Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-04-15
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Description : 15 avril 1852 15 avril 1852
Description : 1852/04/15 (Numéro 106). 1852/04/15 (Numéro 106).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUMERO 106.
BIIBB.UIX ! rue de ralol* il'aîuls-Bojal),"' I»
Y3UX OS Xi'ABONMEBSE3ST
PARIS .13 P. PAS TRIMESTRE.
P^PUITEMENS. 16 ï. — ' . •
UN NUMÉRO : %Q CÈNTIME3.
toci lbi pats èiaANQKas, 8e reporter
a ! i tableau qui sera publié danslejqumat,
le< 10 e ' U de chaque mois.- ' ■
Lts aienuemeits datent det 1 er et 1g
de chaque mois. •
1852.- JEUDI 15 AVRIL.
S'ahçmr, franco, pour la rédaction, à M: CcCHEVAi-CuRlfiKï, rédacteur en chef.
. Las articles déposés ne rônt-pas rendus! .
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
I
On s'abonne', dans lesldêpartemens, aux Messageries et aux\Directions de poste?—ALinlres, thez MM. Cowis et ntà
~ . — A Strasbourg, chez M. Alexandre, pour l 'Mlemagv- ; ' . . "
presser, franco, pour l'administration,, à M. Dknain, directeur.
Les annonces sà^sues au bureau du journal; et chez M. PANlS, régisseur, 18, place dé la Bourg»
PARIS, 44 AYfUI,.
LE PlUjXCE DE SCHWARTZENBERG.
Rien n'est plus ordinaire et plus commode
que de désespérer dur salut de son pays 1 et de
le proclamer voué à la destruction'; sous cette sentence générale les faiblesses de
«on cœur et les défaillances de son esprit.
Pour l'honneur deia nature humaine, pour
l'instruction . des peuples, pour la con
solation des ames résolues, il est bon qu'un
exemple éclatant vienne de temps à autre
montrer a, tous la valeur d'un cœuï -ferme
et d'un esprit droit, et l'action d'un homme
sur les* destinées d'une nation. Quaud tout
semble perdu, quand les habiles sont à bout
et que les courageux fléchissent, Dieu va
chercher en quelque coin ignoré l'homme
auquel personne ne- pense , il aplanit tous
les obstacles devant lui, et il en fait l'instru
ment heureux de ses desseins.',
Qui n'aurait prédit, il y a quatre ans, la
chute de la maison d'Autriche V La Lombar-
die soulevée et envahie, la Hongrie préludant
à la guerre par l'indépendance, Vienne; au
pouvoir de la révolution, la confédération
germanique dissoute et ses peuples appelés à
.des alliances nouvelles, la préséance de l'Au
triche abolie, son influence reniée et flétrie ,
des provinces désunies et. tiraillées, en sens
divers, point de gouvernement, point de
iinances, une £ôule armée contre vingt en
nemis : telle était la triste situation de cet
empire qui gavait pourchef qu'un vieillard
accablé par îàge et> l'êffroi, et pour espoir
qu'un enfant.
L'Autriche avait alors pour ambassadeur
dans une eCur italienne un homme en qui
I'onoi'avait encore remarqué que son hu
meur altière, et l'ardeur d«\ son tempérament.
Arrivé au milieu de la vie, il ne s'était.fait
connallre que par l'éclat de ses galanteries à
Londres et par une incartade audacieuse à
Saint-Pétersbourg. Le nom qu'il portait,
l'illustration de sa famille et les services de
tous les siens semblaient la seule raison des'
hauts emplois qui lui avaient été confiés.
Rien n'indiquait donc dans le prince', Félix
de Sckjvartzt-'nberg un.homme capable .des
plus grands desseins tt le sauveur futur
d'une monarchie, quand la nouvelle des dé
sastres de Lombard ic et de l'Insurrection
de Vienne arriva a là cour de, Ngfples,
Le prince de Schwartzenberg quitta Na-
pk-s le lendemain. L'homme de cour, bril
lant et recherché, laissa son palaisj sa fa
mille, ses équipages, le diplomate oublia son
ambassade, il nè se souvint qiïëdesonan-
deu métier de soldat; il traversa l'Italie à '
frauc étrier, se présenta en volontaire au ma
réchal liadetzky, et,le lendemain de son arri :
vée, il menaii son régiment à L'assaut. -
. Gs fut là le début singulier de cette éton
nante carrière dont-noiis venons de voir la
fin non moins imprévue. Ce Sta-vejà peine
germanisé, semblait avoir recueilli en lui
tout l'orgueil des Habsbourg, son cceur sai
gnait de toutes lfes blessures faites à ; la,
couromie d'Autriche ,' il : brûlait de les
venger et il mena la guerre avec fureur.
Mais il montrait en lui le conseiller aussi
bien que le solda) ; et, à le voir'si plein d'ar
deur et d'intrépidité, si résolu dans le dan^-
ger, si plein de confiance: dans la fortune
et les destinées de-son pays,.l'idée vint tout
naturellement de lui offrir un pouvoir qui
faisait reçuler tous , les autres, Le soldat
redevint diplomate, et, essuyant son épée,-
il accepta le< ministère quand tin minis
tre venait d'être mis en pièces par la, po-.
pu lace ; il se chargea da gouverner quand
il n'y avait plus ni gouvernement, ni ckpita-
]e, ni finances, ni armée ; il entreprit .do re
présenter son pays devant l'Europe quand
oa ne voyait plus dans l'Autriche qu'une
pmeÀ^arlager, ' -, - "
' Ce qu'il a fait en quatre années,-l'état pré
sent de l'Europe'le dit assez. Il avait trouvé
toutes les provinces en insurrection : il a
partout rétabli l'obéissance ; la Hongrie a été
écrasée, la Lombardie a été reconquise. Lors
qu'on croyait les ressourcesdel'empirecpui-
sées par la g'uerre, lorsque l'Autriche rie
paraissait pas avoir assez de- soldats pour
contenir les-provinces qu'elle avait repla
cées sous le joug, on a vu surgir de'
nouvelles armées, on a vu la Silésie se hé
risser de baïonnettes en face de la landwelir
prussienne, on a vu les aigles impériales
-occuper à la fois Hambourg, et à l'autre ex- '
trémi té de l'Europe les Légations romaines et
la Toscane. •
M. de Schwartzenberg ne s'ejt pas. borné
à sauver l'intégrité de l'empire et à rétablir
en son premier état la puissance militaire
de l'Autriche. Il lui a rendu aussi sa position
morale et son ascendant politique. Ne sem-
ble-t-il pas, à voir l'Allemagne, que la révo
lution de 1848 ait été un rêve? Qui croi
rait qu'un parlement a siégé à Francfort
en place de la diète dissoute;, que la cou
ronne impériale a été offerte au roi dé Prus
se; que l'Autriche a été mise au ha u de
l'Allemagne? L'influence "de l'Autrichen'est-
elle pas aujourd'hui plus grande et plus
assurée qu'au temps de ai. de Met terni cli ?
La persévérance, et la résolution, la juste et
rapide appréciation dii: présent, la clair
voyance de l'avenir, un heureux mélange
d'habileté et d'audace, le talent de tourner à
son avantage les intérêts des^ uns, les ap
préhensions des antres, la promptitude à-
profiter des fautes de ses adversaires,-mille
qualités diverses ont - contribué plus que
la terreur des armes autrichiennes à cette
restauration si complète et si.prompte d'une
autorité perdue.
L'Allemagne oscillait encore entre ia ré
volution et le retour à l'ordre les ' souve
rains, jaloux de leur indépendance et alar-
.més pour leurs couronnes, hésitaienl dans
"le choix d'une alliance, craignant d'acheter
trop cher l'impérieux et incertain appui
de la Prusse. Le traité-de Bregenz "pro
posé, débattu, consommé cç quelques heu
re?,' vint' montre r à l'Allemagne la voie du
salut. La Bavière, le YVurtembeig et la Saxe
furent ralliés' à l'Autriche, le Hanovre fut
gagné à la neutralité, le reste fut arraché à
k'révolution. On proclama bien haut le res- -
pect des anciens traités foulés ayx pieds par
l'insurrection, et le retour à l'ancien ordre*
de choses en face de l'impuissance à- fonder
une organisation, nouvelle.' Les conférences
de Dre.- de', lescohl'érénces d'011mutz,«marquè-
rnii t des progrèsnou veaux, et, avant de dispa
ru! Irede ce théâtre, où il remplissait le pre
mier rôle, le prince de Schwartzenberg a vu
tous les princes affermis sur leur trône, l'in-
ffuence prussienne ramenée, dans..de-justes
limites, la confédération replacée sur ses
anciennes,bases, et un ambassadeur d'Au
triche : à la. tète de la diète restaurée.
Tel a été la résultat inespéré de quatre an
nées de ministère : si le doigt de Dieu y est
visiblement marqué, il reste à -1 homme qui
a été l'instrument de cette œuvre inouïe une
assez belle part pour rendre son nom à ja
mais mémorable: Personne ne doit être sur
pris des regrets que la mort soudaine du
prince de-Schwartzenberg a causés non-seu
le® v*nl à la cour, mais au-sein même de là
nation qu'il a arrachée à l'anarchie. Les
peuples ont le sentiment de la grandeur,
et l'orgueil national leur, fait pardonner
bien' des torts. Personne n'a porté plus
loin que le prince de Sclnvarteenberg le
soin de l'honneur autrichien ; les succès que
sa ferme impulsion a valus aux armes im
périales, sa lutte heureuse contre la Prusse,
sa hauteur vis-à-vis de l'Angleterre, ontexalté
le patriotisme germanique. On peut regretter
que le prince de Schwartzenberg n'ait pas
eu le temps de mettre ,1a dernière main à son
œuvre • on peut s'affliger qu'il n'ait pu jouir
du résultat de ses travaux et savourer les
do-uceurs d'une renommé'? bien acquise;
mais ce trépas prématuré ne lui'a nen-ôté;
aucun succès ne pouvait plus ajouter à sa
gloire, et il est mort entotiré de regrets et
djéloges, sans connaître ni l'ingratitude des
princes ni l'ingratitude dfs peuples.
Quelle sera l'influence de cette mort sou
daine sur les destinées de l'Autriche? ia Ca
stre rfe V,ienne.& publié une déclaration of-
' llcielle annonçant que rien ne serait changé
à ki politique suivie par le -gouvernement.
La feuille officielle a ajouté, que cette perpé
tuité d'une politique consacrée par l'expé
rience faisait la supériorité des monarchies
de tradition sur les monarchies constitu
tionnelles..C'est là précisément ce-qui fait
tout îe débat entre les-partisans du régime
despotique et les partisans du régime repré
sentatif. Si le premier permet, comme l'as
sure la Gaz'citc de 'Vienne, de faire le bien
sans interruption, n'a-t-il pas aussi pour-
.inconvénient de tout faire dépendre de l'exis
tence et des.qualités d'un homme?
IL'ne suffit donc pas de dire queia politique
du prineede Schwartzenberg sera continuée,il
faut savoir comment et par qui elle sera con
tinuée. Le prince avait tourné toute son at
tention vers la' régénération intérieure de
l'Autriche ; il s'occupait à la fois de réoi'ga^
niser l'administration et en v même temps
de restaurer les finances en Ouvrant des dé
bouchés à l'agriculture et à l'industrie de
l'empire.. Il voulait resserrer par des négo
ciations commerciales les liens qui unissent
l'Autriche à l'Alleipagne ; i) voulait renver
ser les barrières qu'oppose à cette entre
prise la constitution actuelle du Zollverein."
Le gouvernement autrichien va-t-il persévé
rer dans cette voie, au bout de laquelle est
peut-être une lutte nouvelle avec la Prusse?
Gardera-t-il vis-à-vis*de la Russie l'attitude
de complète indépendance et parfois de con-
Iradieliop qu'affectait le dernier ministre?
Une question non moins grave est de savoir
quelle ligne de conduite la cotfr devienne
suivra vis-à-vis des populations de l'empire.
Quelques expressions du 1a déclaration officiel- ■
le, et rinfluence.renaissautfe du prince deMet-
ternicli, contre lequel M-. de Schwartzenberg
a eu à lutter dans, ses derniers jours, font
appréhender qu'il ne s'agisse* de restau—
îcr siniple'ïient le régime bureaucrati
que, dont un juge peu suspect, M. de
Tiequelmont, a si. éloquemment sigualé
l'impuissatïCe et les dangers. Ce serait là
exagérer plutôt" que continuer la politique
de M. de Schwartzenberg. Le prince , »tn
effet, a essayé quelque temps et sincère
ment de gouverner avec la Constitution
issue de la révolution,-et Tors même qu'il
en a fait disparaître les derniers vestiges,'
il n'a point porté contré les institutions re
présentatives une condamnation- absolue.
L'expérience de Ï8Ï8 a prouvé que l'Autri
che, avec ses populations d'origines si diver
ses et d'une culture si inégale, n'était point
mûre pour le régime constitujionnpl. Un
parlement est impossible à Vienne, mais
il n'est pas démontré qu'une part, même
considérable, ne puisse être faite aux as
semblées provinciales dans l'administra
tion des" affaires locales. L'esprit éclairé
et sagace de M. de Schwarta^nberg a plus
d'une fois dirigé son attentionsur ce point;,il
serait regrettable quela question fût tranchée
dans le sens le moins libéral. Une restaura-,
tion complète dn passé ne serai t pas., sans
dangers,; elle élèverait une barrière,de p'ms_
entre l'Autriche et l'Allemagne dn sud, ou
vies institutions représentatives ont jetéde pro-
. fondes "racines; elle préparerait des dilficul-
{§^.|touvelles pour l'avenir. On peut repren
dre sur une révolution toutes ses Conquêtes
illégitimes ou prématurées ; mais, pour que
la victoire soit durable,-il faut faire-une "part
aux besoins dont cette révolution a été la sa
tisfaction violente et excessive. La liberté est
un fruit savoureux qui enivre les peuples
lorsqu'ils y goûtent une fois; et ce n'est pas-
une amertume passagère, qui peut les en dé-
• tacher' à jamais. ■ - v . .
- , Cucheval-Clarigny.
Une profonde sensation a été pi'oduUc
à Alger quand la population a appris que
Sidi-el-Djoudi, Le marabout si vénéré du
haut Djurjura, était venu avec les chefs
les plus importans de la confédération des
Zouaouas , se mettre, entre -nos mains.
Ées chefs, qui accompagnent Sidi-el-Djoudi
sont au nombre de quatre-vingt-douze,'
représentant toutes les tribus de cette puis
sante association kabyle. Dans leiffs en
tretiens, ces chefs ne font aucune difficul
té de reconnaître l'influence qu'ont eue sur
leur détermination l'expédition du général
Pélissier chez les Maatka, celle du général
Bosquet, les travaux de route qui permet
taient à nos colonnes de pénétrer au cœur do.
leur pays, et surtout, l'étroit blocus qui les.
enferme depuis plusieurs mois sur leurs pla
teaux élevés, et qui les a condamnés aux
-plus dures privations. Néanmoins, le pre
mier jour, Sidi-el-Djoudi, fidèle à ses habi
tudes d'arrogance et de vanité, avait voulu
essayer de traite^ de puissance à puissance, -
Au bout de quelque temps, les fumées de ;
son orgueil se sont dissipées. M. le gouver
neur général Raiidon lui a fait comprendre
qu'il ne s'agissait pas deconclure la paix en
tre les Zouaouas et les Français, mais, de se
• soumettre purement et simplement à notro^
domination. Mieux éclairé sur le véritabfe
étal des choses, Sidi-el-Djoudi et les chefs
ont sollicité l'aman à la condition de payer-
un tribut annuel. ' ■
Cet heureux événement change tout natu-
. Tellement les dispositions prises pour la cam
pagne du printemps. Aprçsavoir arrêté avec
, Sidi-el-Djoudi et les autres chefs le chiffre de
rimpôt'annuel qui devra être payé par clia- ■
que tribu de la confédération, une conven
tion sera faite par laquelle le territoire des
Zouaouas sera réuni.au reste de l'Algérie.
Nos colonnes parcourront ensuite ce ..pays
pour le reconnaître et pour y tracer des rou-
" tfe'Sid i-el-Djoudi offre de les accompagner
avec les autres chefs. Sa présence dans nos
rangs est une garantie certaine de Succès. Son.
olfre.sera probabli'Âicnt acceptée. On va s'oc
cuper sans retard de rassembler un corps d'ar
méed'environ?,000 baionneltespour cette ex
cursion, qui sera certainement toute pacifi
que. La soumission des ZOuaouas nous four
nira le moyen d'établir des communications
directes entre Bougie et- Alger. D'ailleurs,
jusqu 'à l'entière conclusion de cette affaire,
le blocus du territoire des Zouaouas est main^
tenu. Après le paiement de l'impôt, ces ÏCa-
bvles obtiendront des permis pour fréquen
ter nos marchés. ' . ' .
QuantàBou^Bagherla, il aété forcé dequit-.
ter le territoire des Beni-Sebka avec,les dé
bris de sa df ïra, dès que la soumission des
Zouaouas a été résolue. Dépouillé de tout
prestige, cet aventurier erre dans les pnon-
tagnes dès Beni-Mellik(-uch, essayant, dit-
on, de se réfugier dans le-sud,,pour gagner
les régions sahariennes, on fait bonne garde
dans la subdivision d'Aumale pour prévenir
son dessein et pour se saisir de sa personne.
Henry Cauvai-n.
• Ou lit dans la partie officielle du Moniteur
de ce jour, 14 avril :
« Par décret du prince-^sident de la Ré
publique,'en date du 12 a 1
proposition du'ministre
Blique et des cultes',
du décret du 9 mars
fj. Quinet, .Adam iVlickiewicz ont .été révoi
[uâ des fonctions de professeurs au collège
e France; "» • "
d'un projet d'emprunt de la part de notre gouver-
Le sommaire de -la séance d'hier du corps
législatif a fait connaître que trois amende-
mens de la commission"du projet sur la re
fonte des monnàies de cuivre avaient été ren
voyés à l'èxamen du conseil d'Etat.
Ô(i assuré que la décision du conseil dE-
tat ne se fera pas attendre, et que très pro-
ebainemeht la commission du corps législatif
sera de nouveau saisie, soit de la rédaction
déjà adoptée par elle, soit des modifications
que le conseil d'Etat y aurait faites.
' Nous lisons ce soir dans la Gazette de
France : ' -
« Le conseil d'Etat a reçu hier la communica
tion des umendemens adoptés par la commission
chargée d'esaminer le projet de loi sur la refonte
des monnaies de cuivre. On assure que ces amen-
demens ne portent que sar des détails tout à fait
secondaires. Le chittre seul de la somme, qui est de
7,300,000, subirait une réduction de 260,000 l'r. »
Les cinq bureaux du sénat se sont réunis
aujourd'hui à deux heures. . •
- Trois'commissions ont été nommées :
La.commission des pétitions, la commis
sion du règlement ' intérieur ■ et la commis
sion de comptabilité Les membres "qui les
composent sont les survans :
Commission des pétitions : MM. Curial, le,comte
Siméon, Manuel- (de' la Nièvre), amiral Ilugon,-
fïénéral de La Hitte, baron de Heeckeren, Fouquier-
d'ilérouel, Beaumont (de la Somme), Sapey, le
maréchal Vaillant. ■ ■
Commission de comptabilité : MM. Marchand,
Lebœuf, d'Audiffred. Fould, Amédée Thayer.
Commission dérèglement :.MM. le généralBara-
guay-dlliiliers, de Grouseilhes, Troplon,?, l)upin,
d'Argout.'
L'administration municipale de Paris s'oc
cupe en ce moment d'arrêter le tarif de l'oc
troi, rectifié conformément à l'art..25" du
décret du 17 mars dernier. ,.
Il résulte de ce travail, que l'hectoli
tre de ' vin qui payait en principal 10 fr.
50 c., n'acijuittqrâ plus qu'une taxe de
9--fr. 87 c., réduction 63 c. (1); que la
taxe de 23 fr. qui frappait l'hectolitre d'al
cool est-abaissée à 23 fr. 50 c., différence l
fr..50c.; que les huiles, autres uue l'huile
d'olive,-tarifées aujourd'hui a 22 fr. llieclo-.
litx'e, ne paieront plus que 20 fr. 08 c., ré
duction 1 fr. 32 c.; la. taxe de M fr. 40 e. les
100 ltilog., pour la viande sorturit dts abat
toirs,-y compris le droit d'abattage, est ré
duite â lOfr. 84 c.,-différence 50 c.; la taxe-
pour la viande venaut.de l'extérieur, qui
était dé"'H fr. 20 c., ne sera plus que de 10
fr. 53 c., réduction 67 c.; enfin, le bois à
brûler, assujetti à undroitde 2 fr. 05 c. par
stère; n'acquittera plus que 2 fr. 49 c., dif
férence 16 c. v
Nous avons annoncé, il y a deux jours, la
perte du bateau a vapeur /Vfoî, 'siir les cô
tes-du Portugal ; une correspondance de
Porto du 80 mars, publiée .par le Journal du
Havre, donne de bien tristes détails sur ce
nouveau sinistre :. - '
«.Le bateau à vapeur le /"orjfy-qiu porte les dé-,
pèches du courrier général, et qui pavt tous les
dimanches, à midi ,'de cette ville pour Lisbonne,
s'étant mis en roule avant-hier dimanche à neuf
heures du matin, pour sa destination, a éto as
sailli par le mauvais,temps au tiers de son voyage,
puis brisé et submergé sur la barre de ce port,
hier, entre cinq et six heures du matin. Trente-
six passager.-;, parmi lesquels est le' consul de
France à Oporto, M. Destrées, la plus.grande par
tie de l'équipage et le capitaine du bateau à va
peur ont péri. »
On nous écrit de Madrid :
. « La présence ici de MM. Louis. Fould et l'esca-
loie, banquiers de Paris, a donné'lieu au
bruit
(1) .Ainsi, la taxe d'octroi étant réduite â IQ fr.
8o c., décime compris, et le droit aù prolit du tré
sor demeurant fixe à 8 fr. 80 c., l'ensemble du
droit à acquitter aux entrées de Paris sera de 19
1Ï.-68 c; par chaque hectolitre de -vin.
On lit^dans le Journal du Citer :
« La.Pairie, malgré les démentis qui lui ont été
donnés, s'obstine à soutenir qu'un commencement
de troubles a eu lieu à Bourges i£ l'occasion d'une
expédition de grains. Elle donne les détails les
plus circonstanciés, mettant en scène des groupes
d'ouvriers et le commissaire, citant .même, tex
tuellement la chaleureuse allocution du magistrat
et la réponse des individus qui composaient le
rassemblement. Quelque bien' renseignée que la
Patrie puisse être d'habitude, nous lui répéterons
qu'elle a été çgtte fois grossièrement induite en
erreur. U n'y a eu à Bourges, depuisjiong-tenips,
aucune espace de troubles avec ou sans gravité,
"pour quelque cause que ce soit. L'intervention du
commissaire de police, ses paroles et celles des
prétendus ouvriers'soiit autant d'imaginations con-
trouvées^, auxquelles le magistrat cité autorise à
donner le dénienti le plus formel. » (V. Ratier.)
IVOUVEZXE3
AUTRICHE.
vienne, '8 avril. — Dans l'assemblée des menl-
bres-'du cdngrès douanier qui a eu lieu hier, le
docteur Ilock, conseiller ministériel, a donne
l'assurance que la. mort.du prince Schwartzenberg
n'amènerait aucun changement. dans la marche
de la politique- intérieure. Les. délibérations,5i)nt
ajournées ali 13 âviil,'.plusiôurs^léniptitenti,Tires
n'ayant pas encore reçu les instructions qu'ils
avaient demandées à leurs gouverne mens.
'(Gaz. d'Augsbourg.)
, — Dans une conférence de trois ambassadeurs
qui a eu lieu hier, il a été, dit-on, déclaré à l'u
nanimité que la paix de l'Europe .dépendait ,-du
maintien du système de politique intérieure et ex
térieure qu'avait adopté' le prrnce.de Schwartzen
berg. Le prince avant sa mort avait, dit-on, rédi
gé un mémorandum-dans lequel il s'attachait à
faire-ressortir la nécessité de ce système.
(Correspondant de Bohême.)
Du 9 avril.—Le Correspondant de Bohême donne
encore quelques détails sur les derniers momens de
]a vie du prince de ScMwartzenberg'. Il paraissait
pressent ir sa fin quoiqu'il ne la crût pas si prochaine.
Quand il s'aperf-ut que sa vue diminuait il demanda
à ses médècins s'il- n'avait pas à redouter urçe cé
cité. Les médecins le tranquillisèrent, mais en dé
clarant qu'il s'exposerait à des attaques" d'apo
plexie, s'il ne prenait pas de repos. Le çrincc ré
pondit : Eh b.ien V je suis résigné ce genre
le mort. Cependant aucfine des personnes de .
Cependant aucfine des personnes
son entourage ne croyait que la m6rt le frappe
rait fi vi!c. ' Plus que "jamais le pritree se mon
trait dans le monde et se'vouait aux travaux-
politiques avec un redoublement d'ardeur. De
puis deux mois cependant, il" avait paru céder
aa désir de ses amis et avait manifesté -l'intention
de se retirer des affaires polir deux, mois. Il avait
dit à ^ambassadeur de Nrplcs : J'irai me distrai
re et réparer mes forces sous le beau ciel de votre
pays. Jusqu ? au dernier moment do sa vie il n'a
vait pas songé ù soigner sa sente,, bien qu'elle
s'altérât sensiblement. Au dernier coseert à
la cour, un de ses amis l'ayant vu pâlir sur sa
chaise, s'approcha de lui èt lui proposa de. l'accom
pagner à son hôtel. Le prince répondit : Ne faites
pas attention à,moi, cela produirait une sensation.,
inutile..* - ( Wanderer.)
PAYS-BAS..
Le Slaals-CtAiranl de La llaye publie la conven
tion conclue avec la Belgique, pour la communi-
par
dam cl La lliye. Si un chemin de fer s'établissait
entre la Hollande-et la Belgique, les deux gouver-
nemens s'entendraient pour déplacer la ligne té
légraphique. Les v langues hollandaise et française
seront provisoirement les .seules' qui pourront'ètrc
employées pour la transmission dc-s-coniniutiica-
tions.
I .VDKS-OlîHiXTALES.
Les journaux'de Calcutta, de Bombay et du la
Chine, devançant la malle des Indes, sont arrives
par exprès extraordinaire. Naturellement, notre
attention se porte tout d'abord sur l'état des ar-'
memens. faits pour la reprise" des hostilités contre
le roi d'Ava, et nous sommes heureux de les voir
complets et formidables. La force militaire est tout-
à-fait imposante; l'escadre se compose ainsi : U
Ferozf., le Moznffer, le Sexostris, la Zenobia, ia
Semiramis, la&iedusa, le Hughlindsay, le Tenas-
serim, le Fire-Queen, l'.Enlerprise, la Proserpin*,
et le l'hlegeton, douze steamers appartenant a
l'honorablt: compagnie ; l'Hermès et le brick Ser
pent, de la rçiarme de S. M.; outre trois.bàtimeus
voiliers'. On pense que tous ces vaisseaux, une fois
rassemblés dans les eaux des Birmans, formeront'lA
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL, 15 AVR.
LA VIE A REBOURS
ARIllNIf.
. RECOUD VOI.UAUS.
XVII.
les confidences. °
, Les pressentimens d'Adricnne ne L'avaient
pas trompée Armand al'ait lui échapper de
nouveau. Ce retour vers la vie champêtre et
les joies de la famille avait pu le distraire et
•l'apaiser un moment ; mais sa tête ardente
et son esprit mobile ne devaient pas se fixer
à de si "douces émotions. Il avait touché à
cette coupe où les sensée dépravent et où le
coeur se corrompt; c'était la ; seule qui, dé
sormais, convint à ses lèvres. Déjà, dans les
premières semaines de son séjour^ il . avait
éprouvé des impatiences mal contènues, où
Adrienne ne trouvait pas de molifetdont
elle eut enfln !a douloureuse explication. Des
lettres qu'if recevait fréquemment y ajou
taient un secret aiguillon sous lequel il sem
blait péniblement se débattre: .
