Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-06-02
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32747578p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 02 juin 1852 02 juin 1852
Description : 1852/06/02 (Numéro 154). 1852/06/02 (Numéro 154).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUMERO 154.
MJRKJMm 1 mm de r«Ma (PalaH-Royal), n '.te:
B 1852. - MERCREDI 2 JUIN.
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P aris....... 13 f . PAR TRIMESTBIÏ
départemens. ig p. *—
en numéro : #0 centimes.
todb les pats ktra>(skrs , se reporter
an tableau qui sera publié dans le journal,
los 10 e >5 de chaque mois. ,
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• À-
Su abonnement datent det i« et 16
dt chaque vioit.
S'adresser, franco, pour ta rédaction; â Ml C ocheval- C urignï, rédacteur en cke,ï
Les article» déposé* ne «ont pas rasdosl
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL,
On s'abonne, dans lesldêpartemefts, aux Messageries et aux JHrections de postai—A Londres, thes MM* Cowia et fils."
A Strasbourg, 'chet M; A mxanbbe, pour l'Allemagne
SS'adresttr, franco; pour FadminUtratio*, à M. D knain, directeur:
Les annsnces sont régnés au bureau du journal; .et chexM. panis, régisseur, 10, place de 1 a S oi
1" JUUV.
Nous trouvons dans le numéro du Times,
distribué aujourd'hui dans Paris., une lettre
de Frohsdorf, dont une phrase a été écrite à
notre adresse. ;Cette lettre est émanée d'une
personne dévouée au comte de Cham
bord, et qui réside constamment auprès de
lui. Elle a pour objet de confirmer, en l'ex
pliquant, la lettre émanée du comte lui-
même et sur laquelle nous avons les pre
miers appelé l'attention publique. Nous au
rions voulu publier cette nouvelle lettre tout
entière, persuadés que deux ou trois expres
sions ou allusions blessantes ne sauraient en
rien préjudicier au pouvoir; convaincus
même qu'il y aurait quelque avantage à ce
que la France sût de quelle façon on traite le
gouvernement qu'elle s'est donné. Nous de
vons loyalement prévenir le lecteur que, par
une prudence nécessaire, nous avons retran
ché quelques lignes qui n'importent point
au sens général de la lettre.
Frohsdorf, 19 mai 1852.
Je m'empresse, mon cher Monsieur, de
vous remercier de la lettre que vous avez eu
l 'obligeance de m'écrire, et des détails que
vous me donnez sur la revue du 10 mai. ,
• ■ • • .» • '• * • • .
. Vous avez lu «ans "doute, la lettre que le
fcomte de Chambord adresse à ses amis. Il
prévoit avec une certaine tristesse que tous
ne le suivront pas dans la voie qu'il croit
•utile de leur indiquer. Mais il a un grand
fonds de fermeté et ne se décourage pas ai
sément; il espère, et, je crois, avec rai
son , convaincre tous ceux qui ne gont
pas aujourd'hui de son avis. La France et
ses intérêts avant tout, mais ses vrais inté
rêts et non toutes les aspirations ambitieu
ses que déguisent, sous ce nom, les gens, qui
îie cherchent que des places et des dis
tinctions.
Monseigneur n'admet p$s que, sous au
cun prétexte , une fonction publique, si
petite soit-elle, puisse être acceptée. Il ne
comprendrait pas que nos amis, directe-!
ment ou indirectement, prêtassent l'appui j
de leur force'morale au pouvoir militaire,
simple résultat d'une révolution. Il recom
mande à ses amis de ne pactiser jamais avec
le désordre, et d'être les premiers à défendre
la société contre les doctrines anli-sociales
qui voudraient la renverser. C'est cette pen- ;
sée qui lui fait comprendre le rôle joue par 1
l'armée. Il aime et il admire sa sévère disci
pline et son obéissance passive à ses chefs. Il
regarde l'armée, à cette triste phase de la ré
volution, comme le vraie protectrice du pays
contre ses ennemis du dedans et du dehors.
Toutes les opinions doivent s'effacer en pré
sence de ce grand devoir qui nous comman
de ds ne laisser ni envahir ie territoire, ni
■ renverser la société! C'est là le,rempart de
la France contre tous ses ennemis.
Mais quant auxfonctions qui peuvent don
ner quelque force morale au gouvernement
mèiiie-4è, plus arbitraire, et qui s'évanouis-
scntfeh fùmée aux jours de crise, Monsei
gneur recommande à ses amis de n'en accepter
aucune. Eu acceptant, ils assumeraient une
part de responsabilité dans les actes du gou
vernement. . . ; . . . Dans l'inté
rêt du pays,il est préférable d'attendre et de
prendre son temps. Le principe de la légi
timité, par sa fixité, peut seul rendre à la
France les garanties qu'elle a perdues. . ' .
. . . . . . . w Monseigneur deman
de donc à ses amis de délaisser, le gouver- .
nement actuel, et de l'aider lui-même à pré
parer celte grande et puissante union des
partis monarchiques qui peut seulenous-
rassurer sur l'avenir. 1 . . s . . ' . .
Cette union de tant : d'intérêts communs ne
saurait être en aucune façon unô menace
aux yeux du pays • ce n'est et ce ne peut être
qu'une espérance.
Monseigçeurpoursuitdoncplus fermement
que jamais cette grande politique de pacifi
cation et de conciliation, qui est entièrement
nationale. II. la recommande à tous ses
loyaux amis..Il se borné à precdre àun plus
haut degré qu/ij ne l'a. fait jusqu'ici la res
ponsabilité ae ses actes. Il se met seul en
avant, et- désormais la direction des affaires
de son parti viendra de lui-môme.
Voilà, mon cher Monsieur, toute la si
gnification de cette lettre que les jour
naux du gouvernement attaquent et calom
nient sans la publier. Ils représentent Mon
seigneur comme abandonnant la politique
de modération et de conciliation pour adop
ter ce qu'ils appellent en termes difficiles à
comprendre la politique des ducs. Tout cela est
faux et mensonger. Monseigneur est toujours
le prince que vous vous rappelez, sachant
son pays par cœur, vivant avec lui, et dési
reux d'avancer avec lui, persuadé que sa mis
sion en ce monde est une .oeuvre de pacification
des partis, tendant la main à tous les gens
qui ont de l'honnêteté, du talent, et qui ai
ment la France comme il l'aime. Voilà en
core toute sa politique, avec cette différence
qu'au lieu de la laisser eomme jusqu'ici se
personnifier dans tel et tel noms, il se met
lui-même et lui seul à la tête de son parti et
veut en être vraiment le chef,'Cette altitude
ferme et énergique convient à son caractère,
et les dangers qu'elle peut offrir ne la lui
feront pas abandonner.
Maintenant que vous savez la vérité tout
entière sur les intentions de Monseigneur,
vous êtes à même de réfuter les faux bruits
qu'on a déjà répandus sur ses projets et le
changement de ses sentimens (1). j
Si la lettre de M. le comte de Chambord :
n'a reçu en France qu'une publicité inter-!
lope et clandestine, au lieu d'être portée à ia j
connaissance de tous, si elle a été discutée sans ]
être citée, cela n'a pas dépendu de nous, et
personne ne l'a regretté plus que nous-mê- j
mes, qui avions pris, à ce sujet, une sorte;
d'engagement. Le gouvernement a fait con- ;
naître les motifs pour lesquels il en inter- i
disait la publication ; et il nous, a fallu nous
soumettre. Quant à avoir calomnié cette let
tre, c'est un reproche que nous ne saurions
accepter. La lettre qu'on vient de lire con
firme de point en point toutes les conclu
sions que nous avons tirées de la lettre de
Mi le comte de Chambord.
Nous avions dit que des divisions exis
taient au sein du parti légitimiste, «t nous
avions invoqué comme preuve la polémique
qui s'était établie entre les divers organes de
ce parti sur la question du serment. Ce sont
ces divisions qui ont provoqué la lettre de
M. le'comte de Chambord. Nous avons dit
que, loin de les flaire cesser, la lettre avait
été un nouvel élément de discorde. On nous
a accusés de vouloir fomenter dans tes
rangs légitimistes une division qui n'existait
pas. Nous avons pour nous le témoignage
de M. le comte de Chambord; ;sa tristesse à
la pensée qu'une partie de ses apiis ne le
suivraient pas dans la voie qu'il traçait pour
tous; sa détermination de résister aux ten
tatives qui seraient faites pour'modifier ses
résolutions.
Nous avons dit que la lettre de M. de
Chambord était le point de départ d'une
évolution nouvelle du parti légitimiste, que
la politique de modération et de conci
liation allait faire place à ce qu'oanous
reproche d'avoir appelé la politique des
ducs. Que dit la nouvelle lettre? Sinon que
!M. le comte de Chambord prend désor
mais lui seul la direction de son parti, qu'il
se met en avant, qu'il assume' la respon
sabilité de ses 'actes, et que désormais
jl ne laissera plus personnifier sa politique
(IV Le correspondant ;du Times ajoute :«Le nom
du signataire de cette lettre m'a été confié; j 'ai re
çu l'assurance positive que cette lettre a été écrite
sous les yeux du comte de Cbambon 1 , qui a ,pris
lui-même la plume pour souligner les mot* lui
seul dans la dernière phrase. »
dans tel et tel noms. Pour qui se rappelle le
manifeste de Wiesbaden, et 4etf«iaq person
nes qu'il désignait comme investies d'un
manda t permanent; pour qui se rappelle ce qui
s'est dit l'an passé d'un certain comité des douze
n'est-ce pas déjà toute une révolution ausein
dufarti légitimiste, que cette détermination
de ne plus laisser personnifier, sa politique
"dans certains noms, que. cette destitution de
certaines influences?
Nommer le manifeste de Wiesbaden, n'est-
ce pas évoquer le souvenir de la polémique
acharnée que ce document provoqua entre
deux des organes importans du parti légiti -
miste? Ces deux organes ne représentaient-ils
pas deux nuances qui, outre leurs dissident-
ces en théorie, étaient également divisées
sur la conduite à tenir quant au pré
sent et vis-à-vis du gouvernement. Person
ne n'ignore que les légitimistes les plus
considérables par le talent, l'expérience et
les services rendus, étaient pour .la politique
parlementaire, pour la politique expectante,
pour la politique d'expédiens ou tel nom
qu'on voudra choisir parmi les épithètes qui
lui ont été aceolées; pour ce que nous avons
appelé la politique de conciliation et de mo
dération, qui consistait à ne point créer
d'embarras au gouvernement, à ne lui point
refuser aide et appui pour tout ce qui était,
utile et national, et à laisser avant tout,
à notre société le temps de se guérir? L'au
tre nuance qui avait sollicité le -manifes
te de Wiesbaden, comme une déclaration de
principes, voulait pour les légitimistes une
politique plus dessinée, plus indépendan
te : il fallait en toute occasion affirmé?
ses principes, arborer son drapeau et se
distinguer de tout le monde par le langage
et par les actes. L'organe de cette nuan
ce n'a-t-il pas été jusqu'à son dernier jour
l'un des journaux les plus âpres et les plus
acrimonieux contre le gouvernement du Pré
sident de la République? N'était-il pas à la
tête de la coalition qui prit prétexte pour se
former des revues de Satory ? C'est cette po
litique que nous avons appelée la politique
des ducs, parce que si l'autre avait pour elle
les orateurs, les écrivains, les hommes
d'Etat de la légitimité celle-ci avait de son
côté l'avantage des titres et des grandes exis
tences. Ce n'est pas à nous d'ailleurs que re
vient la paternité de cette désignation.
Jusqu'ici la politique de la conciliation
l'avait emporté: elle a été vaincue, ayons-
nous dit, le jour où a paru ia lettre de M. le
comte de Chambord. Deîionnè Foi le peut-
on contester. Nous avons analysé fidèlement
cettelettre, nous n'en avons pas exagéré lapor-"
lée. On a essayé denous prouver en .trois co
lonnes que le parti légitimiste ne rompait pas
avec le gouvernement. Qu'est-ce donc que se
mettre systématiquement à l'écart, et refuser
au gouvernement tout ce qui peut lui don
ner quelque force morale? Quelle va être,
d'après la lettre qu'on vient de lire, la situa
tion des légitimistes en France?
Ceux qui sont militaires demeureront sous
les drapeaux, parce qu'on se doit à la défen
se de son pays. Si une guerre d'invasion a
lieu, les légitimistes aideront à repousser l'é
tranger ; si une nouvelle insurrection de
juin éclate, ils aideront à préserver la société
de la barbarie. Ce sont là des cas extrêmes,
ej ni l'un ni l'autre n'ala moindre proba
bilité. Mais, dans la vie de tous les jours que
feront les légitimistes? Ils garderont une
attitude purement passive; ils se croiseront
les bras. Mais n'y a-t-il pas, comme avant
1848, et comme depuis quatre ans, des
communes à • administrer, des intérêts
départementaux à surveiller, des services à
rendre au sein de la représentation natio
nale et des conseils publics ? Cela est vrai;
mats contribuer dans la moindre mesure
à'la bonne administration de l'Etat, des
communes ou . des départemens, ou à la
prospérité du pays, ce serait fortifier le gou
vernement : les légitimistes doivent s'abs
tenir. Est-ee là, nous lp demandons,
la situation qu'on avait prise sous le gou
vernement de Juillet? Est-ce là celle qu'on
avait, il y a six mois y encore ? N'avons-nous
.pas le droit de dire que l'attitude du parti
légitimiste vis-à-vis du gouvernement a chan
gé'; et ne sommes-nous pas fondés à voir
dans la lettre du comte de Chambord l'ori-
.giije de cette évolution nouvelle?
' C ucheval- C laiiigny.
Parlant de la dépêche télégraphique pu
bliée par la Gazette des Postes de Francfort,
au sujet d'un traité signé à Londres, dans
lequel les droits de la Prusse relativement à
Neuchâtel auraient été reconnus, le journal la
Suisse déclare que rien de pareil n'a été ar
rêté à Londres, ni à présent, ni antérieu
rement.
La baisse des . blés a continué sur presque
tous «les marchés pendant le mois de mai. Le
tableau régulateur publié aujourd'hui par
sfaMmiteur constate que 'la moyenne géné
rale du prix de l'hectolitre de froment pour
toute la France est de 17 fr. 58 cent. C'est
une baisse d'environ 30 c. depuis un mois.
Le mouvement se répartit assez également.
Ainsi pour les marchés de Metz, Verdun,
Charleville, Soissons, la baisse est de 68 c.,
tandis que les prix pour l'Alsace n'ont pas va
rié. Les marchés de Saint-Laurent, de Gray et
du Grand-Lemps présentent une hausse de
38 c., et ceux duMidi et du rayon de l'appro
visionnement'de Paris, une hausse de 50 à
60 c. Ces variations sont du reste peu impor
tantes. Les prix les plus élevés sont 22 fr. à
Mulhouse ; les plus bas, 15 fr. 50 à Henne-
bont. 1. BoiilFACE.
Tableau dû prix de l'hectolitre de froment, pour
servir de régulateur aux droits d importation et
d'exportation des grains et farines, conformé
ment aux lois des 13 avril 1832, 26 avril i 833,
et 11 janvier 1851, arrêté le 31 mai 1852.
ij
.'I
i
DÉPARTEMENS. MARCHÉS.
Ire CLAMI.
Pyrénées-Orient.,
Aude
Hérault.
Gard.......
"Bo uc . -du-KiiOnê",
Var
Corse
Algérie
2« CLASH.
Gironde..
Laides ,
RA&Rp.A-Pvréaées.
Toulouse
Gray ...
Xyôû .....
Marseille..
Maraos.
Bordeaux..
Toulouse..
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Doubs •.
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I Pas-de-Calais..
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| Seine-Inférieure .
) Eure.
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j Loire -Inférieure «
j Vendée »... ! Nantes,
Ichareate-Infér... ) Marans....
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i Ilie-et-Vilaine...
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PRIX
de PhettolHre de
froment.
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•16 97
15 82
18 19
15 89
Aujourd'hui, 1 er juin, a .eu lieu à l'Hêtel-de-
Ville le sixième tirage de l'emprunt de six mil
lions, contracté par le département de la Seine en
1849. A ce tirage, il a été extrait de la roue 492
numéros, formant le nombre des obligations dont;
le remboursement doit avoir lieu le 1 er juillet;
prochain. Indépendamment du remboursement en'
capital et intérêts desdites obligations, les dix
premiers numéros sortis ont droit aux primes dé
terminées daHS le titre constitutif, ainsi qu'il suit, 5
savoir :
1. 4,270 ayant droit à une prime de 7,000 fr.
2. 3,836 3,000
3. 5,60S. 2,500
4. 3,579 1,500
5. 4,138....... 1,000
6. 5,988 , 500
7. 3,683 500
8. 5,700 500
9. 445. 500
10. 215... 922
Des affiches, qui seront placardées dans la jour- 1 -
née de demain, indiqueront les numéros des au
tres obligations sorties - à ce tirage et remboursa
bles, comme il est dit ci-dessus, le 1 er juillet pro
chain.
INSPECTION GÉNÉRALE DE 1832.
Les officiers-généraux dont les noms sui
vent ont été désignés, par décision du prince-
Président, en date du 21 mai, pour procé
der à l'inspection générale des troupes d'in
fanterie, de cavalerie, de gendarmérie et des
çorps hors ligne :
infanterie *— 1 er arrondiss : M. de Scbramm,
président du comité de l'infant.— 2 e , M. Ballon,
commandant la 20 e division milit. — 3 e , M. Re
nault, commandant la 2 e division de l'armée de Pa
ris.—4 e , M. Levasseur, commandant la 3 B division
milit. — 5 e , M. Lojré d'Arbouville, disponible.
— 6 e , M. Neumayer, disponible. — 7", M. Lafon-
taine, membre du 'comité de l'infanterie. — 8",
M.: Forey, membre du comité de l'infanterie. —
9", M. Herbillon, command. la division d'infan
terie de l'armée de Lyon. — 10", M. Fontaioe de
Cramayel, président au comité d'état-major.—11°,
M. Hecquet, commandant la 9 e division militaire.
— 12% M. Martin de Bourgon, disponible, — 13 e ,
M. Dulac, disponible. — 14 e , M. Reveux, com
mandant la 12" division militaire. — 1 ! J* M.
Guillabert, commandant la 15° division mi
litaire.— 16°, M. de galles, disponible.— 17 e , M.
Camou, commandant la division d'Alger ( troupes
delà division d'Alger). — 18 e , M. Pélissier, com
mandant la division d'Oran { troupes de la division
d'Oran). — 20", M. Àllouveau de Montréal, dispo
nible. — 19 e , M. de Mac-Mahon, commandant la
division de Constantine ( troupes de la division de
Constantine).
cavalerie. — 1 er arrond., M. Carrelet, com-
dant la l re division militaire.—• 2", M. Korte,
commandant la divispn de cavalerie de l'armée de
Paris. •—3 e , M. d'André, commandant la 3? division
militaire—.4 e ,M. Gudin, commandant la 2 e division
militaire.—5 e M. Lebon-Desmottes, membre du co
mité de la cavalerie.—6 e , M. Reyau, commandant
provisoirement les quatre régimens de cavalerie
stationnés à Lunéville.—7 e , M. Waldner de Freund-
stein, commandant la 6 e division militaire.— 8",
M. Morris, commandant la division de cavalerie
de l'armée de Lyon.—9 e , M. Regnaud de Saint-
Jean-d'Angély, membre du-comité de la cavalerie.
—10 e , M. Létang, prosideat du comité de J.a cava
lerie. —,11 e , M. Grand, disponible. — 12 e , M.
Le Pays de Bourjolly, commandant supérieur
dçs 12 e , 13° et. 14 e divisions militaires.—13°,
M. Pelletier - Descarrières , inspecteur général
permanent des remontes militaires. — 14 e , M. de
Chalendar, commandant la subdivision de la Sar-
the. —15 e , M. Jusef, commandant les troupes in
digènes. !
gendarmerie . —5° arrondissement: M, de La
Rue, président du eômité de la gendarmerie. —
3 e .M.Servatius.membre du comité.de lagendarme-
ne. — 2 e . M. Rebillot, membre du comité de la
gendarmerie.—4 e . il. de Foulque d'Oraison, com-
mandantla subdivision de l'Oise.— 1™M. Gauthier
de Laverderie. commandant la subdivision de
l'Aube.
corps hors ligne. — Garde républicaine, ba
taillons mobiles et sapeurs-pompiers, M. le gé
néral de division Carrelet, commandant la l re di
vision militaire : légion de gendarmerie d'Afrique,
M- le général de brigade de Chalendar, comman
dant la subdivision de la Sarthe ; i 7 e légion de gen
darmerie, M. le général de division Talandier,
commandant la 17 e division militaire ; détachemens
de gendarmerie de la division d'occupation en
Italie, M. le gcnéraldedivisionRegnaud de Saint-,
Jean d^Angély,:membre d» comité de la cavalerie.
INDE.
bombay , 3 mai.— C'est le dimanche de Pâques
que les Birmans, à Rangoun, ont commencé & at
taquer notre flotte; Il nous - a fallu riposter ■'&
leur'feu, qui parait avoir eu quelque effet-sui"-na~
tre flotte. Lundi matin, nos troupes, débarquées,
se sont avancées sans obstacles jusqu'à ce qu'elles se
soient arrêtés un peu à la'Blanche-Pagode ou la
Maison-Blanche. Durant cette courte halte, nos
soldats ont beaucoup souffert. L estacade était bien
fortifiée-, le major Fraser y a. dit-en. pénétré le
premier. La grande pagode était au-deia et ne
paraît pas avoir ete prise avant mardi. Cent trente
canons environ sont .tombes tn notre pouvoir.'
Les Birmans ont combattu avec uri acharnement
inattendu. ÏVotre perte en tués et en blesses a été
de 150 hommes a peu près. Le révérend M. Baker/
ap/ès avoir prodigue ses soins auxblessés et pour
vu à la sépulture des morts, n a pas tardé à suc
comber au thvi&xa. Lto uuu ^cs ut; thcu ulli 'l Uilfc
point sur Proffie. Elles ont pris leurs quartiers
dans la pagode et dans la maison des prêtres; elles
sont dans une honne position militaire. On sup
pose qu'il y avait à peu près 25,000 Birmans.
Leur artillerie était bien dirigée; à Martaban,
leurs fusils étaient fort lourds. Le choléra faisait
de grands ravages à terre et sur les vaisseaux. >
Le Fereze et le Sesostris assistaient aussi à la
même affaire. «
La boucherie a été immense dans l'intérieur de
toutes les estacades. Dans quelques-unes d'elles,
nous avons trouvé les pauvres diables liés à leurs
canons, mais ayant la tête emportée, ■ soit par
les boulets ou les sabres der mandarins. Dans
une autre! affaire, la nuit, les hurlemens des
chiens étaient horribles. Ici, chaque maison en à
une famille, et ces chiens, comme les chats, sont
plus attachés au logis qu'à l'homme qui les .nour
rit. Leurs glapissemeos retentissaient la nuit à
des milles et des milles de distance, et doivent
avoir causé une sensation fort désagréable au reste
des soldats birmans. -
Dimanche s«ir, à huit heures, le 11 avril , tou
tes les estacades maritime» étaient brûlées et dé
truites. Celles de l'intérieur du pays et la Grande-
Pagode-d'Or avaient été livrées aux soldats. Le
14, la place a été prise d'assaut, et c'était ehose
curieuse à voir que les Mongees ou chefs, courant
çà et là, avec leurs parasols dorés, stimulant leurs
nommes.au combat. [Daily-Nws.) ;
ALLEMAGNE.
berlin , 29 mai.— Ces jours derniers le Times
a publié un résumé de notes diplomatiques qui
auraient été échangées entre les cabinets de Saint-
Pétersbourg et de Vienne, relativement à la poli
tique à suivre à l'égard du prince-Président de la
République française.
Nous ne savons pas si ces communications sont
exactes ; mais lorsque le Times affirme que notre
cabinet a partagé toutes lés vues des deux autres
cabinets, en ajoutant que l'accord le plus parfait
régnait entre les trois puissances du Nord à, cet
égard, nous pouvons affirmer que le gouverne
ment prussien ne s'est jamais assacié à une'çcjr-
yespondance de ce genre, en sorte qu'il n'est pas
vrai qu'il ait partagé de pareilles idées.
Dans deux jours expire le terme fixé par notre
cabinet à la coalition de Darmstadt pour s'expli-
quér sur le point de savoir si elle veut persister
dans lés résolutions formulées dans son protocole,'
ou bien adopter le programme du renouvellement
du Zollverein. On ne doute pas que les Etats du
Sud ne se prononcent par écrit pour le Zollverein,
et qu'ils laissent la Prusse et l'Autriche traiter di
rectement en ce qui concerne l'union future des
douanes austro-allemandes.
L'empereur de Russie est parti pour Varsovie, IL
a traversé Breslau le 25 au matin, sans s'arrêter.
Un aide-de-camp de l'empereur a apporté ici liiêr
soir la nouvelle d'un accident ajrriv'é ; ";noir loin de
Czenstochow, au convoi dans lequel se trouvaient
le czar et le prince Frédéric-jCharles, fils du prince
Charles, frère du roi. Quoique le convoi eût déraillé
et que plusieurs wagonseusçentbeaucoup souffert,
les augustes'voyageurs n'ont pas été blessés. L'im
pératrice de Russie part demain de Potsdam pour
Schlangenbaden passant par Magdebourg. Le comte
Nesselrode se rendra aux eaux avant de s'en re
tourner à Varsovie. Toutefois il ne se rendra pas
à Carlsbad. Il ira aux eaux de Kissingen.
(Correspondance lithographiée.)
artemens destinés au
comte de Chambord ont été loùés ici pour deux
mois. [Giîz. de Nassau.)
nassau, 26 mai.—Des ;
AUTRICHE.
vienne , 27 mai.—Les actions de la Banque jouis
sent d'une grandefaveur; depuis l'emprunt conclu à
Londres, elles ont haussé de 40 florins. On espère
que l'administration des finances facilitera àla-Bàn4
que les moyens de reprendre ses paiemens en
espèces. Nous apprenons, en eflet, que la plus
grande partie de l'emprunt de Londres est desti
née à la Banque. On assure que le gouvernement
a l'intention d'échanger son papier-monnaie corh-
tre de l'argent, attendu que si la Banque seuls
FEUILLETON DU, CONSTITUTION,, 2 JUIN.
LES VOYAGEURS NOUVEAUX.
la chine et les chinois.— m. gutzlaff'. :
vie de l'empereur tao koùang: " -
III.
Etre em|jereur de la Chine 1 N'est-ce .pas _
lu beau idéal de la puissance souveraine T.
Vingt mille lieues carrées de terrain consti
tuées en un même Etat depuis deux mille,
ans, trois cent soixante millions de sujets,,
et, en temps de paix, une armée dont le mi-,
nimum est de 1,700,000 hommes. Pas un
Alexandre, pas un César, pas un Gengiskan
n'a possédé un tel Etat. Si, dans cette immense;
contrée, qui se consacre exclusivement à l'é
tude d'elle-même, on ; étudiait la géographie,
des régions étrangères; si, par quelque aven
tureux lettré, le maître suprême de la Chine
apprenait à connaître la division et l'organi
sation monarchique de l'Europe, avec quel
superbe dédain il considérerait, du haut de
sa grandeur, ces pauvres petits rois qui, dans
l'enceinte de leurs frontières, comptent à
peine: trois à quatre millions de sujets, et des
sujets qui ont une Charte, qui parlent de
leurs droits, qui discutent et raisonnent, et
veulent eux-mêmes régler leur mode d'ad
ministration, rédiger leurs lois!
i L'empereur de Chine n'a point à se préoct
- cuper d'un tel souci. Nulle ambitieuse oli
garchie ne contrebalance son autorité; nui
parlement ne disserte sur ses projets, nui
journal ne critique ses actes. Il gouverne ses
peuples en maître absolu , il est leur loi vi
vante, leur, loi suprême. On lui donne le titre
de fils du ciel, et ses arrêts sont sans appel
comme ceux de la puissance céleste. Depuis
un temps immémorial: il en a été ainsi, et il
en est ainsi encore, tandis cjue, dans l'Occi
dent, la face de la terre a été, selon les paro
les de l'Ecriture, tant de fois renouvelée. De.-
puis un temps immémorial, les empereurs
de Chine ont disposé à leur gré des forces de
la nation, accompli des travaux incroyables^
taillé des montagnes comme nous taillons un
bloc de marbre, érigé des palais gigantes
ques, assemblé dans leurs demeures des mil
liers de femmes, en sacrifiant saps la moin
dre difficulté à leurs passions architecturales, '
à leurs fantaisies, à leurs dégirs effrénés, les ;
biens, la vie de leurs sujets. '
• En 1677, à l'époque de l'invasion des Tar-,
tares-Mandchoux qui anéantit la dynastie des.
Mingjile père Gabriel de Magalhaens comp-,
tait en Gliine 4,402 villes murées,1,890 for
teresses, 3,000 tours ou châteaux, 1,159 arcs
de triomphe, 1,189 .temples, 685 grands,
mausolées, 321 ponts.de premier ordre. La
grande muraille» bâtie deux cent quatorze,'
ans avant l'èrs chrétiènne, était gardée par
900,000'hommes (1).
- ;Mais quelle! est la splendeur humaine sans,
ombre, le pouvoir sans obstacles^ la fortune
sans périls? Dans l'auréole; qui l'emeure,,
l'empereur de Chine a aussi ses jours de.
trouble et ses heures de servitude. Maître
unique de ses domaines, il est lui-même mai-,
trise par la coutume; premier législateur de,
ses peuples, il reste assujetti à une minu
tieuse loi d'étiquette. Et cette loi et cette cou
tume, qui d'âge en âge se sont perpétuées
jusqu'à lui, le sentiment de la nation soumise
à ses décrets les lui irnposede telle sorte, qu'il
ne pourrait les violer impunément. C'est là
le nuage de sa grandeur.- C'est là le signe de
son humilité. Il peut tyranniser ses peuples,
1 répandre dans sa cour et dans le pays la dé
solation; s'il observe fidèlement les pratiques
de ses ancêtres; s'il s'en va au printemps di
riger le soc de la charrue à la fête des se
mailles, si, dans les temps de calamités, il
apparaît vêttt d'un sac couvrant sa tête et
s'accusant, lui-même des malheurs publics,
il sera considéré comme un excellent empe
reur. Que si, au contraire, dit M. Gutzlaff,
il néglige les prescriptions du tribunal des
rites, s'il se soustrait aux obligations qui lui
sont tracées par un usage antique^une amè-
re censure soulèvera conire lui un ressenti
rent universel, une colère dangereuse.
Si, en réalité, U dispose de tout sèlon sa vo
lonté, il doit entendre au moins avec une ap
parente déférence les paroles de ses conseil?-
lers.-S'il est sans égal dans' son empire, il
ne peut cependant se refuser à écouter les
(1) La Chine, par M. Faurtûer, lucide et savant
résumé de toutes les notions que l'Europe a ac
cises sur ce pays.
vœux de son peuple, et le plus pajj
sujets est en droit d'obtenir dj^Ba silBIim'e
majesté une audience. ,
Les diverses races dont se compose la po
pulation chinoise lui créent différens de
voirs. Il fa:ut qu'il se montre également at
tentif à respecter les traditions religieuses des
Chinois, l'humeur guerrière desMaudchoux,
le caractère hautain des Mongo Is, les idoles des
Thibétains. Quelle que soit sa croyance, quel
que soit son scepticisme, il faut qu'il vénère
ostensiblement les temples de Confucius, les
symboles du boudhisme, les images du La
ma et celles de plusieurs autres sectes. Quanâs
à la religion chrétienne, elle est complète
ment en dehors de ces règles de conduite. Il
la- tolère ou la proscrit selon son libre ar-.
bitre.
Un troupeau de trois cent soixante millions
d'hommes n'est, en aucun temps, en aucun
lieu, chose aisée à conduire, et quand cette
masse prodigieuse d'individus eu tassés sur
un sol qui en temps ordinaire suffit à peine
à ses besoins vient à être frappée par un
fléau qui dévaste ses foyers, ou anéantit l'es
poir de ses moissons, la famille appauvrie
calcule avec une acerbe pensée les taxes qui
§èsent sur elle, et, dece calcul au mouvement
e révolte, il n'y a pas loin. Souvent la livide,
la mortelle famine éclate au milieu de ces
épaisses agglomérations d'hommes , et si
d'habiles mandarins, sans avoir lu Malthus,
considèrent ce fléau comme un rèmède pro
videntiel à un trop grand surcroît de popu
lation, lesmalheureux qui en souffrent n'ac
ceptent pas si aisément cette façon d'amoin
drir une des plaies de l'empire.
Les Chinois ne peuvent protester contre la
lourdeur des impôts, contre le luxe des fonc
tionnaires, et les dépenses delà cour, ni par
la tribune parlementaire, ni par la presse.
Tout au plus, se hasarder ont-ils quelquefois,
dans leurs habitudes d'obéissance et de rési
gnation, à placarder çà et là quelques épi-
graaimes contré un gauverneur trop sévère,
ou un mandarin rapace. Mais la faim: dit un
vieux proverbe, fait sortir le loup tiu bois,
et lai faim arme ces bras appliqués dans les
jours de bien-être à un labeur pacifique ou au
soin innocent de brûler des uandelettes de
papiers peints sur les tombes des aïeux. On
voit alors se former des bandes de pillards,
qui achèvent de ravager par leurs briganda
ges le pays ravagé déjà par les élémens.Dans
ces fatales circonstances, le gouvernement a
parement recours à la force, il use plutôt des
moyens de conciliation, diminue les impôts, ;
et fait d'amples distributions de riz. En un
seul hiver, le dernier empereur a dû pour
voir ainsi ? dans la seule ville de Péking, :
^tux besoins journaliers de 400,000 per- :
sotones. Une année se passe ainsi , et si,
l'année suivante, la récolte est bonne, tout
rentre dans l'ordre. La rébellion s'apai
sera d'elle-même comme les .flots de la
mer après l'orage. Mais des sacrifiées énor- :
mes que le gouvernement a été obligé de
faire, résulte *n autre malheur. Le trésor,
mal ménagé dans les heures de prospérité,'
s'épuise dans ces années de .catastrophes. Les
services- publics languissent, l'équipement
de l'armée de terre et de ,1a marine, l'entre
tien des forteresses, sont négligés. Les fonc- 1
tionnaires, n'étant plus rétribués, remplacent
leur traitement légal par leurs concussions,
et au grand scandale des gens dévoués aux
vieilles traditions, l'Etat en vient parfois à
livrer à prix d'argent des emplois qui ne de-\
vraient être accordés qu'à la suite des exa
mens, aux lettrés les plus méritans. De tels
abus ne'se soutiennent pas sans éveiller au
cœur du peuple le plus humble et le plus
résigné un sentiment de réprobation, sans y
jeter des germes d'idées dont on doit redou
ter lé développement. ;
M. Gutzlaff le dit, et nous n'avons nulle
raison de mettre en doute cette assertion
d'un homme qui a passé de longues années
en Chine et qui y a fait de sérieuses observa-'
tions. Il y a là sous le prestige encore tout
puissant "du régime absolu, un co.urant de
ensées démagogiques pareil " à ces courant
'eau chaude qui .bouillonnent sous un sol
calme et riant a sa surface, et maintenant
les souverains de cette immense contrée ne
peuvent plus se promettre de trôner danfe la
suprême quiétude de .leurs aïeux. Les fllï;du
ciel sont obligés Rabaisser iears regards si^r
un grand nombre d'exigences terrestres ^ les
héritiers d'un sceptre despotique doivent rs:
sayer de concilier l'empire de ce despotisme
avec les tendances vagues encore, mais acti
ves, d'un mouvement libéral. •
La biographie de Tao-Kouang[, racontée
par M. Gutzlaff, nous offre une ipaage des
obstaclés qui entravent ' aujourd'hui le pleirT
S
exercice du pouvoir en Chine, des luttes que
le dernier empereur a eu a soutenir, des
calamités publiques auxquelles il a dû por
ter remède, et ■ de l'héritage difficile qu'il a
légué à son successeur.!
Khian-Loung, le grand-père de cet empe- •
reur, était un homme d'un esprit éclairé,
d'un caractère ferme, et d'une rare activité. -
Il accomplit de grands travaux d'utilité pu
blique, et adjoignit à son empire plusieurs :
Etats par de glorieuses conquêtes. Après un
règne de soixante ans, il abd'qua le trône
comme un aulreiDiocléiien, heureux de con
sacrer aux J lettres*' qu'il avait toujours ai-j
mées, les loisirs de sa vieillesse. Notre Biblio
thèque nationale compte dans ses riches,
collections vingt-quatre volumes de poésies:
composées par ce prince distingué. C'est à lui s
que Voltaire,qui tournait sifréquemment ses.
regards vers les puissances de ce monde,;
adressait ces vers :
Reçois mes complimens, charmant roi de. la Chine;
Ton trône est done placé sur la double celline!
On sait dans l'occident qiie, malgré mes travers, '
J'ai toujours fort aimé les rois qui font des vers.'
M. Abel de Rémusat, le savant orienta-i
liste, cite Khian^Loang comme un des plus
intelligens, des plus habiles souverains que la,
Chine ait jamais eus.
Avec son habileté, il se trompa pourtant
dans le dernier, dans le plus important accé
dé sa volontéi II choisit pour son successeur;
celui de ses 7 fils qui était peut-être ie m#iris
digne d 'un tel honneur, et le moins apte à
portér un tel fardeau".! Indolent-et présomp
tueux, il s'engagea dans des guerres qu'il ne
sut pas conduire, et souleva contre son trône
des révoltes avec lesquelles il fut forcés de
transiger. Le respect que lui imposait son
père servit de frein pendant quelques an
nées à ses mauvais ipenchans; mais dès
que le noble vieillard fut mort, Kia-King
sè laissa aller sans réserve à ses instinets de.
mollesse, à ses voluptueuxentraînémens. Les!
vénérables conseillers de Khian-Loung furent
l'un après l'autre écartés de la cour, et rem
placés, par une jeunesse licencieuse. Aux gra-;
ves et nobles réunions d'autrefois, succédè
rent les fêtes tumultueuses et les longs ban
quets. Le pillais se peupla de'concubines, et
• les- eunuques y ■ devinrent des personnages
importaris. Pour vivre decetté vis de débau
ches, il fallait de l'argent :1e trésor était
épuisé par des guerres malheureuses, par
des années de disette; Kia-King le:remplit
par dés/extorsions. D'un seul coup ,11
recueillit une bonne aubaine. Près de lui
viYait un des ministres favoris de son père,
un homme d'une rare distinction quiy par
son seul mérite s'était élevé aux plus uauts
emplois, et qui d'une main probablement
peu délicate avait amassé une bien autre for
tune que nos Mazarin et nos Fouquet.,Sa
fortune fut cause de sa ruine. Kia-King le
condamna à mort, et lui enleva à lui et à, sa
- famille l'incroyable somme, dit M. Gutzlaff,
de quatre--vingt millions ,de taels (500 mil
lions de francs).: Avec cette récolte, le jeune
empereur pouvait s'en donner à cœur joie;
et il n'y manqua pas. Les monceaux d'or, ra
massés dtins le sang servirent à raviver les
plaisirs du palais, y amenèrent de nouveaux
flatteurs et de nouVeaux parasites.
Dans cette cour livrée à de honteux déré-
glemens, .Meening, le futur successeur de'
Kia-King, se tenait à l'écart^ fuyantles orgies
de son père, évitant également, soit par une
disposition particulière à la retraite, soit par
prudence, de s'ingérer dans, le maniementdes
Les courtisans se moquaient de lui, regar
dant sa réserve comme un signe de faiblesse." 1
Mais un événement prouva qu'en se plaçant
ainsi en dehors des agitations du paiaisy il
avait agi sagement.-Un jour Kia-Kingfut as
sailli dans^son palanquin par des meurtriers;
et ne fut sauve que par la.prompte inter-
i vention d'une troupe d'eunuques. Dans l'exar
men juridique de cette tentative d'assassinat,'
les juges reconnurent que lés plus hauts di
gnitaires de l'Etat et les princes dù sang
étaient affiliés au complot: Kia-King, fort
attaché aux jouissances de la,vie, n'était pas
homme àpardonner à ceux qui avaient voulu
l'çn priver. Les cœurs forts sont généreux."*
Ite ont; 'dansi la conscience de leur force t le
sentiment de leur sauvegardé. Les cœurs
faibles arrivent aisémentàla cruauté. Le pé-
riMéS 'épouvante. La vengeance rassure leur
débilité; Kia-King sévit avecj fureur contre
les membres de sa famille, les proscrivit, les
exila, soit qu'ils f ùrent réellement coupables,'
ou qu'ils fussent simplement suspects. Seul,'
\e prudent Méening -rata à l'abri dô tou
MJRKJMm 1 mm de r«Ma (PalaH-Royal), n '.te:
B 1852. - MERCREDI 2 JUIN.
»3»«t '•f 1 -
»B a'A^ONMEMESIT 3
P aris....... 13 f . PAR TRIMESTBIÏ
départemens. ig p. *—
en numéro : #0 centimes.
todb les pats ktra>(skrs , se reporter
an tableau qui sera publié dans le journal,
los 10 e >5 de chaque mois. ,
i\M '\ |
• À-
Su abonnement datent det i« et 16
dt chaque vioit.
S'adresser, franco, pour ta rédaction; â Ml C ocheval- C urignï, rédacteur en cke,ï
Les article» déposé* ne «ont pas rasdosl
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL,
On s'abonne, dans lesldêpartemefts, aux Messageries et aux JHrections de postai—A Londres, thes MM* Cowia et fils."
A Strasbourg, 'chet M; A mxanbbe, pour l'Allemagne
SS'adresttr, franco; pour FadminUtratio*, à M. D knain, directeur:
Les annsnces sont régnés au bureau du journal; .et chexM. panis, régisseur, 10, place de 1 a S oi
1" JUUV.
Nous trouvons dans le numéro du Times,
distribué aujourd'hui dans Paris., une lettre
de Frohsdorf, dont une phrase a été écrite à
notre adresse. ;Cette lettre est émanée d'une
personne dévouée au comte de Cham
bord, et qui réside constamment auprès de
lui. Elle a pour objet de confirmer, en l'ex
pliquant, la lettre émanée du comte lui-
même et sur laquelle nous avons les pre
miers appelé l'attention publique. Nous au
rions voulu publier cette nouvelle lettre tout
entière, persuadés que deux ou trois expres
sions ou allusions blessantes ne sauraient en
rien préjudicier au pouvoir; convaincus
même qu'il y aurait quelque avantage à ce
que la France sût de quelle façon on traite le
gouvernement qu'elle s'est donné. Nous de
vons loyalement prévenir le lecteur que, par
une prudence nécessaire, nous avons retran
ché quelques lignes qui n'importent point
au sens général de la lettre.
Frohsdorf, 19 mai 1852.
Je m'empresse, mon cher Monsieur, de
vous remercier de la lettre que vous avez eu
l 'obligeance de m'écrire, et des détails que
vous me donnez sur la revue du 10 mai. ,
• ■ • • .» • '• * • • .
. Vous avez lu «ans "doute, la lettre que le
fcomte de Chambord adresse à ses amis. Il
prévoit avec une certaine tristesse que tous
ne le suivront pas dans la voie qu'il croit
•utile de leur indiquer. Mais il a un grand
fonds de fermeté et ne se décourage pas ai
sément; il espère, et, je crois, avec rai
son , convaincre tous ceux qui ne gont
pas aujourd'hui de son avis. La France et
ses intérêts avant tout, mais ses vrais inté
rêts et non toutes les aspirations ambitieu
ses que déguisent, sous ce nom, les gens, qui
îie cherchent que des places et des dis
tinctions.
Monseigneur n'admet p$s que, sous au
cun prétexte , une fonction publique, si
petite soit-elle, puisse être acceptée. Il ne
comprendrait pas que nos amis, directe-!
ment ou indirectement, prêtassent l'appui j
de leur force'morale au pouvoir militaire,
simple résultat d'une révolution. Il recom
mande à ses amis de ne pactiser jamais avec
le désordre, et d'être les premiers à défendre
la société contre les doctrines anli-sociales
qui voudraient la renverser. C'est cette pen- ;
sée qui lui fait comprendre le rôle joue par 1
l'armée. Il aime et il admire sa sévère disci
pline et son obéissance passive à ses chefs. Il
regarde l'armée, à cette triste phase de la ré
volution, comme le vraie protectrice du pays
contre ses ennemis du dedans et du dehors.
Toutes les opinions doivent s'effacer en pré
sence de ce grand devoir qui nous comman
de ds ne laisser ni envahir ie territoire, ni
■ renverser la société! C'est là le,rempart de
la France contre tous ses ennemis.
Mais quant auxfonctions qui peuvent don
ner quelque force morale au gouvernement
mèiiie-4è, plus arbitraire, et qui s'évanouis-
scntfeh fùmée aux jours de crise, Monsei
gneur recommande à ses amis de n'en accepter
aucune. Eu acceptant, ils assumeraient une
part de responsabilité dans les actes du gou
vernement. . . ; . . . Dans l'inté
rêt du pays,il est préférable d'attendre et de
prendre son temps. Le principe de la légi
timité, par sa fixité, peut seul rendre à la
France les garanties qu'elle a perdues. . ' .
. . . . . . . w Monseigneur deman
de donc à ses amis de délaisser, le gouver- .
nement actuel, et de l'aider lui-même à pré
parer celte grande et puissante union des
partis monarchiques qui peut seulenous-
rassurer sur l'avenir. 1 . . s . . ' . .
Cette union de tant : d'intérêts communs ne
saurait être en aucune façon unô menace
aux yeux du pays • ce n'est et ce ne peut être
qu'une espérance.
Monseigçeurpoursuitdoncplus fermement
que jamais cette grande politique de pacifi
cation et de conciliation, qui est entièrement
nationale. II. la recommande à tous ses
loyaux amis..Il se borné à precdre àun plus
haut degré qu/ij ne l'a. fait jusqu'ici la res
ponsabilité ae ses actes. Il se met seul en
avant, et- désormais la direction des affaires
de son parti viendra de lui-môme.
Voilà, mon cher Monsieur, toute la si
gnification de cette lettre que les jour
naux du gouvernement attaquent et calom
nient sans la publier. Ils représentent Mon
seigneur comme abandonnant la politique
de modération et de conciliation pour adop
ter ce qu'ils appellent en termes difficiles à
comprendre la politique des ducs. Tout cela est
faux et mensonger. Monseigneur est toujours
le prince que vous vous rappelez, sachant
son pays par cœur, vivant avec lui, et dési
reux d'avancer avec lui, persuadé que sa mis
sion en ce monde est une .oeuvre de pacification
des partis, tendant la main à tous les gens
qui ont de l'honnêteté, du talent, et qui ai
ment la France comme il l'aime. Voilà en
core toute sa politique, avec cette différence
qu'au lieu de la laisser eomme jusqu'ici se
personnifier dans tel et tel noms, il se met
lui-même et lui seul à la tête de son parti et
veut en être vraiment le chef,'Cette altitude
ferme et énergique convient à son caractère,
et les dangers qu'elle peut offrir ne la lui
feront pas abandonner.
Maintenant que vous savez la vérité tout
entière sur les intentions de Monseigneur,
vous êtes à même de réfuter les faux bruits
qu'on a déjà répandus sur ses projets et le
changement de ses sentimens (1). j
Si la lettre de M. le comte de Chambord :
n'a reçu en France qu'une publicité inter-!
lope et clandestine, au lieu d'être portée à ia j
connaissance de tous, si elle a été discutée sans ]
être citée, cela n'a pas dépendu de nous, et
personne ne l'a regretté plus que nous-mê- j
mes, qui avions pris, à ce sujet, une sorte;
d'engagement. Le gouvernement a fait con- ;
naître les motifs pour lesquels il en inter- i
disait la publication ; et il nous, a fallu nous
soumettre. Quant à avoir calomnié cette let
tre, c'est un reproche que nous ne saurions
accepter. La lettre qu'on vient de lire con
firme de point en point toutes les conclu
sions que nous avons tirées de la lettre de
Mi le comte de Chambord.
Nous avions dit que des divisions exis
taient au sein du parti légitimiste, «t nous
avions invoqué comme preuve la polémique
qui s'était établie entre les divers organes de
ce parti sur la question du serment. Ce sont
ces divisions qui ont provoqué la lettre de
M. le'comte de Chambord. Nous avons dit
que, loin de les flaire cesser, la lettre avait
été un nouvel élément de discorde. On nous
a accusés de vouloir fomenter dans tes
rangs légitimistes une division qui n'existait
pas. Nous avons pour nous le témoignage
de M. le comte de Chambord; ;sa tristesse à
la pensée qu'une partie de ses apiis ne le
suivraient pas dans la voie qu'il traçait pour
tous; sa détermination de résister aux ten
tatives qui seraient faites pour'modifier ses
résolutions.
Nous avons dit que la lettre de M. de
Chambord était le point de départ d'une
évolution nouvelle du parti légitimiste, que
la politique de modération et de conci
liation allait faire place à ce qu'oanous
reproche d'avoir appelé la politique des
ducs. Que dit la nouvelle lettre? Sinon que
!M. le comte de Chambord prend désor
mais lui seul la direction de son parti, qu'il
se met en avant, qu'il assume' la respon
sabilité de ses 'actes, et que désormais
jl ne laissera plus personnifier sa politique
(IV Le correspondant ;du Times ajoute :«Le nom
du signataire de cette lettre m'a été confié; j 'ai re
çu l'assurance positive que cette lettre a été écrite
sous les yeux du comte de Cbambon 1 , qui a ,pris
lui-même la plume pour souligner les mot* lui
seul dans la dernière phrase. »
dans tel et tel noms. Pour qui se rappelle le
manifeste de Wiesbaden, et 4etf«iaq person
nes qu'il désignait comme investies d'un
manda t permanent; pour qui se rappelle ce qui
s'est dit l'an passé d'un certain comité des douze
n'est-ce pas déjà toute une révolution ausein
dufarti légitimiste, que cette détermination
de ne plus laisser personnifier, sa politique
"dans certains noms, que. cette destitution de
certaines influences?
Nommer le manifeste de Wiesbaden, n'est-
ce pas évoquer le souvenir de la polémique
acharnée que ce document provoqua entre
deux des organes importans du parti légiti -
miste? Ces deux organes ne représentaient-ils
pas deux nuances qui, outre leurs dissident-
ces en théorie, étaient également divisées
sur la conduite à tenir quant au pré
sent et vis-à-vis du gouvernement. Person
ne n'ignore que les légitimistes les plus
considérables par le talent, l'expérience et
les services rendus, étaient pour .la politique
parlementaire, pour la politique expectante,
pour la politique d'expédiens ou tel nom
qu'on voudra choisir parmi les épithètes qui
lui ont été aceolées; pour ce que nous avons
appelé la politique de conciliation et de mo
dération, qui consistait à ne point créer
d'embarras au gouvernement, à ne lui point
refuser aide et appui pour tout ce qui était,
utile et national, et à laisser avant tout,
à notre société le temps de se guérir? L'au
tre nuance qui avait sollicité le -manifes
te de Wiesbaden, comme une déclaration de
principes, voulait pour les légitimistes une
politique plus dessinée, plus indépendan
te : il fallait en toute occasion affirmé?
ses principes, arborer son drapeau et se
distinguer de tout le monde par le langage
et par les actes. L'organe de cette nuan
ce n'a-t-il pas été jusqu'à son dernier jour
l'un des journaux les plus âpres et les plus
acrimonieux contre le gouvernement du Pré
sident de la République? N'était-il pas à la
tête de la coalition qui prit prétexte pour se
former des revues de Satory ? C'est cette po
litique que nous avons appelée la politique
des ducs, parce que si l'autre avait pour elle
les orateurs, les écrivains, les hommes
d'Etat de la légitimité celle-ci avait de son
côté l'avantage des titres et des grandes exis
tences. Ce n'est pas à nous d'ailleurs que re
vient la paternité de cette désignation.
Jusqu'ici la politique de la conciliation
l'avait emporté: elle a été vaincue, ayons-
nous dit, le jour où a paru ia lettre de M. le
comte de Chambord. Deîionnè Foi le peut-
on contester. Nous avons analysé fidèlement
cettelettre, nous n'en avons pas exagéré lapor-"
lée. On a essayé denous prouver en .trois co
lonnes que le parti légitimiste ne rompait pas
avec le gouvernement. Qu'est-ce donc que se
mettre systématiquement à l'écart, et refuser
au gouvernement tout ce qui peut lui don
ner quelque force morale? Quelle va être,
d'après la lettre qu'on vient de lire, la situa
tion des légitimistes en France?
Ceux qui sont militaires demeureront sous
les drapeaux, parce qu'on se doit à la défen
se de son pays. Si une guerre d'invasion a
lieu, les légitimistes aideront à repousser l'é
tranger ; si une nouvelle insurrection de
juin éclate, ils aideront à préserver la société
de la barbarie. Ce sont là des cas extrêmes,
ej ni l'un ni l'autre n'ala moindre proba
bilité. Mais, dans la vie de tous les jours que
feront les légitimistes? Ils garderont une
attitude purement passive; ils se croiseront
les bras. Mais n'y a-t-il pas, comme avant
1848, et comme depuis quatre ans, des
communes à • administrer, des intérêts
départementaux à surveiller, des services à
rendre au sein de la représentation natio
nale et des conseils publics ? Cela est vrai;
mats contribuer dans la moindre mesure
à'la bonne administration de l'Etat, des
communes ou . des départemens, ou à la
prospérité du pays, ce serait fortifier le gou
vernement : les légitimistes doivent s'abs
tenir. Est-ee là, nous lp demandons,
la situation qu'on avait prise sous le gou
vernement de Juillet? Est-ce là celle qu'on
avait, il y a six mois y encore ? N'avons-nous
.pas le droit de dire que l'attitude du parti
légitimiste vis-à-vis du gouvernement a chan
gé'; et ne sommes-nous pas fondés à voir
dans la lettre du comte de Chambord l'ori-
.giije de cette évolution nouvelle?
' C ucheval- C laiiigny.
Parlant de la dépêche télégraphique pu
bliée par la Gazette des Postes de Francfort,
au sujet d'un traité signé à Londres, dans
lequel les droits de la Prusse relativement à
Neuchâtel auraient été reconnus, le journal la
Suisse déclare que rien de pareil n'a été ar
rêté à Londres, ni à présent, ni antérieu
rement.
La baisse des . blés a continué sur presque
tous «les marchés pendant le mois de mai. Le
tableau régulateur publié aujourd'hui par
sfaMmiteur constate que 'la moyenne géné
rale du prix de l'hectolitre de froment pour
toute la France est de 17 fr. 58 cent. C'est
une baisse d'environ 30 c. depuis un mois.
Le mouvement se répartit assez également.
Ainsi pour les marchés de Metz, Verdun,
Charleville, Soissons, la baisse est de 68 c.,
tandis que les prix pour l'Alsace n'ont pas va
rié. Les marchés de Saint-Laurent, de Gray et
du Grand-Lemps présentent une hausse de
38 c., et ceux duMidi et du rayon de l'appro
visionnement'de Paris, une hausse de 50 à
60 c. Ces variations sont du reste peu impor
tantes. Les prix les plus élevés sont 22 fr. à
Mulhouse ; les plus bas, 15 fr. 50 à Henne-
bont. 1. BoiilFACE.
Tableau dû prix de l'hectolitre de froment, pour
servir de régulateur aux droits d importation et
d'exportation des grains et farines, conformé
ment aux lois des 13 avril 1832, 26 avril i 833,
et 11 janvier 1851, arrêté le 31 mai 1852.
ij
.'I
i
DÉPARTEMENS. MARCHÉS.
Ire CLAMI.
Pyrénées-Orient.,
Aude
Hérault.
Gard.......
"Bo uc . -du-KiiOnê",
Var
Corse
Algérie
2« CLASH.
Gironde..
Laides ,
RA&Rp.A-Pvréaées.
Toulouse
Gray ...
Xyôû .....
Marseille..
Maraos.
Bordeaux..
Toulouse..
i«nira ■
Doubs •.
Ai 0 " 1
- u
Gray
• St-Laurent
Gr.-Leaaps.
" Isère..
F Hautes-Alpes...
^Basses-Alpes...
3e eLiSSB,
f Haut-Rhin ) Mulhausen.
[ Bas-Rhin j Strasbourg
^Nordv \Bergues...
I Pas-de-Calais..
| Somme....s......
| Seine-Inférieure .
) Eure.
i Cahados
j Loire -Inférieure «
j Vendée »... ! Nantes,
Ichareate-Infér... ) Marans....
CUSII.
I Arras
f Roye
f Soissons...
|Paris .....
/ Rouen
i Sauiuur...
[Mos lie VMeti......
) Meuse f Verdun..'..
} Ardennes* i Charleville*
l Aisne J Soissons..
/Manche. .
i Ilie-et-Vilaine...
[ Côtes-du-Nord...
| iCinistère ...
I Morbihan
Saint-Ld..
Paimpol...
' Quimper...
Hennebon.
Nantes....
PRIX
de PhettolHre de
froment.
fr. c. fr. c. (fr. c.
16 74 16 73 16 42
17 Û> \7 03ii7 25
17 32 U7 48 j 17 66
19 55 19 75 19 ; â3
15 80
16 33
16 74
17
18 24
17 #6
21 45
22 06
18 41
17 22
17 00
16 98
p dev
1718
15 60
16 03
15 80
19 63
18 40
18 64
16 >98
16 72
14 75
16 56
15 56
16 03
18 80
16 28
16 73
17 03
18 87
18 11
21 85
21 96
18 53
16 87
16 24
16 47
pde v
16 78
15 60
16 05
15 80
19 65
18 67
18 34
16 47
1$ 62
14 57
16 50
15 57
16 05
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fr.
17 68
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I
17
97
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18 «4
16 36
15 48
15 18
16 38
1C 78
15 60
16 06
15 80
19 11 ^
18 231
17 96|
16 18,
16 45 <
14 97 i
16 40
15 SI |
16 06,
21 85
•16 97
15 82
18 19
15 89
Aujourd'hui, 1 er juin, a .eu lieu à l'Hêtel-de-
Ville le sixième tirage de l'emprunt de six mil
lions, contracté par le département de la Seine en
1849. A ce tirage, il a été extrait de la roue 492
numéros, formant le nombre des obligations dont;
le remboursement doit avoir lieu le 1 er juillet;
prochain. Indépendamment du remboursement en'
capital et intérêts desdites obligations, les dix
premiers numéros sortis ont droit aux primes dé
terminées daHS le titre constitutif, ainsi qu'il suit, 5
savoir :
1. 4,270 ayant droit à une prime de 7,000 fr.
2. 3,836 3,000
3. 5,60S. 2,500
4. 3,579 1,500
5. 4,138....... 1,000
6. 5,988 , 500
7. 3,683 500
8. 5,700 500
9. 445. 500
10. 215... 922
Des affiches, qui seront placardées dans la jour- 1 -
née de demain, indiqueront les numéros des au
tres obligations sorties - à ce tirage et remboursa
bles, comme il est dit ci-dessus, le 1 er juillet pro
chain.
INSPECTION GÉNÉRALE DE 1832.
Les officiers-généraux dont les noms sui
vent ont été désignés, par décision du prince-
Président, en date du 21 mai, pour procé
der à l'inspection générale des troupes d'in
fanterie, de cavalerie, de gendarmérie et des
çorps hors ligne :
infanterie *— 1 er arrondiss : M. de Scbramm,
président du comité de l'infant.— 2 e , M. Ballon,
commandant la 20 e division milit. — 3 e , M. Re
nault, commandant la 2 e division de l'armée de Pa
ris.—4 e , M. Levasseur, commandant la 3 B division
milit. — 5 e , M. Lojré d'Arbouville, disponible.
— 6 e , M. Neumayer, disponible. — 7", M. Lafon-
taine, membre du 'comité de l'infanterie. — 8",
M.: Forey, membre du comité de l'infanterie. —
9", M. Herbillon, command. la division d'infan
terie de l'armée de Lyon. — 10", M. Fontaioe de
Cramayel, président au comité d'état-major.—11°,
M. Hecquet, commandant la 9 e division militaire.
— 12% M. Martin de Bourgon, disponible, — 13 e ,
M. Dulac, disponible. — 14 e , M. Reveux, com
mandant la 12" division militaire. — 1 ! J* M.
Guillabert, commandant la 15° division mi
litaire.— 16°, M. de galles, disponible.— 17 e , M.
Camou, commandant la division d'Alger ( troupes
delà division d'Alger). — 18 e , M. Pélissier, com
mandant la division d'Oran { troupes de la division
d'Oran). — 20", M. Àllouveau de Montréal, dispo
nible. — 19 e , M. de Mac-Mahon, commandant la
division de Constantine ( troupes de la division de
Constantine).
cavalerie. — 1 er arrond., M. Carrelet, com-
dant la l re division militaire.—• 2", M. Korte,
commandant la divispn de cavalerie de l'armée de
Paris. •—3 e , M. d'André, commandant la 3? division
militaire—.4 e ,M. Gudin, commandant la 2 e division
militaire.—5 e M. Lebon-Desmottes, membre du co
mité de la cavalerie.—6 e , M. Reyau, commandant
provisoirement les quatre régimens de cavalerie
stationnés à Lunéville.—7 e , M. Waldner de Freund-
stein, commandant la 6 e division militaire.— 8",
M. Morris, commandant la division de cavalerie
de l'armée de Lyon.—9 e , M. Regnaud de Saint-
Jean-d'Angély, membre du-comité de la cavalerie.
—10 e , M. Létang, prosideat du comité de J.a cava
lerie. —,11 e , M. Grand, disponible. — 12 e , M.
Le Pays de Bourjolly, commandant supérieur
dçs 12 e , 13° et. 14 e divisions militaires.—13°,
M. Pelletier - Descarrières , inspecteur général
permanent des remontes militaires. — 14 e , M. de
Chalendar, commandant la subdivision de la Sar-
the. —15 e , M. Jusef, commandant les troupes in
digènes. !
gendarmerie . —5° arrondissement: M, de La
Rue, président du eômité de la gendarmerie. —
3 e .M.Servatius.membre du comité.de lagendarme-
ne. — 2 e . M. Rebillot, membre du comité de la
gendarmerie.—4 e . il. de Foulque d'Oraison, com-
mandantla subdivision de l'Oise.— 1™M. Gauthier
de Laverderie. commandant la subdivision de
l'Aube.
corps hors ligne. — Garde républicaine, ba
taillons mobiles et sapeurs-pompiers, M. le gé
néral de division Carrelet, commandant la l re di
vision militaire : légion de gendarmerie d'Afrique,
M- le général de brigade de Chalendar, comman
dant la subdivision de la Sarthe ; i 7 e légion de gen
darmerie, M. le général de division Talandier,
commandant la 17 e division militaire ; détachemens
de gendarmerie de la division d'occupation en
Italie, M. le gcnéraldedivisionRegnaud de Saint-,
Jean d^Angély,:membre d» comité de la cavalerie.
INDE.
bombay , 3 mai.— C'est le dimanche de Pâques
que les Birmans, à Rangoun, ont commencé & at
taquer notre flotte; Il nous - a fallu riposter ■'&
leur'feu, qui parait avoir eu quelque effet-sui"-na~
tre flotte. Lundi matin, nos troupes, débarquées,
se sont avancées sans obstacles jusqu'à ce qu'elles se
soient arrêtés un peu à la'Blanche-Pagode ou la
Maison-Blanche. Durant cette courte halte, nos
soldats ont beaucoup souffert. L estacade était bien
fortifiée-, le major Fraser y a. dit-en. pénétré le
premier. La grande pagode était au-deia et ne
paraît pas avoir ete prise avant mardi. Cent trente
canons environ sont .tombes tn notre pouvoir.'
Les Birmans ont combattu avec uri acharnement
inattendu. ÏVotre perte en tués et en blesses a été
de 150 hommes a peu près. Le révérend M. Baker/
ap/ès avoir prodigue ses soins auxblessés et pour
vu à la sépulture des morts, n a pas tardé à suc
comber au thvi&xa. Lto uuu ^cs ut; thcu ulli 'l Uilfc
point sur Proffie. Elles ont pris leurs quartiers
dans la pagode et dans la maison des prêtres; elles
sont dans une honne position militaire. On sup
pose qu'il y avait à peu près 25,000 Birmans.
Leur artillerie était bien dirigée; à Martaban,
leurs fusils étaient fort lourds. Le choléra faisait
de grands ravages à terre et sur les vaisseaux. >
Le Fereze et le Sesostris assistaient aussi à la
même affaire. «
La boucherie a été immense dans l'intérieur de
toutes les estacades. Dans quelques-unes d'elles,
nous avons trouvé les pauvres diables liés à leurs
canons, mais ayant la tête emportée, ■ soit par
les boulets ou les sabres der mandarins. Dans
une autre! affaire, la nuit, les hurlemens des
chiens étaient horribles. Ici, chaque maison en à
une famille, et ces chiens, comme les chats, sont
plus attachés au logis qu'à l'homme qui les .nour
rit. Leurs glapissemeos retentissaient la nuit à
des milles et des milles de distance, et doivent
avoir causé une sensation fort désagréable au reste
des soldats birmans. -
Dimanche s«ir, à huit heures, le 11 avril , tou
tes les estacades maritime» étaient brûlées et dé
truites. Celles de l'intérieur du pays et la Grande-
Pagode-d'Or avaient été livrées aux soldats. Le
14, la place a été prise d'assaut, et c'était ehose
curieuse à voir que les Mongees ou chefs, courant
çà et là, avec leurs parasols dorés, stimulant leurs
nommes.au combat. [Daily-Nws.) ;
ALLEMAGNE.
berlin , 29 mai.— Ces jours derniers le Times
a publié un résumé de notes diplomatiques qui
auraient été échangées entre les cabinets de Saint-
Pétersbourg et de Vienne, relativement à la poli
tique à suivre à l'égard du prince-Président de la
République française.
Nous ne savons pas si ces communications sont
exactes ; mais lorsque le Times affirme que notre
cabinet a partagé toutes lés vues des deux autres
cabinets, en ajoutant que l'accord le plus parfait
régnait entre les trois puissances du Nord à, cet
égard, nous pouvons affirmer que le gouverne
ment prussien ne s'est jamais assacié à une'çcjr-
yespondance de ce genre, en sorte qu'il n'est pas
vrai qu'il ait partagé de pareilles idées.
Dans deux jours expire le terme fixé par notre
cabinet à la coalition de Darmstadt pour s'expli-
quér sur le point de savoir si elle veut persister
dans lés résolutions formulées dans son protocole,'
ou bien adopter le programme du renouvellement
du Zollverein. On ne doute pas que les Etats du
Sud ne se prononcent par écrit pour le Zollverein,
et qu'ils laissent la Prusse et l'Autriche traiter di
rectement en ce qui concerne l'union future des
douanes austro-allemandes.
L'empereur de Russie est parti pour Varsovie, IL
a traversé Breslau le 25 au matin, sans s'arrêter.
Un aide-de-camp de l'empereur a apporté ici liiêr
soir la nouvelle d'un accident ajrriv'é ; ";noir loin de
Czenstochow, au convoi dans lequel se trouvaient
le czar et le prince Frédéric-jCharles, fils du prince
Charles, frère du roi. Quoique le convoi eût déraillé
et que plusieurs wagonseusçentbeaucoup souffert,
les augustes'voyageurs n'ont pas été blessés. L'im
pératrice de Russie part demain de Potsdam pour
Schlangenbaden passant par Magdebourg. Le comte
Nesselrode se rendra aux eaux avant de s'en re
tourner à Varsovie. Toutefois il ne se rendra pas
à Carlsbad. Il ira aux eaux de Kissingen.
(Correspondance lithographiée.)
artemens destinés au
comte de Chambord ont été loùés ici pour deux
mois. [Giîz. de Nassau.)
nassau, 26 mai.—Des ;
AUTRICHE.
vienne , 27 mai.—Les actions de la Banque jouis
sent d'une grandefaveur; depuis l'emprunt conclu à
Londres, elles ont haussé de 40 florins. On espère
que l'administration des finances facilitera àla-Bàn4
que les moyens de reprendre ses paiemens en
espèces. Nous apprenons, en eflet, que la plus
grande partie de l'emprunt de Londres est desti
née à la Banque. On assure que le gouvernement
a l'intention d'échanger son papier-monnaie corh-
tre de l'argent, attendu que si la Banque seuls
FEUILLETON DU, CONSTITUTION,, 2 JUIN.
LES VOYAGEURS NOUVEAUX.
la chine et les chinois.— m. gutzlaff'. :
vie de l'empereur tao koùang: " -
III.
Etre em|jereur de la Chine 1 N'est-ce .pas _
lu beau idéal de la puissance souveraine T.
Vingt mille lieues carrées de terrain consti
tuées en un même Etat depuis deux mille,
ans, trois cent soixante millions de sujets,,
et, en temps de paix, une armée dont le mi-,
nimum est de 1,700,000 hommes. Pas un
Alexandre, pas un César, pas un Gengiskan
n'a possédé un tel Etat. Si, dans cette immense;
contrée, qui se consacre exclusivement à l'é
tude d'elle-même, on ; étudiait la géographie,
des régions étrangères; si, par quelque aven
tureux lettré, le maître suprême de la Chine
apprenait à connaître la division et l'organi
sation monarchique de l'Europe, avec quel
superbe dédain il considérerait, du haut de
sa grandeur, ces pauvres petits rois qui, dans
l'enceinte de leurs frontières, comptent à
peine: trois à quatre millions de sujets, et des
sujets qui ont une Charte, qui parlent de
leurs droits, qui discutent et raisonnent, et
veulent eux-mêmes régler leur mode d'ad
ministration, rédiger leurs lois!
i L'empereur de Chine n'a point à se préoct
- cuper d'un tel souci. Nulle ambitieuse oli
garchie ne contrebalance son autorité; nui
parlement ne disserte sur ses projets, nui
journal ne critique ses actes. Il gouverne ses
peuples en maître absolu , il est leur loi vi
vante, leur, loi suprême. On lui donne le titre
de fils du ciel, et ses arrêts sont sans appel
comme ceux de la puissance céleste. Depuis
un temps immémorial: il en a été ainsi, et il
en est ainsi encore, tandis cjue, dans l'Occi
dent, la face de la terre a été, selon les paro
les de l'Ecriture, tant de fois renouvelée. De.-
puis un temps immémorial, les empereurs
de Chine ont disposé à leur gré des forces de
la nation, accompli des travaux incroyables^
taillé des montagnes comme nous taillons un
bloc de marbre, érigé des palais gigantes
ques, assemblé dans leurs demeures des mil
liers de femmes, en sacrifiant saps la moin
dre difficulté à leurs passions architecturales, '
à leurs fantaisies, à leurs dégirs effrénés, les ;
biens, la vie de leurs sujets. '
• En 1677, à l'époque de l'invasion des Tar-,
tares-Mandchoux qui anéantit la dynastie des.
Mingjile père Gabriel de Magalhaens comp-,
tait en Gliine 4,402 villes murées,1,890 for
teresses, 3,000 tours ou châteaux, 1,159 arcs
de triomphe, 1,189 .temples, 685 grands,
mausolées, 321 ponts.de premier ordre. La
grande muraille» bâtie deux cent quatorze,'
ans avant l'èrs chrétiènne, était gardée par
900,000'hommes (1).
- ;Mais quelle! est la splendeur humaine sans,
ombre, le pouvoir sans obstacles^ la fortune
sans périls? Dans l'auréole; qui l'emeure,,
l'empereur de Chine a aussi ses jours de.
trouble et ses heures de servitude. Maître
unique de ses domaines, il est lui-même mai-,
trise par la coutume; premier législateur de,
ses peuples, il reste assujetti à une minu
tieuse loi d'étiquette. Et cette loi et cette cou
tume, qui d'âge en âge se sont perpétuées
jusqu'à lui, le sentiment de la nation soumise
à ses décrets les lui irnposede telle sorte, qu'il
ne pourrait les violer impunément. C'est là
le nuage de sa grandeur.- C'est là le signe de
son humilité. Il peut tyranniser ses peuples,
1 répandre dans sa cour et dans le pays la dé
solation; s'il observe fidèlement les pratiques
de ses ancêtres; s'il s'en va au printemps di
riger le soc de la charrue à la fête des se
mailles, si, dans les temps de calamités, il
apparaît vêttt d'un sac couvrant sa tête et
s'accusant, lui-même des malheurs publics,
il sera considéré comme un excellent empe
reur. Que si, au contraire, dit M. Gutzlaff,
il néglige les prescriptions du tribunal des
rites, s'il se soustrait aux obligations qui lui
sont tracées par un usage antique^une amè-
re censure soulèvera conire lui un ressenti
rent universel, une colère dangereuse.
Si, en réalité, U dispose de tout sèlon sa vo
lonté, il doit entendre au moins avec une ap
parente déférence les paroles de ses conseil?-
lers.-S'il est sans égal dans' son empire, il
ne peut cependant se refuser à écouter les
(1) La Chine, par M. Faurtûer, lucide et savant
résumé de toutes les notions que l'Europe a ac
cises sur ce pays.
vœux de son peuple, et le plus pajj
sujets est en droit d'obtenir dj^Ba silBIim'e
majesté une audience. ,
Les diverses races dont se compose la po
pulation chinoise lui créent différens de
voirs. Il fa:ut qu'il se montre également at
tentif à respecter les traditions religieuses des
Chinois, l'humeur guerrière desMaudchoux,
le caractère hautain des Mongo Is, les idoles des
Thibétains. Quelle que soit sa croyance, quel
que soit son scepticisme, il faut qu'il vénère
ostensiblement les temples de Confucius, les
symboles du boudhisme, les images du La
ma et celles de plusieurs autres sectes. Quanâs
à la religion chrétienne, elle est complète
ment en dehors de ces règles de conduite. Il
la- tolère ou la proscrit selon son libre ar-.
bitre.
Un troupeau de trois cent soixante millions
d'hommes n'est, en aucun temps, en aucun
lieu, chose aisée à conduire, et quand cette
masse prodigieuse d'individus eu tassés sur
un sol qui en temps ordinaire suffit à peine
à ses besoins vient à être frappée par un
fléau qui dévaste ses foyers, ou anéantit l'es
poir de ses moissons, la famille appauvrie
calcule avec une acerbe pensée les taxes qui
§èsent sur elle, et, dece calcul au mouvement
e révolte, il n'y a pas loin. Souvent la livide,
la mortelle famine éclate au milieu de ces
épaisses agglomérations d'hommes , et si
d'habiles mandarins, sans avoir lu Malthus,
considèrent ce fléau comme un rèmède pro
videntiel à un trop grand surcroît de popu
lation, lesmalheureux qui en souffrent n'ac
ceptent pas si aisément cette façon d'amoin
drir une des plaies de l'empire.
Les Chinois ne peuvent protester contre la
lourdeur des impôts, contre le luxe des fonc
tionnaires, et les dépenses delà cour, ni par
la tribune parlementaire, ni par la presse.
Tout au plus, se hasarder ont-ils quelquefois,
dans leurs habitudes d'obéissance et de rési
gnation, à placarder çà et là quelques épi-
graaimes contré un gauverneur trop sévère,
ou un mandarin rapace. Mais la faim: dit un
vieux proverbe, fait sortir le loup tiu bois,
et lai faim arme ces bras appliqués dans les
jours de bien-être à un labeur pacifique ou au
soin innocent de brûler des uandelettes de
papiers peints sur les tombes des aïeux. On
voit alors se former des bandes de pillards,
qui achèvent de ravager par leurs briganda
ges le pays ravagé déjà par les élémens.Dans
ces fatales circonstances, le gouvernement a
parement recours à la force, il use plutôt des
moyens de conciliation, diminue les impôts, ;
et fait d'amples distributions de riz. En un
seul hiver, le dernier empereur a dû pour
voir ainsi ? dans la seule ville de Péking, :
^tux besoins journaliers de 400,000 per- :
sotones. Une année se passe ainsi , et si,
l'année suivante, la récolte est bonne, tout
rentre dans l'ordre. La rébellion s'apai
sera d'elle-même comme les .flots de la
mer après l'orage. Mais des sacrifiées énor- :
mes que le gouvernement a été obligé de
faire, résulte *n autre malheur. Le trésor,
mal ménagé dans les heures de prospérité,'
s'épuise dans ces années de .catastrophes. Les
services- publics languissent, l'équipement
de l'armée de terre et de ,1a marine, l'entre
tien des forteresses, sont négligés. Les fonc- 1
tionnaires, n'étant plus rétribués, remplacent
leur traitement légal par leurs concussions,
et au grand scandale des gens dévoués aux
vieilles traditions, l'Etat en vient parfois à
livrer à prix d'argent des emplois qui ne de-\
vraient être accordés qu'à la suite des exa
mens, aux lettrés les plus méritans. De tels
abus ne'se soutiennent pas sans éveiller au
cœur du peuple le plus humble et le plus
résigné un sentiment de réprobation, sans y
jeter des germes d'idées dont on doit redou
ter lé développement. ;
M. Gutzlaff le dit, et nous n'avons nulle
raison de mettre en doute cette assertion
d'un homme qui a passé de longues années
en Chine et qui y a fait de sérieuses observa-'
tions. Il y a là sous le prestige encore tout
puissant "du régime absolu, un co.urant de
ensées démagogiques pareil " à ces courant
'eau chaude qui .bouillonnent sous un sol
calme et riant a sa surface, et maintenant
les souverains de cette immense contrée ne
peuvent plus se promettre de trôner danfe la
suprême quiétude de .leurs aïeux. Les fllï;du
ciel sont obligés Rabaisser iears regards si^r
un grand nombre d'exigences terrestres ^ les
héritiers d'un sceptre despotique doivent rs:
sayer de concilier l'empire de ce despotisme
avec les tendances vagues encore, mais acti
ves, d'un mouvement libéral. •
La biographie de Tao-Kouang[, racontée
par M. Gutzlaff, nous offre une ipaage des
obstaclés qui entravent ' aujourd'hui le pleirT
S
exercice du pouvoir en Chine, des luttes que
le dernier empereur a eu a soutenir, des
calamités publiques auxquelles il a dû por
ter remède, et ■ de l'héritage difficile qu'il a
légué à son successeur.!
Khian-Loung, le grand-père de cet empe- •
reur, était un homme d'un esprit éclairé,
d'un caractère ferme, et d'une rare activité. -
Il accomplit de grands travaux d'utilité pu
blique, et adjoignit à son empire plusieurs :
Etats par de glorieuses conquêtes. Après un
règne de soixante ans, il abd'qua le trône
comme un aulreiDiocléiien, heureux de con
sacrer aux J lettres*' qu'il avait toujours ai-j
mées, les loisirs de sa vieillesse. Notre Biblio
thèque nationale compte dans ses riches,
collections vingt-quatre volumes de poésies:
composées par ce prince distingué. C'est à lui s
que Voltaire,qui tournait sifréquemment ses.
regards vers les puissances de ce monde,;
adressait ces vers :
Reçois mes complimens, charmant roi de. la Chine;
Ton trône est done placé sur la double celline!
On sait dans l'occident qiie, malgré mes travers, '
J'ai toujours fort aimé les rois qui font des vers.'
M. Abel de Rémusat, le savant orienta-i
liste, cite Khian^Loang comme un des plus
intelligens, des plus habiles souverains que la,
Chine ait jamais eus.
Avec son habileté, il se trompa pourtant
dans le dernier, dans le plus important accé
dé sa volontéi II choisit pour son successeur;
celui de ses 7 fils qui était peut-être ie m#iris
digne d 'un tel honneur, et le moins apte à
portér un tel fardeau".! Indolent-et présomp
tueux, il s'engagea dans des guerres qu'il ne
sut pas conduire, et souleva contre son trône
des révoltes avec lesquelles il fut forcés de
transiger. Le respect que lui imposait son
père servit de frein pendant quelques an
nées à ses mauvais ipenchans; mais dès
que le noble vieillard fut mort, Kia-King
sè laissa aller sans réserve à ses instinets de.
mollesse, à ses voluptueuxentraînémens. Les!
vénérables conseillers de Khian-Loung furent
l'un après l'autre écartés de la cour, et rem
placés, par une jeunesse licencieuse. Aux gra-;
ves et nobles réunions d'autrefois, succédè
rent les fêtes tumultueuses et les longs ban
quets. Le pillais se peupla de'concubines, et
• les- eunuques y ■ devinrent des personnages
importaris. Pour vivre decetté vis de débau
ches, il fallait de l'argent :1e trésor était
épuisé par des guerres malheureuses, par
des années de disette; Kia-King le:remplit
par dés/extorsions. D'un seul coup ,11
recueillit une bonne aubaine. Près de lui
viYait un des ministres favoris de son père,
un homme d'une rare distinction quiy par
son seul mérite s'était élevé aux plus uauts
emplois, et qui d'une main probablement
peu délicate avait amassé une bien autre for
tune que nos Mazarin et nos Fouquet.,Sa
fortune fut cause de sa ruine. Kia-King le
condamna à mort, et lui enleva à lui et à, sa
- famille l'incroyable somme, dit M. Gutzlaff,
de quatre--vingt millions ,de taels (500 mil
lions de francs).: Avec cette récolte, le jeune
empereur pouvait s'en donner à cœur joie;
et il n'y manqua pas. Les monceaux d'or, ra
massés dtins le sang servirent à raviver les
plaisirs du palais, y amenèrent de nouveaux
flatteurs et de nouVeaux parasites.
Dans cette cour livrée à de honteux déré-
glemens, .Meening, le futur successeur de'
Kia-King, se tenait à l'écart^ fuyantles orgies
de son père, évitant également, soit par une
disposition particulière à la retraite, soit par
prudence, de s'ingérer dans, le maniementdes
Les courtisans se moquaient de lui, regar
dant sa réserve comme un signe de faiblesse." 1
Mais un événement prouva qu'en se plaçant
ainsi en dehors des agitations du paiaisy il
avait agi sagement.-Un jour Kia-Kingfut as
sailli dans^son palanquin par des meurtriers;
et ne fut sauve que par la.prompte inter-
i vention d'une troupe d'eunuques. Dans l'exar
men juridique de cette tentative d'assassinat,'
les juges reconnurent que lés plus hauts di
gnitaires de l'Etat et les princes dù sang
étaient affiliés au complot: Kia-King, fort
attaché aux jouissances de la,vie, n'était pas
homme àpardonner à ceux qui avaient voulu
l'çn priver. Les cœurs forts sont généreux."*
Ite ont; 'dansi la conscience de leur force t le
sentiment de leur sauvegardé. Les cœurs
faibles arrivent aisémentàla cruauté. Le pé-
riMéS 'épouvante. La vengeance rassure leur
débilité; Kia-King sévit avecj fureur contre
les membres de sa famille, les proscrivit, les
exila, soit qu'ils f ùrent réellement coupables,'
ou qu'ils fussent simplement suspects. Seul,'
\e prudent Méening -rata à l'abri dô tou
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