Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-03-21
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 21 mars 1852 21 mars 1852
Description : 1852/03/21 (Numéro 81). 1852/03/21 (Numéro 81).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUMERO 81.
prix ss ïi'abonsïeeseîst
paris....... 13 f. par trimestre.
départemens. 16 p.
numéro : 20 centimes. ' "
pou» lbs pats ëtrangers, se reporter
au tableau qui sera publié dans le journal,
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Le* abonnement datent • des A" tl H
- de chaque mois.-
BVmsAIJY : rue 4e Valois (Palatg-Royalj, n» ÎO.
sa®
1.852.—DIMANCHE 21 MARS,
S'adresser, franco, pour la rédaction, d M. CucifEVAL-CuRiûNV,
Xes articles déposés ne sont pas rendu,*)
(n chef.
JOURNAL PÔMTIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
| On s'abctme, dans les dêpartemens,\I . V — A Strasbourg, chez M. Avssju&ks, pour l'Allmagm'i | Les annonces sont refiues au bureau du Journal ; ef chez M. PANIS, régisseur, lo, placé dè la BrïtA
; ■ ' 1 V - , i,i Y y—; — -——.< ■ ..... I -L.iug* ' m v •; i— —-■—' ' ijijj .— T ——i i ■ " 11 ■ " - ■ ' . . . —— , . , . —1
PARIS, 20 MARS.
LES ESPÉRANCES DE LA. DEMAGOGIE
Il est aisé de voir, par le langage des jour
naux de province, que l'élection de"M. Carnot
a causé dans tous les départemens une stu
péfaction profonde. La province se figurait
que tous les partis avaient abdiqué devant
l'éclatante manifestation du 20. décembre, et
le grand silence qui a suivi la jacquerie
du Midi et de l'Est lui faisait croire sur
tout que le découragement, la division et le
désespoir s'étaient emparés de la démagogie
' Sans se faire illusion sur les difficultés qui
entouraient la tâche du gouvernement, la
France pensait du moins que la grande ba
taille de, l'ordre sur l'anarchie était définiti-
. vement gagnée et que la société n'avait plus
de périls à redouter. L'élection de M. Car
not, çn attestant l'activité des sociétés secrè
tes et l'obéissance de leurs affiliés et de leurs
dupes, est venue ébranler cette confiance,.
Elle a ranimé des appréhensions légitime^.
Des partis contre lesquels lePrésident a eu
à lutter depuis le 10 décembre 1848, il en
est un que l'on peut regarder comme frappé
à mort : c'est le parti qui avait essayé de fai
re tourner à son profit exclusif la révolution
de février. Ce parti a vu périr son unique
représentant dans la presse, et, après mûre
délibération, il a préféré n'avoir point d'or
gane, que d'essayer une résurrection à peu
près impossible. Il se "sent hors d'état de
lutter contre le présent, et iln'aaucun,espoir
dans un avenir prochain. Nous ne voulons
pas interroger la.tombe, et rechercher quel
a été le jugement définitif d'un membre du
gouvernement provisoire sur la révolution
de février ; mais dans une lettre livrée à la
publicité, l'ancien directeur du National, M.
Caylus, a annoncé qu'il quittait l'Europe, où
II n'y a plus rien à faire, et a qualifié de
prématurée la tentative faite par son parti
pour imposer la république à la France.
Quatre années ont suffi pour metire à bout
ce petit noyau d'hommes à convictions sin
cères, mais d'un esprit étroit et exclusif,
« qui n'ont pas su voir que dans la monar
chie constitutionnelle et dans la république
à l'américaine les grandes conditions de gou
vernement étaient identiques; ôt qui ont in
fligé une révolution à leur pays pour une
question de pure forme. Leur rôle est au- 1
jourd'hui terminé, et ils se retirent eux-mê
mes de là'lutle.
, Mais le socialisme, dont ils ont été les pré
curseurs et les instrumens, et quia toujours
eu une vitalité bien plus grande, ne déserté
pas ainsi le champ de bataille. Il ne veut
rien attendre du temps, il n'a pas abandonné
l'espoir de reprendre par la force le tèr-
rain qu'il a perdu. L'élection de vM. Car
not, les voix données à M. Gbudchaux, l'un
des patrons de l'impôt progressif, et à M; Eu
gène Sue,;ont montréque la démagogie con
servait une action assez forte sur une partie
de ; la population parisienne. A Lyon, elle a
balancé les votes des hommes modérés. Dans
une partie du Midi > les sociétés" secrètes
essaient de reconstituer cette organisation
. formidable que nous avons fait corinaîtrè, et
. que lé 2 décembre a brisée. Enfin, ii'faut sur
veiller les frontières pour en interdire l'en
trée Aux agens porteurs des mots d'ordrë du
comité révolutionnaire.
Personne n'ignore qu'il existe à Londres
un comité qui s'est réservé la direction , su
prême de la révolution en Europe. M. Kos-
suth n'a point caché aux Américains, qu'il
n'avait demandé, avec tant d'instances, un
congé dé vingt jours au commandant de la
frégatequi devaitl'emmener auxEtats-Unis,
que pour venir à Londres conférer avec
M. Mazzini et les autres membres-de ce co
mité. C'est après s'être mis d'accord avec eux
qu'il est parti pour l'Amérique, convaincuque
les derniers jours de 1851 verraient éclater ;
en France un mouvement qui serait le signal
de l'explosion générale.,
La France, où le socialisme comptait sur
une victoire assurée, était donc le principa
point d'appui et la hase d'opération de la
démagogie. Aussi lesévénemensdu 2 décem
bre ont-ils été pour elle un véritable coup
de foudre. On à tout ajourné à mars
1852, dans l'espérance d'une réaction con
tre le 2 décembre. Aujourd'hui , on est
réduit à un..nou-vt'l ajournement, et on
change le plan de* campagne. Au lieu
d'agir par la France sur le reste de l'Europe,
c'est à l'aide de l'Allemagne et de la Suisse
qu'on espère agir sur la France. Sans perdre
courage, sans relâcher un jour de son acti
vité, le comité révolutionnaire a repris sa
tâche interrompue, renoué péniblement les
fils de son réseau d'intrigues, et il prépare
la lutte décisive. Le mot d'ordre est d'effacer
tout ressentiment entre les sectes socialistes,
d'oublier toutes les divisions, d'ajourner au
lendemain de la trines, d'accepter de toutes mains l'appui
qui sera donné à la révolution, d'unir ainsi
toutes les forces disponibles, et de frapper
par surprise un grand coup.
Pendant que les agens du comité de Lonr
dres travaillent en France, en Suisse et en
Allemagne à reformer l'armée de la révo
lution , le comité s'occupe à réunir l'argent
nécessaire. Ce qui manque à la révolution,
dit M. Mazzini, c'est un revenu, un impôt,
M. kossuth, qui est allé battre monnaie aux
Et«tjs-Unrs, se prépare à revenir en Angle
terre, où il vient déjà de renvoyer sa femme,
pour prendre part aux opérations de cet été.-
Il ne tardera pas à être suivi par un homme
qui l'avait devancé aux Etats-Unis, et que
ses talens rendent bien plus dangereux.
Cet homme, c'est Gottfried Kinkel, qui a
été le chef du socialisme dans l 'Allemagne
du nord, et qui a si profondément ébranlé
pendant quelques mois la monarchie prus
sienne. A peine échappé du donjon de Sp'an-
dau, il s'est rendu en Angleterre et de là en
Amérique. C'est lui qui a compris le pre
mier de quelle ressource pouvaient être,
pour la révolution, les trois ou quatre
millions d'Allemands qui peuplent les Etats-
Unis, et qui, presque. to,us, nourrissent une
haine ardente contre les gouvernemens de
leur ancienne patrie. C'est lui qui a importé
aux Etats-Unis l'emprunt: révolutionnaire
allemand; dont l'emprunt hongrois n 'a été,
qu'une copie. Pendant que Kossuth, avec la
vanité enfantine qui le caractérise, recher
chait les ovations et., les démonstrations,
théâtrales, Kinkel, sans bruit, sans fracas,
allait de village en village, atteignait jusque
dans l'ouest les émigrans allemands, et re
cueillait sou à sou des sommes considéra
bles. Il a trouvé aide et appui dans les nom
breux journaux allemands qui se publient
aux Etats-Unis; il a contribué à en . fonder
de nouveaux; il a constitué dans tous les,
centres importans des comités chargés de
provoquer et de recueillir les.souscriptions;
il a établi un comité central en rapport avec
lé comité de Londres, et, sa tâche terminée,
il se prépare à.reveriir en Europe.
Gottfried Kinkel est un homme d'environ
quarante ans. Il a près de six pieds : il est
sien fait de sa personne, mais d'une mai
greur d'anachorète. Il a le teint très brun ;
le front rejeté en arrière. Ses cheveux, d'un
noir foncéy descendent jusqu'au milieu du
dos : sa barbe tombe'sur sa poitrine. Il porte
le costume allemand dans toute sa rigueur.
Il a la voix belle et sonore, et quand il
îarangue les Allemands des Etats-Unis dans
eur langue maternelle , qu'il manie ad-
riiirablement, quand il s'anime et que ses
yeux perçans s'enflamment d'une ardeur
fiévreuse , il les remue et les transpor
te.'Seulement il lui arrive alors d'oublier
a prudence; à mille lieues de l'Europe il ne
songe pas que la presse peut porter ses pa
roles aU-delà de l'Atlantique; et, dans l'ivresse
de la passion satisfaite, étourdi fit enflammé
iar les applaudissemens, il laisse quelque
fois échapper de Ses lèvres le secret de la ré
volution. ■- '
Un de ses derniers discours, que nous
voudrions faire connaître tout entier, a été
sous ce rapport une véritable révélation.
M. Kinkel s'est glorifié d'être en commu
nauté complète de vues et de sentimens avec
le comité de Londres. « L'emprunt national
» allemand, a-t-il dit, a toute l'approbation
» des hommes qui auront dans la révolution
» 'qui s'apprête la plus grande.part à l'esté
» me du peuple.'Notre plan a été discuté et
» adopté par le comité d'agitation de Loa-
» dres avant de l'être dans plusieurs mee-
» tings par les Allemands des Etats-Unis. »
Nous tenions à constater, par cette déclara
tion, les rapports de M. Kinkel avec le co
mité de Londres pour faire comprendre tou
rte la portée de ses paroles.
* M. Kinkel s'est plaint d'avoir retrouvé aux
Jïtats-Unis,parmi sesiémpatriotes,cette ten
dance à Tergoterie: et à la subtilité qui est
leur défaut national en Europe. Les sectes y
sont nombreuses, et le moment est venu au
contraire d'adjurer toutes les divisions ; il
faut tendre la main même aux hommes dont
les doctrines nous répugnent le plus. « Il est
naturel, a-t-il dit, qu'un peuple quia °< 1, >p , < 1
les principes du socialisme, et qui a eu »u«
un aussi grand objet que l'extirpation du
despotisme, forme des théories diverses et
conçoive des idées différentes. Les uns veu
lent atteindre au but par le fédéralisme, et
les autres par la centralisation. Mais celui
qui, par esprit de parti, ne s'unit pas aux
autres pour abattre l'ennemi commun, qui
ne prête pas son aide au bouleversement gé
néral de. tous les gouvernemens despotiques,
qui ne travaille pas à briserle joug de fer qui
pèse sur sa nation, celui-là, évidemment,
préfère son système à sa patrie. Pour moi,
je ne suis pas communiste ; dois-je pour cela
refuser de m'unir aux communistes poiir
renverser -les monarchies ? Toutes les 'frac
tions doivent s'unir. Pour faire une révolu
tion, il ne faut, pas avoir un programme de
principes à réaliser; ce serait une imprudent-
ce de conduite et une impossibilité pratique.
Point de programme, mettons le pouvoir
aux. mains du peuple, et c'est devant cette
cour suprême que hos systèmes seront ju
gés. » Nous allons retrouver tout à l'heure
lés mêmes idées dans la bouche de M. Maz
zini.
Pourquoi la révolution a-i-elle,- été vain- -
eue jusqu'ici? Parce qu'elle n'avait pas les
moyens de prendre l'initiative, parce qu'elle
n'a pas frappé le premier coup, et qu'elle a
été obligée d'attendre l'attaque combinée des
têtes couronnées. Il faut changer cette situa*
tion, en. donnant à la révolution les, moyens
d'attaquer à son tour, a Jiisqu 'au 2 décembre^
a dit encore M. Kinkel, nous avons dû at
tendre la révolution qui devait se faire en
France ; mais le 2 décembre nous a montré
que la révolution ne saurait se" faire sans ar
gent; elle ne peut réussir à moins d'être en
position de frapper le premier coup et dé
prendre les monarchies par surprise.»
Il faut donc, au dire de M. Kinkel, que
toutes les nations amassent les moyens de
frapper ensemble ce premier coup. 1 Il se
rait insensé de s'en reposer exclusivement .
sur la France ou sur la Hongrie : « Il faut
au contraire que le mouvement commencé
par Kossuth dans l'est se combine, au mo
ment décisif, aveç celui gui se prépare actuel
lement dans 1 l'ouest. » ; '
Nous sommes donc avertis qu'il se prépare
actuellement un mouvement. Est-ce en Fran
ce, est-ce en .Allemagne? Aux yeux de M.
Kinkel, le succès n'est pas douteux, c'est une
affaire d'argen t, ou, pour prendre ses propres
jaroles, c'est une question de quelques mit
ions* Il explique, du reste, très franche
ment à quel usage cet argent, qu'il demande
et qu'il a en partie obtenu, doit être em
ployé.:
« Les Allemands.ne sont pas encore complè
tement prêts; ce n'est pas que les associations
politiques manquent, au contraire, mais tout
n'est pas encore suffisamment mûri. Les Alle-
mandspeuventtrèsbien êtrepréparés à la ré
volution, plus facilement même que les Hon
grois, les Italiens et d'autres nations ; mais i
faut de l'argent .pour l'agitation à faire. Les
soldats dans les casernes, et les paysans dans
les champs, ne sont pas encore gagnés à la
révolution. Des proclamations, des mani
festes, des pamphlets, des journaux pour
prépareretavertirle peuple, la formation des
sociétés secrètes / tout cela demande des res
sources pécuniaires. L'argent est donc indis
pensable^ il faut avoir en réserve des som
mes considérables pour le moment de l'ex
plosion qui, j'en suis convaincu, ne se fera
pas long-temps attendre. »
Nous n'avons pas besoin d'ajouter le moin
dre commentaire à ces déclarations d'un des
agens les plus actifsdu comité révolutionnaire
de Londrès. Il suffira de publier à la suite
les principaux passages d'une> circulaire
qiie M. Mazzini vient d'adresser" aux comi
tés révolutionnaires- du continent, sous le
titre : Des Devoirs de la Démocratie. On verra
que M. Mazzini est d'accord avec M. Kinkel
sur la convenance d'une action immédiate
sur l'union qu'il faut demander à-toutes
les sectes socialistes, et sur la nécessité de
créer un revenu à la révolution. Est-ce trop
s'avancer que de croire qu'ils sont aussi d'ac
cord sur l'usage à faire de ce revenu?
. - cu chev al- clarigny.
DES DEVOIRS DE LA DEMOCRATIE.
Quel doit être aujourd'hui le mot d'ordre, le cri
.de ralliement des partis?
• La réponse est bien simple : elle e?t toute en un
■ mot: action : action une, européenne, incessante,
logique, hardie, de tous, partout !
Les discoureurs ont perdu la France : ils per
dront l'Europe, si une sainte réaction ne s'o
père pas contre eux dans le sein du parti. Grâce
à eus, nous en sommes aujourd'hui au Bas-
Empire. A force dè disserter sur l'avenir, nous
avons- abandonné le présent au "premier vçjju.
-A force de substituer chacun sa petite sectç, son !
petit système, sa petite organisation de l'huma-
nilé à la grande religion de la démocratie, à la
foi commune, à l'association des' forces pour
conquérir le,terrain, nous avons jeté la déiorgani-'
salion dans les rangs..La phalange sacrée qui de
vait avancer toujours, comme un seul homme, se
resserrant à chaque mort de; martyr^ est devenue
un assemblage de corps francs, véritable camp de
-AY^Mènstein, moins Ingénie du maître.
' A l'heure de l'attaque, elle s'est débandée à
droite et à gauche, elle s'est trouvée éparpillée !
par noyaux, par petits' détachemens, sur tous les
chemins de traverse du socialisme, •partout, ex
cepté au cœur de la place. L'ennemi' était un;-
il ne discutait pas", il agissait :• il s'en est emparé,
..et ce n'est pas en discutant sur la meilleure ma
nière de mettre l'humanité en coupe réglée, que
nous l'en chasserons pour toujours. •
L'heure est venue de dire la vérité pure et nette
comme nous^ la concevons, à nos amis. Ils ont fait
tout le mal: possible à la plus belle des Èauses. Ils
l'auraient tuée, par excès d'amour ou par inintel
ligence; si elle n'était pas immortelle.
Pâteuse lés socialistes , les ! chefs surtout, d'a
voir faussé, mutilé, rétréci la grande pensée , en
l'emprisonnant dans des systèmes absolus qui
usurpent à 1^ fois'sur la liberté de l'individu, sur
la scuveraineté du pays, sur la continuité du pro
grès, notre loi à tous..
Je "les accuse d'avoir voulu, au nom de leur ché-
tive individualité, bâcler des solutions positives au
problème de la vie humaine avant que la vie elle—
mêmç ait pu se manifester dans sa plénitude d'as
piration et de capacité sous l'action de ces grands
courans électriques qu'on appelle révolutions. . ' i
. Je 1g3 accused'àvoir prétendu faire sortir; àheure !
fixe, de leurs cerveaux étroits ou malades, uneorga-
nisatfon qui ne peut sortir que du- concours de tou-
tes'lçs facultés humaines en action, et d'avoir subs-
titué4eur moi solitaire au 'moi. collectif européen ;.
d'avoir parlé au nom de Saint-Simon, de Fourier, :
de Cabet,de tout autre; là où il s'agissait de tuer'
les révélateurs au prefitde la révélation continue,
et d'inscrire sur le fronton du 1 temple : dieu est
dieu et l'humanité est son prophète i
Pour avoir oublié 1'action ! — pour avoir dit :
Ce que la France doit à l'Europe, c'est la solution ■■
du problème de l'organisation du travail, — pour
avoir méconnu la voix dé ceux^l'entre ses enfans,
qui appelaient "toutes les dissidences à s'organiser
sur un terrain commun pour soutenir la bataille,
— la France est arrivée, par Romo, à la honte du
2 décembre.
Il faut qu'aujourd'hui l'Europe démocratique
tout entière aide la France à se relever, com
me elle a autrefois aidé l'Europe. Il faut qu'au
lieu de la flatter dans ses égaremens, elle
lui parle la parole franche et sévère qui est
le partage des forts. Il faut surtout qu'elle mar
che, qu'elle marche toujours, qu'elle marche sans
elle, pour que la France se hâte de la rejoindre.
Le mouvement de la France tient aujourd'hui au
mouvement européen : le mouvement duTessin et
l'insurrection sicilienne précédèrent la République
de 1848.
L'initiative e&ropéenne appartient aujourd'hui
au premier peuple, quel qu'il soit, qui se lèvera au
nam, non pas d'un intérêt local, mais d'un prin
cipe européen. Si la France le fait, que Dieu et l'hu
manité bénissent la France ! Si elle ne le fait pas,
que d'autres le fassent. Dieu ne connaît pas de
peuple élu. Père de tous, il est avec tous eeux qui
sont prêts à s'immoler pour le bien.
L'alliance des nationalités, là est le siège de l'ini
tiative. Il n'en est pas une qui He puisse, à l'heure
qu'il est, en s'élançant spontanément sur l'arène
ou en résistant noblement, soulever les deux tiers
de l'Europe.
Le jdur où la: démocratie militante aura uti gou
vernement, un impôt, un terrain commun , un
plan, un ensemble d'ppérations, elle aura vaincu.
Jusqu'à ce jour, qu'elle se résigne à M. de Mau-
pas, à Schwartzenberg, à Radelzky, qu'elle se ré
signe à la honte, au bâton, à la déportation, au
gibet, et qu'elle trouve sa compensation, si elle le
peut, dans la lecture des romans politiques que
ses pacifiques utopistes sauront toujours lui écrire :
ils coûtent fort peu à faire.
joseph mazzini.
Mars 1852.
budget.
On à peine à comprendre l'empressement
qui portait hier certains rentiers à vendre
leur inscription au-dessous du pair. Ce ne
peut être que l'effet d'un mouvement irréflé
chi. Pour peu qu'ils veuillent se rendre'
compte.de leur situation, les rentiers recon
naîtront qu'ils font un marché de dupe en
cédant 5 fr. de rentes pour moins de 100 fr.
S'ils désirent se défaire de leurs titres,
lourquoi ne pas s'adresser à, l'Etat qui offre
de les reprendre au pair?. Comment peuvent-
ils consentir à vendre pour 99.50 une valeur;
dont ils peuvent retirer -100 francs. Cela ne
s'explique évidemment que par une vaine ;
frayeur des formalités, des embarras, des dé
lais que, suivant certaines rumeurs, le rem^
joursement devait occasioner.
La note communiquée que nous pu-
)lions-ce matin,et que renferme également:
le Moniteur, doit, ce nous semble, les rassu
rer complètement. On avait cherché à élever
des doutes sur la position du-rentier qui de
mandait son remboursement. Cette note la
définit de la manière la plus nette. Lesrécépis-
sés, délivrés en échangedes inscriptions, for
ment titre, comme ces inscriptions elles-mê
mes, contre le trésor ; ils sont transférables
comme elles, et, au 3 avril, ils seront immédia
tement remboursés; .ou bien, si le rembour
sement doit s'opérer par sér.'es, ils continue
ront, jusqu'au moment du remboursement,
à jouir du même intérêt et des mêmes faci-
ités de transmission.
Telle est donc la situation du rentier qui
déclare opter en faveur du remboursement.
De deux choses l'une : ou il sera remboursé,
dans douze jours, sur le pied de 100 fr., ou,
s'il ;ne doit être (remboursé que plus-tard,
dans l'ordre de telle ou telle série; il restera
dans la même position qulaujourd'hui, con
tinuant à toucher S 0/0 et disposant d'un^ti-
tre aussi sûr et aussi facilement- négociable.:
Cette situation'ainsi définie, il est clair
que les rentiers qui vendent* leurs titres au-
dessous du pair, cèdent à une vaine pani
que, et sacrifient leurs intérêts sans aucun,
motif. Ils sont les victimes de ces manœuvres, <
trop fréquentes, qui assiègent le marché
des fonds publics, témoin les bruits de nou
velles créations d'impôts que l'on faisait cou
rir encore hier, malgré la publication du
Qu'ils se tiennent donc en garde
contre teutes ces : rumeurs intéressées, et
qu'ils se défient de la peur, qui est toujours
une mauvaise conseillère. *
Ne voient-ils pas, d'ailleurs, qu'en appor
tant ainsi leurs titres sur le marché, ils pré
cipitent eux-mêmes la baisse qui cause leur
perte? Tandis que le 5 0/0 tombait hier au-
dessous du pair, le 4 1/2 0/0 au contraire se
maintenait à 100.25. De telle sorte qu'on
.voyait' cette anomalie- bkarre d'une rente
.41/2 cotée ^us haut qu'une rente 5 0/0.
N'y a-t-il pas latwp indication? N'est-il pas
plus que probable que,. l'opération termi
née, le 4 1/2' 0/Q-'remontera promptement
au taux où se trouvait le 5 0/0 avant la
promulgation du décret? Ainsi ceux qui ven
dent aujourd'hui au-dessous du pair, au lieu
d'attendre la conversion, perdent volontai
rement 3 ou 4 fr. sùr un capital de 100 fr.
j. .durat.
La bourse d'aujourd'hui a été l'inverse de
celle d'hier. Les rentes offertes à la vente ont
trouvé de nombreux acheteurs, et le 5 0/0
(aujourd'hui 41/2) a fermé à 400 fr. Le 3 0/0
est remonté à 70 fr. C'est 40 c. de hausse sur
le 5 0/0 et 1 fh sur le 3 0/0; '
Les chemins de fer et les actions de la
Banque ont été également traités en hausse.
On lit aujourd'hui dans le Journal des
Débats :
« A Paris, l'octroi perçoit 20 c. sur le litre de
vin à son entrée ; par la disposition insérée au -
budget de 1852, il ne percevra que 10 c., et,en dé
duisant le dixième du' trésor, les droits ne sont
plus que de 9 c. par-litre. ; Ainsi un hectolitre de '
vin ordinaire (contenant 120 "bouteilles environ),
qui coûtait environ 20 fr. rendu hors barrière,
plus 20 fr. pour les droits, rte coûtera que 29 fr.
C'est une réduction de plus de 28 0/0 sur le pris
total. »
Le Journal des ,Débats se trompe ; il con
fond le droit d'entrée et le droit d'octroi
qui, réunis, forment un total non de 20 fr.,
mais de 20 fr. 35 c;, par hectolitre. Savoir :.
Droit d'entrée au profit du trésor. 8 fr. » c.
Dixième - ......... „ 80
Droit d'octroi au profit de la ville. 10 50
Dixième de l'octroi, au profit du
trésor 1 05
20 35
Mais la réduction qui aura lieu à partir
dnfls?,mai ne portant, que sur le droit d'en-
trée, qui sera réduit de moitié, et sur le
dixième de l'octroi, il continuera donc d'ê
tre perçu :v
Droit' d'entrée. .4 f r . » c;
Dixième . » 40
Droit d'octroi " io 50 "
14 90
El non pas 9 fr., comme le dit le Journal
des Débats.
' La réduction n'en est pas moins de 5 fr.
45 c: par hectolitre ; c'est-à-dire de 5 c. par
litre, ou environ le quart du droit actuel :
c'est bien quelque chose I
, ' L. B0N1FACE.
Deux décrets publiés ce matin par le Mo
niteur s'appliquent à l'organisation judi
ciaire. Le premier étend aux magistrats de
"a cour des comptes les limites d'âge
adoptées par les' précédens décrets pour
es membres de la cour de cassation et des
cours d'appel. Les'conseillers référendaires
sont assimilés aux conseillers d'appel - l'heu
re de leur retraite forcée " sonnera dès qu'ils
auront atteint soixnte-dix ans. Quant au pre
mier président, aux présidens de chambre
aux conseillers maîtres de la cour des
comptes, la limite d'âge est fixée, pour
eux, à soixante-quinze ans, comme pour les
membres de la cour de cassation^ L'art. 3 du
décret du I er mars est applicable aux mem
bres de la cour des comptes. On sait que
■cet article 3, pour éviter tout embarras
dans la marche de la justice, né fait désceri-
dre de leur siège les magistrats atteints par
a limite d'âge, qu'au fur et à mesure de
eur remplacement. Les magistrats de la cour
des comptes, même après l'époque de la re
traite forcée, resteront investis de leur carac
tère et de leurs fonctions, jusqu'à ce que
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL, 21 MARS
.LA VIE A REBOURS
„ •' - - • • x- /.?, ■:<: X
' JIRIIAN»,
premier volume.
IV.
entée voisins,.
Le château des Ageux était déjà aux Cour-
tenay flans les premières années de ce siècle;
ils;l'avaient acquis par vente volontàiré, d'un
chevalier des Ageux, le dernier de cette mai
son, quittait parvenu, au moyen de grands
efforts, à le soustraire au séquestre républi
cain. Les terres, au moment de l'achat, se
trouvaient dans un' état' d'appauvri.ssement
•excessif, et; pour les remettre en : rapport, il
fallait y employer beaucoup d'argent et beau
coup de soins.-Le père d'Armand se voua à
cette tâche; la fortune • des siens y était
engagée. Dès ce moment, il ne quitta plus
les Ageux, coihmença les-premiers travaux,
lés; étendit dans une mésure prudente/enfin
dirigea son exploitation avec autant d'intel
ligence que de succès. Au bout-de six ans, le
cTomaine était transformé ; on pouvait y éta
blir des fermes et les donner à bail.
Ge fut pendant la première période de
cette gestion que le château des Roziers
' changea de maîtres. L'acquéreur était un
* La reproduction est interdite.
Breton, du nom de Méridec, qui avait fait sa
fortune dans les Indes, homme intrépide jus
qu'au vertige et dévoué jusqu'à en mourir.
Toutes'lesmêrs d'Asie le connaissaient; vingt
fois il y avait abordé les bâtimens anglais et
opéré de riches captures. Pour se distraire
de ce rude métier, un jour il vint à Paris,
et y mena, pendant quelques semaines, la
vie d'un prince d'Orient. Sans doute il y. eût
vu promptement la fin de ses galions, s'il
n'eût rencontré dans le monde une jeune
personne de qualité, belle, bien élevée, qu'il
trouva de son goût, et qui l'agréa. Méridec
ne fit pas traîner les choses; au bout des
délais de rigueur il était marié, et disait
adieu à la vie de corsaire.
On sait ce qui arrive à ces hommes qui ont
des cœurs, de lion; la vie de ménage les a
bientôt apprivoisés.. Notre marin ne dérogea
pas à cette loi ; il se dessaisit ducommande-
ment en faveur de sa femme, ne-vit plus que
par ses yeux, n'agit plus que par sa volonté.
Jamais abdication ne fut plus-absolue ni plus
entière ; l'ancien Méridec avait disparu, et il
s'en était formé un nouveau. L'ancien avait
les* goûts fastueux, et jttait l'or aux quatre
vents; le nouveau étaitdevenu rangé, écono
me; presque parcimonieux; il y .avait dans
l'ancien Méridec un vieuxlevain de païen; il
se grisait volontiérs et sacrait pour s'exercer
l'organe ; le nouveau renonça à l'eau-de-vie
et aux jurons; il assista le dimanche,aux of
fices divins, et eut sa place réservée* au banc
d'œuvre. Le vêtement même se ressentit do
la métamorphose. Adieu la cravate de tricot
rouge et le chapeau? ciré; il fallut prendre
l'habit noir et emprisonner dans une paire
de gants des mains rebelles à cette desti
nation.
Parmi les actes, forcés auxquels le marin
dut consentir, il en fut'un qui pesa^sur
sa vie et 1 abrégea cèrtainement. Madame
Méridec était originaire de Verberie ; et
elle ne comprenait pas que l'on pût vi-»-
vre lbin de ce bourg natal. Aussi dès qu'elle
eut appris que le château des Roziers était
en vente, elle se. promit d'agir de façon à ce
qu'il ne pût s'échapper de ses mains. Une
fois décidée, elle ne s'en remit à personne
du soin de conduire cette opération, vit son
avoué, lui donna des ordres,-et poussa si
bien les enchères, que le château lui resta. Ce
fut pour elle un grand triomphe de vanité,
et elle le remportait dans son propre pays.
Méridec y mit moius d'enthousiasme. Les
Roziers ne lui plaisaient pas ; il eût préféré
une grève de sa Bretagne avec, quelques
bruyères sauvages; mais oette préférence
était un secret .de son cœur et devait y mou
rir ; il n'eût pas voulu jeter le moindre nua
ge sur les joies de sa maison. . '
On se fixa donc aux Roziers, et Méridec es
saya de s'y créer quelques délassemens. La na
vigation de l'Oise était d'un bien mince effet
pour celui qui avait affronte de si furieuses
mers; la pêche du goujon était une ironie
bien sanglante pour un homme qui avait
harponné des baleines ; mais de telles sus
ceptibilités n'étaient plus'permises au ma
rin. Il prit goût aux mouvemens de l'Oise et
à la pêche du goujon. Cas joies tranquilles
remplirent ses dernières années. Cepéndant
le déclin arrivait rapidement ; ce qu'un brus
que changement d'habitudes av^it commen
cé, l'ennui l'achtvait. Méridec s'éteignit uu
soir dîautomne , et son dernier vœu fut d'êr
tre enséveli dans le hameau où il était né,
sur.les bords.de l'Océan. Depuis son maria
ge, c'était le seul acte de révolte auquel il se
fât résolu. Sa veuve en comprit le sens, et
ce souvenir pesa sur elle comine un remords.
Elle suiiât son mari de près; en regrettant
sans doute d'avoir un peu contribué à le tuer.
• line restait de cette maison qu'une enfant
et uiie aïeule. L'enfant était Adrienne ';
l'aïeule était une Madame de Beaufort, où
maman Beaufort, comme on l'appelait fa
milièrement. Madame de Beaufort était la
mère de Madame Méridec, et une disposi
tion expresse lui léguait en usufruit une por
tion *des Roziers> tandis que l'autre portion
devait composer la dot d'Adrienne. Ainsi les ■
intérêts de l'aïeule et de la petite-fille se
trouvaient confondus. Madame de Beaufort
accepta le triste devoir qui lui était imposé
et y tifouva un soulagement à: ses douleurs.
Elle quitta.Verberie et vint s'établir aux Ro
ziers pour y conduire les affaires du domaine
et surveiller l'éducation de l'orpheline, seule
héritière de oette maison, i
Aux Ageux, la souche ne comptait pas non
plus beaucoup de rejetons. Les Courtenay
n'avaient qu'un fils : c'était Armand, qui ta
naissant coûta la vie à sa mère ; il entrait
dans le monde sous de tristes auspices, par
les funérailles et le deuil, Son père avait atteint
un certain âge, quand ce malheur lui arri
va; il en fut inconsolable et se décida à res
ter veuf. L'événement prouva qu'il avait fait
-en ceci un acte de sagesse. Armand grandit,
et cet eûfant donna a lui seul plus d'occupa
tion .que ne l'aurait pu faire toute une fa-
mille. Non pas qu'il fût méchant dans le
fond; au contraire, c'était un cœur disposé
à aimer, à se dévouer même pour autrui ;
mais ces qualités étaient accompagnées de
si fongueux élans et de tant de caprices,
qu'il donnait une peine, infinie au vjeux
Courtenay, à cheval sur la règle et le devoir.
Tout enfant, il trompait la surveillance des
serviteurs, s'échappait du château et se sau-
vaitdans les fermes, 0^ il mettait les basses-
cour en; révolution, puis administrait, des
bourrades aux fils des paysans, deux fois plus
forts et plus âgés que lui, mais qui n'osaient
pas riposter par respect; Un jour (il avait six
ans alors), la, fantaisie lui prit d'aller courir
le monde,; et,après quatre heures de recher
ches et d'anxiétés, on le retrouva dans un
village, à deux* ' lieues des - Ageux, la figure
en sang ét les habits en désordre. .
L'éducation d'Adrienne offrait des embar
ras moindres, et pourtant les choses n'al
laient pas sans un. peu de .tiraillement.. Il
manquait à l'enfant quelqu'un qui sût la
comprendre, en qui elle eût foi. Entre sa
grand'mère et elle, il y avaittrop de distance
d'Age pour qu'une véritable confiance pût
s'établir.. D'ailleurs, mamaa Beaufort avait un
esprit et des habitudes si méthodiques, que le
caractère leplus patient s!en fût révolté. Avec
elle, il fallait toujours procéder de la même fa
çon et aux mêmes heures ; la moindre infrao-
tion à cette règle devenait le sujet de gronde-
ries sans fin. Peu lui importait que leschosas
fussent bien faites, pourvu qu'elles le fus
sent ponctuellement. Le dernier mot de
.cette éducation eût été de convertir l'enfant
,en une machine bien réglée. Par instinct ;
.Adrienne y résistait; elle admettait une cer
taine indépendance dans-le cercle de ses de
voirs, et ce qu'on lui refusait, elle savait le
prendre : il y avait en; elle dû sang, breton.
De là des réprimandes qui n'arrangeaient rien
et engendraient seulement une incompatibi
lité plus -grandei: •
Dès le jour:où les Méridec avaient pris,
possession des Roziers, il s'était établi entre
eux eMes Courtenay de bonnes relations
de voisinage. C'était pour les deux châteaux
une situation qui n'avait pas d'analogue dans
le cours des temps ; les vieux seigneurs duK
renten tressaillir dans leurs tombes. Qu'y
faire, sinon se résigner ? Aucun des propriét-
tair® actuels n'était d'humeuràmettre lada-
gue au poing; aucun n'avilit le goût de nouiv.
rir de ses revenus un essaim de gens de cbir
cane. Il se vpyaient.donc fréquemment et en
demeuraient dans les termes d'une parfaite
cordialité"; la chaîne des traditions était dér
cidément rompue. Même après la mort dés
Méridec, les rapports se maintinrent siir
ce pied, avec un intérêt et un degré dp
plus, à cause des enfans. Armand venait au*
Roziers pour y jouer avec Adrienne, et Adrien,-
ne allait aux Ageux rendre ses politesses
à M. Armand. Ce n'est pas qu'il y eût entfe
«lie et lui une grande conformité de goû ts >
et qu'ils eussent le pressentiment de leur
destinée commune. Non , rien de pareil.