11 réussit néanmoitfs.à se - vaincre tant que
la bienséance l'exigea. Ses «liasses aux envi
rons, ses courses en voiture et, à clievâl ani
mèrent ses journées, et trompèrent celte ac
tivité dévorante qui Je poussait vers un théâ
tre plus digne de lui. 11 avait « trop d'usage
pour rien ignorer de ses devoirs envers ses
hôtes, et trop aussi pour v manquer en quoi
que ce fût: De là un premier lien. La courte
* La reproduction est interdite^
maladie de sa femme vint renchaiqér en
core au moment où il allait se déclarer, et
croyait loucher à sa délivrance. Il s'en sui
vit un nouveau retard. Enfin ces obstacles '
disparurent.-Adrienne se remit prompte-
mentale prince et l'oncle Séverin,ne pouvant
plus prolonger .leur séjour, parlèrent d'un
départ prochain. C'était, pour Armand, un-
Jthème tout offert et un moyen très simple de
prendre congé: Il n'y mit point d'apprêts, ne
chercha point de défaite, et dit le plus natu
rellement du monde qu'il accompagnerait
ses amis. Naguère encore, Adrienne eût ac
cédé sans murmure et sans élever d'objec
tions ; elle en éleva cette fois, et fit, pour re
tenir son mari, tous, les efforts compatibles
avec sa dignité. Mais, dans l'esprit d'Armand,
la résolution était irrévocable ; rien n'eût pu
l'en détourner. Seulement, comme conces
sion'apparente,-il dit à sa femme qu'elle ne
passerait pas l'hiver, aux Ageux; qu'arrivé, à
Paris, il prendrait ses dispositions, et qu'elle
ne tarderait pas à venir l'v rejoindre. ■
' Les choses, en é'taient-là, et l'heure de la
séparation allait arriver, heure dangereuse
et délicate, où le cœur est si enclin à se tra^
hir. On eût dit que lepriuce y puisait,d'au
tres règles de conduite. U lie fuyait plus les
occasions de se trouver avec Adrienne, et.
sortait de la'réservé où il s'était enveloppé.
Près de la quitter, .il semblait plus libre,
.plus à l'aise., moins emprunté dans son
maintien, et, cédant à la même pente, celle-
,ci y mettait plus d'abandon. Un matin que
le temps était doux, et la veille même du dé-
.part, toute la compagnie descendit dans le
parc après déjeûner, et dirigeai promena
de vers le plateau qui domine !à vallée de
l'Oise. Madame de Beau fort seule était restée
au château, afin d'y maintenir cel ordre dont
elle avait l'habitude et la passion. Trop vif
pour régler son pas sur celui de ; sa femme,
Courténay. prit les devans, suivi, de l'onclo
-Séverin , tandis'que le prince restait avec
Adrienne et marchait à ses côtés d'une al
lure lente et pleine de ménagemens.,Ghez
l'un et l'autre régnait pette disposition à
la rêverie qui se refùse à un entretien suivi;
et n'admet qu'un échange rapide c'e pensées.
La jeune femme" songeait aux blessures de
son cœùr ;"le prince, étudiait les lieux avec
une curiosité inquiète. Tout à coup Adrien
ne le vil s'arrêter et désigner du doigtun es
pace découvert ; ménagé au sein du taillis :
— Ici ! dit-il avec expression.
C'était la place où, pendant lès ardeurs de
la saison, la jeûne mère venait passer une
partie de ses journées, avec un livre en main
et près du ber.ceau de son enfant. Ce mot, ce
geste du. prince, rapprochés du lieu - qu'il
indiquait, étaient ' un appel si pressant aux
Souvénirsd 'Adrienue, qu'elle y répondit pres
que involontairement pat" un g -'Sto et un
mot non moins décisifs :
— Là! dit-elle, en montrant le taillis où
elle- avait aperçu l'apparition.
Des deux côtés il se fit un silence, comme
si chacun eût, craint d'en avoir trop dit. De
la part du prince, c'était un aveu ;~de Japart
d'Adrienne, une soi le de complicité. Aussi
ramena-t-elle les choses sur un terrain moins
brûlant : '
Prince, dit-elle avec un soùr.ire où la
grâce S3 mêlait à llronie, à" qupi bon ces
mystères, (între amis surtout?
. —II. est vrai, Madame, répondit-il d'an
accent pénétré. J'ai voulu vous épargner un
embarras et j'en ai fait naître d'au ires. Par
donnez-moi et plaignez-moi. Dieu ! si vous
. saviez ! C'est une triste histoire que la mien
ne, el tout s'y lie. Pourquoi vous en aurais-
,je fatiguée? • ■
— Et pourquoi pi ' re^nt \drienne d'un
' Ion enjoué. Vous.me -rendriez curieuse, én
vérité. . • ' .'
. — Madame, répliqua le prince avec gravie-
té, ire le prenez pas ainsi, je vous en conju
re. Maintenant que mon, secret ni'est échap
pé, il faut que vous le Connaissiez tout en--
-lier. Je ne puis pas quitter.ee château en
laissant de moi une opinion équivoque. Non,
plus dé nuage entre nous; tout doit s'éclair j
cir. .Mais, de grâce, soyez compatissante
pour" moi, . ■ ' '
— Mon Dieu ! nè le suis-je pas ? dit Adrien
ne, touchée' de cet accent. Ce serait alors à
moqi insu. Parlez, prince. Les gens qui souf
frent savent- compatir aux douleurs d'au-
trui. Je vous écoute, certaine que vous ne
me . direz rien que je ne puisse écouter.
-Paritz. . • ' ^ . ,
— Eh bien 1 Madame, je commence. lime
faudra remonter un peu loin dans ma vie,
''autrement vous me'connaîtriez; mal. Mais
nous avons le temps. Nos amis sont loin et
• ' l'avenue est longue. Ecoutez-moi donc.
, Et il eommença le récit suivant :
« J'appartiens, Madame Courtenav, à l'une
des grandes familles de Ja Pologne prussien
ne , et suis le dernier héritier d'un nom qui
iigura dans toutes les batailles décisivo.3 de
la chrétienté* s'illustra sous les Jagellons et
délivra-Vienne avec Sobieski. Notre famille
a eu tons'les genres d'éclat • elle a touché à
la main*de justice, à la pourpre tet au scep
tre. Il fut un temps oùses domaines égalaient
ceux d'un roi,/et où, pour en faire le tour,
il ne fallait pas moins de deux révolutions
de soleil, Nous sommes bien'déduis aujour
d'hui de cés grandeurs ; les charges de la
guerre ont- bien réduit mon patrimoine, et
pourtant-il me reste encore, dans le grand-
duché de Posen, le long des rives 4e la
Proszoa, assez- de villages et assez de vas
saux pour n'avoir rien à envier aux hommes
les plus favorisés" de la fortune. - '
«La portion delà Pologne dans laquelle
je suis né, est une de celles qui furent li
vrées, vers la fin du dernier siècle, aux deux
puissances voisines, à la suite d'un partage
lionteux.Comme laGallicie échut à l'Autriche,
le grand-duclié de Posen échut à,la Prusse. On
eut la prétention, Madame, de nous faire,
naître Prussiens ou Autrichiens, nous tous
que l'honneur du sang, les gloires de famille
rattachaient invinciblement à la patrie com
mune. Ce fut une prétention vaine et on lë vit
bien;oar toutes les fois que cette glorieuse
mère fit un appel à nos bras, il n'y eut pas,
en-deç4 ou au-delà de la Warlha, en-deçà ou
au-delà des monts Karpathes, un seul de ses
enfans qui n'y répondît Nous étions tous
Polonais, ce jouf-là,- malgré notre origine
imposée et nos nationalités d'emprunt; nous
avions-tous un sabre et un cheval prêts pour
le combat, et des paysans armés de faulx dis
posés* à no us s u i v r e i Les membres dépecés
de la Pologne s'agitaient, dans ces grandes
occasions, comme les.tronçons d'un même
corps s'agitent pour se rejoindre.^
» Aimer notre patrie, voilà quel fui notre
plus beau'titre, après son avilissement; Mon
Dieu! je sais bien tout ce qu'on peut dire
contre elle. Je sais ce que nos institutions
avaient de mobile et de vicieux ; je sais qu'on
y trouvait la force d'empêcher plutôt que
celle d'agir ; je sais .que le repos du pays
était en bulle aux assauts des factions et
que sa prospérité souffrait de nos inter
minables querelles ; je sais ce qui se passait
dans nos diètes et quel spectacle elles of
fraient, les ambitions des un^, les intrigues
des autres, l'impuissance de tous, plus de
mots que défaits, plus de bruit que d'action,
des conibats d'influence au lieu de concert ;
des coteries, au lieu de gouvernement et,
par-dessus tout, la violence et la menace ef
frayant le gros de la nation et' la poussant
vers le despotisme. Je sais tout cela, Madame,
et j'en déplore l'excès; Dieu megarde d'en dé
sirer le retour dans les mêmes termes:-mais 1
c'était une" vie libre du" moins; c'était la di
gnité de chacun et l'honneur de tous, et
j'aime. Aïeux- encore, avec un auteur air-
cie'n, la liberté accompagnée de quelque pé
ril, que la sécuritéachètéeau prix-d'une dé
chéance. • '. ;
» Voilà ce que je suis et dans quels senli-
mens j'ai grandi. Mon éducation fut simple
et rustique; mes premières années s'écoulè
rent dans le château de mes aïeux, sousdçs
yeux et la conduite d'un précepteur. A douze
ans j'étais déjà un intrépide écuyer forçant
le cerf comme un veneur, et sachant manier ~
un bois de lance ; tous les gentilshommes de
nos contrées préludent ainsi; ce sont des
instincts et des devoirs de race. Nous som
mes encore les Slaves'des anciens jours, ne
sachant vivre qu'à cheval et lo sabre au
poing. Cependant rien ne fut négligé pour
la culture de mon esprit, et l'université'de
Breslau dégrossit ce que ma première édu
cation avait de trop rude. Lorsque j'en revins
à vingt-cinq ans, j'avais la tête meublée de
l'érudition familière aux docteurs-aliemandî-V
et de cette philosophie subtile, où s'égare si
Volontiers leur pensée. " «
» Je passe, Madame, sur quelques annérs
de ma vie. Qu'en dirai-je, en effet? Qu'esVce
que l'existence d'un seigneur campagnard
partagée entre le soin de ses terres et les exer
cices- violens? La guerre seule aurait pu en
rompre l'uniformité mais où retrouver nos :
guerres d'autrefois? Où retrouver même ces
campagnes plus récentes dans lesquelles" l'ai-
BIIBB.UIX ! rue de ralol* il'aîuls-Bojal),"' I»
Y3UX OS Xi'ABONMEBSE3ST
PARIS .13 P. PAS TRIMESTRE.
P^PUITEMENS. 16 ï. — ' . •
UN NUMÉRO : %Q CÈNTIME3.
toci lbi pats èiaANQKas, 8e reporter
a ! i tableau qui sera publié danslejqumat,
le< 10 e ' U de chaque mois.- ' ■
Lts aienuemeits datent det 1 er et 1g
de chaque mois. •
1852.- JEUDI 15 AVRIL.
S'ahçmr, franco, pour la rédaction, à M: CcCHEVAi-CuRlfiKï, rédacteur en chef.
. Las articles déposés ne rônt-pas rendus! .
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
I
On s'abonne', dans lesldêpartemens, aux Messageries et aux\Directions de poste?—ALinlres, thez MM. Cowis et ntà
~ . — A Strasbourg, chez M. Alexandre, pour l 'Mlemagv- ; ' . . "
presser, franco, pour l'administration,, à M. Dknain, directeur.
Les annonces sà^sues au bureau du journal; et chez M. PANlS, régisseur, 18, place dé la Bourg»
PARIS, 44 AYfUI,.
LE PlUjXCE DE SCHWARTZENBERG.
Rien n'est plus ordinaire et plus commode
que de désespérer dur salut de son pays 1 et de
le proclamer voué à la destruction';
«on cœur et les défaillances de son esprit.
Pour l'honneur deia nature humaine, pour
l'instruction . des peuples, pour la con
solation des ames résolues, il est bon qu'un
exemple éclatant vienne de temps à autre
montrer a, tous la valeur d'un cœuï -ferme
et d'un esprit droit, et l'action d'un homme
sur les* destinées d'une nation. Quaud tout
semble perdu, quand les habiles sont à bout
et que les courageux fléchissent, Dieu va
chercher en quelque coin ignoré l'homme
auquel personne ne- pense , il aplanit tous
les obstacles devant lui, et il en fait l'instru
ment heureux de ses desseins.',
Qui n'aurait prédit, il y a quatre ans, la
chute de la maison d'Autriche V La Lombar-
die soulevée et envahie, la Hongrie préludant
à la guerre par l'indépendance, Vienne; au
pouvoir de la révolution, la confédération
germanique dissoute et ses peuples appelés à
.des alliances nouvelles, la préséance de l'Au
triche abolie, son influence reniée et flétrie ,
des provinces désunies et. tiraillées, en sens
divers, point de gouvernement, point de
iinances, une £ôule armée contre vingt en
nemis : telle était la triste situation de cet
empire qui gavait pourchef qu'un vieillard
accablé par îàge et> l'êffroi, et pour espoir
qu'un enfant.
L'Autriche avait alors pour ambassadeur
dans une eCur italienne un homme en qui
I'onoi'avait encore remarqué que son hu
meur altière, et l'ardeur d«\ son tempérament.
Arrivé au milieu de la vie, il ne s'était.fait
connallre que par l'éclat de ses galanteries à
Londres et par une incartade audacieuse à
Saint-Pétersbourg. Le nom qu'il portait,
l'illustration de sa famille et les services de
tous les siens semblaient la seule raison des'
hauts emplois qui lui avaient été confiés.
Rien n'indiquait donc dans le prince', Félix
de Sckjvartzt-'nberg un.homme capable .des
plus grands desseins tt le sauveur futur
d'une monarchie, quand la nouvelle des dé
sastres de Lombard ic et de l'Insurrection
de Vienne arriva a là cour de, Ngfples,
Le prince de Schwartzenberg quitta Na-
pk-s le lendemain. L'homme de cour, bril
lant et recherché, laissa son palaisj sa fa
mille, ses équipages, le diplomate oublia son
ambassade, il nè se souvint qiïëdesonan-
deu métier de soldat; il traversa l'Italie à '
frauc étrier, se présenta en volontaire au ma
réchal liadetzky, et,le lendemain de son arri :
vée, il menaii son régiment à L'assaut. -
. Gs fut là le début singulier de cette éton
nante carrière dont-noiis venons de voir la
fin non moins imprévue. Ce Sta-vejà peine
germanisé, semblait avoir recueilli en lui
tout l'orgueil des Habsbourg, son cceur sai
gnait de toutes lfes blessures faites à ; la,
couromie d'Autriche ,' il : brûlait de les
venger et il mena la guerre avec fureur.
Mais il montrait en lui le conseiller aussi
bien que le solda) ; et, à le voir'si plein d'ar
deur et d'intrépidité, si résolu dans le dan^-
ger, si plein de confiance: dans la fortune
et les destinées de-son pays,.l'idée vint tout
naturellement de lui offrir un pouvoir qui
faisait reçuler tous , les autres, Le soldat
redevint diplomate, et, essuyant son épée,-
il accepta le< ministère quand tin minis
tre venait d'être mis en pièces par la, po-.
pu lace ; il se chargea da gouverner quand
il n'y avait plus ni gouvernement, ni ckpita-
]e, ni finances, ni armée ; il entreprit .do re
présenter son pays devant l'Europe quand
oa ne voyait plus dans l'Autriche qu'une
pmeÀ^arlager, ' -, - "
' Ce qu'il a fait en quatre années,-l'état pré
sent de l'Europe'le dit assez. Il avait trouvé
toutes les provinces en insurrection : il a
partout rétabli l'obéissance ; la Hongrie a été
écrasée, la Lombardie a été reconquise. Lors
qu'on croyait les ressourcesdel'empirecpui-
sées par la g'uerre, lorsque l'Autriche rie
paraissait pas avoir assez de- soldats pour
contenir les-provinces qu'elle avait repla
cées sous le joug, on a vu surgir de'
nouvelles armées, on a vu la Silésie se hé
risser de baïonnettes en face de la landwelir
prussienne, on a vu les aigles impériales
-occuper à la fois Hambourg, et à l'autre ex- '
trémi té de l'Europe les Légations romaines et
la Toscane. •
M. de Schwartzenberg ne s'ejt pas. borné
à sauver l'intégrité de l'empire et à rétablir
en son premier état la puissance militaire
de l'Autriche. Il lui a rendu aussi sa position
morale et son ascendant politique. Ne sem-
ble-t-il pas, à voir l'Allemagne, que la révo
lution de 1848 ait été un rêve? Qui croi
rait qu'un parlement a siégé à Francfort
en place de la diète dissoute;, que la cou
ronne impériale a été offerte au roi dé Prus
se; que l'Autriche a été mise au ha u de
l'Allemagne? L'influence "de l'Autrichen'est-
elle pas aujourd'hui plus grande et plus
assurée qu'au temps de ai. de Met terni cli ?
La persévérance, et la résolution, la juste et
rapide appréciation dii: présent, la clair
voyance de l'avenir, un heureux mélange
d'habileté et d'audace, le talent de tourner à
son avantage les intérêts des^ uns, les ap
préhensions des antres, la promptitude à-
profiter des fautes de ses adversaires,-mille
qualités diverses ont - contribué plus que
la terreur des armes autrichiennes à cette
restauration si complète et si.prompte d'une
autorité perdue.
L'Allemagne oscillait encore entre ia ré
volution et le retour à l'ordre les ' souve
rains, jaloux de leur indépendance et alar-
.més pour leurs couronnes, hésitaienl dans
"le choix d'une alliance, craignant d'acheter
trop cher l'impérieux et incertain appui
de la Prusse. Le traité-de Bregenz "pro
posé, débattu, consommé cç quelques heu
re?,' vint' montre r à l'Allemagne la voie du
salut. La Bavière, le YVurtembeig et la Saxe
furent ralliés' à l'Autriche, le Hanovre fut
gagné à la neutralité, le reste fut arraché à
k'révolution. On proclama bien haut le res- -
pect des anciens traités foulés ayx pieds par
l'insurrection, et le retour à l'ancien ordre*
de choses en face de l'impuissance à- fonder
une organisation, nouvelle.' Les conférences
de Dre.- de', lescohl'érénces d'011mutz,«marquè-
rnii t des progrèsnou veaux, et, avant de dispa
ru! Irede ce théâtre, où il remplissait le pre
mier rôle, le prince de Schwartzenberg a vu
tous les princes affermis sur leur trône, l'in-
ffuence prussienne ramenée, dans..de-justes
limites, la confédération replacée sur ses
anciennes,bases, et un ambassadeur d'Au
triche : à la. tète de la diète restaurée.
Tel a été la résultat inespéré de quatre an
nées de ministère : si le doigt de Dieu y est
visiblement marqué, il reste à -1 homme qui
a été l'instrument de cette œuvre inouïe une
assez belle part pour rendre son nom à ja
mais mémorable: Personne ne doit être sur
pris des regrets que la mort soudaine du
prince de-Schwartzenberg a causés non-seu
le® v*nl à la cour, mais au-sein même de là
nation qu'il a arrachée à l'anarchie. Les
peuples ont le sentiment de la grandeur,
et l'orgueil national leur, fait pardonner
bien' des torts. Personne n'a porté plus
loin que le prince de Sclnvarteenberg le
soin de l'honneur autrichien ; les succès que
sa ferme impulsion a valus aux armes im
périales, sa lutte heureuse contre la Prusse,
sa hauteur vis-à-vis de l'Angleterre, ontexalté
le patriotisme germanique. On peut regretter
que le prince de Schwartzenberg n'ait pas
eu le temps de mettre ,1a dernière main à son
œuvre • on peut s'affliger qu'il n'ait pu jouir
du résultat de ses travaux et savourer les
do-uceurs d'une renommé'? bien acquise;
mais ce trépas prématuré ne lui'a nen-ôté;
aucun succès ne pouvait plus ajouter à sa
gloire, et il est mort entotiré de regrets et
djéloges, sans connaître ni l'ingratitude des
princes ni l'ingratitude dfs peuples.
Quelle sera l'influence de cette mort sou
daine sur les destinées de l'Autriche? ia Ca
stre rfe V,ienne.& publié une déclaration of-
' llcielle annonçant que rien ne serait changé
à ki politique suivie par le -gouvernement.
La feuille officielle a ajouté, que cette perpé
tuité d'une politique consacrée par l'expé
rience faisait la supériorité des monarchies
de tradition sur les monarchies constitu
tionnelles..C'est là précisément ce-qui fait
tout îe débat entre les-partisans du régime
despotique et les partisans du régime repré
sentatif. Si le premier permet, comme l'as
sure la Gaz'citc de 'Vienne, de faire le bien
sans interruption, n'a-t-il pas aussi pour-
.inconvénient de tout faire dépendre de l'exis
tence et des.qualités d'un homme?
IL'ne suffit donc pas de dire queia politique
du prineede Schwartzenberg sera continuée,il
faut savoir comment et par qui elle sera con
tinuée. Le prince avait tourné toute son at
tention vers la' régénération intérieure de
l'Autriche ; il s'occupait à la fois de réoi'ga^
niser l'administration et en v même temps
de restaurer les finances en Ouvrant des dé
bouchés à l'agriculture et à l'industrie de
l'empire.. Il voulait resserrer par des négo
ciations commerciales les liens qui unissent
l'Autriche à l'Alleipagne ; i) voulait renver
ser les barrières qu'oppose à cette entre
prise la constitution actuelle du Zollverein."
Le gouvernement autrichien va-t-il persévé
rer dans cette voie, au bout de laquelle est
peut-être une lutte nouvelle avec la Prusse?
Gardera-t-il vis-à-vis*de la Russie l'attitude
de complète indépendance et parfois de con-
Iradieliop qu'affectait le dernier ministre?
Une question non moins grave est de savoir
quelle ligne de conduite la cotfr devienne
suivra vis-à-vis des populations de l'empire.
Quelques expressions du 1a déclaration officiel- ■
le, et rinfluence.renaissautfe du prince deMet-
ternicli, contre lequel M-. de Schwartzenberg
a eu à lutter dans, ses derniers jours, font
appréhender qu'il ne s'agisse* de restau—
îcr siniple'ïient le régime bureaucrati
que, dont un juge peu suspect, M. de
Tiequelmont, a si. éloquemment sigualé
l'impuissatïCe et les dangers. Ce serait là
exagérer plutôt" que continuer la politique
de M. de Schwartzenberg. Le prince , »tn
effet, a essayé quelque temps et sincère
ment de gouverner avec la Constitution
issue de la révolution,-et Tors même qu'il
en a fait disparaître les derniers vestiges,'
il n'a point porté contré les institutions re
présentatives une condamnation- absolue.
L'expérience de Ï8Ï8 a prouvé que l'Autri
che, avec ses populations d'origines si diver
ses et d'une culture si inégale, n'était point
mûre pour le régime constitujionnpl. Un
parlement est impossible à Vienne, mais
il n'est pas démontré qu'une part, même
considérable, ne puisse être faite aux as
semblées provinciales dans l'administra
tion des" affaires locales. L'esprit éclairé
et sagace de M. de Schwarta^nberg a plus
d'une fois dirigé son attentionsur ce point;,il
serait regrettable quela question fût tranchée
dans le sens le moins libéral. Une restaura-,
tion complète dn passé ne serai t pas., sans
dangers,; elle élèverait une barrière,de p'ms_
entre l'Autriche et l'Allemagne dn sud, ou
vies institutions représentatives ont jetéde pro-
. fondes "racines; elle préparerait des dilficul-
{§^.|touvelles pour l'avenir. On peut repren
dre sur une révolution toutes ses Conquêtes
illégitimes ou prématurées ; mais, pour que
la victoire soit durable,-il faut faire-une "part
aux besoins dont cette révolution a été la sa
tisfaction violente et excessive. La liberté est
un fruit savoureux qui enivre les peuples
lorsqu'ils y goûtent une fois; et ce n'est pas-
une amertume passagère, qui peut les en dé-
• tacher' à jamais. ■ - v . .
- , Cucheval-Clarigny.
Une profonde sensation a été pi'oduUc
à Alger quand la population a appris que
Sidi-el-Djoudi, Le marabout si vénéré du
haut Djurjura, était venu avec les chefs
les plus importans de la confédération des
Zouaouas , se mettre, entre -nos mains.
Ées chefs, qui accompagnent Sidi-el-Djoudi
sont au nombre de quatre-vingt-douze,'
représentant toutes les tribus de cette puis
sante association kabyle. Dans leiffs en
tretiens, ces chefs ne font aucune difficul
té de reconnaître l'influence qu'ont eue sur
leur détermination l'expédition du général
Pélissier chez les Maatka, celle du général
Bosquet, les travaux de route qui permet
taient à nos colonnes de pénétrer au cœur do.
leur pays, et surtout, l'étroit blocus qui les.
enferme depuis plusieurs mois sur leurs pla
teaux élevés, et qui les a condamnés aux
-plus dures privations. Néanmoins, le pre
mier jour, Sidi-el-Djoudi, fidèle à ses habi
tudes d'arrogance et de vanité, avait voulu
essayer de traite^ de puissance à puissance, -
Au bout de quelque temps, les fumées de ;
son orgueil se sont dissipées. M. le gouver
neur général Raiidon lui a fait comprendre
qu'il ne s'agissait pas deconclure la paix en
tre les Zouaouas et les Français, mais, de se
• soumettre purement et simplement à notro^
domination. Mieux éclairé sur le véritabfe
étal des choses, Sidi-el-Djoudi et les chefs
ont sollicité l'aman à la condition de payer-
un tribut annuel. ' ■
Cet heureux événement change tout natu-
. Tellement les dispositions prises pour la cam
pagne du printemps. Aprçsavoir arrêté avec
, Sidi-el-Djoudi et les autres chefs le chiffre de
rimpôt'annuel qui devra être payé par clia- ■
que tribu de la confédération, une conven
tion sera faite par laquelle le territoire des
Zouaouas sera réuni.au reste de l'Algérie.
Nos colonnes parcourront ensuite ce ..pays
pour le reconnaître et pour y tracer des rou-
" tfe'Sid i-el-Djoudi offre de les accompagner
avec les autres chefs. Sa présence dans nos
rangs est une garantie certaine de Succès. Son.
olfre.sera probabli'Âicnt acceptée. On va s'oc
cuper sans retard de rassembler un corps d'ar
méed'environ?,000 baionneltespour cette ex
cursion, qui sera certainement toute pacifi
que. La soumission des ZOuaouas nous four
nira le moyen d'établir des communications
directes entre Bougie et- Alger. D'ailleurs,
jusqu 'à l'entière conclusion de cette affaire,
le blocus du territoire des Zouaouas est main^
tenu. Après le paiement de l'impôt, ces ÏCa-
bvles obtiendront des permis pour fréquen
ter nos marchés. ' . ' .
QuantàBou^Bagherla, il aété forcé dequit-.
ter le territoire des Beni-Sebka avec,les dé
bris de sa df ïra, dès que la soumission des
Zouaouas a été résolue. Dépouillé de tout
prestige, cet aventurier erre dans les pnon-
tagnes dès Beni-Mellik(-uch, essayant, dit-
on, de se réfugier dans le-sud,,pour gagner
les régions sahariennes, on fait bonne garde
dans la subdivision d'Aumale pour prévenir
son dessein et pour se saisir de sa personne.
Henry Cauvai-n.
• Ou lit dans la partie officielle du Moniteur
de ce jour, 14 avril :
« Par décret du prince-^sident de la Ré
publique,'en date du 12 a 1
proposition du'ministre
Blique et des cultes',
du décret du 9 mars
fj. Quinet, .Adam iVlickiewicz ont .été révoi
[uâ des fonctions de professeurs au collège
e France; "» • "
d'un projet d'emprunt de la part de notre gouver-
Le sommaire de -la séance d'hier du corps
législatif a fait connaître que trois amende-
mens de la commission"du projet sur la re
fonte des monnàies de cuivre avaient été ren
voyés à l'èxamen du conseil d'Etat.
Ô(i assuré que la décision du conseil dE-
tat ne se fera pas attendre, et que très pro-
ebainemeht la commission du corps législatif
sera de nouveau saisie, soit de la rédaction
déjà adoptée par elle, soit des modifications
que le conseil d'Etat y aurait faites.
' Nous lisons ce soir dans la Gazette de
France : ' -
« Le conseil d'Etat a reçu hier la communica
tion des umendemens adoptés par la commission
chargée d'esaminer le projet de loi sur la refonte
des monnaies de cuivre. On assure que ces amen-
demens ne portent que sar des détails tout à fait
secondaires. Le chittre seul de la somme, qui est de
7,300,000, subirait une réduction de 260,000 l'r. »
Les cinq bureaux du sénat se sont réunis
aujourd'hui à deux heures. . •
- Trois'commissions ont été nommées :
La.commission des pétitions, la commis
sion du règlement ' intérieur ■ et la commis
sion de comptabilité Les membres "qui les
composent sont les survans :
Commission des pétitions : MM. Curial, le,comte
Siméon, Manuel- (de' la Nièvre), amiral Ilugon,-
fïénéral de La Hitte, baron de Heeckeren, Fouquier-
d'ilérouel, Beaumont (de la Somme), Sapey, le
maréchal Vaillant. ■ ■
Commission de comptabilité : MM. Marchand,
Lebœuf, d'Audiffred. Fould, Amédée Thayer.
Commission dérèglement :.MM. le généralBara-
guay-dlliiliers, de Grouseilhes, Troplon,?, l)upin,
d'Argout.'
L'administration municipale de Paris s'oc
cupe en ce moment d'arrêter le tarif de l'oc
troi, rectifié conformément à l'art..25" du
décret du 17 mars dernier. ,.
Il résulte de ce travail, que l'hectoli
tre de ' vin qui payait en principal 10 fr.
50 c., n'acijuittqrâ plus qu'une taxe de
9--fr. 87 c., réduction 63 c. (1); que la
taxe de 23 fr. qui frappait l'hectolitre d'al
cool est-abaissée à 23 fr. 50 c., différence l
fr..50c.; que les huiles, autres uue l'huile
d'olive,-tarifées aujourd'hui a 22 fr. llieclo-.
litx'e, ne paieront plus que 20 fr. 08 c., ré
duction 1 fr. 32 c.; la. taxe de M fr. 40 e. les
100 ltilog., pour la viande sorturit dts abat
toirs,-y compris le droit d'abattage, est ré
duite â lOfr. 84 c.,-différence 50 c.; la taxe-
pour la viande venaut.de l'extérieur, qui
était dé"'H fr. 20 c., ne sera plus que de 10
fr. 53 c., réduction 67 c.; enfin, le bois à
brûler, assujetti à undroitde 2 fr. 05 c. par
stère; n'acquittera plus que 2 fr. 49 c., dif
férence 16 c. v
Nous avons annoncé, il y a deux jours, la
perte du bateau a vapeur /Vfoî, 'siir les cô
tes-du Portugal ; une correspondance de
Porto du 80 mars, publiée .par le Journal du
Havre, donne de bien tristes détails sur ce
nouveau sinistre :. - '
«.Le bateau à vapeur le /"orjfy-qiu porte les dé-,
pèches du courrier général, et qui pavt tous les
dimanches, à midi ,'de cette ville pour Lisbonne,
s'étant mis en roule avant-hier dimanche à neuf
heures du matin, pour sa destination, a éto as
sailli par le mauvais,temps au tiers de son voyage,
puis brisé et submergé sur la barre de ce port,
hier, entre cinq et six heures du matin. Trente-
six passager.-;, parmi lesquels est le' consul de
France à Oporto, M. Destrées, la plus.grande par
tie de l'équipage et le capitaine du bateau à va
peur ont péri. »
On nous écrit de Madrid :
. « La présence ici de MM. Louis. Fould et l'esca-
loie, banquiers de Paris, a donné'lieu au
bruit
(1) .Ainsi, la taxe d'octroi étant réduite â IQ fr.
8o c., décime compris, et le droit aù prolit du tré
sor demeurant fixe à 8 fr. 80 c., l'ensemble du
droit à acquitter aux entrées de Paris sera de 19
1Ï.-68 c; par chaque hectolitre de -vin.
On lit^dans le Journal du Citer :
« La.Pairie, malgré les démentis qui lui ont été
donnés, s'obstine à soutenir qu'un commencement
de troubles a eu lieu à Bourges i£ l'occasion d'une
expédition de grains. Elle donne les détails les
plus circonstanciés, mettant en scène des groupes
d'ouvriers et le commissaire, citant .même, tex
tuellement la chaleureuse allocution du magistrat
et la réponse des individus qui composaient le
rassemblement. Quelque bien' renseignée que la
Patrie puisse être d'habitude, nous lui répéterons
qu'elle a été çgtte fois grossièrement induite en
erreur. U n'y a eu à Bourges, depuisjiong-tenips,
aucune espace de troubles avec ou sans gravité,
"pour quelque cause que ce soit. L'intervention du
commissaire de police, ses paroles et celles des
prétendus ouvriers'soiit autant d'imaginations con-
trouvées^, auxquelles le magistrat cité autorise à
donner le dénienti le plus formel. » (V. Ratier.)
IVOUVEZXE3
AUTRICHE.
vienne, '8 avril. — Dans l'assemblée des menl-
bres-'du cdngrès douanier qui a eu lieu hier, le
docteur Ilock, conseiller ministériel, a donne
l'assurance que la. mort.du prince Schwartzenberg
n'amènerait aucun changement. dans la marche
de la politique- intérieure. Les. délibérations,5i)nt
ajournées ali 13 âviil,'.plusiôurs^léniptitenti,Tires
n'ayant pas encore reçu les instructions qu'ils
avaient demandées à leurs gouverne mens.
'(Gaz. d'Augsbourg.)
, — Dans une conférence de trois ambassadeurs
qui a eu lieu hier, il a été, dit-on, déclaré à l'u
nanimité que la paix de l'Europe .dépendait ,-du
maintien du système de politique intérieure et ex
térieure qu'avait adopté' le prrnce.de Schwartzen
berg. Le prince avant sa mort avait, dit-on, rédi
gé un mémorandum-dans lequel il s'attachait à
faire-ressortir la nécessité de ce système.
(Correspondant de Bohême.)
Du 9 avril.—Le Correspondant de Bohême donne
encore quelques détails sur les derniers momens de
]a vie du prince de ScMwartzenberg'. Il paraissait
pressent ir sa fin quoiqu'il ne la crût pas si prochaine.
Quand il s'aperf-ut que sa vue diminuait il demanda
à ses médècins s'il- n'avait pas à redouter urçe cé
cité. Les médecins le tranquillisèrent, mais en dé
clarant qu'il s'exposerait à des attaques" d'apo
plexie, s'il ne prenait pas de repos. Le çrincc ré
pondit : Eh b.ien V je suis résigné ce genre
le mort. Cependant aucfine des personnes de .
Cependant aucfine des personnes
son entourage ne croyait que la m6rt le frappe
rait fi vi!c. ' Plus que "jamais le pritree se mon
trait dans le monde et se'vouait aux travaux-
politiques avec un redoublement d'ardeur. De
puis deux mois cependant, il" avait paru céder
aa désir de ses amis et avait manifesté -l'intention
de se retirer des affaires polir deux, mois. Il avait
dit à ^ambassadeur de Nrplcs : J'irai me distrai
re et réparer mes forces sous le beau ciel de votre
pays. Jusqu ? au dernier moment do sa vie il n'a
vait pas songé ù soigner sa sente,, bien qu'elle
s'altérât sensiblement. Au dernier coseert à
la cour, un de ses amis l'ayant vu pâlir sur sa
chaise, s'approcha de lui èt lui proposa de. l'accom
pagner à son hôtel. Le prince répondit : Ne faites
pas attention à,moi, cela produirait une sensation.,
inutile..* - ( Wanderer.)
PAYS-BAS..
Le Slaals-CtAiranl de La llaye publie la conven
tion conclue avec la Belgique, pour la communi-
par
dam cl La lliye. Si un chemin de fer s'établissait
entre la Hollande-et la Belgique, les deux gouver-
nemens s'entendraient pour déplacer la ligne té
légraphique. Les v langues hollandaise et française
seront provisoirement les .seules' qui pourront'ètrc
employées pour la transmission dc-s-coniniutiica-
tions.
I .VDKS-OlîHiXTALES.
Les journaux'de Calcutta, de Bombay et du la
Chine, devançant la malle des Indes, sont arrives
par exprès extraordinaire. Naturellement, notre
attention se porte tout d'abord sur l'état des ar-'
memens. faits pour la reprise" des hostilités contre
le roi d'Ava, et nous sommes heureux de les voir
complets et formidables. La force militaire est tout-
à-fait imposante; l'escadre se compose ainsi : U
Ferozf., le Moznffer, le Sexostris, la Zenobia, ia
Semiramis, la&iedusa, le Hughlindsay, le Tenas-
serim, le Fire-Queen, l'.Enlerprise, la Proserpin*,
et le l'hlegeton, douze steamers appartenant a
l'honorablt: compagnie ; l'Hermès et le brick Ser
pent, de la rçiarme de S. M.; outre trois.bàtimeus
voiliers'. On pense que tous ces vaisseaux, une fois
rassemblés dans les eaux des Birmans, formeront'lA
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL, 15 AVR.
LA VIE A REBOURS
ARIllNIf.
. RECOUD VOI.UAUS.
XVII.
les confidences. °
, Les pressentimens d'Adricnne ne L'avaient
pas trompée Armand al'ait lui échapper de
nouveau. Ce retour vers la vie champêtre et
les joies de la famille avait pu le distraire et
•l'apaiser un moment ; mais sa tête ardente
et son esprit mobile ne devaient pas se fixer
à de si "douces émotions. Il avait touché à
cette coupe où les sensée dépravent et où le
coeur se corrompt; c'était la ; seule qui, dé
sormais, convint à ses lèvres. Déjà, dans les
premières semaines de son séjour^ il . avait
éprouvé des impatiences mal contènues, où
Adrienne ne trouvait pas de molifetdont
elle eut enfln !a douloureuse explication. Des
lettres qu'if recevait fréquemment y ajou
taient un secret aiguillon sous lequel il sem
blait péniblement se débattre: .
11 réussit néanmoitfs.à se - vaincre tant que
la bienséance l'exigea. Ses «liasses aux envi
rons, ses courses en voiture et, à clievâl ani
mèrent ses journées, et trompèrent celte ac
tivité dévorante qui Je poussait vers un théâ
tre plus digne de lui. 11 avait « trop d'usage
pour rien ignorer de ses devoirs envers ses
hôtes, et trop aussi pour v manquer en quoi
que ce fût: De là un premier lien. La courte
* La reproduction est interdite^
maladie de sa femme vint renchaiqér en
core au moment où il allait se déclarer, et
croyait loucher à sa délivrance. Il s'en sui
vit un nouveau retard. Enfin ces obstacles '
disparurent.-Adrienne se remit prompte-
mentale prince et l'oncle Séverin,ne pouvant
plus prolonger .leur séjour, parlèrent d'un
départ prochain. C'était, pour Armand, un-
Jthème tout offert et un moyen très simple de
prendre congé: Il n'y mit point d'apprêts, ne
chercha point de défaite, et dit le plus natu
rellement du monde qu'il accompagnerait
ses amis. Naguère encore, Adrienne eût ac
cédé sans murmure et sans élever d'objec
tions ; elle en éleva cette fois, et fit, pour re
tenir son mari, tous, les efforts compatibles
avec sa dignité. Mais, dans l'esprit d'Armand,
la résolution était irrévocable ; rien n'eût pu
l'en détourner. Seulement, comme conces
sion'apparente,-il dit à sa femme qu'elle ne
passerait pas l'hiver, aux Ageux; qu'arrivé, à
Paris, il prendrait ses dispositions, et qu'elle
ne tarderait pas à venir l'v rejoindre. ■
' Les choses, en é'taient-là, et l'heure de la
séparation allait arriver, heure dangereuse
et délicate, où le cœur est si enclin à se tra^
hir. On eût dit que lepriuce y puisait,d'au
tres règles de conduite. U lie fuyait plus les
occasions de se trouver avec Adrienne, et.
sortait de la'réservé où il s'était enveloppé.
Près de la quitter, .il semblait plus libre,
.plus à l'aise., moins emprunté dans son
maintien, et, cédant à la même pente, celle-
,ci y mettait plus d'abandon. Un matin que
le temps était doux, et la veille même du dé-
.part, toute la compagnie descendit dans le
parc après déjeûner, et dirigeai promena
de vers le plateau qui domine !à vallée de
l'Oise. Madame de Beau fort seule était restée
au château, afin d'y maintenir cel ordre dont
elle avait l'habitude et la passion. Trop vif
pour régler son pas sur celui de ; sa femme,
Courténay. prit les devans, suivi, de l'onclo
-Séverin , tandis'que le prince restait avec
Adrienne et marchait à ses côtés d'une al
lure lente et pleine de ménagemens.,Ghez
l'un et l'autre régnait pette disposition à
la rêverie qui se refùse à un entretien suivi;
et n'admet qu'un échange rapide c'e pensées.
La jeune femme" songeait aux blessures de
son cœùr ;"le prince, étudiait les lieux avec
une curiosité inquiète. Tout à coup Adrien
ne le vil s'arrêter et désigner du doigtun es
pace découvert ; ménagé au sein du taillis :
— Ici ! dit-il avec expression.
C'était la place où, pendant lès ardeurs de
la saison, la jeûne mère venait passer une
partie de ses journées, avec un livre en main
et près du ber.ceau de son enfant. Ce mot, ce
geste du. prince, rapprochés du lieu - qu'il
indiquait, étaient ' un appel si pressant aux
Souvénirsd 'Adrienue, qu'elle y répondit pres
que involontairement pat" un g -'Sto et un
mot non moins décisifs :
— Là! dit-elle, en montrant le taillis où
elle- avait aperçu l'apparition.
Des deux côtés il se fit un silence, comme
si chacun eût, craint d'en avoir trop dit. De
la part du prince, c'était un aveu ;~de Japart
d'Adrienne, une soi le de complicité. Aussi
ramena-t-elle les choses sur un terrain moins
brûlant : '
Prince, dit-elle avec un soùr.ire où la
grâce S3 mêlait à llronie, à" qupi bon ces
mystères, (între amis surtout?
. —II. est vrai, Madame, répondit-il d'an
accent pénétré. J'ai voulu vous épargner un
embarras et j'en ai fait naître d'au ires. Par
donnez-moi et plaignez-moi. Dieu ! si vous
. saviez ! C'est une triste histoire que la mien
ne, el tout s'y lie. Pourquoi vous en aurais-
,je fatiguée? • ■
— Et pourquoi pi ' re^nt \drienne d'un
' Ion enjoué. Vous.me -rendriez curieuse, én
vérité. . • ' .'
. — Madame, répliqua le prince avec gravie-
té, ire le prenez pas ainsi, je vous en conju
re. Maintenant que mon, secret ni'est échap
pé, il faut que vous le Connaissiez tout en--
-lier. Je ne puis pas quitter.ee château en
laissant de moi une opinion équivoque. Non,
plus dé nuage entre nous; tout doit s'éclair j
cir. .Mais, de grâce, soyez compatissante
pour" moi, . ■ ' '
— Mon Dieu ! nè le suis-je pas ? dit Adrien
ne, touchée' de cet accent. Ce serait alors à
moqi insu. Parlez, prince. Les gens qui souf
frent savent- compatir aux douleurs d'au-
trui. Je vous écoute, certaine que vous ne
me . direz rien que je ne puisse écouter.
-Paritz. . • ' ^ . ,
— Eh bien 1 Madame, je commence. lime
faudra remonter un peu loin dans ma vie,
''autrement vous me'connaîtriez; mal. Mais
nous avons le temps. Nos amis sont loin et
• ' l'avenue est longue. Ecoutez-moi donc.
, Et il eommença le récit suivant :
« J'appartiens, Madame Courtenav, à l'une
des grandes familles de Ja Pologne prussien
ne , et suis le dernier héritier d'un nom qui
iigura dans toutes les batailles décisivo.3 de
la chrétienté* s'illustra sous les Jagellons et
délivra-Vienne avec Sobieski. Notre famille
a eu tons'les genres d'éclat • elle a touché à
la main*de justice, à la pourpre tet au scep
tre. Il fut un temps oùses domaines égalaient
ceux d'un roi,/et où, pour en faire le tour,
il ne fallait pas moins de deux révolutions
de soleil, Nous sommes bien'déduis aujour
d'hui de cés grandeurs ; les charges de la
guerre ont- bien réduit mon patrimoine, et
pourtant-il me reste encore, dans le grand-
duché de Posen, le long des rives 4e la
Proszoa, assez- de villages et assez de vas
saux pour n'avoir rien à envier aux hommes
les plus favorisés" de la fortune. - '
«La portion delà Pologne dans laquelle
je suis né, est une de celles qui furent li
vrées, vers la fin du dernier siècle, aux deux
puissances voisines, à la suite d'un partage
lionteux.Comme laGallicie échut à l'Autriche,
le grand-duclié de Posen échut à,la Prusse. On
eut la prétention, Madame, de nous faire,
naître Prussiens ou Autrichiens, nous tous
que l'honneur du sang, les gloires de famille
rattachaient invinciblement à la patrie com
mune. Ce fut une prétention vaine et on lë vit
bien;oar toutes les fois que cette glorieuse
mère fit un appel à nos bras, il n'y eut pas,
en-deç4 ou au-delà de la Warlha, en-deçà ou
au-delà des monts Karpathes, un seul de ses
enfans qui n'y répondît Nous étions tous
Polonais, ce jouf-là,- malgré notre origine
imposée et nos nationalités d'emprunt; nous
avions-tous un sabre et un cheval prêts pour
le combat, et des paysans armés de faulx dis
posés* à no us s u i v r e i Les membres dépecés
de la Pologne s'agitaient, dans ces grandes
occasions, comme les.tronçons d'un même
corps s'agitent pour se rejoindre.^
» Aimer notre patrie, voilà quel fui notre
plus beau'titre, après son avilissement; Mon
Dieu! je sais bien tout ce qu'on peut dire
contre elle. Je sais ce que nos institutions
avaient de mobile et de vicieux ; je sais qu'on
y trouvait la force d'empêcher plutôt que
celle d'agir ; je sais .que le repos du pays
était en bulle aux assauts des factions et
que sa prospérité souffrait de nos inter
minables querelles ; je sais ce qui se passait
dans nos diètes et quel spectacle elles of
fraient, les ambitions des un^, les intrigues
des autres, l'impuissance de tous, plus de
mots que défaits, plus de bruit que d'action,
des conibats d'influence au lieu de concert ;
des coteries, au lieu de gouvernement et,
par-dessus tout, la violence et la menace ef
frayant le gros de la nation et' la poussant
vers le despotisme. Je sais tout cela, Madame,
et j'en déplore l'excès; Dieu megarde d'en dé
sirer le retour dans les mêmes termes:-mais 1
c'était une" vie libre du" moins; c'était la di
gnité de chacun et l'honneur de tous, et
j'aime. Aïeux- encore, avec un auteur air-
cie'n, la liberté accompagnée de quelque pé
ril, que la sécuritéachètéeau prix-d'une dé
chéance. • '. ;
» Voilà ce que je suis et dans quels senli-
mens j'ai grandi. Mon éducation fut simple
et rustique; mes premières années s'écoulè
rent dans le château de mes aïeux, sousdçs
yeux et la conduite d'un précepteur. A douze
ans j'étais déjà un intrépide écuyer forçant
le cerf comme un veneur, et sachant manier ~
un bois de lance ; tous les gentilshommes de
nos contrées préludent ainsi; ce sont des
instincts et des devoirs de race. Nous som
mes encore les Slaves'des anciens jours, ne
sachant vivre qu'à cheval et lo sabre au
poing. Cependant rien ne fut négligé pour
la culture de mon esprit, et l'université'de
Breslau dégrossit ce que ma première édu
cation avait de trop rude. Lorsque j'en revins
à vingt-cinq ans, j'avais la tête meublée de
l'érudition familière aux docteurs-aliemandî-V
et de cette philosophie subtile, où s'égare si
Volontiers leur pensée. " «
» Je passe, Madame, sur quelques annérs
de ma vie. Qu'en dirai-je, en effet? Qu'esVce
que l'existence d'un seigneur campagnard
partagée entre le soin de ses terres et les exer
cices- violens? La guerre seule aurait pu en
rompre l'uniformité mais où retrouver nos :
guerres d'autrefois? Où retrouver même ces
campagnes plus récentes dans lesquelles" l'ai-
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