Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-03-31
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 31 mars 1852 31 mars 1852
Description : 1852/03/31 (Numéro 91). 1852/03/31 (Numéro 91).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
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PABIS.. . .... 13 F. PAR TRIMEmS»
É 'PAJRTEMENS. 16 F. — . r -
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>odr les p Î ts btbangbrs, se reporter
a a tableau qui sera publié dans le ]ouïM)*
la» 10 et ï& de càaque moisi
' Iti abonnement datent des 1« et 1$
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î'AfUS, 30 MAKS.
Notre-honorable collègue, M. Vérpn, a ex
primé hier avec chaleur la profonde et uni
verselle impression causée par le discours
du Président de laJtépubliqué. On nous per
mettra de revenir aujourd'hui sur ce sujet,
et de le présenter avec calmeà Ta méditation
de tous leg esprits sérieux,
i '• Ce ne serait point exagérer que d'estimer
à deux cent v mille": personnes les spectateurs
de tout âgé et de tout sexe, pressés, entassés,
alignés, sur la place du Carrousel , sur le quai,
stir la terrasse du bord de l'eau, sur.la place
îfOuis XV, eufin depuis les Tuileries jusqu'à
l'Elysée. Que faisaient là, coflfiantes, serei
nes, joyeuses, ces deux cent mille personnes,
debout depuis midi jusqu'à trois heures ? —
Mon Dieu ! ce n^est un secret pour personne;
elles attendaient un Empereur I
' Depuis trois semaines, sur tout, on ne. s'a
bordait à la promenade, dansthéâtre, dans le monde, qu'avec eette éter
nelle question?—A quand. l'Empire? On ne
compterait pas le nombre des gens qui
croyaient savoir, d'une manière certaine* que
le mantiau impérial» était déjà chez le bro
deur- Quelques-unes ne se défendaient que
mollement;de l'avoir vu; Hier et aujour
d'hui, la, croyance à l'Empire était générale
et sérieuse ; et, comme nous le disions, la
foule était déjà rangée pour voir passer un
Empereur :—elle a vu passer un gouver
nement!
, Chose étrangement triste et ingrate ! De
puis bientôt quatre années, les partis et les
badauds ont cru Louis^Napoléon nuit et jour
dominé par l'idée de se donner un grand ti
tre; et l'événement dévoile enfin sa profonde
êt constante pensée, qui a été de donner à la
France la sécurité, le bien-être des institu
tions. • * ■
' Aussi la foule amassée aujourd'hui sur son
passage a-t-elle paru comprendre cette ab
négation rare- et sublime5 et nous eussions
défié sa couronne de soulever plus d'accla
mationsque n'en onl soulevé sa modestie et
sa grandeur d'ame.
Quel beau, li.vre que ce discours noble et
grave, où le nevtïu-de l'Empereur rappelle à
la France, égarée par ,cinquante années de so-
phismes, les conditions naturelles et nécessai
res dè l'ordre et du gouvernement ! Cèr'es,
on.peut dire, sans blesser personùe,- que
cette réunion des Tuileries contenait, en
tous genres.! l'élite delà France, les hommes
qui ont le plus vu d'événemen», le plus mé
dité de problèmes, le plus étudié de révaur
lions. Eh bien Ion peut dire aussique, dans
cette réunion si nombreuse et si augpste,
il ne s'en trouvait peut-être pas un, seul ;
que cette, manière nette de voir la véri
té^ et cette façon loyale de l'exprimer
n'aient profpndémént surpris.- Nous sor
tons à peine d'une longue orgie, révolut
ionnaire, dans laquelle, il faut bien l'avouer,
lestasses lettrées et. politiques avaient làissé
S 'altérer leur nalure ; et nous ne savons.nous
.empêcher d'être émerveillés et. ravis, lors
qu'un grand et ferme esprit, que trente an
nées d'exil ont; peut-être préservé , vient :
substituer aux sophismes d'une, politique
orgueilleuse et impuissante, les inspirations
honnêtes et fécondes d'une politique simple
et populaire.
^ Pourtant, que de raisons -de pénétrer à :
l'avance les mystères de. ce discours* qui te
nait. en suspens la Guriosité universelle,
comme si la préface n'en avait pas «té écrite,
jour par jour, depuis quatre mois, dans les'
merveilleux événement qui . se sont accom-■
plis sous nos yeux ! Que pouvais avoir mis,
dans" ce discours le chef de l'Etat qu'il n'eùtt
déjà mi&au Moniteur ?. Que pouvait-il. dire*
-qu'il n'eût déjà.fait?
1 Une sbciété'déjà'daiis l'abîme, déjà con
damnée à périr, .on pourrait dire déjà morte,
,car ies bandits qui l'avaient surprise et vain-
- eue se. partageaient publiquement ses dé
pouilles, est subitement sauvée* rassurée,
' rajeunie, et présepiè, après quatre mois de
gouvernement résolu,intelligent et honnête,
ces symptômes de force ■etthjvie-qui annon
cent les longues et belles périodes de civili
sation, échelonnées comme des jalons dans
l'histoire. .
La vie industrielle et financière de la Fran
ce affaiblie, près de s'éteindre sous la pres
sion de la peur et M menace du pillage, se
ranime et se réchauffé à tel point, que l'E
tat, plss prudent que les écus, est obligé de
modérer l'ardeur des travaux, l'audace des
spéculations; l'élan des compagnies, et d'a
journer à. quelques mois, pour éviter un ex
cès d'affaires, les grandes voies du sud-ouest
de la France, dont plusieurs sociétés rivales
se disputent l'exécution immédiate.
Il y a quelques mois, c'était l'argent qui
était difficile à trouver, et le placement qui
s'offrait partout de lui-même ; maintenant,
c'est l'argent qui est devenu aisé* et le place-'
ment qui est devenu difficile ; si bien, que
la Banque de France a réduit d'un pour cent
les conditions de son prêt; et que* l'Etat a pu
réduire d'un demi pour cept l'intérêt de sa
dette ancienne, sans que les rentiers aient été
tentés de retirer leur capital pour en cher
cher,un meilleur emploi.
Une. mesure féconde et immense, une vér
ri table institution, que tous les bons esprits
rêvaient sans l'espérer* la décentralisation
adminigtrativey a tout â~lîOfip.détruit encou
rant de brigues qui emportait chaque jour,
du "fond des provinces à Paris, d«s centaines
de solliciteurs de tout ordre, _ et a placé au
milieu des populations elles-mêmes un pou
voir^préfectoral élevé, étendu, respecté, pour
étudier de près etpour résoudre avec promp
titude toutes les questions locales.
Toutès ces mesures, et vingt autres, qui
eussent employé, pour arrivpr à une série
d'avortemens, quinze années de harangues,
d'intrigues et de coalitions, parlementaires,
tous ces actes hardis et sensés, qui n'em
pruntent rien, comme le Président l'a si
bien dit, ni aux, vaines, théories, ni au
despotisme, ont défrayé moins de quatre
mois du gouvernement personnel de Louis-
Napoléon, et ont pu être conçus et réalisés
à ; la suite du coup d'Etat le plus hardi dont
l'histoire fasse mention, et de deux élections
générales qui ont mis eir mouvement huit
millions de citoyens.
Celui qui ne comprendrait pas que' tant
d'ordre succédant sans intervalle à tant d'a
gitation, tant de confiance succédant à tantde
terreur,- tant de force dans le gouvernement
succédant à tant d'im puissance,sontla marque
certaine d'une ère politique nouvelle et fécon
de, celui-là ne.se rendrait compte ni du pas
sé, ni du présent. C'est peu* en effet, de faire j
des lois • 1! faut faire des lois comprises et
acceptées. Tout- le monde peut mettre des
décrets au Moniteur, Louis-Napoléon a le ra
re. privilège de les. mettre dans les esprits.
. Certes* toutes ces choses devaient être la
matière naturelle et nécessaire du discours
d'inauguration du sénat et d u corps législatif :
et nous en avions vu. réaliser les idées avant
d'en entendre prononcer les phrases; et ce
pendant, l'effet en a été profond et immense;
comme si-, tous ceux qui étaient là avaient eu
besoin d'entendre parlèr, encore une fois,
du salut de la France, pour y croire.
a. GRAMER DE CASSAGNA.C.
vTiEage. au-sort des bureaux. .
. Séance. levée à.,deux lieuses. et -demie. ■
' s'
Ordre du jour du mercredi 31 .mars 1882.; ■
A une heure, réunion dans les bureaux .- suite
de l'examen des pouvoirs. • '
A trois heures, séance publique : vérification'
des pouvoirs.
Le décret du 17 février 1832 avait soumif
à l'obligation du timbre toutes les publica.-
tions périodiques san& distinction. LeConstfc
tutiomel fut le prëmier à élever la vois en
faveur de la presse scientifique et littéraire,
qui se trouvait gravement atteinte dans ses
conditions d'existence. Nous n'avons pas fait
en vain appel'à l'esprit éclairé du ministre
des finances, qui s'empressa d'interpréter le
décret du 17 février dans le sens le plus lit
béral et ls plus'favorable à la pressa non po- ,
litique. M. Bineau né s'en est.pfis tenujà,
et un nouveau décret, rendu le 2'8«jmars sur
sa proposition r a complètement exonéré du
timbre les journaux et* écrits périodiques et
non périodiques exclusivement consacrés§.ux
sciences, ' aux arts et. à l'agriculture". Non-
seulement ce . décret replace la presse non
politique dans lasituation où elle était avant
la nouvelle législation sur les jouraaux, mais
il lui faitdesconditionsinfinimentmeilleures.
En effet* sous le régime antérieur, l'exempr
tion du timbre dépendait de certaines con
ditions d'étendue et de périodici té. Aujour
d'hui, elle est absolue, à' iauonditioiî-qtrtî-leà-"
écrits qui devrout en profiter se renferment
: exclusivement- dans le cercle des lettres ou
des sciences. . .
Nous avons accepté les entraves qui pèsent
sur la.presse politique, mais plus la législa
tion qui nous régitest rigoureuse, plus nous
devons nous féliciter de l'immunité qui est
aceordée-à une partie du journalisme ; cette
immunité assure un débouché à de nom
breux esprits d'élite, menacés d'être atteints
dans leur carrière, ubô existence-prospère à
des publications qui importent au progrès
des arts et des sciences, et du travail à toutes
les industries qui vivent de la'presse.' C'est
parce que nous apercevons au.fond de ce
décret une pensée libérale et intelligente que .
nous y applaudissons de grand coeur.
Ct'CUEVAt-CtARIGXV. "
Nous recevons du bureau du corps légis
latif la comm unication officielle suivante :
CORPS LÉGISLATIF.
PRÉSIDENCE DE M. CUXAULT.
Sommaire de là séance du mardi 30 mars 1853.
Ouverture de là séance à deux heures. .
Constitution du bureau'..
MM. Dalloz, duc m de Tarente, Eschasseriaux et
Dugas, secrétaires. . • .
. Allocution de M. le président .au corps législatif.
•- Communication d'une lettre collective signée
par MM. le général Cavaignac, Carnot et Hénon,
et portant refus de serment. *
Déclaration que les. signataires de la lettre sont
réputés.démissionnaires..
Démission de M. Renouard* par suite d'accepta
tion de fonctions: incompatibles avec le mandat de
député.
Jusqu'à ce jour notre législation consa
crait. indistinctement les droite des auteurs,
qu'ils fussent français ou étrangers, relati
vement aux ouvrages publiés en France*
mais elle ne donnait à l'étranger aucun
moyen d'empêcher dans notre pays la con
trefaçon de ses œuvre s publiées hors du ter
ritoire. Cette situation exceptionnelle faite
aux étrangers relativement aux productions
scientifiques, littéraires ou artistiques, qui
concourentau'développement et aux progrès
de l'esprit humain, n'était pas en harmonie
avec les principes de notre droit. •
Un décret rendu sur le rapport de M. Ab-
batucci, ministre de la justice, et publié hier
par le Moniteur , a pour objet de remédier à
cet état de choses en assurant la propriété de,
leurs œuvres aux auteurs étrangers, en quel
que lieu qu'elles aient vu le jour.
Dorénavant là contre façon, sur le territoi
re français, d'ouvrages publiés à l'étranger
constitue un déli\ et est passible des peines
prononcées contre lés contrefacteurs dîbu-
-vrages français.
Ce décret consacre un principe de justice
fait pour honorer notre nation ; protéger
les productions des auteurs étrangers de
quelque pays qu'elles viennent, c'est donner
dans le mondtv entier, aux.sciences, aux let
tres et aux arts, un encouragement qui ne
peut ftianquer d'avoir les plus heureux ré--
sullats ; c'est .aussi montrer quelle estime la
France professe pour les productions de l'es-
prit et lui maintenir la position prépondé
rante qu'elle occupé dans là direction intel
lectuelle de l'Europe.
Un premier efTet du décret sera dlassurer
la .réciprocité de la part de la Bavière, de la
Prusse et de la Saxe, qui n'attendaient que
ces.garanties.
Le secrétaire de la rédactioa, l. boniface.
DÉPÊCHE ÉLECTRIQUE.
Hambourg, mardi, 30 mars 1S52.
Le sénat, de Brème, d'accord avec le com
missaire fédéral, a sus'pendu hier la liberté
de la presse, le droit de réunion, le jufy, et
a dissous la chambre. Une nouvelle chambre
sera élue d'après un autre mode d'élections.
Brème est tranquille.
Le Journal dé Francfort publie, soucia ru
brique de.Berlin, la correspondance sui
vante : .
Berlin,' 24 mars.
Il est des gens gui refusent obstinément d'a
jouter foi aux protestations de paix que le. Prési
dent du la République française, pour démentir
des rumeurs malveillantes, âfait renouveler à dif
férentes reprises, soit par ses agens-diplomatiques,
soit par ses journaux officiels. Cependant toutes
les nouvelles qui nous arrivent de France font de
nature à.proijver que, ces protestations sont par
faitement sincères. .
Nos hoinmts d'Etat les plus éminehs sont per
suadés que Louis-Napoléon s lit)apprécier les dan
gers auxquels' il exposerait la France par une imi
tation trop littérale du-système politique-du grand
homme qu'il 'a. choisi-poùr jtiodele. Si sa perspi-
scacité naturelle ne lui avait pas donné cet avertis
sement, ses ennemis mêmes, par leurs insinuations
indiscrètes ét par. leur joie' prématurée, l'auraient
détourné d'une voie qui pe le mènerait qu'à com
promettre sa forte position au dedans, et à briser
les bonnes relations qi^'il entretient avec les gran
des puissances de l'Europe. . . ...
. Du reste, il n'est pas difficile de_se convaincre •
que la situation actuelle diffère essentiellement de
l'époque consulaire,-et impériale. L'empereur Na
poléon ne pouvait ^consolider sa 'position que par
la lu'lte et par la Victoire, parce qu'il avait trouvé
. l'Europe entière coalisée" contre la France, et con
tre l'avènement d'un génie militaire. Le Président
de la République n'a aucun intérêt à troubler'la
:p;iix du monde ; car son élévation a trouvé l'as
sentiment unanime des gouvernement;, qui s'em
pressent de féliciter là France échappée Taux dan-
..KKf^du^ocialisme , et d'applaudir les créations
a'uà"gènie.civilisateur': Dompter l'esprit dé révot- >
te, restaurer le principe d'autorité et augmenter
le. bien-être de la - nation^ voilà une- tàctie assez •
(Vaste pour suffire à Hactivité d'un grand homme.
' C'est cettetâche qui forme la mission du prince-
Président telle qu'on la comprend ici et telle qu'il
parait l'en tendre lui-même. On, n'a qu'à. rappeler,
les actesjfinanciérs de Louis-Napoléon pour.prOu- '
ver. que ces suppositions sont parfaitement fon-j
dées. Les concessions de chemins de fer, le décret,
en faveur de la mobilisation du crédit foncier, la
conversion de là rente, enfin toutes ces mesures
destinées à donner un grand essor au commerce,
à l'industrie età l'agriculture, ne" peuvent porter -
leurs fruits que. dans un état de paix profonde,
tandis que la seule probabili'é .d'une guerre
'suffirait pour, précipiter la France dans une
crise -.financière de la plus grande gravité. Ce
sont cï;s considérations qui nous portent à croire
que Louis-Njipoléon ne .médite ni agression .ni
conquête, bien que les bruits qui ont-circulé dans
les derniers temps sur urte forte réduction de l'ar
mée de France se trouvent démentis par le bud
get de 18K2 et par les,explications du Moniteur dei
l'Armée.
Le ministère anglais a présenté lundi soir,
à là chambre des communes, un nouveau pro
jet de loi sur la milice. Ce projet de loi différé
essentiellementdela mesure proposée par lord
'Johnllussell; il aura-pour effet de constituer
en Angleterre une véritable armée de réser
ve de 80,000 hommes, recrutée par des en-,
rôlemens volontaires. Les détails du plan
'ffli»istériel-ne seront connus-que lorsque,
la chambre des communes en aura voté la;
première leeture et autorisé l'impressio n.
/ C ucheval- C larigny.
Pour apprécier la portée du nouveau dé
cret sur les sucres, il est nécessaire de se re-,
1 porter à la loi du 13 juin i85l et aux prm-
■ cipales dispositions qu'elle contient.
La loi du 13 juin 1851, discutée de la
manière la plus confuse et faite à coups
dîamendemens, avait eu la prétention d'as-;
seoir la tarification. des sucres sur une ba
se tout à fait »nouvelle. Elle a imposé les
sucres en raison de leur richesse saccharine
et du leur rendement au raffinage, et elle a
établi des droits décroissant successivement
de deux centièmes par chaque degré centé
simal de sucre pur. Elle a étendu, pour per
cevoir cet impôt," l'exercice aux raffineries.
Enfin, après avoir fixé le droit à 50 fr. pour
100'kilogrammes de sucre pur indigène, elle
a accordé une diminution de 6 fr.'au sucre
colonial, et elle a abaissé à H fr. seulement
la surtaxe sur le sucre étranger.
Mais, à peine ces dispositions étaient-elles
votées, qu'on reconnaissait l'impossibilité
d'appliquer immédiatement le système sac-:
cliarimetrique'. La précision de l'instrument
était contestée, et il n'existait pas d'ailleurs de
personnel pour mettre en pratique ce nou-
. veau. mode de perception. Force fut donc
d'en ajourner l'application au mois de jan
vier, et d'adopter une série de dispositions
■ transitoires, qui ne devaient rester' en vi
gueur que jusqu'à cette époque.
D'après ces disposition?, transitoires, le
droit fut fixé à 44 fr. 30 pour le sucre de
nuance égale au plus au type existant, et à
47 fr. 50 pour le sucre de nuance supérieu
re. On établit, principalement en vue du
sucre colonial, ùn sous-tvpe qùi:fùt imposé
à Al'ir. SO , seulement, et^ l'on accorda* eri
Outre, au sucre colonial'une diminution de
5 francs. La surtaxe sur le sucre étranger fut
réglée à 10 fr. 50. ' ;
Lorsqu'aïi'iva le 1 er janvier, on n'était pas
plus en mesure qu'au mois de juin précér
dent pour appliquer le mode de tarification
basé,sur la saccharimétrie. Loin de là, la
question, au lieu d'avancer, avait fait de
nouveaux pas en arrière. On s'était convain
cu des inexactitudes qui devaient nécessai
rement résulter de l'efnploi du polarjmètre
tir lequel on avait compté. Le gouverne
ment fut donc obligé de proroger encore
l'application dé la loi au mois de juin sui
vant .et de maintenir provisoirement les dis
positions transitoires.
Cela posé; on comprendra facilement l'es
prit et le butdu nouveau décret. Il abolit dé
fi nitivemeut le système saccharimétrique, et
il abroge presqu'entièrement la loi du 13 '
juin 1851, avant même qu'elle ait été ap
pliquée. Il conserve l'usage des types, mais
avec quelques modifications.
Le droit sur, le premier, typé est porté à >
45 fr. au lieu de 44.50, et le droit sur le type,
supérieur à 48 fr. au lieu de 47.SO, ce qui:
constitue, comme on voit, une différence in
signifiante. .•
Le sous-type, qui jouissait d'une réduc
tion de 3 franos.sur le preinier type, et' qui ;
profitait surtout au sucre colonial, est sup- ' :
primé. Mais on accorde au sucre de nos pos
sessions d'outre-mer une bonification de 7 :
francs; tandis qu'il n-'en avait qù'une de-5 ;
francs. Ainsi, la position du sucre colonial
reste à peu-près la même.
Quant au , sucre étranger,, la surtaxe est î
élevée de 10 fr. 50 à 12 fr. Cette augmenta- i
tioodel fr.' 30- contribuera, nous } espé
rons, à restreindre les introductions de sh-:
cre étranger, qui faisaient des progrès. mè : r
naçans, et qui envahissaient le marché au;
détriment du sucre indigène. Il est à regret- ;
ter, saps doute, que le gouvernement n ait
pas élevé davantage le chiffre de la surtaxe, i
Mais 011 doit voir dans cette mesure une
preuve de ses bonnes dispositions pour le
sucre indigène. C'est d'ailleurs une réponse
péremptoire à toutes les déclamations libre-
échangistes qui ont pris une sorte de recru
descence dans ces derniers temps.
Le décret porte que les dispositions de
l'article 6 de la loi du 31 mài 1846 (et non
de la loi du 13 juin 1841, comme on l'a im-,
primé par erreur dans le journal officiel)^
c'est-à-dire les dispositions qui autorisent;,
l'entrée des' employés de l'administration
dans les fabriques,, seront appliquées aux
raffineries de sucre et aux établissement ians
lesquels on extràit le sucre de la mélasse. Il,
ne faut pas s'y tromper. Cet article, appli
qué aux raffineries, n'a pas pour but de
soumettre le sucre qui en sort à une per
ception d'impôt, mais seulement de fournir
les moyens de reconnuître les matières qui
..y.sont traitées. Il ^'agit «.le précautions contre
la fraude. C'est également pour s'opposer à
la contrebande que le décret réserve au gou-
vernementle droit d'assujettir à l'exercice les
raffineries situées dans le voisinage des fa
briques. .
Les fabriques qui se livrent au raffinage
des sucres restent sous l'etfipire du décret
du 20 janvier dernier, et les sucres raffinés"
qui en.sortent doivent payer, comme les su
cres raffinés dans les colonies, 10 0/0 en sus
du droit applicable au sucre de nuance su
périeure. ; •. ;
En résumé, le nouveau décret détruit tout
l'échafaudage saôcharimètrique de la loi .du
13 juin 1851. Il laisse le sucré indigène et le
sucre colonial à peu près dans les mêmes
conditions où les avaient placés les disposi
tions transitoires. Il augmente la surtaxe suç
le sucre étranger de 1 fr. 5fl c. Enfin il prend
des mesures pour réprimer la fraude et as
surer la perception de l'impôt, j. btjkat. '
On nous écrit de Toulon : . '
« Le vaisseau de cent canons, à hélice, le
Charlemagne, ayant favorablement terminé
ses épreuves préliminaires, a quitté notre
port dimanche, à huit heures du matin,
pour faire un voyage, d'essai qui, par sa du
rée, permettra de porter un jugement défini
tif sur ses" qualités à la mer.-
» Le Charlemagne a pour mission de mon
trer le pavillon français dans un grand nom
bre de ports de la Mé4iterranée. Il se rend à
Naples, Messioe» Milo, au Pirée, à Smyrne,
et sans, doute à Constantinople, s'il peut ob
tenir de la Porte le firman indispensable
pour franchir les Dardanelles..
» Ce vaisseau reviendra par Alger, Cagliari
et les îles Baléares; Il sera de retour à Toulon
dans les premiers jours de juin. »
■ Nons- disons dans tiné lettre de Gênes, du
27 mars : 1 . ....
« Le prince de Canino est arrivé à Civita-Yecchi<4
sur. le Têlémaqùe; Mais il y a eu de grandes diffi
cultés pour fa descente à térre. Il n'y aurait rien
d'étonnant à ce que le prince de Canino eût;de»
affaires personnelles à Rome, ou même qu'il s'y
rendît à l'occasion du baptême du fils nouveau-né
de la comtesse de Saims, sa nièce. ■
» Mais nos feuilles ont- voulu tant attribuer, ai*
prince de Canino une mission mystérieuse, que 1 gouvernement romain a pris' des mesures exagé
rées. À peine le prince était-il arrivé au fort du
Biccliiere où se trouve la passe d'entrée dans le
pori de Civita-Vecchia, que la police pontificale
s'est rendue à son bord et a prié le prince de ne
pas descendre. Elle a exhibé des ordres positifs.
» Le princè de Canino a montré des lettres pour
M. l'ambassadeur de France, comte de Rayneval,
pour le général Gémeau. Il a fait appeler le consul
de France, résidant à Civita-Vecchia,.. qui s'est
empressé d'aller à bord et de se porter caution
pour le prince. Le consul a emmené M. Charles
Bonaparte dans la maison consulaire. :
» Cependant comme ]e délegat se préparait»
mettre opposition à son départ pour Rome, d'un
commun accord-le consul de France et le prélat
commandant à Civita-Vecchia, ont envoyé prendre
des ordres à Rome.
» Lesjettrcs de M. Charles. Bonaparte ont v été
envoyées à M. le comte de Rayneval et ail général
Gémeau pendant qu'il restait confiné dans là mai
son consulaire à Civita-Vecchia. :
» Nous apprenons que l'on a demandé aussi de£
ordres à Paris. Ainsi, par suite des bruits ridicu
les répandus par la pressé italienne', le prjncs qui
se rendait à Rome ; pour de simples ifflairçs de fa-
mi lie, s'est trouvé entouré de suspicion etd'ennuis.>>
ALGERIE. ■ >
Nous lisons dans le Moniteur algérien, du
25 mars : • .
« Le nombre des transportés arrivés en
Algérie, jusqu'à ce jour,'s'élève à 1;350 envi
ron. Sur ce nombre, 410 se trouvent, en ce
moment, dans le camp de Birkadem, 2''0 à la
Maison-Carrée, 285 à la ' Casbah de Bone, et
350 viennent d'ètfe internés dans le camp de
Douéra. En outre,. un convoi, de 100 trans
portas, choisis parmi les cultivateurs et par
mi ceux qui exercent des professions utiles à
l'agriculture, a été dirigé sur la colonie de
la Bouikika, située dans la plaine de la,Mi-
tidja, entre l'Afroun et Marengo. Un se-
coudetun troisième convois, formés de la
même manière,partiront incessamment, l'un
de Birkadem,l'autre de la Maison-Carrée, pour
la même destination. On procédera "ensuite
au peuplement des villages d'Àin-Benian ët
d'Aïn-Sultan, placés sur la route de Milianah,
au moyen de dispositions analogues.
.» Lés transportés placés dans les villages
seront employés aux travaux agricoles et aux
industries qui s'y rattachent. Ils recevront
une rétribution journalière, sur laquelle se- ,
ront imputées ies diverses prestations qui
lehr seront fournies, et ils auront leur part
dansles produits. Ils pourront même,par leur
bonne conduite et leur travail, obtenir ulté
rieurement là faveur de devenir concession
naires de terres, sur des points déterminés,
et d'appeler leurs familles auprès d'eux.
» Ceux qui posséderont des ressources suf
fisantes pour employer le travail d'àetrui,
pourront; avec l'autorisation du ministre,
obtenir dejiiriger. à leurs frais et à leur pro
fit, une exploitation particulière dans le lieu
qui leur sera assigné pour résidence.
» Enfin, on emploiera généralement aux
travaux publics, moyennant salaire à la tâ- -
che, les transportés qui n'auront pu être
classés dans, la catégorie des villageois, ou
qui n'auront pas encore mérité d'être autô-
risés à se livrer à des exploitations particu
lières.
» Un règlement adopté par M. le gouver
neur-général, sur le rapport de M. le secré
taire-général du ^ gouvernement, consacre
toutes ces dispositions et détermine les con
ditions de travail et de séjour des transpor
tés placés dans les villages. Ce règlement va
être soutnis à la sanction de M. le ministre
de la guerre.
» L'administration traitera ces hommes
coupables ou égarés avec humanité, mais\
sans se départir un instant de la fermeté vi
gilante que commande la situation qu'ils se
sont faite. Elle cherchera à diriger, dans
l'intérêt; du pays et dans le leur propre, les
ressources qu'ils présentent, et se félicitera
hautement si, après un temp d'épreuve plus
ou moins prolongé, selon leur conduite, elle
peut les fixer au sol de l'Algérie, avec leurs
familles; où rendre à la mère^patrie des
hommes régénérés et devenus les soutiens de
l'ordre public. Les résultats obtenus dans
les colonies agricoles permettent d'espérer
que ce voeu sera réalisé. »
Nous trouvons dans l'Akhbar du 25 mars
lès nouvelles suivantes
J£UlLLET0NDl]CaNSTITCTIUNNEL,31MARS.
SCIENCES PHYSIQUES.
LE FLUIDE ÉLECTRIQUE ET LA PILE
DE VOLTA.
f En 1801, une commission de savans ren-
dait compte, à l'Institut, des expériences de
' Vôlta sur rêlectricité : le conquérant de l'I
talie. ^assistait à, la séance ; et, plein d'en-
.tbousiasœe pour des découvertes dont, il
pressentait toute l'importance, dans l'avenir,
il fit;voter pat acclamatidn. une médaille
d'or en l'honneur de l'illustre physicien de
Côme; en outre, il fonda un,prix de 60,000 fr.
pour l'auteur de quelque grand progrès d'ans
les sciences nouvelles de l'électricité ou du
magnétisme.
Un déofet récent, inspiré sans doute par le
souvenir de celte fondation impériale qui ne
put avoir son effet, promet une récompense
au savant, de quelque nation qu'il soit, qui
pourra rendre la pile de Volta applicable
avec économie à l'industrie, aux sciences
physico-chimiques, à la médecine. Il nous a
semblé que c'était l'occasion de donner, pour
ceux de nos lecteurs auxquels il est bien per
mis d'ignorer la composition ei le mécanis
me de la pile de Volta ou des autres piles
électriques, des détails sur cet instrument,
a le plus merveilleux que -les hommes aient
jamais inventé, sans en excepter le télescope
« et la machine à vapeur. » Du reste, notre
langage et nos explications seront aussi sim
ples (que les savans mus le pardonnent!),
aussi peu scientifiques, aussi humbles qu'il
bous sara poEEibls.
L'ambre jaune (electron), frotté avec une
étoffé de lame, avec une fourrure, acquiert
là propriété d'attirfer les corps légers, barbes
de plume, ràpures de liège, brins de paille.
Les philosophes de la Grèce et de Rome,
Théophraste, Pline, etc., connaissaient cetts
faculté singulière ; mais ils ne voyaient là
qu'un phénomène accidentel, isolé ; et, com
me le remarque IVf, Arago, ils né se doutè
rent point qu'ils venaient de toucher^au pre
mier anneau d'une longue chaîne de décou
vertes; ils méconnurent l'importance d'une
observation qui plus tard devait fournir des
moyens assurés de désarmer les nuées ora
geuses, de conduire dans les entrailles de
la terre, sans danger et même sans explo
sion, la foudre que ces nuées recèlent; ils
n'allèrent point au-delà du fait primitif, et
c'est seulement après vingt-deux siècles que
la science de l'électricité l'ut créée par Fran
klin et par Volta. = -
Cette science doit presque toute sa puis
sance à la pile voltalque . rappelons donc
quelques notions élémentaires qui donnent
l'intelligence, et comme la clé de l'instru
ment.
Ce n'est pas seulement l'ambre, comme
l'avaient signalé les anciens, qui manifeste
les phénomènes électriqués (électricité dési
gnée sous les noms de résineuse, de négative)*
ce n'est pas seulement le* verre, comme on
le "sut plus tard (électricité dite vitrée, positi
ve) y tous les corps de la nature, organiques
ou inorganiques, contiennent de l'électricité;
il y en a dans l'air qui nous entoure et nous
nourrit; dans les nuées suspendues au-des
sus de nos tètes ; dans les mers qui baignent
notre globe et menacent de l'engloutir; dans
le sol. qui nous porté, pile immensè in-
o&s&annaent parcourue par lès fluides, ma
gnétiques. Il v en a dans tous les végétaux
que la terre étale à sa surface, dans tous les
êtres vivans qui la peuplent, « hôtes de l'u-
pivers sous le nom d'animaux. » Il .y en a
dans l'homme, comparé par les philosophes
à une machine, à une montre; et, parles
chimistes, à une locomotive, à une pile élec
trique. Mais, dans tous les corps, l'électricité
reste latente, à l'état neutre , tant qu'elle n'est
point manifestée par l'intervention de quel
que influence étrangère , tant qu'elle n'est
point mise "fen liberté, soit par le frottement,
soit par le choc, par un simple contact ou par
des réactions chimiques.
On dit qu'un corps est bon conducteur de
l'électricité, quand il se laisse facilement tra
verser par les fluides électriques ; et qu'il est
mauvais conducteur lorsqu'il les arrête dans
leur marche ouïes transmet imparfaitement.
Ainsi les métaux, les liquides chargés de sels
ou d'acides,.les végétaux, l'homme lui-même
et les animaux conduisent bien'l'électricité j
les matières vitreuses, résineuses, la soie,
l'air, etc., la conduisent très mal, et
sont appelés pour cette raison isolons, c'est- -
à-dire qu'ils opposent une sorte de barrière
au fluide et l'empêchent de sortir du corps
où il a été accumulé.
Toutes les fois qu'un corps chargé d'élec
tricité est mis eu communication avec le soi,
directement 011 indirectement par l'intermé
diaire d'un conducteur, il perd sou élec
tricité, qui ya s'épanJre dans la terre et sç
réunir au réservoir commun.
Il faut distinguer l'électricité ^statique de
l'électricité dynamique. La première est celle
qui se tient istat) accumulée à la surface des
corps ; si elle eût été connue seule, la scien
ce, bornée dans ses résultats pratiques, ne se
serait pas enrichie xla conquêtes utiles; elle
n'aurait guère dépassé ielaboratoire du phy
sicien ; restant à l'état de curiosité sCientifi-
"que, ou bien passant aux mains des bate-
lî'ûrs, ces savans de nos foires, pour faire
t> P'iti.iration des badauds ébahis. Toutefois,
r ia découverté de l'électricité statique se
rattache une magnifique invention, celle des
paratonnerres, invention qui a rendu Fran
klin immortel, et qu'on retrouve en germe
dans l'observation du physicien français Nol-
Ict : « Le tonnerre entre les mains de la na
ture, c'es}, l'électricité entre les mains des
physiciens. »
Volta, en découvrant la pile, atrouvé l'élec
tricité dynamique, celle qui se meut et cir
cule dans les corps conducteurs ; il a trou
vé le courant électrique; et, dès-lors, la
science est devenue féconde en applications
pratiques; Hès-lorsaété créée la machine scien
tifique la plus admirable, et peut-être, sui
vant les prévisions de l'Empereur, le plus
'puissant des agens industriels. - ' .
Voltaire dans son Essai sur.les Mœurs, et
M. Scribe dans sa comédie du Verre d'Eau;
ont montré combien souvent, dans l'histoire
des nations, de grands effets ont été engen
drés par de petites causes. Le même con
traste s'est présenté plus d'une fois dans la
science : c'est au rhume d'une dame de Bo
logne (nous empruntons à M. Arago ce fait:
étrange) que l'humanité est redevable de la
pile voltalque et de ses prodiges infinis.
Jin 1790, si l'on en croit la tradition, Mme
Galvani avait une bronchite; son médecin
lui avait ordonné du bouillon de grenouilles;
et eeilès-ci, dépouillées par la cuisinière, gi
saient sur une table ; ' on décharge, dans ie
voisinage, une machine électrique, et voici
qu'au moment, de l'étincelle, ces animaux
semblent reprendre ls mouvement et la vie,
et sont agités, de vives convulsions. Que cet
heureux hasard ait réellement porté Galvani
à instituer des expériences sur i'électriçité à
l'aide des~ grenouilles, ou bien que le fait de
ces contractions fût la conséquence d'éludés
antécédentes sur le système nerveux pour
suivies depuis long-temps, toujours est-il
qu'il finit par découvrir un phénomène d'ur
ne étonnante singularité ; sur une grenouille,
même décapitée depuis long-temps, si l'on
vient à réunir les nerfs et les muscles de l'a
nimal par un are métallique simple ou com
posé de deux raétau,x, ces tronçons inanimés,
ces membres, épars, vont se ranimer et se
contracter avec violence, et cela, sans l'inter
vention d'aucune électricité étrangère.
Comment expliquer les convulsions pos
thumes de cette grenouille mutilée ? Quelle,
force mystérieuse semble rendre la vie, pour
un moment, à ces membres, à ces lambeaux
détachés du tronc? Galvani supposa l'exis
tence d'uné élèctricité qui appartiendrait en
propre à l'animal et qu'il développerait dans
ses organes; qu'un conducteur donne pas
sage aux fluides électriques accumulés sur
le nerf et le muscle, et alors une secousse,
une commotion aura lieu, semblable à celle
que produit la décharge d'une bouteille de
Leyde. Volta émit une opinion inverse: niant
l'électricité animale, il plaça dans l'arc mé
tallique,du physicien bolonais, dans le con
tact des métaux dissemblables de cet arc l'o
rigine des fluides électriques; ces métaux
en contact seraient les générateurs de l'élec
tricité, et, dans l'expérience de la grenouille
galvanique, les muscles et lés nerfs ne de
vraient plus être considérés, que comme des
moyens de transmission.
Une discussion solennelle, qui tintl'Eu-
ropa entière attentive, s'engagea,pendant des
années, entre les deux illustres savans^ et
jamais l'on n'aura pu dire avec plus de jus
tesse que du choc des opinions jaillit la lu
mière., ' . .
L'avenir (si non son siècle) a donné raison
à Galvani ; l'électricité animale existe, et elle
constitue, sous le nom de galvanisme, une
importante division de la science ; c'est cette
électro-physiologie qui se flatta un moment
d'avoir le mot de celle éternelle énigme qu'on
appelle la vie.
C'est'le contact des deux lames de métal
différent qui produit l'électricité, avait dit
Volta, et, pour le prouver, il construisit ^
pilé. '
Découpez, d'une part, des disques égaux
de zinc et de cuivré, et d'autre part, dès ron
delles de drap'ou de carton imbibées d'une
dissolution de sel ammoniac ou d'eau char
gée d'acide sutfurique ; sur un support ho
rizontal posez un disque de cuivre, puis, sur
le cuivre, un disque de zinc, et vous aurez
alors ce que le physicien de Côme appelait
un couple ou élément. A la surface du couple*
S lacez la rondelle d'étoffe chargée d'eau ad
ulée. Viendra ensuite un second couple,
séparé d'un , troisième par Une mqme ron
delle mouillée. Vous aurez ainsi une colonnè
composée d'autant de couples que le deman
dera la force électrique à développer; une
condition seulement sera nécessaire : ce sera
de ne jamais intervertir l'ordre dans lequel
on a disposé lès métaux dès le début de l'opé
ration.
Voyons maintenant la machine fonction
ner : grâce aux actions. chimiques qui -se
passent au contact des métaux et de l'eau
acidulée, le Quide neutre que contiennent
les matériautf divers dè l'appareil est dé
composé -, l'élafitricité ucsitivé «3 ports &
PABIS.. . .... 13 F. PAR TRIMEmS»
É 'PAJRTEMENS. 16 F. — . r -
" , UN NUMEftO : 2Q CENTIMES.
>odr les p Î ts btbangbrs, se reporter
a a tableau qui sera publié dans le ]ouïM)*
la» 10 et ï& de càaque moisi
' Iti abonnement datent des 1« et 1$
de citoqu* tno\t x
■
. S'adresser, franco, pw la rédaction,
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
I
On s'abonne, dam Ut département, mxMessageriesct aux Directions deposte.-rA Londres, chez MM. Covnx et niî -î
' - , „ — A Strasbourg, chez M. AwXAMDEK, mur l'AUemagwï.
I S'adresser, trmco, pour,l'à
î'AfUS, 30 MAKS.
Notre-honorable collègue, M. Vérpn, a ex
primé hier avec chaleur la profonde et uni
verselle impression causée par le discours
du Président de laJtépubliqué. On nous per
mettra de revenir aujourd'hui sur ce sujet,
et de le présenter avec calmeà Ta méditation
de tous leg esprits sérieux,
i '• Ce ne serait point exagérer que d'estimer
à deux cent v mille": personnes les spectateurs
de tout âgé et de tout sexe, pressés, entassés,
alignés, sur la place du Carrousel , sur le quai,
stir la terrasse du bord de l'eau, sur.la place
îfOuis XV, eufin depuis les Tuileries jusqu'à
l'Elysée. Que faisaient là, coflfiantes, serei
nes, joyeuses, ces deux cent mille personnes,
debout depuis midi jusqu'à trois heures ? —
Mon Dieu ! ce n^est un secret pour personne;
elles attendaient un Empereur I
' Depuis trois semaines, sur tout, on ne. s'a
bordait à la promenade, dansthéâtre, dans le monde, qu'avec eette éter
nelle question?—A quand. l'Empire? On ne
compterait pas le nombre des gens qui
croyaient savoir, d'une manière certaine* que
le mantiau impérial» était déjà chez le bro
deur- Quelques-unes ne se défendaient que
mollement;de l'avoir vu; Hier et aujour
d'hui, la, croyance à l'Empire était générale
et sérieuse ; et, comme nous le disions, la
foule était déjà rangée pour voir passer un
Empereur :—elle a vu passer un gouver
nement!
, Chose étrangement triste et ingrate ! De
puis bientôt quatre années, les partis et les
badauds ont cru Louis^Napoléon nuit et jour
dominé par l'idée de se donner un grand ti
tre; et l'événement dévoile enfin sa profonde
êt constante pensée, qui a été de donner à la
France la sécurité, le bien-être des institu
tions. • * ■
' Aussi la foule amassée aujourd'hui sur son
passage a-t-elle paru comprendre cette ab
négation rare- et sublime5 et nous eussions
défié sa couronne de soulever plus d'accla
mationsque n'en onl soulevé sa modestie et
sa grandeur d'ame.
Quel beau, li.vre que ce discours noble et
grave, où le nevtïu-de l'Empereur rappelle à
la France, égarée par ,cinquante années de so-
phismes, les conditions naturelles et nécessai
res dè l'ordre et du gouvernement ! Cèr'es,
on.peut dire, sans blesser personùe,- que
cette réunion des Tuileries contenait, en
tous genres.! l'élite delà France, les hommes
qui ont le plus vu d'événemen», le plus mé
dité de problèmes, le plus étudié de révaur
lions. Eh bien Ion peut dire aussique, dans
cette réunion si nombreuse et si augpste,
il ne s'en trouvait peut-être pas un, seul ;
que cette, manière nette de voir la véri
té^ et cette façon loyale de l'exprimer
n'aient profpndémént surpris.- Nous sor
tons à peine d'une longue orgie, révolut
ionnaire, dans laquelle, il faut bien l'avouer,
lestasses lettrées et. politiques avaient làissé
S 'altérer leur nalure ; et nous ne savons.nous
.empêcher d'être émerveillés et. ravis, lors
qu'un grand et ferme esprit, que trente an
nées d'exil ont; peut-être préservé , vient :
substituer aux sophismes d'une, politique
orgueilleuse et impuissante, les inspirations
honnêtes et fécondes d'une politique simple
et populaire.
^ Pourtant, que de raisons -de pénétrer à :
l'avance les mystères de. ce discours* qui te
nait. en suspens la Guriosité universelle,
comme si la préface n'en avait pas «té écrite,
jour par jour, depuis quatre mois, dans les'
merveilleux événement qui . se sont accom-■
plis sous nos yeux ! Que pouvais avoir mis,
dans" ce discours le chef de l'Etat qu'il n'eùtt
déjà mi&au Moniteur ?. Que pouvait-il. dire*
-qu'il n'eût déjà.fait?
1 Une sbciété'déjà'daiis l'abîme, déjà con
damnée à périr, .on pourrait dire déjà morte,
,car ies bandits qui l'avaient surprise et vain-
- eue se. partageaient publiquement ses dé
pouilles, est subitement sauvée* rassurée,
' rajeunie, et présepiè, après quatre mois de
gouvernement résolu,intelligent et honnête,
ces symptômes de force ■etthjvie-qui annon
cent les longues et belles périodes de civili
sation, échelonnées comme des jalons dans
l'histoire. .
La vie industrielle et financière de la Fran
ce affaiblie, près de s'éteindre sous la pres
sion de la peur et M menace du pillage, se
ranime et se réchauffé à tel point, que l'E
tat, plss prudent que les écus, est obligé de
modérer l'ardeur des travaux, l'audace des
spéculations; l'élan des compagnies, et d'a
journer à. quelques mois, pour éviter un ex
cès d'affaires, les grandes voies du sud-ouest
de la France, dont plusieurs sociétés rivales
se disputent l'exécution immédiate.
Il y a quelques mois, c'était l'argent qui
était difficile à trouver, et le placement qui
s'offrait partout de lui-même ; maintenant,
c'est l'argent qui est devenu aisé* et le place-'
ment qui est devenu difficile ; si bien, que
la Banque de France a réduit d'un pour cent
les conditions de son prêt; et que* l'Etat a pu
réduire d'un demi pour cept l'intérêt de sa
dette ancienne, sans que les rentiers aient été
tentés de retirer leur capital pour en cher
cher,un meilleur emploi.
Une. mesure féconde et immense, une vér
ri table institution, que tous les bons esprits
rêvaient sans l'espérer* la décentralisation
adminigtrativey a tout â~lîOfip.détruit encou
rant de brigues qui emportait chaque jour,
du "fond des provinces à Paris, d«s centaines
de solliciteurs de tout ordre, _ et a placé au
milieu des populations elles-mêmes un pou
voir^préfectoral élevé, étendu, respecté, pour
étudier de près etpour résoudre avec promp
titude toutes les questions locales.
Toutès ces mesures, et vingt autres, qui
eussent employé, pour arrivpr à une série
d'avortemens, quinze années de harangues,
d'intrigues et de coalitions, parlementaires,
tous ces actes hardis et sensés, qui n'em
pruntent rien, comme le Président l'a si
bien dit, ni aux, vaines, théories, ni au
despotisme, ont défrayé moins de quatre
mois du gouvernement personnel de Louis-
Napoléon, et ont pu être conçus et réalisés
à ; la suite du coup d'Etat le plus hardi dont
l'histoire fasse mention, et de deux élections
générales qui ont mis eir mouvement huit
millions de citoyens.
Celui qui ne comprendrait pas que' tant
d'ordre succédant sans intervalle à tant d'a
gitation, tant de confiance succédant à tantde
terreur,- tant de force dans le gouvernement
succédant à tant d'im puissance,sontla marque
certaine d'une ère politique nouvelle et fécon
de, celui-là ne.se rendrait compte ni du pas
sé, ni du présent. C'est peu* en effet, de faire j
des lois • 1! faut faire des lois comprises et
acceptées. Tout- le monde peut mettre des
décrets au Moniteur, Louis-Napoléon a le ra
re. privilège de les. mettre dans les esprits.
. Certes* toutes ces choses devaient être la
matière naturelle et nécessaire du discours
d'inauguration du sénat et d u corps législatif :
et nous en avions vu. réaliser les idées avant
d'en entendre prononcer les phrases; et ce
pendant, l'effet en a été profond et immense;
comme si-, tous ceux qui étaient là avaient eu
besoin d'entendre parlèr, encore une fois,
du salut de la France, pour y croire.
a. GRAMER DE CASSAGNA.C.
vTiEage. au-sort des bureaux. .
. Séance. levée à.,deux lieuses. et -demie. ■
' s'
Ordre du jour du mercredi 31 .mars 1882.; ■
A une heure, réunion dans les bureaux .- suite
de l'examen des pouvoirs. • '
A trois heures, séance publique : vérification'
des pouvoirs.
Le décret du 17 février 1832 avait soumif
à l'obligation du timbre toutes les publica.-
tions périodiques san& distinction. LeConstfc
tutiomel fut le prëmier à élever la vois en
faveur de la presse scientifique et littéraire,
qui se trouvait gravement atteinte dans ses
conditions d'existence. Nous n'avons pas fait
en vain appel'à l'esprit éclairé du ministre
des finances, qui s'empressa d'interpréter le
décret du 17 février dans le sens le plus lit
béral et ls plus'favorable à la pressa non po- ,
litique. M. Bineau né s'en est.pfis tenujà,
et un nouveau décret, rendu le 2'8«jmars sur
sa proposition r a complètement exonéré du
timbre les journaux et* écrits périodiques et
non périodiques exclusivement consacrés§.ux
sciences, ' aux arts et. à l'agriculture". Non-
seulement ce . décret replace la presse non
politique dans lasituation où elle était avant
la nouvelle législation sur les jouraaux, mais
il lui faitdesconditionsinfinimentmeilleures.
En effet* sous le régime antérieur, l'exempr
tion du timbre dépendait de certaines con
ditions d'étendue et de périodici té. Aujour
d'hui, elle est absolue, à' iauonditioiî-qtrtî-leà-"
écrits qui devrout en profiter se renferment
: exclusivement- dans le cercle des lettres ou
des sciences. . .
Nous avons accepté les entraves qui pèsent
sur la.presse politique, mais plus la législa
tion qui nous régitest rigoureuse, plus nous
devons nous féliciter de l'immunité qui est
aceordée-à une partie du journalisme ; cette
immunité assure un débouché à de nom
breux esprits d'élite, menacés d'être atteints
dans leur carrière, ubô existence-prospère à
des publications qui importent au progrès
des arts et des sciences, et du travail à toutes
les industries qui vivent de la'presse.' C'est
parce que nous apercevons au.fond de ce
décret une pensée libérale et intelligente que .
nous y applaudissons de grand coeur.
Ct'CUEVAt-CtARIGXV. "
Nous recevons du bureau du corps légis
latif la comm unication officielle suivante :
CORPS LÉGISLATIF.
PRÉSIDENCE DE M. CUXAULT.
Sommaire de là séance du mardi 30 mars 1853.
Ouverture de là séance à deux heures. .
Constitution du bureau'..
MM. Dalloz, duc m de Tarente, Eschasseriaux et
Dugas, secrétaires. . • .
. Allocution de M. le président .au corps législatif.
•- Communication d'une lettre collective signée
par MM. le général Cavaignac, Carnot et Hénon,
et portant refus de serment. *
Déclaration que les. signataires de la lettre sont
réputés.démissionnaires..
Démission de M. Renouard* par suite d'accepta
tion de fonctions: incompatibles avec le mandat de
député.
Jusqu'à ce jour notre législation consa
crait. indistinctement les droite des auteurs,
qu'ils fussent français ou étrangers, relati
vement aux ouvrages publiés en France*
mais elle ne donnait à l'étranger aucun
moyen d'empêcher dans notre pays la con
trefaçon de ses œuvre s publiées hors du ter
ritoire. Cette situation exceptionnelle faite
aux étrangers relativement aux productions
scientifiques, littéraires ou artistiques, qui
concourentau'développement et aux progrès
de l'esprit humain, n'était pas en harmonie
avec les principes de notre droit. •
Un décret rendu sur le rapport de M. Ab-
batucci, ministre de la justice, et publié hier
par le Moniteur , a pour objet de remédier à
cet état de choses en assurant la propriété de,
leurs œuvres aux auteurs étrangers, en quel
que lieu qu'elles aient vu le jour.
Dorénavant là contre façon, sur le territoi
re français, d'ouvrages publiés à l'étranger
constitue un déli\ et est passible des peines
prononcées contre lés contrefacteurs dîbu-
-vrages français.
Ce décret consacre un principe de justice
fait pour honorer notre nation ; protéger
les productions des auteurs étrangers de
quelque pays qu'elles viennent, c'est donner
dans le mondtv entier, aux.sciences, aux let
tres et aux arts, un encouragement qui ne
peut ftianquer d'avoir les plus heureux ré--
sullats ; c'est .aussi montrer quelle estime la
France professe pour les productions de l'es-
prit et lui maintenir la position prépondé
rante qu'elle occupé dans là direction intel
lectuelle de l'Europe.
Un premier efTet du décret sera dlassurer
la .réciprocité de la part de la Bavière, de la
Prusse et de la Saxe, qui n'attendaient que
ces.garanties.
Le secrétaire de la rédactioa, l. boniface.
DÉPÊCHE ÉLECTRIQUE.
Hambourg, mardi, 30 mars 1S52.
Le sénat, de Brème, d'accord avec le com
missaire fédéral, a sus'pendu hier la liberté
de la presse, le droit de réunion, le jufy, et
a dissous la chambre. Une nouvelle chambre
sera élue d'après un autre mode d'élections.
Brème est tranquille.
Le Journal dé Francfort publie, soucia ru
brique de.Berlin, la correspondance sui
vante : .
Berlin,' 24 mars.
Il est des gens gui refusent obstinément d'a
jouter foi aux protestations de paix que le. Prési
dent du la République française, pour démentir
des rumeurs malveillantes, âfait renouveler à dif
férentes reprises, soit par ses agens-diplomatiques,
soit par ses journaux officiels. Cependant toutes
les nouvelles qui nous arrivent de France font de
nature à.proijver que, ces protestations sont par
faitement sincères. .
Nos hoinmts d'Etat les plus éminehs sont per
suadés que Louis-Napoléon s lit)apprécier les dan
gers auxquels' il exposerait la France par une imi
tation trop littérale du-système politique-du grand
homme qu'il 'a. choisi-poùr jtiodele. Si sa perspi-
scacité naturelle ne lui avait pas donné cet avertis
sement, ses ennemis mêmes, par leurs insinuations
indiscrètes ét par. leur joie' prématurée, l'auraient
détourné d'une voie qui pe le mènerait qu'à com
promettre sa forte position au dedans, et à briser
les bonnes relations qi^'il entretient avec les gran
des puissances de l'Europe. . . ...
. Du reste, il n'est pas difficile de_se convaincre •
que la situation actuelle diffère essentiellement de
l'époque consulaire,-et impériale. L'empereur Na
poléon ne pouvait ^consolider sa 'position que par
la lu'lte et par la Victoire, parce qu'il avait trouvé
. l'Europe entière coalisée" contre la France, et con
tre l'avènement d'un génie militaire. Le Président
de la République n'a aucun intérêt à troubler'la
:p;iix du monde ; car son élévation a trouvé l'as
sentiment unanime des gouvernement;, qui s'em
pressent de féliciter là France échappée Taux dan-
..KKf^du^ocialisme , et d'applaudir les créations
a'uà"gènie.civilisateur': Dompter l'esprit dé révot- >
te, restaurer le principe d'autorité et augmenter
le. bien-être de la - nation^ voilà une- tàctie assez •
(Vaste pour suffire à Hactivité d'un grand homme.
' C'est cettetâche qui forme la mission du prince-
Président telle qu'on la comprend ici et telle qu'il
parait l'en tendre lui-même. On, n'a qu'à. rappeler,
les actesjfinanciérs de Louis-Napoléon pour.prOu- '
ver. que ces suppositions sont parfaitement fon-j
dées. Les concessions de chemins de fer, le décret,
en faveur de la mobilisation du crédit foncier, la
conversion de là rente, enfin toutes ces mesures
destinées à donner un grand essor au commerce,
à l'industrie età l'agriculture, ne" peuvent porter -
leurs fruits que. dans un état de paix profonde,
tandis que la seule probabili'é .d'une guerre
'suffirait pour, précipiter la France dans une
crise -.financière de la plus grande gravité. Ce
sont cï;s considérations qui nous portent à croire
que Louis-Njipoléon ne .médite ni agression .ni
conquête, bien que les bruits qui ont-circulé dans
les derniers temps sur urte forte réduction de l'ar
mée de France se trouvent démentis par le bud
get de 18K2 et par les,explications du Moniteur dei
l'Armée.
Le ministère anglais a présenté lundi soir,
à là chambre des communes, un nouveau pro
jet de loi sur la milice. Ce projet de loi différé
essentiellementdela mesure proposée par lord
'Johnllussell; il aura-pour effet de constituer
en Angleterre une véritable armée de réser
ve de 80,000 hommes, recrutée par des en-,
rôlemens volontaires. Les détails du plan
'ffli»istériel-ne seront connus-que lorsque,
la chambre des communes en aura voté la;
première leeture et autorisé l'impressio n.
/ C ucheval- C larigny.
Pour apprécier la portée du nouveau dé
cret sur les sucres, il est nécessaire de se re-,
1 porter à la loi du 13 juin i85l et aux prm-
■ cipales dispositions qu'elle contient.
La loi du 13 juin 1851, discutée de la
manière la plus confuse et faite à coups
dîamendemens, avait eu la prétention d'as-;
seoir la tarification. des sucres sur une ba
se tout à fait »nouvelle. Elle a imposé les
sucres en raison de leur richesse saccharine
et du leur rendement au raffinage, et elle a
établi des droits décroissant successivement
de deux centièmes par chaque degré centé
simal de sucre pur. Elle a étendu, pour per
cevoir cet impôt," l'exercice aux raffineries.
Enfin, après avoir fixé le droit à 50 fr. pour
100'kilogrammes de sucre pur indigène, elle
a accordé une diminution de 6 fr.'au sucre
colonial, et elle a abaissé à H fr. seulement
la surtaxe sur le sucre étranger.
Mais, à peine ces dispositions étaient-elles
votées, qu'on reconnaissait l'impossibilité
d'appliquer immédiatement le système sac-:
cliarimetrique'. La précision de l'instrument
était contestée, et il n'existait pas d'ailleurs de
personnel pour mettre en pratique ce nou-
. veau. mode de perception. Force fut donc
d'en ajourner l'application au mois de jan
vier, et d'adopter une série de dispositions
■ transitoires, qui ne devaient rester' en vi
gueur que jusqu'à cette époque.
D'après ces disposition?, transitoires, le
droit fut fixé à 44 fr. 30 pour le sucre de
nuance égale au plus au type existant, et à
47 fr. 50 pour le sucre de nuance supérieu
re. On établit, principalement en vue du
sucre colonial, ùn sous-tvpe qùi:fùt imposé
à Al'ir. SO , seulement, et^ l'on accorda* eri
Outre, au sucre colonial'une diminution de
5 francs. La surtaxe sur le sucre étranger fut
réglée à 10 fr. 50. ' ;
Lorsqu'aïi'iva le 1 er janvier, on n'était pas
plus en mesure qu'au mois de juin précér
dent pour appliquer le mode de tarification
basé,sur la saccharimétrie. Loin de là, la
question, au lieu d'avancer, avait fait de
nouveaux pas en arrière. On s'était convain
cu des inexactitudes qui devaient nécessai
rement résulter de l'efnploi du polarjmètre
tir lequel on avait compté. Le gouverne
ment fut donc obligé de proroger encore
l'application dé la loi au mois de juin sui
vant .et de maintenir provisoirement les dis
positions transitoires.
Cela posé; on comprendra facilement l'es
prit et le butdu nouveau décret. Il abolit dé
fi nitivemeut le système saccharimétrique, et
il abroge presqu'entièrement la loi du 13 '
juin 1851, avant même qu'elle ait été ap
pliquée. Il conserve l'usage des types, mais
avec quelques modifications.
Le droit sur, le premier, typé est porté à >
45 fr. au lieu de 44.50, et le droit sur le type,
supérieur à 48 fr. au lieu de 47.SO, ce qui:
constitue, comme on voit, une différence in
signifiante. .•
Le sous-type, qui jouissait d'une réduc
tion de 3 franos.sur le preinier type, et' qui ;
profitait surtout au sucre colonial, est sup- ' :
primé. Mais on accorde au sucre de nos pos
sessions d'outre-mer une bonification de 7 :
francs; tandis qu'il n-'en avait qù'une de-5 ;
francs. Ainsi, la position du sucre colonial
reste à peu-près la même.
Quant au , sucre étranger,, la surtaxe est î
élevée de 10 fr. 50 à 12 fr. Cette augmenta- i
tioodel fr.' 30- contribuera, nous } espé
rons, à restreindre les introductions de sh-:
cre étranger, qui faisaient des progrès. mè : r
naçans, et qui envahissaient le marché au;
détriment du sucre indigène. Il est à regret- ;
ter, saps doute, que le gouvernement n ait
pas élevé davantage le chiffre de la surtaxe, i
Mais 011 doit voir dans cette mesure une
preuve de ses bonnes dispositions pour le
sucre indigène. C'est d'ailleurs une réponse
péremptoire à toutes les déclamations libre-
échangistes qui ont pris une sorte de recru
descence dans ces derniers temps.
Le décret porte que les dispositions de
l'article 6 de la loi du 31 mài 1846 (et non
de la loi du 13 juin 1841, comme on l'a im-,
primé par erreur dans le journal officiel)^
c'est-à-dire les dispositions qui autorisent;,
l'entrée des' employés de l'administration
dans les fabriques,, seront appliquées aux
raffineries de sucre et aux établissement ians
lesquels on extràit le sucre de la mélasse. Il,
ne faut pas s'y tromper. Cet article, appli
qué aux raffineries, n'a pas pour but de
soumettre le sucre qui en sort à une per
ception d'impôt, mais seulement de fournir
les moyens de reconnuître les matières qui
..y.sont traitées. Il ^'agit «.le précautions contre
la fraude. C'est également pour s'opposer à
la contrebande que le décret réserve au gou-
vernementle droit d'assujettir à l'exercice les
raffineries situées dans le voisinage des fa
briques. .
Les fabriques qui se livrent au raffinage
des sucres restent sous l'etfipire du décret
du 20 janvier dernier, et les sucres raffinés"
qui en.sortent doivent payer, comme les su
cres raffinés dans les colonies, 10 0/0 en sus
du droit applicable au sucre de nuance su
périeure. ; •. ;
En résumé, le nouveau décret détruit tout
l'échafaudage saôcharimètrique de la loi .du
13 juin 1851. Il laisse le sucré indigène et le
sucre colonial à peu près dans les mêmes
conditions où les avaient placés les disposi
tions transitoires. Il augmente la surtaxe suç
le sucre étranger de 1 fr. 5fl c. Enfin il prend
des mesures pour réprimer la fraude et as
surer la perception de l'impôt, j. btjkat. '
On nous écrit de Toulon : . '
« Le vaisseau de cent canons, à hélice, le
Charlemagne, ayant favorablement terminé
ses épreuves préliminaires, a quitté notre
port dimanche, à huit heures du matin,
pour faire un voyage, d'essai qui, par sa du
rée, permettra de porter un jugement défini
tif sur ses" qualités à la mer.-
» Le Charlemagne a pour mission de mon
trer le pavillon français dans un grand nom
bre de ports de la Mé4iterranée. Il se rend à
Naples, Messioe» Milo, au Pirée, à Smyrne,
et sans, doute à Constantinople, s'il peut ob
tenir de la Porte le firman indispensable
pour franchir les Dardanelles..
» Ce vaisseau reviendra par Alger, Cagliari
et les îles Baléares; Il sera de retour à Toulon
dans les premiers jours de juin. »
■ Nons- disons dans tiné lettre de Gênes, du
27 mars : 1 . ....
« Le prince de Canino est arrivé à Civita-Yecchi<4
sur. le Têlémaqùe; Mais il y a eu de grandes diffi
cultés pour fa descente à térre. Il n'y aurait rien
d'étonnant à ce que le prince de Canino eût;de»
affaires personnelles à Rome, ou même qu'il s'y
rendît à l'occasion du baptême du fils nouveau-né
de la comtesse de Saims, sa nièce. ■
» Mais nos feuilles ont- voulu tant attribuer, ai*
prince de Canino une mission mystérieuse, que 1
rées. À peine le prince était-il arrivé au fort du
Biccliiere où se trouve la passe d'entrée dans le
pori de Civita-Vecchia, que la police pontificale
s'est rendue à son bord et a prié le prince de ne
pas descendre. Elle a exhibé des ordres positifs.
» Le princè de Canino a montré des lettres pour
M. l'ambassadeur de France, comte de Rayneval,
pour le général Gémeau. Il a fait appeler le consul
de France, résidant à Civita-Vecchia,.. qui s'est
empressé d'aller à bord et de se porter caution
pour le prince. Le consul a emmené M. Charles
Bonaparte dans la maison consulaire. :
» Cependant comme ]e délegat se préparait»
mettre opposition à son départ pour Rome, d'un
commun accord-le consul de France et le prélat
commandant à Civita-Vecchia, ont envoyé prendre
des ordres à Rome.
» Lesjettrcs de M. Charles. Bonaparte ont v été
envoyées à M. le comte de Rayneval et ail général
Gémeau pendant qu'il restait confiné dans là mai
son consulaire à Civita-Vecchia. :
» Nous apprenons que l'on a demandé aussi de£
ordres à Paris. Ainsi, par suite des bruits ridicu
les répandus par la pressé italienne', le prjncs qui
se rendait à Rome ; pour de simples ifflairçs de fa-
mi lie, s'est trouvé entouré de suspicion etd'ennuis.>>
ALGERIE. ■ >
Nous lisons dans le Moniteur algérien, du
25 mars : • .
« Le nombre des transportés arrivés en
Algérie, jusqu'à ce jour,'s'élève à 1;350 envi
ron. Sur ce nombre, 410 se trouvent, en ce
moment, dans le camp de Birkadem, 2''0 à la
Maison-Carrée, 285 à la ' Casbah de Bone, et
350 viennent d'ètfe internés dans le camp de
Douéra. En outre,. un convoi, de 100 trans
portas, choisis parmi les cultivateurs et par
mi ceux qui exercent des professions utiles à
l'agriculture, a été dirigé sur la colonie de
la Bouikika, située dans la plaine de la,Mi-
tidja, entre l'Afroun et Marengo. Un se-
coudetun troisième convois, formés de la
même manière,partiront incessamment, l'un
de Birkadem,l'autre de la Maison-Carrée, pour
la même destination. On procédera "ensuite
au peuplement des villages d'Àin-Benian ët
d'Aïn-Sultan, placés sur la route de Milianah,
au moyen de dispositions analogues.
.» Lés transportés placés dans les villages
seront employés aux travaux agricoles et aux
industries qui s'y rattachent. Ils recevront
une rétribution journalière, sur laquelle se- ,
ront imputées ies diverses prestations qui
lehr seront fournies, et ils auront leur part
dansles produits. Ils pourront même,par leur
bonne conduite et leur travail, obtenir ulté
rieurement là faveur de devenir concession
naires de terres, sur des points déterminés,
et d'appeler leurs familles auprès d'eux.
» Ceux qui posséderont des ressources suf
fisantes pour employer le travail d'àetrui,
pourront; avec l'autorisation du ministre,
obtenir dejiiriger. à leurs frais et à leur pro
fit, une exploitation particulière dans le lieu
qui leur sera assigné pour résidence.
» Enfin, on emploiera généralement aux
travaux publics, moyennant salaire à la tâ- -
che, les transportés qui n'auront pu être
classés dans, la catégorie des villageois, ou
qui n'auront pas encore mérité d'être autô-
risés à se livrer à des exploitations particu
lières.
» Un règlement adopté par M. le gouver
neur-général, sur le rapport de M. le secré
taire-général du ^ gouvernement, consacre
toutes ces dispositions et détermine les con
ditions de travail et de séjour des transpor
tés placés dans les villages. Ce règlement va
être soutnis à la sanction de M. le ministre
de la guerre.
» L'administration traitera ces hommes
coupables ou égarés avec humanité, mais\
sans se départir un instant de la fermeté vi
gilante que commande la situation qu'ils se
sont faite. Elle cherchera à diriger, dans
l'intérêt; du pays et dans le leur propre, les
ressources qu'ils présentent, et se félicitera
hautement si, après un temp d'épreuve plus
ou moins prolongé, selon leur conduite, elle
peut les fixer au sol de l'Algérie, avec leurs
familles; où rendre à la mère^patrie des
hommes régénérés et devenus les soutiens de
l'ordre public. Les résultats obtenus dans
les colonies agricoles permettent d'espérer
que ce voeu sera réalisé. »
Nous trouvons dans l'Akhbar du 25 mars
lès nouvelles suivantes
J£UlLLET0NDl]CaNSTITCTIUNNEL,31MARS.
SCIENCES PHYSIQUES.
LE FLUIDE ÉLECTRIQUE ET LA PILE
DE VOLTA.
f En 1801, une commission de savans ren-
dait compte, à l'Institut, des expériences de
' Vôlta sur rêlectricité : le conquérant de l'I
talie. ^assistait à, la séance ; et, plein d'en-
.tbousiasœe pour des découvertes dont, il
pressentait toute l'importance, dans l'avenir,
il fit;voter pat acclamatidn. une médaille
d'or en l'honneur de l'illustre physicien de
Côme; en outre, il fonda un,prix de 60,000 fr.
pour l'auteur de quelque grand progrès d'ans
les sciences nouvelles de l'électricité ou du
magnétisme.
Un déofet récent, inspiré sans doute par le
souvenir de celte fondation impériale qui ne
put avoir son effet, promet une récompense
au savant, de quelque nation qu'il soit, qui
pourra rendre la pile de Volta applicable
avec économie à l'industrie, aux sciences
physico-chimiques, à la médecine. Il nous a
semblé que c'était l'occasion de donner, pour
ceux de nos lecteurs auxquels il est bien per
mis d'ignorer la composition ei le mécanis
me de la pile de Volta ou des autres piles
électriques, des détails sur cet instrument,
a le plus merveilleux que -les hommes aient
jamais inventé, sans en excepter le télescope
« et la machine à vapeur. » Du reste, notre
langage et nos explications seront aussi sim
ples (que les savans mus le pardonnent!),
aussi peu scientifiques, aussi humbles qu'il
bous sara poEEibls.
L'ambre jaune (electron), frotté avec une
étoffé de lame, avec une fourrure, acquiert
là propriété d'attirfer les corps légers, barbes
de plume, ràpures de liège, brins de paille.
Les philosophes de la Grèce et de Rome,
Théophraste, Pline, etc., connaissaient cetts
faculté singulière ; mais ils ne voyaient là
qu'un phénomène accidentel, isolé ; et, com
me le remarque IVf, Arago, ils né se doutè
rent point qu'ils venaient de toucher^au pre
mier anneau d'une longue chaîne de décou
vertes; ils méconnurent l'importance d'une
observation qui plus tard devait fournir des
moyens assurés de désarmer les nuées ora
geuses, de conduire dans les entrailles de
la terre, sans danger et même sans explo
sion, la foudre que ces nuées recèlent; ils
n'allèrent point au-delà du fait primitif, et
c'est seulement après vingt-deux siècles que
la science de l'électricité l'ut créée par Fran
klin et par Volta. = -
Cette science doit presque toute sa puis
sance à la pile voltalque . rappelons donc
quelques notions élémentaires qui donnent
l'intelligence, et comme la clé de l'instru
ment.
Ce n'est pas seulement l'ambre, comme
l'avaient signalé les anciens, qui manifeste
les phénomènes électriqués (électricité dési
gnée sous les noms de résineuse, de négative)*
ce n'est pas seulement le* verre, comme on
le "sut plus tard (électricité dite vitrée, positi
ve) y tous les corps de la nature, organiques
ou inorganiques, contiennent de l'électricité;
il y en a dans l'air qui nous entoure et nous
nourrit; dans les nuées suspendues au-des
sus de nos tètes ; dans les mers qui baignent
notre globe et menacent de l'engloutir; dans
le sol. qui nous porté, pile immensè in-
o&s&annaent parcourue par lès fluides, ma
gnétiques. Il v en a dans tous les végétaux
que la terre étale à sa surface, dans tous les
êtres vivans qui la peuplent, « hôtes de l'u-
pivers sous le nom d'animaux. » Il .y en a
dans l'homme, comparé par les philosophes
à une machine, à une montre; et, parles
chimistes, à une locomotive, à une pile élec
trique. Mais, dans tous les corps, l'électricité
reste latente, à l'état neutre , tant qu'elle n'est
point manifestée par l'intervention de quel
que influence étrangère , tant qu'elle n'est
point mise "fen liberté, soit par le frottement,
soit par le choc, par un simple contact ou par
des réactions chimiques.
On dit qu'un corps est bon conducteur de
l'électricité, quand il se laisse facilement tra
verser par les fluides électriques ; et qu'il est
mauvais conducteur lorsqu'il les arrête dans
leur marche ouïes transmet imparfaitement.
Ainsi les métaux, les liquides chargés de sels
ou d'acides,.les végétaux, l'homme lui-même
et les animaux conduisent bien'l'électricité j
les matières vitreuses, résineuses, la soie,
l'air, etc., la conduisent très mal, et
sont appelés pour cette raison isolons, c'est- -
à-dire qu'ils opposent une sorte de barrière
au fluide et l'empêchent de sortir du corps
où il a été accumulé.
Toutes les fois qu'un corps chargé d'élec
tricité est mis eu communication avec le soi,
directement 011 indirectement par l'intermé
diaire d'un conducteur, il perd sou élec
tricité, qui ya s'épanJre dans la terre et sç
réunir au réservoir commun.
Il faut distinguer l'électricité ^statique de
l'électricité dynamique. La première est celle
qui se tient istat) accumulée à la surface des
corps ; si elle eût été connue seule, la scien
ce, bornée dans ses résultats pratiques, ne se
serait pas enrichie xla conquêtes utiles; elle
n'aurait guère dépassé ielaboratoire du phy
sicien ; restant à l'état de curiosité sCientifi-
"que, ou bien passant aux mains des bate-
lî'ûrs, ces savans de nos foires, pour faire
t> P'iti.iration des badauds ébahis. Toutefois,
r ia découverté de l'électricité statique se
rattache une magnifique invention, celle des
paratonnerres, invention qui a rendu Fran
klin immortel, et qu'on retrouve en germe
dans l'observation du physicien français Nol-
Ict : « Le tonnerre entre les mains de la na
ture, c'es}, l'électricité entre les mains des
physiciens. »
Volta, en découvrant la pile, atrouvé l'élec
tricité dynamique, celle qui se meut et cir
cule dans les corps conducteurs ; il a trou
vé le courant électrique; et, dès-lors, la
science est devenue féconde en applications
pratiques; Hès-lorsaété créée la machine scien
tifique la plus admirable, et peut-être, sui
vant les prévisions de l'Empereur, le plus
'puissant des agens industriels. - ' .
Voltaire dans son Essai sur.les Mœurs, et
M. Scribe dans sa comédie du Verre d'Eau;
ont montré combien souvent, dans l'histoire
des nations, de grands effets ont été engen
drés par de petites causes. Le même con
traste s'est présenté plus d'une fois dans la
science : c'est au rhume d'une dame de Bo
logne (nous empruntons à M. Arago ce fait:
étrange) que l'humanité est redevable de la
pile voltalque et de ses prodiges infinis.
Jin 1790, si l'on en croit la tradition, Mme
Galvani avait une bronchite; son médecin
lui avait ordonné du bouillon de grenouilles;
et eeilès-ci, dépouillées par la cuisinière, gi
saient sur une table ; ' on décharge, dans ie
voisinage, une machine électrique, et voici
qu'au moment, de l'étincelle, ces animaux
semblent reprendre ls mouvement et la vie,
et sont agités, de vives convulsions. Que cet
heureux hasard ait réellement porté Galvani
à instituer des expériences sur i'électriçité à
l'aide des~ grenouilles, ou bien que le fait de
ces contractions fût la conséquence d'éludés
antécédentes sur le système nerveux pour
suivies depuis long-temps, toujours est-il
qu'il finit par découvrir un phénomène d'ur
ne étonnante singularité ; sur une grenouille,
même décapitée depuis long-temps, si l'on
vient à réunir les nerfs et les muscles de l'a
nimal par un are métallique simple ou com
posé de deux raétau,x, ces tronçons inanimés,
ces membres, épars, vont se ranimer et se
contracter avec violence, et cela, sans l'inter
vention d'aucune électricité étrangère.
Comment expliquer les convulsions pos
thumes de cette grenouille mutilée ? Quelle,
force mystérieuse semble rendre la vie, pour
un moment, à ces membres, à ces lambeaux
détachés du tronc? Galvani supposa l'exis
tence d'uné élèctricité qui appartiendrait en
propre à l'animal et qu'il développerait dans
ses organes; qu'un conducteur donne pas
sage aux fluides électriques accumulés sur
le nerf et le muscle, et alors une secousse,
une commotion aura lieu, semblable à celle
que produit la décharge d'une bouteille de
Leyde. Volta émit une opinion inverse: niant
l'électricité animale, il plaça dans l'arc mé
tallique,du physicien bolonais, dans le con
tact des métaux dissemblables de cet arc l'o
rigine des fluides électriques; ces métaux
en contact seraient les générateurs de l'élec
tricité, et, dans l'expérience de la grenouille
galvanique, les muscles et lés nerfs ne de
vraient plus être considérés, que comme des
moyens de transmission.
Une discussion solennelle, qui tintl'Eu-
ropa entière attentive, s'engagea,pendant des
années, entre les deux illustres savans^ et
jamais l'on n'aura pu dire avec plus de jus
tesse que du choc des opinions jaillit la lu
mière., ' . .
L'avenir (si non son siècle) a donné raison
à Galvani ; l'électricité animale existe, et elle
constitue, sous le nom de galvanisme, une
importante division de la science ; c'est cette
électro-physiologie qui se flatta un moment
d'avoir le mot de celle éternelle énigme qu'on
appelle la vie.
C'est'le contact des deux lames de métal
différent qui produit l'électricité, avait dit
Volta, et, pour le prouver, il construisit ^
pilé. '
Découpez, d'une part, des disques égaux
de zinc et de cuivré, et d'autre part, dès ron
delles de drap'ou de carton imbibées d'une
dissolution de sel ammoniac ou d'eau char
gée d'acide sutfurique ; sur un support ho
rizontal posez un disque de cuivre, puis, sur
le cuivre, un disque de zinc, et vous aurez
alors ce que le physicien de Côme appelait
un couple ou élément. A la surface du couple*
S lacez la rondelle d'étoffe chargée d'eau ad
ulée. Viendra ensuite un second couple,
séparé d'un , troisième par Une mqme ron
delle mouillée. Vous aurez ainsi une colonnè
composée d'autant de couples que le deman
dera la force électrique à développer; une
condition seulement sera nécessaire : ce sera
de ne jamais intervertir l'ordre dans lequel
on a disposé lès métaux dès le début de l'opé
ration.
Voyons maintenant la machine fonction
ner : grâce aux actions. chimiques qui -se
passent au contact des métaux et de l'eau
acidulée, le Quide neutre que contiennent
les matériautf divers dè l'appareil est dé
composé -, l'élafitricité ucsitivé «3 ports &
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