Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-06-27
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32747578p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 27 juin 1852 27 juin 1852
Description : 1852/06/27 (Numéro 179). 1852/06/27 (Numéro 179).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUMÉRO 179.
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B 1852. DIMANCHE 27 JUIN.
PSUX S8 L'ABOWCraîSSOT
PASIS 13 F. PAU trimestr*;
EÏFAHTEMENS. ÏQ F. —
un . numéro : .5mi centimes;
' POUR LES P.VVS,ÉTRANGERS sô rOpO!*tO.
au tatHeau qui."sera publie dans lo journal,
les 10 et 25 de chaque moi?.
{Les z&entittnan» datent dm 1" et 16
àt tkaqut tnou. .
S'Mretser, irmùO v pour la rédaction , d M, CucnK val- C larion y, rédacteur m chef.
Les articles déposés ne sont pas rendus.
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL
| On
me, daw les département, aux ifasagenei «r om . ï fjw lions de poste.- À Londres, chez MM» CowiE ef FCIS.I S'adresser, franco, pour l'administration , à M,|DENA .lN, directeurl
— a Strasbourg, chez M» A13&AK&R3, pour V Allepia'-'ïi^ ■ j . fis anngnoes soat regaesaa bureau du journal; pt cttsx &. PANIS, régisseur, 10, place de la Bourse
Immédiatement après la fin de la
session du Corps Législatif , "Mi le
D r Y ébon publiera, dans la partie
politique du Constitutionnel, une
série d'articles sous ce titre :
I j A, BliAil'CE
VA RIS, 26 JUIN.
Le Corps Législatif a apporté le zèle et
î'activité les plus louables dans l'examen des
trois projets de chemins de fer qui lui ont
été apportés presque au dernier jour de la
session. Vainement eu a objecté que le
temps manquait pour étudier dans tous
leurs détails des lois qui embrassaient des
Intérêts si considérables. Le Corps Législatif
a tenu, suivant l'expression employée par
M. de Morny, à éloigner de ses délibéra
tions un sentiment dangereux, qui n'a ja
mais fait les affaires du pays, et qui est un
mauvais conseiller, la-susceptibilité. Toutes
les propositions d'ajournement ont été écar
tées. ,
Les commissions auxquelles ces projets
avaient été renvoyés, se sont donc mises à
l'œuvre , avec la résolution formelle de
terminer promptement leur examen et
de soumettre leurs conclusions à la cham
bre de manière à ce qu'elle pût statuer avant
de se séparer. Elles ont travaillé sans re
lâche. Hier leurs rapports élaient déposés ,
aujourd'hui ils étaient distribués au Corps
Législatif.
Si les commissions ont pu achever si ra
pidement leur examen, ce n'est pas qu'el
les n'aient traité avec soin, les questions
principales que les-projets pouvaient sou
lever. Mais on ne doit pas perdre de vue
qu'il s'agissait de projets élaborés la plu
part depuis long-temps et par les hommes
les.plus expérimentés. Il est tout simple dès
lors que les commissaires aient pu conduire
rapidement leur travail sans cependant pou
voir être taxés de précipitation.
Le projet relatif au chemin de Paris à Caen
et à Cherbourg était celui des trois qui
était en butte, aux objections les plus vives,
non pas-quant aii projet en lui-même, mais
quant à la directionchoisie pour le tracé. La
commission qui en était chargée, déclare
qu'elle a entendu tous les représentons ries
localités intéressées, et qu'elle a employé la
plus grande partie de son temps à . cette
enquête orale qui a été complète- Elle a cru
devoir persister dans le tracé propose par le
gouvernement, c'est-à dire dans celui qui
av.nt déjà-été consacré par la loi votée en
4846.' Mais elle donne 1'espoir.d'uue com
pensation aux intérêts eu souffrance en,fai
sant entrevoir la construction à venir d'un
chemin qui viendrait se souder à Tours sur
les lignes- du centre et du midi, et qui
relierait entre elles les villes de Rouen, de
Conches, de Laigle , de Granville et de
Saint-Malo.
On sait que le projet comprenait, outre le
chemin de Paris à Caen et à Cherbourg, deux
embranchemeiis, l'un de Mézidon au Mans,
que l'on concédait à la compagnie del!Ouest,
l'autre de Serquigny sur Rouen, dont on
posait seulement le principe. L'a'commissioii
a adopté le premier, mais, elle a été, d'avis
d'ajourner le second, parce que le tracé a
provoqué des réclamations qui lui ont paru
dignes d'un nouvel examen. L'embranche
ment de Serquigny sur Rouen continue
néanmoins à figurer dans la loi actuelle.
Seulement, le tracé n'en sera déterminé que
par une loi à intervenir. Le gouvernement a
accepté cet amendement, et il espère d'ail
leurs être en mesure de soumettre un nou
veau projet à l'ouverture delà prochaine ses
sion. .
On pouvait craindre que l'engagement pris
par la compagnie de l'Ouest, pour l'exécution
dè l'embranehementée Mézidon sur le Mans,
ne fût pas ratifié par l'assemblée des action
naires, à laquelle il doit être soumis. La com
mission n'a pas voulu que l'exécution du
chemin en souffrît, et elle a stipulé que,
dansieeas où les administrateurs de l'Ouest
n'obtiendraient pas là ratification des ac
tionnaires, les concessionnaires du chemin
de Paris à Cherbourg se substitueraient à
leur lieu et place, et accepteraient la même
convention. La garantie imposée comme
cautionnement a été portée de 800,000 fr. à
1 million. Le terme fixé pour l'achèvement
des travaux a été avancé de deux ans, c'est-
à-dire que l'embranchement de Mézidon sur
le Mans devra être livré ën 1858 au lieu de
1860.
Telles sont les dispositions nouvelles, qui
ont été introduites dans le projet de loi sur
le chemin de Paris à Cherbourg, elles ont
toutes été approuvées par le conseil d'Etat.
Le projet sur le chemin de fer'de Bor
deaux à Celte, celui des trois qui soulève les
objections les plus graves, n'a été l'objet
d'aucune modification. La disposition la plus
contestable est celle qui concentre la propriété
du canal et du chemin de fer entre les meins
d'une même compagnie. La commission l'a
adoptée en se fondant sur l'impossibilité de
trouver une compagnie qui consentît à éta
blir une voie ferrée avec la menace perma
nente de la concurrence du canal. Elle espère
d'ailleurs que les intérêts publics seront ga
rantis par les bas prix du tarif et par les
précautions prises pour forcer la compagnie
à maintenir le canal en bon état.
Enfin, le projet relatif au ehemin de fer
de Lyon à la Méditerranée et à ses annexes,
a été également adopté par la commission,
dont M. de Morny était rapporteur, san
aucun amendement. j.btibat.
Nous empruntons au rapport de M. le
comte de Morny, sur le projet de loi relatif
au chemin de fer de Lyon à la Méditerranée,
les considérations générales qui le termi
nent :
Quelques esprits superficiels, en voyant plu
sieurs compagnies se fondre en une compagnie
unique et puissante, s'effraient de la pensée que
le gouvernement érige un monopole. C'est une er
reur qu'il est utile de rectifier : !e chemin de fer,
par lui-même, est un monopole ; il n'a de frein
(jue s<>n cahier de,s charges ou son propre intérêt;
io'siu'ilest mal construit, mal"entretenu, mal
dirigé par une compagnie pauvre, écrasée par ses
frais généraux, alors il devient un véritable et
dangereux monopole, car il lutte contre sa propre
ûjisere, cherche des bénéfices dans l'exagération
de ses tarifs, et nuit à 1 intérêt général.
Au contraire, fi la compagnie est puissante, si
elle fouit d'un grand crédit, elle peut librement
tenter des améliorations, poursuivre ses embran
chemeiis, faire des sacrifices pour aller chercher
au loin les voyageurs et les m trehandises, et oser
des réductions de tarif dont les effets bienfaisans
sont immédiats pour les ^populations, et dont les
résultats lucraiifs ne sont souvent à recueillir que
plus lard pour elle-même. C'est niusi qu'on verra,
sans doute, cette grande compagnie exécuter les
embrancht mens rie Besseys à A lais et d'Aigues-
Mortes-à Luntl, qui sont réclamés par de nom
breux et légitimés irjtërêts. En redoutant les gran
des compagnies dirigeai par des hoimms considé
rables offrant à" l'Etat et aju public plus de garan
ties et fie sécurité, les anciennes assemblées se
sont effrayées d'un fantôme, et n'ont pas nnntré
une granda élévation d'esprit.
Etudiez, du «ste, la marche de tous les che
mins de fer en France tt en Angleterre; l'expé
rience prouve que toutes les petites compagnies
ont été rùinées, ou sont lestées stationnaires, et
que toutes les grandes compagnies ont réduit leurs
tarifs et largement compris et satisfait les intérêts
généraux du pays.
Une même objection s'est produite dans plu
sieurs bureaux : « Le temps manque, a-t-on dit,
pour étudier à loisir tous ces projets qui dispo
sent d'intérêts si considérables, et, sans les cri
tiquer le moins du monde, nous croyons néan
moins qù'il n'est pas convenable de les présen
ter ainsi dans les derniers jours d'une session ,
et qu'il est plus digne pour le Corps Législatif
de ne pas les voter.» Cette espèce de fin de non
recevoir a paru à votre commission dure pour les
intérêts, et injuste à l'égard du gouvernement.
En effet, il ne faut pas se mettre la main sur
les yeux, et dire : «Vous me présentez un projet
clair et simple dans lequel l'Etat ne fait aucune
dépense, n'est .exposé à aucun sacrifice, reçoit
mèm? certains avantages dont les intérêts gé
néraux et particuliers sont également satisfait?;
mais, parce qu'il est trop tard, nous ne vou
lons pas même le regarder. »
Cette manière d'agir serait contraire aux véri
tables intérêts du pays. Le corps Législatif doit te
nir compte au gouvernement des difficultés et des
embarras qu'une nouvelle organisation amène
toujours. Les grands corps de l'Etat, nouvellement
constitués, ne peuvent fonctionner cette année
aussi régulièrement qu'ils le feront l'année pro
chaine. Et si le prince-Président a si prompte
ment abandonné la dictature, promulgué la Cons
titution, et convoqué le Corps Législatif afin de
. » ov* bfc
rassurer le pays par toutes lesgaranties légales,
ne devons-nous pas lui en savoir gré, au lieu de
nous plaindre de la conséquence inévitable que
cette précipitation devait avoir ?
Eloignons de nos délibérations le sentiment le
plus dangereux, qui n'a jamais fait les affaires du
pay?, et qui est un mauvais conseiller, la suscep
tibilité. Depuis quatre ans, la commission centrale
des chemins de fer, composée d'-lioinmes éminens,
a préparé ce projet; le gouvernement a pris plu
sieurs mois à se mettre d'accord avec les compa
gnies et à les mettre d'accord entre elles ; les pa-
pulations attendent, les intérêts souffrent. Depuis
long-temps le midi de la France a été négligé; Jat>s
la répartition des fonds employés aux travaux pu
blics, il n'a pas obtenu une part équitable : privé
des moyens de transport, il .voit ses riches bassins
houilliers ei ses puissans gisemens métallifères
entièrement improductifs, et son industrie dans
un état d'infériorité déplorable.
Le temps ne fera pas naître beaucoup d'objec
tions fondées; tt, en tous cas, en supposant qu'on
put espérer obtenir l'année prochaine des condi
tions meilleures, cet espoir ne peut pas être mis
en balance avec l'inconvénient de prolonger ce
malaise : une solution imparfaite mais immédiate
vaut souvent mieux, pour les intérêts positifs,
qu'une solution parfaite qui se fait trop attendre;
et enfin ne laissons pas dire au pays ce qu'il a eu
le droit de dire jusqu'à présent de ses représen
tai : « Qu'ils faisaient lentement et mal ses affai-
» re«, et qu6 le pouvoir absolu les expédie plus
» vite et mieux. »
Votre commission espère, messieurs, que ces
considérations vous décideront à adopter immé
diatement le projet du gouvernement.
Un projet de loi ayant pour objet la cession
du bois de Boulogne à la ville de Paris a été
adopté par le Corps Législatif. L'Etat a mis
pour condition quo la ville conservera ce bois
à l'usage de promenade publique sans pou-
voie jamais l'aliéner. Ce n'est donc point, à
proprement dire, une propriété que l'Jîtat
cède, mais une jouissance, et en même temps
il crée à la ville une occasion de dépense; car
si le. bois di Boulogne comprend une "su
perficie de 700 hectares, d'une valeur véna
le qu'on ne peut estimer à moins d'e~4 mil
lions, il ne rappor te guère plus de 30,000 f.,
y compris les produits accessoires; et la vil
le, d'après le projet, s'engage à faire pour
2 millions d'embellissemens.
Le rapport, présenté au Corps Législatif
par M. de Kergorlay, nous fournit quelques
indications sur la nature des embellissemeus
que se propose d'exécuter la ville de Paris.
« De temps immémorial, dit lé rapport, le bois -
de Boulogne a été un lieu de promenade pour les
Habitaris de Paris ; aujourd'hui qu'on y arrive par
des routes nombreuses et bien entretenues en toute
saison, il est à la fôis le rendez-vous des person
nes qui se promènent à cheval et en voilure, et
de masses nombreuses de la population, qui vont
à pied, les ; dimanches et les jours de fèrçs, y cher
cher quelques heures ds repos et de distraction.
» On doit donc le regarder comme une prome
nade devenue indispensable pour toutes les classes
da la population parisienne. Sa cession à la ville
de Pails consacrera d'une manière solennelle cette
destination, puisque l'inaliénabilité en est la con
dition absolue.
» Elle déterminera la ville de Paris à faire
de3 sacrifices considérables, pour donner plus
d'attrait à cette promenade. Votre commission
aurait désiré avoir sous ses yeux le plan exact
(t détaillé des travaux qui y seront exécutés;
mais ce plan n'est pas encore arrêté : nous
avons su seulement qu'il était question d 'y créer
uroe rivière artificielle, avec de l'eau de fOurcq,
qui arrive déjà à 1.: barrière du Roule , e.t
qui peut y être facilement amenée; d'établir sur
ses bords des pelouses qui pourront être arrosées
quand le besoin s'en fera sentir; d'élever plusieurs '
fontaines et vasques, de créer des points de vue et
des effets de perspective qui attirent les regards des
personnes qui parcourront le bois ; d'entretenir
les massifs avec un soin élégant, de macadémiser
certaines allées pour les voitures, d'en créer de
nouvelles qui suivent, dans leurs développement,
des courbes heureuses ; enfin de les arroser, et
peut-être d'en éclairer une partie pendaut les soi
rées d'été, pour qu'on puisse y goûter une tempé-
rature.rafraîçhissante qu'on cherche en vain dans
l'intérieur de Paris.
» Le goût avec lequel ont été dirigés les grands >
travaux d'embellissement exécutés dans Paris
depuis vingt ans , le zèle éclairé avec lequel le
conseil municipal les. surveille, et la nécessité de
l'approbation du gouvernement, qui donne en ce
moment à tous les travaux d'utilité publique une
si énergique impulsion daHS plusieurs des quar
tiers de- Paris, nous paraissent des garanties .suffi
santes, et nous déterminent à vous demander vo
tre approbation pour cette fois, et sans tirer a con
séquence, quoique les plans de détail ne puissent
pas être mis sous vos yeux. »
Mais ce n'est pas seulement le bois de
Boulogne que la ville de Paris se propose
d'embellir; la loi.lui impose de ne pas ou
blier ses abords et la route qui y conduit.
« L'Empereur, en ordonnant l'érection de l'arc-
de triomphe de l'Etoile, avait décidé, par un dé
cret de février 1806, qu'il 'serait entouré d'une
place magnifique plantée d'arbres, d'un rayon
de 172 mètres 15 centimètres. Jamais cette dis--
position n'a été exécutée. Loin de là, les gouver-
nemens qui ont succé Jé à l'Empire ont même
se laissé s'élever des constructions sur une por
tion des terrains compris dans le périmètre de
cette place. Aujourd'hui, le goûvérneitiënt Cède à
la ville de Paris les terrains sur lesquels doit s'é
tendre la place, à condition de les rendre à leur
destination primitive. Pour cela, la ville de Paris
aura plusieurs maisons à acheter, qui absorberont
une partie de la somûle de deux millions que la
ville de Paris s'engage à dépenser. »
Il avait été d'abord question de déplacer
le boulevard extérieur, et de le reporter dans
l'axe transversal du monument; mais ce
projeteût exigé l'achat de plusieurs maisons
et de terrains, ainsi que des déblais considé
rables. On y a renoncé.
L'article 2 du projet oblige la ville de Pa
ris à soumettre préalablement à l'approba
tion du gouvernement les projets des tra
vaux à exécuter. La commission pense que
cette expression doit être prise dans le sens
le plus général et le plus absolu, et, par
conséquent, s'appliquer, non seulement aux
travaux d'embellissemens généraux, mais à
un travail quelconque ayant pour objet l'é
rection d'un spectacle-concert ou de tout
autre lieu de plaisir pour lequel la ville fe
rait une concession de terrain nécessaire
ment temporaire, car la loi lui interdit tou
te aliénation.
Les 2 millions que la ville s'engage à four
nir, devront être dépensés- en quatre ans.
Employée avec goût, ils compléteront cette
promenade unique dans le monde , qui,
partant du jardin des Tuileries, comprendla
plàcetôu'îs XV rli'S Champs-Elysées, l'arc de
l'Etoile, l'avenue deNeuiily et s'étend jusqu'à
Auteuil et Boulogne.
On ne peut se dissimuler qu'il en coûtera
quelque chose à la ville; car après avoir em
belli, il faudra entretenir, il faudra des gar
diens, il faudra payer l'eau, le gaz et le
reste ; mais on conservera à perpétuité à la
population de Paris une promenade dont les
agraudissemens successifs de la ville, la dis
parition continue des propriétés plantées
dans son pourtour, font sertir chaque jour
davantage la nécessité. l. boniface.
relatif à l'échange de l'hôtel du ministère des af
faires étrangères contre l'hôtel Sébastiani, et- à-
l'ouverture d'un crédit de 700,000 fr. pour
l'acquisition de l'hôtel Castillane, composée de
MM. le baron Lemércier,. Gouin, Lemaire (Oise),
Duoont, le marquis d'Andelarre, de .Yoize et de
Maupas, a nommé pour président, M. Gouin, et,
pour secrétaire, M. Lemercier. ,
CORPS LÉGISLATIF.
PRÉSIDENCE DE m. BIIXAULT.
Sommaire de la séance du 26 juin 1852.
Ouverture de la séance à une heure. — Lecture
du procès-verbal de la séance du 25 juin. — Ob •
servation de M. Monier de la Sizeranne sur les
publications de discours autorisées par l'Assem
blée. — Décision portant qu'il sera indiqué en
tète des discours publiés, que l'autorisation ac
cordée à un orateur de faire imprimer à ses frais
le discours qu'il a prononcé, n'implique de la part
du Corps Législatif aucune approbation des dis
cours dont 1 impression a été autorisée. — Adop
tion du procès-verbal. - '
Dépôt par M. Dallez, du rapport sur le pro
jet de loi relatif à un crédit pour l'installation
du musée impérial et royal. :— Dépôt par MM.
le comte de Sainte-Hermine, général Parchappe,
Àbbatucci, Faugier, Fleury, de rapports sur des
projets de loi d'intérêt local.
Délibération sur le projet de loi relatif à un i
allocation annuelle de 320,000 fr. pour indemni
tés viagères au profit des employés de la dernière
liste civile. — Discours de MM. Duclos, Bavoux
(Evariste)" rapporteur, marquis de Calvière, Ju-
binal.—Adoption du projet de loi au scrutin. ;
Discussion du projet de loi sur le renouvelle
ment intégral des conseillers généraux , des con
seillers d'arrondissement et des conseillers muni
cipaux.— Vot-i des quatre premiers articles du
projet. — Observations de M. le comte de Sainte-
Hermine, de M. Bonjeari, commissaire du gouver
nement, et de M. Duboys (d'Angers), sur l'art. 5.
— Vote de cet articlc.et des suivans. — Adoption
du projet au scrutin.
Délibération sur le projet de loi tendant à ou
vrir, aù ministère de l'intérieur, de l'agriculture
et du commerce, un crédit extraordiaaire de
400,090 fr, pour secours généraux aux hospices,
bureaux de charité et institutions de bienfaisance.
—Adoption du projet de loi au scrutin.
Discussion du projet de loi relatif aux interdic
tions de séjour dans lo département de la Seine et
dans les communes de l'agglomération lyonnaise.—
Discours de M. Audren de Iierdrel et de M. For-
toul, rapporteur. — Vote des deux premiers para
graphes de l'article 1 er . — Sur le paragraphe 3,
observations de MM. Langlais, Boudet, commis
saires du gouvernement; Bouhier de.l'Ecluse,
comte de Chasseloup-Laubat, Debelleyme, de Ra-
vinel, Forloul, rapporteur; Roques, comte de
Morny. — Vote des 3* et 4" paragraphes complé
tant l'article 1 er . — Vote de l'article 2. — Obser
vations de M. de Itavinel sur l'article 3. — Adop
tion dè la loi au scrutin.
Fixation à demain midi de la discussion du pro
jet' de loi relatif aux chemins de fer de Paris à
Cherbourg ; de Lyon à la Méditerranée, et de
Bordeaux à Cette.
Voie au scrutin du projet de loi portant ouver
ture d'un crédit de 615,300 fr. pour solder Je prix
d'acquisition du tableau de Murillo • La Concep
tion de la Vierge,
Reprise de la discussion du budget dé 1853.
La séance est levée.
La commission pour l'examen du projet de loi
Oïl lit dans le Mémorial bordelais du 23
juin :
& Nous avons applaudi sincèrement à l'ajourne
ment des nouveaux impôts somptuaires que le
gouvernement allait soumettre à la discussion du
Corps Législatif avant la fin de la session. Nous y
avons applaudi sans réserve, parce que, depuis
que la création de ces impôts avait été résolue,
nous avions pu nous convaincre des antipathies
manifestes que ces taxes rencontraient dans tou
tes les classes de la population, autant parmi cel
les que les nouveaux projets de loi (levaient frap
per , que parmi celles qu'ils avaient pour but de
préserver.
»Si les projets de loi qui viennent d'être retirés
avaient été présentés au Corps Législatif pour y
être discutés et votés, nous aurions franchement
exprimé notre avis sur leur opportunité avec tou
te la modération que nous nous devons à nous-
mêmes ef tout le respect que nous devons au pou
voir. Nous aurions dit que tout impôt qui atteint
le luxe, quel que soit son revenu, est toujours plus
funeste à la prospérité d'une nation que profitable
au trésor; car le luxe, l'élément le plus actif de la
fortune publique, ne peut être frappé sans que
l'industrie n'en ressente aussitôt le contre-coup
fatal.
»Le prince-Président, doatla haute intelligence
gouvernementale ne s'est pas un instant démen
tie depuis que la France lui a confié le périlleux
honneur de présider à ses destinées, n'a pas tardé
à comprendre que les nouvelles taxes somptuaires
rencontraient parmi les populations peu de sym
pathies, et.il s'est aussitôt déterminé à en ajourner
la présentation au Corps Législatif. Nous sommes,
en cette circonstance, l'organe de l'opinion publi
que en félicitant le gouvernement de cette sage
détermination. Espérons maintenant que cet
ajournement, de provisoire qu'il est, deviendra in
défini.*(Antonin Boudin.) »
A la suite des événemens de l'année 1848,
la Sicile est restée pendant près de six mois
au pouvoir des républicains cosmopolites
accourus de tous les points de l'Europe pour
prêter leur aide à l'insurrection. Pendaut ce
temps, l'Ile a été ravagée et littéralement
mise à sac,- les taxes révolutionnaires,
, les impôts de ' guerre , Jes réquisitions
d'hommes, les mouvemens de troupes l'a
vaient complètement ruinée. Son commer
ce et son industrie étaient anéantis lors
que les troupes napoliîaines ont eu raison
de la révolte dont elle venait d'être le tnéà-
tre.Aprèsl'apaisement des troubles, leroi de
Naples confia le gouvernement de l'Ile au
général Filangieri, commandant en chef du
corps d'armée d'opération envoyé de Na
ples pour réduire les insurgés. Sous l'habile
administration de cet officier-général, la Si
cile n'a pas tardé à recouvrer la prospérité
que les démagogues étaient parvenus à lui
ravir momentanément.
Le général Filangieri est un vétéran des
campagnes de l'Empire. A Austerlitz, à léna,
à Burgos, à Saragosse, il combattait dans
les rangs de l'armée française. Lorsqu'il a
été investi du gouvernement de la Sici.'e, le
général Filangieri s'est appliqué à effacer les
maux dont elle avait eu à souffrir. Les lois
de la guerre lui donnaient le droit d'agir
avec sévérité; mais humain autant que bra
ve, au lieu d'employer les moyens violens,le
général a eu recours à la conciliation pour
ramener les esprits égarés par de funestes
doctrines.
La Sicile jouit maintenant de la tranquil
lité la plus parfaite, et le gouvernement
profite du calme qui a succédé à l'agitation
fiévreuse de la guerre, pour appliquer des
mesures qui contribueront d'une manière
puissante au développement de la richesse
du pays.
La Sicile était le greuier' de l'ancienne
Rome. Sa fertilité est remarquable. Jusqu'à
ce jour, ce qui a nui à l'exploitation de son
sol, c'est le manque de voies de communica
tion. Il ït'existe en Sicile qu'un nombre assez
restreint de roules mal entretenues qui des
servent les points principaux sans les relier
les uns aux- autres. Le gouvernement vient
d'ordonner le percement- d'un système de
routes qui traverseront l'île en tous sens et
dont l'une suivra le'développement de ses
côtes. Une fois que ces voies de communi-.
cation seront établies, les produits de l'in
térieur pourront facilement arriver dans les
villes du littoral pour y être consommés
ou exportés,.et ils acquerront une valeur de
beaucoup supérieure à celle qu'ils ont main
tenant.
Le gouvernement a pris tout récemment
une autre mesure, dont les effets ne,seront
pas moins féconds en bons résultats. En Si
cile, une notable partie de la .erre appar
tient à la noblesse et à la haute bourgeoisie;
mais la couronne, l'Eglise et les villes, en
possèdent la portion la plus con sidérable. Oû
vient d'autoriser les particuliers à faire l'ac
quisition des biens de main-morte, à la con
dition d'en payer le montant eu rentes sur l'E
tat, après estimation du revenu net. Le revenu
de ces propriétés est, pour ainsi dire, nul,
pareeque, comme tous les biens de cette na
ture, elles Sont mal gérées. Il ne peut man
quer de s'accroître rapidement par l'effet
d'une administration plus active et plus in-,
telligente ; et le développement de la riches
se publique donnera de nouvelles ressources
au trésor pour toutes les dépenses utiles.
Le secrétaire de la rédactioB, l. boniface.
NOUVELLE® ÉTRANGÈRES.
, angleterre.
Le révérend D r O'Brien, de Limerick, membre'
du clergé, catholique romain, parlant dimanche
soir, de la proclamation royale contre les proces
sions, à la société des jeunes hommes dè Limerick,'
a dit : « One telle loi n'est pas faite peur être obéie,
et le ministère qui a publié la proclamation n'est pas
assez stupide pour ignorer qu'il est impossible de la
mettre à exécution : je ne serais pas surpris que
pendant le mois d'août des processions se mon
trassent partout, même dans les petits hameaux, Eb!
qu'importe le costume plus ou moins sacerdotal
de ceux qui, faisant la procession, chantent et
priei.it? Le surplis, lachasuble et l'étole augmentent-
ils dans ce cas le scandale aux yeux des protestans
timorés? Lord Dtrby doit pourtant bien le savoir;
pendant qu'il confisque nos églises, nous allons
mendier de porte en porte les moyens d'abriter nos
réunions ; nous donnons des voitures à des pas
teurs qui se moquent de nous, nous couvrons de
soieries et de satin leurs femmes et leurs filles
sans résultat spirituel pour nous,autre que la per
sécution , sans récompense temporaire autre
que d'engraisser nos ennemis! Mais les , prê
tres pourront bien évoquer à la fin un esprit
que toute la magie de lord Derby" ne saurait con-r
jurer et qiii pourra faire rentrer l'Eglise angli
cane dans le royaume d'où elle est sortie. (Applau-
dissemens ) Ce "n'est pourtant pas aujourd'hui le
moment de diviser les esprits; et lord Derby
pourrait être plus sage. Jusqu'ici Louis-Napo
léon a peu désappointé ses amis, et il a plus
d'une fois forcé ses ennemis à jouer son jeu de
puis que son étoile s'est levée; on parle de sa po
litique , mais on ne la connaît pas. En cas de
guerre avec l'Angleterre, pourquoi lord Derby
s'expose-t-il à éveiller ici dts sympathies pour les'
ennemis du pays? Les événemens récens d'Amé
rique ont aussi leur portée. Des cenîaines de mil
liers d'hommes pourraient à l'heure supième ral
lier les ennemis do l'Angleterre , tt l'on verrait
se levr une population bien décidée à racheter le
passé et à affranchir l'avenir. (Applaudissemens.)
Le même jour un autre membre du clergé
catholique romain, le révérend M. Corkson, disait
à son auditoire à Nohaval dans le comté de Cork.'
Enfans des Celtes, appelez-vous 1847, cette année
où nos milliers de Ceites mouraient de f .im, alors
que le trésor de la Grande-Bretagne regorgeait
d'or, et que la clé de ce trésor était dans la poche
de Russ 'll ! Nous nous le rappelons, i'or d'Angle
terre était jrodigué pour arracher ! noir Indien
au fouet de son patron, on ne donnait pas une
obole pour sauver l'Irlandais des agonies de la fa
mine ! Rappelez-vous le bill contre les titres ecclé
siastiques, quidevait enlever la raitreà vosévèques
et déshonorer votre clergé (Grognemens pour les
whigs). Voici venir d'abord le scorpion lluseell ;
puis le double scorpion Derby, arme de ses actes _
de contrainte et d'opposition à la dotation de "
M.'ynooth; (t enfin, pour coure ri fier l'œuvre de
sa bigoterie, il publie sa proclamation-contre les
processions. (Oh! oh!) En vérité, le cœur saigne à
la vue de ces choses. P, uple d'Irlande, noustriom-
pherons ou nous serons vaincus, et, dans ce der
nier cas, on extirpera à la fois notre religion et
notre race. {Times.)
— Le maire de Limerick a inscrit les noms de
800 personnes de cette fille, lesquelles appartien
nent à tqutes les classes, domestiques, ouvriers,
artisan?, etc., qui ont le plus vif désir d'émigrer
immédiatement en Australie. La liste s'accroît
chaque jour. (Morning-l'ost.)
Les travaux du bureau de. l'émigration, dans
P»rk strert, se sont tellement accrus dans ces der
niers temps, que les commissaires se sont vus
obligés de prendre un surcroit de commis et de
porteurs, et ont publié un avis portant que, dans
l'intérêt de ceux qui veulent' emigrer, ils tien
dront leurs bureaux ouverts ponr répondre à tou-
tês les demandes personnelles, de huit heures du
matin à huit heures du soir. (M-)'
— Nous lisons dans le Morning-Advertiser du ■
25, la lettre suivante, adressée au baronL.de
Rothschild :
«Sherborne-Lane, City, 18 juin 1852.
«Monsieur, j'ai reçu votre circulaire, qui est une
adresse à vos électeurs. Ei,e m'a été sans doute
ainsi envoyée parce qu'à chaque occasion de votre
élection, jcause n-ion chaleureux appui.
«C'est ce que je veux faire encore, mais à condi
tion que vous répendrez à mes questions d'un
manière, satisfaisante. Comme on a dégradé le e
evêques et le clergé de l'Eglise dont je fais pros
fession d'être membre,et qu'on a insulté tout loya-
,1
FIOfLLM DU C0NST1T0TI0KNEL, 27'JIJIN.
REVUE MUSICALE.
fêtes de lille.—concours des societes cho
rales de l'allemagne, de la belgique et
du nord de la france.
Il ne faut flatter personne, encore moins
ses amis. J'ai elé reçu deux fois à Lille avec
tant de bonté et d'affectueuse courtoisie, et
j'ai répondu, j'osé le dire, à cet accueil avec
tant de cordialité et de reconnaissance, que
j'ai quelques droits peut-être à l'amitié des
Lillois, et à ce titre je leur dois la vérité.
Je commence-donc par avouer sans détour,
que le festival de l'armée dernière m'avait fait
concevoir des espérances qui ont été en partie
admiration si vivement sentie et qui m'a
laissé (le si profonds souvenirs, n'a lieu que
tous les dix ans et qu'on a pu faire, en cette
occasion, des préparatifs et des frais qui, s'ils
renaientjarserenouveler trop souvent, seraient
ruineux et disproportionnés. Ce qui a man
qué, cette fois, c'est cette vaste salle qu'on
avait élevée, comme par enchantement, sur
le jardin de l'Arsenal et qui pouvait con
tenir , à l'aise, plus de huit paille per
sonnes.* Il a manqué aussi un peu de soleil :
mais on ne saurait en faire uu crime aux
ordonnateurs de la fête. Qui aurait pu pré
voir qu'en l'an de grâce 1852 il n'y aurait
point d'été et que la pluie tomberait à tor-
rens au mois de juin comme en plein hiver?
Enfin j'ai surtout regretté l'absence de ces
trois cents jeunes femmes qui l'année dernière
ont chanté dans les chœurs avec tant de per
fection et de charme, et des voix si fraîches et
si pures, que je n'ai rien entendu au monde,
ni avant ni depuis, qui m'art plus ravi et
touché. Cette fois, tout s'est -passé entre
hommes, à tel point que les quatre plus
belles personnes qui figuraient dans le cor
tège, n'étaient que des jeunes gens de la
ville trop bien déguisés.
Je comprends que ceux de nos confrères
qui n'ont pas assisté au festival de 1851,
frappés de la nouveauté du spectacle qui
s'olfrai t à leurs yeux, se soient empressés d'é
crire, à Paris des merveilles, dont je me gar
derai de rien rabattre , et que l'un de nos
plus gais compagoons de, voyage ait poussé
l'excès du lyrisme jusqu'à voir et à compter
dans les rues de Lille trois cent mille specta
teurs /L'imagination voit double, mais l'en
thousiasme centuple les objets. Pour moi, je
l'avoue, j'ai éprouvé une certaine hésitation
avant de prendre la plume; d'un côté je ne
voudrais point surfaire; de l'autre, l'inten
tion est si noble , l'œuvre est si belle et si
méritoire, qu'il me serait pénible de mêlera
l'éloge le moindre mot de critique ou de res
triction.
Après tout, la cavalcade a fort bien réussi.
C'est la seule partie du programme à laquelle
on n'ait rien changé. La pluie même a fait
trêve et les nuages qui s'amoncelaient à l'ho
rizon se sont écartés bénévolement pour lais
ser tomber sur le cortège un pâle rayon de
soleil, A l'exception de la fête des Iucas de
"Valenciennes, qui l'emporte par le nombre
des acteurs et par la prbmenade aux flam
beaux, d'un effet magique, on ri'ava;t rieu vu
dans les villes du Nord de plus beau, de plus
brillant et de plus complet. Près de huit
cents personnes, dont six cents cavaliers, ont
pris part à cette représea talion vivante et
animee des plus remarquables époques de
l'histoire de Lille. Les groupes et les chars
ont défilé dans le plus grand ordre, et tels
qu'ils avaient été décrits minutieusement
d'avance dans la brochure de M. Henri Bru
nei, le savant et consciencieux historiogra
phe. Je ne reproduirai point cette brochure,
comme on l'a déjà fait, car elle se vend au
profit des pauvres, et ce serait les voler en
quelque sorte que de m'aider ici de la prose
et de l'érudition de M. Brunei. 11 suffira de
dire que ces groupes et ces chars étaient au
nombre de neuf : qu'on voyait tout d'abord
et eu tête du cottégeles figures colossales de
Lydéric et de Phinaert, suivies d'une troupe
de guerriers du VII e siècle; qu'à ces guer
riers succédait le comte de Flandre, Bau-
duia "V, avec ses hommes d'armes, ses
écuyers et varlets. Venait ensuite BauduinIX,
empereur de Constantinople, puis Philippe-
le-Bon et ses chevaliers de la Toison-d'Or,
escortant un char où l'on avait représenté le
fameux repas du faisan. Le cinquième grou
pe llgurait le Tournoi de l'Epinette , joute
chevaleresque instituée au XIII e siècle. Le
sixième groupe représentait l'empereur
Charles - Quint faisant sa joyeuse entrée
dans la bonne ville de Lille, en. IS42. Le
septième se composait du grand roi Louis
XIV, de sa maison militaire et des seigneurs
de sa suite. On voyait daos'le huitième groupe
lè drapeau du siège de Lille en 1792, les
tambours et les fifres républicains et les
canons d'honneur décernés, en 1803, par
le premier consul, aux canonnière de Lil
le." Enfin, le neuvième et dernier groupe
s'ouvrait par un escadron de hussards de
l'Empire, suivis par les tambours delà garde
impériale, par des pelotons d'infanterie de
la même garde, par le char triomphal de
la Victoire , orné des insignes de la Lé-
gion-d'Honneur. Des Kabyles, à cheval, fer
maient le cortège.
- Les plus beaux costumes et les mieux por
tés étaient ceux de Bauduin V, de Bau
duin IX, de. Charles-Quint, de Louis XIV et
de sa suite, et ceux de troisbaronsdu moyen-
âge, dans lesquels j'ai reconnu trois amis.
La cavalcade a été organisée admirablement,
et les principaux jeunes gens de la ville ont
rivalisé d'activité, d'intelligence et de zèle
pour que cette partie de la fête ne lais
sât rien à désirer. Je les. prie d'agréer
en masse mes félicitations. et mes éloges.
Je ne citerai aucun nom" propre, j'ai
commis une fois cette faute, et on me
l'a assez reprochée. A Paris, nous ne com
prenons pas ces susceptibilités provinciales.
Mais la modestie des Lillois est si délicate et
si Qmbrageuse, qu<' le moindre mot de louan
ge l'effarouche et la trouble, et qu'on risque
souvent de déplaire à ceux-là même à qui
on aura voulu être le plus agréable.
Une mention particulière, et qui ne bles
sera personne, j'en suis sûr, est duô au régi
ment de hussards actuellement en garnison
à LiUe. Tous les officiers, les sous-officiers et
les simples soldats de ce régiment ont payé
de leur personne, et ont puissamment con
tribué au succès de cette première journée.
On ne saurait mettre dans l'accomplissement
d'une bonne œuvre plus de gaîté, plus de
grâce, de bon vouloir et. d'en train. On les re-
connais?ai t aisément sous les différens costu
mes qu'ils avaient adoptés ; ceux qui avaient
pris le burnous et le long fusil des Arabes, sou
levaient' sur leur passage le murmure appro
bateur de la foule, mêlé d'une émotion qu'on
avait peine à contenir, toutes les fois que ces-
intrépides cavaliers exécutaient des fantazias
d'une hardiesse incomparable. Les vrais
Arabes ne pourraient courir ains; que sur le
sable du désert ; mais galoper ventre à terre
et à bride abattue sur le pavé glissant d'une
rue étroite et tortueuse, il n'y a que les hus
sards français qui puissent s'amuser à un
tel jeu sans se rompre le cou.
Nos lecteurs savent d^j à à quel chiffre con
sidérable s'est élevé le produit de la quête.
On n'a pas donné seulement aux pauvres le
superflu, selon le vœu de l'Evangile, on a
donné aussi le nécessaire; on a donné jusque
au dernier sou, on eût donné les vêtemens,
si la décence l'eût" permis. Mais le moyen de
résister, jevous prie, à deux cents quêteurs!
Il n'est point de séductions de langage, point
de raisons, point de prières, point de flat
teries, de rudesses même, que ces habiles
geus n'aient essayées pour en venir à leurs
fins ; ils attaquaient les passans , péné
traient dans les cafés, exploraient les mai
sons de la cave au grenier. L'émulation
et un peu de gloire humaine venaient aussi
sejoindre à la charité, et stimulaient le zèle
de ces implacables quêteurs, car celui d'en-
tr'eux qui veise la plus forte somme dans !a
caissecomtnuneadroit à une médaille. Mais
ou donnait surtout aux officiers et aux sous-
officiers de ligne qui mus par les plus
nobles sentimeus et dédaignant toute dis
tinction et toute récompense, demandaient
pour les pauvres ouvriers avec cette di
gnité calme et cette flerté si naturelles aux
militaires. C'était un beau et touchant spec
tacle. Aussi l'argent tombait de toutes parts,
.et les polissons de Lille, dont la probité est
exemplaire, se roulaientet se culbutaient sur
le pavé pour ramasser cette pluie de me
nue monnaie et la remettre fidèlement à M.
l'officier.
Tout l'argent recueilli pendant la caval
cade ou aux portes du concert et du bal, et •
celui que produira encore le carrousel qu'on
a dû remettre à cause du mauvais temps,
sera employé pour donner des lits de fer '
aux ouvriers malheureux qui couchent sur
des grabats ou sur la paille. Ces lits, mar
qués d'une empreinte et d'un chiffre par
ticuliers, ne peuvent, dans aucune extré
mité, être cédés ni vendus, car la com
mission de l'œuvre les reconnaît rait faci-
ment, et les ferait restituer au premier pro
priétaire. Une autre société de bienfaisance'
fournit des matelas ; il y en a qui donnent,
des remèdes aux infirmes, des secours aux
veuves et aux orphelins. Nulle ; ■ les pau
vres ne sont assistés avec plus ul Hicitude,
de prévoyance et de discernement.
La cavalcade venait de ren trer vers six heu- ■
res, lorsque le ciel .s'est couvert de nuages et
la pluie a repris son cours au moment où les
sociétés chorales de l'Allemagne, de la Bel
gique et du nord de la France entraient eu.
scène pour se disputer la palme, — style aca
démique et provincial. Ici les embarras com
mencent. L'association musicale de Lille ^
d'e fondation récente et privée, a plus de
bon vouloir que de ressources pour don
ner à ces concours la solennité et l'éclat
convenables. Elle ■ possède, au bout de la
rue Esquermoise, une salle ob longue et
somhre où l'on entre par une cour humi
de et mal pavée. Au fond et à gauche de la
: r *• <•' tSr r«e»## (î*alaI»-Hoy»l),'n: à «s.
