Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-04-20
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32747578p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 20 avril 1852 20 avril 1852
Description : 1852/04/20 (Numéro 111). 1852/04/20 (Numéro 111).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUMÉUailï.
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-ife (Palâlihlloyal); n. 10^}
B 1852. — MARDI 20-ATBJJL«
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PRIX DE L'ABORWEiaSinr .
PARIS.. W F. PAR TRISBSTBt}
&ÉPAHTEMENS. I® J. . „
f US^îOJSÉHÔ 1 '40 'CfÉîlîHMES.
' frotta les îir|AÇGUM > jM reporter
àb tableau qîfr sèrî publie dans le Journal,
le* 10 et î5 de chaque mâST'7 . • .
"• , •. .'r'j.îar : ï- c ', !
M*vlumnemens iaOntitts;l%-«t tff -' f
- i.dt cJtejwattii.
S'adresser, trst£tCO,ppur là rédaction, S .
_ ; - ,. . " Les articles déposés M
ùcuEyir-CiAaiGîiT^
ron^pasreniii#, .
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL
». %!•:.*• * • • v 'î . ■, ../ *■*., : i - v-,, |
...._, ± mmS>mx Memgiriet et àax Directions de poste,—A Lw
| -, • — A Strasbourg, chez îlL. A ikxandrb , pourVAllema'mï
S'adreuer, francoj pour L'administration, i M. DxtâiH, directeur?
On s'abonne, dans les dêparlemèns'- aux Memgètièt et àux Directions de poste.,—A Londres, chei MM» Cowix et Fill.'f
• * , |Le« annoCoês sont reçues au bureau du journal; et ches M. PAKIS, régisseur, 10, place de 1.» Boom
■ v - ' ■ f ■ ' - '• • -, . : '—
paris, tcimu
Nous avons essayé récemment, eu nous ap
puyant sur la Constitution, d'indiquer quel
les différences existententrë le Corps Législa
tif et les assemblées délibérantes qui l'ont
précédé. Cet examen a fait vpir que l'as
semblée élective réunit toutès les condi
tions qui Constituent un pouvoir sérieux,
et que, pour être dépourvue du droit d'in
tervenir directement dahs la politique et
l'administration, elle n'en exerce pas moins
un contrôle efficace sur les affaires du
pays. Il nous, a paru qu'une carrière, large
- encore de «travaux utiles était ouverte devant
le corps législatif et qye, sans parler des
projets importons, qu'il apra à mûrir et à
transformer envois, là réforme de nos fi
nances offrait à elle Seule un champ fécond
à son activité. *
Le programme très sommaire qué nous
avons esquissé à obtenu le suffrage même de
gens habituellement peu enclins à l'appro
bation. Seulement oia en a pris texte pour
diriger contre les institutions qui nous régis
sent et contre la Constitution du 15 janvier,
qui a créé ces institutions, des attaques détour
nées et dangereuses que nous, ne saurions
laisser fans réponse. On nous a dit de plu
sieurs côtés Oui, il y a fc'eaudûtfp' à MttT "SÇniëfit que les lois de finances seront discutées
il serait excellent que le corps législatif pût
remplir un pareil programme ; malheureu
sement le corps législatif n'est rien et ne peut
rien. Ce qui revient à diro, pour les gens qui
savent lire, que la Constitution du 15 jan
vier a créé des fantômes, des êtres d« raison,
. une ombre de sénat et une ombre d'assem-
- blée, corps dè parade; jmpuissans à rien
d'utile, et destinés à diâsiinuler tin despotis
me déguisé. -
A l'appui de ceité thèse, qui n'est qu'une
satire de nos institutions, et qu'on soutient
dans un but fstcilô à cotnprendre, on a été
jusqu'à prétendre qué lé çorpçl^gLslatifnè
devait pas examiner et discuter le budget
des dépenses;- qu'il Ëètait admife seule
ment à votet ën blob^iefe impôts à Jppr-
cevoir. Le rôle' du corps législatif se ré?
duirait donc à fheMe maximum des soin-
meé que le gouvernement pourrait dépënàef
dans une, année,_.èt ^gouvernement pour
rait ensuite employer cet argent à sa guise;
.comme un fils de famille qui n'a point de
comptes à rendre tant qû'e SfeS dépensés n'ex
cèdent pas &apension. : '/2,
ÎJous n'avons pas besoin de dire que cette,
opiniori^tfggTréë' parité' seUT êsprit dé dé
nigrement, n'a,, rien de sérieux , et ne sau
rait se jdéfendre un-instant Elle réduirait;
en matière de finances , "lê ! corps : législa
tif au rôle d'un simple bureau d'enregis
trement, n'âyant 'pâs ^mêmp,^ .conyte "nbs
anciens parlemens, ,1e àroit de remontrance.
Elle ferait aux élas de la nation unesitua-
tion-sàus exemple en Europe. L'électeur de
liasse et son ministre HaÉsenpfldg"' vienrièht
dri-promulguer, il y a huit jours, une Cons
titution. Cette charte, qui a £tè soumise à
- l'examen et qui a rejjf. l'apfirpbatipn de. la
diète germanique, attribue aux - députés ,1e
droit de voter l'impôt et celui , de cégler le
budget dans tous ses détails. Le "corps légis
latif dé France serait donc 'privé d'un droit
qu'exercent sans, contestation Jes quàranté-
huit députés dei la Hêsse-C^set v; .
- Pour ne point chercher d'exemples à l'é
tranger les conseils généraux, formés des
élus de chaque" .canton, Ont toute liberté
d'examiner et de modifier les budgets dépar-
lementaux.-Comment peut-on supposer que
le corps législatif représentation fidèle de
tous les contribuables , n'aurait pas sur le
budgetnalional desdroils égaux à ceux dont
les conseils-généraux, sont investis sur lés
finances des département i i'-.-, . 1 .•
" Mais il est inufile de raisonner par indues
\tion, quand ôq peut iivôquer le textein&rië
de la loi fondamentale. .La proclamation
dans laquelle . Letiië-Napoléon fait appel^
l'è 2 décemlirè, à la ha^o/», .ç't a' proposé
à là sanction populaire les bases de la Cons-
êiectivê? discutftot vote les lois;» Ces mêmes
'"ïtots sottt'TfepfrodtiiT? et dans i'articlè 39 dè
la Constitution , et dans la' proclamation
qui l'a précédée et qui en, est comme le com
menter^ 11 y est dit textuellement : «'Le
corps législatifloi et l'impôt. » Or il n'est pas besoin d'autre
raisonnement pour-démontrér qtfe discuter
èt Voter n'oht jamais voulu, dire eh lratiçais
voter sans discussion".
La Constitution de 1852 n'a donc point
réfusé aux élus du suffrage imiversel ce iftii
est la prérogative ëssSntielle de toute assem
blée élective; la décision souverâine en ma
tières dé finances. C'est le corps législatif
qui réglera,, comme cela a lieu dans^tous
lés Etats représentatifs, les ' so urces où
sera puisé le revenu piiblic et l'emploi qu'il
recevra. Tout budget se compose en effet de
deux lois connexes, la loi des recettes et la
loi des dépenses, et aucune exception dans
le texté de là Constitution n'indique que «ë
qui éèt indispensable pour unè de ces lois
n'aura pas lieu pour'l'aulre.
Ce droit d'examen et de vote ëtitraîné la
décision des questions de détàil aussi bien
que des Questions dè principe. Nos institu
tions sont si loin de limiter sous ce rapport
la prérogative duCorps Législatif que le rè
glement Organique du 27 mars porté eipres-
et vbtées article par article, "chapitre par
chapitre. Ce sont même les lenteurs inévita
bles qu'entraînera- cette disciission détaillée,
qui ont détérminé Louis-Napoléon à régler
par un décret le budget de 1852. C'est ce qué
déclare formellement le rapport de M. Bi-
neàu. Le ministre des finances ajoute même
que la discussion eût été cette année sans
avantages, car- « présque toutes les dépenses
étant engagées, le Corps Législatif eût été
a ' amené,, par la nécessité même des choses,
» à n'avoir qu'à enregistrer les faits accom
plis. v Cette déclaration implique évidem
ment pour leâ budgets ultérieurs; où aiicuné
dépense n'est engagée, lé droit qui appar
tient au > Corps Législatif de remanier daiu
tous ses détails la loi dès finances. C'est â faire
un bon usage de ce droit que nous avons
Lè~prqsiîentdu
^p»,.|iégislàtiy 'a "annoncé " à 1'àssembiëe »
dans la séance du 13 avril, qu'elle allait être
Sous-peu de jours Saisie du budget,et qu'elle
atirâii à' examiner idà'ns tous leurs'détails
lanloi des dépenses et. la loi des recettes.
Les termes donçt s'est sêrvi ^I, Bïllault suffi-
ïaienf "seuls,, 6n lé voit, $ faire, tomber lès
insinuations. nialveiliantes qu'on a-répan
dues 1 , et l'iàterprétation erronée qu'où affec
tait'de donier aot tfexte dé la Constitution.
Une seule question à jamais pu faire dou
te. Comment aura lieu l'examen détaillé du
budget, et, comment s'exercera. le droit in-
eantestableduCorps Législatif;à accroître ou
à diminuer les crédits proposés? Le texte de
la Constitution et lé préambule qui l'expli
qué nu semblent avoir eu d r autre objet.que
dè proscrire. les amendemens individuels^
improvisés datis la chaleur dé la discussion,
venant "(ovil.à coup déranger > l'économie
desr Joie les mieux étudiées. PJous croyons
donc que les amendemens agréés par la
commission jlu budget ", seront seuls ad -
mis aux honneurs, de la discussion, et
qu'il ne sera teuu aucun Compte des amén-
tlemens isolés ou trop tardifs.. Il n'est à
cela aucun inconvénient; Seulementles
btiréaûi devront cOnSâerer plusieurs séàti-
etk' à un ekanien approfondi des diverses
parties du.budget, afin que toutes les. idées
dfamélioration puissent se produire en temps
ùtjle, et arriver dans la commission épurées
et fortifiées par un .premier débat. . *
Maintenaut les amendemens agréés par la
commission du budget ou proposés par elle,•
devront-ils être* envoyés aû éonseil d'Etat?
Cè point» fait : doute, dan'^ quelques esprits y
mais , c'est à tort, suivant nous. Le budget,
pâ? l'étendue des';détails 'qu'il Ôomportb et
par soijïsS^Qû 1 " périodique, à de tpjut temps
été considéré comme une loi exception
là •filière - législative. C'est ainsi qu'en An
gleterre, de tout temps, et en France, après
1848, le budget a été affranchi de là condi
tion des trois lectures. ,
On a peine à compréndre comment le con
seil d'Etat pourrait statuer sur les modifica
tions proposées à une loi qu'il n'est-point
chargé de préparer. Lè budget, efl effet, est
. préparé par le ministre des finances sur
les propositions des divers ministères, et en
prenant pour point de déport les évaluations
des exercices antérieurs. C'est ainsi que le
budget de 1852 a été réglé par le Président
de la République, sur la seule proposition
du ministre des finances : aussi le décret ne
contient-il pas la formule : le conseil d'État
entendu,, qui constate l'intervention du con- ~
seil d'Etat dans la préparation des projets de
loi et des décrets. Le rapport de M. Bineau que
nous avons déjàcilé, annonce que le projet de
budget pour 1853sera soumis au Corps législa
tif dès leâ premiers jours de la sessionj rien
n'indique que ce projet de budget doive
être préparé par le conseil d'Etat, et, de
puis un mois que - ce rapport a été mis
au Moniteur , le conseil d'Etat n'a point
été saisi de la loi de finances dont la présen
tation est annoncéè cependant comme très
prochaine. Donc le conseil d'Etat ne prépare
pas le budget, et ne le préparant pas, com-
tnèntjlîgerait-il des modlfitatiôûStpè; lç bud- •
gét peut ou non recevoir? '
- Rien n'appélle d'ailleurs l'intervention du
conseil d'Etat. Si les ministres, au lieu de se '
concerter avéo leur collègue des finances,
étaient obligés de débattre leurs budgets aù
sein du conseil d'Etat, ce co|ps, qui est -
une partie de l'administration, n'en de
viendrait-il pas le surveillant; et le domi
nateur? De quelle .utilité ponrrait être unè'
discussion préalable qui ferait évidemment "
double emploi _avec la discussion au sein
de la Législature? Enfin un corps administra.**
tif qui n'a pas qualité-êu matière financière,
ne deviendrait-il pas le véritable dispensa-,.*
teur de la fortune publique ?
Si nous interprétons bien les principes
èut* lesquels repose la Constitution, le.Corps "
Législatif n'est pas assujéti à l'agrément du '
conseil d'Etat pour modifier le budget. Toute
titulion, dit expresséttieht quë- l'aiSàSÉlée '®îe, àïaquellêxju'hè pouvait imposer toute
nommée par. les bureaux du Corps Législa-
tis, et les commissaires que .les ministres
désignent héfiituellement.parmi leurs chefs
de sèrvicè polSi 1 soutenir la discussion.
7 Telle nous paraît être ja conclusion qui
découle d'une étude attentive de la loi _fon-
dâ'âàentàlé."Sîhous nè rious trompons, la pré
rogative du Corps Législatif, pour être soumi
se à des formali tés restrictives, n'en parvien
drait paà tnolHs à s'exercer : mais c'est une
hypothèse que nous nous croyons dispensés
d'examiner. ' Cuciiev ai-Clarion y. .
Les étals de douanes du premier trimes
tre, que publie aujourd'hui - le Moniteur,
viennent compléter 'les résultats, favorables
constatés par les tableaux du'revenu public.
Le produit des droits perçus ,à l'importation
des marchandises pendant les troia.premiers
"mois s'est élevé, comparativement àjl'année
dernière, de 26,700,000 fr. à 32,500,000 fr.j
ce qui représente une augmentation de prèâ
^e 6 millions. Pour le mois dé mars, en par
ticulier, l'accroissement eët de plus de $
millions; La recette est de 11,710,000 fr. au'
lieu de 9,710,000 fr. '
C'est principalement,' pomme nou$ le fai
sions remarquer, surieg matières premières"
que porte l'augmentation.- Ainsi l'importa
tion des cotons brutsj-qui alimentent un
nombre si considérable de fabriques, est
montée , 'p6ur le trimestre , de 143,000
quintaux à 203,005, et s'est par conséquen t
accrue de 35 0/0. l 'introduction des laines
a presque doublé y elle s'est élevée de 37,000
quintaux à 6o,0t)0. Pour les soies grèges j
c'est 3,659 quinfâu» au lieu de 2,457, et
ppur les soies moulinées, ï;927 aîPlieu dé
1,'599. Nous ne croyons pas que les indus
tries des tissus, industries qui occupent près
dé â millions d'ouvriers et représentent utfe
. fabrication aqnueîle d'eiiyiron 2 milliard^
„aigilifr;4ïé jamais aussi'açtives qu'elles le sont
àujôUi 'd'hÙi. - (
Partîiï les matières oléagineuses , nous
trouvons uno augmentation sur les graines
. de lin, une idiminution sur les graines de
sésame et sur les huiles & olive. Les matiè
res tinctoriales se ressentent de l'activité im
primée à la fabrication des tissus. L'impor
tation de l'indigo s'est' àccrue^ie' 1,687 quin
taux à 2,202y et celle do la cochenille de
350 quintaux à 693.
Même progrès dans l'introduction de la
plupart des substances" minérales. La houil
le, qui forme le grand agent de tout le sys
tème industriel, a vu ses importations mon
ter de 4,921,000 quintaux à 5,741,000. Si la
fonte et le cuivre sont restés stationnaires,
il y a augmentation sur. le plomb et surtout
sur le zincj'dont l'importation s'est éfëvée de
33,000 quintaux à 47,000.
L'accroissement des importations dé bois
d'acajou, qui ont' été de 12,500 quintaux au
lieu de 9,900, peut être" considéré comme
une preuve „de l'activité progressive de nos
industriel de luxe.
Quant aux denrées coloniales; nous cons
taterons que les cafés se sont- accrus de
. 45,000 quintaux à 53,00Q i les sucres colo
niaux de 78,000 à 146,000} les sucres étran-
gèrraé 3T,Q00 à 6a,00(£~{)'tf 'saît que l'àug-
mentatîon des sucres exotiques n'a eu lieu
qu'au détriment des sucrés indigènes. At
tendons les résultats du nouveau décret quia
eu po"ur but de venir en aide à notre fabri
cation.
Si l'on passe maintenant à l'examen des
états d'exportation, 'op remarque une aug
mentation continue sur nos produits natu
rels, niais un pau de ralentissement Sur
quelques branches de nos produits manufac
turés. Parmi les premiers, figurent les vins
pour 628,000 hectolitres au lieu de-457,000,
te» eaux-de-vie pour 79,000 au .lieu de
72,000, les alcools purs pour 27,000 au lieu
de 18,000. Les exportations de céréales, qui
avaient atteint 1,255,000 quintaux péndantle
premier trimestre de l'année dernière, se sont
-maintenu es presqu'àu même chiffre; la diffé
rence ii'e'stqiie dê 20,000 quintaux,""et encore
doit-on noter, qu'elles se,. sont relevées pen
dant le mois de mars,'à ce point qu'elles ont
été doublés dê ce qu'elles avaient été pendant
le mois correspondant de l'année dernière,
627,000 quintaux au lieu de 375,000. En ce
qui concerne .nos produits manufacturés,
il y a augmentation sûr ceux qui forment
lés' parties "tes "plus 'importantes de jjotre
commerce d'exportation,, notamment sur
les lissus de soie, de coton et de laine.
Les,, articles gui présentent encore quel
que diminution, «ont les sucres raffinés,
les-savons, les machines et mécaniques, les
porcelaines et les cristaux. Mais ils auront
sans doute retrouvé, dans l'accroissement de
la consommation intérieure plus qu'ils n'Ont
perdu sur l'exportation. ' -
- La navigation maritime a yjarticipé a cette
activité générale de notre commerce et de
notre industrie. Le mouvement, à l'entrée
s'est élevé de-432,000' tonneaux à 475,000,
et, à la sortie, de 432,000 à 441,000. Notre
pavillon a eu sa part dans cet accroissement.
< ! ■ , . • '• . . J. BURiT. - -,
Notre correspondant de Tunnnous adres
se le nouveau traité de commerce et de
navigation, conclu le 14 février 1852 en,-
tre la France et la Sardaigne, par M. His de
Butenval, envoyé extraordinaire et ministre
plénipotentiaire de la République française
a Turin, et M. Cavour , ministre secrétaire
d'Etat au département de la marine, de l'a
griculture et^du commerce du royaume de
Sardaigne.
Voici lè texte de ce document : .
Le prince-Président de la République française
èt S. M/le roi de Sardaigne, jaloux de se don nier
un témoignage manifeste du désir mutuel aui les
anime de resserrep de plas en plus les liens de bon
voisinage .et d'amitié entre les populations des deux
éflet de nouvelles négociations et ont nommé pour
leurs plénîpâtentiaircs", . :
Lé prince-Président de la République française,
le'-sieur Charles His de Butenval* etc.; - ■
.-■Et. S; M. le roi de Sardaigne, le sieur Camille
-Benso, comte de Cavour, - — —
Lesquels après s'être communiqué leurs pleins-
pou voifs, trouvés çn bonne et due; forme, sont con-
venus'de ce qui suit : •
'i Art. 1 er . a Tous les soies écrues, grèges qu
moulinées,y compris les douppions, seront affran
chies de,teut droit quelconque dans les deux pays
à leur sortie, sa'uf l'obligation des déclarations
voulues par les règlemens de douane.
Seront aussi affranchies de tout droit à leur sor-
,'tie des Etats sardes, les bourres de soie en masse,
.écrues ou teintes.
6 Les soies en cocons et les soies écrues, grèges
ou moulinées, y compris les douppiens, seront af
franchies de tout (Irait quelconque à leur entrée
dans les deux pays.
. Art 2. Les petites peaux brutes d'agneau et de
■ chevreau seront affranchies de tout droit quelcon
que à leur entrée dans les deux pays.
Les mêmes peaux' seront affranchies de tout
droit quelconque.^ Sardaigne à leur sortie pour
France.
Art. 3. Tous les vins et le vinaigre de table de
production française importés directement,.soit par
terre, soit par mer, sous pavillon, sarde ou sous
pavillon français, seront soumis, à leur entrée
dans les Etats sardes, au droit uniforme sui vant,:
En cercles, 3 fr. 30 c. par hectolitre. ,
En bouteilles, 10 c. par bouteille qui ne dé
passe pas le litre. Il demeure, d'ailleurs, bien en
tendu que le comté de Nice ne sera soumis au
.droit intégral indiqué-dans la présent article qu'à
dater du t" janvier 1854, et que, jusqu'à cette
époque, "on ne percevra, conformément à la loi du
14 juillet 18S1, que les 2/5 es de ce droit.
Art. 4i Tçutes les eàux-de-vie production'
française, importées directement soit par terre, soit
par mer, sous pavillon sarde ou sous pavillon
français seront soumises, à ieur entrée dans les
Etats sarde3, au droit suivant .
I Supérieures à 22 degrés, à 10 fr.
par hectolitre,
de 22 degrés et au-dessous, S fr.
80 cent.
En bouteilles, à 10 c. par bouteille qui ne- dé
passe pas le litre.
Art. S. Toutes les huiles de production des Etats
sardes dont l'origine sera dûment justifiée, impor
tées soit par terre, soit par mer, sous pavillon fran
çais, ou directement sous pavillon sarde, seront
soumises à leur entrée en France à un droit uni
forme de 15 fr..les 100 kilogrammes.
Cette réduction ne sera toutefois étendue au
comté, de Nice que lorsque les huiles étrangères y
seront soumises à leur importation aux droits en
vigueur sur les autres frontières de l'Etat.
Art. 6. Le gouvernement français accorde à la
Sardaigne: . - '. -■ '
a. La réduction de moitié du droit actuel d'en
trée sur-les frômages de pâte molle de la Savoie,;
aux conditions énoncées dans le paragraphe s de
l'art. 7. ■ - •* ■■ ■■■ ■ ■ ;■■■>
6 L'ouverture de deux bureaux de douane 3ur
la frontière du département de l'Ain où les bes
tiaux des Etats sardes Seront admis aux droits éta
blis.par les articles 12 du traité du 5 novembre
1850, et 3 de la convention* additionnelle du 20
mai 1851 aux conditions énoncées dans le para
graphe b de l'art.' 7.
c: L'ouverture d'un bureau de.douane sur la
irontière.de Chapareillan, où les fonteç aciéreuses
*le la .Savoie seront admises au - droit de 3 fr. le
quinfôl métrique, jusqu'à concurrence de douze
mille quintaux métriques par an, aux -coiiditions
énoncées par lb ■ Art. a Atîn de garantir l'administration;
française contre l'introduction par les'frontières
dè la Savoie en France des fromages de pâte molle-
étrangers, l'administration des douanes sardes ne
dégagera de- l'acquit à caution l'introducteur des
'fromages de ladite qualité passés en transit pour
la France, que lorsqu'il aura présenté l'acquit du
bureau' de la douane française. ;
b Pour offrir la même garantie quant aux bes
tiaux, l'administration des douanes sardes fera
marquer au fer chaud à leur entrée par les'fron
tières de la; Savoie, les bestiaux de provenance
étrangère des qualités indiquées dans- l'article 12 :
du traité du 5 novembre 1850, et dans l'article 3
de la convention additionnelle du 20 mai 1851,
qui seraient introduits en transit desdites frontiè
res pour la France. La décharge des acquits de
transit délivrés par la douane sarde,- restera su
bordonné à la présentation de la 1 quittance'de la,
douane française.
o Pour constater vis-à-vis de l'administration •
française la qualité spéciale des fontes aciéreuses,
il est entendu qu'on ne regardera comme telles
que celles produites dans le bassin de l'Arc et le
bassin de l'Isère. —
; 'Art.'8. Le gouvernement sarde garantit que,
dàns aucun cas,- les vins et les eaux-de-vie fran^
çais ne seront assujetties par : les administra
tions comniunales à des droits d'octroi ou de con
sommation autres ou plus élevés que ceux aux
quels seront -assujettis les vins çt les eaux-de-
vie du pays, et vice versâ, le gouvernement fran
çais garantit que, dans aucun cas, les huiles des
Etats sardes ne seropt assujétiës par l'es adminis
trations communale?, à un droit d'octroi o a de
consommation autre ouplus élevé que celui au*
quel'seront imposées" les huiles du pays. ■
Art: 9. Il demeure entendu que dans le càs où des
droits de consommation sur -les vins et les eaux-
de-vie plus élevés que ceux qui pourraient exis^
ter aujourd'hui, 1 seraient étaËhs aa profit' du tré
sor sarde,' le gouvernement français; serait autorisé-
à frapper les huiles sardes à leur importation d'un
- droit de douane correspondant,it rebi proquemeni si ■{
des droits dé consommation nlus élevés que ceux
♦qui pourraient exister aujourd'hui, étaient établi»
parle gouverneméht,"français 'surles"biiilp3,,-tp^
droit de douane correspondant à l'fihjportation'déS"
vins et eaux-de-vie de France.
Ne sera point' considéré comme donnant ou
verture à l'appplication du présent article, tout
remaniement des différens chapitres des droits
d'accise et de consommation perçus au profit
du trésor qui, en augmentant certains de c«s
droits, ou même en en créant dè nouveaux, .çn
diminuerait ou en supprimerait simult'anémérft
d'autres dans une proportion identique, - de telle .
sorte que les vins et les spiritueux français dans
les Etats sardes et les huiles sardes en France,
n'eussent à supporter,que de§ charges dont l'en
semble fût exactement le même que l'ensemble de
celles qui résultent des tajes existantes aujour-
d'hui, et fût représenté dans chaque localité par
le même" chiffre. . .
Ne sera point considérée non plus comme don *
nant ouverture à l'application du présent-articlé, la
simple extension, sans augmentation de quotité,
aux autres provinces des Etats sardes, des droits
de consommation qui pourraient être perçus au
jourd'hui en Piémont, pour le compte' de l'État, sûr
les vins et sur les eaux-de-vie. '
. Art. 10. Il est entendu entre les hautes parties *
contractantes, que, sauf les modifications stipulées
par- le présent traité, les conventions antérieures
des 5 novembre 1850 et 20 mai 1851, conservent
toute leur force et valeur et demeurent comme si
elles étaient insérées mot à mot dans le présent
acte. - >
ArWll. Le présent traité.seraratifié-et les rati- .
fications en seront échangées à Turin dans le plus
bref délai possible, et les effets de son exécution
"simultanée commenceront deux mois après le jour
où cet échange a ura eu lieu. "
Il aura la mêmë^urée que lé traité de com
merce et de navigation du S novembre 1850, et
sera soumis aux mêmes conditions de temps pour
la dénonciation qui pourrait en être faite par cha- .
cune des deux parties contractantès. '■
En foi de quoi les deux plénipotentiaires l'ont
signé et y ont apposé le sceau de leurs armes.
Fait en double original à Turin, le quaiorzièma
jour du mois de février de l'an mil huit cent cin
quante-deux. -
Signé : c. cavour . Signé : butenval.
l:s. l.s.
Pour copie conforme à l'original,' .
Turin, 4 mars 1852,
Le premier officier du ministère pour
les affaires étrangères, jocteau .
Bien que les deux plénipotentiaires soussignés
soient convaincus que les dispositions de l'art. 9
du traité de ce jour ne seront jamais appliquées';
attendu les sentimens dê loyauté et de bon
vouloir qui animent les deux hautes partiés con
tractantes l'une envers l'autre, toutefois 'voulant
prévoirie cas où, r ï>af suite d'une modifiCatiob
dans les droits d'accise ou de cbnsôitimatioh peiv-
çus pour le compte du trésor de l'Etat, des'rëcfa- ■
mations s'élèveraient de part' ou d'autre; ils scfit
convenus de Ce qui suit ; -' r .
Les réclamations de la natioit qui so croirait lé
sée, seront soumises à l'arbitrage d'une commis
sion de quatre membres, dont deux nommés part-
la France et deux nommes par la Sardaigne.
Cette commission SB réunira à Turin Ou àGÊnes, '
si c'est là France qui réclame ; à Paris ou à Map- •
seille si c'est la Sardaigne.-
Elle décidera s'il; y a lieu ou'non à appliquer ,
les dispositions, du premier paragraphe de l'art. 0.
~ Elle indiquera le chiffre qu'elle 'jugera devoir
représenter équitablement la surtaxe de douane»
établir en'Teprésaille'de là surtaxe d'accise-ou de
consommation qui aura donné lieu à la réclama-,
tion de la puissance lésée. " " '
En cas de-partage égal des voix, utt cinquit'me
commissaire sera nommé par urtë puissance tierce
dont le nom sera tiré au sort, mais qui no pourra
être que l'Espagne; la Hollande ou la Suéde;-
Aucune mesure de représaille ne pourra être
appliqué^ avant que la commission ait prononcé
sa décision. Mais cette décision devra être rendue
d'urgence, ■ et dans 1 un délai de trois semaines à
partir du'jour où la puissance lésée aura désignfi
sus commissaires, eu quinze jours après la nomi
nation du cinquième-commissaire dans le cas dé
partage des voix. . • - i:
Fait à Turin, le 14 février 1852. u ; i
Signé—c.. cavour, Signé— butenval.
Ce nouvéau traité porte",eh substance ':
1° L'abolition de tout droit de sortie, die là
part du Piémont, sur lessoies grèges et mou
linées et les petites .p^aux ; 2° l'abolition ré
ciproque des droits d'entrée, dans les deux
pays, sur les mômes produits; 3? la réduc
tion à un droit uniforme et indépendant de
toute distinction de provenance ou de qua
lité: de 3fr. 30 c. (au lieu de 10 fr. et de 14 fr.)
^ur nos vins; de lOfr. (au lieu de 30 fr.).sur
nos eaux-de-vie de preiilière qualité- dë
8 fr. 50 c. (au lieu de 18 lr.) sur , nos eaux-
de-vie communes; enfin de 10 c. [au.lieu dê t
30 c.) pour toute bouteille de vû), eàu-
de-vie , liqueur 1 ou vinaigre, dont la con
tenance ne dépassera j)as le litre; 4 4° la
réduction de 20 fr. A 15 fr. par 100 ki
logrammes métriques des droits sur. lca
huiles de provenance sarde indépendam-
ment de toute distinction de qualité; 5 o l'ad»
mission, au droit réduit de 3 fr., de 12^00
quintaux ^métriques de fontes aciéreuses de
FEUILLETON DD CONSTITUTIONNEL, 20 ATR.
( REVUE ^SIGALE!.
" THÉAT&G,
Caiathée, . opéia-comfque eu.,, deux ' actes, partit
Alë MM. Julës Barbier, et Michel Càrré ; miisïqué
de M. Victor Massé; décorations de- MSt. Cambon
etTbierjry.^ _ . f> ; N . 'j.
Au lever du rideau on se croirait transpor
té, comme par enchantement, dans une eue
de Pompeïa. Une maisonnette blanche, à.un
étage, au toit .de tuiles d'Un rouge ardent-,
aux larges terrasses garnies d'un parapet
sculpté et ombragées d'un berceau de vigne;
dans le fond l'impluvium inondé de lumjere;
sur le premier plan, des fresques charman
tes, des murs ; vecpis de-cet endui t violent qai
a résisté à .l'incendié, à la lavera l'buûiidité.
aux-siècles, et dont le' secret,est perdu; des
tapis, Jes armes^des vases,- des ,figurines
d'une forme exquise et d'un jolidessin. Cette
décoration est des plus belles et. des mieux
réussies qu'on ait. vues dépuis long-temps;
remplie d'air, de chaleur et de clarté. 11 m'a
semblé, par .uo retour, aux, plus heureuses
années da.uia- jeunesse, que j'élaÎ9.assis sur
un' fût de colonne, sous le soleil éclatant de
mon pays, et que j'assistais à une de ces
_ fouilles miraculeuses qui fonfrsortir de des
sous terre des temples, des* théâtres, des
maisons avec leurs meubles, leurs dieux,
leurs squelettes tout étonnés- de revoir le
soleil après deux mille ans de silène» et
de ténèbres; Cependant -l'action ne se passe
pas,, comme on pourrait le croire, au bord
de la mer Thyrrénéenne, entfe le Vésuve et
la ville d'Herculanum.-:Noûs sommes clans
l'Ile de Chypre, à ce qu'il m'a paru entendre,
et cettë jolie retraite n'appartient ni à Dlo-
mède ; m à Sàlluste. C'fcst l'atelier du sculp-
téur Pygmalion. Lé maître est sorti. Un
jeune 'esclave,-nommé Ganymède, dort sa
grasse matinée et se roule et s'agite sur le
lit de son maître ave« des bàillemens et des
impatiences de Sybarite, paree que des chanta
lointains tfnt .troublé son repos. Ce sont
des jeunes gens de l'île qui vont offrir â
Vénus de3 présens et des vœux. Parbleu 1
la belle â£Taire,et lesplalsans dévols de. venir
ainsi déranger ce bon jeune homme qui
ne reconnaît pour dieu que Morpliée! A
quoi bon se donner tant de mal 1 le bon
heur ne vient i-il pas en dormant? ©
sainte paresse ! à Sommeil, divinité bienfait
sànte et réparatrice, humectez de vos pavots
trempés de rosée la paupière rougie du pau-»
vre esclave, faites qu'il ne se soit réveillé que
pour s'endormir de nouveau y et queJes speo-
tateurs n'àillent pas l'imiter I
- - Comme il reprend lé cours-de ses rêves ,
pan, pan, pan! om frappejà la spoi'te. Oany-
. mède se garde bien de demander :-Qui vâ la?
Mais la porte cède, et un inconnu.s'avance,
qui, voyant le" jeune drôle mollement éten^
du sur sa couche r d'interpelle à haute voix.' 1
L'esclave ne bouges point. L'ihconnu- se fâ
ché: — Holà I coquin^ je suis le citoyen Mi-
daâ. un amateur, un Mécène,-un puissant de
la terre; qu!on. se lève, . et - qu'on vienne
me parler. A quoi le philosophe, esclave ré
pond mentalement Vous .seriez jlejoi Ml«
das, et vous en auriez les oreilles, que je ne
bougerais pas davantage,^Aimes-tu la mu
sique? dit tout à coup. Midasy par.une'idée
biscornue. — Cela dépend, dit 'l'esclave. —
Tiens, écoute, et il fait aariser des pièces
d'or dans.le creux de sa main. Oh l celle-
là est la bonne ! s'écrie Ganymède. Propos
de caissier.
>■ Toujours est-il que le dormeur est debout;
qu'il sj montre iempressé; docile, serviable,
et n'Oppose plus qu'une faible, résistance;
loivque Midas, en lui jetant sa bourse, ne
lui demande qu'à contempler, pour quel
ques instans, le chef-d'œuvre que Pvgma-
fion vient d'achever, et qu'il cache à tous les.
regardé Ganymède n'est point rassuré.—Dé-
pêchefc-vous,* dit-il à Midas; si mon maître
arrive, je suis un hommeperdu ; car, voyez-
vous, il est fou de sa statue, il l'aime, il en-
est jaloux. Survient l'artiste, et, outré de
•colère à la vue d'un inconnu qui souille d'un
regard profône sa vierge de marbre, il com
mence par rouer de coups l'esclave infi
dèle. Ceci est de là couleur antique parfaite
ment appliquée. Dam sa. fureur jalouse,
Pygmalion lève la main sur Midas. Mais
ceiui j ei se récrie; il est citoyen, il est libre,
il eât au moins l'égal d'un statuaire ; on ne
le traitera pas impunément comme un es
clave. Il n'est veau, d'ailleurs, que dàns les
intentions les plus louables : il Veut acheter
la statue et en offre son pesant-d'or. — Ven
dre maGalàthée! s'écrie lesculptenr furieux..
--Mais vous l'aimez donc pour tout de boû?
dît Midas en rieanant. — Si je l'aime l répond
l'artiste ; eh bien ! oui, jel'aime. Les femmes
sont; légères, .méchantes,coquettes, trompeu
ses,-perfides, enfin, laplifs aimable ne vaut
rien (sic); vous voyez bien que j'ai : raison
d'aimer ma statue ! "
. - Je-vous arrête ici,-jeune Pygmalion ; «e
n'est point par horreur des femmes que vous
aimez votre statue, c'est au'contraire parce
qu'elle ressemble trop; bien à une..femme ;
et la preuve c'est que vous allez tout à l'heure
vous prosterner aux pieds de Vénus, et prier
' et gémir, et ^supplier la déesse immortelle
qu'elle veuille bien changer le marbre enchair^
et lui donner le souille et la vie et la parole et
le regard. Soyez amoureux de votre statue,
vous en avez le droit, mais -soyez logique;
Surtout ne souflrez point que votre esclave
se moque de vous a votre barbe et sous leê
yeux d'un étranger. Cela ; n'a jamais été de
mise ni chez les ; anciens ni chez les moder
nes. Qu'avez-vous fait de votre canne, jeune
Pygmalion? ,
* Enfla l'amoureux statuaire, resté seul, ad
jure sa Galathée de lui répondre, de lui par
ler, de l'aimer. La. scène-est belle ; elle n'est
pas neuve, elle nîa- point coûté aux auteurs
un grand efTort d'imagination ; mais c'est
une de ces scènes qui produiront toujours
de l'effet au théâtre.
-Toute femme aimée e§t qne Galathée. In
sensible et froide statue, selle ne comprend
rien-d'abord aux ardeurs .qu'elle inspire. Ce
n'est que par des supplications, par des lar
mes, par une soumission aveugle, une vo T
loyté puissante, une-persévérance à toute
épreuve, quelle marbre's'amollit, que la
pierre s'anime,- que le ejeur bat, que la
Statue devient ïemme. Heureux^ cent fois
heureux celui qiïi, après bien des tour-
mens, bien des souffrances, sent-le gra-,
ait se fondre sous sa main brûlante, et
surprend le premier rayon d'amour dans
un regard long-temps impénétrable*! Je
'comprends fort bien l'ivresse de Pygoia-
lion, qui est à la fois l'artiste; lè créateur
et l'amant de son œuvre. Cé que je ae coDlr
prends pas, c'est la perversité précoce et tout
à fait déraisonnable de votre Galathée. Eli
quoi! elle vient d'ouvrir à peine les yeux à
la lumière; elle respire; elle pense, elle sent,
elle est heureuse ; elle admire^ avec une naï
veté d'enfant tous les objets.qui l'entourent.
Ce n'est que pour le pauvre.artiste qu'elle
a dés paroles dures, du mépris, de l'indiffc-i
reuce. dl a beau lui chanter, de sa plus douce
voix t'Aimons,, il faut aimer, tout aime j elle
répète ces mots si tendres d'un air distrait,
elle lui refuse impitoyablement le baiser
qu'il : implore; Pour l'honneur des statues,
.. sïnom des femmes-, je voudrais que cette
ingrate-Galathée lui' consacrât la premier
quart d'heure de sa nouvelle existçncè,;
qu'elle lui accordât ce premier baiser, ne
fût-ce que par curiosité; par-caprice et par
le désir si- naturel que toute femme a de
s'instruire. Mais le prendre en grippe, pres
que avant de l'avoir vu 1 , et quand il est le seul
homme, aubout du comp te, qu'elle aitvu, voi
là qui n'est guère vraisemblable. Eve n'en use
point ainsi. Son premier regard, son yre-
'mier sourire, sa - première c iress'e est pour
l'homme qu'elle ti'ouve à' soj côté. Le ser
pent ne vient que plus tard. Il est vrai qu'Eve
a été formée par le divin sculpteur, et que
l'œuvre d'un-mortel est nécessairement plus
informe et plus défectueuse.^ Mais |1 y a dés
degrés dans le mal, qu'on ne franchit pas
tout d'un coup.; votre Galatliée va vraiment
trop yitç, et qui.veut trop prouver ne prou
ve rien. " "
. Le premier mot qu'elle prononce est un
mot de cupidité el d'usurpation. Tout ceci-
esta moi, dit-elle ; le ciel, la terre, le soleil',
la lune, la maison et les meubles. Eh ! mon
liieu ,'qui le couUîste? seulementie pauvre
f.ygmaliou demande à ç.trgjpomprjs gaus le
mobilier. Mais non ; Malame'a ses vapèiirs',
Madame a ses nerfs-, Madame a faim. Ceci
sent sa Galathée dé la.rué de Bréda 1 . r-- Qué
veux-tu que je t'achète.? dit je bon Pygma
lion, des olives,' des ligues,des raisins? or
donne., '.ma boursç y passera, — Je veux dé
tout, j'en veux beaucoup,, j'en ' veux .trop;,
répond la gourmande. Surtout va-reh, tu
m'ennuieç. Elle ne dit qùô : tu m'ennuies.
elle est encore bien honnête ! "
Tandis que le pauvre maître s'ëh va au .
marché, l'esçlave rentre, et fait main basse
sur le reste des provisions qu'il trouve dans
le garde-manger. S(e faites paà .attention, Cè
so.nt des mpeurs - grçcqbes. Mon maître sera
allô dîner au cabaret, dit- Ganymède. t \. u
cabaret de Chypre, avec du vin idém; La-
dessus, Ganymède célèbre en strophes ciidi'-
mantes le bonheur de • ne rien faire; puis,
voyant de loin uuè.jeuhe et jolie femmé qiii "
se promène hardiment sur les plates-bandes
et saccage lés rosiers: Ah bah! se dit-il,"
avec une nonchalance adorable , c'est quel
que ancienne maîtresse de mon maître. Ju
gez de sa'stupeur, quand il reconnaît la sta
tue, qui lui parle, lui sourit et l'engage à ve
nir s'asseoir àses côtés.—Qui suis-je? fail lît
statue.—Mais, répond l'esclave, vous êtes liiîé -
femme. — Uné femme!,et toi?—Un homifté'.
— Un t^omme? Kmbràsse : moi. Ceci est un
peu leste , mêm@ pour une . statue. Mais il
paraît que cette Galathée a: la bosse des do- -
mestiques.-Quoi qu'il en 'soit, Ganymède
l'embrasserait bel et bien si le vieux Midas
n'arrivait fort à propos. Le bonhomme re
vient à la charge. 11 persiste plus que jamais
dans -l'idée d'acheter Galathée, et les quelques '
eban^emens survenus dans le marbre ne lé
dégoûtent point du. marché • au contraire.
Seulement,,'?u lieu de verssr la somfte
'dans-les mains '.de l'artiste , H traite
gré à gré avec la statue. " ..
ttljKKAtJX. :
-ife (Palâlihlloyal); n. 10^}
B 1852. — MARDI 20-ATBJJL«
■y--.
' ; ..V... ». I , <"A'i i-'i
PRIX DE L'ABORWEiaSinr .
PARIS.. W F. PAR TRISBSTBt}
&ÉPAHTEMENS. I® J. . „
f US^îOJSÉHÔ 1 '40 'CfÉîlîHMES.
' frotta les îir|AÇGUM > jM reporter
àb tableau qîfr sèrî publie dans le Journal,
le* 10 et î5 de chaque mâST'7 . • .
"• , •. .'r'j.îar : ï- c ', !
M*vlumnemens iaOntitts;l%-«t tff -' f
- i.dt cJtejwattii.
S'adresser, trst£tCO,ppur là rédaction, S .
_ ; - ,. . " Les articles déposés M
ùcuEyir-CiAaiGîiT^
ron^pasreniii#, .
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL
». %!•:.*• * • • v 'î . ■, ../ *■*., : i - v-,, |
...._, ± mmS>mx Memgiriet et àax Directions de poste,—A Lw
| -, • — A Strasbourg, chez îlL. A ikxandrb , pourVAllema'mï
S'adreuer, francoj pour L'administration, i M. DxtâiH, directeur?
On s'abonne, dans les dêparlemèns'- aux Memgètièt et àux Directions de poste.,—A Londres, chei MM» Cowix et Fill.'f
• * , |Le« annoCoês sont reçues au bureau du journal; et ches M. PAKIS, régisseur, 10, place de 1.» Boom
■ v - ' ■ f ■ ' - '• • -, . : '—
paris, tcimu
Nous avons essayé récemment, eu nous ap
puyant sur la Constitution, d'indiquer quel
les différences existententrë le Corps Législa
tif et les assemblées délibérantes qui l'ont
précédé. Cet examen a fait vpir que l'as
semblée élective réunit toutès les condi
tions qui Constituent un pouvoir sérieux,
et que, pour être dépourvue du droit d'in
tervenir directement dahs la politique et
l'administration, elle n'en exerce pas moins
un contrôle efficace sur les affaires du
pays. Il nous, a paru qu'une carrière, large
- encore de «travaux utiles était ouverte devant
le corps législatif et qye, sans parler des
projets importons, qu'il apra à mûrir et à
transformer envois, là réforme de nos fi
nances offrait à elle Seule un champ fécond
à son activité. *
Le programme très sommaire qué nous
avons esquissé à obtenu le suffrage même de
gens habituellement peu enclins à l'appro
bation. Seulement oia en a pris texte pour
diriger contre les institutions qui nous régis
sent et contre la Constitution du 15 janvier,
qui a créé ces institutions, des attaques détour
nées et dangereuses que nous, ne saurions
laisser fans réponse. On nous a dit de plu
sieurs côtés Oui, il y a fc'eaudûtfp' à MttT "SÇniëfit que les lois de finances seront discutées
il serait excellent que le corps législatif pût
remplir un pareil programme ; malheureu
sement le corps législatif n'est rien et ne peut
rien. Ce qui revient à diro, pour les gens qui
savent lire, que la Constitution du 15 jan
vier a créé des fantômes, des êtres d« raison,
. une ombre de sénat et une ombre d'assem-
- blée, corps dè parade; jmpuissans à rien
d'utile, et destinés à diâsiinuler tin despotis
me déguisé. -
A l'appui de ceité thèse, qui n'est qu'une
satire de nos institutions, et qu'on soutient
dans un but fstcilô à cotnprendre, on a été
jusqu'à prétendre qué lé çorpçl^gLslatifnè
devait pas examiner et discuter le budget
des dépenses;- qu'il Ëètait admife seule
ment à votet ën blob^iefe impôts à Jppr-
cevoir. Le rôle' du corps législatif se ré?
duirait donc à fheMe maximum des soin-
meé que le gouvernement pourrait dépënàef
dans une, année,_.èt ^gouvernement pour
rait ensuite employer cet argent à sa guise;
.comme un fils de famille qui n'a point de
comptes à rendre tant qû'e SfeS dépensés n'ex
cèdent pas &apension. : '/2,
ÎJous n'avons pas besoin de dire que cette,
opiniori^tfggTréë' parité' seUT êsprit dé dé
nigrement, n'a,, rien de sérieux , et ne sau
rait se jdéfendre un-instant Elle réduirait;
en matière de finances , "lê ! corps : législa
tif au rôle d'un simple bureau d'enregis
trement, n'âyant 'pâs ^mêmp,^ .conyte "nbs
anciens parlemens, ,1e àroit de remontrance.
Elle ferait aux élas de la nation unesitua-
tion-sàus exemple en Europe. L'électeur de
liasse et son ministre HaÉsenpfldg"' vienrièht
dri-promulguer, il y a huit jours, une Cons
titution. Cette charte, qui a £tè soumise à
- l'examen et qui a rejjf. l'apfirpbatipn de. la
diète germanique, attribue aux - députés ,1e
droit de voter l'impôt et celui , de cégler le
budget dans tous ses détails. Le "corps légis
latif dé France serait donc 'privé d'un droit
qu'exercent sans, contestation Jes quàranté-
huit députés dei la Hêsse-C^set v; .
- Pour ne point chercher d'exemples à l'é
tranger les conseils généraux, formés des
élus de chaque" .canton, Ont toute liberté
d'examiner et de modifier les budgets dépar-
lementaux.-Comment peut-on supposer que
le corps législatif représentation fidèle de
tous les contribuables , n'aurait pas sur le
budgetnalional desdroils égaux à ceux dont
les conseils-généraux, sont investis sur lés
finances des département i i'-.-, . 1 .•
" Mais il est inufile de raisonner par indues
\tion, quand ôq peut iivôquer le textein&rië
de la loi fondamentale. .La proclamation
dans laquelle . Letiië-Napoléon fait appel^
l'è 2 décemlirè, à la ha^o/», .ç't a' proposé
à là sanction populaire les bases de la Cons-
êiectivê? discutftot vote les lois;» Ces mêmes
'"ïtots sottt'TfepfrodtiiT? et dans i'articlè 39 dè
la Constitution , et dans la' proclamation
qui l'a précédée et qui en, est comme le com
menter^ 11 y est dit textuellement : «'Le
corps législatif
raisonnement pour-démontrér qtfe discuter
èt Voter n'oht jamais voulu, dire eh lratiçais
voter sans discussion".
La Constitution de 1852 n'a donc point
réfusé aux élus du suffrage imiversel ce iftii
est la prérogative ëssSntielle de toute assem
blée élective; la décision souverâine en ma
tières dé finances. C'est le corps législatif
qui réglera,, comme cela a lieu dans^tous
lés Etats représentatifs, les ' so urces où
sera puisé le revenu piiblic et l'emploi qu'il
recevra. Tout budget se compose en effet de
deux lois connexes, la loi des recettes et la
loi des dépenses, et aucune exception dans
le texté de là Constitution n'indique que «ë
qui éèt indispensable pour unè de ces lois
n'aura pas lieu pour'l'aulre.
Ce droit d'examen et de vote ëtitraîné la
décision des questions de détàil aussi bien
que des Questions dè principe. Nos institu
tions sont si loin de limiter sous ce rapport
la prérogative duCorps Législatif que le rè
glement Organique du 27 mars porté eipres-
et vbtées article par article, "chapitre par
chapitre. Ce sont même les lenteurs inévita
bles qu'entraînera- cette disciission détaillée,
qui ont détérminé Louis-Napoléon à régler
par un décret le budget de 1852. C'est ce qué
déclare formellement le rapport de M. Bi-
neàu. Le ministre des finances ajoute même
que la discussion eût été cette année sans
avantages, car- « présque toutes les dépenses
étant engagées, le Corps Législatif eût été
a ' amené,, par la nécessité même des choses,
» à n'avoir qu'à enregistrer les faits accom
plis. v Cette déclaration implique évidem
ment pour leâ budgets ultérieurs; où aiicuné
dépense n'est engagée, lé droit qui appar
tient au > Corps Législatif de remanier daiu
tous ses détails la loi dès finances. C'est â faire
un bon usage de ce droit que nous avons
Lè~prqsiîentdu
^p»,.|iégislàtiy 'a "annoncé " à 1'àssembiëe »
dans la séance du 13 avril, qu'elle allait être
Sous-peu de jours Saisie du budget,et qu'elle
atirâii à' examiner idà'ns tous leurs'détails
lanloi des dépenses et. la loi des recettes.
Les termes donçt s'est sêrvi ^I, Bïllault suffi-
ïaienf "seuls,, 6n lé voit, $ faire, tomber lès
insinuations. nialveiliantes qu'on a-répan
dues 1 , et l'iàterprétation erronée qu'où affec
tait'de donier aot tfexte dé la Constitution.
Une seule question à jamais pu faire dou
te. Comment aura lieu l'examen détaillé du
budget, et, comment s'exercera. le droit in-
eantestableduCorps Législatif;à accroître ou
à diminuer les crédits proposés? Le texte de
la Constitution et lé préambule qui l'expli
qué nu semblent avoir eu d r autre objet.que
dè proscrire. les amendemens individuels^
improvisés datis la chaleur dé la discussion,
venant "(ovil.à coup déranger > l'économie
desr Joie les mieux étudiées. PJous croyons
donc que les amendemens agréés par la
commission jlu budget ", seront seuls ad -
mis aux honneurs, de la discussion, et
qu'il ne sera teuu aucun Compte des amén-
tlemens isolés ou trop tardifs.. Il n'est à
cela aucun inconvénient; Seulementles
btiréaûi devront cOnSâerer plusieurs séàti-
etk' à un ekanien approfondi des diverses
parties du.budget, afin que toutes les. idées
dfamélioration puissent se produire en temps
ùtjle, et arriver dans la commission épurées
et fortifiées par un .premier débat. . *
Maintenaut les amendemens agréés par la
commission du budget ou proposés par elle,•
devront-ils être* envoyés aû éonseil d'Etat?
Cè point» fait : doute, dan'^ quelques esprits y
mais , c'est à tort, suivant nous. Le budget,
pâ? l'étendue des';détails 'qu'il Ôomportb et
par soijïsS^Qû 1 " périodique, à de tpjut temps
été considéré comme une loi exception
là •filière - législative. C'est ainsi qu'en An
gleterre, de tout temps, et en France, après
1848, le budget a été affranchi de là condi
tion des trois lectures. ,
On a peine à compréndre comment le con
seil d'Etat pourrait statuer sur les modifica
tions proposées à une loi qu'il n'est-point
chargé de préparer. Lè budget, efl effet, est
. préparé par le ministre des finances sur
les propositions des divers ministères, et en
prenant pour point de déport les évaluations
des exercices antérieurs. C'est ainsi que le
budget de 1852 a été réglé par le Président
de la République, sur la seule proposition
du ministre des finances : aussi le décret ne
contient-il pas la formule : le conseil d'État
entendu,, qui constate l'intervention du con- ~
seil d'Etat dans la préparation des projets de
loi et des décrets. Le rapport de M. Bineau que
nous avons déjàcilé, annonce que le projet de
budget pour 1853sera soumis au Corps législa
tif dès leâ premiers jours de la sessionj rien
n'indique que ce projet de budget doive
être préparé par le conseil d'Etat, et, de
puis un mois que - ce rapport a été mis
au Moniteur , le conseil d'Etat n'a point
été saisi de la loi de finances dont la présen
tation est annoncéè cependant comme très
prochaine. Donc le conseil d'Etat ne prépare
pas le budget, et ne le préparant pas, com-
tnèntjlîgerait-il des modlfitatiôûStpè; lç bud- •
gét peut ou non recevoir? '
- Rien n'appélle d'ailleurs l'intervention du
conseil d'Etat. Si les ministres, au lieu de se '
concerter avéo leur collègue des finances,
étaient obligés de débattre leurs budgets aù
sein du conseil d'Etat, ce co|ps, qui est -
une partie de l'administration, n'en de
viendrait-il pas le surveillant; et le domi
nateur? De quelle .utilité ponrrait être unè'
discussion préalable qui ferait évidemment "
double emploi _avec la discussion au sein
de la Législature? Enfin un corps administra.**
tif qui n'a pas qualité-êu matière financière,
ne deviendrait-il pas le véritable dispensa-,.*
teur de la fortune publique ?
Si nous interprétons bien les principes
èut* lesquels repose la Constitution, le.Corps "
Législatif n'est pas assujéti à l'agrément du '
conseil d'Etat pour modifier le budget. Toute
titulion, dit expresséttieht quë- l'aiSàSÉlée '®îe, àïaquellêxju'hè pouvait imposer toute
nommée par. les bureaux du Corps Législa-
tis, et les commissaires que .les ministres
désignent héfiituellement.parmi leurs chefs
de sèrvicè polSi 1 soutenir la discussion.
7 Telle nous paraît être ja conclusion qui
découle d'une étude attentive de la loi _fon-
dâ'âàentàlé."Sîhous nè rious trompons, la pré
rogative du Corps Législatif, pour être soumi
se à des formali tés restrictives, n'en parvien
drait paà tnolHs à s'exercer : mais c'est une
hypothèse que nous nous croyons dispensés
d'examiner. ' Cuciiev ai-Clarion y. .
Les étals de douanes du premier trimes
tre, que publie aujourd'hui - le Moniteur,
viennent compléter 'les résultats, favorables
constatés par les tableaux du'revenu public.
Le produit des droits perçus ,à l'importation
des marchandises pendant les troia.premiers
"mois s'est élevé, comparativement àjl'année
dernière, de 26,700,000 fr. à 32,500,000 fr.j
ce qui représente une augmentation de prèâ
^e 6 millions. Pour le mois dé mars, en par
ticulier, l'accroissement eët de plus de $
millions; La recette est de 11,710,000 fr. au'
lieu de 9,710,000 fr. '
C'est principalement,' pomme nou$ le fai
sions remarquer, surieg matières premières"
que porte l'augmentation.- Ainsi l'importa
tion des cotons brutsj-qui alimentent un
nombre si considérable de fabriques, est
montée , 'p6ur le trimestre , de 143,000
quintaux à 203,005, et s'est par conséquen t
accrue de 35 0/0. l 'introduction des laines
a presque doublé y elle s'est élevée de 37,000
quintaux à 6o,0t)0. Pour les soies grèges j
c'est 3,659 quinfâu» au lieu de 2,457, et
ppur les soies moulinées, ï;927 aîPlieu dé
1,'599. Nous ne croyons pas que les indus
tries des tissus, industries qui occupent près
dé â millions d'ouvriers et représentent utfe
. fabrication aqnueîle d'eiiyiron 2 milliard^
„aigilifr;4ïé jamais aussi'açtives qu'elles le sont
àujôUi 'd'hÙi. - (
Partîiï les matières oléagineuses , nous
trouvons uno augmentation sur les graines
. de lin, une idiminution sur les graines de
sésame et sur les huiles & olive. Les matiè
res tinctoriales se ressentent de l'activité im
primée à la fabrication des tissus. L'impor
tation de l'indigo s'est' àccrue^ie' 1,687 quin
taux à 2,202y et celle do la cochenille de
350 quintaux à 693.
Même progrès dans l'introduction de la
plupart des substances" minérales. La houil
le, qui forme le grand agent de tout le sys
tème industriel, a vu ses importations mon
ter de 4,921,000 quintaux à 5,741,000. Si la
fonte et le cuivre sont restés stationnaires,
il y a augmentation sur. le plomb et surtout
sur le zincj'dont l'importation s'est éfëvée de
33,000 quintaux à 47,000.
L'accroissement des importations dé bois
d'acajou, qui ont' été de 12,500 quintaux au
lieu de 9,900, peut être" considéré comme
une preuve „de l'activité progressive de nos
industriel de luxe.
Quant aux denrées coloniales; nous cons
taterons que les cafés se sont- accrus de
. 45,000 quintaux à 53,00Q i les sucres colo
niaux de 78,000 à 146,000} les sucres étran-
gèrraé 3T,Q00 à 6a,00(£~{)'tf 'saît que l'àug-
mentatîon des sucres exotiques n'a eu lieu
qu'au détriment des sucrés indigènes. At
tendons les résultats du nouveau décret quia
eu po"ur but de venir en aide à notre fabri
cation.
Si l'on passe maintenant à l'examen des
états d'exportation, 'op remarque une aug
mentation continue sur nos produits natu
rels, niais un pau de ralentissement Sur
quelques branches de nos produits manufac
turés. Parmi les premiers, figurent les vins
pour 628,000 hectolitres au lieu de-457,000,
te» eaux-de-vie pour 79,000 au .lieu de
72,000, les alcools purs pour 27,000 au lieu
de 18,000. Les exportations de céréales, qui
avaient atteint 1,255,000 quintaux péndantle
premier trimestre de l'année dernière, se sont
-maintenu es presqu'àu même chiffre; la diffé
rence ii'e'stqiie dê 20,000 quintaux,""et encore
doit-on noter, qu'elles se,. sont relevées pen
dant le mois de mars,'à ce point qu'elles ont
été doublés dê ce qu'elles avaient été pendant
le mois correspondant de l'année dernière,
627,000 quintaux au lieu de 375,000. En ce
qui concerne .nos produits manufacturés,
il y a augmentation sûr ceux qui forment
lés' parties "tes "plus 'importantes de jjotre
commerce d'exportation,, notamment sur
les lissus de soie, de coton et de laine.
Les,, articles gui présentent encore quel
que diminution, «ont les sucres raffinés,
les-savons, les machines et mécaniques, les
porcelaines et les cristaux. Mais ils auront
sans doute retrouvé, dans l'accroissement de
la consommation intérieure plus qu'ils n'Ont
perdu sur l'exportation. ' -
- La navigation maritime a yjarticipé a cette
activité générale de notre commerce et de
notre industrie. Le mouvement, à l'entrée
s'est élevé de-432,000' tonneaux à 475,000,
et, à la sortie, de 432,000 à 441,000. Notre
pavillon a eu sa part dans cet accroissement.
< ! ■ , . • '• . . J. BURiT. - -,
Notre correspondant de Tunnnous adres
se le nouveau traité de commerce et de
navigation, conclu le 14 février 1852 en,-
tre la France et la Sardaigne, par M. His de
Butenval, envoyé extraordinaire et ministre
plénipotentiaire de la République française
a Turin, et M. Cavour , ministre secrétaire
d'Etat au département de la marine, de l'a
griculture et^du commerce du royaume de
Sardaigne.
Voici lè texte de ce document : .
Le prince-Président de la République française
èt S. M/le roi de Sardaigne, jaloux de se don nier
un témoignage manifeste du désir mutuel aui les
anime de resserrep de plas en plus les liens de bon
voisinage .et d'amitié entre les populations des deux
éflet de nouvelles négociations et ont nommé pour
leurs plénîpâtentiaircs", . :
Lé prince-Président de la République française,
le'-sieur Charles His de Butenval* etc.; - ■
.-■Et. S; M. le roi de Sardaigne, le sieur Camille
-Benso, comte de Cavour, - — —
Lesquels après s'être communiqué leurs pleins-
pou voifs, trouvés çn bonne et due; forme, sont con-
venus'de ce qui suit : •
'i Art. 1 er . a Tous les soies écrues, grèges qu
moulinées,y compris les douppions, seront affran
chies de,teut droit quelconque dans les deux pays
à leur sortie, sa'uf l'obligation des déclarations
voulues par les règlemens de douane.
Seront aussi affranchies de tout droit à leur sor-
,'tie des Etats sardes, les bourres de soie en masse,
.écrues ou teintes.
6 Les soies en cocons et les soies écrues, grèges
ou moulinées, y compris les douppiens, seront af
franchies de tout (Irait quelconque à leur entrée
dans les deux pays.
. Art 2. Les petites peaux brutes d'agneau et de
■ chevreau seront affranchies de tout droit quelcon
que à leur entrée dans les deux pays.
Les mêmes peaux' seront affranchies de tout
droit quelconque.^ Sardaigne à leur sortie pour
France.
Art. 3. Tous les vins et le vinaigre de table de
production française importés directement,.soit par
terre, soit par mer, sous pavillon, sarde ou sous
pavillon français, seront soumis, à leur entrée
dans les Etats sardes, au droit uniforme sui vant,:
En cercles, 3 fr. 30 c. par hectolitre. ,
En bouteilles, 10 c. par bouteille qui ne dé
passe pas le litre. Il demeure, d'ailleurs, bien en
tendu que le comté de Nice ne sera soumis au
.droit intégral indiqué-dans la présent article qu'à
dater du t" janvier 1854, et que, jusqu'à cette
époque, "on ne percevra, conformément à la loi du
14 juillet 18S1, que les 2/5 es de ce droit.
Art. 4i Tçutes les eàux-de-vie production'
française, importées directement soit par terre, soit
par mer, sous pavillon sarde ou sous pavillon
français seront soumises, à ieur entrée dans les
Etats sarde3, au droit suivant .
I Supérieures à 22 degrés, à 10 fr.
par hectolitre,
de 22 degrés et au-dessous, S fr.
80 cent.
En bouteilles, à 10 c. par bouteille qui ne- dé
passe pas le litre.
Art. S. Toutes les huiles de production des Etats
sardes dont l'origine sera dûment justifiée, impor
tées soit par terre, soit par mer, sous pavillon fran
çais, ou directement sous pavillon sarde, seront
soumises à leur entrée en France à un droit uni
forme de 15 fr..les 100 kilogrammes.
Cette réduction ne sera toutefois étendue au
comté, de Nice que lorsque les huiles étrangères y
seront soumises à leur importation aux droits en
vigueur sur les autres frontières de l'Etat.
Art. 6. Le gouvernement français accorde à la
Sardaigne: . - '. -■ '
a. La réduction de moitié du droit actuel d'en
trée sur-les frômages de pâte molle de la Savoie,;
aux conditions énoncées dans le paragraphe s de
l'art. 7. ■ - •* ■■ ■■■ ■ ■ ;■■■>
6 L'ouverture de deux bureaux de douane 3ur
la frontière du département de l'Ain où les bes
tiaux des Etats sardes Seront admis aux droits éta
blis.par les articles 12 du traité du 5 novembre
1850, et 3 de la convention* additionnelle du 20
mai 1851 aux conditions énoncées dans le para
graphe b de l'art.' 7.
c: L'ouverture d'un bureau de.douane sur la
irontière.de Chapareillan, où les fonteç aciéreuses
*le la .Savoie seront admises au - droit de 3 fr. le
quinfôl métrique, jusqu'à concurrence de douze
mille quintaux métriques par an, aux -coiiditions
énoncées par lb
française contre l'introduction par les'frontières
dè la Savoie en France des fromages de pâte molle-
étrangers, l'administration des douanes sardes ne
dégagera de- l'acquit à caution l'introducteur des
'fromages de ladite qualité passés en transit pour
la France, que lorsqu'il aura présenté l'acquit du
bureau' de la douane française. ;
b Pour offrir la même garantie quant aux bes
tiaux, l'administration des douanes sardes fera
marquer au fer chaud à leur entrée par les'fron
tières de la; Savoie, les bestiaux de provenance
étrangère des qualités indiquées dans- l'article 12 :
du traité du 5 novembre 1850, et dans l'article 3
de la convention additionnelle du 20 mai 1851,
qui seraient introduits en transit desdites frontiè
res pour la France. La décharge des acquits de
transit délivrés par la douane sarde,- restera su
bordonné à la présentation de la 1 quittance'de la,
douane française.
o Pour constater vis-à-vis de l'administration •
française la qualité spéciale des fontes aciéreuses,
il est entendu qu'on ne regardera comme telles
que celles produites dans le bassin de l'Arc et le
bassin de l'Isère. —
; 'Art.'8. Le gouvernement sarde garantit que,
dàns aucun cas,- les vins et les eaux-de-vie fran^
çais ne seront assujetties par : les administra
tions comniunales à des droits d'octroi ou de con
sommation autres ou plus élevés que ceux aux
quels seront -assujettis les vins çt les eaux-de-
vie du pays, et vice versâ, le gouvernement fran
çais garantit que, dans aucun cas, les huiles des
Etats sardes ne seropt assujétiës par l'es adminis
trations communale?, à un droit d'octroi o a de
consommation autre ouplus élevé que celui au*
quel'seront imposées" les huiles du pays. ■
Art: 9. Il demeure entendu que dans le càs où des
droits de consommation sur -les vins et les eaux-
de-vie plus élevés que ceux qui pourraient exis^
ter aujourd'hui, 1 seraient étaËhs aa profit' du tré
sor sarde,' le gouvernement français; serait autorisé-
à frapper les huiles sardes à leur importation d'un
- droit de douane correspondant,it rebi proquemeni si ■{
des droits dé consommation nlus élevés que ceux
♦qui pourraient exister aujourd'hui, étaient établi»
parle gouverneméht,"français 'surles"biiilp3,,-tp^
droit de douane correspondant à l'fihjportation'déS"
vins et eaux-de-vie de France.
Ne sera point' considéré comme donnant ou
verture à l'appplication du présent article, tout
remaniement des différens chapitres des droits
d'accise et de consommation perçus au profit
du trésor qui, en augmentant certains de c«s
droits, ou même en en créant dè nouveaux, .çn
diminuerait ou en supprimerait simult'anémérft
d'autres dans une proportion identique, - de telle .
sorte que les vins et les spiritueux français dans
les Etats sardes et les huiles sardes en France,
n'eussent à supporter,que de§ charges dont l'en
semble fût exactement le même que l'ensemble de
celles qui résultent des tajes existantes aujour-
d'hui, et fût représenté dans chaque localité par
le même" chiffre. . .
Ne sera point considérée non plus comme don *
nant ouverture à l'application du présent-articlé, la
simple extension, sans augmentation de quotité,
aux autres provinces des Etats sardes, des droits
de consommation qui pourraient être perçus au
jourd'hui en Piémont, pour le compte' de l'État, sûr
les vins et sur les eaux-de-vie. '
. Art. 10. Il est entendu entre les hautes parties *
contractantes, que, sauf les modifications stipulées
par- le présent traité, les conventions antérieures
des 5 novembre 1850 et 20 mai 1851, conservent
toute leur force et valeur et demeurent comme si
elles étaient insérées mot à mot dans le présent
acte. - >
ArWll. Le présent traité.seraratifié-et les rati- .
fications en seront échangées à Turin dans le plus
bref délai possible, et les effets de son exécution
"simultanée commenceront deux mois après le jour
où cet échange a ura eu lieu. "
Il aura la mêmë^urée que lé traité de com
merce et de navigation du S novembre 1850, et
sera soumis aux mêmes conditions de temps pour
la dénonciation qui pourrait en être faite par cha- .
cune des deux parties contractantès. '■
En foi de quoi les deux plénipotentiaires l'ont
signé et y ont apposé le sceau de leurs armes.
Fait en double original à Turin, le quaiorzièma
jour du mois de février de l'an mil huit cent cin
quante-deux. -
Signé : c. cavour . Signé : butenval.
l:s. l.s.
Pour copie conforme à l'original,' .
Turin, 4 mars 1852,
Le premier officier du ministère pour
les affaires étrangères, jocteau .
Bien que les deux plénipotentiaires soussignés
soient convaincus que les dispositions de l'art. 9
du traité de ce jour ne seront jamais appliquées';
attendu les sentimens dê loyauté et de bon
vouloir qui animent les deux hautes partiés con
tractantes l'une envers l'autre, toutefois 'voulant
prévoirie cas où, r ï>af suite d'une modifiCatiob
dans les droits d'accise ou de cbnsôitimatioh peiv-
çus pour le compte du trésor de l'Etat, des'rëcfa- ■
mations s'élèveraient de part' ou d'autre; ils scfit
convenus de Ce qui suit ; -' r .
Les réclamations de la natioit qui so croirait lé
sée, seront soumises à l'arbitrage d'une commis
sion de quatre membres, dont deux nommés part-
la France et deux nommes par la Sardaigne.
Cette commission SB réunira à Turin Ou àGÊnes, '
si c'est là France qui réclame ; à Paris ou à Map- •
seille si c'est la Sardaigne.-
Elle décidera s'il; y a lieu ou'non à appliquer ,
les dispositions, du premier paragraphe de l'art. 0.
~ Elle indiquera le chiffre qu'elle 'jugera devoir
représenter équitablement la surtaxe de douane»
établir en'Teprésaille'de là surtaxe d'accise-ou de
consommation qui aura donné lieu à la réclama-,
tion de la puissance lésée. " " '
En cas de-partage égal des voix, utt cinquit'me
commissaire sera nommé par urtë puissance tierce
dont le nom sera tiré au sort, mais qui no pourra
être que l'Espagne; la Hollande ou la Suéde;-
Aucune mesure de représaille ne pourra être
appliqué^ avant que la commission ait prononcé
sa décision. Mais cette décision devra être rendue
d'urgence, ■ et dans 1 un délai de trois semaines à
partir du'jour où la puissance lésée aura désignfi
sus commissaires, eu quinze jours après la nomi
nation du cinquième-commissaire dans le cas dé
partage des voix. . • - i:
Fait à Turin, le 14 février 1852. u ; i
Signé—c.. cavour, Signé— butenval.
Ce nouvéau traité porte",eh substance ':
1° L'abolition de tout droit de sortie, die là
part du Piémont, sur lessoies grèges et mou
linées et les petites .p^aux ; 2° l'abolition ré
ciproque des droits d'entrée, dans les deux
pays, sur les mômes produits; 3? la réduc
tion à un droit uniforme et indépendant de
toute distinction de provenance ou de qua
lité: de 3fr. 30 c. (au lieu de 10 fr. et de 14 fr.)
^ur nos vins; de lOfr. (au lieu de 30 fr.).sur
nos eaux-de-vie de preiilière qualité- dë
8 fr. 50 c. (au lieu de 18 lr.) sur , nos eaux-
de-vie communes; enfin de 10 c. [au.lieu dê t
30 c.) pour toute bouteille de vû), eàu-
de-vie , liqueur 1 ou vinaigre, dont la con
tenance ne dépassera j)as le litre; 4 4° la
réduction de 20 fr. A 15 fr. par 100 ki
logrammes métriques des droits sur. lca
huiles de provenance sarde indépendam-
ment de toute distinction de qualité; 5 o l'ad»
mission, au droit réduit de 3 fr., de 12^00
quintaux ^métriques de fontes aciéreuses de
FEUILLETON DD CONSTITUTIONNEL, 20 ATR.
( REVUE ^SIGALE!.
" THÉAT&G,
Caiathée, . opéia-comfque eu.,, deux ' actes, partit
Alë MM. Julës Barbier, et Michel Càrré ; miisïqué
de M. Victor Massé; décorations de- MSt. Cambon
etTbierjry.^ _ . f> ; N . 'j.
Au lever du rideau on se croirait transpor
té, comme par enchantement, dans une eue
de Pompeïa. Une maisonnette blanche, à.un
étage, au toit .de tuiles d'Un rouge ardent-,
aux larges terrasses garnies d'un parapet
sculpté et ombragées d'un berceau de vigne;
dans le fond l'impluvium inondé de lumjere;
sur le premier plan, des fresques charman
tes, des murs ; vecpis de-cet endui t violent qai
a résisté à .l'incendié, à la lavera l'buûiidité.
aux-siècles, et dont le' secret,est perdu; des
tapis, Jes armes^des vases,- des ,figurines
d'une forme exquise et d'un jolidessin. Cette
décoration est des plus belles et. des mieux
réussies qu'on ait. vues dépuis long-temps;
remplie d'air, de chaleur et de clarté. 11 m'a
semblé, par .uo retour, aux, plus heureuses
années da.uia- jeunesse, que j'élaÎ9.assis sur
un' fût de colonne, sous le soleil éclatant de
mon pays, et que j'assistais à une de ces
_ fouilles miraculeuses qui fonfrsortir de des
sous terre des temples, des* théâtres, des
maisons avec leurs meubles, leurs dieux,
leurs squelettes tout étonnés- de revoir le
soleil après deux mille ans de silène» et
de ténèbres; Cependant -l'action ne se passe
pas,, comme on pourrait le croire, au bord
de la mer Thyrrénéenne, entfe le Vésuve et
la ville d'Herculanum.-:Noûs sommes clans
l'Ile de Chypre, à ce qu'il m'a paru entendre,
et cettë jolie retraite n'appartient ni à Dlo-
mède ; m à Sàlluste. C'fcst l'atelier du sculp-
téur Pygmalion. Lé maître est sorti. Un
jeune 'esclave,-nommé Ganymède, dort sa
grasse matinée et se roule et s'agite sur le
lit de son maître ave« des bàillemens et des
impatiences de Sybarite, paree que des chanta
lointains tfnt .troublé son repos. Ce sont
des jeunes gens de l'île qui vont offrir â
Vénus de3 présens et des vœux. Parbleu 1
la belle â£Taire,et lesplalsans dévols de. venir
ainsi déranger ce bon jeune homme qui
ne reconnaît pour dieu que Morpliée! A
quoi bon se donner tant de mal 1 le bon
heur ne vient i-il pas en dormant? ©
sainte paresse ! à Sommeil, divinité bienfait
sànte et réparatrice, humectez de vos pavots
trempés de rosée la paupière rougie du pau-»
vre esclave, faites qu'il ne se soit réveillé que
pour s'endormir de nouveau y et queJes speo-
tateurs n'àillent pas l'imiter I
- - Comme il reprend lé cours-de ses rêves ,
pan, pan, pan! om frappejà la spoi'te. Oany-
. mède se garde bien de demander :-Qui vâ la?
Mais la porte cède, et un inconnu.s'avance,
qui, voyant le" jeune drôle mollement éten^
du sur sa couche r d'interpelle à haute voix.' 1
L'esclave ne bouges point. L'ihconnu- se fâ
ché: — Holà I coquin^ je suis le citoyen Mi-
daâ. un amateur, un Mécène,-un puissant de
la terre; qu!on. se lève, . et - qu'on vienne
me parler. A quoi le philosophe, esclave ré
pond mentalement Vous .seriez jlejoi Ml«
das, et vous en auriez les oreilles, que je ne
bougerais pas davantage,^Aimes-tu la mu
sique? dit tout à coup. Midasy par.une'idée
biscornue. — Cela dépend, dit 'l'esclave. —
Tiens, écoute, et il fait aariser des pièces
d'or dans.le creux de sa main. Oh l celle-
là est la bonne ! s'écrie Ganymède. Propos
de caissier.
>■ Toujours est-il que le dormeur est debout;
qu'il sj montre iempressé; docile, serviable,
et n'Oppose plus qu'une faible, résistance;
loivque Midas, en lui jetant sa bourse, ne
lui demande qu'à contempler, pour quel
ques instans, le chef-d'œuvre que Pvgma-
fion vient d'achever, et qu'il cache à tous les.
regardé Ganymède n'est point rassuré.—Dé-
pêchefc-vous,* dit-il à Midas; si mon maître
arrive, je suis un hommeperdu ; car, voyez-
vous, il est fou de sa statue, il l'aime, il en-
est jaloux. Survient l'artiste, et, outré de
•colère à la vue d'un inconnu qui souille d'un
regard profône sa vierge de marbre, il com
mence par rouer de coups l'esclave infi
dèle. Ceci est de là couleur antique parfaite
ment appliquée. Dam sa. fureur jalouse,
Pygmalion lève la main sur Midas. Mais
ceiui j ei se récrie; il est citoyen, il est libre,
il eât au moins l'égal d'un statuaire ; on ne
le traitera pas impunément comme un es
clave. Il n'est veau, d'ailleurs, que dàns les
intentions les plus louables : il Veut acheter
la statue et en offre son pesant-d'or. — Ven
dre maGalàthée! s'écrie lesculptenr furieux..
--Mais vous l'aimez donc pour tout de boû?
dît Midas en rieanant. — Si je l'aime l répond
l'artiste ; eh bien ! oui, jel'aime. Les femmes
sont; légères, .méchantes,coquettes, trompeu
ses,-perfides, enfin, laplifs aimable ne vaut
rien (sic); vous voyez bien que j'ai : raison
d'aimer ma statue ! "
. - Je-vous arrête ici,-jeune Pygmalion ; «e
n'est point par horreur des femmes que vous
aimez votre statue, c'est au'contraire parce
qu'elle ressemble trop; bien à une..femme ;
et la preuve c'est que vous allez tout à l'heure
vous prosterner aux pieds de Vénus, et prier
' et gémir, et ^supplier la déesse immortelle
qu'elle veuille bien changer le marbre enchair^
et lui donner le souille et la vie et la parole et
le regard. Soyez amoureux de votre statue,
vous en avez le droit, mais -soyez logique;
Surtout ne souflrez point que votre esclave
se moque de vous a votre barbe et sous leê
yeux d'un étranger. Cela ; n'a jamais été de
mise ni chez les ; anciens ni chez les moder
nes. Qu'avez-vous fait de votre canne, jeune
Pygmalion? ,
* Enfla l'amoureux statuaire, resté seul, ad
jure sa Galathée de lui répondre, de lui par
ler, de l'aimer. La. scène-est belle ; elle n'est
pas neuve, elle nîa- point coûté aux auteurs
un grand efTort d'imagination ; mais c'est
une de ces scènes qui produiront toujours
de l'effet au théâtre.
-Toute femme aimée e§t qne Galathée. In
sensible et froide statue, selle ne comprend
rien-d'abord aux ardeurs .qu'elle inspire. Ce
n'est que par des supplications, par des lar
mes, par une soumission aveugle, une vo T
loyté puissante, une-persévérance à toute
épreuve, quelle marbre's'amollit, que la
pierre s'anime,- que le ejeur bat, que la
Statue devient ïemme. Heureux^ cent fois
heureux celui qiïi, après bien des tour-
mens, bien des souffrances, sent-le gra-,
ait se fondre sous sa main brûlante, et
surprend le premier rayon d'amour dans
un regard long-temps impénétrable*! Je
'comprends fort bien l'ivresse de Pygoia-
lion, qui est à la fois l'artiste; lè créateur
et l'amant de son œuvre. Cé que je ae coDlr
prends pas, c'est la perversité précoce et tout
à fait déraisonnable de votre Galathée. Eli
quoi! elle vient d'ouvrir à peine les yeux à
la lumière; elle respire; elle pense, elle sent,
elle est heureuse ; elle admire^ avec une naï
veté d'enfant tous les objets.qui l'entourent.
Ce n'est que pour le pauvre.artiste qu'elle
a dés paroles dures, du mépris, de l'indiffc-i
reuce. dl a beau lui chanter, de sa plus douce
voix t'Aimons,, il faut aimer, tout aime j elle
répète ces mots si tendres d'un air distrait,
elle lui refuse impitoyablement le baiser
qu'il : implore; Pour l'honneur des statues,
.. sïnom des femmes-, je voudrais que cette
ingrate-Galathée lui' consacrât la premier
quart d'heure de sa nouvelle existçncè,;
qu'elle lui accordât ce premier baiser, ne
fût-ce que par curiosité; par-caprice et par
le désir si- naturel que toute femme a de
s'instruire. Mais le prendre en grippe, pres
que avant de l'avoir vu 1 , et quand il est le seul
homme, aubout du comp te, qu'elle aitvu, voi
là qui n'est guère vraisemblable. Eve n'en use
point ainsi. Son premier regard, son yre-
'mier sourire, sa - première c iress'e est pour
l'homme qu'elle ti'ouve à' soj côté. Le ser
pent ne vient que plus tard. Il est vrai qu'Eve
a été formée par le divin sculpteur, et que
l'œuvre d'un-mortel est nécessairement plus
informe et plus défectueuse.^ Mais |1 y a dés
degrés dans le mal, qu'on ne franchit pas
tout d'un coup.; votre Galatliée va vraiment
trop yitç, et qui.veut trop prouver ne prou
ve rien. " "
. Le premier mot qu'elle prononce est un
mot de cupidité el d'usurpation. Tout ceci-
esta moi, dit-elle ; le ciel, la terre, le soleil',
la lune, la maison et les meubles. Eh ! mon
liieu ,'qui le couUîste? seulementie pauvre
f.ygmaliou demande à ç.trgjpomprjs gaus le
mobilier. Mais non ; Malame'a ses vapèiirs',
Madame a ses nerfs-, Madame a faim. Ceci
sent sa Galathée dé la.rué de Bréda 1 . r-- Qué
veux-tu que je t'achète.? dit je bon Pygma
lion, des olives,' des ligues,des raisins? or
donne., '.ma boursç y passera, — Je veux dé
tout, j'en veux beaucoup,, j'en ' veux .trop;,
répond la gourmande. Surtout va-reh, tu
m'ennuieç. Elle ne dit qùô : tu m'ennuies.
elle est encore bien honnête ! "
Tandis que le pauvre maître s'ëh va au .
marché, l'esçlave rentre, et fait main basse
sur le reste des provisions qu'il trouve dans
le garde-manger. S(e faites paà .attention, Cè
so.nt des mpeurs - grçcqbes. Mon maître sera
allô dîner au cabaret, dit- Ganymède. t \. u
cabaret de Chypre, avec du vin idém; La-
dessus, Ganymède célèbre en strophes ciidi'-
mantes le bonheur de • ne rien faire; puis,
voyant de loin uuè.jeuhe et jolie femmé qiii "
se promène hardiment sur les plates-bandes
et saccage lés rosiers: Ah bah! se dit-il,"
avec une nonchalance adorable , c'est quel
que ancienne maîtresse de mon maître. Ju
gez de sa'stupeur, quand il reconnaît la sta
tue, qui lui parle, lui sourit et l'engage à ve
nir s'asseoir àses côtés.—Qui suis-je? fail lît
statue.—Mais, répond l'esclave, vous êtes liiîé -
femme. — Uné femme!,et toi?—Un homifté'.
— Un t^omme? Kmbràsse : moi. Ceci est un
peu leste , mêm@ pour une . statue. Mais il
paraît que cette Galathée a: la bosse des do- -
mestiques.-Quoi qu'il en 'soit, Ganymède
l'embrasserait bel et bien si le vieux Midas
n'arrivait fort à propos. Le bonhomme re
vient à la charge. 11 persiste plus que jamais
dans -l'idée d'acheter Galathée, et les quelques '
eban^emens survenus dans le marbre ne lé
dégoûtent point du. marché • au contraire.
Seulement,,'?u lieu de verssr la somfte
'dans-les mains '.de l'artiste , H traite
gré à gré avec la statue. " ..
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