Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-06-08
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32747578p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 08 juin 1852 08 juin 1852
Description : 1852/06/08 (Numéro 160). 1852/06/08 (Numéro 160).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
jOTipgojeo.
f ?— pais os t'ABOisKEESEKif
paris........ 13 p. par trimestre
&épartemens. "86 f. —
. ,t jh numéro : 20 centimes;
Les dartmt des 1" ei 16
tre charnu moi
four les p ats tteaksbbs, se reporter
tableau qui sera publié dans lo journal,
.es 10 et 23 de chaque moi*.
S'adresser, franco, pour la rédaction, à M. C uçheval- C larign
? " * Les articles déposés ne sont pas rendus.
mnui ! mm f*« f«Ml KPalais-ICoyal), oTtO
1852.-MAR»>I 8 JUIN.
On s'abonne, dans les département, aux Messageries. et aux, Directions de poste.—A Londres, cktt MM.'C owie et fils.
—> j 4 Strasbourg, chez M.
^ lexamdrs , pour i'ÀEemagns.
i S'adresser, francoj fcMr Fadministration à Rf. Denain, directeur.
| Los annonces sont reçues au bureau du journal; stchex M. PAMS, régisseur, 10, plaoe de la Boc?»
1 Immédiatement après la fin de la
session du Corps Législatif, M. le
D r "Véron publiera, dans la partie
politique du Constitutionnel , une
série d'articles sous ce titre :
" jl& «mce, nocyeuli:.
PARÎ8, 7 JUIN.
Nous recevons à dix heures un quart du
soir, par huissier, l'avertissement suivant.
Le mini s Ire de la police générale,
Vu l'art. 32 dû décret organique sur la presse,
Vu l'article publié dans lé journal le Constitu
tionnel le 7 juin 1852, dans lequel se trouve le
passage suivant : « Nous croyons fermement en-
v core, même après l'article du Moniteur, que M.
» Granier de Cassagnac était complètement au-
à lorisé... » ;
Ledit article signé : D r L. Véron ;
Attendu que dans cet article le sieur Véron,
malgré l'insertion au Moniteur du 6 juin 1852
d'une note communiquée par le gouvernement,
persiste à déclarer vraie une assertion inexacte ;
- •' Arrête : s
Art. 1". Aux termes de , l'article 32 du décret
•du 17 lévrier 18ti2, un premier avertissement est
■donné au journal le Constitutionnel dans la per
sonne des sieurs Denain, gérant, et Véron, signa
taire de l'article ci-dessus indiqué.
Art. 2. Le préfet de police est chargé de l'exé
cution du présent arrêté. • •
Fait à Paris, le 7 juin 1852.
■ Ls ministre de la police générale,
Signé de maufas. '
Pour ampliation :
Le préfet de police,
* p1ètri. "
Un avertissement, c'est-à-dire une répri
mande publique et menaçante pour l'exis
tence du Constitutionnel , faite au nom du
gouvernement de Louis - Napoléon , doit
nous inspirer de respectueux et bien vifs
regrets.
Bien que la sentence soit prononcée, nous
ne voulons pas maudire nos juges, nous vou
lons les éclairer ; non par de vaines protesta
tions que ne comprendrait pas notre dignité,
mais par un fait irrécusable qui prouvera,
dans celte affaire, notre bonne foi, et je di
rai- plus, tout notre entraînement à nous
rendre aux vœux du prince-Président de la
République. "
Voici ce fait :
Lorsqué le premier article de M. Granier
de Cassagnac'sur la Belgique fut publié dans
le ' Constitutionnel , M. Mocquavd envoya
demander, par écrit, à M. Denain, no
tre 1 gérant, cent exemplaires du numéro du
journal'qui contenait ce premier article. M.
Granier de Cassagnac demanda de son côté
quatre cents exemplaires du même numéro.
Les - 'feuille^ de Bruxelles ont fait trop de
bruit de cétte invasion inattendue du Consti
tutionnel en Belgique pour que ce fait puisse
être mis en doute.
Êh bien! lorsque le ch'ef du cabinet du
Président de la République applaudit à ce
premier article sur la Belgique jusqu'à en
acheter cènt exemplaires, dois-je penser que
le second article, qui n'a été écrit que pour
donner plus d'autorité au premier, sera
démenti, accusé d'infidélité ou d'exagération,
et'deviendra pour le Constitutionnel l'occasion
d'un avertissement J'en appelle ici à tous les
honnêtes gens ! ~
J'ai bien peu de goût pour cette politi
que de colère qui a ;inspiré les deux articles
sur la Belgique à M. Granier de Cassagnac,
et je n'ai donné accès dans 7e Constitutionnel
à ces deux articles qu'en censant montrer au
Président de la République , une déférence
poussée jusqu'à la soumission.
Puisque l'qvertissemeut qui m'est donné
par le gouvernement établit que j'ai eu
tort d^ penser et d'agir ainsi, il ne me
reste plus qu'un bien douloureux parti à
prendre. ...
. Je n'ouvrirai plus les colonnes du Consti
tutionnel aux articles de M. Granier de Cas
sagnac, qui a pu compromettre le- chef de
l'Etat.
C'est à cette extrémité que jesuis conduit,
par le texte môme de l'avertissement qu'on
nous inflige..
Quoi qu'il en soit, M. Granier de Cassagnac
restera toujours un des nôtres; il a droit
{jux témoignages de reconnaissance du Cons
titutionnel et à toute mon amicale gratiiude.
La plume de guerre, le talent élevé, le cou
rage inébranlable de M. Granier de Cassagnae
pendant tous les mauvais jours, ont rendu
les plus rares services à la cause de l'Ordre,
de la société,- tous les ennemis du Président
de la République ont été ses ennemis. Il a
excité notre ardeur, souvent ranimé notre
esprit d'audace et d'entreprise dans la cam
pagne qu'a soutenu le Constitutionnel con
tre tous les partis impuissans et factieux.
Nous éprouvons ici le besoin d'honorer M.
Granier de Cassagnac et de lui dire que nous
estimons trop hairt ce sentiment presque sur
humain de la reconnaissancepour qu'il trou
ve en nous,un ingrat.
D r L. VÉRON.
M. le ministre des finances vient de pren
dre une mesure qui est une nouvelle preuve
des progrès de la prospérité financière. Il a
réduit par décision, insérée au Moniteur de
ce jour, l'intérêt aitaehé-aux bons du trésor.
Voici d'abord quel était l'intérêt qui leur
était accordé depuis la décision du 11 août
1851, qui était encore en vigueur :
2 0/0 par an pour les bons de trois à cinq
mois d'échéance; ' '
3 0/0 par an pour les bons de six à onze
mois ; •
4 0/0 pour les bons à un an.
La décision nouvelle le modifie à partir
d'aujourd'hui 7 juin, de la manière sui
vante :
2 0/0 par au pour les bons de quatre à
cinq mois d'échéance ;
2 1/2 0/0 par an, pour les bons de six à
onze mois;'
3 1/2 0/0 pour les bons à un an.
Ainsi, d'une:, part, le gouvernement cesse
de délivrer des bons à trois mois, il n'en
émet plus qu'à quatre mois au minimum ;
et, d'autre part, il abaisse de 1/2 0/0 le taux
de l'intérêt pour les bons aux échéances
de plus de cinq mois.
Deux faits ressortent de cette mesure : le
premier c'est l'amélioration croisse te du
crédit de l'Etat ; le second, c'est l'affluence
de l'argent au trésor, qui le met dans la né
cessité d'éloigner plutôt que d'attirer les prê
teurs. -
Il résulte de la note insérée au Moniteur,
que l'encaisse du trésor s'élève aujourd'hui
à 94 millions, malgré les remboursemens
que le gouvernement a dû faire aux rentiers
qui n'ont pas accepté la conversion, rem
boursemens qui sont entièrement effectués
aujourd'hui. . ;
On sait que ces remboursemens se'* sont
élevés à 74 millions; ajoutés aux 630 millions
provenant des découverts des années précé
dentes, ils font monter la charge de la dette
flottante à 704 millions.
Peut-être sepablera-t-il extraordinaire, au
premier abord, qu'en présence d'une somme
aussi considérable, le gouvernement ait ré
duit l'intérêt des bons du trésor qui forment
une des ressources de la dette flottante ;mais
on cessera d'en être surpris si l'on veut re
marquer l'augmentation énorme provenant
des versemens que, suivant la législation
existante, les communes et les établissemens
publics de toute sorte sont obligés de faire
entre les mains du trésor , et qui montent
actuellement au chiffre de 426 millions;
Pour ne citer que le chapitre le plus im
portant, les fonds versés par les caisses d'é
pargne atteignent aujourd'hui près de 285
millions, malgré la loi rendue au milieu de
Tannés dernière, pour abaisser le maximum
des comptes - courans individuels et pour
diminuer le taux de l'intérêt qui leur est at
tribué. Ii ne faut pas se dissimuler toute
fois que - cet accroissement rapide de la dette
des caisses d'épargne no laisse pas que d'of
frir des dangers. Le moment ne serait-il pas
venu de ramener le taux de l'intérêt à ce
qu'il avait toujours été depuis l'origine de
ces institutions jusqu'en 1848, c'est-à-dire à
4 0/0? Ce serait, ce nous semble, la consé
quence logique de la hausse du crédit de
l'Etat et de la réduction de l'intérêt des bons
du trésor. j. burat.
Lorsque la Prusse conçut, vers 1831,1a
première idée d'une association qui devait
lui livrer la circulation des produits de l'a
griculture et de l'industriè allemandes, elle
se garda bien de laisser pénétrer son secret,
et personne ne parut comprendre la portée
de celte nouvelle union douanière. Les diplo
mates prussiens menèrent lanégociation avec
une habileté remarquable. Les anciennes
associations partielles du nord, du centre et
du midi, furent successivement attaquées,
désorganisées, rompues. Sous le pretexte
d'une réforme économique dont chacun était
appelé à profiter, la Prusse plaidait déjà la
cause de l'unité germanique. On reconnaît
la thèse dans laquelle elle a persévéré au mi
lieu de fortunes diverses.
Personne ne soupçonna dans l'origine l'im
portance d'une pareille révolution. M. de
Metternich lui-même ne crut voir dans le
Zollverein naissant qu'unemesure de bon
ordre. Il ne s'opposa pas à ce que la Prusse
fit en quelque sorte la police des petits Etats
du nord. De leur côté les monarchies de se
cond ordre, qui, placées au centre et au mi
di de l'Allemagne, sont si nécessaires à l'é- ,
quilibre européen, la Saxe, la Bavière, le
Wurtemberg, se laissèrent .peut-être trop
aisément gagner aux belles paroles de la
Prusse ; elles n'apprécièrent pas assez l'im
portance, même en matière économique,
de l ; antagonisme des deux grandes puis-
s :nces. Ces pays manufacturiers et pro
ducteurs ne pressentirent pas tous les ser
vices que l'Autriche, leur alliée naturelle,
pourrait leur rendre dans une union doua
nière générale. ,
L'erreur dura peu. Mais,quand elle cessa,
le Zollverein était constitué. L'Allemagne, à
l'exclusion de l'Autriche, se trouva envelop
pée par une vaste association dont la Prusse
était la tête. L'union douanière devait durer
jusqu'en 1854, et dix ans .de plus encore, si
elle n'était dénoncée en 1852 par une des
parlits contractantes. Les Etats du midi et
du centre, comme la diplomatie autrichienne
elle-même, n'avaient plus qu'à prendre pa
tience et à méditer une revanche en atten
dant 1852. ; •
Quels étaient pourtant, M'origine du Zoll
verein, les intérêts véritables des puissances
de l'Allemagne méridionale et centrale?
Alors,- comme aujourd'hui-, deux mtérêur
étaient en présence : l'intérêt commercial du
nord et l'intérêt manufacturier du centre et
du midi. C'est'ici'qu'on peut toucher au
doigt les différences si nécessaires qu'il faut
toujours établir entre les exigences de là
théorie et la pratique gouvernementale. Si
nous devons en croire les libre-échangistes,
il y a, dans la science économique, une vé
rité absolue : il n'est pas de salut commer
cial en dehors de la liberté illimitée des
échanges. Ni la nature des choses, ni les
nécessités d'un boû gouvernement ne s'ac
commodent de principes aussi tranchés.
Tel Etat dont l'industrie a grandi à l'om
bre du régime protecteur , appelle au
jourd'hui la liberté commerciale ; tel autre
trouve encore dans les sévérités de son sys
tème de douanes , des garanties de bien-
être et de prospérité. C'était justement la
situation des gouYernemens de l'Allema
gne. Les uns, Prusse, Hanovre ; Olden
bourg, à des degrés divers, avaient tout
intérêt à l'abaissement des tarifs; les au
tres , au contraire, Autriche, Bavière,
Wurtemberg, au maintien de droits protec
teurs élevés. Quant aux puissances intermé
diaires, elles formaient, pour ainsi - dire, le
trait d'union du nord et du midi; elles
étaient appelées à tenir une balance équita
ble entre les deux régimes extrêmes, prohi
bition et liberté.
A vingt ans d'intervalle, nous retrouvons
plus vive et plus ardente que jamais, cette
opposition du commerce du nord et de l'in
térêt manufacturier du midi. Seulement voi
ci la différent entref les deux époques. En
1831, tout en paraissant servir les intérêtsde
l'Allemagne, la Prussè faisait ses propres
affaires, et la plupart des gouvernemens s'y
laissaient tromper : pn 1852, une semblable
surprise n'est plus possible, malgré lesavan-
tages que les co-associés ont retirés du Zoll
verein, les Etats du centre et du midi souf
friraient difficilement une seconde exclusion
del'Autriche. En 1831, legouvernement prus
sien, avec beaucoup d'adresse , parvenait
à écarter le cabinet de Vienne de l'union
douanière, et M. de Metternich n'en conce
vait pas de sérieuses inquiétudes : en 1852,
joieux inspiré, le .gouvernement autrichien
reprendra la place à laquelle il a droit au
sein de l'Allemagne. L'Autriche, qui s'est
maintenue à la tête de la confédération germa
nique, puisqu'elle a conservé laprésidenee de
la diète,ne peut consentir à l'isolement auquel
on voudrait la condamner. Elle doit à ses
alliés du centre et du midi, elle se deit à elle -
même d'intervenir d'une manière directe et
permanente dans le règlement des affaires
commerciales et industrielles de l'Allema
gne. Rester plus long-temps en dehors de
l'union douanière, ce serait de sa part faillir '
au rôle modérateur qu'elle ambitionne; ce
serait abdiquer l'influence qu'elle a haute
ment revendiquée dans ces derniers temps.
Cependant, sous des dehors de bonne ami
tié et de cordiale entente, la Prusse travaille
à éconduire une seconde fois sa rivale. A
l'aide de nouveaux traités de commerce, elle
se flatte de reconquérir, au sein de la confé
dération, une prépondérance qui, après 1848,
s'est trouvée compromise, et ce n'est pas
moins pour sa suprématie politique que
pour ses intérêts commerciaux, qu'elle lutte
encore aujourd'hui. Les moyens que le cabi
net de Berlin met en œuvre pour arriver a
son but, n'ont pas plus changé que le fond
même de sa pensée. Les lettres d'Allemagne
sont unanimes à montrer la diplomatie
prussienne évitant avec soin tout engage
ment positif, et s'attachant jusqu'à nouvel
ordre à ne rien accorder comme à ne rien
refuser.
» il y a. neuf mois, le 7 septembre 1851, la
Prusse, à l'insu de ses co-associés, signait un
traité de douanes avec le Hanovre, et elle
dénonçait aussitôt le Zollverein. C'était, du
premier coup, lier les mains des autres mem
bres de l'union, et pousser de plus en plus
le centre et le midi dans la voie de la liberté
des échanges. Le prince de Schwartzenberg
répondit à cet acte de la Prusse pat un coup
décisif: il convoqua à Vienne les représentans
de tous les Etats, pour débattre un projet
d'union douanière.
La Prusse, tout en protestant du plus vif
désir d'être agréable a l'Autriche, ne se fit
point représenter aux conférences de Vien
ne; son nouvel allié, le Hanovre, envoya
seul un délégué, évidemment sans pou
voirs, et dont la mission avait pour objet de
tenir la Prusse au courant des progrès de ses
adversaires. On vit alors l'Allemagne du
Zollverein renoncer presque unanimement
au concours de la Prusse,et à l'exception des
petits Etats de la Thuringe, répondre avec
empressement à l'invitation du gouverne
ment autrichien.
Deux projets d'une inégalé importance ont
été élaborés à Vienne : d'abord, pour le l<"
janvier 1853, un traité ,de commerce et de'
douanes entre le Zollverein et l'Autriche.,
puis un traité d'union des douanes autri
chiennes et du Zollverein pour le 1 er jan
vier, 1859. Les signataires du protocole fi-
naT/, "ia Saxe ; là^Bavière, ' le Wurtemberg,
les deux Hesses, Bade et Nassau, prirent
l'engagement d'accepter la teneur des pro ;
jets dans le cas d'une adhésion pleine et
entière de la Prusse. Mais ils n'ignoraient
pas que cette puissance n'en ferait rien,
et, en fin de compte, ils promirent de réu
nir leurs efforts pour amener le cabinet
de Berlin à accepter le principe d'une asso-
sociation austro-allemande. Brunswick et
Francfort se contentèrent d'adhérer à ce der
nier point. Au premier comme au second
projet, Oldenbourg et les villes anséatiques
opposèrent en termes consilians une vérita
ble fin de nonrrecevoir. Quant au Hanovre,
on le devine, il refusa nettement sa signa
ture!
L'opposition que l'Allemagne méridionale
et centrale avait manifestée à l'égard de la
Prusse pendant les conférences de Vienne,
devait se traduire avec plus de vivacité en
core dans les pourparlers de Darmstadt. Les
ministres des gouvernemens signataires dés
derniers protocoles se réunirent dans cette
ville, sinon pour prendre un j arli irrévo
cable, du moins pour s'entendre et concer
ter leurs démarches dans les négociations
qui allaient s'ouvrir» On tomba d'accord
qu'au prochain congrès de Berlin l'Allema
gne du centre et du midi devait laisser à la
Prusse la conduite de la discussion, faire
bon marché des questions préjudicielles,
mais se réserver toujours de ne pas approu
ver les conclusions si elles n'étaient pas con
formes au principe des conférences de
Vienne.
A Berlin, la lutte vient de s'engager au
sein du congrès. Vainement, la Saxe, la
Bavière, le Wurtemberg, etc., insistent
pour faire agréer à la Prusse le principe
d'une association austro-allemande. Li Prus
se continue de répondre : « Ratifiez avant
tout mon traité avec-le Hanovre ; reconsti
tuons notre vieille association ; puisnousv r
rons à négocier avec l'Autriche.» De récentes
nouvelles d'Oldenbourg nous apprennent
que le grand-duché souscrit à ces proposi
tions, et ratifie le traité du 7 septembre.. On
devait s'y attendre de la part de «et. Etat ;
mais la réplique évasive de la Prusse semble
peu faite, quoi qu'en disent les feuilles prus
siennes, pour contenter l'Allemagne méri
dionale et centrale. Aussi les notes dont l'é
change est interrompu entre les cabinets de
Vienne et de Berlin, se succèdent .et se croi
sent sur tous les points de l'Allemagne. 11 est
possible que de cet ensemblede travaux et de
discussions, le Zollverein sorte agrandi et re
nouvelé; mais ce dénoûment pourrait être
long-temps ajourné par de nouvelles com
plications. Le projet d'union douanière entre
l'Autriche et les duchés de Parme et deMo-
dène apporte encore un autre élément de
désaccord dans; ces négociations difficiles.
e. berry.
Le Moniteur de ce jour, 7 juin, contient,
dans sa>partie officielle, la circulaire suivante,
adressée aux ingénieurs des ponts-et-chaus-
séestpar M. le ministre des travaux publics :
Paris, 3 juin 1852.
Monsieur, d'après'la statistique générale arrê7
tée au 1 er janvier 1844, les dépenses à faire en
travaux de lacunes et de rectifications sur les rou
tes nationales, .s'élevaient à la somme totale de
228 millions. A partir du 1" janvier 1853, il res
tera encore à dépenser, sur cette somme, environ
144 millions, dont 122 millions, pour les rectifi-
catioES seulement. f
En rapprochant ces chiffres du crédit de 3 à
4 millions affecté annuellement aux travaux réu
nis des lacunes et : des rectifications, on voit que
si l'on ne sortait pas du cadre de la statistique de
1848, il faudrait encore plus de trente-cinq ans
pour compléter l'amélioration de nos routés natio
nales. Les rectifications en ce moment en eours
d'exécution exigeraient à elles seules une somme
de 24,400,000 fr.
Il n'y a rien ou il n'y a que peu de chose "à ré
duire sur les lacunes. Le principal soin de l'admi
nistration doit être de les classer suivant leur de
gré d'importance et d'urgence.
Il n'en est pas de même pour les rectifications :
elles sont susceptibles de modifications profondes.
Les unes ont été étudiées à upe époque où l'on
ne songeait pas encore aux chemins de fer; les au
tres ont été conçues dans an esprit de perfection
au point de vue de l'art, qui ne se trouve nulle
ment en rapport avec les ressources qu'on peut
appliquer à leur exécution. Ces deux ordres de
rectifications sont donc susceptibles de révision et
de d«ux natures dé changemens.
Partout où une voie de terre est voisine ou pa
rallèle à une voie dé fer, il y a incontestablement
lie* d'ajourner les rectifications, sauf, peut-être,
dans quelques cas tout à fait exceptionnels, et sur
quelques points' fort limités.
Partout où les reçtifications ont ,été conçues sur
une trop vaste échelle, il y a lieu, soit de rentrer
dans des bornes plus modestes, soit de diviser le
travail en plusieurs sections susceptibles d'être
successivement et isolément exécutées. La priorité
à établir entre ces diverses sections doit être déter
minée par les périls où les difficultés qu'elles pré
sentent à la circulation.
Des modifications faites dans cet esprit offriront
l'immense avantage de placer tout d'abord à l'é
cart des travauxn'ont plus de motif suffisant d'exécution; puis el
les permettront d'appliquer, dans un délai beau-
ceup plus rapproche, les ressources nécessaires
peur améliorer ces défilés étroits,ces passages dan
gereux, ees pentes rapides où la vie des hommes
et celle des animaux courent des dangers quoti
diens.
Les rectifications les plus utiles pourront ainsi
être exécutées presque immédiatement ; les recti
fications d'une utilité secondaire viendront ensui
te. Les rectifications proférées devront être faites
de maniéré à pouvoir se coordonner plus tard avec
les sections dont l'exécution sera ajournée.
Vous voudrez donc bien, Monsiëur, réviser dans
cet esprit les rectifications proposées'pour votré
département avant et depuis 1844, et résumer vos
observations et vos propositions dans les tableaux
statistiques dont je vous adresse ci-jeint les mo
dèles.
Votre attention, Monsieur, doit se porter, com
me étant de première urgence, sur les rectifica
tions des routes ou portions de routes formant le
prolongement ou les principaux affluens des li
gnes de fer.,
L'exiguite des ressources dont l'administration
dispose lui fait, je vous l'ai démontré, un devoir
de se rentermer dans les limites du : strict néces
saire et de choisir, dans tous les cas, les rectifica
tions les plus urgentes et le système de construc
tion le plus économique. N'hésitez donc pas a sa
crifier ces grandes déviations qui entraînent des
dépenses considérables, en dehors de toute pro
portion avec les allocations normales du budget.
Il faut aussi bannir tout luxe mutile des ouvrages
d'krt et de ne donner aux routes que la largeur
commandée par les besoins de la circulation.
Pour les lacunes, vous aurez à examiner seule
ment si " toutes celles'portées à la statistique d
1844 doivent elre considérées comme de véritables
lacunes; car en ne doit considérer et maintenir
comme telles que les parties ou la route n'a ja
mais été ouverte ; -mème , înrpjErfflitement. Vous de
vrez, du reste, pour la construction de ces parties
de routes", adopter le système économique recom-
. mandé pour les rectifications, et réduire, en con
séquence. les évaluations.de 1814.
Telles sont, Monsieur, les données générales du
nouveau travail que vous avez à rédiger. Je vous
prie de consigner le résultat de vos études dans
les tableaux dont les molles sont ci : annexés.
Ces tableauï' n'impliquent pas l'exclusion d'un
rapport plus détaillé, si vous croyez devoir l'y
joindre. Toutes les fois que vous aurez pu réunir
les élémens du calcul et les renseignemens néces
saires pour établir l'économie annuelle que l'exé
cution des travaux .procurerait sur les frais de
transport, avez soin de la signaler ,d,aus la colonne
.d'observations des tableaux, en indiquant en meme
temps l'importance du capital epgugé dans i ope-
ration,, " ' . , . _
Enfin, vous voudrez bien joindre aux ^tableaux
une carte routière de votre département sur la
quelle vous indiquerez les lacunea p«r un ponctue
rouge, les changemens de direction par une ugne
pleine verte, et les rectmcations sur place par une
ligne ; pleine jaune. Chaque lacune ou reçtii.caion
sera cotée d'un numéro v -orrespçmdant „ u tableau.
Il sera bon que vous vous entendiez ~ur ce tr_
vail avec MM. les inspecteurs,je m en U uu enire .
t§nu avec eux avant leur départ, et il " po urronl
lever les doutes qui se présenteraient " volre es
^ Veuillez m'accuser réception de la préseiu e cir
culaire. Je vous en adresse un exemplaire pb, ur
chacun de MM. les ingénieurs d'arrondissement.
Recevez, Monsieur, l'assurance de ma considé
ration très distinguée,
Le ministre des travaux publics,
M. LEFEBVIVE DURUFLÉ.
En tête de sa partie non officielle, le Moni
teur ajoute ;
« Nous .avons reprodftit (partie officielle) la .cir
culaire,que M. le ministre des travaux publics vient
d'adresser aux ingénieurs des ponts-et-chaussées
pour les travaux des lacunes et des rectifications
des routes nationales^ Ce document flous paraît
devoir être l'objet d'un sérieux examen de la part
des membres des conseils généraux et des conseils
d'arrondissement.daits leur prochaine session. »
On lit dans le Moniteur :
« Par décision du ministre des finances, l'intérêt
attaché aux bons du trésor public est fixé a|§si
qu'il suit, à partir du lundi 7 juin courant :
» A 2 p. 0/0 par an, pour les bons de quatre à
cinq mois d'échéance ;
A 2 1/2 0/0 par aç, pour les .bons de six à on?e
mois d'échéance;
» A 3 1/2 0/0, pour les bons à un an. . ;
» Cet abaissement du taux de l'intérêt était de
venu nécessaire par suite de l'augmentation crois
sante de l'encaisse du trésor.
» Cet encaisse s'élève aujourd'hui à 94 millions.,
•quoique Iesremb«ursemens que le trésor a dû fair
re aux rentiers qui n'ont pas accepté la conver
sion soient entièrement effectués. » '
(Communiqué.)
Le Corps Législatif s'est réunie aujourd'hui
dans ses bureaux et a nommé les commissions suir
vantes : .
Commission pour l'examen du projet de loi relatif
à l'exécution de la peine des travaux forcés :
MM. le vicomte de Kervèguen, Dumiral, le vi
comte Lemercier, Roqae-Salvaza, Bavoux (Eva-
riste), le baron de Montreui), Desmaroux dé
Gaulmin.
Commission pour l'examen de divers projets de loi
d'intérêt départementaux et communaux.
MM. Pongérard, Leroux (Alfred), le comte de
Saintè-Hermine, André dè Kerdrel, le baron Por-
talis, le comte de Tauriac, Jollivet de Castelot.
Commission pour l'examen du projet de loi relatif
à un échange d'immeubles entre l'Etat et M. dés
Acres de l'Aigle.
MM, Delapalme, le baron de Planey, le marquis
de Mortemart, de La Haiechois, Becquet, de Cha-
zelles (Léon), de Maupas.
Commission pour l'examen du projet de loi rela
tif à un crédit de 170,000 fr. pour la restaura
tion dè l'ég:ise de Saint-Ouen de Rouén.
MM. le baron Thieullen, Curnier, Levavasseur,
Quesné, le marquis d'Argent, Puplan, Chevreau.
On lit dans l'Union francomtoise du6 juin :
« Nous apprenons un nouvel acte de persécution
contre la religion' catholique en Suisse : c'est la
suppression des çorpoiations religieuses qui exis
tent dans le canton du Tessin, et la confiscation
de leurs biens.
» La loi qui accomplit ces violences et cette sptb
liatipn a été rendue par le grand conseil, à la ma-*
jorité dè 53 veix contre 51. Lè grand conseil se
compose dé 114 membres ; il y a eu plusieurs mem
bres absens au moment du vote.
» Voici le texte de cette loi :
« Art. 1«. L'Etat sé charge de l'instruction gym ■
» riasiaté e t supérieure du canton.
» 2. Les corporations religieuses et les instituts
» des Servîtes de Mendrisio, des Somasques de Lu-
»' gâno, 'des Bénédictins de Bellinzone, le séminaire
» ae Pollegiô et le" collège d'Ascona, sont déclaré^
» sécularisés; les biens dont ils ont jusqu'ici la
» jouissance seront administrés par l'Etat, qui en,
» disposera exclusivement et à perpétuité en faveur
» de l'instruction gymnàsiale et supérieure.
» conseil u htat est autorisé à aliéner les
» biens de ces corporations et instituts qui ne se-
» raient pas appliques directement à l'usage dès
» établissemens a instruction à leur substituer. L'a-
» lienation aura lieu aux termes de la loi du 30 juin
» ms.
» 4. Le produit des biens à aliéner comme il vient
» d'être dit sera inscrit à la dette cantonale pèr-
» pétuelle au 4 1/2 0/0 d'intérêt, et les certificats y
» relatifs seront faits en faveur de l'instruction pu--
» blique et gymnasiale, et porteront les indications
». spéciales de la provenance des sommes dont il
» s'agit.
» S: Dans chacune dés susdites localités, on main-
» tiendra et' créera par les soins de l'Etat un nouvel
» institut d'éducation.
» Pans le cas-où les biens et les rentes des sus-
» dits instituts, de même'que du couvent déjà sup-
» primé de Saint-François; de Locarno, cesseraient
» d'être appliqués par i ? £tat à l'instruction publiqua
» supérieure, leur administration passerait de droit
à aux localités respectives, pour être de nouveau
à appliqués à la même instruction. »■
» '6. Le conseil d'Etat est chargé de l'exécution dç
» la présente loi. »
« Comment les puissances, ajoute l'Union fratir
FEUILLETOv DU CONSTITUTIONNEL, 8 JUIN.
LETTRES SUH LONDRES.
•: . Londres, 6 juin.
~i Monsieur,
'J'arrivie à Londres par un jour de pluie
glaciale; et mon premier soin est de savoir
où je passerai lasoirée. Je me fais descendre
à- Hay-Market, sous les arcades du théâtre
Italien". J'entre dans le bureau de location et
j'é listes affiches. Les premiers mots qui me
frappent sont' ceux-6i : : injonction against
joîianna'wagner , "etb. : Qu'est-ce que céla, la-
jbncfioh ? Ge^not m'intrigue. Serait-ce l'opé
ra nouveau qu'on va donner ce soir ? J'étais
comme ce bon paysan, qui prenait le mot
Relâche pour lè titre d'une pièce.
f : 'Voici la'traduction littérale de cette im
mense affiche," imprimée en très gros carac
tères'- '« M. Lumley a l'honneur d'informer
lâ noblesse, les ' souscripteurs et le public
que l'injonction ob tenue contre Mlle Johanna
Wagner et M. Frédéric Gye, injonction basée
sur l'évidence des'documèns soumis à Son
Honneur, le vice-chancelier, sir James Par
ker, reste dans toute sa vigueur. »
C'est la première fois, je pense, que le
nom de Son Honneur le vice-chancelier fi
gure sur une affiche de théâtre. Mais, cette
année, la grande pièce n'a pas été jouée à
l'Opéra. Ce sont les avocats, les greffiers et
les juges qui ont remplacé les ténors, les so-
prani et les basses-tailles, et lé public, à dé
faut des jouissances musicales que lui pro
mettaient les débuis d'une grande artiste,
s'est rejeté sans trop se plaindre sur les. émo
tions judiciaires.
Lé procès de Mlle Wagner est donc le grand,
le seul événement de la saison. Les Anglais,
nation méthodique, ne se passionnent que
pour une chose à la lois. Leur attention est
concentrée sur un seul objet, sur un seul
nom, sur une seule affaire. Il y a trois ans
c'était Jenny Lind, l'année dernière c'était
l'Exposition, cette année ce sont lès débuts
de Mlle Wagner qui ont occupé le public an
glais et qui ne cessent point de l'occuper,bien
qu'il soit à peu près certain que Mlle Wagner
ne débutera pas.
pour moi, je vous l'avoue, j'en prends vo
lontiers mon parti. No.us entendrons Mlle
Wagner dan^ çleux ans aii plus tarçl. Elle fst
engagée à l'Opéra pour créer le premier rôle
dans l'Africaine de Meverbeer. Mais ce que
nous ne verrons jamais à Paris, c'est le lord-
chancelier, le troisième personnage du royau
me, siégeant dans, l'auguste et formidablei
appareil de sa haute dignité, pour rappeler
solennellement une cantatrice à l'exécution
de ses devoirs.
Mlle Wagner est une jeune et grande per
sonne aux cheveux blonds d'une* extrême
finesse, aux yeux bleus qui s'animent par
fois jusqu'à paraître noirs. Elle a commencé
par être comédienne et ne songeait pas, dit-
on, à la musique, lorsqu'elle s'est aperçue,
que la nature l'avait douée d'une très belle
voix de mezzo-soprano. Elle a quitté alors la
comédie pour le chant, et n'a pas eu moins
de suctès dans sa nouvelle carrière qu'aile
n'en avait obtenu comme actrice. Mlle Wa
gner a cela de commun avec Jenny Lind,
que sa réputation s'est faite à Berlin et-
qu'elle est du très petit nombre de ees
artistes privilégiées que Meyerbeer adop
te, élève et protège av^.c un soin particulier,
et comme ses prepres ftnfans, parce qu'il
leur destine un rôle dans ses ouvrages. M.
Lumley, qui .tous les ans; doit frapper un
grand coup pour mener à bieç sa lauride en
treprise, s'était flatté de recommencer avec
Mlle Wagner la vogue prodigieuse et unique
-de Jenny Lind; Mais il avait compté sans le
père de la débutante. Or, c'est là que finit le
rêve et que la réalité commence.
Je ne voudrais rien dire de désobligeant
pour le père de Mlle Wagner. C'est un ancien
ténor d'un talent médiocre, mais un excel
lent homme d'affaires. Il était né pour le
commerce. Il regarde le talent de sa fille
comme une étoffe rare, un objet précieux
qu'on ne saurait payer trop cher. Celui qui
en offre davantage a naturellement ses pré
férences. M. Lumley ne donnait que mille^
livres pour deux mois ( vingt-einq mille
francs) ; M. Gye a offert le double pour six
semaines. Les sympathies du père Wa
gner étaient acquises à M. Gye. Mais il
y avait contrat signé avec M> Lumley.
C'était là le côté fâcheux de l'affaire. Ce
pendant, M. Lumley avait promis une
avance de trois cents livres. Le fondé de pou-
voifs de M. Lumley écrit à M. Wagner que
l'argent est prêt. M. Wagner affirme qu'il a
reçu la lettre, et qu'il n'y est point question
d'argent. Le plus simple était donc d'en in
former Mi Lumley, pour qu'il eût à se met
tre en règle. M. Wagner enabieneu l'inten-
tion, car ses premiers mouvemens sont tou
jours désintéressés. Mais «es habitudes com
merciales l'emportent, et il signe un nou
veau traité avec Covent-Garden.
Un juif avait fait toute sa vie le commer
ce des ornemens d'église. Il s'y était enrichi.
C'était, du reste, un fort brave homme et
d'une conduite tellement exemplaire, qu'un
prêtre avait espéré le convertir à la dernière
heure. ïl l'exhortait par de saintes paroles et
lui montrait souvent un beaû Crucifix .en-
vermeil. Lè juif; croyant qu'on voulait le lui
vendre, s'éeriad'une voix mourante; j'en
donne quatre-vingts francs !
Le père de Mlle Wagner était donc ravi que
M. Gye eût donné cinquante mille francs de
ce que M. Lumley n'avait estimé qu'à vingt-
'cinq mille. Mais il craignait avec raison les
suites d'un procéS'. M. Gye, directeur de Co
vent-Garden, prit tout suç lui; il passa un
petit acte privé avec M. Wagner pour le ga
rantirez toute éventualité et l'indemniser de
toute perte; après quoi il afficha bravement
les débuts de Mlle Wagner.
Qui fut surpris? Ce fut M. Lumley, qui
était ,à mille lieues de s'attendre à un. tel
coup de foudre. Il vole-à Hambourg, à
.Francfort; il revient à Paris pour quelques
heures, il retourne à Londres, il met en or
dre ses papiers, ses preuves,-sa correspou-?
dance. Mais comment faire respeçter ses droits?
Commentobtenir justice sur-le-champï Com
ment empêcher Mlle Wagner de paraître sur
un- théâtre rival? La ' procédure anglaise,
a des longueurs infinies. JM. Lumley avait,
bien la ressource de faire , condamner plus
tard l'artiste inconstante à tels dommages-
intérêts qu'il plairait aux tribunaux de lui.
allouer. Mais, en attendant, l'apparition da
Mlle Wagner sur le théâtre de Covent-Gar
den, c'était la ruine et la mort du Théà»,
tre de Sa Majesté. En Italie, par exemple,,
pays de justice sopimaire, on envoie à l'ar
tiste récalçitrant quatre hommes et un ca
poral, et, s'il refuse de se rendre à son de
voir, on le mène en prison. A Milan, 1$.
ténor Poggi était conduit tous les, soirs sun
la scène par quatre Autrichiens et ne chan-i
'tait que par 1* force des-baïonnettes. Maif*
;en Angleterre, où la liberté individueljg.
est sacrée, il n'y a point de précédant, je ng
dis pas qu'on ait essayé de contraindre uq,
artiste à faire actç de présence, mais seule
ment de lui défendra de chanter ou de jouer,
sur un autre théâtre que celui où il s'était
Rengage, Reste ludion en dommages-intérêt^
à laquelle on ne peut avoir recours que par
f ?— pais os t'ABOisKEESEKif
paris........ 13 p. par trimestre
&épartemens. "86 f. —
. ,t jh numéro : 20 centimes;
Les dartmt des 1" ei 16
tre charnu moi
four les p ats tteaksbbs, se reporter
tableau qui sera publié dans lo journal,
.es 10 et 23 de chaque moi*.
S'adresser, franco, pour la rédaction, à M. C uçheval- C larign
? " * Les articles déposés ne sont pas rendus.
mnui ! mm f*« f«Ml KPalais-ICoyal), oTtO
1852.-MAR»>I 8 JUIN.
On s'abonne, dans les département, aux Messageries. et aux, Directions de poste.—A Londres, cktt MM.'C owie et fils.
—> j 4 Strasbourg, chez M.
^ lexamdrs , pour i'ÀEemagns.
i S'adresser, francoj fcMr Fadministration à Rf. Denain, directeur.
| Los annonces sont reçues au bureau du journal; stchex M. PAMS, régisseur, 10, plaoe de la Boc?»
1 Immédiatement après la fin de la
session du Corps Législatif, M. le
D r "Véron publiera, dans la partie
politique du Constitutionnel , une
série d'articles sous ce titre :
" jl& «mce, nocyeuli:.
PARÎ8, 7 JUIN.
Nous recevons à dix heures un quart du
soir, par huissier, l'avertissement suivant.
Le mini s Ire de la police générale,
Vu l'art. 32 dû décret organique sur la presse,
tionnel le 7 juin 1852, dans lequel se trouve le
passage suivant : « Nous croyons fermement en-
v core, même après l'article du Moniteur, que M.
» Granier de Cassagnac était complètement au-
à lorisé... » ;
Ledit article signé : D r L. Véron ;
Attendu que dans cet article le sieur Véron,
malgré l'insertion au Moniteur du 6 juin 1852
d'une note communiquée par le gouvernement,
persiste à déclarer vraie une assertion inexacte ;
- •' Arrête : s
Art. 1". Aux termes de , l'article 32 du décret
•du 17 lévrier 18ti2, un premier avertissement est
■donné au journal le Constitutionnel dans la per
sonne des sieurs Denain, gérant, et Véron, signa
taire de l'article ci-dessus indiqué.
Art. 2. Le préfet de police est chargé de l'exé
cution du présent arrêté. • •
Fait à Paris, le 7 juin 1852.
■ Ls ministre de la police générale,
Signé de maufas. '
Pour ampliation :
Le préfet de police,
* p1ètri. "
Un avertissement, c'est-à-dire une répri
mande publique et menaçante pour l'exis
tence du Constitutionnel , faite au nom du
gouvernement de Louis - Napoléon , doit
nous inspirer de respectueux et bien vifs
regrets.
Bien que la sentence soit prononcée, nous
ne voulons pas maudire nos juges, nous vou
lons les éclairer ; non par de vaines protesta
tions que ne comprendrait pas notre dignité,
mais par un fait irrécusable qui prouvera,
dans celte affaire, notre bonne foi, et je di
rai- plus, tout notre entraînement à nous
rendre aux vœux du prince-Président de la
République. "
Voici ce fait :
Lorsqué le premier article de M. Granier
de Cassagnac'sur la Belgique fut publié dans
le ' Constitutionnel , M. Mocquavd envoya
demander, par écrit, à M. Denain, no
tre 1 gérant, cent exemplaires du numéro du
journal'qui contenait ce premier article. M.
Granier de Cassagnac demanda de son côté
quatre cents exemplaires du même numéro.
Les - 'feuille^ de Bruxelles ont fait trop de
bruit de cétte invasion inattendue du Consti
tutionnel en Belgique pour que ce fait puisse
être mis en doute.
Êh bien! lorsque le ch'ef du cabinet du
Président de la République applaudit à ce
premier article sur la Belgique jusqu'à en
acheter cènt exemplaires, dois-je penser que
le second article, qui n'a été écrit que pour
donner plus d'autorité au premier, sera
démenti, accusé d'infidélité ou d'exagération,
et'deviendra pour le Constitutionnel l'occasion
d'un avertissement J'en appelle ici à tous les
honnêtes gens ! ~
J'ai bien peu de goût pour cette politi
que de colère qui a ;inspiré les deux articles
sur la Belgique à M. Granier de Cassagnac,
et je n'ai donné accès dans 7e Constitutionnel
à ces deux articles qu'en censant montrer au
Président de la République , une déférence
poussée jusqu'à la soumission.
Puisque l'qvertissemeut qui m'est donné
par le gouvernement établit que j'ai eu
tort d^ penser et d'agir ainsi, il ne me
reste plus qu'un bien douloureux parti à
prendre. ...
. Je n'ouvrirai plus les colonnes du Consti
tutionnel aux articles de M. Granier de Cas
sagnac, qui a pu compromettre le- chef de
l'Etat.
C'est à cette extrémité que jesuis conduit,
par le texte môme de l'avertissement qu'on
nous inflige..
Quoi qu'il en soit, M. Granier de Cassagnac
restera toujours un des nôtres; il a droit
{jux témoignages de reconnaissance du Cons
titutionnel et à toute mon amicale gratiiude.
La plume de guerre, le talent élevé, le cou
rage inébranlable de M. Granier de Cassagnae
pendant tous les mauvais jours, ont rendu
les plus rares services à la cause de l'Ordre,
de la société,- tous les ennemis du Président
de la République ont été ses ennemis. Il a
excité notre ardeur, souvent ranimé notre
esprit d'audace et d'entreprise dans la cam
pagne qu'a soutenu le Constitutionnel con
tre tous les partis impuissans et factieux.
Nous éprouvons ici le besoin d'honorer M.
Granier de Cassagnac et de lui dire que nous
estimons trop hairt ce sentiment presque sur
humain de la reconnaissancepour qu'il trou
ve en nous,un ingrat.
D r L. VÉRON.
M. le ministre des finances vient de pren
dre une mesure qui est une nouvelle preuve
des progrès de la prospérité financière. Il a
réduit par décision, insérée au Moniteur de
ce jour, l'intérêt aitaehé-aux bons du trésor.
Voici d'abord quel était l'intérêt qui leur
était accordé depuis la décision du 11 août
1851, qui était encore en vigueur :
2 0/0 par an pour les bons de trois à cinq
mois d'échéance; ' '
3 0/0 par an pour les bons de six à onze
mois ; •
4 0/0 pour les bons à un an.
La décision nouvelle le modifie à partir
d'aujourd'hui 7 juin, de la manière sui
vante :
2 0/0 par au pour les bons de quatre à
cinq mois d'échéance ;
2 1/2 0/0 par an, pour les bons de six à
onze mois;'
3 1/2 0/0 pour les bons à un an.
Ainsi, d'une:, part, le gouvernement cesse
de délivrer des bons à trois mois, il n'en
émet plus qu'à quatre mois au minimum ;
et, d'autre part, il abaisse de 1/2 0/0 le taux
de l'intérêt pour les bons aux échéances
de plus de cinq mois.
Deux faits ressortent de cette mesure : le
premier c'est l'amélioration croisse te du
crédit de l'Etat ; le second, c'est l'affluence
de l'argent au trésor, qui le met dans la né
cessité d'éloigner plutôt que d'attirer les prê
teurs. -
Il résulte de la note insérée au Moniteur,
que l'encaisse du trésor s'élève aujourd'hui
à 94 millions, malgré les remboursemens
que le gouvernement a dû faire aux rentiers
qui n'ont pas accepté la conversion, rem
boursemens qui sont entièrement effectués
aujourd'hui. . ;
On sait que ces remboursemens se'* sont
élevés à 74 millions; ajoutés aux 630 millions
provenant des découverts des années précé
dentes, ils font monter la charge de la dette
flottante à 704 millions.
Peut-être sepablera-t-il extraordinaire, au
premier abord, qu'en présence d'une somme
aussi considérable, le gouvernement ait ré
duit l'intérêt des bons du trésor qui forment
une des ressources de la dette flottante ;mais
on cessera d'en être surpris si l'on veut re
marquer l'augmentation énorme provenant
des versemens que, suivant la législation
existante, les communes et les établissemens
publics de toute sorte sont obligés de faire
entre les mains du trésor , et qui montent
actuellement au chiffre de 426 millions;
Pour ne citer que le chapitre le plus im
portant, les fonds versés par les caisses d'é
pargne atteignent aujourd'hui près de 285
millions, malgré la loi rendue au milieu de
Tannés dernière, pour abaisser le maximum
des comptes - courans individuels et pour
diminuer le taux de l'intérêt qui leur est at
tribué. Ii ne faut pas se dissimuler toute
fois que - cet accroissement rapide de la dette
des caisses d'épargne no laisse pas que d'of
frir des dangers. Le moment ne serait-il pas
venu de ramener le taux de l'intérêt à ce
qu'il avait toujours été depuis l'origine de
ces institutions jusqu'en 1848, c'est-à-dire à
4 0/0? Ce serait, ce nous semble, la consé
quence logique de la hausse du crédit de
l'Etat et de la réduction de l'intérêt des bons
du trésor. j. burat.
Lorsque la Prusse conçut, vers 1831,1a
première idée d'une association qui devait
lui livrer la circulation des produits de l'a
griculture et de l'industriè allemandes, elle
se garda bien de laisser pénétrer son secret,
et personne ne parut comprendre la portée
de celte nouvelle union douanière. Les diplo
mates prussiens menèrent lanégociation avec
une habileté remarquable. Les anciennes
associations partielles du nord, du centre et
du midi, furent successivement attaquées,
désorganisées, rompues. Sous le pretexte
d'une réforme économique dont chacun était
appelé à profiter, la Prusse plaidait déjà la
cause de l'unité germanique. On reconnaît
la thèse dans laquelle elle a persévéré au mi
lieu de fortunes diverses.
Personne ne soupçonna dans l'origine l'im
portance d'une pareille révolution. M. de
Metternich lui-même ne crut voir dans le
Zollverein naissant qu'unemesure de bon
ordre. Il ne s'opposa pas à ce que la Prusse
fit en quelque sorte la police des petits Etats
du nord. De leur côté les monarchies de se
cond ordre, qui, placées au centre et au mi
di de l'Allemagne, sont si nécessaires à l'é- ,
quilibre européen, la Saxe, la Bavière, le
Wurtemberg, se laissèrent .peut-être trop
aisément gagner aux belles paroles de la
Prusse ; elles n'apprécièrent pas assez l'im
portance, même en matière économique,
de l ; antagonisme des deux grandes puis-
s :nces. Ces pays manufacturiers et pro
ducteurs ne pressentirent pas tous les ser
vices que l'Autriche, leur alliée naturelle,
pourrait leur rendre dans une union doua
nière générale. ,
L'erreur dura peu. Mais,quand elle cessa,
le Zollverein était constitué. L'Allemagne, à
l'exclusion de l'Autriche, se trouva envelop
pée par une vaste association dont la Prusse
était la tête. L'union douanière devait durer
jusqu'en 1854, et dix ans .de plus encore, si
elle n'était dénoncée en 1852 par une des
parlits contractantes. Les Etats du midi et
du centre, comme la diplomatie autrichienne
elle-même, n'avaient plus qu'à prendre pa
tience et à méditer une revanche en atten
dant 1852. ; •
Quels étaient pourtant, M'origine du Zoll
verein, les intérêts véritables des puissances
de l'Allemagne méridionale et centrale?
Alors,- comme aujourd'hui-, deux mtérêur
étaient en présence : l'intérêt commercial du
nord et l'intérêt manufacturier du centre et
du midi. C'est'ici'qu'on peut toucher au
doigt les différences si nécessaires qu'il faut
toujours établir entre les exigences de là
théorie et la pratique gouvernementale. Si
nous devons en croire les libre-échangistes,
il y a, dans la science économique, une vé
rité absolue : il n'est pas de salut commer
cial en dehors de la liberté illimitée des
échanges. Ni la nature des choses, ni les
nécessités d'un boû gouvernement ne s'ac
commodent de principes aussi tranchés.
Tel Etat dont l'industrie a grandi à l'om
bre du régime protecteur , appelle au
jourd'hui la liberté commerciale ; tel autre
trouve encore dans les sévérités de son sys
tème de douanes , des garanties de bien-
être et de prospérité. C'était justement la
situation des gouYernemens de l'Allema
gne. Les uns, Prusse, Hanovre ; Olden
bourg, à des degrés divers, avaient tout
intérêt à l'abaissement des tarifs; les au
tres , au contraire, Autriche, Bavière,
Wurtemberg, au maintien de droits protec
teurs élevés. Quant aux puissances intermé
diaires, elles formaient, pour ainsi - dire, le
trait d'union du nord et du midi; elles
étaient appelées à tenir une balance équita
ble entre les deux régimes extrêmes, prohi
bition et liberté.
A vingt ans d'intervalle, nous retrouvons
plus vive et plus ardente que jamais, cette
opposition du commerce du nord et de l'in
térêt manufacturier du midi. Seulement voi
ci la différent entref les deux époques. En
1831, tout en paraissant servir les intérêtsde
l'Allemagne, la Prussè faisait ses propres
affaires, et la plupart des gouvernemens s'y
laissaient tromper : pn 1852, une semblable
surprise n'est plus possible, malgré lesavan-
tages que les co-associés ont retirés du Zoll
verein, les Etats du centre et du midi souf
friraient difficilement une seconde exclusion
del'Autriche. En 1831, legouvernement prus
sien, avec beaucoup d'adresse , parvenait
à écarter le cabinet de Vienne de l'union
douanière, et M. de Metternich n'en conce
vait pas de sérieuses inquiétudes : en 1852,
joieux inspiré, le .gouvernement autrichien
reprendra la place à laquelle il a droit au
sein de l'Allemagne. L'Autriche, qui s'est
maintenue à la tête de la confédération germa
nique, puisqu'elle a conservé laprésidenee de
la diète,ne peut consentir à l'isolement auquel
on voudrait la condamner. Elle doit à ses
alliés du centre et du midi, elle se deit à elle -
même d'intervenir d'une manière directe et
permanente dans le règlement des affaires
commerciales et industrielles de l'Allema
gne. Rester plus long-temps en dehors de
l'union douanière, ce serait de sa part faillir '
au rôle modérateur qu'elle ambitionne; ce
serait abdiquer l'influence qu'elle a haute
ment revendiquée dans ces derniers temps.
Cependant, sous des dehors de bonne ami
tié et de cordiale entente, la Prusse travaille
à éconduire une seconde fois sa rivale. A
l'aide de nouveaux traités de commerce, elle
se flatte de reconquérir, au sein de la confé
dération, une prépondérance qui, après 1848,
s'est trouvée compromise, et ce n'est pas
moins pour sa suprématie politique que
pour ses intérêts commerciaux, qu'elle lutte
encore aujourd'hui. Les moyens que le cabi
net de Berlin met en œuvre pour arriver a
son but, n'ont pas plus changé que le fond
même de sa pensée. Les lettres d'Allemagne
sont unanimes à montrer la diplomatie
prussienne évitant avec soin tout engage
ment positif, et s'attachant jusqu'à nouvel
ordre à ne rien accorder comme à ne rien
refuser.
» il y a. neuf mois, le 7 septembre 1851, la
Prusse, à l'insu de ses co-associés, signait un
traité de douanes avec le Hanovre, et elle
dénonçait aussitôt le Zollverein. C'était, du
premier coup, lier les mains des autres mem
bres de l'union, et pousser de plus en plus
le centre et le midi dans la voie de la liberté
des échanges. Le prince de Schwartzenberg
répondit à cet acte de la Prusse pat un coup
décisif: il convoqua à Vienne les représentans
de tous les Etats, pour débattre un projet
d'union douanière.
La Prusse, tout en protestant du plus vif
désir d'être agréable a l'Autriche, ne se fit
point représenter aux conférences de Vien
ne; son nouvel allié, le Hanovre, envoya
seul un délégué, évidemment sans pou
voirs, et dont la mission avait pour objet de
tenir la Prusse au courant des progrès de ses
adversaires. On vit alors l'Allemagne du
Zollverein renoncer presque unanimement
au concours de la Prusse,et à l'exception des
petits Etats de la Thuringe, répondre avec
empressement à l'invitation du gouverne
ment autrichien.
Deux projets d'une inégalé importance ont
été élaborés à Vienne : d'abord, pour le l<"
janvier 1853, un traité ,de commerce et de'
douanes entre le Zollverein et l'Autriche.,
puis un traité d'union des douanes autri
chiennes et du Zollverein pour le 1 er jan
vier, 1859. Les signataires du protocole fi-
naT/, "ia Saxe ; là^Bavière, ' le Wurtemberg,
les deux Hesses, Bade et Nassau, prirent
l'engagement d'accepter la teneur des pro ;
jets dans le cas d'une adhésion pleine et
entière de la Prusse. Mais ils n'ignoraient
pas que cette puissance n'en ferait rien,
et, en fin de compte, ils promirent de réu
nir leurs efforts pour amener le cabinet
de Berlin à accepter le principe d'une asso-
sociation austro-allemande. Brunswick et
Francfort se contentèrent d'adhérer à ce der
nier point. Au premier comme au second
projet, Oldenbourg et les villes anséatiques
opposèrent en termes consilians une vérita
ble fin de nonrrecevoir. Quant au Hanovre,
on le devine, il refusa nettement sa signa
ture!
L'opposition que l'Allemagne méridionale
et centrale avait manifestée à l'égard de la
Prusse pendant les conférences de Vienne,
devait se traduire avec plus de vivacité en
core dans les pourparlers de Darmstadt. Les
ministres des gouvernemens signataires dés
derniers protocoles se réunirent dans cette
ville, sinon pour prendre un j arli irrévo
cable, du moins pour s'entendre et concer
ter leurs démarches dans les négociations
qui allaient s'ouvrir» On tomba d'accord
qu'au prochain congrès de Berlin l'Allema
gne du centre et du midi devait laisser à la
Prusse la conduite de la discussion, faire
bon marché des questions préjudicielles,
mais se réserver toujours de ne pas approu
ver les conclusions si elles n'étaient pas con
formes au principe des conférences de
Vienne.
A Berlin, la lutte vient de s'engager au
sein du congrès. Vainement, la Saxe, la
Bavière, le Wurtemberg, etc., insistent
pour faire agréer à la Prusse le principe
d'une association austro-allemande. Li Prus
se continue de répondre : « Ratifiez avant
tout mon traité avec-le Hanovre ; reconsti
tuons notre vieille association ; puisnousv r
rons à négocier avec l'Autriche.» De récentes
nouvelles d'Oldenbourg nous apprennent
que le grand-duché souscrit à ces proposi
tions, et ratifie le traité du 7 septembre.. On
devait s'y attendre de la part de «et. Etat ;
mais la réplique évasive de la Prusse semble
peu faite, quoi qu'en disent les feuilles prus
siennes, pour contenter l'Allemagne méri
dionale et centrale. Aussi les notes dont l'é
change est interrompu entre les cabinets de
Vienne et de Berlin, se succèdent .et se croi
sent sur tous les points de l'Allemagne. 11 est
possible que de cet ensemblede travaux et de
discussions, le Zollverein sorte agrandi et re
nouvelé; mais ce dénoûment pourrait être
long-temps ajourné par de nouvelles com
plications. Le projet d'union douanière entre
l'Autriche et les duchés de Parme et deMo-
dène apporte encore un autre élément de
désaccord dans; ces négociations difficiles.
e. berry.
Le Moniteur de ce jour, 7 juin, contient,
dans sa>partie officielle, la circulaire suivante,
adressée aux ingénieurs des ponts-et-chaus-
séestpar M. le ministre des travaux publics :
Paris, 3 juin 1852.
Monsieur, d'après'la statistique générale arrê7
tée au 1 er janvier 1844, les dépenses à faire en
travaux de lacunes et de rectifications sur les rou
tes nationales, .s'élevaient à la somme totale de
228 millions. A partir du 1" janvier 1853, il res
tera encore à dépenser, sur cette somme, environ
144 millions, dont 122 millions, pour les rectifi-
catioES seulement. f
En rapprochant ces chiffres du crédit de 3 à
4 millions affecté annuellement aux travaux réu
nis des lacunes et : des rectifications, on voit que
si l'on ne sortait pas du cadre de la statistique de
1848, il faudrait encore plus de trente-cinq ans
pour compléter l'amélioration de nos routés natio
nales. Les rectifications en ce moment en eours
d'exécution exigeraient à elles seules une somme
de 24,400,000 fr.
Il n'y a rien ou il n'y a que peu de chose "à ré
duire sur les lacunes. Le principal soin de l'admi
nistration doit être de les classer suivant leur de
gré d'importance et d'urgence.
Il n'en est pas de même pour les rectifications :
elles sont susceptibles de modifications profondes.
Les unes ont été étudiées à upe époque où l'on
ne songeait pas encore aux chemins de fer; les au
tres ont été conçues dans an esprit de perfection
au point de vue de l'art, qui ne se trouve nulle
ment en rapport avec les ressources qu'on peut
appliquer à leur exécution. Ces deux ordres de
rectifications sont donc susceptibles de révision et
de d«ux natures dé changemens.
Partout où une voie de terre est voisine ou pa
rallèle à une voie dé fer, il y a incontestablement
lie* d'ajourner les rectifications, sauf, peut-être,
dans quelques cas tout à fait exceptionnels, et sur
quelques points' fort limités.
Partout où les reçtifications ont ,été conçues sur
une trop vaste échelle, il y a lieu, soit de rentrer
dans des bornes plus modestes, soit de diviser le
travail en plusieurs sections susceptibles d'être
successivement et isolément exécutées. La priorité
à établir entre ces diverses sections doit être déter
minée par les périls où les difficultés qu'elles pré
sentent à la circulation.
Des modifications faites dans cet esprit offriront
l'immense avantage de placer tout d'abord à l'é
cart des travaux
les permettront d'appliquer, dans un délai beau-
ceup plus rapproche, les ressources nécessaires
peur améliorer ces défilés étroits,ces passages dan
gereux, ees pentes rapides où la vie des hommes
et celle des animaux courent des dangers quoti
diens.
Les rectifications les plus utiles pourront ainsi
être exécutées presque immédiatement ; les recti
fications d'une utilité secondaire viendront ensui
te. Les rectifications proférées devront être faites
de maniéré à pouvoir se coordonner plus tard avec
les sections dont l'exécution sera ajournée.
Vous voudrez donc bien, Monsiëur, réviser dans
cet esprit les rectifications proposées'pour votré
département avant et depuis 1844, et résumer vos
observations et vos propositions dans les tableaux
statistiques dont je vous adresse ci-jeint les mo
dèles.
Votre attention, Monsieur, doit se porter, com
me étant de première urgence, sur les rectifica
tions des routes ou portions de routes formant le
prolongement ou les principaux affluens des li
gnes de fer.,
L'exiguite des ressources dont l'administration
dispose lui fait, je vous l'ai démontré, un devoir
de se rentermer dans les limites du : strict néces
saire et de choisir, dans tous les cas, les rectifica
tions les plus urgentes et le système de construc
tion le plus économique. N'hésitez donc pas a sa
crifier ces grandes déviations qui entraînent des
dépenses considérables, en dehors de toute pro
portion avec les allocations normales du budget.
Il faut aussi bannir tout luxe mutile des ouvrages
d'krt et de ne donner aux routes que la largeur
commandée par les besoins de la circulation.
Pour les lacunes, vous aurez à examiner seule
ment si " toutes celles'portées à la statistique d
1844 doivent elre considérées comme de véritables
lacunes; car en ne doit considérer et maintenir
comme telles que les parties ou la route n'a ja
mais été ouverte ; -mème , înrpjErfflitement. Vous de
vrez, du reste, pour la construction de ces parties
de routes", adopter le système économique recom-
. mandé pour les rectifications, et réduire, en con
séquence. les évaluations.de 1814.
Telles sont, Monsieur, les données générales du
nouveau travail que vous avez à rédiger. Je vous
prie de consigner le résultat de vos études dans
les tableaux dont les molles sont ci : annexés.
Ces tableauï' n'impliquent pas l'exclusion d'un
rapport plus détaillé, si vous croyez devoir l'y
joindre. Toutes les fois que vous aurez pu réunir
les élémens du calcul et les renseignemens néces
saires pour établir l'économie annuelle que l'exé
cution des travaux .procurerait sur les frais de
transport, avez soin de la signaler ,d,aus la colonne
.d'observations des tableaux, en indiquant en meme
temps l'importance du capital epgugé dans i ope-
ration,, " ' . , . _
Enfin, vous voudrez bien joindre aux ^tableaux
une carte routière de votre département sur la
quelle vous indiquerez les lacunea p«r un ponctue
rouge, les changemens de direction par une ugne
pleine verte, et les rectmcations sur place par une
ligne ; pleine jaune. Chaque lacune ou reçtii.caion
sera cotée d'un numéro v -orrespçmdant „ u tableau.
Il sera bon que vous vous entendiez ~ur ce tr_
vail avec MM. les inspecteurs,je m en U uu enire .
t§nu avec eux avant leur départ, et il " po urronl
lever les doutes qui se présenteraient " volre es
^ Veuillez m'accuser réception de la préseiu e cir
culaire. Je vous en adresse un exemplaire pb, ur
chacun de MM. les ingénieurs d'arrondissement.
Recevez, Monsieur, l'assurance de ma considé
ration très distinguée,
Le ministre des travaux publics,
M. LEFEBVIVE DURUFLÉ.
En tête de sa partie non officielle, le Moni
teur ajoute ;
« Nous .avons reprodftit (partie officielle) la .cir
culaire,que M. le ministre des travaux publics vient
d'adresser aux ingénieurs des ponts-et-chaussées
pour les travaux des lacunes et des rectifications
des routes nationales^ Ce document flous paraît
devoir être l'objet d'un sérieux examen de la part
des membres des conseils généraux et des conseils
d'arrondissement.daits leur prochaine session. »
On lit dans le Moniteur :
« Par décision du ministre des finances, l'intérêt
attaché aux bons du trésor public est fixé a|§si
qu'il suit, à partir du lundi 7 juin courant :
» A 2 p. 0/0 par an, pour les bons de quatre à
cinq mois d'échéance ;
A 2 1/2 0/0 par aç, pour les .bons de six à on?e
mois d'échéance;
» A 3 1/2 0/0, pour les bons à un an. . ;
» Cet abaissement du taux de l'intérêt était de
venu nécessaire par suite de l'augmentation crois
sante de l'encaisse du trésor.
» Cet encaisse s'élève aujourd'hui à 94 millions.,
•quoique Iesremb«ursemens que le trésor a dû fair
re aux rentiers qui n'ont pas accepté la conver
sion soient entièrement effectués. » '
(Communiqué.)
Le Corps Législatif s'est réunie aujourd'hui
dans ses bureaux et a nommé les commissions suir
vantes : .
Commission pour l'examen du projet de loi relatif
à l'exécution de la peine des travaux forcés :
MM. le vicomte de Kervèguen, Dumiral, le vi
comte Lemercier, Roqae-Salvaza, Bavoux (Eva-
riste), le baron de Montreui), Desmaroux dé
Gaulmin.
Commission pour l'examen de divers projets de loi
d'intérêt départementaux et communaux.
MM. Pongérard, Leroux (Alfred), le comte de
Saintè-Hermine, André dè Kerdrel, le baron Por-
talis, le comte de Tauriac, Jollivet de Castelot.
Commission pour l'examen du projet de loi relatif
à un échange d'immeubles entre l'Etat et M. dés
Acres de l'Aigle.
MM, Delapalme, le baron de Planey, le marquis
de Mortemart, de La Haiechois, Becquet, de Cha-
zelles (Léon), de Maupas.
Commission pour l'examen du projet de loi rela
tif à un crédit de 170,000 fr. pour la restaura
tion dè l'ég:ise de Saint-Ouen de Rouén.
MM. le baron Thieullen, Curnier, Levavasseur,
Quesné, le marquis d'Argent, Puplan, Chevreau.
On lit dans l'Union francomtoise du6 juin :
« Nous apprenons un nouvel acte de persécution
contre la religion' catholique en Suisse : c'est la
suppression des çorpoiations religieuses qui exis
tent dans le canton du Tessin, et la confiscation
de leurs biens.
» La loi qui accomplit ces violences et cette sptb
liatipn a été rendue par le grand conseil, à la ma-*
jorité dè 53 veix contre 51. Lè grand conseil se
compose dé 114 membres ; il y a eu plusieurs mem
bres absens au moment du vote.
» Voici le texte de cette loi :
« Art. 1«. L'Etat sé charge de l'instruction gym ■
» riasiaté e t supérieure du canton.
» 2. Les corporations religieuses et les instituts
» des Servîtes de Mendrisio, des Somasques de Lu-
»' gâno, 'des Bénédictins de Bellinzone, le séminaire
» ae Pollegiô et le" collège d'Ascona, sont déclaré^
» sécularisés; les biens dont ils ont jusqu'ici la
» jouissance seront administrés par l'Etat, qui en,
» disposera exclusivement et à perpétuité en faveur
» de l'instruction gymnàsiale et supérieure.
» conseil u htat est autorisé à aliéner les
» biens de ces corporations et instituts qui ne se-
» raient pas appliques directement à l'usage dès
» établissemens a instruction à leur substituer. L'a-
» lienation aura lieu aux termes de la loi du 30 juin
» ms.
» 4. Le produit des biens à aliéner comme il vient
» d'être dit sera inscrit à la dette cantonale pèr-
» pétuelle au 4 1/2 0/0 d'intérêt, et les certificats y
» relatifs seront faits en faveur de l'instruction pu--
» blique et gymnasiale, et porteront les indications
». spéciales de la provenance des sommes dont il
» s'agit.
» S: Dans chacune dés susdites localités, on main-
» tiendra et' créera par les soins de l'Etat un nouvel
» institut d'éducation.
» Pans le cas-où les biens et les rentes des sus-
» dits instituts, de même'que du couvent déjà sup-
» primé de Saint-François; de Locarno, cesseraient
» d'être appliqués par i ? £tat à l'instruction publiqua
» supérieure, leur administration passerait de droit
à aux localités respectives, pour être de nouveau
à appliqués à la même instruction. »■
» '6. Le conseil d'Etat est chargé de l'exécution dç
» la présente loi. »
« Comment les puissances, ajoute l'Union fratir
FEUILLETOv DU CONSTITUTIONNEL, 8 JUIN.
LETTRES SUH LONDRES.
•: . Londres, 6 juin.
~i Monsieur,
'J'arrivie à Londres par un jour de pluie
glaciale; et mon premier soin est de savoir
où je passerai lasoirée. Je me fais descendre
à- Hay-Market, sous les arcades du théâtre
Italien". J'entre dans le bureau de location et
j'é listes affiches. Les premiers mots qui me
frappent sont' ceux-6i : : injonction against
joîianna'wagner , "etb. : Qu'est-ce que céla, la-
jbncfioh ? Ge^not m'intrigue. Serait-ce l'opé
ra nouveau qu'on va donner ce soir ? J'étais
comme ce bon paysan, qui prenait le mot
Relâche pour lè titre d'une pièce.
f : 'Voici la'traduction littérale de cette im
mense affiche," imprimée en très gros carac
tères'- '« M. Lumley a l'honneur d'informer
lâ noblesse, les ' souscripteurs et le public
que l'injonction ob tenue contre Mlle Johanna
Wagner et M. Frédéric Gye, injonction basée
sur l'évidence des'documèns soumis à Son
Honneur, le vice-chancelier, sir James Par
ker, reste dans toute sa vigueur. »
C'est la première fois, je pense, que le
nom de Son Honneur le vice-chancelier fi
gure sur une affiche de théâtre. Mais, cette
année, la grande pièce n'a pas été jouée à
l'Opéra. Ce sont les avocats, les greffiers et
les juges qui ont remplacé les ténors, les so-
prani et les basses-tailles, et lé public, à dé
faut des jouissances musicales que lui pro
mettaient les débuis d'une grande artiste,
s'est rejeté sans trop se plaindre sur les. émo
tions judiciaires.
Lé procès de Mlle Wagner est donc le grand,
le seul événement de la saison. Les Anglais,
nation méthodique, ne se passionnent que
pour une chose à la lois. Leur attention est
concentrée sur un seul objet, sur un seul
nom, sur une seule affaire. Il y a trois ans
c'était Jenny Lind, l'année dernière c'était
l'Exposition, cette année ce sont lès débuts
de Mlle Wagner qui ont occupé le public an
glais et qui ne cessent point de l'occuper,bien
qu'il soit à peu près certain que Mlle Wagner
ne débutera pas.
pour moi, je vous l'avoue, j'en prends vo
lontiers mon parti. No.us entendrons Mlle
Wagner dan^ çleux ans aii plus tarçl. Elle fst
engagée à l'Opéra pour créer le premier rôle
dans l'Africaine de Meverbeer. Mais ce que
nous ne verrons jamais à Paris, c'est le lord-
chancelier, le troisième personnage du royau
me, siégeant dans, l'auguste et formidablei
appareil de sa haute dignité, pour rappeler
solennellement une cantatrice à l'exécution
de ses devoirs.
Mlle Wagner est une jeune et grande per
sonne aux cheveux blonds d'une* extrême
finesse, aux yeux bleus qui s'animent par
fois jusqu'à paraître noirs. Elle a commencé
par être comédienne et ne songeait pas, dit-
on, à la musique, lorsqu'elle s'est aperçue,
que la nature l'avait douée d'une très belle
voix de mezzo-soprano. Elle a quitté alors la
comédie pour le chant, et n'a pas eu moins
de suctès dans sa nouvelle carrière qu'aile
n'en avait obtenu comme actrice. Mlle Wa
gner a cela de commun avec Jenny Lind,
que sa réputation s'est faite à Berlin et-
qu'elle est du très petit nombre de ees
artistes privilégiées que Meyerbeer adop
te, élève et protège av^.c un soin particulier,
et comme ses prepres ftnfans, parce qu'il
leur destine un rôle dans ses ouvrages. M.
Lumley, qui .tous les ans; doit frapper un
grand coup pour mener à bieç sa lauride en
treprise, s'était flatté de recommencer avec
Mlle Wagner la vogue prodigieuse et unique
-de Jenny Lind; Mais il avait compté sans le
père de la débutante. Or, c'est là que finit le
rêve et que la réalité commence.
Je ne voudrais rien dire de désobligeant
pour le père de Mlle Wagner. C'est un ancien
ténor d'un talent médiocre, mais un excel
lent homme d'affaires. Il était né pour le
commerce. Il regarde le talent de sa fille
comme une étoffe rare, un objet précieux
qu'on ne saurait payer trop cher. Celui qui
en offre davantage a naturellement ses pré
férences. M. Lumley ne donnait que mille^
livres pour deux mois ( vingt-einq mille
francs) ; M. Gye a offert le double pour six
semaines. Les sympathies du père Wa
gner étaient acquises à M. Gye. Mais il
y avait contrat signé avec M> Lumley.
C'était là le côté fâcheux de l'affaire. Ce
pendant, M. Lumley avait promis une
avance de trois cents livres. Le fondé de pou-
voifs de M. Lumley écrit à M. Wagner que
l'argent est prêt. M. Wagner affirme qu'il a
reçu la lettre, et qu'il n'y est point question
d'argent. Le plus simple était donc d'en in
former Mi Lumley, pour qu'il eût à se met
tre en règle. M. Wagner enabieneu l'inten-
tion, car ses premiers mouvemens sont tou
jours désintéressés. Mais «es habitudes com
merciales l'emportent, et il signe un nou
veau traité avec Covent-Garden.
Un juif avait fait toute sa vie le commer
ce des ornemens d'église. Il s'y était enrichi.
C'était, du reste, un fort brave homme et
d'une conduite tellement exemplaire, qu'un
prêtre avait espéré le convertir à la dernière
heure. ïl l'exhortait par de saintes paroles et
lui montrait souvent un beaû Crucifix .en-
vermeil. Lè juif; croyant qu'on voulait le lui
vendre, s'éeriad'une voix mourante; j'en
donne quatre-vingts francs !
Le père de Mlle Wagner était donc ravi que
M. Gye eût donné cinquante mille francs de
ce que M. Lumley n'avait estimé qu'à vingt-
'cinq mille. Mais il craignait avec raison les
suites d'un procéS'. M. Gye, directeur de Co
vent-Garden, prit tout suç lui; il passa un
petit acte privé avec M. Wagner pour le ga
rantirez toute éventualité et l'indemniser de
toute perte; après quoi il afficha bravement
les débuts de Mlle Wagner.
Qui fut surpris? Ce fut M. Lumley, qui
était ,à mille lieues de s'attendre à un. tel
coup de foudre. Il vole-à Hambourg, à
.Francfort; il revient à Paris pour quelques
heures, il retourne à Londres, il met en or
dre ses papiers, ses preuves,-sa correspou-?
dance. Mais comment faire respeçter ses droits?
Commentobtenir justice sur-le-champï Com
ment empêcher Mlle Wagner de paraître sur
un- théâtre rival? La ' procédure anglaise,
a des longueurs infinies. JM. Lumley avait,
bien la ressource de faire , condamner plus
tard l'artiste inconstante à tels dommages-
intérêts qu'il plairait aux tribunaux de lui.
allouer. Mais, en attendant, l'apparition da
Mlle Wagner sur le théâtre de Covent-Gar
den, c'était la ruine et la mort du Théà»,
tre de Sa Majesté. En Italie, par exemple,,
pays de justice sopimaire, on envoie à l'ar
tiste récalçitrant quatre hommes et un ca
poral, et, s'il refuse de se rendre à son de
voir, on le mène en prison. A Milan, 1$.
ténor Poggi était conduit tous les, soirs sun
la scène par quatre Autrichiens et ne chan-i
'tait que par 1* force des-baïonnettes. Maif*
;en Angleterre, où la liberté individueljg.
est sacrée, il n'y a point de précédant, je ng
dis pas qu'on ait essayé de contraindre uq,
artiste à faire actç de présence, mais seule
ment de lui défendra de chanter ou de jouer,
sur un autre théâtre que celui où il s'était
Rengage, Reste ludion en dommages-intérêt^
à laquelle on ne peut avoir recours que par
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