion d'affermir à jamais
le régime représentatif; mais celte occasion ne
peut -elle se,représenter? La chambre proro
gée n'a pas été dissoute; et si le roi de Prus
se ne la rappelait pas, il démentirait toute
sa conduite depuis cinq ans ; il sacrifierait
ce qui fait la véritable force de la Prusse au
sein de l'Allemagne.
Aucun de ces faits que nous venons de ré
duire à leur valeur, n'autorise à désespérer
d'une grande forme,de gouvernement, à
prédire l'avènement du despotisme univer
sel et d'une anarchie militaire. Pour bien,
juger des devinées du gouvernement repré
sentatif, il ne faut pas interroger ses souve
nirs, mais envisager froidement le présent;
il ne faut pas juger sur les apparences, mais
aller au fond des choses.
Nous ne sommes plus en 1847, cela est
vrai. Tout souriait alors aux partisans des
monarchies constitutionnelles. Le roi de
Prusse venait de. convoquer spontanément
la première diète prussienne ; le Piémont,
là Toscane,, Naples et Rome même, com
mençaient à se transformer. L'Autriche', à
contre-coeur, mais vaincue par la nécessité ,
se préparait à donner à la Lombardie des
institutions représentatives. C'était l'époque
de cette note mémorable dans laquelle le
premier ministre de l'Autriche, reprochant
à lord Palmerston l'appui qu'il accordait aux
tendances libérales, lui disait : Ne voyez
vous pas que tout Etat libre que vous susci
tez est une avant-garde que vous donnez à la
France en Europe ?
Toutes ces espérances ont disparu -dans
un commun naufrage. N'en accusons pas
seulement la catastrophe de février et les
révolutions qui l'ont suivie.. Toutes ces
Constitutions , qui éclosaient l'une après
l'autre, n'étaient pas également viables,
et nous n'avons'pas eu regret à voir
mourir Ce qui n'avait pas en soi les élé-
mens de la vie. Après ce que nous avons
vu en France même , après le despotis
me .électoral que des clubistés sans ré
putation et sans talent ont exercé trois
années entières dans vingt de nos départe
mens , qui peut croire qu'il était pratique,
qu'il était sensé, qu'il était possible d'inves
tir le lazzarone de droits politiques? Sulflt-il
d'un décret pour transformer en électeur
sérieux, en citoyen, le Croate ou le Transyl
vain qui sait à peine le nom de son village ?
Quel homme de s^ns regrettera Ce parlement
de Vienne où un orateur, pour être com
pris de tous, aurait eu besoin de parler vingt
langues différentes?
Les Constitutions factices, lesparlemens
postiches sont morts de compagnie et de
leur belle mort. Paix à leurs cendres. Lais
sons pleurer à l'aise autour de leurs tom
bes ces amans de l'idéal qui ne tiennent au
cun compte de la pratique, qui poursuivent
partout l'icarie qu'ils se sont faite à eux-mê
mes, et à qui il faudrait en' tout pays et
dès le premier jour, un roi héréditaire
et irresponsable, une chambre viagère et une
chambre élective. Que ceux-là se désolent
qui s'éprennent des mots, et ne conçoivent
en fait de gouvernement qu'un moule uni
que dans lequel tous les peuples, depuis
l'Angleterre jusqu'au Japon, doivent immé
diatement s'emboîter. Mais ceux qui s'af
franchissent des questions de formes pour
ne regarder qu'au fond même du régime re
présentatif, n'ont nul sujet de s'affliger.
Quel est le principe essentiel du régime re
présentatif? C'est dans le peuple et non dans un homme; c'est
que la liberté et la vie de l'individu sont sous
la garantie de la loi, émanant et acceptée de
tous; c'est qu'on ne peut disposer de la fortune
publique sans le consentement du peuple,
donné par l'organe de ses représentans. Or,
y a-t-il aujourd'hui en Europe, hormis le
czar," un prince qui soit à la fois l'auteur et
'interprète de la loi, qui puisse Affranchir
personne et s'affranchir lui-même des déci
sions delajustice? Y-a-t-il, hormis l'Autriche
et la Russie, un pays où un impôt puisse
être levé, un emprunt être contracté sans lé
consentement des délégués de la nation?
Cette nécessité du consentement de la nation
est si bien établie dans l'opinion et dans les
mœurs, que la Toscane offre l'exemple de
deux emprunts de même quotité et faits au.
même taux, k dix-huit mois de date, et dont
"'un se so îlient au dessus dupair, tandis que
.'autre, avec des garanties pius nombreuses,
demeure à cinq francs au-dessous, uni
quement parce que le premiera été émis avec
la ratification des chambres toscanes, et
le second par le grand-duc seul, dans les
jours de dictature qui ont suivi la contre^
révolution de Florence.
.Que les théoriciens qui se paient de mots,
que les gens qui raffinent en politique, se
donnent le passe-temps d'éplucher une aune
es Constitutions de l'Europe, et de. signaler
ici telle prérogative qui est refusée ou con
testée. là-bas, qu'ils citent Montesquieu, De-
olme et Bentham, nous nous en tiendrons
a ce grand fait qu'il y a partout en Europe
des chambres électives, que païtout le con
sentement de ces" chambres est nécessaire
pour percevoir l'impôt, que presque partout
il est nécessaire pour donner à la loi sa pleine
autorité. Cela suffit pour nous rassurer sur
l'avenir du régime représentatif. Partout les
représentans du peuple tiennent les cordons
de la bourse; le reste viendra de soi par le
progrès naturel des choses.
La Constitution anglaise, qui compte tant
d'admirateurs exclusifs, ne s'est pas impro
visée en quelques années; elle a été l'œuvre
de plusieurs siècles. Quand on voit outre
Rhin toute une pléiade de philosophes, de
docteurs et de bureaucrates en disponi
bilité fatiguer le ciel de ses lamentations,
parce que les chambres prussiennes, om
nipotentes en 1848, n'ont plus en 1852
qu'une existence précaire et des attribu
tions fort restreintes, on est irrésistiblement
tenté de demander à ces désespérés s'ils
croient que le régime représentatif peut
prendre naissance, se fortifier et porter tous
ses frui s en cinq années. Que tous ces lar-
moyeurs comparent, sous le rapport de l'au
torité, de l'indépendance des élections, de
la liberté de parier et d'écrire , la situa
tion du parlement prussien avec l'asser
vissement des chambres anglaises sous Char
les II, au lendemain de la toute-puissance du
Long-Parlement. Cela a-t-il empêché le déve
loppement des institutions britanniques ?
Les révolutions dans leur reflux rempor
tent tout ce qu'elles ont apporté ; elles ne
laissent après elles que ce qui a de profon
des racines dans le sol. Après l'avorte -
ment de la Constituante autrichienne,
après les scandales du parlement de Franc
fort, et surtout après la fin ridicule et
honteuse de cette assemblée turbulente,
nous aurions été peu surpris de voir dispa
raître dans la tempête les institutions repré
sentatives de l'Allemagne. Nous retrouvons, "
en 1852 cqmme en 1847, des chambres^t
Carlsruhe, à Stuttgardt, à Munich, à-Dresde,
nous en voyons dans le Hanovre et dans
l'Oldenbourg, qui n'en avaient point : tous
ces petits parlemens ont une existence indé
pendante, une tribune libre, une popu
larité persévérante. Avoir traversé une pa
reille épreuve, n'est-ce pas-le signe d'une
réelle et féconde vitalité ?
La Prusse demeurera également un gou
vernement représentatif. A redevenir une
monarchie absolue, elle perdrait l'amour des
populations, les sympathies de l'Allemagne,
et presque sa raison d'être : elle ne serait
plus .que la doublure, de l'Autriche* Nous
avons foi dans l'avenir du parlement de Ber
lin, parce que nous croyons à l'intelli -
gence autant qu'à la loyauté du roi de
Prusse. L'Autriche elle-même, qui cher
che à resserrer de toutes façons les liens •
qui l'unissaient à l'Allemagne, ne pourra
long-temps demeurer, sans péril, en dehors
du mouvement commun. La diversité des
races qu'elle gouverne, leur pauvreté, leur
peu de lumières, rendent impossible l'éta—
blisseir- ent d'un gouvernement unitaire ; mais,
avant que l'année soit écoulée, nous verrons
naître, dans les Etats autrichiens, des légis
latures provinciales qui façonneront toutes
ces races diverses à l'uniformité administra
tive et les prépareront peu à peu à la liberté.
Laissons là ltexamen minutieux des faits.
Il est une raison décisive qui nous convainc
que nulle part le pouvoir absolu d'un seul
ne se substituera au régime représentatif :
c'est que le despotisme est'forcément le
précurseur de la' liberté. Le despotisme,
pour décider les peuples à abdiquer la li
bre disposition d'eux-mêmes, n'a qu'un ar
gument à faire valoir : c'est qu'il fera leurs
affaires mieux que personne. Pour réussir,
il faut qu'il tienne parole, et, s'il tient paro
le, s'il donne un /rapide développement à
la prospérité matérielle, s'il-saèonde les pro
grès de la richesse etde l'instruction, il crée
et il fait grandir autour.de lui des classes ai
sées et intelligentes qui,' pour occuper leurs
loisirs et leurs lumières, demandent, obtien
nent ou arrachent une part au gouvernement.
C'est ainsi que la grande prospérité des rè
gnes d'Henri VIII et d'Elisabeth a été pour
beaucoup dans la révolution d'Angleter
re. C'est ainsi que le despotisme intelli
gent de Colbert a préparé de loin 1789;
c'est ainsi que .trente ans de calme, de bonne
administration et de progrès non interrompus
Ont eu pour conséquence, en 1846, la con
vocation inéspérée, quoique inévitable, de la
première diète prussienne.
cucheval-clabiginy.
Les journaux anglais publient le résultat
des élections de presque toutes les villes
d'Angleterre. Il reste à connaître les élec
tions des comtés, les élections du pays de
Galles, celles de l'Ecosse et enfin celles de
l'Irlande; c'est-à-dire près de 400 nomina-
tions sur 654.
On conçoit qu'il est impossible de tirer
encore aucune .conclusion' de' résultats qui
comprennent à peine les deux cinquièmes
du nombre des députés à élire. Nous nous
bornerons à signaler les déplacemens qui se
sont opérés dans les 266 élections connues.
Dans treize collèges un candidat Opposant
a remplacé un partisan de lord Derby. C'est
donc une perte de treize voix pour le minis
tère actuel. Voici les noms des collèges et
ceux des candidats :
A
Blackburn
Bolton
Berwick
Beverley
Cardiff
Garlisle
Gloucester
Guildford
Halifax
Kiddermiast ;r
Norwich
Reading,
Stoke onT^ent
M.-
Eccles
Barnes *
StaplétOtt
Lawley
Coffin
Joseph Ferguson
Price
a remplacé M.
Ilornby.
villes. Beaucoup de candidats opposans ne
l'ont emporté qu'a des majorités extrême
ment faibles. A Durham, M. Atherton a eu
3 voix de majorité sur lord Vane ; à Malmes-
bury, M. Luce en a eu4-sur M. LoVel; à To-,
teness, M. Mill l'a emporté de 12 voix sur M.
Barry Baldwin. Nous pourrions ajouter beau
coup d'exemples à ceux-là. Les tories, qui,
dans Westminster même, ont éù une formi
dable minorité, ont eu en beaucoup d'en
droits des majorités considérables; c'est
ainsi qu'à Liverpool elle a été de mille à
douze cents voix. Dans la Cité de Londres,
M. Masterman a tenu la tête de la liste avec
un avantage de 600 voix sur lord John Rus-
sell.
Au nombre des villes qui ont remplacé
des opposans par des torie£, on compte Li
verpool, Bradport, Cambridge , Chatham,
Devonport, Greenwich, Douvres, Windsor,
c'est-à-dire la seconde ville d'Angleterre et
plusieurs des cités les plus importantes.
Sir JamesGrahamjilestvrai,afait échouer
à Carlisle un protectionniste; mais lui-même
avait dû abandonner le collège de Ripon,
qu'il représentait depuis quinze ans, et où il
n'avait plus aucune chance.
• . C ucheval -C larigNY.
S. Blair.
Renton
S. Lane Fox.
Nicholl.
Hogdson.
Hope.
Currie.
Edwards,
Lowe.
marq. Douro.
Stanford.
Copeland. '
Dans dix-neuf collèges, vingt-et-un tories
ont remplacé autant de députes opposans :
Best
Warner
Keating
Gower
A' .
Bodmin,
Bridgewater,
Bradport,
Cambridge
Chatham
Derby
Devonport
Douvres, -
Greenwich,
Harwich,
-Haverfordwest,
Liverpoof,
Lymington,
Macclesfield
Prestori
Ripon
Taunton
■ Mitchell
Spencer Follett
H. Wickham.
K. Macauley
J. Astell
Sir J, Smith
Horsfall
G.Berkeley
Lord Chelsea
Rolt
. "Waddington
Phillips
F. Mackensie
Turner
SirJ.Carnac
Egerton
Townley Parker
Beckett
A. Mills
a remplacé M.
H. C. Lacy.
Broadwooa.
Col'.Thompson.
Shafto-Adair.
F. Campbell.
Sir J. Stirling.
Heywortb.
Sir J. Romilly.
Sir G. Clerk.
Amiral Stewart
Bagshaw.
Evans
Cardwell.
Ewart.
J. Hutchims.
J. Williams.
Grenfell,
S. J.Graham.
Sir T.- Cole-
brooke.
E. W. Grey.
Tynemouth Hugh Tâylor.
Windsor Lord Welleshy. • Hatchell
Les avantages et les échecs compensés,
il reste donc un gain de huit voix pour le
ministère.
Le parti tory n'a pérdu qu'un homme con
sidérable, le marquis de Douro, le fils aîné
du duc de Wellington, qui a succombé à
Norwich. Le marquis de Douro n'a, d'ail
leurs, jamais joué un rôle politique : c'est
son nom et sa grande fortune qui donnent
quelque importarice à l'échec qu'il a éprouvé.
: Le libre-échange a été vaincu dans une
ville manufacturière, à Bradport, en la per
sonne du colonel Thompson, l'un des prin
cipaux lieutenans de M. Cobden, et l'un des
fondateurs de la fameuse ligue contre les
- lois des céréales. Le libre-échange n'a pas
fait ,une perte" moins sensible dans M. Card-
vell, qui a succombé à Liverpool. M. Cardwell,
qui a été le collègue de sir Robert Peel, est
l'un des exécuteurs testamentaires du grand
homme d'Etat. On a remarqué comme une
singularité que le second des exécuteurs tes
tamentaires de sir Robert Peel, lord Mahon,
a perdu également son siège au parlement.
Il représentait Hertford.
Le parti whig a été rudement éprouvé. Un
des anciens collègues de lord. John Russell,
sir,George Clerk a succombé à Douvres con
tre lord -Chelsea. L'avocat-général du cabinet
whig, sir John Romilly, aujourd'hui maître
des rôles à la cour de chancellerie, a été bat
tu à Devonport. L'amiral Stewart' a perdu
également son siége-à Greenwich. M. Shafto
Adair n'a pas été réélu à Cambridge.
La lutte électorale a été très vive, et elle a
constaté dans le parti tory une puissance
qu'on ne lui soupçonnait pas âu sein des
On attendait avec line certaine impatience,
en Suisse, une réunion pcpiilaire qui devait
se tenir à Valengin, le 6 de ce mois, et Où
devait être posée Ta question de savoir si le
canton de Neuchâtel voulait rester suisse où
rentrer sous la suzeraineté du roi de Prusse..
La réunion a eu lieu. Tout s'est passé sans
trop de désordre. Les royalistes s'étaient réu
nis d'un côté d'une vallée; les républicains
de l'autre. Les chiffres varient, [dit la Suisse,
quant au nombre des deux assemblées; mais
tous admettent que celle des républicains
était la plus nombreuse. »
Voici quelques détails donnés par la Nou
velle Gazette ae Zurich,- sous la date de Va
lengin, le 6 juillet :
« La colonne des républicains de- Neuchâtel a
fait un détour de deux heures pour éviter une
rencontre ayee - ses adversaires. Elle s'est rendue
au chef-lieu du val de Ruz, où les républicains
de la vallée se joignirent à elle; de là on a
marché sur Boderilliers où les ' colonnes de La-
Chaux-de-Fonds, Locle, Brenesz et de tout le val
de Travers étaient déjà réunies. Puis en une masse
compacte, tm a marché sous les ordres du colonel
Courvoiaier sur Valengin. Les royalistes s'étaient
échelonnés sur le pré des Bourgeois situé au nord-
ouest, vis-à-vis du château.Au milieu delà masse du
peuple, comptant de déux à trois mille tètes, avec
beaucoup de femmes et d'enfans, il y avait une tri
bune, où devait prendre place le conseil communal.
Il n'y avait ni musique, ni chants, ni drapeaux,
Les délibérations n'avaient d'autre but que de, re
cevoir les cemptes et d'élire un nouveau conseil
administratif. Dès huit heures, le pré était couvert
de monde; mais comme un commissaire du gou
vernement devait être présent, on a attendu jus
qu'à neuf heures. A onze heures et demie, tout
était terminé.
«Sur une colline vis-à-vis du pré des Bourgeois,
séparés par une petite vallée, les républicains
avaient pris position. Comme la route conduisant
à la colline est assez escarpée, ils - furent obligés
de marcher en zig-zag. Les royalistes ont dû
être étonnés dé ce coup d'oeil. A la tète de chaque
colonne communale marchaient des tambours,
des musiciens et flottaient, les drapeaux fé
déraux-et cantennaux. Arrivé au haut de la
colline, le colonel Courvoisier, entouré de
ses nombreux adjudans, a eu beaucoup de
peine à ranger cètte masse sur le terrain incliné.
La marche a duré trois quarts-d'heure. Il y avait
8 à 9,000 hommes. Sur cela, le peuple se mit à
manger et à boire : les esprits étaient. livrés au
plus grand enthousiasme.
. » Enfin le rappel fut battu.au pied de la tribune
ornée de cinquante à soixante drapeaux. M. Amé-
dée Humbart ouvrit la séance et invita le premier
orateur, M. Auguste Lambley, à prendre la pa-
de cette journée, il renoncerait à ses velléitc
de ressaisir sa principauté. >) -
M. Thiers a mis fin aux ennuis que vou
lait lui infliger le directear de la police fé
dérale, M. Druey, en exhibant .un passeport
français visé par le chargé d 'affaires suisse a
La Suisse, qui nous donne ce détail, ajoute.
« Le directeur de la police fédérale, "M. Druey,,
ne s'était pas borné à ordonner, l'expulsion de JV1.
f hiéfs par une lettre très impolie. 11 se confirme,
nous dirons même qu'il est certain, que M. Dniey
a écrit au gouvernement d'Argovie au sujet ae
Mme la duchesse d'Orléans. M. Druey il a pas ose
ordonner l'expulsion de la princesse, mais on com
prend que sa lettre avait un but ; le gouverne
ment d'Argovie n'en a pas tenu compte. » ,
Le conseil des Etats, dans sa séance ou 7,
a voté 200,000 fr. pour la tenue du camp de
tactique fédérale.' bonifacF^
. - " I "" : V'
On lit dans le Daily-News, du 9 juillet :
« Nous apprenons de bonne source que le Pré
sident de la République française a fait savoir à
notre gouvernement que s'il réduit les droits sur
les vins français, il est disposé à entrer, par ré
ciprocité, en négociations préliminaires pour un
traité par lequel les principaux articles de l'Angle
terre éprouveraient une réduction à leur entrée en
France: Cette offre doit être regardée comme des
plus avantageuses, puisqu'elle est un pas déplus
vers le système universel du libre-echange. Il faut
psnprpr niip lps tendances protectionnistes très po-
E dl lVdministraîjon actuelle ne seront pas
un obstacle dans une circoiî5. t,ance S1 importante.»
une Constitution républicaine. Cette déclaration a
été signée sur-le-champ par tous les assistans.
» M. Philippin a prononcé ensuite un discours
tout à fait républicain. Pendant son discours les
royalistes hurlèrent quelque fais, mais on leur ré
pondit par des sifflets.
,» Les royalistes de Lasague eurent l'audace de
traversèr la route sur laquelle étaient campés les
républicains. Vingt-cinq furent reçus par des
sifflets. Ils répondirent par les cris de : Vive le Roi !
Ce cri enflamma la caière des républicains et il y
eut un engagement momentané. Tout le monde
aceourut. On n'entendait plus l'orateur.
» M. Courvoisier et le préfet de la Chaux-de-
Fônds parvinrent, avec l'appui des guides et des.
bçurgeois modérés, à terminer cette collision.
Tout le monde se retira, et les royalistes rentrè
rent chez eux. On espère que la journée sera
tranquille. M. Courvoisier a reçu tin coup de-
pied de cheval; mais la blessure n'est pas grave.
Les dispositions sont bonnes et l'enthousiasme
très grand. Si le roi de Prusse avait été témoin
On annonce comme devant être prochai
nement entreprises, les études d'un projet
de chemin de fer, destiné à relier Nancy a
Dijon ou la ligne de Strasbourg avec la ligne
de Paris à Lyon. Cette section importante
se détacherait du chemin de Paris à Stras
bourg à quelques kilomètres de Nancy, fran
chirait en souterrain le col des Corbeaux,
descendrait vers la Moselle, desservirait Epi-
nal au moyen d'un petit embranchement,tra
verserait en tunnel le faîte séparatif des ver-
sans des deux mers, entre Chaumouzey etGi-
raucourt, toucherait à Conflans, Velorcey, le
val Saint-Eloy, Vesoul, Raze, Velexon, Gray,
Esserlenne, Biage et arriverait à Dijon. Tel est
l'aperçu du tracé de cette section qui aurait
un développement de 250 kilomètres 'envi
ron et dont l'exécution est évaluée approxi
mativement à 90 millions.
Outre l'importance du raccordement de
deux grandes lignes, on voit que ce chemin
de fer est appelé à desservir quatre centres
de population et d'industrie considérables.
t. BON1FACF.
Notre correspondant de Rome nous écrit
en date du 4 juillet, et bien qu'il eût espéré
nous annoncer la conclusion définitive du
traité entre le gouvernement et l'ingénieur
français, M. Courtine, pour la ligne de che
min de fer d'Ancône à Rome par Bologne, il
ne nous en dit rien encore. Naguères, on
semblait d'accord et on n'attendait plus que
la faculté de disposerdumontantducaution
nement pour terminer et signer les con
ventions dp part et d'autre. Aujourd'hui,
l'autorisation de fournir les ^traites sur uss
maisons de premier ordre, savoir MM. Ba-
ring frèrés, de Londres, et Sina, de Vienne,
est enfin parvenue, et l'affaire ne paraît pas
plus avancée qu'auparavant.
Il en est de même du gaz : le capitaliste an
glais qui a obtenu la concession définitive de
cetéçlairage, ne peut se mettre à l'œuvre parce
que, tenu de faire .approuver préalablement
parla municipalité, la localité où il doit cons
truire son gazomètre, sur douze endroits
qu'il a présentés,pas un n'a encore été adop
té. M. Mongolfier Bodin venait d'arriver à
Rome et se présentait, après s'être entendu
avec M. le duc Braschi qui en a déjà obtenu
la concession, pour établir quatre ponts
suspendus sur le Tibre. Il ne demande
point d'argent, il se charge de tous les frais
a condition qu'on lui accordera un droit de
péage qui ne sera productif que sur deux au
plus des quatre ponts, car il paraît qu'on en
exige quatre. Sera-t-il plus heureux que
M. Courtine pour les chemins de fer, et M.
Schœffer, l'entrepreneur du gaz? A cela, tout
le monde ne répondrait à Rome ni par oui
ni nar non, mais chi lo sa ? (qui le sait?)
Il est vrai qu'il y a trois pauvres diables
qui dirigent chacun un bac (barchetta), pour
passer d'un bord du'Tibre à l'autre,sur trois
points différens : faudra-t-il les sacrifier? Et
les vetturini, que déviendront-ils avec les che
mins de fer ? Notre correspondant en a pris
son. parti, et il semble croire que si, ailleurs,
ir
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL, Il JUILLET.
IL FAIT QUE JEUNESSE SE PASSE/
x.
Le comte dé Morvilliers ayant laissé pas
ser la veille, au ?oir, l'heure de retrouver
Florentine au spectacle, n'avait plus osé se
présenter chez elle, et il avait résolu d'aller
s'excuser auprès d'elie le lendemain dans
la matinée en se faisant accompagner par
Fenostraage. Il m fallait rien moins que
l'assistant: d'uu pareil second pour affron
ter tous les dangers'd'une entrevue qui ne
"pouvait manquer d'être fort orageuse, Les
jolies femmes sont comme les rois, elles
n'aiment pas attendre. Sous ce rapport, Flo
rentine était d'autant plus outrée de dépit,'
que Dieu ne donne pas à ces ames endurcies
par l'égo'isme et les passions mauvaises cette
sensibilité qui ouvre d'ordinaire aux dou
leurs humaines une expansion pleine de
soulagemens et de consolations.
Contre son ordinaire, la danseuse s'était,
ce jour-là, levée de bonne heure, n'ayant
pu dormir; son teiut était devenu bilieux;
son ondoyante chevelure d'impératrice dont
elle se montrait si lière, pendait inculte le
long de ses joues et sur ses épaules ; dans
cette bacchante au repos, l'on aurait eu pei
ne à retrouver la syrène irrésistible qui avait
séduit et entraîné dans l'abîme le comte de
Morvilliers, sans parler de bien d'autres.
Déjà elle avait fait payer largement les torts
de l'adorateur en retard à sa femme de cham^
bre, à son coiffeur, à son king-charles , à
* La reproduction est interdite.
tous les objets de toilette qu'elle avait brisés;
enfin, comprenant la. nécessité de déguiser
précisément cette défaite de ses calculs et de
son pouvoir sous d,'habiles dehors d'indiffé
rence et de sang-froid, elle avait fait rappe
ler le coiffeur et préparé elle-même avec un
soin particulier et une science merveilleuse
un déshabillé du matin des plus exquis ,
propre à rehausser encore l'expression sé
ductrice de sa physionomie recomposée.
Ces préparatifs de combat n'étaient pas
inutiles, car, vers midi, on annonça Tris
tan ; la femme de chambre ajouta qu'il n'é
tait pas seul, et qu'un grand Monsieur d'un
âge mûr et... décoré(les femmes de chambre
croient toujours aux décorations) l'accom
pagnait; Florentine, de plus en plus intri
guée, ordonna qu'on fît entrer.
L'impression qu'elle produisit sur Fenes-
trange, qui (le lecteur se le rappelle sans
doute) n'avait fait encore que l'entrevoir la
veille, lorsqu'elle traversait'le* boulevard de
Gand, éclata d'une façon très manifeste sur
la physionomie franche et ouverte de l'an
cien officier de la garde royale. U y a de ces
beautés toutes plastiques et toutes-sensuelles
qui exercent sur les hommes une influence
presque magnétique. La nature avait donné
a Florentine une de ces beautés-là, comme
si elle eût voulu compenser ainsi tout ce
qu'elle lui refusait du côté des qualités du
cœur.
Quant à Tristan, tous ses sens s'émurent
de nouveau à la vue de celte femme à la
quelle il avait dû tant de ces émotions ab
sorbantes, de ces jouissances fiévreuses que,
trop souvent, les hommes préfèrent quand
une fois ils les ont connues, aux tranquilles
délices d'un amour honnête et pur. Floren
tine était trop clairvoyante pour ne pas com
prendre qu'elle retrouvait son empire; elle
recouvra du moins toute sa présence d'es
prit.
Elle salua Fenestrauge, en qui elle avait
deviné sans peine l'homme au-bracelet, de
la façon la plus gracieuse.
M. lé vicomte de Fenestrange, un ami
de ma famille, fit Tristan avec embarras.
C'est pour moi beaucoup d'honneur,
répondit Florentine avec une. légère ironie,
et il fallait tout le plaisir de recevoir Mon
sieur, pouf que je me décidasse à rouvrir
mâ porte à son introducteur.
— Vous lui en voulez, belle dame, dit
d'un air dégagé Fèn<~strange, qui n'était pas
homme à jouer plus long-temps un rôle
muet.... D'honneur, vous * vous - trompez.
C'est l'infidélité la plus vertuëuse, le fort le
plus invraisemblable que vous ayez pu ima
giner; vous ne pourrez lui en vouloir quand
vous 1 saurez qu'il a subi trois heures de mé
lodies bretonnes ou vendéennes ; s'il y avait
eu; dé plus, le boston obligé, vous lui de
vriez des excuses I
— Vraiment ! fit Florentine en souriant
dédaigneusement, ce sont là toutes les déli
ces qu'il m'a préférées? Décidément, j'aurai
bien des remords lorsqu'il faudra que je
l'enlève à la concurrence de pareilles séduc
tions..."
Puis, se tournant froidement vers Tristan,
pendant que d'un regard elle désignait Fe
nestrange :
— Est-ce que Monsieur, continua-t-elle,
nous accompagnerait dans le voyage que
nous avons décidé?
Florentine avait été bien aise de mettre
tout "de suite la conversation sur ce sujet,
afin de savoir à quoi s'en tenir sur la mise à
exécution de la grande résolution qui sauve
gardait son empire sur Tristan... Elle vit, à
l'embarras des deux interlocuteurs, que c'é
tait précisément sur ce terrain compromis
pour elle qu'elle avait à reprendre l'avan
tage. -
— Vous allez au-devant de ma pensée,
Florentine, reprit Tristan avec embarras,
j'avais à vous parler sur ce voyage... Lasan-
té de ma mère est bien gravement altérée, et
le chagrin qu'elle en ressent, la secousse
qu'elle en éprouverait pourraient lui être
totales... M. de Fenestrange pourra vous
l'attester.., :
A ces mots une contraction nerveuse avait
transformé de nouveau avec la rapidité d'un
éclair le visage de Florentine... Elle avait,
compris que son captif commençait à lui
échapper. '
— Oui, je. conçois, balbutia-t-elle d'une
voix que la colère commençait à briser ; à
deux, vous avez espéré que vous auriez moins
de peine à me tromper 1... Pardon , Mon
sieur, je ne vous accuse pas, reprit-elle en se
tournant vers Fenestrange qu'elle ne voulait
pas s'aliéner avant d'avoir éprouvé ce qu'elle
pouvait attendre de lui... Vous pouvez croi
re... vous aussi... que c'est par amour pour
sa mère que Monsieur refuse -de m'accom-
pagner?
— Et quel autre motif pourrait être assez
puissant pour l'empêcher de suivre une aussi
charmante maîtresse? répondit Fenestrange
qui cherchait à conjurer l'orage par un ma
drigal. .
— Aucun, reprit fièrement Florentine ,
car M. Tristan de Morvilliers m'a donné sa
parole de m'accompagner en Italie... Pour'
lui j'abandonne tout, mon avenir, ma posi
tion à l'Opéra, tous les adorateurs qui m'of
fraient une fortune triple de celle qu'il pour
ra posséder jamais... J'ai tout sacrifié, oui
tout, pour tenir ma promesse , pour lui
accorder ce qu'il m'ivait demandé à deux
genflux, en pleurant,de partiravec moi pour
l'Italie 1... Il est vrai que,moi, je ne suis qu'u
ne couptisane, une sauteuse, comme disent
ces messieurs les lendemains de grande pas
sion... c'est-à-dire tous les jours!., tandis
que M. de MorVilliers, jeune homme de no
ble race, a, comme on dit, un blason .qui de
vrait être souillé par un parjureI... Mais il
paraît qu'il arrive un moment où cela ne pa
raît plus.
Après ces violentes paroles, Florentine s'é
tait jetée sur un di/an, tremblante de co
lère !... Un de ses pieds martelait le parquet,
l'autre se balançait convulsivement 1... Là
fièvre de la passion avait répandu sur son
teint mat une animation qui était encore une
séduction nouvelle. ,
Tristan se sentait en proie à un mélange
indéfinissable d'irritation et de douleur; se
débattant à la fois entre les frémissemens
d'un amour palpitant encore et les instincts
naissans d'une régénération du cœur I
Quant à Fenestrange, il eût toUt donné
pour être l'Objet d'une colère semblable.
Florentine avait le don des larmes à vo
lonté; elle crut que c'était le moment d'en
user... et elle éclata en sanglots, où la rage
étouffée aidait à l'illusion de la douleur...
Tristan n'était qu'à demi ému... les lar
mes étaient pour Florentine comme un dé
guisement qui ne lui seyait pas. Plus d'une
fois, Tristan, dans les péripéties fiévreuses
d'une semblable liaison, avait, à travers
toutes ses illusions, expérimenté combien
cette sensibilité était menteuse.
Après quelques instans de silence, le jeune
comte sentit toute la force de sa position, et
il résolut d'en profiter.
— Puisque votre cœur souffre tant lui-
même /reprit-il avec un grand calme , vous
comprendrez ce que doit ressentir le cœur
d'une mère !... Eh bien ! la mienne, je vous
l'avais dit... m'avait déclaré cent fois qu'elle
ne consentirait jamais à me recevoir tarit
que *otre liaison durerait... elle m'avait
chassé de sa présence, et pour vous, Floren
tine , j'avais supporté d'être séparé de ma
mère!... Ih'bien ! aujourd'hui, ma mère ne
met plus d'obstacles à ce que je vous revoie....
ma mère -m'abandonne à vous, pourvu que
je ne la frappe point à mort par un départ
qu'elle n'aurait pas la force de supporter.
Vous comprenez, Florentine, que pour nous,
pour notre honneur commun... car il y a
des sentincens de convenance et cLhumanité
dont vous ne pouvez avoir abjuré "empire...
je ne puis partir... Tenez, j'en appelle à M.
de Fenestrange , au plus ancien , au plus
cher de mes amis... Entre nous il ne saurait
y avoir un meilleur arbitre. Ne voulez-vous ,„
pas qu'il en soit ainsi? . . ' '''
On a vu avec quel aplomb et quelle légè
reté Fenestrange s'était chargé de cette mis
sion de conciliateur; mais, à peine en pré
sence de Florentine, il s'était senti dominé;
toute sa science en matière féminine, toute
son expérience des ruelles et des coulisses du
temps de la Restauration avaient été paraly
sées en présenee de cette femme moitié ser
pent, moitié démon, personnification vivan
te d'un type fatal et profondément actuel,
que, pour leur repos et leur bonheur, nos
pères n'ont pas connu; ce vieux loup, jadis 1 "''
si dévorant, s'était transfermé en agneau; il 1 '
balbutia d'un air assez gauche quelques pa
roles qui ne parvinrent mêmé pas à fixer
l'attention de Florentine; elle écoutait sa
pensée. ;
— Ainsi, c'est bien décidé, dit-elle, les'
dents serrées, les lèvres pâles et tremblantes
et en passant devant Fenestrange dont elle ne
paraissait pas même apercevoir la présence,
vous manquez à votre parole? »
— Oui, pour ma mère ! répondit Tristan
d'une voix émue, mais pleine, cette fois, de
résolution... Ma nuire a bien manqué pour' 1
moi à la parelç qu'elle s'était donnée ae ne
BUREAU! i m *9 Wmia ({P&laiN-I&oyaljy u? ftO.
lï 1852 -BlMANCHE 11 JUILLET.
PRIS DE X.'&BOHSIE2Si?EK?
PARIS. 13 F. PAR TRIMESTRE.
DÉPABTEMENS. 16 F. — * ^
OM NUMÉRO : SO CSSTIMESÎ
Les abonnemens datent des 1*' et 16^J
de chaque mois.-Sft ■;
POO& LSS PATS ÉTRAKGKSS, S9 rcporiBf
au tableau qui sera publié dans la journal
les 13 et as de otaquû moi3.
> . ^ adresser, franco, peu ? la rédaction, « M* CttŒBVAL-CLÀaiGNT/^ftoëwr en chef.
Les articles déposés ne sont pas rendus.
L1TTÉBAIRE. UNIVERSEL.
On s'abonne, dans les départemens, aux Messageries et eux Directiont députe.—A Londres, che.% MM. Cowie et fjls»
~ A Strasbourg, ckes M. AlEXAMDBS, pour l'Allemagne.
■ S'adreêsc?) irsjicoj pour VadtiiinUtMtifÂ'i
Los annonces soïst reçues au bSîSûa du Journal; 6t ciiSi M.
à M. DERAW; directeur.
PANIS, riîpsscTV, i r ?î£-f3 de la Bours,
PARIS, -50 JUILLET.
Un écrivain éminent, qui s'est montré un
homme politique plein de sagacité etde sens,
a fait, il y a quelques jours, l'oraison funè
bre du gouvernement représentatif. C'était
une gageure, et M. Saint-Marc Girardin s'en
est acquitté comme de tout ce qu'il entre
prend, avec môniment d'esprit; mais il nous
permettra de lui demander des preuves plus
convaincantes à l'appui de cetacte de décès
inattendu. Parce que sir J. Graham, désireux
de voir hâter la finde lasession,a décoché deux
ou trois épigrammes contre la loquacité des
whigs et contre l'abus des réclames électora
les sous forme de motions, nous ne croyons
pas que les Anglais aient perdu le respect et
l'amour de leurs libres institutions. Ne s'oc
cupent-ils pas au contraire des élections gé
nérales avec une ardeur qui prouve'qu'ils
prennent encore la chambre des communes
forf au sérieux? On ne se'passionne pas pour
ce qui n'a point de vie.
Une crise ministérielle a eu lieu en Pié
mont ; un ministre plein de talent et juste
ment fteï dé ses succès, y a perdu le pou
voir pour avoir contracté une alliance incon
sidérée, pour s'être écarté de la voie de sages
se et de prudence où le roi et le peuple de
Piémont marcfaentavec un si parfait accord.
Est-ce une preuve de faiblesse «u de solidité
dans les institutions piémontaises? N'a-t-on
pas vu la nation accueillir avec joie, et la
chambre ratifier par son approbation l'usa
ge que le roi de Sardaigne a fait de'sa pré
rogative? La discussion à laquelle donne
lieu en ce moment au sein des chambres 'de
Turin l'établissement du mariage ciyil, n'est-
elle pas, pour l'élévation, la solidité et l'éclat,
au niveau: des plus mémorables débats de
nos%r an( ïes assemblées ? ' '
~ À. Berlin, nous le reconnaissons, une fau
te grave a été commise. Une fraction du parti
libéral, entraînée parles sarcasmes d'un ora
teur puissant, est tombée dans le piège que
lui tendait le parti absolutiste. Le roi de
Prusse, au lieu de recourir à son pouvoir
constituant, demandait à la chambre des dé
putés la sanction de l'organisation qu'il vou
lait donner à la chambre haute. 11 y avait,
dans cette démarche uh fait considérable,
la reconnaissance du pouvoir populaire.
La politique commandait d'accueillir la
proposition royale, fût-elle défectueuse (et
elle était juste, raisonnable, libérale mê
me) , afin de constater le pouvoir de -la
chambre, afin de terminer de bon accord
cette œuvre pénible de la Constitution prus
sienne, afin de ne laisser derrière soi au
cune question grave en suspens, ni aucun
motif de mécontentement. Les amis de M.
de Vincke ont préféré faire échouer la pro
position royale en unissant leurs voix à celles
des absolutistes. La chambre a été' pro -
rogée, et il dépend aujourd'hui du bon plai
sir royal qu'elle revienne à Berlin, ou qu'el
le laisse son œuvre Sans défense. Oui, on a
perdu àBerlin l'occasion d'affermir à jamais
le régime représentatif; mais celte occasion ne
peut -elle se,représenter? La chambre proro
gée n'a pas été dissoute; et si le roi de Prus
se ne la rappelait pas, il démentirait toute
sa conduite depuis cinq ans ; il sacrifierait
ce qui fait la véritable force de la Prusse au
sein de l'Allemagne.
Aucun de ces faits que nous venons de ré
duire à leur valeur, n'autorise à désespérer
d'une grande forme,de gouvernement, à
prédire l'avènement du despotisme univer
sel et d'une anarchie militaire. Pour bien,
juger des devinées du gouvernement repré
sentatif, il ne faut pas interroger ses souve
nirs, mais envisager froidement le présent;
il ne faut pas juger sur les apparences, mais
aller au fond des choses.
Nous ne sommes plus en 1847, cela est
vrai. Tout souriait alors aux partisans des
monarchies constitutionnelles. Le roi de
Prusse venait de. convoquer spontanément
la première diète prussienne ; le Piémont,
là Toscane,, Naples et Rome même, com
mençaient à se transformer. L'Autriche', à
contre-coeur, mais vaincue par la nécessité ,
se préparait à donner à la Lombardie des
institutions représentatives. C'était l'époque
de cette note mémorable dans laquelle le
premier ministre de l'Autriche, reprochant
à lord Palmerston l'appui qu'il accordait aux
tendances libérales, lui disait : Ne voyez
vous pas que tout Etat libre que vous susci
tez est une avant-garde que vous donnez à la
France en Europe ?
Toutes ces espérances ont disparu -dans
un commun naufrage. N'en accusons pas
seulement la catastrophe de février et les
révolutions qui l'ont suivie.. Toutes ces
Constitutions , qui éclosaient l'une après
l'autre, n'étaient pas également viables,
et nous n'avons'pas eu regret à voir
mourir Ce qui n'avait pas en soi les élé-
mens de la vie. Après ce que nous avons
vu en France même , après le despotis
me .électoral que des clubistés sans ré
putation et sans talent ont exercé trois
années entières dans vingt de nos départe
mens , qui peut croire qu'il était pratique,
qu'il était sensé, qu'il était possible d'inves
tir le lazzarone de droits politiques? Sulflt-il
d'un décret pour transformer en électeur
sérieux, en citoyen, le Croate ou le Transyl
vain qui sait à peine le nom de son village ?
Quel homme de s^ns regrettera Ce parlement
de Vienne où un orateur, pour être com
pris de tous, aurait eu besoin de parler vingt
langues différentes?
Les Constitutions factices, lesparlemens
postiches sont morts de compagnie et de
leur belle mort. Paix à leurs cendres. Lais
sons pleurer à l'aise autour de leurs tom
bes ces amans de l'idéal qui ne tiennent au
cun compte de la pratique, qui poursuivent
partout l'icarie qu'ils se sont faite à eux-mê
mes, et à qui il faudrait en' tout pays et
dès le premier jour, un roi héréditaire
et irresponsable, une chambre viagère et une
chambre élective. Que ceux-là se désolent
qui s'éprennent des mots, et ne conçoivent
en fait de gouvernement qu'un moule uni
que dans lequel tous les peuples, depuis
l'Angleterre jusqu'au Japon, doivent immé
diatement s'emboîter. Mais ceux qui s'af
franchissent des questions de formes pour
ne regarder qu'au fond même du régime re
présentatif, n'ont nul sujet de s'affliger.
Quel est le principe essentiel du régime re
présentatif? C'est
que la liberté et la vie de l'individu sont sous
la garantie de la loi, émanant et acceptée de
tous; c'est qu'on ne peut disposer de la fortune
publique sans le consentement du peuple,
donné par l'organe de ses représentans. Or,
y a-t-il aujourd'hui en Europe, hormis le
czar," un prince qui soit à la fois l'auteur et
'interprète de la loi, qui puisse Affranchir
personne et s'affranchir lui-même des déci
sions delajustice? Y-a-t-il, hormis l'Autriche
et la Russie, un pays où un impôt puisse
être levé, un emprunt être contracté sans lé
consentement des délégués de la nation?
Cette nécessité du consentement de la nation
est si bien établie dans l'opinion et dans les
mœurs, que la Toscane offre l'exemple de
deux emprunts de même quotité et faits au.
même taux, k dix-huit mois de date, et dont
"'un se so îlient au dessus dupair, tandis que
.'autre, avec des garanties pius nombreuses,
demeure à cinq francs au-dessous, uni
quement parce que le premiera été émis avec
la ratification des chambres toscanes, et
le second par le grand-duc seul, dans les
jours de dictature qui ont suivi la contre^
révolution de Florence.
.Que les théoriciens qui se paient de mots,
que les gens qui raffinent en politique, se
donnent le passe-temps d'éplucher une aune
es Constitutions de l'Europe, et de. signaler
ici telle prérogative qui est refusée ou con
testée. là-bas, qu'ils citent Montesquieu, De-
olme et Bentham, nous nous en tiendrons
a ce grand fait qu'il y a partout en Europe
des chambres électives, que païtout le con
sentement de ces" chambres est nécessaire
pour percevoir l'impôt, que presque partout
il est nécessaire pour donner à la loi sa pleine
autorité. Cela suffit pour nous rassurer sur
l'avenir du régime représentatif. Partout les
représentans du peuple tiennent les cordons
de la bourse; le reste viendra de soi par le
progrès naturel des choses.
La Constitution anglaise, qui compte tant
d'admirateurs exclusifs, ne s'est pas impro
visée en quelques années; elle a été l'œuvre
de plusieurs siècles. Quand on voit outre
Rhin toute une pléiade de philosophes, de
docteurs et de bureaucrates en disponi
bilité fatiguer le ciel de ses lamentations,
parce que les chambres prussiennes, om
nipotentes en 1848, n'ont plus en 1852
qu'une existence précaire et des attribu
tions fort restreintes, on est irrésistiblement
tenté de demander à ces désespérés s'ils
croient que le régime représentatif peut
prendre naissance, se fortifier et porter tous
ses frui s en cinq années. Que tous ces lar-
moyeurs comparent, sous le rapport de l'au
torité, de l'indépendance des élections, de
la liberté de parier et d'écrire , la situa
tion du parlement prussien avec l'asser
vissement des chambres anglaises sous Char
les II, au lendemain de la toute-puissance du
Long-Parlement. Cela a-t-il empêché le déve
loppement des institutions britanniques ?
Les révolutions dans leur reflux rempor
tent tout ce qu'elles ont apporté ; elles ne
laissent après elles que ce qui a de profon
des racines dans le sol. Après l'avorte -
ment de la Constituante autrichienne,
après les scandales du parlement de Franc
fort, et surtout après la fin ridicule et
honteuse de cette assemblée turbulente,
nous aurions été peu surpris de voir dispa
raître dans la tempête les institutions repré
sentatives de l'Allemagne. Nous retrouvons, "
en 1852 cqmme en 1847, des chambres^t
Carlsruhe, à Stuttgardt, à Munich, à-Dresde,
nous en voyons dans le Hanovre et dans
l'Oldenbourg, qui n'en avaient point : tous
ces petits parlemens ont une existence indé
pendante, une tribune libre, une popu
larité persévérante. Avoir traversé une pa
reille épreuve, n'est-ce pas-le signe d'une
réelle et féconde vitalité ?
La Prusse demeurera également un gou
vernement représentatif. A redevenir une
monarchie absolue, elle perdrait l'amour des
populations, les sympathies de l'Allemagne,
et presque sa raison d'être : elle ne serait
plus .que la doublure, de l'Autriche* Nous
avons foi dans l'avenir du parlement de Ber
lin, parce que nous croyons à l'intelli -
gence autant qu'à la loyauté du roi de
Prusse. L'Autriche elle-même, qui cher
che à resserrer de toutes façons les liens •
qui l'unissaient à l'Allemagne, ne pourra
long-temps demeurer, sans péril, en dehors
du mouvement commun. La diversité des
races qu'elle gouverne, leur pauvreté, leur
peu de lumières, rendent impossible l'éta—
blisseir- ent d'un gouvernement unitaire ; mais,
avant que l'année soit écoulée, nous verrons
naître, dans les Etats autrichiens, des légis
latures provinciales qui façonneront toutes
ces races diverses à l'uniformité administra
tive et les prépareront peu à peu à la liberté.
Laissons là ltexamen minutieux des faits.
Il est une raison décisive qui nous convainc
que nulle part le pouvoir absolu d'un seul
ne se substituera au régime représentatif :
c'est que le despotisme est'forcément le
précurseur de la' liberté. Le despotisme,
pour décider les peuples à abdiquer la li
bre disposition d'eux-mêmes, n'a qu'un ar
gument à faire valoir : c'est qu'il fera leurs
affaires mieux que personne. Pour réussir,
il faut qu'il tienne parole, et, s'il tient paro
le, s'il donne un /rapide développement à
la prospérité matérielle, s'il-saèonde les pro
grès de la richesse etde l'instruction, il crée
et il fait grandir autour.de lui des classes ai
sées et intelligentes qui,' pour occuper leurs
loisirs et leurs lumières, demandent, obtien
nent ou arrachent une part au gouvernement.
C'est ainsi que la grande prospérité des rè
gnes d'Henri VIII et d'Elisabeth a été pour
beaucoup dans la révolution d'Angleter
re. C'est ainsi que le despotisme intelli
gent de Colbert a préparé de loin 1789;
c'est ainsi que .trente ans de calme, de bonne
administration et de progrès non interrompus
Ont eu pour conséquence, en 1846, la con
vocation inéspérée, quoique inévitable, de la
première diète prussienne.
cucheval-clabiginy.
Les journaux anglais publient le résultat
des élections de presque toutes les villes
d'Angleterre. Il reste à connaître les élec
tions des comtés, les élections du pays de
Galles, celles de l'Ecosse et enfin celles de
l'Irlande; c'est-à-dire près de 400 nomina-
tions sur 654.
On conçoit qu'il est impossible de tirer
encore aucune .conclusion' de' résultats qui
comprennent à peine les deux cinquièmes
du nombre des députés à élire. Nous nous
bornerons à signaler les déplacemens qui se
sont opérés dans les 266 élections connues.
Dans treize collèges un candidat Opposant
a remplacé un partisan de lord Derby. C'est
donc une perte de treize voix pour le minis
tère actuel. Voici les noms des collèges et
ceux des candidats :
A
Blackburn
Bolton
Berwick
Beverley
Cardiff
Garlisle
Gloucester
Guildford
Halifax
Kiddermiast ;r
Norwich
Reading,
Stoke onT^ent
M.-
Eccles
Barnes *
StaplétOtt
Lawley
Coffin
Joseph Ferguson
Price
a remplacé M.
Ilornby.
villes. Beaucoup de candidats opposans ne
l'ont emporté qu'a des majorités extrême
ment faibles. A Durham, M. Atherton a eu
3 voix de majorité sur lord Vane ; à Malmes-
bury, M. Luce en a eu4-sur M. LoVel; à To-,
teness, M. Mill l'a emporté de 12 voix sur M.
Barry Baldwin. Nous pourrions ajouter beau
coup d'exemples à ceux-là. Les tories, qui,
dans Westminster même, ont éù une formi
dable minorité, ont eu en beaucoup d'en
droits des majorités considérables; c'est
ainsi qu'à Liverpool elle a été de mille à
douze cents voix. Dans la Cité de Londres,
M. Masterman a tenu la tête de la liste avec
un avantage de 600 voix sur lord John Rus-
sell.
Au nombre des villes qui ont remplacé
des opposans par des torie£, on compte Li
verpool, Bradport, Cambridge , Chatham,
Devonport, Greenwich, Douvres, Windsor,
c'est-à-dire la seconde ville d'Angleterre et
plusieurs des cités les plus importantes.
Sir JamesGrahamjilestvrai,afait échouer
à Carlisle un protectionniste; mais lui-même
avait dû abandonner le collège de Ripon,
qu'il représentait depuis quinze ans, et où il
n'avait plus aucune chance.
• . C ucheval -C larigNY.
S. Blair.
Renton
S. Lane Fox.
Nicholl.
Hogdson.
Hope.
Currie.
Edwards,
Lowe.
marq. Douro.
Stanford.
Copeland. '
Dans dix-neuf collèges, vingt-et-un tories
ont remplacé autant de députes opposans :
Warner
Keating
Gower
A' .
Bodmin,
Bridgewater,
Bradport,
Cambridge
Chatham
Derby
Devonport
Douvres, -
Greenwich,
Harwich,
-Haverfordwest,
Liverpoof,
Lymington,
Macclesfield
Prestori
Ripon
Taunton
■ Mitchell
Spencer Follett
H. Wickham.
K. Macauley
J. Astell
Sir J, Smith
Horsfall
G.Berkeley
Lord Chelsea
Rolt
. "Waddington
Phillips
F. Mackensie
Turner
SirJ.Carnac
Egerton
Townley Parker
Beckett
A. Mills
a remplacé M.
H. C. Lacy.
Broadwooa.
Col'.Thompson.
Shafto-Adair.
F. Campbell.
Sir J. Stirling.
Heywortb.
Sir J. Romilly.
Sir G. Clerk.
Amiral Stewart
Bagshaw.
Evans
Cardwell.
Ewart.
J. Hutchims.
J. Williams.
Grenfell,
S. J.Graham.
Sir T.- Cole-
brooke.
E. W. Grey.
Tynemouth Hugh Tâylor.
Windsor Lord Welleshy. • Hatchell
Les avantages et les échecs compensés,
il reste donc un gain de huit voix pour le
ministère.
Le parti tory n'a pérdu qu'un homme con
sidérable, le marquis de Douro, le fils aîné
du duc de Wellington, qui a succombé à
Norwich. Le marquis de Douro n'a, d'ail
leurs, jamais joué un rôle politique : c'est
son nom et sa grande fortune qui donnent
quelque importarice à l'échec qu'il a éprouvé.
: Le libre-échange a été vaincu dans une
ville manufacturière, à Bradport, en la per
sonne du colonel Thompson, l'un des prin
cipaux lieutenans de M. Cobden, et l'un des
fondateurs de la fameuse ligue contre les
- lois des céréales. Le libre-échange n'a pas
fait ,une perte" moins sensible dans M. Card-
vell, qui a succombé à Liverpool. M. Cardwell,
qui a été le collègue de sir Robert Peel, est
l'un des exécuteurs testamentaires du grand
homme d'Etat. On a remarqué comme une
singularité que le second des exécuteurs tes
tamentaires de sir Robert Peel, lord Mahon,
a perdu également son siège au parlement.
Il représentait Hertford.
Le parti whig a été rudement éprouvé. Un
des anciens collègues de lord. John Russell,
sir,George Clerk a succombé à Douvres con
tre lord -Chelsea. L'avocat-général du cabinet
whig, sir John Romilly, aujourd'hui maître
des rôles à la cour de chancellerie, a été bat
tu à Devonport. L'amiral Stewart' a perdu
également son siége-à Greenwich. M. Shafto
Adair n'a pas été réélu à Cambridge.
La lutte électorale a été très vive, et elle a
constaté dans le parti tory une puissance
qu'on ne lui soupçonnait pas âu sein des
On attendait avec line certaine impatience,
en Suisse, une réunion pcpiilaire qui devait
se tenir à Valengin, le 6 de ce mois, et Où
devait être posée Ta question de savoir si le
canton de Neuchâtel voulait rester suisse où
rentrer sous la suzeraineté du roi de Prusse..
La réunion a eu lieu. Tout s'est passé sans
trop de désordre. Les royalistes s'étaient réu
nis d'un côté d'une vallée; les républicains
de l'autre. Les chiffres varient, [dit la Suisse,
quant au nombre des deux assemblées; mais
tous admettent que celle des républicains
était la plus nombreuse. »
Voici quelques détails donnés par la Nou
velle Gazette ae Zurich,- sous la date de Va
lengin, le 6 juillet :
« La colonne des républicains de- Neuchâtel a
fait un détour de deux heures pour éviter une
rencontre ayee - ses adversaires. Elle s'est rendue
au chef-lieu du val de Ruz, où les républicains
de la vallée se joignirent à elle; de là on a
marché sur Boderilliers où les ' colonnes de La-
Chaux-de-Fonds, Locle, Brenesz et de tout le val
de Travers étaient déjà réunies. Puis en une masse
compacte, tm a marché sous les ordres du colonel
Courvoiaier sur Valengin. Les royalistes s'étaient
échelonnés sur le pré des Bourgeois situé au nord-
ouest, vis-à-vis du château.Au milieu delà masse du
peuple, comptant de déux à trois mille tètes, avec
beaucoup de femmes et d'enfans, il y avait une tri
bune, où devait prendre place le conseil communal.
