Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-04-08
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32747578p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 124053 Nombre total de vues : 124053
Description : 08 avril 1852 08 avril 1852
Description : 1852/04/08 (Numéro 99). 1852/04/08 (Numéro 99).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6696157
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUMÉRO 99.
BUREASi : rue de Vafotê (Palal*-Royal), u* ÎO?
B 1852.—JEUDI 8 AVRIL.
,»UtOB. I.'A.BOHMEEIBMTÎ
TARIS.... . .*, <13 F. PÂfc TBÏMESrai.
t *À&TKMBHS. 16 F. —
t- UN NOdÉRO : aO CENTIMES.
(on us r*n tnuKGBM , sa reporter
An tableau qui' sera publié dans ie {oumali
let l#et i& de ckaque moisj
<. Iudmmmuu datent du l« et lt .'
, - ' dtcfutqutvtoù,
■jF*dmser,trmco,pout'la rédactùMjâlU. C ucseval- C lxiugn^
1 . / ' Le«.artioles 4ipoMs ne «ont pas rendus;
• +
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNITEItSEL.
= -, - ' '-I . .
r en chef. I- O* s 'abonne, dont la dëpart'emms, aux Messagerie», et ( ru îfeettimi de poste. ~A «Londres, c hex MM» Com etjntsf
| .r— Â Strasbourg,chez to.*AMX*]fî>v& r rKW l'Allemagne. i"
I
S'adresser, franco; pour l'wimnistrationi d Mi DERAlN, directe*?.
Les annonces sont remues au bureau du journal; et x>fce*M,PAKIS,. régisseur, to.jlaoedôla
: PARIS, 1 AYtt.lL».
M U PROTESTATION
de» (fcla,dépalÉM»déml^»iBn«^tre»,
Tout en croyant digue de quelques remar
ques-la; lettre collective par laquelle MM. le
général Cayaignac, Carnot et Hénon, nom
més au corps législatif, à Paris et à Lyon, ont
refusé de prêter serment,: nous n'avons pas
trouvé l'événement a?sez gros.pour devoir
mettre une li^te extrême a l'examiner. La
cause de la société est - si grande, et celle
des vanités et des rancunes personnelles si
petite.; que les hommes/ qui, se préfèrent,
au repos-et au salutde tous font aujourd'hui
peu dë bruit, et éxcitent peu d'intérêt. Nous
allons .donc, si le lecteur le.veut bien, causer
un instant à loisir, de; celte protestation,
qui avait produit son-principal effet avant
de paraître, et qui avait; été beaucoup plus
le" but. de. cettgj triple élection socialiçtq,
qu'elle n'ena êté le résultat. : . ..
Yoiei d'abord et textuellement, tout l'éclat
que le terrorisme et le socialisme, chassés par
la France entière des affaires publiques, où
ils.s!«taient introduits.par surprise, ont pu
produire en se retirant :
1 « Monsieur le président,
» Les électeurs* de Paris et^de Lyon sont
venus nous chercher dans la retraite ou dans
l'exil: y
ï Nous les. remercions d'avoir pensé que
nos noms protestaient d'eux-mêmes contre
la destruction des. libertés- publiques et les
rigueurs de "l'arbitraire. •
» Mais nous, n'admettons pas qu'Us aient
voulu nous envoyer siéger dans un corps
législatif dont les pouvoirs ne s'étendent pas
jusqu'à réparer les ' violations dii droit.
» Nous -repoussons la théorie immorale des
ré&eences et des arrière-pensées, : et nous
refusons le serment exigé à l'entrée du corps
législatif. "
»l Nous vous prions, Monsieur le président,
de*vouloir bien donner à l'Assemblée, con
naissance de cette déclàraûon.
» ; Paris, 29 mars 1832. .
«Signé: Général C avaignac, C abnot, H énon.»
D'abord, c'est un spectacle curieux de voir
ce-que sont devenus ces maîtres de la ^Tan
ce. Ils étaient nombreux, fiers, menaçans;
ils prétendaient tout refaire, gouvernement,
iois, religion, morale ; ils se disaient les re
présentons et les vengeurs du peuple; ils.,
disposaient du présent et s'arrogeaient l'a-
venîr.' , Tbût d'un coup, on leur ôté leur uni
que moyen, de succès, la hâblerie et. la, ter
reur ; on les oblige à se présenter devant plus
dehuit millions d'électeurs, comme tout le.
monde, sans clubs, sans comités, sans ■ me^,
naces; ils désignent leurs candidats, le gou
vernement désigne les siens,— et-cfes maîtres
de la France sortent du scrutin au nombre
de TSotéJ
Et encore,c'est à peine s'ils en sortent j car
M. Carno t et M. Hénon ont été forcés d'y re
venir àdeux fois, pourobtenir, comme M. le
général Cayaignac, des^majorités de portion
congrue/On peut être content d'un tel suc
cès; il serait difficile d'en être ïîer. Et si l'on
songe que le socialisme-et le terrorisme, na
guère si puissans et si menaçans,, unanime
ment repoussés par les électeurs, des cam
pagnes, n'ont remporté, à Paris, et à Lyon,
ce»-- 4 deux grands repaires de ia démagogie,
que trois victoires plus que modestes, dont
dont deux après ballotage, on reconnaîtra-
que., la.,recette ; contre le socialisme el contre
le itrroyisme est trouvée: — c'est de,né te-
nir aucun compte dé leurs menaces, et de.
marcher droit à eux sans pâlir.
Sou§ le bénéfice de ces .réflexions générales...
et rapides, venons maintenant à. la protesta?,
tion. \ ■ i . ■ --
Les trois honorables démissionnaires com
mencent par constater que les Electeurs de
Paris et de Zyon sont allés les chercher dans
ia. retraite ou dans l'exil. Nous'savons déjà
que ces Electeurs de Paris et de Lyon se ré
duisent aune majorité presque dérisoire,dans
deux des neuf circonscriptions de Paris, et
dans une dès quatre circonscriptions de
Lyon. Quant au pieux empressement de ces
électeurs, allant chercher des candidats
dans la retraite, le public, fort déniaisé par
soixante aus de révolution, sait à* quoi s'en
tenir à cet égard ; et il n'ignorepas comment
ces petites comédies, montées par quelques
amis, et jouées par quelques comparses, ont
pour premiers confidens ceux-là même qui
en acceptent le dénoûment avec tant de mo
destie. 4
Quant à cet exil, d'où ces nouveaux Ca
mille auraient été rappelés par les cris
delà patrie en deuil, le public aura peut-
être peine à l'admettre. M. le général Ca
vaignac passe pour jouir d'une charmante,
retraite domestique ; M. Hénon, Hippo-
crate lyonnais , - tâtait fort librement le-
pouls de la Croix-Rousse; et,M. Carnot,j au
quel le gouvernement n'avait nullement son- ;
gé, goûtait les plaisirs de la villégiature en
Allemagne. De tels exils seraient enviés par
bien des gens qui, à. ce prix là, se proscri
raient eux-mêmes.
- 'Ce qui suit est un peu plus grave,"eTveuiT
être littéralement reproduit :
"« Nous remercions les électeurs, disent les
honorables démissionnaires, d'avoir pensé?
que nos noms protestaient d'eux-mêmes con
tré la destruction des libertés publiques et,
les rigueurs de l'arbitraire. »
Nous ne comprenons pas, et personne ne
comprendra comment les noms de M. le gé
néral Cavaignac et.de M*. Carnot seraient une
protestation contre la destruction des liber
tés publiques et contre les rigueurs de l'ar
bitraire. ' ,
En 1848. existait en France, depuis dix-
huit années,un gouvernement régulier. Deux
principes seuls pouvaient contester la légiti
mité de ce. gouvernement : le principe de
l'hérédité monarchique, et lç principe du
suffrage universel. Le'premier principe pou
vait reprocher au régime de juillet de s'être
établi au mépris de l'a tradition héréditaire;
le second pouvait lui reprocher de-s'être
établi au mépris du suffrage de tous. Le seul
principe qui n'eût le droit d'adresser aucun
reproche au régime de juillet, c'est pelui qui
a prévalu le 24 février 1848, car l'un et l'au
tre sont sortis d'une conspiration, d'une sur
prise, et d'uiïè émeute de Paris; et si l'on
est fondé à se faire le procès, ce n'est pas de
barricade à barricade. '
s Le pouvoir .dont M : . le général Cayaignac
s'est vu le chei, momentanément et par ha
sard, a donc été un pouvoir usurpé sur le
pays, ^essentiellement destructeur de%li
bertés publiques, 11 a eu pour lui le fait, ja
mais le droit. 11 seraitmême souverainement
inj nste de ne pas l'aire observer, à l'avantage du '
gouvernemenlde juillet,que s'il fut proclamé
par la chambre des députés, quoique ce
corps n'eût aucune mission pour accomplir
une œuvre aussi considérable, il représentait
autrement le pays que ce ramas de clubistes,
sortis des cabarets des barrièresypour.impo
ser la République aux pâles avocats légifé
rant et mourant de peur ,à l'Hôtel-dè-Ville.
; Ce n'est donc pas à M. le général Cavai-
gpaC à parler des libertés publiques, sur la
rpne desquelles spn pouvoir s'était élevé; et
pour ce qui est de protester contre les ri
gueurs dé l'arbitraire , cela est étrange dans la
tlotfche d'un homme, qui, au flom d'une
dictature de sa façon, dépourvue de toute
sanction nationale, déporta quatorze mille
hommes sans jugement, suspendit^ sup
prima dix-huit journaux,- et tint, vingt-sept
jours, M. 'de Girardin au secret.
: ,On peut avoir oyblié qu'on a foulé la ; di-i
gnité et la liberté d'un pays sous sa botte; .
mais on.ne méritepasd'êtreprisaq Sérieux,™
lorsqu'on vient ensuite prendre devant ce pays,'
des airs de protecteur et de vengeur. Le jour
où Danton, saoulé de sang hûmain, voulut]
se mêler de prêcher la clémence, Sàint-Just •
lui répondit : Le Crocodile pleure aussi 1 f
• « Nous n'admettons pas, continuent les'
honorables signataires , que les. électeurs
aient voulu nous envoyer siéger dans un
corps législatif dont les pouvoirs ne s'éten»-
dent pas jusqu'à réparfer les violations, dtji
droit. » - , |
Cette déclaration, prise à la.lettre, dénol
terait dans .l'esprit des électeurs, comm dans celui des candidats, un médiocre rcs-|
pect pour cé même droit,, dont on regretté;
de ne pouvoir réparer la violation. ..-s
Assurément, M. le général Cavaignac, M.
Carnot et M. Hénon n'ont pas été élus sans j
l 'avoir voulu, ou tout au moins sans l'avoir j
accepté. A l'époque oùles élections ont eu'lieùV j
la Constitution était depuis , longtemps pro- !
mulguée.Ceux qui ont brigué ou accepté uûe '
candidature, savaient ce qu'ils faisaient, où j
ils allaient et ce qu'ils sanctionnaient; et si
M. le général Cavaignac, M. Carnet, et M.,
Hénon n'entendaient pas siéger au corps F
législatif, où ils se laissaient élire, c'était 4 ,
^donc^ûne comédig,.qu'ils^jouaifiiit^_eli ïine > .
IjroùTstation qu'ils se ménageaient. Or, con
tre quoi et contre qui voulaient-ils pro
tester 1 — Contre des institutions librement
et régulièrement acceptées par la France en
tière, et contre un chef d'Etat élu par huit
millions de citoyens. Si de tels pouvoirs po- -
litiques n'ont pas le droit pour eux, le droit
n'existe pas! •
On prend bien mal son temps, pour souf? '
fier l'esprit de désordre et pour conseiller
le mépris de? pouvoirs publics.; ce n'est pas
quand on sort de laplus effroyable anarchie;
quand on sauve ses biens, sa famille, sa
croyance, sa tête,de l'abîme déjà béant, qu'on
peut espérer de populariser les révolutions.
M; le général Cavaignac, M: Carnot et leurs
amis ne paraissent pas comprendre de quelle
vieille défroque ils sont.vêtus, etquelle langue
surannée ils parlent- : ils peuvent avoir oublié
le mal qu'ils ont fait;- mais la France a le
droit et le devoir de s'en souvenir ; etjc'est ,
bien assez qu'elle le pardonne 1
A. GRANIER DE CASSAGNAC.
DEUX PROCES.
Pour bien juger le socialisme révolution
naire, il ne faut pas seul'ement le voirX"
l'œuvre sur la place publique, au milieu des
émeutes et des barricades ; il faut l'étudier
aux prises avec les sentimens intimes et '
profonds, qui sont l'honneur, la consolation
la force de l'ame humaine , et qui, ont, été
partout et toujours la pierre angulaire de
toutes les' sociétés; Nous voulons parler',
on le devine sans peine; des sentimens.de
façiille , qui survivent d'ordinaire à tous .lès
autres dans les cœurs les plus endurcis -et
qui sont en quelque sQrte le caractère dé
finitif, le cachet et le sceau dé l'huma
nité. De tout temps, en effet, le poids des
passions mauvaises a entraîné des mal
heureux, à de grands crimes.; la cupidité,
l'ambition , l'envie , la colère, la luxure,
tous .ces fermens redoutables qui remuent
l'homme si violemment, ont, à toutes
les. époques, enfanté des actes odieux, con
damnés par les lois, et punis .exemplaire-
mént par la vindicte publique ; mais enfin,
on n'avait point encore vu, "au grand jour
des débats judiciaires, des doctrines funes
tes pervertir des affections qui sont, en gé
néral, la dernière citadelle de lamoralité hu
maine. Deux procès^récens nous ont montré
cq . trjst^sp.çct?cle.;Dans, ces affaires mé-
I morafeleg, qui (Serviront, il faut l'espérer^
d'enseignement, aux plus j incrédules, on. a,
pi! apprécier l'action ,dn socialisme révo-
^lâljonnaire sîur deux .sentimens de fa-
Emilie auâsï "forts, aussi impérieux que des
instincts, et égàlèmeat saints et respectables
aux yeux dç la morale et de la, religion :
l'amour d'une femme pour son mari, pour
"le compagnon de son existence, pour le père
de ses enfans, et la pitié d'un fils pour sa
mère« pour celle qui l'a nourri, élevé, com-
blé de soins, et de tendresse.
Qu'on se rappelle le drame lamentable qui
s'est déroulé devant' la "cour d'assises de la
Nièvre, et dont nous avons publié le récit le
23 février.Sur le bancfatal s'asseyaitla femme
Fleury, d'une physionomie douce et noble,
jeune encore, en vêtemeusj de deuil, ayant
sur le visage l'empreinte de laplus navrante
tristesse. Cette femme; cette ipère de famille,
dont la vie était irréprochable, et. qui avait
dans son village un haut renom de bonté et
de" vertu, elle avait, tué son mari. Par quel
prodige ce meurtre pouvait-il* s'expliquer ?'
; C'était un excellent ménage : lafemme, d'un,
caractère, ferme et décidé, mais attachée à
ses. devoirs, bonne, épouse, bonne mère;
l'homme, honnête, laborieux; plein d'amé
nité. Un soir; Fléury a la faiblesse de suivre
dans un conciliabule de cabaret , un apôtre,
du socialisme révolutionnaire^ Là,, on. lui
^-i^q4iejles jeux;-on l'initie,, aux doctrines,
^des sociétés secrètes, onluifait répétera trois
reprises différentes d'exécrables sermens. A
partir de cette heure, ce n'est plus le même
homme : il rentréau logis, sombre, taciturne,
rêyeur. Safemme, avertie par sa sœur, l'inter?
roge : « Lst-il vrai que tu sois avec les rou
ges?^-Non,» répond-il, et elle le croit. Mais
le-lendemain, à la fontaine, des laveuses ra
contant de nouveau à- la femme Flèury là,
scène du cabaret, lui redisent , que . son mari
fait partie des sociétés secrètes, qu'il a juré
dé l'abandonner au premier signal, elle et ses
enfans. La malheureuse regagne sa demeure
: le cœur brisé. Le soir, pendant le souper,
en présence dé leur enfant , elle repro
che à Fleury d'avoir prêté serment de
tout sacrifier aux rouges* tout, sa femme,
son enfant, même son père et sa mère. —
«Eh bien! oui, c'est vrai, s'écrie le mari, après
quelques dénégations, j'ai juré de tout sacri
fier pour la cause du peuple. Je quitterai ma
femme et mon enfant ; je renoncerai à mon
père et à ma-mère. — Aurais-tu fait une
chose semblable? Dis-le encore, as-tu fait
cela? — Oui, oui; j'ai jûré sur ma conscien!-;
ce de tojit quitter au premier appel. — Oh !.
; puisqu'il en est ainsi, ma vie et la tienne ne
sbfirrfeûrrËi alors la "femme, là tête per
due, frappa à la cuisse, d'un couteau qu'el
le tenait, son malheureux. camarade, çomr
nie elle l'appelait plus tard dans son naïf
langage, durant les débats. La pointe acérée
fit une blessure peu profonde ; mais elle avait
rencontré l'artère crurale, et la plaie a été
mortelle. On sait quellé a été la douleur,, lés
cris, les sanglots de la : femme< Fleury après ,
cet effroyable coup. Le jury l'a acquittée. •
L'autre procès est d*hièr. C'est l'affaire de,
Richer, de Valence. Avant d'appartenir aux
sociétés secrètes corps et ame, Richer était
! un.ouvrier honnête et"un bon fils.' Il entre
dans les sociétés secrètes il devient ivro
gne, débauché, paresseux, et, dans un accès
de frénésie, il assassine sa mère. Le 7 décem
bre avait été désigné à Valence pour la levée
de boucliers, des phalanges socialistes. Ri
cher, prévenuy attendait le signal pour des-
eendre dans la rue et pour agir. Le mouve
ment est contremandé, Richer revient chez
lui en proie à une sorte d'hallucination fu-
' rieuse. Il s'imagine que si l'insurrection a
manqué, c'est que sa, mère a surpris son
; seçret, et l'a livré à l'autorité. Sa. mère lui
parle avec bonté : sa ragé augmente. Elle
lui offre des soins .- il lesjepousse avec indi-
jgnation.EHe lui présente un breuvage : il se
figure qu'elle veut l'empoisonner. Elle lui
fait entendre de douces et bonnes paro-
les, ^lle -l-'invitft à renoncer à la politi-'
que, à reprendre, ses habitudes de tra
vail : il ne voit dans tout cela qu'une dé
testable hypocrisie. Enfin, au moment où
elle s'approche de lui pour l'embrasser, il se ;
précipite sur eljie, lui porte treize coups. de
stylet, sur la tête, sur les bras," sur le cou, sur
le sein, la poursuit jusquedans l'escalier pour
l'achever, la'terrasse, la foule aux pieds;
toute baignée de sang, et quand il est arrêté;
et conduit en .prison, n'exprime qu'un re-
gret; celui de n'avoir puiui arracher com
plètement la vie. r Voilà ce procès, dont on
peut lire les détails dans notre compte-rendu
des tribunaux , et qui s'est terminé par une
sentence de mort contre le parricide.
Assurément de tels faits parlent plus haut
que tous les discours. On ne saurait trojiver
ùne réfutation plus éloquente des., théories
anti-sociales. On ; ne saurait prouver par
des argumens pius péremptoires les dan
gers des sociétés secrètes. Aux rhéteurs
qui ne voient dans' lès doctrines et dans
les actes du parti rouge que des spécula
tions .innocentes, ou que les manifestations
de l'énergie. révolutionnaire, on pourra
toujours répondre : « Méditez la leçon que
vous donnent de semblables procès; voyéz
£a«qufedevieanÊnt- les sentimenB d&iainille
sous l'infiueuce du socialisme, et apprenez
à juger l'arbre.par ses fruits ! » 1
H enry. C auvaii».
Parmi les rentiers qui ont réclamé leur
remboursement, il y en a qui paraissent fort
embarrassés de. l'emploi de leurs fonds. Un
certain nombre, au moment de toucher leur
argent, interrogent les agens du trésor,pour
savoir s'ils ne pourraient pas renoncer au
remboursement ;• sur la" réponse affirma
tive qui leur est faite, ils déclarent retirer
leur demande , et ils se-soumettent' à la
conversion. D'autres; sans sortir dù mi
nistère des finances, vont placer, leur ar
gent en. bons, du trésor, à. un . intérêt
moitié moindre de celui qu'ils ont refusé,
et l'affluence; est telle au biseau , chargé
de l'émission de ces bons, qu'on a dû
le laisser ouvert jusqu'à quatre heures au
lieut de deux; D'autres ' enfin' prennent le
chemin de la caisse des retraites, qui voit les
versemens s'accroître dans une notable pro
portion. L. BON1FACE.
Une dépêche télégraphique a fait connaître
hier la mort du prince de Schwartzenberg,
frappé, "le 5 dé ce mois, d'une attaqué d'apo
plexie toudroyante : il a succombé lundi, à
six heures du soir.
Depuis quelque temps ou parlait de l'état
défavorable de la santé du prince, mais, il
avait voulu donner lui-même à ces bruits un
démenti en se montrant au Pirater à cheval,
il y apeu de jours. i' , r ,.
: Le prince Félix, de Schwartzenberg, frère.
!)uîné du prince Jean de .Schwartzenberg,
andgrave de Kleggan et duc de Rruman, et
^du prince Frédéric, f rince-archevêque i de
Prague, était né lé2 octobre 1800. Il occupait
dans l'armée autrichienne le grade de feld-
marèchal-lièutenant et propriétaire du 21*
régiment d'infanterie; à la cour il avait la
dignité de chambellan impérial et royal; A
son arrivée à là présidence du conseil, il fut
fait conseiller intime. r
La révolution. de 1848 le trouva envoyé
extraordinaire et ministre plénipotentiaire à
Naples. -,
i On se rappelle dans quelles circonstances
il pritle21 novembre 1848 la présidencedu
conseil et la direction du ministère des affai
res étrangères. Vienne était à 1 peine rentré
au pouvoir des troupes impériales, l'Italie
était en feu et presque perdue, les armées
hongrpises n'étaient séparées dé la capitale
qi;e de quelques lieues, et menaçaient 011-
mutzoù là cour, s'était réfugiée, à peu d'heu
res de marche de Prague, deux foi3 soulevée
et-en état de siège. La campagne de Hongrie;
la seconde campagne d'Italie y l'organisation
(politique, et administrative des; provinces,
ionterventiim en Hesse et dans le Holstein,
fies -congrès et • conférences dé Dresde,. de,
; Francfort.et de Vienne, le rétablissement de :
la diète germanique, tels sont les principaux
fàits 'qm ont signalé l'administration du!
prince Félix de Schwartzenberg, ~
Par l'aménité de ses manières, par sa mo
dération, il a puissamment contribué, après
le. triomphe des armées impériales, à guérir
les plaies profondes de cette longue guerre,
à-rasseoir le trône et à concilier les partis et .
les nationalités dont les haines semblaient in .'
conciliableg. et menaçaient l'existence même f
de la monarchie. . .
1 La mort l'a ffagpéjaùt moment où il était
occupé, de-concert .avec ses .collègues et le
conseil-d'Etat,>à . préparer l'organisation dé- ;
finilive de là monarchie, devenue nécessaire
par la suppression de là Constitution, du 4
mars 1849: On ne.sait pa? à qui échoira la
grande tâche de diriger les affaires de l'em
pire après là mort du prince ; mais les pro
babilités sont que, le poste de premier minis-
treseraconférésoitau baron deKrbëck, prési ;
dentactuel du conseildel'Empire, soitau com : .
teThun-Hohenstein, président delà diète de
Francfort. Les autres nommes d'Etat dont.il
a été quelquefois question pour remplacer, le.,
prinçe de Schwartzenberg, sont le comte '
Hârtig, ajicien ; ministre d'Etat; le, : comte
Buol-Schauenstein; ambassadeur à.Londres
et à Saint-Pétersbourg, et enfin, M. de-Bach,
ministre actuel de l'intérieur. Denajn .
- .. DEPECHE TÉLÉGRAPHIQUE.
, „l,MaoLridùieJ*Yra..
On vient de publier un décret du gouver
nement réglant radicalement la presse. En
voici les les bases fondamentales : garantie
dé 2,000. réaux.. de contribution' imposée
aux....' des journaux; censure préventive
pour les éerits sur la religion, les pays d'ou
tre-mer et les nouvelles; jury composé des
S lus forts-contribuables pour les principaux
êlits de presse, tribunal suprême de justice
pour les délits contre Sa Majesté, le roi, la
société et la sûreté de l'Etat ; tribunaux or
dinaires pour les autres délits ; le gouverne
ment peut suspendre et supprimer les jour
naux;: -
M. Blondel; aujourd'hui directeur d£s can-
tributions directes au ministère "des finta- -
ces, est nommé directeur de l'administration
des forêts, en remplacement de M. Legrand,
nommé conseiller d'Etat.
Le Mémorial bordelais parle en ces termes
de la mission du colonel Espinassé :
« Cet officier supérieur n'a fait dans notre -ville
qu'un très court séjour, pendant lequel il s'est
transporté au sein de la commission mixte. Si
nous sommes bien informés, il paraîtrait que M.
le colonel Espinassé aurait exprimé le désir qu'à
son T retour il lui fût présenté un travail nouveau,
d'après lequel il statuerait, en vertu des pouvoirs
qui lui ont été conférés, sur des commutations de
peines, ê'il y avait lieu.
» En quittant Bordeaux, l'aide-de-camp du Pré
sident de la République s'est rendu à Agen. (Nous
avons rapporté, d'après le Journal de Lot-el-Ga-
ronne, quelles, commutations de. peine il avait ac
cordées.) , J ■ -
i » A l'heure où nous écrivons,-Mi le colonel Es-
pinasse doit, être,., arrivé dans le département de
l'Hérault," faut principal.de son .voyage. Vendredi
il est passéàToulouae, où il n'a séjourné que quel
ques heures.
; » No.ul rendrons compte,, dans notre prochain
numéro,,.et à mesuré que les nouvelles nous par
viendront, des modifications oui auront été appor
tées dans l'Hérault et dans l'Aude âu sort des in
surgés condamnés par ' décision des commissions
mixtes de ces département» -
NOUVELLES ÉTRANGÈRES.
~ ANGLETERRE.
CHAMBRE BBS COMMUNES. — Séance du 6 avril
s Le président occupe le fauteuil' à quatre heures.
Sur ; la motion.faite par M. A. Mackenzie, la
chambre d&lare que lorsque séance sera levée, el
le s'ajournera au 13 avril.
Mi Adderleu. —Je demanderai àu ministère-s'il ;
peut'donner des renseignem'ens à la chambre sur
ta perte du bateau à vapeur le Birkenhead, et sur '
les*causes de cette,perte; et -si les dernières nou
velles du théâtre de la guerre au Cap, peuvent
faire espérer que ce que le noble lord J . Russeli a
appelé le système humain de défense dé la colonie, '
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL, 8 AVR.
LA VUE A REBOURS
iRMAUD.
SECOND .VOLUME.
' XIIL
LES 3-LitSiaS TtXS CHATEAU.
Ce séjoûrau château des-Ageûx fut, pour
Armand' Courteriay, un, moment de calme
entre deux tempêtes. Au souffle des passions^
aux agitâtioss des sens succédèrent un apai-
sBeihënt et une sérénité que jusqu 'alors' il
n'âVait point coiinus, et qui eurent pour lui
le charme; dé la nouveauté. Rien ne vaut la
nature pour dé tels Jeteurs ; il y a en elle un
principe ! sain et fortifiant, où le corps se re
trempe, où l'ame se guérit. Sous l'influence
d'un régime régulier et d'une atmosphère ré
paratrice, le convalescent reprit des forces à
^nie'd'oeil, tandis que son esprit se dégageait
des tristes souvenirs et des émotions violen
tes d'une existence pleine d'éclats. Il s'éton
nait lui-même de trouver tant de bien-être
dans'le repos, d'y prendre^goût, de s'y
plaire, comme le voyageur échappé aux sa
bles Se plaît aux eaux delà source et à l'om
bré du palmier. ;
L 'une des joies les plds vraies qu'il éprou-
va'fut sa rentrée dans la vie de famille; de
puis longtemps il enflait sevré • il èn jouit
* La reproduction est interdite.
lasser d'admirer son enfant, ni se rassasier
de ses caresses; il se mêlait à ses jeux, cou
rait avec elle dans le parc, riait de ses airs
mutins et obéissait à toutes ses fantaisies.
'Quant à' Adrienne, ce fat presque unedécou-
verte pour lui; il en*était émerveillé et sen
tait à son aspect ses amours refleurir. Cha
cune de ses gràceslc frappait comme s'iU'eût
aperçue pour la première fois ; il ne s'était
pas imaginé avoir une femme si accomplie.
Souvent, dans sa pensée, il s'éleva d'involon
taires rapprochemens dont la pudeur d'A-
drienne; eût' été offensée , mais qui n'en
étaient pas moins pour elle un triomphe de
plus. Il se reprochait alors de l'avoir mé
connue et se promettait bien de neplus l'ex-
: poser désormais à un si cruel délaissement.
Il était sincère en cela ; sincère, la jeunesse
l'est toujours ; mais ses résolutions sont si
fragiles !
Adrienne n'avait ni de ces défaillances, ni
de ces retours; son amour ressemblait à ces
beaux lacs que des remparts naturels mettent
à l'abri du vent ; il .était uni, limpide et pro
fond; jusqu'alors rien n'en avait troublé 1
surface. La présence d'Armand était une fête
pour son cœur, et pourtant sa joie avait un
'caractère discret et recueilli; à peine en
voyait-on les reflets sur sa physionomie sou
riante. Elle portait son bonheur comme elle
avait porté son chagrin, avec une raison sûre
et éprouvée, qui connaît la vraie limite et se
' défend de l'excès. Ce n'était pasde la froideur,
c'était, au contraire, une ardeur contenue et
plus durable à ce titre même. U est des sen
timens qui ont la faculté de vivre de leur
propre fonds, indépendamment, du retour
qu'ils obtiennent. Celui qu'éprouvait Adrien
ne avait ce caractère-là, il s'alimentait seul
et durait par s& propre 'substance. Les aines
chastes, les ames d'élite sont ainsi ; elles ne
se donnent qu'une fois et ne se détachent
plus dès qu'elles se. sont données.
' Cependant, si heureuse qu'elle fût du re
tour de. son mari, elle n'oubliait pas sès 4é-
voirs de châtelaine et faisait à ses hôtes les
honneurs des Ageux avec un tact et un goût
infinis. Pbur l'aider dans cette tâche, elle
avait songé à ta grand'mère et l'avait priée
avec instance dé: venir passer quelques se
maines au château. Madame de Beaufort y
résistait beaucoup et pouj plusieurs motifs :
le. premier était.l'ennui et l'einbaiTas des dé-
placemens qui devenaient de plus en plus
pénibles à mesure qu'elle avançait en âge ;
le second et le plus grave était la répugnance
extrême qifelle éprouvait à se retrouver en
présence d'Armand. Elle n'avait rien oublié
de leur dernière entrevue, de cette longue et
impuissante lutte qu'elle avait soutenue con
tre lui, et du mot fatal qu'elle avait prononcé
en le quittant. Sa dignité était presqu'engagée
dans'les menaces et les anathêmes échappés
dans un moment de colère; elle n'en vou
lait rien rabattre ni rien retirer. Aussi refu-
sa-t-elle par trois fois de se rendre à l'ap
pel d'Adriennne. Celles eut alors recours
à un dernier et infaillible moyen; elle se
rendit elle-même à Verberie;, pressa son
aïeule et si bien, qu'elle finit par l'emmener* .
dans sa, voiture Comment Mme de Beaufort
eût-elle persisté dans ses refus? Le seul mo
tif plausible était celui qu'elle ne pouvait
pas donner. Elle céda donc, mais en se pro
mettant de prendre sa revanche .vis-à-vis de
Courtenay, et de lui faire sentir : le poids de
ses rancunes.*
Tout le monde conspirait d'ailleurs pour,
épaissir les-, nuages autour d'Adrienne et la:<
maintenir dans, ses: illusions.; Ce duel, par
exemple, offrait un grave embarras. Il était
aussi difficile de le cacher que d'en raconter
les causes. Le cacher V Mais il y avait là blés-'-
sure apparente, convalescence et irai tement.
En-raconter les causes? Mais c'était donner
un échantillon - dè la vie d'Annandf - et sur
cet échantillon il devenait aisé d'en'juger
toute la trame. Que faire; i donc ? Hélas l
tromper, toujours tromper! A cette chaî-
ne de mensonges, chaque jour il.fallait
ajouter un anneau de plus. Le prince ne
pouvait ; s'y prêter ; la ; scène eut lieu entre
Armand et l'oncle Séverin, le premier comme
principal, engagé;- le second comme caution.
Armand commença une fable où il établit,
qh'il avait été provoqué sans motif et d'une
manière très grave ; il entra dans les détails j
précisa les circonstances; énuméra les inci-
dens, et, pour ajouter à l'effet, de temps en-
temps, il invoquait son témoin. —Dèmande
à l'oncle SéVerin, disait-il à sa femme. A quoi
celui-ci répondait par les mônosyllables ' les
plus expressifs que la langue pût lui fournir
ou par des mouvemens de tête si profonds
qu'ils équivalaient à ùne affirmation portée
à §adernière- puissance. Dix fois ce manège
se rénôuvela sans que le digne homme se
lassât d'être- garant des inventions de> sôn ;
neveu. Dès qu'Armand répétait : — Deman
de à l'oncle Séverin; le mot ou le gesteàl'ap-
pui ne se faisait pas attendre; La chose pas
sa ainsi sans objection, sans difficulté,, et il
faut ajouter qu'avec Adrienne, on aurait pu
s'en tirer à moins dé frais.
Ce n'était pas d'ailleurs la seule tribula-
tion qui fût réservée à l'oncle Séverin ; il
était écrit que ses plaisirs ne seraient jamais
sans mélange. Déjà le repos pesait à Courte^
n'ay ; le^ besoin d'agitation était inné chez-
lui i il pouvait changer d'objet, .mais non
s'éteindre. Quand il put se tenir à cheval, il
arrangea des chasses auxquelles il eonvia le
/prince et,l'oncle Séverin. .Celui-ci-;aurait
voulu, dans -> son, for • intérieur -, pouvoir
s'en'dispenser. Cinq heures de galop-à tra
vers" Champs,des fossés à franchir^ dës liè-
ivres à forcer, 'n'étaient pas une perspective
;à laquelle il s'abandonnât ' avec une gran
de tranquillité d'ame. Son nëveu aurait
Jpu-lui.proposer des distractions mieux as
sorties à son humeur et à ses goûts»-Mais,
d'un autre côté; un refus eût ressemblé à
trne abdication ; par ce seul fait, il se serait
'mis en dehors de la jeunesse; il: se serait
déclassé de: ses : mains. Or, plutôt que d'en ve--
nir là, 1e député était résolu à tout subir, à
tout risquer, même -une< chute: D'ailleurs il
avait dans ses valises-un habit de cheval, dont
il .attendait un merveilleux effet; c'était le cas-
d'en éblouir 'la- contrée:! Il- suivit dono les
«chasses de Courtenay avec l'ardeur : et l'en-
train d'un adolescent. Malheureusement Ta
souplesse de ses articulations n'était'pà» à la
hauteur de son zèle, et ses membres protes
tèrent plus d'une tfois contre l'abus qu'il en
faisait. En vain le soir, après ces rudes expé
ditions, cherchait-il à composer son. vigage,
en vain imitait-il ce Spartiate -qui se laissait
dévorer Vivant sans pousser, un cri dô dour
leur; mille détails* mille circonstances le
trahissaient : toute flexibilité manquait à Ses
mouvemens, et de quelque façon qu'il s'y
prit; jamais il ne pouvait s'asseoir en parfait
équilibre. ' ' .
- Il tint bon pourtant, le moral le soutenait.
L'idée qu'il eheminait de pair avec des hom
mes à la fleur de l'âge-était un baume pour
ses.muscles. ; endoloris. Il■ voyait d'ailleurs,.
avec une satisfactions mèlée- d'orgueil, l'as-,
cendant que prenait son habit de chevatsur
les populations environnantes; pas un cam
pagnard qqfcn'y jetât les: yeux, pas une-vil
lageoise qui ne le -montrât du doigt. Toutes 1
ces compensations valaient bien quelques
courbatures et; un -peu de cérat. homme eût? donc poussé, l'épreuve jusqu'au
.bout, si^n incident ne fût venu déranger lé ,
cours des choses: Un joui; que la chasse pas-, ;
sait le long d'un bâtiment rural, il. en sortit
des chiens de garde qui se jetèrentdans les >
jambes des ehevauxet s'acharnèrent surtout
contre celui del'ooçIeSéverin. L'animal se dé-;
.fendit de soq mieux et par des mouvemens
.tels* si brusques, si imprévus, si contraires .
auxIoisde l'équitation , : que le cavalier en ,
fut jeté à dix pas de là.sur des regains fraî-, -.
chement coupés. Jusqu'ici le mal^n'était pastr ( !
grand, le fouirage avait amorti le coup, et la ! '
victime allait se; remettre sur .pied, ;• lorsque,
les dogues, trompés dans leur poursuite., se,-.
rejetèrent de son côté,*is'eQ prirent à son ha--
bit.de cheval et y poussèrent leurs, ravages ;
au-delà des confins de' l'étoffe. Encore quel-,
qufcs minutes d'impunité et ces cannibales y
trouvaient' la» basé d'un repas. Qu'on juge ;
des cris de l'oncle Séverin III fallut que les ,
iValets.de ferme accourussent pour, mettre fia -*
là cette scène de carnage, compliquée d'un
attentat à la ptldem:.
f C'en fut assez pour je.ler un 'crêpe sur les
plaisirs de l'oncle géverinj il pansa ses bles
sures et laissa la - jeunesse; courir seule les
champs. Pour cette campagne, tout était dit;
sans doute la nature réparerait les domma
ges que sa personne*avait -essuyés, mais les
dégradations de son habit.de cheval , étaient ;
irréparables;..à peine en restait-il d'informes,
lambeaux. Mieux .valait se, résigner,., céder à .
une fatalité évidente ; c'est ce qulil fit. Il n'y
eut pas abdication,, mais,, interrègne Au lie» r.
BUREASi : rue de Vafotê (Palal*-Royal), u* ÎO?
B 1852.—JEUDI 8 AVRIL.
,»UtOB. I.'A.BOHMEEIBMTÎ
TARIS.... . .*, <13 F. PÂfc TBÏMESrai.
t *À&TKMBHS. 16 F. —
t- UN NOdÉRO : aO CENTIMES.
(on us r*n tnuKGBM , sa reporter
An tableau qui' sera publié dans ie {oumali
let l#et i& de ckaque moisj
<. Iudmmmuu datent du l« et lt .'
, - ' dtcfutqutvtoù,
■jF*dmser,trmco,pout'la rédactùMjâlU. C ucseval- C lxiugn^
1 . / ' Le«.artioles 4ipoMs ne «ont pas rendus;
• +
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNITEItSEL.
= -, - ' '-I . .
r en chef. I- O* s 'abonne, dont la dëpart'emms, aux Messagerie», et ( ru îfeettimi de poste. ~A «Londres, c hex MM» Com etjntsf
| .r— Â Strasbourg,chez to.*AMX*]fî>v& r rKW l'Allemagne. i"
I
S'adresser, franco; pour l'wimnistrationi d Mi DERAlN, directe*?.
Les annonces sont remues au bureau du journal; et x>fce*M,PAKIS,. régisseur, to.jlaoedôla
: PARIS, 1 AYtt.lL».
M U PROTESTATION
de» (fcla,dépalÉM»déml^»iBn«^tre»,
Tout en croyant digue de quelques remar
ques-la; lettre collective par laquelle MM. le
général Cayaignac, Carnot et Hénon, nom
més au corps législatif, à Paris et à Lyon, ont
refusé de prêter serment,: nous n'avons pas
trouvé l'événement a?sez gros.pour devoir
mettre une li^te extrême a l'examiner. La
cause de la société est - si grande, et celle
des vanités et des rancunes personnelles si
petite.; que les hommes/ qui, se préfèrent,
au repos-et au salutde tous font aujourd'hui
peu dë bruit, et éxcitent peu d'intérêt. Nous
allons .donc, si le lecteur le.veut bien, causer
un instant à loisir, de; celte protestation,
qui avait produit son-principal effet avant
de paraître, et qui avait; été beaucoup plus
le" but. de. cettgj triple élection socialiçtq,
qu'elle n'ena êté le résultat. : . ..
Yoiei d'abord et textuellement, tout l'éclat
que le terrorisme et le socialisme, chassés par
la France entière des affaires publiques, où
ils.s!«taient introduits.par surprise, ont pu
produire en se retirant :
1 « Monsieur le président,
» Les électeurs* de Paris et^de Lyon sont
venus nous chercher dans la retraite ou dans
l'exil: y
ï Nous les. remercions d'avoir pensé que
nos noms protestaient d'eux-mêmes contre
la destruction des. libertés- publiques et les
rigueurs de "l'arbitraire. •
» Mais nous, n'admettons pas qu'Us aient
voulu nous envoyer siéger dans un corps
législatif dont les pouvoirs ne s'étendent pas
jusqu'à réparer les ' violations dii droit.
» Nous -repoussons la théorie immorale des
ré&eences et des arrière-pensées, : et nous
refusons le serment exigé à l'entrée du corps
législatif. "
»l Nous vous prions, Monsieur le président,
de*vouloir bien donner à l'Assemblée, con
naissance de cette déclàraûon.
» ; Paris, 29 mars 1832. .
«Signé: Général C avaignac, C abnot, H énon.»
D'abord, c'est un spectacle curieux de voir
ce-que sont devenus ces maîtres de la ^Tan
ce. Ils étaient nombreux, fiers, menaçans;
ils prétendaient tout refaire, gouvernement,
iois, religion, morale ; ils se disaient les re
présentons et les vengeurs du peuple; ils.,
disposaient du présent et s'arrogeaient l'a-
venîr.' , Tbût d'un coup, on leur ôté leur uni
que moyen, de succès, la hâblerie et. la, ter
reur ; on les oblige à se présenter devant plus
dehuit millions d'électeurs, comme tout le.
monde, sans clubs, sans comités, sans ■ me^,
naces; ils désignent leurs candidats, le gou
vernement désigne les siens,— et-cfes maîtres
de la France sortent du scrutin au nombre
de TSotéJ
Et encore,c'est à peine s'ils en sortent j car
M. Carno t et M. Hénon ont été forcés d'y re
venir àdeux fois, pourobtenir, comme M. le
général Cayaignac, des^majorités de portion
congrue/On peut être content d'un tel suc
cès; il serait difficile d'en être ïîer. Et si l'on
songe que le socialisme-et le terrorisme, na
guère si puissans et si menaçans,, unanime
ment repoussés par les électeurs, des cam
pagnes, n'ont remporté, à Paris, et à Lyon,
ce»-- 4 deux grands repaires de ia démagogie,
que trois victoires plus que modestes, dont
dont deux après ballotage, on reconnaîtra-
que., la.,recette ; contre le socialisme el contre
le itrroyisme est trouvée: — c'est de,né te-
nir aucun compte dé leurs menaces, et de.
marcher droit à eux sans pâlir.
Sou§ le bénéfice de ces .réflexions générales...
et rapides, venons maintenant à. la protesta?,
tion. \ ■ i . ■ --
Les trois honorables démissionnaires com
mencent par constater que les Electeurs de
Paris et de Zyon sont allés les chercher dans
ia. retraite ou dans l'exil. Nous'savons déjà
que ces Electeurs de Paris et de Lyon se ré
duisent aune majorité presque dérisoire,dans
deux des neuf circonscriptions de Paris, et
dans une dès quatre circonscriptions de
Lyon. Quant au pieux empressement de ces
électeurs, allant chercher des candidats
dans la retraite, le public, fort déniaisé par
soixante aus de révolution, sait à* quoi s'en
tenir à cet égard ; et il n'ignorepas comment
ces petites comédies, montées par quelques
amis, et jouées par quelques comparses, ont
pour premiers confidens ceux-là même qui
en acceptent le dénoûment avec tant de mo
destie. 4
Quant à cet exil, d'où ces nouveaux Ca
mille auraient été rappelés par les cris
delà patrie en deuil, le public aura peut-
être peine à l'admettre. M. le général Ca
vaignac passe pour jouir d'une charmante,
retraite domestique ; M. Hénon, Hippo-
crate lyonnais , - tâtait fort librement le-
pouls de la Croix-Rousse; et,M. Carnot,j au
quel le gouvernement n'avait nullement son- ;
gé, goûtait les plaisirs de la villégiature en
Allemagne. De tels exils seraient enviés par
bien des gens qui, à. ce prix là, se proscri
raient eux-mêmes.
- 'Ce qui suit est un peu plus grave,"eTveuiT
être littéralement reproduit :
"« Nous remercions les électeurs, disent les
honorables démissionnaires, d'avoir pensé?
que nos noms protestaient d'eux-mêmes con
tré la destruction des libertés publiques et,
les rigueurs de l'arbitraire. »
Nous ne comprenons pas, et personne ne
comprendra comment les noms de M. le gé
néral Cavaignac et.de M*. Carnot seraient une
protestation contre la destruction des liber
tés publiques et contre les rigueurs de l'ar
bitraire. ' ,
En 1848. existait en France, depuis dix-
huit années,un gouvernement régulier. Deux
principes seuls pouvaient contester la légiti
mité de ce. gouvernement : le principe de
l'hérédité monarchique, et lç principe du
suffrage universel. Le'premier principe pou
vait reprocher au régime de juillet de s'être
établi au mépris de l'a tradition héréditaire;
le second pouvait lui reprocher de-s'être
établi au mépris du suffrage de tous. Le seul
principe qui n'eût le droit d'adresser aucun
reproche au régime de juillet, c'est pelui qui
a prévalu le 24 février 1848, car l'un et l'au
tre sont sortis d'une conspiration, d'une sur
prise, et d'uiïè émeute de Paris; et si l'on
est fondé à se faire le procès, ce n'est pas de
barricade à barricade. '
s Le pouvoir .dont M : . le général Cayaignac
s'est vu le chei, momentanément et par ha
sard, a donc été un pouvoir usurpé sur le
pays, ^essentiellement destructeur de%li
bertés publiques, 11 a eu pour lui le fait, ja
mais le droit. 11 seraitmême souverainement
inj nste de ne pas l'aire observer, à l'avantage du '
gouvernemenlde juillet,que s'il fut proclamé
par la chambre des députés, quoique ce
corps n'eût aucune mission pour accomplir
une œuvre aussi considérable, il représentait
autrement le pays que ce ramas de clubistes,
sortis des cabarets des barrièresypour.impo
ser la République aux pâles avocats légifé
rant et mourant de peur ,à l'Hôtel-dè-Ville.
; Ce n'est donc pas à M. le général Cavai-
gpaC à parler des libertés publiques, sur la
rpne desquelles spn pouvoir s'était élevé; et
pour ce qui est de protester contre les ri
gueurs dé l'arbitraire , cela est étrange dans la
tlotfche d'un homme, qui, au flom d'une
dictature de sa façon, dépourvue de toute
sanction nationale, déporta quatorze mille
hommes sans jugement, suspendit^ sup
prima dix-huit journaux,- et tint, vingt-sept
jours, M. 'de Girardin au secret.
: ,On peut avoir oyblié qu'on a foulé la ; di-i
gnité et la liberté d'un pays sous sa botte; .
mais on.ne méritepasd'êtreprisaq Sérieux,™
lorsqu'on vient ensuite prendre devant ce pays,'
des airs de protecteur et de vengeur. Le jour
où Danton, saoulé de sang hûmain, voulut]
se mêler de prêcher la clémence, Sàint-Just •
lui répondit : Le Crocodile pleure aussi 1 f
• « Nous n'admettons pas, continuent les'
honorables signataires , que les. électeurs
aient voulu nous envoyer siéger dans un
corps législatif dont les pouvoirs ne s'éten»-
dent pas jusqu'à réparfer les violations, dtji
droit. » - , |
Cette déclaration, prise à la.lettre, dénol
terait dans .l'esprit des électeurs, comm
pect pour cé même droit,, dont on regretté;
de ne pouvoir réparer la violation. ..-s
Assurément, M. le général Cavaignac, M.
Carnot et M. Hénon n'ont pas été élus sans j
l 'avoir voulu, ou tout au moins sans l'avoir j
accepté. A l'époque oùles élections ont eu'lieùV j
la Constitution était depuis , longtemps pro- !
mulguée.Ceux qui ont brigué ou accepté uûe '
candidature, savaient ce qu'ils faisaient, où j
ils allaient et ce qu'ils sanctionnaient; et si
M. le général Cavaignac, M. Carnet, et M.,
Hénon n'entendaient pas siéger au corps F
législatif, où ils se laissaient élire, c'était 4 ,
^donc^ûne comédig,.qu'ils^jouaifiiit^_eli ïine > .
IjroùTstation qu'ils se ménageaient. Or, con
tre quoi et contre qui voulaient-ils pro
tester 1 — Contre des institutions librement
et régulièrement acceptées par la France en
tière, et contre un chef d'Etat élu par huit
millions de citoyens. Si de tels pouvoirs po- -
litiques n'ont pas le droit pour eux, le droit
n'existe pas! •
On prend bien mal son temps, pour souf? '
fier l'esprit de désordre et pour conseiller
le mépris de? pouvoirs publics.; ce n'est pas
quand on sort de laplus effroyable anarchie;
quand on sauve ses biens, sa famille, sa
croyance, sa tête,de l'abîme déjà béant, qu'on
peut espérer de populariser les révolutions.
M; le général Cavaignac, M: Carnot et leurs
amis ne paraissent pas comprendre de quelle
vieille défroque ils sont.vêtus, etquelle langue
surannée ils parlent- : ils peuvent avoir oublié
le mal qu'ils ont fait;- mais la France a le
droit et le devoir de s'en souvenir ; etjc'est ,
bien assez qu'elle le pardonne 1
A. GRANIER DE CASSAGNAC.
DEUX PROCES.
Pour bien juger le socialisme révolution
naire, il ne faut pas seul'ement le voirX"
l'œuvre sur la place publique, au milieu des
émeutes et des barricades ; il faut l'étudier
aux prises avec les sentimens intimes et '
profonds, qui sont l'honneur, la consolation
la force de l'ame humaine , et qui, ont, été
partout et toujours la pierre angulaire de
toutes les' sociétés; Nous voulons parler',
on le devine sans peine; des sentimens.de
façiille , qui survivent d'ordinaire à tous .lès
autres dans les cœurs les plus endurcis -et
qui sont en quelque sQrte le caractère dé
finitif, le cachet et le sceau dé l'huma
nité. De tout temps, en effet, le poids des
passions mauvaises a entraîné des mal
heureux, à de grands crimes.; la cupidité,
l'ambition , l'envie , la colère, la luxure,
tous .ces fermens redoutables qui remuent
l'homme si violemment, ont, à toutes
les. époques, enfanté des actes odieux, con
damnés par les lois, et punis .exemplaire-
mént par la vindicte publique ; mais enfin,
on n'avait point encore vu, "au grand jour
des débats judiciaires, des doctrines funes
tes pervertir des affections qui sont, en gé
néral, la dernière citadelle de lamoralité hu
maine. Deux procès^récens nous ont montré
cq . trjst^sp.çct?cle.;Dans, ces affaires mé-
I morafeleg, qui (Serviront, il faut l'espérer^
d'enseignement, aux plus j incrédules, on. a,
pi! apprécier l'action ,dn socialisme révo-
^lâljonnaire sîur deux .sentimens de fa-
Emilie auâsï "forts, aussi impérieux que des
instincts, et égàlèmeat saints et respectables
aux yeux dç la morale et de la, religion :
l'amour d'une femme pour son mari, pour
"le compagnon de son existence, pour le père
de ses enfans, et la pitié d'un fils pour sa
mère« pour celle qui l'a nourri, élevé, com-
blé de soins, et de tendresse.
Qu'on se rappelle le drame lamentable qui
s'est déroulé devant' la "cour d'assises de la
Nièvre, et dont nous avons publié le récit le
23 février.Sur le bancfatal s'asseyaitla femme
Fleury, d'une physionomie douce et noble,
jeune encore, en vêtemeusj de deuil, ayant
sur le visage l'empreinte de laplus navrante
tristesse. Cette femme; cette ipère de famille,
dont la vie était irréprochable, et. qui avait
dans son village un haut renom de bonté et
de" vertu, elle avait, tué son mari. Par quel
prodige ce meurtre pouvait-il* s'expliquer ?'
; C'était un excellent ménage : lafemme, d'un,
caractère, ferme et décidé, mais attachée à
ses. devoirs, bonne, épouse, bonne mère;
l'homme, honnête, laborieux; plein d'amé
nité. Un soir; Fléury a la faiblesse de suivre
dans un conciliabule de cabaret , un apôtre,
du socialisme révolutionnaire^ Là,, on. lui
^-i^q4iejles jeux;-on l'initie,, aux doctrines,
^des sociétés secrètes, onluifait répétera trois
reprises différentes d'exécrables sermens. A
partir de cette heure, ce n'est plus le même
homme : il rentréau logis, sombre, taciturne,
rêyeur. Safemme, avertie par sa sœur, l'inter?
roge : « Lst-il vrai que tu sois avec les rou
ges?^-Non,» répond-il, et elle le croit. Mais
le-lendemain, à la fontaine, des laveuses ra
contant de nouveau à- la femme Flèury là,
scène du cabaret, lui redisent , que . son mari
fait partie des sociétés secrètes, qu'il a juré
dé l'abandonner au premier signal, elle et ses
enfans. La malheureuse regagne sa demeure
: le cœur brisé. Le soir, pendant le souper,
en présence dé leur enfant , elle repro
che à Fleury d'avoir prêté serment de
tout sacrifier aux rouges* tout, sa femme,
son enfant, même son père et sa mère. —
«Eh bien! oui, c'est vrai, s'écrie le mari, après
quelques dénégations, j'ai juré de tout sacri
fier pour la cause du peuple. Je quitterai ma
femme et mon enfant ; je renoncerai à mon
père et à ma-mère. — Aurais-tu fait une
chose semblable? Dis-le encore, as-tu fait
cela? — Oui, oui; j'ai jûré sur ma conscien!-;
ce de tojit quitter au premier appel. — Oh !.
; puisqu'il en est ainsi, ma vie et la tienne ne
sbfirrfeûrrËi alors la "femme, là tête per
due, frappa à la cuisse, d'un couteau qu'el
le tenait, son malheureux. camarade, çomr
nie elle l'appelait plus tard dans son naïf
langage, durant les débats. La pointe acérée
fit une blessure peu profonde ; mais elle avait
rencontré l'artère crurale, et la plaie a été
mortelle. On sait quellé a été la douleur,, lés
cris, les sanglots de la : femme< Fleury après ,
cet effroyable coup. Le jury l'a acquittée. •
L'autre procès est d*hièr. C'est l'affaire de,
Richer, de Valence. Avant d'appartenir aux
sociétés secrètes corps et ame, Richer était
! un.ouvrier honnête et"un bon fils.' Il entre
dans les sociétés secrètes il devient ivro
gne, débauché, paresseux, et, dans un accès
de frénésie, il assassine sa mère. Le 7 décem
bre avait été désigné à Valence pour la levée
de boucliers, des phalanges socialistes. Ri
cher, prévenuy attendait le signal pour des-
eendre dans la rue et pour agir. Le mouve
ment est contremandé, Richer revient chez
lui en proie à une sorte d'hallucination fu-
' rieuse. Il s'imagine que si l'insurrection a
manqué, c'est que sa, mère a surpris son
; seçret, et l'a livré à l'autorité. Sa. mère lui
parle avec bonté : sa ragé augmente. Elle
lui offre des soins .- il lesjepousse avec indi-
jgnation.EHe lui présente un breuvage : il se
figure qu'elle veut l'empoisonner. Elle lui
fait entendre de douces et bonnes paro-
les, ^lle -l-'invitft à renoncer à la politi-'
que, à reprendre, ses habitudes de tra
vail : il ne voit dans tout cela qu'une dé
testable hypocrisie. Enfin, au moment où
elle s'approche de lui pour l'embrasser, il se ;
précipite sur eljie, lui porte treize coups. de
stylet, sur la tête, sur les bras," sur le cou, sur
le sein, la poursuit jusquedans l'escalier pour
l'achever, la'terrasse, la foule aux pieds;
toute baignée de sang, et quand il est arrêté;
et conduit en .prison, n'exprime qu'un re-
gret; celui de n'avoir puiui arracher com
plètement la vie. r Voilà ce procès, dont on
peut lire les détails dans notre compte-rendu
des tribunaux , et qui s'est terminé par une
sentence de mort contre le parricide.
Assurément de tels faits parlent plus haut
que tous les discours. On ne saurait trojiver
ùne réfutation plus éloquente des., théories
anti-sociales. On ; ne saurait prouver par
des argumens pius péremptoires les dan
gers des sociétés secrètes. Aux rhéteurs
qui ne voient dans' lès doctrines et dans
les actes du parti rouge que des spécula
tions .innocentes, ou que les manifestations
de l'énergie. révolutionnaire, on pourra
toujours répondre : « Méditez la leçon que
vous donnent de semblables procès; voyéz
£a«qufedevieanÊnt- les sentimenB d&iainille
sous l'infiueuce du socialisme, et apprenez
à juger l'arbre.par ses fruits ! » 1
H enry. C auvaii».
Parmi les rentiers qui ont réclamé leur
remboursement, il y en a qui paraissent fort
embarrassés de. l'emploi de leurs fonds. Un
certain nombre, au moment de toucher leur
argent, interrogent les agens du trésor,pour
savoir s'ils ne pourraient pas renoncer au
remboursement ;• sur la" réponse affirma
tive qui leur est faite, ils déclarent retirer
leur demande , et ils se-soumettent' à la
conversion. D'autres; sans sortir dù mi
nistère des finances, vont placer, leur ar
gent en. bons, du trésor, à. un . intérêt
moitié moindre de celui qu'ils ont refusé,
et l'affluence; est telle au biseau , chargé
de l'émission de ces bons, qu'on a dû
le laisser ouvert jusqu'à quatre heures au
lieut de deux; D'autres ' enfin' prennent le
chemin de la caisse des retraites, qui voit les
versemens s'accroître dans une notable pro
portion. L. BON1FACE.
Une dépêche télégraphique a fait connaître
hier la mort du prince de Schwartzenberg,
frappé, "le 5 dé ce mois, d'une attaqué d'apo
plexie toudroyante : il a succombé lundi, à
six heures du soir.
Depuis quelque temps ou parlait de l'état
défavorable de la santé du prince, mais, il
avait voulu donner lui-même à ces bruits un
démenti en se montrant au Pirater à cheval,
il y apeu de jours. i' , r ,.
: Le prince Félix, de Schwartzenberg, frère.
!)uîné du prince Jean de .Schwartzenberg,
andgrave de Kleggan et duc de Rruman, et
^du prince Frédéric, f rince-archevêque i de
Prague, était né lé2 octobre 1800. Il occupait
dans l'armée autrichienne le grade de feld-
marèchal-lièutenant et propriétaire du 21*
régiment d'infanterie; à la cour il avait la
dignité de chambellan impérial et royal; A
son arrivée à là présidence du conseil, il fut
fait conseiller intime. r
La révolution. de 1848 le trouva envoyé
extraordinaire et ministre plénipotentiaire à
Naples. -,
i On se rappelle dans quelles circonstances
il pritle21 novembre 1848 la présidencedu
conseil et la direction du ministère des affai
res étrangères. Vienne était à 1 peine rentré
au pouvoir des troupes impériales, l'Italie
était en feu et presque perdue, les armées
hongrpises n'étaient séparées dé la capitale
qi;e de quelques lieues, et menaçaient 011-
mutzoù là cour, s'était réfugiée, à peu d'heu
res de marche de Prague, deux foi3 soulevée
et-en état de siège. La campagne de Hongrie;
la seconde campagne d'Italie y l'organisation
(politique, et administrative des; provinces,
ionterventiim en Hesse et dans le Holstein,
fies -congrès et • conférences dé Dresde,. de,
; Francfort.et de Vienne, le rétablissement de :
la diète germanique, tels sont les principaux
fàits 'qm ont signalé l'administration du!
prince Félix de Schwartzenberg, ~
Par l'aménité de ses manières, par sa mo
dération, il a puissamment contribué, après
le. triomphe des armées impériales, à guérir
les plaies profondes de cette longue guerre,
à-rasseoir le trône et à concilier les partis et .
les nationalités dont les haines semblaient in .'
conciliableg. et menaçaient l'existence même f
de la monarchie. . .
1 La mort l'a ffagpéjaùt moment où il était
occupé, de-concert .avec ses .collègues et le
conseil-d'Etat,>à . préparer l'organisation dé- ;
finilive de là monarchie, devenue nécessaire
par la suppression de là Constitution, du 4
mars 1849: On ne.sait pa? à qui échoira la
grande tâche de diriger les affaires de l'em
pire après là mort du prince ; mais les pro
babilités sont que, le poste de premier minis-
treseraconférésoitau baron deKrbëck, prési ;
dentactuel du conseildel'Empire, soitau com : .
teThun-Hohenstein, président delà diète de
Francfort. Les autres nommes d'Etat dont.il
a été quelquefois question pour remplacer, le.,
prinçe de Schwartzenberg, sont le comte '
Hârtig, ajicien ; ministre d'Etat; le, : comte
Buol-Schauenstein; ambassadeur à.Londres
et à Saint-Pétersbourg, et enfin, M. de-Bach,
ministre actuel de l'intérieur. Denajn .
- .. DEPECHE TÉLÉGRAPHIQUE.
, „l,MaoLridùieJ*Yra..
On vient de publier un décret du gouver
nement réglant radicalement la presse. En
voici les les bases fondamentales : garantie
dé 2,000. réaux.. de contribution' imposée
aux....' des journaux; censure préventive
pour les éerits sur la religion, les pays d'ou
tre-mer et les nouvelles; jury composé des
S lus forts-contribuables pour les principaux
êlits de presse, tribunal suprême de justice
pour les délits contre Sa Majesté, le roi, la
société et la sûreté de l'Etat ; tribunaux or
dinaires pour les autres délits ; le gouverne
ment peut suspendre et supprimer les jour
naux;: -
M. Blondel; aujourd'hui directeur d£s can-
tributions directes au ministère "des finta- -
ces, est nommé directeur de l'administration
des forêts, en remplacement de M. Legrand,
nommé conseiller d'Etat.
Le Mémorial bordelais parle en ces termes
de la mission du colonel Espinassé :
« Cet officier supérieur n'a fait dans notre -ville
qu'un très court séjour, pendant lequel il s'est
transporté au sein de la commission mixte. Si
nous sommes bien informés, il paraîtrait que M.
le colonel Espinassé aurait exprimé le désir qu'à
son T retour il lui fût présenté un travail nouveau,
d'après lequel il statuerait, en vertu des pouvoirs
qui lui ont été conférés, sur des commutations de
peines, ê'il y avait lieu.
» En quittant Bordeaux, l'aide-de-camp du Pré
sident de la République s'est rendu à Agen. (Nous
avons rapporté, d'après le Journal de Lot-el-Ga-
ronne, quelles, commutations de. peine il avait ac
cordées.) , J ■ -
i » A l'heure où nous écrivons,-Mi le colonel Es-
pinasse doit, être,., arrivé dans le département de
l'Hérault," faut principal.de son .voyage. Vendredi
il est passéàToulouae, où il n'a séjourné que quel
ques heures.
; » No.ul rendrons compte,, dans notre prochain
numéro,,.et à mesuré que les nouvelles nous par
viendront, des modifications oui auront été appor
tées dans l'Hérault et dans l'Aude âu sort des in
surgés condamnés par ' décision des commissions
mixtes de ces département» -
NOUVELLES ÉTRANGÈRES.
~ ANGLETERRE.
CHAMBRE BBS COMMUNES. — Séance du 6 avril
s Le président occupe le fauteuil' à quatre heures.
Sur ; la motion.faite par M. A. Mackenzie, la
chambre d&lare que lorsque séance sera levée, el
le s'ajournera au 13 avril.
Mi Adderleu. —Je demanderai àu ministère-s'il ;
peut'donner des renseignem'ens à la chambre sur
ta perte du bateau à vapeur le Birkenhead, et sur '
les*causes de cette,perte; et -si les dernières nou
velles du théâtre de la guerre au Cap, peuvent
faire espérer que ce que le noble lord J . Russeli a
appelé le système humain de défense dé la colonie, '
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL, 8 AVR.
LA VUE A REBOURS
iRMAUD.
SECOND .VOLUME.
' XIIL
LES 3-LitSiaS TtXS CHATEAU.
Ce séjoûrau château des-Ageûx fut, pour
Armand' Courteriay, un, moment de calme
entre deux tempêtes. Au souffle des passions^
aux agitâtioss des sens succédèrent un apai-
sBeihënt et une sérénité que jusqu 'alors' il
n'âVait point coiinus, et qui eurent pour lui
le charme; dé la nouveauté. Rien ne vaut la
nature pour dé tels Jeteurs ; il y a en elle un
principe ! sain et fortifiant, où le corps se re
trempe, où l'ame se guérit. Sous l'influence
d'un régime régulier et d'une atmosphère ré
paratrice, le convalescent reprit des forces à
^nie'd'oeil, tandis que son esprit se dégageait
des tristes souvenirs et des émotions violen
tes d'une existence pleine d'éclats. Il s'éton
nait lui-même de trouver tant de bien-être
dans'le repos, d'y prendre^goût, de s'y
plaire, comme le voyageur échappé aux sa
bles Se plaît aux eaux delà source et à l'om
bré du palmier. ;
L 'une des joies les plds vraies qu'il éprou-
va'fut sa rentrée dans la vie de famille; de
puis longtemps il enflait sevré • il èn jouit
lasser d'admirer son enfant, ni se rassasier
de ses caresses; il se mêlait à ses jeux, cou
rait avec elle dans le parc, riait de ses airs
mutins et obéissait à toutes ses fantaisies.
'Quant à' Adrienne, ce fat presque unedécou-
verte pour lui; il en*était émerveillé et sen
tait à son aspect ses amours refleurir. Cha
cune de ses gràceslc frappait comme s'iU'eût
aperçue pour la première fois ; il ne s'était
pas imaginé avoir une femme si accomplie.
Souvent, dans sa pensée, il s'éleva d'involon
taires rapprochemens dont la pudeur d'A-
drienne; eût' été offensée , mais qui n'en
étaient pas moins pour elle un triomphe de
plus. Il se reprochait alors de l'avoir mé
connue et se promettait bien de neplus l'ex-
: poser désormais à un si cruel délaissement.
Il était sincère en cela ; sincère, la jeunesse
l'est toujours ; mais ses résolutions sont si
fragiles !
Adrienne n'avait ni de ces défaillances, ni
de ces retours; son amour ressemblait à ces
beaux lacs que des remparts naturels mettent
à l'abri du vent ; il .était uni, limpide et pro
fond; jusqu'alors rien n'en avait troublé 1
surface. La présence d'Armand était une fête
pour son cœur, et pourtant sa joie avait un
'caractère discret et recueilli; à peine en
voyait-on les reflets sur sa physionomie sou
riante. Elle portait son bonheur comme elle
avait porté son chagrin, avec une raison sûre
et éprouvée, qui connaît la vraie limite et se
' défend de l'excès. Ce n'était pasde la froideur,
c'était, au contraire, une ardeur contenue et
plus durable à ce titre même. U est des sen
timens qui ont la faculté de vivre de leur
propre fonds, indépendamment, du retour
qu'ils obtiennent. Celui qu'éprouvait Adrien
ne avait ce caractère-là, il s'alimentait seul
et durait par s& propre 'substance. Les aines
chastes, les ames d'élite sont ainsi ; elles ne
se donnent qu'une fois et ne se détachent
plus dès qu'elles se. sont données.
' Cependant, si heureuse qu'elle fût du re
tour de. son mari, elle n'oubliait pas sès 4é-
voirs de châtelaine et faisait à ses hôtes les
honneurs des Ageux avec un tact et un goût
infinis. Pbur l'aider dans cette tâche, elle
avait songé à ta grand'mère et l'avait priée
avec instance dé: venir passer quelques se
maines au château. Madame de Beaufort y
résistait beaucoup et pouj plusieurs motifs :
le. premier était.l'ennui et l'einbaiTas des dé-
placemens qui devenaient de plus en plus
pénibles à mesure qu'elle avançait en âge ;
le second et le plus grave était la répugnance
extrême qifelle éprouvait à se retrouver en
présence d'Armand. Elle n'avait rien oublié
de leur dernière entrevue, de cette longue et
impuissante lutte qu'elle avait soutenue con
tre lui, et du mot fatal qu'elle avait prononcé
en le quittant. Sa dignité était presqu'engagée
dans'les menaces et les anathêmes échappés
dans un moment de colère; elle n'en vou
lait rien rabattre ni rien retirer. Aussi refu-
sa-t-elle par trois fois de se rendre à l'ap
pel d'Adriennne. Celles eut alors recours
à un dernier et infaillible moyen; elle se
rendit elle-même à Verberie;, pressa son
aïeule et si bien, qu'elle finit par l'emmener* .
dans sa, voiture Comment Mme de Beaufort
eût-elle persisté dans ses refus? Le seul mo
tif plausible était celui qu'elle ne pouvait
pas donner. Elle céda donc, mais en se pro
mettant de prendre sa revanche .vis-à-vis de
Courtenay, et de lui faire sentir : le poids de
ses rancunes.*
Tout le monde conspirait d'ailleurs pour,
épaissir les-, nuages autour d'Adrienne et la:<
maintenir dans, ses: illusions.; Ce duel, par
exemple, offrait un grave embarras. Il était
aussi difficile de le cacher que d'en raconter
les causes. Le cacher V Mais il y avait là blés-'-
sure apparente, convalescence et irai tement.
En-raconter les causes? Mais c'était donner
un échantillon - dè la vie d'Annandf - et sur
cet échantillon il devenait aisé d'en'juger
toute la trame. Que faire; i donc ? Hélas l
tromper, toujours tromper! A cette chaî-
ne de mensonges, chaque jour il.fallait
ajouter un anneau de plus. Le prince ne
pouvait ; s'y prêter ; la ; scène eut lieu entre
Armand et l'oncle Séverin, le premier comme
principal, engagé;- le second comme caution.
Armand commença une fable où il établit,
qh'il avait été provoqué sans motif et d'une
manière très grave ; il entra dans les détails j
précisa les circonstances; énuméra les inci-
dens, et, pour ajouter à l'effet, de temps en-
temps, il invoquait son témoin. —Dèmande
à l'oncle SéVerin, disait-il à sa femme. A quoi
celui-ci répondait par les mônosyllables ' les
plus expressifs que la langue pût lui fournir
ou par des mouvemens de tête si profonds
qu'ils équivalaient à ùne affirmation portée
à §adernière- puissance. Dix fois ce manège
se rénôuvela sans que le digne homme se
lassât d'être- garant des inventions de> sôn ;
neveu. Dès qu'Armand répétait : — Deman
de à l'oncle Séverin; le mot ou le gesteàl'ap-
pui ne se faisait pas attendre; La chose pas
sa ainsi sans objection, sans difficulté,, et il
faut ajouter qu'avec Adrienne, on aurait pu
s'en tirer à moins dé frais.
Ce n'était pas d'ailleurs la seule tribula-
tion qui fût réservée à l'oncle Séverin ; il
était écrit que ses plaisirs ne seraient jamais
sans mélange. Déjà le repos pesait à Courte^
n'ay ; le^ besoin d'agitation était inné chez-
lui i il pouvait changer d'objet, .mais non
s'éteindre. Quand il put se tenir à cheval, il
arrangea des chasses auxquelles il eonvia le
/prince et,l'oncle Séverin. .Celui-ci-;aurait
voulu, dans -> son, for • intérieur -, pouvoir
s'en'dispenser. Cinq heures de galop-à tra
vers" Champs,des fossés à franchir^ dës liè-
ivres à forcer, 'n'étaient pas une perspective
;à laquelle il s'abandonnât ' avec une gran
de tranquillité d'ame. Son nëveu aurait
Jpu-lui.proposer des distractions mieux as
sorties à son humeur et à ses goûts»-Mais,
d'un autre côté; un refus eût ressemblé à
trne abdication ; par ce seul fait, il se serait
'mis en dehors de la jeunesse; il: se serait
déclassé de: ses : mains. Or, plutôt que d'en ve--
nir là, 1e député était résolu à tout subir, à
tout risquer, même -une< chute: D'ailleurs il
avait dans ses valises-un habit de cheval, dont
il .attendait un merveilleux effet; c'était le cas-
d'en éblouir 'la- contrée:! Il- suivit dono les
«chasses de Courtenay avec l'ardeur : et l'en-
train d'un adolescent. Malheureusement Ta
souplesse de ses articulations n'était'pà» à la
hauteur de son zèle, et ses membres protes
tèrent plus d'une tfois contre l'abus qu'il en
faisait. En vain le soir, après ces rudes expé
ditions, cherchait-il à composer son. vigage,
en vain imitait-il ce Spartiate -qui se laissait
dévorer Vivant sans pousser, un cri dô dour
leur; mille détails* mille circonstances le
trahissaient : toute flexibilité manquait à Ses
mouvemens, et de quelque façon qu'il s'y
prit; jamais il ne pouvait s'asseoir en parfait
équilibre. ' ' .
- Il tint bon pourtant, le moral le soutenait.
L'idée qu'il eheminait de pair avec des hom
mes à la fleur de l'âge-était un baume pour
ses.muscles. ; endoloris. Il■ voyait d'ailleurs,.
avec une satisfactions mèlée- d'orgueil, l'as-,
cendant que prenait son habit de chevatsur
les populations environnantes; pas un cam
pagnard qqfcn'y jetât les: yeux, pas une-vil
lageoise qui ne le -montrât du doigt. Toutes 1
ces compensations valaient bien quelques
courbatures et; un -peu de cérat.
.bout, si^n incident ne fût venu déranger lé ,
cours des choses: Un joui; que la chasse pas-, ;
sait le long d'un bâtiment rural, il. en sortit
des chiens de garde qui se jetèrentdans les >
jambes des ehevauxet s'acharnèrent surtout
contre celui del'ooçIeSéverin. L'animal se dé-;
.fendit de soq mieux et par des mouvemens
.tels* si brusques, si imprévus, si contraires .
auxIoisde l'équitation , : que le cavalier en ,
fut jeté à dix pas de là.sur des regains fraî-, -.
chement coupés. Jusqu'ici le mal^n'était pastr ( !
grand, le fouirage avait amorti le coup, et la ! '
victime allait se; remettre sur .pied, ;• lorsque,
les dogues, trompés dans leur poursuite., se,-.
rejetèrent de son côté,*is'eQ prirent à son ha--
bit.de cheval et y poussèrent leurs, ravages ;
au-delà des confins de' l'étoffe. Encore quel-,
qufcs minutes d'impunité et ces cannibales y
trouvaient' la» basé d'un repas. Qu'on juge ;
des cris de l'oncle Séverin III fallut que les ,
iValets.de ferme accourussent pour, mettre fia -*
là cette scène de carnage, compliquée d'un
attentat à la ptldem:.
f C'en fut assez pour je.ler un 'crêpe sur les
plaisirs de l'oncle géverinj il pansa ses bles
sures et laissa la - jeunesse; courir seule les
champs. Pour cette campagne, tout était dit;
sans doute la nature réparerait les domma
ges que sa personne*avait -essuyés, mais les
dégradations de son habit.de cheval , étaient ;
irréparables;..à peine en restait-il d'informes,
lambeaux. Mieux .valait se, résigner,., céder à .
une fatalité évidente ; c'est ce qulil fit. Il n'y
eut pas abdication,, mais,, interrègne Au lie» r.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 77.3%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 77.3%.
- Collections numériques similaires La Grande Collecte La Grande Collecte /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "GCGen1"
- Auteurs similaires Véron Louis Véron Louis /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Véron Louis" or dc.contributor adj "Véron Louis")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6696157/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6696157/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6696157/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k6696157/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6696157
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6696157
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k6696157/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest