Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-06-21
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 21 juin 1852 21 juin 1852
Description : 1852/06/21 (Numéro 173). 1852/06/21 (Numéro 173).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUMÉRO 175.
BVREillIX : me dm VmMë (l*a«ai«-U©yat); n* l©2
B 4852.- LUNDI 21 JUIN.
VBUtX OH li' ABOHHBHBOT
PARIS 13 F. PAS TRIMÏSTBlS
' PARTESIENS. 18 F. —
UN NUSïÉEO : 20 CENTIMES»
TPOTTK LES PAYS BTttANGB&S, 86 repOTtOT
a a tableau qui sèra publié dans la jouratl,'
les 10 et M de ohaqne moi»
Les aôcnntritens datent des t n et 16
'• de chaque mois.
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
S'adresser, franco, pour la rédaction, à M. C bchkval- C lakigny, rédactèur en chef. 1
Les articles dépotés ne sont pas rendus 1
On s'abonne, dans les département, aux Messageries et aux Direction* de poste,—A Londres, chez MM. CowiE et fils.
— A Strdsbmrg. chez M. AUUROBIj vour PAllemmtb
S'adresser, francoj pour l'administration, à M. D e NAIN, directeur.
Lçvg annonces sont reçues au bureau du journal; et.ohes M. PAHIS. régisseur, 10, p S0v
PARIS, 20 JUJIiV.
Au mois d'octobre de, l'année 1849, un dé
puté de la Gironde, M. Collas, monta à la
tribune et fit un discours fort développé qui
tend lit à dimontrer quen France la marine
était alors dans l'état le plus déplorable. Ce
discours, préparé de longue main, nourri
de fai ts dont l'exactitude rigoureuse ne pou
vait être contrôlée sur l'heure, fut écouté
favorablement, et contribua au vote d'une
enquête sur la situation de notre flotte.
Les esprits étaient d'ailleurs disposés à
cette mesure , et la révolution qui venait
d'éclater permettait de donner libre carrière
aux soupçons qu'avait inspirés à beaucoup
de personnes mal renseignées l'administra
lion de la marine.
Ou vota donc l'enquête, et le ministre de
cette époque, M. de Traey, eut le bon sens
de ne pas s'y opposer. Ce fut le dernier acte
de son administration, car il sortit du mi
nistère quelques jours après, mais ce fut
certainement l'un des plus utiles, car, en ap
pelant la lumière sur cette marine mécon
nue, il contribua plus que personne à son
éclatante réhabilitation.
La commission de quinze membres qui fut
■nommée pour procéder à l'enquêté, comp
tait dans son sein des députés parfaitement
compéteiis, soit comme marins, soit à cause
des études spéciales auxquelles ils s'étaient
livrés. Ces commissaires étaient : MM. Col
las, Baru, Harnoux, contre-amiral; Char-
ner, capitaine de vaisseau, aujourd'hui
contre-amiral et directeur du cabinet de M.
Ducos; Jules de Lasteyrie, Benoist-d'Azy,
Dufaure, Lanjuinais, Laîné, contre-amiral;
Fournier, Lacrosse, représentant du Finis
tère; Dalrrel, Charles Dupin, de àfontebello,
ancien ministre de la marine, et Maissiat.
La commission avait reçu les pouvoirs né
cessaire; pour mander èt entendre toutes
personnes dont la déposition lui paraîtrait
utile, pour provoquer et recueillir les rehsei-
gnemens, pour faire toutes les recherches et
vérifications nécessaires. Elle commença ses
travaux avec la pensée d'avoir à constater
et à réprimer bien des abus, et elle n'avait
pas accompli la moitié de sa tâche que déjà
elle avait reconnu combien étaient ma) fon
dées la plupart des- accusations formulées
contre notre flotte.
Son premier soin fut de constituer son
bureau. M. Dufaure obtint la présidence de
la commission ; JV1.M. Daru et Benoist d'Azy
furent élus vice-présidens ; MM. Collas et
Dahirel secrétaires. C'est à M. Collas qu'est
due la publication des procès-verbaux que
nous avons en ce moment sous les yeux.
C'est ûd service qu'il a rendu à la flotte, et
quittât plus que compenser l'erreurou l'exa
gération involontaire du représentant décla
rant du haut de la tribune et à la face du
monde entier, que la France n'avait pas de
mariné. Les proeès-verbaux dont il s'a
git, sont coordonnés avec uneméthode et une
clarté qui en rendent la lecture aussi facile
qu'instructive, et qui contrastent avec la con
fusion et l'obscurité habituelles des docu-
mens parlementaires anglais.
Après avoir consacré soixantè-cinq séan
ces à l'étude du budget de la marine, des
documens que lui ay|it transmis le minis
tère, et à l'interrogatoire de vingt-cinq té
moins, choisis, en partie, parmi les officiers-
généraux et les administrateurs en chef de
la flotte, la commission chargea un certain
nombre de ses membres de se rendre dans
lès ports, afin d'examiner, sur les lieux mê
mes, l'exécution des décisions prises par le
pouvoir central. , ; ,
Uue quantité considérable de renseigne-
mens ont été recueillis et un grand nom
bre de témoins ont été entendus dans cette
tournée de la sous-commission, et, après
son retour, les travaux ont continué à Pa
ris. Ils ont duré deux années, et depuis le
jour de sa première réunion, le 12 no
vembre 1849, jusqu'au 19 novembre 1831,
la commission a tenu deux cent trois séan
ces et reçu quatre-vingt-neuf dépositions.
A cette époque, elle avait pris des décisions
sur toutes les questions soumises à son exa
men. M. Dufaure, à qui était co nflé le soin
de rédiger le rapport, avait déposé une par
tie de son travail, qui doit former un vo
lume, lorsque, le 2 décembre, l'Assemblée
ayant été dissoute, la commission a Cessé de
se réunir.
Lé gouvernement n'a pas voulu que tant
d'études fussent perdues. Le ministre de la
marine a manifesté au secrétaire de la com
mission, M. Collas, le désir de voir termiuer
l'œuvre commencée. Telle est l'origine de
deux volumes, de 700 pages chacun, qui vien
nent d'être distribués aux membres du par
lement et aux principaux fonctionnaires. Un
troisième tome devait être consacré au rap
port de M. Dufaure, qui, comme nous rivons
dit, est imprimé en partie. Il serait à désirer,
dans l'intérêt de la marine, que cet impor
tant travail fût achevé. L'enquête serait ainsi
complétée, et la tâche de h commission rem
plie. Toutefois M. Collas fuit remarquer,
dans la préface, que les résolutions prises par
la commission ne devaient être rendues défi
nitives qu'après la lecture du rapport de son
président, et qu'en outre, elle n'a pas déli
béré sur quelques points relatifs à l'adminis
tration et à la comptabilité.
Malgré ces regrettables lacunes, la publi
cation qui vient d'être faite réunit une masse
de renseiguemens qui offrent, dans l'ensem
ble, le plus grand intérêt. La commission a
porté la lumière dans toutes les parties de
l'administration si compliquée de la marine ;
elle a étudié et résolu, au moins provisoire
ment, toutes les questions qui touchent à
l'existence et à la force de ce grand corps. De
puis la discussion à laquelle avait donné lieu,
en 1845, la demande d'un crédit extraordi
naire de 93 millions pour la construction et
le service de la flotte, véritable tournoi
oratoire que lord Palmerston, venu à Paris,
stimulait par sa présence,, jamais la marine
française n'avait été l'objet d'un examen si
approfondi. D ins les deux cas, elle a beaucoup
gagné à la publicité.
Le tableau de nos ressources maritimes,
exposé à la tribune, en 1815. par les orateurs
les. plus, éminens, avait déjà fait naître la
pensée que notre flatte était en butte à une
injuste défiance, qui avait pris sa source et
qui trouvait peut-être son excuse dans nos
derniers désastres sur mer. L'enquête de
1849 est de nature à rassurer complètement
les esprits sur l'efficacité des services que
notre.flotte peut rendre au pays en temps de
terre.
Comparer notre marine actuelle avec celle
qui a fait la dernière guerre, ce serait mécon
naître les travaux d'organisation qui ont été
poursuivisavec autant desuccèsque de cons
tance pend mt lçs trente dernières années.
[1 n'est pas un des amiraux entendus daus
l'enquête qui n'ait rendu pleine justice à nos
officiers et à nos matelots, et qui n'ait
constaté l'expérience et les lumières des
états-majors, l'instruction militaire et l'ap
titude des équipages. L'inscription mariti
me fournit 139,000 hommes. De ce nom
bre 60,000 sont éminemment propres à bien
faire là . guerre. Or, comme les équipages
comptent un tiers d'hommes provenant de
la conscription, nous pouvons présenter à
l'einemi, quel qu'il soit, une armée de
100,000 marins, et cela suffit, certainement,
avec les alliances qu'il nous serait bien plus
aisé d'obtenir dans une lu,tte maritime que
dans une guerre continentale, pour faire res
pecter notre indépendance.On peu t mêmeêtre
certain d'avance que, le sort des combats
nous fût-il défavorable, nous aurions infligé
-à nos adversaires de telles pertes, que leur
victoire ne leur coûterait pas moins cher
qu'une défaite. Cette attitude est faite pour
inspirer à notre diplomatie une confiance
qu'elle avait perdue, avant 1848, dans ses
rapports avec l'Angleterre notamment.
Dans le cours de ses travaux, la commis
sion a réglé la constitution de la flotte,
c'est-à-dire le nombre de chaque espèce
de bàtimens dont elle doit être com
posée. Les progrès dont est susceptible la
marine à vapeur , l'invention récente et
l'heureuse application de l'hélice aux navi
res à voile ne permettent pas de fixer pour
lonç-temps la composition de nos forces na
vales. La constitution de la flotte, comme
toutes les constitutions possibles, reste ou
verte aux améliorations dont le temps fait
sentir la nécessité. C'est précisément pour cela
que le matériel flottant de notre armée de
mer ne pouvait pas rester dans l'état qui
avait été jugé le meilleur à l'époque où fut
promulguée l'ordonnance de novembre 1846.