Il n'y avait ni musique, ni chants, ni drapeaux,
Les délibérations n'avaient d'autre but que de, re
cevoir les cemptes et d'élire un nouveau conseil
administratif. Dès huit heures, le pré était couvert
de monde; mais comme un commissaire du gou
vernement devait être présent, on a attendu jus
qu'à neuf heures. A onze heures et demie, tout
était terminé.
«Sur une colline vis-à-vis du pré des Bourgeois,
séparés par une petite vallée, les républicains
avaient pris position. Comme la route conduisant
à la colline est assez escarpée, ils - furent obligés
de marcher en zig-zag. Les royalistes ont dû
être étonnés dé ce coup d'oeil. A la tète de chaque
colonne communale marchaient des tambours,
des musiciens et flottaient, les drapeaux fé
déraux-et cantennaux. Arrivé au haut de la
colline, le colonel Courvoisier, entouré de
ses nombreux adjudans, a eu beaucoup de
peine à ranger cètte masse sur le terrain incliné.
La marche a duré trois quarts-d'heure. Il y avait
8 à 9,000 hommes. Sur cela, le peuple se mit à
manger et à boire : les esprits étaient. livrés au
plus grand enthousiasme.
. » Enfin le rappel fut battu.au pied de la tribune
ornée de cinquante à soixante drapeaux. M. Amé-
dée Humbart ouvrit la séance et invita le premier
orateur, M. Auguste Lambley, à prendre la pa-
de cette journée, il renoncerait à ses velléitc
de ressaisir sa principauté. >) -
M. Thiers a mis fin aux ennuis que vou
lait lui infliger le directear de la police fé
dérale, M. Druey, en exhibant .un passeport
français visé par le chargé d 'affaires suisse a
La Suisse, qui nous donne ce détail, ajoute.
« Le directeur de la police fédérale, "M. Druey,,
ne s'était pas borné à ordonner, l'expulsion de JV1.
f hiéfs par une lettre très impolie. 11 se confirme,
nous dirons même qu'il est certain, que M. Dniey
a écrit au gouvernement d'Argovie au sujet ae
Mme la duchesse d'Orléans. M. Druey il a pas ose
ordonner l'expulsion de la princesse, mais on com
prend que sa lettre avait un but ; le gouverne
ment d'Argovie n'en a pas tenu compte. » ,
Le conseil des Etats, dans sa séance ou 7,
a voté 200,000 fr. pour la tenue du camp de
tactique fédérale.' bonifacF^
. - " I "" : V'
On lit dans le Daily-News, du 9 juillet :
« Nous apprenons de bonne source que le Pré
sident de la République française a fait savoir à
notre gouvernement que s'il réduit les droits sur
les vins français, il est disposé à entrer, par ré
ciprocité, en négociations préliminaires pour un
traité par lequel les principaux articles de l'Angle
terre éprouveraient une réduction à leur entrée en
France: Cette offre doit être regardée comme des
plus avantageuses, puisqu'elle est un pas déplus
vers le système universel du libre-echange. Il faut
psnprpr niip lps tendances protectionnistes très po-
E dl lVdministraîjon actuelle ne seront pas
un obstacle dans une circoiî5. t,ance S1 importante.»
une Constitution républicaine. Cette déclaration a
été signée sur-le-champ par tous les assistans.
» M. Philippin a prononcé ensuite un discours
tout à fait républicain. Pendant son discours les
royalistes hurlèrent quelque fais, mais on leur ré
pondit par des sifflets.
,» Les royalistes de Lasague eurent l'audace de
traversèr la route sur laquelle étaient campés les
républicains. Vingt-cinq furent reçus par des
sifflets. Ils répondirent par les cris de : Vive le Roi !
Ce cri enflamma la caière des républicains et il y
eut un engagement momentané. Tout le monde
aceourut. On n'entendait plus l'orateur.
» M. Courvoisier et le préfet de la Chaux-de-
Fônds parvinrent, avec l'appui des guides et des.
bçurgeois modérés, à terminer cette collision.
Tout le monde se retira, et les royalistes rentrè
rent chez eux. On espère que la journée sera
tranquille. M. Courvoisier a reçu tin coup de-
pied de cheval; mais la blessure n'est pas grave.
Les dispositions sont bonnes et l'enthousiasme
très grand. Si le roi de Prusse avait été témoin
On annonce comme devant être prochai
nement entreprises, les études d'un projet
de chemin de fer, destiné à relier Nancy a
Dijon ou la ligne de Strasbourg avec la ligne
de Paris à Lyon. Cette section importante
se détacherait du chemin de Paris à Stras
bourg à quelques kilomètres de Nancy, fran
chirait en souterrain le col des Corbeaux,
descendrait vers la Moselle, desservirait Epi-
nal au moyen d'un petit embranchement,tra
verserait en tunnel le faîte séparatif des ver-
sans des deux mers, entre Chaumouzey etGi-
raucourt, toucherait à Conflans, Velorcey, le
val Saint-Eloy, Vesoul, Raze, Velexon, Gray,
Esserlenne, Biage et arriverait à Dijon. Tel est
l'aperçu du tracé de cette section qui aurait
un développement de 250 kilomètres 'envi
ron et dont l'exécution est évaluée approxi
mativement à 90 millions.
Outre l'importance du raccordement de
deux grandes lignes, on voit que ce chemin
de fer est appelé à desservir quatre centres
de population et d'industrie considérables.
t. BON1FACF.
Notre correspondant de Rome nous écrit
en date du 4 juillet, et bien qu'il eût espéré
nous annoncer la conclusion définitive du
traité entre le gouvernement et l'ingénieur
français, M. Courtine, pour la ligne de che
min de fer d'Ancône à Rome par Bologne, il
ne nous en dit rien encore. Naguères, on
semblait d'accord et on n'attendait plus que
la faculté de disposerdumontantducaution
nement pour terminer et signer les con
ventions dp part et d'autre. Aujourd'hui,
l'autorisation de fournir les ^traites sur uss
maisons de premier ordre, savoir MM. Ba-
ring frèrés, de Londres, et Sina, de Vienne,
est enfin parvenue, et l'affaire ne paraît pas
plus avancée qu'auparavant.
Il en est de même du gaz : le capitaliste an
glais qui a obtenu la concession définitive de
cetéçlairage, ne peut se mettre à l'œuvre parce
que, tenu de faire .approuver préalablement
parla municipalité, la localité où il doit cons
truire son gazomètre, sur douze endroits
qu'il a présentés,pas un n'a encore été adop
té. M. Mongolfier Bodin venait d'arriver à
Rome et se présentait, après s'être entendu
avec M. le duc Braschi qui en a déjà obtenu
la concession, pour établir quatre ponts
suspendus sur le Tibre. Il ne demande
point d'argent, il se charge de tous les frais
a condition qu'on lui accordera un droit de
péage qui ne sera productif que sur deux au
plus des quatre ponts, car il paraît qu'on en
exige quatre. Sera-t-il plus heureux que
M. Courtine pour les chemins de fer, et M.
Schœffer, l'entrepreneur du gaz? A cela, tout
le monde ne répondrait à Rome ni par oui
ni nar non, mais chi lo sa ? (qui le sait?)
Il est vrai qu'il y a trois pauvres diables
qui dirigent chacun un bac (barchetta), pour
passer d'un bord du'Tibre à l'autre,sur trois
points différens : faudra-t-il les sacrifier? Et
les vetturini, que déviendront-ils avec les che
mins de fer ? Notre correspondant en a pris
son. parti, et il semble croire que si, ailleurs,
ir
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL, Il JUILLET.
IL FAIT QUE JEUNESSE SE PASSE/
x.
Le comte dé Morvilliers ayant laissé pas
ser la veille, au ?oir, l'heure de retrouver
Florentine au spectacle, n'avait plus osé se
présenter chez elle, et il avait résolu d'aller
s'excuser auprès d'elie le lendemain dans
la matinée en se faisant accompagner par
Fenostraage. Il m fallait rien moins que
l'assistant: d'uu pareil second pour affron
ter tous les dangers'd'une entrevue qui ne
"pouvait manquer d'être fort orageuse, Les
jolies femmes sont comme les rois, elles
n'aiment pas attendre. Sous ce rapport, Flo
rentine était d'autant plus outrée de dépit,'
que Dieu ne donne pas à ces ames endurcies
par l'égo'isme et les passions mauvaises cette
sensibilité qui ouvre d'ordinaire aux dou
leurs humaines une expansion pleine de
soulagemens et de consolations.
Contre son ordinaire, la danseuse s'était,
ce jour-là, levée de bonne heure, n'ayant
pu dormir; son teiut était devenu bilieux;
son ondoyante chevelure d'impératrice dont
elle se montrait si lière, pendait inculte le
long de ses joues et sur ses épaules ; dans
cette bacchante au repos, l'on aurait eu pei
ne à retrouver la syrène irrésistible qui avait
séduit et entraîné dans l'abîme le comte de
Morvilliers, sans parler de bien d'autres.
Déjà elle avait fait payer largement les torts
de l'adorateur en retard à sa femme de cham^
bre, à son coiffeur, à son king-charles , à
* La reproduction est interdite.
tous les objets de toilette qu'elle avait brisés;
enfin, comprenant la. nécessité de déguiser
précisément cette défaite de ses calculs et de
son pouvoir sous d,'habiles dehors d'indiffé
rence et de sang-froid, elle avait fait rappe
ler le coiffeur et préparé elle-même avec un
soin particulier et une science merveilleuse
un déshabillé du matin des plus exquis ,
propre à rehausser encore l'expression sé
ductrice de sa physionomie recomposée.
Ces préparatifs de combat n'étaient pas
inutiles, car, vers midi, on annonça Tris
tan ; la femme de chambre ajouta qu'il n'é
tait pas seul, et qu'un grand Monsieur d'un
âge mûr et... décoré(les femmes de chambre
croient toujours aux décorations) l'accom
pagnait; Florentine, de plus en plus intri
guée, ordonna qu'on fît entrer.
L'impression qu'elle produisit sur Fenes-
trange, qui (le lecteur se le rappelle sans
doute) n'avait fait encore que l'entrevoir la
veille, lorsqu'elle traversait'le* boulevard de
Gand, éclata d'une façon très manifeste sur
la physionomie franche et ouverte de l'an
cien officier de la garde royale. U y a de ces
beautés toutes plastiques et toutes-sensuelles
qui exercent sur les hommes une influence
presque magnétique. La nature avait donné
a Florentine une de ces beautés-là, comme
si elle eût voulu compenser ainsi tout ce
qu'elle lui refusait du côté des qualités du
cœur.
Quant à Tristan, tous ses sens s'émurent
de nouveau à la vue de celte femme à la
quelle il avait dû tant de ces émotions ab
sorbantes, de ces jouissances fiévreuses que,
trop souvent, les hommes préfèrent quand
une fois ils les ont connues, aux tranquilles
délices d'un amour honnête et pur. Floren
tine était trop clairvoyante pour ne pas com
prendre qu'elle retrouvait son empire; elle
recouvra du moins toute sa présence d'es
prit.
Elle salua Fenestrauge, en qui elle avait
deviné sans peine l'homme au-bracelet, de
la façon la plus gracieuse.
M. lé vicomte de Fenestrange, un ami
de ma famille, fit Tristan avec embarras.
C'est pour moi beaucoup d'honneur,
répondit Florentine avec une. légère ironie,
et il fallait tout le plaisir de recevoir Mon
sieur, pouf que je me décidasse à rouvrir
mâ porte à son introducteur.
— Vous lui en voulez, belle dame, dit
d'un air dégagé Fèn<~strange, qui n'était pas
homme à jouer plus long-temps un rôle
muet.... D'honneur, vous * vous - trompez.
C'est l'infidélité la plus vertuëuse, le fort le
plus invraisemblable que vous ayez pu ima
giner; vous ne pourrez lui en vouloir quand
vous 1 saurez qu'il a subi trois heures de mé
lodies bretonnes ou vendéennes ; s'il y avait
eu; dé plus, le boston obligé, vous lui de
vriez des excuses I
— Vraiment ! fit Florentine en souriant
dédaigneusement, ce sont là toutes les déli
ces qu'il m'a préférées? Décidément, j'aurai
bien des remords lorsqu'il faudra que je
l'enlève à la concurrence de pareilles séduc
tions..."
Puis, se tournant froidement vers Tristan,
pendant que d'un regard elle désignait Fe
nestrange :
— Est-ce que Monsieur, continua-t-elle,
nous accompagnerait dans le voyage que
nous avons décidé?
Florentine avait été bien aise de mettre
tout "de suite la conversation sur ce sujet,
afin de savoir à quoi s'en tenir sur la mise à
exécution de la grande résolution qui sauve
gardait son empire sur Tristan... Elle vit, à
l'embarras des deux interlocuteurs, que c'é
tait précisément sur ce terrain compromis
pour elle qu'elle avait à reprendre l'avan
tage. -
— Vous allez au-devant de ma pensée,
Florentine, reprit Tristan avec embarras,
j'avais à vous parler sur ce voyage... Lasan-
té de ma mère est bien gravement altérée, et
le chagrin qu'elle en ressent, la secousse
qu'elle en éprouverait pourraient lui être
totales... M. de Fenestrange pourra vous
l'attester.., :
A ces mots une contraction nerveuse avait
transformé de nouveau avec la rapidité d'un
éclair le visage de Florentine... Elle avait,
compris que son captif commençait à lui
échapper. '
— Oui, je. conçois, balbutia-t-elle d'une
voix que la colère commençait à briser ; à
deux, vous avez espéré que vous auriez moins
de peine à me tromper 1... Pardon , Mon
sieur, je ne vous accuse pas, reprit-elle en se
tournant vers Fenestrange qu'elle ne voulait
pas s'aliéner avant d'avoir éprouvé ce qu'elle
pouvait attendre de lui... Vous pouvez croi
re... vous aussi... que c'est par amour pour
sa mère que Monsieur refuse -de m'accom-
pagner?
— Et quel autre motif pourrait être assez
puissant pour l'empêcher de suivre une aussi
charmante maîtresse? répondit Fenestrange
qui cherchait à conjurer l'orage par un ma
drigal. .
— Aucun, reprit fièrement Florentine ,
car M. Tristan de Morvilliers m'a donné sa
parole de m'accompagner en Italie... Pour'
lui j'abandonne tout, mon avenir, ma posi
tion à l'Opéra, tous les adorateurs qui m'of
fraient une fortune triple de celle qu'il pour
ra posséder jamais... J'ai tout sacrifié, oui
tout, pour tenir ma promesse , pour lui
accorder ce qu'il m'ivait demandé à deux
genflux, en pleurant,de partiravec moi pour
l'Italie 1... Il est vrai que,moi, je ne suis qu'u
ne couptisane, une sauteuse, comme disent
ces messieurs les lendemains de grande pas
sion... c'est-à-dire tous les jours!., tandis
que M. de MorVilliers, jeune homme de no
ble race, a, comme on dit, un blason .qui de
vrait être souillé par un parjureI... Mais il
paraît qu'il arrive un moment où cela ne pa
raît plus.
Après ces violentes paroles, Florentine s'é
tait jetée sur un di/an, tremblante de co
lère !... Un de ses pieds martelait le parquet,
l'autre se balançait convulsivement 1... Là
fièvre de la passion avait répandu sur son
teint mat une animation qui était encore une
séduction nouvelle. ,
Tristan se sentait en proie à un mélange
indéfinissable d'irritation et de douleur; se
débattant à la fois entre les frémissemens
d'un amour palpitant encore et les instincts
naissans d'une régénération du cœur I
Quant à Fenestrange, il eût toUt donné
pour être l'Objet d'une colère semblable.
Florentine avait le don des larmes à vo
lonté; elle crut que c'était le moment d'en
user... et elle éclata en sanglots, où la rage
étouffée aidait à l'illusion de la douleur...
Tristan n'était qu'à demi ému... les lar
mes étaient pour Florentine comme un dé
guisement qui ne lui seyait pas. Plus d'une
fois, Tristan, dans les péripéties fiévreuses
d'une semblable liaison, avait, à travers
toutes ses illusions, expérimenté combien
cette sensibilité était menteuse.
Après quelques instans de silence, le jeune
comte sentit toute la force de sa position, et
il résolut d'en profiter.
— Puisque votre cœur souffre tant lui-
même /reprit-il avec un grand calme , vous
comprendrez ce que doit ressentir le cœur
d'une mère !... Eh bien ! la mienne, je vous
l'avais dit... m'avait déclaré cent fois qu'elle
ne consentirait jamais à me recevoir tarit
que *otre liaison durerait... elle m'avait
chassé de sa présence, et pour vous, Floren
tine , j'avais supporté d'être séparé de ma
mère!... Ih'bien ! aujourd'hui, ma mère ne
met plus d'obstacles à ce que je vous revoie....
ma mère -m'abandonne à vous, pourvu que
je ne la frappe point à mort par un départ
qu'elle n'aurait pas la force de supporter.
Vous comprenez, Florentine, que pour nous,
pour notre honneur commun... car il y a
des sentincens de convenance et cLhumanité
dont vous ne pouvez avoir abjuré "empire...
je ne puis partir... Tenez, j'en appelle à M.
de Fenestrange , au plus ancien , au plus
cher de mes amis... Entre nous il ne saurait
y avoir un meilleur arbitre. Ne voulez-vous ,„
pas qu'il en soit ainsi? . . ' '''
On a vu avec quel aplomb et quelle légè
reté Fenestrange s'était chargé de cette mis
sion de conciliateur; mais, à peine en pré
sence de Florentine, il s'était senti dominé;
toute sa science en matière féminine, toute
son expérience des ruelles et des coulisses du
temps de la Restauration avaient été paraly
sées en présenee de cette femme moitié ser
pent, moitié démon, personnification vivan
te d'un type fatal et profondément actuel,
que, pour leur repos et leur bonheur, nos
pères n'ont pas connu; ce vieux loup, jadis 1 "''
si dévorant, s'était transfermé en agneau; il 1 '
balbutia d'un air assez gauche quelques pa
roles qui ne parvinrent mêmé pas à fixer
l'attention de Florentine; elle écoutait sa
pensée. ;
— Ainsi, c'est bien décidé, dit-elle, les'
dents serrées, les lèvres pâles et tremblantes
et en passant devant Fenestrange dont elle ne
paraissait pas même apercevoir la présence,
vous manquez à votre parole? »
— Oui, pour ma mère ! répondit Tristan
d'une voix émue, mais pleine, cette fois, de
résolution... Ma nuire a bien manqué pour' 1
moi à la parelç qu'elle s'était donnée ae ne
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