Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-06-12
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32747578p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 124053 Nombre total de vues : 124053
Description : 12 juin 1852 12 juin 1852
Description : 1852/06/12 (Numéro 164). 1852/06/12 (Numéro 164).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k669678f
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUMÉRO 164.
: trwe *Se W&lGtn (K*aialii«fiftoyal) 9 "ii *<©
mm m immwm i «inriiiiiii«nininiiiMiiiiiiniiiiiwFiimiiii mi n i
B 1852. — SAMEDI 12 JUIN*
VAIS DE L'ABONNEMENT
WÙUS ....... là ». PAR . TRIMESTRlJ
DÉPAHTEMEKS. 16 ï. —
UN NUMÉRO : tO CENTIMES.'
rom LES PATS 6TKANCEBS, SQ reportflf
tableau qui sera publié dans le Journal,'
10 et M de ohaque moisj;
i . .[ r •
la tiotuumtns datent de» l* ei it
■■■■■' d* thaqug moit.
S'adresser, franco, pourja rédaction, à t ^ Ç dchkv ^- G l ^ iugnt , rêa
Les articles déposés n« sont pas rendus.
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
' - . ' ; . ' . > f i
■ ' : - > ( ■ ; r»i ; ; • •- , ■ t j >'.<./ 1 ?.*î L ' t 'i
I On s'abonne, dans les département, aux Messagerie t et aux Direction» de po»te,-r~A Londres, chez MM. G ovie et Ftus.j
| —A Strasbourg, chez M. A ix& AND& k ,* pour l'Alletname. ' . > F
S'adresser, franco; pour l'administration, ç ,M.[D enain, directeur.
Les annonces sont reçues au bureau du Journal; et ohex M.'PANIS, régisseur, 10, place
îmmédiateïnerît après la fin de la
session dû Corps Législatif, M. le
D r Y éron publiera, dans la partie
politique : dû Constitutionnel, une
.série d'articles sous ce titre
1A FRillICE HOVVEXiliE.
PAMS, il JUIN.
La France possédait autrefois un grand
empire colonial, et, par suite, elle avait une
-Véritable prépondérance sur mer. Nous avons;
perdu l'Une après l'autre les plus importan
tes «t les plus riches de nos possessions. En
môme temps nous avons vu diminuer les
forces de notre flotte. Nos colonies tombées,
jiar conquête ou par cession', aux mains
de l'ennemi, 'nos populations du littoral
ont cherché, dans l'exercice des profes
sions sédentaires des ressources que la ma
rine ne leur offrait plus. Puis est venue
l'époque de nos grands désastres mariti
mes. Aù milieu .de toutes nos défaites
sur mer, si quelques actions d'éclat ont re-
l«vé, non l'honneur de notre pavillon, par il
.est demeuré-sans tache, mais ïa gloire de
nos armées navales, c'est pour les colonies/
et avec l'aide.de leursbraves populations,
qu'elles ontiété accomplies. Nous citerons
; seulement l'immortel combat du Grand-
Port, à l'île de .France, dernier reflet de no
ire ancienne rénommée dans; les mers de
-l'Inde, "glorieuse page "d'e la vie de l'amiral
. Duperré. m
Point de marine sans colonies. C'est .vai
nement que de dangereux économistes font
briller aux yeux des armateurs de nos ports
l'espoir de disputer sur lesmârchés étrangers
le bénéfice des transports par mer à nos ri
vaux, qui en possèdent aujourd'hui le mono
pole. Û faut être pourvu d'une dose peu
ordinaire de cette vanité distinctive de notre
: caractère national, pour mordre à un tel ap
pât. Noire marine marchande jouirait, en ce
moment',' de tojltes les .ressources et de
- toute Inactivité qu'elle avait à l'époque où
! nous possédons lé Canada, la* Louisiane,
Saint-Domingue^ l'Isle^de-France et d'im-
pertans territoires dans l'Inde, qu'elle .serait
encore inférieure :îàans les.-.ports étrangers
"aux marines anglaise et "américaine^ parce
■ que celles-ci sont depuis long-tempseri pos-
; session de la confiance des commerçans du
pays. ' •. - :
" 'Il ne suflfy pas de se, présenter -j même
' avec des avantages égaux, sur un marché,
" polir y obtenir, la préférence. Dans ; le do-
■ maine commercial une longue possession
. Tant titre : il faut tien' peu' d'efforts pour
- maintenir la prospérité des anciennes rnai-
.SQns ,,,mai? cé n'est que par des.prodi-
- jes 1 d'habileté' qu'on parvient .à détourner
I vers les nouvelles le courant de . la faveur
publique» Or, notre marine de commerce est
^ loin de pouvoir se présenter- dans lgs ports
- étranger# avec des avantages égaux h ceux
. de ses concûrrens.. Là même où le pavil
lon français est traité .par la douane sur
le même pied .que l'anglais ou l'améri
cain, n'est-il pas prouvé par l'expérien-
- ce, que ceux-ci peuvent au besoin opérer
les transports à.meilleur marché?
- i . gi notre marine marchande n'est point en
étàtàelutteravec eux sbus ce rapport, çen'est
' même pas parce que la construction de nos
maires est plus dispendieuse, parce que nos
* marins, n'étant plijs aussi fiers de leur pro
fession, en perdent le,goût et'ne peuvent y
- être retenusjqûft par des salaires élevés;
non* c'est surtout parce jjyi'e l'activité même
. flu. mouvementée tfa navigation anglaise et
' américaine fltu}ltjpïi^les^rofi.t3. dé céçdé^x
- marines, et leur permet de les faire plus pe-
ïits.'.Les .capitaines de Jj'âtimens anglaisât
américains peuvent même prendre du fret à
, perte, pour ruiner des concprrens français.
Leurs voyages sont si nombreux, que leihé-
' néfipé résultait destins' compense et Au-delà
la per te éprouvéedkns lès autres. On a vu ce
l-fait^e produire, dans l'inde pglaije, depuis
' le rappel des lois protectrices de la : navi-
: gation britannique. Des navires américains,
au r#tourjdp traversées fructueuses en -Cali- i
fornie, sont venus enlever, à Calcutta, le fret
destiné aux navires sortis de la Tamise, et
ceja parce qu'ils ont pu le prendre au rabais
, En présence de tels exemples; il est réelle-
ment insensé de vouloir mettre en lutte le
pavillon du commerce français,.pavillon ap-
.{•pâuwû ,par.june4ofJgue inaction, avea.d'ftussi
rudes jouteurs que les bàtimens deLiver-
pool et de New-York. . i
. Les ^marchés réservés , les colonies sont
donc le premier besoiu de notre navigation.
Tout au plus serait-il possible de fonder une
partie de l'avenir de notre marine marchan
de sur les goûts de populations françaises
établies en pays étranger. Sur les rives de
la Plata, par exemple, il existait une agglo
mération considérable de nos compatriotes,
et notre industrie maritime y trouvait des
encouragemens. Peut-être le transport des
émigrans et des produits dé notre pays à
Montevideo, lui eût fourni des élémens d'ac
tivité croissante. Cet intérêt a été méconnu
en plusieurs circonstances; ce n'est pas ici
l'occasion de nous appesantir sur, cette faute.
Ce que nous voulons prouver par cet exem
ple,c'est que là où le> marché n'est pas ré
servé à notre pavillon, il ne peut avoir dé
chances de l'emporter sur celui des deux
premières marines marchandes du monde,
que s'il est exceptionnellement favorisé par
les sympathies et Je patriotisme de natio
naux. . ■
En Afrique même, où nous avons des re
lations très anciennes avec les peuplades du
littoral, nos armateurs sentent le besoin d'a
voir à terre des établissemens destinés à ré
pandre le goût de nos produits et à mainte
nir l'influence de notre pavillon. Le com
merce des"graines oléagineuses, dont seuls
nous faisons un usage lucratif, devrait nous
assurer la supériorité partout où l'on ré
colte ce produit; mais la navigation anglaise
est si industrieuse et si active, qu'elle l'em
porte presque toujours, quoiqùe combattant
à armes inégales..
C'est en dire assez, dans un article, pour
démontrer la nécessité, -non-seulement de
garder nos colonies, mais de nous réserver
leur approvisionnement, ainsi que l'exporta
tion de leurs produits. L'espoir peut-être
chimérique de uaultiplier nos relations avec f
le Brésil, par exemple , vaut - il la cer
titude d'être expulsés de la Martinique, de
la Guadeloupe et de Bourbon parla ma
rine anglaise, et celle ,de livrer à nos ri
vaux ennemis ce commerce lucratif de
la gomme dont la France s'est assuré le
monopole, en fermant le Sénégal aux étran
gers? Poser une telle question, c'est la ré
soudre. J
11 fut un temps, cependant, où les libre-
échangistes trouvaient, dans l'existence de
l'esclavage aux colonies, un prétexte pour
proposer d'abandonner c«s établissemens à
eux-mêmes. Ce régime de l'esclavage, anti T
pathique à nos mœurs, formait eu outre uri
contraste violent avec les institutions de la
métropole ; tout le monde comprenait que
le maintien en était impossible; mais on
jpgardait l'affranchissement inévitable des
«selaves comme devant entraîner la rui
ne ' des colonies. Les intéressés contri
buaient à accréditer cette opinion par des
récriminations quelquefois peu intelligent
tes. On avait devant les yeux l'exemple de
colonies anglaises très importantes, telles
que la Jamaïque et la G uyane, où l'émancipa
tion avait été suivie de la désorganisation
générale des ateliers. Le libre -échaDge avait
donc beau jeu pour demander l'abandon des
colonies et l'ouverture de leurs ports aux
étrangers Pourquoi conserver le mono-
» pôle de la navigation avec des colonies qui
» bientôt ne produiront plus et consomme-
» rontpçu? disait-on. N'est-il pas bien préfé-
» rable d'obtenir, par une renonciation à ce
» monopole prochainement improductif,
» l'entrée des ports étrangers-, où nos bâti-
» mens peuvent trouver un emploi fruc-
» tueux? » ;
Ce raisonnement était spécieux, mais les
'événemens ont trompé l'attente des écono
mistes de cette école. L'émancipation, quoi
que brusquement prononcée, et bien qu'ac
compagnée d'une crise politique qui avait
tari jusque dans la métropole les sources du
" travail, n'a fait qu'ébranler pendant un.mo-
ment la société coloniale. La production du
sucre à la Martinique, à la Guadeloupe, à la
Réunion, a subi, dans le cours de la pre
mière année, une diminution sensible qu'il
était facile de prévoir,- et dont'l'affranchisse-
mènt subit des noirs n'a peut-être pas été la
principale cause. Comment les colonies
auraient-elles pu supporter, sans une pro
fonde perturbation , les "prédications ar
dentes des clubistes,. lès instigations plus
ou mpins dissimulées à la révolte et au
partage? Comment, dans ce chaos d'idées
subversives qui agitaient la métropole et qui
se communiquaient aux colonies, la peur
n'aurait-elle pas gagné les uns, et la cupidi
té n'aurait-elle pas enflammé les autres ? On
a vu, dans les Antilles, un commencement
d'émigration, on y a vu aussi des incendies,
des essai? - de révolte. Mais les progrès du
mal se. sont arrêtés devant la solidité de l'ad- j
ministration ' française. Cette administra
tion, que les révolutions n'ont pas profon- j
dément entamée, Dieu merci! est inter
venue avec : sa fermeté impartiale, son
expérience éprouvée, au milieu des par
tis qui divisaient les colonies. Peu à peu,
chacun est rentré dans l'ordre et dans le de
voir ; toutes les prétentions ont été refoulées ;
les passions, privées d'aliment, se sont apai
sées, et, avec le calme, le travail a reparu.
L'exportation des denrées coloniales est de
venue de plus en plus forte. D'après une sta
tistique que nous trouvons dans un intéres
sant article de la Revue des Deux-Mondes }
statistique que nous croyons parfaite -
ment exacte, la production, dans les trois
colonies que nous avons citées, est en voie
de progrès incontestable, et on peut espé
rer qu'elle atteindra la moyenne de l'expor- -
tation antérieure à l'abolition de l'esclavage.
Ce résultat s'obtiendra surtout grâce aux
mesures • prises par le gouvernement pour
favoriser l'introduction dans ces établisse
mens de cultivateurs étrangers. L'Inde en a
déjà fourni près de vingt mille à la Réunion;
les colons dés Antilles voudront sans dou
te aussi demander aux populations affa
mées de l'Indoustan les ouvriers dont ils
ont besoin. Puis, grâce aux perfectionne-
mens que chaque jour voit appliquer aux
diverses méthodes de fabrication du su
cre , nos possessions coloniales entreront
peut-être dans unenouvelleère de prospérité.
Quel que soit du reste l'avenir des colonies,
le présent, tel qu'il est, suffit pour enlever à
leurs adversaires le prétexte que leur offrait
l'approche de l'émancipation. Le monopole
colonial est aussi précieux que jamais, puis
que Fexportation des produits de nos éta
blissemens d'outre-mer s'y soutient et que
la consommation des marchandises de la :
métropole tend-à,y augmenter. Nous aurons^.-'
donc raison de conserver intact le privilège
qui nous y est assuré, et nous ne sacrifie- ;
rons pas les profits certains de notre navi- •
gation avec les colonies françaises pour cou
rir les chances. d'une concurrence à forces
inégales qui déjà nous a été plus d'une fois -
préjudiciable. denain.
Le congrès américain fait trêve à la poli
tique, et depuis le jour où il a voté une sub
vention .de 33,000 dollars par voyage à la
compagnie des bateaux à vapeur qui font
le service entre New-York et Liverpool, il ne
tient plus de séances que pour la forme.
L'élection 1 future à la présidence est deve
nue le thème de toutes les conversations,
le sujet de toutes les conjectures, la préoc
cupation de tous les esprits. Les deux grands
partis ont choisi Baltimore comme siege de
leurs conventions, c'est-à-dire de leurs réu
nions électorales préparatoires. Celle des dé
mocrates a dû se tenir le {"juin, celle des
whigs se réunira le 15 du même mois. '. ?
Un écrivain du parti démocratique a adres
sé une lettre circulaire à tous les candidats
de son opinion, • pour, leur demander leur
sentiment au sujet du compromis. Tous les
personnages ainsi mis en demeure de s'ex
pliquer, ont répondu que le bill de compro
mis leur paraissait une mesure inattaqua
ble, et qu'ils croiraient devoir user du
droit de veto pour repousser toute modifi
cation qu'on tenterait d'apporter à quel-,
3u'une de ses gartios, même a la loi d'extra-
ition des esclaves fugitifs. Toutes ces lettres
ont été rendues publiques et ont produit le
plus grand effet. C'est une avance évidente
faite par les. candidats démocrates ? aux
Etats' propriétaires d'esclaves. Les candi
dats whigs seront obligés d'entrer dans la
même voie, sous peine .de voir leurs chan
ces s'affaiblir dans le Sud. Cette nécessité de
se prononcer catégoriquement pourra être
> un embarras pour le général • Scott, qui
compte beaucoup d'adhérensparmi les abo
litionistes, adversaires déclarés de la loi d'ex-
' tradition. »
On sait déjà que le général Cass est le
candidat qui réunira le plus de voix dans
la convention démocratique de Baltimore
M. Buchanan le serrera d'assez près. Com
me l'usage du parti exige que le candi
dat définitif réunisse une majorité dés - deux
tiers, il est fort possible qu'il arrivé au gé
néral Cass ce : qui est arrivé, il y a huit
ans, à M. Van Buren. Si lès amis de M. Bu
chanan lui restent obstinément fidèles, de
façon que la majorité ne puisse jamais at
teindre le chiffre voulu, force, sera de faire
un compromis et de se rejeter sur un troi
sième candidat à l'exclusion des deux prin
cipaux compétiteurs. C'est ainsi qu'il y a
huit ans, M. Polk, dont on n'avait jamais
ouï parler, se trouva inopinément le can
didat des démocrates, et par suite président
des Etats-Unis. * '
Il n'est pas impossible que,le.même inci
dent se produise au sein d& la convention
des whigs. Le général Scott et M. "Fillmorç
se partageront le plus grand nombre des
suffrages; et si leurs partisans s'opiniâtrent
à ne pao lès abandonner, il faudra se ra
battre sur M. Webster, dont les chances, èn ce
moment fort affaiblies, se relèveraient tout
à coup grâce à la rivalité de ses concûrrens.
C'est là ce qui fait l'espoir des amis de M.
Webster, malgré les défections que sa< can
didature a subies au sein même de son Etat
natal, le Massachussett - »
C ucheval- G lajugny.
Plusieurs faits importans ressortent du
compte mensuel que vient de publier la
Banque de France.
On remarque d'abord la diminution des
avances sur effets publics français. Ces avan
ces, qui avaient atteint 94 millions à. la suite
des affaires occasionées par la conversion
des rentes, étaient déjà descendues, le 1 O rnai,
à 70 millions. Elles ne sont plus aujourd'hui
que de 52 millions. C'est, par conséquent,
une nouvelle réduction de 18 millions pen
dant le mois dernier. Ainsi, ce chapitre se
rapproche peu à peu de son chiffre habituel,
qui est de 18 à 20 millions.
Pendant que les avances sur effets publics
décroissent, les avances sur actions et obli
gations de chemins de fer continuent, au
contraire, d'augmenter. Elles montent ac
tuellement à l4. millions. C'est 6 millions de
plus qu'au mois de mai et 10, millions déplus
qu'au mois d'avril. . ' . i
Malheureusement le portefeuille est loin
de suivre la même progression. Il a éprouvé,
au contraire , un mouvement rétrograde
pendant le mois dernier. Il a décru de 130
millionsàl27. Malgré la diminution du taux
de l'escompte, le papier de commerce est
toujours rare. Le crédit commercial a peiné
à. se relever. • ,
. La ville de Paris a commencé à se libérer
envers la Banque, et le compte provisoire
des avances qui lui avaient été faites sur,
l'emprunt des 50 millions, est tombé de 20
millions à 10.
L'état du compte-courant du trésor indi
que une bonne situation financière. Letrésor
avait, au mois de mai, 87 millions en dépôt
à la Banque; il en a aujourd'hui près de 93,
malgré le remboursement des rentiers qui
n'avaient pas accepté la conversion.
Les comptes-couràns des particuliers se
sont considérablement accrus. Ils se sont
élevés de 140 millions à 187. On peut èn con
clure que les capitaux éprouvent enco
re de l'hésitation , à s'engager dans les af
faires. Mais c'est aussi une preuve qué
l'argent ne manque pas.
Si l'on compare le montant de la-réserve
en numéraire et de la circulation en billets,
on voit que la réserve est montée de 597
millions à 621, taudis que la circulation est
au contraire descendue de 636 millions à
612; c'est-à-dire que la Banque est revenue
à cette situation anormale d'une réserve en
numéraire plus considérable que sa circula
tion en billets. . bcrat,
situation de la banque de france
et de ses succursales-
Au jeudi 10 juin 185Ï.
ACTIF
Argent monnayé et lingots -505.875.821 18
Numéraire dans les succursales... .. 116.085 188 »
Effets échus hier à recouvrer ce jour. '71.7.64 22
Portefsuille de Paris, dont 19.45Ï.8S7 •-.;•{
fr. 53 c. provenant des succursales 47.157.276 64'
Portefeuille des succursales, effets sur
place 80.449.552 »
Avances sur lingots et monnaies ... 3- 542.800 »
Avances sur lingots et monnaies dans
les succursales. 1.820 484 »
Avances sur effets publics français.. 47.493.036 10
Avances sur effets publics français ' • ..
dans les succursales 5.431,093
Avances sur actions et obligations de . ' ■ '
chemins de fer 10.923.000 »
Avances sur actions et obligations de ;
, cheminsdefer dans les succursales 3.472.815 »
Avances à l'Etat sur bons du;.trésor 50.000.0S0
Avances'à l'Etat sur ,1e traité d.u. 30
juin l§4é..„',, :
Avances provisoire^ a la ville de Paris
sur l'emprunt de 50 milheus......
Rente de la réserve.
Rentes, fonds disponibles
Hôtel et mobilier de la flancue
Immeubles des succursales
Intérêt dans les comptoir s nationaux
descompte 116.602 60
Dépenses d'administration de la ban
que et des succursales 1.17S.851 26
Divers 91.855 43
75.0^.(100, »
00» »
000
896 32
000
661
10 800:.
10.000.
55.635
4.000.
3.680.
1.030.423.696 75
PASSIF.
Capital de la banque 91.250.000
Réserve de la banque 12 980.750 14
Réserve immobilière de là banque... 4.000.000
Billets au porteur en circulation, de
la bantîue...v...473.650.690 »
Billets au porteur en circulatioa, des
succursales 138:771.175
Billets à ordre payables à Paris et dans
•lessuccursales.. 7.123.284 10
Récépissés payables à vue à Paris et
dans les succursales ........... 15.774.931
Compte-courant du trésor, créditeur. 92.850.215 04
Comptes-courans de Paris.. ,. 151 943.254 14
Comptes-çourans dans les succursales 35.174.310
Dividendes à payer. 251.885 25
Escomptes et intérêts divers à Paris
et dans les succursales 3.318.677 93
Réescompte du dernier semestre à
Paris et dans les succursales 410.042 10
Rentrées excédant l'évaluation des
- effets en souffrance 701.491 19
Divers.. ." 2:223.080 86
1.030.423 696 75
Certifié le présent état conforme aux écritures de
laBanque, •
t. Le gouverneur de la Banque de France,
Signé, d'à RGOCT.
On lit dans le Moniteur de l'Armée :
« Le courrier d'Alger nous apporte aujourd'hui
les détails circonstanciés du brillant combat que
M. le chef de bataillon Collineau, commandant su
périeur par intérim du cercle de Biskra, a livré,
le 22 mai dernier, au chérif d'Ouargla, à M'iili,
sur l'Oued-Djeddi, à la pointe orientale du Zab-
Guebli.
» Le chérif, arrivé le 22 au matin tout près de
M'iili, se préparait à enlever l'oasis de vive force;
lorsqu'il fut surpris et attaqué par la colonne que
dirigeait le commandant supérieur de Biskra. A 500
mètres de l'ennfemi j notre Cavalerie prit le petit trot;
puis, à 200 mètres, la charge fut commencée et pous
sée avec une rare vigueur. Les fantassins ennemis
nous attendirent -sans tirer, chacun réservant soh
coup de fufil pour sa défense pèrsonnetlè. En un ins
tant,leur ligne profonde, d'un développement de 300
mètres, fut enfopcée, quélque redoutable que fût
pour des cavaliers arabes cette infanterie, montée
sur des dromadaires. Chaque animal, en effet, est
conduit par un homme; deux, trois, quatrp autres
marchent à côté, se glissent autour en chargeant;
leurs armes, e:t font le coup de feu comme der-!
rière une citadelle ambulante. C'est jusque sous
le ventre des chameaux que la pointe de nos sabres
dut atteindre ces agiles fantassins. •
» Mise en pleine déroute, l'infanterie ne fit
môme pas mine de se rallier : la cavalerie conti
nua seule à tirailler. ;
» Nos tronpes restèrent sur le champ de batail- 1
'le jusqu'à ce qu'un retour de l'ennemi uè fût plus
à craindre; mais celui-ci ne songeait qu'à fuir. ;
Longtemps un drapeau et quelques cavaliers ap
parurent au fend de l'horizon, sur le Coudiat-el-
Miad, où sans doute le chérif iudiqùait aux fuyards;
un point de ralliement; pas un ne le rejoignit, et
bientôt tout disparut dans les brumes du Sahara; :
» D'après les renseignemens recueillis, les for
ces du chérif s'élevaient à 630 cavaliers et 2,100
fantassins aïontés sur 480 chameaux et 40 meha-
ra seulement (lesChamba seuls en avaient). Ses per
tes s'élèvent à ISO morts, dont 100 comptés sur le
terrain d« la chargé, et 50 trouvés trois 1 eues plus
loin, à l'Habra; c'étaient desblessés ou de-> morts
qui, emportés jusque là, avaient été abandonnés.
11 n'est pas possible d'évaluer les, blessés ni ceux
qui ont dû mourir de soif. Les fantassins ont fui'
dans toutes les directions ; ils ne connaissaient
point le pays; ils avaient quinze lieues à faire
pour rejoindre l'Oued-Itel, où étaient l'eau et leurs;
nedjoua. Déjà une reconnaissance en a trouvé dans
le Sahara plusieurs qui. ont dû mourir, ainsi. 324
fusils ont été ramassés sur lé terrain; la tente du
chérif, sa djebira,'ses tapis, 1£8 chameaux sont :
restés en notre pouvoir.
» Nous avons fait connaître, dans Iç jiïontteur
de l'Armée, du 6 de ce mois, l'infériorité relative
de l'effectif de, notrè colonne, en mèm^eiips que
le chiffre de nos pertes (H chasseurs tués, 6 bles
sés; 1 spahis tue, 1 blessé).. Quelque' regrettables
qu'elles soient, elks nous en épargnent bien
d'autres. Le chérif avait inspiré un« grande con
fiance à ces tribus éloignées, ignorantes, qui
croyaient avoir à leur tête Abd-el-Kader lui-même.
Il se prêtait à ce mensonge audacieux, si favorable
à ses desseins, si proore à augmenter son prestige.
M'iili n'avait que 50 fusils à peiné; malgré sa ré
sistance, cette oasis eût éié enlevée par des gens
qu'excitait J.e double aiguillon du fanatisme et de
l'espoir du pillage. Dans M lili. le chérif trouvait
non seulement un point d'appui, mais des vivres,
des provisions de toute nature, et le Zab-Guebli
n'eût pas tardé 4 tomber entre ses mains.-.C'était
donc peut-être devant une insurrection du sud
tout entier que, sans ce vigoureux fait d armes, !
nous allions nous trouver, dans une saison aussi ,
critique pour les'opérations militaires.
» Après une aussi rude leçon, le chérif ne sau-
. rait de long-temps plus rien entrepr™
g-ens qui marchaient avec lui, -venus déw
cent lieues, ont peu de,provisions; les pàftsjM
vont devenir rares pour les nombreux- troupe*
qu'ils traînent à-leur suite.» —(Baudouin.)
On écrit de Soleure, le 7 juin, au journal
la Suisse . «
jour," à adopté ;par 54 voix contre 33, la pro
position modifiée du conseil d'Etat concer
nant la concession en faveur de M. Sulzber-
ger du chemin de fer sur le territoire soleu-
rois, d'après le plan de M. Stephenson. La
concession de chacune des deux lignes serait
considérée comme non avenue, si, dans le
délai de sii mois (au lieu de douze mois sui
vant le projet), les concessions à obtenir des
autres autorités cantonales n'étaient pas pré
sentées. » c : ...
Trois jours auparavant, ajoutecejournal,
le grand conseil deVaud, 'qui, précédem
ment, avait déjà; adopté en-principe le pro
jet de concession solliertée par le 'même in
génieur, qui, si no us sommes bien informés,
agit au nom d'une compagnie anglaise,
adoptait le projet en second débat à une
grande -majorité. On peut donc admettre que
le chemin de fer de Morges à Yvérdon sera
fait. i
M. Thomas Francis Meagher, qui avait été avec
Smith O'Brien le principal instigateur de la. ré
volte de l'Irlande en 1848, et qui avait été trans
porté en Australie, vient d'arriver à New -York.
M. Meagher réussit, il y a quelques mois, à s'é-'.
vader du district au il avait été transporté, et à
gagner la côte, où l'attendait la chaloupe d'un ba
leinier américain. Ce bâtiment; dont M. Meagher
n'a point xoulu faire connaître le nom, a trans
porté le fugitif aux Etats-Unis. M: Meagher, s'est
présenté inopinément à New-York çliez deux Ir
landais, MM. Dillon et 0'Gorman,,qui.avaient
été compromis dans la même échaufïburée que
lui, mais qui avaient réussi à échapper,aux
autorités anglaises, et qui font aujourd'hui le
commerce aux Etats-Unis*. Les nopbreux Irlan
dais qui habitent New-York ont fait une sorte
d'ovation à leur compatriote. Le JVew-York-Dqt-
ly-Times publié, sur l'évasion de M. Meagher,
les détails suivans, qu'il déclare tenir de la tou
che même de l'intéressé, et qui concordent du
reste avec les rapports 4os autorités anglaises :
« On se souvient de la lettr,e qu'écrivit ThoMas
Francis Meagher, avant sa fuite, aux- autorités. Il
s'engageait à ne pas s'évader ,cte la colonie tant
qu'il aurait sur lui le permis de congé qui lui avait
été"accordé. On sait qu'il renvoya aux magistrats
sa carte de congé, vingt-quatre heures après l'ex
piration du; .délai, et,que, dans la lettre dç renvoi,
il annonçait qu'il resterait cjiez lui jusqu'à mi
nuit, jusqu'à ce qu'on vînt le_reprendre; autre
ment qu'il s'éyaâïrâït" A là lecture de cette Jpttre,
le magistrat s'empressa d'ordonner au chef de
police d'arrêter Meagher. Cet agent s'y refusa,
en disait qu'erç, sa qualité d'Irlandais, il ne pou
vait arrêter Meagher, Irlandais comme lui. — Il
faut que vous l'arrêtiez, s'écria le magistrat .—Je Be
le ferai point, et je donnerai ma démission.--aJe ne
l'accepterai pas. ^-Vous ferez ce qu'il vons plaira.
Le magistrat se mit à la recherche d'autres agens
dé police, et eelùï qui avait refusé d'obtempérer à
ses ordres s'imagina qu'il s'enrichirait plus tôt. à
creuser Ie3 mines d'or qu'à arrêter ses" braves com
patriotes d'Irlande. Voilà ce qu'a d'abord valu la
découverte de l ? or dans l'Australie, la fuitedu bril
lant Meagher. Gèluirci donna aux autorités anglai
ses un répit de six heures pour, qu'elles n'eussent
pas à, lui reprocher d'âyair violé sa parole. Il fut
accompagné et aidé par trois jeunes colons 'anglais
qui liii fournirent dés chevaux; ils en avaieHt eux-
mêmès. Il lui proposèrent d'attendre les a gens de
police et de les tuer.'Meagher ni* trouva pas qu'il
fût nécessaire de répandre.le sang. Il fit attendre
sesamis à quelque distance de là"."
» Dès que la police fut enlrée chez lui; il Sortit
par une autre porte ; il monta 1 cheval, et tour- ■
naut autour de la laçade de: la maison, il cria aux
agens, dont il n'était éloigné que d'une portée de
pistolet, de l'arrêter... s'ils le pouvaient; puis,
piquant des deux, il disparut en un clin -d'œil
avec ses amis. Ils franchirent 180 mil es sans s'ar
rêter, ayant des relais sur leur route: Ils arrivé^,
rent enfin sans malencontre, dans un; lieu isolé iùr
les côtes de la mer; où, dîaprès des mesures qu'ils
avaient prises préalablement, ils trouvèrent ira
biteau baleinier qui- attendait Meagher et l'em
porta sain et sauf. Meagher fait le récit lé plus ex
traordinaire sur les effets de la passion de l'or en
Australie. Le précieux métal fe trouve en grande
quantité et, des individus dé toutes les classes
abandonnent leurs bccupatinng habituelles et se
portent-en foule vers les mines; ■»
CORPS LÉGISLATIF.
Sommaire de la séance du H juin.
PRÉSIDENCE DE H. BILLAUU.
Ouverture de la séance à trois heures.'
Lecture et adoption du procès-verbal, de la
séance du 9 juin. , ■'
Congé de quinze jours accordé à M/ Rigaud.
Lecture -par M. le président de divers projets
de lois transmis au Corps législatif par M. le
ministre d'Etat et concernant : 1? la juridiction
des consuh dé Francfe en Chine et dans les
Etats de l'Imàn de Mascate; 2° un crédit an
nuel dé 300,000 fr. à titre d'indemnité viagère
pour les employés dé la ^erniere liste/civile ;
3* un crédit de 28,399 fr. 41 c. pour le monument
à elevér à là mémoire de l'archevêquejde Paris ;
mlMi WWTMOIil,
histoire
.pu
Dernier îckYal de l'Empereur.
■ ' f : ; : '
j ■ }*(.:)'a'■•'a, —
- +r On'ne çasse.pas ! ; " T - i
/ ^rfiommentl on nepàsse pas; mais,gre>-
" nadier, je suis de la maison de l'Empereur,
«t j'ai;k droit d'entrer. ■ •
7 ^Impossible, moa.garçon, impossible,- le
- militaire ne connaît que sa-consigne. •
Ces paroles s'échangeaient le 29 juin l813,
à quatre heures de l'après-midi, devant là
grande . grille de. • la Malmaison,, entre une
sentinelle et un bonjme ■ revêtu de ,1a livrée
impériale, qùi tenait un cheval par la bride.
Ce dernier, vivetneut contrarié du refus
du grenadier, réfléchît un moment sur le
parti qu'il devait prendre,' et; après uii uao-
, meut de silence, il voulut faire ifne nouvelle
tentative auprès de la sentinelle; mais le gre
nadier; fut inflexible. r,<- \ r - '
Avez-vous une permission? demanda-
- l-il au solliciteur. î /
. Est-ce que j'fen »i besoin, moi, puisque
je suis piqueur de Sa Majesté?
. — Je ne,dis.pas le^ontraire„mon garçon,
' mais xna consigne avant toiit.'.. jene eohhais
^ Je suis Pierre Collot, et j'amène à Sa
Majesté son meilleur cheval de bataille, celui
qu'il montait à Mont-Saint-Jean... une fa
meuse bête, allez !..
Le grenadier ouvrait de grands yeux,
pour mieux contempler le cheval que con
duisait le piqueur': i
i-^- Quoi! c'est ce cheval qui était avec
l'Empereur?..
— Et avec moi, mon brave. .
, Le grenadier regardait alternativement le
piqueur et le coursier :
, — Quoi) et vous aussi, mon cher, vous
cJjez au milieu de notre carré... Effective
ment iV f -rois vous reconnaître... -
-Vous ne vous trempez pas.
— Touchez là, mon bràVô. .
Et la sentinelle saisit la main du piqueur.
Après l'avoir serrée dans la sienne :
— Je regrette davantage, reprit-il, que la
sévérité de ma consigne ne me permette pas
de vous laisser entrer... Mais, diteg donc, il
paraît que vous ne vous doutez pas de ce qui
se passe. Vous ne lisez donc pas les papiers ?
— Non, mais pourquoi cette question ?
— Ah ! c'est que vous amenez à l'Empe
reur son cheval de bataille.,. Eh! mon pher,
il n'en a plus besoin.
Commet t!'est-ce qu'on ne va pas re
commencer à se battre ? f
*--"T II y, a là-bas un-tas d'avocats, de ba
vards, de propres à rien qui ne s'en soucient
pas.... Ils aiment bien mieux donner des
poigpées de main.aux Cosaques.
r--Maisnotre Empereur?.-
—• Notre Empereur I,,., il est en train de
faire ses paquets. . > -
Le vieux soldat poussa un profond soupir,
et de grosses larmes ronlaient danssesyeux ;
Pierre Collot était accablé, anéanti, par ce
qu'il venait d'entendre; —Comment! notra
Empereur, s'écria-t-il, fait ses paquets.... et
ce n'est pas pour se rendre à l'armée, pour
se replacer à la téte-de ses soldats et donner
une leçon aux Anglais et aux Prussiens !
— Les avocats et les bavards ne le veulent
pas; et, ténez,'regardez à travers cette grille,
là-bas, au fond, vous apercevrez des voi
tures. • ' -
Pierre Collot s'approcha de la grille.
— Oui, vous avez raison, grenadier... cela
m'a tout l'air d'un déménagement.
— Ça n'est pas autre chose, et je crois
même que l'Empereur ne tardera-pas à par
tir. .' i'.'
A ce moment, des postillons approchaient
de la grille avec des chevaux de poste desti
nés aux voitures qu'on disposait pour le
voyage. Le factionnare appela l'officier qui
était dp service au château, et celui-ci, après
avoir parlé à l'un des postillons, ordonna
qu'on ouvrît la grillia pour faire eqtrer les
chevaux. C'était une occasion favorable qui
ee présentait à Pierre Collot de pénétrer dans
l'iutérieur du château; il n'avait qu'à suivre
le mouvement et à £e placer à Iq. suite du
postillon, comme s'U appartenait à l'adn}i-
nislration des postes'; m^i« il fallait que le
factionnaire fermât les yeux. C'est ce qu'il
Ht, et le piqueur se trouva bientôt dans la
cour où étaient les voitures.
Il y avait d^jà dix minutes qu'il était là,
immobile , tenant toujours Acacia par la
bride et attendant l'arrivée de l'Empereur,
dont tous les préparatifs annonçaient le pro
chain départ.
Pendant ce temps-là, les postillons atte
laient les chevaux ; les gens de service al
laient et venaient autour de Pierre Collot-;
mais aucun d'eux ne s'avisa de lui deman
der le motif de sa présence à la Malmaison.
Il était alors cinq heures ; tout-à-coup Na
poléon, vêtu d'un frac noir, portant un cha
peau rond, parut,précédant de quelques pas
un groupe d'officiers supérieurs, parmi les
quels on remarquait le général Becker, qui
avait été chargé par la commission du gou
vernement d'accompagner l'ei - Empereur
jusqu'à Rochefort, le géoéral Gourgaud et
quelques autres aides-de-camp ou officiers
d'ordonnance. . • m
Sa physionomie traduisait l'émotion dou-
loureqse à laquelle il était en proie^ il jeta
un reg rd empreint tout à la fois de tristesse
et de • résignation sur les préparatifs de-son
départ, etpois il se retourna vivement com
me pour saluer, une dernière fois, jes murs
de ce château qui l'avait vu jadis si heureux
et qui lui rappelait les jours les plus brillans
de Son existence ! '
. Il s'était arrêté un moment et semblait re
cueillir ses souvenirs; alors retentit dans le
lointain un coup de canqn dont le bruit fit
trembler les vitres de la Malmaison ; Napo
léon recula de quelques pas, et saisissant le
bras du général Becker : • i£
— Entendez-vous, général? s'écria-t-il, on
se bat du côté de Versailles... Et la commis
sion du gouvernement croit encore à la
paix!... Ah! elle paiera... elle fera payer
cher à la France sa sécurité, et sa confiance
dans la foi' d'un ennemi déloyal !
Un second coup de canon se fit entendre.
^En doutez-vôus maintenant, général?
continua l'Empereur, qui s'animait, de plus
en plus. Non, non,' tout n'est pas perdu!
Qu'on me laisse commander encore une fois
l'armée., i qu'on me permette de battre l'en
nemi, l'écraser, le forcer, par la victoire, à
donner un cours favorable aux négociations!
Ensuit# je déposerai mon épée... je partirai,
je quitterai la France.
Le général Becker s'efforça de calmer l'a*-,
gitation de l'Empereur :
— Ces détonations, Sire, n'annoncent pas
la reprise des hostilités; ce sont quelques
boulets qu'échangent de temps en temps en
tre eux les avant-postes. D'ailleurs, Sire, je
dois rappeler à Votre Majesté l'engagement
qu'elle a pris de quitter la France après son
abdication.
— Mais cela ne saurait m'empêcber de
battre l'ennemi, si, comme je le crains, il
veut s'ouvrir de vive force le chemin de la
capitale.
Et en prononçant ces paroles, il prêtait
l'oreille aux bruits du dehors; on s'aperce
vait qu'an fond il désirait ce qu'il paraissait
craindre, et qu'il attendait un nouveau dé
menti donné par le canon ennemi aux assu
rances du général Becker.
Après quelques momens desilerççe, il s'é
cria : -
—- Allons, c'en eçt fait; il faut se résigner !
f Puis il se dirigea vers les voitures, dont il
n'eiait plus séparé que .par un petit espace;
alors ij vit venir à lu^le piqueur Pierre Col
lot, qui conduisait par la bride un cheval
sellé.
— Que veux-tu? lui demanda Napoléon
avec bonté, que viens-tu faire ici?
— Sire, j'amène à votre majesté Acacia,
— Acacia! ,
— Oui, Sire... le cheval que Votre Majesté
montait là-bas... vous savez bien ?
— -Ah ! oui, je me rappelle maintenant...
Quoi ! tu as pu revenir... ramener ce che
val !.. Tu as été bien heureux, vraiment 1.
L'Empereur jeta un coup d'oeil sur Aca
cia, qui était'immobile.
— C'est trop lard, mon garçon, ajouta-t-
il; je n'ai plus besoin de cheval... je-vais
monter en voiture.
—'Pardon, Sire, mais je Croyais que Votre
Majesté allait se mettre à la'têtëde son armée,
et comme vous m'aviez tout particulière
ment recommandé Acacia,.... je vous l'a
menais. .
— Je té remercie, mon ami ; mais il faut
nous séparer. Reconduis ton cheval à Paris ?
et sois bien convaincu que je né t'oublierai
pas..; J'espère pouvoir un jour reconnaître
ton dévoûment et ton courage. Adieu.
Napoléon continua à marcher, et se tour
nant vers le général Becker :
— §i je suis encore en vie, lui dit-il, je le
dois à cet homme et à ce cheval.... ils étaient
avec moi au Mont Saint-Jean, dans le carré
de ma garde.
Quelques instans après cette petite seène
: trwe *Se W&lGtn (K*aialii«fiftoyal) 9 "ii *<©
mm m immwm i «inriiiiiii«nininiiiMiiiiiiniiiiiwFiimiiii mi n i
B 1852. — SAMEDI 12 JUIN*
VAIS DE L'ABONNEMENT
WÙUS ....... là ». PAR . TRIMESTRlJ
DÉPAHTEMEKS. 16 ï. —
UN NUMÉRO : tO CENTIMES.'
rom LES PATS 6TKANCEBS, SQ reportflf
tableau qui sera publié dans le Journal,'
10 et M de ohaque moisj;
i . .[ r •
la tiotuumtns datent de» l* ei it
■■■■■' d* thaqug moit.
S'adresser, franco, pourja rédaction, à t ^ Ç dchkv ^- G l ^ iugnt , rêa
Les articles déposés n« sont pas rendus.
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
' - . ' ; . ' . > f i
■ ' : - > ( ■ ; r»i ; ; • •- , ■ t j >'.<./ 1 ?.*î L ' t 'i
I On s'abonne, dans les département, aux Messagerie t et aux Direction» de po»te,-r~A Londres, chez MM. G ovie et Ftus.j
| —A Strasbourg, chez M. A ix& AND& k ,* pour l'Alletname. ' . > F
S'adresser, franco; pour l'administration, ç ,M.[D enain, directeur.
Les annonces sont reçues au bureau du Journal; et ohex M.'PANIS, régisseur, 10, place
îmmédiateïnerît après la fin de la
session dû Corps Législatif, M. le
D r Y éron publiera, dans la partie
politique : dû Constitutionnel, une
.série d'articles sous ce titre
1A FRillICE HOVVEXiliE.
PAMS, il JUIN.
La France possédait autrefois un grand
empire colonial, et, par suite, elle avait une
-Véritable prépondérance sur mer. Nous avons;
perdu l'Une après l'autre les plus importan
tes «t les plus riches de nos possessions. En
môme temps nous avons vu diminuer les
forces de notre flotte. Nos colonies tombées,
jiar conquête ou par cession', aux mains
de l'ennemi, 'nos populations du littoral
ont cherché, dans l'exercice des profes
sions sédentaires des ressources que la ma
rine ne leur offrait plus. Puis est venue
l'époque de nos grands désastres mariti
mes. Aù milieu .de toutes nos défaites
sur mer, si quelques actions d'éclat ont re-
l«vé, non l'honneur de notre pavillon, par il
.est demeuré-sans tache, mais ïa gloire de
nos armées navales, c'est pour les colonies/
et avec l'aide.de leursbraves populations,
qu'elles ontiété accomplies. Nous citerons
; seulement l'immortel combat du Grand-
Port, à l'île de .France, dernier reflet de no
ire ancienne rénommée dans; les mers de
-l'Inde, "glorieuse page "d'e la vie de l'amiral
. Duperré. m
Point de marine sans colonies. C'est .vai
nement que de dangereux économistes font
briller aux yeux des armateurs de nos ports
l'espoir de disputer sur lesmârchés étrangers
le bénéfice des transports par mer à nos ri
vaux, qui en possèdent aujourd'hui le mono
pole. Û faut être pourvu d'une dose peu
ordinaire de cette vanité distinctive de notre
: caractère national, pour mordre à un tel ap
pât. Noire marine marchande jouirait, en ce
moment',' de tojltes les .ressources et de
- toute Inactivité qu'elle avait à l'époque où
! nous possédons lé Canada, la* Louisiane,
Saint-Domingue^ l'Isle^de-France et d'im-
pertans territoires dans l'Inde, qu'elle .serait
encore inférieure :îàans les.-.ports étrangers
"aux marines anglaise et "américaine^ parce
■ que celles-ci sont depuis long-tempseri pos-
; session de la confiance des commerçans du
pays. ' •. - :
" 'Il ne suflfy pas de se, présenter -j même
' avec des avantages égaux, sur un marché,
" polir y obtenir, la préférence. Dans ; le do-
■ maine commercial une longue possession
. Tant titre : il faut tien' peu' d'efforts pour
- maintenir la prospérité des anciennes rnai-
.SQns ,,,mai? cé n'est que par des.prodi-
- jes 1 d'habileté' qu'on parvient .à détourner
I vers les nouvelles le courant de . la faveur
publique» Or, notre marine de commerce est
^ loin de pouvoir se présenter- dans lgs ports
- étranger# avec des avantages égaux h ceux
. de ses concûrrens.. Là même où le pavil
lon français est traité .par la douane sur
le même pied .que l'anglais ou l'améri
cain, n'est-il pas prouvé par l'expérien-
- ce, que ceux-ci peuvent au besoin opérer
les transports à.meilleur marché?
- i . gi notre marine marchande n'est point en
étàtàelutteravec eux sbus ce rapport, çen'est
' même pas parce que la construction de nos
maires est plus dispendieuse, parce que nos
* marins, n'étant plijs aussi fiers de leur pro
fession, en perdent le,goût et'ne peuvent y
- être retenusjqûft par des salaires élevés;
non* c'est surtout parce jjyi'e l'activité même
. flu. mouvementée tfa navigation anglaise et
' américaine fltu}ltjpïi^les^rofi.t3. dé céçdé^x
- marines, et leur permet de les faire plus pe-
ïits.'.Les .capitaines de Jj'âtimens anglaisât
américains peuvent même prendre du fret à
, perte, pour ruiner des concprrens français.
Leurs voyages sont si nombreux, que leihé-
' néfipé résultait destins' compense et Au-delà
la per te éprouvéedkns lès autres. On a vu ce
l-fait^e produire, dans l'inde pglaije, depuis
' le rappel des lois protectrices de la : navi-
: gation britannique. Des navires américains,
au r#tourjdp traversées fructueuses en -Cali- i
fornie, sont venus enlever, à Calcutta, le fret
destiné aux navires sortis de la Tamise, et
ceja parce qu'ils ont pu le prendre au rabais
, En présence de tels exemples; il est réelle-
ment insensé de vouloir mettre en lutte le
pavillon du commerce français,.pavillon ap-
.{•pâuwû ,par.june4ofJgue inaction, avea.d'ftussi
rudes jouteurs que les bàtimens deLiver-
pool et de New-York. . i
. Les ^marchés réservés , les colonies sont
donc le premier besoiu de notre navigation.
Tout au plus serait-il possible de fonder une
partie de l'avenir de notre marine marchan
de sur les goûts de populations françaises
établies en pays étranger. Sur les rives de
la Plata, par exemple, il existait une agglo
mération considérable de nos compatriotes,
et notre industrie maritime y trouvait des
encouragemens. Peut-être le transport des
émigrans et des produits dé notre pays à
Montevideo, lui eût fourni des élémens d'ac
tivité croissante. Cet intérêt a été méconnu
en plusieurs circonstances; ce n'est pas ici
l'occasion de nous appesantir sur, cette faute.
Ce que nous voulons prouver par cet exem
ple,c'est que là où le> marché n'est pas ré
servé à notre pavillon, il ne peut avoir dé
chances de l'emporter sur celui des deux
premières marines marchandes du monde,
que s'il est exceptionnellement favorisé par
les sympathies et Je patriotisme de natio
naux. . ■
En Afrique même, où nous avons des re
lations très anciennes avec les peuplades du
littoral, nos armateurs sentent le besoin d'a
voir à terre des établissemens destinés à ré
pandre le goût de nos produits et à mainte
nir l'influence de notre pavillon. Le com
merce des"graines oléagineuses, dont seuls
nous faisons un usage lucratif, devrait nous
assurer la supériorité partout où l'on ré
colte ce produit; mais la navigation anglaise
est si industrieuse et si active, qu'elle l'em
porte presque toujours, quoiqùe combattant
à armes inégales..
C'est en dire assez, dans un article, pour
démontrer la nécessité, -non-seulement de
garder nos colonies, mais de nous réserver
leur approvisionnement, ainsi que l'exporta
tion de leurs produits. L'espoir peut-être
chimérique de uaultiplier nos relations avec f
le Brésil, par exemple , vaut - il la cer
titude d'être expulsés de la Martinique, de
la Guadeloupe et de Bourbon parla ma
rine anglaise, et celle ,de livrer à nos ri
vaux ennemis ce commerce lucratif de
la gomme dont la France s'est assuré le
monopole, en fermant le Sénégal aux étran
gers? Poser une telle question, c'est la ré
soudre. J
11 fut un temps, cependant, où les libre-
échangistes trouvaient, dans l'existence de
l'esclavage aux colonies, un prétexte pour
proposer d'abandonner c«s établissemens à
eux-mêmes. Ce régime de l'esclavage, anti T
pathique à nos mœurs, formait eu outre uri
contraste violent avec les institutions de la
métropole ; tout le monde comprenait que
le maintien en était impossible; mais on
jpgardait l'affranchissement inévitable des
«selaves comme devant entraîner la rui
ne ' des colonies. Les intéressés contri
buaient à accréditer cette opinion par des
récriminations quelquefois peu intelligent
tes. On avait devant les yeux l'exemple de
colonies anglaises très importantes, telles
que la Jamaïque et la G uyane, où l'émancipa
tion avait été suivie de la désorganisation
générale des ateliers. Le libre -échaDge avait
donc beau jeu pour demander l'abandon des
colonies et l'ouverture de leurs ports aux
étrangers Pourquoi conserver le mono-
» pôle de la navigation avec des colonies qui
» bientôt ne produiront plus et consomme-
» rontpçu? disait-on. N'est-il pas bien préfé-
» rable d'obtenir, par une renonciation à ce
» monopole prochainement improductif,
» l'entrée des ports étrangers-, où nos bâti-
» mens peuvent trouver un emploi fruc-
» tueux? » ;
Ce raisonnement était spécieux, mais les
'événemens ont trompé l'attente des écono
mistes de cette école. L'émancipation, quoi
que brusquement prononcée, et bien qu'ac
compagnée d'une crise politique qui avait
tari jusque dans la métropole les sources du
" travail, n'a fait qu'ébranler pendant un.mo-
ment la société coloniale. La production du
sucre à la Martinique, à la Guadeloupe, à la
Réunion, a subi, dans le cours de la pre
mière année, une diminution sensible qu'il
était facile de prévoir,- et dont'l'affranchisse-
mènt subit des noirs n'a peut-être pas été la
principale cause. Comment les colonies
auraient-elles pu supporter, sans une pro
fonde perturbation , les "prédications ar
dentes des clubistes,. lès instigations plus
ou mpins dissimulées à la révolte et au
partage? Comment, dans ce chaos d'idées
subversives qui agitaient la métropole et qui
se communiquaient aux colonies, la peur
n'aurait-elle pas gagné les uns, et la cupidi
té n'aurait-elle pas enflammé les autres ? On
a vu, dans les Antilles, un commencement
d'émigration, on y a vu aussi des incendies,
des essai? - de révolte. Mais les progrès du
mal se. sont arrêtés devant la solidité de l'ad- j
ministration ' française. Cette administra
tion, que les révolutions n'ont pas profon- j
dément entamée, Dieu merci! est inter
venue avec : sa fermeté impartiale, son
expérience éprouvée, au milieu des par
tis qui divisaient les colonies. Peu à peu,
chacun est rentré dans l'ordre et dans le de
voir ; toutes les prétentions ont été refoulées ;
les passions, privées d'aliment, se sont apai
sées, et, avec le calme, le travail a reparu.
L'exportation des denrées coloniales est de
venue de plus en plus forte. D'après une sta
tistique que nous trouvons dans un intéres
sant article de la Revue des Deux-Mondes }
statistique que nous croyons parfaite -
ment exacte, la production, dans les trois
colonies que nous avons citées, est en voie
de progrès incontestable, et on peut espé
rer qu'elle atteindra la moyenne de l'expor- -
tation antérieure à l'abolition de l'esclavage.
Ce résultat s'obtiendra surtout grâce aux
mesures • prises par le gouvernement pour
favoriser l'introduction dans ces établisse
mens de cultivateurs étrangers. L'Inde en a
déjà fourni près de vingt mille à la Réunion;
les colons dés Antilles voudront sans dou
te aussi demander aux populations affa
mées de l'Indoustan les ouvriers dont ils
ont besoin. Puis, grâce aux perfectionne-
mens que chaque jour voit appliquer aux
diverses méthodes de fabrication du su
cre , nos possessions coloniales entreront
peut-être dans unenouvelleère de prospérité.
Quel que soit du reste l'avenir des colonies,
le présent, tel qu'il est, suffit pour enlever à
leurs adversaires le prétexte que leur offrait
l'approche de l'émancipation. Le monopole
colonial est aussi précieux que jamais, puis
que Fexportation des produits de nos éta
blissemens d'outre-mer s'y soutient et que
la consommation des marchandises de la :
métropole tend-à,y augmenter. Nous aurons^.-'
donc raison de conserver intact le privilège
qui nous y est assuré, et nous ne sacrifie- ;
rons pas les profits certains de notre navi- •
gation avec les colonies françaises pour cou
rir les chances. d'une concurrence à forces
inégales qui déjà nous a été plus d'une fois -
préjudiciable. denain.
Le congrès américain fait trêve à la poli
tique, et depuis le jour où il a voté une sub
vention .de 33,000 dollars par voyage à la
compagnie des bateaux à vapeur qui font
le service entre New-York et Liverpool, il ne
tient plus de séances que pour la forme.
L'élection 1 future à la présidence est deve
nue le thème de toutes les conversations,
le sujet de toutes les conjectures, la préoc
cupation de tous les esprits. Les deux grands
partis ont choisi Baltimore comme siege de
leurs conventions, c'est-à-dire de leurs réu
nions électorales préparatoires. Celle des dé
mocrates a dû se tenir le {"juin, celle des
whigs se réunira le 15 du même mois. '. ?
Un écrivain du parti démocratique a adres
sé une lettre circulaire à tous les candidats
de son opinion, • pour, leur demander leur
sentiment au sujet du compromis. Tous les
personnages ainsi mis en demeure de s'ex
pliquer, ont répondu que le bill de compro
mis leur paraissait une mesure inattaqua
ble, et qu'ils croiraient devoir user du
droit de veto pour repousser toute modifi
cation qu'on tenterait d'apporter à quel-,
3u'une de ses gartios, même a la loi d'extra-
ition des esclaves fugitifs. Toutes ces lettres
ont été rendues publiques et ont produit le
plus grand effet. C'est une avance évidente
faite par les. candidats démocrates ? aux
Etats' propriétaires d'esclaves. Les candi
dats whigs seront obligés d'entrer dans la
même voie, sous peine .de voir leurs chan
ces s'affaiblir dans le Sud. Cette nécessité de
se prononcer catégoriquement pourra être
> un embarras pour le général • Scott, qui
compte beaucoup d'adhérensparmi les abo
litionistes, adversaires déclarés de la loi d'ex-
' tradition. »
On sait déjà que le général Cass est le
candidat qui réunira le plus de voix dans
la convention démocratique de Baltimore
M. Buchanan le serrera d'assez près. Com
me l'usage du parti exige que le candi
dat définitif réunisse une majorité dés - deux
tiers, il est fort possible qu'il arrivé au gé
néral Cass ce : qui est arrivé, il y a huit
ans, à M. Van Buren. Si lès amis de M. Bu
chanan lui restent obstinément fidèles, de
façon que la majorité ne puisse jamais at
teindre le chiffre voulu, force, sera de faire
un compromis et de se rejeter sur un troi
sième candidat à l'exclusion des deux prin
cipaux compétiteurs. C'est ainsi qu'il y a
huit ans, M. Polk, dont on n'avait jamais
ouï parler, se trouva inopinément le can
didat des démocrates, et par suite président
des Etats-Unis. * '
Il n'est pas impossible que,le.même inci
dent se produise au sein d& la convention
des whigs. Le général Scott et M. "Fillmorç
se partageront le plus grand nombre des
suffrages; et si leurs partisans s'opiniâtrent
à ne pao lès abandonner, il faudra se ra
battre sur M. Webster, dont les chances, èn ce
moment fort affaiblies, se relèveraient tout
à coup grâce à la rivalité de ses concûrrens.
C'est là ce qui fait l'espoir des amis de M.
Webster, malgré les défections que sa< can
didature a subies au sein même de son Etat
natal, le Massachussett - »
C ucheval- G lajugny.
Plusieurs faits importans ressortent du
compte mensuel que vient de publier la
Banque de France.
On remarque d'abord la diminution des
avances sur effets publics français. Ces avan
ces, qui avaient atteint 94 millions à. la suite
des affaires occasionées par la conversion
des rentes, étaient déjà descendues, le 1 O rnai,
à 70 millions. Elles ne sont plus aujourd'hui
que de 52 millions. C'est, par conséquent,
une nouvelle réduction de 18 millions pen
dant le mois dernier. Ainsi, ce chapitre se
rapproche peu à peu de son chiffre habituel,
qui est de 18 à 20 millions.
Pendant que les avances sur effets publics
décroissent, les avances sur actions et obli
gations de chemins de fer continuent, au
contraire, d'augmenter. Elles montent ac
tuellement à l4. millions. C'est 6 millions de
plus qu'au mois de mai et 10, millions déplus
qu'au mois d'avril. . ' . i
Malheureusement le portefeuille est loin
de suivre la même progression. Il a éprouvé,
au contraire , un mouvement rétrograde
pendant le mois dernier. Il a décru de 130
millionsàl27. Malgré la diminution du taux
de l'escompte, le papier de commerce est
toujours rare. Le crédit commercial a peiné
à. se relever. • ,
. La ville de Paris a commencé à se libérer
envers la Banque, et le compte provisoire
des avances qui lui avaient été faites sur,
l'emprunt des 50 millions, est tombé de 20
millions à 10.
L'état du compte-courant du trésor indi
que une bonne situation financière. Letrésor
avait, au mois de mai, 87 millions en dépôt
à la Banque; il en a aujourd'hui près de 93,
malgré le remboursement des rentiers qui
n'avaient pas accepté la conversion.
Les comptes-couràns des particuliers se
sont considérablement accrus. Ils se sont
élevés de 140 millions à 187. On peut èn con
clure que les capitaux éprouvent enco
re de l'hésitation , à s'engager dans les af
faires. Mais c'est aussi une preuve qué
l'argent ne manque pas.
Si l'on compare le montant de la-réserve
en numéraire et de la circulation en billets,
on voit que la réserve est montée de 597
millions à 621, taudis que la circulation est
au contraire descendue de 636 millions à
612; c'est-à-dire que la Banque est revenue
à cette situation anormale d'une réserve en
numéraire plus considérable que sa circula
tion en billets. . bcrat,
situation de la banque de france
et de ses succursales-
Au jeudi 10 juin 185Ï.
ACTIF
Argent monnayé et lingots -505.875.821 18
Numéraire dans les succursales... .. 116.085 188 »
Effets échus hier à recouvrer ce jour. '71.7.64 22
Portefsuille de Paris, dont 19.45Ï.8S7 •-.;•{
fr. 53 c. provenant des succursales 47.157.276 64'
Portefeuille des succursales, effets sur
place 80.449.552 »
Avances sur lingots et monnaies ... 3- 542.800 »
Avances sur lingots et monnaies dans
les succursales. 1.820 484 »
Avances sur effets publics français.. 47.493.036 10
Avances sur effets publics français ' • ..
dans les succursales 5.431,093
Avances sur actions et obligations de . ' ■ '
chemins de fer 10.923.000 »
Avances sur actions et obligations de ;
, cheminsdefer dans les succursales 3.472.815 »
Avances à l'Etat sur bons du;.trésor 50.000.0S0
Avances'à l'Etat sur ,1e traité d.u. 30
juin l§4é..„',, :
Avances provisoire^ a la ville de Paris
sur l'emprunt de 50 milheus......
Rente de la réserve.
Rentes, fonds disponibles
Hôtel et mobilier de la flancue
Immeubles des succursales
Intérêt dans les comptoir s nationaux
descompte 116.602 60
Dépenses d'administration de la ban
que et des succursales 1.17S.851 26
Divers 91.855 43
75.0^.(100, »
00» »
000
896 32
000
661
10 800:.
10.000.
55.635
4.000.
3.680.
1.030.423.696 75
PASSIF.
Capital de la banque 91.250.000
Réserve de la banque 12 980.750 14
Réserve immobilière de là banque... 4.000.000
Billets au porteur en circulation, de
la bantîue...v...473.650.690 »
Billets au porteur en circulatioa, des
succursales 138:771.175
Billets à ordre payables à Paris et dans
•lessuccursales.. 7.123.284 10
Récépissés payables à vue à Paris et
dans les succursales ........... 15.774.931
Compte-courant du trésor, créditeur. 92.850.215 04
Comptes-courans de Paris.. ,. 151 943.254 14
Comptes-çourans dans les succursales 35.174.310
Dividendes à payer. 251.885 25
Escomptes et intérêts divers à Paris
et dans les succursales 3.318.677 93
Réescompte du dernier semestre à
Paris et dans les succursales 410.042 10
Rentrées excédant l'évaluation des
- effets en souffrance 701.491 19
Divers.. ." 2:223.080 86
1.030.423 696 75
Certifié le présent état conforme aux écritures de
laBanque, •
t. Le gouverneur de la Banque de France,
Signé, d'à RGOCT.
On lit dans le Moniteur de l'Armée :
« Le courrier d'Alger nous apporte aujourd'hui
les détails circonstanciés du brillant combat que
M. le chef de bataillon Collineau, commandant su
périeur par intérim du cercle de Biskra, a livré,
le 22 mai dernier, au chérif d'Ouargla, à M'iili,
sur l'Oued-Djeddi, à la pointe orientale du Zab-
Guebli.
» Le chérif, arrivé le 22 au matin tout près de
M'iili, se préparait à enlever l'oasis de vive force;
lorsqu'il fut surpris et attaqué par la colonne que
dirigeait le commandant supérieur de Biskra. A 500
mètres de l'ennfemi j notre Cavalerie prit le petit trot;
puis, à 200 mètres, la charge fut commencée et pous
sée avec une rare vigueur. Les fantassins ennemis
nous attendirent -sans tirer, chacun réservant soh
coup de fufil pour sa défense pèrsonnetlè. En un ins
tant,leur ligne profonde, d'un développement de 300
mètres, fut enfopcée, quélque redoutable que fût
pour des cavaliers arabes cette infanterie, montée
sur des dromadaires. Chaque animal, en effet, est
conduit par un homme; deux, trois, quatrp autres
marchent à côté, se glissent autour en chargeant;
leurs armes, e:t font le coup de feu comme der-!
rière une citadelle ambulante. C'est jusque sous
le ventre des chameaux que la pointe de nos sabres
dut atteindre ces agiles fantassins. •
» Mise en pleine déroute, l'infanterie ne fit
môme pas mine de se rallier : la cavalerie conti
nua seule à tirailler. ;
» Nos tronpes restèrent sur le champ de batail- 1
'le jusqu'à ce qu'un retour de l'ennemi uè fût plus
à craindre; mais celui-ci ne songeait qu'à fuir. ;
Longtemps un drapeau et quelques cavaliers ap
parurent au fend de l'horizon, sur le Coudiat-el-
Miad, où sans doute le chérif iudiqùait aux fuyards;
un point de ralliement; pas un ne le rejoignit, et
bientôt tout disparut dans les brumes du Sahara; :
» D'après les renseignemens recueillis, les for
ces du chérif s'élevaient à 630 cavaliers et 2,100
fantassins aïontés sur 480 chameaux et 40 meha-
ra seulement (lesChamba seuls en avaient). Ses per
tes s'élèvent à ISO morts, dont 100 comptés sur le
terrain d« la chargé, et 50 trouvés trois 1 eues plus
loin, à l'Habra; c'étaient desblessés ou de-> morts
qui, emportés jusque là, avaient été abandonnés.
11 n'est pas possible d'évaluer les, blessés ni ceux
qui ont dû mourir de soif. Les fantassins ont fui'
dans toutes les directions ; ils ne connaissaient
point le pays; ils avaient quinze lieues à faire
pour rejoindre l'Oued-Itel, où étaient l'eau et leurs;
nedjoua. Déjà une reconnaissance en a trouvé dans
le Sahara plusieurs qui. ont dû mourir, ainsi. 324
fusils ont été ramassés sur lé terrain; la tente du
chérif, sa djebira,'ses tapis, 1£8 chameaux sont :
restés en notre pouvoir.
» Nous avons fait connaître, dans Iç jiïontteur
de l'Armée, du 6 de ce mois, l'infériorité relative
de l'effectif de, notrè colonne, en mèm^eiips que
le chiffre de nos pertes (H chasseurs tués, 6 bles
sés; 1 spahis tue, 1 blessé).. Quelque' regrettables
qu'elles soient, elks nous en épargnent bien
d'autres. Le chérif avait inspiré un« grande con
fiance à ces tribus éloignées, ignorantes, qui
croyaient avoir à leur tête Abd-el-Kader lui-même.
Il se prêtait à ce mensonge audacieux, si favorable
à ses desseins, si proore à augmenter son prestige.
M'iili n'avait que 50 fusils à peiné; malgré sa ré
sistance, cette oasis eût éié enlevée par des gens
qu'excitait J.e double aiguillon du fanatisme et de
l'espoir du pillage. Dans M lili. le chérif trouvait
non seulement un point d'appui, mais des vivres,
des provisions de toute nature, et le Zab-Guebli
n'eût pas tardé 4 tomber entre ses mains.-.C'était
donc peut-être devant une insurrection du sud
tout entier que, sans ce vigoureux fait d armes, !
nous allions nous trouver, dans une saison aussi ,
critique pour les'opérations militaires.
» Après une aussi rude leçon, le chérif ne sau-
. rait de long-temps plus rien entrepr™
g-ens qui marchaient avec lui, -venus déw
cent lieues, ont peu de,provisions; les pàftsjM
vont devenir rares pour les nombreux- troupe*
qu'ils traînent à-leur suite.» —(Baudouin.)
On écrit de Soleure, le 7 juin, au journal
la Suisse . «
position modifiée du conseil d'Etat concer
nant la concession en faveur de M. Sulzber-
ger du chemin de fer sur le territoire soleu-
rois, d'après le plan de M. Stephenson. La
concession de chacune des deux lignes serait
considérée comme non avenue, si, dans le
délai de sii mois (au lieu de douze mois sui
vant le projet), les concessions à obtenir des
autres autorités cantonales n'étaient pas pré
sentées. » c : ...
Trois jours auparavant, ajoutecejournal,
le grand conseil deVaud, 'qui, précédem
ment, avait déjà; adopté en-principe le pro
jet de concession solliertée par le 'même in
génieur, qui, si no us sommes bien informés,
agit au nom d'une compagnie anglaise,
adoptait le projet en second débat à une
grande -majorité. On peut donc admettre que
le chemin de fer de Morges à Yvérdon sera
fait. i
M. Thomas Francis Meagher, qui avait été avec
Smith O'Brien le principal instigateur de la. ré
volte de l'Irlande en 1848, et qui avait été trans
porté en Australie, vient d'arriver à New -York.
M. Meagher réussit, il y a quelques mois, à s'é-'.
vader du district au il avait été transporté, et à
gagner la côte, où l'attendait la chaloupe d'un ba
leinier américain. Ce bâtiment; dont M. Meagher
n'a point xoulu faire connaître le nom, a trans
porté le fugitif aux Etats-Unis. M: Meagher, s'est
présenté inopinément à New-York çliez deux Ir
landais, MM. Dillon et 0'Gorman,,qui.avaient
été compromis dans la même échaufïburée que
lui, mais qui avaient réussi à échapper,aux
autorités anglaises, et qui font aujourd'hui le
commerce aux Etats-Unis*. Les nopbreux Irlan
dais qui habitent New-York ont fait une sorte
d'ovation à leur compatriote. Le JVew-York-Dqt-
ly-Times publié, sur l'évasion de M. Meagher,
les détails suivans, qu'il déclare tenir de la tou
che même de l'intéressé, et qui concordent du
reste avec les rapports 4os autorités anglaises :
« On se souvient de la lettr,e qu'écrivit ThoMas
Francis Meagher, avant sa fuite, aux- autorités. Il
s'engageait à ne pas s'évader ,cte la colonie tant
qu'il aurait sur lui le permis de congé qui lui avait
été"accordé. On sait qu'il renvoya aux magistrats
sa carte de congé, vingt-quatre heures après l'ex
piration du; .délai, et,que, dans la lettre dç renvoi,
il annonçait qu'il resterait cjiez lui jusqu'à mi
nuit, jusqu'à ce qu'on vînt le_reprendre; autre
ment qu'il s'éyaâïrâït" A là lecture de cette Jpttre,
le magistrat s'empressa d'ordonner au chef de
police d'arrêter Meagher. Cet agent s'y refusa,
en disait qu'erç, sa qualité d'Irlandais, il ne pou
vait arrêter Meagher, Irlandais comme lui. — Il
faut que vous l'arrêtiez, s'écria le magistrat .—Je Be
le ferai point, et je donnerai ma démission.--aJe ne
l'accepterai pas. ^-Vous ferez ce qu'il vons plaira.
Le magistrat se mit à la recherche d'autres agens
dé police, et eelùï qui avait refusé d'obtempérer à
ses ordres s'imagina qu'il s'enrichirait plus tôt. à
creuser Ie3 mines d'or qu'à arrêter ses" braves com
patriotes d'Irlande. Voilà ce qu'a d'abord valu la
découverte de l ? or dans l'Australie, la fuitedu bril
lant Meagher. Gèluirci donna aux autorités anglai
ses un répit de six heures pour, qu'elles n'eussent
pas à, lui reprocher d'âyair violé sa parole. Il fut
accompagné et aidé par trois jeunes colons 'anglais
qui liii fournirent dés chevaux; ils en avaieHt eux-
mêmès. Il lui proposèrent d'attendre les a gens de
police et de les tuer.'Meagher ni* trouva pas qu'il
fût nécessaire de répandre.le sang. Il fit attendre
sesamis à quelque distance de là"."
» Dès que la police fut enlrée chez lui; il Sortit
par une autre porte ; il monta 1 cheval, et tour- ■
naut autour de la laçade de: la maison, il cria aux
agens, dont il n'était éloigné que d'une portée de
pistolet, de l'arrêter... s'ils le pouvaient; puis,
piquant des deux, il disparut en un clin -d'œil
avec ses amis. Ils franchirent 180 mil es sans s'ar
rêter, ayant des relais sur leur route: Ils arrivé^,
rent enfin sans malencontre, dans un; lieu isolé iùr
les côtes de la mer; où, dîaprès des mesures qu'ils
avaient prises préalablement, ils trouvèrent ira
biteau baleinier qui- attendait Meagher et l'em
porta sain et sauf. Meagher fait le récit lé plus ex
traordinaire sur les effets de la passion de l'or en
Australie. Le précieux métal fe trouve en grande
quantité et, des individus dé toutes les classes
abandonnent leurs bccupatinng habituelles et se
portent-en foule vers les mines; ■»
CORPS LÉGISLATIF.
Sommaire de la séance du H juin.
PRÉSIDENCE DE H. BILLAUU.
Ouverture de la séance à trois heures.'
Lecture et adoption du procès-verbal, de la
séance du 9 juin. , ■'
Congé de quinze jours accordé à M/ Rigaud.
Lecture -par M. le président de divers projets
de lois transmis au Corps législatif par M. le
ministre d'Etat et concernant : 1? la juridiction
des consuh dé Francfe en Chine et dans les
Etats de l'Imàn de Mascate; 2° un crédit an
nuel dé 300,000 fr. à titre d'indemnité viagère
pour les employés dé la ^erniere liste/civile ;
3* un crédit de 28,399 fr. 41 c. pour le monument
à elevér à là mémoire de l'archevêquejde Paris ;
mlMi WWTMOIil,
histoire
.pu
Dernier îckYal de l'Empereur.
■ ' f : ; : '
j ■ }*(.:)'a'■•'a, —
- +r On'ne çasse.pas ! ; " T - i
/ ^rfiommentl on nepàsse pas; mais,gre>-
" nadier, je suis de la maison de l'Empereur,
«t j'ai;k droit d'entrer. ■ •
7 ^Impossible, moa.garçon, impossible,- le
- militaire ne connaît que sa-consigne. •
Ces paroles s'échangeaient le 29 juin l813,
à quatre heures de l'après-midi, devant là
grande . grille de. • la Malmaison,, entre une
sentinelle et un bonjme ■ revêtu de ,1a livrée
impériale, qùi tenait un cheval par la bride.
Ce dernier, vivetneut contrarié du refus
du grenadier, réfléchît un moment sur le
parti qu'il devait prendre,' et; après uii uao-
, meut de silence, il voulut faire ifne nouvelle
tentative auprès de la sentinelle; mais le gre
nadier; fut inflexible. r,<- \ r - '
Avez-vous une permission? demanda-
- l-il au solliciteur. î /
. Est-ce que j'fen »i besoin, moi, puisque
je suis piqueur de Sa Majesté?
. — Je ne,dis.pas le^ontraire„mon garçon,
' mais xna consigne avant toiit.'.. jene eohhais
^ Je suis Pierre Collot, et j'amène à Sa
Majesté son meilleur cheval de bataille, celui
qu'il montait à Mont-Saint-Jean... une fa
meuse bête, allez !..
Le grenadier ouvrait de grands yeux,
pour mieux contempler le cheval que con
duisait le piqueur': i
i-^- Quoi! c'est ce cheval qui était avec
l'Empereur?..
— Et avec moi, mon brave. .
, Le grenadier regardait alternativement le
piqueur et le coursier :
, — Quoi) et vous aussi, mon cher, vous
cJjez au milieu de notre carré... Effective
ment iV f -rois vous reconnaître... -
-Vous ne vous trempez pas.
— Touchez là, mon bràVô. .
Et la sentinelle saisit la main du piqueur.
Après l'avoir serrée dans la sienne :
— Je regrette davantage, reprit-il, que la
sévérité de ma consigne ne me permette pas
de vous laisser entrer... Mais, diteg donc, il
paraît que vous ne vous doutez pas de ce qui
se passe. Vous ne lisez donc pas les papiers ?
— Non, mais pourquoi cette question ?
— Ah ! c'est que vous amenez à l'Empe
reur son cheval de bataille.,. Eh! mon pher,
il n'en a plus besoin.
Commet t!'est-ce qu'on ne va pas re
commencer à se battre ? f
*--"T II y, a là-bas un-tas d'avocats, de ba
vards, de propres à rien qui ne s'en soucient
pas.... Ils aiment bien mieux donner des
poigpées de main.aux Cosaques.
r--Maisnotre Empereur?.-
—• Notre Empereur I,,., il est en train de
faire ses paquets. . > -
Le vieux soldat poussa un profond soupir,
et de grosses larmes ronlaient danssesyeux ;
Pierre Collot était accablé, anéanti, par ce
qu'il venait d'entendre; —Comment! notra
Empereur, s'écria-t-il, fait ses paquets.... et
ce n'est pas pour se rendre à l'armée, pour
se replacer à la téte-de ses soldats et donner
une leçon aux Anglais et aux Prussiens !
— Les avocats et les bavards ne le veulent
pas; et, ténez,'regardez à travers cette grille,
là-bas, au fond, vous apercevrez des voi
tures. • ' -
Pierre Collot s'approcha de la grille.
— Oui, vous avez raison, grenadier... cela
m'a tout l'air d'un déménagement.
— Ça n'est pas autre chose, et je crois
même que l'Empereur ne tardera-pas à par
tir. .' i'.'
A ce moment, des postillons approchaient
de la grille avec des chevaux de poste desti
nés aux voitures qu'on disposait pour le
voyage. Le factionnare appela l'officier qui
était dp service au château, et celui-ci, après
avoir parlé à l'un des postillons, ordonna
qu'on ouvrît la grillia pour faire eqtrer les
chevaux. C'était une occasion favorable qui
ee présentait à Pierre Collot de pénétrer dans
l'iutérieur du château; il n'avait qu'à suivre
le mouvement et à £e placer à Iq. suite du
postillon, comme s'U appartenait à l'adn}i-
nislration des postes'; m^i« il fallait que le
factionnaire fermât les yeux. C'est ce qu'il
Ht, et le piqueur se trouva bientôt dans la
cour où étaient les voitures.
Il y avait d^jà dix minutes qu'il était là,
immobile , tenant toujours Acacia par la
bride et attendant l'arrivée de l'Empereur,
dont tous les préparatifs annonçaient le pro
chain départ.
Pendant ce temps-là, les postillons atte
laient les chevaux ; les gens de service al
laient et venaient autour de Pierre Collot-;
mais aucun d'eux ne s'avisa de lui deman
der le motif de sa présence à la Malmaison.
Il était alors cinq heures ; tout-à-coup Na
poléon, vêtu d'un frac noir, portant un cha
peau rond, parut,précédant de quelques pas
un groupe d'officiers supérieurs, parmi les
quels on remarquait le général Becker, qui
avait été chargé par la commission du gou
vernement d'accompagner l'ei - Empereur
jusqu'à Rochefort, le géoéral Gourgaud et
quelques autres aides-de-camp ou officiers
d'ordonnance. . • m
Sa physionomie traduisait l'émotion dou-
loureqse à laquelle il était en proie^ il jeta
un reg rd empreint tout à la fois de tristesse
et de • résignation sur les préparatifs de-son
départ, etpois il se retourna vivement com
me pour saluer, une dernière fois, jes murs
de ce château qui l'avait vu jadis si heureux
et qui lui rappelait les jours les plus brillans
de Son existence ! '
. Il s'était arrêté un moment et semblait re
cueillir ses souvenirs; alors retentit dans le
lointain un coup de canqn dont le bruit fit
trembler les vitres de la Malmaison ; Napo
léon recula de quelques pas, et saisissant le
bras du général Becker : • i£
— Entendez-vous, général? s'écria-t-il, on
se bat du côté de Versailles... Et la commis
sion du gouvernement croit encore à la
paix!... Ah! elle paiera... elle fera payer
cher à la France sa sécurité, et sa confiance
dans la foi' d'un ennemi déloyal !
Un second coup de canon se fit entendre.
^En doutez-vôus maintenant, général?
continua l'Empereur, qui s'animait, de plus
en plus. Non, non,' tout n'est pas perdu!
Qu'on me laisse commander encore une fois
l'armée., i qu'on me permette de battre l'en
nemi, l'écraser, le forcer, par la victoire, à
donner un cours favorable aux négociations!
Ensuit# je déposerai mon épée... je partirai,
je quitterai la France.
Le général Becker s'efforça de calmer l'a*-,
gitation de l'Empereur :
— Ces détonations, Sire, n'annoncent pas
la reprise des hostilités; ce sont quelques
boulets qu'échangent de temps en temps en
tre eux les avant-postes. D'ailleurs, Sire, je
dois rappeler à Votre Majesté l'engagement
qu'elle a pris de quitter la France après son
abdication.
— Mais cela ne saurait m'empêcber de
battre l'ennemi, si, comme je le crains, il
veut s'ouvrir de vive force le chemin de la
capitale.
Et en prononçant ces paroles, il prêtait
l'oreille aux bruits du dehors; on s'aperce
vait qu'an fond il désirait ce qu'il paraissait
craindre, et qu'il attendait un nouveau dé
menti donné par le canon ennemi aux assu
rances du général Becker.
Après quelques momens desilerççe, il s'é
cria : -
—- Allons, c'en eçt fait; il faut se résigner !
f Puis il se dirigea vers les voitures, dont il
n'eiait plus séparé que .par un petit espace;
alors ij vit venir à lu^le piqueur Pierre Col
lot, qui conduisait par la bride un cheval
sellé.
— Que veux-tu? lui demanda Napoléon
avec bonté, que viens-tu faire ici?
— Sire, j'amène à votre majesté Acacia,
— Acacia! ,
— Oui, Sire... le cheval que Votre Majesté
montait là-bas... vous savez bien ?
— -Ah ! oui, je me rappelle maintenant...
Quoi ! tu as pu revenir... ramener ce che
val !.. Tu as été bien heureux, vraiment 1.
L'Empereur jeta un coup d'oeil sur Aca
cia, qui était'immobile.
— C'est trop lard, mon garçon, ajouta-t-
il; je n'ai plus besoin de cheval... je-vais
monter en voiture.
—'Pardon, Sire, mais je Croyais que Votre
Majesté allait se mettre à la'têtëde son armée,
et comme vous m'aviez tout particulière
ment recommandé Acacia,.... je vous l'a
menais. .
— Je té remercie, mon ami ; mais il faut
nous séparer. Reconduis ton cheval à Paris ?
et sois bien convaincu que je né t'oublierai
pas..; J'espère pouvoir un jour reconnaître
ton dévoûment et ton courage. Adieu.
Napoléon continua à marcher, et se tour
nant vers le général Becker :
— §i je suis encore en vie, lui dit-il, je le
dois à cet homme et à ce cheval.... ils étaient
avec moi au Mont Saint-Jean, dans le carré
de ma garde.
Quelques instans après cette petite seène
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 77.28%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 77.28%.
- Collections numériques similaires Fonds régional : Picardie Fonds régional : Picardie /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "Picardi1"
- Auteurs similaires Fonds régional : Picardie Fonds régional : Picardie /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "Picardi1"
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k669678f/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k669678f/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k669678f/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k669678f/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k669678f
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k669678f
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k669678f/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest