Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-04-25
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 25 avril 1852 25 avril 1852
Description : 1852/04/25 (Numéro 116). 1852/04/25 (Numéro 116).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
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4 UN NUMÉRO : #0 CENTIMES,
pou* lbs »4YS ÉTRANOuas ',' se reportir
an tableau qui sera publié dans 19 tournai,
le» 10 et M <& chaque moisi
1 _ . ' V.
- •• . • • •«. ^ I
. abonnement datent du, 1* *t lî
- de chaque moiti . »
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
9
.. S'adresser, franco pour l'^nii^ùtrâtiàH) à M. D enàin, directeur'
~V$èrç»tr t bvm^poia'^ ta rédaction, d M.CtœHKVAL-Cuuu&iity rMâtteSrmchef, I Ont'aSoitof, data Ut dêpartemm, çuxMettageriet eteaus Dfmtimdepottê.^ALoniret t èhèiWA^ .COVXK et nul- -f; . - - , 7 ... 7 . — -
' ' " 1 - L&* artfclei 1 déposé* né»o &t pu rendu*; / 1 | [V. """" A Strasbourg, chez M» ALEXARDHfc, tour l'Allemagnfï . ■■■■'• | Les annonces sôntreçue»aubureaudttjournal; ét'cheiM.PÀNIS.régiàsetfr, 10,' plaise d«is B outs#
' PAUlS, 24 AflHilL.
- V'égâlité politique dë toutes, les croyances
litigieuses ;ne s'établira en Angleterre que
par voie légjislativê. iC'est un acte du parle
ment qui; seul, peut ouvrir aux Israélites les
portes de la chambre des communes. Ainsi
Vient de le décider la cour de l'échiquief
dans le prôcès intenté à M. Salomons pour
âvoir siégé indûment au' parlement. Nous
avons raconté Tes épisodes dp la lutté enga
gée, dans la session .dernière,, par l'alder-
man Salomons, élu député de Greenwich,
" qui se présenta à là barre de I4 chambre des
«ommunes, prêta le serment prescrit par la
loi, eu omettant les mots : « Sur la vraie foi
d'un chrétien, » prit séancé et vota, jusqu'à cè
que le président l'eût fait expulser par le ser
gent d'armes. M. Salomons avait-il oui ou non
prêté serment dans la forme légale ? Telle est
la question que cet incident avait eu pour
objet de soulever. Si oui, M. Salomons
avait été injustement expulsé, et il avait droit
à reparaître au sein de la chambre des com
munes; si non; il avait commis un délit, et
il était passible des peines édictées contré Jes
îierso'nnçs qui
une place à laquelle elles n'ont pas droit.
, "Pour vider cette question, des poursuites
ont été intentées contre M. Salomons par un
• ®ommé Miller. L'affaire a été plaidéé en dé
blai l et avec une grande solennité; Le juge
ment vient d'être renJu, il y a quelques
Jours, par la cour dè l'échiquier. Quatre ju-
jgès s'étaient assis au banc du tribunal :
un seul a opiné en faveur de M. Salomons,
«en se fondant sur ce que l'aldernian n'était ■
ténu à prêter serment qu'en la forme la
plus obligatoire pour Sa conscience, jet que
les mots omis par lui, n'ajoutant à ses yeux
rien à la force du serment,-il avait pu les
.omettre sans inconvénient et sans illégalité.
■Le président de la cour a déclaré aue la loi.
était imparfaite, et qu'il espérait la voir'
Amender sur ce point; qu'il y avait injustice:
à exclure un Israélite par l'effet indirect,
et non prévu'd'une clause autrefois dirigée:
.contré les catholiques seuls; que le serment,
prêté par. M. Salomons était obligatoire et'
satisfaisait à toutes les conditions recherchées^
,par le.législateur, mais .jqugnyil, ne pouvait*
•être admis à distinguer, jlaàs une formalité'
prescrite par la loi, ce qui était essentiel et
Ce qui pon v ait,.être retranché. .Les deux au
tres juges ayant été d'avis que v les. mots omis
' faisaient {partie intégrante et indivisible du'
.serment ; et que, ce serment devait, être
. prêté dans- la .forme ..arrêtée par, Ip législa
teur j sous-peine d'être vicié, M. Salomons
là été condamné à, l'amende et aux dépens.
Le résultat de ceprocès a été accueilli avec
; mne Vive satisfaction par le parti ultra-an-
.. glicain, qui veutintérdire auxisraéli^sl'en
trée desdeux .chambres pour ne-pas déêhris-
• tïaiïistr le parbment, suivant le mot fa-
"vori" de sir Robert Inglis. .La. décision dé.
la cour de l'échiquier ^tablit -r formelle-
œerit que le texte dè> la- loi anglaise est
contraire aux prétentions, .des, isr^éliies^ par
conséquent M. de Rothschild et M. Salo
mons et tout autre israélite qui géra honoré
dirmàndat électif, ne',pçuyçnt adirer assiéger
qu'autant que le parlement, paï^neifeposij
lioû'expresse, modifiera la législation, exis
tante. Il faut donc un .bill régulièrement vo-
: té ; et le parti de l'intolérance, se flatte, qu'un
pareil bilt né sera jamais accepté par lacbam r
bre des lords. 11 compte même que les élec
tions- générales aurout.pour résultat dè f
changer en minorité la majorité qui, -par-
deux fois, à fait triompher, dans la chambre
des communes, le bill d'émancipation de ;
lord John Russell. Un: des journaux de ce '
. parti va, même, j usqu'à .dirç 'e$ estjf^it^
'désormais des Rothschild et-des Salomons. :
Qu'ils disent 'adîelTjuisTSectairs et s'incli
nent devant la loi. » :
Malgré ces chantâ de triomphe, lès israé-
lites .ne semblent pas perdre courage. M.. Sa-
lomnçs a fait imprimer une adressé dans la-
qCLelle il annonce aux.électeurs de Greenwich
qu'il «e rendra incessamment au miliçii
d'eux p'our solliciter le renouvellement de
ion jrandat. Il les invite à prononcer, une
fois dé plus par leurs votes !a condami-
^nation d'une-loi surannée, en contradic
tion avec tout le . reste de la législation
anglaise, et qui frappe^des innocens alors
que ' la croyance contre laquelle elle, était
dirigée est maintenant complètement af
franchie. Mais M. Salomons ne se borne pas à
invoquer l'appui ides électeurs, il a interjeté
appel de l'arrêt qùi l'a condamné, et il porte
là question-devant la cour ^u chancelier,
c'est-à-dire devant la magistrature suprême.
Celle-ci'pourrait bien lui donner gain de
caûse.*' 9 x
On peut compter, d'ailleurs, que la dis
cussion se renouvelléra de bonne heure au-
sein-de la future chambré des communes.
Le parli libéral y mettra d'autant plus d'ejn-j
pressement, que M. d'Israeli, aujourd'hui
question, d'un tout autre avis que ses partît
sans habituels. Il aparléen faveur de l'éman
cipation des israélites, et tous ses votes an
térieurs l'obligent à appuyer cette mesure :
elle deviendra donc un embarras pour lui et
pour le cabinet dont il fait partie. C'est cette,
raison, plus encore que l'amour platonique
des principes, qui déterminera les whigs à-
continuer leur appui à M. de Rothschild et à:
M. Salomons.
• C ucueval -C larigny.
La soumission des Zouaouas a causé dans
tout le pays anabe la plus profonde impres
sion. On sait avec quelle rapidité mefveil
leuse les nouvelles, Lonnes oumauvaises, se.
répandent de tribus en tribus et de douars,
en douars, et quelle influencé elles exercent
sur l'imagination mobile etsur l'esprit uirbu-,
lent des indigènes. Les progrès momentanés
du faux chénf avaient soulevé, sur un grand
nombre de point» du territoire, non pais des
hostilités'; ouvertes, mais des dispositions
malveillantes. Les agitateurs commentaient;
sous la -tente, en les grossissant-à leur ma-,
nière,lesévénemensduDjurdjura. Les crètcs
montagneuses habitées par ^confédération
et
l'empire de ces préoccupations e t de ces
menees,. que des difficultés se sont élevées
soit dans le Sud, soit sur les, frontières. En,
Algérie, en effet, une sorte d'association relié
entre éux tous-les élémens de désordre: c'est
pour ainsi dire, une société secrète en perma
nence dont la surveillance dè nos autorités
françaises et indigènes "doit incessamment
déjouer lès ; intrigues el les efforts.
L'arrivée à Alger de Sidi-€l-*DjoydL et de
personnages influens des peuplades insoumi
ses, a fait, sur. toute l'étendue de l'Algérie^
l'effet d'un coup de théâtre. L'effervescence
qui était entretenue sur plusieurs points du
territoire Kabyle, par les émissaires de B out
Bagherla, est tombee comme par miracle. Les
tribus dont l'attitude était suspecte ont fait
des démarches auprès de nos fonctionnairés
pour rëntreren gràce. Le chérif s'est vu aban
donné de'ses cavalière, qui sont rentrés' la tê*
te ; basse dans leurs yillages. Il av^it d'abord
cherché un asile chez les Oulad-Aly-ou-
Jllôul ; xnais,. ne s'y trouvant pa?'en jBurè|.é,
il. s'est , réfugié cluez les Jîem-Mdlikeuch ;
mais ces derniers viennent. de s'adresser
à un des marabouts dévoués à notre cause;
Sid-Ben-Ali-Chmf, pour traiter de leur sour
mission. Bou-Bagherlâ, qui avait rêvé les
destinées d'Abd-cl-Kader, et qui est rèdûit à
la .condition de Bou-Maza au moment ôù il
s'est livré entre nos mains,, s'efforce, dit-on,
;de se faire jour .vers le Sud. , ...
La soumission de la grande Kabylie aura,
iliAut 1,'espérer,.une,grande .influence .sur
nos affaires du Sahara. Sans que la colonne
du général.JUdmirauU. xeBcontr& défe diffi
cultés sérieuses, la pacification n'y marche'
que fort lentement. Les-parties du Tell, Otl
voisines du Tell, dans le'sud-de Médèah, sont
déjà, rassurées et tranquilles, Mais l'agitation -
continue daùs les régions $juâ méridionales*
Il su fût dé consulter, une carte pour ss
rendre compta ,de ^ situation. Dans le
Sahara, les distanceront grandes; il est/
difllcilë d'agir sur-tleS : rtribus nomades qui/
an premier péril, pliébt la tente et s'ea-.
foncent dans le Sud;. t)e plus, le fanatisme
religieux «si plus-intense parmi ces Arabes!
fiefs de la pureté de leur origine et quiregarf .
dent les habitans du Tell comnie des musul
mans' dégénérés et. proscrits. Enfin, la jçonS-
duile astucieuse et déloyale de notre kàlife
de. Laghouat est pour beaucoup dans; nos
embarras. Le 25 mars, le général Ladmirauft
se trouvait à Ksar-el'-Àlrane/ et se prépàrdit
à se diriger vers' les pentes sud du Djébel-
Amouf, pour, donner.,1a. main à- lavço^-
lonne légère qufa, détachée lq 'générara^-
lissier, commandant supérieur de là prop
vinco - d'Oran , et qui est sous les ordres
du chef de bataillon- de Liguy. Un ravi-,
taillement vient d'être- envoyé au général
Ladmirault ,'pour lui permettre de profl- /
tér des mésintelligences qui viennent d'é-
clàter entre les Larbâ rébelles et d'achever
promptement 'sa tâché. Lg conflil qui. a ëu
lieu entre plusieurs desf tribus du Lar})à in- -,
diguetmnitikukfl jmargla-.es; '
"ttffpuissant à maintenir l'unité parmi ses ad-*
-hérens et que son àutoritéest affaiblie. Notre
colonne expéditionnaireaurasans douteréus-
si prochainement à rétablir la .sécurité dans
cette portiïfif'du Sahara. Le gouvernement
attache-d'autant plus de prix à cette com-
plète pacification, que dans • ce moment on
né néglige rien pour rétablir avec l'intérieur
de l'Afrique, par l'intermédiaire du Sahara,
des relations commerciales; : /
Ce commerce, très florissant du tenips des
Turcs, s'était peu à peu éloigné de l'Algérie,
conquise par les chrétiens, pour prendre le
chemin de la régence deTunis et ae l'empire
du Maroc, bien que la route naturelle fût
à , travers nos possessions africaines.- Tant
que nous.ayons dû faire une. rude guerre
aux populations insurgées, il " al été im
possible de iaire renaître cet élément pré
cieux de la prospérité coloniale. Aujour
d'hui là conquête est faite, elle se con
solide tous les jours ; les préjugés religieux
tendent à s'affaiblir. Déjà le-commerce du
'l'ell et du Sahara a repris toute son ancienne
importance. L'heure est venue de tenter plus
encore : il faut espérer que bientôt on verra
se rétablir, par 1« canal de l'Algérie, les com
munications avec l'Afrique centrale, et que
nos villes du littoral deviendront, comme
par le passé, le point de départ des caravanes.
\ henrï caxjvain.
Pendant la sessiçn, le,prince-Président de
la République recevra au palais de l'Elysée,
le samedi etUe mardi, au lieu du lundi, dç
chaque semaine, de neuf à onze heures du
soir : MM. les membres du Sénat, MM. les
ctéputés au Corps Législatif, M.M. les conseil
lers cl'Ètat et maîtres des requêtes, et MM.
les officiers généraux de l'armée de terre et
de mer. . (Communiqué.).
iLe congrèâ douanier réuni à "Vienne par
le prince de Schwartzenberg pour-préparer
une union commerciale çnlre l'Autriche et
le reste de l'Allemagne, ou au moins l'entrée
dé l'Autriche dans lfj Zollverein, est arrivé à
son terme. Le protocole final a été signé lè
20. avril, à denx* hèûrës. Par ce protocole, les
gouyernemens -des-Etats signataires s'enga
gent à mettre en œuvre la politique commer
ciale résumée dans les deux conventions re
latives aux commerce et douanes et à l'union
des douanes qui ont déjà été publiées. Les
plénipotentiaires qui ont signé ce protocole
sans réserves aucunes sont ceux-aes Etats
suivaiis : Bavière, Saxe, Wurtemberg, Hesse- ,
Electorale, grand;duché de Hesse et Nassau.
— Ont signé sous réserves . Brunswick; Ol
denbourg, Francfort et les villes anséatiques.
Le Hanovre a refusé sa signature. ■
Voici le résumé de ce protocole :...
« Le gouvernement autrichien déclare' ètre_prêt
à conclure avec le gouvernement prussien, les
, " E(^^'fa^^t"actuçilei»«rt-partie du Zollvéreîn et
' ^Beira. iyïî-y ■ ^nti-ertmt-en 1854, un'riiaitd de, com-'
> f merèe et de douane et un traité d'union douaniè-
ï' re, conÉorriies aui projets itentionnés.
' »,Les gouvernemens déclarent de leur.côt'é être
prêts à accéder h. un itriité da commerce • et de
douane, et à un traité d'union commerciale entre
la Prusse, les Etajts faisant actuellement partie
janvier
iS.ï4, d'auire, part, si ces traités peuvent .être
conclus en conformité avec les; projets mention?
nés; à provoquer- l'adhésion.à ces mêmes ,traités
de la partdes, autregiEtats,* clu Zellverein ; et au
cas qu'ils : n'acceptassent pas' les projets susdits
3ans:modiCcations,.à faire en sorte que ce soit
en prenant ces, projets peur base-qu'on négo
cie entre les Etats en question un traité de douané
"et de commerce et un traité d'union douanière; et
que la conclusion de ces traités coïncide avec le
renouvellement ou la transformation -du Zollve-
reln. » - • .. • ■ , : •" '*
Le comte Buol fechàuenstein a oîos les con
férences douanières par "un discours dont
voici la substance :
Conformément au désir du prince de
Schwartzenberg; on s'est borné a élaborer
des projets. Aucune résolution n'a donc été
adoptée.. On désire vivement que dans les
conférences de Berlin aussi'àucun ai-ranger
.ment ne; soit conclu en ce qui concerne
les traités 5ur le f renouvellement dû Zollve-
rein avant que^des négociations aient été
entamées av/acr l'Autriche et ne soient par
venues à leîir maturité ^up-aô-traité-d'u
nion douanière commerciale. Finalement,
lé comte lîuol a donné, au nom dé S.
M. l'empereur, l'assurance que de même, que
" pendant la vie du prince de Schwartzenberg,
on travaillerait avec une ardeur égale'à la.
réalisation dé l'union douanière et commer
ciale de l'Autriche avec l'Allemagne. Le plé-
• nipotentiàire de Bavière, comte de Lerchen^ !
fetd, a répondu à ce discours. Il a déclaré:
"qu'il considérait l'assurance donnée comme,
une confirmation des efforts faits en com
mun."
On nous écrit de Berne, 21 avril :
La victoire remportée par le gouverne-;
ment est éclatante. La uïSjorité des électeurs
qui pnt sanctionné sa politique sagement
progressive et libérale a atteint le chiffre de;
. 6,752, majorité qu'on était loin d'espérer
après tous les moyens de corruption em-.
- playés par les socialistes pour séduire le peu
ple; mais le peuplé a tait voir qu'il a trop
de moralité pour se laisser prendre à l'a-
niorce des appétits matériels. 1
Le gouvernement a puisé une nouvelle
fprc'A en passant par. oe creuset populaire,'
et maintenant qu'il. e»t en mesure de dé-
ployer un peu-plus d'énergie,• on peut s'aM
tendre à ce qu'il mettrait promptement à laj
raison les meneurs socialistes, s'il leur pre-'
... bailt fa ntais ie, „ cé .qui est bien "probléma ti ?
que,'d'organiser une nouvelle agitation dans
le canton, qui jouit aujourd'hui d'un calme
auquel nous n'étions plus habitués depuis
long-temps. r .
Les conservateurs s'apprêtent à mettre
utilement à profitjes fruits de leur helle et
( légitime victoire, et une réunion de délégués
'des communes de tout le canton aura lieu
samedi prochain dans la capitale pour s'oci
euper de la situation du pays.- Les points
principaux qui seront discutés dans cette
réunion sont ceux-ci : „ /
1? -Suppression dé l'Université, qui reprend.
drait le rang et le titre moins ambiiiefix,
mais plus vraie, d'Académie. ; - j : !
> 2° Réorganisation: des collèges du Jura
(partie française), qui sont dans un état dé
plorable. ■ - - -
3 9 Révision partielle de la Constitution
par le grand-conseil,et rétablissement,-dans
tous les cas, du droit de révocation enlevé
en 1846 au gouvernement. ■
: 4° Une loi destinée à protéger les autorités
èn butte à des outrages à raison et dans
l'exercice de leurs fonctions; i
5° Ikie nouvelle législation sur la presse,etc;
Laréu'nion se terminera par une brillante
promenade aux flambeaux pendant,la soirée
dans les rues de Berne. Cette. manifestation
de l'allégresse générale sera grandiose. »
L. B oniface
: Une dépêche télégraphique, datée de Caris-
ruhe, mardi 20 avril, annonce que le grand-
duc de Bade est à l'agonie. On attend sa
mort à chaque instant, . .
Cne autre ^pMie.téle^aphLquç^'^iiate
i d'Athènes,, 10 avril, annonce que la fête na
tionale a été célébrée dans le plus grand
«rdre.
De nouvelles interpellations ont eulieu
dans deux les chambrés, sur les prétendus
cwmplots poutre la vie du roi. Le ministre,dé
lâjùstice a promis de nouveau que legouverp
meut .procederàit à une enquêté sévère, et
que le cabinet en ferait connaître le résultats
•Il y a eu, dans lè sénat, une séance très
orageuse; plusieurs orateurs ont attaqué
violemment h -politique du cabinet; Le pré
sident s'est vu forcé qe lever la séance.
Nous lisons dans la Sentinelle de Toulon j.
numéro du 22 avril : ' *
« La.circulaire suivante a été adressée par M. le
préfet du Yar : •
A MM. les sous-préfets et maires.
Drag , uignan7 le lo avril 1 832.
. Messieurs; • • " ,
■ Vous .connaissez la mission de M. Quentin Bau-
chiart, conseiller d'Etat, que Mjjr le prince-Prési
dent de la République a envoyé en qualité de son
.haut commissaire pour réviser les jugemens de.la
commission mixte du'département.
. Cette commission vient d'è're achevée, et M. le
haut commissaire a donné aux condamnés, des
preuves éclatantes et . nombreuses de la clémence
au prince Louis-Napoléon. ,
_ Vous le comprendrez,'Messieurs un gouvcrn&-
~ment qui peut gracfer-mn9r-d«*^«nd»«eouf<»We»j-ï
si, peu-de temps après la manifestation criminelle
de leurs fautes, un tel gouvernement doit être bien
■ fort. , • ■ •. _
Aussi, à l'arrivée des graciés dans "les diverses
communes, vous-vousi empresserez, j'en suis sûr, !
de .rassurer les esprits timorés qui pourraient'
éprouvée quelques craintes d'un, retour auquel
tous ne s'attendaient'peut-être pas encore..
Dites-leur, au reste, je vous en prie, que, me
trouvant avec la commission mixte auprès de M.
le haut commissaire pendant qu'il distribuait les '
grâces, j'ai pu voir avec joiQ le repentir sincère,
des graciés.. Ils ont promis, tous, leur adhésion.
franche," leur concours et leur fidélité au printfe
Louis-Napoléon, et à son gouvernement. . ,
Toutefois, Messieurs, 'ils ont tous été soumis à!
la surveillance de la haute police, et vous devrez^
l'exercer envers eu;, conformément aux disposi
tions des articles 44 et 45 du Code pénal, modifié"
par la 1 loi du 28 avril! 832.
Ces graciés arriveront ces'jours-ci dans les com- 1
mu nés | ceux qui avaient été d'abord condamnés
à l'expulsion, à,J'éloignement momentané de Fran-.
pe èt l'i'nternémenî,: et dont les peines ont été com
muées, y sent déjîi'ou y retourneront bientôt, j
: MM. les maires voudront bien leur dire queleuif
grâce ou leur commutation' de peine ne leur sont
sont acco.'dées qu'à la condition de venir à la pré
fecture signer une dédaràtion qui leur sera.sou-1
mise. S'ils s'y refusaient; la première peine'leur
serait appliquée. >
Ils devront venir le plus tôt possible. J
' J'aurai l'honneur de vous adresser, nii jjremier ■
jour, la liste dès graciés de chaque-commune, f
Recevez, etc.
. Pour lé préfet du Var en congé,
' Le conseiller-de préfecture secrétaire-général
. délégué, > Henri angles. ' :
La déclaration dont parle la circulaire qué
nous venons de rapporter; et qu'ont signée
les insurgés graciés au nom de Louis-Napo
léon, est conçue darfç les termes suivans :
. « Je soussigné- déclare, sur l'honneur, ao
.» cepter avec reconnaissance, la grâce qui m'est
» faite par lo prince Louis-Napoléon, et m'engagé
» à ne plus (ou à ne jamais) faire partie de socié-
;» tés secrètes, à respecter les lois et à être fidèle
» au gouvernement que le pays s'est donné. » .
Toulon, le r avril 1852"
On lit dans le Vingt Décembre, journal de
Limoges :
' «'M. le : général Canrobert, aide-dc-camp dp
priiîce : Président, est arrivé à Limoges le 19 de ce
mois. II. y apportait la clémence du chef de.l'Etat
à l'égard des-indivi lus condamnés parla commis
sion départementale, qui pouvaient obtenir des
commutations de peine et des grâces sans que la
sécurité publique .dût avoir à en souffrir,'et qui
avaienttémoigné d'un vif repentir de .leur partici
pation aux troubles de décembre. ' '
v Le premier soin de l'honorable général à été
de se mettre çn rapport avec les membres de la
commission' mixte et avec quelques autres ppr-
sohries qui pouvaient éclairer sa religion.- La.
réuniôrra eu litfù à la préfecture. De nombreux
dossiers ont été examinés; Le général a .voulu
connaître par lui-même les charges qui pesaient
sur les condamnés. Il «'est convaincu de la ferme-
té, mais aussi de.l'esprit de modération, qui avaient
.animé les membres de la commission dans les dé
cisions qu'ils avaient prikes. Cependant, comme il
avait à exercer au nom du chef de l'Etat une mis-
i sitra de clémence et.de pardon, il'a>accerdé*un
cciiaiu TOHibre' de » Deui. individus "condamnés à la transpnrtation
en Algérie, .ont été - expulsés définitivement de
France.
' » Six individus, qui étaient condamnés à la
transportât ion à Cayenne', seront transportés en
Algérie. .'. * -
» Six condamnés à l'expulsion défînitivéy ne suf
biront plus qu'un exil momentané.
d Neuf condamnés à'J'exil momentané, pourront
être simplement internés dans un département au-v
tre que celui de la Hiute-Vicnne. ■■
» Cinq individus contre lesquels l'internement
avait été prononcé, ont été mis seulèiûent sous la
surveillance de la haute police. '
» Il y a donc, en totalité; vingt-huit commuta
tions de peines, auxquelles il faut er. joindre quet-
3ues autres, accordées à Paris par la commission
es grâces. .
» Nous avons su qu'hier matin, le général Canro-
bert s'était rend u seti 1 à lji maison d'arrêt, qu'il avait
fait appeler devant luiles individus qui y étaient en
core détenus pour cause politique.il leuràfa'rt com
prendre, par quelques p aroles a la fois énergiques et
bienveillantes, combien leurs projets et leurs actes
avaient été coupables et insensés: que, cependant,
il consentait à agréçr l'expression de leur reperitir,
et il leur a annoncé les commutations de peines
prononcées au nom du prince, vers lequel ooit se
reporter totite leùr'réconnaissance.
» Nous apprenonsest reparti hier au soir. Ij emporte avèc' lui de
nouvelles bénédictions adreïsées.'au'chef de l'Etat
pour la clémence'qu'il répand à pleines mains -sur
"les malheureuses victimbs du socialisme et de là
Tddmaffogie. sa ns toutefois énerver la vindicte pu
blique et desarmer la"société. ~ ,
w Ces bénédictions èt la gratitude que ces actes
laissent dans tous les cœurs sont des gages bien
certains du retour de3 idées vers les principes
d'ordre et d'autorité. » ..
M. le préfet de l'Yonne vient d'adresser â
MM. jles sous-préfets et maires de ce dépar-
ment la circulaire suivante, qui signale un
fait des plus graves: . ^
A MM. les sous-préfets et maires du département.
Messieurs, • : . •
Un. fait atroce vient de s'accomplir dans mon' dér
parlement. , -
Je.le signale à l'indignation publique. Un miséra
ble, au nombre des insurgés de décembre et qui avait
été pardonné, a été saisi le 18 du mois courant, par
la brigade-de gendarmerie de Courson, une torche à
la main, allumant un incendie dans un bois situé.sqr
le territoire.de Druyes, appartenant à,M. Moreau,
juge au tribunal .de Sancerre. •
Il a- été immédiatement conduit, à la prison
d'Auxerre,-et mis à la disposition de la justice.
Telle'est la reconnaissance de ce malheureux en
vers Je. prince auguste, qui préside, aux destinées d«
la France.
.Après avoir-sauvé le pays de llanarchie, le prince,
au lieu de punir tous les coupoles, a daigné faire '
descendre sa clémence sur des hommes qu'on ne
croyait qu'égarés, v i .
Il en-'esti.certainement beaucoup qui sont dans
cette catégorie; mais il en est aussi qui persévèrent
dans les pensées dé désordre et qui méditent p.neore
de criminels projets. " -
"■Que ceux-là tremblent, on a les yeux .sur.leur
conduite, les autorités veillent, 'et le concours de no
tre infatigable gendarmerie ne leur fera pas défaut.
Que les hommes de désordre le sachent bien : sous
un gouvernement fort, tel que .celui que nous avons
le bonheur de posséder, une répression énergique et
prompte ne manquera pas d'atteindre ceux qui ten
teraient, de. jeter de nouveau "le trouble dans la'so-
ciété. .....
Recevez, Messieurs, l'assurance de ma considéra
tion distinguée. '
Le préfet de l'Yonne, R ouolphe d' O rnano
, De grands préparatifs sont poussés active- .
ment au. Champ-de-Mars pour la cérémonie
de la distribution des drapeaux à l'armée;
ces travaux, pour lesquels un crédit de cent
mille francs a été ouvert au budget de la
guerre, se font.sous.ii. direction de M. D>
jean, colonel du génie.
Deux- étages de tribunes, les supérieures
ayant entrée par les croisées du gouverneur
de l'école, les inférieures par le Champ-de-
Mars, seront adossés au. grand bâtiment de
l'école Militaire. Au centre de ces tribunes,
sousl'horloge, sera placée la îribune duchet
de l'Etat ; c'est sur cette plateforme, où
l'on arrivera par des degrés-partant du
Champ-de-Mars, que sera faite par lui la
distribution des aigles.
D'autres tribunes ptu élevées occupant de
chaque côté environ un quart de la longueur
du Champ-de-Mars, sont établies au bas des •
tertres,,de manièreà ne pagvmasquer la vue
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL, 25 AVR.
'. " 'U!. ' • '• ■ .. ., .
LA VIE A REBOURS.
ÂBIIAMD.
î *-
SECOND VOLOBIE.
XXIV.
LK'HETOpîl A. LA VIE."
Les premières âemfiines qui * suivirent le
retour d'Armand dans le. château paternel,
furent employées à un examen de sa situa-
tion èt à une liquidation générale de ses fo
lies. Comme on le deyine, la main du prince
s'y fitsentir. Depuis qu'il avait été investi dp
la confiance d'Aérienne, il n'avait rien épar
gné pour la jusfifler. C'est lui qui, prévenu
par l'oncle Séverin,et à l'aide d'un valet de
chambre, avait pu la faire arriver à teipps
sur le lieu mêmé où Armand .devait attenter
à ses jours. C'est lui qui se chargea,de mettre
son nom à l'abri des plus pressantes attein
tes, lui, encore, : qui se dévoua è sujvre ep
détail une opération que l'incurie de'Cour-
tenay avait entourée de grande^ difficultés.
' Àdrienne avait eu l'espoir que cé trcCvail
amènerait le prince aux Agéux, l'espoir et
la crainte, puisqu'il faut tout dire. Il avait
trop de droiîs jsur son.pflçuy ,„ elle lui devait
trop pour que sa présence tût sans danger.
Il ne. voulut ni l'y exposer, ni s'y exposer, et
s'abstint d'y venir. Tout sé borna à une cor
respondance d'affairés, dans laquelle une
phrase de loin en loin, trahissait le côté dis
cret de la pensée. Quand les circonstances
* La reproduction est interdite.
l'exigeaient, maître Remy faisait tes voyages
de Paris, s'y -abouçhait avec le prince'ou avec
l'homme de loi que celui-ci avait chargé de
'la conduite de cette liquidation.- Pas un mot
d'ailleurs.ni sur les. eçibarras qu'elle pré
sentait, ni-sur les soins qu'elle exigeait. Il
régnait là-dessus une sorte, de mystère que
le vieux fertnier, ne parvint jamais à péné
trer. Le prince l'avait'voulu ainsi. Adrienne*
Tenaigsait .au repos; il écartait d'elle tout ce
qui aurait pu troubler, cette situation et ré
pandre dans. sonjesprit de nouveaux nuages.
Un, deux mois, s'écoulèrent ainsi, sans que.
le prince.se.départît ni de sa sollicitude; ni
de sa réserve; Ses lettres devenaient moins
«fréquentes,;et il s'y livrait moins;: on y sen
tait seulement une peine plus contenue..
rEnûn un jour, un exprès arriva aux Ageux,
aYee un pli qu'il ne devait remettre qu'à la
jeune femme et en ses mains. Celle-ci lé re
çut et ne le décacheta qu'avec une certaine;
émotion. Voici ce qu'elle y lut :
.« Adrienne, je pars ; ma sentence d'exil,
vient d'être. révoquée, je fuis libre de ren
trer idans ma patrie et j'y vais chercher les
consolations que Tair et le sol natal procu
rent aux affligés. . . -
. » Je pars sans vous voir,- j'ai, craint l'é
preuve des adieux^ Vous connaissez l'état de
mon cœur : rien n'est changé dans la lutte
qu'il soutient, ni daas le ferme désir qu'il a.
dé se vaincre.-Je ne dis pas que la cure ait
fait des progrès ;.. mais, à voua revoir, le mal
eût certainement empiré. Vous m'avez per
mis dé vous flire tout cela, Adrienne c'est
la seule grâce que je vous aie demandée, et,'
vous me rendrez cette justice, que je n'ai pas
poussé la permission jusqu'à l'abus. -D'ail-,
I leurs, je ^pars; c'est mon excuse aujour-
Id'hui ; je-vais mettre entre nous des distan
ces qui écarteront jusqu'à l'ombre d'un pé
—y ■ .. .- : -7- . -, .
ril, et . d'où mon amour ne vous parviendra •
que comme un écho ou un parfum lointains
apportés par les brises de nos plaines.
» J'ai,bien souffert à vous armer T . j!en
souffre plus que jamais, et pourtant cette ,
souffrance m'est chère., J'y ai mesuré la for- s
ce que je. puis exercer sur ma volonté, et ;
elle est geandè; j'y,ai goûté les joie§ qui s'at- ;
tachent à une adoration discrète,, .recueillie, i
et dont 61a n'attend rien dè plus. C'est,. je "
vous l'assure, un aliment très vif pour le,»
cœur ut qui peut suppléer les autres ; c'est
en outre la partie la plus pure, de nos senti-.
mens, la moins susceptible d'altération.
Aussi je défie le tomps et les distances de rien ;,
enlever à ce que je ressens pour vous ; je défie
même l'absence, cette épreuve où succom
bent tant d'amours..
» Vous le voyez, Adrienne ; je vous parle
longuement de moi et de mes chimères.
Comme les fanfarons, j'ai le verbe plus naut
à mesure que je m'éloigne davantage du
danger. Quand vous me lirez, je serai bien
près de la frontière de Prusse et par consé-
•quent à l'abri de ces brusques , assauts que
j'ai essuyés; lorsque douze lieuesà peine nous
séparaient et qu'en un petit nombre d'heures
je pouvais être à vos pieds. Que de fois j'ai
lutté 1 Que de fois j'ai vaincu! Souvent là
chaise était à la porte, et je la renvoyais; j'ai
faitjusqu'à la moitié du trajet et j'ai eu la
force de revenir sur mes pas. Ce serait.toute
une histoire qub ,celle de mes combats; mais
quel intérêt y prendriez-yous, Adrienne?
: » Que je vous dise où en sont vos af
faires : c'est bien plus essentiel. Tant que j'ai,
habité Paris; je n'ai pas voulu qu'on vous en
fatiguât les oreilles. U y a eu bien du travail
et bien des foins dans tout cela. La gestion de
votre mari n'était pas des phis simples; d'un
côté il ne calculait pas, de fautye il aVait af
faire à de terribles ^calculateurs. Vous jugez
sans peine de l'embarras où nous étions et
des précautions qu'il a fallu prendre contre
. les pièges des,aigrefins. Toutes les créances
. ont été vérifiées une à une et par des homj-
; mes entendus; on a payé-ceux-ci intégrale
ment, on a transigé avec ceux-là. Vous ver r -
. rez, par un état que je vousenvoie", comment
les choses ont été réglées définitivement.
C'est un homme de confiance qui l'a dressé,
.. et vous pouvez l'accepter les yeux fermés. .
, ,» J'ai eu le bonheur, après bien des efforts,
de pouvoir rester votre seul créancier; tous
- les autres ont été payés; leurs .titres n'exis^
tent plus; vos deux domaines sont libres.
Maintenant, en ce qui me regarde, il en ira
de la façon que vous l'entendrez. Mon no-'
taire a des ordres formels pour n'agir qu'en
raispn de votre convenance et comme ban
vous semblera. Pour les intérêts, pour le
parlai, il n'en sera qu'à votre gré et aux
, termes qu'il vous conviendra de. prendre^ Je
n'ose pas dire que ce qui est mon bien est
votre bien; vous pourriez en. éprouver de
4'humeur, Adrieùne, et me trouver imperti
nent; mais faites-en d'après votre guise, je
vous eu supplie, et pardonnez-moi d'avoir dit
sans détour ce que je pense avec sincérité. Je
suis un frère pour vous, rien de plus; recon
naissez mon titré et traitez-moi comme tel.
» Hélas ! vous aurez assez d'embarras sans
y ajouter ceux que pourraient faire naître
, des'susceptibUités excessives. Le passé vous
;, a légué un poids bien lourd, et'qui sait si
l'avenir ne vous réserve pas de, nouvelles
épreuve^? Marchez donc, pauvre et sainte
femme, marchez dans lés ronces et les .pier-
i res du chemin, et souvenez-vous qu'à défaut
d'autre appui, vous ayez ici un bras .qui vou§
appartient et dont vous pouvez disposer i
» Prince W ubdiïr . , »
Cette lettre ne passa point sous "les yeux
d'Adrienne sans lui causer une vivè émotion;
elle la relut à plusieurs reprises, èt ne cher
cha plus à se défendre du sentiment que lui
inspiraient une grandeur si naturelle et de §i
nobles procédés. Le prince était le sauveurdes
siens, et la reconnaissance qu'elle en ressen
tait, prit des proportions dont elle s'effraya.
Aussi ne répondit-ellè qu'au bout d'un cer
tain délai, et lorsque le calme fut revenu
dans son ame. Voici sa lettre :
« Vous avez eu raison de partir, mon ami;
il était temps de mettre entre vous et moi la
garantie des distances. Vous avez ainsi cou
ronné yos générosités; vous leur avez donné
le s>eM caractère qui fût digne'de nous; soyez
en béni. ' t '' ' ' >
» Ecoutez; il est des épreuves que la Provi
dence n'envoie qu'fiûx cœurs d'élite; et une
seule fois dans le cours de là vie ; quand ils lés"
traversent sans faiblir, la palme est acquise,et
c'est notre lot; mais ce sont là de rudes creu
sets,pour les ames, et il- 11e faudrait pas les
y exposer tous les jours. Ne tentons pas
Dieu. ■ • r
».Que de grâces nous avons à vous rendre
et de quel sécours vous nous avez été ! Sans
vous, il ne resterait rien d'intact de notre
nom, de nos biens etde notre honneur ! Vous
avez tout sauvé du.plus triste des naufrages.
Je sais que nous ayons encore beaucoup ;à
réparer, et que eette tâche sera longue ; que,
pour bien des années, nous sommes voilésià
la gêne et à la privation ; que Jà moindre ré-
chute peut nous remettre *au point d'où
tous nous avez tirés; mais le ciel, qui a fait
un miracle et vous a choisi comme instru
ment, ne souffrira pas que son œuvre soit
conipromise';' il fera' descendre sur nous son
esprit de sagesse, et nous donnera la force"
d'achever ce que vous av bien commencé.
Déjà les choses marchent au gré de mes
désirs'; je suis satisfaite, très satisfaite d'Ar
mand. Toutce que je crains de lui, c'est que,
dans la voie du bien, il n'aille encore vers
l'excès ; vous n'ignorez pasque c'est le fond de
son caraîtère ; il ne sait rien prendre à demi.
Vous, l'avez connu élégant comme on l'est
peu ; c'est aujourd'hui un campagnard ren-
forcél Vous l'avez'connu'dissipatéur, il est
écononïe 'et menace de devenu; avare. 'J'es
saie bien d'enrayer tout cela et d'y mettre un
peu de iiion calme ; mais je n'ose trop in
sister, tant le sentiment est bon en lui-même
et mérite d'être 1 encouragé. Armand sait
ce qu'H vous doit,-et il-prétend acquitter
àu plus tôt sa dette ; il veut y concourir de
ses mains et par ses efforts. De là d'autres
folies, mais plus innocentes que celles d'au '
trefois. - - ' ' '
' » Par exemple, il s'est mis en tête d'acqué
rir toutes les qualités d'un bon cultivateur,
et veut absolument que maître RénrçUe for
mé à cette rude école.- Ce n'est pas, comme
"parle passé, de la culture de savant à ! la
quelle il vise, mais de là culture solide; faite
à là sueur du front et sur le terrain. L'autre
jour, n'a-t-il pas essayé de conduire une
charrue! Notre vieil et digne fermier- en
mourait de rire en-me le racontant. : Les
choses, comme vous le * pensez , allaient
fort de travers au début ; mais Armand
s'y est opiniâtré et a fini par tracer* un
sillon passable. Il en était plus fier que d'une
conquête àl'OpSra. C'est de tout ainsi et, à
vous jparler franchement, je' lâche un-peu les
rênes de cé côté. Après tout, il vaut mieux
qu'il passe son feu à ces amusemens-là, que
s'il retournait aux extravagances qui ont rui
né une première fois sa maison. ' > -'s
» Au fond, il y a'du cœur, de l'honneur
chez lui ; \a vie du monde les avait étou ffé
T <3
mfalSAaÎK.} rtvie de. Valo$* /(l»£laf*^«j»P£ n* 16.
- ; x' j -
B 1852. - DIMAiVCHE 25 AVR IL.
mmàtaémmmmmÊmHmmmÊÈmamiiÊmmitiiÊmmmmimmÊÊÊtitmÊamÊmÊimt^
PRIX SB L'ABOHHEBEm}'
mis.'..'.. *3 F. PAU TRIMESTEI?
DÉPARTfMMS". 16P. —~
4 UN NUMÉRO : #0 CENTIMES,
pou* lbs »4YS ÉTRANOuas ',' se reportir
an tableau qui sera publié dans 19 tournai,
le» 10 et M <& chaque moisi
1 _ . ' V.
- •• . • • •«. ^ I
. abonnement datent du, 1* *t lî
- de chaque moiti . »
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
9
.. S'adresser, franco pour l'^nii^ùtrâtiàH) à M. D enàin, directeur'
~V$èrç»tr t bvm^poia'^ ta rédaction, d M.CtœHKVAL-Cuuu&iity rMâtteSrmchef, I Ont'aSoitof, data Ut dêpartemm, çuxMettageriet eteaus Dfmtimdepottê.^ALoniret t èhèiWA^ .COVXK et nul- -f; . - - , 7 ... 7 . — -
' ' " 1 - L&* artfclei 1 déposé* né»o &t pu rendu*; / 1 | [V. """" A Strasbourg, chez M» ALEXARDHfc, tour l'Allemagnfï . ■■■■'• | Les annonces sôntreçue»aubureaudttjournal; ét'cheiM.PÀNIS.régiàsetfr, 10,' plaise d«is B outs#
' PAUlS, 24 AflHilL.
- V'égâlité politique dë toutes, les croyances
litigieuses ;ne s'établira en Angleterre que
par voie légjislativê. iC'est un acte du parle
ment qui; seul, peut ouvrir aux Israélites les
portes de la chambre des communes. Ainsi
Vient de le décider la cour de l'échiquief
dans le prôcès intenté à M. Salomons pour
âvoir siégé indûment au' parlement. Nous
avons raconté Tes épisodes dp la lutté enga
gée, dans la session .dernière,, par l'alder-
man Salomons, élu député de Greenwich,
" qui se présenta à là barre de I4 chambre des
«ommunes, prêta le serment prescrit par la
loi, eu omettant les mots : « Sur la vraie foi
d'un chrétien, » prit séancé et vota, jusqu'à cè
que le président l'eût fait expulser par le ser
gent d'armes. M. Salomons avait-il oui ou non
prêté serment dans la forme légale ? Telle est
la question que cet incident avait eu pour
objet de soulever. Si oui, M. Salomons
avait été injustement expulsé, et il avait droit
à reparaître au sein de la chambre des com
munes; si non; il avait commis un délit, et
il était passible des peines édictées contré Jes
îierso'nnçs qui
une place à laquelle elles n'ont pas droit.
, "Pour vider cette question, des poursuites
ont été intentées contre M. Salomons par un
• ®ommé Miller. L'affaire a été plaidéé en dé
blai l et avec une grande solennité; Le juge
ment vient d'être renJu, il y a quelques
Jours, par la cour dè l'échiquier. Quatre ju-
jgès s'étaient assis au banc du tribunal :
un seul a opiné en faveur de M. Salomons,
«en se fondant sur ce que l'aldernian n'était ■
ténu à prêter serment qu'en la forme la
plus obligatoire pour Sa conscience, jet que
les mots omis par lui, n'ajoutant à ses yeux
rien à la force du serment,-il avait pu les
.omettre sans inconvénient et sans illégalité.
■Le président de la cour a déclaré aue la loi.
était imparfaite, et qu'il espérait la voir'
Amender sur ce point; qu'il y avait injustice:
à exclure un Israélite par l'effet indirect,
et non prévu'd'une clause autrefois dirigée:
.contré les catholiques seuls; que le serment,
prêté par. M. Salomons était obligatoire et'
satisfaisait à toutes les conditions recherchées^
,par le.législateur, mais .jqugnyil, ne pouvait*
•être admis à distinguer, jlaàs une formalité'
prescrite par la loi, ce qui était essentiel et
Ce qui pon v ait,.être retranché. .Les deux au
tres juges ayant été d'avis que v les. mots omis
' faisaient {partie intégrante et indivisible du'
.serment ; et que, ce serment devait, être
. prêté dans- la .forme ..arrêtée par, Ip législa
teur j sous-peine d'être vicié, M. Salomons
là été condamné à, l'amende et aux dépens.
Le résultat de ceprocès a été accueilli avec
; mne Vive satisfaction par le parti ultra-an-
.. glicain, qui veutintérdire auxisraéli^sl'en
trée desdeux .chambres pour ne-pas déêhris-
• tïaiïistr le parbment, suivant le mot fa-
"vori" de sir Robert Inglis. .La. décision dé.
la cour de l'échiquier ^tablit -r formelle-
œerit que le texte dè> la- loi anglaise est
contraire aux prétentions, .des, isr^éliies^ par
conséquent M. de Rothschild et M. Salo
mons et tout autre israélite qui géra honoré
dirmàndat électif, ne',pçuyçnt adirer assiéger
qu'autant que le parlement, paï^neifeposij
lioû'expresse, modifiera la législation, exis
tante. Il faut donc un .bill régulièrement vo-
: té ; et le parti de l'intolérance, se flatte, qu'un
pareil bilt né sera jamais accepté par lacbam r
bre des lords. 11 compte même que les élec
tions- générales aurout.pour résultat dè f
changer en minorité la majorité qui, -par-
deux fois, à fait triompher, dans la chambre
des communes, le bill d'émancipation de ;
lord John Russell. Un: des journaux de ce '
. parti va, même, j usqu'à .dirç 'e$ estjf^it^
'désormais des Rothschild et-des Salomons. :
Qu'ils disent 'adîelTjuisTSectairs et s'incli
nent devant la loi. » :
Malgré ces chantâ de triomphe, lès israé-
lites .ne semblent pas perdre courage. M.. Sa-
lomnçs a fait imprimer une adressé dans la-
qCLelle il annonce aux.électeurs de Greenwich
qu'il «e rendra incessamment au miliçii
d'eux p'our solliciter le renouvellement de
ion jrandat. Il les invite à prononcer, une
fois dé plus par leurs votes !a condami-
^nation d'une-loi surannée, en contradic
tion avec tout le . reste de la législation
anglaise, et qui frappe^des innocens alors
que ' la croyance contre laquelle elle, était
dirigée est maintenant complètement af
franchie. Mais M. Salomons ne se borne pas à
invoquer l'appui ides électeurs, il a interjeté
appel de l'arrêt qùi l'a condamné, et il porte
là question-devant la cour ^u chancelier,
c'est-à-dire devant la magistrature suprême.
Celle-ci'pourrait bien lui donner gain de
caûse.*' 9 x
On peut compter, d'ailleurs, que la dis
cussion se renouvelléra de bonne heure au-
sein-de la future chambré des communes.
Le parli libéral y mettra d'autant plus d'ejn-j
pressement, que M. d'Israeli, aujourd'hui
question, d'un tout autre avis que ses partît
sans habituels. Il aparléen faveur de l'éman
cipation des israélites, et tous ses votes an
térieurs l'obligent à appuyer cette mesure :
elle deviendra donc un embarras pour lui et
pour le cabinet dont il fait partie. C'est cette,
raison, plus encore que l'amour platonique
des principes, qui déterminera les whigs à-
continuer leur appui à M. de Rothschild et à:
M. Salomons.
• C ucueval -C larigny.
La soumission des Zouaouas a causé dans
tout le pays anabe la plus profonde impres
sion. On sait avec quelle rapidité mefveil
leuse les nouvelles, Lonnes oumauvaises, se.
répandent de tribus en tribus et de douars,
en douars, et quelle influencé elles exercent
sur l'imagination mobile etsur l'esprit uirbu-,
lent des indigènes. Les progrès momentanés
du faux chénf avaient soulevé, sur un grand
nombre de point» du territoire, non pais des
hostilités'; ouvertes, mais des dispositions
malveillantes. Les agitateurs commentaient;
sous la -tente, en les grossissant-à leur ma-,
nière,lesévénemensduDjurdjura. Les crètcs
montagneuses habitées par ^confédération
et
l'empire de ces préoccupations e t de ces
menees,. que des difficultés se sont élevées
soit dans le Sud, soit sur les, frontières. En,
Algérie, en effet, une sorte d'association relié
entre éux tous-les élémens de désordre: c'est
pour ainsi dire, une société secrète en perma
nence dont la surveillance dè nos autorités
françaises et indigènes "doit incessamment
déjouer lès ; intrigues el les efforts.
L'arrivée à Alger de Sidi-€l-*DjoydL et de
personnages influens des peuplades insoumi
ses, a fait, sur. toute l'étendue de l'Algérie^
l'effet d'un coup de théâtre. L'effervescence
qui était entretenue sur plusieurs points du
territoire Kabyle, par les émissaires de B out
Bagherla, est tombee comme par miracle. Les
tribus dont l'attitude était suspecte ont fait
des démarches auprès de nos fonctionnairés
pour rëntreren gràce. Le chérif s'est vu aban
donné de'ses cavalière, qui sont rentrés' la tê*
te ; basse dans leurs yillages. Il av^it d'abord
cherché un asile chez les Oulad-Aly-ou-
Jllôul ; xnais,. ne s'y trouvant pa?'en jBurè|.é,
il. s'est , réfugié cluez les Jîem-Mdlikeuch ;
mais ces derniers viennent. de s'adresser
à un des marabouts dévoués à notre cause;
Sid-Ben-Ali-Chmf, pour traiter de leur sour
mission. Bou-Bagherlâ, qui avait rêvé les
destinées d'Abd-cl-Kader, et qui est rèdûit à
la .condition de Bou-Maza au moment ôù il
s'est livré entre nos mains,, s'efforce, dit-on,
;de se faire jour .vers le Sud. , ...
La soumission de la grande Kabylie aura,
iliAut 1,'espérer,.une,grande .influence .sur
nos affaires du Sahara. Sans que la colonne
du général.JUdmirauU. xeBcontr& défe diffi
cultés sérieuses, la pacification n'y marche'
que fort lentement. Les-parties du Tell, Otl
voisines du Tell, dans le'sud-de Médèah, sont
déjà, rassurées et tranquilles, Mais l'agitation -
continue daùs les régions $juâ méridionales*
Il su fût dé consulter, une carte pour ss
rendre compta ,de ^ situation. Dans le
Sahara, les distanceront grandes; il est/
difllcilë d'agir sur-tleS : rtribus nomades qui/
an premier péril, pliébt la tente et s'ea-.
foncent dans le Sud;. t)e plus, le fanatisme
religieux «si plus-intense parmi ces Arabes!
fiefs de la pureté de leur origine et quiregarf .
dent les habitans du Tell comnie des musul
mans' dégénérés et. proscrits. Enfin, la jçonS-
duile astucieuse et déloyale de notre kàlife
de. Laghouat est pour beaucoup dans; nos
embarras. Le 25 mars, le général Ladmirauft
se trouvait à Ksar-el'-Àlrane/ et se prépàrdit
à se diriger vers' les pentes sud du Djébel-
Amouf, pour, donner.,1a. main à- lavço^-
lonne légère qufa, détachée lq 'générara^-
lissier, commandant supérieur de là prop
vinco - d'Oran , et qui est sous les ordres
du chef de bataillon- de Liguy. Un ravi-,
taillement vient d'être- envoyé au général
Ladmirault ,'pour lui permettre de profl- /
tér des mésintelligences qui viennent d'é-
clàter entre les Larbâ rébelles et d'achever
promptement 'sa tâché. Lg conflil qui. a ëu
lieu entre plusieurs desf tribus du Lar})à in- -,
diguetmnitikukfl jmargla-.es; '
"ttffpuissant à maintenir l'unité parmi ses ad-*
-hérens et que son àutoritéest affaiblie. Notre
colonne expéditionnaireaurasans douteréus-
si prochainement à rétablir la .sécurité dans
cette portiïfif'du Sahara. Le gouvernement
attache-d'autant plus de prix à cette com-
plète pacification, que dans • ce moment on
né néglige rien pour rétablir avec l'intérieur
de l'Afrique, par l'intermédiaire du Sahara,
des relations commerciales; : /
Ce commerce, très florissant du tenips des
Turcs, s'était peu à peu éloigné de l'Algérie,
conquise par les chrétiens, pour prendre le
chemin de la régence deTunis et ae l'empire
du Maroc, bien que la route naturelle fût
à , travers nos possessions africaines.- Tant
que nous.ayons dû faire une. rude guerre
aux populations insurgées, il " al été im
possible de iaire renaître cet élément pré
cieux de la prospérité coloniale. Aujour
d'hui là conquête est faite, elle se con
solide tous les jours ; les préjugés religieux
tendent à s'affaiblir. Déjà le-commerce du
'l'ell et du Sahara a repris toute son ancienne
importance. L'heure est venue de tenter plus
encore : il faut espérer que bientôt on verra
se rétablir, par 1« canal de l'Algérie, les com
munications avec l'Afrique centrale, et que
nos villes du littoral deviendront, comme
par le passé, le point de départ des caravanes.
\ henrï caxjvain.
Pendant la sessiçn, le,prince-Président de
la République recevra au palais de l'Elysée,
le samedi etUe mardi, au lieu du lundi, dç
chaque semaine, de neuf à onze heures du
soir : MM. les membres du Sénat, MM. les
ctéputés au Corps Législatif, M.M. les conseil
lers cl'Ètat et maîtres des requêtes, et MM.
les officiers généraux de l'armée de terre et
de mer. . (Communiqué.).
iLe congrèâ douanier réuni à "Vienne par
le prince de Schwartzenberg pour-préparer
une union commerciale çnlre l'Autriche et
le reste de l'Allemagne, ou au moins l'entrée
dé l'Autriche dans lfj Zollverein, est arrivé à
son terme. Le protocole final a été signé lè
20. avril, à denx* hèûrës. Par ce protocole, les
gouyernemens -des-Etats signataires s'enga
gent à mettre en œuvre la politique commer
ciale résumée dans les deux conventions re
latives aux commerce et douanes et à l'union
des douanes qui ont déjà été publiées. Les
plénipotentiaires qui ont signé ce protocole
sans réserves aucunes sont ceux-aes Etats
suivaiis : Bavière, Saxe, Wurtemberg, Hesse- ,
Electorale, grand;duché de Hesse et Nassau.
— Ont signé sous réserves . Brunswick; Ol
denbourg, Francfort et les villes anséatiques.
Le Hanovre a refusé sa signature. ■
Voici le résumé de ce protocole :...
« Le gouvernement autrichien déclare' ètre_prêt
à conclure avec le gouvernement prussien, les
, " E(^^'fa^^t"actuçilei»«rt-partie du Zollvéreîn et
' ^Beira. iyïî-y ■ ^nti-ertmt-en 1854, un'riiaitd de, com-'
> f merèe et de douane et un traité d'union douaniè-
ï' re, conÉorriies aui projets itentionnés.
' »,Les gouvernemens déclarent de leur.côt'é être
prêts à accéder h. un itriité da commerce • et de
douane, et à un traité d'union commerciale entre
la Prusse, les Etajts faisant actuellement partie
janvier
iS.ï4, d'auire, part, si ces traités peuvent .être
conclus en conformité avec les; projets mention?
nés; à provoquer- l'adhésion.à ces mêmes ,traités
de la partdes, autregiEtats,* clu Zellverein ; et au
cas qu'ils : n'acceptassent pas' les projets susdits
3ans:modiCcations,.à faire en sorte que ce soit
en prenant ces, projets peur base-qu'on négo
cie entre les Etats en question un traité de douané
"et de commerce et un traité d'union douanière; et
que la conclusion de ces traités coïncide avec le
renouvellement ou la transformation -du Zollve-
reln. » - • .. • ■ , : •" '*
Le comte Buol fechàuenstein a oîos les con
férences douanières par "un discours dont
voici la substance :
Conformément au désir du prince de
Schwartzenberg; on s'est borné a élaborer
des projets. Aucune résolution n'a donc été
adoptée.. On désire vivement que dans les
conférences de Berlin aussi'àucun ai-ranger
.ment ne; soit conclu en ce qui concerne
les traités 5ur le f renouvellement dû Zollve-
rein avant que^des négociations aient été
entamées av/acr l'Autriche et ne soient par
venues à leîir maturité ^up-aô-traité-d'u
nion douanière commerciale. Finalement,
lé comte lîuol a donné, au nom dé S.
M. l'empereur, l'assurance que de même, que
" pendant la vie du prince de Schwartzenberg,
on travaillerait avec une ardeur égale'à la.
réalisation dé l'union douanière et commer
ciale de l'Autriche avec l'Allemagne. Le plé-
• nipotentiàire de Bavière, comte de Lerchen^ !
fetd, a répondu à ce discours. Il a déclaré:
"qu'il considérait l'assurance donnée comme,
une confirmation des efforts faits en com
mun."
On nous écrit de Berne, 21 avril :
La victoire remportée par le gouverne-;
ment est éclatante. La uïSjorité des électeurs
qui pnt sanctionné sa politique sagement
progressive et libérale a atteint le chiffre de;
. 6,752, majorité qu'on était loin d'espérer
après tous les moyens de corruption em-.
- playés par les socialistes pour séduire le peu
ple; mais le peuplé a tait voir qu'il a trop
de moralité pour se laisser prendre à l'a-
niorce des appétits matériels. 1
Le gouvernement a puisé une nouvelle
fprc'A en passant par. oe creuset populaire,'
et maintenant qu'il. e»t en mesure de dé-
ployer un peu-plus d'énergie,• on peut s'aM
tendre à ce qu'il mettrait promptement à laj
raison les meneurs socialistes, s'il leur pre-'
... bailt fa ntais ie, „ cé .qui est bien "probléma ti ?
que,'d'organiser une nouvelle agitation dans
le canton, qui jouit aujourd'hui d'un calme
auquel nous n'étions plus habitués depuis
long-temps. r .
Les conservateurs s'apprêtent à mettre
utilement à profitjes fruits de leur helle et
( légitime victoire, et une réunion de délégués
'des communes de tout le canton aura lieu
samedi prochain dans la capitale pour s'oci
euper de la situation du pays.- Les points
principaux qui seront discutés dans cette
réunion sont ceux-ci : „ /
1? -Suppression dé l'Université, qui reprend.
drait le rang et le titre moins ambiiiefix,
mais plus vraie, d'Académie. ; - j : !
> 2° Réorganisation: des collèges du Jura
(partie française), qui sont dans un état dé
plorable. ■ - - -
3 9 Révision partielle de la Constitution
par le grand-conseil,et rétablissement,-dans
tous les cas, du droit de révocation enlevé
en 1846 au gouvernement. ■
: 4° Une loi destinée à protéger les autorités
èn butte à des outrages à raison et dans
l'exercice de leurs fonctions; i
5° Ikie nouvelle législation sur la presse,etc;
Laréu'nion se terminera par une brillante
promenade aux flambeaux pendant,la soirée
dans les rues de Berne. Cette. manifestation
de l'allégresse générale sera grandiose. »
L. B oniface
: Une dépêche télégraphique, datée de Caris-
ruhe, mardi 20 avril, annonce que le grand-
duc de Bade est à l'agonie. On attend sa
mort à chaque instant, . .
Cne autre ^pMie.téle^aphLquç^'^iiate
i d'Athènes,, 10 avril, annonce que la fête na
tionale a été célébrée dans le plus grand
«rdre.
De nouvelles interpellations ont eulieu
dans deux les chambrés, sur les prétendus
cwmplots poutre la vie du roi. Le ministre,dé
lâjùstice a promis de nouveau que legouverp
meut .procederàit à une enquêté sévère, et
que le cabinet en ferait connaître le résultats
•Il y a eu, dans lè sénat, une séance très
orageuse; plusieurs orateurs ont attaqué
violemment h -politique du cabinet; Le pré
sident s'est vu forcé qe lever la séance.
Nous lisons dans la Sentinelle de Toulon j.
numéro du 22 avril : ' *
« La.circulaire suivante a été adressée par M. le
préfet du Yar : •
A MM. les sous-préfets et maires.
Drag , uignan7 le lo avril 1 832.
. Messieurs; • • " ,
■ Vous .connaissez la mission de M. Quentin Bau-
chiart, conseiller d'Etat, que Mjjr le prince-Prési
dent de la République a envoyé en qualité de son
.haut commissaire pour réviser les jugemens de.la
commission mixte du'département.
. Cette commission vient d'è're achevée, et M. le
haut commissaire a donné aux condamnés, des
preuves éclatantes et . nombreuses de la clémence
au prince Louis-Napoléon. ,
_ Vous le comprendrez,'Messieurs un gouvcrn&-
~ment qui peut gracfer-mn9r-d«*^«nd»«eouf<»We»j-ï
si, peu-de temps après la manifestation criminelle
de leurs fautes, un tel gouvernement doit être bien
■ fort. , • ■ •. _
Aussi, à l'arrivée des graciés dans "les diverses
communes, vous-vousi empresserez, j'en suis sûr, !
de .rassurer les esprits timorés qui pourraient'
éprouvée quelques craintes d'un, retour auquel
tous ne s'attendaient'peut-être pas encore..
Dites-leur, au reste, je vous en prie, que, me
trouvant avec la commission mixte auprès de M.
le haut commissaire pendant qu'il distribuait les '
grâces, j'ai pu voir avec joiQ le repentir sincère,
des graciés.. Ils ont promis, tous, leur adhésion.
franche," leur concours et leur fidélité au printfe
Louis-Napoléon, et à son gouvernement. . ,
Toutefois, Messieurs, 'ils ont tous été soumis à!
la surveillance de la haute police, et vous devrez^
l'exercer envers eu;, conformément aux disposi
tions des articles 44 et 45 du Code pénal, modifié"
par la 1 loi du 28 avril! 832.
Ces graciés arriveront ces'jours-ci dans les com- 1
mu nés | ceux qui avaient été d'abord condamnés
à l'expulsion, à,J'éloignement momentané de Fran-.
pe èt l'i'nternémenî,: et dont les peines ont été com
muées, y sent déjîi'ou y retourneront bientôt, j
: MM. les maires voudront bien leur dire queleuif
grâce ou leur commutation' de peine ne leur sont
sont acco.'dées qu'à la condition de venir à la pré
fecture signer une dédaràtion qui leur sera.sou-1
mise. S'ils s'y refusaient; la première peine'leur
serait appliquée. >
Ils devront venir le plus tôt possible. J
' J'aurai l'honneur de vous adresser, nii jjremier ■
jour, la liste dès graciés de chaque-commune, f
Recevez, etc.
. Pour lé préfet du Var en congé,
' Le conseiller-de préfecture secrétaire-général
. délégué, > Henri angles. ' :
La déclaration dont parle la circulaire qué
nous venons de rapporter; et qu'ont signée
les insurgés graciés au nom de Louis-Napo
léon, est conçue darfç les termes suivans :
. « Je soussigné- déclare, sur l'honneur, ao
.» cepter avec reconnaissance, la grâce qui m'est
» faite par lo prince Louis-Napoléon, et m'engagé
» à ne plus (ou à ne jamais) faire partie de socié-
;» tés secrètes, à respecter les lois et à être fidèle
» au gouvernement que le pays s'est donné. » .
Toulon, le r avril 1852"
On lit dans le Vingt Décembre, journal de
Limoges :
' «'M. le : général Canrobert, aide-dc-camp dp
priiîce : Président, est arrivé à Limoges le 19 de ce
mois. II. y apportait la clémence du chef de.l'Etat
à l'égard des-indivi lus condamnés parla commis
sion départementale, qui pouvaient obtenir des
commutations de peine et des grâces sans que la
sécurité publique .dût avoir à en souffrir,'et qui
avaienttémoigné d'un vif repentir de .leur partici
pation aux troubles de décembre. ' '
v Le premier soin de l'honorable général à été
de se mettre çn rapport avec les membres de la
commission' mixte et avec quelques autres ppr-
sohries qui pouvaient éclairer sa religion.- La.
réuniôrra eu litfù à la préfecture. De nombreux
dossiers ont été examinés; Le général a .voulu
connaître par lui-même les charges qui pesaient
sur les condamnés. Il «'est convaincu de la ferme-
té, mais aussi de.l'esprit de modération, qui avaient
.animé les membres de la commission dans les dé
cisions qu'ils avaient prikes. Cependant, comme il
avait à exercer au nom du chef de l'Etat une mis-
i sitra de clémence et.de pardon, il'a>accerdé*un
cciiaiu TOHibre' de
en Algérie, .ont été - expulsés définitivement de
France.
' » Six individus, qui étaient condamnés à la
transportât ion à Cayenne', seront transportés en
Algérie. .'. * -
» Six condamnés à l'expulsion défînitivéy ne suf
biront plus qu'un exil momentané.
d Neuf condamnés à'J'exil momentané, pourront
être simplement internés dans un département au-v
tre que celui de la Hiute-Vicnne. ■■
» Cinq individus contre lesquels l'internement
avait été prononcé, ont été mis seulèiûent sous la
surveillance de la haute police. '
» Il y a donc, en totalité; vingt-huit commuta
tions de peines, auxquelles il faut er. joindre quet-
3ues autres, accordées à Paris par la commission
es grâces. .
» Nous avons su qu'hier matin, le général Canro-
bert s'était rend u seti 1 à lji maison d'arrêt, qu'il avait
fait appeler devant luiles individus qui y étaient en
core détenus pour cause politique.il leuràfa'rt com
prendre, par quelques p aroles a la fois énergiques et
bienveillantes, combien leurs projets et leurs actes
avaient été coupables et insensés: que, cependant,
il consentait à agréçr l'expression de leur reperitir,
et il leur a annoncé les commutations de peines
prononcées au nom du prince, vers lequel ooit se
reporter totite leùr'réconnaissance.
» Nous apprenons
nouvelles bénédictions adreïsées.'au'chef de l'Etat
pour la clémence'qu'il répand à pleines mains -sur
"les malheureuses victimbs du socialisme et de là
Tddmaffogie. sa ns toutefois énerver la vindicte pu
blique et desarmer la"société. ~ ,
w Ces bénédictions èt la gratitude que ces actes
laissent dans tous les cœurs sont des gages bien
certains du retour de3 idées vers les principes
d'ordre et d'autorité. » ..
M. le préfet de l'Yonne vient d'adresser â
MM. jles sous-préfets et maires de ce dépar-
ment la circulaire suivante, qui signale un
fait des plus graves: . ^
A MM. les sous-préfets et maires du département.
Messieurs, • : . •
Un. fait atroce vient de s'accomplir dans mon' dér
parlement. , -
Je.le signale à l'indignation publique. Un miséra
ble, au nombre des insurgés de décembre et qui avait
été pardonné, a été saisi le 18 du mois courant, par
la brigade-de gendarmerie de Courson, une torche à
la main, allumant un incendie dans un bois situé.sqr
le territoire.de Druyes, appartenant à,M. Moreau,
juge au tribunal .de Sancerre. •
Il a- été immédiatement conduit, à la prison
d'Auxerre,-et mis à la disposition de la justice.
Telle'est la reconnaissance de ce malheureux en
vers Je. prince auguste, qui préside, aux destinées d«
la France.
.Après avoir-sauvé le pays de llanarchie, le prince,
au lieu de punir tous les coupoles, a daigné faire '
descendre sa clémence sur des hommes qu'on ne
croyait qu'égarés, v i .
Il en-'esti.certainement beaucoup qui sont dans
cette catégorie; mais il en est aussi qui persévèrent
dans les pensées dé désordre et qui méditent p.neore
de criminels projets. " -
"■Que ceux-là tremblent, on a les yeux .sur.leur
conduite, les autorités veillent, 'et le concours de no
tre infatigable gendarmerie ne leur fera pas défaut.
Que les hommes de désordre le sachent bien : sous
un gouvernement fort, tel que .celui que nous avons
le bonheur de posséder, une répression énergique et
prompte ne manquera pas d'atteindre ceux qui ten
teraient, de. jeter de nouveau "le trouble dans la'so-
ciété. .....
Recevez, Messieurs, l'assurance de ma considéra
tion distinguée. '
Le préfet de l'Yonne, R ouolphe d' O rnano
, De grands préparatifs sont poussés active- .
ment au. Champ-de-Mars pour la cérémonie
de la distribution des drapeaux à l'armée;
ces travaux, pour lesquels un crédit de cent
mille francs a été ouvert au budget de la
guerre, se font.sous.ii. direction de M. D>
jean, colonel du génie.
Deux- étages de tribunes, les supérieures
ayant entrée par les croisées du gouverneur
de l'école, les inférieures par le Champ-de-
Mars, seront adossés au. grand bâtiment de
l'école Militaire. Au centre de ces tribunes,
sousl'horloge, sera placée la îribune duchet
de l'Etat ; c'est sur cette plateforme, où
l'on arrivera par des degrés-partant du
Champ-de-Mars, que sera faite par lui la
distribution des aigles.
D'autres tribunes ptu élevées occupant de
chaque côté environ un quart de la longueur
du Champ-de-Mars, sont établies au bas des •
tertres,,de manièreà ne pagvmasquer la vue
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL, 25 AVR.
'. " 'U!. ' • '• ■ .. ., .
LA VIE A REBOURS.
ÂBIIAMD.
î *-
SECOND VOLOBIE.
XXIV.
LK'HETOpîl A. LA VIE."
Les premières âemfiines qui * suivirent le
retour d'Armand dans le. château paternel,
furent employées à un examen de sa situa-
tion èt à une liquidation générale de ses fo
lies. Comme on le deyine, la main du prince
s'y fitsentir. Depuis qu'il avait été investi dp
la confiance d'Aérienne, il n'avait rien épar
gné pour la jusfifler. C'est lui qui, prévenu
par l'oncle Séverin,et à l'aide d'un valet de
chambre, avait pu la faire arriver à teipps
sur le lieu mêmé où Armand .devait attenter
à ses jours. C'est lui qui se chargea,de mettre
son nom à l'abri des plus pressantes attein
tes, lui, encore, : qui se dévoua è sujvre ep
détail une opération que l'incurie de'Cour-
tenay avait entourée de grande^ difficultés.
' Àdrienne avait eu l'espoir que cé trcCvail
amènerait le prince aux Agéux, l'espoir et
la crainte, puisqu'il faut tout dire. Il avait
trop de droiîs jsur son.pflçuy ,„ elle lui devait
trop pour que sa présence tût sans danger.