—MllfflF IHIIIIII— III i il 11 II llillIllilllNlllim BlirilMH'M f II iIPlWIIIHHHHf I II 11IIII \\ 1 HMIWHIFi II
B 1852. DIMANCHE 27 JUIN.
PSUX S8 L'ABOWCraîSSOT
PASIS 13 F. PAU trimestr*;
EÏFAHTEMENS. ÏQ F. —
un . numéro : .5mi centimes;
' POUR LES P.VVS,ÉTRANGERS sô rOpO!*tO.
au tatHeau qui."sera publie dans lo journal,
les 10 et 25 de chaque moi?.
{Les z&entittnan» datent dm 1" et 16
àt tkaqut tnou. .
S'Mretser, irmùO v pour la rédaction , d M, CucnK val- C larion y, rédacteur m chef.
Les articles déposés ne sont pas rendus.
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL
| On
me, daw les département, aux ifasagenei «r om . ï fjw lions de poste.- À Londres, chez MM» CowiE ef FCIS.I S'adresser, franco, pour l'administration , à M,|DENA .lN, directeurl
— a Strasbourg, chez M» A13&AK&R3, pour V Allepia'-'ïi^ ■ j . fis anngnoes soat regaesaa bureau du journal; pt cttsx &. PANIS, régisseur, 10, place de la Bourse
Immédiatement après la fin de la
session du Corps Législatif , "Mi le
D r Y ébon publiera, dans la partie
politique du Constitutionnel, une
série d'articles sous ce titre :
I j A, BliAil'CE
VA RIS, 26 JUIN.
Le Corps Législatif a apporté le zèle et
î'activité les plus louables dans l'examen des
trois projets de chemins de fer qui lui ont
été apportés presque au dernier jour de la
session. Vainement eu a objecté que le
temps manquait pour étudier dans tous
leurs détails des lois qui embrassaient des
Intérêts si considérables. Le Corps Législatif
a tenu, suivant l'expression employée par
M. de Morny, à éloigner de ses délibéra
tions un sentiment dangereux, qui n'a ja
mais fait les affaires du pays, et qui est un
mauvais conseiller, la-susceptibilité. Toutes
les propositions d'ajournement ont été écar
tées. ,
Les commissions auxquelles ces projets
avaient été renvoyés, se sont donc mises à
l'œuvre , avec la résolution formelle de
terminer promptement leur examen et
de soumettre leurs conclusions à la cham
bre de manière à ce qu'elle pût statuer avant
de se séparer. Elles ont travaillé sans re
lâche. Hier leurs rapports élaient déposés ,
aujourd'hui ils étaient distribués au Corps
Législatif.
Si les commissions ont pu achever si ra
pidement leur examen, ce n'est pas qu'el
les n'aient traité avec soin, les questions
principales que les-projets pouvaient sou
lever. Mais on ne doit pas perdre de vue
qu'il s'agissait de projets élaborés la plu
part depuis long-temps et par les hommes
les.plus expérimentés. Il est tout simple dès
lors que les commissaires aient pu conduire
rapidement leur travail sans cependant pou
voir être taxés de précipitation.
Le projet relatif au chemin de Paris à Caen
et à Cherbourg était celui des trois qui
était en butte, aux objections les plus vives,
non pas-quant aii projet en lui-même, mais
quant à la directionchoisie pour le tracé. La
commission qui en était chargée, déclare
qu'elle a entendu tous les représentons ries
localités intéressées, et qu'elle a employé la
plus grande partie de son temps à . cette
enquête orale qui a été complète- Elle a cru
devoir persister dans le tracé propose par le
gouvernement, c'est-à dire dans celui qui
av.nt déjà-été consacré par la loi votée en
4846.' Mais elle donne 1'espoir.d'uue com
pensation aux intérêts eu souffrance en,fai
sant entrevoir la construction à venir d'un
chemin qui viendrait se souder à Tours sur
les lignes- du centre et du midi, et qui
relierait entre elles les villes de Rouen, de
Conches, de Laigle , de Granville et de
Saint-Malo.
On sait que le projet comprenait, outre le
chemin de Paris à Caen et à Cherbourg, deux
embranchemeiis, l'un de Mézidon au Mans,
que l'on concédait à la compagnie del!Ouest,
l'autre de Serquigny sur Rouen, dont on
posait seulement le principe. L'a'commissioii
a adopté le premier, mais, elle a été, d'avis
d'ajourner le second, parce que le tracé a
provoqué des réclamations qui lui ont paru
dignes d'un nouvel examen. L'embranche
ment de Serquigny sur Rouen continue
néanmoins à figurer dans la loi actuelle.
Seulement, le tracé n'en sera déterminé que
par une loi à intervenir. Le gouvernement a
accepté cet amendement, et il espère d'ail
leurs être en mesure de soumettre un nou
veau projet à l'ouverture delà prochaine ses
sion. .
On pouvait craindre que l'engagement pris
par la compagnie de l'Ouest, pour l'exécution
dè l'embranehementée Mézidon sur le Mans,
ne fût pas ratifié par l'assemblée des action
naires, à laquelle il doit être soumis. La com
mission n'a pas voulu que l'exécution du
chemin en souffrît, et elle a stipulé que,
dansieeas où les administrateurs de l'Ouest
n'obtiendraient pas là ratification des ac
tionnaires, les concessionnaires du chemin
de Paris à Cherbourg se substitueraient à
leur lieu et place, et accepteraient la même
convention. La garantie imposée comme
cautionnement a été portée de 800,000 fr. à
1 million. Le terme fixé pour l'achèvement
des travaux a été avancé de deux ans, c'est-
à-dire que l'embranchement de Mézidon sur
le Mans devra être livré ën 1858 au lieu de
1860.
Telles sont les dispositions nouvelles, qui
ont été introduites dans le projet de loi sur
le chemin de Paris à Cherbourg, elles ont
toutes été approuvées par le conseil d'Etat.
Le projet sur le chemin de fer'de Bor
deaux à Celte, celui des trois qui soulève les
objections les plus graves, n'a été l'objet
d'aucune modification. La disposition la plus
contestable est celle qui concentre la propriété
du canal et du chemin de fer entre les meins
d'une même compagnie. La commission l'a
adoptée en se fondant sur l'impossibilité de
trouver une compagnie qui consentît à éta
blir une voie ferrée avec la menace perma
nente de la concurrence du canal. Elle espère
d'ailleurs que les intérêts publics seront ga
rantis par les bas prix du tarif et par les
précautions prises pour forcer la compagnie
à maintenir le canal en bon état.
Enfin, le projet relatif au ehemin de fer
de Lyon à la Méditerranée et à ses annexes,
a été également adopté par la commission,
dont M. de Morny était rapporteur, san
aucun amendement. j.btibat.
Nous empruntons au rapport de M. le
comte de Morny, sur le projet de loi relatif
au chemin de fer de Lyon à la Méditerranée,
les considérations générales qui le termi
nent :
Quelques esprits superficiels, en voyant plu
sieurs compagnies se fondre en une compagnie
unique et puissante, s'effraient de la pensée que
le gouvernement érige un monopole. C'est une er
reur qu'il est utile de rectifier : !e chemin de fer,
par lui-même, est un monopole ; il n'a de frein
(jue s<>n cahier de,s charges ou son propre intérêt;
io'siu'ilest mal construit, mal"entretenu, mal
dirigé par une compagnie pauvre, écrasée par ses
frais généraux, alors il devient un véritable et
dangereux monopole, car il lutte contre sa propre
ûjisere, cherche des bénéfices dans l'exagération
de ses tarifs, et nuit à 1 intérêt général.
Au contraire, fi la compagnie est puissante, si
elle fouit d'un grand crédit, elle peut librement
tenter des améliorations, poursuivre ses embran
chemeiis, faire des sacrifices pour aller chercher
au loin les voyageurs et les m trehandises, et oser
des réductions de tarif dont les effets bienfaisans
sont immédiats pour les ^populations, et dont les
résultats lucraiifs ne sont souvent à recueillir que
plus lard pour elle-même. C'est niusi qu'on verra,
sans doute, cette grande compagnie exécuter les
embrancht mens rie Besseys à A lais et d'Aigues-
Mortes-à Luntl, qui sont réclamés par de nom
breux et légitimés irjtërêts. En redoutant les gran
des compagnies dirigeai par des hoimms considé
rables offrant à" l'Etat et aju public plus de garan
ties et fie sécurité, les anciennes assemblées se
sont effrayées d'un fantôme, et n'ont pas nnntré
une granda élévation d'esprit.
Etudiez, du «ste, la marche de tous les che
mins de fer en France tt en Angleterre; l'expé
rience prouve que toutes les petites compagnies
ont été rùinées, ou sont lestées stationnaires, et
que toutes les grandes compagnies ont réduit leurs
tarifs et largement compris et satisfait les intérêts
généraux du pays.
Une même objection s'est produite dans plu
sieurs bureaux : « Le temps manque, a-t-on dit,
pour étudier à loisir tous ces projets qui dispo
sent d'intérêts si considérables, et, sans les cri
tiquer le moins du monde, nous croyons néan
moins qù'il n'est pas convenable de les présen
ter ainsi dans les derniers jours d'une session ,
et qu'il est plus digne pour le Corps Législatif
de ne pas les voter.» Cette espèce de fin de non
recevoir a paru à votre commission dure pour les
intérêts, et injuste à l'égard du gouvernement.
En effet, il ne faut pas se mettre la main sur
les yeux, et dire : «Vous me présentez un projet
clair et simple dans lequel l'Etat ne fait aucune
dépense, n'est .exposé à aucun sacrifice, reçoit
mèm? certains avantages dont les intérêts gé
néraux et particuliers sont également satisfait?;
mais, parce qu'il est trop tard, nous ne vou
lons pas même le regarder. »
Cette manière d'agir serait contraire aux véri
tables intérêts du pays. Le corps Législatif doit te
nir compte au gouvernement des difficultés et des
embarras qu'une nouvelle organisation amène
toujours. Les grands corps de l'Etat, nouvellement
constitués, ne peuvent fonctionner cette année
aussi régulièrement qu'ils le feront l'année pro
chaine. Et si le prince-Président a si prompte
ment abandonné la dictature, promulgué la Cons
titution, et convoqué le Corps Législatif afin de
. » ov* bfc
rassurer le pays par toutes lesgaranties légales,
ne devons-nous pas lui en savoir gré, au lieu de
nous plaindre de la conséquence inévitable que
cette précipitation devait avoir ?
Eloignons de nos délibérations le sentiment le
plus dangereux, qui n'a jamais fait les affaires du
pay?, et qui est un mauvais conseiller, la suscep
tibilité. Depuis quatre ans, la commission centrale
des chemins de fer, composée d'-lioinmes éminens,
a préparé ce projet; le gouvernement a pris plu
sieurs mois à se mettre d'accord avec les compa
gnies et à les mettre d'accord entre elles ; les pa-
pulations attendent, les intérêts souffrent. Depuis
long-temps le midi de la France a été négligé; Jat>s
la répartition des fonds employés aux travaux pu
blics, il n'a pas obtenu une part équitable : privé
des moyens de transport, il .voit ses riches bassins
houilliers ei ses puissans gisemens métallifères
entièrement improductifs, et son industrie dans
un état d'infériorité déplorable.
Le temps ne fera pas naître beaucoup d'objec
tions fondées; tt, en tous cas, en supposant qu'on
put espérer obtenir l'année prochaine des condi
tions meilleures, cet espoir ne peut pas être mis
en balance avec l'inconvénient de prolonger ce
malaise : une solution imparfaite mais immédiate
vaut souvent mieux, pour les intérêts positifs,
qu'une solution parfaite qui se fait trop attendre;
et enfin ne laissons pas dire au pays ce qu'il a eu
le droit de dire jusqu'à présent de ses représen
tai : « Qu'ils faisaient lentement et mal ses affai-
» re«, et qu6 le pouvoir absolu les expédie plus
» vite et mieux. »
Votre commission espère, messieurs, que ces
considérations vous décideront à adopter immé
diatement le projet du gouvernement.
Un projet de loi ayant pour objet la cession
du bois de Boulogne à la ville de Paris a été
adopté par le Corps Législatif. L'Etat a mis
pour condition quo la ville conservera ce bois
à l'usage de promenade publique sans pou-
voie jamais l'aliéner. Ce n'est donc point, à
proprement dire, une propriété que l'Jîtat
cède, mais une jouissance, et en même temps
il crée à la ville une occasion de dépense; car
si le. bois di Boulogne comprend une "su
perficie de 700 hectares, d'une valeur véna
le qu'on ne peut estimer à moins d'e~4 mil
lions, il ne rappor te guère plus de 30,000 f.,
y compris les produits accessoires; et la vil
le, d'après le projet, s'engage à faire pour
2 millions d'embellissemens.
Le rapport, présenté au Corps Législatif
par M. de Kergorlay, nous fournit quelques
indications sur la nature des embellissemeus
que se propose d'exécuter la ville de Paris.
« De temps immémorial, dit lé rapport, le bois -
de Boulogne a été un lieu de promenade pour les
Habitaris de Paris ; aujourd'hui qu'on y arrive par
des routes nombreuses et bien entretenues en toute
saison, il est à la fôis le rendez-vous des person
nes qui se promènent à cheval et en voilure, et
de masses nombreuses de la population, qui vont
à pied, les ; dimanches et les jours de fèrçs, y cher
cher quelques heures ds repos et de distraction.
» On doit donc le regarder comme une prome
nade devenue indispensable pour toutes les classes
da la population parisienne. Sa cession à la ville
de Pails consacrera d'une manière solennelle cette
destination, puisque l'inaliénabilité en est la con
dition absolue.
» Elle déterminera la ville de Paris à faire
de3 sacrifices considérables, pour donner plus
d'attrait à cette promenade. Votre commission
aurait désiré avoir sous ses yeux le plan exact
(t détaillé des travaux qui y seront exécutés;
mais ce plan n'est pas encore arrêté : nous
avons su seulement qu'il était question d 'y créer
uroe rivière artificielle, avec de l'eau de fOurcq,
qui arrive déjà à 1.: barrière du Roule , e.t
qui peut y être facilement amenée; d'établir sur
ses bords des pelouses qui pourront être arrosées
quand le besoin s'en fera sentir; d'élever plusieurs '
fontaines et vasques, de créer des points de vue et
des effets de perspective qui attirent les regards des
personnes qui parcourront le bois ; d'entretenir
les massifs avec un soin élégant, de macadémiser
certaines allées pour les voitures, d'en créer de
nouvelles qui suivent, dans leurs développement,
des courbes heureuses ; enfin de les arroser, et
peut-être d'en éclairer une partie pendaut les soi
rées d'été, pour qu'on puisse y goûter une tempé-
rature.rafraîçhissante qu'on cherche en vain dans
l'intérieur de Paris.
» Le goût avec lequel ont été dirigés les grands >
travaux d'embellissement exécutés dans Paris
depuis vingt ans , le zèle éclairé avec lequel le
conseil municipal les. surveille, et la nécessité de
l'approbation du gouvernement, qui donne en ce
moment à tous les travaux d'utilité publique une
si énergique impulsion daHS plusieurs des quar
tiers de- Paris, nous paraissent des garanties .suffi
santes, et nous déterminent à vous demander vo
tre approbation pour cette fois, et sans tirer a con
séquence, quoique les plans de détail ne puissent
pas être mis sous vos yeux. »
Mais ce n'est pas seulement le bois de
Boulogne que la ville de Paris se propose
d'embellir; la loi.lui impose de ne pas ou
blier ses abords et la route qui y conduit.
« L'Empereur, en ordonnant l'érection de l'arc-
de triomphe de l'Etoile, avait décidé, par un dé
cret de février 1806, qu'il 'serait entouré d'une
place magnifique plantée d'arbres, d'un rayon
de 172 mètres 15 centimètres. Jamais cette dis--
position n'a été exécutée. Loin de là, les gouver-
nemens qui ont succé Jé à l'Empire ont même
se laissé s'élever des constructions sur une por
tion des terrains compris dans le périmètre de
cette place. Aujourd'hui, le goûvérneitiënt Cède à
la ville de Paris les terrains sur lesquels doit s'é
tendre la place, à condition de les rendre à leur
destination primitive. Pour cela, la ville de Paris
aura plusieurs maisons à acheter, qui absorberont
une partie de la somûle de deux millions que la
ville de Paris s'engage à dépenser. »
Il avait été d'abord question de déplacer
le boulevard extérieur, et de le reporter dans
l'axe transversal du monument; mais ce
projeteût exigé l'achat de plusieurs maisons
et de terrains, ainsi que des déblais considé
rables. On y a renoncé.
L'article 2 du projet oblige la ville de Pa
ris à soumettre préalablement à l'approba
tion du gouvernement les projets des tra
vaux à exécuter. La commission pense que
cette expression doit être prise dans le sens
le plus général et le plus absolu, et, par
conséquent, s'appliquer, non seulement aux
travaux d'embellissemens généraux, mais à
un travail quelconque ayant pour objet l'é
rection d'un spectacle-concert ou de tout
autre lieu de plaisir pour lequel la ville fe
rait une concession de terrain nécessaire
ment temporaire, car la loi lui interdit tou
te aliénation.
Les 2 millions que la ville s'engage à four
nir, devront être dépensés- en quatre ans.
Employée avec goût, ils compléteront cette
promenade unique dans le monde , qui,
partant du jardin des Tuileries, comprendla
plàcetôu'îs XV rli'S Champs-Elysées, l'arc de
l'Etoile, l'avenue deNeuiily et s'étend jusqu'à
Auteuil et Boulogne.
On ne peut se dissimuler qu'il en coûtera
quelque chose à la ville; car après avoir em
belli, il faudra entretenir, il faudra des gar
diens, il faudra payer l'eau, le gaz et le
reste ; mais on conservera à perpétuité à la
population de Paris une promenade dont les
agraudissemens successifs de la ville, la dis
parition continue des propriétés plantées
dans son pourtour, font sertir chaque jour
davantage la nécessité. l. boniface.
relatif à l'échange de l'hôtel du ministère des af
faires étrangères contre l'hôtel Sébastiani, et- à-
l'ouverture d'un crédit de 700,000 fr. pour
l'acquisition de l'hôtel Castillane, composée de
MM. le baron Lemércier,. Gouin, Lemaire (Oise),
Duoont, le marquis d'Andelarre, de .Yoize et de
Maupas, a nommé pour président, M. Gouin, et,
pour secrétaire, M. Lemercier. ,
CORPS LÉGISLATIF.
PRÉSIDENCE DE m. BIIXAULT.
Sommaire de la séance du 26 juin 1852.
Ouverture de la séance à une heure. — Lecture
du procès-verbal de la séance du 25 juin. — Ob •
servation de M. Monier de la Sizeranne sur les
publications de discours autorisées par l'Assem
blée. — Décision portant qu'il sera indiqué en
tète des discours publiés, que l'autorisation ac
cordée à un orateur de faire imprimer à ses frais
le discours qu'il a prononcé, n'implique de la part
du Corps Législatif aucune approbation des dis
cours dont 1 impression a été autorisée. — Adop
tion du procès-verbal. - '
Dépôt par M. Dallez, du rapport sur le pro
jet de loi relatif à un crédit pour l'installation
du musée impérial et royal. :— Dépôt par MM.
le comte de Sainte-Hermine, général Parchappe,
Àbbatucci, Faugier, Fleury, de rapports sur des
projets de loi d'intérêt local.
Délibération sur le projet de loi relatif à un i
allocation annuelle de 320,000 fr. pour indemni
tés viagères au profit des employés de la dernière
liste civile. — Discours de MM. Duclos, Bavoux
(Evariste)" rapporteur, marquis de Calvière, Ju-
binal.—Adoption du projet de loi au scrutin. ;
Discussion du projet de loi sur le renouvelle
ment intégral des conseillers généraux , des con
seillers d'arrondissement et des conseillers muni
cipaux.— Vot-i des quatre premiers articles du
projet. — Observations de M. le comte de Sainte-
Hermine, de M. Bonjeari, commissaire du gouver
nement, et de M. Duboys (d'Angers), sur l'art. 5.
— Vote de cet articlc.et des suivans. — Adoption
du projet au scrutin.
Délibération sur le projet de loi tendant à ou
vrir, aù ministère de l'intérieur, de l'agriculture
et du commerce, un crédit extraordiaaire de
400,090 fr, pour secours généraux aux hospices,
bureaux de charité et institutions de bienfaisance.
—Adoption du projet de loi au scrutin.
Discussion du projet de loi relatif aux interdic
tions de séjour dans lo département de la Seine et
dans les communes de l'agglomération lyonnaise.—
Discours de M. Audren de Iierdrel et de M. For-
toul, rapporteur. — Vote des deux premiers para
graphes de l'article 1 er . — Sur le paragraphe 3,
observations de MM. Langlais, Boudet, commis
saires du gouvernement; Bouhier de.l'Ecluse,
comte de Chasseloup-Laubat, Debelleyme, de Ra-
vinel, Forloul, rapporteur; Roques, comte de
Morny. — Vote des 3* et 4" paragraphes complé
tant l'article 1 er . — Vote de l'article 2. — Obser
vations de M. de Itavinel sur l'article 3. — Adop
tion dè la loi au scrutin.
