Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-04-29
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32747578p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 29 avril 1852 29 avril 1852
Description : 1852/04/29 (Numéro 120). 1852/04/29 (Numéro 120).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUMÉRO 120* BURMAIT*. : rue de VaSotê (Palala-Royal); n* io. B 1852.-JEUDI 29 AVRIL.
PSUZ DJB X.'ABOHI(JEK£ItT$
PAIIIS....... 18 F, PJLR TBIXIES'IRÏ.
DêPAETEMENS. 16 F. -s-
; TJN NUMÉIL0 : 20 CENTIMES.
FOUR LES PAYS BTEAKQBRS, S6 reporter
a tr tableau qui sera publié dans le {ocuwU,
lai 10 èt 55 de chaque mois;
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' tu abonnement datent des 1" et it
dt chaque mois. ■
9
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
' 'S'adresser.,
ot c/ittÇKS mois* * « i\. v v ,
. franco, jwur la rédaction, à M. CcCHfiVÀL-Cu.RiGîiy, rédacteur en chef.' | On /abat»', dans Us départgnms, aux Memgeriéi et auxJjirecthmjleposte.—A Londres, chei MM. CoipM VU*9 I S'adresser, franco,' pour l'administration, à M* D emain, directeur.
Les artioles déposés xw «ont pas renduû • - • - I . .. ■--*~-~~*»^^AÂlùwblurg, chez M. AUUlPOgh wJrçr J'A/feflw&iwJ I tes janonoas sont reçues au bureau dujonçsai; et chez M. P4NIS, régisseur, 10, place de la Boursa"
- * • . ' ^ ^ ^ "I" ■ ... . .A ■ • ■ . . .... A . . . * . ~ . ■, , • . - , . . • 'v
PARIS, 28 AVRIL.
Le gouvernement vient de soumettre au
conseil d'Etat un projet de loi destiné à as
surer l'exécution du chemin de 1er de Paris
à Caen et à Cherbourg, au moyen d'une con-
yenlion conclue avec les principaux mem
bres du conseil d'administration du chemin
â| Rouen. On sait que cette ligne a donné
Jgu, depuis sept ou htfit ans, à des débats
§bngs et animés. 11 est donc utile, aumo-
Sèfent où la question touche enfin à une so-
fàïion, de rappeler les phases diverses par
-lesquelles elle a passé.
~ La loi de 1842, qui a posé les bases de no
tre* système général de chemins de fer,
avait assez -mal traité les contrées de l'Ouest.
4ussi à peine était-elle volée que l'on recon
naissait la nécessité de donner satisfaction
aux réclamations qui s'élevaient du sein des
vastes régions comprises entre la Seine et
lâ Loire, la Manche et l'Océan. En effet,
d$s 1844, le classement d'un chemin de
Paris à Renhes était prononcé, et des fonds
étaient alloués à«t'exécution des travaux de
la section de Versailles à Chartres: Mais une
seule ligne, dirigée âtravers une superficie
aiissi considérable, ne. répondait ni aux es
pérances des .populations de l'Ouest, ni
aux exigences des. < relations commerciar
les, ni même aux besoins des divers ser
vices publics." Deux, années plus tard,
c'est -à-dire en 1846, intervint une loi nou
velle qui arrêta un plan d'ensemble pour les
chemins deî'Ouest, et qui, en maintenant
la ligne de Retines, autorisa l'exécution d'une
seconde ligne sur Caen et Cherbourg avec
e mbra nchement sur Rouen.
Ainsi, d'une partj un chemin de fer de
Versailles à Rennes, par % Chartres,\ le Mans
et Laval, avec embranchement du Mans sur
Caen et de Chartres sur Alençon, était con
cédé auxcompagniesdeVersailles- rive droite
et rive gauche, qui devaient se fondre ensem
ble, et qui se chargeaient de l'exécuterdans les
condition de là loi de 1842, saufles embran-
chemens qu'elles s'engageaient à construire
à leurs frais. D'autre part, un chemin qui
se" détachait'de la ligne de Rouen, enamojtf
du souterrain de Rolleboise,. pour gagner
Cherbourg en passant par EvreuxetCaen, et
en jetant un embranchement sur Rouen / était
concédé à une nouvelle compagnie, qui de
vait l'ëxécuter entièrement à ses risques et
périls. Tous les intérêts se trouvaient satis
faits. La Bretagne et la Normandie, Renaeset
Caen ,BrestetGherbourgj avaient chacun une
lignç de premier ordre qui les unissait à la
capitale". Ajoutons què Caeii èt Cherbourg
devaient, au moyen de l'embranchement di
rigé par le premier chemin sur Alençon,
être mis en communication avee le centre et
le ntïdi dë la France, et qu'ils, étalent, en ou
tre au moyen de l'embranchement jeté par
le itécond chemin sur Rouen, rattachas à
Dieppe et au Havre,
Malheureusement, la crise qui, se déclara
; peu de- temp$rapjès:le,'V0te4e la loi et la ré
volution de février-qui survînt ensui te, sus-
péhdirent l'exécution dè ces projets. Tout fut
ajjourné..Laqu^SÛpnnêse réveilla qû'enl$50j
etron vit alors serenouveler les mêmesdébats
qui àvaient eu Heu en 1846. Le gouverne
ment proposait dë concéder le chemin de
Renpes à la compagnie Peto, Betts, etc.,
ri à" fis ' 1(3 syçtéjùae, 'âê là'loi de 1842, et. il de
mandait^ pa&îu» tfJfticle du projet de loi,
l'ouverture-à^n crédit de 19 millions ap
plicable à. rexéctttiû&'des terrasgemens et
des ouvragesfd'art de • l'embranchement sur
AÎençoni Àussitôt/une partie des populations
de la Normandie s'émut, parce que ce projet
lui sembla transporter à un embranchement
du chemin de Rennes les droits de priorité
consacrés par les lois antérieures en faveur
de la route directe de Paris à Caen. La lutte
se ranima entre les partisans de la ligne bri
sée, qui devait rattacher Caen au chemin de
l'Ouest par le prolongement de l'embranche
ment d'Alençori, et les partisans de la ligne
directe qui devait emprunter une partie du-
chemin de Rouen et se diriger sur Caen par
Evreux, Bernay et Lisieux.
Il était bien évident que la ligne directe
était cejle qui présentait la plus grande sour
ce d'avantages au point de vue des intérêts
généraux. Elle offrait une diminution dé
56 kilomètres sur le parcours, diminution
qui représentait une économie annuelle de
près de 2 millions sur le transport des
vdyageurs et des marchandises. Elle pla
çait Cherbourg deux heures plus près de
Paris, considération qui avait*son impor
tance au point de vue de la défense na
tionale. Elle traversait des contrées beau
coup. plus populeuses et beaucoup plus
riches. Elle unissait, au moyen de l'em
branchement d'Elbeuf,"les.villes de la*basse
Normandie à Rouen et aux villes de la Seine-
Inférieure avec lesquelles elles sont en rela
tions journalières. Enfin elle ouvrait un dé
bouché économique à cette masse de bes
tiaux que Lisieux,la vallée d'Auge et les her
bages de l'Eure e t de Piton envoient au mar
ché de Poissy pour l'alimentation de la capi
tale.
Quels étaient donc les motifs qui, en pré
sence d'intérêts si nombreux et si puissans,
pouvaient combattre pour la ligne brisée?
Ces motifs, il faut bien le dire, étaient sur
tout puisés dans les malheurs et les difficul
tés des temps. On n'osait guère, au milieu
des incertitudes qui enveloppaient l'avenir,
entreprendre de nouveaux chemins de fer. La
ligne brisée, qui partait de La Loupe, près
de Chartres, était plus facile, moins coûteu
se, et comme' on disait que la voie, directe
ne s'exécuterait pas de long-temps," on en
gageait les'populations normandes à pren
dre," en désespoir de cause et faute de mieux,
la voie détournée qu'on leur proposait.
Quelque obscures que fussent les destinées
de la France, ces motifs ne parurent cepen
dant pas suffisans pour porter les ressources,
du trésor sur les travaux d'un embranche
ment qui ne pouvait pas être considéré
comme la route naturelle, comme la vérita
ble route de Cherbourg, et qui n'avait plus,
dès-lors, qu'une importance secondaire. La
demande de crédit fut abandonnée. On voulut
toutefois donner une compensation aux inté
rêts que cet embranchement devait desservir,,
et l'on introduisit dans la loi portant conces
sion du chemin de Rennes, un article qui
imposa à la compagnie l'obligation de four
nir une somme de 3 millions applicable aux
travaux de la ligne d'Alençon, quand legour
vernement jugerait à propos de l'exécuter.
L'événement a prouvé qu'on avait eu rai
son de ne pas désespérer de l'exécution de la
voie directe de Paris à Cherbourg. Ce qui
semblait impossible il y a un an est devenu
praticable aujourd'hui. Dès que le coup d'E
tat du 2 décembre et l'affermissement, de
la tranquillité publique ont eu relevé la
confiance, l'attention s'est reportée tout
naturellement sur cette ligne appelée à jouer
un rôle considérable dans iiotre système dè
communications. Des négociations ont été
entamées avec les administrateurs de la com
pagnie de Rouen, aui a un intérêt puissant
à son exécution ; elles ont donné lieu à de
longs pourparlers, mais elles ont enfin abouti
à un heureux résultat. , -
La ligne de Paris à Cherbourg doit s'èm-
branchersiir le chemin de fer de Rouen,
près de Rosny, en atront du souterrain de
Rolleboise. Elle gagnera Evreux, passera par
Conches, Serquigny, Bernay, Lisieux, Mezi-
don, et arrivera à Caen au point qui sera dé
terminé par l'administration. Le tracé au-
delà de Caen ne paraît pas définitivement
arrêté sur tout le parcours. 11 passera sans
doute par Baveux, se rapprochera plus ou
moins de Saint-Lô, et se dirigera par Valo-
gnes sur le port de Cherbourg.
- La concession est faite aux principaux
membres du cùnseil d'administration de la
compagnie de Rouen, agissant personnelle
ment, bien que dans l'intérêt de cette com
pagnie. Voici maintenant les clauses princi
pales du traité. La ligne est divisée en deux-
sections qui doivent être exécutées dans des
conditions différentes. La première, celle de
Rosny à Caen, dont la dépensa est évaluée à
52 millions, sera construite par la compagnie
moyennant une subvention de 16 millions;
les 36 millions à la charge des concessionnai
res seront réalisés au moyen de l'émission
de 24 millions en actions et de 12 millions
en obligations ; l'Etat garantira un intérêt
de 4 0/0 sur toute la somme et l'amortisse
ment des obligations. Quant à la secoude
section, celle de Caen à Cherbourg, elle sera
exécutée dans le système de la loi de 1842,
c'est-à-dire que l'Etat se chargera des ter
rains, des terrassemens, des ouvrages d'art,
et la compagnie de la pose de la voie, du
matériel et de l'exploitation. La première
doit être terminée dans le délai de trois an
nées, et la seconde trois années après.l'achè-
vement de la première.
On remarquera que cette combinaison
n'embrasse pas l'embranchement de Serqui
gny sur Elbeuf et Tourville. Certes le gou
vernement en comprend toute l'utilité. Les
grands courans de voyageurs qui«se dirigent
d'un côté de Pont-l'Evêque, Honfleur etPont-
Audemer, vers Là Bouille; et, de l'autre, de
Lisieux, Orbec, Bernay et Brionne, vers El
beuf, appellent une voie de fer qui facilite les
relations sinombreusesdu Calvados,de l'Orne
et de l'Eure avec la Seine-Inférieure. M. le
baron de Condé, dans les recherches qu'il fut
chargé de Taire en 1844, a constaté què les
seuls bateaux à vapeur d'Elbeuf et dé La*
Bouille avaient transporté près de 600,000 .
voyageurs. Or, de nombreuses diligences
se sont établies depuis cette époque, et la
circulation n'a cessé de s'accroître. Mais
l'administration aura sans douie pensé que,
précisément à cause de ce mouvement con
sidérable, l'embranchement de Serquigny à
Elbeuf et Tourville pourrait s'établir sans le
concours de l'Etat.
Si nous croyons que le gouvernèment doit
désormais apporter une' grande prudence
dans les concessions de chemins de fer, il
nous est cependant impossible de ne pas
reconnaître çiue la ligne de Cherbourg
était de celles qu'il y avait nécessité d'entre 1 -
prendre sans retard. Les intérêts agricoles
de la basse Normandie étaien t en souffran
ce; les pays du centre , qui envoient des
bestiaux à Paris, lui faisaient ùno concur
rence désastreuse sur le marché. Il y avait
d 'ailleurs dans cette région une industrie
et un commerce actifs qui demandaient
avec instance à. participer-aux avantages
des nouvelles, voies de communication. En
fin est-il besoin de rappeler que Cherbourg,
placé à l'entrée ^de la Manche, à vingt-
quulre lieues de la côie d'Angleterre, en
face de Southampton et de Plymouth,
est un point stratégique de la plus haute
importance? L'empereur Napoléon, disait,
de Cherbourg, que c'était un œil pour voir
et un bras pour frapper,.%t, au milieu de ses
guerres continentales, il exécutait d'immen
ses travaux, destinés à continuer l'œuvre de
Louis XVI. Or, n'est-il pas évident que le
port ne sera complet que lorsqu'il sera relié
par un chemin de fer, qui permettra d'y faire
parvenir des : ordres ou d'y envoyer des trou
pes en quelques heure?? Voilà ce qu'a dû
considérer le gouvernement , non moins
soucioux de nos intérêts agricoles et indus
triels que de la sûreté de la défense, et de
l'honneur du pays. J. curât.
Lord John Russell n'avait point encore
subi d'échec semblable à celui qu'il a essuyé
lundi soir. L'ancien ministre - s'est pris lui-
même au piège qu'il tendait au cabinet.
En voyant les réclamations des popula
tions industrielles contre le bill sur la
milice, la vivacité avec laquelle les radi
caux attaquaient la mesure ministérielle, et
le mauvais vouloir dès anciens amis de sir
, Robert Peel, lord John Russell a cru qu'il
lui serait facile de reformer contre le nou-
vèM'igSbiiiçt la majorité qui-J'avait-reuversé
lui-même. Sous le coup de cette illusion,
lord John Russell s'est mis en campagne,
et, dans la séance de vendredi dernier,
il a attaqué le bill ministériel, non pas dans
ses détails, mais en principe, comme si tous
les argumens qu'il employait ne portaient
pas avec lamêmeforee contre le bill que lui-
même avait présenté.
Cette palinodie, que laseule ambition pou
vait inspirer, a fourni à lord Palmerston ses
meilleurs et plus cruels argumens contre son
ancien collègue. Le. vindicatif orateur n'a
point laissé échapper une si merveilleuse oc
casion de rendre avec usure à son ancien ami
le traitement qu'il en avait reçu, et il ne lui a
fait grâce ni d'un reproche ni d'une épi-
gramme. Les ministres', voyant que lord
Palmerston se chargeait de faire leur beso
gne» ont assisté en tranquilles spectateurs à
l'exécution de lord John Russell, et ont
ajourné à la séance suivante leur interven
tion dans le débat.
Lundi, la discussion devait , être des plus
. brillantes ; on avait annoncé que les anciens
collègues de lord John Russell, suivant
l'exemple de leur chef,' devaient faire une -
charge à fond contre le bill ministériel.
Sir'Gëof'gëGrey'etsîrCharlesWdod devaient
euXi -mêmes; descendre dans l'arène ,- on an
nonçait même mystérieusement que sir Ja
mes Graliam, retenu chez lui par la goutte,
ferait un effort et.viendrait donner le coup
de grâce au ministère. Ea additionnant les
voix des radicaux, celles des whigs et celles
des peelites, la bourse en était venue-à trou
ver une majorité contre le gouvernement,
et ^ concevoir là crainte d'une nouvelle cri
se ministérielle,
La discussion a faitévanouir tous ces fan
tômes. Non-seulement sir James Graham
n'est pas venu attaquer le cabinet, mais ses
amis, qui ne se croyaient pas obligés à suivre
lord J. Russell dans toutes ses évolutions, ont
défende, comm& ils l'avaient,déjà fait il y a
deux mois, le principe de la nécessité d'une
milice., Cette défection mettait: fin à tous
les rêves de lord John Russell. En présence
d'un é'chpc inévitable, sir George Grey et
sir Charles Wood ont gardé un silence
prudent, et quant aux enfans perdus .qu'on
a laissés s'aventurer dans le débat, le mi
nistre de l'intérieur en a eu facilement
raison avec quelques épigrammes et quel
ques sarcasmes bien mérités» La- défaite
des whig's s'est changée en une complète dé
route ; et, au scrutin, lord John Russell ne
s'est plus trouvé à la tête que de 165 voix
contre 315. Ces chiffres accusaient toute,
l'étendue de la victoire, et les tories en ont
salué la proclamation par des applaudisse-
mens frénétiques! Cette journée a été l'en
terrement du parti whig..
■C ucheval- C larignï.
Le Moniteur publie aujourd'hui un décret
destiné à terminer la grande opération de la
conversion des rentes.
On sait qu'au moment où l'annonce de
cette mesuré, mal comprise par une portion
des rentiers, dénaturée par- la malveillance,
amena "une certaine quantité de titres sur le
marché, et fit tomber le 5 0/0 au-dessous du
pair, des capitalistes et des compagnies, in
téressés à soutenir le crédit public, achetèrent:
les rentes qui se présentaient. Cette opération
fut secondée par la Banque de France qui aug-
f mentala somme affectée aux prêts sur dépôts
de rentes. Grâce à la manière dontelle fut con
duite, les cours se raffermirent, la confiance
revint, et la conversion s'accomplit avec un
: succès qui dépassa toutes' les espérances.
Il s'agissai t auj ourd'huLda -réglef. le snrt.de
ces rentes qui n'avaient été acquises que pouf
maintenir le crédit public. On ne pouvait les
; laisser s'écouler sous la forme de 4 1/2, sans
r qu'il en résultât des inconvéniens graves pour
ila masse des porteurs qui avaient accepté
la conversion. Le 4 1/2 0/0, en effet, est lin
fonds inerte de sa nature, avec lêquel on'est
peu familiarisé, et que la perspective de nou
velles conversions à venir tend déjà à com
primer. Supposons que les acquéreurs de
ces titres déclassés les eussent apportés au
jourd'hui sur le marché de la Bourse, le 41/2
se fût.trouvé immédiatenfent écrasé, et les ren
tiers, qui venaient d'être frappés dans leur
revenu l'auraient encore été dans leur capi
tal. Aussi la seule crainte de voir ces titres
arriver sur la place suffisait-elle pour inquié-
, ter les esprits et pour déprécier les cours.
Qu'a fait le gouvernement pour remédier à
une situation aussi dommageable pour la
massfi des anciens porteurs de 5 0/0 ? Il a
tout simplement remboursé les capitalistes
qui avaient acheté ces titres déclassés èa ren-
;tes 3 0/0. L'avantag? d'une pareille mesure est
•facile à saisir. Il n'en est pas du 3 0/0 comme
!dn 4 -1/2. Le 3 0/0 est un fonds élastique,
qui a devant lui une vaste carrière, ët qui,
par cela même, convient parfaitement à la
spéculation. On peut donc écouler sans in-
citovénient, sous forme de 3 0/0, une quan
tité dè rentes qui, émises en 4- 1/2, au
raient au contraire pesé sur la place et pa
ralysé l'essor du crédit public.
Voici comment l'affaire peut se résumer :
Une somme de rentes 4 1/2, montant à
4,475,000 fr., avait été rachetée au fur et
à mesure qu'elle avait été apportée sur le
marché. En échange de rentes 4 1/2, le gou
vernement donne 4,403,000 fr. de rentes
3 0/0. On peut estimer que les 4,475,000 fr.
de rentes 41/2 avaient été payées approxima
tivement sur le pied de 100 fr. et représen
taient par conséquent un capital d'environ
100 millions. Or, 4,403,000 fr. de rentes 3 0/0
livrées pour 100 millions, c'est du 3 0/0 à
68.fr. Nous ne pensons pas qu'on trouve
ce prix insuffisant, si l'on veut se rappeler
que, pendant le cours de l'opération, le 3
0/0 était coté 69 fr. 50 c., soit 1 fr. 50 c. seu
lement plus cher, et que les emprunts se
concluent toujours à un taux àu moins aussi
bas relativement aux cours cotés la veille de
leur négociation.
Oh voit que l'opération n'est pas autre
çbose qu'une transformation de rentes 41/2
en rentes 3 0/0. Le trésor y gagne d'abord une
économie annueM'de 72,000 fr., puisqu'il
n'aura plus à payer en arrérages que
4,403,000 fr. au lieu de 4,475,000 fr. Il
y trouve encore un autre avantage, celui
d'une meilleure composition de sa dette.
C'est, en effet, une chose fâcheuse, au point
de vue du crédit public, que la grande masse
de notre dette soit en 41/2. Tout ce qui tend
à diminuer cet état de choses est fa vorable à nos
finances, et c'est uriébonne mesure que d'avoi y
reporté, du 4*1/2 sur le 3, une partie du ca
pital'de notre dette, montant à 100 millions.
Comme le remboursement a déjà occasion^
l'annulation de rentes pour une somme de
38 millions, la masse du 41/2 va se trouve?
allégée d'un capital de 138 millions. , ;
Ainsi le nouveau décret termine l'opéra?
tion de la conversion des rentes. 11 assure et
accroît même le bénéfice de 18 millions
qu'elle doit procurer à l'Etat. Il affermit
la position du 4 1/2 et améliore la cou*
dition des porteurs qui ont accepté ;la
conversion. Il contribue à répartir notre
dette d'une manière plus favorable au crédit
public. Enfin il évite un emprunt, qui eût -
fait une concurrence dangereuse aux titres?
émis par les nouvelles compagnies de che
mins de fer. j. burat.
CORPS LÉGISLATIF.
Ordre du jour du jeudi 29 avril 1832.
A deux heures, réunion dans les bureaux, no-
piination d'une commission de sept membres pour
l'examen des projets de loi d'intérêt local relatifs:
Le premier, à une imposition extraordinaire par
le département du Morbihan ; .
Le second, à une imposition par le département
de la Gironde;
Le troisième, à un emprunt et à une imposition-
par le département de Lot-et-Garonne ;
Le quatrième, à l'érection en commune dis
tincte de la section du Pertuis (Haute-Loire);
Le cinquième, à l'érection en commune de la
section de Savignac (Aveyron);
A trois heures, séance publique.
Communication du gouvernement.
Discussion du projet de loi relatif à un emprunt
pour la ville de Bordeaux. M. Iîavid (de la Giron
de), rapporteup.
Discussion des projets de loi suivans :
Projet de loi relatif à un emprunt et à une inw
position extraordinaire parle département de Hau*
tes-PyrénéesM. d'Herlincourt, rapporteur.
Projet de loi relatif à.une imposition extraordi
naire par le département de.'la Meuse .M. d'Her
lincourt, îapporteur. ■ •'
Projet de loi relatif à uné'itnposition extraordi-
i naire par le départementdu Pas-de-Calais M. d'Her
lincourt, rapporteur.
j Rapport, s'il y a lieu, de la commission chargée
de t'exatnen du projet de loi sur la réhabilitation
. des condamnés.
La commission du Corps Législatif char
gée de l'examen du projet de loi portant rè
glement définitif du budget de l'exercice
1848, a nommé M. de Parieu président et
M. de Chantérac secrétaire.
La commission chargée de l'examen du
projet de loi portant règlement définitif du
budgpt.de l'exercice 1849, a nommé M. Mer*
cier président, et M. Hallez-Glaparède se
crétaire.
La commission chargée de l'examen dn
projet de loi sur la réhabilitation des con
damnés, s'est réunie aujourd'hui à deux
heures. ,
. Lô/apporteur, M. Lauglais, va s'occuper
immédiatement de préparer son rapport.
Les journaux du soir donnent les nouvel
les suivantes du conseil d'Etat :
«Les séances de lundi et de mardi ont été con
sacrées à l'examen du budget de 1853: Leseompti»
du ministère d'Etat, de la justice, de la guerre et
de la mas i e ont été examinés. Il reste à voir en
core les budgets de l'intérieur, des travaux pu»
blics,- de la polies générale, de l'instruction pu
blique et des cultes. • s
FEUILLETON BU CONSTITUTIONNEL, 29 AVR*
U® cfcÉESKAiu 1M3SAS3L
S
Parmi les hommes da guerre qui ont cou-
quisuû riom illustre dans-les guerres de la
République et du. Consulat, nul -plus que Da-
saixne sémbie fait pôur la biographie. Iles t fa
cile,'en,effet, de rassembler'dans une esquisse
rapide les traits ép'àç,S'de cêt.te existence si
courte, mais si bril^nte; etsj'rempUe. D.esaix,
d'ailleurs, semble"taillé $'ùr ,.1'e^todèlp des
héros. de : Plùtargue; U;y a ch'eZ lui quoique
chose dé supérieur à sesgrand.es actions,à ses
talens éminens ; c'est son caractère. En lui,
l'hotnmë est,encore aii-dessus du capitaine :
modeste, dévoué,' chaste, tempérant, grand
*iar l'intelligence, et simple de cœur, plein,
^'aménité et de douceur, toujours guide par.
les .principes d'une probité rigide. Sa gloire',,
dé'gagéè cle tout alliage^ tranche par son éclat
et par sa pureté parmi les renommées plus
ou. moins mêlées de passions humaiues, qui-
se firent dans le rarle métier de» armes.
C'egt le Bayard de notre temps. Comme le che
valier sans peur et sans reproche, il périt sur
uû champ de bataille de la mort,du soldat :.
plus ! lieuïeux que Bayard, il tomba, noy daqs
les hâsàrds d'une retraite, mais uu jour de
vi'ctoîfç, au milieu d'une lutte mémorable
joù . tbut était "perdu avant son arrivée, où
tout fut sauvé parTheureuse inspiration de
son'zèle et de son audace 1 / :
Lé récit de la vie de Desaix vient d'être pu-.
blié par M. Martha-Beker, comte de Mons.
L'auteur de çet ouvrage plein d'intérêt»est le
neveu du général Béker qui avait épousé Ia ;
sœur du général Desaix'. Il a ëu sous la .main
des lettres de famille, des mémoires autogra
phes qui lui ont permis de compléter lea
monumens officiels et de faire sur le général:
Desaix un travaildéfinitif. Ce livre, intitulé;
Etudes historiques sur le général Desaix, nous
le montre dans, sa vie privée, dans sa' car-
rière •militaire," et nous fait apprécier, à côté
des qualités admirables de l'homme de guer-
re, les mâles vertus de l'homme de bien.
La lecture de cet' ouvrage remarquable par
la pënsee et par le style, est une excellente
leçon de patriotisme et de dévoûmeût, en
même temps qu'elle nous fait assister aux
scènes émouvantes et aux événemens pleins
d'intérêt de cette existence hérolaue qui com
mence dans les montagnes de l?A,uvergne et
qui s'achève aux plaines de Marengo.
Desaix (.1), né le 17 août 1768, à Saint-Hi-
laire-d'Ayat, prèsd.e Riom . d'une famille-no
ble, ancienne et fort accréditée dans le pays,
passa ses premières années dans Je château
féodal de "Vt vgoux, au milieu de moniagnes
agrestes, entouré- des soins d'une mère ten
drement aimée, et d'une sœur plus âgée que
lui, qui fut pour lui une seconde mère: A
l'âge de huit ans, il fut admis à l'une des
bourses du collège d'Effiat,: dirigé par los pè-r
res de l'Oratoire. Il y fit ses études sans trop
d'éclat, plus'appliquè à la géographie et àl'his-
toire qu'aux autres étudt s (2) et ti ahissant les
instincts guerriers par les brusques saillies
de son caractère querelleur. Plus taid, cet
écolier distrait et emporté devint tin travail
leur infatigable, un homme patient et ré
fléchi. De ces premières études, si impar
ti) Son véritable nom est celui de Des Au de
Vcygmix On a plus eurs lfttres de lui signées, le
chevalier IJ<'S Aix de Veygouq:. Il a servi pendant
quelque temps sous,le nom de Veygoux. L'ortho-
«raplie de Desaix n'a' prévalu que quand il a été
à la mode de donner une physionomie plébéienne
aux noms nobles. L'ancienne orthographe du nom
de'Desaix peut indiquer du moins' quelle'eu doit
être la prononciation.
(2) Voici un bulletin a=sez cuiieux qui fait sou
tenir de ceux qui ont été publiés sur le jeune Bo
naparte :
Notes des m»is d'avril, mai et juin .{781,
du chevalier Des Aix de Veygmx.
•Taille : 4 pieds 4 pouces 6 lignes.'
Constitution : asstz forte.
Sauté : très bonne.
Caracière : boudeur et peu endurant.
Conduite : très médiocre.
Lecture et écriture : peu d'application.
Langues latine et française : il travaille sai)3 ré
flexion.
Géographie et histoire : bjen, mais sans efforts.
Mathématiques : progrès médiocres.
Dessin : léger et-capricieux.
Langue allemande : il fait des progrès.
Religion : distrait en général.
Signé : iuvettb,
père de l'Oratoire.
faites qu'elles fussent,: ileonserva l'amour de
l'antiquité, le goût des livres, la curiosité de
l'archeologue. Nous le venons à cet égard se
montrer le digne.émale des savansde l'ex
pédition d'Egyp'te. Les'lettres familières'et
intimes • que publie son docte biographe
nous font voir qu'il avait même un senti
ment 'assez vif de la forme littéraire. Son
style s'était formé lentement. Ses premières
lettres, par leur médiocrité déplorable, rap
pellent les premières épîtres "si niaises et
si vides de Jean-Jacques Rousseau à. l'âge
de vingt ans. Mais à mesure qu'il voit et
qu'il agit, son langage s'épure, s'améliore,
s'élève, et il trouve plus d'une page heureuse
pour décrire en traits rapides les majestueu
ses solitudes dé laThébaïde ou les charmans ■
paysages de l'Italie.
■Les débuts de.Desaix dans la carrière des
armes furent ceux d'un gentilhomme. Le 20
octobre 1783, le roi sigpa le brevet qui le :
nommait troisième sous-lieutenant en pied
sans appointemens dans le régiment de Bre
tagne. Chérin avait bien-et dûment vérifié
ses parchemins. Son frère aîné, plusieurs de
ses cousins, étaient déjà au service. Le ré
giment de Bretagne, célèbre par sa discipli
ne et par'sa bravoure, était travaillé par les
idées du jour. Besaix, comme tant d'autres
natures généreuses, vit avec entliousiasme
l'aurore aa la révolution. Mais son esprit ju;-
dicieux et élevé sut répudier tous les excès
qui souillèrent cette grande cause. Comme
aide-de-camp du général Mathieu Dumas ,
nous le voyons, forts de l'autorité pour réprimer les désor
dres à Strasbourg, pour empêcher la profa
nation d^s églises, pour faire respecter la vie
des citoyens paisibles. Animé des sèntimens
d'un vrai patriotisme, il refusa d'émigrer à
l'imitation de presque tous ses parens; mais
sans accepter aucun des égaremens de cette
■ terrible époque.
Toutefois, déchiréparlesreprochesdesa.far
mille, quile pressait de renoncer à son grade,
. et de se rendre àCoblentz, désespéré de n'être
encore que lieutenant après huit ans de servi-
ce, DesaixsolIicitaelobtintune place de com-
. missaire des guerres. .Heureusement pour sa
gloire il n'avait pas l'âge nécessaire pour ces
fonctions et il dut rentrer dans l'armée acti
ve. Eu mai 1792, le général "Victor de Bro-
glie l'attacha aux cadres de son état-major,
P
él
à l'armée du Rhin, dont il avait le comman
dement. - ,
Là commencèrent à se manifester les ta
lens de Desaix ; son esprit d'ordre, son intré
pidité, sa sagacitéj sa rtire intelligence des
mouvemens militaires. A partir de ce mo
ment il ne cessade grandir. Alorscommeùça
aussi le long supplice que lui fit subir la
lolilique révolutionnaire. Desaix, en effet, a
té unedesvictimesdei'esprit soupçonneux,
inquisitorial et inique des meneurs du parti
jacobin. Nul mieux que lui n'a servisonpavs.:
Il lui avait sacrifié ses affections de famille,
ses préjugés de race, et chaque jouril hasar
dait sa vie sur le champ de bataillé, avec
la plus généreuse, audace. Malgré l'éclat
da ses faits d'armes, malgré l'évidente sincé- •
ri té de ses actes ; il fut toujours en butte aux
.dénonciations, % l'espionnage, aux injustices
les plus révoltantes, jeté deux fois en prison,
suspendudeses fonctions militaires; Quand
il parvint au grade de général, ce fut
miracle s'il n'alla pas rejoindre sar l'écha-
faud Bouchard, Biron etCustine. Les iniq i-
tés ne refroidirent pas le zèle milita'ro de
Desaix. En vain on incarcéra sa mère et sa
sœur; en vain on lui confisqua ses biens;
en vain on l'abréuva de dégoûts et de cha
grin ; toujours fidèle à ses devoirs, soutenu
par l'amour de son glorieux métier, inva
riable dans son dévoûment, dans |a modes
tie, dans son patriotisme, il conquit rapide
ment tous ses grades, et sa glorieuse con
duite dans les nombreuses péripéties des
campagnes de l'Allemagne et du Rhin le
plaça au premier rang parmi les jeunes gé
néraux de nos armées.
Mais une ère nouvelle allait s'ouvrir. Le
général Bonaparte s'étaitrévélé dans les cam
pagnes d'Italie. Desaix eut le mérife de devi
ner, dès le premier jour,les grandes desti
nées qui attendaient le vainqueur de Lodi, de
Montenotte et d'Arcole. Blessé dangereuse
ment au passage du Rhin, l'un de ses plus
beaux faits d'armes , Desaix avait été con
damné • -^u repos. La paix lui permit de
voyager. Il se Vendit à Milan. C'est là qu'il
vit le gécéral Bonaparte. Ce dernier, dès
qu J il apprit l'arrivée de Desàix^ l'anhonçà à"
son armée dans un ordre du jour. Lors de
leur première entrevue, ces deux hommes
se comprirent, se jugèrent et s'aimèrent.
Desaix accepta sans hésitation l'ascendant du
génie. Bonaparte associa cet ami nouveau,
dont il connaissait le talent et le caractère,
à tous ses projets, à toutes ses espérances.
• Nousnous serions toujours entendus, disait
plus tard Napoléon dans les confidences de
Sainte-Hélène, par conformité d'éducation et
de principes. Desaix se serait contenté du
second rôle et serait toujours demeuré fi
dèle. » -
Bonaparte n'eut pas de peine à enflammer
l'imagination de Desaix pour l'expédition
d'Egypte. Desaix organisa la flottille de Ci-
vita-Vecchia, fit embarquer sur l'escadre
l'armée de Rome et vint attendre la flotte
entière dans les eaux de Malte. On sait com
ment un coup d'audace livra au général Bo
naparte cette île illustre qui avait résisté à
tous les efforts de l'empire ottoman à l'a
pogée de sa puissance. Desaix eut la gloire
d'emporter le seul fort qui. se défendit.
Le 4 e * juillet 1798 , Alexandrie apparut
aux regards de" l'armée française, qui a-
vait encore à y combattre , comme au
temps de Saiat-Louis, ces escadrons redouta
bles des Mamelucks. ' '
Desaix fut placé à l'avant-garde quafid l'ar
mée prit la route du Caire. C'était bien le poste
de ce chef vigilant et ferme, toujours prêt à
l'action;, toujours sûr de lui, dont l'intrépi
dité calmejléroutait tous les.eflbrts d'un en
nemi infatigable comme la cavalerie des
Mamelucks.' Nos soldats,-soutemis par son
exemple , ne perdirent point courage aans cet
te marche pénible, sous un ciel étouffant, au
milieu des déceptionsjdu ifiirage et des tour-
mens de la soif. Une scène sinistre j^eut don
ner une.idée des émotions de nos troupes et:
du caractère de Desaix. Un soir, la colonne
arrive près d'un puits : il avait été comblé;
Toiit auprès se trouvaient quelques masures.
Elles étaient vides. Seulement au milieu de
ces décombres, errait une femme arabe, jeu
ne encore, aveuglëV et qui tenait sur son sein
un enfaut à demi-mort. Elle cherchait de
l'eau pour elle et pour son nourrisson. On
la conduisit au puits; mais quand elle ne
sentit sous sa main qu'un sable brûlant, elle
poussa des cris affreux. Ses "lamentations
! navrèrent nos soldats, qui étaient eux-mêmes
dévorés par la soif. Desaix arrive : par son
ordre, le puits est déblayé : des distributions
de vivres raniment l'ardeur de la colonne.
La pauvre Arabe et son enfant ne furent
pas oubliés. La malheureuse raconta qL$!
son mari M'avait récemment crevé les yeux
dans un accès de jalousie. Après une halta
de quelques heures, l'avant-gardé reprit
sa marché.-Le. lendemain, la division qui
la suivait trouva près de la fontaine la
jfemme aveugle percée de coups de poignard.
Son enfant lui aussi avait été égorgé. On les
avait punis d'avoir accepté, dans leur détres
se, l'hospitalité des chrétiens. ' •
On sait quelle part glorieuse Desaix . prit
aux victoires brillantes qui nous assurèrent
la possession de la Basse-Egypte. Il eut lit
rôle principal dans, les expéditions qui nous
donnèrent le Sayd et la Haute-Egvpte. «Per
sonne, dit Napoléon dans ses Mémoires sur
la campagne d'Egypte et de Syrie, n'était plus
propre à diriger une pareille opération que
Desaix, personne ne la désirait avec plus d'ar
deur. Jeune, la guerre était sa passion : insa
tiable de gloire, il connaissait toute celle qui
était attachée à la conquête de ce berceau
des arts et des sciences. Au seul nom'de Thè-
bes, de Coptos et de Philœ, son cœur palpi
tait d'impatience. » Dans le cours de ces.mé-
morables expéditions, qu'il conduisit avec
autant d'habileté que de bonheur, Desaix,
encore plein de ses souvenirs classiques, ne
cessa pas un instant de s'associer aux trar
vaux si pleins d'intérêt des savans com
pagnons .d'armes que l'Institut lui avait don-
VI AC Af I A 1A11 ¥*1 il A A Wl 11 Ann wi 4 ^1 /v A/\rt m! .
nombre de monumens jusqu'alors inconnus
et de trouver, dans ; l'une de ses excursions
d'antiquaire le zodiaque de Denderah.
Apres le départ de Bonaparte pour la Franr
ce, Desaix reçut l'ordre de le suivre et de re-.
joindre. Après avoir été le négociateur de la
convention d'El-Arish. où sa lovanté chpvûio
moins arrêté., au mépris du droit des gens,
; par la croisière anglaise et jeté dans les pri
sons de Livourne. Voici ce que raconte, à cet,
égard, le biographe _de Desaix : « Confondu-,
avec les soldats, ce général à qui les Anglais
voulaient faire expier sa gloire, était sou mis
au même régime, aux mêmes privations; le
jour, il errait dans de grandes ceurs brûlées
par le soleil; la nuit, il couchait sous des
PSUZ DJB X.'ABOHI(JEK£ItT$
PAIIIS....... 18 F, PJLR TBIXIES'IRÏ.
DêPAETEMENS. 16 F. -s-
; TJN NUMÉIL0 : 20 CENTIMES.
FOUR LES PAYS BTEAKQBRS, S6 reporter
a tr tableau qui sera publié dans le {ocuwU,
lai 10 èt 55 de chaque mois;
mm
' tu abonnement datent des 1" et it
dt chaque mois. ■
9
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
' 'S'adresser.,
ot c/ittÇKS mois* * « i\. v v ,
. franco, jwur la rédaction, à M. CcCHfiVÀL-Cu.RiGîiy, rédacteur en chef.' | On /abat»', dans Us départgnms, aux Memgeriéi et auxJjirecthmjleposte.—A Londres, chei MM. CoipM VU*9 I S'adresser, franco,' pour l'administration, à M* D emain, directeur.
Les artioles déposés xw «ont pas renduû • - • - I . .. ■--*~-~~*»^^AÂlùwblurg, chez M. AUUlPOgh wJrçr J'A/feflw&iwJ I tes janonoas sont reçues au bureau dujonçsai; et chez M. P4NIS, régisseur, 10, place de la Boursa"
- * • . ' ^ ^ ^ "I" ■ ... . .A ■ • ■ . . .... A . . . * . ~ . ■, , • . - , . . • 'v
PARIS, 28 AVRIL.
Le gouvernement vient de soumettre au
conseil d'Etat un projet de loi destiné à as
surer l'exécution du chemin de 1er de Paris
à Caen et à Cherbourg, au moyen d'une con-
yenlion conclue avec les principaux mem
bres du conseil d'administration du chemin
â| Rouen. On sait que cette ligne a donné
Jgu, depuis sept ou htfit ans, à des débats
§bngs et animés. 11 est donc utile, aumo-
Sèfent où la question touche enfin à une so-
fàïion, de rappeler les phases diverses par
-lesquelles elle a passé.
~ La loi de 1842, qui a posé les bases de no
tre* système général de chemins de fer,
avait assez -mal traité les contrées de l'Ouest.
4ussi à peine était-elle volée que l'on recon
naissait la nécessité de donner satisfaction
aux réclamations qui s'élevaient du sein des
vastes régions comprises entre la Seine et
lâ Loire, la Manche et l'Océan. En effet,
d$s 1844, le classement d'un chemin de
Paris à Renhes était prononcé, et des fonds
étaient alloués à«t'exécution des travaux de
la section de Versailles à Chartres: Mais une
seule ligne, dirigée âtravers une superficie
aiissi considérable, ne. répondait ni aux es
pérances des .populations de l'Ouest, ni
aux exigences des. < relations commerciar
les, ni même aux besoins des divers ser
vices publics." Deux, années plus tard,
c'est -à-dire en 1846, intervint une loi nou
velle qui arrêta un plan d'ensemble pour les
chemins deî'Ouest, et qui, en maintenant
la ligne de Retines, autorisa l'exécution d'une
seconde ligne sur Caen et Cherbourg avec
e mbra nchement sur Rouen.
Ainsi, d'une partj un chemin de fer de
Versailles à Rennes, par % Chartres,\ le Mans
et Laval, avec embranchement du Mans sur
Caen et de Chartres sur Alençon, était con
cédé auxcompagniesdeVersailles- rive droite
et rive gauche, qui devaient se fondre ensem
ble, et qui se chargeaient de l'exécuterdans les
condition de là loi de 1842, saufles embran-
chemens qu'elles s'engageaient à construire
à leurs frais. D'autre part, un chemin qui
se" détachait'de la ligne de Rouen, enamojtf
du souterrain de Rolleboise,. pour gagner
Cherbourg en passant par EvreuxetCaen, et
en jetant un embranchement sur Rouen / était
concédé à une nouvelle compagnie, qui de
vait l'ëxécuter entièrement à ses risques et
périls. Tous les intérêts se trouvaient satis
faits. La Bretagne et la Normandie, Renaeset
Caen ,BrestetGherbourgj avaient chacun une
lignç de premier ordre qui les unissait à la
capitale". Ajoutons què Caeii èt Cherbourg
devaient, au moyen de l'embranchement di
rigé par le premier chemin sur Alençon,
être mis en communication avee le centre et
le ntïdi dë la France, et qu'ils, étalent, en ou
tre au moyen de l'embranchement jeté par
le itécond chemin sur Rouen, rattachas à
Dieppe et au Havre,
Malheureusement, la crise qui, se déclara
; peu de- temp$rapjès:le,'V0te4e la loi et la ré
volution de février-qui survînt ensui te, sus-
péhdirent l'exécution dè ces projets. Tout fut
ajjourné..Laqu^SÛpnnêse réveilla qû'enl$50j
etron vit alors serenouveler les mêmesdébats
qui àvaient eu Heu en 1846. Le gouverne
ment proposait dë concéder le chemin de
Renpes à la compagnie Peto, Betts, etc.,
ri à" fis ' 1(3 syçtéjùae, 'âê là'loi de 1842, et. il de
mandait^ pa&îu» tfJfticle du projet de loi,
l'ouverture-à^n crédit de 19 millions ap
plicable à. rexéctttiû&'des terrasgemens et
des ouvragesfd'art de • l'embranchement sur
AÎençoni Àussitôt/une partie des populations
de la Normandie s'émut, parce que ce projet
lui sembla transporter à un embranchement
du chemin de Rennes les droits de priorité
consacrés par les lois antérieures en faveur
de la route directe de Paris à Caen. La lutte
se ranima entre les partisans de la ligne bri
sée, qui devait rattacher Caen au chemin de
l'Ouest par le prolongement de l'embranche
ment d'Alençori, et les partisans de la ligne
directe qui devait emprunter une partie du-
chemin de Rouen et se diriger sur Caen par
Evreux, Bernay et Lisieux.
Il était bien évident que la ligne directe
était cejle qui présentait la plus grande sour
ce d'avantages au point de vue des intérêts
généraux. Elle offrait une diminution dé
56 kilomètres sur le parcours, diminution
qui représentait une économie annuelle de
près de 2 millions sur le transport des
vdyageurs et des marchandises. Elle pla
çait Cherbourg deux heures plus près de
Paris, considération qui avait*son impor
tance au point de vue de la défense na
tionale. Elle traversait des contrées beau
coup. plus populeuses et beaucoup plus
riches. Elle unissait, au moyen de l'em
branchement d'Elbeuf,"les.villes de la*basse
Normandie à Rouen et aux villes de la Seine-
Inférieure avec lesquelles elles sont en rela
tions journalières. Enfin elle ouvrait un dé
bouché économique à cette masse de bes
tiaux que Lisieux,la vallée d'Auge et les her
bages de l'Eure e t de Piton envoient au mar
ché de Poissy pour l'alimentation de la capi
tale.
Quels étaient donc les motifs qui, en pré
sence d'intérêts si nombreux et si puissans,
pouvaient combattre pour la ligne brisée?
Ces motifs, il faut bien le dire, étaient sur
tout puisés dans les malheurs et les difficul
tés des temps. On n'osait guère, au milieu
des incertitudes qui enveloppaient l'avenir,
entreprendre de nouveaux chemins de fer. La
ligne brisée, qui partait de La Loupe, près
de Chartres, était plus facile, moins coûteu
se, et comme' on disait que la voie, directe
ne s'exécuterait pas de long-temps," on en
gageait les'populations normandes à pren
dre," en désespoir de cause et faute de mieux,
la voie détournée qu'on leur proposait.
Quelque obscures que fussent les destinées
de la France, ces motifs ne parurent cepen
dant pas suffisans pour porter les ressources,
du trésor sur les travaux d'un embranche
ment qui ne pouvait pas être considéré
comme la route naturelle, comme la vérita
ble route de Cherbourg, et qui n'avait plus,
dès-lors, qu'une importance secondaire. La
demande de crédit fut abandonnée. On voulut
toutefois donner une compensation aux inté
rêts que cet embranchement devait desservir,,
et l'on introduisit dans la loi portant conces
sion du chemin de Rennes, un article qui
imposa à la compagnie l'obligation de four
nir une somme de 3 millions applicable aux
travaux de la ligne d'Alençon, quand legour
vernement jugerait à propos de l'exécuter.
L'événement a prouvé qu'on avait eu rai
son de ne pas désespérer de l'exécution de la
voie directe de Paris à Cherbourg. Ce qui
semblait impossible il y a un an est devenu
praticable aujourd'hui. Dès que le coup d'E
tat du 2 décembre et l'affermissement, de
la tranquillité publique ont eu relevé la
confiance, l'attention s'est reportée tout
naturellement sur cette ligne appelée à jouer
un rôle considérable dans iiotre système dè
communications. Des négociations ont été
entamées avec les administrateurs de la com
pagnie de Rouen, aui a un intérêt puissant
à son exécution ; elles ont donné lieu à de
longs pourparlers, mais elles ont enfin abouti
à un heureux résultat. , -
La ligne de Paris à Cherbourg doit s'èm-
branchersiir le chemin de fer de Rouen,
près de Rosny, en atront du souterrain de
Rolleboise. Elle gagnera Evreux, passera par
Conches, Serquigny, Bernay, Lisieux, Mezi-
don, et arrivera à Caen au point qui sera dé
terminé par l'administration. Le tracé au-
delà de Caen ne paraît pas définitivement
arrêté sur tout le parcours. 11 passera sans
doute par Baveux, se rapprochera plus ou
moins de Saint-Lô, et se dirigera par Valo-
gnes sur le port de Cherbourg.
- La concession est faite aux principaux
membres du cùnseil d'administration de la
compagnie de Rouen, agissant personnelle
ment, bien que dans l'intérêt de cette com
pagnie. Voici maintenant les clauses princi
pales du traité. La ligne est divisée en deux-
sections qui doivent être exécutées dans des
conditions différentes. La première, celle de
Rosny à Caen, dont la dépensa est évaluée à
52 millions, sera construite par la compagnie
moyennant une subvention de 16 millions;
les 36 millions à la charge des concessionnai
res seront réalisés au moyen de l'émission
de 24 millions en actions et de 12 millions
en obligations ; l'Etat garantira un intérêt
de 4 0/0 sur toute la somme et l'amortisse
ment des obligations. Quant à la secoude
section, celle de Caen à Cherbourg, elle sera
exécutée dans le système de la loi de 1842,
c'est-à-dire que l'Etat se chargera des ter
rains, des terrassemens, des ouvrages d'art,
et la compagnie de la pose de la voie, du
matériel et de l'exploitation. La première
doit être terminée dans le délai de trois an
nées, et la seconde trois années après.l'achè-
vement de la première.
On remarquera que cette combinaison
n'embrasse pas l'embranchement de Serqui
gny sur Elbeuf et Tourville. Certes le gou
vernement en comprend toute l'utilité. Les
grands courans de voyageurs qui«se dirigent
d'un côté de Pont-l'Evêque, Honfleur etPont-
Audemer, vers Là Bouille; et, de l'autre, de
Lisieux, Orbec, Bernay et Brionne, vers El
beuf, appellent une voie de fer qui facilite les
relations sinombreusesdu Calvados,de l'Orne
et de l'Eure avec la Seine-Inférieure. M. le
baron de Condé, dans les recherches qu'il fut
chargé de Taire en 1844, a constaté què les
seuls bateaux à vapeur d'Elbeuf et dé La*
Bouille avaient transporté près de 600,000 .
voyageurs. Or, de nombreuses diligences
se sont établies depuis cette époque, et la
circulation n'a cessé de s'accroître. Mais
l'administration aura sans douie pensé que,
précisément à cause de ce mouvement con
sidérable, l'embranchement de Serquigny à
Elbeuf et Tourville pourrait s'établir sans le
concours de l'Etat.
Si nous croyons que le gouvernèment doit
désormais apporter une' grande prudence
dans les concessions de chemins de fer, il
nous est cependant impossible de ne pas
reconnaître çiue la ligne de Cherbourg
était de celles qu'il y avait nécessité d'entre 1 -
prendre sans retard. Les intérêts agricoles
de la basse Normandie étaien t en souffran
ce; les pays du centre , qui envoient des
bestiaux à Paris, lui faisaient ùno concur
rence désastreuse sur le marché. Il y avait
d 'ailleurs dans cette région une industrie
et un commerce actifs qui demandaient
avec instance à. participer-aux avantages
des nouvelles, voies de communication. En
fin est-il besoin de rappeler que Cherbourg,
placé à l'entrée ^de la Manche, à vingt-
quulre lieues de la côie d'Angleterre, en
face de Southampton et de Plymouth,
est un point stratégique de la plus haute
importance? L'empereur Napoléon, disait,
de Cherbourg, que c'était un œil pour voir
et un bras pour frapper,.%t, au milieu de ses
guerres continentales, il exécutait d'immen
ses travaux, destinés à continuer l'œuvre de
Louis XVI. Or, n'est-il pas évident que le
port ne sera complet que lorsqu'il sera relié
par un chemin de fer, qui permettra d'y faire
parvenir des : ordres ou d'y envoyer des trou
pes en quelques heure?? Voilà ce qu'a dû
considérer le gouvernement , non moins
soucioux de nos intérêts agricoles et indus
triels que de la sûreté de la défense, et de
l'honneur du pays. J. curât.
Lord John Russell n'avait point encore
subi d'échec semblable à celui qu'il a essuyé
lundi soir. L'ancien ministre - s'est pris lui-
même au piège qu'il tendait au cabinet.
En voyant les réclamations des popula
tions industrielles contre le bill sur la
milice, la vivacité avec laquelle les radi
caux attaquaient la mesure ministérielle, et
le mauvais vouloir dès anciens amis de sir
, Robert Peel, lord John Russell a cru qu'il
lui serait facile de reformer contre le nou-
vèM'igSbiiiçt la majorité qui-J'avait-reuversé
lui-même. Sous le coup de cette illusion,
lord John Russell s'est mis en campagne,
et, dans la séance de vendredi dernier,
il a attaqué le bill ministériel, non pas dans
ses détails, mais en principe, comme si tous
les argumens qu'il employait ne portaient
pas avec lamêmeforee contre le bill que lui-
même avait présenté.
Cette palinodie, que laseule ambition pou
vait inspirer, a fourni à lord Palmerston ses
meilleurs et plus cruels argumens contre son
ancien collègue. Le. vindicatif orateur n'a
point laissé échapper une si merveilleuse oc
casion de rendre avec usure à son ancien ami
le traitement qu'il en avait reçu, et il ne lui a
fait grâce ni d'un reproche ni d'une épi-
gramme. Les ministres', voyant que lord
Palmerston se chargeait de faire leur beso
gne» ont assisté en tranquilles spectateurs à
l'exécution de lord John Russell, et ont
ajourné à la séance suivante leur interven
tion dans le débat.
Lundi, la discussion devait , être des plus
. brillantes ; on avait annoncé que les anciens
collègues de lord John Russell, suivant
l'exemple de leur chef,' devaient faire une -
charge à fond contre le bill ministériel.
Sir'Gëof'gëGrey'etsîrCharlesWdod devaient
euXi -mêmes; descendre dans l'arène ,- on an
nonçait même mystérieusement que sir Ja
mes Graliam, retenu chez lui par la goutte,
ferait un effort et.viendrait donner le coup
de grâce au ministère. Ea additionnant les
voix des radicaux, celles des whigs et celles
des peelites, la bourse en était venue-à trou
ver une majorité contre le gouvernement,
et ^ concevoir là crainte d'une nouvelle cri
se ministérielle,
La discussion a faitévanouir tous ces fan
tômes. Non-seulement sir James Graham
n'est pas venu attaquer le cabinet, mais ses
amis, qui ne se croyaient pas obligés à suivre
lord J. Russell dans toutes ses évolutions, ont
défende, comm& ils l'avaient,déjà fait il y a
deux mois, le principe de la nécessité d'une
milice., Cette défection mettait: fin à tous
les rêves de lord John Russell. En présence
d'un é'chpc inévitable, sir George Grey et
sir Charles Wood ont gardé un silence
prudent, et quant aux enfans perdus .qu'on
a laissés s'aventurer dans le débat, le mi
nistre de l'intérieur en a eu facilement
raison avec quelques épigrammes et quel
ques sarcasmes bien mérités» La- défaite
des whig's s'est changée en une complète dé
route ; et, au scrutin, lord John Russell ne
s'est plus trouvé à la tête que de 165 voix
contre 315. Ces chiffres accusaient toute,
l'étendue de la victoire, et les tories en ont
salué la proclamation par des applaudisse-
mens frénétiques! Cette journée a été l'en
terrement du parti whig..
■C ucheval- C larignï.
Le Moniteur publie aujourd'hui un décret
destiné à terminer la grande opération de la
conversion des rentes.
On sait qu'au moment où l'annonce de
cette mesuré, mal comprise par une portion
des rentiers, dénaturée par- la malveillance,
amena "une certaine quantité de titres sur le
marché, et fit tomber le 5 0/0 au-dessous du
pair, des capitalistes et des compagnies, in
téressés à soutenir le crédit public, achetèrent:
les rentes qui se présentaient. Cette opération
fut secondée par la Banque de France qui aug-
f mentala somme affectée aux prêts sur dépôts
de rentes. Grâce à la manière dontelle fut con
duite, les cours se raffermirent, la confiance
revint, et la conversion s'accomplit avec un
: succès qui dépassa toutes' les espérances.
Il s'agissai t auj ourd'huLda -réglef. le snrt.de
ces rentes qui n'avaient été acquises que pouf
maintenir le crédit public. On ne pouvait les
; laisser s'écouler sous la forme de 4 1/2, sans
r qu'il en résultât des inconvéniens graves pour
ila masse des porteurs qui avaient accepté
la conversion. Le 4 1/2 0/0, en effet, est lin
fonds inerte de sa nature, avec lêquel on'est
peu familiarisé, et que la perspective de nou
velles conversions à venir tend déjà à com
primer. Supposons que les acquéreurs de
ces titres déclassés les eussent apportés au
jourd'hui sur le marché de la Bourse, le 41/2
se fût.trouvé immédiatenfent écrasé, et les ren
tiers, qui venaient d'être frappés dans leur
revenu l'auraient encore été dans leur capi
tal. Aussi la seule crainte de voir ces titres
arriver sur la place suffisait-elle pour inquié-
, ter les esprits et pour déprécier les cours.
Qu'a fait le gouvernement pour remédier à
une situation aussi dommageable pour la
massfi des anciens porteurs de 5 0/0 ? Il a
tout simplement remboursé les capitalistes
qui avaient acheté ces titres déclassés èa ren-
;tes 3 0/0. L'avantag? d'une pareille mesure est
•facile à saisir. Il n'en est pas du 3 0/0 comme
!dn 4 -1/2. Le 3 0/0 est un fonds élastique,
qui a devant lui une vaste carrière, ët qui,
par cela même, convient parfaitement à la
spéculation. On peut donc écouler sans in-
citovénient, sous forme de 3 0/0, une quan
tité dè rentes qui, émises en 4- 1/2, au
raient au contraire pesé sur la place et pa
ralysé l'essor du crédit public.
Voici comment l'affaire peut se résumer :
Une somme de rentes 4 1/2, montant à
4,475,000 fr., avait été rachetée au fur et
à mesure qu'elle avait été apportée sur le
marché. En échange de rentes 4 1/2, le gou
vernement donne 4,403,000 fr. de rentes
3 0/0. On peut estimer que les 4,475,000 fr.
de rentes 41/2 avaient été payées approxima
tivement sur le pied de 100 fr. et représen
taient par conséquent un capital d'environ
100 millions. Or, 4,403,000 fr. de rentes 3 0/0
livrées pour 100 millions, c'est du 3 0/0 à
68.fr. Nous ne pensons pas qu'on trouve
ce prix insuffisant, si l'on veut se rappeler
que, pendant le cours de l'opération, le 3
0/0 était coté 69 fr. 50 c., soit 1 fr. 50 c. seu
lement plus cher, et que les emprunts se
concluent toujours à un taux àu moins aussi
bas relativement aux cours cotés la veille de
leur négociation.
Oh voit que l'opération n'est pas autre
çbose qu'une transformation de rentes 41/2
en rentes 3 0/0. Le trésor y gagne d'abord une
économie annueM'de 72,000 fr., puisqu'il
n'aura plus à payer en arrérages que
4,403,000 fr. au lieu de 4,475,000 fr. Il
y trouve encore un autre avantage, celui
d'une meilleure composition de sa dette.
C'est, en effet, une chose fâcheuse, au point
de vue du crédit public, que la grande masse
de notre dette soit en 41/2. Tout ce qui tend
à diminuer cet état de choses est fa vorable à nos
finances, et c'est uriébonne mesure que d'avoi y
reporté, du 4*1/2 sur le 3, une partie du ca
pital'de notre dette, montant à 100 millions.
Comme le remboursement a déjà occasion^
l'annulation de rentes pour une somme de
38 millions, la masse du 41/2 va se trouve?
allégée d'un capital de 138 millions. , ;
Ainsi le nouveau décret termine l'opéra?
tion de la conversion des rentes. 11 assure et
accroît même le bénéfice de 18 millions
qu'elle doit procurer à l'Etat. Il affermit
la position du 4 1/2 et améliore la cou*
dition des porteurs qui ont accepté ;la
conversion. Il contribue à répartir notre
dette d'une manière plus favorable au crédit
public. Enfin il évite un emprunt, qui eût -
fait une concurrence dangereuse aux titres?
émis par les nouvelles compagnies de che
mins de fer. j. burat.
CORPS LÉGISLATIF.
Ordre du jour du jeudi 29 avril 1832.
A deux heures, réunion dans les bureaux, no-
piination d'une commission de sept membres pour
l'examen des projets de loi d'intérêt local relatifs:
Le premier, à une imposition extraordinaire par
le département du Morbihan ; .
Le second, à une imposition par le département
de la Gironde;
Le troisième, à un emprunt et à une imposition-
par le département de Lot-et-Garonne ;
Le quatrième, à l'érection en commune dis
tincte de la section du Pertuis (Haute-Loire);
Le cinquième, à l'érection en commune de la
section de Savignac (Aveyron);
A trois heures, séance publique.
Communication du gouvernement.
Discussion du projet de loi relatif à un emprunt
pour la ville de Bordeaux. M. Iîavid (de la Giron
de), rapporteup.
Discussion des projets de loi suivans :
Projet de loi relatif à un emprunt et à une inw
position extraordinaire parle département de Hau*
tes-PyrénéesM. d'Herlincourt, rapporteur.
Projet de loi relatif à.une imposition extraordi
naire par le département de.'la Meuse .M. d'Her
lincourt, îapporteur. ■ •'
Projet de loi relatif à uné'itnposition extraordi-
i naire par le départementdu Pas-de-Calais M. d'Her
lincourt, rapporteur.
j Rapport, s'il y a lieu, de la commission chargée
de t'exatnen du projet de loi sur la réhabilitation
. des condamnés.
La commission du Corps Législatif char
gée de l'examen du projet de loi portant rè
glement définitif du budget de l'exercice
1848, a nommé M. de Parieu président et
M. de Chantérac secrétaire.
La commission chargée de l'examen du
projet de loi portant règlement définitif du
budgpt.de l'exercice 1849, a nommé M. Mer*
cier président, et M. Hallez-Glaparède se
crétaire.
La commission chargée de l'examen dn
projet de loi sur la réhabilitation des con
damnés, s'est réunie aujourd'hui à deux
heures. ,
. Lô/apporteur, M. Lauglais, va s'occuper
immédiatement de préparer son rapport.
Les journaux du soir donnent les nouvel
les suivantes du conseil d'Etat :
«Les séances de lundi et de mardi ont été con
sacrées à l'examen du budget de 1853: Leseompti»
du ministère d'Etat, de la justice, de la guerre et
de la mas i e ont été examinés. Il reste à voir en
core les budgets de l'intérieur, des travaux pu»
blics,- de la polies générale, de l'instruction pu
blique et des cultes. • s
FEUILLETON BU CONSTITUTIONNEL, 29 AVR*
U® cfcÉESKAiu 1M3SAS3L
S
Parmi les hommes da guerre qui ont cou-
quisuû riom illustre dans-les guerres de la
République et du. Consulat, nul -plus que Da-
saixne sémbie fait pôur la biographie. Iles t fa
cile,'en,effet, de rassembler'dans une esquisse
rapide les traits ép'àç,S'de cêt.te existence si
courte, mais si bril^nte; etsj'rempUe. D.esaix,
d'ailleurs, semble"taillé $'ùr ,.1'e^todèlp des
héros. de : Plùtargue; U;y a ch'eZ lui quoique
chose dé supérieur à sesgrand.es actions,à ses
talens éminens ; c'est son caractère. En lui,
l'hotnmë est,encore aii-dessus du capitaine :
modeste, dévoué,' chaste, tempérant, grand
*iar l'intelligence, et simple de cœur, plein,
^'aménité et de douceur, toujours guide par.
les .principes d'une probité rigide. Sa gloire',,
dé'gagéè cle tout alliage^ tranche par son éclat
et par sa pureté parmi les renommées plus
ou. moins mêlées de passions humaiues, qui-
se firent dans le rarle métier de» armes.
C'egt le Bayard de notre temps. Comme le che
valier sans peur et sans reproche, il périt sur
uû champ de bataille de la mort,du soldat :.
plus ! lieuïeux que Bayard, il tomba, noy daqs
les hâsàrds d'une retraite, mais uu jour de
vi'ctoîfç, au milieu d'une lutte mémorable
joù . tbut était "perdu avant son arrivée, où
tout fut sauvé parTheureuse inspiration de
son'zèle et de son audace 1 / :
Lé récit de la vie de Desaix vient d'être pu-.
blié par M. Martha-Beker, comte de Mons.
L'auteur de çet ouvrage plein d'intérêt»est le
neveu du général Béker qui avait épousé Ia ;
sœur du général Desaix'. Il a ëu sous la .main
des lettres de famille, des mémoires autogra
phes qui lui ont permis de compléter lea
monumens officiels et de faire sur le général:
Desaix un travaildéfinitif. Ce livre, intitulé;
Etudes historiques sur le général Desaix, nous
le montre dans, sa vie privée, dans sa' car-
rière •militaire," et nous fait apprécier, à côté
des qualités admirables de l'homme de guer-
re, les mâles vertus de l'homme de bien.
La lecture de cet' ouvrage remarquable par
la pënsee et par le style, est une excellente
leçon de patriotisme et de dévoûmeût, en
même temps qu'elle nous fait assister aux
scènes émouvantes et aux événemens pleins
d'intérêt de cette existence hérolaue qui com
mence dans les montagnes de l?A,uvergne et
qui s'achève aux plaines de Marengo.
Desaix (.1), né le 17 août 1768, à Saint-Hi-
laire-d'Ayat, prèsd.e Riom . d'une famille-no
ble, ancienne et fort accréditée dans le pays,
passa ses premières années dans Je château
féodal de "Vt vgoux, au milieu de moniagnes
agrestes, entouré- des soins d'une mère ten
drement aimée, et d'une sœur plus âgée que
lui, qui fut pour lui une seconde mère: A
l'âge de huit ans, il fut admis à l'une des
bourses du collège d'Effiat,: dirigé par los pè-r
res de l'Oratoire. Il y fit ses études sans trop
d'éclat, plus'appliquè à la géographie et àl'his-
toire qu'aux autres étudt s (2) et ti ahissant les
instincts guerriers par les brusques saillies
de son caractère querelleur. Plus taid, cet
écolier distrait et emporté devint tin travail
leur infatigable, un homme patient et ré
fléchi. De ces premières études, si impar
ti) Son véritable nom est celui de Des Au de
Vcygmix On a plus eurs lfttres de lui signées, le
chevalier IJ<'S Aix de Veygouq:. Il a servi pendant
quelque temps sous,le nom de Veygoux. L'ortho-
«raplie de Desaix n'a' prévalu que quand il a été
à la mode de donner une physionomie plébéienne
aux noms nobles. L'ancienne orthographe du nom
de'Desaix peut indiquer du moins' quelle'eu doit
être la prononciation.
(2) Voici un bulletin a=sez cuiieux qui fait sou
tenir de ceux qui ont été publiés sur le jeune Bo
naparte :
Notes des m»is d'avril, mai et juin .{781,
du chevalier Des Aix de Veygmx.
•Taille : 4 pieds 4 pouces 6 lignes.'
Constitution : asstz forte.
Sauté : très bonne.
Caracière : boudeur et peu endurant.
Conduite : très médiocre.
Lecture et écriture : peu d'application.
Langues latine et française : il travaille sai)3 ré
flexion.
Géographie et histoire : bjen, mais sans efforts.
Mathématiques : progrès médiocres.
Dessin : léger et-capricieux.
Langue allemande : il fait des progrès.
Religion : distrait en général.
Signé : iuvettb,
père de l'Oratoire.
faites qu'elles fussent,: ileonserva l'amour de
l'antiquité, le goût des livres, la curiosité de
l'archeologue. Nous le venons à cet égard se
montrer le digne.émale des savansde l'ex
pédition d'Egyp'te. Les'lettres familières'et
intimes • que publie son docte biographe
nous font voir qu'il avait même un senti
ment 'assez vif de la forme littéraire. Son
style s'était formé lentement. Ses premières
lettres, par leur médiocrité déplorable, rap
pellent les premières épîtres "si niaises et
si vides de Jean-Jacques Rousseau à. l'âge
de vingt ans. Mais à mesure qu'il voit et
qu'il agit, son langage s'épure, s'améliore,
s'élève, et il trouve plus d'une page heureuse
pour décrire en traits rapides les majestueu
ses solitudes dé laThébaïde ou les charmans ■
paysages de l'Italie.
■Les débuts de.Desaix dans la carrière des
armes furent ceux d'un gentilhomme. Le 20
octobre 1783, le roi sigpa le brevet qui le :
nommait troisième sous-lieutenant en pied
sans appointemens dans le régiment de Bre
tagne. Chérin avait bien-et dûment vérifié
ses parchemins. Son frère aîné, plusieurs de
ses cousins, étaient déjà au service. Le ré
giment de Bretagne, célèbre par sa discipli
ne et par'sa bravoure, était travaillé par les
idées du jour. Besaix, comme tant d'autres
natures généreuses, vit avec entliousiasme
l'aurore aa la révolution. Mais son esprit ju;-
dicieux et élevé sut répudier tous les excès
qui souillèrent cette grande cause. Comme
aide-de-camp du général Mathieu Dumas ,
nous le voyons, forts de l'autorité pour réprimer les désor
dres à Strasbourg, pour empêcher la profa
nation d^s églises, pour faire respecter la vie
des citoyens paisibles. Animé des sèntimens
d'un vrai patriotisme, il refusa d'émigrer à
l'imitation de presque tous ses parens; mais
sans accepter aucun des égaremens de cette
■ terrible époque.
Toutefois, déchiréparlesreprochesdesa.far
mille, quile pressait de renoncer à son grade,
. et de se rendre àCoblentz, désespéré de n'être
encore que lieutenant après huit ans de servi-
ce, DesaixsolIicitaelobtintune place de com-
. missaire des guerres. .Heureusement pour sa
gloire il n'avait pas l'âge nécessaire pour ces
fonctions et il dut rentrer dans l'armée acti
ve. Eu mai 1792, le général "Victor de Bro-
glie l'attacha aux cadres de son état-major,
P
él
à l'armée du Rhin, dont il avait le comman
dement. - ,
Là commencèrent à se manifester les ta
lens de Desaix ; son esprit d'ordre, son intré
pidité, sa sagacitéj sa rtire intelligence des
mouvemens militaires. A partir de ce mo
ment il ne cessade grandir. Alorscommeùça
aussi le long supplice que lui fit subir la
lolilique révolutionnaire. Desaix, en effet, a
té unedesvictimesdei'esprit soupçonneux,
inquisitorial et inique des meneurs du parti
jacobin. Nul mieux que lui n'a servisonpavs.:
Il lui avait sacrifié ses affections de famille,
ses préjugés de race, et chaque jouril hasar
dait sa vie sur le champ de bataillé, avec
la plus généreuse, audace. Malgré l'éclat
da ses faits d'armes, malgré l'évidente sincé- •
ri té de ses actes ; il fut toujours en butte aux
.dénonciations, % l'espionnage, aux injustices
les plus révoltantes, jeté deux fois en prison,
suspendudeses fonctions militaires; Quand
il parvint au grade de général, ce fut
miracle s'il n'alla pas rejoindre sar l'écha-
faud Bouchard, Biron etCustine. Les iniq i-
tés ne refroidirent pas le zèle milita'ro de
Desaix. En vain on incarcéra sa mère et sa
sœur; en vain on lui confisqua ses biens;
en vain on l'abréuva de dégoûts et de cha
grin ; toujours fidèle à ses devoirs, soutenu
par l'amour de son glorieux métier, inva
riable dans son dévoûment, dans |a modes
tie, dans son patriotisme, il conquit rapide
ment tous ses grades, et sa glorieuse con
duite dans les nombreuses péripéties des
campagnes de l'Allemagne et du Rhin le
plaça au premier rang parmi les jeunes gé
néraux de nos armées.
Mais une ère nouvelle allait s'ouvrir. Le
général Bonaparte s'étaitrévélé dans les cam
pagnes d'Italie. Desaix eut le mérife de devi
ner, dès le premier jour,les grandes desti
nées qui attendaient le vainqueur de Lodi, de
Montenotte et d'Arcole. Blessé dangereuse
ment au passage du Rhin, l'un de ses plus
beaux faits d'armes , Desaix avait été con
damné • -^u repos. La paix lui permit de
voyager. Il se Vendit à Milan. C'est là qu'il
vit le gécéral Bonaparte. Ce dernier, dès
qu J il apprit l'arrivée de Desàix^ l'anhonçà à"
son armée dans un ordre du jour. Lors de
leur première entrevue, ces deux hommes
se comprirent, se jugèrent et s'aimèrent.
Desaix accepta sans hésitation l'ascendant du
génie. Bonaparte associa cet ami nouveau,
dont il connaissait le talent et le caractère,
à tous ses projets, à toutes ses espérances.
• Nousnous serions toujours entendus, disait
plus tard Napoléon dans les confidences de
Sainte-Hélène, par conformité d'éducation et
de principes. Desaix se serait contenté du
second rôle et serait toujours demeuré fi
dèle. » -
Bonaparte n'eut pas de peine à enflammer
l'imagination de Desaix pour l'expédition
d'Egypte. Desaix organisa la flottille de Ci-
vita-Vecchia, fit embarquer sur l'escadre
l'armée de Rome et vint attendre la flotte
entière dans les eaux de Malte. On sait com
ment un coup d'audace livra au général Bo
naparte cette île illustre qui avait résisté à
tous les efforts de l'empire ottoman à l'a
pogée de sa puissance. Desaix eut la gloire
d'emporter le seul fort qui. se défendit.
Le 4 e * juillet 1798 , Alexandrie apparut
aux regards de" l'armée française, qui a-
vait encore à y combattre , comme au
temps de Saiat-Louis, ces escadrons redouta
bles des Mamelucks. ' '
Desaix fut placé à l'avant-garde quafid l'ar
mée prit la route du Caire. C'était bien le poste
de ce chef vigilant et ferme, toujours prêt à
l'action;, toujours sûr de lui, dont l'intrépi
dité calmejléroutait tous les.eflbrts d'un en
nemi infatigable comme la cavalerie des
Mamelucks.' Nos soldats,-soutemis par son
exemple , ne perdirent point courage aans cet
te marche pénible, sous un ciel étouffant, au
milieu des déceptionsjdu ifiirage et des tour-
mens de la soif. Une scène sinistre j^eut don
ner une.idée des émotions de nos troupes et:
du caractère de Desaix. Un soir, la colonne
arrive près d'un puits : il avait été comblé;
Toiit auprès se trouvaient quelques masures.
Elles étaient vides. Seulement au milieu de
ces décombres, errait une femme arabe, jeu
ne encore, aveuglëV et qui tenait sur son sein
un enfaut à demi-mort. Elle cherchait de
l'eau pour elle et pour son nourrisson. On
la conduisit au puits; mais quand elle ne
sentit sous sa main qu'un sable brûlant, elle
poussa des cris affreux. Ses "lamentations
! navrèrent nos soldats, qui étaient eux-mêmes
dévorés par la soif. Desaix arrive : par son
ordre, le puits est déblayé : des distributions
de vivres raniment l'ardeur de la colonne.
La pauvre Arabe et son enfant ne furent
pas oubliés. La malheureuse raconta qL$!
son mari M'avait récemment crevé les yeux
dans un accès de jalousie. Après une halta
de quelques heures, l'avant-gardé reprit
sa marché.-Le. lendemain, la division qui
la suivait trouva près de la fontaine la
jfemme aveugle percée de coups de poignard.
Son enfant lui aussi avait été égorgé. On les
avait punis d'avoir accepté, dans leur détres
se, l'hospitalité des chrétiens. ' •
On sait quelle part glorieuse Desaix . prit
aux victoires brillantes qui nous assurèrent
la possession de la Basse-Egypte. Il eut lit
rôle principal dans, les expéditions qui nous
donnèrent le Sayd et la Haute-Egvpte. «Per
sonne, dit Napoléon dans ses Mémoires sur
la campagne d'Egypte et de Syrie, n'était plus
propre à diriger une pareille opération que
Desaix, personne ne la désirait avec plus d'ar
deur. Jeune, la guerre était sa passion : insa
tiable de gloire, il connaissait toute celle qui
était attachée à la conquête de ce berceau
des arts et des sciences. Au seul nom'de Thè-
bes, de Coptos et de Philœ, son cœur palpi
tait d'impatience. » Dans le cours de ces.mé-
morables expéditions, qu'il conduisit avec
autant d'habileté que de bonheur, Desaix,
encore plein de ses souvenirs classiques, ne
cessa pas un instant de s'associer aux trar
vaux si pleins d'intérêt des savans com
pagnons .d'armes que l'Institut lui avait don-
VI AC Af I A 1A11 ¥*1 il A A Wl 11 Ann wi 4 ^1 /v A/\rt m! .
nombre de monumens jusqu'alors inconnus
et de trouver, dans ; l'une de ses excursions
d'antiquaire le zodiaque de Denderah.
Apres le départ de Bonaparte pour la Franr
ce, Desaix reçut l'ordre de le suivre et de re-.
joindre. Après avoir été le négociateur de la
convention d'El-Arish. où sa lovanté chpvûio
moins arrêté., au mépris du droit des gens,
; par la croisière anglaise et jeté dans les pri
sons de Livourne. Voici ce que raconte, à cet,
égard, le biographe _de Desaix : « Confondu-,
avec les soldats, ce général à qui les Anglais
voulaient faire expier sa gloire, était sou mis
au même régime, aux mêmes privations; le
jour, il errait dans de grandes ceurs brûlées
par le soleil; la nuit, il couchait sous des
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