Les expériences faites depuis lors ont prouvé,
du reste, combien avait été prudente la résolu
tion qui fut prise àcette époque de continuer
à baser la force de notre flotte sur les vais
seaux à voile, malgré l'avis de marins aventu
reux qui voulaient remplacer ces puissantes
machines de guerre par des frégates à vapeur.
Aujourd'hui, les épreuves auxquelles a été
soumis le vaisseau le Ckarlemagw prouvent
que tous nos bàtimens de ligne peuvent
recevoir une machine à vapeur capable
d'imprimer à ces forteresses flottantes
un mouvement de huit nœuds à l'heure,
sans leur faire subir une diminution trop
sensible dans les vivres, les approvisionne-
mens et les munitions réglementaires. Aussi
la commission avait-elle décidé que, dans
l'interva le de quatre années, tous nos vais
seaux encore neufs seraient munis d'une ma
chine à vapeur auxiliaire.
L'armement des bàtimens de la flotte, le
matériel ds l'artillerie, l'approvisionnement
des arsenaux . en bois de construction et de
mâture, ont ensuite fait l'objet des études
de la commission. Elle a examiné si la dis
tribution de nos forces maritimes était bien
faite, et si les stations navales étaient bien
choisies dans les différentes parties du mon
de; sur ces divers sujets, elle a exprimé
une opinion éclairée par les connaissances
spéciales d^s marins qu'elle comptait dans
son sein, et par l'expérience générale qu'a
vaient acquise sps autres membres dins la
pratique des affaires.
Passant du matériel au personnel de la
flotte, elle a voté le maintien de l'inscrip
tion maritime, et proposé d'augmenter le
nombre des inscrits susceptibles d'être ap
pelés au service de l'Etat, par des ad -
jonctions telles que celle des marins de la
douane. Elle a préparé des modifications
aux règlemens relatifs à l'école navale.
L'infanterie de marine, considérée comme
superflue par la majorité des commissaires,
a été menacée de suppression ; l'artillerie de
marine, au contraire, a trouvé grâce devant
eux et ils l'ont maintenue. La commission a
fixé; la composition des cadres des officier.-» de
vaisseau; elle a déterminé les obligations
auxquelles seraient assujétis les ouvriers de
la marine et les avantages dont ils jouiraient.
Les délibérations qui ont précédé ces vo
tes pourront être utilement consultées lors
que le gouvernement jugera que le moment
est venu de statuer sur les diverses ques
tions soulevées dans l'enquête.
Nous aurons occasion d'examiner à part
quelques-unes de ces questions et de voir si
les décisions prises échappent à toute criti
que. Il nous suffit, aujourd'hui, d'avoir fait
connaître la mirche et les résultats géné
raux de cette enquête. Ordonnée comme
mesure répressive d'abus présumés, elle a
Le Constitutionnel commencera, le jeudi
î" juillet, la publication d'un roman nou
veau ayant pour titre : ,
LA PARÏ DU FED,
histoire contemporaine.
Par M. ALEXANDRE DE LAVERGNE.
fEKLtîTOK DU C0SST1TCT10NKEL, SI JUIN.
THÉÂTRES.
théâtre-français : Ulysse , tragédie en 3 actes,
avec un prologue, un épilogue et des chœurs, par
M. P onsard ; musique des chœurs par M.G ounod.
Le Théâtre-Français, nous a donné un
spectacle curieux et magnifique ; il n'en est
pas que je sache de plus'propre à montrer
toute la grandeur qu'il y a dans la sim
plicité, et de quelle puissance est le vé
ritable naturel. A la représentation i'Œ-
dipe , Voltaire s'écriait : Applaudissez,
Athéniens, c'est du Sophocle ! Hier, à la re-
Erésentation d'Ulysse, M. Pon*ard aurait eu
ten autrenvnt le droit de dire : Ecoutez;
c'est de lHomère ! Son œuvre est pieuse, en
effet, car il a mis sa gloire à s'eflacer pourae
laisser paraître que le divin poète. Mais
quel talent, quel sentiment profond, quel
art dans cette înteliigeute abnégation I N'a
vions -nous pas assez des Grecs et de l'anti
quité? dirontles amateurs d'inventions nou
velles, à qui l'on a persuadé que le cœur se
portait maintenant à droite; moi je crois
qu'il n'a jamais été plus utile qu'aujourd'hui
de remonter aux sources, et qu'une tenta
tive comme celle de M. Ponsard est faite
pour raviver le goût.
Par exemple, nous voilà loin des fadeurs
et des monstruosités à la mode; nous voilà
à IlfecKfus, 8îî pici c 2 fti }•«:'; J Li * aarate»» eu
question se trouvent fort dépaysés, comme
bien l'on pense, et d'ici vous les entendez
demander si on les prend pour des païens,
pour des Athéniens, eux, les véritables habi-
tans de Paris 1 Païens, je ne sais trop s'ils le
sont, mais j pour Athéniens, a coup sûr je
les renie. Ils s'étonnent qu'on en revien
ne aux mœurs antiques et à Homère ;
en effet, les mœurs ae la rue de Breda
les intéressent uniquement, et l'humanité
n'existe pas à leurs yeuxhorsdu bal Mabille;
quant à la langue, ils en savent les tours les
plus nouveaux; les Dames aux Camélias leurs
compagnes sont aussi instruites qu'eux, et
tout ce monde supporte volontiers que ses
poètes favoris lui parlent argot. Sur cette
pente, le théâtre contemporain ira loin 1
faites de l'art, s'il vous plaît, pour un
public d'Arthurset de filles entretenues!
Heureusement il reste encore des lettrés;
il rest^ des familles, que le dévergondage
du répertoire éloigne trop souvent de nos
théâtres ; c'est à cette. société choisie, à
ces spectateurs honnêtes que s'adressent
les nobles spectacles; et quand, en leur
honneur, notre premier théâtre célèbre,
commè hier, quelque grande fête de l'intelli
gence, il mérite bien de l'art et de l'Etat, à
la fois.
Divine immortalité du génie; comme elle
a éclaté I Après des siècles, le vieil Homère
nous apparaît plus jeune et plus sublime.
Quelle naïveté, quelle force, quelle noblesse !
Est-il donc besoin, comme certains l'ont
Erétendu, d'être Grec, pour que ces admira-
les scènes de l'Odyssée vous aillent au
cœur? Non ; il suffit d'être homme, et les
homnv s de tous les temps en seront égale
ment émus. Il y a quelques années, le roi
de Prusse, qui est passionné pour les
lettres, entreprenait de ressusciter Sopho-
clé ; a son exemple , on monta VAnti-
gone à Paris ; les mieux disposés arrivè
rent avec un fonds de raillerie; eh bien !
les ignorans aussi bien que les lettrés,
la foule et les auditeurs d'élite, tous sor-
•firsnt ceB&mdus d'^onnefaest, pour aiûsi
dire, éperdus d'admiration. 0 î n'avait ja
mais encore ressenti une parcjlle émotion ;
et cependant il s'agissait de la tuerie d'Etéo-
cle et de Polynice, du roi Créon et de son
fils mort d'amour sur le cadavre d'Anti-
gone; il s'agissait des malheurs mythologi
ques d'une famille Thébaine bien éloignée de
nous à coup sûr; est-ce que le cri terrible de
la douleur paternelle, est-ce que la plainte
d'Antigone èt le désespoir d'Hemon ne trou
vèrent pas un écho au plus profond des
cœurs? Est-ce qu'à la vue du pèi e rappor
tant son fils inanimé, la salle entière, dans
un paroxysme inouï, ne se leva pas les bras
étendus? Et Racine? Il a fait, d'après les Grees,
sa Phèdre-, il a fait Andromague ; les gens qui '
ont reproché à Racine d'avoir montré des
Grecs de la cour de Louis XIV reprocheront-
ils à l'auteur à'Ulysse de nous avoir rendu les
Grecs d'Homère?
Les scènes de l'Odyssée ne sont ni moins
émouvantes, ni moins humaines qu'aucune
des plus belles que nous ait laissées l'art anti
que? Un homme, un chef puissant est parti
pour une expédition lointaine, abandonnant
chez lui sa jeune femme adorée et un Li's qui
vient de naître; pendant dix années laguerre
le retient ; puis, pendant dix autres années,
les tempêtes et les naufrages,—la colère des
dieux si .vous voulez, car il me semble que,
même aujouid'hui que nous ne sommes plus
païens, elle est encore d'un grand intérêt
dramatique.—Cependant, en l'absence de l'é
poux et d u père,la maison ci 'Ui ysse est désolée.
D>s misérables poursuivent l'inconsolable
Pénélope. Un pauvre enfant, Télémaque,
trop jeune encore pour se défendre, voit sa
mère outragée, son patrimoine dévoré; il
est lui-même menacé de mort par les enne
mis de sa maison ; la mère et le fils désespè
rent, hélas! de jamais revoir le père de fa
mille,. leur Ulysse tant pleuré, Ulysse leur
unique soutien.
C'est alors que le héros aborde enfin le ri
vage d'Ithaque, mais seul, brisé, vieilli, sans
autre ressource que :-on courage et Minerve.
: --- Prenons Minerve gimj&lemejt! pour une fie» *
tourné à la justification complète de l'admi
nistration et à l'éloge de la flotte que cette
administration a formée.
Telle a été sa principale utilité. En outre,
la commission, en rassemblant une grande
quantité de documens précieux, en provo
quant les avis des hommes lès plus compé-
tens, tels que les amiraux Hugon, Baudin,
de Mackau, de la Susse, Dupetit-Thouars,
Casy, Verninac, Laguerre, etc., a préparé
tous les élémens nécessaires à la solution des
questions, et simplifié le travail du gouver
nement à qui il appartient de prendre des
résolutions définitives.