Il ne. voulut ni l'y exposer, ni s'y exposer, et
s'abstint d'y venir. Tout sé borna à une cor
respondance d'affairés, dans laquelle une
phrase de loin en loin, trahissait le côté dis
cret de la pensée. Quand les circonstances
* La reproduction est interdite.
l'exigeaient, maître Remy faisait tes voyages
de Paris, s'y -abouçhait avec le prince'ou avec
l'homme de loi que celui-ci avait chargé de
'la conduite de cette liquidation.- Pas un mot
d'ailleurs.ni sur les. eçibarras qu'elle pré
sentait, ni-sur les soins qu'elle exigeait. Il
régnait là-dessus une sorte, de mystère que
le vieux fertnier, ne parvint jamais à péné
trer. Le prince l'avait'voulu ainsi. Adrienne*
Tenaigsait .au repos; il écartait d'elle tout ce
qui aurait pu troubler, cette situation et ré
pandre dans. sonjesprit de nouveaux nuages.
Un, deux mois, s'écoulèrent ainsi, sans que.
le prince.se.départît ni de sa sollicitude; ni
de sa réserve; Ses lettres devenaient moins
«fréquentes,;et il s'y livrait moins;: on y sen
tait seulement une peine plus contenue..
rEnûn un jour, un exprès arriva aux Ageux,
aYee un pli qu'il ne devait remettre qu'à la
jeune femme et en ses mains. Celle-ci lé re
çut et ne le décacheta qu'avec une certaine;
émotion. Voici ce qu'elle y lut :
.« Adrienne, je pars ; ma sentence d'exil,
vient d'être. révoquée, je fuis libre de ren
trer idans ma patrie et j'y vais chercher les
consolations que Tair et le sol natal procu
rent aux affligés. . . -
. » Je pars sans vous voir,- j'ai, craint l'é
preuve des adieux^ Vous connaissez l'état de
mon cœur : rien n'est changé dans la lutte
qu'il soutient, ni daas le ferme désir qu'il a.
dé se vaincre.-Je ne dis pas que la cure ait
fait des progrès ;.. mais, à voua revoir, le mal
eût certainement empiré. Vous m'avez per
mis dé vous flire tout cela, Adrienne c'est
la seule grâce que je vous aie demandée, et,'
vous me rendrez cette justice, que je n'ai pas
poussé la permission jusqu'à l'abus. -D'ail-,
I leurs, je ^pars; c'est mon excuse aujour-
Id'hui ; je-vais mettre entre nous des distan
ces qui écarteront jusqu'à l'ombre d'un pé
—y ■ .. .- : -7- . -, .
ril, et . d'où mon amour ne vous parviendra •
que comme un écho ou un parfum lointains
apportés par les brises de nos plaines.
» J'ai,bien souffert à vous armer T . j!en
souffre plus que jamais, et pourtant cette ,
souffrance m'est chère., J'y ai mesuré la for- s
ce que je. puis exercer sur ma volonté, et ;
elle est geandè; j'y,ai goûté les joie§ qui s'at- ;
tachent à une adoration discrète,, .recueillie, i
et dont 61a n'attend rien dè plus. C'est,. je "
vous l'assure, un aliment très vif pour le,»
cœur ut qui peut suppléer les autres ; c'est
en outre la partie la plus pure, de nos senti-.
mens, la moins susceptible d'altération.
Aussi je défie le tomps et les distances de rien ;,
enlever à ce que je ressens pour vous ; je défie
même l'absence, cette épreuve où succom
bent tant d'amours..
» Vous le voyez, Adrienne ; je vous parle
longuement de moi et de mes chimères.
Comme les fanfarons, j'ai le verbe plus naut
à mesure que je m'éloigne davantage du
danger. Quand vous me lirez, je serai bien
près de la frontière de Prusse et par consé-
•quent à l'abri de ces brusques , assauts que
j'ai essuyés; lorsque douze lieuesà peine nous
séparaient et qu'en un petit nombre d'heures
je pouvais être à vos pieds. Que de fois j'ai
lutté 1 Que de fois j'ai vaincu! Souvent là
chaise était à la porte, et je la renvoyais; j'ai
faitjusqu'à la moitié du trajet et j'ai eu la
force de revenir sur mes pas. Ce serait.toute
une histoire qub ,celle de mes combats; mais
quel intérêt y prendriez-yous, Adrienne?
: » Que je vous dise où en sont vos af
faires : c'est bien plus essentiel. Tant que j'ai,
habité Paris; je n'ai pas voulu qu'on vous en
fatiguât les oreilles. U y a eu bien du travail
et bien des foins dans tout cela. La gestion de
votre mari n'était pas des phis simples; d'un
côté il ne calculait pas, de fautye il aVait af
faire à de terribles ^calculateurs. Vous jugez
sans peine de l'embarras où nous étions et
des précautions qu'il a fallu prendre contre
. les pièges des,aigrefins. Toutes les créances
. ont été vérifiées une à une et par des homj-
; mes entendus; on a payé-ceux-ci intégrale
ment, on a transigé avec ceux-là. Vous ver r -
. rez, par un état que je vousenvoie", comment
les choses ont été réglées définitivement.
C'est un homme de confiance qui l'a dressé,
.. et vous pouvez l'accepter les yeux fermés. .
, ,» J'ai eu le bonheur, après bien des efforts,
de pouvoir rester votre seul créancier; tous
- les autres ont été payés; leurs .titres n'exis^
tent plus; vos deux domaines sont libres.
Maintenant, en ce qui me regarde, il en ira
de la façon que vous l'entendrez. Mon no-'
taire a des ordres formels pour n'agir qu'en
raispn de votre convenance et comme ban
vous semblera. Pour les intérêts, pour le
parlai, il n'en sera qu'à votre gré et aux
, termes qu'il vous conviendra de. prendre^ Je
n'ose pas dire que ce qui est mon bien est
votre bien; vous pourriez en. éprouver de
4'humeur, Adrieùne, et me trouver imperti
nent; mais faites-en d'après votre guise, je
vous eu supplie, et pardonnez-moi d'avoir dit
sans détour ce que je pense avec sincérité. Je
suis un frère pour vous, rien de plus; recon
naissez mon titré et traitez-moi comme tel.
» Hélas ! vous aurez assez d'embarras sans
y ajouter ceux que pourraient faire naître
, des'susceptibUités excessives. Le passé vous
;, a légué un poids bien lourd, et'qui sait si
l'avenir ne vous réserve pas de, nouvelles
épreuve^? Marchez donc, pauvre et sainte
femme, marchez dans lés ronces et les .pier-
i res du chemin, et souvenez-vous qu'à défaut
d'autre appui, vous ayez ici un bras .qui vou§
appartient et dont vous pouvez disposer i
» Prince W ubdiïr . , »
Cette lettre ne passa point sous "les yeux
d'Adrienne sans lui causer une vivè émotion;
elle la relut à plusieurs reprises, èt ne cher
cha plus à se défendre du sentiment que lui
inspiraient une grandeur si naturelle et de §i
nobles procédés. Le prince était le sauveurdes
siens, et la reconnaissance qu'elle en ressen
tait, prit des proportions dont elle s'effraya.
Aussi ne répondit-ellè qu'au bout d'un cer
tain délai, et lorsque le calme fut revenu
dans son ame. Voici sa lettre :
« Vous avez eu raison de partir, mon ami;
il était temps de mettre entre vous et moi la
garantie des distances. Vous avez ainsi cou
ronné yos générosités; vous leur avez donné
le s>eM caractère qui fût digne'de nous; soyez
en béni. ' t '' ' ' >
» Ecoutez; il est des épreuves que la Provi
dence n'envoie qu'fiûx cœurs d'élite; et une
seule fois dans le cours de là vie ; quand ils lés"
traversent sans faiblir, la palme est acquise,et
c'est notre lot; mais ce sont là de rudes creu
sets,pour les ames, et il- 11e faudrait pas les
y exposer tous les jours. Ne tentons pas
Dieu. ■ • r
».Que de grâces nous avons à vous rendre
et de quel sécours vous nous avez été ! Sans
vous, il ne resterait rien d'intact de notre
nom, de nos biens etde notre honneur ! Vous
avez tout sauvé du.plus triste des naufrages.
Je sais que nous ayons encore beaucoup ;à
réparer, et que eette tâche sera longue ; que,
pour bien des années, nous sommes voilésià
la gêne et à la privation ; que Jà moindre ré-
chute peut nous remettre *au point d'où
tous nous avez tirés; mais le ciel, qui a fait
un miracle et vous a choisi comme instru
ment, ne souffrira pas que son œuvre soit
conipromise';' il fera' descendre sur nous son
esprit de sagesse, et nous donnera la force"
d'achever ce que vous av bien commencé.
Déjà les choses marchent au gré de mes
désirs'; je suis satisfaite, très satisfaite d'Ar
mand. Toutce que je crains de lui, c'est que,
dans la voie du bien, il n'aille encore vers
l'excès ; vous n'ignorez pasque c'est le fond de
son caraîtère ; il ne sait rien prendre à demi.
Vous, l'avez connu élégant comme on l'est
peu ; c'est aujourd'hui un campagnard ren-
forcél Vous l'avez'connu'dissipatéur, il est
écononïe 'et menace de devenu; avare. 'J'es
saie bien d'enrayer tout cela et d'y mettre un
peu de iiion calme ; mais je n'ose trop in
sister, tant le sentiment est bon en lui-même
et mérite d'être 1 encouragé. Armand sait
ce qu'H vous doit,-et il-prétend acquitter
àu plus tôt sa dette ; il veut y concourir de
ses mains et par ses efforts. De là d'autres
folies, mais plus innocentes que celles d'au '
trefois. - - ' ' '
' » Par exemple, il s'est mis en tête d'acqué
rir toutes les qualités d'un bon cultivateur,
et veut absolument que maître RénrçUe for
mé à cette rude école.- Ce n'est pas, comme
"parle passé, de la culture de savant à ! la
quelle il vise, mais de là culture solide; faite
à là sueur du front et sur le terrain. L'autre
jour, n'a-t-il pas essayé de conduire une
charrue! Notre vieil et digne fermier- en
mourait de rire en-me le racontant. : Les
choses, comme vous le * pensez , allaient
fort de travers au début ; mais Armand
s'y est opiniâtré et a fini par tracer* un
sillon passable. Il en était plus fier que d'une
conquête àl'OpSra. C'est de tout ainsi et, à
vous jparler franchement, je' lâche un-peu les
rênes de cé côté. Après tout, il vaut mieux
qu'il passe son feu à ces amusemens-là, que
s'il retournait aux extravagances qui ont rui
né une première fois sa maison. ' > -'s
» Au fond, il y a'du cœur, de l'honneur
chez lui ; \a vie du monde les avait étou ffé
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