Fixation à demain midi de la discussion du pro
jet' de loi relatif aux chemins de fer de Paris à
Cherbourg ; de Lyon à la Méditerranée, et de
Bordeaux à Cette.
Voie au scrutin du projet de loi portant ouver
ture d'un crédit de 615,300 fr. pour solder Je prix
d'acquisition du tableau de Murillo • La Concep
tion de la Vierge,
Reprise de la discussion du budget dé 1853.
La séance est levée.
La commission pour l'examen du projet de loi
Oïl lit dans le Mémorial bordelais du 23
juin :
& Nous avons applaudi sincèrement à l'ajourne
ment des nouveaux impôts somptuaires que le
gouvernement allait soumettre à la discussion du
Corps Législatif avant la fin de la session. Nous y
avons applaudi sans réserve, parce que, depuis
que la création de ces impôts avait été résolue,
nous avions pu nous convaincre des antipathies
manifestes que ces taxes rencontraient dans tou
tes les classes de la population, autant parmi cel
les que les nouveaux projets de loi (levaient frap
per , que parmi celles qu'ils avaient pour but de
préserver.
»Si les projets de loi qui viennent d'être retirés
avaient été présentés au Corps Législatif pour y
être discutés et votés, nous aurions franchement
exprimé notre avis sur leur opportunité avec tou
te la modération que nous nous devons à nous-
mêmes ef tout le respect que nous devons au pou
voir. Nous aurions dit que tout impôt qui atteint
le luxe, quel que soit son revenu, est toujours plus
funeste à la prospérité d'une nation que profitable
au trésor; car le luxe, l'élément le plus actif de la
fortune publique, ne peut être frappé sans que
l'industrie n'en ressente aussitôt le contre-coup
fatal.
»Le prince-Président, doatla haute intelligence
gouvernementale ne s'est pas un instant démen
tie depuis que la France lui a confié le périlleux
honneur de présider à ses destinées, n'a pas tardé
à comprendre que les nouvelles taxes somptuaires
rencontraient parmi les populations peu de sym
pathies, et.il s'est aussitôt déterminé à en ajourner
la présentation au Corps Législatif. Nous sommes,
en cette circonstance, l'organe de l'opinion publi
que en félicitant le gouvernement de cette sage
détermination. Espérons maintenant que cet
ajournement, de provisoire qu'il est, deviendra in
défini.*(Antonin Boudin.) »
A la suite des événemens de l'année 1848,
la Sicile est restée pendant près de six mois
au pouvoir des républicains cosmopolites
accourus de tous les points de l'Europe pour
prêter leur aide à l'insurrection. Pendaut ce
temps, l'Ile a été ravagée et littéralement
mise à sac,- les taxes révolutionnaires,
, les impôts de ' guerre , Jes réquisitions
d'hommes, les mouvemens de troupes l'a
vaient complètement ruinée. Son commer
ce et son industrie étaient anéantis lors
que les troupes napoliîaines ont eu raison
de la révolte dont elle venait d'être le tnéà-
tre.Aprèsl'apaisement des troubles, leroi de
Naples confia le gouvernement de l'Ile au
général Filangieri, commandant en chef du
corps d'armée d'opération envoyé de Na
ples pour réduire les insurgés. Sous l'habile
administration de cet officier-général, la Si
cile n'a pas tardé à recouvrer la prospérité
que les démagogues étaient parvenus à lui
ravir momentanément.
Le général Filangieri est un vétéran des
campagnes de l'Empire. A Austerlitz, à léna,
à Burgos, à Saragosse, il combattait dans
les rangs de l'armée française. Lorsqu'il a
été investi du gouvernement de la Sici.'e, le
général Filangieri s'est appliqué à effacer les
maux dont elle avait eu à souffrir. Les lois
de la guerre lui donnaient le droit d'agir
avec sévérité; mais humain autant que bra
ve, au lieu d'employer les moyens violens,le
général a eu recours à la conciliation pour
ramener les esprits égarés par de funestes
doctrines.
La Sicile jouit maintenant de la tranquil
lité la plus parfaite, et le gouvernement
profite du calme qui a succédé à l'agitation
fiévreuse de la guerre, pour appliquer des
mesures qui contribueront d'une manière
puissante au développement de la richesse
du pays.
La Sicile était le greuier' de l'ancienne
Rome. Sa fertilité est remarquable. Jusqu'à
ce jour, ce qui a nui à l'exploitation de son
sol, c'est le manque de voies de communica
tion. Il ït'existe en Sicile qu'un nombre assez
restreint de roules mal entretenues qui des
servent les points principaux sans les relier
les uns aux- autres. Le gouvernement vient
d'ordonner le percement- d'un système de
routes qui traverseront l'île en tous sens et
dont l'une suivra le'développement de ses
côtes. Une fois que ces voies de communi-.
cation seront établies, les produits de l'in
térieur pourront facilement arriver dans les
villes du littoral pour y être consommés
ou exportés,.et ils acquerront une valeur de
beaucoup supérieure à celle qu'ils ont main
tenant.
Le gouvernement a pris tout récemment
une autre mesure, dont les effets ne,seront
pas moins féconds en bons résultats. En Si
cile, une notable partie de la .erre appar
tient à la noblesse et à la haute bourgeoisie;
mais la couronne, l'Eglise et les villes, en
possèdent la portion la plus con sidérable. Oû
vient d'autoriser les particuliers à faire l'ac
quisition des biens de main-morte, à la con
dition d'en payer le montant eu rentes sur l'E
tat, après estimation du revenu net. Le revenu
de ces propriétés est, pour ainsi dire, nul,
pareeque, comme tous les biens de cette na
ture, elles Sont mal gérées. Il ne peut man
quer de s'accroître rapidement par l'effet
d'une administration plus active et plus in-,
telligente ; et le développement de la riches
se publique donnera de nouvelles ressources
au trésor pour toutes les dépenses utiles.
Le secrétaire de la rédactioB, l. boniface.
NOUVELLE® ÉTRANGÈRES.
, angleterre.
Le révérend D r O'Brien, de Limerick, membre'
du clergé, catholique romain, parlant dimanche
soir, de la proclamation royale contre les proces
sions, à la société des jeunes hommes dè Limerick,'
a dit : « One telle loi n'est pas faite peur être obéie,
et le ministère qui a publié la proclamation n'est pas
assez stupide pour ignorer qu'il est impossible de la
mettre à exécution : je ne serais pas surpris que
pendant le mois d'août des processions se mon
trassent partout, même dans les petits hameaux, Eb!
qu'importe le costume plus ou moins sacerdotal
de ceux qui, faisant la procession, chantent et
priei.it? Le surplis, lachasuble et l'étole augmentent-
ils dans ce cas le scandale aux yeux des protestans
timorés? Lord Dtrby doit pourtant bien le savoir;
pendant qu'il confisque nos églises, nous allons
mendier de porte en porte les moyens d'abriter nos
réunions ; nous donnons des voitures à des pas
teurs qui se moquent de nous, nous couvrons de
soieries et de satin leurs femmes et leurs filles
sans résultat spirituel pour nous,autre que la per
sécution , sans récompense temporaire autre
que d'engraisser nos ennemis! Mais les , prê
tres pourront bien évoquer à la fin un esprit
que toute la magie de lord Derby" ne saurait con-r
jurer et qiii pourra faire rentrer l'Eglise angli
cane dans le royaume d'où elle est sortie. (Applau-
dissemens ) Ce "n'est pourtant pas aujourd'hui le
moment de diviser les esprits; et lord Derby
pourrait être plus sage. Jusqu'ici Louis-Napo
léon a peu désappointé ses amis, et il a plus
d'une fois forcé ses ennemis à jouer son jeu de
puis que son étoile s'est levée; on parle de sa po
litique , mais on ne la connaît pas. En cas de
guerre avec l'Angleterre, pourquoi lord Derby
s'expose-t-il à éveiller ici dts sympathies pour les'
ennemis du pays? Les événemens récens d'Amé
rique ont aussi leur portée. Des cenîaines de mil
liers d'hommes pourraient à l'heure supième ral
lier les ennemis do l'Angleterre , tt l'on verrait
se levr une population bien décidée à racheter le
passé et à affranchir l'avenir. (Applaudissemens.)
Le même jour un autre membre du clergé
catholique romain, le révérend M. Corkson, disait
à son auditoire à Nohaval dans le comté de Cork.'
Enfans des Celtes, appelez-vous 1847, cette année
où nos milliers de Ceites mouraient de f .im, alors
que le trésor de la Grande-Bretagne regorgeait
d'or, et que la clé de ce trésor était dans la poche
de Russ 'll ! Nous nous le rappelons, i'or d'Angle
terre était jrodigué pour arracher ! noir Indien
au fouet de son patron, on ne donnait pas une
obole pour sauver l'Irlandais des agonies de la fa
mine ! Rappelez-vous le bill contre les titres ecclé
siastiques, quidevait enlever la raitreà vosévèques
et déshonorer votre clergé (Grognemens pour les
whigs). Voici venir d'abord le scorpion lluseell ;
puis le double scorpion Derby, arme de ses actes _
de contrainte et d'opposition à la dotation de "
M.'ynooth; (t enfin, pour coure ri fier l'œuvre de
sa bigoterie, il publie sa proclamation-contre les
processions. (Oh! oh!) En vérité, le cœur saigne à
la vue de ces choses. P, uple d'Irlande, noustriom-
pherons ou nous serons vaincus, et, dans ce der
nier cas, on extirpera à la fois notre religion et
notre race. {Times.)
— Le maire de Limerick a inscrit les noms de
800 personnes de cette fille, lesquelles appartien
nent à tqutes les classes, domestiques, ouvriers,
artisan?, etc., qui ont le plus vif désir d'émigrer
immédiatement en Australie. La liste s'accroît
chaque jour. (Morning-l'ost.)
Les travaux du bureau de. l'émigration, dans
P»rk strert, se sont tellement accrus dans ces der
niers temps, que les commissaires se sont vus
obligés de prendre un surcroit de commis et de
porteurs, et ont publié un avis portant que, dans
l'intérêt de ceux qui veulent' emigrer, ils tien
dront leurs bureaux ouverts ponr répondre à tou-
tês les demandes personnelles, de huit heures du
matin à huit heures du soir. (M-)'
— Nous lisons dans le Morning-Advertiser du ■
25, la lettre suivante, adressée au baronL.de
Rothschild :
«Sherborne-Lane, City, 18 juin 1852.
«Monsieur, j'ai reçu votre circulaire, qui est une
adresse à vos électeurs. Ei,e m'a été sans doute
ainsi envoyée parce qu'à chaque occasion de votre
élection, jcause n-ion chaleureux appui.
«C'est ce que je veux faire encore, mais à condi
tion que vous répendrez à mes questions d'un
manière, satisfaisante. Comme on a dégradé le e
evêques et le clergé de l'Eglise dont je fais pros
fession d'être membre,et qu'on a insulté tout loya-
,1
FIOfLLM DU C0NST1T0TI0KNEL, 27'JIJIN.
REVUE MUSICALE.
fêtes de lille.—concours des societes cho
rales de l'allemagne, de la belgique et
du nord de la france.
Il ne faut flatter personne, encore moins
ses amis. J'ai elé reçu deux fois à Lille avec
tant de bonté et d'affectueuse courtoisie, et
j'ai répondu, j'osé le dire, à cet accueil avec
tant de cordialité et de reconnaissance, que
j'ai quelques droits peut-être à l'amitié des
Lillois, et à ce titre je leur dois la vérité.
Je commence-donc par avouer sans détour,
que le festival de l'armée dernière m'avait fait
concevoir des espérances qui ont été en partie
admiration si vivement sentie et qui m'a
laissé (le si profonds souvenirs, n'a lieu que
tous les dix ans et qu'on a pu faire, en cette
occasion, des préparatifs et des frais qui, s'ils
renaientjarserenouveler trop souvent, seraient
ruineux et disproportionnés. Ce qui a man
qué, cette fois, c'est cette vaste salle qu'on
avait élevée, comme par enchantement, sur
le jardin de l'Arsenal et qui pouvait con
tenir , à l'aise, plus de huit paille per
sonnes.* Il a manqué aussi un peu de soleil :
mais on ne saurait en faire uu crime aux
ordonnateurs de la fête. Qui aurait pu pré
voir qu'en l'an de grâce 1852 il n'y aurait
point d'été et que la pluie tomberait à tor-
rens au mois de juin comme en plein hiver?
Enfin j'ai surtout regretté l'absence de ces
trois cents jeunes femmes qui l'année dernière
ont chanté dans les chœurs avec tant de per
fection et de charme, et des voix si fraîches et
si pures, que je n'ai rien entendu au monde,
ni avant ni depuis, qui m'art plus ravi et
touché. Cette fois, tout s'est -passé entre
hommes, à tel point que les quatre plus
belles personnes qui figuraient dans le cor
tège, n'étaient que des jeunes gens de la
ville trop bien déguisés.
Je comprends que ceux de nos confrères
qui n'ont pas assisté au festival de 1851,
frappés de la nouveauté du spectacle qui
s'olfrai t à leurs yeux, se soient empressés d'é
crire, à Paris des merveilles, dont je me gar
derai de rien rabattre , et que l'un de nos
plus gais compagoons de, voyage ait poussé
l'excès du lyrisme jusqu'à voir et à compter
dans les rues de Lille trois cent mille specta
teurs /L'imagination voit double, mais l'en
thousiasme centuple les objets. Pour moi, je
l'avoue, j'ai éprouvé une certaine hésitation
avant de prendre la plume; d'un côté je ne
voudrais point surfaire; de l'autre, l'inten
tion est si noble , l'œuvre est si belle et si
méritoire, qu'il me serait pénible de mêlera
l'éloge le moindre mot de critique ou de res
triction.
Après tout, la cavalcade a fort bien réussi.
C'est la seule partie du programme à laquelle
on n'ait rien changé. La pluie même a fait
trêve et les nuages qui s'amoncelaient à l'ho
rizon se sont écartés bénévolement pour lais
ser tomber sur le cortège un pâle rayon de
soleil, A l'exception de la fête des Iucas de
"Valenciennes, qui l'emporte par le nombre
des acteurs et par la prbmenade aux flam
beaux, d'un effet magique, on ri'ava;t rieu vu
dans les villes du Nord de plus beau, de plus
brillant et de plus complet. Près de huit
cents personnes, dont six cents cavaliers, ont
pris part à cette représea talion vivante et
animee des plus remarquables époques de
l'histoire de Lille. Les groupes et les chars
ont défilé dans le plus grand ordre, et tels
qu'ils avaient été décrits minutieusement
d'avance dans la brochure de M. Henri Bru
nei, le savant et consciencieux historiogra
phe. Je ne reproduirai point cette brochure,
comme on l'a déjà fait, car elle se vend au
profit des pauvres, et ce serait les voler en
quelque sorte que de m'aider ici de la prose
et de l'érudition de M. Brunei. 11 suffira de
dire que ces groupes et ces chars étaient au
nombre de neuf : qu'on voyait tout d'abord
et eu tête du cottégeles figures colossales de
Lydéric et de Phinaert, suivies d'une troupe
de guerriers du VII e siècle; qu'à ces guer
riers succédait le comte de Flandre, Bau-
duia "V, avec ses hommes d'armes, ses
écuyers et varlets. Venait ensuite BauduinIX,
empereur de Constantinople, puis Philippe-
le-Bon et ses chevaliers de la Toison-d'Or,
escortant un char où l'on avait représenté le
fameux repas du faisan. Le cinquième grou
pe llgurait le Tournoi de l'Epinette , joute
chevaleresque instituée au XIII e siècle. Le
sixième groupe représentait l'empereur
Charles - Quint faisant sa joyeuse entrée
dans la bonne ville de Lille, en. IS42. Le
septième se composait du grand roi Louis
XIV, de sa maison militaire et des seigneurs
de sa suite. On voyait daos'le huitième groupe
lè drapeau du siège de Lille en 1792, les
tambours et les fifres républicains et les
canons d'honneur décernés, en 1803, par
le premier consul, aux canonnière de Lil
le." Enfin, le neuvième et dernier groupe
s'ouvrait par un escadron de hussards de
l'Empire, suivis par les tambours delà garde
impériale, par des pelotons d'infanterie de
la même garde, par le char triomphal de
la Victoire , orné des insignes de la Lé-
gion-d'Honneur. Des Kabyles, à cheval, fer
maient le cortège.
- Les plus beaux costumes et les mieux por
tés étaient ceux de Bauduin V, de Bau
duin IX, de. Charles-Quint, de Louis XIV et
de sa suite, et ceux de troisbaronsdu moyen-
âge, dans lesquels j'ai reconnu trois amis.
La cavalcade a été organisée admirablement,
et les principaux jeunes gens de la ville ont
rivalisé d'activité, d'intelligence et de zèle
pour que cette partie de la fête ne lais
sât rien à désirer. Je les. prie d'agréer
en masse mes félicitations. et mes éloges.
Je ne citerai aucun nom" propre, j'ai
commis une fois cette faute, et on me
l'a assez reprochée. A Paris, nous ne com
prenons pas ces susceptibilités provinciales.
Mais la modestie des Lillois est si délicate et
si Qmbrageuse, qu<' le moindre mot de louan
ge l'effarouche et la trouble, et qu'on risque
souvent de déplaire à ceux-là même à qui
on aura voulu être le plus agréable.
Une mention particulière, et qui ne bles
sera personne, j'en suis sûr, est duô au régi
ment de hussards actuellement en garnison
à LiUe. Tous les officiers, les sous-officiers et
les simples soldats de ce régiment ont payé
de leur personne, et ont puissamment con
tribué au succès de cette première journée.
On ne saurait mettre dans l'accomplissement
d'une bonne œuvre plus de gaîté, plus de
grâce, de bon vouloir et. d'en train. On les re-
connais?ai t aisément sous les différens costu
mes qu'ils avaient adoptés ; ceux qui avaient
pris le burnous et le long fusil des Arabes, sou
levaient' sur leur passage le murmure appro
bateur de la foule, mêlé d'une émotion qu'on
avait peine à contenir, toutes les fois que ces-
intrépides cavaliers exécutaient des fantazias
d'une hardiesse incomparable. Les vrais
Arabes ne pourraient courir ains; que sur le
sable du désert ; mais galoper ventre à terre
et à bride abattue sur le pavé glissant d'une
rue étroite et tortueuse, il n'y a que les hus
sards français qui puissent s'amuser à un
tel jeu sans se rompre le cou.
Nos lecteurs savent d^j à à quel chiffre con
sidérable s'est élevé le produit de la quête.
On n'a pas donné seulement aux pauvres le
superflu, selon le vœu de l'Evangile, on a
donné aussi le nécessaire; on a donné jusque
au dernier sou, on eût donné les vêtemens,
si la décence l'eût" permis. Mais le moyen de
résister, jevous prie, à deux cents quêteurs!
Il n'est point de séductions de langage, point
de raisons, point de prières, point de flat
teries, de rudesses même, que ces habiles
geus n'aient essayées pour en venir à leurs
fins ; ils attaquaient les passans , péné
traient dans les cafés, exploraient les mai
sons de la cave au grenier. L'émulation
et un peu de gloire humaine venaient aussi
sejoindre à la charité, et stimulaient le zèle
de ces implacables quêteurs, car celui d'en-
tr'eux qui veise la plus forte somme dans !a
caissecomtnuneadroit à une médaille. Mais
ou donnait surtout aux officiers et aux sous-
officiers de ligne qui mus par les plus
nobles sentimeus et dédaignant toute dis
tinction et toute récompense, demandaient
pour les pauvres ouvriers avec cette di
gnité calme et cette flerté si naturelles aux
militaires. C'était un beau et touchant spec
tacle. Aussi l'argent tombait de toutes parts,
.et les polissons de Lille, dont la probité est
exemplaire, se roulaientet se culbutaient sur
le pavé pour ramasser cette pluie de me
nue monnaie et la remettre fidèlement à M.
l'officier.
Tout l'argent recueilli pendant la caval
cade ou aux portes du concert et du bal, et •
celui que produira encore le carrousel qu'on
a dû remettre à cause du mauvais temps,
sera employé pour donner des lits de fer '
aux ouvriers malheureux qui couchent sur
des grabats ou sur la paille. Ces lits, mar
qués d'une empreinte et d'un chiffre par
ticuliers, ne peuvent, dans aucune extré
mité, être cédés ni vendus, car la com
mission de l'œuvre les reconnaît rait faci-
ment, et les ferait restituer au premier pro
priétaire. Une autre société de bienfaisance'
fournit des matelas ; il y en a qui donnent,
des remèdes aux infirmes, des secours aux
veuves et aux orphelins. Nulle ; ■ les pau
vres ne sont assistés avec plus ul Hicitude,
de prévoyance et de discernement.
La cavalcade venait de ren trer vers six heu- ■
res, lorsque le ciel .s'est couvert de nuages et
la pluie a repris son cours au moment où les
sociétés chorales de l'Allemagne, de la Bel
gique et du nord de la France entraient eu.
scène pour se disputer la palme, — style aca
démique et provincial. Ici les embarras com
mencent. L'association musicale de Lille ^
d'e fondation récente et privée, a plus de
bon vouloir que de ressources pour don
ner à ces concours la solennité et l'éclat
convenables. Elle ■ possède, au bout de la
rue Esquermoise, une salle ob longue et
somhre où l'on entre par une cour humi
de et mal pavée. Au fond et à gauche de la
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