Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-05-17
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32747578p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 17 mai 1852 17 mai 1852
Description : 1852/05/17 (Numéro 138). 1852/05/17 (Numéro 138).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
•WMER0158.
: rue de - YmMa iPataii^yai), n. 10,
B
1852.-LUNDI 17M/VI.
. « VRfz sa VAçoimsBisfnr
PARIS. 1 .... 13 ï. PAR TRimSTRE.
'départkmens . Ï6 p. —
' JN NUMÉRO' r 20 CENTIMKS? *
îtt abonnement datent des 1«* et 15
^roui us pats ÉTaASQWs», se reporter
• tableau qui sera, publié dans le journal» s -
r les 10 et ss de chaque mois. .
- - .
S'adresser , franco, pour la rédaction, à Mj CtQHÉY^L-CiARiGïre, rédacteur. «n^Ae/»]
,Les wtiojes déposés » .sopt pu rendusj " -
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE. UNIVERSEL.
P - -' ' ■ " ■» »r _'?>• w ; .- é -, i- ( ; "s • ;;;fr ■' .;:î .> 1 "-'-v -".i t.- i '
1,kefc] ' « '(h/ttom, dù*tittdépartemerts,.aux 'Messageries et tek Hirectioiit de ■potiîe.-^A Làndr
; : I - ®* » ' - /•' ' — A Strasbourg, chex U. A lexajîdrb, pour l'AMémagiû.
•ALondres, chet MM.' ,CLes annonoes sont reçues au bureau du journal; «t chez M. PANK,;régisse», io, plaoe de la Boom
PÀEÏS, 16 MAI.
REYOLLTIO^ ET TIU^FOiWÀl*
Ce qui, distingue profondément le» événe-
mens accomplis en France, depuis le 2décfemt
bre,des événement accomplis en juillet 1830
; eten févrief 1848; c'est qu'en 1830 et ei|
1&48; on changea le gouvernement, et qu'au
? décembre, on a,changé là société. Sortantj
comme le Premier Consul, de l'ornière bati
tue des philosophes, des utopistes et des amj
bitieux, Louis-Napoléon a replacé la France^
< agitée et bouleversée, sur les deux bases nà-t
• tureltes et séculaires de son repos r de sa séçu-
rit.é et dé sa grandeur, le. sentiment del'au
, torité etle sentiment de la religion.
L'immenSe erreur des plus grands esprit^
du XVIII e siècle, ce fut de croire qu'on pou-»
- yait altérer les conditions traditionnélîes dé
"l'existence politique et de l'existence môrale
"du pays, et que, sans danger pour la société
. elle-même, on pouvait.affaiblir l'autorité moi
-oarehiquej à laquelle on devait la constitution
r territorial*, administrative, finaûcièré, judi
ciaire, militaire, de la France, -et l'autorité
religieuse, à laquelle on devait le défricher
; ment des campagnes, la fondation, deavilla-
. ges, l'organisation des paraisses, l'ouverture,
: la direction et l'entretien de toutes les.écoles,
• petites ou grandes, élémentaires, littéraités,;
' scientifiques ou professionnelles, dans. les-;
"quelles|le§ générations avaient, successive-^
imeut puisé les notions de toutes choses,
l'instruction, la morale, la vie de l'esprit et
• du cœur.
Une étude superficielle et inexacte, deç ins-
: titutiens anglaises avait accrédité,, dans l'o-
'.piuion des classes, aisées, lç. morcellement
;4e l'autorité royale ; l'esprit d'utopie^ 1% va-
■ nitè des sectes! philosophiques-, la jalousie:
qu'inspirait ia domination, peut-être exces-
• sive, du clergé de co,ur, ayajejàt f#àit mettra
' en'suspicion Tes idées religieuses; lesravaient
.exclues des affaires publiques, et les avaient;
^^sçées aux yeux des populations. Tel est,
..pourtant sur la caractère de là- nation .fraù-;
içaise, l'empire dé l'autorité et de la religion,
'que le pi ince Louis-Napoléon a transformé, en;
quelques mois, .l'esprit du pays. ,j en. rendant
à l'autorité*a dignité et sajorce,. à ! la reli
gion son lustre et sa liberté. ' ^ i>
On n'a pas assez remarqué à qùel point la-
morcellement du. ppuveir ;a été, ( çfëpiîis;
soixàrite ans,
dissolution,et de dépçaya^tiôn.L .... > -J. u } -,
Lorsque lâ çévolution de,i789> rompatit'
.tiPUtes. les barrières antiquesj-a faide' 'deè-|
-quélies- la France était devenue' si, puissante,
•et si glorieuse, eut ouverfia,;: ' carrière,'aux ;
-ambitieux; chacun' ' d'eux se'. $ reposa pQur j
but la possession du pouvoir su^rême« JD&j'
hommes sans nom^' sans r vertu', sansv cove-
râge, la- plupart sans vrai talent, médiocres :
;dans leur profession, travàilièrerjt jâyec'yhë,
ardeur ;effrénée à gagner ^'opinion publique i
'à 'ieurcausèi. È ^ ub d'éiii., ouvrjt, \mé école ;
"d'anarchie â son point de vue^ l'un, àlft.tri- •
: bune., l'autre dan^ ; «n. jeurnai^l'autre-dans ;■
un ciub. Ce-fut-un concours^rdent et pfer-
-manent 7 entre- toutes, les passion?, toutes'les
'convoitises, (tbutés liés bassopses; eh^cun vour
laut joujours alier plus loin- que-son rival
d'ambition et dé;domination. j
• , Aucun peuple- aû" monde ne résisterait à
-li'tic.liori di^pivanie de ce feuide forgè, - souf-
fléinuitet jour pap l r tmrag;îii de Uiille'cupi
dités,' de mille colère?, rie tnille utopies4é-
çhaluces. IVi,d.apt Iputo l^.'dg.rée,de la répu-
'bliqiie. lé peuple romain,,nourri par iagou
j{ex>|i£menl, entassé.dans» i'étroit espace du
Forpm, vendit' à prix d'o^lés màjjistratiïres. ;
iV n'y-Rvait pasdans cette ville; maîtresse du |
mondé, un seul citoyen quiU'êûtson'tftrif cou-
5n,u'; niais à ronexcepte.lesdernierstempsdé ce
jr^gimpj e,t l'époque où la-jeune noblesse, gui-
déë par Catilinaj' méJita sérieusement, l'in
cendie dè {à ville, lé pillage des biens, et fa
perpétration d'une orgie immense'/- l'ès tom- ">
bitieux eurent toujours en .vjue jip.osgessi.on
dès grandes charges^ non-la-ruine même de la
société. IX^ofroptioiî de l^ome fut même
ens*^ë~3ïït ; 5é"""êï ïlë force pour
son gouvernement j s car, précisément pour
vendre les questures,>les gouvernemens dè
province j les sacerdoces, il fallait d'abord les
conserver. D'ailleurs, là corruption.de Romè
était, comme son peuple, enfermée 3aas ses
murailles ; les citoyens vendaient la puJsf
sance, mais ils ne l'exerçaient pas'. Les po r
pulations des provinces restaient pures et
fortes, et-les familles consulaires et triomr
phales usaient, selon les grandes tradition^
du sénat, d'un pouvoir immense ramassé
dans la fange. > ! i
En France, c'est au gouvernement même
que les ambitieux se sont,attaqués. Chefede
sectes immenses d'intrigans, de brouillons
et d'affamés, les tribuns sont impérieusement
soumis à la nécessité d'organiser des curées
"gigantesques, cù le pays lui-même'est jeté
en pâture aux; vainqueurs. Telle'a toujours
été la condition fatale des modernes révolu
tionnaires. Arrivés avec l'aide de vastes com
plicités, les partis politiques, eomme. le|
équipage dea navires armés eu course, sent
forcés de régler la part-de prise; et tout 14
iUondeya drbit,' le mousse comme le côm-j
mandeuat^ {^ : ' j
Le morcellement de- l'autorité^ 4 le partagé
des influences, la compétition universelK
du pouvoir suprême, ont donc porté, depuis^
soixante ans v tous les ambitieux à exciter, a
égarer», à> dépraver la multitude 5 , à lui inspi-|
rer l& mépris du gouvernement, le goût duj
changement, le désir de la révolte. Dans ces}
derniers temps,«toutes les formes de l'oppo
sition .ayant été épuisées, les révolutionnai -i
res.èn ontété réduits à prêcher l'abolition
même des conditions normales et ndeessai-
res de la société, et h promettre aux affidésj
non plus, les places, ,mais les terres, les mai
sons, les rentes et les femmes d'autrui.
Ainsi, avoir rèlevjê lè pouvoir,; ee n'est pas
/seulement avoir fortifié le gouvernement,
c'est avoir assaini ia société c'est avoir im-T
ptisé silerice à,', ceâf'pr'ofe^eûra de, désordre,;
,d'an*rchiej dJinsurrection,. d'athéisme, d'im-
moralitéj de pillagç et de meurtre, qui prê-
sermeiis" horribles /-et qui •parvenaient à
:> atôir,;dans,uxi ,'Sf rd dépài^etnpnij.jies, armées
'^é ,cinquante .mille hommes^ prêtes.à .-sede-
ver au premier signal. '
; On auraitpu, il y a quelques aunées,.iji,eri
que" Telles fûssefctt les conséquences logiquesî
( et naturelles,d|3 l'esprit d'opposition etjie laj
compélilion: du pouvoir, poussées à l'extré--
me. On ne le peut pl us aujourd'hui ; les faitsj
ont paurlé'd'u'ne façoii trop claire : e"t"trop for-|
iriidable. D'^t)^-mêmes> de'pauvres paysans,,
de. grossiers manœuvres,-n-'auraient certes pas!
eu la penséede conquérirle'gôuvernement par
"ltfforçe ) .tbais:L'exëmple et l'encbùragemeût]
"leyr avaient été donnés; des avocats médiocres, ;
des clubistes inconnus avaient souvent con
quis le gouvernement par la ruse. L'opposi-î
;.ti(in avait d'ailleurs été mise à la. portée des:
intelligences les plus obtuses et des pas
sions les plué : grbssières; les tribuns ne pro
mettaient, plus-aux associés des places et-desi
portefeuilles; 'ils-promettaient la possession!
dÊs bitena el lës joies dê la crapule. ■ " •
" .i^éUvré.de cet, enseignement corrupteur,,
dé-cette propagande abrutissante; rendu- à. 1
lui-même; à son bon sens, à sa famille, à son'
"travail, aux conditions naturelles "de .l'exis-;
^n6ô4es ! hpiïunas > .. i lo...peuple, s'fegk-.repris à|
respjftteEieJ, à. aimer le pouvoir, qiii estlal
garantie ii'r hcséeurité commune,., .
'A"qul donc Ifc pouvoir v est-il principale-i
ment 'ùéceîsaïre, si. ce n'est aux jjêiits et-
mi'* faibles,'- qu'il protège ' rontre 'l'envà- ;
hisSement insensible dés grands et des forts?
Qu'ont été les souverains les plus absolus,,
-les« plus-énergiques; si ce n'est'des prqtec -i
téure permanens des populations r orales,j de i
-véritablestribuns du peuple, le défendant,!
l'aidant, l'élevant à la fortune et aux 'hon- 5
nèùfs"? 'Qu'étaient les" grands digniiaireè de
(Louis XL?—Kdes-«nfans du peuple: Qu'étaient
i lcs«i^istr'es5de.Louis ;Xl\i ? .—des roturiers. -
Qu'étaîèht. lés m'açéphaiix et les ducs de Naj-^
po^uiiî d «s -feraves, des -héros, sortis ,dê';
• la foule jpar les qualités du cœur et de ^
l'esprit...
Le respect de là religion; est'j comme l'élé
vation de l'autorité, l'a-condition nécessaire
de tout gouvernement flairé, fécond, dura- '
ble. Tous les grands peuples, tous ceux qui,
ont fait de grandes choses, ont été des peuples
profondément religieux ; tous les grands
guerriers, tous les grands politiques, tous
les grands organisateurs et civilisateurs, ont '
été des hommes pieui, quelques-uns des
hommes dévôts,
Les Athéniens et le& Spartiates, les deux
premières nations de la Grècè, furent, entre
toutes, des nations religieuses, couvertes de
'temples opulens et célèbres. A Athènes;et à ,
B , Sparte 1 , aucune grande assemblée politique, I
aucune expédition militaire n'avait lieu sans :
: de solennelles prières. Quand la flotte athé- ^
' niennesortaitdu Pirée, lesprètres entonnaient i
des cantiques, dont les-matelots répétaieat j
les dernières strophes à la cime des 'vâgués. ,
1" Et la guerre duPéloponèse, qui désola vingt-1
sept ans la Grèce, et qui abaissa la puissance !
d'Athènes, que fut-elle?—'Une guérie de
■ religion, une croisade, véritable, dans la
quelle Athènes 1 vengeait une inj Uréfaite ày
Neptune, et Sparte une injure faite â MM'
. nerse.
Qui ne sait la piété, prefondè et séculaire
des Romains^ qui a mérité que Roine de
vînt la ville sainte du christianisme lui-inê-
: me? Lorsque l'empire démembra, brisé.
. sous le poids des nations extérieures,comme
la ruine du gouvernement coli^idait avec
f l'établissement du ehristianisme , ce fut f
- partent une croyance 1 profonde que les I
dieux antiques des Remains les abandon- ?
.naient, pour les punir d'en avoir été aban- j
donnés «ux-mêmes. Et cette croyance péné- ;
tra à ce point le? classes instruites de l'em
pire, et les esprits'Ies plus sérieux, que saint
Augustin dut écrire son livre célèbre de là
Cité de Dieu, pour la détruire.
On ne trouveraitp£|s, dans les grands guer
riers de l'antiquité,un homme qui n'ait don
né les preuves de là piété la plus solide.'En
deux ; annees j Agêsil'as offrit plus de cent
~ tàleïxs aux temples. Xénophon s» dépouillait
pôur.enricbir les corporations religieuses. A
la bataille de Cunàxa, il passa, avaût l'ac-
^ tion,„devant le front des troupes,, et fit én-
•toimer un péan: à Mars Enyalius. Pendantia—
«célèbre retraite r ,dtes Dix-Mille, Xënôphon ne
''livrapas un'çpmtiàt 4 gan^.'"prières; leé offi-,
ciers commençaient les hymnes, les soldats .
'les,continuaient; et les femmes qui suivaient
^l'armée en prolongeaient au ïoin les strophes
dans la campagne: " : ~
, Alexandre fut lé plus , brave, .le plus bril- -
•lani et le plus pieux desiconquérans. Avant
;la bataille d'Issus, après ' la prise de Tyt 1 ,
le jour dé son entrée à Memphis, il ordonna
ides cérémonies religieuses, auxquelles toute
son armée prenait part. C'étaient des procès- ;
■sions'immenses, dans lesquelles-Alexandre, -
revêtu de son armuri,de bataille, ouvrait, la ,•>
imarjche, suivi des prêtres en habits sacrés; :
-puis tenait ^immortelle' phalange ; puis, '
"enfinla c'avâlérie sur'trois'hommes d e -
sffbnt. Le joUr- où„ ; cédant aux.prières de sçs.
soldats,-Alexandre, 1 déjà au f cœur, de l'Indè,
se résolut à commencer sa retraite, il réso
lut de mettre son armée gous la protection
jdes diaux. Ou autel immense,,en forme de
; montagne, fut élevé par ses ordres ; les prê
tres y montèrent pour opérer les Sacrifices'; .
-et i'armée, 'diVisée eri. douze corps,', resta,
îs'nns mangeij toute une journée en prières.-,
- Et cç n'était pas là un moyen adroit de*
fi màîtTisêT''èl : dè pàssi'onnerTamë.dû soldât;
: c ! était de la piété sincère^ Alexaridfe le; prou-
■vasbien à sa -mort. Pendant les dix jours que
"diiTa sa maladie; il J ne manqua pas un seul
rjo.ur de sacrifier, se faisant porter, dans une
-petite chapelle de son palais. Le huitième
"jour, Aléxanarej rib pouvant pas étre trans- "
porté, le sacri fice eut lieu dans sa chambre. Le
? neuvième jour,rie buïletin.des Ephémérides "
f raEETON p» CDSSlITÇpKpE.'IT'W:
THÉÂTRES.
cymsas E i . t - t Représentation; :-de- Mme Vo}ûys.'--Xa
6VjjïfWiV.es'^e. ~ Aï.;Scntie. —.Les nouveaux vau-r
deviiîes..— La.Ftfte d'Hoffmann, vaudeville eo un
_ acte-da. M M'. Bajard et Varner. — variétés. —
! ha Vengeance,* vaudevjjle en un acteuderM. deGourV
; celle." — 'Canadarpère çf.fils, vfjvdevilleep.un acte
àe MM. Laiirencin.etUarc Michel, l(1 . . i; > :
. Mm'e \ T olny8 n'ést point changée. Telle elle
était au départ, telle elle est revenue: Nous
uîavoûg qu'-à remercier! 'empereur de Rqssie
deta représentation qu'il â penplâ à sa pen
sionnaire' de nous donner vendredi au Gym
nases-, En retrouvant Mriie VPiriys sur la scène
diarmaote de ce petit théâtre, dontellè ai fait
ies b«ftux jours, il nous a: semblé que c'était
LéoUlineFay ^lle -mèmeqûiTeparai'Ssait .Mme
Vinû dm'
d'Autriche; maie là Chanoines^ ce'Simple
vaudeville en un acte, nous* ihtéressait tout
autran< nt. Il* faut flirte que lia grande piècè
paeaîttânt soit peu enseveliô' déjà dans la'
auit des temps, et qu'on secoue difficilement;
k poussière qui ternit ses nobles couleur^;
tandis qué le'vaudeville tfà rien-perdu'dé si
fraîcheur. La fratehëurdb ; M. ; S6ri'hfe'est ar
tificielle ; , en revanche, ses pièces se fanent
moins vite que beaucoup d'autres.
Comme Mme yojûys esi bien l'actrice de
ce tliéâtre du Gymû;Ëe, et l'idéal du genre !
eut la sert, taille, regard, veijç, petits gés-
es eourts et fébriles : des nerfë ! des nerfs !
t puis eacore des perfel... nulle n'a eu
dàjas lë. répertoire autant de palpitations ;
on, craint qù'elle ne, meure, la, devant nos
yeùX J , dè ia rupture d'un anévrisme. Mais il
y a chez la comédienne une ardeur naturelle,
une.flàmmè, une ; yèrvè. qui, vous font ou
blier l^iKte'rierMme Yolnys vous irrite bien
un peu, mais n'ennuie pas. Les autres ont
des vapeurs; elle a-, elle, le diable au corps,
et cela lui dure depuis sa tendre - enfdncé.
A propos de diable' au corps, on dw&it d'une
jeune actrice.qu'elle L'avait;—il ne lui man
que qu^un, corps; répondit-on ; —- d'où le •
sort plus lamentable que romanesque de
tant de,petites personnesqui^ voulant imiter
MmeVolnys, sont venues tour à tour se brû-
ler à la chandelle, 'comme on dit vulgaire
ment. „
, Rien d'étonnant à ce que Mme Volnys
réussisse encore plus, à Saint-Pétersbourg
qu'à Paris; elle est de celles qui doivent plai
re davantage à mesure qu'elles s'éloignent de
la capitale^ et vont dans des contrées où l'on
s'efforce de - renchérir sur nous. A de telles
distances on .n'a jamais trop d'esprit ni de
sentiment, ni de diction, pourvu que la grâ
ce féminine pare.le tout; bref,pour être'vrai
ment Ffançaise . chez les étrangers , il faut
être un peu plus que Française, il faut être
du. Gymnase comme Mme Volnys, et alors on
représente ,aux. parfaits amateurs des bords
. de laNéwa, l'idéal d'une aimable race. En r
tin-àPariSsmème, Mme Volnys n'a point été
remplacée; voilà le grand éiogè qùe je faïs
. d'elle, très sincèrement pour effacer mes lé-
. gèrès critiques.
Il'- he^s'agiitpoint d'ailleurs aujourd'hui.dé
juger tout airlong la comédienne comme si
d&ràp'plàtidif; 1 elle ! nè- nous ; demaUde tjue'
des Bravos : les lui refuserez-vous ? Elle a
ditau.czar qu!elle ne pouvait plus se passer
de jouer au mains une fois à Paris -, qu'elle
avait le mal du Gymnase; le czar, tout atten
dri , lui abonné ùn congé, une permission;;
et'ce sont nos pauvres qui que la représentation de vendredi était don
née à leui' bénéfice.
Même.au milieu des fêtes militaires/des
mues, des bals etdesfcux d'artifice, le spec
tacle de Mme Volnys avait excité une vive
curiosité; jamais on: ne vit la -salle du Gym
nase plus .brillante; tout l'ancien public du
théâtre de Madame était revenu ce soir-là!
: La Chanoinesse est donc une pièce encore
toute jeune/fraîche-comme si elle sortait du
carton de la modiste, et commè si les vingt
dernières années étaient à recommencer.
Lorsque M. Scribe fit jouer ce petit "vaude- '
ville en i 833, on parlait déjà pour mémoire
des beaux temps du Gymnase et du beau
temps de M;. Scribfe ; que dirons-nous au
jourd'hui? Depuis vingt ans,-M. Scribe a
fait cent autres pièces, --et iL est toujours
l'unique,; ses .anciens vaudevilles ne -vieil
lissent pas, ses nouveaux ne sont pas moins
jeuûes que les premiers. Explique qui pour
ra cettè incroyable fécondité et. cet éter
nel printemps. Certes, ce n'-éstp'as parla
poésie que l'inimitable auteur brille; il n'a
jamais.mis,comme tant deicélèbres versifica
teurs pour-, une fois descendus' du Parnasse
au* vaudeville, 1 dès- sonnéts véritables, des
odes entières daiis ses pièces. La rime de AL
Scribe rime quand elle peut, l'expression ne
cherche jamais à rehausser la pensée, les
verg coulent ,de source ÏL l'égal de la prese...
: Alier f au,printemps de ses, joura,
Pôur femme «hoisir line veuvè.
royales, conservé pair Arrien, est ainsi-TOji-
- ça ; « Le danger est extrême ; il sacrifie ce-
"pendant.j> - • • ■. -, — • ■. - ,
v Les grands capitaines de" Rome n'eurent
> pas une pieté moindre. Sylla était couvert
de médailles bêûltes et de scapulaires, cornue
Louis XI. Césàr fut reçu flamine de Jupiter
à dix-sept ans. Après sa première campagne
des Gaulés, il demanda au sénat de décréter
quinze joyré dé prières. Après sa troisième
campagne,-il en demanda vingt jours; Le sé
nat, peuplâde membres appartenant au sa;-
cerdo'ce j se rendait lui-même dans un tem-
pie," et chantait de véritablg£ et de longues
litanies, do^t l'Histoire Auguste a conservé un
spécimen, dïifie la-vie de Élaude-le-Gothique.
Il serait aisé et superflu de . continuer ces
exemples, à trayçrs l'histoire du moyen-âge.
De nos jours, quels sont les premiers peut-
pies de l'Europe ? deux chez lesquels le-senti
ment Religieux est resté le plus profond,' et
la religion le plus solidement cotostituée.
Avec quoi les peuplades arabes ont-elles, de
puis 1839 / héroïquement lutté contre là
France ? avee la religion, avec la foi» Quels
ont été. leurs plus braves et leurs plus redou?-
tables cheM des pèlerins de la Mecque et
des prophètes. /
Pour ceux- qui croient àncèrement, la re
ligion est le moyen, d'attirer sur ua peuple
la bénédiction dé Dieu. Pour ceux qui croient
avec tiédeur, mais qui ont le' sens droit/la
religion est le moyen d'élever l'arme d'un
peuple, de lui faire comprendre, aimer et
entreprendre les grandes choses;
Eh bien ! la nation française a toujours
été essentiellement une nation militaire et
une. nation religieuse; L'athéisme et l'a
narchie / ces deux pourritures morales ?
inoculées par lés. livres,. propagées par
des ambitieux, des bavards et des fai-
- néans, ont été une maladie passagère dé
la.Frattce; ils n'ont jamais- pu, détenir par
tie essentielle et normale de sa 'constitution;
Les Français sont essentiellement capables
d'enthousïasme.et dé discipline,deux qualités
sans lesquelles il'n'y a ni grand homme, ni
grand peuples Aussi le Français lève-t-il ins!-
tvnctivçment la tête au nom dë Dieu et au
nom de Roi uu.d'Ém'pereur, comme lç cour»-
siër,d& .bataille hennit et. piaffe au son dè la
trompette. .-; , ■ , ,
C'est,, donc .comprendra .éminemment là
Franpe, c'est être digne dê la gouverner, que
-■'de relever dans son seiû le lustre du pouvoir
- -eHe~ittstrr aux
vieilles traditions du pays n'est; que; d^hierj
- et cependant la sympathie qu'il, trouvé déjà
dans les esprits est immense., Depuis le 2 déf
cêmbre, le niveau de l'autorité politique et
morale, s'est élevé partout.
Quand le-clergé de Paris s'est rendu prb-
- cessionnellemeat au Champ-de-Mars pour bét
nir les aigles, le peuple s'est partout sponta
nément découvert sur son -passage. Quand
le prince, après là cérémonie/ est revenu- à
l'Elysée, ce n'a été, de l'Ecolé-Militaire au
palais, qu'une ovation enthousiaste et déli->
rante. Le peuple, entassé sur la route pat
cêntâines de mille, poussait des hourrajs.past
sionnés. Les femmes élevaient leurs enfans
. vers le prince,-et leur disaient : Le voilà ! !
C'étaient là; la religion et le pouvoir,-led
" deux êauvëgardes de la liberté et dè Ij'ordrè ;
et le peuple les- saluait avec reconnaissance
et avec- amour. La\France vient de passer
des temps horribles ; elle a aussi traversé là
mér Rouge, et échappé à. 4a. captivité et au
massacre- des: Pharaons du socialisme; c'est
pour : cela qd''eHe'eutonn9 < son hymne de sa
lut, comme Moïse entonna; avec tout sont
peuple, lé cantique de délivrance, en posant'
le pied sur 1& rivage de l'Arabie !
" A., GRiNfER DE CASSAGNAC.
- Notre intention était de publier la lettre de'
M., lé-comte de Chambord, si aucun des,trois
journaux légitimistes ne prenait les de-
vans. La mesure, dont une feuille étrangère;
a été fpbjet| ne nous permet nj, de. réclame^
cette publication de nos confrères ni d'en
prendre l'initiative.
IIENRI.
Qu'importe ! ' si jfâi" ses amours•! '
BOÎJKGÀCHARD.
, Veuve qui fera tous las jours - ^ . . *
, Des comparaisons en ménage . v
• Dè vous et' du premier mari. . -, { :
HEXRI.
' Et qu'impôrte! mon oncle, sif s
- Elles sont à mon avantage! ' ' ■*
CliÊrcIiez ailleurs un pareil si ; vous ne- le ;
trouverez pas ! Il n'y a que M. Scribe pour
avoir de.ces bonheurs-là. L'es autres se lais-,
sent arrêter par des obstacles,; par la proso
die, la rime?, la poésie, que sais-je encore,
et voilà, sans doute... pourquoi leur fille est,
muette ! Parlez-nous de la familiarité, de la
simpliçité, du naturel. Les personnages s'ex
priment et chantent sansy m'ettre de façons;
chacun.se dit en les écoutant qu'il parlerait
et .chanterait de même: cette extrême facilité
fait, sansdoute,la moitié du succès; le succès
est durahle pourtant, et puisqu'il est convenu
qu'on ne le doit guère au style, cherchons'
la causé ailleurs. D'abord ,ie style , s'il
n'est pas très littéraire, est du moins exempt
de prétention, et reste fiimilior; les change-
mens de mode n'y gâtent rien ; ensuite il
y aie tact particulier, uu art d'arranger les
choses, uu fonds de gai té et surtout une cer
taine raillerie assez rapprochée du comique.
Ne serait-ce point à ce tact, à cet art, à : ce
comique que tant de comédies écloses com
me des bulles devraient de rester si long
temps. en l'air?
■ M. Scribe excelle aussi dans le yaudeville-
drame ; il est le créateur dé ce genre agréa
ble aux esprits, légers et au? amfis..tendres,
genre ou le quiproquo se* complique d'une
Nous devons nous borner A maintenir
l'exactitude de notre analyse et dé notre àpi-
préciation. Cette - exactitude- sera reconnut
des nombreuses personnes qui ont éîT conn
naissance de la lettre de M. le cpmtede Chamr
bord, par là publicité qùé ceffe lettre a re
çue- dans les salons et dans un certain nomi-
bre de feuilles de province^ '
Quant à la signitkation que nous avons
attribuée à l'arrivéfrSe cette lettre dans les
circonstanceè actuelles^ quant aux disseni-
sions intérieures qui en ont provoijué. l'eri-
; voi; quant aux nouveaux tiraillemens qu'elfe
a produits au sein du parti légitimiste ,
quant au changement d'attitude du parti
vis-àrvis du gouvernement; en un mot;,
quant aiix conséquences politiques de cert
événement, nous n'avons pas besoin'dfe
maintenir l'exactitude de nos conclusion^.
L'Union n'essaie même pas de contester, elle
cherche à donner le. change en élaborant dë
pénibles plaisanteries ; mais on peut être asi-
suré que^ l'Union ne rit que du bout des lèt-
YreS. CUCHEVAX-CtVRIGRï.
Le Pays publie aujourd'hui une lettre de
M; le général Changarnier. Nous la reprot-
diiisons, en y ajoutant une lettre de M. lë
général de La Moricière.
Nous n'avons pas cru devoir traiter ces
deuï généraux avec moins de courtoisie que
M. Aragô. Nous leur donnons la parole au
jourd'hui,. nous réservant de la prendre dei-
main. a: grvnikr de cassagnac. !
Malines, le 10 mai 1851; à'dir heures du matin.
Monsieur le ministre, ' .
Pendant trente-six ans : j'ai servi la France ayec ;
un dévaûment qu'on peut égaler; mais qu'oa ne sur
passera pas, , ,
Sous- la' Restauration , j'ai eu dans l'armée un
grade proportionné à l'obscurité de .mes services
d'alors.
Sous le gouvernement de Juillet, lés chances de
la guerre m'élevôrent rapidement au grade de lieu
tenant-général. .
.Douze jours après la proclamation de, la Républif
que; lorsque Mgr le ducd'Aum'ale, que je venais dè
conduire,-i bord du Solon en le faisant saluei- par
l'artillerie de la place, de .la. Marine comme-si le roi
Louis-Philippe eût encore habité les Tuileries, m'eut
laissé le gouvérnement par intérim de l'Algérie, j'ér
crivis au " ministre de la guerre que je* n'aVais pafe
souhaité l'avènement de la République, mais qu 'il
ne : me semblait pas-changer mes devoira envers mon
pays. Le'gouvernement provisoire ne brisa pas mon
-épée,.et, le 1« avril, il ne regretta pas d'en pouvoir*
-disposer. ■ "• k - • ' ■ ;
Peu> de femps^près cfette journée; je* fus nommji
* goux-erneur-générai de l'Algérie: - , » i
: Je quittai bientôt cette haute position où tout m'éj-
tait facile, Dour répondre àla confiance des électeur?
de Parts", ,qui m'^aie&^appelé«#.|^£emblpj^constij-_
■ tuante.'-- ■ ■
• Le général Cavaignac, chargé du'pouvoir exécutiiT
' à' la-suite drs journées de juih'184'8, auxquelles jp ,
n'ai i?as assisté, me notoma, lè 30 juin, commandant
des gardes nationales de la-Seine. ' , ., ' .
Le 14 décembre-de la même année, l'e'général Caj-
, vaigfiao m'àyant fait prier de me rendre à l'hôtel
' qu'il occupait,rue de Varennes, me dit;.en présencp
de tousles ministres, que la police croyait à un mouf-
vement bonapartisle, préparé pour profiter de la cér-
irémonje anniversaire de la translation des ' cendres
de l'Empereur aux Invalides, échauffer l'enthousiasi
me populaire, conduire Louis-Napoléon Bonaparte
aiuc. Tuileries et te-proejamer empereur. Le général
Gavaignac -terminîten me demandant mon avis.sur lei
mesures à prendre. Je-le lui donnait et je-fini» ei
disant : y ijjon cher génécal, j'ai: donné , ma main à
» Louis-Napoléon gour ,en' faire ucj, président, non
" » un empereur. Dans peu de jours, îl sera Président
». .de la République,, mais vous*pouvez,compter qu 'il
. » ' n'entrera pas ; , de mai n « .établi mon "quartieivgénèial. s»- . , •
dès paroles exprimaient brièvement, mais ex&ctej
ment,:mon inébranlable résolution- de rester ce-quô
j'ai-été toutB=ma vie; l'homme de Tordre et; delà Ibi{
i ; Louis-Napoléon Bonaparte at tenté bien souvewtî dè
mè- faife dévièr été/ la ligne droite que je m'étais tra-î
cée, pour me d4termin«i»»à~servir son ambition ; il ;
m'a sauvent, bien souyânt,;.offert et fait offrir, non-
seulement la dignité de maréchal,.que.la France
m'aurait yu porter, sans la croirfi déchue,' mais une
; autrerdignité militaire t qui, depuis fa chute de l'Em-i
I ipire^ài c^ssé de dominer .notre hiérarchie. Il voulait
y attacher des avantages pécunia\res énormes, quei
grâce à la simplicité 'de mes habitudes; je n'ai eu.,
aucuu mérite, à-dédaigner. . , , ■. f j
. S'apercevant bien, tard que l'intérêt personnel n?a->
vait aucune influence sur ma conduite; il a:.essayéi
d'agir sur moi, en se disant ' résolu à préparer îe'
triomphe de la cause monarchique à* laquelle il'sup-?
posait mes prédilections acquises.
Tous lés genres de séductîons ont été impuissanst
Je n'ai pas cessé d'ètie^ dans le .çpmmaodemçnt jle
l'armée de "Pari& et' 'darisTXssëmliléé'/'prél,- ainsi' que
.pointe. de- sentiment ; vo^ez la Chéïoinesse!
Je ne-dis pas.que-M. Scribe fasse jamais
pleurer,- mais il donne aux beaux yeux
l'envie de répandre- une- larme ; c'est le
comble dël'habileté; on a le mérite de la
sensibilité sans les désagrémens d'une émo
tion trop vive. Maintenant, le dratne-vaude-,
ville est tout-à-tait brutal. Les imitateurs,
n'ont pas su se.teuir'dans la zone tempérée,
et ils font les Sliakspdare au Gymnase,imoins'
par entraînement de leur génie et" par force'
d'inspiration que-parce qu'il est'-bien plus'
facile d'user des procédés - , de l'Ambigu que
de ceux de M. Scribe.
Une.belle.invention,-en véritérle drame-
vaudeville d'à présent ! Pas le plus petit mot:
pour rire ; "je parle du rire des honnêtes'
gens ; et des tableaux pathétiques comme?
les dalles de la Morgue l Ah I nous avons le
réalisme. L'anatomie, la pajUologie, la phy-
.siologie' médicale, et toutes les découvertes
de la chirurgie sont d'un grand secours.
Lés héroïnes meurent de la poitrine, les hé-!
ros du scorbut, prochainement .on auscul-'
tera sur la scène, on traitera le.pauvre-ma-j
lade par l'iode. Les pièces auront le charme
d'un article de la Gazette desMôpitaux.yoilki
du drame, ou je ne m'y connais pas ! Chers
vaudevilles, innoceDS® tendes d'une ten-;
dressé un peu bourgeoise,'j'en conviens ;î
d'une intrigue assez, banale, je le sais j -
vaudevilles courts, habiles, galans et même'
Eassablement hardis;; vaudevilles de M. Scri-;
e, combien je vous préfère ! Il n'y a plus!
que trois ou quatie jeunes gens qui soutien
nent aujourd'hui le répertoire. Encore ceux-'
là n'oat pas de . prétention au vaudeville-
draméj; lu
se-sootlaucés dans la farce, où
pre> et.ils'.y
pièces d'in
les ,poussait bur origioalité propre,, et/ils',y
réussissent à merveille ; mais les pièo
. je l'ai dit dHnâ uBè<«éanfe dë la commission de per-
- manence, à -la-.suite des revues deSatory,.à défendra
- ériei^iqu^ment le pouvoir légal de\ Louis-Napoléon
r Boiï^parté, at 4 m'opposer à prolongation illégal#
de ce pouvoir. *"" T ~ .
Ce n'est pas à vousf .qu'il est besoin d'apprendrç.
1 comment-ce pouvoir s'est établi .sous sa nouvelle
forme, et quels actes iniques, violens, ont accompa
gné son installation.
La persécution n'a pas, Refroidi ift'on patriotisme. '
L'Èxil que je subis dans, là retraite, et dans un si
lence qu'aujourd'hui vous mé contraignez à rom
pre,' n'a pas changé 11 mes yeux mes devoirs envers
la France. Si" eHé"e"t3îf attaquée, jè'sôlliciterais avec
: ardeur; l'honneur de- combattre pour sa défense.
Le; seul journal français qui 1 passe ici^ous mes
t yeux m'a fait, connaître. tout^M'heure lî.àrtêté qui
règle- la modeide prestation du serment-exigé de tpus
lès militaires. Un paragraphe, évidemment rédigé
pour être appliqué àui gênér^iix' pro'sc.rîts, leur don
ne un délai de quatre mois. Je n'ai;-pas besoin de
délibérer si lbng-temps-sur une question rfe devoir
' et d'honneur.
Le serment que le : parjure," qui'n'a pu mé corrofa^ '
' pre, prétend exiger de moi^'jeié reftïsé'. •
Signé, : CHA"NG4RNIEB. t
; Bruxelles, le 14 mai 1852,
Général,
Arraché dè mon; domicile, jeté en prison, proscrit
au mépris des lois, j'avais cru que vous n'en seriez
pas venu jusqu'à me demander un serment de fidéli«
té à l'homme dont le pouvoir usurpé par la violence
ne se maintient que par la force.. -
Mais un acte émané de votre ministère contient un
paragraphe qui s'applique évidemment aux géoê-
raux bannis; et lcfuï' impose l'obligation du serment.
Deux mois- sont-aecordés-à ceux qui résideût en
i Belgique pour répondre à cette sommation.
J'entends dire de tous côtés, que le serment n'enga
ge pas envers qui n'a pas tenu le sien. Si largement
qu'on en use aujourd'hui, cette doetrine, je la re--
pousse ; le délai, je' n'en ai pas besoin ; le serment,
1 je le refuse; .
Je sais les conséquences de ma résolution. Vingt-
: neuf ans et demi passés sous les drapeaux, trente-six
campagnes résultant de dix-huit années de guerre
, en Algérie,^de. mai 1830 à janvier 1848), quelques ser-
. vices,rendus Àla France sur la terre étrangère'et dans
, les fatales journées .dé juin 1848, services qui peut-
être ne sont pas encore oubliés, tout cela sera ré-
' duit à néant, je' serai rayé des contrôles de l'armée;
Une-fois de plus il'serà.constaté-que le gi-adé est &
la merci de l'arbitraire, de grade, la loi "dU : 19 mai
ï-1834 en avait fait le patrimoine; de: l'oflicier,; ilijie ,
pouvait se- perdre, que par un jugement de consell de
guerre. Cette loi- est foulée aux pieds par -un gou
vernement qui ne respecte ni les personnes ni la,
.propriété. • .
Ainsi, l'épée que j'avais' vouée au service de la.
France,' va m'être arrachée des-mains. Qu'en ferais-
je-sous un pareil gouvernement ? Mais si; à ce qu'à
Bieu ne plaise; - nos- frontières étaient inenacées, je
me hâterais de la reprendre -et» de -combattre pour
l'indépendance,nationalej Car^ l'histoire-me ;dit assez
qu'en présence des > périls suprêmes accumulés par
son -ambition, Jle despotisme n'exige- pas de serment
des hommes de cœ.ur qui marchent à la défensîe de
Jajjatrie. "
Signé : Général DE tA muricière.,
Voici le texte de l'arrêté que M. Fournier,
secrétaire généra^ exerçant les fonctions de
préfet des Bouclies-du-Rhône, a fait signi
fier le 1 i. de ce mois à la. Gazette, du Midi t
qui se publie à Marseille.:.
PRÉFECTURE DES BOUCHES-DU-RHONE. m
i . Extrait du registre des arrêtés 1-
- Nous, ,préfet des Bouches-du-Rhône; comman
deur de la Légion-d'Honneur, - . ' , .
, Vu les.artic|es publiés datis le jourpalla Gazette
du Midi',' npiamment celui inséré aù nu'Àiéro des
3 et 4 mai courànt, à l'occàsibn' du- eôriflit que
soulève; près le conseil cPEtat, l'affaire concernant
les biens de la famille d'Orléans, contenant ces
mots : .
« Tout doit.être fi^i de ce côté, prévenances po-
» .liti'ques aussi bierf qu'ass'istakee judiciltrë; une-
i» forcé irrésistible, qui a toute là 1 ptiKsànce de»
ùrrète ; du destin; mfet nu-ttTme'èt ce dernier épi-
:» sode des essais de rapproohement. Iltn'y a plus,
»> désormais, qu'àtlaisser lïpp.iiupn pulilique se
■ cueillir en silence, co'mmei geyment so.ùs jteà-e
» "les semences d'une'moisson encore înco'fin'de'.*»
; Vu' encore l'article ' l ihsérè''dàns"' ce " journal àu
■numërtf dë ce'joùr, 10 et■ 11 mal, reproduisant la
phrase suivante : ■■ : " •
, ;Faites biefl comprendre aux populations, que,
»si, le. prjpc%-Président a déclaré qu'il ne recoi)-
» "naissait qir un souverain en France ", lë peuple,
» le peuple; rdipnT^roifTJâ^tSUtiliërqu'il"n'existe
» pour la France qu'un seul, chef légitime, le prin-
» ce Louis-Napoléonf " 1
, Et dans lequel, imprimant en lettres italiques,
avec affectation, les mots Peuple et Légitime^eWt
manifesté l'intehtiou éVidènte : de' tourtier-en : >dérî-
siotf l'application de "ces deux inôW ;
Vt\,l'ar.ticle 32 du décret du 17 .février 1852?
' Corisidêtani : "
• Qiie, sans ténir compte des observations qii(
lui ont été faites récemment, le rédacteur-gérqj» '
du journal' la" Gazette du Midi et ses collatorii-
trigue, si mervéilleusetnent bâties suruae
pointe d'aiguillé, la';comédie de : genre etde
fantaisie,>qui nous la rendra?- " \
■ Autrefois on faisait du théâtre parce qu'on
avait de l'esprit et de l'insouciance, — je-ne
parle pas ;des-grandes» vocations. — Mainte-
nant^pn. fait des pièGes avan t tout par spécu
lation;* d'où tant-de tentatives féroces.Encore*
la spéculation n'est pas ce qui nbus menace le
plus; la vanité est plus à craindre. Le croiriez-
vous? Nôs théâtres■ fourmillent de gens d'u
ne espèce 1 nouvelle. Ragotin a fait des.pe-
tits. Quelle lignée! ô Phœbus Apolloii ! Ces
gens dont je parle sont nés avec une honnête
aisance; on leur,a donné de. l'éducation, et
ils n'ont pag d'état. Proprement mis, le
gousset toujours garni ,.rien ne leur serait
si facile que de rester iîiblfensîfs; ils pour
raient adroitement' dissimuler leur bêtise
native sous un air de bonhomie ; point. Ces
gens rêvent de'se créerune position dans les
lettres, de se faire auteurs. Noble ambition
en certains cas 1 On est riche , on est lettré,
les choses(i'art et d'intelligence attirent; quoi
de plus naturel quede se laisser aller à l'ins- *
pirationî La renommée est bien au-dessus
de l'opulence. Mais alors c'est à la pure
poésie; e'est aux grandes .œuvres que nos
heureux môrtels se consacrent ;• on com
prend même que quelques - uns entre
prennent de faire des tragédies ou des
poèmes épiques. L'intention est bonne, si
non l'œuvre du plus vif-intérêt. Mais, que
penser de cuistres qui, sous prétexte de vo-
catiori littéraire, et quand rien ne . les y
force, quand ils n'ont- pas la misère pour
excuse, quand ils ont le dîner et le gîte
assurés et peuvènt même faire une cer
taine figure dans un monda derïentiers, que
penser de créatures humaines au-dessus du
: rue de - YmMa iPataii^yai), n. 10,
B
1852.-LUNDI 17M/VI.
. « VRfz sa VAçoimsBisfnr
PARIS. 1 .... 13 ï. PAR TRimSTRE.
'départkmens . Ï6 p. —
' JN NUMÉRO' r 20 CENTIMKS? *
îtt abonnement datent des 1«* et 15
^
• tableau qui sera, publié dans le journal» s -
r les 10 et ss de chaque mois. .
- - .
S'adresser , franco, pour la rédaction, à Mj CtQHÉY^L-CiARiGïre, rédacteur. «n^Ae/»]
,Les wtiojes déposés » .sopt pu rendusj " -
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE. UNIVERSEL.
P - -' ' ■ " ■» »r _'?>• w ; .- é -, i- ( ; "s • ;;;fr ■' .;:î .> 1 "-'-v -".i t.- i '
1,kefc] ' « '(h/ttom, dù*tittdépartemerts,.aux 'Messageries et tek Hirectioiit de ■potiîe.-^A Làndr
; : I - ®* » ' - /•' ' — A Strasbourg, chex U. A lexajîdrb, pour l'AMémagiû.
•ALondres, chet MM.' ,C
PÀEÏS, 16 MAI.
REYOLLTIO^ ET TIU^FOiWÀl*
Ce qui, distingue profondément le» événe-
mens accomplis en France, depuis le 2décfemt
bre,des événement accomplis en juillet 1830
; eten févrief 1848; c'est qu'en 1830 et ei|
1&48; on changea le gouvernement, et qu'au
? décembre, on a,changé là société. Sortantj
comme le Premier Consul, de l'ornière bati
tue des philosophes, des utopistes et des amj
bitieux, Louis-Napoléon a replacé la France^
< agitée et bouleversée, sur les deux bases nà-t
• tureltes et séculaires de son repos r de sa séçu-
rit.é et dé sa grandeur, le. sentiment del'au
, torité etle sentiment de la religion.
L'immenSe erreur des plus grands esprit^
du XVIII e siècle, ce fut de croire qu'on pou-»
- yait altérer les conditions traditionnélîes dé
"l'existence politique et de l'existence môrale
"du pays, et que, sans danger pour la société
. elle-même, on pouvait.affaiblir l'autorité moi
-oarehiquej à laquelle on devait la constitution
r territorial*, administrative, finaûcièré, judi
ciaire, militaire, de la France, -et l'autorité
religieuse, à laquelle on devait le défricher
; ment des campagnes, la fondation, deavilla-
. ges, l'organisation des paraisses, l'ouverture,
: la direction et l'entretien de toutes les.écoles,
• petites ou grandes, élémentaires, littéraités,;
' scientifiques ou professionnelles, dans. les-;
"quelles|le§ générations avaient, successive-^
imeut puisé les notions de toutes choses,
l'instruction, la morale, la vie de l'esprit et
• du cœur.
Une étude superficielle et inexacte, deç ins-
: titutiens anglaises avait accrédité,, dans l'o-
'.piuion des classes, aisées, lç. morcellement
;4e l'autorité royale ; l'esprit d'utopie^ 1% va-
■ nitè des sectes! philosophiques-, la jalousie:
qu'inspirait ia domination, peut-être exces-
• sive, du clergé de co,ur, ayajejàt f#àit mettra
' en'suspicion Tes idées religieuses; lesravaient
.exclues des affaires publiques, et les avaient;
^^sçées aux yeux des populations. Tel est,
..pourtant sur la caractère de là- nation .fraù-;
içaise, l'empire dé l'autorité et de la religion,
'que le pi ince Louis-Napoléon a transformé, en;
quelques mois, .l'esprit du pays. ,j en. rendant
à l'autorité*a dignité et sajorce,. à ! la reli
gion son lustre et sa liberté. ' ^ i>
On n'a pas assez remarqué à qùel point la-
morcellement du. ppuveir ;a été, ( çfëpiîis;
soixàrite ans,
dissolution,et de dépçaya^tiôn.L .... > -J. u } -,
Lorsque lâ çévolution de,i789> rompatit'
.tiPUtes. les barrières antiquesj-a faide' 'deè-|
-quélies- la France était devenue' si, puissante,
•et si glorieuse, eut ouverfia,;: ' carrière,'aux ;
-ambitieux; chacun' ' d'eux se'. $ reposa pQur j
but la possession du pouvoir su^rême« JD&j'
hommes sans nom^' sans r vertu', sansv cove-
râge, la- plupart sans vrai talent, médiocres :
;dans leur profession, travàilièrerjt jâyec'yhë,
ardeur ;effrénée à gagner ^'opinion publique i
'à 'ieurcausèi. È ^ ub d'éiii., ouvrjt, \mé école ;
"d'anarchie â son point de vue^ l'un, àlft.tri- •
: bune., l'autre dan^ ; «n. jeurnai^l'autre-dans ;■
un ciub. Ce-fut-un concours^rdent et pfer-
-manent 7 entre- toutes, les passion?, toutes'les
'convoitises, (tbutés liés bassopses; eh^cun vour
laut joujours alier plus loin- que-son rival
d'ambition et dé;domination. j
• , Aucun peuple- aû" monde ne résisterait à
-li'tic.liori di^pivanie de ce feuide forgè, - souf-
fléinuitet jour pap l r tmrag;îii de Uiille'cupi
dités,' de mille colère?, rie tnille utopies4é-
çhaluces. IVi,d.apt Iputo l^.'dg.rée,de la répu-
'bliqiie. lé peuple romain,,nourri par iagou
j{ex>|i£menl, entassé.dans» i'étroit espace du
Forpm, vendit' à prix d'o^lés màjjistratiïres. ;
iV n'y-Rvait pasdans cette ville; maîtresse du |
mondé, un seul citoyen quiU'êûtson'tftrif cou-
5n,u'; niais à ronexcepte.lesdernierstempsdé ce
jr^gimpj e,t l'époque où la-jeune noblesse, gui-
déë par Catilinaj' méJita sérieusement, l'in
cendie dè {à ville, lé pillage des biens, et fa
perpétration d'une orgie immense'/- l'ès tom- ">
bitieux eurent toujours en .vjue jip.osgessi.on
dès grandes charges^ non-la-ruine même de la
société. IX^ofroptioiî de l^ome fut même
ens*^ë~3ïït ; 5é"""êï ïlë force pour
son gouvernement j s car, précisément pour
vendre les questures,>les gouvernemens dè
province j les sacerdoces, il fallait d'abord les
conserver. D'ailleurs, là corruption.de Romè
était, comme son peuple, enfermée 3aas ses
murailles ; les citoyens vendaient la puJsf
sance, mais ils ne l'exerçaient pas'. Les po r
pulations des provinces restaient pures et
fortes, et-les familles consulaires et triomr
phales usaient, selon les grandes tradition^
du sénat, d'un pouvoir immense ramassé
dans la fange. > ! i
En France, c'est au gouvernement même
que les ambitieux se sont,attaqués. Chefede
sectes immenses d'intrigans, de brouillons
et d'affamés, les tribuns sont impérieusement
soumis à la nécessité d'organiser des curées
"gigantesques, cù le pays lui-même'est jeté
en pâture aux; vainqueurs. Telle'a toujours
été la condition fatale des modernes révolu
tionnaires. Arrivés avec l'aide de vastes com
plicités, les partis politiques, eomme. le|
équipage dea navires armés eu course, sent
forcés de régler la part-de prise; et tout 14
iUondeya drbit,' le mousse comme le côm-j
mandeuat^ {^ : ' j
Le morcellement de- l'autorité^ 4 le partagé
des influences, la compétition universelK
du pouvoir suprême, ont donc porté, depuis^
soixante ans v tous les ambitieux à exciter, a
égarer», à> dépraver la multitude 5 , à lui inspi-|
rer l& mépris du gouvernement, le goût duj
changement, le désir de la révolte. Dans ces}
derniers temps,«toutes les formes de l'oppo
sition .ayant été épuisées, les révolutionnai -i
res.èn ontété réduits à prêcher l'abolition
même des conditions normales et ndeessai-
res de la société, et h promettre aux affidésj
non plus, les places, ,mais les terres, les mai
sons, les rentes et les femmes d'autrui.
Ainsi, avoir rèlevjê lè pouvoir,; ee n'est pas
/seulement avoir fortifié le gouvernement,
c'est avoir assaini ia société c'est avoir im-T
ptisé silerice à,', ceâf'pr'ofe^eûra de, désordre,;
,d'an*rchiej dJinsurrection,. d'athéisme, d'im-
moralitéj de pillagç et de meurtre, qui prê-
sermeiis" horribles /-et qui •parvenaient à
:> atôir,;dans,uxi ,'Sf rd dépài^etnpnij.jies, armées
'^é ,cinquante .mille hommes^ prêtes.à .-sede-
ver au premier signal. '
; On auraitpu, il y a quelques aunées,.iji,eri
que" Telles fûssefctt les conséquences logiquesî
( et naturelles,d|3 l'esprit d'opposition etjie laj
compélilion: du pouvoir, poussées à l'extré--
me. On ne le peut pl us aujourd'hui ; les faitsj
ont paurlé'd'u'ne façoii trop claire : e"t"trop for-|
iriidable. D'^t)^-mêmes> de'pauvres paysans,,
de. grossiers manœuvres,-n-'auraient certes pas!
eu la penséede conquérirle'gôuvernement par
"ltfforçe ) .tbais:L'exëmple et l'encbùragemeût]
"leyr avaient été donnés; des avocats médiocres, ;
des clubistes inconnus avaient souvent con
quis le gouvernement par la ruse. L'opposi-î
;.ti(in avait d'ailleurs été mise à la. portée des:
intelligences les plus obtuses et des pas
sions les plué : grbssières; les tribuns ne pro
mettaient, plus-aux associés des places et-desi
portefeuilles; 'ils-promettaient la possession!
dÊs bitena el lës joies dê la crapule. ■ " •
" .i^éUvré.de cet, enseignement corrupteur,,
dé-cette propagande abrutissante; rendu- à. 1
lui-même; à son bon sens, à sa famille, à son'
"travail, aux conditions naturelles "de .l'exis-;
^n6ô4es ! hpiïunas > .. i lo...peuple, s'fegk-.repris à|
respjftteEieJ, à. aimer le pouvoir, qiii estlal
garantie ii'r hcséeurité commune,., .
'A"qul donc Ifc pouvoir v est-il principale-i
ment 'ùéceîsaïre, si. ce n'est aux jjêiits et-
mi'* faibles,'- qu'il protège ' rontre 'l'envà- ;
hisSement insensible dés grands et des forts?
Qu'ont été les souverains les plus absolus,,
-les« plus-énergiques; si ce n'est'des prqtec -i
téure permanens des populations r orales,j de i
-véritablestribuns du peuple, le défendant,!
l'aidant, l'élevant à la fortune et aux 'hon- 5
nèùfs"? 'Qu'étaient les" grands digniiaireè de
(Louis XL?—Kdes-«nfans du peuple: Qu'étaient
i lcs«i^istr'es5de.Louis ;Xl\i ? .—des roturiers. -
Qu'étaîèht. lés m'açéphaiix et les ducs de Naj-^
po^uiiî d «s -feraves, des -héros, sortis ,dê';
• la foule jpar les qualités du cœur et de ^
l'esprit...
Le respect de là religion; est'j comme l'élé
vation de l'autorité, l'a-condition nécessaire
de tout gouvernement flairé, fécond, dura- '
ble. Tous les grands peuples, tous ceux qui,
ont fait de grandes choses, ont été des peuples
profondément religieux ; tous les grands
guerriers, tous les grands politiques, tous
les grands organisateurs et civilisateurs, ont '
été des hommes pieui, quelques-uns des
hommes dévôts,
Les Athéniens et le& Spartiates, les deux
premières nations de la Grècè, furent, entre
toutes, des nations religieuses, couvertes de
'temples opulens et célèbres. A Athènes;et à ,
B , Sparte 1 , aucune grande assemblée politique, I
aucune expédition militaire n'avait lieu sans :
: de solennelles prières. Quand la flotte athé- ^
' niennesortaitdu Pirée, lesprètres entonnaient i
des cantiques, dont les-matelots répétaieat j
les dernières strophes à la cime des 'vâgués. ,
1" Et la guerre duPéloponèse, qui désola vingt-1
sept ans la Grèce, et qui abaissa la puissance !
d'Athènes, que fut-elle?—'Une guérie de
■ religion, une croisade, véritable, dans la
quelle Athènes 1 vengeait une inj Uréfaite ày
Neptune, et Sparte une injure faite â MM'
. nerse.
Qui ne sait la piété, prefondè et séculaire
des Romains^ qui a mérité que Roine de
vînt la ville sainte du christianisme lui-inê-
: me? Lorsque l'empire démembra, brisé.
. sous le poids des nations extérieures,comme
la ruine du gouvernement coli^idait avec
f l'établissement du ehristianisme , ce fut f
- partent une croyance 1 profonde que les I
dieux antiques des Remains les abandon- ?
.naient, pour les punir d'en avoir été aban- j
donnés «ux-mêmes. Et cette croyance péné- ;
tra à ce point le? classes instruites de l'em
pire, et les esprits'Ies plus sérieux, que saint
Augustin dut écrire son livre célèbre de là
Cité de Dieu, pour la détruire.
On ne trouveraitp£|s, dans les grands guer
riers de l'antiquité,un homme qui n'ait don
né les preuves de là piété la plus solide.'En
deux ; annees j Agêsil'as offrit plus de cent
~ tàleïxs aux temples. Xénophon s» dépouillait
pôur.enricbir les corporations religieuses. A
la bataille de Cunàxa, il passa, avaût l'ac-
^ tion,„devant le front des troupes,, et fit én-
•toimer un péan: à Mars Enyalius. Pendantia—
«célèbre retraite r ,dtes Dix-Mille, Xënôphon ne
''livrapas un'çpmtiàt 4 gan^.'"prières; leé offi-,
ciers commençaient les hymnes, les soldats .
'les,continuaient; et les femmes qui suivaient
^l'armée en prolongeaient au ïoin les strophes
dans la campagne: " : ~
, Alexandre fut lé plus , brave, .le plus bril- -
•lani et le plus pieux desiconquérans. Avant
;la bataille d'Issus, après ' la prise de Tyt 1 ,
le jour dé son entrée à Memphis, il ordonna
ides cérémonies religieuses, auxquelles toute
son armée prenait part. C'étaient des procès- ;
■sions'immenses, dans lesquelles-Alexandre, -
revêtu de son armuri,de bataille, ouvrait, la ,•>
imarjche, suivi des prêtres en habits sacrés; :
-puis tenait ^immortelle' phalange ; puis, '
"enfinla c'avâlérie sur'trois'hommes d e -
sffbnt. Le joUr- où„ ; cédant aux.prières de sçs.
soldats,-Alexandre, 1 déjà au f cœur, de l'Indè,
se résolut à commencer sa retraite, il réso
lut de mettre son armée gous la protection
jdes diaux. Ou autel immense,,en forme de
; montagne, fut élevé par ses ordres ; les prê
tres y montèrent pour opérer les Sacrifices'; .
-et i'armée, 'diVisée eri. douze corps,', resta,
îs'nns mangeij toute une journée en prières.-,
- Et cç n'était pas là un moyen adroit de*
fi màîtTisêT''èl : dè pàssi'onnerTamë.dû soldât;
: c ! était de la piété sincère^ Alexaridfe le; prou-
■vasbien à sa -mort. Pendant les dix jours que
"diiTa sa maladie; il J ne manqua pas un seul
rjo.ur de sacrifier, se faisant porter, dans une
-petite chapelle de son palais. Le huitième
"jour, Aléxanarej rib pouvant pas étre trans- "
porté, le sacri fice eut lieu dans sa chambre. Le
? neuvième jour,rie buïletin.des Ephémérides "
f raEETON p» CDSSlITÇpKpE.'IT'W:
THÉÂTRES.
cymsas E i . t - t Représentation; :-de- Mme Vo}ûys.'--Xa
6VjjïfWiV.es'^e. ~ Aï.;Scntie. —.Les nouveaux vau-r
deviiîes..— La.Ftfte d'Hoffmann, vaudeville eo un
_ acte-da. M M'. Bajard et Varner. — variétés. —
! ha Vengeance,* vaudevjjle en un acteuderM. deGourV
; celle." — 'Canadarpère çf.fils, vfjvdevilleep.un acte
àe MM. Laiirencin.etUarc Michel, l(1 . . i; > :
. Mm'e \ T olny8 n'ést point changée. Telle elle
était au départ, telle elle est revenue: Nous
uîavoûg qu'-à remercier! 'empereur de Rqssie
deta représentation qu'il â penplâ à sa pen
sionnaire' de nous donner vendredi au Gym
nases-, En retrouvant Mriie VPiriys sur la scène
diarmaote de ce petit théâtre, dontellè ai fait
ies b«ftux jours, il nous a: semblé que c'était
LéoUlineFay ^lle -mèmeqûiTeparai'Ssait .Mme
Vinû dm'
d'Autriche; maie là Chanoines^ ce'Simple
vaudeville en un acte, nous* ihtéressait tout
autran< nt. Il* faut flirte que lia grande piècè
paeaîttânt soit peu enseveliô' déjà dans la'
auit des temps, et qu'on secoue difficilement;
k poussière qui ternit ses nobles couleur^;
tandis qué le'vaudeville tfà rien-perdu'dé si
fraîcheur. La fratehëurdb ; M. ; S6ri'hfe'est ar
tificielle ; , en revanche, ses pièces se fanent
moins vite que beaucoup d'autres.
Comme Mme yojûys esi bien l'actrice de
ce tliéâtre du Gymû;Ëe, et l'idéal du genre !
eut la sert, taille, regard, veijç, petits gés-
es eourts et fébriles : des nerfë ! des nerfs !
t puis eacore des perfel... nulle n'a eu
dàjas lë. répertoire autant de palpitations ;
on, craint qù'elle ne, meure, la, devant nos
yeùX J , dè ia rupture d'un anévrisme. Mais il
y a chez la comédienne une ardeur naturelle,
une.flàmmè, une ; yèrvè. qui, vous font ou
blier l^iKte'rierMme Yolnys vous irrite bien
un peu, mais n'ennuie pas. Les autres ont
des vapeurs; elle a-, elle, le diable au corps,
et cela lui dure depuis sa tendre - enfdncé.
A propos de diable' au corps, on dw&it d'une
jeune actrice.qu'elle L'avait;—il ne lui man
que qu^un, corps; répondit-on ; —- d'où le •
sort plus lamentable que romanesque de
tant de,petites personnesqui^ voulant imiter
MmeVolnys, sont venues tour à tour se brû-
ler à la chandelle, 'comme on dit vulgaire
ment. „
, Rien d'étonnant à ce que Mme Volnys
réussisse encore plus, à Saint-Pétersbourg
qu'à Paris; elle est de celles qui doivent plai
re davantage à mesure qu'elles s'éloignent de
la capitale^ et vont dans des contrées où l'on
s'efforce de - renchérir sur nous. A de telles
distances on .n'a jamais trop d'esprit ni de
sentiment, ni de diction, pourvu que la grâ
ce féminine pare.le tout; bref,pour être'vrai
ment Ffançaise . chez les étrangers , il faut
être un peu plus que Française, il faut être
du. Gymnase comme Mme Volnys, et alors on
représente ,aux. parfaits amateurs des bords
. de laNéwa, l'idéal d'une aimable race. En r
tin-àPariSsmème, Mme Volnys n'a point été
remplacée; voilà le grand éiogè qùe je faïs
. d'elle, très sincèrement pour effacer mes lé-
. gèrès critiques.
Il'- he^s'agiitpoint d'ailleurs aujourd'hui.dé
juger tout airlong la comédienne comme si
d&ràp'plàtidif; 1 elle ! nè- nous ; demaUde tjue'
des Bravos : les lui refuserez-vous ? Elle a
ditau.czar qu!elle ne pouvait plus se passer
de jouer au mains une fois à Paris -, qu'elle
avait le mal du Gymnase; le czar, tout atten
dri , lui abonné ùn congé, une permission;;
et'ce sont nos pauvres qui
née à leui' bénéfice.
Même.au milieu des fêtes militaires/des
mues, des bals etdesfcux d'artifice, le spec
tacle de Mme Volnys avait excité une vive
curiosité; jamais on: ne vit la -salle du Gym
nase plus .brillante; tout l'ancien public du
théâtre de Madame était revenu ce soir-là!
: La Chanoinesse est donc une pièce encore
toute jeune/fraîche-comme si elle sortait du
carton de la modiste, et commè si les vingt
dernières années étaient à recommencer.
Lorsque M. Scribe fit jouer ce petit "vaude- '
ville en i 833, on parlait déjà pour mémoire
des beaux temps du Gymnase et du beau
temps de M;. Scribfe ; que dirons-nous au
jourd'hui? Depuis vingt ans,-M. Scribe a
fait cent autres pièces, --et iL est toujours
l'unique,; ses .anciens vaudevilles ne -vieil
lissent pas, ses nouveaux ne sont pas moins
jeuûes que les premiers. Explique qui pour
ra cettè incroyable fécondité et. cet éter
nel printemps. Certes, ce n'-éstp'as parla
poésie que l'inimitable auteur brille; il n'a
jamais.mis,comme tant deicélèbres versifica
teurs pour-, une fois descendus' du Parnasse
au* vaudeville, 1 dès- sonnéts véritables, des
odes entières daiis ses pièces. La rime de AL
Scribe rime quand elle peut, l'expression ne
cherche jamais à rehausser la pensée, les
verg coulent ,de source ÏL l'égal de la prese...
: Alier f au,printemps de ses, joura,
Pôur femme «hoisir line veuvè.
royales, conservé pair Arrien, est ainsi-TOji-
- ça ; « Le danger est extrême ; il sacrifie ce-
"pendant.j> - • • ■. -, — • ■. - ,
v Les grands capitaines de" Rome n'eurent
> pas une pieté moindre. Sylla était couvert
de médailles bêûltes et de scapulaires, cornue
Louis XI. Césàr fut reçu flamine de Jupiter
à dix-sept ans. Après sa première campagne
des Gaulés, il demanda au sénat de décréter
quinze joyré dé prières. Après sa troisième
campagne,-il en demanda vingt jours; Le sé
nat, peuplâde membres appartenant au sa;-
cerdo'ce j se rendait lui-même dans un tem-
pie," et chantait de véritablg£ et de longues
litanies, do^t l'Histoire Auguste a conservé un
spécimen, dïifie la-vie de Élaude-le-Gothique.
Il serait aisé et superflu de . continuer ces
exemples, à trayçrs l'histoire du moyen-âge.
De nos jours, quels sont les premiers peut-
pies de l'Europe ? deux chez lesquels le-senti
ment Religieux est resté le plus profond,' et
la religion le plus solidement cotostituée.
Avec quoi les peuplades arabes ont-elles, de
puis 1839 / héroïquement lutté contre là
France ? avee la religion, avec la foi» Quels
ont été. leurs plus braves et leurs plus redou?-
tables cheM des pèlerins de la Mecque et
des prophètes. /
Pour ceux- qui croient àncèrement, la re
ligion est le moyen, d'attirer sur ua peuple
la bénédiction dé Dieu. Pour ceux qui croient
avec tiédeur, mais qui ont le' sens droit/la
religion est le moyen d'élever l'arme d'un
peuple, de lui faire comprendre, aimer et
entreprendre les grandes choses;
Eh bien ! la nation française a toujours
été essentiellement une nation militaire et
une. nation religieuse; L'athéisme et l'a
narchie / ces deux pourritures morales ?
inoculées par lés. livres,. propagées par
des ambitieux, des bavards et des fai-
- néans, ont été une maladie passagère dé
la.Frattce; ils n'ont jamais- pu, détenir par
tie essentielle et normale de sa 'constitution;
Les Français sont essentiellement capables
d'enthousïasme.et dé discipline,deux qualités
sans lesquelles il'n'y a ni grand homme, ni
grand peuples Aussi le Français lève-t-il ins!-
tvnctivçment la tête au nom dë Dieu et au
nom de Roi uu.d'Ém'pereur, comme lç cour»-
siër,d& .bataille hennit et. piaffe au son dè la
trompette. .-; , ■ , ,
C'est,, donc .comprendra .éminemment là
Franpe, c'est être digne dê la gouverner, que
-■'de relever dans son seiû le lustre du pouvoir
- -eHe~ittstrr aux
vieilles traditions du pays n'est; que; d^hierj
- et cependant la sympathie qu'il, trouvé déjà
dans les esprits est immense., Depuis le 2 déf
cêmbre, le niveau de l'autorité politique et
morale, s'est élevé partout.
Quand le-clergé de Paris s'est rendu prb-
- cessionnellemeat au Champ-de-Mars pour bét
nir les aigles, le peuple s'est partout sponta
nément découvert sur son -passage. Quand
le prince, après là cérémonie/ est revenu- à
l'Elysée, ce n'a été, de l'Ecolé-Militaire au
palais, qu'une ovation enthousiaste et déli->
rante. Le peuple, entassé sur la route pat
cêntâines de mille, poussait des hourrajs.past
sionnés. Les femmes élevaient leurs enfans
. vers le prince,-et leur disaient : Le voilà ! !
C'étaient là; la religion et le pouvoir,-led
" deux êauvëgardes de la liberté et dè Ij'ordrè ;
et le peuple les- saluait avec reconnaissance
et avec- amour. La\France vient de passer
des temps horribles ; elle a aussi traversé là
mér Rouge, et échappé à. 4a. captivité et au
massacre- des: Pharaons du socialisme; c'est
pour : cela qd''eHe'eutonn9 < son hymne de sa
lut, comme Moïse entonna; avec tout sont
peuple, lé cantique de délivrance, en posant'
le pied sur 1& rivage de l'Arabie !
" A., GRiNfER DE CASSAGNAC.
- Notre intention était de publier la lettre de'
M., lé-comte de Chambord, si aucun des,trois
journaux légitimistes ne prenait les de-
vans. La mesure, dont une feuille étrangère;
a été fpbjet| ne nous permet nj, de. réclame^
cette publication de nos confrères ni d'en
prendre l'initiative.
IIENRI.
Qu'importe ! ' si jfâi" ses amours•! '
BOÎJKGÀCHARD.
, Veuve qui fera tous las jours - ^ . . *
, Des comparaisons en ménage . v
• Dè vous et' du premier mari. . -, { :
HEXRI.
' Et qu'impôrte! mon oncle, sif s
- Elles sont à mon avantage! ' ' ■*
CliÊrcIiez ailleurs un pareil si ; vous ne- le ;
trouverez pas ! Il n'y a que M. Scribe pour
avoir de.ces bonheurs-là. L'es autres se lais-,
sent arrêter par des obstacles,; par la proso
die, la rime?, la poésie, que sais-je encore,
et voilà, sans doute... pourquoi leur fille est,
muette ! Parlez-nous de la familiarité, de la
simpliçité, du naturel. Les personnages s'ex
priment et chantent sansy m'ettre de façons;
chacun.se dit en les écoutant qu'il parlerait
et .chanterait de même: cette extrême facilité
fait, sansdoute,la moitié du succès; le succès
est durahle pourtant, et puisqu'il est convenu
qu'on ne le doit guère au style, cherchons'
la causé ailleurs. D'abord ,ie style , s'il
n'est pas très littéraire, est du moins exempt
de prétention, et reste fiimilior; les change-
mens de mode n'y gâtent rien ; ensuite il
y aie tact particulier, uu art d'arranger les
choses, uu fonds de gai té et surtout une cer
taine raillerie assez rapprochée du comique.
Ne serait-ce point à ce tact, à cet art, à : ce
comique que tant de comédies écloses com
me des bulles devraient de rester si long
temps. en l'air?
■ M. Scribe excelle aussi dans le yaudeville-
drame ; il est le créateur dé ce genre agréa
ble aux esprits, légers et au? amfis..tendres,
genre ou le quiproquo se* complique d'une
Nous devons nous borner A maintenir
l'exactitude de notre analyse et dé notre àpi-
préciation. Cette - exactitude- sera reconnut
des nombreuses personnes qui ont éîT conn
naissance de la lettre de M. le cpmtede Chamr
bord, par là publicité qùé ceffe lettre a re
çue- dans les salons et dans un certain nomi-
bre de feuilles de province^ '
Quant à la signitkation que nous avons
attribuée à l'arrivéfrSe cette lettre dans les
circonstanceè actuelles^ quant aux disseni-
sions intérieures qui en ont provoijué. l'eri-
; voi; quant aux nouveaux tiraillemens qu'elfe
a produits au sein du parti légitimiste ,
quant au changement d'attitude du parti
vis-àrvis du gouvernement; en un mot;,
quant aiix conséquences politiques de cert
événement, nous n'avons pas besoin'dfe
maintenir l'exactitude de nos conclusion^.
L'Union n'essaie même pas de contester, elle
cherche à donner le. change en élaborant dë
pénibles plaisanteries ; mais on peut être asi-
suré que^ l'Union ne rit que du bout des lèt-
YreS. CUCHEVAX-CtVRIGRï.
Le Pays publie aujourd'hui une lettre de
M; le général Changarnier. Nous la reprot-
diiisons, en y ajoutant une lettre de M. lë
général de La Moricière.
Nous n'avons pas cru devoir traiter ces
deuï généraux avec moins de courtoisie que
M. Aragô. Nous leur donnons la parole au
jourd'hui,. nous réservant de la prendre dei-
main. a: grvnikr de cassagnac. !
Malines, le 10 mai 1851; à'dir heures du matin.
Monsieur le ministre, ' .
Pendant trente-six ans : j'ai servi la France ayec ;
un dévaûment qu'on peut égaler; mais qu'oa ne sur
passera pas, , ,
Sous- la' Restauration , j'ai eu dans l'armée un
grade proportionné à l'obscurité de .mes services
d'alors.
Sous le gouvernement de Juillet, lés chances de
la guerre m'élevôrent rapidement au grade de lieu
tenant-général. .
.Douze jours après la proclamation de, la Républif
que; lorsque Mgr le ducd'Aum'ale, que je venais dè
conduire,-i bord du Solon en le faisant saluei- par
l'artillerie de la place, de .la. Marine comme-si le roi
Louis-Philippe eût encore habité les Tuileries, m'eut
laissé le gouvérnement par intérim de l'Algérie, j'ér
crivis au " ministre de la guerre que je* n'aVais pafe
souhaité l'avènement de la République, mais qu 'il
ne : me semblait pas-changer mes devoira envers mon
pays. Le'gouvernement provisoire ne brisa pas mon
-épée,.et, le 1« avril, il ne regretta pas d'en pouvoir*
-disposer. ■ "• k - • ' ■ ;
Peu> de femps^près cfette journée; je* fus nommji
* goux-erneur-générai de l'Algérie: - , » i
: Je quittai bientôt cette haute position où tout m'éj-
tait facile, Dour répondre àla confiance des électeur?
de Parts", ,qui m'^aie&^appelé«#.|^£emblpj^constij-_
■ tuante.'-- ■ ■
• Le général Cavaignac, chargé du'pouvoir exécutiiT
' à' la-suite drs journées de juih'184'8, auxquelles jp ,
n'ai i?as assisté, me notoma, lè 30 juin, commandant
des gardes nationales de la-Seine. ' , ., ' .
Le 14 décembre-de la même année, l'e'général Caj-
, vaigfiao m'àyant fait prier de me rendre à l'hôtel
' qu'il occupait,rue de Varennes, me dit;.en présencp
de tousles ministres, que la police croyait à un mouf-
vement bonapartisle, préparé pour profiter de la cér-
irémonje anniversaire de la translation des ' cendres
de l'Empereur aux Invalides, échauffer l'enthousiasi
me populaire, conduire Louis-Napoléon Bonaparte
aiuc. Tuileries et te-proejamer empereur. Le général
Gavaignac -terminîten me demandant mon avis.sur lei
mesures à prendre. Je-le lui donnait et je-fini» ei
disant : y ijjon cher génécal, j'ai: donné , ma main à
» Louis-Napoléon gour ,en' faire ucj, président, non
" » un empereur. Dans peu de jours, îl sera Président
». .de la République,, mais vous*pouvez,compter qu 'il
. » ' n'entrera pas ; , de mai n
dès paroles exprimaient brièvement, mais ex&ctej
ment,:mon inébranlable résolution- de rester ce-quô
j'ai-été toutB=ma vie; l'homme de Tordre et; delà Ibi{
i ; Louis-Napoléon Bonaparte at tenté bien souvewtî dè
mè- faife dévièr été/ la ligne droite que je m'étais tra-î
cée, pour me d4termin«i»»à~servir son ambition ; il ;
m'a sauvent, bien souyânt,;.offert et fait offrir, non-
seulement la dignité de maréchal,.que.la France
m'aurait yu porter, sans la croirfi déchue,' mais une
; autrerdignité militaire t qui, depuis fa chute de l'Em-i
I ipire^ài c^ssé de dominer .notre hiérarchie. Il voulait
y attacher des avantages pécunia\res énormes, quei
grâce à la simplicité 'de mes habitudes; je n'ai eu.,
aucuu mérite, à-dédaigner. . , , ■. f j
. S'apercevant bien, tard que l'intérêt personnel n?a->
vait aucune influence sur ma conduite; il a:.essayéi
d'agir sur moi, en se disant ' résolu à préparer îe'
triomphe de la cause monarchique à* laquelle il'sup-?
posait mes prédilections acquises.
Tous lés genres de séductîons ont été impuissanst
Je n'ai pas cessé d'ètie^ dans le .çpmmaodemçnt jle
l'armée de "Pari& et' 'darisTXssëmliléé'/'prél,- ainsi' que
.pointe. de- sentiment ; vo^ez la Chéïoinesse!
Je ne-dis pas.que-M. Scribe fasse jamais
pleurer,- mais il donne aux beaux yeux
l'envie de répandre- une- larme ; c'est le
comble dël'habileté; on a le mérite de la
sensibilité sans les désagrémens d'une émo
tion trop vive. Maintenant, le dratne-vaude-,
ville est tout-à-tait brutal. Les imitateurs,
n'ont pas su se.teuir'dans la zone tempérée,
et ils font les Sliakspdare au Gymnase,imoins'
par entraînement de leur génie et" par force'
d'inspiration que-parce qu'il est'-bien plus'
facile d'user des procédés - , de l'Ambigu que
de ceux de M. Scribe.
Une.belle.invention,-en véritérle drame-
vaudeville d'à présent ! Pas le plus petit mot:
pour rire ; "je parle du rire des honnêtes'
gens ; et des tableaux pathétiques comme?
les dalles de la Morgue l Ah I nous avons le
réalisme. L'anatomie, la pajUologie, la phy-
.siologie' médicale, et toutes les découvertes
de la chirurgie sont d'un grand secours.
Lés héroïnes meurent de la poitrine, les hé-!
ros du scorbut, prochainement .on auscul-'
tera sur la scène, on traitera le.pauvre-ma-j
lade par l'iode. Les pièces auront le charme
d'un article de la Gazette desMôpitaux.yoilki
du drame, ou je ne m'y connais pas ! Chers
vaudevilles, innoceDS® tendes d'une ten-;
dressé un peu bourgeoise,'j'en conviens ;î
d'une intrigue assez, banale, je le sais j -
vaudevilles courts, habiles, galans et même'
Eassablement hardis;; vaudevilles de M. Scri-;
e, combien je vous préfère ! Il n'y a plus!
que trois ou quatie jeunes gens qui soutien
nent aujourd'hui le répertoire. Encore ceux-'
là n'oat pas de . prétention au vaudeville-
draméj; lu
se-sootlaucés dans la farce, où
pre> et.ils'.y
pièces d'in
les ,poussait bur origioalité propre,, et/ils',y
réussissent à merveille ; mais les pièo
. je l'ai dit dHnâ uBè<«éanfe dë la commission de per-
- manence, à -la-.suite des revues deSatory,.à défendra
- ériei^iqu^ment le pouvoir légal de\ Louis-Napoléon
r Boiï^parté, at 4 m'opposer à prolongation illégal#
de ce pouvoir. *"" T ~ .
Ce n'est pas à vousf .qu'il est besoin d'apprendrç.
1 comment-ce pouvoir s'est établi .sous sa nouvelle
forme, et quels actes iniques, violens, ont accompa
gné son installation.
La persécution n'a pas, Refroidi ift'on patriotisme. '
L'Èxil que je subis dans, là retraite, et dans un si
lence qu'aujourd'hui vous mé contraignez à rom
pre,' n'a pas changé 11 mes yeux mes devoirs envers
la France. Si" eHé"e"t3îf attaquée, jè'sôlliciterais avec
: ardeur; l'honneur de- combattre pour sa défense.
Le; seul journal français qui 1 passe ici^ous mes
t yeux m'a fait, connaître. tout^M'heure lî.àrtêté qui
règle- la modeide prestation du serment-exigé de tpus
lès militaires. Un paragraphe, évidemment rédigé
pour être appliqué àui gênér^iix' pro'sc.rîts, leur don
ne un délai de quatre mois. Je n'ai;-pas besoin de
délibérer si lbng-temps-sur une question rfe devoir
' et d'honneur.
Le serment que le : parjure," qui'n'a pu mé corrofa^ '
' pre, prétend exiger de moi^'jeié reftïsé'. •
Signé, : CHA"NG4RNIEB. t
; Bruxelles, le 14 mai 1852,
Général,
Arraché dè mon; domicile, jeté en prison, proscrit
au mépris des lois, j'avais cru que vous n'en seriez
pas venu jusqu'à me demander un serment de fidéli«
té à l'homme dont le pouvoir usurpé par la violence
ne se maintient que par la force.. -
Mais un acte émané de votre ministère contient un
paragraphe qui s'applique évidemment aux géoê-
raux bannis; et lcfuï' impose l'obligation du serment.
Deux mois- sont-aecordés-à ceux qui résideût en
i Belgique pour répondre à cette sommation.
J'entends dire de tous côtés, que le serment n'enga
ge pas envers qui n'a pas tenu le sien. Si largement
qu'on en use aujourd'hui, cette doetrine, je la re--
pousse ; le délai, je' n'en ai pas besoin ; le serment,
1 je le refuse; .
Je sais les conséquences de ma résolution. Vingt-
: neuf ans et demi passés sous les drapeaux, trente-six
campagnes résultant de dix-huit années de guerre
, en Algérie,^de. mai 1830 à janvier 1848), quelques ser-
. vices,rendus Àla France sur la terre étrangère'et dans
, les fatales journées .dé juin 1848, services qui peut-
être ne sont pas encore oubliés, tout cela sera ré-
' duit à néant, je' serai rayé des contrôles de l'armée;
Une-fois de plus il'serà.constaté-que le gi-adé est &
la merci de l'arbitraire, de grade, la loi "dU : 19 mai
ï-1834 en avait fait le patrimoine; de: l'oflicier,; ilijie ,
pouvait se- perdre, que par un jugement de consell de
guerre. Cette loi- est foulée aux pieds par -un gou
vernement qui ne respecte ni les personnes ni la,
.propriété. • .
Ainsi, l'épée que j'avais' vouée au service de la.
France,' va m'être arrachée des-mains. Qu'en ferais-
je-sous un pareil gouvernement ? Mais si; à ce qu'à
Bieu ne plaise; - nos- frontières étaient inenacées, je
me hâterais de la reprendre -et» de -combattre pour
l'indépendance,nationalej Car^ l'histoire-me ;dit assez
qu'en présence des > périls suprêmes accumulés par
son -ambition, Jle despotisme n'exige- pas de serment
des hommes de cœ.ur qui marchent à la défensîe de
Jajjatrie. "
Signé : Général DE tA muricière.,
Voici le texte de l'arrêté que M. Fournier,
secrétaire généra^ exerçant les fonctions de
préfet des Bouclies-du-Rhône, a fait signi
fier le 1 i. de ce mois à la. Gazette, du Midi t
qui se publie à Marseille.:.
PRÉFECTURE DES BOUCHES-DU-RHONE. m
i . Extrait du registre des arrêtés 1-
- Nous, ,préfet des Bouches-du-Rhône; comman
deur de la Légion-d'Honneur, - . ' , .
, Vu les.artic|es publiés datis le jourpalla Gazette
du Midi',' npiamment celui inséré aù nu'Àiéro des
3 et 4 mai courànt, à l'occàsibn' du- eôriflit que
soulève; près le conseil cPEtat, l'affaire concernant
les biens de la famille d'Orléans, contenant ces
mots : .
« Tout doit.être fi^i de ce côté, prévenances po-
» .liti'ques aussi bierf qu'ass'istakee judiciltrë; une-
i» forcé irrésistible, qui a toute là 1 ptiKsànce de»
ùrrète ; du destin; mfet nu-ttTme'èt ce dernier épi-
:» sode des essais de rapproohement. Iltn'y a plus,
»> désormais, qu'àtlaisser lïpp.iiupn pulilique se
■ cueillir en silence, co'mmei geyment so.ùs jteà-e
» "les semences d'une'moisson encore înco'fin'de'.*»
; Vu' encore l'article ' l ihsérè''dàns"' ce " journal àu
■numërtf dë ce'joùr, 10 et■ 11 mal, reproduisant la
phrase suivante : ■■ : " •
, ;Faites biefl comprendre aux populations, que,
»si, le. prjpc%-Président a déclaré qu'il ne recoi)-
» "naissait qir un souverain en France ", lë peuple,
» le peuple; rdipnT^roifTJâ^tSUtiliërqu'il"n'existe
» pour la France qu'un seul, chef légitime, le prin-
» ce Louis-Napoléonf " 1
, Et dans lequel, imprimant en lettres italiques,
avec affectation, les mots Peuple et Légitime^eWt
manifesté l'intehtiou éVidènte : de' tourtier-en : >dérî-
siotf l'application de "ces deux inôW ;
Vt\,l'ar.ticle 32 du décret du 17 .février 1852?
' Corisidêtani : "
• Qiie, sans ténir compte des observations qii(
lui ont été faites récemment, le rédacteur-gérqj» '
du journal' la" Gazette du Midi et ses collatorii-
trigue, si mervéilleusetnent bâties suruae
pointe d'aiguillé, la';comédie de : genre etde
fantaisie,>qui nous la rendra?- " \
■ Autrefois on faisait du théâtre parce qu'on
avait de l'esprit et de l'insouciance, — je-ne
parle pas ;des-grandes» vocations. — Mainte-
nant^pn. fait des pièGes avan t tout par spécu
lation;* d'où tant-de tentatives féroces.Encore*
la spéculation n'est pas ce qui nbus menace le
plus; la vanité est plus à craindre. Le croiriez-
vous? Nôs théâtres■ fourmillent de gens d'u
ne espèce 1 nouvelle. Ragotin a fait des.pe-
tits. Quelle lignée! ô Phœbus Apolloii ! Ces
gens dont je parle sont nés avec une honnête
aisance; on leur,a donné de. l'éducation, et
ils n'ont pag d'état. Proprement mis, le
gousset toujours garni ,.rien ne leur serait
si facile que de rester iîiblfensîfs; ils pour
raient adroitement' dissimuler leur bêtise
native sous un air de bonhomie ; point. Ces
gens rêvent de'se créerune position dans les
lettres, de se faire auteurs. Noble ambition
en certains cas 1 On est riche , on est lettré,
les choses(i'art et d'intelligence attirent; quoi
de plus naturel quede se laisser aller à l'ins- *
pirationî La renommée est bien au-dessus
de l'opulence. Mais alors c'est à la pure
poésie; e'est aux grandes .œuvres que nos
heureux môrtels se consacrent ;• on com
prend même que quelques - uns entre
prennent de faire des tragédies ou des
poèmes épiques. L'intention est bonne, si
non l'œuvre du plus vif-intérêt. Mais, que
penser de cuistres qui, sous prétexte de vo-
catiori littéraire, et quand rien ne . les y
force, quand ils n'ont- pas la misère pour
excuse, quand ils ont le dîner et le gîte
assurés et peuvènt même faire une cer
taine figure dans un monda derïentiers, que
penser de créatures humaines au-dessus du
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