L'histoire de Paul .et de Virginie ne se re*
commence pas ainsi. Ils ne traversaient pas,
l'un portant l'autre, le lit des torrens; ils
n'abritaient pas leurs têtes charmantes sou$
une jupe televée avec grâce.; ils nes'éga*
prix ss ïi'abonsïeeseîst
paris....... 13 f. par trimestre.
départemens. 16 p.
numéro : 20 centimes. ' "
pou» lbs pats ëtrangers, se reporter
au tableau qui sera publié dans le journal,
les 10 e 35 de chaque-mois.
Le* abonnement datent • des A" tl H
- de chaque mois.-
BVmsAIJY : rue 4e Valois (Palatg-Royalj, n» ÎO.
sa®
1.852.—DIMANCHE 21 MARS,
S'adresser, franco, pour la rédaction, d M. CucifEVAL-CuRiûNV,
Xes articles déposés ne sont pas rendu,*)
(n chef.
JOURNAL PÔMTIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
| On s'abctme, dans les dêpartemens,\
; ■ ' 1 V - , i,i Y y—; — -——.< ■ ..... I -L.iug* ' m v •; i— —-■—' ' ijijj .— T ——i i ■ " 11 ■ " - ■ ' . . . —— , . , . —1
PARIS, 20 MARS.
LES ESPÉRANCES DE LA. DEMAGOGIE
Il est aisé de voir, par le langage des jour
naux de province, que l'élection de"M. Carnot
a causé dans tous les départemens une stu
péfaction profonde. La province se figurait
que tous les partis avaient abdiqué devant
l'éclatante manifestation du 20. décembre, et
le grand silence qui a suivi la jacquerie
du Midi et de l'Est lui faisait croire sur
tout que le découragement, la division et le
désespoir s'étaient emparés de la démagogie
' Sans se faire illusion sur les difficultés qui
entouraient la tâche du gouvernement, la
France pensait du moins que la grande ba
taille de, l'ordre sur l'anarchie était définiti-
. vement gagnée et que la société n'avait plus
de périls à redouter. L'élection de M. Car
not, çn attestant l'activité des sociétés secrè
tes et l'obéissance de leurs affiliés et de leurs
dupes, est venue ébranler cette confiance,.
Elle a ranimé des appréhensions légitime^.
Des partis contre lesquels lePrésident a eu
à lutter depuis le 10 décembre 1848, il en
est un que l'on peut regarder comme frappé
à mort : c'est le parti qui avait essayé de fai
re tourner à son profit exclusif la révolution
de février. Ce parti a vu périr son unique
représentant dans la presse, et, après mûre
délibération, il a préféré n'avoir point d'or
gane, que d'essayer une résurrection à peu
près impossible. Il se "sent hors d'état de
lutter contre le présent, et iln'aaucun,espoir
dans un avenir prochain. Nous ne voulons
pas interroger la.tombe, et rechercher quel
a été le jugement définitif d'un membre du
gouvernement provisoire sur la révolution
de février ; mais dans une lettre livrée à la
publicité, l'ancien directeur du National, M.
Caylus, a annoncé qu'il quittait l'Europe, où
II n'y a plus rien à faire, et a qualifié de
prématurée la tentative faite par son parti
pour imposer la république à la France.
Quatre années ont suffi pour metire à bout
ce petit noyau d'hommes à convictions sin
cères, mais d'un esprit étroit et exclusif,
« qui n'ont pas su voir que dans la monar
chie constitutionnelle et dans la république
à l'américaine les grandes conditions de gou
vernement étaient identiques; ôt qui ont in
fligé une révolution à leur pays pour une
question de pure forme. Leur rôle est au- 1
jourd'hui terminé, et ils se retirent eux-mê
mes de là'lutle.
, Mais le socialisme, dont ils ont été les pré
curseurs et les instrumens, et quia toujours
eu une vitalité bien plus grande, ne déserté
pas ainsi le champ de bataille. Il ne veut
rien attendre du temps, il n'a pas abandonné
l'espoir de reprendre par la force le tèr-
rain qu'il a perdu. L'élection de vM. Car
not, les voix données à M. Gbudchaux, l'un
des patrons de l'impôt progressif, et à M; Eu
gène Sue,;ont montréque la démagogie con
servait une action assez forte sur une partie
de ; la population parisienne. A Lyon, elle a
balancé les votes des hommes modérés. Dans
une partie du Midi > les sociétés" secrètes
essaient de reconstituer cette organisation
. formidable que nous avons fait corinaîtrè, et
. que lé 2 décembre a brisée. Enfin, ii'faut sur
veiller les frontières pour en interdire l'en
trée Aux agens porteurs des mots d'ordrë du
comité révolutionnaire.
Personne n'ignore qu'il existe à Londres
un comité qui s'est réservé la direction , su
prême de la révolution en Europe. M. Kos-
suth n'a point caché aux Américains, qu'il
n'avait demandé, avec tant d'instances, un
congé dé vingt jours au commandant de la
frégatequi devaitl'emmener auxEtats-Unis,
que pour venir à Londres conférer avec
M. Mazzini et les autres membres-de ce co
mité. C'est après s'être mis d'accord avec eux
qu'il est parti pour l'Amérique, convaincuque
les derniers jours de 1851 verraient éclater ;
en France un mouvement qui serait le signal
de l'explosion générale.,
La France, où le socialisme comptait sur
une victoire assurée, était donc le principa
point d'appui et la hase d'opération de la
démagogie. Aussi lesévénemensdu 2 décem
bre ont-ils été pour elle un véritable coup
de foudre. On à tout ajourné à mars
1852, dans l'espérance d'une réaction con
tre le 2 décembre. Aujourd'hui , on est
réduit à un..nou-vt'l ajournement, et on
change le plan de* campagne. Au lieu
d'agir par la France sur le reste de l'Europe,
c'est à l'aide de l'Allemagne et de la Suisse
qu'on espère agir sur la France. Sans perdre
courage, sans relâcher un jour de son acti
vité, le comité révolutionnaire a repris sa
tâche interrompue, renoué péniblement les
fils de son réseau d'intrigues, et il prépare
la lutte décisive. Le mot d'ordre est d'effacer
tout ressentiment entre les sectes socialistes,
d'oublier toutes les divisions, d'ajourner au
lendemain de la
qui sera donné à la révolution, d'unir ainsi
toutes les forces disponibles, et de frapper
par surprise un grand coup.
Pendant que les agens du comité de Lonr
dres travaillent en France, en Suisse et en
Allemagne à reformer l'armée de la révo
lution , le comité s'occupe à réunir l'argent
nécessaire. Ce qui manque à la révolution,
dit M. Mazzini, c'est un revenu, un impôt,
M. kossuth, qui est allé battre monnaie aux
Et«tjs-Unrs, se prépare à revenir en Angle
terre, où il vient déjà de renvoyer sa femme,
pour prendre part aux opérations de cet été.-
Il ne tardera pas à être suivi par un homme
qui l'avait devancé aux Etats-Unis, et que
ses talens rendent bien plus dangereux.
Cet homme, c'est Gottfried Kinkel, qui a
été le chef du socialisme dans l 'Allemagne
du nord, et qui a si profondément ébranlé
pendant quelques mois la monarchie prus
sienne. A peine échappé du donjon de Sp'an-
dau, il s'est rendu en Angleterre et de là en
Amérique. C'est lui qui a compris le pre
mier de quelle ressource pouvaient être,
pour la révolution, les trois ou quatre
millions d'Allemands qui peuplent les Etats-
Unis, et qui, presque. to,us, nourrissent une
haine ardente contre les gouvernemens de
leur ancienne patrie. C'est lui qui a importé
aux Etats-Unis l'emprunt: révolutionnaire
allemand; dont l'emprunt hongrois n 'a été,
qu'une copie. Pendant que Kossuth, avec la
vanité enfantine qui le caractérise, recher
chait les ovations et., les démonstrations,
théâtrales, Kinkel, sans bruit, sans fracas,
allait de village en village, atteignait jusque
dans l'ouest les émigrans allemands, et re
cueillait sou à sou des sommes considéra
bles. Il a trouvé aide et appui dans les nom
breux journaux allemands qui se publient
aux Etats-Unis; il a contribué à en . fonder
de nouveaux; il a constitué dans tous les,
centres importans des comités chargés de
provoquer et de recueillir les.souscriptions;
il a établi un comité central en rapport avec
lé comité de Londres, et, sa tâche terminée,
il se prépare à.reveriir en Europe.
Gottfried Kinkel est un homme d'environ
quarante ans. Il a près de six pieds : il est
sien fait de sa personne, mais d'une mai
greur d'anachorète. Il a le teint très brun ;
le front rejeté en arrière. Ses cheveux, d'un
noir foncéy descendent jusqu'au milieu du
dos : sa barbe tombe'sur sa poitrine. Il porte
le costume allemand dans toute sa rigueur.
Il a la voix belle et sonore, et quand il
îarangue les Allemands des Etats-Unis dans
eur langue maternelle , qu'il manie ad-
riiirablement, quand il s'anime et que ses
yeux perçans s'enflamment d'une ardeur
fiévreuse , il les remue et les transpor
te.'Seulement il lui arrive alors d'oublier
a prudence; à mille lieues de l'Europe il ne
songe pas que la presse peut porter ses pa
roles aU-delà de l'Atlantique; et, dans l'ivresse
de la passion satisfaite, étourdi fit enflammé
iar les applaudissemens, il laisse quelque
fois échapper de Ses lèvres le secret de la ré
volution. ■- '
Un de ses derniers discours, que nous
voudrions faire connaître tout entier, a été
sous ce rapport une véritable révélation.
M. Kinkel s'est glorifié d'être en commu
nauté complète de vues et de sentimens avec
le comité de Londres. « L'emprunt national
» allemand, a-t-il dit, a toute l'approbation
» des hommes qui auront dans la révolution
» 'qui s'apprête la plus grande.part à l'esté
» me du peuple.'Notre plan a été discuté et
» adopté par le comité d'agitation de Loa-
» dres avant de l'être dans plusieurs mee-
» tings par les Allemands des Etats-Unis. »
Nous tenions à constater, par cette déclara
tion, les rapports de M. Kinkel avec le co
mité de Londres pour faire comprendre tou
rte la portée de ses paroles.
* M. Kinkel s'est plaint d'avoir retrouvé aux
Jïtats-Unis,parmi sesiémpatriotes,cette ten
dance à Tergoterie: et à la subtilité qui est
leur défaut national en Europe. Les sectes y
sont nombreuses, et le moment est venu au
contraire d'adjurer toutes les divisions ; il
faut tendre la main même aux hommes dont
les doctrines nous répugnent le plus. « Il est
naturel, a-t-il dit, qu'un peuple quia °< 1, >p , < 1
les principes du socialisme, et qui a eu »u«
un aussi grand objet que l'extirpation du
despotisme, forme des théories diverses et
conçoive des idées différentes. Les uns veu
lent atteindre au but par le fédéralisme, et
les autres par la centralisation. Mais celui
qui, par esprit de parti, ne s'unit pas aux
autres pour abattre l'ennemi commun, qui
ne prête pas son aide au bouleversement gé
néral de. tous les gouvernemens despotiques,
qui ne travaille pas à briserle joug de fer qui
pèse sur sa nation, celui-là, évidemment,
préfère son système à sa patrie. Pour moi,
je ne suis pas communiste ; dois-je pour cela
refuser de m'unir aux communistes poiir
renverser -les monarchies ? Toutes les 'frac
tions doivent s'unir. Pour faire une révolu
tion, il ne faut, pas avoir un programme de
principes à réaliser; ce serait une imprudent-
ce de conduite et une impossibilité pratique.
Point de programme, mettons le pouvoir
aux. mains du peuple, et c'est devant cette
cour suprême que hos systèmes seront ju
gés. » Nous allons retrouver tout à l'heure
lés mêmes idées dans la bouche de M. Maz
zini.
Pourquoi la révolution a-i-elle,- été vain- -
eue jusqu'ici? Parce qu'elle n'avait pas les
moyens de prendre l'initiative, parce qu'elle
n'a pas frappé le premier coup, et qu'elle a
été obligée d'attendre l'attaque combinée des
têtes couronnées. Il faut changer cette situa*
tion, en. donnant à la révolution les, moyens
d'attaquer à son tour, a Jiisqu 'au 2 décembre^
a dit encore M. Kinkel, nous avons dû at
tendre la révolution qui devait se faire en
France ; mais le 2 décembre nous a montré
que la révolution ne saurait se" faire sans ar
gent; elle ne peut réussir à moins d'être en
position de frapper le premier coup et dé
prendre les monarchies par surprise.»
Il faut donc, au dire de M. Kinkel, que
toutes les nations amassent les moyens de
frapper ensemble ce premier coup. 1 Il se
rait insensé de s'en reposer exclusivement .
sur la France ou sur la Hongrie : « Il faut
au contraire que le mouvement commencé
par Kossuth dans l'est se combine, au mo
ment décisif, aveç celui gui se prépare actuel
lement dans 1 l'ouest. » ; '
Nous sommes donc avertis qu'il se prépare
actuellement un mouvement. Est-ce en Fran
ce, est-ce en .Allemagne? Aux yeux de M.
Kinkel, le succès n'est pas douteux, c'est une
affaire d'argen t, ou, pour prendre ses propres
jaroles, c'est une question de quelques mit
ions* Il explique, du reste, très franche
ment à quel usage cet argent, qu'il demande
et qu'il a en partie obtenu, doit être em
ployé.:
« Les Allemands.ne sont pas encore complè
tement prêts; ce n'est pas que les associations
politiques manquent, au contraire, mais tout
n'est pas encore suffisamment mûri. Les Alle-
mandspeuventtrèsbien êtrepréparés à la ré
volution, plus facilement même que les Hon
grois, les Italiens et d'autres nations ; mais i
faut de l'argent .pour l'agitation à faire. Les
soldats dans les casernes, et les paysans dans
les champs, ne sont pas encore gagnés à la
révolution. Des proclamations, des mani
festes, des pamphlets, des journaux pour
prépareretavertirle peuple, la formation des
sociétés secrètes / tout cela demande des res
sources pécuniaires. L'argent est donc indis
pensable^ il faut avoir en réserve des som
mes considérables pour le moment de l'ex
plosion qui, j'en suis convaincu, ne se fera
pas long-temps attendre. »
Nous n'avons pas besoin d'ajouter le moin
dre commentaire à ces déclarations d'un des
agens les plus actifsdu comité révolutionnaire
de Londrès. Il suffira de publier à la suite
les principaux passages d'une> circulaire
qiie M. Mazzini vient d'adresser" aux comi
tés révolutionnaires- du continent, sous le
titre : Des Devoirs de la Démocratie. On verra
que M. Mazzini est d'accord avec M. Kinkel
sur la convenance d'une action immédiate
sur l'union qu'il faut demander à-toutes
les sectes socialistes, et sur la nécessité de
créer un revenu à la révolution. Est-ce trop
s'avancer que de croire qu'ils sont aussi d'ac
cord sur l'usage à faire de ce revenu?
. - cu chev al- clarigny.
DES DEVOIRS DE LA DEMOCRATIE.
Quel doit être aujourd'hui le mot d'ordre, le cri
.de ralliement des partis?
• La réponse est bien simple : elle e?t toute en un
■ mot: action : action une, européenne, incessante,
logique, hardie, de tous, partout !
Les discoureurs ont perdu la France : ils per
dront l'Europe, si une sainte réaction ne s'o
père pas contre eux dans le sein du parti. Grâce
à eus, nous en sommes aujourd'hui au Bas-
Empire. A force dè disserter sur l'avenir, nous
avons- abandonné le présent au "premier vçjju.
-A force de substituer chacun sa petite sectç, son !
petit système, sa petite organisation de l'huma-
nilé à la grande religion de la démocratie, à la
foi commune, à l'association des' forces pour
conquérir le,terrain, nous avons jeté la déiorgani-'
salion dans les rangs..La phalange sacrée qui de
vait avancer toujours, comme un seul homme, se
resserrant à chaque mort de; martyr^ est devenue
un assemblage de corps francs, véritable camp de
-AY^Mènstein, moins Ingénie du maître.
' A l'heure de l'attaque, elle s'est débandée à
droite et à gauche, elle s'est trouvée éparpillée !
par noyaux, par petits' détachemens, sur tous les
chemins de traverse du socialisme, •partout, ex
cepté au cœur de la place. L'ennemi' était un;-
il ne discutait pas", il agissait :• il s'en est emparé,
..et ce n'est pas en discutant sur la meilleure ma
nière de mettre l'humanité en coupe réglée, que
nous l'en chasserons pour toujours. •
L'heure est venue de dire la vérité pure et nette
comme nous^ la concevons, à nos amis. Ils ont fait
tout le mal: possible à la plus belle des Èauses. Ils
l'auraient tuée, par excès d'amour ou par inintel
ligence; si elle n'était pas immortelle.
Pâteuse lés socialistes , les ! chefs surtout, d'a
voir faussé, mutilé, rétréci la grande pensée , en
l'emprisonnant dans des systèmes absolus qui
usurpent à 1^ fois'sur la liberté de l'individu, sur
la scuveraineté du pays, sur la continuité du pro
grès, notre loi à tous..
Je "les accuse d'avoir voulu, au nom de leur ché-
tive individualité, bâcler des solutions positives au
problème de la vie humaine avant que la vie elle—
mêmç ait pu se manifester dans sa plénitude d'as
piration et de capacité sous l'action de ces grands
courans électriques qu'on appelle révolutions. . ' i
. Je 1g3 accused'àvoir prétendu faire sortir; àheure !
fixe, de leurs cerveaux étroits ou malades, uneorga-
nisatfon qui ne peut sortir que du- concours de tou-
tes'lçs facultés humaines en action, et d'avoir subs-
titué4eur moi solitaire au 'moi. collectif européen ;.
d'avoir parlé au nom de Saint-Simon, de Fourier, :
de Cabet,de tout autre; là où il s'agissait de tuer'
les révélateurs au prefitde la révélation continue,
et d'inscrire sur le fronton du 1 temple : dieu est
dieu et l'humanité est son prophète i
Pour avoir oublié 1'action ! — pour avoir dit :
Ce que la France doit à l'Europe, c'est la solution ■■
du problème de l'organisation du travail, — pour
avoir méconnu la voix dé ceux^l'entre ses enfans,
qui appelaient "toutes les dissidences à s'organiser
sur un terrain commun pour soutenir la bataille,
— la France est arrivée, par Romo, à la honte du
2 décembre.
Il faut qu'aujourd'hui l'Europe démocratique
tout entière aide la France à se relever, com
me elle a autrefois aidé l'Europe. Il faut qu'au
lieu de la flatter dans ses égaremens, elle
lui parle la parole franche et sévère qui est
le partage des forts. Il faut surtout qu'elle mar
che, qu'elle marche toujours, qu'elle marche sans
elle, pour que la France se hâte de la rejoindre.
Le mouvement de la France tient aujourd'hui au
mouvement européen : le mouvement duTessin et
l'insurrection sicilienne précédèrent la République
de 1848.
L'initiative e&ropéenne appartient aujourd'hui
au premier peuple, quel qu'il soit, qui se lèvera au
nam, non pas d'un intérêt local, mais d'un prin
cipe européen. Si la France le fait, que Dieu et l'hu
manité bénissent la France ! Si elle ne le fait pas,
que d'autres le fassent. Dieu ne connaît pas de
peuple élu. Père de tous, il est avec tous eeux qui
sont prêts à s'immoler pour le bien.
L'alliance des nationalités, là est le siège de l'ini
tiative. Il n'en est pas une qui He puisse, à l'heure
qu'il est, en s'élançant spontanément sur l'arène
ou en résistant noblement, soulever les deux tiers
de l'Europe.
Le jdur où la: démocratie militante aura uti gou
vernement, un impôt, un terrain commun , un
plan, un ensemble d'ppérations, elle aura vaincu.
Jusqu'à ce jour, qu'elle se résigne à M. de Mau-
pas, à Schwartzenberg, à Radelzky, qu'elle se ré
signe à la honte, au bâton, à la déportation, au
gibet, et qu'elle trouve sa compensation, si elle le
peut, dans la lecture des romans politiques que
ses pacifiques utopistes sauront toujours lui écrire :
ils coûtent fort peu à faire.
joseph mazzini.
Mars 1852.
budget.
On à peine à comprendre l'empressement
qui portait hier certains rentiers à vendre
leur inscription au-dessous du pair. Ce ne
peut être que l'effet d'un mouvement irréflé
chi. Pour peu qu'ils veuillent se rendre'
compte.de leur situation, les rentiers recon
naîtront qu'ils font un marché de dupe en
cédant 5 fr. de rentes pour moins de 100 fr.
S'ils désirent se défaire de leurs titres,
lourquoi ne pas s'adresser à, l'Etat qui offre
de les reprendre au pair?. Comment peuvent-
ils consentir à vendre pour 99.50 une valeur;
dont ils peuvent retirer -100 francs. Cela ne
s'explique évidemment que par une vaine ;
frayeur des formalités, des embarras, des dé
lais que, suivant certaines rumeurs, le rem^
joursement devait occasioner.
La note communiquée que nous pu-
)lions-ce matin,et que renferme également:
le Moniteur, doit, ce nous semble, les rassu
rer complètement. On avait cherché à élever
des doutes sur la position du-rentier qui de
mandait son remboursement. Cette note la
définit de la manière la plus nette. Lesrécépis-
sés, délivrés en échangedes inscriptions, for
ment titre, comme ces inscriptions elles-mê
mes, contre le trésor ; ils sont transférables
comme elles, et, au 3 avril, ils seront immédia
tement remboursés; .ou bien, si le rembour
sement doit s'opérer par sér.'es, ils continue
ront, jusqu'au moment du remboursement,
à jouir du même intérêt et des mêmes faci-
ités de transmission.
Telle est donc la situation du rentier qui
déclare opter en faveur du remboursement.
De deux choses l'une : ou il sera remboursé,
dans douze jours, sur le pied de 100 fr., ou,
s'il ;ne doit être (remboursé que plus-tard,
dans l'ordre de telle ou telle série; il restera
dans la même position qulaujourd'hui, con
tinuant à toucher S 0/0 et disposant d'un^ti-
tre aussi sûr et aussi facilement- négociable.:
Cette situation'ainsi définie, il est clair
que les rentiers qui vendent* leurs titres au-
dessous du pair, cèdent à une vaine pani
que, et sacrifient leurs intérêts sans aucun,
motif. Ils sont les victimes de ces manœuvres, <
trop fréquentes, qui assiègent le marché
des fonds publics, témoin les bruits de nou
velles créations d'impôts que l'on faisait cou
rir encore hier, malgré la publication du
Qu'ils se tiennent donc en garde
contre teutes ces : rumeurs intéressées, et
qu'ils se défient de la peur, qui est toujours
une mauvaise conseillère. *
Ne voient-ils pas, d'ailleurs, qu'en appor
tant ainsi leurs titres sur le marché, ils pré
cipitent eux-mêmes la baisse qui cause leur
perte? Tandis que le 5 0/0 tombait hier au-
dessous du pair, le 4 1/2 0/0 au contraire se
maintenait à 100.25. De telle sorte qu'on
.voyait' cette anomalie- bkarre d'une rente
.41/2 cotée ^us haut qu'une rente 5 0/0.
N'y a-t-il pas latwp indication? N'est-il pas
plus que probable que,. l'opération termi
née, le 4 1/2' 0/Q-'remontera promptement
au taux où se trouvait le 5 0/0 avant la
promulgation du décret? Ainsi ceux qui ven
dent aujourd'hui au-dessous du pair, au lieu
d'attendre la conversion, perdent volontai
rement 3 ou 4 fr. sùr un capital de 100 fr.
j. .durat.
La bourse d'aujourd'hui a été l'inverse de
celle d'hier. Les rentes offertes à la vente ont
trouvé de nombreux acheteurs, et le 5 0/0
(aujourd'hui 41/2) a fermé à 400 fr. Le 3 0/0
est remonté à 70 fr. C'est 40 c. de hausse sur
le 5 0/0 et 1 fh sur le 3 0/0; '
Les chemins de fer et les actions de la
Banque ont été également traités en hausse.
On lit aujourd'hui dans le Journal des
Débats :
« A Paris, l'octroi perçoit 20 c. sur le litre de
vin à son entrée ; par la disposition insérée au -
budget de 1852, il ne percevra que 10 c., et,en dé
duisant le dixième du' trésor, les droits ne sont
plus que de 9 c. par-litre. ; Ainsi un hectolitre de '
vin ordinaire (contenant 120 "bouteilles environ),
qui coûtait environ 20 fr. rendu hors barrière,
plus 20 fr. pour les droits, rte coûtera que 29 fr.
C'est une réduction de plus de 28 0/0 sur le pris
total. »
Le Journal des ,Débats se trompe ; il con
fond le droit d'entrée et le droit d'octroi
qui, réunis, forment un total non de 20 fr.,
mais de 20 fr. 35 c;, par hectolitre. Savoir :.
Droit d'entrée au profit du trésor. 8 fr. » c.
Dixième - ......... „ 80
Droit d'octroi au profit de la ville. 10 50
Dixième de l'octroi, au profit du
trésor 1 05
20 35
Mais la réduction qui aura lieu à partir
dnfls?,mai ne portant, que sur le droit d'en-
trée, qui sera réduit de moitié, et sur le
dixième de l'octroi, il continuera donc d'ê
tre perçu :v
Droit' d'entrée. .4 f r . » c;
Dixième . » 40
Droit d'octroi " io 50 "
14 90
El non pas 9 fr., comme le dit le Journal
des Débats.
' La réduction n'en est pas moins de 5 fr.
45 c: par hectolitre ; c'est-à-dire de 5 c. par
litre, ou environ le quart du droit actuel :
c'est bien quelque chose I
, ' L. B0N1FACE.
Deux décrets publiés ce matin par le Mo
niteur s'appliquent à l'organisation judi
ciaire. Le premier étend aux magistrats de
"a cour des comptes les limites d'âge
adoptées par les' précédens décrets pour
es membres de la cour de cassation et des
cours d'appel. Les'conseillers référendaires
sont assimilés aux conseillers d'appel - l'heu
re de leur retraite forcée " sonnera dès qu'ils
auront atteint soixnte-dix ans. Quant au pre
mier président, aux présidens de chambre
aux conseillers maîtres de la cour des
comptes, la limite d'âge est fixée, pour
eux, à soixante-quinze ans, comme pour les
membres de la cour de cassation^ L'art. 3 du
décret du I er mars est applicable aux mem
bres de la cour des comptes. On sait que
■cet article 3, pour éviter tout embarras
dans la marche de la justice, né fait désceri-
dre de leur siège les magistrats atteints par
a limite d'âge, qu'au fur et à mesure de
eur remplacement. Les magistrats de la cour
des comptes, même après l'époque de la re
traite forcée, resteront investis de leur carac
tère et de leurs fonctions, jusqu'à ce que
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL, 21 MARS
.LA VIE A REBOURS
„ •' - - • • x- /.?, ■:<: X
' JIRIIAN»,
premier volume.
IV.
entée voisins,.
Le château des Ageux était déjà aux Cour-
tenay flans les premières années de ce siècle;
ils;l'avaient acquis par vente volontàiré, d'un
chevalier des Ageux, le dernier de cette mai
son, quittait parvenu, au moyen de grands
efforts, à le soustraire au séquestre républi
cain. Les terres, au moment de l'achat, se
trouvaient dans un' état' d'appauvri.ssement
•excessif, et; pour les remettre en : rapport, il
fallait y employer beaucoup d'argent et beau
coup de soins.-Le père d'Armand se voua à
cette tâche; la fortune • des siens y était
engagée. Dès ce moment, il ne quitta plus
les Ageux, coihmença les-premiers travaux,
lés; étendit dans une mésure prudente/enfin
dirigea son exploitation avec autant d'intel
ligence que de succès. Au bout-de six ans, le
cTomaine était transformé ; on pouvait y éta
blir des fermes et les donner à bail.
Ge fut pendant la première période de
cette gestion que le château des Roziers
' changea de maîtres. L'acquéreur était un
* La reproduction est interdite.
Breton, du nom de Méridec, qui avait fait sa
fortune dans les Indes, homme intrépide jus
qu'au vertige et dévoué jusqu'à en mourir.
Toutes'lesmêrs d'Asie le connaissaient; vingt
fois il y avait abordé les bâtimens anglais et
opéré de riches captures. Pour se distraire
de ce rude métier, un jour il vint à Paris,
et y mena, pendant quelques semaines, la
vie d'un prince d'Orient. Sans doute il y. eût
vu promptement la fin de ses galions, s'il
n'eût rencontré dans le monde une jeune
personne de qualité, belle, bien élevée, qu'il
trouva de son goût, et qui l'agréa. Méridec
ne fit pas traîner les choses; au bout des
délais de rigueur il était marié, et disait
adieu à la vie de corsaire.
On sait ce qui arrive à ces hommes qui ont
des cœurs, de lion; la vie de ménage les a
bientôt apprivoisés.. Notre marin ne dérogea
pas à cette loi ; il se dessaisit ducommande-
ment en faveur de sa femme, ne-vit plus que
par ses yeux, n'agit plus que par sa volonté.
Jamais abdication ne fut plus-absolue ni plus
entière ; l'ancien Méridec avait disparu, et il
s'en était formé un nouveau. L'ancien avait
les* goûts fastueux, et jttait l'or aux quatre
vents; le nouveau étaitdevenu rangé, écono
me; presque parcimonieux; il y .avait dans
l'ancien Méridec un vieuxlevain de païen; il
se grisait volontiérs et sacrait pour s'exercer
l'organe ; le nouveau renonça à l'eau-de-vie
et aux jurons; il assista le dimanche,aux of
fices divins, et eut sa place réservée* au banc
d'œuvre. Le vêtement même se ressentit do
la métamorphose. Adieu la cravate de tricot
rouge et le chapeau? ciré; il fallut prendre
l'habit noir et emprisonner dans une paire
de gants des mains rebelles à cette desti
nation.
Parmi les actes, forcés auxquels le marin
dut consentir, il en fut'un qui pesa^sur
sa vie et 1 abrégea cèrtainement. Madame
Méridec était originaire de Verberie ; et
elle ne comprenait pas que l'on pût vi-»-
vre lbin de ce bourg natal. Aussi dès qu'elle
eut appris que le château des Roziers était
en vente, elle se. promit d'agir de façon à ce
qu'il ne pût s'échapper de ses mains. Une
fois décidée, elle ne s'en remit à personne
du soin de conduire cette opération, vit son
avoué, lui donna des ordres,-et poussa si
bien les enchères, que le château lui resta. Ce
fut pour elle un grand triomphe de vanité,
et elle le remportait dans son propre pays.
Méridec y mit moius d'enthousiasme. Les
Roziers ne lui plaisaient pas ; il eût préféré
une grève de sa Bretagne avec, quelques
bruyères sauvages; mais oette préférence
était un secret .de son cœur et devait y mou
rir ; il n'eût pas voulu jeter le moindre nua
ge sur les joies de sa maison. . '
On se fixa donc aux Roziers, et Méridec es
saya de s'y créer quelques délassemens. La na
vigation de l'Oise était d'un bien mince effet
pour celui qui avait affronte de si furieuses
mers; la pêche du goujon était une ironie
bien sanglante pour un homme qui avait
harponné des baleines ; mais de telles sus
ceptibilités n'étaient plus'permises au ma
rin. Il prit goût aux mouvemens de l'Oise et
à la pêche du goujon. Cas joies tranquilles
remplirent ses dernières années. Cepéndant
le déclin arrivait rapidement ; ce qu'un brus
que changement d'habitudes av^it commen
cé, l'ennui l'achtvait. Méridec s'éteignit uu
soir dîautomne , et son dernier vœu fut d'êr
tre enséveli dans le hameau où il était né,
sur.les bords.de l'Océan. Depuis son maria
ge, c'était le seul acte de révolte auquel il se
fât résolu. Sa veuve en comprit le sens, et
ce souvenir pesa sur elle comine un remords.
Elle suiiât son mari de près; en regrettant
sans doute d'avoir un peu contribué à le tuer.
• line restait de cette maison qu'une enfant
et uiie aïeule. L'enfant était Adrienne ';
l'aïeule était une Madame de Beaufort, où
maman Beaufort, comme on l'appelait fa
milièrement. Madame de Beaufort était la
mère de Madame Méridec, et une disposi
tion expresse lui léguait en usufruit une por
tion *des Roziers> tandis que l'autre portion
devait composer la dot d'Adrienne. Ainsi les ■
intérêts de l'aïeule et de la petite-fille se
trouvaient confondus. Madame de Beaufort
accepta le triste devoir qui lui était imposé
et y tifouva un soulagement à: ses douleurs.
Elle quitta.Verberie et vint s'établir aux Ro
ziers pour y conduire les affaires du domaine
et surveiller l'éducation de l'orpheline, seule
héritière de oette maison, i
Aux Ageux, la souche ne comptait pas non
plus beaucoup de rejetons. Les Courtenay
n'avaient qu'un fils : c'était Armand, qui ta
naissant coûta la vie à sa mère ; il entrait
dans le monde sous de tristes auspices, par
les funérailles et le deuil, Son père avait atteint
un certain âge, quand ce malheur lui arri
va; il en fut inconsolable et se décida à res
ter veuf. L'événement prouva qu'il avait fait
-en ceci un acte de sagesse. Armand grandit,
et cet eûfant donna a lui seul plus d'occupa
tion .que ne l'aurait pu faire toute une fa-
mille. Non pas qu'il fût méchant dans le
fond; au contraire, c'était un cœur disposé
à aimer, à se dévouer même pour autrui ;
mais ces qualités étaient accompagnées de
si fongueux élans et de tant de caprices,
qu'il donnait une peine, infinie au vjeux
Courtenay, à cheval sur la règle et le devoir.
Tout enfant, il trompait la surveillance des
serviteurs, s'échappait du château et se sau-
vaitdans les fermes, 0^ il mettait les basses-
cour en; révolution, puis administrait, des
bourrades aux fils des paysans, deux fois plus
forts et plus âgés que lui, mais qui n'osaient
pas riposter par respect; Un jour (il avait six
ans alors), la, fantaisie lui prit d'aller courir
le monde,; et,après quatre heures de recher
ches et d'anxiétés, on le retrouva dans un
village, à deux* ' lieues des - Ageux, la figure
en sang ét les habits en désordre. .
L'éducation d'Adrienne offrait des embar
ras moindres, et pourtant les choses n'al
laient pas sans un. peu de .tiraillement.. Il
manquait à l'enfant quelqu'un qui sût la
comprendre, en qui elle eût foi. Entre sa
grand'mère et elle, il y avaittrop de distance
d'Age pour qu'une véritable confiance pût
s'établir.. D'ailleurs, mamaa Beaufort avait un
esprit et des habitudes si méthodiques, que le
caractère leplus patient s!en fût révolté. Avec
elle, il fallait toujours procéder de la même fa
çon et aux mêmes heures ; la moindre infrao-
tion à cette règle devenait le sujet de gronde-
ries sans fin. Peu lui importait que leschosas
fussent bien faites, pourvu qu'elles le fus
sent ponctuellement. Le dernier mot de
.cette éducation eût été de convertir l'enfant
,en une machine bien réglée. Par instinct ;
.Adrienne y résistait; elle admettait une cer
taine indépendance dans-le cercle de ses de
voirs, et ce qu'on lui refusait, elle savait le
prendre : il y avait en; elle dû sang, breton.
De là des réprimandes qui n'arrangeaient rien
et engendraient seulement une incompatibi
lité plus -grandei: •
Dès le jour:où les Méridec avaient pris,
possession des Roziers, il s'était établi entre
eux eMes Courtenay de bonnes relations
de voisinage. C'était pour les deux châteaux
une situation qui n'avait pas d'analogue dans
le cours des temps ; les vieux seigneurs duK
renten tressaillir dans leurs tombes. Qu'y
faire, sinon se résigner ? Aucun des propriét-
tair® actuels n'était d'humeuràmettre lada-
gue au poing; aucun n'avilit le goût de nouiv.
rir de ses revenus un essaim de gens de cbir
cane. Il se vpyaient.donc fréquemment et en
demeuraient dans les termes d'une parfaite
cordialité"; la chaîne des traditions était dér
cidément rompue. Même après la mort dés
Méridec, les rapports se maintinrent siir
ce pied, avec un intérêt et un degré dp
plus, à cause des enfans. Armand venait au*
Roziers pour y jouer avec Adrienne, et Adrien,-
ne allait aux Ageux rendre ses politesses
à M. Armand. Ce n'est pas qu'il y eût entfe
«lie et lui une grande conformité de goû ts >
et qu'ils eussent le pressentiment de leur
destinée commune. Non , rien de pareil.
L'histoire de Paul .et de Virginie ne se re*
commence pas ainsi. Ils ne traversaient pas,
l'un portant l'autre, le lit des torrens; ils
n'abritaient pas leurs têtes charmantes sou$
une jupe televée avec grâce.; ils nes'éga*
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