Ces avantages compensent-ils l'inconvé
nient d'initier les étrangers à tous les se
crets de nos arsenaux? L'assemblée qui a
voté l'enquête a-t-elle réfléchi au danger de
livret à nos rivaux la coimai -sance exacte de
notre force comme de notre faiblesse, et de
les avertir d'avance de toutes les mesures
que nous pouvons juger utile ds prendre,
soit pour résister à une attaque, soit pour
devenir as«aillans nous-mêmes? On prétend
que l'administration anglaise est parfaite
ment instruite de l'état de notre marine, et
qu'il n'y a rien à lui apprendre à ce sujet.
C'est possible; mais on peut être assuré ce
pendant que l'enseignement qui résulte pour
nous de l'enquête ne sera pas perdu pour
nos voisins. Toutefois,puisqu'elle était fait»,
ihétalt impossible d'en dissimule r les résul
tats,et le gouvernement, à notre avis, a bien
fait d'en ordonner la publication. D enain.
Le rapport de la commission du budget a
été distribué aujourd'hui. Nous publions le
passage le plus important, celui où le rap
porteur fait conuaître les conclusions de la
commission. On sait que la discussion du
budget commence demain lundi au sein du
Corps Législatif.
Après avoir établi une comparaison entre
le traitement des hauts fonctionnaires en
1847 et en 185-2, et démontré qu'on aurait
obtenu une économie de près de 2 millions,
en revenant aux chiffres de 1847, le rappor
teur explique en ces termes pourquoi la com
mission n'a pas cru devoir revenir sur ce
bui est réglé :
« La commission n'ignore pas quel est dans no
tre pays te sentiment qui, tant de fois, s'est pro
noncé contre ce qu'on appelle les gros traitemens;
mais elle n'a pas voulu, quelque populaire que
cela puisse être, s'en rendre l'interprète auprès de
vous. Si elle s'est trompée, c'est à vous de le dé
clarer !
» Mais aïor?, qu'on nous permette de le dire, ce
qui a contribue à nous entraîner • dans noire er
reur, c'est le profond feniiment de là pos'.iion si
îndeperidniito dans laquelle ta Constitution a placé
le Corps Législatif, pour toutes .ces questions de
traitemens.
» Il nous a paru que mieux que toutes les As
semblées qui vous ont précédés, vous pouviez dire
aii pays qu'il éta t assez grand pour rétribuer gé
néreusement ses fonctionnaires.
» Quoi qu'il en soit, après un examen aussi ap
profondi qu'il nous a été possible de le faire, après
quelques conférences avec MM. les commissaires
du gouvernement, tout en repoussant bien des
demandes de réduction qui nous étaient présen
tées, nous sommes arrivés à proposer une dimi
nution de 28 millions sur les services généraux.
» Et si l'on veut bien, de ces 28 millions, re
trancher 10 millions applicables à une réduction
de l'effectif de l'armée, réduction que, quelle que
fût notre opinion, nous ne voulions, nous ne
croyions pouvoir soutenir dans les circonstances
actuelles, qu'autant que nous aurions pu parve
nir à nous mettre d'accord avec le gouvernement,
on trouvera que les économies auxquelles nous
nous étions arrêtés n'éUisnt que de 18 millions.
' » C'était peu sans doute, mais enfin c'était pres
que la moitié du découvert de 1853, et cela per
mettait peut-être, d'attendre que l'aceroissement
successif des revenus publics eût diminué encore
l'interTalle qu'il s'agit de combler entre les recet
tes et les dépenses publiques.
» Le conseil d'Etat, Messieurs, n'a point admis
toutes nos propositions, Il a cru seulemeut devoir
retrancher des crédits primitifs une somme de
9,233,133 francs, dans laquelle sont compris:
1° 7,000.000 lVanc3 demandés pour le chemin de
fer de Cheibsurg et de Cette; 2" 598,133 francs
relatifs aune dirninulion d'intérêts à payer sur les
fentes inscrites. De sorte, qu'en dernière analyse,
l'économie proposée par le conseil d Etat sur les
services généraux se réduit à 1,633,000 fr.
» Pour votre commission, qui avait la conscien
ce d'être restée au-dessous des réductions de dé
penses qu'elle aurait pu demander, qui avait char
gé Poil rapporteur de vous déclarer que ce travail
si rapide que iious vous présentons aujourd'hui
était loin de faire ressortir toutes les économies
qu'on eût pu désirer, elle a profondément regretté
la réponse qui a été faite à ses prépositions.
» A une époque si avancée de votre session, elle
ne se disfimule pas combien il est difficile qu'une
discussion approfondie vous permetted'enirer dans
les détails du budget; cair bien il vous est difficile
aussi, avec ce peu de temps qui vous reste, de
vous servir des moyens que la Constitution elle-
même vous a donnés de faire connaître votre opi
nion ; nous voulons parler de ce renvoi à la com
mission et au conseil d'Etat des articles que vous
n' .doptt z point, afin qu'ils puissent être modifiés
d'un commun accord.
'» Toutefois, si, fi lèles à la pensée , aux senti-
raens que nous avons fait connai re en commen
çant ce rapport, nous n'avons pa= voulu insister
devant vous sur toutes nos proposition?, nous n'a
vons pas-cru non plus devoir les abandonner tou
tes. C'est ce que nous vous expliquerons, lorsque
nous les rencontrerons dans les diverse parties du
budget.»
Nous croyons devoir citer encore le passa-
ve dans lequel le rapporteur résume l'opi
nion de la commission sur le ministère de
la police générale :
« Il n'en a pas été tout-à-fait de même, nous
devons le dire, pour le ministère de la police. Dans
l'esprit de bien des membres de la commission,
qui se sont rendus les échos de l'opn.ion manifes
tée dans beaucoup de bureaux, le surcroît de dé
penses qui résalte de l'établissement du ministère
de la police en est le moindre inconvénient. Ce
qui les piéoccupait, ce sont les complications et
les défiances que peut faire naître cet établisse—
semènt. Ils craignent que fans attributions bien
définies, sans fonctions qui hissentde traces après
elles, les agens de cfitte nouvelle administration
ne soulèvent des çonflitsentre eux et d'autres fonc
tionnaires qui seront ainsi exposés à perdre une
partie de leur influence sur les populations.
» Ils rendent toute justice à la pensée qui a pré
sidé à cette création, à l'expression dont s'est re
vêtue cette pensée; mais ils savent que les institu
tions ont aussi leur logique ; et si la police leur
parait précieuse lorsque, auxiliaire de l'adminis
tration et de l'autorité judiciaire, elle n'a qu'une
action secondaire, ils la re loutent lorsqu'elle a le
rôle principal. Alors, aux. craintes que leur inspire
l'importance qu'on lui donne viennent se joindre
les crainte* non moins vives que leur fait conce
voir l'importance qu'elle pourra vouloir se donner.
» Q joî qu'il en soit, lorsque cette administra
tion vient d'être établie, brsque tant de détesta
bles doctrines ont, pendant près de quaire ans,
égaré tant d'esprits; lorsque le gouvernemtntpense
trouver dans cette organisation une force péces—.
saire pour assurer la tranquillité publique, quel
que profonde que soit notre conviction sur les in-
convéniens de cette création, nous n'en croyons
pas moins devoir attendre que l'expérience ait
prononcé. »
La commission, malgré l'avis contraire
du conseil d'Etat, persiste à demander une
réduction de 2 millions sur les travaux du
Louvre, de 40,00» fr. sur la subvention du
Théàtre r Italien, de 60 000 fr. sur la subven
tion de l'Opéra, de 5,00Q fr. sur le person
nel du ministère de l'instruction publique,
de 1,500,000 fr. sur le matériel de la ma
rine, de 300,000 fr. sur la construction de
routes en Corse, de 230 000 fr. sur les tra
vaux de la rue de Strasbourg. Elle persiste
également à demander la suppression du
crédit de 800,000 fr. ouvert au ministère
de l'intérieur pour dépenses secrètes de po
lice politique, le rejet du crédit ouvert au
ministère de la police pour frais d'inspec
tion dans les départemens, et la suppression
des indemnités allouées au cammandant-
général des gardes nationales et à son chef
d'état-major.
Le secrétaire de la rédaction, l. bonifa CE.
tion; cette fiction est très poétique et tout-à-
fait acceptable chez les modernes.—A peine
si, de ses yeux éteints,Ulysse a pu reconnaître
sa terre natale; comment le reconnaîtra-t-on,
lui ? Cependant il s'informe, il apprend que
sa maison est envahie, sa femme aux abois,
et son fils, son cher fils.... Ah! quel noble
front ! quel œil ardent !... à la vue de Téléma-
que, Ulysse ne se contient plus, ouvre ses
bras;... le cri du sang pousse l'enfant sur le
sein de son père !
Les voilà donc confondus dans un long em-
brassement, puis associés, le père et le fils,
pour la même vengeance ! Que Télémaque gar
de bien le secret ; il ne faut pas que Pénélope
elle-même sache le retour d'Ulysse. Ulysse
.s'introduit en mendiant dans sa maison; de
vant Pénélope il étouffe l'irrésistible cri pr t
à sortir; Pénélope s'intéress'e à ce pauvre
homme qui dit avoir rencontré son époux ; v
elle veut qu'u soit traité comme un hôte ;
mais les insolens dont la maison est remplie
insultent le mendiant ; un d'entre eux le frap
pe. Télémaque, hors de lui, va venger son
père; un signe l'arrête; il n'est pas temps en
core d'éclater!... C'est quand l'orgie tient ses
ennemis à demi abrutis, quand il les a vus
s'essayer tous inutilement à tendre la corde
de son arc,— car Pénélope, lassée, promet de
se donner à celui qui pourra se servir de.
l'arme redoutabledeson ma i,-— c'est quand
Télémaque a enlevé prudemment les épées
de la salle du festin, qu'Ulysse se révèle. Il
prend d'abord l'arc, à la risée générale; il
Je tend et s'écrie d'une voix retentissante :
« Je suis Ulysse ! » puisj aidé de son fils
et de quelques serviteurs fidèles qui l'ont
reeonnu à la force de son bras, il 'extermine
les amans de sa femme, toute la bande de
pillards qui s'était installée chez lui, recon
quiert sa maison; et, comme la chaste Péné
lope , quoique entraînée par son cœur,
doute encore si l'étranger est son Ulysse,
Ulysse dissipe le dernier doute delà pudique
épouse eu lui disant un secret connu d'elle
et de lui seulement.
Connaissez-vous beaucoup d'inventions
modernes aussi palpitantes que celle-là?
quelque chose de comparable à l'enivrement
d'Ulysse lorsqu'il se prosterne sur la terre ,
natale ? au premier embrassement du père
et du fils? à l'entrevue d'Ulysse en habit de
mendiant avec Pénélope? quelque chose de
plus terrible que le silence d'Ulysse lorsqu'on
l'insulte dans sa propre maison; que ce mou
vement suprême de rage, aussitôt éteint et
changé en sourire ? quelque chose d'égal au
cri d'Ulysse : « La mort est sur vous tous ! »
et à l'implacable vengeance qui la suit :
Ah chiens !
Vous ne m'attendiez pas quand vous pilliezmes biens.
Vous me croyiez encore sous les murs de Pergame,
Lorsque de mon vivant vous poursuiviez ma femme,
Sans pudeur, sans remords, sans avoirsous 1rs yeux
L». blâme des humains, ni le courroux des Dieu*; !
Ah ! vous ne saviez pas qu'au jour de la justice,
Terrible, armé du glaive, apparaîtrait Ulysse!
Le voilà ; pâlissez, car la mort est sur vous !
C'est ainsi que M. Ponsard traduit Homère,
fidèle à l'esprit, fidèle au texte, et d'autant
plus poêle, que la poésie même de l'Odyssée
resplendit dans ses vers. On pense bien que
ce n'est pas M. Ponsard qui se serait permis
d'ajouter quelque chose au chef-d'œuvre ; ces
libertés conviennent peiit-être aux hommes
d'imagination qui font des proverbes et des
mélodrames; pomtàl'aut ur de Lucrèce,d'A
gnès de A/éranieet de Charlotte Corday. Je cite
avec intention les trois ouvrages, car on a vou
lu faire expur à M. Ponsard le succès de
Lucrèce , comme surfait ; et pourtant cha
cune des deux autres pièces aurait foudé sa
réputation si elle n'eût été justement établie.
La vérité est qu'on ne pardonne pas facile-
mentle succès. Mérité ou non, on le fait tou
jours expiçr; heureusement l'opinion étant
plus forte que les rancunes et les jalousies,
la critique injuste éleve certains hommes au
lieu de les amoindrir. Est-il un poète plus
digne de l'estime publique et de la sympa
thie que M. Ponsard? un écrivain qui honore
plus que celui-là les lettres parson caractère et
son talent? Tout entier à l'art, dès le début,
il n'a pas un instant dévié. Point de tran-
S saetioa avec le métier, point de facilité de
On nous assure que la fusion des chemins
de fer de Lyon à Avighonyd'Avignon à Map
seille, et des trois chemins du Gard et de
l'Hérault, vient de s'effectuer. Le gouverne
ment s'est, dit-on, empressé de saisir le con
seil d 'Etat d'un projet de loi élaboré déjà de
puis long-temps, et qui doit clore la série
des lois présentées cette année au Corps Lé
gislatif.
La combinaison que le projet sanctionne
ne réclame aucun sacrifice de la part du tré
sor; elle n'offre que des avantages à l'Etat ;
et assure l'exécution immédiate de l'em
branchement de Rognac à Aix, et de la ligne
de fer de Marseille a Toulon. Les fonds de la
compaguie fusionnée feraient seuls face pen
dant plusieurs années à ces divers travaux.
Il résulterait aussi de cette fusion une
baisse importante dans le tarif des charbons
de la Grand 'Combe et d'Alais ; l'Etat profite
rait pour les approvisionnemens de la ma
rine, à Toulon, d'une large part dans cette
réduction.
l'Africain, dans son numéro du 12 juin,'
donne des détails sur l'échauffourée qui avait
j<-té une assez vive émotion dans le cercle de
Guelma •
« Le bruit circulait depuis huit jours dans les
tribtàs, dit cé journal, qu'une aimée tunisienne
allait envahir la province de Constantine' et com
battre les troupes françaises. Ce bruit corrobo
rait cette prophétie, d^jà vieille de quelques an
nées, que l'an .18.52 verrait les Français expulsés
de l'Algérie. Il n'en fallait pas davantage pour
amener la fermentation, puis bientôt la révolte
chez df s peuplades fanatiques et grossières.
» A un Hîarché des Ouled-Dhan (aans laparîie
sud-est du cercle de Guelma), l'on tomba d'ac
cord qu'un soulèvement en masse aurait lieu, et
bientôt après des contingens se mettent en cam
pagne, menaçmt d'abord les mines de cuivre si
tuées chez les Sellaoua. Mais avant d'avoir atteint
ce point, ils changent de direction, soit qu'ils re
doutent les secours que l'autorité française ne tar
derait pas à y envoyer, soit qu'ils aient appris
qu'ils rencontreraient une vive opposition de la
part des Arabes du pays.
» Ils se dirigent alors sur un petit poste dépen
dant du cerclé de Guelma et compose de travail
leurs militaires occupés à la construction du cara
vansérail et de la route d'Aïn-Souda.
- » Des troupps sont immédiatement dirigées sur
ce point de Constantine et Bone, et, dans trois
rencontres successives, écrasent les révoltés, qui
s'enfuient dans toutes les directions, laissant un
grand nombre des leurs sur le carreau.
» Sur ces entrefaites, on avait reçu à Constan
tine la nouvelle qu'Aïn-Beïdhaavaii'eté enveloppée
par 3,000 cavaliers environ, appartenant aux Ha-
racta, aux Nemencha et à la.traction des Segnïa
appelée Ouled-Mahboub. , _
» Une colonne est sur le champ organisée et
part d»;.Constantine sous le,commandement de M.
le chef de batailion des zouaves d'André. Elle se
dirige sur Aïn-Bd lha, ou le nombre des révoltés
s'était successivement augmenté jusqu'au nombre
de près de 3,000. •
»,A son arrivée, elle trouve la famille du kha-
lifat enfermée dans son bordj avec vingt-sept hom
mes du goumetses serviteurs particuliers. Quant
à la petite garnison, elle n'a pas quitté la maison
de commandement, dont la porté, restée constam
ment ouverte, est défendue pa» 1 des spahis qui ti
rent sur tous ceux qui passent à portée de fusil.
Quarante-deux insurgés ont, dit-en, été tués
ainsi, sans que nous ayons eu un seul homme de
blessé.
» Annoncer l'arrivée de la. colonne, c'est dire
qu'Aïu Beïdhaaeté immédiatement dégagée, et que
les révoltés ont reçu un terrible châtiment.
» En résumé, au moment où nous écrivons ces
lignes, l'insurrection est dominée partout où elle
avait levé la tète. Les troupes réunies sur le théâ
tre des événemens sont plus que suffisantes pour
en tirer une éclatante vengeance, qui ne se fera*
pas attendre .probablement, car nous croyons sa
voir que l'autorité militaire est disposée à. agir
avec la plus grande sévérité à l'égard, des iaipru-
dens qui ont voulu lever l'étendard de la révolté
contre nous. »
Nous ne trouvons rien encore, dans les
jourmuxd'Afrique, sur ce qui se .serait passé
à Collo ou aux environs. Le Moniteur algé
rien du 15 se borne à annoncer que M. le
gouverneur-général venait de rentrer le 13
juin à Alger, de sa fournée dans la Kahylie.
Eu donuaut la même nouvelle, YAkhbar
ajoute :
« Dans ce voyage, M. le gouverneur-général a
visité la colonne de M. le général Camou, et exa
miné les travaux importans commencés p.ir l'ai
mée. Jusqu'ici, aucune hostilité n'est venue trou
bler cette œuvre, qui doit ouvrir à notre commer-,
ce de précieux débouchés, et qui avancera beau
coup le moment de la^ soumission générale de ces
contrées, »
conscience, y allât-il de la fortune. Tout est
de sa part sérieux et honorable ; sûr de lui, '
il se contentera de l'approbation respectable
des vrais juges plutôt que d'aller à la réussite
bruyante par des moyens douteux: et, cepen
dant, il a commencé au milieu d'uné vogue
à laquelle d'autres que lui auraient tout sa
crifié pour la conserver.
Ulysse n'est point un drame d'invention
comme Agnès, comme Charlotte Corday, ni
même comme Lucrèce ; c'est une pure étude,
mais une étude capitale, et qu'un homme de
la force de M. Ponsard était seul capable
d'entreprendre. Il ne faudrait certainement
pas qu'une composition de ce genre entraî
nât lesautres auteurs;—d'ailleurs le Théâtre-
Français ne lesjouerait'pas;—mais, comme'
enseignemént, Ulysse est une grande et belle
chose; c'est en même temps un spectacle r
d'une puissante émotion.
M. Ponsard entre en matière au treizième
livre de l'Odyssée, passant par-dessus toute
la partie des voyages d'Ulysse, et supposant
Télémaque de retour.de chez Ménélas. La -
pièce, coupée comme la tragédie grecque,
commence par un prologue, suivi de trois
actes, et se termine par un épilogue ; elle a
les cinq parties distinctes, et le chœur inter
vient dans l'action. Cependant, faute d'un
double théâtre, et précisément parce que le
chœur se mêle attx persônnagès sur l'unique •'
scène, le caractère de la strophe et de l'anti- :
strophe est modifié; le chœur ne forme plus
un « parte, comme dans le théâtre gr« j c;
de raisenneur, il devient partie agissant/ â
peu près comme dans les drames lyriques
ordinaires. C"la sert merveilleusement le
musicien, qui n'étant plus réduit à uue nié-*
lopée déclamatoire, à une espèce de récita
tif religieux, peut déployer toutes ses res
sources. Aussi M.Gounoda-t-ilécrit une vé
ritable partitios , et l'on jugera d'après
les chœurs si remarqués de Sapho ce que
sont les chœurs d'Ulysse. Le théâtre s'est
prêté avee magnificence aux exigences du
poète et du musiden ; d'admirables d»cors <
dont l'appropriation complexe la pt-nsce, èt'
BVREillIX : me dm VmMë (l*a«ai«-U©yat); n* l©2
B 4852.- LUNDI 21 JUIN.
VBUtX OH li' ABOHHBHBOT
PARIS 13 F. PAS TRIMÏSTBlS
' PARTESIENS. 18 F. —
UN NUSïÉEO : 20 CENTIMES»
TPOTTK LES PAYS BTttANGB&S, 86 repOTtOT
a a tableau qui sèra publié dans la jouratl,'
les 10 et M de ohaqne moi»
Les aôcnntritens datent des t n et 16
'• de chaque mois.
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
S'adresser, franco, pour la rédaction, à M. C bchkval- C lakigny, rédactèur en chef. 1
Les articles dépotés ne sont pas rendus 1
On s'abonne, dans les département, aux Messageries et aux Direction* de poste,—A Londres, chez MM. CowiE et fils.
— A Strdsbmrg. chez M. AUUROBIj vour PAllemmtb
S'adresser, francoj pour l'administration, à M. D e NAIN, directeur.
Lçvg annonces sont reçues au bureau du journal; et.ohes M. PAHIS. régisseur, 10, p S0v
PARIS, 20 JUJIiV.
Au mois d'octobre de, l'année 1849, un dé
puté de la Gironde, M. Collas, monta à la
tribune et fit un discours fort développé qui
tend lit à dimontrer quen France la marine
était alors dans l'état le plus déplorable. Ce
discours, préparé de longue main, nourri
de fai ts dont l'exactitude rigoureuse ne pou
vait être contrôlée sur l'heure, fut écouté
favorablement, et contribua au vote d'une
enquête sur la situation de notre flotte.
Les esprits étaient d'ailleurs disposés à
cette mesure , et la révolution qui venait
d'éclater permettait de donner libre carrière
aux soupçons qu'avait inspirés à beaucoup
de personnes mal renseignées l'administra
lion de la marine.
Ou vota donc l'enquête, et le ministre de
cette époque, M. de Traey, eut le bon sens
de ne pas s'y opposer. Ce fut le dernier acte
de son administration, car il sortit du mi
nistère quelques jours après, mais ce fut
certainement l'un des plus utiles, car, en ap
pelant la lumière sur cette marine mécon
nue, il contribua plus que personne à son
éclatante réhabilitation.
La commission de quinze membres qui fut
■nommée pour procéder à l'enquêté, comp
tait dans son sein des députés parfaitement
compéteiis, soit comme marins, soit à cause
des études spéciales auxquelles ils s'étaient
livrés. Ces commissaires étaient : MM. Col
las, Baru, Harnoux, contre-amiral; Char-
ner, capitaine de vaisseau, aujourd'hui
contre-amiral et directeur du cabinet de M.
Ducos; Jules de Lasteyrie, Benoist-d'Azy,
Dufaure, Lanjuinais, Laîné, contre-amiral;
Fournier, Lacrosse, représentant du Finis
tère; Dalrrel, Charles Dupin, de àfontebello,
ancien ministre de la marine, et Maissiat.
La commission avait reçu les pouvoirs né
cessaire; pour mander èt entendre toutes
personnes dont la déposition lui paraîtrait
utile, pour provoquer et recueillir les rehsei-
gnemens, pour faire toutes les recherches et
vérifications nécessaires. Elle commença ses
travaux avec la pensée d'avoir à constater
et à réprimer bien des abus, et elle n'avait
pas accompli la moitié de sa tâche que déjà
elle avait reconnu combien étaient ma) fon
dées la plupart des- accusations formulées
contre notre flotte.
Son premier soin fut de constituer son
bureau. M. Dufaure obtint la présidence de
la commission ; JV1.M. Daru et Benoist d'Azy
furent élus vice-présidens ; MM. Collas et
Dahirel secrétaires. C'est à M. Collas qu'est
due la publication des procès-verbaux que
nous avons en ce moment sous les yeux.
C'est ûd service qu'il a rendu à la flotte, et
quittât plus que compenser l'erreurou l'exa
gération involontaire du représentant décla
rant du haut de la tribune et à la face du
monde entier, que la France n'avait pas de
mariné. Les proeès-verbaux dont il s'a
git, sont coordonnés avec uneméthode et une
clarté qui en rendent la lecture aussi facile
qu'instructive, et qui contrastent avec la con
fusion et l'obscurité habituelles des docu-
mens parlementaires anglais.
Après avoir consacré soixantè-cinq séan
ces à l'étude du budget de la marine, des
documens que lui ay|it transmis le minis
tère, et à l'interrogatoire de vingt-cinq té
moins, choisis, en partie, parmi les officiers-
généraux et les administrateurs en chef de
la flotte, la commission chargea un certain
nombre de ses membres de se rendre dans
lès ports, afin d'examiner, sur les lieux mê
mes, l'exécution des décisions prises par le
pouvoir central. , ; ,
Uue quantité considérable de renseigne-
mens ont été recueillis et un grand nom
bre de témoins ont été entendus dans cette
tournée de la sous-commission, et, après
son retour, les travaux ont continué à Pa
ris. Ils ont duré deux années, et depuis le
jour de sa première réunion, le 12 no
vembre 1849, jusqu'au 19 novembre 1831,
la commission a tenu deux cent trois séan
ces et reçu quatre-vingt-neuf dépositions.
A cette époque, elle avait pris des décisions
sur toutes les questions soumises à son exa
men. M. Dufaure, à qui était co nflé le soin
de rédiger le rapport, avait déposé une par
tie de son travail, qui doit former un vo
lume, lorsque, le 2 décembre, l'Assemblée
ayant été dissoute, la commission a Cessé de
se réunir.
Lé gouvernement n'a pas voulu que tant
d'études fussent perdues. Le ministre de la
marine a manifesté au secrétaire de la com
mission, M. Collas, le désir de voir termiuer
l'œuvre commencée. Telle est l'origine de
deux volumes, de 700 pages chacun, qui vien
nent d'être distribués aux membres du par
lement et aux principaux fonctionnaires. Un
troisième tome devait être consacré au rap
port de M. Dufaure, qui, comme nous rivons
dit, est imprimé en partie. Il serait à désirer,
dans l'intérêt de la marine, que cet impor
tant travail fût achevé. L'enquête serait ainsi
complétée, et la tâche de h commission rem
plie. Toutefois M. Collas fuit remarquer,
dans la préface, que les résolutions prises par
la commission ne devaient être rendues défi
nitives qu'après la lecture du rapport de son
président, et qu'en outre, elle n'a pas déli
béré sur quelques points relatifs à l'adminis
tration et à la comptabilité.
Malgré ces regrettables lacunes, la publi
cation qui vient d'être faite réunit une masse
de renseiguemens qui offrent, dans l'ensem
ble, le plus grand intérêt. La commission a
porté la lumière dans toutes les parties de
l'administration si compliquée de la marine ;
elle a étudié et résolu, au moins provisoire
ment, toutes les questions qui touchent à
l'existence et à la force de ce grand corps. De
puis la discussion à laquelle avait donné lieu,
en 1845, la demande d'un crédit extraordi
naire de 93 millions pour la construction et
le service de la flotte, véritable tournoi
oratoire que lord Palmerston, venu à Paris,
stimulait par sa présence,, jamais la marine
française n'avait été l'objet d'un examen si
approfondi. D ins les deux cas, elle a beaucoup
gagné à la publicité.
Le tableau de nos ressources maritimes,
exposé à la tribune, en 1815. par les orateurs
les. plus, éminens, avait déjà fait naître la
pensée que notre flatte était en butte à une
injuste défiance, qui avait pris sa source et
qui trouvait peut-être son excuse dans nos
derniers désastres sur mer. L'enquête de
1849 est de nature à rassurer complètement
les esprits sur l'efficacité des services que
notre.flotte peut rendre au pays en temps de
terre.
Comparer notre marine actuelle avec celle
qui a fait la dernière guerre, ce serait mécon
naître les travaux d'organisation qui ont été
poursuivisavec autant desuccèsque de cons
tance pend mt lçs trente dernières années.
[1 n'est pas un des amiraux entendus daus
l'enquête qui n'ait rendu pleine justice à nos
officiers et à nos matelots, et qui n'ait
constaté l'expérience et les lumières des
états-majors, l'instruction militaire et l'ap
titude des équipages. L'inscription mariti
me fournit 139,000 hommes. De ce nom
bre 60,000 sont éminemment propres à bien
faire là . guerre. Or, comme les équipages
comptent un tiers d'hommes provenant de
la conscription, nous pouvons présenter à
l'einemi, quel qu'il soit, une armée de
100,000 marins, et cela suffit, certainement,
avec les alliances qu'il nous serait bien plus
aisé d'obtenir dans une lu,tte maritime que
dans une guerre continentale, pour faire res
pecter notre indépendance.On peu t mêmeêtre
certain d'avance que, le sort des combats
nous fût-il défavorable, nous aurions infligé
-à nos adversaires de telles pertes, que leur
victoire ne leur coûterait pas moins cher
qu'une défaite. Cette attitude est faite pour
inspirer à notre diplomatie une confiance
qu'elle avait perdue, avant 1848, dans ses
rapports avec l'Angleterre notamment.
Dans le cours de ses travaux, la commis
sion a réglé la constitution de la flotte,
c'est-à-dire le nombre de chaque espèce
de bàtimens dont elle doit être com
posée. Les progrès dont est susceptible la
marine à vapeur , l'invention récente et
l'heureuse application de l'hélice aux navi
res à voile ne permettent pas de fixer pour
lonç-temps la composition de nos forces na
vales. La constitution de la flotte, comme
toutes les constitutions possibles, reste ou
verte aux améliorations dont le temps fait
sentir la nécessité. C'est précisément pour cela
que le matériel flottant de notre armée de
mer ne pouvait pas rester dans l'état qui
avait été jugé le meilleur à l'époque où fut
promulguée l'ordonnance de novembre 1846.
Les expériences faites depuis lors ont prouvé,
du reste, combien avait été prudente la résolu
tion qui fut prise àcette époque de continuer
à baser la force de notre flotte sur les vais
seaux à voile, malgré l'avis de marins aventu
reux qui voulaient remplacer ces puissantes
machines de guerre par des frégates à vapeur.
Aujourd'hui, les épreuves auxquelles a été
soumis le vaisseau le Ckarlemagw prouvent
que tous nos bàtimens de ligne peuvent
recevoir une machine à vapeur capable
d'imprimer à ces forteresses flottantes
un mouvement de huit nœuds à l'heure,
sans leur faire subir une diminution trop
sensible dans les vivres, les approvisionne-
mens et les munitions réglementaires. Aussi
la commission avait-elle décidé que, dans
l'interva le de quatre années, tous nos vais
seaux encore neufs seraient munis d'une ma
chine à vapeur auxiliaire.
L'armement des bàtimens de la flotte, le
matériel ds l'artillerie, l'approvisionnement
des arsenaux . en bois de construction et de
mâture, ont ensuite fait l'objet des études
de la commission. Elle a examiné si la dis
tribution de nos forces maritimes était bien
faite, et si les stations navales étaient bien
choisies dans les différentes parties du mon
de; sur ces divers sujets, elle a exprimé
une opinion éclairée par les connaissances
spéciales d^s marins qu'elle comptait dans
son sein, et par l'expérience générale qu'a
vaient acquise sps autres membres dins la
pratique des affaires.
Passant du matériel au personnel de la
flotte, elle a voté le maintien de l'inscrip
tion maritime, et proposé d'augmenter le
nombre des inscrits susceptibles d'être ap
pelés au service de l'Etat, par des ad -
jonctions telles que celle des marins de la
douane. Elle a préparé des modifications
aux règlemens relatifs à l'école navale.
L'infanterie de marine, considérée comme
superflue par la majorité des commissaires,
a été menacée de suppression ; l'artillerie de
marine, au contraire, a trouvé grâce devant
eux et ils l'ont maintenue. La commission a
fixé; la composition des cadres des officier.-» de
vaisseau; elle a déterminé les obligations
auxquelles seraient assujétis les ouvriers de
la marine et les avantages dont ils jouiraient.
Les délibérations qui ont précédé ces vo
tes pourront être utilement consultées lors
que le gouvernement jugera que le moment
est venu de statuer sur les diverses ques
tions soulevées dans l'enquête.
Nous aurons occasion d'examiner à part
quelques-unes de ces questions et de voir si
les décisions prises échappent à toute criti
que. Il nous suffit, aujourd'hui, d'avoir fait
connaître la mirche et les résultats géné
raux de cette enquête. Ordonnée comme
mesure répressive d'abus présumés, elle a
Le Constitutionnel commencera, le jeudi
î" juillet, la publication d'un roman nou
veau ayant pour titre : ,
LA PARÏ DU FED,
histoire contemporaine.
Par M. ALEXANDRE DE LAVERGNE.
fEKLtîTOK DU C0SST1TCT10NKEL, SI JUIN.
THÉÂTRES.
théâtre-français : Ulysse , tragédie en 3 actes,
avec un prologue, un épilogue et des chœurs, par
M. P onsard ; musique des chœurs par M.G ounod.
Le Théâtre-Français, nous a donné un
spectacle curieux et magnifique ; il n'en est
pas que je sache de plus'propre à montrer
toute la grandeur qu'il y a dans la sim
plicité, et de quelle puissance est le vé
ritable naturel. A la représentation i'Œ-
dipe , Voltaire s'écriait : Applaudissez,
Athéniens, c'est du Sophocle ! Hier, à la re-
Erésentation d'Ulysse, M. Pon*ard aurait eu
ten autrenvnt le droit de dire : Ecoutez;
c'est de lHomère ! Son œuvre est pieuse, en
effet, car il a mis sa gloire à s'eflacer pourae
laisser paraître que le divin poète. Mais
quel talent, quel sentiment profond, quel
art dans cette înteliigeute abnégation I N'a
vions -nous pas assez des Grecs et de l'anti
quité? dirontles amateurs d'inventions nou
velles, à qui l'on a persuadé que le cœur se
portait maintenant à droite; moi je crois
qu'il n'a jamais été plus utile qu'aujourd'hui
de remonter aux sources, et qu'une tenta
tive comme celle de M. Ponsard est faite
pour raviver le goût.
Par exemple, nous voilà loin des fadeurs
et des monstruosités à la mode; nous voilà
à IlfecKfus, 8îî pici c 2 fti }•«:'; J Li * aarate»» eu
question se trouvent fort dépaysés, comme
bien l'on pense, et d'ici vous les entendez
demander si on les prend pour des païens,
pour des Athéniens, eux, les véritables habi-
tans de Paris 1 Païens, je ne sais trop s'ils le
sont, mais j pour Athéniens, a coup sûr je
les renie. Ils s'étonnent qu'on en revien
ne aux mœurs antiques et à Homère ;
en effet, les mœurs ae la rue de Breda
les intéressent uniquement, et l'humanité
n'existe pas à leurs yeuxhorsdu bal Mabille;
quant à la langue, ils en savent les tours les
plus nouveaux; les Dames aux Camélias leurs
compagnes sont aussi instruites qu'eux, et
tout ce monde supporte volontiers que ses
poètes favoris lui parlent argot. Sur cette
pente, le théâtre contemporain ira loin 1
faites de l'art, s'il vous plaît, pour un
public d'Arthurset de filles entretenues!
Heureusement il reste encore des lettrés;
il rest^ des familles, que le dévergondage
du répertoire éloigne trop souvent de nos
théâtres ; c'est à cette. société choisie, à
ces spectateurs honnêtes que s'adressent
les nobles spectacles; et quand, en leur
honneur, notre premier théâtre célèbre,
commè hier, quelque grande fête de l'intelli
gence, il mérite bien de l'art et de l'Etat, à
la fois.
Divine immortalité du génie; comme elle
a éclaté I Après des siècles, le vieil Homère
nous apparaît plus jeune et plus sublime.
Quelle naïveté, quelle force, quelle noblesse !
Est-il donc besoin, comme certains l'ont
Erétendu, d'être Grec, pour que ces admira-
les scènes de l'Odyssée vous aillent au
cœur? Non ; il suffit d'être homme, et les
homnv s de tous les temps en seront égale
ment émus. Il y a quelques années, le roi
de Prusse, qui est passionné pour les
lettres, entreprenait de ressusciter Sopho-
clé ; a son exemple , on monta VAnti-
gone à Paris ; les mieux disposés arrivè
rent avec un fonds de raillerie; eh bien !
les ignorans aussi bien que les lettrés,
la foule et les auditeurs d'élite, tous sor-
•firsnt ceB&mdus d'^onnefaest, pour aiûsi
dire, éperdus d'admiration. 0 î n'avait ja
mais encore ressenti une parcjlle émotion ;
et cependant il s'agissait de la tuerie d'Etéo-
cle et de Polynice, du roi Créon et de son
fils mort d'amour sur le cadavre d'Anti-
gone; il s'agissait des malheurs mythologi
ques d'une famille Thébaine bien éloignée de
nous à coup sûr; est-ce que le cri terrible de
la douleur paternelle, est-ce que la plainte
d'Antigone èt le désespoir d'Hemon ne trou
vèrent pas un écho au plus profond des
cœurs? Est-ce qu'à la vue du pèi e rappor
tant son fils inanimé, la salle entière, dans
un paroxysme inouï, ne se leva pas les bras
étendus? Et Racine? Il a fait, d'après les Grees,
sa Phèdre-, il a fait Andromague ; les gens qui '
ont reproché à Racine d'avoir montré des
Grecs de la cour de Louis XIV reprocheront-
ils à l'auteur à'Ulysse de nous avoir rendu les
Grecs d'Homère?
Les scènes de l'Odyssée ne sont ni moins
émouvantes, ni moins humaines qu'aucune
des plus belles que nous ait laissées l'art anti
que? Un homme, un chef puissant est parti
pour une expédition lointaine, abandonnant
chez lui sa jeune femme adorée et un Li's qui
vient de naître; pendant dix années laguerre
le retient ; puis, pendant dix autres années,
les tempêtes et les naufrages,—la colère des
dieux si .vous voulez, car il me semble que,
même aujouid'hui que nous ne sommes plus
païens, elle est encore d'un grand intérêt
dramatique.—Cependant, en l'absence de l'é
poux et d u père,la maison ci 'Ui ysse est désolée.
D>s misérables poursuivent l'inconsolable
Pénélope. Un pauvre enfant, Télémaque,
trop jeune encore pour se défendre, voit sa
mère outragée, son patrimoine dévoré; il
est lui-même menacé de mort par les enne
mis de sa maison ; la mère et le fils désespè
rent, hélas! de jamais revoir le père de fa
mille,. leur Ulysse tant pleuré, Ulysse leur
unique soutien.
C'est alors que le héros aborde enfin le ri
vage d'Ithaque, mais seul, brisé, vieilli, sans
autre ressource que :-on courage et Minerve.
: --- Prenons Minerve gimj&lemejt! pour une fie» *
tourné à la justification complète de l'admi
nistration et à l'éloge de la flotte que cette
administration a formée.
Telle a été sa principale utilité. En outre,
la commission, en rassemblant une grande
quantité de documens précieux, en provo
quant les avis des hommes lès plus compé-
tens, tels que les amiraux Hugon, Baudin,
de Mackau, de la Susse, Dupetit-Thouars,
Casy, Verninac, Laguerre, etc., a préparé
tous les élémens nécessaires à la solution des
questions, et simplifié le travail du gouver
nement à qui il appartient de prendre des
résolutions définitives.
Ces avantages compensent-ils l'inconvé
nient d'initier les étrangers à tous les se
crets de nos arsenaux? L'assemblée qui a
voté l'enquête a-t-elle réfléchi au danger de
livret à nos rivaux la coimai -sance exacte de
notre force comme de notre faiblesse, et de
les avertir d'avance de toutes les mesures
que nous pouvons juger utile ds prendre,
soit pour résister à une attaque, soit pour
devenir as«aillans nous-mêmes? On prétend
que l'administration anglaise est parfaite
ment instruite de l'état de notre marine, et
qu'il n'y a rien à lui apprendre à ce sujet.
C'est possible; mais on peut être assuré ce
pendant que l'enseignement qui résulte pour
nous de l'enquête ne sera pas perdu pour
nos voisins. Toutefois,puisqu'elle était fait»,
ihétalt impossible d'en dissimule r les résul
tats,et le gouvernement, à notre avis, a bien
fait d'en ordonner la publication. D enain.
Le rapport de la commission du budget a
été distribué aujourd'hui. Nous publions le
passage le plus important, celui où le rap
porteur fait conuaître les conclusions de la
commission. On sait que la discussion du
budget commence demain lundi au sein du
Corps Législatif.
Après avoir établi une comparaison entre
le traitement des hauts fonctionnaires en
1847 et en 185-2, et démontré qu'on aurait
obtenu une économie de près de 2 millions,
en revenant aux chiffres de 1847, le rappor
teur explique en ces termes pourquoi la com
mission n'a pas cru devoir revenir sur ce
bui est réglé :
« La commission n'ignore pas quel est dans no
tre pays te sentiment qui, tant de fois, s'est pro
noncé contre ce qu'on appelle les gros traitemens;
mais elle n'a pas voulu, quelque populaire que
cela puisse être, s'en rendre l'interprète auprès de
vous. Si elle s'est trompée, c'est à vous de le dé
clarer !
» Mais aïor?, qu'on nous permette de le dire, ce
qui a contribue à nous entraîner • dans noire er
reur, c'est le profond feniiment de là pos'.iion si
îndeperidniito dans laquelle ta Constitution a placé
le Corps Législatif, pour toutes .ces questions de
traitemens.
» Il nous a paru que mieux que toutes les As
semblées qui vous ont précédés, vous pouviez dire
aii pays qu'il éta t assez grand pour rétribuer gé
néreusement ses fonctionnaires.
» Quoi qu'il en soit, après un examen aussi ap
profondi qu'il nous a été possible de le faire, après
quelques conférences avec MM. les commissaires
du gouvernement, tout en repoussant bien des
demandes de réduction qui nous étaient présen
tées, nous sommes arrivés à proposer une dimi
nution de 28 millions sur les services généraux.
» Et si l'on veut bien, de ces 28 millions, re
trancher 10 millions applicables à une réduction
de l'effectif de l'armée, réduction que, quelle que
fût notre opinion, nous ne voulions, nous ne
croyions pouvoir soutenir dans les circonstances
actuelles, qu'autant que nous aurions pu parve
nir à nous mettre d'accord avec le gouvernement,
on trouvera que les économies auxquelles nous
nous étions arrêtés n'éUisnt que de 18 millions.
' » C'était peu sans doute, mais enfin c'était pres
que la moitié du découvert de 1853, et cela per
mettait peut-être, d'attendre que l'aceroissement
successif des revenus publics eût diminué encore
l'interTalle qu'il s'agit de combler entre les recet
tes et les dépenses publiques.
» Le conseil d'Etat, Messieurs, n'a point admis
toutes nos propositions, Il a cru seulemeut devoir
retrancher des crédits primitifs une somme de
9,233,133 francs, dans laquelle sont compris:
1° 7,000.000 lVanc3 demandés pour le chemin de
fer de Cheibsurg et de Cette; 2" 598,133 francs
relatifs aune dirninulion d'intérêts à payer sur les
fentes inscrites. De sorte, qu'en dernière analyse,
l'économie proposée par le conseil d Etat sur les
services généraux se réduit à 1,633,000 fr.
» Pour votre commission, qui avait la conscien
ce d'être restée au-dessous des réductions de dé
penses qu'elle aurait pu demander, qui avait char
gé Poil rapporteur de vous déclarer que ce travail
si rapide que iious vous présentons aujourd'hui
était loin de faire ressortir toutes les économies
qu'on eût pu désirer, elle a profondément regretté
la réponse qui a été faite à ses prépositions.
» A une époque si avancée de votre session, elle
ne se disfimule pas combien il est difficile qu'une
discussion approfondie vous permetted'enirer dans
les détails du budget; cair bien il vous est difficile
aussi, avec ce peu de temps qui vous reste, de
vous servir des moyens que la Constitution elle-
même vous a donnés de faire connaître votre opi
nion ; nous voulons parler de ce renvoi à la com
mission et au conseil d'Etat des articles que vous
n' .doptt z point, afin qu'ils puissent être modifiés
d'un commun accord.
'» Toutefois, si, fi lèles à la pensée , aux senti-
raens que nous avons fait connai re en commen
çant ce rapport, nous n'avons pa= voulu insister
devant vous sur toutes nos proposition?, nous n'a
vons pas-cru non plus devoir les abandonner tou
tes. C'est ce que nous vous expliquerons, lorsque
nous les rencontrerons dans les diverse parties du
budget.»
Nous croyons devoir citer encore le passa-
ve dans lequel le rapporteur résume l'opi
nion de la commission sur le ministère de
la police générale :
« Il n'en a pas été tout-à-fait de même, nous
devons le dire, pour le ministère de la police. Dans
l'esprit de bien des membres de la commission,
qui se sont rendus les échos de l'opn.ion manifes
tée dans beaucoup de bureaux, le surcroît de dé
penses qui résalte de l'établissement du ministère
de la police en est le moindre inconvénient. Ce
qui les piéoccupait, ce sont les complications et
les défiances que peut faire naître cet établisse—
semènt. Ils craignent que fans attributions bien
définies, sans fonctions qui hissentde traces après
elles, les agens de cfitte nouvelle administration
ne soulèvent des çonflitsentre eux et d'autres fonc
tionnaires qui seront ainsi exposés à perdre une
partie de leur influence sur les populations.
» Ils rendent toute justice à la pensée qui a pré
sidé à cette création, à l'expression dont s'est re
vêtue cette pensée; mais ils savent que les institu
tions ont aussi leur logique ; et si la police leur
parait précieuse lorsque, auxiliaire de l'adminis
tration et de l'autorité judiciaire, elle n'a qu'une
action secondaire, ils la re loutent lorsqu'elle a le
rôle principal. Alors, aux. craintes que leur inspire
l'importance qu'on lui donne viennent se joindre
les crainte* non moins vives que leur fait conce
voir l'importance qu'elle pourra vouloir se donner.
» Q joî qu'il en soit, lorsque cette administra
tion vient d'être établie, brsque tant de détesta
bles doctrines ont, pendant près de quaire ans,
égaré tant d'esprits; lorsque le gouvernemtntpense
trouver dans cette organisation une force péces—.
saire pour assurer la tranquillité publique, quel
que profonde que soit notre conviction sur les in-
convéniens de cette création, nous n'en croyons
pas moins devoir attendre que l'expérience ait
prononcé. »
La commission, malgré l'avis contraire
du conseil d'Etat, persiste à demander une
réduction de 2 millions sur les travaux du
Louvre, de 40,00» fr. sur la subvention du
Théàtre r Italien, de 60 000 fr. sur la subven
tion de l'Opéra, de 5,00Q fr. sur le person
nel du ministère de l'instruction publique,
de 1,500,000 fr. sur le matériel de la ma
rine, de 300,000 fr. sur la construction de
routes en Corse, de 230 000 fr. sur les tra
vaux de la rue de Strasbourg. Elle persiste
également à demander la suppression du
crédit de 800,000 fr. ouvert au ministère
de l'intérieur pour dépenses secrètes de po
lice politique, le rejet du crédit ouvert au
ministère de la police pour frais d'inspec
tion dans les départemens, et la suppression
des indemnités allouées au cammandant-
général des gardes nationales et à son chef
d'état-major.
Le secrétaire de la rédaction, l. bonifa CE.
tion; cette fiction est très poétique et tout-à-
fait acceptable chez les modernes.—A peine
si, de ses yeux éteints,Ulysse a pu reconnaître
sa terre natale; comment le reconnaîtra-t-on,
lui ? Cependant il s'informe, il apprend que
sa maison est envahie, sa femme aux abois,
et son fils, son cher fils.... Ah! quel noble
front ! quel œil ardent !... à la vue de Téléma-
que, Ulysse ne se contient plus, ouvre ses
bras;... le cri du sang pousse l'enfant sur le
sein de son père !
Les voilà donc confondus dans un long em-
brassement, puis associés, le père et le fils,
pour la même vengeance ! Que Télémaque gar
de bien le secret ; il ne faut pas que Pénélope
elle-même sache le retour d'Ulysse. Ulysse
.s'introduit en mendiant dans sa maison; de
vant Pénélope il étouffe l'irrésistible cri pr t
à sortir; Pénélope s'intéress'e à ce pauvre
homme qui dit avoir rencontré son époux ; v
elle veut qu'u soit traité comme un hôte ;
mais les insolens dont la maison est remplie
insultent le mendiant ; un d'entre eux le frap
pe. Télémaque, hors de lui, va venger son
père; un signe l'arrête; il n'est pas temps en
core d'éclater!... C'est quand l'orgie tient ses
ennemis à demi abrutis, quand il les a vus
s'essayer tous inutilement à tendre la corde
de son arc,— car Pénélope, lassée, promet de
se donner à celui qui pourra se servir de.
l'arme redoutabledeson ma i,-— c'est quand
Télémaque a enlevé prudemment les épées
de la salle du festin, qu'Ulysse se révèle. Il
prend d'abord l'arc, à la risée générale; il
Je tend et s'écrie d'une voix retentissante :
« Je suis Ulysse ! » puisj aidé de son fils
et de quelques serviteurs fidèles qui l'ont
reeonnu à la force de son bras, il 'extermine
les amans de sa femme, toute la bande de
pillards qui s'était installée chez lui, recon
quiert sa maison; et, comme la chaste Péné
lope , quoique entraînée par son cœur,
doute encore si l'étranger est son Ulysse,
Ulysse dissipe le dernier doute delà pudique
épouse eu lui disant un secret connu d'elle
et de lui seulement.
Connaissez-vous beaucoup d'inventions
modernes aussi palpitantes que celle-là?
quelque chose de comparable à l'enivrement
d'Ulysse lorsqu'il se prosterne sur la terre ,
natale ? au premier embrassement du père
et du fils? à l'entrevue d'Ulysse en habit de
mendiant avec Pénélope? quelque chose de
plus terrible que le silence d'Ulysse lorsqu'on
l'insulte dans sa propre maison; que ce mou
vement suprême de rage, aussitôt éteint et
changé en sourire ? quelque chose d'égal au
cri d'Ulysse : « La mort est sur vous tous ! »
et à l'implacable vengeance qui la suit :
Ah chiens !
Vous ne m'attendiez pas quand vous pilliezmes biens.
Vous me croyiez encore sous les murs de Pergame,
Lorsque de mon vivant vous poursuiviez ma femme,
Sans pudeur, sans remords, sans avoirsous 1rs yeux
L». blâme des humains, ni le courroux des Dieu*; !
Ah ! vous ne saviez pas qu'au jour de la justice,
Terrible, armé du glaive, apparaîtrait Ulysse!
Le voilà ; pâlissez, car la mort est sur vous !
C'est ainsi que M. Ponsard traduit Homère,
fidèle à l'esprit, fidèle au texte, et d'autant
plus poêle, que la poésie même de l'Odyssée
resplendit dans ses vers. On pense bien que
ce n'est pas M. Ponsard qui se serait permis
d'ajouter quelque chose au chef-d'œuvre ; ces
libertés conviennent peiit-être aux hommes
d'imagination qui font des proverbes et des
mélodrames; pomtàl'aut ur de Lucrèce,d'A
gnès de A/éranieet de Charlotte Corday. Je cite
avec intention les trois ouvrages, car on a vou
lu faire expur à M. Ponsard le succès de
Lucrèce , comme surfait ; et pourtant cha
cune des deux autres pièces aurait foudé sa
réputation si elle n'eût été justement établie.
La vérité est qu'on ne pardonne pas facile-
mentle succès. Mérité ou non, on le fait tou
jours expiçr; heureusement l'opinion étant
plus forte que les rancunes et les jalousies,
la critique injuste éleve certains hommes au
lieu de les amoindrir. Est-il un poète plus
digne de l'estime publique et de la sympa
thie que M. Ponsard? un écrivain qui honore
plus que celui-là les lettres parson caractère et
son talent? Tout entier à l'art, dès le début,
il n'a pas un instant dévié. Point de tran-
S saetioa avec le métier, point de facilité de
On nous assure que la fusion des chemins
de fer de Lyon à Avighonyd'Avignon à Map
seille, et des trois chemins du Gard et de
l'Hérault, vient de s'effectuer. Le gouverne
ment s'est, dit-on, empressé de saisir le con
seil d 'Etat d'un projet de loi élaboré déjà de
puis long-temps, et qui doit clore la série
des lois présentées cette année au Corps Lé
gislatif.
La combinaison que le projet sanctionne
ne réclame aucun sacrifice de la part du tré
sor; elle n'offre que des avantages à l'Etat ;
et assure l'exécution immédiate de l'em
branchement de Rognac à Aix, et de la ligne
de fer de Marseille a Toulon. Les fonds de la
compaguie fusionnée feraient seuls face pen
dant plusieurs années à ces divers travaux.
Il résulterait aussi de cette fusion une
baisse importante dans le tarif des charbons
de la Grand 'Combe et d'Alais ; l'Etat profite
rait pour les approvisionnemens de la ma
rine, à Toulon, d'une large part dans cette
réduction.
l'Africain, dans son numéro du 12 juin,'
donne des détails sur l'échauffourée qui avait
j<-té une assez vive émotion dans le cercle de
Guelma •
« Le bruit circulait depuis huit jours dans les
tribtàs, dit cé journal, qu'une aimée tunisienne
allait envahir la province de Constantine' et com
battre les troupes françaises. Ce bruit corrobo
rait cette prophétie, d^jà vieille de quelques an
nées, que l'an .18.52 verrait les Français expulsés
de l'Algérie. Il n'en fallait pas davantage pour
amener la fermentation, puis bientôt la révolte
chez df s peuplades fanatiques et grossières.
» A un Hîarché des Ouled-Dhan (aans laparîie
sud-est du cercle de Guelma), l'on tomba d'ac
cord qu'un soulèvement en masse aurait lieu, et
bientôt après des contingens se mettent en cam
pagne, menaçmt d'abord les mines de cuivre si
tuées chez les Sellaoua. Mais avant d'avoir atteint
ce point, ils changent de direction, soit qu'ils re
doutent les secours que l'autorité française ne tar
derait pas à y envoyer, soit qu'ils aient appris
qu'ils rencontreraient une vive opposition de la
part des Arabes du pays.
» Ils se dirigent alors sur un petit poste dépen
dant du cerclé de Guelma et compose de travail
leurs militaires occupés à la construction du cara
vansérail et de la route d'Aïn-Souda.
- » Des troupps sont immédiatement dirigées sur
ce point de Constantine et Bone, et, dans trois
rencontres successives, écrasent les révoltés, qui
s'enfuient dans toutes les directions, laissant un
grand nombre des leurs sur le carreau.
» Sur ces entrefaites, on avait reçu à Constan
tine la nouvelle qu'Aïn-Beïdhaavaii'eté enveloppée
par 3,000 cavaliers environ, appartenant aux Ha-
racta, aux Nemencha et à la.traction des Segnïa
appelée Ouled-Mahboub. , _
» Une colonne est sur le champ organisée et
part d»;.Constantine sous le,commandement de M.
le chef de batailion des zouaves d'André. Elle se
dirige sur Aïn-Bd lha, ou le nombre des révoltés
s'était successivement augmenté jusqu'au nombre
de près de 3,000. •
»,A son arrivée, elle trouve la famille du kha-
lifat enfermée dans son bordj avec vingt-sept hom
mes du goumetses serviteurs particuliers. Quant
à la petite garnison, elle n'a pas quitté la maison
de commandement, dont la porté, restée constam
ment ouverte, est défendue pa» 1 des spahis qui ti
rent sur tous ceux qui passent à portée de fusil.
Quarante-deux insurgés ont, dit-en, été tués
ainsi, sans que nous ayons eu un seul homme de
blessé.
» Annoncer l'arrivée de la. colonne, c'est dire
qu'Aïu Beïdhaaeté immédiatement dégagée, et que
les révoltés ont reçu un terrible châtiment.
» En résumé, au moment où nous écrivons ces
lignes, l'insurrection est dominée partout où elle
avait levé la tète. Les troupes réunies sur le théâ
tre des événemens sont plus que suffisantes pour
en tirer une éclatante vengeance, qui ne se fera*
pas attendre .probablement, car nous croyons sa
voir que l'autorité militaire est disposée à. agir
avec la plus grande sévérité à l'égard, des iaipru-
dens qui ont voulu lever l'étendard de la révolté
contre nous. »
Nous ne trouvons rien encore, dans les
jourmuxd'Afrique, sur ce qui se .serait passé
à Collo ou aux environs. Le Moniteur algé
rien du 15 se borne à annoncer que M. le
gouverneur-général venait de rentrer le 13
juin à Alger, de sa fournée dans la Kahylie.
Eu donuaut la même nouvelle, YAkhbar
ajoute :
« Dans ce voyage, M. le gouverneur-général a
visité la colonne de M. le général Camou, et exa
miné les travaux importans commencés p.ir l'ai
mée. Jusqu'ici, aucune hostilité n'est venue trou
bler cette œuvre, qui doit ouvrir à notre commer-,
ce de précieux débouchés, et qui avancera beau
coup le moment de la^ soumission générale de ces
contrées, »
conscience, y allât-il de la fortune. Tout est
de sa part sérieux et honorable ; sûr de lui, '
il se contentera de l'approbation respectable
des vrais juges plutôt que d'aller à la réussite
bruyante par des moyens douteux: et, cepen
dant, il a commencé au milieu d'uné vogue
à laquelle d'autres que lui auraient tout sa
crifié pour la conserver.
Ulysse n'est point un drame d'invention
comme Agnès, comme Charlotte Corday, ni
même comme Lucrèce ; c'est une pure étude,
mais une étude capitale, et qu'un homme de
la force de M. Ponsard était seul capable
d'entreprendre. Il ne faudrait certainement
pas qu'une composition de ce genre entraî
nât lesautres auteurs;—d'ailleurs le Théâtre-
Français ne lesjouerait'pas;—mais, comme'
enseignemént, Ulysse est une grande et belle
chose; c'est en même temps un spectacle r
d'une puissante émotion.
M. Ponsard entre en matière au treizième
livre de l'Odyssée, passant par-dessus toute
la partie des voyages d'Ulysse, et supposant
Télémaque de retour.de chez Ménélas. La -
pièce, coupée comme la tragédie grecque,
commence par un prologue, suivi de trois
actes, et se termine par un épilogue ; elle a
les cinq parties distinctes, et le chœur inter
vient dans l'action. Cependant, faute d'un
double théâtre, et précisément parce que le
chœur se mêle attx persônnagès sur l'unique •'
scène, le caractère de la strophe et de l'anti- :
strophe est modifié; le chœur ne forme plus
un « parte, comme dans le théâtre gr« j c;
de raisenneur, il devient partie agissant/ â
peu près comme dans les drames lyriques
ordinaires. C"la sert merveilleusement le
musicien, qui n'étant plus réduit à uue nié-*
lopée déclamatoire, à une espèce de récita
tif religieux, peut déployer toutes ses res
sources. Aussi M.Gounoda-t-ilécrit une vé
ritable partitios , et l'on jugera d'après
les chœurs si remarqués de Sapho ce que
sont les chœurs d'Ulysse. Le théâtre s'est
prêté avee magnificence aux exigences du
poète et du musiden ; d'admirables d»cors <
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