Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-05-12
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 12 mai 1852 12 mai 1852
Description : 1852/05/12 (Numéro 133). 1852/05/12 (Numéro 133).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
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1852.-MEBCUIÎDI 12SIAI.
Ut afynuiementdaitnt itt t* «< tg '
- fa [ ■ ^l/JOljjwAL' POLITIQUE, IilTTÉMIRË „•' UNIYERSÊL. '•* ' '
^Wrewer» îtasxcQf pour la rédaction, d M 'GocnEVAl-CuatisSï, rédàSteurttCihe.'i j (MtfakfineydanslesyiêpartemerUr eux Messageries «t aux IHrection&âepostti—A Londres/ thet MM* COWlt et ïit&l I _ S"adresser/ fraaco,po«»* f administration, a M. D knain, qirçcteur.
* ■«' te» article» déposé» '^a**eiyla4' " 1 " — A Strasèotirç,ckex ty, Àlï ^ANOBS, pour l'Allbmagne; | Le» annorioes sont reçues au bureau du journal; et chex M, PANIS, régisseur, H.plaçe de U Boum
.. ■' . ..HJ.fetabV >vt ■*.'■ r-'l -j, h , r -I ■ ïiM-til .-1 ; -i, T II !. ■ i' ry ■■'■ ,11 f ' ji'< 't 1. 'j <~< :.I inm r ,-l „ ..i _ } . . . - - _ ••. ■ -■ . ; ' ■ ' ' - '1 j, ' ' " ' - ~ ' ^ ^
l'Ait IS, 11, SIAÏV
Le droi t a besoin 4e Ja força-pour Se . faire
respecter ici-baâ, a dit liifer Ri. l'archevêque
de Paris; et, en trois mois,' il a merveilleu
sement-expliqiié le rôle des armées chez-les
nations civilisées. L'armée, c'est la force mi-
-se au service du droit, c'est la force intelli
gente et soumise, devenue une protection
pour tout ce qui est faible, pour tout ce qui
est digne de respect) pour tout ce qui est
cher et sacré à un peuple..
Nous entendons, tous les jours déclamer
contre les armées permanentes : on les repré
sente comme un fardeau inutile sous lequel
succombe la prospérité des nations; leur en
tretien épuise partout les ressources publi
ques ; on transformerait la face de l'Eu
rope, et on allégerait les Impôts de tous les
pays, si les peuples s'entendaient pour ne
plus garder sur pied ces immenses armées,
tjui sont l'instrument de leur ruine et dp
leur oppression. De tels discours; n'ont pro
duit nulle part le moindre effety parce que
les prétendus amis de la paix universelle
n'ont jamais pu dire comment le droit se fe
rait respecter, s'il se condamnait à une im
puissance volontaire, et comment s'établirait
et se conserveraU,sans les armées,cçttepaix
même dont ils se disent les'seuls.'apôtres. *
• Ministre d'une religiop de paix et de cha-
tité, d'une religion qui a horreur du sang,
M. l'archevêque de Paris n'envisage pas du
même œil que les sectaire» les armées per
manentes. L'admirable discours qu'il a pro
noncé avant la bénédiction des drapeaux' et
qui a si bien marqué 'le vrai' caractère de
.cette in.posante cérémonie, est .un hommage
au rôle utile et glorieux du soldat dans les
■sociétés 'humaines! La paix tsf le dessein de
ri u, mais la paix ne peut s'obtenir toujours
par lés voies pacifiques, il faut quelquefois
■la conquérir, et au milieu; des luttas gué
font naître les passions, «ïes.arméesVsont
dans la main de jpieu comme de pùissans
instrumens de pacification et d'ordre pu
blic. » ■ * . ' ' ' . "
Voilà pourquoi le métiér de soldat.Ji'tou?
jours été honoré, m.êmp çhez les^nations -les
'plus adonnées aux arts de la paix. Voilà
pourquoi tout peuple metson ariùéë au pïe-
toier rang des gloires bâti^bal^fojirqù^
jl s'enorgueillit d'elle et ne lai marchande
ni l'estime toi les louanges; L'armée n'est
|)as pôpr luî une tnàqifestatron;' de la force
dans ce qu'elle a'de plus tjutalet déplus ter
rible, «'est la personnification de la patrie
dans ce qu 'ellu a de plus énergique,. C'est le
boulevard de l'ili'lépendarice naiionale { c'est
je bras de la justice pt de l'ordre. L'armée re
présente à ses yeux la paix au-dehors et le
calme au-dedans. v, ' ! • : " £ " " J '•
Le prêtre et le soldat; dont la inission' sern :
ble si diflcrrnte, $e trouvent' 'donc Hrç ajj
fond les ouviiers de la même œuvre. ûù;4a
persuasion a échoué, la force intervient pour
empêcher lé droit de succomber; où la force
a fini sa tâche, l*homme de jpàix arrivopour
réconcilier et pour adoucir. Le prêtre et lft
soldat, comme,}'â ^ Wcn indiqué. M,, l'ar?
chevêque de Paris, sont placés l'un et l'attiré
sôtiS les lojs au'sfèrfB de la discipline. L'un
et l'autre sont soumis à «la même règléiq^i
est l'aceomplissem^nî du dëvoir^quePqu'U
puisse être : l'un et l'autre ont pour |oLfû-
prême de faire à leur mjss.iQn-je,sa orifice de
la-vie. C'est la fCowiaïunaqté «daflft tâcha ^ui
a fait la- comuiunauté flçà obligations. » ■ ■
Envisagée à son t vrai ppiuyde-yuèj.Ja f^te
. d'bitr, malgré soii* appafeil'jwûitajre^mal^
gré ses fanfares retentissantes, malgré les-sal-
ves du canon couvrant lii n'avait Tjen que de pacifique. Le tjrapeâu çs't,
pour le soldat, le sytnbole^e la règle et d#
la loi ; lui remettre son ■drapeau, c'est le fai
re souvenir ile : 'tous ses devoirs ; le lui rg-
meltre béni ..de la main du prêtre, .c'est lui
rappeler ,que 'fci^ù* donne *i, retire à son!
■gré la forcevparalyse les" puissans' et!
Jalt.triompher les faibles^et que ceux-.
Jà seuls, peuvent compter sur l'indisp^n-i
sablé' appui, d'en baut^ qui combattent 1
pour une bonne cause et'dans les Voire!
ade la justice. Or/la guerre n'est légitime que j
guaùd elle a pour but la cpnquête de la paix. \
Cette pensée qui a rempli le discours de *
l'archevêque de Paris, se retrouve aussi dans
4a courte allocution que le Président a adres
sée aux colonels réuuis,. « Iteprenez ces ai
gles,'a dit Louis-Napoléon aveeson boDheur
habituel d'expression,' non comme une me
nace contre lés étrangers/ mais comme le
eymbole de noire indépendance. » Si le chef
de l'Etat avait rassemblé hier 60,000 homiliés
dans le Champde Slars j s'il a fait promener au
tour d'un autel une Torêt de baïonnettes/Ce
îi'est pas pouF ranimer la fièvre guerrier» au
sein d'un peuple nainxollejneat belliqueux, ce
D 'est pas po^r enivrer encore une fois cette
nation de i'odeur de la poudre, ni pour jeter
un défi à' l'Europe; c'est pour affermir dan?
l'armée l'esprit dé discipline et l'amour de la
règle, c'est pour cimenter l'union des soldats
et des citoyens, c'est pour donner à la Frândè
la eoùscience de sa force; et pour inspirer à
ious ce respect d'un peuple qui demeur
rç fidèle à la paix, «t &e renferme dans .son
droit avec de telles ressources pour ïa guerre.
iSi, au milieu d« cet appareil guerrier; il
n'est sorti 'qu'une parole de p^f x de la bou
che du chef de l'État, reconnaissons qu'elle
rencontre un écho chez les peuples voisips.
On lira plus loinaVec une f atisfaction sans mé
lange les paroles qûe lepremier ministrcd'Aa-
gletcrrfea fait entendre au sein de lïlôlel-de-
Ville de Londres, ep présence de toute h diplo
matie européenne. Lord Derby ne s'est pas
borné à exprimer des vomjx pour le maintien
dé la paii du monde; il s'est plu à cons
tater la borne intelligence qui existe en-
ire ;U France «t l'Angleterre : il a procla-.
mé 1 l'esprit d'harmonie et de désintéres -
sepient ,qui animait les' gouvernemens des
deux pays, et leur désir de ponsolider par de
communs efforts \ïne'tranquillité qui profite
| tous les^euples.-L'ambasfeadeuî'. de Fran^
çe,,sciiai^é.de porter-:lâ parole au nom de
tous ses collègues, n'a pas. fait .'des'déclara- :
îions îïio|ns'' j cxplicites moins j-4ssur^iiitesi i
" "lié comte %alesfci n'a pas été seulement j
l'organe du gouyernemmt'français ; il a été '
celui de là'ffradèe^îjtjèré.' ;/'.r. ;
. Non,, ce, û'gstpas la guerre qu'il faut à la !
France, pas-phJS qu'à l'Eiiropé. îîous avonf '
àans"nos anûaîes assez de noms de victoires ;
àyc(jn«uccè6 ne.pourrait plus ajouter à la
gioire-àcquise par nos pères. Que d auires
chèrcbeni à s'illustrer jlans Jes"co|nbats, la
Ff.aflià est ^assa^iée de Vïowiphes .e^ d'ova
tions 1 : elle ne tirera .plusl epéte que le jour où
ôa voudra toucher à son honneur, pù l'on
voudraarrêlerles conquêtes pacifiques qu'él
is demande au génie des art» et de l'indus
trie.* 1 Cè qu'il faut à* là' France' , revenue
âes éblouiésemeris de là gloire , M. l'arche
vêque de Paris l'a dit hier, et nous ne «au
rions mieux Taire que* rap peler encore ses
pardles *: h C'est ïa'trauquillîté el l'ordre.fa-
p tiguée,-.de la'.Jisence, sans répudier' la li-
n berté/élle veut, se-repbser à l'ombre d'ub
» pouypir fort"et tulélaire. »' ; ;
; . .CUCHEVAL-CLAJIIGNT.
' 7 ' ppjs' CBEFS ARABES.
. Les chers arab.es qui sont venus efi Fràn-
ce, iou?ip. conduite du' colontil' du spahis
Dùrrieii, pour prendre part à la fête milir
tàire de là distribution : des aigles, ont été
fort rexdarqués par la population parisien^
ne. Leur hardiesse comme cavailiers, la ma
gnificence de leurs costumes, la beauté de
léurs^rmes, leur mâle physionomie éciairéè
par des yeux éticcejaus, la fierté -de .leur
tournure et de leur attitude, quand, la'ticés
"au galop, ils laissent flotter derrière, l plis de leurs burnous, ont ^attiré tous les
regar ^Si Leur politesse-exquise, leur gravité
pleine de ré^iwè hèlleur Mt pas valu un
-moindre' succès dans les .«aloos de l'Elysée
bu de là présideuce du Corps Législatif.
Cè succès à pii étonaer ceux qui çe fai
saient une idée de nos fonctionnaires indi
gènes d'après les cavaliers de l'Hippodrome,
pauvres diables qui n'avaient dans leur pays
que le rôle de mendians ou de saltim
banques. Quand on connaît l'Algérie, ob
sait, au contraire, à. quoi s'en' tenir pur
la noblesse militaire jet religieuse de ce
paye, qui rappelle, par sa libéralité, par
-l'éclat-de son existence,- pa'r l'empire qu'elle
«xerce autour d'elle, notre ancienne féoda
lité du temps des croisades,. Le chef arabe,
véritable roi de sa -Irijju,-peut en effet être
comparé ai^chevalierjiii. moyen-âge, tenant
une sorte de. pour au milieu de ses vasgaux,
toujours à cheval, amoureux du luxe de» vê
te mens, des armes, e{ obéi au moindre «igné
par ses bommeS''liges.*
Les chefs arabes qui se trouvent aujour
d'hui à Paris représentent la classe nombreu
se et de plus en plus méritante des fonction
naires indigènes qui jdnt éfp investis pa
nons de commandemèns importans, et qui
sesont-aisoQiés à notre .polit'Qjicv Ils ont été
choisis tout naturellement parmi les pluâ con
sidérables et les plus considérés! Plusieurs
d'entre eux cous ont d'abord combattus, et,
depuis leur soumission, nous ont rendu de
bons et loyaux services. D'autres appartien
nent à la jeune génération d'indigènes qui
ont vécu et grandi sous .notre domination,
qui se sont familiarisés avec nos institutions
et avec nos lois, et qui ont vu s'émousserà
notre - contact leurs; antipathies de race et
leurs préjugés religieux. Ces derniers nous
ont toujours été fideles, et l'on pepit'attribuer
en'grande partie à leur influence et à leur
exemple les progrès que nous avons faits
sur l'esprit de la population arabe.
1 La députatûm des fonctionnaires indigènes
de la province d'Alger,seçompûsé de six chefs
investis de commandemcns importans. Nous
indiquerons en quelques mots leur origine,
leur caractère, leurs services passés.' • -i
s " Bou^Alem-ben-Chejjf, quiVviènt de. rece
voir la eroijc d^officier dé la Légian-d'Hon-
jaeur dans la promotron.faitè à l'occasion de
la'"cérémonie des drapeaux,* est le ' bàclj-
aghàdes Djêndels. Il est né Wr le territoire
de cette puissante tribu, d'une des grandes
familles aristocratiques du pays, celle des
Ouled-Hafcre<îar. ! Sa naissance 'et son mérite
personnel lui avaient acq"ui§"beaucoup-d'em-
pire êur lés populations indigènes". Sa soir-
missioii date de 1842. Avant cette'époquré,
nous avions ^trouvé eti 'iur ùri adversairp
rpdputilile. Depuis fors® 'nous ri'awns;eu
qu'à nous louer de 5a fidélitéi C'est un hom
me plein d'activité-etd'intelligence; sesimr
mens.es' richesses et sa générosité lui ont
créé une fort nombreuse clientèle.
Bou-Medin est l'agba des Sbeab, l'une
des tribus les plus guerrières et lès plus re
muantes de là province d'Alger. Pour la
maintenir dans l'obéissance, il ne faut rieù
moins qu'un chef aussi capable et aussi fer
me que Bou-Mèdin.. Né parmi les douars
du.Sbeab, ayant une grande fortune et un
esprit très libéral, ilsaità merveille Suivre là
politique mêlée d'énergie et dé douceur 'né
cessaire pour conduire ses populations ara
bes. Cet agha est justement renommé pour
sa brayOure' f il a montré en mainte occa?
gipnde véritables qualités'miliUtires. Cfest
un. des plus intrépides cavaliers dan» ces
contrées où tout homme libre vit à cheval:
Si-ben-Ali-ben -Che r>f est un marabout
des Illoulu, l'une ci es cq h fédéra tion s kabyles
de la province d'Alger. Les Kabyles ,£pnt
soumis à deux infiuvnces : celle des nobles
et celle desprêtres ou maraboutSvGes derniers
surtout, quand une naissance illustre vient
.ajouter au mérite, d'une réputation de ?ainî
ietè, ont une àulorité presque sans- bornes^
, Tèrlteest la'sitqation dé" Si-ben-Alî-Chérif. T ou*
',ies les tribus de son commandement pntla plu^
grande vénération pour lui; Il est propriétaire
d'une zaouïa. Ou sait que dans la Kabylie le^
. zaouïas sont des, élablissemens -semi-reli^
gieux, semi-séculiers, qui servent à la foi^
de couvens pour les marabouts, d'école^
pour les lettres, d'hôtellerie pour les voya4
geurs et pour les pèlerins, et d'hôpitaux pour
-les malades. Chaque zaouïa est pour son prot
priétaire la source de revenus consid'érablés.
Si-ben-Ali-Chérif, qui tst fort riche, dépen
se la presque totalité de sa fortune.en au*
'mônes. Sa soumission est récente, mais il"
nous'a été fort utile dans les dernières expé
ditions de la Kabylie. Le voyage qu'il vient
de faire en France, et qui a vivement impresr
, éionné son imagination , aura une grande
influence sur l'espritdes montagnards lors d^
son retour en Algérie. •
s Si-Kagsem-ou-Kassy est le bach-agha du
'Çébaou. Nous avons souvent eu occasion
d'entretenir nos lecteurs de ce chef, qui
a joué un grand rôle dans les derniers
'événemens de la Kabylie. Son commande-
; ment embrasse^ toute la vallée duSebaou.
rtc'est-à-dire la plus grande partie des versans ;
. sud^lu, Djur' giquement contre les tentatives multipliées
du faux chérif conçu sous le nomdeBou-Ba-
gherla; 'nul n'a plus contribué à sa ruine.
Parmi les tribus qu'il gouverne, se trouve
celle des Flissa, dont la rébellion partielle,
d'après les instigatioLS de Bou-Bagherla, a
motivé la dernière expédition du général
'PéliBSierj Si-Kassem-ou-Kassy sort d'une
Jamille très ancienne et très influente de l'a
ristocratie militaire, laquelle, depuis long
temps, a exercé le commandement. C'est Un
thomme très actif et très, courageux, à qui
ros autorités supérieures ont accoirdé la plvs
geande confiance.
Si Sliman-Ben-Siam est hakem de la ville
de Alilianah; il est originaire d'une famille
d'Alger, alliée à celle d'Omar-Pacha. C'est
^ui qui a engagé un grand nombre d'babi-
•bitans de Milianah à se soumettre à notre
domination. -'Depuis lors, ses services ont été
constans : ajoutons qull à pris part à toutes
4es expéditions militaires qui se sont faites
-de ce côté. • 1
À ces chefs s'est joint Si Tahar-ould-May-
-din, qui commande au pays difficile et mon
tagneux des Beni-Sjiman, Si-TaJjar "est le
fière 3u khalifa Si-Mohammtd, dont nous
.avons annoncé récemment la mort pré mat u-,
rée et regrettable. Si-Tahar est issu d'une fa
mille de marabouts qui a un grand ascendants
,sur l'est de la province d'Alger. 11 est le-pro
priétaire d'une école célèbre, qui fournit.
;tous les tolbas (lettrés) du pays. Bien que!
très religieux, Si-Tahar est un homme do
progrès, qui aime nos institutions, .etqui ne
•néglige rien pour les introduire parmi les
siens. Il obéit à nos ordres avec une ponc-
tualilé et une docilité qui ,?on,t les traita dis-
tinctifcs de son caractère. . ^ ,
La province d'Oran est--représentée par
cinq cht fs arabes. . .
' Parmi eux, jQp, compte le neveu etléflïs;
du général Mustaphastot-Jjsmael, l'ennemi :
déclaré d'Abd-el:Kader, qui nous a si bien i
seryis?» la tête du fameux mjghrzejiîd^Gran,
et qui avait reçu des Arabes-le surnom de !
Mustapba- la-Vérité le plus 1 beau titre, as- :
isurément;, qui puisse être décernéi à un
indigène. Mustapha est mort sur le champ
de bataille, à l'âge de plus de quatre-vingts
ans. Sa famille devait être* adoptée par la
France. SÎ-Mohammed-ben-Hadri est' l'agha
en premier des EUttas. Il avait été successive
ment l'agha des DoUairs du Tiaret, du Tes-
sali et des Ouled-Sliman. La croix .fTofii^ i
çier d^ la Légion-d'fïonneur ïient de lui i
être accordée. Si-Mohammed-ben-Hadri est !
actuellement le chef de la famille des Behai-
tia>> la plus influente tt la plus accrédité^
parmi celles de ces contrées. G'estun homme
de -^"ente-cinq àns-environ. d' une grande fi j
"nesse d'esprit et d'iine inlelligence supénet^'
re, qui, dans la paix et dans la guerre, nou|
a été fort utile. C'est le digne neveu du gé-r
néral Mustapba-Benrlsmael. "
Mqhammed r ould - Musta pha - ben -Ismaej
est le fils du général Mustapha et d'un^
négresse. C'est un jeune homme de vingt*
trois ans dont on » remarqué la belle et
expressive physionomie. Adopté par la Fran*
ce, il a grandi sous nos yeux. Nous au4
rons toujours en lui, sinon un fQnction-
naire très remarquable par sa sagacité, du
moins un serviteur fidèle. ■ . '
Ismael-ould -él-TIadj-Mézary , agha de la
Yagoubia, est le fils de Eezary, qui, à 1$
mort du général Mustapha, a eu l'honneur
d'être appelé au commandement du maglm
zen d'Oran.' C'est un'jeune homme trè$
amoureux de luxe et dé plaisirs, qui go^té
volontiers les délices de notre civilisation, et
qui s'est toujours montré dévoué à notre
cause. C'est un de ceux qui attirent le pluî
les regards par la fierté de sa prestance et
par l'éclat de son costume. î ./ >,
Si-Mohammed-ben-Daoud ,a gha des Do uairs j
peut être .placé à la tête de cette généralioif
de Musulmans qui apprécientla justice et la
loyauté de notre administration. 11 en est de
même de Mohammed-ben-Mokhtar, agha des
Smelas. Occupant un poste difficile, : Ben-
Mokhtàr a toujours fait preuve d'un coura-j
ge déterminé, et il a été plusieurs fois blessé
en défendant notre drapeau.
Sept, chefs arabes ont été envoyés par là
province de Constantine ;
. Si-Aly-ben-Ba-Ahmed,.khalifades Haractas,
s'estrangé à notre domination presque aussi
tôt après la prise de Constantine. Il a suivi à
la tête de son goum les colonnes expédition-
naires qui ont amené la soumission des tribus
indigènes.Ses services lui ont valu le cordon
de commandeur de la Légion-d'Honneur. Ce
khalifa est accompagné de son- fils,- -Si-Mo-
hammed-el-Arbi. âgé de douzeans, qui est
déjà un excellent cavalier, et qui annonce
beaucoup dp vivacité et d'intelligence. ; ^
Si-Mo'ktar-bferi-Dekra, cald des^Ouled-Sel-
lem et des Ouled-Derradj, est le fils d'un
marabout très influent. Sa soumission re
monte au commandement du général Né
grier. Réunissant j comme, presque tous Jçs;
marabouts, le caractère religieux au mérite
militaire, il s'est sig.ialé .commè chef .d^,
goum. Il a contribué à la soumission des
Ouled-Soulihau,et,enl846, au fort d'une in
surrection, il a su maiuteuir daus i'obéis-
§ance les tribus qu'il gouverne, j ; s,
:■ Si-ben-Henni-ben-Boudlieaf, cail des Zul-
tnàs, a beaucoup d'au torité sur les tribus sà-î
bariennes des Ouled-Madhy «et desOuk-d--
Ndïls. Il avait été nommé par Abd-el-Kaderj
aglia du Hodna; mais il ne tarda pas à aban-;
donner le parti de l'émir pour embrasser Je;
nôtre,.et il est venu faire sa soumission en
tre les mains dugénéral Négrier. Depuis lors,
nous n'avons eu qu'à nous louer de sonéner
gie et ie son dévoûment. ;
Si-Lakd.ir-ben-MDkrani, caïd des Beni -i
Abbès, dUcend d'une famille illustre qui as
long-temps habité le Maroc et qui olfre cette;
particularité curieuse qu'elle se vante d'une
origine .commupe avec .la. maison française;
des Montmorency. D'après les.traditions, unî
des Montmorency aurait embrassé l'isla-,
misfne et aurait été adoii? au titre de
chérif ( parent du prophète ). Les Mo-
krani portent une croix dans leurs ar--
mes^ Quoi qu'il • en soitj cette famille s'est
fixée depuis long-temps dans la Medjanah,
èt elle commandait dans le pays sous les beys i
de Constantine. Le maréchal Valée avait re- !
,çu la soumission du père de Si-Lakdar, qu'il ;
-avait nommé khalifa de la Medjanah. Si-Lak-|
"daî", qui est le type de la race chevaleresque:
delà frontière saharienne, est fort honoré
parmi les tribus de la subdivision de Séti£
Si-Magoura-beû-Achour est le neveu du
célèbre Bou-A&fcas, cheikh du Ferdjouiah
^aT^îTBaBôtrrrBÔ'iPATO^Uï comman
de à douze trihus.importantes, nous a été
fort utile lors- de l'expédition de la petite
Kabylie, et son nom a figuré souvent dans
les-récits de cette campagne. La soumission
de cette famille, qui est l'une des premières
de la noblesse militaire de là Kabylie, date de
1838. Si-Magoura exerce les fonctions de
caïd duTelegmâ; un autre membre de l la
famille de Boj-Akkas est vei u en France
avec lui. C'est un autre neveu du cheik du
Ferdjouiah, Si-Ahmed-Krodja-ben-Achour,
qui prend June^ariAStiXÊAJ'administratiôn
de son oncle. / .
Si-Smaïl-Ben-Mseriy-Aly est le fils d'nn
chef qui nous a rendu, lie» plus signalés ser
vices. Si-Smaïl a été nommé, en'1850, cald
des Ouled-Abd-el-Nours. ' • : 1
Tel est le paggé'desxhefé'arabes qui vien
nent visiter la France," et'qui, après avoir vu
la richesse *de nos villes, la beauté de nos
campagnes, le nombre et la discipline de
. nos soldats, iront redire en Algérie la forese
et la grandeur de la France. La cérémonie
d'hier a dû surtout les frapper vivement. Ils
n'avaient aucune idée d'un tel déploiement de
forcés/Bien que notre armée en Algérie ait
présenté un effectif très considérable, ladissé-
mination de nos troupes n'a guère permis de
montrer sur un point plus de 10,000 hom
mes. La fête de }a distribution c[es aigles, en
faisant voir aux délégués des trois province
une armée de60,000 soldats, une cavalerie si
brillante, une si formidable artillerie» leur
fournira plus d'un argument quand, à leur
retour dans leurs foyers, des brpuillons ou des
fanatiques leur demanderont s'il faut obéir
à notre autorité et reconnaîtrelasuprématla
de notre civilisation: H enry C auvain. *
DEPECHE ELECTRIQUE.
""-'Londres, 10 mai.
Dans la séance de lachambre des cbœmuncs du
10 mai, M. d Israeli, chancelier de l'échiquier,
ayant fait une .motion qui avait pour objet de dis
poser des sièges parlementaires racans de Sudbury
et Saint-Albans,' M. Gladttone, >«n opposition à
cette motion ministérielle; a proposé- Perdre au
jour, fi ■ ' ' -■ - .i.
234 membres ont voté pour la motion ministé
rielle et 148'contre (c'est-à-^dire poi]r r jour proposé .pan Jd~_ûUidài9ne).. .MajoriL. , en
faveur du gouvernement. ;
- :Çe tésuHat est-.cons\déré comtofe. -équivalait à
un vote..de,confiance en faveur du.goijvernernent.
On lit dans le^Courrier du Havre dif -10
mai : ' ■ ' " ■ ■ " ■
i ,*•':< ■■ ■>
« La maile dé^ I'ideS-O 'cjdPDtales et du golfe
du Mexique, "en retàrtl ^êi/iement de trois jours ,
cette fais, «pst arrivée,. à i >ûrJ àvi iMedwdyj samedi
dernitr^ à Southamçtqn. * -, v
• « Le Hedwoy avait à bord 158 passitgors, et-én
espèces ou en poudre d'or -1,464,235 dollar-, pour
.compte d« divers, et 40,742 dollar# proyçpant du
dividende mexicain, ^
" »..fcar cette Voie,'nous avons des journaux rt
'côrrésponHances de la Martinique et de la Gua
deloupe du 17 avril, et de Cayenne dù n\Jis d«
mars. --——
» ,|ji.tranquillité Ja. plus. parfaite rdgnait à la
Martinique.l,a colonie est d&olée par on^" s/ehe-
j-esse ini^nnue jusqu'alors,, et dans rertaities par
ties on craiat, dans le sud particulièrement que
la récolte de 1853 ne m trouve gravement coub-
- promise; Au surplus* cette mème-sécheress^ payait
ne faire sentir dans toutes les. Antilles ; et,',à la
Guadeloupe l'eau «st si rare, bous écri^on, qu'«/i
a vendu à la Pointe-è-Pitre la danio-jeanne, #0 à
€0 centimes. . • , -
, » On nous écrit de la Martinique que, le ^
avril, à quatre heures quarante miuutes,.une se
cousse de tremblement de,-terre, dans la direction
de l'ouest à l'est, sVst fait sentir. Cette secousse a
été de peu de durée, et n'a produit, au moiu8;yi
ville, aucun accident. . s"
. » PU'sieura incendies ont éclaté à la Martini
que, niais tous du?, heureusement, au hasard,
x Nous avons sous les yeux le relevé «les expor
tations des denrées de la Guadeloupe du, IS' j&ifc-
vitj au 1". avril de cette année. Le chiffre des tx-
•portations, notamment en ce qui-concgrneie su
cre, a augmenté d'une manière 'importante. Ainsi;
au 1" avril 18S1, on n'avait exporté que 1,903,87a
FEUILLETON l)D CUNSTITUIIOXNÏÏj, 12 MAL
; ■ •),; ; -- J Ul> i >0^ ' !!?,..'• '
( j* '{*■?' /' ^
. ^ . SALON. J
. - ■ • i 1 » L •;! «4 1.'.
> >y. -r .ri
TiBLB &vx db OKttKK. —'MM. ïleissonnier, Fauvelet,
Tlassan, Châvétji Laton, Billotte, Peaoùs/ FerdAda
Lemud,'E«nVin, Armand Léleux, Courbet; ; i
11 s'est pjs rftre.d'entendre dire qu'aujour
d'hui 1« itilént dç peindra court les rnt;s,
Rien nè serait plus commun que l'habileté
technique, ;lafcience, du niétier. D'uu,autre
côié,'on se plaint assf? généralement de . la
disette dé pous tableaux ;.de sorte, .qu'avec
d'excfcllénç'ouvriers on n'aurait que des œu
vres raédiorres, ce qui, .certes, est un bien
singulier ; phénomène... £k;la viendrait r il
de te que tous. ariis,tes sachant -,.gi
bien pçmdre,. n'ont, pàr : pia)hrur, rien à
peindre, .et que toùtjj. teur habileté s'exerce
poiir ainsi dire à vide,, fatite ^le matière et
d'objet? Peut-ôtre. ll n'^st.que,trpp vrai que
l'art, en général, manque de direction pt
d'idées. C'est a,n mal dout il aouffrp depuis
deux où trois tiëcle^ et dont il ne se déli
vrera qûe par une métempsychose de la so
ciété et de l]é?prit ^humain. Il est donc tout
simple quis n'ayant rien de sérieux et d'm-
téres-sah'tfâ dire, il se livre À des divagations
puériles ou bizarres, et s'épuiseen effortscou-
vulsifs ahoutissaptà desavortemens.^laisçela
mèpie doit rendre fort suspe'ctecette habileté
pràtjqûelce.'alcnt d Vxécu tien qu 'on- supposé
si répandus. U'ortjinaire 3 la maiu,§uitrt?prjt
eninstrument dftcjle. tians l'art,le mécanisme
n'a jamais fhanqu^ à .l'expression de> la penr
sée; il .se complique, ^s'étend,.sp, simplifie,
se modifie c-a cept laçon^ #yec -elle^par t'Ue,
pour bllë. Là. fela4ion..de .l'ipée. et..de -sqn
mode 'penèible"de maûi fe«tationn'«st nul
ment arbitraireet fortuite; elle est immédiate
et néôepçijiç-e. De là vieutquelês proiçédéï tecli-
niques'dés maîtres, en tout genre> sontrigou-
rousement appropriés à l'esprit et au earac-
tèretparticuliers de leurs représentations; ils
en sont -les interprètes directs et même ex
clusifs. On ne. peut pas concevoir et sentir
comme Poussin ou Raphaël et peindre com
me Rubens ou Rembrandt. Par la même rai
son, on ne peut pas dire que l'un -soit plus
habile praticien que l'autre, ! puisque chacun
exprime- une pensée sous sa forme propre!
originale, eï, partant, incommunicable. Or.
s'il est vrai que le mécanisme est indissolu
blement lié £t fait corps avec l'idée et le sen
timent dans-l'œuvre d'art, comment ad
mettre qu'il puisa^être en progrès ou mê
me ne pas décliner lorsque la pensée, qui
est son r principe et «sa fîu, est notoirement
rabaissée, obscurcie, dévoyée , incertaine,
corrompue? La raison répugue à cette con
clusion. L'histoire également. La décadence
de l'art ^reco-romain se caractérise par la
dégradation parallèle du goût et de la prati
que; Lorsque l'idéal de la formeetde la beau-
lé humaines, réalisé d^ns les images des
dieux, n'eut plus de sens pour les hommes
ehrétiens, les sculpteurs du Bas-Empire ne
surent pluis faire de statues; ilsperdirent jus
qu'aux notions lespliis vulgaires des propor
tions et des formfs du corps humain. Les pein
tre», oubliant peu à peu toutes les lois de la
perspective-, du clair-obscur et du dessin, ne
produisirent plus que des figures de propor-
tionsétranges ,'Sansvieetsansrelief .Conrment
comprendre cette-inexpérience, cette mala
dresse dans la manipulation des matériaux
de Tari-, cette impuissance dans l'imitation
des objets les plus familiers, cette ignorance
des rpgles-les plus simples?» Ces artistes bar
bares avaient-ils donc-d'autres yeux, d'au
tres mains, d'autres compas que leurs ancê
tres?-Non-. Ils n'avaient plus le même esprit.
Il fallut des ^siècles pour que l'esprit nou-
yeau.,. prenant- peu a peu conscience de
lui-œême, «onçât un nouvel idéal, 1 et. Beri-
-tU le besoin de le réaliser; ét, ! àmë.«ure
•^uei«fe iSBUlimiat • s'èîMrtàt et- se'fortifia,
«adre^ ipratiqueidie^at ^pas ; -défaut atii
artistes; ils devinrent immédiatement très
habites; leur main sut écrire tout ce. que
l'esprit leur dicta. Ainsi, dans là période dè
barbarie, comme dans celle de r» uâibsauèe,
on voit la science pratique toujours subor
donnée et proportionnée à l'idée même de
l'art.
"Il y a donc lieu de'douter de ce talent
d'executiotij dè cette maëstrie pratique dout
on félicite'SQÙvent la géuénttion'des peintres
contem(jorainsj tout eu r. grettant qu'ils nè
sachent qu'en faire: Je ta s bien que, de
puis vingt ans, plus ou moins, Io niouver
ment tout idéaliste de l'école de David s'é-
tarit épuisé, la peinture est devenue, si l'on
nous passe le terme, plus pittoresque. Elle
a gagné ainsi quelque chose au point de
vue des qualités seusibles dé la couleur
et de l'effet. M;tis, sans compter qu'elle a in
contestablement perdu certaines qualités plus f
hautes, le progrès spécial dont elle se vante,
assi'Z marqué relativement au régime qui a
immédiatement précédé (quoique Gros et
Prudhou puisent très bien se souteniren pré
sence de n'importe quel praticien vivant) ne
l'est pas autant, si on la mesure.à l't-thelle
générak' de l'art.'La nouvelle école, qaelr
que nom ou sobriquet qu'on lui dontie, a
ues antécédens historiques; elle se rattache
plus ou moins directement, pir son es-
pritet par son goût, aux écoles vénitien-
né, flimandë,' espagnole, hollandaise: Ce
sont, £n effet, les maîtres de ces écoles qui
ont manié avec le plus de puissance l'é
lément pittoresque, et poussé lé plus loin la
recherche des effets sensibles de la couleur
et dé la lu mièrel C'est chez eux que l'exécu
tion en elle-même, la touche, le faire, ont
acquis des délicatesses et des raflinemens in-
flms: C'.est donc à . ces grands faisetirs d'aur-
trefois qu'il faudrait comparer les nôtres,
pé rapprochement ferait to mber de plusieurs
degrèB les totlo3 modernes qui passent pour
les plus fortes'eii ca gpnre. Qû'gn irfôtte'à
Côte d'tlri Rilbens de balle qualiïè'/ d'Uil Y?-
roïièse^du premier-R*tnbraudt ven(i, d^iâ
Osiade, d'un Terburg, d'un Ribeira, d'unVe»
lasquez, les morceaux les plus finsetlesplus
choisis de nos coloristes, etl'cn sera frappé,
si non surpris,, de l'extrême infériorité de
la façon. Mais laissons, Hubens, laissons
Rembrapdtiit les autres; oir ce n'est peut-
être pas de bonne guerre d'oppo?er des
dteux à de simples mortels. Ne sortons pas
de l'ecole française qui n.a pins de ces.dieux-
là. ^Lvons-nous parmi nos réalistes, dans le
mode grave, un bravo d'exécution de la for
ce de Valentin, c l, dans le mode tempéré, un
copisté de nature comme Chardin? Y â-t-ii
parmi laut de virtuoses de coloris et de tou
che, up fantaisiste commeWateau,"ou seule
ment, pour amoindrir la difficulté, comme
Detroy. comme Fragooard, comme Yauloo,?
L'habileté pratique dont ou parle si comr
plaisamment est donc très surfaite ; celte prér
tendue science technique n'est au fond
qu'une facilité banale d imitation, une sorte
de poncif d'exécution universel.» Les œuvres
de là peinture actuelle, considérées en masse,
semblables, aux produits de l'industrie fabri
qués en granl,. ont de l'apparence ; mais
manquent de solidité, de Qui, de véritable
perficdon : ét,lorsqu'on dit qu'aujourd'hui
tout le monde sait peindre, il l'ait l'i ntezidre
au même sens où l'on dit que tout le monde
sait écrire ou jouer du piano. :
Il y a cependant des exceptions ; elles sont
rares, très rares, et méritent d'autant d'être
signalées. Au salon actuel, on rencontre
quelques morceaux, — trois ou quatre, —
tùi, sans atteindre peut ètre à ce dernier
egré d'excellence et de perfection au r,delà!
duquel il n'y a plus rien à demander, en ap-
Îirochent pouriant de si près,, qu'on .doit, vu
e malheur des temp?, les tenir quittes de ce
qui peut y manquer encore.
Et d'abord, et eu première ligue, les trois
Mei§sounier.
M. Mcissounif f çst dans cette .période se
reine, et souvent bi;'ii courte, oià je t^'ent,
rUcns toute sa force, prend son'a^i' tUî èt «on
a-plomb définitif, sans avoir 'rleli perdu de
sa fleuret de son jet naturel. On peut dire.
en se plaçant par anticipation dans,l'avenir:
(car.il y aura uu avepjr), que ses trois .t^,-
bleaux'de. cette, au née. sont de son pieilltur
temps. On a si souyent, nous avons noua-'
même tant de fois, ici et .ailleurs , ai#-:
lysé et commenté le talent de M. Meis-
sonnier, qu'il ne nous resterait presque
rien à dire si nous ne voulions pas nous
répéter. C'est Ja. même sagacité, la même
profondeur d'observation, ; la même énergie
dans le caractère, le même cachet d'inlinte
individualisation, elçédofl, non moinsrare en
peinture quedans l'art d'ecrire, de la propriété
parfaitede, l'expression,du mot mis ensft place.
Les .figurPS de M. Meissonnier sont moins
remarquob'es encore par la vie et par l'^c--
tion, qui s'expriment par le geste et le mou
vement, que par la détermination profondé
ment caractéristique deTjndiyiflualité;;cha-
june a, comme " lt-s êtres naturels, «on type
spécifique qui la distingue et la classe. Suùs;
l'habit, au-delà et au dehors de l'a. tiou re
présentée et des autres circoustanc. s acci
dentelles, il y a l'homme.Ce sont de véritables "
créatures, laites .de rien, comme ,ctlies de
pieu, car l'art participe à sa manière à la
toute puissauce. Il ne leur manque qu'un
nom propre pour prendre daps la mémoire;
l'exifctence.. semi-historique di s héros des
poèiiieset des romaiiswCs serait encore .une.
reditè de remarquer l'habilité supérieure
de l'exécution de ces morceaux, où lare-;
cherche presque précieuse du détail ne nuit
en rien à. l'effet dé masse et d'ensemble,:
où la, touche est à la fois subtile et lai-
gp, spirituel^ et. forte, délicate et ferme,-,
.où la couleur, vraie, vigoureuse et sobrement
posée, n'est pps une.pqérile aniusetie pour
l'œil, mais l'auxiliaire intelligent de la ligne
cl de la forme. Avec mi peu plus de liberté
et de facilité daus le faire, il n'y aurait que
des différenpés, et plus de distance, entre un
^leissQnnitfr e), un Teitiurg où un MpIzu. .
Les cftrà^ùsjLiojis iNJt'i^0!iij}er,s,9nt
si simples et à un seiis'st elâirj qu'il n'esl pas
besoin de les décrire; la courte désignation
d,u livret en indique guffisapament jeç sujets,
qui s'expliquent d'ailleurs d'eux - mêmes,
L'Homme cjîioisisçaul son Epée est pejut-etrô
le mieux réussi tlef. trgure isolée, avec quelques accessoire^, mai?
,t;lle est excellente.. En général le talent.da
:M. tMeissoufiier grandi t d 'aulant plus, que
sa compo&itiop se réduit «t se simplifient
son-exécution est d'autant plus sûre, d'aûr
t^nt p|us..parfaite, qu'elle se condense £t£e
concentre dav;uitage, «Dans le.JeuneHomme
travaillant, iln!y a aussi qu'uueliguce, égf-
lem^rit.parfaite .diexpress.ion, èjt peinte g ra
vir; mais l'arrangement et l'effet dps objftk
qui l'entourent et qui entrent comme élé,-
mens essentiels dans la composition, ont ex?»
posé l'artiste à ,certaines diflicultés clé peirs;-
pectiye aérienne qu'4l ne surmoute pas tqii,-
jou es. Ce tableap, d'ailleurs, n'est J»as entiè
rement terminé. Les pravi sont deux person
nages associés à une action commune, à'est
la première fois, autant que nous pouvons
nous en souvenir,.que M, M ;issoqnier aborde
une véritable scène diamaiiqiié. Celle-ci .est
d'un caractère sombré et sidstre, énergi-
quement repdu. Quelle fleité d'allure dans
ces spadassins ! Avec quelle sa,v,mtc férocité ,
de meti(.r»ils serrent la poignée de leur èpéè
en attendant la .victiuie désignée à leurs
coups I Ils sont payé», et ils .vont exécuter
loyalement H consciencieusement iêur be
sogne. L'homme qui sortira de cette porte
aura reçu,..^vant même de les. apnrçevoir,
deux ou trois polices de fer dans ie, cœur;
après quoi ils essuieront leurs épées, qu'ils
remettront dans le fourreau, *t rel ou ru li
ront tranquillement, la tête haute,*l'air
hautain et querelleur, rendre compte à leujp
noble patron du succès de l'entrepriss et
recevoir leur salaire. Je reconnaîtrais voloft»
. tiers dans ces. flers à bras, ceux que Shakes
peare introduit' dans la première «cène dé
ftoam et $çmè ^es noms,de.Gjegorii>
#t de' San)gon.,, d^u^ ,J}Éay<$ appartenait
aux CajjuSets et toujours prêt? à e dégaineràa
nom de leur maître, n'importe contre qui et
VAXX&SS 2.'ÂBOÏÏW£BS35W*
*" t f •' * 1 ê
#aRI8 TïlI3ï£Sïftf •
BÉPillTEMÉîrè, 1® ï» t «- .;
CI» REMÉRO : 30 CKNTIMZ3.
t P6Ç* m?Aïs imuKOKM, w re^ortst
au tableau qui sera publié dans lejotjiiial,
les 10 e !5 dé cbSqtte poi*. ■
^ jf »' F. ^ > "'S, * *, • ff |
BUIIEIIE& T rua tte Taieim (f*aiat#«Sloyai),n* à©.
1852.-MEBCUIÎDI 12SIAI.
Ut afynuiementdaitnt itt t* «< tg '
- fa [ ■ ^l/JOljjwAL' POLITIQUE, IilTTÉMIRË „•' UNIYERSÊL. '•* ' '
^Wrewer» îtasxcQf pour la rédaction, d M 'GocnEVAl-CuatisSï, rédàSteurttCihe.'i j (MtfakfineydanslesyiêpartemerUr eux Messageries «t aux IHrection&âepostti—A Londres/ thet MM* COWlt et ïit&l I _ S"adresser/ fraaco,po«»* f administration, a M. D knain, qirçcteur.
* ■«' te» article» déposé» '^a**eiyla4' " 1 " — A Strasèotirç,ckex ty, Àlï ^ANOBS, pour l'Allbmagne; | Le» annorioes sont reçues au bureau du journal; et chex M, PANIS, régisseur, H.plaçe de U Boum
.. ■' . ..HJ.fetabV >vt ■*.'■ r-'l -j, h , r -I ■ ïiM-til .-1 ; -i, T II !. ■ i' ry ■■'■ ,11 f ' ji'< 't 1. 'j <~< :.I inm r ,-l „ ..i _ } . . . - - _ ••. ■ -■ . ; ' ■ ' ' - '1 j, ' ' " ' - ~ ' ^ ^
l'Ait IS, 11, SIAÏV
Le droi t a besoin 4e Ja força-pour Se . faire
respecter ici-baâ, a dit liifer Ri. l'archevêque
de Paris; et, en trois mois,' il a merveilleu
sement-expliqiié le rôle des armées chez-les
nations civilisées. L'armée, c'est la force mi-
-se au service du droit, c'est la force intelli
gente et soumise, devenue une protection
pour tout ce qui est faible, pour tout ce qui
est digne de respect) pour tout ce qui est
cher et sacré à un peuple..
Nous entendons, tous les jours déclamer
contre les armées permanentes : on les repré
sente comme un fardeau inutile sous lequel
succombe la prospérité des nations; leur en
tretien épuise partout les ressources publi
ques ; on transformerait la face de l'Eu
rope, et on allégerait les Impôts de tous les
pays, si les peuples s'entendaient pour ne
plus garder sur pied ces immenses armées,
tjui sont l'instrument de leur ruine et dp
leur oppression. De tels discours; n'ont pro
duit nulle part le moindre effety parce que
les prétendus amis de la paix universelle
n'ont jamais pu dire comment le droit se fe
rait respecter, s'il se condamnait à une im
puissance volontaire, et comment s'établirait
et se conserveraU,sans les armées,cçttepaix
même dont ils se disent les'seuls.'apôtres. *
• Ministre d'une religiop de paix et de cha-
tité, d'une religion qui a horreur du sang,
M. l'archevêque de Paris n'envisage pas du
même œil que les sectaire» les armées per
manentes. L'admirable discours qu'il a pro
noncé avant la bénédiction des drapeaux' et
qui a si bien marqué 'le vrai' caractère de
.cette in.posante cérémonie, est .un hommage
au rôle utile et glorieux du soldat dans les
■sociétés 'humaines! La paix tsf le dessein de
ri u, mais la paix ne peut s'obtenir toujours
par lés voies pacifiques, il faut quelquefois
■la conquérir, et au milieu; des luttas gué
font naître les passions, «ïes.arméesVsont
dans la main de jpieu comme de pùissans
instrumens de pacification et d'ordre pu
blic. » ■ * . ' ' ' . "
Voilà pourquoi le métiér de soldat.Ji'tou?
jours été honoré, m.êmp çhez les^nations -les
'plus adonnées aux arts de la paix. Voilà
pourquoi tout peuple metson ariùéë au pïe-
toier rang des gloires bâti^bal^fojirqù^
jl s'enorgueillit d'elle et ne lai marchande
ni l'estime toi les louanges; L'armée n'est
|)as pôpr luî une tnàqifestatron;' de la force
dans ce qu'elle a'de plus tjutalet déplus ter
rible, «'est la personnification de la patrie
dans ce qu 'ellu a de plus énergique,. C'est le
boulevard de l'ili'lépendarice naiionale { c'est
je bras de la justice pt de l'ordre. L'armée re
présente à ses yeux la paix au-dehors et le
calme au-dedans. v, ' ! • : " £ " " J '•
Le prêtre et le soldat; dont la inission' sern :
ble si diflcrrnte, $e trouvent' 'donc Hrç ajj
fond les ouviiers de la même œuvre. ûù;4a
persuasion a échoué, la force intervient pour
empêcher lé droit de succomber; où la force
a fini sa tâche, l*homme de jpàix arrivopour
réconcilier et pour adoucir. Le prêtre et lft
soldat, comme,}'â ^ Wcn indiqué. M,, l'ar?
chevêque de Paris, sont placés l'un et l'attiré
sôtiS les lojs au'sfèrfB de la discipline. L'un
et l'autre sont soumis à «la même règléiq^i
est l'aceomplissem^nî du dëvoir^quePqu'U
puisse être : l'un et l'autre ont pour |oLfû-
prême de faire à leur mjss.iQn-je,sa orifice de
la-vie. C'est la fCowiaïunaqté «daflft tâcha ^ui
a fait la- comuiunauté flçà obligations. » ■ ■
Envisagée à son t vrai ppiuyde-yuèj.Ja f^te
. d'bitr, malgré soii* appafeil'jwûitajre^mal^
gré ses fanfares retentissantes, malgré les-sal-
ves du canon couvrant lii
pour le soldat, le sytnbole^e la règle et d#
la loi ; lui remettre son ■drapeau, c'est le fai
re souvenir ile : 'tous ses devoirs ; le lui rg-
meltre béni ..de la main du prêtre, .c'est lui
rappeler ,que 'fci^ù* donne *i, retire à son!
■gré la forcevparalyse les" puissans' et!
Jalt.triompher les faibles^et que ceux-.
Jà seuls, peuvent compter sur l'indisp^n-i
sablé' appui, d'en baut^ qui combattent 1
pour une bonne cause et'dans les Voire!
ade la justice. Or/la guerre n'est légitime que j
guaùd elle a pour but la cpnquête de la paix. \
Cette pensée qui a rempli le discours de *
l'archevêque de Paris, se retrouve aussi dans
4a courte allocution que le Président a adres
sée aux colonels réuuis,. « Iteprenez ces ai
gles,'a dit Louis-Napoléon aveeson boDheur
habituel d'expression,' non comme une me
nace contre lés étrangers/ mais comme le
eymbole de noire indépendance. » Si le chef
de l'Etat avait rassemblé hier 60,000 homiliés
dans le Champde Slars j s'il a fait promener au
tour d'un autel une Torêt de baïonnettes/Ce
îi'est pas pouF ranimer la fièvre guerrier» au
sein d'un peuple nainxollejneat belliqueux, ce
D 'est pas po^r enivrer encore une fois cette
nation de i'odeur de la poudre, ni pour jeter
un défi à' l'Europe; c'est pour affermir dan?
l'armée l'esprit dé discipline et l'amour de la
règle, c'est pour cimenter l'union des soldats
et des citoyens, c'est pour donner à la Frândè
la eoùscience de sa force; et pour inspirer à
ious ce respect d'un peuple qui demeur
rç fidèle à la paix, «t &e renferme dans .son
droit avec de telles ressources pour ïa guerre.
iSi, au milieu d« cet appareil guerrier; il
n'est sorti 'qu'une parole de p^f x de la bou
che du chef de l'État, reconnaissons qu'elle
rencontre un écho chez les peuples voisips.
On lira plus loinaVec une f atisfaction sans mé
lange les paroles qûe lepremier ministrcd'Aa-
gletcrrfea fait entendre au sein de lïlôlel-de-
Ville de Londres, ep présence de toute h diplo
matie européenne. Lord Derby ne s'est pas
borné à exprimer des vomjx pour le maintien
dé la paii du monde; il s'est plu à cons
tater la borne intelligence qui existe en-
ire ;U France «t l'Angleterre : il a procla-.
mé 1 l'esprit d'harmonie et de désintéres -
sepient ,qui animait les' gouvernemens des
deux pays, et leur désir de ponsolider par de
communs efforts \ïne'tranquillité qui profite
| tous les^euples.-L'ambasfeadeuî'. de Fran^
çe,,sciiai^é.de porter-:lâ parole au nom de
tous ses collègues, n'a pas. fait .'des'déclara- :
îions îïio|ns'' j cxplicites moins j-4ssur^iiitesi i
" "lié comte %alesfci n'a pas été seulement j
l'organe du gouyernemmt'français ; il a été '
celui de là'ffradèe^îjtjèré.' ;/'.r. ;
. Non,, ce, û'gstpas la guerre qu'il faut à la !
France, pas-phJS qu'à l'Eiiropé. îîous avonf '
àans"nos anûaîes assez de noms de victoires ;
àyc(jn«uccè6 ne.pourrait plus ajouter à la
gioire-àcquise par nos pères. Que d auires
chèrcbeni à s'illustrer jlans Jes"co|nbats, la
Ff.aflià est ^assa^iée de Vïowiphes .e^ d'ova
tions 1 : elle ne tirera .plusl epéte que le jour où
ôa voudra toucher à son honneur, pù l'on
voudraarrêlerles conquêtes pacifiques qu'él
is demande au génie des art» et de l'indus
trie.* 1 Cè qu'il faut à* là' France' , revenue
âes éblouiésemeris de là gloire , M. l'arche
vêque de Paris l'a dit hier, et nous ne «au
rions mieux Taire que* rap peler encore ses
pardles *: h C'est ïa'trauquillîté el l'ordre.fa-
p tiguée,-.de la'.Jisence, sans répudier' la li-
n berté/élle veut, se-repbser à l'ombre d'ub
» pouypir fort"et tulélaire. »' ; ;
; . .CUCHEVAL-CLAJIIGNT.
' 7 ' ppjs' CBEFS ARABES.
. Les chers arab.es qui sont venus efi Fràn-
ce, iou?ip. conduite du' colontil' du spahis
Dùrrieii, pour prendre part à la fête milir
tàire de là distribution : des aigles, ont été
fort rexdarqués par la population parisien^
ne. Leur hardiesse comme cavailiers, la ma
gnificence de leurs costumes, la beauté de
léurs^rmes, leur mâle physionomie éciairéè
par des yeux éticcejaus, la fierté -de .leur
tournure et de leur attitude, quand, la'ticés
"au galop, ils laissent flotter derrière, l
regar ^Si Leur politesse-exquise, leur gravité
pleine de ré^iwè hèlleur Mt pas valu un
-moindre' succès dans les .«aloos de l'Elysée
bu de là présideuce du Corps Législatif.
Cè succès à pii étonaer ceux qui çe fai
saient une idée de nos fonctionnaires indi
gènes d'après les cavaliers de l'Hippodrome,
pauvres diables qui n'avaient dans leur pays
que le rôle de mendians ou de saltim
banques. Quand on connaît l'Algérie, ob
sait, au contraire, à. quoi s'en' tenir pur
la noblesse militaire jet religieuse de ce
paye, qui rappelle, par sa libéralité, par
-l'éclat-de son existence,- pa'r l'empire qu'elle
«xerce autour d'elle, notre ancienne féoda
lité du temps des croisades,. Le chef arabe,
véritable roi de sa -Irijju,-peut en effet être
comparé ai^chevalierjiii. moyen-âge, tenant
une sorte de. pour au milieu de ses vasgaux,
toujours à cheval, amoureux du luxe de» vê
te mens, des armes, e{ obéi au moindre «igné
par ses bommeS''liges.*
Les chefs arabes qui se trouvent aujour
d'hui à Paris représentent la classe nombreu
se et de plus en plus méritante des fonction
naires indigènes qui jdnt éfp investis pa
nons de commandemèns importans, et qui
sesont-aisoQiés à notre .polit'Qjicv Ils ont été
choisis tout naturellement parmi les pluâ con
sidérables et les plus considérés! Plusieurs
d'entre eux cous ont d'abord combattus, et,
depuis leur soumission, nous ont rendu de
bons et loyaux services. D'autres appartien
nent à la jeune génération d'indigènes qui
ont vécu et grandi sous .notre domination,
qui se sont familiarisés avec nos institutions
et avec nos lois, et qui ont vu s'émousserà
notre - contact leurs; antipathies de race et
leurs préjugés religieux. Ces derniers nous
ont toujours été fideles, et l'on pepit'attribuer
en'grande partie à leur influence et à leur
exemple les progrès que nous avons faits
sur l'esprit de la population arabe.
1 La députatûm des fonctionnaires indigènes
de la province d'Alger,seçompûsé de six chefs
investis de commandemcns importans. Nous
indiquerons en quelques mots leur origine,
leur caractère, leurs services passés.' • -i
s " Bou^Alem-ben-Chejjf, quiVviènt de. rece
voir la eroijc d^officier dé la Légian-d'Hon-
jaeur dans la promotron.faitè à l'occasion de
la'"cérémonie des drapeaux,* est le ' bàclj-
aghàdes Djêndels. Il est né Wr le territoire
de cette puissante tribu, d'une des grandes
familles aristocratiques du pays, celle des
Ouled-Hafcre<îar. ! Sa naissance 'et son mérite
personnel lui avaient acq"ui§"beaucoup-d'em-
pire êur lés populations indigènes". Sa soir-
missioii date de 1842. Avant cette'époquré,
nous avions ^trouvé eti 'iur ùri adversairp
rpdputilile. Depuis fors® 'nous ri'awns;eu
qu'à nous louer de 5a fidélitéi C'est un hom
me plein d'activité-etd'intelligence; sesimr
mens.es' richesses et sa générosité lui ont
créé une fort nombreuse clientèle.
Bou-Medin est l'agba des Sbeab, l'une
des tribus les plus guerrières et lès plus re
muantes de là province d'Alger. Pour la
maintenir dans l'obéissance, il ne faut rieù
moins qu'un chef aussi capable et aussi fer
me que Bou-Mèdin.. Né parmi les douars
du.Sbeab, ayant une grande fortune et un
esprit très libéral, ilsaità merveille Suivre là
politique mêlée d'énergie et dé douceur 'né
cessaire pour conduire ses populations ara
bes. Cet agha est justement renommé pour
sa brayOure' f il a montré en mainte occa?
gipnde véritables qualités'miliUtires. Cfest
un. des plus intrépides cavaliers dan» ces
contrées où tout homme libre vit à cheval:
Si-ben-Ali-ben -Che r>f est un marabout
des Illoulu, l'une ci es cq h fédéra tion s kabyles
de la province d'Alger. Les Kabyles ,£pnt
soumis à deux infiuvnces : celle des nobles
et celle desprêtres ou maraboutSvGes derniers
surtout, quand une naissance illustre vient
.ajouter au mérite, d'une réputation de ?ainî
ietè, ont une àulorité presque sans- bornes^
, Tèrlteest la'sitqation dé" Si-ben-Alî-Chérif. T ou*
',ies les tribus de son commandement pntla plu^
grande vénération pour lui; Il est propriétaire
d'une zaouïa. Ou sait que dans la Kabylie le^
. zaouïas sont des, élablissemens -semi-reli^
gieux, semi-séculiers, qui servent à la foi^
de couvens pour les marabouts, d'école^
pour les lettres, d'hôtellerie pour les voya4
geurs et pour les pèlerins, et d'hôpitaux pour
-les malades. Chaque zaouïa est pour son prot
priétaire la source de revenus consid'érablés.
Si-ben-Ali-Chérif, qui tst fort riche, dépen
se la presque totalité de sa fortune.en au*
'mônes. Sa soumission est récente, mais il"
nous'a été fort utile dans les dernières expé
ditions de la Kabylie. Le voyage qu'il vient
de faire en France, et qui a vivement impresr
, éionné son imagination , aura une grande
influence sur l'espritdes montagnards lors d^
son retour en Algérie. •
s Si-Kagsem-ou-Kassy est le bach-agha du
'Çébaou. Nous avons souvent eu occasion
d'entretenir nos lecteurs de ce chef, qui
a joué un grand rôle dans les derniers
'événemens de la Kabylie. Son commande-
; ment embrasse^ toute la vallée duSebaou.
rtc'est-à-dire la plus grande partie des versans ;
. sud^lu, Djur
du faux chérif conçu sous le nomdeBou-Ba-
gherla; 'nul n'a plus contribué à sa ruine.
Parmi les tribus qu'il gouverne, se trouve
celle des Flissa, dont la rébellion partielle,
d'après les instigatioLS de Bou-Bagherla, a
motivé la dernière expédition du général
'PéliBSierj Si-Kassem-ou-Kassy sort d'une
Jamille très ancienne et très influente de l'a
ristocratie militaire, laquelle, depuis long
temps, a exercé le commandement. C'est Un
thomme très actif et très, courageux, à qui
ros autorités supérieures ont accoirdé la plvs
geande confiance.
Si Sliman-Ben-Siam est hakem de la ville
de Alilianah; il est originaire d'une famille
d'Alger, alliée à celle d'Omar-Pacha. C'est
^ui qui a engagé un grand nombre d'babi-
•bitans de Milianah à se soumettre à notre
domination. -'Depuis lors, ses services ont été
constans : ajoutons qull à pris part à toutes
4es expéditions militaires qui se sont faites
-de ce côté. • 1
À ces chefs s'est joint Si Tahar-ould-May-
-din, qui commande au pays difficile et mon
tagneux des Beni-Sjiman, Si-TaJjar "est le
fière 3u khalifa Si-Mohammtd, dont nous
.avons annoncé récemment la mort pré mat u-,
rée et regrettable. Si-Tahar est issu d'une fa
mille de marabouts qui a un grand ascendants
,sur l'est de la province d'Alger. 11 est le-pro
priétaire d'une école célèbre, qui fournit.
;tous les tolbas (lettrés) du pays. Bien que!
très religieux, Si-Tahar est un homme do
progrès, qui aime nos institutions, .etqui ne
•néglige rien pour les introduire parmi les
siens. Il obéit à nos ordres avec une ponc-
tualilé et une docilité qui ,?on,t les traita dis-
tinctifcs de son caractère. . ^ ,
La province d'Oran est--représentée par
cinq cht fs arabes. . .
' Parmi eux, jQp, compte le neveu etléflïs;
du général Mustaphastot-Jjsmael, l'ennemi :
déclaré d'Abd-el:Kader, qui nous a si bien i
seryis?» la tête du fameux mjghrzejiîd^Gran,
et qui avait reçu des Arabes-le surnom de !
Mustapba- la-Vérité le plus 1 beau titre, as- :
isurément;, qui puisse être décernéi à un
indigène. Mustapha est mort sur le champ
de bataille, à l'âge de plus de quatre-vingts
ans. Sa famille devait être* adoptée par la
France. SÎ-Mohammed-ben-Hadri est' l'agha
en premier des EUttas. Il avait été successive
ment l'agha des DoUairs du Tiaret, du Tes-
sali et des Ouled-Sliman. La croix .fTofii^ i
çier d^ la Légion-d'fïonneur ïient de lui i
être accordée. Si-Mohammed-ben-Hadri est !
actuellement le chef de la famille des Behai-
tia>> la plus influente tt la plus accrédité^
parmi celles de ces contrées. G'estun homme
de -^"ente-cinq àns-environ. d' une grande fi j
"nesse d'esprit et d'iine inlelligence supénet^'
re, qui, dans la paix et dans la guerre, nou|
a été fort utile. C'est le digne neveu du gé-r
néral Mustapba-Benrlsmael. "
Mqhammed r ould - Musta pha - ben -Ismaej
est le fils du général Mustapha et d'un^
négresse. C'est un jeune homme de vingt*
trois ans dont on » remarqué la belle et
expressive physionomie. Adopté par la Fran*
ce, il a grandi sous nos yeux. Nous au4
rons toujours en lui, sinon un fQnction-
naire très remarquable par sa sagacité, du
moins un serviteur fidèle. ■ . '
Ismael-ould -él-TIadj-Mézary , agha de la
Yagoubia, est le fils de Eezary, qui, à 1$
mort du général Mustapha, a eu l'honneur
d'être appelé au commandement du maglm
zen d'Oran.' C'est un'jeune homme trè$
amoureux de luxe et dé plaisirs, qui go^té
volontiers les délices de notre civilisation, et
qui s'est toujours montré dévoué à notre
cause. C'est un de ceux qui attirent le pluî
les regards par la fierté de sa prestance et
par l'éclat de son costume. î ./ >,
Si-Mohammed-ben-Daoud ,a gha des Do uairs j
peut être .placé à la tête de cette généralioif
de Musulmans qui apprécientla justice et la
loyauté de notre administration. 11 en est de
même de Mohammed-ben-Mokhtar, agha des
Smelas. Occupant un poste difficile, : Ben-
Mokhtàr a toujours fait preuve d'un coura-j
ge déterminé, et il a été plusieurs fois blessé
en défendant notre drapeau.
Sept, chefs arabes ont été envoyés par là
province de Constantine ;
. Si-Aly-ben-Ba-Ahmed,.khalifades Haractas,
s'estrangé à notre domination presque aussi
tôt après la prise de Constantine. Il a suivi à
la tête de son goum les colonnes expédition-
naires qui ont amené la soumission des tribus
indigènes.Ses services lui ont valu le cordon
de commandeur de la Légion-d'Honneur. Ce
khalifa est accompagné de son- fils,- -Si-Mo-
hammed-el-Arbi. âgé de douzeans, qui est
déjà un excellent cavalier, et qui annonce
beaucoup dp vivacité et d'intelligence. ; ^
Si-Mo'ktar-bferi-Dekra, cald des^Ouled-Sel-
lem et des Ouled-Derradj, est le fils d'un
marabout très influent. Sa soumission re
monte au commandement du général Né
grier. Réunissant j comme, presque tous Jçs;
marabouts, le caractère religieux au mérite
militaire, il s'est sig.ialé .commè chef .d^,
goum. Il a contribué à la soumission des
Ouled-Soulihau,et,enl846, au fort d'une in
surrection, il a su maiuteuir daus i'obéis-
§ance les tribus qu'il gouverne, j ; s,
:■ Si-ben-Henni-ben-Boudlieaf, cail des Zul-
tnàs, a beaucoup d'au torité sur les tribus sà-î
bariennes des Ouled-Madhy «et desOuk-d--
Ndïls. Il avait été nommé par Abd-el-Kaderj
aglia du Hodna; mais il ne tarda pas à aban-;
donner le parti de l'émir pour embrasser Je;
nôtre,.et il est venu faire sa soumission en
tre les mains dugénéral Négrier. Depuis lors,
nous n'avons eu qu'à nous louer de sonéner
gie et ie son dévoûment. ;
Si-Lakd.ir-ben-MDkrani, caïd des Beni -i
Abbès, dUcend d'une famille illustre qui as
long-temps habité le Maroc et qui olfre cette;
particularité curieuse qu'elle se vante d'une
origine .commupe avec .la. maison française;
des Montmorency. D'après les.traditions, unî
des Montmorency aurait embrassé l'isla-,
misfne et aurait été adoii? au titre de
chérif ( parent du prophète ). Les Mo-
krani portent une croix dans leurs ar--
mes^ Quoi qu'il • en soitj cette famille s'est
fixée depuis long-temps dans la Medjanah,
èt elle commandait dans le pays sous les beys i
de Constantine. Le maréchal Valée avait re- !
,çu la soumission du père de Si-Lakdar, qu'il ;
-avait nommé khalifa de la Medjanah. Si-Lak-|
"daî", qui est le type de la race chevaleresque:
delà frontière saharienne, est fort honoré
parmi les tribus de la subdivision de Séti£
Si-Magoura-beû-Achour est le neveu du
célèbre Bou-A&fcas, cheikh du Ferdjouiah
^aT^îTBaBôtrrrBÔ'iPATO^Uï comman
de à douze trihus.importantes, nous a été
fort utile lors- de l'expédition de la petite
Kabylie, et son nom a figuré souvent dans
les-récits de cette campagne. La soumission
de cette famille, qui est l'une des premières
de la noblesse militaire de là Kabylie, date de
1838. Si-Magoura exerce les fonctions de
caïd duTelegmâ; un autre membre de l la
famille de Boj-Akkas est vei u en France
avec lui. C'est un autre neveu du cheik du
Ferdjouiah, Si-Ahmed-Krodja-ben-Achour,
qui prend June^ariAStiXÊAJ'administratiôn
de son oncle. / .
Si-Smaïl-Ben-Mseriy-Aly est le fils d'nn
chef qui nous a rendu, lie» plus signalés ser
vices. Si-Smaïl a été nommé, en'1850, cald
des Ouled-Abd-el-Nours. ' • : 1
Tel est le paggé'desxhefé'arabes qui vien
nent visiter la France," et'qui, après avoir vu
la richesse *de nos villes, la beauté de nos
campagnes, le nombre et la discipline de
. nos soldats, iront redire en Algérie la forese
et la grandeur de la France. La cérémonie
d'hier a dû surtout les frapper vivement. Ils
n'avaient aucune idée d'un tel déploiement de
forcés/Bien que notre armée en Algérie ait
présenté un effectif très considérable, ladissé-
mination de nos troupes n'a guère permis de
montrer sur un point plus de 10,000 hom
mes. La fête de }a distribution c[es aigles, en
faisant voir aux délégués des trois province
une armée de60,000 soldats, une cavalerie si
brillante, une si formidable artillerie» leur
fournira plus d'un argument quand, à leur
retour dans leurs foyers, des brpuillons ou des
fanatiques leur demanderont s'il faut obéir
à notre autorité et reconnaîtrelasuprématla
de notre civilisation: H enry C auvain. *
DEPECHE ELECTRIQUE.
""-'Londres, 10 mai.
Dans la séance de lachambre des cbœmuncs du
10 mai, M. d Israeli, chancelier de l'échiquier,
ayant fait une .motion qui avait pour objet de dis
poser des sièges parlementaires racans de Sudbury
et Saint-Albans,' M. Gladttone, >«n opposition à
cette motion ministérielle; a proposé- Perdre au
jour, fi ■ ' ' -■ - .i.
234 membres ont voté pour la motion ministé
rielle et 148'contre (c'est-à-^dire poi]r r
faveur du gouvernement. ;
- :Çe tésuHat est-.cons\déré comtofe. -équivalait à
un vote..de,confiance en faveur du.goijvernernent.
On lit dans le^Courrier du Havre dif -10
mai : ' ■ ' " ■ ■ " ■
i ,*•':< ■■ ■>
« La maile dé^ I'ideS-O 'cjdPDtales et du golfe
du Mexique, "en retàrtl ^êi/iement de trois jours ,
cette fais, «pst arrivée,. à i >ûrJ àvi iMedwdyj samedi
dernitr^ à Southamçtqn. * -, v
• « Le Hedwoy avait à bord 158 passitgors, et-én
espèces ou en poudre d'or -1,464,235 dollar-, pour
.compte d« divers, et 40,742 dollar# proyçpant du
dividende mexicain, ^
" »..fcar cette Voie,'nous avons des journaux rt
'côrrésponHances de la Martinique et de la Gua
deloupe du 17 avril, et de Cayenne dù n\Jis d«
mars. --——
» ,|ji.tranquillité Ja. plus. parfaite rdgnait à la
Martinique.l,a colonie est d&olée par on^" s/ehe-
j-esse ini^nnue jusqu'alors,, et dans rertaities par
ties on craiat, dans le sud particulièrement que
la récolte de 1853 ne m trouve gravement coub-
- promise; Au surplus* cette mème-sécheress^ payait
ne faire sentir dans toutes les. Antilles ; et,',à la
Guadeloupe l'eau «st si rare, bous écri^on, qu'«/i
a vendu à la Pointe-è-Pitre la danio-jeanne, #0 à
€0 centimes. . • , -
, » On nous écrit de la Martinique que, le ^
avril, à quatre heures quarante miuutes,.une se
cousse de tremblement de,-terre, dans la direction
de l'ouest à l'est, sVst fait sentir. Cette secousse a
été de peu de durée, et n'a produit, au moiu8;yi
ville, aucun accident. . s"
. » PU'sieura incendies ont éclaté à la Martini
que, niais tous du?, heureusement, au hasard,
x Nous avons sous les yeux le relevé «les expor
tations des denrées de la Guadeloupe du, IS' j&ifc-
vitj au 1". avril de cette année. Le chiffre des tx-
•portations, notamment en ce qui-concgrneie su
cre, a augmenté d'une manière 'importante. Ainsi;
au 1" avril 18S1, on n'avait exporté que 1,903,87a
FEUILLETON l)D CUNSTITUIIOXNÏÏj, 12 MAL
; ■ •),; ; -- J Ul> i >0^ ' !!?,..'• '
( j* '{*■?' /' ^
. ^ . SALON. J
. - ■ • i 1 » L •;! «4 1.'.
> >y. -r .ri
TiBLB &vx db OKttKK. —'MM. ïleissonnier, Fauvelet,
Tlassan, Châvétji Laton, Billotte, Peaoùs/ FerdAda
Lemud,'E«nVin, Armand Léleux, Courbet; ; i
11 s'est pjs rftre.d'entendre dire qu'aujour
d'hui 1« itilént dç peindra court les rnt;s,
Rien nè serait plus commun que l'habileté
technique, ;lafcience, du niétier. D'uu,autre
côié,'on se plaint assf? généralement de . la
disette dé pous tableaux ;.de sorte, .qu'avec
d'excfcllénç'ouvriers on n'aurait que des œu
vres raédiorres, ce qui, .certes, est un bien
singulier ; phénomène... £k;la viendrait r il
de te que tous. ariis,tes sachant -,.gi
bien pçmdre,. n'ont, pàr : pia)hrur, rien à
peindre, .et que toùtjj. teur habileté s'exerce
poiir ainsi dire à vide,, fatite ^le matière et
d'objet? Peut-ôtre. ll n'^st.que,trpp vrai que
l'art, en général, manque de direction pt
d'idées. C'est a,n mal dout il aouffrp depuis
deux où trois tiëcle^ et dont il ne se déli
vrera qûe par une métempsychose de la so
ciété et de l]é?prit ^humain. Il est donc tout
simple quis n'ayant rien de sérieux et d'm-
téres-sah'tfâ dire, il se livre À des divagations
puériles ou bizarres, et s'épuiseen effortscou-
vulsifs ahoutissaptà desavortemens.^laisçela
mèpie doit rendre fort suspe'ctecette habileté
pràtjqûelce.'alcnt d Vxécu tien qu 'on- supposé
si répandus. U'ortjinaire 3 la maiu,§uitrt?prjt
eninstrument dftcjle. tians l'art,le mécanisme
n'a jamais fhanqu^ à .l'expression de> la penr
sée; il .se complique, ^s'étend,.sp, simplifie,
se modifie c-a cept laçon^ #yec -elle^par t'Ue,
pour bllë. Là. fela4ion..de .l'ipée. et..de -sqn
mode 'penèible"de maûi fe«tationn'«st nul
ment arbitraireet fortuite; elle est immédiate
et néôepçijiç-e. De là vieutquelês proiçédéï tecli-
niques'dés maîtres, en tout genre> sontrigou-
rousement appropriés à l'esprit et au earac-
tèretparticuliers de leurs représentations; ils
en sont -les interprètes directs et même ex
clusifs. On ne. peut pas concevoir et sentir
comme Poussin ou Raphaël et peindre com
me Rubens ou Rembrandt. Par la même rai
son, on ne peut pas dire que l'un -soit plus
habile praticien que l'autre, ! puisque chacun
exprime- une pensée sous sa forme propre!
originale, eï, partant, incommunicable. Or.
s'il est vrai que le mécanisme est indissolu
blement lié £t fait corps avec l'idée et le sen
timent dans-l'œuvre d'art, comment ad
mettre qu'il puisa^être en progrès ou mê
me ne pas décliner lorsque la pensée, qui
est son r principe et «sa fîu, est notoirement
rabaissée, obscurcie, dévoyée , incertaine,
corrompue? La raison répugue à cette con
clusion. L'histoire également. La décadence
de l'art ^reco-romain se caractérise par la
dégradation parallèle du goût et de la prati
que; Lorsque l'idéal de la formeetde la beau-
lé humaines, réalisé d^ns les images des
dieux, n'eut plus de sens pour les hommes
ehrétiens, les sculpteurs du Bas-Empire ne
surent pluis faire de statues; ilsperdirent jus
qu'aux notions lespliis vulgaires des propor
tions et des formfs du corps humain. Les pein
tre», oubliant peu à peu toutes les lois de la
perspective-, du clair-obscur et du dessin, ne
produisirent plus que des figures de propor-
tionsétranges ,'Sansvieetsansrelief .Conrment
comprendre cette-inexpérience, cette mala
dresse dans la manipulation des matériaux
de Tari-, cette impuissance dans l'imitation
des objets les plus familiers, cette ignorance
des rpgles-les plus simples?» Ces artistes bar
bares avaient-ils donc-d'autres yeux, d'au
tres mains, d'autres compas que leurs ancê
tres?-Non-. Ils n'avaient plus le même esprit.
Il fallut des ^siècles pour que l'esprit nou-
yeau.,. prenant- peu a peu conscience de
lui-œême, «onçât un nouvel idéal, 1 et. Beri-
-tU le besoin de le réaliser; ét, ! àmë.«ure
•^uei«fe iSBUlimiat • s'èîMrtàt et- se'fortifia,
«adre^ ipratiqueidie^at ^pas ; -défaut atii
artistes; ils devinrent immédiatement très
habites; leur main sut écrire tout ce. que
l'esprit leur dicta. Ainsi, dans là période dè
barbarie, comme dans celle de r» uâibsauèe,
on voit la science pratique toujours subor
donnée et proportionnée à l'idée même de
l'art.
"Il y a donc lieu de'douter de ce talent
d'executiotij dè cette maëstrie pratique dout
on félicite'SQÙvent la géuénttion'des peintres
contem(jorainsj tout eu r. grettant qu'ils nè
sachent qu'en faire: Je ta s bien que, de
puis vingt ans, plus ou moins, Io niouver
ment tout idéaliste de l'école de David s'é-
tarit épuisé, la peinture est devenue, si l'on
nous passe le terme, plus pittoresque. Elle
a gagné ainsi quelque chose au point de
vue des qualités seusibles dé la couleur
et de l'effet. M;tis, sans compter qu'elle a in
contestablement perdu certaines qualités plus f
hautes, le progrès spécial dont elle se vante,
assi'Z marqué relativement au régime qui a
immédiatement précédé (quoique Gros et
Prudhou puisent très bien se souteniren pré
sence de n'importe quel praticien vivant) ne
l'est pas autant, si on la mesure.à l't-thelle
générak' de l'art.'La nouvelle école, qaelr
que nom ou sobriquet qu'on lui dontie, a
ues antécédens historiques; elle se rattache
plus ou moins directement, pir son es-
pritet par son goût, aux écoles vénitien-
né, flimandë,' espagnole, hollandaise: Ce
sont, £n effet, les maîtres de ces écoles qui
ont manié avec le plus de puissance l'é
lément pittoresque, et poussé lé plus loin la
recherche des effets sensibles de la couleur
et dé la lu mièrel C'est chez eux que l'exécu
tion en elle-même, la touche, le faire, ont
acquis des délicatesses et des raflinemens in-
flms: C'.est donc à . ces grands faisetirs d'aur-
trefois qu'il faudrait comparer les nôtres,
pé rapprochement ferait to mber de plusieurs
degrèB les totlo3 modernes qui passent pour
les plus fortes'eii ca gpnre. Qû'gn irfôtte'à
Côte d'tlri Rilbens de balle qualiïè'/ d'Uil Y?-
roïièse^du premier-R*tnbraudt ven(i, d^iâ
Osiade, d'un Terburg, d'un Ribeira, d'unVe»
lasquez, les morceaux les plus finsetlesplus
choisis de nos coloristes, etl'cn sera frappé,
si non surpris,, de l'extrême infériorité de
la façon. Mais laissons, Hubens, laissons
Rembrapdtiit les autres; oir ce n'est peut-
être pas de bonne guerre d'oppo?er des
dteux à de simples mortels. Ne sortons pas
de l'ecole française qui n.a pins de ces.dieux-
là. ^Lvons-nous parmi nos réalistes, dans le
mode grave, un bravo d'exécution de la for
ce de Valentin, c l, dans le mode tempéré, un
copisté de nature comme Chardin? Y â-t-ii
parmi laut de virtuoses de coloris et de tou
che, up fantaisiste commeWateau,"ou seule
ment, pour amoindrir la difficulté, comme
Detroy. comme Fragooard, comme Yauloo,?
L'habileté pratique dont ou parle si comr
plaisamment est donc très surfaite ; celte prér
tendue science technique n'est au fond
qu'une facilité banale d imitation, une sorte
de poncif d'exécution universel.» Les œuvres
de là peinture actuelle, considérées en masse,
semblables, aux produits de l'industrie fabri
qués en granl,. ont de l'apparence ; mais
manquent de solidité, de Qui, de véritable
perficdon : ét,lorsqu'on dit qu'aujourd'hui
tout le monde sait peindre, il l'ait l'i ntezidre
au même sens où l'on dit que tout le monde
sait écrire ou jouer du piano. :
Il y a cependant des exceptions ; elles sont
rares, très rares, et méritent d'autant d'être
signalées. Au salon actuel, on rencontre
quelques morceaux, — trois ou quatre, —
tùi, sans atteindre peut ètre à ce dernier
egré d'excellence et de perfection au r,delà!
duquel il n'y a plus rien à demander, en ap-
Îirochent pouriant de si près,, qu'on .doit, vu
e malheur des temp?, les tenir quittes de ce
qui peut y manquer encore.
Et d'abord, et eu première ligue, les trois
Mei§sounier.
M. Mcissounif f çst dans cette .période se
reine, et souvent bi;'ii courte, oià je t^'ent,
rUcns toute sa force, prend son'a^i' tUî èt «on
a-plomb définitif, sans avoir 'rleli perdu de
sa fleuret de son jet naturel. On peut dire.
en se plaçant par anticipation dans,l'avenir:
(car.il y aura uu avepjr), que ses trois .t^,-
bleaux'de. cette, au née. sont de son pieilltur
temps. On a si souyent, nous avons noua-'
même tant de fois, ici et .ailleurs , ai#-:
lysé et commenté le talent de M. Meis-
sonnier, qu'il ne nous resterait presque
rien à dire si nous ne voulions pas nous
répéter. C'est Ja. même sagacité, la même
profondeur d'observation, ; la même énergie
dans le caractère, le même cachet d'inlinte
individualisation, elçédofl, non moinsrare en
peinture quedans l'art d'ecrire, de la propriété
parfaitede, l'expression,du mot mis ensft place.
Les .figurPS de M. Meissonnier sont moins
remarquob'es encore par la vie et par l'^c--
tion, qui s'expriment par le geste et le mou
vement, que par la détermination profondé
ment caractéristique deTjndiyiflualité;;cha-
june a, comme " lt-s êtres naturels, «on type
spécifique qui la distingue et la classe. Suùs;
l'habit, au-delà et au dehors de l'a. tiou re
présentée et des autres circoustanc. s acci
dentelles, il y a l'homme.Ce sont de véritables "
créatures, laites .de rien, comme ,ctlies de
pieu, car l'art participe à sa manière à la
toute puissauce. Il ne leur manque qu'un
nom propre pour prendre daps la mémoire;
l'exifctence.. semi-historique di s héros des
poèiiieset des romaiiswCs serait encore .une.
reditè de remarquer l'habilité supérieure
de l'exécution de ces morceaux, où lare-;
cherche presque précieuse du détail ne nuit
en rien à. l'effet dé masse et d'ensemble,:
où la, touche est à la fois subtile et lai-
gp, spirituel^ et. forte, délicate et ferme,-,
.où la couleur, vraie, vigoureuse et sobrement
posée, n'est pps une.pqérile aniusetie pour
l'œil, mais l'auxiliaire intelligent de la ligne
cl de la forme. Avec mi peu plus de liberté
et de facilité daus le faire, il n'y aurait que
des différenpés, et plus de distance, entre un
^leissQnnitfr e), un Teitiurg où un MpIzu. .
Les cftrà^ùsjLiojis iNJt'i^0!iij}er,s,9nt
si simples et à un seiis'st elâirj qu'il n'esl pas
besoin de les décrire; la courte désignation
d,u livret en indique guffisapament jeç sujets,
qui s'expliquent d'ailleurs d'eux - mêmes,
L'Homme cjîioisisçaul son Epée est pejut-etrô
le mieux réussi tlef. tr
,t;lle est excellente.. En général le talent.da
:M. tMeissoufiier grandi t d 'aulant plus, que
sa compo&itiop se réduit «t se simplifient
son-exécution est d'autant plus sûre, d'aûr
t^nt p|us..parfaite, qu'elle se condense £t£e
concentre dav;uitage, «Dans le.JeuneHomme
travaillant, iln!y a aussi qu'uueliguce, égf-
lem^rit.parfaite .diexpress.ion, èjt peinte g ra
vir; mais l'arrangement et l'effet dps objftk
qui l'entourent et qui entrent comme élé,-
mens essentiels dans la composition, ont ex?»
posé l'artiste à ,certaines diflicultés clé peirs;-
pectiye aérienne qu'4l ne surmoute pas tqii,-
jou es. Ce tableap, d'ailleurs, n'est J»as entiè
rement terminé. Les pravi sont deux person
nages associés à une action commune, à'est
la première fois, autant que nous pouvons
nous en souvenir,.que M, M ;issoqnier aborde
une véritable scène diamaiiqiié. Celle-ci .est
d'un caractère sombré et sidstre, énergi-
quement repdu. Quelle fleité d'allure dans
ces spadassins ! Avec quelle sa,v,mtc férocité ,
de meti(.r»ils serrent la poignée de leur èpéè
en attendant la .victiuie désignée à leurs
coups I Ils sont payé», et ils .vont exécuter
loyalement H consciencieusement iêur be
sogne. L'homme qui sortira de cette porte
aura reçu,..^vant même de les. apnrçevoir,
deux ou trois polices de fer dans ie, cœur;
après quoi ils essuieront leurs épées, qu'ils
remettront dans le fourreau, *t rel ou ru li
ront tranquillement, la tête haute,*l'air
hautain et querelleur, rendre compte à leujp
noble patron du succès de l'entrepriss et
recevoir leur salaire. Je reconnaîtrais voloft»
. tiers dans ces. flers à bras, ceux que Shakes
peare introduit' dans la première «cène dé
ftoam et $çmè ^es noms,de.Gjegorii>
#t de' San)gon.,, d^u^ ,J}Éay<$ appartenait
aux CajjuSets et toujours prêt? à e dégaineràa
nom de leur maître, n'importe contre qui et
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