Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-03-27
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32747578p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 27 mars 1852 27 mars 1852
Description : 1852/03/27 (Numéro 87). 1852/03/27 (Numéro 87).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUMÉRO S?.
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B &J»MAUX. : rue
JpKIXDSt'ABOIIMfiBÏEHÏ'
TABIS'i...... 13 F. PAR TWMBSTM.*
DÉPARTEMENS. 16 F. —
UN NUMÉRO : 20. CENTIMES..
pou * us- pat* xnuNGBBS, se reporter
aa tableau qui sera publié dans Jô|ouml,
tes 19 et «5 de chaque moi?;
- 1m abonnement datent des 1" et it
i dt cfutme mob.
S 'adresser, franco, pour larédaction, àj&. CI ichevai- G i À rignî,
" Les articles déposés ne sont pas rendus;
JOURNAL POLITIQUE,
Jâcteur en chef, j
LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
On s'abonne, dans Ut département, aux Messageries et aux Directionsde poste.—A Londres,'chez MM. Cowil et fil »;
, . ■ ■ • — A Strasbourg, chez Mu AlEXANDRE, pour l'Allemagm'i
S'adrésser, franco, peur l'administration, à M. D enain, direct
Les r ajîporices sont reçues au bureau du journal ; et chez Mi PANIS, régisseur, 10, plac^^la'
PARIS, 26 MARS,
j «Nous ayidns annoncé,que iègoûvernemçnt
préparait sur l'administration départemen-
tqjè, un décret qui ferait une large part, aux
idées de décentralisation. Le texte de ce dé
cret est aujourd'hui, au Moniteur, et nous le
rêproduisons tout entier. C'est le document
le plus important que lo journal officiel ait
publié depuis U; Constitution ; .il ionche à
toute notre organisation administrative;"]!'
règle ce qui est en province la vie de cliaqye
jour:-a'ucune mesure ne saurait donc avoir
des.conséquencesplus nombreuses.
: Le motde décentralisation, suivant le sens
qu'on y attache^ éveille dans lés" esprits des:
idées.bien différentes. Nombre de gensj con
sultant plus les souvenirs- du passé que les-
nécessités du présent, se laissent séduire par"
ce qu'il y avait autrefois d'énergie propre et
même de fécondité dans la vie provinciale,
et songent à reconstituer pour les départe^
mens l'existence presque indépendante des
anciennes provinces. La décentralisation se
traduit pour eux en l'affranchissement des :
assemblées communales, et départementales,
qu'ils voudraient soustraire au contrôle du
gouvernement. Ce systèm 1 , poussé jusqu'à
ses dernières conséquences, aurait : pour rér*
Jultat de créer au sein de la grande société
nationale une foule de petites sociétés iso
lées, et de sacrifier les intérêts généraux aux.
idtérêts de localité. Nous en avons toujours
été les adversaires. .
En même temps nous avons attaqué, avec
autant d'énergie que personne, l'état de cho
ses auquel Louis-Napoléon vient enfla de
porter, remède. S'il faut : accepter franche-
nient toutes les conditions de l'unité natio
nale fondée par la révolution, s'il faut main
tenir intacte l'organisation administrative
sortie du génie de l'Empeseur, s'il faut laisser
aji gouvernement les moyens de faire sentir
avec énergie et rapidité son action daas toute
l'étendue du territoire, faut-il ramener for
cément toutes les affaires à Paris, et épuiser
, dans les détails l'initiative e.tla force dupou-
voir central ? Nous ne l'avons jamais pensé :
les empiètemenseoutinuels des bureaux mir
nistériels, la multiplication systématique
des rouages et des formalités, l'excès de-la
papérasserie ont toujours été au nombre des
plus légitimes griefs des populations.
La tyranuie.de lia bureaucratie était unê
conséquence indirecte, et la plus fâcheuse
peut-être , des abus "dans .lesquels était;
tombé le "régime parlementaire, -fca -mê- >
bîlité perpétuelle des ministères entrai-,
nâit 'presque forcément la -mobilité des
préfets: lès évolutions des par lis entretenaient
uûe sorte dé roulement continuel de tou
tes les hautes fonctions administratives.Tout
changeait donc en France, hormis les : bu-,
rekûx, devenus peu à peu les seuls déposi
taires des traditions-et des règle mens. Par
inexpérience, par timidité, par appréhension
des influences parlement lires , les préfets
abdiquaient toute initiative, renvoyaient au
ppuvoir central la décision' de toutes les af
faires, et se réduisaient volontairement au
rôle d'exécuteurs "des volontés ministériel^
lés. Cette dépendance des autorités pro?
vinciales ne suffisait pas aux bureaux; et
la manie des détails, qui dévore toutes ks
administrations , faisait évoquer à Paris
non seulement la décision, mais i'instruc?
tk>js de& moindres affaires *: il fallait sur clia-
qtiè pièce le visa et le rapport ,de vingt
oôlnmis..
^Ûn-tel état de'choses ne pouvait durer. Les
léûteurs inouïes de l'administration entraî
naient pour les-citoyens des sacrifices consi-
■ * k dérables et quelquefois la ruine. Le remède
Mt dahè le retour aux véritribl/es traditions
/
administratives du pays. Il ne s'agit pas de
soustrairedes affaires locales au contrôle-dir f Wiiditions ï[u"il plaît à l'autorité d'imposer.
gouvernement, mais de rapprocher ce çontrô-
i le de fsçori qu'il puisse s'exercer sians dépla-
usement et sans perte dBistrés.Lfiissçz intacte l'action du pouvoir sou-!
'Verain, mais instruisez lés affaires sur place et'
; décidez-les sur place : les abus de la centra-
; lisation auront disparu, et il- n'en restera que
les bienfaits, à savoir : l'impartialité et l'u
niformité dé législation, Ùn gouvernement
; fort et éclairé-doit savoir 1 choisir ses agens et
; doit avoir confiance en pux ; qu'iln? lesdéplace
passans'nécessilé, qu'il leur laisse le temps de'
;se familiariser ave.cfes besoins locaux,et qu'il
leur laisse sous leur responsabilité et sous
un cootrôleincessaut, la décision dé tourés
iles affaires qui ne sont pas d'un intérêt géné
ral : voilà la véritable décentralisation, celle
!que nous avons toujours- réclauéoy d'accord*
'avec nîos populations départementales.
C'est daus cette voie que Louis-Napoléon:
vient d'entrer par le décret que publie au
jourd'hui le:;Moniteur. La décision d'un
no mbçe considérable d'affaires est enlevée
aux bureaux ministériels et attribuée désor
mais aux préfets. Cest dans chaque clief-lieu
qu'elles seront instruites, et les citoyens
dont la fortune y . sera engagée n'auront
plus à sortir des limites de leur départe
ment pour déîendre leurs intérêts. Un grand
nombre de nominations seront, faites tlir
rec:ement~ par les préfets; et la foule des^
solliciteurs devra à l'avenir se partager en/
tre les antichambres ministérielles et les anti- -
ehambres des préfectures. N'épargnât-on aux
candidats éconduits que les frais de voyages
inutiles, la mesure serait encore pour bien
des se reporte aux tableaux qui accompagnent le
décret, qu'on lise ces listes presque." intermi
nables d'affaires autrefois vidées à; Paris, et
que par la pensée on les multiplie par 86
départemens, on aura une" idée du fardeau
sous lequel succombait l'administration cen
trale. On comprendra en même temps ce que
le Président lui rend: d'énergie, de proespti-
tude et d'activité en la délivrant de cette
charge inutile et absorbante; et en lui per
mettant de se consacrer désormais tout* en- -
tière aux intérêts généraux du pays.
CUC1ÎEVAL- CLARIGNY.
Lundi prochain, 29 mars, aura lieu aux
Tuileries, dans le salon des Maréchaux, la
cérémonie de l'installation des grands corps
de l'Etat. . -
Le corps diplomatique, le sénat, le conseil
d'Etat-«t io; -corps -législatif -se réuniront
d'avance dans les differens salons qui en
tourent la salle des Maréchaux;
, La cérémonie commencera .à une heure. "
L'arrivée du prince-Président sera saluée
par des salves d'artillerie. . ' - >
Le prince prendra place Sur une estrade,
où il sera entouré des ministres, des officiers
qui composent sa mai on militaire, et dés
membres du conseil d'Etat. Il prononcera le
discours d'ouverture. . "
-, Le local ne permet d'inviter que quelques
membres du clergé, dr; la magistrature, de
l'armée et de l'administration. <
Le départ du prince sera également salué
par des salves d'artillerie. ( Communiqué,)
l' agrément du' gouvernement^-et
sous-^eS^
; L'autorisation donnée par le go uverneraent*
est toujours révocable.
Toute association formée sans autorisa-''
tion, ou qui, après : l'avoir obtenue, enfreint
les conditions qui lui sont imposées, estais-
: soute. Les membres qui là composent sont
passibles d'une peine de deux mois à un an -
d'emprisonnement et de-50 à ,tjOÔOvfr. d'a
mende. En cas de récidive, ces' peines,'
peuvent . être portées aù double , et le
condamné peu t être, placé temporairement
sous là surveillance de la haute. police: "
Ceux qui prêtent ou louent sciemaïenf
leur maison, pour une ou- plusieurs 5 'féu-
rnions non autorisées, sont considérés çom- •
me complices des membres de l'associa
tion et punis dés mêmes peines. Les pro-
ipriétaires d'une maison ne peuvent en'
: accorder l'usage pour la réunion des mem-
! bres; d'une association autoriste sans avoir
i préalablement obtenu la permission de l'aU-
. torilé. municipale ; les infractions à, cettej
i dernière disposition sont punies d'une amen
de de 16 fraacs à 200 francs. >
Le décret dfe ce jour remet cette législation
'ca vigueur. , .
Le -secrétaire de la rédaction, t.- bomfacb.
. On lit daas le Moniteur'de l'Armée :
.^TcicKles tnouvemeos- qui résulteront dans* le
persOTinef médical de l'armée de sa nouvelle .orga
nisation. .. ' . ~
t'uet
classe est élevé
Le Moniteur publie aujourd'hui un décret
sur le droit de réunion et d'association. Ce
droit, réglé d'abord par; Je Code pénal, a été
plus uettemont défini et limité par la loi du
10 avril 1834. <
Aux termes des articles 291,292 et 294 du
Code pénal et des articles 1, 2 et 3 de la loi de
4834 combinés, nulle association de plus de
vingt personnes, dont le but est de se réunir
périodi quement ou i rr<" gulièrement pour s'oc
cuper d'objets religieux, littéraires,politiques
-mu- autres, et alors même que ces associations
seraient partagées en nombre moindre de
vingt personnes, ne peut çc former qu'avec
Voici uiie énumération succincte des dé-
* penses portées aux divers chapitres du bud
get pour l'aunéo 185-2, qui a été promulgué
le 17 de ce mois. . , ..
.Les dépenses, du sénat, .sont fixées à
1-1438,900 fr. Dans "cctlé somme sont com- :
-prises les dotations qui seront données à dil-
îtérens sénateurs ; elles s'élèvent au chiffre de
770,400 fr.
Les dépenses, du. conseil d'Etat s'élèvent à
1,947,600 fr.; les traitemens des membres
"du conseil et des employés- de l'administra
tion sont compris dans ce chiffre pdur une
somme de 1,860,600 fr.
Les dépenses du corps législatif, per
sonnel et matériel compris, s'élèvent'à
701,500 fr.
La dotation du prince-Président de la Ré-,
publique, jusqu'à ce qu'un sénatus-consulte
y ait définitivement pourvu, est provisoi
rement fixée à 1,500,000 fr.
Dans notre numéro du 19 mars nous avons
publié le tableau des dépenses générales des
divers ministères; celles du ministère d'Etat -
s'élèvent .à 7,259,000 fr., comprenant les
traitemens du personnel de l'administration
cèntrale et les irais relatifs à l'entretien, à la ;
conservation et aux travaux des palais natio
naux ainsi que ceux des manufactures na
tionales de Sèvres, des Goblihs et de Bcau-
vais: il faut ajouter à ce chiffre une somme
de 4,925,000 f'r. allouée pour l'achèvement
dix Louvre et la réunion de ce palais à celui
des Tuileries; les dépenses totales du minis
tère d'Etat s',élèvent a 12,184,10') fr..
Un crédit de 3,872,465 fr. est- ouvert au
ministère de la police générale. Les ti-aite-^
mens du ministre et du personnel de l'ad
ministration son t compris dans ce chiffre pour
une somme de 416,975 ff*. Les dépenses se
crètes de la sûreté générale sont'fixées à
1,200,000 fr. Une somme de 900j000 fr: est
mise à la disposition du minis're pour. se-,
cours à distribuer aux étrangers réfugiés en
France. ■ •< . '• - . . ■ >
! Le budget du ministère des travaux pu
blics est diviséenservice ordinaire et en tra
vaux extraordinaires; il monte à la somme de
•130,232 4 434 fr.; dans la section des travaux
extraordinaires, une fomme de 57,430,001 fr.
estaffectée à là crinstruetiondegiaridfislignes
de chemins de fer,'et une autre ae 4.290,000 f..
à l'établissement de canaux de navigation.
Un crédit de .600,000 fr. est ouvert au mi
nistère de l'intérjéur pour dépenses secrètes,
ce qui, avec les 1,200,000 fr. alloués pour le
m'ême objet au ministère de la police géné
rale, porte à la somme de 1,800,000 fr. les
fonds secrets du nouveau gouvernement.
Le secrétaire de la rédaction, h. bomi'ace.
•'Le nombre dcs'prirlcijaaax dé 1
à 40. ' ' .
' 1.1 se composera des 16 principaux de \ xt classe
restant du cdjlro actuel,. des 19principaux de 2°
classe du cadrc actuel et.de S médecins ordinaires
ou chirurgiens-majors de" i" classe promus.
: Le nombre des principaux de 2 e classe est élevé
à 40. N '
" 11 se composera de 40 médecins, ordinaires ou"
chirurgiens-majors de !'• classe.'promus. ' ' • .*
Le nombre des médûcins-majors de l" classe
est de 100. . ! -
' Il sé composera des 54 médecins ordiriairds ou:
chirurgicns-niajdrs de l rl,; 'classe restant'du cadre-
actuel, et de 40; médûcifls ■ crdinaires où' chirur
giens-majors d&2 e ;classe p'.omus. .
■. Le nombre des médêcins-maiors de 2° .classe est;
de 220. " . ; •
,11 se composera des 1S7 médecins ordinaires ou
chirurgiens-majors, de 2° classe restant du cadre
actuel; et de 63. médecins adjoints ou chirurgiens
aidés,-majors de l ro classe, promus.
, Le nombre, des médecins aides-majors de l re
classe est de 340. . ;
,11 se composera.dés 99-médecins adjoints et-chi-
rurgiens aides-majors de ("classe restant du cadre"
actuel, et de 241 chirurgiens aides-majors de 2°
classe promus.
Le. nombre des médecins aides-majors _ de 2 e
classe-eét d&340. -•
• Il se composera des 23 chirurgiens aides-majors
. dp/4i^ classe restant du cadre actuel et de 317 chi-
•rurgiens-«ous-aides promus. "
' Il restera, àla suite, 138 chirurgiens sous-aides,
dont • 24 à reporter à la pharmacie et 19 aides-
majors comroissiennés.-
. La solde et les indemnités dé logement s'élève^
ront, pour, chatjue grade, aux allocations totales
et aiinuellés suivantes
Inspecteur,
10,000 fr. comme précé
demment.
H,960 au lieu de 5,220 f.
■ On a parléd'un décretqui réduirait à 5 0/0
le taux de l'intérêt commercial, et à 4 0/0 le
taux de l'inlérêt.civil.
No'us croyons pouvoir déclarer que ces.
bruits sont complètement dénués de fonde
ment.
Le secréfeire de la rédaction, l. bonifacb.
.Principal de i" classe,
Principal de 2 e classe," 5;340, — 4,720
Major do classe, -4,220 — 3,360
Major de 2 e classe, . 3ylfi0 — 2 ,860
Aide-major de i" classe, 1 2,491 — 2,290
Aide-major de 2 e classe, - 2,090 comme . précé-
-demment. .
. Cette dernière allocation sera désormais celle du
dernier échelon de la. hiérarchie,. qui sous lè titre
de chirurgien sous-aide, ne recevait" que 1,390 fr.
-Les officiers: de santé des diverses grade? em
ployés en Algérie et en Italie, continueront à re
cevoir leurs allocations actuelles jusqu'à l'époque
deieur promotion au grade supérieur, sous ta ré
serve toutefois, pour les chirurgiens sous-aides,
de l'application des dispositions de l'art. 14 du
décret d'organisation.
On lit dans le Journal du Havreï du 25
mars : . . ... ■ '
, « Par voie dès Etats-Unis, nous recevons des
nouvelles de Valparaiso du 26 janvier, c'est -i -à-di're
d!un mois postérieure^ux précédentes, ou de mê
me date que-celles qui sont;atteiiiues pal' la _pro-
_chaine malle des Antilles.'■
-"""V Les dissensions politiques qui avaient agité,
depuis quelque temps, la république chilienne,
paraissaient tout-à-l'ait apaisées, et, à l'exception
d'un petit mouvement parmi les mineurs de Co-
piapo, bientôt réprimé du-reste; on n : avait eu au
cune tentative insurrectionnelle à déplorer..
' » Des nouvelles assez graves, toutefois,- avàierft
été reçues du détroit de Magellan, où ont été de-
portés, dans une colonie pénitentiaire de laTerrr
de-Feu, tous les insurgés pris les armes à la main
ou ceux dont les intrigues portaient ombrage aux
aùtoriiés. ' Ces condamnés politiques s'étaient ré
voltés, avaient "massacré ,1e gouverneur de l'éta
blissement, et après avoir facilement triomphé de
la résistance du faible détachement de troupes
chargé de'les contenir, s'étaient déclarés libres et.
indépendans du Chili.
• " » Devenus ainsi maîtres absolus de la. position,
le s transportés ont pris possession du navire amé--
ricain Florida, qui avait été affrété par le gou
vernement chilien pour les conduire à laTerre-de-
Feu, et se trouvait encore.' mouillé dans le détroit
de. Magellan. Un autre navire -améiicain, dont on
rie-donne pas le .nom, et qui revenait du Califor
nie à New Yofk avec des sommes importantes eri
poudre d'or, est aussi tombé eh leur possession;
après quoi ils se sont embarqués sur ces,deux
-navires pour chercher un refuge sur une terre
étrangère. Comme il n'y avait sur : la côte aucun
navire' américain; lorsqu'est parvenue à "Valparaiso
la nouvelle de cet événement-,, l'autorité, s'est
adressée aux amiraux français et anglais, de sta
tion dans le port, et qui tous deux ont dépêché
des forces à la poursuite de ces pirates.
» Une tenfcitive à peu près analogue avait été
dirigée.xontre le navire américain Eliza., à l'île
Juan-Eernandez, qui a été aussi convertie en co
lonie pénitentiaire. Au moment où ce'navire'y pre
nait des boi% lps colons ont cherclié à s'eti empa
rer ; itiais il a pu gagner le large et léuB-échap-
per. » - ■
CONSEIL MUNICIPAL.
II est une branche du service de la salu
brité dé" Paris *qur fait, ajuste titre, l'objet
de la sollicitude constante 'de l'adminis
tration municipale. .Nous voulons. parler
des vidanges. Le . système adopté: en 1850
pour la' 'désinfection et -le. déversement
(les .maljèreS;' liquides, sur la voie, publi
que exige, de la. part de l'administration,
« une surveillance plus active que jamais, et à
i laquelle ne peut suffire le personnel actud.
Ën effet, près de cinquante fosses 4 se vident
i chaque nuit; la désinfection préalable des
! matières demande un travail assez long^ et
qui doit être exécuté avec un grand soin ; la
présence d'Un inspecteur à ch"a(fue fosse est
j donc indispensable. Indépendamment de ce
' service, il y a cel ui ' des fosses mobiles, au
: nombre "de mille, qui se faix de jour, et qui
; doit également être soumis à une surveil
lance de tous les momens.
En conséquence, M. le préfet de police a ;
soumis à l'approbation du conseil, munici
pal qui l'a approuvé, dans sa séance d'hier,,
un projet d'organisation nouvelle du service,
d'inspection, sur lès bases suivantes :
Un inspecteur principal désignera le ser-,
i vice, sous les ordres de l'inspectenr-général.
. Quatre.inspecteurs de.première.classe se-.;
ront ehargés : 1° du contrôle -du service de
: nuit ; 2° des - visites à domicile et des rap
ports qui en sont la suite; 3° de* la surveil
lance des équipes qui pourront être mises:
én fonctions extraordinairement, et enfin'de
l'inspection de l'enlèvement des appareils de
fosses mobiles pendant le jour. " ,
Quarante-cinq inspecteurs de.2" et 3 e classe
seront affectés a la surveillance de nuit, et;
devront' accompagner, les équipes dans tous!
les endroits où elles se rendront pour y opé
rer. une .vidange, afin que les ouvriers ne
soient pas perdus de vue un seul instant, et
qu'aucune contravention ne puisse rester
sans répression.
'Trois inspecteurs continueront d'être em
ployés àu dépotoir, deux autres à la perma
nence de la barrière du Combat; enfin un
inspecteur sera attaché à la surveillance des
voiries, particulières; et sera tenu d'en - visiter
au moins deux-ou trois par jour.
Ce nouveau service occasionera à la ville
une dépense: annuelle de 78,600 fr. ; mais
c'est un . sacrifice que l'administration" ne
pouvait hésiter à faire,eri présence des avan
tages qui en résulteront, sans aucun doute,
pour la population de Paris, si intéressée à
ce que le service des vidanges soit fait avec
Soin et régularité.
Il existe entre la rue du Faub.ourg-Pois-
sonnière et la rue ; Rochechouayt, en face, de
l'avenue Trudaine , deux impasses qu'on
projette depuis long-temps de réunir en une
"seiileToie publique; L'exécution de ce tra
vail avait été "retardée jusqu'à ce jour par
quelques difficultés d'expropriation qui sont
actuellement.levées, et, sur la proposition'
de M. le préfet de la Seine, le conseil muni
cipal vient d'autoriser le percement dont il
s'agit. Là nouvelle rue, qui portera le nom.
de la.rue du Delta, et dont la largeur- sera •
de 12 mètres, établira une communication:
directe et sans interruption avec la barrière
du Trône et celle de Monceaux ; elle facilite- ,
ra les moyens de circulation dans les voisi
nage de plusieurs embarcadères de chemins"
de fer, et enfin elle .donnera une nouvelle-
vie au quartier du Clos-Saint-Lazare, dans
lequel un grand nombre de rues ont déjà été,
ouvertes. »
Le conseil a également autorisé l'ouvertu- ■
re d'une, rue de 12 mètres de largeur qui*
communiquera de la rue de Ménilmontant à
celle des Trois-Couronnes. Ce percement, r f "i
sera exécuté par une entreprise. particulieSs
et dont la ville n'aura à supporter, aucun,
frais, sera d'uno utilité incontestable, car il
divisera un îlot de .plus de 400 mètres de
longueur, et ouvrira une communication"
large ët facile entre les deux grandes voies
auxquelles elle doit aboutir, et qui contien
nent de nombreux étal3lissemens industriels.
La nouvelle rue sera fermée par des bar
rières à ses deux extrémités,, jusqu'à sa ré
ception provisoire au nombre des voies pu
bliques, qui pourra* du reste être pr
après l'établissement du pavage, des bordu
res et dé l'éclàirage. Elle sera" bordée de
trottffirs en tritamffy-et deux bornes-fontai-'
nés y seront établies, pour le lavage des
ruisseaux. ■ -' ,
Dans cette même séance, le conseil à-aur
torisé là création, de deux succursales que ;
Mgr l'àrchevêque a proposé d'instituer, l'une,
daûs le quaftier de la Chaussée-d'Aiilin, et,
l'autre dans le faubourg mière, qui a du resté déjà été .consacrée sous
l'inyocatiorivde saint André," et qui ést livrée,
depuis environ deux mois,' à l'exercice du'
culte, dans un local.provisoire, cité d'Àn-
tin, emprunte sa circonscription aùx.pàrois-
ses Notre-Dame-de-Lorette et Saint-Roch. La:
seconde, qui'paraît devoir être établie sur
un emplecement, rué Corbeau, .doit com
prendre les localités renfermées entrera bar
rière de Pantin, le canal Saint-Martin, jus
qu'à la rue du Faubourg-du-TempIe, la rue-
Fontaine-au-Roi, la rue de l'Orillon, et le
mur'd'.enceinte de la barrière Ramponneau
à la barrière, de Pantin. Deux paroisses.doi
vent concourir, à' former "lapopulation de^■.
cete succursale : ce-sont ceïlés de Saint-Lau- !
rent et de Saint-A.mbroise. • • -i •
Par une autre délibération; M. le préfet de
la Seine a été aijjorisé à prendre à l'éntrétièa ;
de l'administration municipale, les zôiies des'
contre-allées des ' boulevards intérieurs ;du
nord! Jusqu'à'ce jour, l'entrçtiéû "des boulé-,
vards, sur une 'largeur d,e trois métrés, à par
tir du mur des màispns,'était a la charge dés,
prqpriélai i rc^8j;iyera.ins - Par suite de la déci-
siôh (lu. CQïïseîîj les propriétés, se.trouvent
exonérés de cette charge^ 11 en résulte déplus,,
l'avantage que-toutes les parties des mêmes" ■
contre-allées seront entretenues par la mê
me main avec ensemble et harmonie. ; •
Un crédit de 852,524 fr. a été mis a la dis
position de M. le préfet de la Seine pour l'a
meublement définitif des grande apparie^,
mens des fêtes à l'Hôtel-de-Ville.'" On ne se
ra plus obligé, à l'avenir, de louer à chaque
fête les tentures et les lustreries nécessaires,
ainsi que cela s'est pratiqué jusqu'à ce jour,
et en complétant ainsi 1 la décoration, de ses
magnifiques salons, l'administration trouve* 1
ra une heureuse occasion dé venir en aidé à -
une. classe nombreuse d'ouvriers de luxa qui
sont en souffrance depuis quatre années.
Enfin, le conseil a .voté une somme de »
42,695 fr. pour couvrir les dépenses qui ré-...
sulteront de la , confection et: du timbre de»
obligations provisoire et définitives de l'em
prunt de 50 millions que la ville de Paris va
contracter. L'adjudication est -fixée, comme
on sait r au samedi 3 avril, à midi, et se fera :
sous la présidence de M. le préfet de la Seine,
dans l'une dès salles de l'Ilôtel-de-yiHe.
Le secrétaire de la rédaction, i.. bomface.
NOUVELLES ÉTRANGÈRES.
ANGLETERRE.
• Il'y a eu, mercredi 'soir, 1 -au Frèe-Mason's Ta-
vern. jun.meeting-de.'Ia soci6të'>"des Amis de l'Ita
lie. Environ 300 dames et cavaliers étaient pré
sens.-te professeur, Néwman présidait. ■
La séance a été' ouverte par M- G. Dawson, qui a
déclaré qu'il était convtincn qu'aucune- œuvre
grande et noble ne pourrait s'accomplir pour l'Italie
que lorsque tout le peuple italien ne formerait
qu'une seule nation. L'Italie, a-t-il dit, ne pou
vait êfre que.républicarne..'(Ecojlez!., écoutez;!)
Son abaissement est.inséparable dà là; couronne-,
sa gloire'respjenait",a,vec. Une république^ Les tra
ditions de l'Italie, sont toutes républicaines, et les
spages de ses rois sont des pages d'opprobre^ (Ecou
tez! écoute?!) ,
~M. Ma'zzini, au milieu des plus vives acclama
tions, déclare, en réponse au précédent orateur,,
que la papauté est le fléau du pays. Dès que le'
pape serait réduit à ses propres forcés rt privé de
l'assistance des troupes françaises et autrichiennes,
il s'enfuirait de Rome, et la question serait ainsi
terminée. Nous l'avouons'sans détour, dit MiiZzini,
notre but est la destruction de la papauté, comme-
pouvoir temporel et spirituel. Quand le pape fe
sera sauvé, nous adopterons des mesures pour
constater - l'état actuel de l'opinion en Italie'; et le
meeting peut compter que le verdict sera que la
papauté est un fléau. (Ecoutez !)
. Le président. — Je prie M. Mazzini d'expliquer
pourquôi il' né voudrait pas voir la liberté s'éta
blir en Italie sous la forme d'un gouvernement
monarchique. ■
M. Mazzini: — Je répondrai à cette question
eomme j'ai invariablement répondu aux : questions
de ce genre qui m'ont été précédemment laites.
Nous nous proclamons républicains parce, que
SSSSB
F»TO DjI CONSTITUTIONNEL, 27 MARS
LA VIE A REBOURS
" âRSIMU.
• f r ■ - ■. ,.. . .
î r " ' ■
fRËECISB. VOLUME.
vn.
UKE AMBASSADE EXTKAOBDlprAIBE.
^Rendant que cet orage grondait à un point
de l'horizon, il s'amoncelait, sur un autre
point, des nuages qui ne renfermaient pas de
moindres menaces. Au château des Ageux,
tout le monde était loin de partager la tran-
qHillârésignation-et la sainte simplicité d-Ai-
drienne. H s'y trouvait deux personnes que
les mensonges d'Armand n'abusaient pas, et
qui s'indignaient de ces absences prolongées
et de ces demandes d'argent, renouvelées
chaque jour. L'une et l'autre, et à l'envi,
plaignaient cette jeune femme, dont l'exis-
ténee commençait par le délaissement,-pour
aboutir à la ruine; mais ni l'une ni l'autre
n'aurait eu le triste courage de .déchirar le
vôilë qui lui couvrait les yeux. Ces deux per
sonnes étaient Madame de Beaufort et maî
tre Rémy; - - ■' .
"En sa qualité de vieux serviteur de lamai-
s6n, maître Rémy se croyait responsable,
diansuné certaine mesure, des événemens
qui s'y passaient. Jusque-là cette responsa
bilité "avait été légère et douce à porter; mais
avéc Armand elle prenait un caractère fatal et
des proportions redoutables. De tout temps,
d'ailleurs, le fermier avait prévu que ce jeu»-
rie homme serait la mauvaise étoile des
l_ 'La reproduction est interdite.
Ageux. Enfant, il poursuivait ses oi*s à ou
trance et se roulait sur ses sainfoins ; ado-
le?cent, il lançait son cheval à traders les ré
coltes sur pied. Récemment encore, n'avait-
il pas attenté plus directement à son repos
et troublé la conscience de ses gens par ses
nouveautés agronomiques? A îdsî ,point d'il
lusion : l'homme serait ce qu'avait été l'en
fant et l'adolescent, il traiterait ?a fortune
comme il avait traité les récoltes et les oies
de laferme. C'était dans le-sang, rien n'y fe
rait; maître Rémy l'augurait de la sorte.
Jusqu'ici, il faut le dire, les faits l'avaient
justifié amplement, «t sans doute, au fond
de son cœur, l'honnête fermier .conjurait le
destin de lai donner un peu moins raison
dans ses horoscopes.
Madame de Beaufort ne se laissait pasen-
traîucr, vis-à-vis de son petit-fils, à des juge-
mens aussi sévères; elle ne le condamnait pas
irrévocablement. Mais; dans ses idées de ré
gularité, elle ne pouvaiteomprendre ni cette
vie errante, ni ces habitudeg.de dissipation.
Elle se demandait comment le mari de son
Adrienne allait chercher si loin ce qu'il avait
sous la main, le bonheur-sous un toit tran
quille et dans un ménage bien ordonné. Cette
cond ui te troublait ses esprits à ce point qu'elle '
ne pouvait l'attribuer à des causes naturel
les ; le démon devait s'en mêler et jeter son!
petit-fils dans ces égaremens : à défaut, la
seule explication plausible était un commen
cement de folie. Possédé ou fou, l'aïeule ne
sortait pas de là; il fallait lui administrer un
exorcisme ou le soumettre à un traitement.
Chez la grand'mère et chez le fermier, il
y avait donc des opinions arrêtées sur les
extravagances d'Armand ; mais chacun d'eux
y songeait de son cOlé et en gémissait sans
s'ouvrir à l'autre et aviser au remède. Ma
dame de Beaufort ne faisait plus au château
des Ageux quade courtes apparitions ; elle
préférait sa petite- maison de Verberie, où
rien n'altérait, même pour un instant, l'or
dre établi depuis un temps immémorial:
D'autre part, maître-Rémy était toujours
dans ses, champs et sur les talons de ses va
lets,- veillant à-la moisson ou au* labours* en
homme.qui ne veut perdre ni un^épi ni une •
heure ouvrable. Le hasard seul et l'occasion
pouvaient les réunir ; le hasard s'y prêta mal
et l'occasion se fit attendre. Enfin ils se ren
contrèrent aux Roziers, où Madame de Beau-
fort venait toucher un fermage, maître Rémy
prendre livraison de quelques sacs de grains.
dont il avait besoin'pour le marché suivant.
Depuis long-temps ils ne s'étaient vus et
eurent un véritable plaisir à se retrouver;
puis, par une pente naturelle, ils en vinrent
à des confidences. Le fermier avait un poids
sur le cœur et tenait à l'alléger; l'aïeule com
mençait à trembler pour la fortune de si s
enfans. Rémy en' savait long là-dessus ; les
détails qu'il donna n'étaient pas de nature à
calmer les alarmes de,Madame de. Boaufort. La
veille encore, il avait vu arriver aux Ageux le
premier papier timbré qu'on y eût reçu de
mémoire d'homme. C'était une saisie sur-ses
fermages, opérée à la requête d'un créancier. ,
Il savait en outre que.d'autres exploitsallaient
suivre celui-là, s'étendre sur toutes les ter
res et frapper l'es revenus du domaine d'un
séquestré général. Jamais huissiers du res
sort n'avaient fait de si belles orges > c'était
pour eux une bénédiction du ciel, et ils lui
en adressaient de vives actions de grâces en
le priant de souffler sur beaucoup de fils de
famille le goût.de se ruiner qui animait M.
Armand.
Quand le fermier eut fourni ces renseigne
ment, il en vint à examiner la situation du
côté sérieux. Il dit que si les choses mar
chaient'de ce train, avant quinze mois le8
Courtenay seraient complètement ruinés,
que les Ageux et les Roziers, sauf lademie de
l'usufruit, seraient absorbés et au-delà;
qu'après avoir aliéné le revenu, il faudrait
aliéner le fond ; que l'hypothèque s'y abat
trait sans trêve ni merci ; qu'aprèî l'hypo
thèque viendrait l'expropriation; et après
l'expropriation, le déguerpissement, la rui
ne 'et la misère. Voilà ce que dit maître
Rémy, en termes simples, mais nets; et
ce tableau fit' une profonde impression
sur l'aïeule.. T1 ajouta qu'on ne pouvait
laisser ce désastre s'accomplir sans tenter un
dernier effort, fans adresser a ce dissipateur
insensé une dernière remontrance; que mê
meavec 2a cèrtilude d'échouer, c'était une
obligation et un devoir; que, d'ailleurs, il
ne fallait pas compter sur Adrienne .pour
cela; qu'elle était sans force contre son mari
et n'aurai i jamais d'autre volonté que laîieri-
ne; -que celte lâche revenait plutôt à une per
sonne qui, aux droits du sang joignait l'au
torité de l'âge, et mieux qu'un autre pouvait
montrer à ce malheureux l'abîmo où il allait
entraîner les siens. 1
. Pendant que le fermier parlait ainsi avee
line éloquence naturelle, Madame de Beau-
fort était livrée à des sentimens divers. Elle
' v n'avait pas cru que les alTaires de son petit-fils
fussentaussi gâtées, ni même qu'elles pussent
se gâter à ce point; elle s'attendait à des prodi-
galités, point à une ruine. Les paroles de maî
tre Rémy lui ouvrirent les yeux ; elle comprit
l'appel que lui adressait le vieux serviteur,
et n'était pas femme à en décliner les suites.
Elle aimait ses habitudes tranquilles et régu
lières; mais elle savait en sortir pour rem
plir un devoir et ne manquait pas d'une cer
taine. résolution ; aussi son parti fut-il vite
pris.
— Maîlre Rémy, dit-elle, je vous entends
et suis disposée à agir; que me conseillez-
YOUS?
— Moi, vous conseiller! répondit le fer
mier avec ce cérémonial dont un villageois
ne sait jamais se défendre, oh 1 Madame,
jamais!- ',
— Voyons, Rémy, dit Madame de Beau-
fort en se portant à son secours, point de
façons, je vous eu prie. Le cas est grave, ne
perdons pas de temps; que faut-il faire ?
— Eh bien ! Madaièe, reprit le fermier, je
parlerai rondement, puisque c'est votre bon
plaisir. M'est avis qu'il n'y a pas deux che
mins. Dès que M. Armand ne vient plus vers
nous, il faut aller vers lui. Dam ! c'est à Pa
ris; mais Paris n'est pas au bout du monde.
Je sais bien qu'à votre i\ge, un voyage n'est
pas une partie d'agrément; mais il ne s'agit
que de cinq heures de route, et les voitures
"sont bonnes.
— Cela ne m'effraie pas, maître Rémy, dit
Madame de Beaufort en riant.
' — Je Je sais, je le sais, continua le fermier;
pour vaillante vous l'êtes : mais les ménage-
mens ne sont jamais de trop. N'ayez pas de
peur, vous serez soignée comme uné châsse. /
C'est moi qui vousiais la conduite, sauf vo
tre respect, pourtant.
— Vous, maître Rémy?
' — Eh donc ! Ne faudrait-il pas vous lais
ser aller toute seule, Madame de Beaufort?
Seule-dans cette galère de Paris?. Pour qui
nous prenez-vous, morgue? Nous sommes
des paysans, mais nous savons vivre! Et puis
je ne serais pas fâché-aussi de voir M. Aif-
mand et de lui dire un petit brin ma façon
de pensér.Je t'ai vu naître, après tout, ajou
ta-t-il avec une véritable d ignité, et mes che
veux blancs m'en donnent le droit! Il enten
dra la voix d'une honnête homme.
Le fermier et la grand'mère ne se quittè
rent qu'après être convenus de leurs fait!;
celle-ci acquiesça aux plans de maître Rémy
et disposa tout dans sa maison pour une ab-
senôe passagère; le fermier en fit autant dans
le cercle de son exploitation. On s'entendit",
pour tromper Adrienne sur les motifs de-ce
déplacement inusité ; on en trouva de fort
plausibles et qui furent accueillis sans exci
ter de surprise ni amener d'observation.
A quelques jours de là, le projet s'accom
plit. Unç voiture du château conduisit les
voyageurs, jusqu'à Sénlis, où ils prjrent le
coupé de la diligence. Le fermier semblait
enorgueilli d'avoir sous sa garde une.dame.
de qualité; il eut.pour elle les prévenances:
et les attentions d'un chevalier. Autîint qu'il
le-pouvait, il lui épargnait les embarras et
les fatigues "de la route, se montrait soigneux
sans minutie et empressé sans obsession; A
Paris, ce fut lui qui choisit l'hôtel où, ils de
vaient descendre^ les logemens qu'ils devaient
occuper, et il le fit avec un tact, un discerne
ment que n'eût point désavoué un homme
du monde. Il savait que Madame de Beau-
fort était fort entichée delà règle, et il s'étu
dia à maintenir autour d'elle des habitudes
de régularité fil mit de l'ordre à tout, aux
repas, aux courses, aux démarches,,aux dis
tractions, et réprima avec sévérité les négli
gences des gens de. service. 1
Avant de se présenter chez Armand et d'y .
porter le. coup décisif, les deux voyageurs
avaient des renseignemens à demander et des :
informations à prendre. La famille Courtenay
aurait à Paris un notaire, depuis longtemps
investi de sa confiance et chargé de ses inté-
. rêts; ce fut à sa porte qu'ils frappèrent d'a
bord. C'était un homme sûr et d'une probité
parfaite. Dès que Madame de Beaufort «e fut
nommée et eut exposé*les motifs de sa vi
site, il se mit à sa disposition. Armand ne
s'était pas-adressé à lui ; peut-être avait-il
craint ses remontrances ; mais des hommes
d'une-loyauté équivoque et d'un commerce
dangereux avaient fait quelques descentes
• . . ' /v*vv-,&
' - . . ■ U "
B &J»MAUX. : rue
JpKIXDSt'ABOIIMfiBÏEHÏ'
TABIS'i...... 13 F. PAR TWMBSTM.*
DÉPARTEMENS. 16 F. —
UN NUMÉRO : 20. CENTIMES..
pou * us- pat* xnuNGBBS, se reporter
aa tableau qui sera publié dans Jô|ouml,
tes 19 et «5 de chaque moi?;
- 1m abonnement datent des 1" et it
i dt cfutme mob.
S 'adresser, franco, pour larédaction, àj&. CI ichevai- G i À rignî,
" Les articles déposés ne sont pas rendus;
JOURNAL POLITIQUE,
Jâcteur en chef, j
LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
On s'abonne, dans Ut département, aux Messageries et aux Directionsde poste.—A Londres,'chez MM. Cowil et fil »;
, . ■ ■ • — A Strasbourg, chez Mu AlEXANDRE, pour l'Allemagm'i
S'adrésser, franco, peur l'administration, à M. D enain, direct
Les r ajîporices sont reçues au bureau du journal ; et chez Mi PANIS, régisseur, 10, plac^^la'
PARIS, 26 MARS,
j «Nous ayidns annoncé,que iègoûvernemçnt
préparait sur l'administration départemen-
tqjè, un décret qui ferait une large part, aux
idées de décentralisation. Le texte de ce dé
cret est aujourd'hui, au Moniteur, et nous le
rêproduisons tout entier. C'est le document
le plus important que lo journal officiel ait
publié depuis U; Constitution ; .il ionche à
toute notre organisation administrative;"]!'
règle ce qui est en province la vie de cliaqye
jour:-a'ucune mesure ne saurait donc avoir
des.conséquencesplus nombreuses.
: Le motde décentralisation, suivant le sens
qu'on y attache^ éveille dans lés" esprits des:
idées.bien différentes. Nombre de gensj con
sultant plus les souvenirs- du passé que les-
nécessités du présent, se laissent séduire par"
ce qu'il y avait autrefois d'énergie propre et
même de fécondité dans la vie provinciale,
et songent à reconstituer pour les départe^
mens l'existence presque indépendante des
anciennes provinces. La décentralisation se
traduit pour eux en l'affranchissement des :
assemblées communales, et départementales,
qu'ils voudraient soustraire au contrôle du
gouvernement. Ce systèm 1 , poussé jusqu'à
ses dernières conséquences, aurait : pour rér*
Jultat de créer au sein de la grande société
nationale une foule de petites sociétés iso
lées, et de sacrifier les intérêts généraux aux.
idtérêts de localité. Nous en avons toujours
été les adversaires. .
En même temps nous avons attaqué, avec
autant d'énergie que personne, l'état de cho
ses auquel Louis-Napoléon vient enfla de
porter, remède. S'il faut : accepter franche-
nient toutes les conditions de l'unité natio
nale fondée par la révolution, s'il faut main
tenir intacte l'organisation administrative
sortie du génie de l'Empeseur, s'il faut laisser
aji gouvernement les moyens de faire sentir
avec énergie et rapidité son action daas toute
l'étendue du territoire, faut-il ramener for
cément toutes les affaires à Paris, et épuiser
, dans les détails l'initiative e.tla force dupou-
voir central ? Nous ne l'avons jamais pensé :
les empiètemenseoutinuels des bureaux mir
nistériels, la multiplication systématique
des rouages et des formalités, l'excès de-la
papérasserie ont toujours été au nombre des
plus légitimes griefs des populations.
La tyranuie.de lia bureaucratie était unê
conséquence indirecte, et la plus fâcheuse
peut-être , des abus "dans .lesquels était;
tombé le "régime parlementaire, -fca -mê- >
bîlité perpétuelle des ministères entrai-,
nâit 'presque forcément la -mobilité des
préfets: lès évolutions des par lis entretenaient
uûe sorte dé roulement continuel de tou
tes les hautes fonctions administratives.Tout
changeait donc en France, hormis les : bu-,
rekûx, devenus peu à peu les seuls déposi
taires des traditions-et des règle mens. Par
inexpérience, par timidité, par appréhension
des influences parlement lires , les préfets
abdiquaient toute initiative, renvoyaient au
ppuvoir central la décision' de toutes les af
faires, et se réduisaient volontairement au
rôle d'exécuteurs "des volontés ministériel^
lés. Cette dépendance des autorités pro?
vinciales ne suffisait pas aux bureaux; et
la manie des détails, qui dévore toutes ks
administrations , faisait évoquer à Paris
non seulement la décision, mais i'instruc?
tk>js de& moindres affaires *: il fallait sur clia-
qtiè pièce le visa et le rapport ,de vingt
oôlnmis..
^Ûn-tel état de'choses ne pouvait durer. Les
léûteurs inouïes de l'administration entraî
naient pour les-citoyens des sacrifices consi-
■ * k dérables et quelquefois la ruine. Le remède
Mt dahè le retour aux véritribl/es traditions
/
administratives du pays. Il ne s'agit pas de
soustrairedes affaires locales au contrôle-dir f Wiiditions ï[u"il plaît à l'autorité d'imposer.
gouvernement, mais de rapprocher ce çontrô-
i le de fsçori qu'il puisse s'exercer sians dépla-
usement et sans perte dBistrés.Lfiissçz intacte l'action du pouvoir sou-!
'Verain, mais instruisez lés affaires sur place et'
; décidez-les sur place : les abus de la centra-
; lisation auront disparu, et il- n'en restera que
les bienfaits, à savoir : l'impartialité et l'u
niformité dé législation, Ùn gouvernement
; fort et éclairé-doit savoir 1 choisir ses agens et
; doit avoir confiance en pux ; qu'iln? lesdéplace
passans'nécessilé, qu'il leur laisse le temps de'
;se familiariser ave.cfes besoins locaux,et qu'il
leur laisse sous leur responsabilité et sous
un cootrôleincessaut, la décision dé tourés
iles affaires qui ne sont pas d'un intérêt géné
ral : voilà la véritable décentralisation, celle
!que nous avons toujours- réclauéoy d'accord*
'avec nîos populations départementales.
C'est daus cette voie que Louis-Napoléon:
vient d'entrer par le décret que publie au
jourd'hui le:;Moniteur. La décision d'un
no mbçe considérable d'affaires est enlevée
aux bureaux ministériels et attribuée désor
mais aux préfets. Cest dans chaque clief-lieu
qu'elles seront instruites, et les citoyens
dont la fortune y . sera engagée n'auront
plus à sortir des limites de leur départe
ment pour déîendre leurs intérêts. Un grand
nombre de nominations seront, faites tlir
rec:ement~ par les préfets; et la foule des^
solliciteurs devra à l'avenir se partager en/
tre les antichambres ministérielles et les anti- -
ehambres des préfectures. N'épargnât-on aux
candidats éconduits que les frais de voyages
inutiles, la mesure serait encore pour bien
des
décret, qu'on lise ces listes presque." intermi
nables d'affaires autrefois vidées à; Paris, et
que par la pensée on les multiplie par 86
départemens, on aura une" idée du fardeau
sous lequel succombait l'administration cen
trale. On comprendra en même temps ce que
le Président lui rend: d'énergie, de proespti-
tude et d'activité en la délivrant de cette
charge inutile et absorbante; et en lui per
mettant de se consacrer désormais tout* en- -
tière aux intérêts généraux du pays.
CUC1ÎEVAL- CLARIGNY.
Lundi prochain, 29 mars, aura lieu aux
Tuileries, dans le salon des Maréchaux, la
cérémonie de l'installation des grands corps
de l'Etat. . -
Le corps diplomatique, le sénat, le conseil
d'Etat-«t io; -corps -législatif -se réuniront
d'avance dans les differens salons qui en
tourent la salle des Maréchaux;
, La cérémonie commencera .à une heure. "
L'arrivée du prince-Président sera saluée
par des salves d'artillerie. . ' - >
Le prince prendra place Sur une estrade,
où il sera entouré des ministres, des officiers
qui composent sa mai on militaire, et dés
membres du conseil d'Etat. Il prononcera le
discours d'ouverture. . "
-, Le local ne permet d'inviter que quelques
membres du clergé, dr; la magistrature, de
l'armée et de l'administration. <
Le départ du prince sera également salué
par des salves d'artillerie. ( Communiqué,)
l' agrément du' gouvernement^-et
sous-^eS^
; L'autorisation donnée par le go uverneraent*
est toujours révocable.
Toute association formée sans autorisa-''
tion, ou qui, après : l'avoir obtenue, enfreint
les conditions qui lui sont imposées, estais-
: soute. Les membres qui là composent sont
passibles d'une peine de deux mois à un an -
d'emprisonnement et de-50 à ,tjOÔOvfr. d'a
mende. En cas de récidive, ces' peines,'
peuvent . être portées aù double , et le
condamné peu t être, placé temporairement
sous là surveillance de la haute. police: "
Ceux qui prêtent ou louent sciemaïenf
leur maison, pour une ou- plusieurs 5 'féu-
rnions non autorisées, sont considérés çom- •
me complices des membres de l'associa
tion et punis dés mêmes peines. Les pro-
ipriétaires d'une maison ne peuvent en'
: accorder l'usage pour la réunion des mem-
! bres; d'une association autoriste sans avoir
i préalablement obtenu la permission de l'aU-
. torilé. municipale ; les infractions à, cettej
i dernière disposition sont punies d'une amen
de de 16 fraacs à 200 francs. >
Le décret dfe ce jour remet cette législation
'ca vigueur. , .
Le -secrétaire de la rédaction, t.- bomfacb.
. On lit daas le Moniteur'de l'Armée :
.^TcicKles tnouvemeos- qui résulteront dans* le
persOTinef médical de l'armée de sa nouvelle .orga
nisation. .. ' . ~
t'uet
classe est élevé
Le Moniteur publie aujourd'hui un décret
sur le droit de réunion et d'association. Ce
droit, réglé d'abord par; Je Code pénal, a été
plus uettemont défini et limité par la loi du
10 avril 1834. <
Aux termes des articles 291,292 et 294 du
Code pénal et des articles 1, 2 et 3 de la loi de
4834 combinés, nulle association de plus de
vingt personnes, dont le but est de se réunir
périodi quement ou i rr<" gulièrement pour s'oc
cuper d'objets religieux, littéraires,politiques
-mu- autres, et alors même que ces associations
seraient partagées en nombre moindre de
vingt personnes, ne peut çc former qu'avec
Voici uiie énumération succincte des dé-
* penses portées aux divers chapitres du bud
get pour l'aunéo 185-2, qui a été promulgué
le 17 de ce mois. . , ..
.Les dépenses, du sénat, .sont fixées à
1-1438,900 fr. Dans "cctlé somme sont com- :
-prises les dotations qui seront données à dil-
îtérens sénateurs ; elles s'élèvent au chiffre de
770,400 fr.
Les dépenses, du. conseil d'Etat s'élèvent à
1,947,600 fr.; les traitemens des membres
"du conseil et des employés- de l'administra
tion sont compris dans ce chiffre pdur une
somme de 1,860,600 fr.
Les dépenses du corps législatif, per
sonnel et matériel compris, s'élèvent'à
701,500 fr.
La dotation du prince-Président de la Ré-,
publique, jusqu'à ce qu'un sénatus-consulte
y ait définitivement pourvu, est provisoi
rement fixée à 1,500,000 fr.
Dans notre numéro du 19 mars nous avons
publié le tableau des dépenses générales des
divers ministères; celles du ministère d'Etat -
s'élèvent .à 7,259,000 fr., comprenant les
traitemens du personnel de l'administration
cèntrale et les irais relatifs à l'entretien, à la ;
conservation et aux travaux des palais natio
naux ainsi que ceux des manufactures na
tionales de Sèvres, des Goblihs et de Bcau-
vais: il faut ajouter à ce chiffre une somme
de 4,925,000 f'r. allouée pour l'achèvement
dix Louvre et la réunion de ce palais à celui
des Tuileries; les dépenses totales du minis
tère d'Etat s',élèvent a 12,184,10') fr..
Un crédit de 3,872,465 fr. est- ouvert au
ministère de la police générale. Les ti-aite-^
mens du ministre et du personnel de l'ad
ministration son t compris dans ce chiffre pour
une somme de 416,975 ff*. Les dépenses se
crètes de la sûreté générale sont'fixées à
1,200,000 fr. Une somme de 900j000 fr: est
mise à la disposition du minis're pour. se-,
cours à distribuer aux étrangers réfugiés en
France. ■ •< . '• - . . ■ >
! Le budget du ministère des travaux pu
blics est diviséenservice ordinaire et en tra
vaux extraordinaires; il monte à la somme de
•130,232 4 434 fr.; dans la section des travaux
extraordinaires, une fomme de 57,430,001 fr.
estaffectée à là crinstruetiondegiaridfislignes
de chemins de fer,'et une autre ae 4.290,000 f..
à l'établissement de canaux de navigation.
Un crédit de .600,000 fr. est ouvert au mi
nistère de l'intérjéur pour dépenses secrètes,
ce qui, avec les 1,200,000 fr. alloués pour le
m'ême objet au ministère de la police géné
rale, porte à la somme de 1,800,000 fr. les
fonds secrets du nouveau gouvernement.
Le secrétaire de la rédaction, h. bomi'ace.
•'Le nombre dcs'prirlcijaaax dé 1
à 40. ' ' .
' 1.1 se composera des 16 principaux de \ xt classe
restant du cdjlro actuel,. des 19principaux de 2°
classe du cadrc actuel et.de S médecins ordinaires
ou chirurgiens-majors de" i" classe promus.
: Le nombre des principaux de 2 e classe est élevé
à 40. N '
" 11 se composera de 40 médecins, ordinaires ou"
chirurgiens-majors de !'• classe.'promus. ' ' • .*
Le nombre des médûcins-majors de l" classe
est de 100. . ! -
' Il sé composera des 54 médecins ordiriairds ou:
chirurgicns-niajdrs de l rl,; 'classe restant'du cadre-
actuel, et de 40; médûcifls ■ crdinaires où' chirur
giens-majors d&2 e ;classe p'.omus. .
■. Le nombre des médêcins-maiors de 2° .classe est;
de 220. " . ; •
,11 se composera des 1S7 médecins ordinaires ou
chirurgiens-majors, de 2° classe restant du cadre
actuel; et de 63. médecins adjoints ou chirurgiens
aidés,-majors de l ro classe, promus.
, Le nombre, des médecins aides-majors de l re
classe est de 340. . ;
,11 se composera.dés 99-médecins adjoints et-chi-
rurgiens aides-majors de ("classe restant du cadre"
actuel, et de 241 chirurgiens aides-majors de 2°
classe promus.
Le. nombre des médecins aides-majors _ de 2 e
classe-eét d&340. -•
• Il se composera des 23 chirurgiens aides-majors
. dp/4i^ classe restant du cadre actuel et de 317 chi-
•rurgiens-«ous-aides promus. "
' Il restera, àla suite, 138 chirurgiens sous-aides,
dont • 24 à reporter à la pharmacie et 19 aides-
majors comroissiennés.-
. La solde et les indemnités dé logement s'élève^
ront, pour, chatjue grade, aux allocations totales
et aiinuellés suivantes
Inspecteur,
10,000 fr. comme précé
demment.
H,960 au lieu de 5,220 f.
■ On a parléd'un décretqui réduirait à 5 0/0
le taux de l'intérêt commercial, et à 4 0/0 le
taux de l'inlérêt.civil.
No'us croyons pouvoir déclarer que ces.
bruits sont complètement dénués de fonde
ment.
Le secréfeire de la rédaction, l. bonifacb.
.Principal de i" classe,
Principal de 2 e classe," 5;340, — 4,720
Major do classe, -4,220 — 3,360
Major de 2 e classe, . 3ylfi0 — 2 ,860
Aide-major de i" classe, 1 2,491 — 2,290
Aide-major de 2 e classe, - 2,090 comme . précé-
-demment. .
. Cette dernière allocation sera désormais celle du
dernier échelon de la. hiérarchie,. qui sous lè titre
de chirurgien sous-aide, ne recevait" que 1,390 fr.
-Les officiers: de santé des diverses grade? em
ployés en Algérie et en Italie, continueront à re
cevoir leurs allocations actuelles jusqu'à l'époque
deieur promotion au grade supérieur, sous ta ré
serve toutefois, pour les chirurgiens sous-aides,
de l'application des dispositions de l'art. 14 du
décret d'organisation.
On lit dans le Journal du Havreï du 25
mars : . . ... ■ '
, « Par voie dès Etats-Unis, nous recevons des
nouvelles de Valparaiso du 26 janvier, c'est -i -à-di're
d!un mois postérieure^ux précédentes, ou de mê
me date que-celles qui sont;atteiiiues pal' la _pro-
_chaine malle des Antilles.'■
-"""V Les dissensions politiques qui avaient agité,
depuis quelque temps, la république chilienne,
paraissaient tout-à-l'ait apaisées, et, à l'exception
d'un petit mouvement parmi les mineurs de Co-
piapo, bientôt réprimé du-reste; on n : avait eu au
cune tentative insurrectionnelle à déplorer..
' » Des nouvelles assez graves, toutefois,- avàierft
été reçues du détroit de Magellan, où ont été de-
portés, dans une colonie pénitentiaire de laTerrr
de-Feu, tous les insurgés pris les armes à la main
ou ceux dont les intrigues portaient ombrage aux
aùtoriiés. ' Ces condamnés politiques s'étaient ré
voltés, avaient "massacré ,1e gouverneur de l'éta
blissement, et après avoir facilement triomphé de
la résistance du faible détachement de troupes
chargé de'les contenir, s'étaient déclarés libres et.
indépendans du Chili.
• " » Devenus ainsi maîtres absolus de la. position,
le s transportés ont pris possession du navire amé--
ricain Florida, qui avait été affrété par le gou
vernement chilien pour les conduire à laTerre-de-
Feu, et se trouvait encore.' mouillé dans le détroit
de. Magellan. Un autre navire -améiicain, dont on
rie-donne pas le .nom, et qui revenait du Califor
nie à New Yofk avec des sommes importantes eri
poudre d'or, est aussi tombé eh leur possession;
après quoi ils se sont embarqués sur ces,deux
-navires pour chercher un refuge sur une terre
étrangère. Comme il n'y avait sur : la côte aucun
navire' américain; lorsqu'est parvenue à "Valparaiso
la nouvelle de cet événement-,, l'autorité, s'est
adressée aux amiraux français et anglais, de sta
tion dans le port, et qui tous deux ont dépêché
des forces à la poursuite de ces pirates.
» Une tenfcitive à peu près analogue avait été
dirigée.xontre le navire américain Eliza., à l'île
Juan-Eernandez, qui a été aussi convertie en co
lonie pénitentiaire. Au moment où ce'navire'y pre
nait des boi% lps colons ont cherclié à s'eti empa
rer ; itiais il a pu gagner le large et léuB-échap-
per. » - ■
CONSEIL MUNICIPAL.
II est une branche du service de la salu
brité dé" Paris *qur fait, ajuste titre, l'objet
de la sollicitude constante 'de l'adminis
tration municipale. .Nous voulons. parler
des vidanges. Le . système adopté: en 1850
pour la' 'désinfection et -le. déversement
(les .maljèreS;' liquides, sur la voie, publi
que exige, de la. part de l'administration,
« une surveillance plus active que jamais, et à
i laquelle ne peut suffire le personnel actud.
Ën effet, près de cinquante fosses 4 se vident
i chaque nuit; la désinfection préalable des
! matières demande un travail assez long^ et
qui doit être exécuté avec un grand soin ; la
présence d'Un inspecteur à ch"a(fue fosse est
j donc indispensable. Indépendamment de ce
' service, il y a cel ui ' des fosses mobiles, au
: nombre "de mille, qui se faix de jour, et qui
; doit également être soumis à une surveil
lance de tous les momens.
En conséquence, M. le préfet de police a ;
soumis à l'approbation du conseil, munici
pal qui l'a approuvé, dans sa séance d'hier,,
un projet d'organisation nouvelle du service,
d'inspection, sur lès bases suivantes :
Un inspecteur principal désignera le ser-,
i vice, sous les ordres de l'inspectenr-général.
. Quatre.inspecteurs de.première.classe se-.;
ront ehargés : 1° du contrôle -du service de
: nuit ; 2° des - visites à domicile et des rap
ports qui en sont la suite; 3° de* la surveil
lance des équipes qui pourront être mises:
én fonctions extraordinairement, et enfin'de
l'inspection de l'enlèvement des appareils de
fosses mobiles pendant le jour. " ,
Quarante-cinq inspecteurs de.2" et 3 e classe
seront affectés a la surveillance de nuit, et;
devront' accompagner, les équipes dans tous!
les endroits où elles se rendront pour y opé
rer. une .vidange, afin que les ouvriers ne
soient pas perdus de vue un seul instant, et
qu'aucune contravention ne puisse rester
sans répression.
'Trois inspecteurs continueront d'être em
ployés àu dépotoir, deux autres à la perma
nence de la barrière du Combat; enfin un
inspecteur sera attaché à la surveillance des
voiries, particulières; et sera tenu d'en - visiter
au moins deux-ou trois par jour.
Ce nouveau service occasionera à la ville
une dépense: annuelle de 78,600 fr. ; mais
c'est un . sacrifice que l'administration" ne
pouvait hésiter à faire,eri présence des avan
tages qui en résulteront, sans aucun doute,
pour la population de Paris, si intéressée à
ce que le service des vidanges soit fait avec
Soin et régularité.
Il existe entre la rue du Faub.ourg-Pois-
sonnière et la rue ; Rochechouayt, en face, de
l'avenue Trudaine , deux impasses qu'on
projette depuis long-temps de réunir en une
"seiileToie publique; L'exécution de ce tra
vail avait été "retardée jusqu'à ce jour par
quelques difficultés d'expropriation qui sont
actuellement.levées, et, sur la proposition'
de M. le préfet de la Seine, le conseil muni
cipal vient d'autoriser le percement dont il
s'agit. Là nouvelle rue, qui portera le nom.
de la.rue du Delta, et dont la largeur- sera •
de 12 mètres, établira une communication:
directe et sans interruption avec la barrière
du Trône et celle de Monceaux ; elle facilite- ,
ra les moyens de circulation dans les voisi
nage de plusieurs embarcadères de chemins"
de fer, et enfin elle .donnera une nouvelle-
vie au quartier du Clos-Saint-Lazare, dans
lequel un grand nombre de rues ont déjà été,
ouvertes. »
Le conseil a également autorisé l'ouvertu- ■
re d'une, rue de 12 mètres de largeur qui*
communiquera de la rue de Ménilmontant à
celle des Trois-Couronnes. Ce percement, r f "i
sera exécuté par une entreprise. particulieSs
et dont la ville n'aura à supporter, aucun,
frais, sera d'uno utilité incontestable, car il
divisera un îlot de .plus de 400 mètres de
longueur, et ouvrira une communication"
large ët facile entre les deux grandes voies
auxquelles elle doit aboutir, et qui contien
nent de nombreux étal3lissemens industriels.
La nouvelle rue sera fermée par des bar
rières à ses deux extrémités,, jusqu'à sa ré
ception provisoire au nombre des voies pu
bliques, qui pourra* du reste être pr
après l'établissement du pavage, des bordu
res et dé l'éclàirage. Elle sera" bordée de
trottffirs en tritamffy-et deux bornes-fontai-'
nés y seront établies, pour le lavage des
ruisseaux. ■ -' ,
Dans cette même séance, le conseil à-aur
torisé là création, de deux succursales que ;
Mgr l'àrchevêque a proposé d'instituer, l'une,
daûs le quaftier de la Chaussée-d'Aiilin, et,
l'autre dans le faubourg
l'inyocatiorivde saint André," et qui ést livrée,
depuis environ deux mois,' à l'exercice du'
culte, dans un local.provisoire, cité d'Àn-
tin, emprunte sa circonscription aùx.pàrois-
ses Notre-Dame-de-Lorette et Saint-Roch. La:
seconde, qui'paraît devoir être établie sur
un emplecement, rué Corbeau, .doit com
prendre les localités renfermées entrera bar
rière de Pantin, le canal Saint-Martin, jus
qu'à la rue du Faubourg-du-TempIe, la rue-
Fontaine-au-Roi, la rue de l'Orillon, et le
mur'd'.enceinte de la barrière Ramponneau
à la barrière, de Pantin. Deux paroisses.doi
vent concourir, à' former "lapopulation de^■.
cete succursale : ce-sont ceïlés de Saint-Lau- !
rent et de Saint-A.mbroise. • • -i •
Par une autre délibération; M. le préfet de
la Seine a été aijjorisé à prendre à l'éntrétièa ;
de l'administration municipale, les zôiies des'
contre-allées des ' boulevards intérieurs ;du
nord! Jusqu'à'ce jour, l'entrçtiéû "des boulé-,
vards, sur une 'largeur d,e trois métrés, à par
tir du mur des màispns,'était a la charge dés,
prqpriélai i rc^8j;iyera.ins - Par suite de la déci-
siôh (lu. CQïïseîîj les propriétés, se.trouvent
exonérés de cette charge^ 11 en résulte déplus,,
l'avantage que-toutes les parties des mêmes" ■
contre-allées seront entretenues par la mê
me main avec ensemble et harmonie. ; •
Un crédit de 852,524 fr. a été mis a la dis
position de M. le préfet de la Seine pour l'a
meublement définitif des grande apparie^,
mens des fêtes à l'Hôtel-de-Ville.'" On ne se
ra plus obligé, à l'avenir, de louer à chaque
fête les tentures et les lustreries nécessaires,
ainsi que cela s'est pratiqué jusqu'à ce jour,
et en complétant ainsi 1 la décoration, de ses
magnifiques salons, l'administration trouve* 1
ra une heureuse occasion dé venir en aidé à -
une. classe nombreuse d'ouvriers de luxa qui
sont en souffrance depuis quatre années.
Enfin, le conseil a .voté une somme de »
42,695 fr. pour couvrir les dépenses qui ré-...
sulteront de la , confection et: du timbre de»
obligations provisoire et définitives de l'em
prunt de 50 millions que la ville de Paris va
contracter. L'adjudication est -fixée, comme
on sait r au samedi 3 avril, à midi, et se fera :
sous la présidence de M. le préfet de la Seine,
dans l'une dès salles de l'Ilôtel-de-yiHe.
Le secrétaire de la rédaction, i.. bomface.
NOUVELLES ÉTRANGÈRES.
ANGLETERRE.
• Il'y a eu, mercredi 'soir, 1 -au Frèe-Mason's Ta-
vern. jun.meeting-de.'Ia soci6të'>"des Amis de l'Ita
lie. Environ 300 dames et cavaliers étaient pré
sens.-te professeur, Néwman présidait. ■
La séance a été' ouverte par M- G. Dawson, qui a
déclaré qu'il était convtincn qu'aucune- œuvre
grande et noble ne pourrait s'accomplir pour l'Italie
que lorsque tout le peuple italien ne formerait
qu'une seule nation. L'Italie, a-t-il dit, ne pou
vait êfre que.républicarne..'(Ecojlez!., écoutez;!)
Son abaissement est.inséparable dà là; couronne-,
sa gloire'respjenait",a,vec. Une république^ Les tra
ditions de l'Italie, sont toutes républicaines, et les
spages de ses rois sont des pages d'opprobre^ (Ecou
tez! écoute?!) ,
~M. Ma'zzini, au milieu des plus vives acclama
tions, déclare, en réponse au précédent orateur,,
que la papauté est le fléau du pays. Dès que le'
pape serait réduit à ses propres forcés rt privé de
l'assistance des troupes françaises et autrichiennes,
il s'enfuirait de Rome, et la question serait ainsi
terminée. Nous l'avouons'sans détour, dit MiiZzini,
notre but est la destruction de la papauté, comme-
pouvoir temporel et spirituel. Quand le pape fe
sera sauvé, nous adopterons des mesures pour
constater - l'état actuel de l'opinion en Italie'; et le
meeting peut compter que le verdict sera que la
papauté est un fléau. (Ecoutez !)
. Le président. — Je prie M. Mazzini d'expliquer
pourquôi il' né voudrait pas voir la liberté s'éta
blir en Italie sous la forme d'un gouvernement
monarchique. ■
M. Mazzini: — Je répondrai à cette question
eomme j'ai invariablement répondu aux : questions
de ce genre qui m'ont été précédemment laites.
Nous nous proclamons républicains parce, que
SSSSB
F»TO DjI CONSTITUTIONNEL, 27 MARS
LA VIE A REBOURS
" âRSIMU.
• f r ■ - ■. ,.. . .
î r " ' ■
fRËECISB. VOLUME.
vn.
UKE AMBASSADE EXTKAOBDlprAIBE.
^Rendant que cet orage grondait à un point
de l'horizon, il s'amoncelait, sur un autre
point, des nuages qui ne renfermaient pas de
moindres menaces. Au château des Ageux,
tout le monde était loin de partager la tran-
qHillârésignation-et la sainte simplicité d-Ai-
drienne. H s'y trouvait deux personnes que
les mensonges d'Armand n'abusaient pas, et
qui s'indignaient de ces absences prolongées
et de ces demandes d'argent, renouvelées
chaque jour. L'une et l'autre, et à l'envi,
plaignaient cette jeune femme, dont l'exis-
ténee commençait par le délaissement,-pour
aboutir à la ruine; mais ni l'une ni l'autre
n'aurait eu le triste courage de .déchirar le
vôilë qui lui couvrait les yeux. Ces deux per
sonnes étaient Madame de Beaufort et maî
tre Rémy; - - ■' .
"En sa qualité de vieux serviteur de lamai-
s6n, maître Rémy se croyait responsable,
diansuné certaine mesure, des événemens
qui s'y passaient. Jusque-là cette responsa
bilité "avait été légère et douce à porter; mais
avéc Armand elle prenait un caractère fatal et
des proportions redoutables. De tout temps,
d'ailleurs, le fermier avait prévu que ce jeu»-
rie homme serait la mauvaise étoile des
l_ 'La reproduction est interdite.
Ageux. Enfant, il poursuivait ses oi*s à ou
trance et se roulait sur ses sainfoins ; ado-
le?cent, il lançait son cheval à traders les ré
coltes sur pied. Récemment encore, n'avait-
il pas attenté plus directement à son repos
et troublé la conscience de ses gens par ses
nouveautés agronomiques? A îdsî ,point d'il
lusion : l'homme serait ce qu'avait été l'en
fant et l'adolescent, il traiterait ?a fortune
comme il avait traité les récoltes et les oies
de laferme. C'était dans le-sang, rien n'y fe
rait; maître Rémy l'augurait de la sorte.
Jusqu'ici, il faut le dire, les faits l'avaient
justifié amplement, «t sans doute, au fond
de son cœur, l'honnête fermier .conjurait le
destin de lai donner un peu moins raison
dans ses horoscopes.
Madame de Beaufort ne se laissait pasen-
traîucr, vis-à-vis de son petit-fils, à des juge-
mens aussi sévères; elle ne le condamnait pas
irrévocablement. Mais; dans ses idées de ré
gularité, elle ne pouvaiteomprendre ni cette
vie errante, ni ces habitudeg.de dissipation.
Elle se demandait comment le mari de son
Adrienne allait chercher si loin ce qu'il avait
sous la main, le bonheur-sous un toit tran
quille et dans un ménage bien ordonné. Cette
cond ui te troublait ses esprits à ce point qu'elle '
ne pouvait l'attribuer à des causes naturel
les ; le démon devait s'en mêler et jeter son!
petit-fils dans ces égaremens : à défaut, la
seule explication plausible était un commen
cement de folie. Possédé ou fou, l'aïeule ne
sortait pas de là; il fallait lui administrer un
exorcisme ou le soumettre à un traitement.
Chez la grand'mère et chez le fermier, il
y avait donc des opinions arrêtées sur les
extravagances d'Armand ; mais chacun d'eux
y songeait de son cOlé et en gémissait sans
s'ouvrir à l'autre et aviser au remède. Ma
dame de Beaufort ne faisait plus au château
des Ageux quade courtes apparitions ; elle
préférait sa petite- maison de Verberie, où
rien n'altérait, même pour un instant, l'or
dre établi depuis un temps immémorial:
D'autre part, maître-Rémy était toujours
dans ses, champs et sur les talons de ses va
lets,- veillant à-la moisson ou au* labours* en
homme.qui ne veut perdre ni un^épi ni une •
heure ouvrable. Le hasard seul et l'occasion
pouvaient les réunir ; le hasard s'y prêta mal
et l'occasion se fit attendre. Enfin ils se ren
contrèrent aux Roziers, où Madame de Beau-
fort venait toucher un fermage, maître Rémy
prendre livraison de quelques sacs de grains.
dont il avait besoin'pour le marché suivant.
Depuis long-temps ils ne s'étaient vus et
eurent un véritable plaisir à se retrouver;
puis, par une pente naturelle, ils en vinrent
à des confidences. Le fermier avait un poids
sur le cœur et tenait à l'alléger; l'aïeule com
mençait à trembler pour la fortune de si s
enfans. Rémy en' savait long là-dessus ; les
détails qu'il donna n'étaient pas de nature à
calmer les alarmes de,Madame de. Boaufort. La
veille encore, il avait vu arriver aux Ageux le
premier papier timbré qu'on y eût reçu de
mémoire d'homme. C'était une saisie sur-ses
fermages, opérée à la requête d'un créancier. ,
Il savait en outre que.d'autres exploitsallaient
suivre celui-là, s'étendre sur toutes les ter
res et frapper l'es revenus du domaine d'un
séquestré général. Jamais huissiers du res
sort n'avaient fait de si belles orges > c'était
pour eux une bénédiction du ciel, et ils lui
en adressaient de vives actions de grâces en
le priant de souffler sur beaucoup de fils de
famille le goût.de se ruiner qui animait M.
Armand.
Quand le fermier eut fourni ces renseigne
ment, il en vint à examiner la situation du
côté sérieux. Il dit que si les choses mar
chaient'de ce train, avant quinze mois le8
Courtenay seraient complètement ruinés,
que les Ageux et les Roziers, sauf lademie de
l'usufruit, seraient absorbés et au-delà;
qu'après avoir aliéné le revenu, il faudrait
aliéner le fond ; que l'hypothèque s'y abat
trait sans trêve ni merci ; qu'aprèî l'hypo
thèque viendrait l'expropriation; et après
l'expropriation, le déguerpissement, la rui
ne 'et la misère. Voilà ce que dit maître
Rémy, en termes simples, mais nets; et
ce tableau fit' une profonde impression
sur l'aïeule.. T1 ajouta qu'on ne pouvait
laisser ce désastre s'accomplir sans tenter un
dernier effort, fans adresser a ce dissipateur
insensé une dernière remontrance; que mê
meavec 2a cèrtilude d'échouer, c'était une
obligation et un devoir; que, d'ailleurs, il
ne fallait pas compter sur Adrienne .pour
cela; qu'elle était sans force contre son mari
et n'aurai i jamais d'autre volonté que laîieri-
ne; -que celte lâche revenait plutôt à une per
sonne qui, aux droits du sang joignait l'au
torité de l'âge, et mieux qu'un autre pouvait
montrer à ce malheureux l'abîmo où il allait
entraîner les siens. 1
. Pendant que le fermier parlait ainsi avee
line éloquence naturelle, Madame de Beau-
fort était livrée à des sentimens divers. Elle
' v n'avait pas cru que les alTaires de son petit-fils
fussentaussi gâtées, ni même qu'elles pussent
se gâter à ce point; elle s'attendait à des prodi-
galités, point à une ruine. Les paroles de maî
tre Rémy lui ouvrirent les yeux ; elle comprit
l'appel que lui adressait le vieux serviteur,
et n'était pas femme à en décliner les suites.
Elle aimait ses habitudes tranquilles et régu
lières; mais elle savait en sortir pour rem
plir un devoir et ne manquait pas d'une cer
taine. résolution ; aussi son parti fut-il vite
pris.
— Maîlre Rémy, dit-elle, je vous entends
et suis disposée à agir; que me conseillez-
YOUS?
— Moi, vous conseiller! répondit le fer
mier avec ce cérémonial dont un villageois
ne sait jamais se défendre, oh 1 Madame,
jamais!- ',
— Voyons, Rémy, dit Madame de Beau-
fort en se portant à son secours, point de
façons, je vous eu prie. Le cas est grave, ne
perdons pas de temps; que faut-il faire ?
— Eh bien ! Madaièe, reprit le fermier, je
parlerai rondement, puisque c'est votre bon
plaisir. M'est avis qu'il n'y a pas deux che
mins. Dès que M. Armand ne vient plus vers
nous, il faut aller vers lui. Dam ! c'est à Pa
ris; mais Paris n'est pas au bout du monde.
Je sais bien qu'à votre i\ge, un voyage n'est
pas une partie d'agrément; mais il ne s'agit
que de cinq heures de route, et les voitures
"sont bonnes.
— Cela ne m'effraie pas, maître Rémy, dit
Madame de Beaufort en riant.
' — Je Je sais, je le sais, continua le fermier;
pour vaillante vous l'êtes : mais les ménage-
mens ne sont jamais de trop. N'ayez pas de
peur, vous serez soignée comme uné châsse. /
C'est moi qui vousiais la conduite, sauf vo
tre respect, pourtant.
— Vous, maître Rémy?
' — Eh donc ! Ne faudrait-il pas vous lais
ser aller toute seule, Madame de Beaufort?
Seule-dans cette galère de Paris?. Pour qui
nous prenez-vous, morgue? Nous sommes
des paysans, mais nous savons vivre! Et puis
je ne serais pas fâché-aussi de voir M. Aif-
mand et de lui dire un petit brin ma façon
de pensér.Je t'ai vu naître, après tout, ajou
ta-t-il avec une véritable d ignité, et mes che
veux blancs m'en donnent le droit! Il enten
dra la voix d'une honnête homme.
Le fermier et la grand'mère ne se quittè
rent qu'après être convenus de leurs fait!;
celle-ci acquiesça aux plans de maître Rémy
et disposa tout dans sa maison pour une ab-
senôe passagère; le fermier en fit autant dans
le cercle de son exploitation. On s'entendit",
pour tromper Adrienne sur les motifs de-ce
déplacement inusité ; on en trouva de fort
plausibles et qui furent accueillis sans exci
ter de surprise ni amener d'observation.
A quelques jours de là, le projet s'accom
plit. Unç voiture du château conduisit les
voyageurs, jusqu'à Sénlis, où ils prjrent le
coupé de la diligence. Le fermier semblait
enorgueilli d'avoir sous sa garde une.dame.
de qualité; il eut.pour elle les prévenances:
et les attentions d'un chevalier. Autîint qu'il
le-pouvait, il lui épargnait les embarras et
les fatigues "de la route, se montrait soigneux
sans minutie et empressé sans obsession; A
Paris, ce fut lui qui choisit l'hôtel où, ils de
vaient descendre^ les logemens qu'ils devaient
occuper, et il le fit avec un tact, un discerne
ment que n'eût point désavoué un homme
du monde. Il savait que Madame de Beau-
fort était fort entichée delà règle, et il s'étu
dia à maintenir autour d'elle des habitudes
de régularité fil mit de l'ordre à tout, aux
repas, aux courses, aux démarches,,aux dis
tractions, et réprima avec sévérité les négli
gences des gens de. service. 1
Avant de se présenter chez Armand et d'y .
porter le. coup décisif, les deux voyageurs
avaient des renseignemens à demander et des :
informations à prendre. La famille Courtenay
aurait à Paris un notaire, depuis longtemps
investi de sa confiance et chargé de ses inté-
. rêts; ce fut à sa porte qu'ils frappèrent d'a
bord. C'était un homme sûr et d'une probité
parfaite. Dès que Madame de Beaufort «e fut
nommée et eut exposé*les motifs de sa vi
site, il se mit à sa disposition. Armand ne
s'était pas-adressé à lui ; peut-être avait-il
craint ses remontrances ; mais des hommes
d'une-loyauté équivoque et d'un commerce
dangereux avaient fait quelques descentes
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