Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-07-01
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32747578p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 124053 Nombre total de vues : 124053
Description : 01 juillet 1852 01 juillet 1852
Description : 1852/07/01 (Numéro 183). 1852/07/01 (Numéro 183).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k669697r
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
W i ux
NUMÉRO 183.
*%UC cas L'ABOIfCTEStEEnr -
PAfiis. 13 p. PAfi : TEIMESTftSj
DÉ'AfiTEaENS. 16 F. T!
UN NUMÉRO : S© CENTIMES." ^
po a» les pays ÈTaiNQBUs , se report»
a i tableau" qui sera publié dans le jauraslî
les 10 et ts de chaque mois,
Les a'xmncmens datent dts I e * et 16
de ahaqûe moisi
SSl)£S13â&iËJ& ï rue de* Valois ■M»'àia£;a-l&©yal.- î sa* a®.
8 185â.-JEUDÏ 1" JUILLET*
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
S'adresser franco, pour la rédaction, à M. CnCHEVAirCEAawJHY^rrftoeMr en ç kèfi I On s'o&mne, drn.lt» département, aux Messageries et aux Mrecipm» de poste.—A Indre», ehex Mil. C owie et fils, j - " S'adresser, franco,' pâà l'administration, j iM. JÇaam, directeur:
'■ Les articles déposés aé sont pas rendus ' j — A Strasbourg, chez M, AlïIAHDKS , pCur l'Allemagne^ " I Las s,&iiono6s soat reçues au bwçguftu joarnel; et tfeax A. PANIS, régisseur, 10, plaoe de la BouNf
- Dès la semaine prochaine, M. le
J) r 'V èron commencera , djins la
partie politique du Constitutionnel,
la publication d'une série d'articles
sous ce titre : 1
" -LA BIKAWCE IWUWISIiUE.
' ■ PARIS, 30 "JUIN.
La concession du chemin de fer de Stras
bourg à Wissembourg, qui a été accordée,
il y a quelques mois, à la compagnie de
Strasbourg à Bàle, a donné une vive impul
sion, en Allemagne, à l'exécution delà gran
de ligne qui.doit longer la.rive gauche du
Rhin et qui a tain d'importance pour nos re
lations internationales. -
On sait que, de Bàle à Cologne, la ligne exé
cutée dans ses deux parties extrêmes, c'est-à-
dire de Bàle- à Strasbourg et de Cologne à
Bonn, ne présente, sur la longue distaneequi
sépare ces deux chemins, que le chemin de fer
de Neustadt à Spire et à Ludwigshafun
que la Hesse rhénane achève en ce moment
dé relier, par Worms, à la ville de Mayence.
Des tentatives avaient été faites à plusieurs
reprises pour combler les lacunes qui exis
tent entre Bonn et Mayence d'une part,
entre Spire ou Neustadt "et'la fr.onti.ère fran
çaise-d'autre part. Mais elles avaient éehoûé.
par différentes causes, dont la principale
était sâns,doute lé manque, d'entente entre
les pays traversés. L'initiative prise par la
France pour l'exécution du chemin de Stras
bourg à Wissembourg, a ranimé la confian
ce et réveillé l'activité sur la rive gauche du :
Rhin. Du moment qu'on a vu la construc
tion de la ligne assurée sur lè territoire,
français depuis Bâle jusqu'à Wissembourg, ;
la Bavière rhénane , la Hesse rhénane, la
Prusse rhénane, ont senti la nécessité de
se mettre -aussi. :à l'œuvre, et nous trou-'
vons dans un journal d'Alsace des ren-
seignémens ihtéressans sur les progrès de
cette grande ligne, dont nos départeniens'
de l'Est suivent les développemens avec tant.
de sollicitude.
11 s'agissait d'abord de conlinuer les che
mins français qui doivent unir Bàle à Wis-
, sembourg. Le gouvernement bavarois a déjà
sanctionné la loi relative à la construction
du chemin de. Wissembourg à Neustadt..
C'est la compagnie du chemin de fer
du Paktinat qui paraît devoir s'en char
ger , ce, qui est tout naturel, puisqu'elle
est propriétaire du chemin de Neustadt à
. Ludwigshafen et à Spire qui en forme la
prolo ngation. Au. delà de Ludwigshafen, il
y a encore une section de chemin à cons-,
traire en Bavière pour atteindre la.fron
tière de la Hesse rhénane. La compagnie
du chemin de fer -du Palatinat a signé'
im traité avec le "gouvernement pour
Inexécution de cette àectio'n ; elle doit lia ;
construire, à la condition, que la caisse de
dotation dés chemins de fer, existant en
-Bavière fçra, l'avance des 1,400,000 florins
que les travaux doivent coûter. Les action
naires du chemin de fer du Palatinat sont
convoqués pour le 49 juillet, afin deprencjre
.une décision à cet égard.
Les choses sont plus avancéas dans la Hes- :
se, J0n n'en est pi ùs aux projets. Deux che
mins-, patronés par le gouvernement, y sont
en construction depuis plusieurs années,
l'un de Mayence à Worms, l'autre de Mayen
ce à Bingen, tendant pour ainsi dire les bras,,
d'un côté vers la - Bavière, et de l'autre vtirs
la Prusse rhénane, afin de se relier à leurs
réseaux. . ' • *
Ainsi tout annonce qu'au moment où ; le
.chemin de Strasbourg et Wissembourg sera
•ouvert sur notre territoire, Bàle se trouvera,
jpar l'achèvement des chemins intermédiai
res, en communication directe'et continue
avec Mayence. C'est une voie de fer de 333
kilomètres qui s'étendra sur la rive gauche
du Rhin. Le Courrier du Bas-Rhin fait re
marquer que cette ligne aura 43 kilomètres
de. moins que la ligne concurrente de
Bàle à Bieberich qui longe la rive droi
te du fleuve. Cette économie dans le tra
jet est d'autant- plus importante, que la ligne
de la rive gauche présentera un autre avan
tage : celui de dispenser les marchandises des
trànsbordemçns que nécessite, sur la ligne
de la rive droite, la différence de la largeur
des voies entre le chemin de Bade et ceux
des autrés Etats allemands.
•Mais il faut aller plus loin. Nous venons
de dire que la Hesse semblait,-par son che
min de Mayence à Bingen, tendre les bras à
la Prusse rhénane. Là, en effet, entre Bin
gen et Bonn, il y a une lacune considérable.
On s'occupe de la. combler, et le conseil
d'administration du chemin de fer de Colo
gne à Bônnaété autorisé par une assemblée
d'actionnaires, tenue le 10 mai dernier, à
demander au gouvernement prussien la con
cession d'ïtn chemin de fer de Bonn à Bin
gen. Il paraît que la compagnie du che
min de Bonn à Cologne compte dans son
sein de riches capitalistes, et qu'elle doit,
d'ailleurs , trouver un puissant appui
dans la compagnie du chemin de fer beige-
rhénan qui a un grand intérêt à la cons
truction de cette nouvelle ligne. On pense
donc à croire que les fonds seront prompte-
ment souscrits, si le gouvernement prussien
accorde la concession, ce / qui semble d'ail
leurs assez probable, attendu qu'il lui sera
difficile de refuser à la Prusse rhénane et à
la rive droite ce qu'il accorde à la Westpha-
lie et à la rive gauche. '
En résumé, la grande ligue de la rive gau
che du Rhin, qu'on traitait de chimère il
n'y a pas encore long-temps, ne tardera pas
à être exécutée* Dans trois ans, Bâle sera re
lié à Mayence. Mayence ne peut manquer de
l'être, dans un-temps plus ou moins pro
chain, à Cologne. Ainsi une voie de fer non
interrompue joindra Bàle à Anvers et à Ams
terdam. Ainsi Strasbourg, qu'un chemin de
fer va unir, dans peu de jours, à Paris, sera,
d'un autre côté, en communication avec tou
tes les villes importantes de l'Europe cen
trale, avec tous les principaux ports de l'Ali
lemagne, de la Hollande et de la Belgique.
• J. B urat. '
Nous recevons des nouvelles d'Egypte à la
date du 18 juin. Le gouvernement d'Abbas-
Pacha vient de terminer heureusement une
affaire-qui était pour lui un sujet de préoc
cupation. Il s'agit du règlement de l'heritage
de. Méhémet-Ali. On sait qu'en Egypte le
vice-roi est le propriétaire domanial de tout
le sol. Méhémet-Ali avait toutefois unesortède
domaine privéqu'ds'agissait derépartir-entre.
ses trois fils, Saïd-Paena,Halim Pacha et Mé
hémet-Ali Bey, et ses deux filles. Leshéritiers
de-Méhémet-Ali avaient affiché d'abord des
prétentions exorbitantes ; ils ne demandaient
rien moins qu'une centaine de millions.
Cette affaire vient d'être términée avec
Fuad-Effendi, avant so'n rétour à Constanti-
nople. La somme convenue s'élève à quatre
millions cinq cect mille talaris, c'est-à-dire,
à environ vingt-trois millions de francs. Ciiiq
cent mille talaris doivent être payés sur-le-
Champ. Un million de talaris doit être s.oldé
en bijoux, et les trois millions r es tans
sont remboursables de six mois en six
mois, dans un dçlai d'un an et demi. On :
•s'accorde à régarder ces conditions com
me avantageuses au gouvernement égyptien.
Déjà plusieurs maisons d'Alexandrie offrent
de se charger des paiemens. On croit néan
moins que ; le gouvernement mettra lui-mê
me à fin cetté opération sans leur concours.-'
Des journaux anglais ojit paru s'inquiéter
de la manière dont le gouvernement égyp
tien pourrait parvenir à payer lesvingtmil-
lions que doit coûter, d'après, leur estima
tion, le chemin de fer d'Alexandrie au'Caire,
qui, comme on le sait, doit être construit
avec les fonds égyptiens. On peut les rassu
rer. Il ne s'agit pas d'ailleurs de vingt mil
FEUîLLETON DU CONSTITUTIONNEL, \" JUILLET.
IL FAIJT QUE JEUNESSE SE TASSE/
i.
A travers toutes nos révolutions, il y a
une chose qui. survit et survivra toujours en
France, à Paris surtout : c'est le plaisir. Tout
s'écroule ou se transforme... le plaisir seul,,
sur tous les abîmes à peine recouverts, sur
toutes les ruines à.peine déblayées, lance au
galop ses débardeurs bariolés à travers les
: nuits étincelantes dont Musard est le dieu 1..
Le plaisir, dans les régions moins vulgaires,
n'interrompt pas ses soupers fins. Il n'est
pas d'émeute, si terrible qu'elle_puisse être,
•qui empêche les dandies parisiens de se
montrer au bois accompagnés de lionnes...
trop apprivoisées !... Le torrent de la démo
cratie a beau couler périodiquement à pléins
bords, le sport et le turf conservent leur
clientèle attitrée, et il n'y a pas pour cela,
peut -être^ un cocher poudré de moins. .
C'est en vertu de ces habitudes invétérées
.sez belle matinée du printemps de 1851, un
(déjeûner splendide réunissait dans la prin
cipale aubergedu villaged'Antoriy, un grou
pée „de viveurs appartenant au monde le plus
élégant. Le village d'Aptony, situé à 13 kilo-
meti fie Paris, sur la route d'Orléans, avait
été ch tfisî à. cause du voisinage de la Croix
deBemT; - car c'était à un stïeple-choM que
se rendài.' 4at 'd econcert les J°y fc P x commen
saux qui se préparaient aux émotions du turf
par- une d^k^tation préliminaire des meil
leurs produits" du magasin de Chevet. Qua-
f La reproduction interdite.
tre hommes et deux femmes étaient réunis
au premier étage de l'auberge qui est, en
même temps, relais de poste j il était aisé de
voir au premier aspect qu'ils appartenaient
à ce monde de plaisir dont la carte topogra
phique a pour points principaux d'étapes
l'Opéra, le café de Paris et la Maison dorée,
offrant ensuite comme dépendances acciden
telles les quelques buts de course ou de pro
menade que la , mode a consacrés dans les
environs de Paris. ■ *
Parmi les hommes, il en était deux qui
paraissaient sérieux... Le- premier était un
homme d'une stature fort élevée, mais d'une
maigreur hyperbolique et à qui sa blonde
moustache, retombant perpendiculairement
des deux côtés dû menton, donnait déjà un
caractère marqué d'étrangeté; il était facile
de reconnaîtrô à sa physionomio exotiquo-
ment placide, à son teint blanc et mat, à
l'œil bleu des races septentrionales, à une
certaine gravité qui semblait tenir à la fois
de l'étiquette et delà discipline, qu'il n'ap
partenait pas ànotre nerveuse et impression
nable nation; c'était, en effet, un boyard
d'une des premières familles de Russie, et
qui,après de glorieux services dans la guerre
du*Caucase, avait obtenu (comme récompen
se de l'empereur) de venir vivre en France,
dans le but de s'y amuser. 11 tremblait sans
cesse que la faveur nu la défiance de son sou
verain ne le rappelât dans sa pair ie ; mais com -
me les quadrupèdes apprivoisés par des ba
teleurs et qui, échappés à leurs chaînes, gar
dent encore les habitudes de leur captivité,
le prince Ratanoff avait conservé dans son
attitude un décorum moscovite impertur
bable; son vêtement était encore boutonné
juste et le sanglait impitoyablement comme
si l'œil inquisitif d'un supérieur eût pu en
core lui demander-compte de l'étreinte trop
lâche d'une agrafe de son uniforme ; il s'a
musait en France comme d'autre3 y auraient
péri d'ennui !.,. et une surdité assez pronon-
\0ÎI
lions, mais d'une somme de'4-,500,000 fr.^
pour l'établissement du rail-way et des con :
structions accessoires. Or, sur cette somme,
il ne reste plus à payer que 1,500,000 fr.,
et encore cette somme ne doit-elle être dér '
pensée qu'au fur et à mesure_ des besoins.
Ces travaux demandent encore 'trois ou qua
tre années. On voit qu'il ne saurait y avoir
là aucune cause d'embarras pour les finances
de l'Egypte.
Les difficultés entre la Porte-Ottomane et
l'Egypte ayant été aplanies, la politique som
meille. Le consul d'Angleterre, M. Murray,-
qui à perdu sa femme , est parti en congé
parla voie de Trieste pour régler ses affaires '
de famille. M. de Huber, consul général d'Au
triche, le baron de Pons, consul général de
Russie, et M. de Fork ,.consul général de
Prusse, sont arrivés du Caire à Alexandrie.
On y attend-aussi M. Le Moyhe ? consul géné
ral de France. .H enry C auvain.
M. d'Israeli a annoncé officiellement à "la
chambre des communes ^heureuse conclu-,
sion de' l'affaire Mather. Le gouvernement
toscan a accepté les conditions 1 que M. Bul-
wer lui avait posées; dans son ultimatum.
Cet arrangement, qui fait honneur à M. Bul- .
wer, est une bonne fortune pour lord Mal-
mesbury,.qui avait grand besoin de se rele
ver aux yeux du parlement de ses derniers
échecs. ' '
Le succès des réclamations de M. Mather a
encouragé le parti qui s'intéresse à M. Mur-
i>ay, cet Anglais condamné à mort, pour as
sassinat, par les tribunaux de Rome. On a
demandé au ministère de déposer sur le bu
reau de la chambre, des communes la cor
respondance échangée entre les représen-
tans de l'Angleterre et les autorités pontifi
cales, et de comprendre dans ce dépôt toutes
les pièces du procès fait àM. Murray. M. d'Is
raeli a repoussé cette demande, tout en pro
mettant que le gouvernement continuerait
ses démarches en faveur de M. Murray.
Enfin lord Palmerston, pour faire d'une
pierre deux coups et se donner la satisfaction
de critiquer à la fois le ministère dont il a
fait partie et le ministère actuel, a fait évo
quer, par un de ses amis, les réclamations •
•de trois missionnaires protestans que Mu- '
triche, a expulsés l'hiver dernier. Lord Pal
merston est convenu qu'il n'y avait rien à
faire; sinon ce qu'avait fait le ministère ac
tuel : il n'en a pas moins fait le procès à
lord Granville, qu'il â accusé tîe faiblesse,
et à lord Malmesbury, qu'il a taxé d'inexpé
rience. Après quoi, un autre de ses amis a
pris la parole, pour exprimer son profond
regret que lacondùitedes affaires ex térieures
de la Grande-Bretagne ne fût plus confiée à la
sagesse, à l'expérience, aux talens et à la fer-
meté de lord Palmerston : et l'incident a, été-
termine.
CBCnEVAL-CLAIUGNY. ■=
Lundi, vers la fin de la dernière séance,
un certain nombre de membres du; Corçs
Législatif avaient eu la pensée de se°réunir
avec leurs collègues dans un^ banquet d'a
dieux. Une liste de souscription fut ouverte*
et bientôt'plus de cent députés y avaient ap
posé leurs ùoms. Une commission s'est
chargée d'organiser lebanquet; d'autres sous
cripteurs sont venus se joindre à leurs'col
lègues, et hier près de.cent cinquante mem
bres du Corps Législatif étaient réunisau-Ca-
sinode la Chaussée-d'Àntin. : • • ? 1
M. Bidault, président de l'Assemblée, in
vité par ses collègues à prendre part à la
réunion, a porté, au dessert,*le toast suivant :
légué J'hOnnpur de porter :
» qui répond le. mieux à vos sentimens et
» qui sera pour nous tous l'expression de
» notre dévoûrtiant et de notre-reconnaissan-
» ce : au prince Loûis-jVapoléon. »
Ces paroles ont été accueillies par des vi
vats unanimes. :
Bon nombre de députés, dont le départ
était arrêté pour Je jour même de la clôture,
de la session ou pour le lendemain, avaient
exprimé le regret de ne pouvoir se joindre à
leurs collègues.
Les commissaires du banquet étaient :
MM. le général Meslin, de Gouy, Abbatucci
(Severin) et le baron de Joixvenel.
1
1
. V'
V»
V
Une grande partie de la population de
Montrouge se trouvait réunie hier pour une
cérémonie des plus intéressantes : il s'agis
cée ajoutait encore à l'isolement où sem-
blaient le maintenir ses instincts nationaux,
jusque dans le joyeux milieu où il se trou-
vait.
.Quant au second personnage, il était évi
dent que de cruelles épreuves ou de tristes
réflexions-avaient plus de part à son silencé
morose que les tendances naturelles de son
caractère; c'était un jeune*homme d'envi
ron vingt-huit ans, de moyenne stature; les -
cheveux d'un blond châtain, le visage d'une
coupe régulière, d'une expression native-
ment élevée; sa taille fine et élégante avait
emprunté une apparence plus svelte encore
à un amaigrissement acridi nlel ou à' des
préoccupations dévorantes,'-un sillon tracé
sous chacun de ses yeux dont une teinte
rougeâtre altérait légèrement la beauté, at
testait ces fatigues d'une lutte intérieure, cet
épuisement d*une nature énergique qui se
consume elle-même dans de gtériies anxié
tés, dans de décevantes aspirations.
Il ne fallait pas aller loin pour décou
vrir la cause des tourmens du jeune homme;
en face .de lai était assise une ae ces femmes
dont le seul aspect décèle la faculté magique
d'unf sorte d e jettatura. C'était une jeune
.femme d'une beauté éclatante, et à laquelle
une luxuriante chevelure, d'un blond fauve
et doré, ajoutait encore comme un appoint
de singularité; elle était pâle, mais d'une pâ
leur vivante et -accentuée, pàluur originelle ;
qui né senlait ni la tristesse, fardeau inutile
qu'élle jetait avec dédain sur fca route; ni la
fatigue étrangère à cette organisation in
flexible sous une appafcnee malléable, ré
sistante sous des formes souples; organisa-;
tion, non de fer, mais d'aeier ! Son regard
avait un caractère à la fois plein de langueur
et de vivacité, dont l'expression provoca
trice était irrésistible... Sa taille, gracieuse
ment cambrée, semblait appeler un bras
pour l'euiacer, en même temps que la près •
tesse de ses ondulations semblait annoncer
r
sait de la pose de fa première pierre de trois
édifices communaux qui vont s'élever sur de
valtes terrains acquis des hospices de Paris.
L'un de ces édifices est destiné à la mairie et
à ses services accessoires; les deux autres re
cevront des écoles de filles et de garçons
ainsi, qu'une salle d'asile ; sept cent cin
quante enfàns y trouveront place. Ces tra
vaux importahs, pour lesquels la commune
de Montrouge s'est imposé de grands sacrifi
ces* donneront lieu à une dépense de près de
300,000 fr. y cpmpris la yaleur.des terrains;
ils s'exécutent "d'après les plans et sous la
direction de M. Naissant, architecte de l'ar
rondissement de Sceaux, homme conscien-
cieux et d'un vrai mérite* auquel l'arrondis
sement doit de nombreux établissemens pu
blics parfaitement appropriés;
M. Berger, préfet de'la Seine, qui avait ac
cepté l'invitation de l'autorité locale, est ar
rivé à quatre heures, accompagné de M.'Mer-
ruau, secrétaire-général, pour présider à
■ cette solennité: Reçu par le maire, M. Gué-
. not, ses adjoints et les' membres du con
seil municipal , il s'est rendu, précédé du
clergé, sur les trois ateliers disposés par les
soins de l'architecte. On remarquait parmi les
assistans, M. Léon Lambert, sous-préfet de
Sceaux ; M. le général de Lawœstine, com
mandant en chef la garde nationale de la
Seine, accompagné'de son chef d'état-major;
M. Veron, député de l'arrondissement au
CorpsJLégislatif ; M. le docteur Behier, ins
pecteur de l'instruction primaire, les maires
des communes voisines ét les principaux
fonctionnaires de l'arrondissement et de la
commune. :
Après un discours du curé à M. le préfet
de la Seine, et quelques paroles de remercî-
mens de ce dernier, la cérémonie religieuse
a commencé, et le travail de la pose a été
'exécuté. ■
M. le maire de Montrouge a ensuite pris
la parole et s'est exprimé en ces termes :
« Monsieur le préfet, . - ,
» En vous recevant dans la commune que j'ai
l'honneur d 'admiaistrGr, je considère comme la
plus précieuse prérogative celle de pouvoir, entou
ré du clergé, des conseillers municipaux, des mem
bres du bureau de bienfaisance et des fabriques,
vous remercier, au nom de toute une population,
de. l'honneur que vous lui fintes aujourd'hui. ■
» Le motif qui vous a dirigé, Monsieur le pré
fet, vous qui représentez dans ce département la
personne du prince-Président, est de témoigner
toute ia sollicitude du chef de l'Etat'pour les amé-.
liorations utiles, et de prouver que le gouverne
ment apprécie les sentimens d'aifection et de re-
connaissance. que les habitans des communes rurar
les ont voués au sauveur de la société.
• » C'est une ère de paix, d'ordre et de prospérité
que vous allez, Monsieur le préfet, sceller pour la
.commune de Montrouge avec la pierre de la mai
rie et des écoles dont elle désirait depuis long-
temps l'ëtablissetfient. v
» La mairie et les écoles répondent en effet à tous,
les-désirs d'une commune :1e maire; en étant l'in
termédiaire des vœux, des besoins, des améliora
tions matérielles et morales de la population au
près de l'autorité supérieure; les écoles, en re
cueillant les enfans ides l'amilles pauvres et labo
rieuses, et en leur apprenant à devenir de bons
citoyens. ■' '
y> C'est à vous, Monsieur le préfet, qu'est due
. la réalisation de ces grandes et utiles créations, et
c'est grâce aux encouragemens que vous avez bien
; voulu-donner .à moii administration/que ces bàti-
rnens, qui renferment tant ae gages et d'élémeiîs de
sécurité pour l'avenir, vont être élevés.
» Merci, Monsieur le préfet, au nom de mes ad
ministrés recoririaissiiis ; et comptez, j'en prends
en leur nom l'engagement, sur leur dévoûment
sincère et sur celui sans bornes de mon'adminis
tration en particulier.' » * :
M. le préfet de la Seine a répondu à ce dis
cours, dans les'termes sui vans : -
« Messieurs, <
-.» Je vous remercie sincèrement de, l'occasion
que vous m'avez offerte de .nie rendre au milieu
"de vous, et de vjus apporter moi-même l'assu-
« rati'cc du sympathique itilérèt que vous rëncon-
\trerez toujours auprès de l'administration supé
rieure. ■ '
» Grâce à vous, grâce au bon esprit de ses habi
tans,■ cette commune est devenue l'une des plus
importantes du département de la Seine. Dans
l'espace de trente années sa population s'est ac
crue de 900 à 9,000 ames ; ses revenus annuels,
qui ne dépassaient pas, en -i 825, ia somme de
sept mille francs, atteignent aujourd hui le chiffre
imposant de quatre-vingt-deux mille francs.
» Ces résultats, Messieurs, sont dus à vos soins
persevérans, et vous recueillez en ce moment le.
fruit de vos courageux efforts. Une maison coiii-'
munale,. des écoles, une. salle d'asile, vont s'élever
dans Montrouge, et attester à vos concitoyens le
sage et économique emploi que la prévoyance
éclairée de l'administration municipale a su faire
de ses ressources si laborieusement acquises. ■
» Désormais , cinq cents enfans pourront rece
qu'on la verrait se dégager rapidemer i de
cette étreinte !.. Eu un mot, l'expression
générale de cette individualité étrangement
caplatrice, semblait résumer à la fois les
charmes de l'espoir le plus ■ enivrant, et les
difficultés de la lutte la plus attrayante.
A côté de-cette nature resplendissante dis
paraissait complètement l'autre femme qui
se trouvait à la même table; beauté d'un
type vulgaire, jolie mais sans expression,
bien faite mais sans grâce, une véritable
poupée quant'au physique ; au moral, espè
ce de courtisane-ménagère, de viveuse^pot-
au-feu, préférant des meubles à un équipa
ge, parce que les meubles ne mangent pas;
qui s'était fait, dit-on, du produit de ses pre- :
miers billets doux, un livret à la caisse d'é
pargne, et qui, maintenant, plaçait l'amour
et le plaisir'sur le grand-livre... s'amusant
sans entrain, mais avec soumission; sous ce
rapport, elle ne dérangeait pas les habitudes
de la vie du prince russe avec qui elle parais
sait avoir passé- un bail implicite pour une
association déplaisirs tranquilles et de folies
flegmatiques.
Quant aux deux autres personnages mas
culins qui complétaient le personnel "du dé-
jeûnér, l'un et l'autre étaient d'un âge mûr...
âge que l'on pourrait appeler tout au pftjs
dans un parti pris de politesse une jeunesse
de la saint Martin ;.l'un avait le. front chauve
et tournait à l'obésité que rendait plus sen
sible encore une taille peu élevée... L'autre,
grand, mince, assez distingué do manières,
la "boutonnière ornée d'un ruba : bariolé, se
recomtnand iit par une chevelui* ondoyante
qu'une dizaine de lustres bien ^ inpieiar-
gentait des plus chatoyans reflc'
. Leprr-mier, qui répondait au ï m dudoc-
tcur Ikctor Godard, était un "-..ié'decin de
l'Opéra, sorte d'Hipporrate monaJh qui fe
rait, prendre da-is sa vie le pas du plaisir
«;ur la science. Ses visites, quân 1 le sujet
était une jolie femme, passaient pour avoir
voir : les enseignemens moraux et religieux qui
foht les bons pères de famille et les citoyens uti
les. La commune, n'en doutez pas,- Messieurs, :
n'oubliera-pas que c'est vou^qui, les premiers ,
l'avez dotée d'étaiblissemens publies.
»• Le succès-d'ailleurs ne manquera pas-.à votre
œuvre; comcÈe, leurs pères; vos fils apporteront
leur concours au maintien de cet heureux état de ,
prospérité que la France doit au prince Louis-^a- ,
poléon, et qui est pour l'avenir un gage de sécu
rité et de paix. » - .
M. Berger a ensuite adressé quelques pa-
roles'paternelles et sympathiques aux ou- :
vriers qui lui avaient exprimé leur recon- ■
naissance pour la protection éclairée que le '
gouvèrnement accorde aux travaux publics.
■ La cérémonie extérieure «'est terminée par
lé défilé du 46 e bataillon de la garde natio
nale, commandé par M. Yossy et dont M. le
préfet et le général de Lawœstine n'ont pu
que louer la parfaite tenue.
Un banquet, offert par la commune et
servi par Chevet, a réuni tous les invités
sous une tente élégamment décorée. Une
franche cordialité a constamment régné pen
dant le repas, qui comptait cent cinquante
conviyes. Au dessert, les toasts suivans onU
été portés : ; .
Par le préfet- de":la Seine au Président de
la République : . >
«Messieurs,
» Je porte un toast au Président de la Répu
blique. - -
, » Sauvée par son courage, la France reconnais
sante a remis entre ses mains 'le soin de sa desti- -
née, et le prince Louis-Napoléon a noblement ré
pondu à la confiance du pays. .
» Six mois à peine se sont écoulés depuis le 2
décembre, et déjà la nation régénérée, fière d'un
pouvoic digne d'elle, a repris ses habitudes d'or
dre et de travail. • . ;
:» La France semble renaître; au dëfcourage-
ment, à la terreur qa'inspirait un menaçant ave
nir, a succédé la confiance dans la conciliation -et
la paix, pour me servir des nobles expressions du
prince. _ , ■
» Messieurs, unissons-nous à la France entière
pour demander à Dieu le maintien d'une paix si
précieuse,^t qu'un même cri traduise ici le -vœu ;
de nos cœurs. »•
» Vive le Président ! vive Louis-Napoléon !
(Nombreux applaudissemens.)
Par M. le maire de Montrouge, à M. le pré
fet de la.Séine :
«A Monsieur le préfet de là Seine, dont la pré
sence au milieu de nous en ce jour que toute une
population aimera à ;se rappeler et à redire, prou
ve que les communes du département de la Seine
ont aussi-une large part dans ses préoccupations.
» La haute confiance" de Mgr le prince-Prési
dent ne pouvait reposer dans de plus dignes mains.
n Grâce à lai, nos. routes anciennes sont'bien,
entretenues, de nouvelles sont créées ; citerai-je
ce : porit qui doit relier les communes de Bercy et ;
d'ivry . et mettre' en communication toutts" les
communes de l'arrondissement? Dirai-je les amé
liorations de toute nature dont M. te préfet
a pris l'initiative, ainsi que l'appui bienveillant
qu'il prête .aux administrations municipales? La
commune de MontrougeJ en particulier, lui en est
reconnaissante; livrés à nos propres ressources,*
eussions-nous pu élever ces constructions dont
Futilité était démontrée pour tous, mais qui sem
blaient devoir être ajournées indéfiniment, en rai
son des dépenses considérables qui en sont la con
séquence?
. » Vous savez quels • généreux secours vous ont
été accordés; c-t-je saisis avec empressement cette
occasion d'en remercier le chef de l'administration
départementale, assur^comme je le suis que son
concours ne nous manquera pas davantage dans
l'avenir. ; ^
» Que ce toast, Messieurs, soit donc dans nos
cœurs comme sur nos lèvres.,
» A. M. Berger, préfet de la Seine. »
Par M. "Vossy, commandant du 46° ba
taillon, à M., le général de Lawœstine :
« A Monsieur le marquis de Lawœîtine, com
mandant supérieur des gardes nationales de la
Seine. Le 46 e bataillon, dont je suis heureux d'être
ici l'interprète, est fier de lui obéir, et ne cesse
ra, par son harmonie parfaite, ?a discipline et son
dévoûment à l'ordre, de se montrer digne d'un tel
chef. •
y> Porter un toast à ce glorieux représen tant de
l'armée, c'est porter un toast à la loyauté, à la
bravoure.
» Ce .que notre patrie a de plus cher, les géné
reux instincts, les sentimens élevés, les nobles
élans se résument dans la personne du général.
» À notre commandant supérieur, au marquis
de Lawœstine. »
• Par un membre du conseil municipal de
Montrouge, à M. Véron,. député de l'arron
dissement au Corps-Législatif s -
«A Monsieur Louis Véron, a l'homqie qui a lutté
avec une énergie et une persévérance que toute la
France applaudit, contre les ennemis du prince-
Président; qui, ayee éclat, a soutenu la politique
qui a triomphé dans l'acte libérateur du 2 décem
bre. Au, publiciste émiuent, à l'économiste distin^
une destination ambiguë, et J'entrave d'une
consultation ne tombait jamais pour lui à
l'heure d'un souper fin ou d'une partie-
joyeuse. ' ;
Quant au second, c'était un ancien diplo
mate, M. le baron. Gédéon de Pontauriol,
~ui, après avoir représenté la -France auprès
plusieurs cours de l'Allemagne, s'était
■î .
aperçu (ju'il n'y avait en ce monde qu'une
chose serjeuse : la danse : il, finit, un beau
matin, par ne plus comprendre comment
il avait pu s'occuper si longtemps de l'équi
libre européen, quand cslui des premierssu-
jets était souvent si peu satisfaisant; le des
tin des empires n'était plus rien pour lui'
auprès des éventualités de l'art chorégraphi
que, et les révolutions successives, la France
menacée d'être eDgloùtie ou abâtardie le
touchaient moins douloureusement que la
décadence possible des ronds 'de jambe, il
s : était pris enfin, d'uu tel amour pour sa
nouvelle spécialité, qu'il était devenu un
maître de ballets honoraire, une sorte de ré
gisseur-adjoint; c'était h gardien acado ini
que des traditions de l'art des Veslris et des
Albert, le contrôleur minutieux'et inexora
ble des négligences et des inexaqtiiudes du.
gué, à l'horairie de bien qui s'associe à tous 1e*
actes de bienfaisance, et qui, nommé par notre
arrondissement, étudie avec soin les questions qui
intéressent nos diverses communes, et nous pretÇ
l'appui de son expérience et de ses conseils.
» "A notre -député !» ' "
A ces paroles, svmpathiquement accueil^
lies, M. Véron a répondu :
ii Je suis confus et presque embarrassé des élo-j
ges trop bienveillaïis qui me sant adressés; ces
éloges ont un tel prix à mes yeux, que l'ambitieft
de toute ma vie serait de pouvoir les mériter;
» Puisqu'une solennité municipale me réunit, let
lendemain de la clôture de la session, à un grand
.nombre de mes commettans, dans une des conM
munes les plus importantes de l'arrondissement'
de Sceaux, qu'il mê soit permis deleur dire quel
ques mots de cette première session et de la cou-;
duite que j'y ai tenue.
, » Tout en m'associant à des pensées, à des vœux
honnêtes, dévoués, utiles pour l'avenir, j'ai voté
cette année tous les projets de loi importans
présentés par le gouvernement. J'ai ainsi tenu
toutes les promesses que contenait ma profession,
de foi, et qui se résumaient dans cette phrase : -
« Aidons tous .Louis-Napoléon à nous gouverner
» et à nous préserver de nouvelles révolutions. » t -
Cette improvisation a été accueillie par une
approbation unanime.
La soiréé s'est terminée par une illumina
tion brillante et par un bal, au profit des
pauvres, qui a réuni les principaux habitans
de Montrouge et dès communes voisines^
Les honneùrs de cette fêté municipale ont
éié faits avec beaucoup d'affabilité par M. le
maire.de Montrouge et par les commissai
res. Le bal s'est prolongé jusqu'au milieu de
la nuit. Toute la commune s'est associée à
cette solennité dont chacun comprenait l'im
portance. . # . > '
Samedi, l'Espérance du Peuple) journal da
Nantes, a reçu un premier avertissement
ainsi conçu :
PRÉFECTURE DE LA LOIRE-ÏNFÉRIEURE.'
Le préfet de là Loire-ïnférieure, •
Vu l'article 32' du décret du 17 février 1852^
sur la presse;
- Vu l'article du journal de Nantes, l'Espérance
du Peuple (n° du 25 juin), signé Emerand de la
Rochette, commençant par ces mots : « Chaque
» jour la lettre de Venise est mieux comprise... »
et se terminant par ceux-ci : « ... Ce département,
» qui s'honore avec un juste orgueil d'être resté
» fidèle à toutes les traditions religieuses et po-
-» litiques.»;
_ Considérant qu'il résulte, de cet article une in
citation -directe à ne pas prêter le serment pres
crit par l'article -14 de la Constitution, et qu'un tel
langage provoqueuentr&lps citoyens de la mêma
patrie des divisioS regrettables auxquelles l'im
mense accIamaTiorr de huit millions de suffrages
aurait dû mettre u* terme; •
Considérant qu'après ,une manifestation si écla
tante de la voiontà^iationale, c'est méconnaître au
plus haut poiAt l^fgran'ds intérêts du pays et dé
la sdbfété, que dejeur subgtitiier un intérêt * ex
clusif de parti ; ■ - , • '
v Arrête :
Article. 1". —,-lJn premier avertissement est
donné au journal VEspérance du Peuple, dans la
personne ats sieurs Brodu, son gérant, et Eme
rand de la Rochette, l'un de ses rédacteurs. •
2. Le présent arrêtésera, aux termes, de l'article
19 du décret précité, inséré en tête du plus pro
chain numéro du journal VEspérance du Peuple.
3. M. le commissaire central de police de Nantes
est chargé de l'exécution de cet arrêté.
Nantes, le.26 juin 1852. .f e. de mentqok.
l'Opéra. Inutile de dire, dès-lors, que les
deux femmes assis;, s à table apparlenàierit à
l'illustrissime ccaiémie dans laquelle le di
plomate était venu prendre sa retraite. Flo
rentine Clievillard et Fernande Corniqqet
faisaient partie du corps de ballet, en qua
lité de coryphées.. ' -, «
— Allons Tristan, mon cher aïhi, dit le
médecin épicurien au plus jeune des convi
ves, déridf-g-vous donc un peu ; vous faites
venir tout exprès à Antony un excellent dé
jeûner de rhez Chevet r c-t vous ne fournissez
pas k gaîtéî... Vous faites économie d'es
prit I Je sais, il est vrai, continua-t-il en re
On se rappelle peut-être que M. Hugel-
mann (Gabriel) était un des transportés da
juin qui s'échappèrent de.la prison civil
l'an dernier. Réfugié aujourd'hui à Barce
lone, il vient d'adresser au prince Louis-Na
poléon une lettre qui est reproduite par le
journât espagnol cl Sol (numéro du 10 juin)
et dont nous extrayons les passages suiv ant .
« Eclairé par cette tyrannie de l'esprit de parti,"
plus.pesante que-celle de Denis de Syracuse, plus
soupçonneuse que celle de Tibère, plus impuissante
que celle de Néron, plus ingrate qu'il r?est possible
de l'exprimer, j'ai bien des fols, pendant ma capti
vité, fait appel à mon brfnsens et lui aidemandésl
ces ho«s»es, à côté desquels je combattais pour le
progrès de l'humanité, n'étaient pas eux-mêmes les
assassins du progrès. Je m'en prenais à mon inex
périence. quand ces doutes venaient m'assaillir;
et je tâchais de ma convaincre moi-même d'inius--
tice; car, »ie disais-je, des hommes sur le dra
peau desquels brillent des mots chers à moiïcœury
doivent être nécessairement des apûtres pleiiis de
conviction et de foi; derrière leur, bannière il'^oit
y avoir autre chose qu'Une, faction (politique, èt oa
y devait trouver les futurs martyrs d'uné'reli&iou
qui allait se manifester et mettre l'huma'nité : ea
gardant la; syrène placée en face de Tristaiig
qu'en fait d'esprit, vous avez éprouvé yne
grosse perte, et quand on voit certains yeux;
il nefaùt pas s'en étonner.' - ,
— M'oins de complimens, mon cher Go-
dard, répondit vivement Florentine, qu'oa
venait ainsi de mettre en cause ; on 'M'avait
souvent parlé du pouvoir de mes yeux,
mais.je ne savais pas què ce pouvoir allât
jusqu'à changer lés hommes en bêtes. ,
Qu'importe , .reprit l'Hippocrate, si,
après eu avoir fait des bêtes, vous en faites
ensuite des ;dieux?4-'çe Compte j je m'inscris
d'avance çc^rT.une "placé dans'votre ména
gerie,.: y.,'jjipiter'Ycut bien le permettre;
ajouia*-t-il; en séjournant du côté de Tris
tan. ■ - : '
Et comme ce dernier gardait le silence ;
Jupiter consent, dit Godard. .< '
- -r- Mais Junoh né veut pas, répondit plo-
rentihe; et, toute triomphante de son érudi
tion mythologique, elle s'écria, en frappant
du manche de son couteau la inain du doc
teur : Hector, à bas les pattes!
Cette saillie exoiia parmi les convives une
hilarité à laquelle Tristan lui-même essaya
de prendre part; mais ce fut du bout d«s le- •
vres. ■ - . ! « • '
— Ah çàl dit le baron, il mé semblait que
.nous étions venus ici pour nous amuser, et
ce pauvre Tristan est ga.i comme l'enterre- -
rqeqt de Giselle. Qu'est-ce que cela signifie ?
-r Que voules-vous? fit Florentine, Mon
sieur on, est sans doute aux regrets de s'être
réconcilié avec moi, après une rupture qui
n'a pas duré moins de quinze jours,- : et qui
m'a fait tant de mal. 1 /
. — Ah 1 Florentine, s'écria le jeune homine, 1
en élreignant amoureusement la iriain de sa
compagne, tu ne le crois pas, tu ne peux pas
le croire... Mes bons amis, j"e vous demande
pardon d'une .préoccupation bien involôn-
taire. Qui me vèrsé à boire? Est-ce .toi, Fi
renUneî Messieurs,'je trois à ma ré
NUMÉRO 183.
*%UC cas L'ABOIfCTEStEEnr -
PAfiis. 13 p. PAfi : TEIMESTftSj
DÉ'AfiTEaENS. 16 F. T!
UN NUMÉRO : S© CENTIMES." ^
po a» les pays ÈTaiNQBUs , se report»
a i tableau" qui sera publié dans le jauraslî
les 10 et ts de chaque mois,
Les a'xmncmens datent dts I e * et 16
de ahaqûe moisi
SSl)£S13â&iËJ& ï rue de* Valois ■M»'àia£;a-l&©yal.- î sa* a®.
8 185â.-JEUDÏ 1" JUILLET*
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
S'adresser franco, pour la rédaction, à M. CnCHEVAirCEAawJHY^rrftoeMr en ç kèfi I On s'o&mne, drn.lt» département, aux Messageries et aux Mrecipm» de poste.—A Indre», ehex Mil. C owie et fils, j - " S'adresser, franco,' pâà l'administration, j iM. JÇaam, directeur:
'■ Les articles déposés aé sont pas rendus ' j — A Strasbourg, chez M, AlïIAHDKS , pCur l'Allemagne^ " I Las s,&iiono6s soat reçues au bwçguftu joarnel; et tfeax A. PANIS, régisseur, 10, plaoe de la BouNf
- Dès la semaine prochaine, M. le
J) r 'V èron commencera , djins la
partie politique du Constitutionnel,
la publication d'une série d'articles
sous ce titre : 1
" -LA BIKAWCE IWUWISIiUE.
' ■ PARIS, 30 "JUIN.
La concession du chemin de fer de Stras
bourg à Wissembourg, qui a été accordée,
il y a quelques mois, à la compagnie de
Strasbourg à Bàle, a donné une vive impul
sion, en Allemagne, à l'exécution delà gran
de ligne qui.doit longer la.rive gauche du
Rhin et qui a tain d'importance pour nos re
lations internationales. -
On sait que, de Bàle à Cologne, la ligne exé
cutée dans ses deux parties extrêmes, c'est-à-
dire de Bàle- à Strasbourg et de Cologne à
Bonn, ne présente, sur la longue distaneequi
sépare ces deux chemins, que le chemin de fer
de Neustadt à Spire et à Ludwigshafun
que la Hesse rhénane achève en ce moment
dé relier, par Worms, à la ville de Mayence.
Des tentatives avaient été faites à plusieurs
reprises pour combler les lacunes qui exis
tent entre Bonn et Mayence d'une part,
entre Spire ou Neustadt "et'la fr.onti.ère fran
çaise-d'autre part. Mais elles avaient éehoûé.
par différentes causes, dont la principale
était sâns,doute lé manque, d'entente entre
les pays traversés. L'initiative prise par la
France pour l'exécution du chemin de Stras
bourg à Wissembourg, a ranimé la confian
ce et réveillé l'activité sur la rive gauche du :
Rhin. Du moment qu'on a vu la construc
tion de la ligne assurée sur lè territoire,
français depuis Bâle jusqu'à Wissembourg, ;
la Bavière rhénane , la Hesse rhénane, la
Prusse rhénane, ont senti la nécessité de
se mettre -aussi. :à l'œuvre, et nous trou-'
vons dans un journal d'Alsace des ren-
seignémens ihtéressans sur les progrès de
cette grande ligne, dont nos départeniens'
de l'Est suivent les développemens avec tant.
de sollicitude.
11 s'agissait d'abord de conlinuer les che
mins français qui doivent unir Bàle à Wis-
, sembourg. Le gouvernement bavarois a déjà
sanctionné la loi relative à la construction
du chemin de. Wissembourg à Neustadt..
C'est la compagnie du chemin de fer
du Paktinat qui paraît devoir s'en char
ger , ce, qui est tout naturel, puisqu'elle
est propriétaire du chemin de Neustadt à
. Ludwigshafen et à Spire qui en forme la
prolo ngation. Au. delà de Ludwigshafen, il
y a encore une section de chemin à cons-,
traire en Bavière pour atteindre la.fron
tière de la Hesse rhénane. La compagnie
du chemin de fer -du Palatinat a signé'
im traité avec le "gouvernement pour
Inexécution de cette àectio'n ; elle doit lia ;
construire, à la condition, que la caisse de
dotation dés chemins de fer, existant en
-Bavière fçra, l'avance des 1,400,000 florins
que les travaux doivent coûter. Les action
naires du chemin de fer du Palatinat sont
convoqués pour le 49 juillet, afin deprencjre
.une décision à cet égard.
Les choses sont plus avancéas dans la Hes- :
se, J0n n'en est pi ùs aux projets. Deux che
mins-, patronés par le gouvernement, y sont
en construction depuis plusieurs années,
l'un de Mayence à Worms, l'autre de Mayen
ce à Bingen, tendant pour ainsi dire les bras,,
d'un côté vers la - Bavière, et de l'autre vtirs
la Prusse rhénane, afin de se relier à leurs
réseaux. . ' • *
Ainsi tout annonce qu'au moment où ; le
.chemin de Strasbourg et Wissembourg sera
•ouvert sur notre territoire, Bàle se trouvera,
jpar l'achèvement des chemins intermédiai
res, en communication directe'et continue
avec Mayence. C'est une voie de fer de 333
kilomètres qui s'étendra sur la rive gauche
du Rhin. Le Courrier du Bas-Rhin fait re
marquer que cette ligne aura 43 kilomètres
de. moins que la ligne concurrente de
Bàle à Bieberich qui longe la rive droi
te du fleuve. Cette économie dans le tra
jet est d'autant- plus importante, que la ligne
de la rive gauche présentera un autre avan
tage : celui de dispenser les marchandises des
trànsbordemçns que nécessite, sur la ligne
de la rive droite, la différence de la largeur
des voies entre le chemin de Bade et ceux
des autrés Etats allemands.
•Mais il faut aller plus loin. Nous venons
de dire que la Hesse semblait,-par son che
min de Mayence à Bingen, tendre les bras à
la Prusse rhénane. Là, en effet, entre Bin
gen et Bonn, il y a une lacune considérable.
On s'occupe de la. combler, et le conseil
d'administration du chemin de fer de Colo
gne à Bônnaété autorisé par une assemblée
d'actionnaires, tenue le 10 mai dernier, à
demander au gouvernement prussien la con
cession d'ïtn chemin de fer de Bonn à Bin
gen. Il paraît que la compagnie du che
min de Bonn à Cologne compte dans son
sein de riches capitalistes, et qu'elle doit,
d'ailleurs , trouver un puissant appui
dans la compagnie du chemin de fer beige-
rhénan qui a un grand intérêt à la cons
truction de cette nouvelle ligne. On pense
donc à croire que les fonds seront prompte-
ment souscrits, si le gouvernement prussien
accorde la concession, ce / qui semble d'ail
leurs assez probable, attendu qu'il lui sera
difficile de refuser à la Prusse rhénane et à
la rive droite ce qu'il accorde à la Westpha-
lie et à la rive gauche. '
En résumé, la grande ligue de la rive gau
che du Rhin, qu'on traitait de chimère il
n'y a pas encore long-temps, ne tardera pas
à être exécutée* Dans trois ans, Bâle sera re
lié à Mayence. Mayence ne peut manquer de
l'être, dans un-temps plus ou moins pro
chain, à Cologne. Ainsi une voie de fer non
interrompue joindra Bàle à Anvers et à Ams
terdam. Ainsi Strasbourg, qu'un chemin de
fer va unir, dans peu de jours, à Paris, sera,
d'un autre côté, en communication avec tou
tes les villes importantes de l'Europe cen
trale, avec tous les principaux ports de l'Ali
lemagne, de la Hollande et de la Belgique.
• J. B urat. '
Nous recevons des nouvelles d'Egypte à la
date du 18 juin. Le gouvernement d'Abbas-
Pacha vient de terminer heureusement une
affaire-qui était pour lui un sujet de préoc
cupation. Il s'agit du règlement de l'heritage
de. Méhémet-Ali. On sait qu'en Egypte le
vice-roi est le propriétaire domanial de tout
le sol. Méhémet-Ali avait toutefois unesortède
domaine privéqu'ds'agissait derépartir-entre.
ses trois fils, Saïd-Paena,Halim Pacha et Mé
hémet-Ali Bey, et ses deux filles. Leshéritiers
de-Méhémet-Ali avaient affiché d'abord des
prétentions exorbitantes ; ils ne demandaient
rien moins qu'une centaine de millions.
Cette affaire vient d'être términée avec
Fuad-Effendi, avant so'n rétour à Constanti-
nople. La somme convenue s'élève à quatre
millions cinq cect mille talaris, c'est-à-dire,
à environ vingt-trois millions de francs. Ciiiq
cent mille talaris doivent être payés sur-le-
Champ. Un million de talaris doit être s.oldé
en bijoux, et les trois millions r es tans
sont remboursables de six mois en six
mois, dans un dçlai d'un an et demi. On :
•s'accorde à régarder ces conditions com
me avantageuses au gouvernement égyptien.
Déjà plusieurs maisons d'Alexandrie offrent
de se charger des paiemens. On croit néan
moins que ; le gouvernement mettra lui-mê
me à fin cetté opération sans leur concours.-'
Des journaux anglais ojit paru s'inquiéter
de la manière dont le gouvernement égyp
tien pourrait parvenir à payer lesvingtmil-
lions que doit coûter, d'après, leur estima
tion, le chemin de fer d'Alexandrie au'Caire,
qui, comme on le sait, doit être construit
avec les fonds égyptiens. On peut les rassu
rer. Il ne s'agit pas d'ailleurs de vingt mil
FEUîLLETON DU CONSTITUTIONNEL, \" JUILLET.
IL FAIJT QUE JEUNESSE SE TASSE/
i.
A travers toutes nos révolutions, il y a
une chose qui. survit et survivra toujours en
France, à Paris surtout : c'est le plaisir. Tout
s'écroule ou se transforme... le plaisir seul,,
sur tous les abîmes à peine recouverts, sur
toutes les ruines à.peine déblayées, lance au
galop ses débardeurs bariolés à travers les
: nuits étincelantes dont Musard est le dieu 1..
Le plaisir, dans les régions moins vulgaires,
n'interrompt pas ses soupers fins. Il n'est
pas d'émeute, si terrible qu'elle_puisse être,
•qui empêche les dandies parisiens de se
montrer au bois accompagnés de lionnes...
trop apprivoisées !... Le torrent de la démo
cratie a beau couler périodiquement à pléins
bords, le sport et le turf conservent leur
clientèle attitrée, et il n'y a pas pour cela,
peut -être^ un cocher poudré de moins. .
C'est en vertu de ces habitudes invétérées
(déjeûner splendide réunissait dans la prin
cipale aubergedu villaged'Antoriy, un grou
pée „de viveurs appartenant au monde le plus
élégant. Le village d'Aptony, situé à 13 kilo-
meti fie Paris, sur la route d'Orléans, avait
été ch tfisî à. cause du voisinage de la Croix
deBemT; - car c'était à un stïeple-choM que
se rendài.' 4at 'd econcert les J°y fc P x commen
saux qui se préparaient aux émotions du turf
par- une d^k^tation préliminaire des meil
leurs produits" du magasin de Chevet. Qua-
f La reproduction interdite.
tre hommes et deux femmes étaient réunis
au premier étage de l'auberge qui est, en
même temps, relais de poste j il était aisé de
voir au premier aspect qu'ils appartenaient
à ce monde de plaisir dont la carte topogra
phique a pour points principaux d'étapes
l'Opéra, le café de Paris et la Maison dorée,
offrant ensuite comme dépendances acciden
telles les quelques buts de course ou de pro
menade que la , mode a consacrés dans les
environs de Paris. ■ *
Parmi les hommes, il en était deux qui
paraissaient sérieux... Le- premier était un
homme d'une stature fort élevée, mais d'une
maigreur hyperbolique et à qui sa blonde
moustache, retombant perpendiculairement
des deux côtés dû menton, donnait déjà un
caractère marqué d'étrangeté; il était facile
de reconnaîtrô à sa physionomio exotiquo-
ment placide, à son teint blanc et mat, à
l'œil bleu des races septentrionales, à une
certaine gravité qui semblait tenir à la fois
de l'étiquette et delà discipline, qu'il n'ap
partenait pas ànotre nerveuse et impression
nable nation; c'était, en effet, un boyard
d'une des premières familles de Russie, et
qui,après de glorieux services dans la guerre
du*Caucase, avait obtenu (comme récompen
se de l'empereur) de venir vivre en France,
dans le but de s'y amuser. 11 tremblait sans
cesse que la faveur nu la défiance de son sou
verain ne le rappelât dans sa pair ie ; mais com -
me les quadrupèdes apprivoisés par des ba
teleurs et qui, échappés à leurs chaînes, gar
dent encore les habitudes de leur captivité,
le prince Ratanoff avait conservé dans son
attitude un décorum moscovite impertur
bable; son vêtement était encore boutonné
juste et le sanglait impitoyablement comme
si l'œil inquisitif d'un supérieur eût pu en
core lui demander-compte de l'étreinte trop
lâche d'une agrafe de son uniforme ; il s'a
musait en France comme d'autre3 y auraient
péri d'ennui !.,. et une surdité assez pronon-
\0ÎI
lions, mais d'une somme de'4-,500,000 fr.^
pour l'établissement du rail-way et des con :
structions accessoires. Or, sur cette somme,
il ne reste plus à payer que 1,500,000 fr.,
et encore cette somme ne doit-elle être dér '
pensée qu'au fur et à mesure_ des besoins.
Ces travaux demandent encore 'trois ou qua
tre années. On voit qu'il ne saurait y avoir
là aucune cause d'embarras pour les finances
de l'Egypte.
Les difficultés entre la Porte-Ottomane et
l'Egypte ayant été aplanies, la politique som
meille. Le consul d'Angleterre, M. Murray,-
qui à perdu sa femme , est parti en congé
parla voie de Trieste pour régler ses affaires '
de famille. M. de Huber, consul général d'Au
triche, le baron de Pons, consul général de
Russie, et M. de Fork ,.consul général de
Prusse, sont arrivés du Caire à Alexandrie.
On y attend-aussi M. Le Moyhe ? consul géné
ral de France. .H enry C auvain.
M. d'Israeli a annoncé officiellement à "la
chambre des communes ^heureuse conclu-,
sion de' l'affaire Mather. Le gouvernement
toscan a accepté les conditions 1 que M. Bul-
wer lui avait posées; dans son ultimatum.
Cet arrangement, qui fait honneur à M. Bul- .
wer, est une bonne fortune pour lord Mal-
mesbury,.qui avait grand besoin de se rele
ver aux yeux du parlement de ses derniers
échecs. ' '
Le succès des réclamations de M. Mather a
encouragé le parti qui s'intéresse à M. Mur-
i>ay, cet Anglais condamné à mort, pour as
sassinat, par les tribunaux de Rome. On a
demandé au ministère de déposer sur le bu
reau de la chambre, des communes la cor
respondance échangée entre les représen-
tans de l'Angleterre et les autorités pontifi
cales, et de comprendre dans ce dépôt toutes
les pièces du procès fait àM. Murray. M. d'Is
raeli a repoussé cette demande, tout en pro
mettant que le gouvernement continuerait
ses démarches en faveur de M. Murray.
Enfin lord Palmerston, pour faire d'une
pierre deux coups et se donner la satisfaction
de critiquer à la fois le ministère dont il a
fait partie et le ministère actuel, a fait évo
quer, par un de ses amis, les réclamations •
•de trois missionnaires protestans que Mu- '
triche, a expulsés l'hiver dernier. Lord Pal
merston est convenu qu'il n'y avait rien à
faire; sinon ce qu'avait fait le ministère ac
tuel : il n'en a pas moins fait le procès à
lord Granville, qu'il â accusé tîe faiblesse,
et à lord Malmesbury, qu'il a taxé d'inexpé
rience. Après quoi, un autre de ses amis a
pris la parole, pour exprimer son profond
regret que lacondùitedes affaires ex térieures
de la Grande-Bretagne ne fût plus confiée à la
sagesse, à l'expérience, aux talens et à la fer-
meté de lord Palmerston : et l'incident a, été-
termine.
CBCnEVAL-CLAIUGNY. ■=
Lundi, vers la fin de la dernière séance,
un certain nombre de membres du; Corçs
Législatif avaient eu la pensée de se°réunir
avec leurs collègues dans un^ banquet d'a
dieux. Une liste de souscription fut ouverte*
et bientôt'plus de cent députés y avaient ap
posé leurs ùoms. Une commission s'est
chargée d'organiser lebanquet; d'autres sous
cripteurs sont venus se joindre à leurs'col
lègues, et hier près de.cent cinquante mem
bres du Corps Législatif étaient réunisau-Ca-
sinode la Chaussée-d'Àntin. : • • ? 1
M. Bidault, président de l'Assemblée, in
vité par ses collègues à prendre part à la
réunion, a porté, au dessert,*le toast suivant :
légué J'hOnnpur de porter :
» qui répond le. mieux à vos sentimens et
» qui sera pour nous tous l'expression de
» notre dévoûrtiant et de notre-reconnaissan-
» ce : au prince Loûis-jVapoléon. »
Ces paroles ont été accueillies par des vi
vats unanimes. :
Bon nombre de députés, dont le départ
était arrêté pour Je jour même de la clôture,
de la session ou pour le lendemain, avaient
exprimé le regret de ne pouvoir se joindre à
leurs collègues.
Les commissaires du banquet étaient :
MM. le général Meslin, de Gouy, Abbatucci
(Severin) et le baron de Joixvenel.
1
1
. V'
V»
V
Une grande partie de la population de
Montrouge se trouvait réunie hier pour une
cérémonie des plus intéressantes : il s'agis
cée ajoutait encore à l'isolement où sem-
blaient le maintenir ses instincts nationaux,
jusque dans le joyeux milieu où il se trou-
vait.
.Quant au second personnage, il était évi
dent que de cruelles épreuves ou de tristes
réflexions-avaient plus de part à son silencé
morose que les tendances naturelles de son
caractère; c'était un jeune*homme d'envi
ron vingt-huit ans, de moyenne stature; les -
cheveux d'un blond châtain, le visage d'une
coupe régulière, d'une expression native-
ment élevée; sa taille fine et élégante avait
emprunté une apparence plus svelte encore
à un amaigrissement acridi nlel ou à' des
préoccupations dévorantes,'-un sillon tracé
sous chacun de ses yeux dont une teinte
rougeâtre altérait légèrement la beauté, at
testait ces fatigues d'une lutte intérieure, cet
épuisement d*une nature énergique qui se
consume elle-même dans de gtériies anxié
tés, dans de décevantes aspirations.
Il ne fallait pas aller loin pour décou
vrir la cause des tourmens du jeune homme;
en face .de lai était assise une ae ces femmes
dont le seul aspect décèle la faculté magique
d'unf sorte d e jettatura. C'était une jeune
.femme d'une beauté éclatante, et à laquelle
une luxuriante chevelure, d'un blond fauve
et doré, ajoutait encore comme un appoint
de singularité; elle était pâle, mais d'une pâ
leur vivante et -accentuée, pàluur originelle ;
qui né senlait ni la tristesse, fardeau inutile
qu'élle jetait avec dédain sur fca route; ni la
fatigue étrangère à cette organisation in
flexible sous une appafcnee malléable, ré
sistante sous des formes souples; organisa-;
tion, non de fer, mais d'aeier ! Son regard
avait un caractère à la fois plein de langueur
et de vivacité, dont l'expression provoca
trice était irrésistible... Sa taille, gracieuse
ment cambrée, semblait appeler un bras
pour l'euiacer, en même temps que la près •
tesse de ses ondulations semblait annoncer
r
sait de la pose de fa première pierre de trois
édifices communaux qui vont s'élever sur de
valtes terrains acquis des hospices de Paris.
L'un de ces édifices est destiné à la mairie et
à ses services accessoires; les deux autres re
cevront des écoles de filles et de garçons
ainsi, qu'une salle d'asile ; sept cent cin
quante enfàns y trouveront place. Ces tra
vaux importahs, pour lesquels la commune
de Montrouge s'est imposé de grands sacrifi
ces* donneront lieu à une dépense de près de
300,000 fr. y cpmpris la yaleur.des terrains;
ils s'exécutent "d'après les plans et sous la
direction de M. Naissant, architecte de l'ar
rondissement de Sceaux, homme conscien-
cieux et d'un vrai mérite* auquel l'arrondis
sement doit de nombreux établissemens pu
blics parfaitement appropriés;
M. Berger, préfet de'la Seine, qui avait ac
cepté l'invitation de l'autorité locale, est ar
rivé à quatre heures, accompagné de M.'Mer-
ruau, secrétaire-général, pour présider à
■ cette solennité: Reçu par le maire, M. Gué-
. not, ses adjoints et les' membres du con
seil municipal , il s'est rendu, précédé du
clergé, sur les trois ateliers disposés par les
soins de l'architecte. On remarquait parmi les
assistans, M. Léon Lambert, sous-préfet de
Sceaux ; M. le général de Lawœstine, com
mandant en chef la garde nationale de la
Seine, accompagné'de son chef d'état-major;
M. Veron, député de l'arrondissement au
CorpsJLégislatif ; M. le docteur Behier, ins
pecteur de l'instruction primaire, les maires
des communes voisines ét les principaux
fonctionnaires de l'arrondissement et de la
commune. :
Après un discours du curé à M. le préfet
de la Seine, et quelques paroles de remercî-
mens de ce dernier, la cérémonie religieuse
a commencé, et le travail de la pose a été
'exécuté. ■
M. le maire de Montrouge a ensuite pris
la parole et s'est exprimé en ces termes :
« Monsieur le préfet, . - ,
» En vous recevant dans la commune que j'ai
l'honneur d 'admiaistrGr, je considère comme la
plus précieuse prérogative celle de pouvoir, entou
ré du clergé, des conseillers municipaux, des mem
bres du bureau de bienfaisance et des fabriques,
vous remercier, au nom de toute une population,
de. l'honneur que vous lui fintes aujourd'hui. ■
» Le motif qui vous a dirigé, Monsieur le pré
fet, vous qui représentez dans ce département la
personne du prince-Président, est de témoigner
toute ia sollicitude du chef de l'Etat'pour les amé-.
liorations utiles, et de prouver que le gouverne
ment apprécie les sentimens d'aifection et de re-
connaissance. que les habitans des communes rurar
les ont voués au sauveur de la société.
• » C'est une ère de paix, d'ordre et de prospérité
que vous allez, Monsieur le préfet, sceller pour la
.commune de Montrouge avec la pierre de la mai
rie et des écoles dont elle désirait depuis long-
temps l'ëtablissetfient. v
» La mairie et les écoles répondent en effet à tous,
les-désirs d'une commune :1e maire; en étant l'in
termédiaire des vœux, des besoins, des améliora
tions matérielles et morales de la population au
près de l'autorité supérieure; les écoles, en re
cueillant les enfans ides l'amilles pauvres et labo
rieuses, et en leur apprenant à devenir de bons
citoyens. ■' '
y> C'est à vous, Monsieur le préfet, qu'est due
. la réalisation de ces grandes et utiles créations, et
c'est grâce aux encouragemens que vous avez bien
; voulu-donner .à moii administration/que ces bàti-
rnens, qui renferment tant ae gages et d'élémeiîs de
sécurité pour l'avenir, vont être élevés.
» Merci, Monsieur le préfet, au nom de mes ad
ministrés recoririaissiiis ; et comptez, j'en prends
en leur nom l'engagement, sur leur dévoûment
sincère et sur celui sans bornes de mon'adminis
tration en particulier.' » * :
M. le préfet de la Seine a répondu à ce dis
cours, dans les'termes sui vans : -
« Messieurs, <
-.» Je vous remercie sincèrement de, l'occasion
que vous m'avez offerte de .nie rendre au milieu
"de vous, et de vjus apporter moi-même l'assu-
« rati'cc du sympathique itilérèt que vous rëncon-
\trerez toujours auprès de l'administration supé
rieure. ■ '
» Grâce à vous, grâce au bon esprit de ses habi
tans,■ cette commune est devenue l'une des plus
importantes du département de la Seine. Dans
l'espace de trente années sa population s'est ac
crue de 900 à 9,000 ames ; ses revenus annuels,
qui ne dépassaient pas, en -i 825, ia somme de
sept mille francs, atteignent aujourd hui le chiffre
imposant de quatre-vingt-deux mille francs.
» Ces résultats, Messieurs, sont dus à vos soins
persevérans, et vous recueillez en ce moment le.
fruit de vos courageux efforts. Une maison coiii-'
munale,. des écoles, une. salle d'asile, vont s'élever
dans Montrouge, et attester à vos concitoyens le
sage et économique emploi que la prévoyance
éclairée de l'administration municipale a su faire
de ses ressources si laborieusement acquises. ■
» Désormais , cinq cents enfans pourront rece
qu'on la verrait se dégager rapidemer i de
cette étreinte !.. Eu un mot, l'expression
générale de cette individualité étrangement
caplatrice, semblait résumer à la fois les
charmes de l'espoir le plus ■ enivrant, et les
difficultés de la lutte la plus attrayante.
A côté de-cette nature resplendissante dis
paraissait complètement l'autre femme qui
se trouvait à la même table; beauté d'un
type vulgaire, jolie mais sans expression,
bien faite mais sans grâce, une véritable
poupée quant'au physique ; au moral, espè
ce de courtisane-ménagère, de viveuse^pot-
au-feu, préférant des meubles à un équipa
ge, parce que les meubles ne mangent pas;
qui s'était fait, dit-on, du produit de ses pre- :
miers billets doux, un livret à la caisse d'é
pargne, et qui, maintenant, plaçait l'amour
et le plaisir'sur le grand-livre... s'amusant
sans entrain, mais avec soumission; sous ce
rapport, elle ne dérangeait pas les habitudes
de la vie du prince russe avec qui elle parais
sait avoir passé- un bail implicite pour une
association déplaisirs tranquilles et de folies
flegmatiques.
Quant aux deux autres personnages mas
culins qui complétaient le personnel "du dé-
jeûnér, l'un et l'autre étaient d'un âge mûr...
âge que l'on pourrait appeler tout au pftjs
dans un parti pris de politesse une jeunesse
de la saint Martin ;.l'un avait le. front chauve
et tournait à l'obésité que rendait plus sen
sible encore une taille peu élevée... L'autre,
grand, mince, assez distingué do manières,
la "boutonnière ornée d'un ruba : bariolé, se
recomtnand iit par une chevelui* ondoyante
qu'une dizaine de lustres bien ^ inpieiar-
gentait des plus chatoyans reflc'
. Leprr-mier, qui répondait au ï m dudoc-
tcur Ikctor Godard, était un "-..ié'decin de
l'Opéra, sorte d'Hipporrate monaJh qui fe
rait, prendre da-is sa vie le pas du plaisir
«;ur la science. Ses visites, quân 1 le sujet
était une jolie femme, passaient pour avoir
voir : les enseignemens moraux et religieux qui
foht les bons pères de famille et les citoyens uti
les. La commune, n'en doutez pas,- Messieurs, :
n'oubliera-pas que c'est vou^qui, les premiers ,
l'avez dotée d'étaiblissemens publies.
»• Le succès-d'ailleurs ne manquera pas-.à votre
œuvre; comcÈe, leurs pères; vos fils apporteront
leur concours au maintien de cet heureux état de ,
prospérité que la France doit au prince Louis-^a- ,
poléon, et qui est pour l'avenir un gage de sécu
rité et de paix. » - .
M. Berger a ensuite adressé quelques pa-
roles'paternelles et sympathiques aux ou- :
vriers qui lui avaient exprimé leur recon- ■
naissance pour la protection éclairée que le '
gouvèrnement accorde aux travaux publics.
■ La cérémonie extérieure «'est terminée par
lé défilé du 46 e bataillon de la garde natio
nale, commandé par M. Yossy et dont M. le
préfet et le général de Lawœstine n'ont pu
que louer la parfaite tenue.
Un banquet, offert par la commune et
servi par Chevet, a réuni tous les invités
sous une tente élégamment décorée. Une
franche cordialité a constamment régné pen
dant le repas, qui comptait cent cinquante
conviyes. Au dessert, les toasts suivans onU
été portés : ; .
Par le préfet- de":la Seine au Président de
la République : . >
«Messieurs,
» Je porte un toast au Président de la Répu
blique. - -
, » Sauvée par son courage, la France reconnais
sante a remis entre ses mains 'le soin de sa desti- -
née, et le prince Louis-Napoléon a noblement ré
pondu à la confiance du pays. .
» Six mois à peine se sont écoulés depuis le 2
décembre, et déjà la nation régénérée, fière d'un
pouvoic digne d'elle, a repris ses habitudes d'or
dre et de travail. • . ;
:» La France semble renaître; au dëfcourage-
ment, à la terreur qa'inspirait un menaçant ave
nir, a succédé la confiance dans la conciliation -et
la paix, pour me servir des nobles expressions du
prince. _ , ■
» Messieurs, unissons-nous à la France entière
pour demander à Dieu le maintien d'une paix si
précieuse,^t qu'un même cri traduise ici le -vœu ;
de nos cœurs. »•
» Vive le Président ! vive Louis-Napoléon !
(Nombreux applaudissemens.)
Par M. le maire de Montrouge, à M. le pré
fet de la.Séine :
«A Monsieur le préfet de là Seine, dont la pré
sence au milieu de nous en ce jour que toute une
population aimera à ;se rappeler et à redire, prou
ve que les communes du département de la Seine
ont aussi-une large part dans ses préoccupations.
» La haute confiance" de Mgr le prince-Prési
dent ne pouvait reposer dans de plus dignes mains.
n Grâce à lai, nos. routes anciennes sont'bien,
entretenues, de nouvelles sont créées ; citerai-je
ce : porit qui doit relier les communes de Bercy et ;
d'ivry . et mettre' en communication toutts" les
communes de l'arrondissement? Dirai-je les amé
liorations de toute nature dont M. te préfet
a pris l'initiative, ainsi que l'appui bienveillant
qu'il prête .aux administrations municipales? La
commune de MontrougeJ en particulier, lui en est
reconnaissante; livrés à nos propres ressources,*
eussions-nous pu élever ces constructions dont
Futilité était démontrée pour tous, mais qui sem
blaient devoir être ajournées indéfiniment, en rai
son des dépenses considérables qui en sont la con
séquence?
. » Vous savez quels • généreux secours vous ont
été accordés; c-t-je saisis avec empressement cette
occasion d'en remercier le chef de l'administration
départementale, assur^comme je le suis que son
concours ne nous manquera pas davantage dans
l'avenir. ; ^
» Que ce toast, Messieurs, soit donc dans nos
cœurs comme sur nos lèvres.,
» A. M. Berger, préfet de la Seine. »
Par M. "Vossy, commandant du 46° ba
taillon, à M., le général de Lawœstine :
« A Monsieur le marquis de Lawœîtine, com
mandant supérieur des gardes nationales de la
Seine. Le 46 e bataillon, dont je suis heureux d'être
ici l'interprète, est fier de lui obéir, et ne cesse
ra, par son harmonie parfaite, ?a discipline et son
dévoûment à l'ordre, de se montrer digne d'un tel
chef. •
y> Porter un toast à ce glorieux représen tant de
l'armée, c'est porter un toast à la loyauté, à la
bravoure.
» Ce .que notre patrie a de plus cher, les géné
reux instincts, les sentimens élevés, les nobles
élans se résument dans la personne du général.
» À notre commandant supérieur, au marquis
de Lawœstine. »
• Par un membre du conseil municipal de
Montrouge, à M. Véron,. député de l'arron
dissement au Corps-Législatif s -
«A Monsieur Louis Véron, a l'homqie qui a lutté
avec une énergie et une persévérance que toute la
France applaudit, contre les ennemis du prince-
Président; qui, ayee éclat, a soutenu la politique
qui a triomphé dans l'acte libérateur du 2 décem
bre. Au, publiciste émiuent, à l'économiste distin^
une destination ambiguë, et J'entrave d'une
consultation ne tombait jamais pour lui à
l'heure d'un souper fin ou d'une partie-
joyeuse. ' ;
Quant au second, c'était un ancien diplo
mate, M. le baron. Gédéon de Pontauriol,
~ui, après avoir représenté la -France auprès
plusieurs cours de l'Allemagne, s'était
■î .
aperçu (ju'il n'y avait en ce monde qu'une
chose serjeuse : la danse : il, finit, un beau
matin, par ne plus comprendre comment
il avait pu s'occuper si longtemps de l'équi
libre européen, quand cslui des premierssu-
jets était souvent si peu satisfaisant; le des
tin des empires n'était plus rien pour lui'
auprès des éventualités de l'art chorégraphi
que, et les révolutions successives, la France
menacée d'être eDgloùtie ou abâtardie le
touchaient moins douloureusement que la
décadence possible des ronds 'de jambe, il
s : était pris enfin, d'uu tel amour pour sa
nouvelle spécialité, qu'il était devenu un
maître de ballets honoraire, une sorte de ré
gisseur-adjoint; c'était h gardien acado ini
que des traditions de l'art des Veslris et des
Albert, le contrôleur minutieux'et inexora
ble des négligences et des inexaqtiiudes du.
gué, à l'horairie de bien qui s'associe à tous 1e*
actes de bienfaisance, et qui, nommé par notre
arrondissement, étudie avec soin les questions qui
intéressent nos diverses communes, et nous pretÇ
l'appui de son expérience et de ses conseils.
» "A notre -député !» ' "
A ces paroles, svmpathiquement accueil^
lies, M. Véron a répondu :
ii Je suis confus et presque embarrassé des élo-j
ges trop bienveillaïis qui me sant adressés; ces
éloges ont un tel prix à mes yeux, que l'ambitieft
de toute ma vie serait de pouvoir les mériter;
» Puisqu'une solennité municipale me réunit, let
lendemain de la clôture de la session, à un grand
.nombre de mes commettans, dans une des conM
munes les plus importantes de l'arrondissement'
de Sceaux, qu'il mê soit permis deleur dire quel
ques mots de cette première session et de la cou-;
duite que j'y ai tenue.
, » Tout en m'associant à des pensées, à des vœux
honnêtes, dévoués, utiles pour l'avenir, j'ai voté
cette année tous les projets de loi importans
présentés par le gouvernement. J'ai ainsi tenu
toutes les promesses que contenait ma profession,
de foi, et qui se résumaient dans cette phrase : -
« Aidons tous .Louis-Napoléon à nous gouverner
» et à nous préserver de nouvelles révolutions. » t -
Cette improvisation a été accueillie par une
approbation unanime.
La soiréé s'est terminée par une illumina
tion brillante et par un bal, au profit des
pauvres, qui a réuni les principaux habitans
de Montrouge et dès communes voisines^
Les honneùrs de cette fêté municipale ont
éié faits avec beaucoup d'affabilité par M. le
maire.de Montrouge et par les commissai
res. Le bal s'est prolongé jusqu'au milieu de
la nuit. Toute la commune s'est associée à
cette solennité dont chacun comprenait l'im
portance. . # . > '
Samedi, l'Espérance du Peuple) journal da
Nantes, a reçu un premier avertissement
ainsi conçu :
PRÉFECTURE DE LA LOIRE-ÏNFÉRIEURE.'
Le préfet de là Loire-ïnférieure, •
Vu l'article 32' du décret du 17 février 1852^
sur la presse;
- Vu l'article du journal de Nantes, l'Espérance
du Peuple (n° du 25 juin), signé Emerand de la
Rochette, commençant par ces mots : « Chaque
» jour la lettre de Venise est mieux comprise... »
et se terminant par ceux-ci : « ... Ce département,
» qui s'honore avec un juste orgueil d'être resté
» fidèle à toutes les traditions religieuses et po-
-» litiques.»;
_ Considérant qu'il résulte, de cet article une in
citation -directe à ne pas prêter le serment pres
crit par l'article -14 de la Constitution, et qu'un tel
langage provoqueuentr&lps citoyens de la mêma
patrie des divisioS regrettables auxquelles l'im
mense accIamaTiorr de huit millions de suffrages
aurait dû mettre u* terme; •
Considérant qu'après ,une manifestation si écla
tante de la voiontà^iationale, c'est méconnaître au
plus haut poiAt l^fgran'ds intérêts du pays et dé
la sdbfété, que dejeur subgtitiier un intérêt * ex
clusif de parti ; ■ - , • '
v Arrête :
Article. 1". —,-lJn premier avertissement est
donné au journal VEspérance du Peuple, dans la
personne ats sieurs Brodu, son gérant, et Eme
rand de la Rochette, l'un de ses rédacteurs. •
2. Le présent arrêtésera, aux termes, de l'article
19 du décret précité, inséré en tête du plus pro
chain numéro du journal VEspérance du Peuple.
3. M. le commissaire central de police de Nantes
est chargé de l'exécution de cet arrêté.
Nantes, le.26 juin 1852. .f e. de mentqok.
l'Opéra. Inutile de dire, dès-lors, que les
deux femmes assis;, s à table apparlenàierit à
l'illustrissime ccaiémie dans laquelle le di
plomate était venu prendre sa retraite. Flo
rentine Clievillard et Fernande Corniqqet
faisaient partie du corps de ballet, en qua
lité de coryphées.. ' -, «
— Allons Tristan, mon cher aïhi, dit le
médecin épicurien au plus jeune des convi
ves, déridf-g-vous donc un peu ; vous faites
venir tout exprès à Antony un excellent dé
jeûner de rhez Chevet r c-t vous ne fournissez
pas k gaîtéî... Vous faites économie d'es
prit I Je sais, il est vrai, continua-t-il en re
On se rappelle peut-être que M. Hugel-
mann (Gabriel) était un des transportés da
juin qui s'échappèrent de.la prison civil
l'an dernier. Réfugié aujourd'hui à Barce
lone, il vient d'adresser au prince Louis-Na
poléon une lettre qui est reproduite par le
journât espagnol cl Sol (numéro du 10 juin)
et dont nous extrayons les passages suiv ant .
« Eclairé par cette tyrannie de l'esprit de parti,"
plus.pesante que-celle de Denis de Syracuse, plus
soupçonneuse que celle de Tibère, plus impuissante
que celle de Néron, plus ingrate qu'il r?est possible
de l'exprimer, j'ai bien des fols, pendant ma capti
vité, fait appel à mon brfnsens et lui aidemandésl
ces ho«s»es, à côté desquels je combattais pour le
progrès de l'humanité, n'étaient pas eux-mêmes les
assassins du progrès. Je m'en prenais à mon inex
périence. quand ces doutes venaient m'assaillir;
et je tâchais de ma convaincre moi-même d'inius--
tice; car, »ie disais-je, des hommes sur le dra
peau desquels brillent des mots chers à moiïcœury
doivent être nécessairement des apûtres pleiiis de
conviction et de foi; derrière leur, bannière il'^oit
y avoir autre chose qu'Une, faction (politique, èt oa
y devait trouver les futurs martyrs d'uné'reli&iou
qui allait se manifester et mettre l'huma'nité : ea
gardant la; syrène placée en face de Tristaiig
qu'en fait d'esprit, vous avez éprouvé yne
grosse perte, et quand on voit certains yeux;
il nefaùt pas s'en étonner.' - ,
— M'oins de complimens, mon cher Go-
dard, répondit vivement Florentine, qu'oa
venait ainsi de mettre en cause ; on 'M'avait
souvent parlé du pouvoir de mes yeux,
mais.je ne savais pas què ce pouvoir allât
jusqu'à changer lés hommes en bêtes. ,
Qu'importe , .reprit l'Hippocrate, si,
après eu avoir fait des bêtes, vous en faites
ensuite des ;dieux?4-'çe Compte j je m'inscris
d'avance çc^rT.une "placé dans'votre ména
gerie,.: y.,'jjipiter'Ycut bien le permettre;
ajouia*-t-il; en séjournant du côté de Tris
tan. ■ - : '
Et comme ce dernier gardait le silence ;
Jupiter consent, dit Godard. .< '
- -r- Mais Junoh né veut pas, répondit plo-
rentihe; et, toute triomphante de son érudi
tion mythologique, elle s'écria, en frappant
du manche de son couteau la inain du doc
teur : Hector, à bas les pattes!
Cette saillie exoiia parmi les convives une
hilarité à laquelle Tristan lui-même essaya
de prendre part; mais ce fut du bout d«s le- •
vres. ■ - . ! « • '
— Ah çàl dit le baron, il mé semblait que
.nous étions venus ici pour nous amuser, et
ce pauvre Tristan est ga.i comme l'enterre- -
rqeqt de Giselle. Qu'est-ce que cela signifie ?
-r Que voules-vous? fit Florentine, Mon
sieur on, est sans doute aux regrets de s'être
réconcilié avec moi, après une rupture qui
n'a pas duré moins de quinze jours,- : et qui
m'a fait tant de mal. 1 /
. — Ah 1 Florentine, s'écria le jeune homine, 1
en élreignant amoureusement la iriain de sa
compagne, tu ne le crois pas, tu ne peux pas
le croire... Mes bons amis, j"e vous demande
pardon d'une .préoccupation bien involôn-
taire. Qui me vèrsé à boire? Est-ce .toi, Fi
renUneî Messieurs,'je trois à ma ré
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 88.46%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 88.46%.
- Collections numériques similaires La Grande Collecte La Grande Collecte /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "GCGen1"
- Auteurs similaires Véron Louis Véron Louis /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Véron Louis" or dc.contributor adj "Véron Louis")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k669697r/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k669697r/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k669697r/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k669697r/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k669697r
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k669697r
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k669697r/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest