Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-03-10
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 mars 1852 10 mars 1852
Description : 1852/03/10 (Numéro 70). 1852/03/10 (Numéro 70).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUMÉRO 70;
BURELI l UIL : rue de Vatois .(Palaîs-Eoyal), n. iOÎ
B 1852. — MERCREDI 10 MARS.
Entassa
. PRIX DE L'ABOKNEMEKÏ
PAIUS»...... 18 F. PARTRIJ1ESTRE.
D^PARTEMENS.. 16 F. — .
UN NUMÉRO : «0 CENTIMES.
- pôdr les pats ÉTRANGERS, se: reporter
nu tableau qui sera publié dans le journal,,
les 10 et î5 da chaque mois.
lu abonnement datent des 1" ei il ~.
■ .. -dp chaque mois.
g'adressefj fTmQOÏ pour la rédaction, à M; B ûnifaceî
■ lm articles déposés ne sont pas rendus? ?y.
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
1 0» fabonne, dans les dépar tement, aux Messageries et aux Directions depostë.—A Londres, chei MMJ COWU etfijsïj S'adresser, francojjîcttf l 'administration, â M, DïHAJK ,;dtVectei— A Strasbourg, chez M. A xexINDRK, pour l'Allemagne, - JLes annonces sont reçues au bureau du Journal; et chez M, PANIS, régisseur/lo, place de la Boum
PARIS, 9 MARS.
- des É^CTIONS.
Parmi les mots profonds et charmans, qui
font de l'Evangile le livre le plus spirituel
1 qui'existe, nous eii citerons un qui s'appli
que merveilleusement à la situation présente
du pays : « Le vin nouveau fait éclater les
vieilles barriques.»
N'est-il pas vrai, - en effet, qu'un esprit
nouveau s'est introduit peu à-peu, depuis le
10 décembre, dans les anciennes formes po
litiques et les a fait insensiblement craquer
de toutes parts? -
Qu'étai t le Pouvoir, en France, depuis l'Em
pire? —Une cible où s'adressaient à l'en vi les
railleries des écrivains, les brocards des beaux
esprits, les insultes des ambitieux, les mena
ces des factions. Dans les.Assemblées politi
ques, dans le sanctuaire de lamagistrature, au
sein de toutes les administrations, le banc où
siégeaient les représentons du Pouvoir était
devenu une sellette. Ondevait,en s'y asseyant,
se résigner aux humiliations, aux calomnies
et aux outrages: Ministres, maréchaux, pro
cureurs-généraux, préfets, maires, gardes-
champêtres, gendarmes, tous ces dépositaires
de l'autorité'publique, tous ces gardiens de
notre maison, de notre repos, de notre vie,
fesaientles frais des éclats de rire, dans les
théâtres; dans les salons, dans les cabarets
et là comédie la plus courue, la chanson la
plus appiauiie, la caricature la plus recher-
.chée, étaient toujours celles qui jetaient le
plus de dérision ou de mépris sur le Pouvoir,
sur ses doctrines, sur ses actes et sur ses
ljommesi
Grâce à Dieu, toutes cefr choses sont chan
gées. C'est aujourd'hui le Pouvoir que l'on
considère, et le désordre que l'on baffoue et
que*l'on méprise.
Pendant la révolution, Robespierre proposa
une" théorie des droits de l'homme, dans la
quelle il disait que les fonctionnaires et les
ministres étaient les commis de la nation. Le
bon sens et l'expérience ont montré quç le
gouvernement c'est "la nation elle-même,
s'administrant, s'âmélîorant et se défendant;
et telles sont, en ce moment, la confian
ce et la considération "dont jouissent, au
près des populations, les dépositaires de
l 'autorité publique, que leur appui avoué,
éclatant , énergique , a été la cause prin
cipale^ et déterminante du succès des can
didats du gouvernement devant les élec
teurs. Les électeurs se sont dit : « Le gou-:
verneinent du prince Louis-Napoléon nous
désigne tel candidat ; puisqu'il le désigne, il
doit être sûr de, son "dévoûment. Eh bien,!
choisissons-le!» Sous la Restauration et sous
le gouvernement de juillet^ les électeurs au
raient tenu, dans un cas.pareil, un langage
et une conduite exactement contraires.
Là principale cause qui éloignait du gou
vernement la sympathie et là confiance des
populations-, c'est que jusqu'ici le gouverne
ment semblait ne pas croire à son droit, et
doutait.de lui-même. Au lieu de proclamer
tout haut ses desseins, de les présenter, et
de les défeiïdre comme des mesures néces--
sairés au salut commun, in téressant le pa-
triotième et sollicitant le concours de tout
le ii T -inde, il fesait la part des misérables
préjugés d'opposition, et il la fesait im
mense. Les hommes hargneux, tracassiers ,
égoïstes, devenaient un objet permanent d'at
tentions prévenantes ; ies amis entraient par
la porte-dérobée et honteuse; les ennemis,
par la porte.publique et honorable ; et l'op-
positionsystématiqueétaitdevenue unesour-
ce féconde de faveurs et de fortune, cumulées
avec la popularité.
Ce système de faiblesse dans le bien et dff
couardise en face du mal,,avait ameng dans'
les dernières années du gouvernement de |
juillet, un résultat qu'uifjour on ne croira
pàs : c'est plus de cent cinquante fonctionnai
res insûltant, en pleine Assemblée, les minis
tres dont ils étaient les agens, et travaillant
hautement, par -leurs discours et par leurs
votes, à l'affaiblissement, à la déconsidéra
tion, à la chute finale du gouvernement, qui
leur donnait des traitemens, des croix et des
pensions ! .
Comment les populations duraienUelles
aimé, honoré, soutenu, un régime qui s'a
bandonnait à ce point lui-même, de né
gliger le soin le plus vulgaire de sa, force et
de sa dignité?
» Tous ces vieux erremens de désordre son t
aujourd'hui complètement abandonnés; on
couvrirait de huées le fonctionnaire amovi
ble qui prétendrait faire de l'opposition au
gouvernement qui l'emploie et qui le paie;,
et Uon n'attendrait pas six mois, avant que
le, mépris public ne fit justice complète.du
petjt nombre des fonctionnaires inamovibles
qui seraient tentés d'abriter derrière des pri
vilèges nécessaires et respectables de sour
des et de lâches hostilités.
Pourquoi tlonc ce changement, qui est ma
nifeste et qui est immense? C'est, comme
nous disions, que l'esprit nouveau de la
France a fait éclater les vieilles formes, les
vieux préjuges, les vieilles doctrines des par/
tis ; . c'est que Je Pouvoir a. fini par apparaître
ce qu'il jst, c'est-â-dire le faisceau de la for
ce sociale, résistant au désordre et aux fac
tions ; chacun sait que le Pouvoir, queJ'au to-
rilé, que les lois, que le gouvernement,c'est
nous-mêmes ; c'est pour cela que nous les
voulons forts-et respectés, c'est pour cela que
nous nous montrons dévoués quand il con
seille, etdisciplinés quand il ordonne.
Il ne faut pas chercher ailleurs l'explica
tion du succès obtenu par la cause de l'or
dre aux élections; elles sont, comme le 10
décembre 1848, comme le 20 décembre 1851,
un fait jusqu'ici sans exemple dans l'his
toire; elles ont, comme eux, la même
cause, la popularité du Pouvoir, empruntée
à la popularité du nom de Napoléon, sau
vant ainsi deux fois, en un demi-siècle, la re
ligion, la patrie, la famille, à |demi abîmées
dans le scfcialisme et dans la démagogie.
Quiconque n'apercevrait pas dans son évi
dence lumineuse, ce double fait : un Pouvoir
populaire dirigeant le choix de liuitmillions
d'électeurs, et recevant une popularité et une
force nouvelles d'un assentiment à peu près
unanime , — celui-là serait au nombre de
ceux dont parlait le P^almiste, il aurait des
yeux pour ne point voir.
C'était énorme d'avoir obtenu sept mil-
lioris*et demi de. voix pour soi-même ; c'est
prodigieux de les avoir obtenus pour, au
trui. Il faudrait,, après de tels exemples, le
délire des illusions, pour ne pas reconnaître
que l'esprit politique, en France, est com
plètement changé, et que les anciens partis
y sont, comme partis, tombés en une disso
lution profonde.
Voyez à quoi ont servi les tentatives de ré
sistance organisées, dans tous les, départe-,
mens, contre l'appel franc,-loyal et énergi-»
que fait aux sympathies populaires, dans
l'intérêt du Pouvoir, de l'ordre et de la paix,
par le gouvernement du prince Louis-Napo
léon? "
Les.parlementaires, les orléanistes, tous
èes anciens cadres du gouvernement de juil
let, composés pourtant d'hommes riches,
considérables, autrefois tout-puissans, tou
jours influens, ou ont prêché et pratiqué
l'abstention, pu ont prêché et fait la guerre :
à quoi ont-ils abouti ? — à une de ces défai
tes prodigieuses des ' anciennes histoires, où
il ne réstait pas un survivant pour annoncer
ou pour raconter le désastre.
Qui aurait pu croire, il y a trois mois, que
la France, livrée à elle-mêmej à-sés instincts,
% son; bon sens, guidée par l'administration,
soulagée de l'oppression des clubs électo
raux et des tyrannies de cabaret, réduirait
tout le parti démocratique à la portion con-^
grue de deux nominations, obtenues à des"'
majorités dérisoires?—Personne ne l'aurait
cru. C'était, au contraire, une opinion géné
rales Paris, tantl'étatréel delà France estin-
connudans lacapitale, quedes élections géné
rales pourraient être favorables au Président,
mais amèneraient infailliblement une cham
bre rouge. Eh bien ! les faits viennent de
parlér; il y a, en France, des foyers ardens
de socialisme et de démagogie; il y a des
sociétés secrètes, il y a des chefs, il y a des
meneurs; mais la France elle-même n'est
pas socialiste. >
Non, la France n'est ni athée, ni socialiste.
Un petit nombre de professeurs-, organisés
dans l'Université, ont pu, pendant trop d'an- :
nées,inoculer à la jeunesse d'élite leurs prin
cipes déplorables; un petit nombre de cons
pirateurs et de so'cialistes, favorisés pâr un
régime de publicité imprudent, ont pu saper
peu à peu,dans les esprits faibles ou exaltés,les
vraies doctrines de la politique et de la mo-
raié; l'assaut de février 1848, qui leur livra
là France, augmenta subitement leur crédit,
et leur rallia les ambitieux et les couards ;
mais l'immense majorité des pôpulatiôns est
restée saine, etil leur a suffi d'être hautement '
et énergiquement protégées contre lés intimi
dateurs et les brouillons, pour qu'elles aient
fait éclater leur respect envers le Pouvoir et
leur amour de l'ordre.
Sans doute, tout n'est pas fini ; les Cha
peaux noirs parlementaires continueront à
S'abstenir ; le dragon rouge cherchera à res
souder les tronçons brisés de son corps im
monde ; mais les populations honnêtes,
protégées et dirigées par une administration
vigilante, énergique, dévouée, ne céderont
plus aux suggestions des mauvaises doctri
nes, ou aux menaces des factieux.
Voilà le résultat salutaire, inespéré,, im
mense, obtenu par un Pouvoir qui- veut être
fort, qui sait l'être, qui l'est, et qui puise ■
dans sa résolution calme de délivrer la Fran
ce des factions , des troubles, des coteries,
de l'agitation, de l'incertitude, de la misère,
une popularité sans exemple. C'est là cet es
prit nouveau du pays dont nous. parlions
plus haut, et qui a fait éclater, sans résistance
possible, les cadres et, les étais de tous les
vieux partis.
Ce que la France gagne à l'établissement
et à la consolidation de ce Pouvoir nouveau,
tout le monde le sent, sans qu'il soit néces
saire de l'expliquer davantage. Quelqu'un y
perd-il, én dehors des ambitieux, deslactiëux-'-
et des fanatiques ? — Personne.
Quel est le résultat général, constant, cha
que jour plus visible, de.ee qu'on pourrait
appeler la civilisation spéciale de la France?
C'est d'étendre toujours un peu plus la bour
geoisie, par l'adjonction incessante de quel
que homme laborieux, venu d'en bas, élevé
et enrichi par les bonnes mœurs et par la
bonne conduite:; c'est encore de donnera
ces classes moyennes* dans la direction gé
nérale des affaires, un degré d'influence pro- ■
portionné à leur sagesse, à leur mérite et à
leurs intérêts. ■'
Sotis le gouvernement de juillet, et avec le
principe qu'on a nommé TOrléanisme, les
classes bourgeoises se sont crues arrivées à
l'apogée de leur puissance, parce qu'elles -
avaient une sorte de pouvoir direct, exercé
directement; parce que, hors de leur sein,-et
à .de rares exceptions prè^, peu de gens
étaient, soit comme électeurs, soit comme
éligibles , en possession des droits poli
tiques. Leur erreur a consisté précisément,
à voir leur puissance dans ce* qui était leur s
faiblesse. Elles étaient trop nombreuses pour
avoir l'unité, elles l'étaient trop peu pour
avoir la lorce. Deux heures de tempête les
ont renversées.
Quelle est au contraire lasigni fication réelle
des élections qui .viennent de s'achever? C'est •
ia présentation par le pouvoir et la consécra
tion par le peuple tic toutes lés notabilités du
travail," de l'industrie, dû commerce, dès let
tres, des arts, des sciences, de la naissance mê
me;. c'est le triomphe honoré'et honorable de
toutes les distinctions légitimement acqui
ses; c'est le patronage et le concours detou-
tes les forces intelligentes et morales du pays,
mises au service du peuple, par la médiation
du Pouvoir.
Legrand problèmede la politiqueatoiijours
été de donner un même intérêt et un même
sentiment à tous les- citoyens d'un pays -,
voilà le ..problème résolu, ou bien près de
l'être.
Nous ne nommerions pas le jeune et cou
rageux ministre qui, dès son entrée aux af
faires, ^ s'est signalé par. d.e tels services ren
dus au Président et" à la France, que tout
le monde le nommerait pour nous.. t UnCorps-
Législatif presque unanime, promettant six
années d'harmonie entre les,grands pou
voirs de l'Etat, et, par conséquent, six an
nées de paix intérieure, de travail et de
prospérité: — c'ést\la un>résultal dont M. de
Persighy a droit d'être fier, car il honorerait
les ministres les plus "illustres.
A. GR4.NIER DÇ CASSAGNA.C.
y -Lè Moniteur de ce jour, 9 mars , contient,
dans sa partie officielle, les dôUx décflôts suij
vans :
Louis-Napoléon, Président de la République
française,
Vu'l'art. 43 de la Constitution,
Décrète :
M. Billault, député, est nommé président du
corps législatif..
Fait au palais des Tuileries, le 9 mars 1852.
■ ■ LOUIS-NAPOLÉON.
Par le Président :
Le ministre secrétaire d'Etat,
X. DE CASABIANCA.
Louis^Napoléon, Président de la République
française,
Sur le rapport du garde des sceaux-, ministre
secrétaire d'Etat au département de la justice; '
Vu l'art, ii de la Constitution;
Considérant qu'aux termes de cet article le ser
ment est le préliminaire essentiel de l'exercice de
toute fonction publique ; - -
Qu'il est la condition -indispensable de l'institu
tion-du magistrat et du fonctionnaire^ l'acte par
'lequel se complète le caractère de l'homme pu
blic;
Considérant que le refus ou le défaut de ser
ment équivaut à une démission, sans qu'il y ait
lieu de,distinguer, sous ce rapport, elitre les fonc
tions publiques proprement dites, et celles qui
£0 nt le résultat de l'élection ;
Décrète
Art. 1 er . Le refus ou le défaut de serment sera
considéré comme une démission.
Art. 2. Le serment ne pourra être prêté que dans
les termes prescrits par l'art. 14 de la Constitu
tion; Toute addition, modification, restriction ou
réserve sera considérée cçinme refus de serment et
produira le même effet
Art. 3. des décrets spéciaux détermineront le
mode de la prestation de serment des minisires,
des membres des grands corps de l'Etat, des offi
ciers de-terre et de mer, des magistrats-et des
fonctionnaires, ainsi que les délais dans lesquels
le serment devra être prêté.
Art. 4. Le garde des sceaux, ministre secrétaire.!
d'Etat au département de la justice, est chargé de-
l'exécution du présent décret.
Fait au palais des Tuileries, le 8 mars 1852.
I.OCIS-NAPÔLÉON.
Le garde des sceaux, ministre
secrétaire d'Etat au dépar- - _ ■ .
lement de la justice,
ABBATUCCf. " -
-. Le Moniteur publie, aujourd'hui la liste
des députés au, corps législatif. Nous la re
produisons. On verra que, comme nous l'a
vions dit, il n'y a pas eu de résultat dans
neuf circonscriptions électorales : à Dinan,
à Brest, à Rennes, à Nantes, à .Chàteau-
Gontier, à Lille , à Arras, à Lyon et à Paris.
^ A Lille et à Nantes, les candidats de la
droite, MM.'Kolb-Bernard et de Sesmaisons,
ont fait savoir qu'ils retiraient leur candida
ture. M. Braheix, candidat de la gauche, a
fait la même déclaration à Nantes," •* —-
Un décret de Louis-Napoléon établit ce
matin d'une manière permanente la 4° cham
bre de la coiir d'appel, qui n'était jusqu'à
présent que temporaire. On sait que,pour ac
célérer l'expédition des affaires, qui, à rai
son de leur importance et de leur nombre,
donnaient lieu chaque anuée à un arriéré
considérable , une chambre supplémentai
re avait été fondée sous la présidence d'un
des- conseillers de la cour , d'appel. On
avait cru d'abord que cette chambre - pour
rait plus tard être supprimée,,quand le rôle
aurait été'mis à jour. L'expérience n'a pas
tardé à constater qu'elle était nécessaire aux
besoins du service, et son existence provi
soire a été continuée et consacrée par plu
sieurs dispositions législatives.
Il était tout naturel dès-lors, de faire cesser
cette situation précaire, et de faire de la
chambre temporaire, une création stable et
définitive. Tel a été le but du décret du 8
mars.
Une modification du personnel devenait
indispensable. Dorénavant la cour de Paris
se composéra d'un premier président, de six
présidens de chambre, : de cinquante-neuf
conseillers; le parquet comptera un procu
reur général, six avocats généraux et onze
substituts. La cour d'appel de Paris n'avait
antérieurement que cinq présidens; mais elle
comptait soixante conseillers. Le décret rem
place un conseiller en augmentant le nomhre
des présidens."Le nombre des avocats géné
raux est pareillement augmenté. L'usage
veut qu'il y en ait un auprès de chaque cham-
bre'de la cour d'appel. Le nombre des subs
tituts reste le même. Cette mesure a été par
faitement accueillie au Palais.
- H enry C au vain.
On répand encore le bruit que les barriè
res de Paris pourraient être reculées jusqu'à
laligne'des fortifications. Nous pouvons af
firmer que cette nouvelle est dénuée de tout
fondement.
Celte question, il est vrai, a été-l'objet
d'un sérieux examen. Mais toutes les autori
tés ont recosnu que l'exécution d'une sem
blable mesure serait ruineuse pour la plus
grande partie de la banlieue, ruineuse pour
la ville de Paris, qui aurait ainsi à paver et à
éclairer une immense étendue de terrain. ,
> ' . . , D r L- VÉROÏf. ' '
M. Abbatucci; ministre de la justice, vient
d'adresser aux procureurs généraux une cir
culaire dans laquelle il rappelle les disposi
tions des lois et règlemens sur la délivrance
des congés,qui ne peuvent être accordés que
sous la double condition d'une nécessité re
connue, et de la certitude que le service ne
souffrira pas de l'absence des magistrats.
Nous avons annoncé hier le départ de Pa
ris, dans la nuit de samedi à dimanche, d'un
convoi de transportés. Le Journal de liouen
nous apporte aujourd'hui les détails suivans
sur ce convoi :
« La frégate à vapeur Christophe-Colomb, com
mandée par M. le lieutenant de vaisseau Ronvoi
de Saint-Simon, est sortie du port du Havre hier,
àl'iflgérie, et qu'un train spécial du chemin de fer
avait amenés au Havre le matin. Le Christophe-
Colomb doit toucher à Brest avant de se rendre
en Algérie. . ,
» Les transportés qui ont été embarqués hier
au Havre étaient arrivés à Rouen, à la gjre de la
rue Verte, étant au nombre de. 467 seulement;
mais là, Je convoi a suspendu sa marché, et un
nouveau wagon, ajouté au train spécial, a reçu
dix personnes arrêtées à" Rouen, et dans quelques
communes environnantes, pendant'la nuit de ven
dredi à samedi.
» On cité, parmi les transportés pris à Rouen,
MM. Leballeur-Yilliers.fils, Léon Salva, Noirct et
Foulques: ...
» Déjà, pertdaut la nuit de vendredi à samedi,
on avait dirigé sur le Havre, immédiatement après 1
•Sm arrestation, le sieur Aymard, domicilié à Ma-
romme, ancien transporté de jjiin.
. MM. Miot, ancien représentant, et .Pornin, orga
nisateur de la garde Sobrier, - faisaient partie du
convoi venu de Paris,.»" ' : - '
, On lit dans le Moming-Posf&c. lundi :
« S. Exc. l'ambassadeur de France et la com
tesse-Waleski ont quitté samedi'"so'ir Grosvenor-
square, pour se rendre à Paris/,j$)ur affaires par-,
ticulières. S. Exc. reviendra à la fin de la semai
ne. Les affaires de l'ambassade? doivent être gé
rées, pendant son absence, par M. de Saux, en.
quafité de changé d'affaires. »
yObsèrver et le Morning-Advertiser croient
Sue ce départ se lie au contraire à des consi-
érations politiques, et le Sun , journal du
soir, dit ;
« Les fonds anglais ont un peu souffert par
suite des conjectures faites sur la cause du départ
de l'ambassadeur de France pour Paris,. et par
suite des difficultés que paraît devoir faire éprou
ver à notre cabinet l'opposition de Cobden, si l'on
en juge par les délibérations prolongées du con
seil de samedi. »
Nous devons ajouter'que cela n'est pas con
sidéré comme bien "grave, car la baisse n'est
que de 1/8 Q/0 sur les consolidés.
La légèreamélioration qui s'étaitmanifestée
dans l'état du maréchal Marmont, ne s'est pas
maintenue. Nous lisons dans une lettre écrite
'de Venise, le 2 mars, à VOpinions de Turin :
« Aujourd'hui, à neuf heures èt demie du
matin, le dernier des maréchaux français de
l'Empire, Frédéric-Auguste-Louis Viessé de
Marmont, duc deRaguse, est mort,muni dés
sacremens de l'Eglise, après six jours de ma
ladie, à l'âge de soixante-dix-huit ans.»
Nous publierons prochainement une étude
impartiale et historique sur la vi? du duc de
Raguse, homme de guerre savant et expé
rimente. qui s'illustra sous l'Empire par lés
plus beaux faits d'armes, écrivain distingué,
homme d'esprit, d'une sage philosophie, qui
sut depuis 1815 se résigner à l'exil sans
prendre aucune part aux intrigues poli ti
ques,et dont le cœur applaudit de loin à l'élec
tion du 10 décembre, et-au,coup d'Etat qui
vient de sauver la France.
Les événemens et tous les faits particuliers
de 1815, mieux étudiés, seront peut-être une
réhabilitation pour la- mémoire du duc de
Raguse.
On écrit de Vienne, 4 mars * v
« L'emporeur François-Joseph, parti dernière
ment pour Venise, doit revenir ce soir pour faire
les honneurs de sa capitale aux grartds-ducs Nico
las et Michel de Russie, attendus samedi à Vienne.
Ces princes doivent descendre à l'hôtel de l'am
bassade russe. Celte circonstance explique le rap
pel du baron Mayendorf par le télégraphe. Ce mi
nistre plénipotentiaire avait précédé de quelques
jours l'empereur • à Venise.
)>Les grands-ducs Nicolas et Michel doivent par
courir toute l'Italie à l'exception du Piémont; 1a
Hollande et toutes les eours de l'Allemagne. Leur
itinéraire, tracé par la main de l'empereur Nicolas
lui-même, est réglé de telle sorte,"que l'emploi de.
chaque journée est indiqué. Les princes ne s'en
écartent jamais. >
» La France ci-la Belgique ne sont joint com
prises dans le règlement de l'itiriérairé impérial.
» La nouvelle de l'élection du.gcnéralCavaignac.
à Paris, que l'on a reçue ce matin par dépêche té
légraphique, n'a produit aucune sensation. Tout
en rendant justice à la loyauté du', caractère du
général, qui le premier en France a osé recourir
en pleine rue à l'ullirna raiio du canon, on re ,
garde ici son parti comme mort et enterré. »
Un épouvantable malheur est Picore arrivé
samedi dernier dans une des houillières du
bassin de Mons : °
Soixant-dix-sept ouvriers étaient descen
dus dans le puits n° 1, de la mine Longter-
ne-Ferrand, àElouges, lorsqu'une explosion
de feu grisou éclata vers dix heures du matin
et occasionna des éboulemens-qui|ont amené
laplus déplorable catastrophe. Deux ouvriers
otit été précipités dans le réservoir et sont
morts sur le coup ; quinze ont pu sortir des
travaux, mais l'un d'eux est mort chez lui,
peu après l'événement. -Quant aux soixante
autres, on ignore encore leur sort. Diman
che soirj' malgré toute l'activité donnée aux
travaux de sauvetage, on n'avait pu parve
nir jusqu'à aucun d'eux. Ces travaux avan
çaient lentement ; on avait traversé diman
che soir seulementcent cinquante mètres d'é-
boulement.
L'imprudence est encore, à ce que l'on
croit, la cause première de Tàcciaent. Un.
TOm»DummiMOîMii, IOJIARS.
THÉÂTRES. ' : ■
gymnase : les Vacances da Pandolphe, arlequinade en
S actes de Mme Sand. — odèon : les Cinq minutés
du Commandeur, drame en 5 actes et 7 tableaux,
de M, Léon Gozlan.
M. Merle a tenu tout Je feuilleton de lun-;
di; .c'était le moins que lés théâtres cédas-
■ sent une fois la place à celui qui s'est tant
occupé d'eux. Cependant les lecteurs n'y
perdront rien ; si nous sommes de deux
jours en -retard avec l'Arlequinade de Mme
Sand au Gymcase , nous allons être de
huit jours en avaiite. avec un drame de
Léon Gozlan, joué hier soir à l'Odéon. Il y a
compensation. Lavérité|aussi c'est que je n'é
tais ,pas fâché de remettre au lendemain lë
plus que je pourrais les Vacances de Pandol
phe,- faute de savoir qu'en dire et par l'im
possibilité d'en pouvoir dire tout ie biea que
j 'aurais voulu.
On ne se décide pas facilement à critiquer
.Mme Sand : d'abord, parce qu'on n'en a point
''habitude,'et que ça devient, qui le croirait?
une difficul té. Ensuite ii faut y regarder à 'deux
fois, bien se tàter, se demander si l'on est
i-ûr de soi/si l'on a oui ou non suffisamment
compris, si l'on n'est {sas dupe de son peu dé
/inesse, si par hasard il ne vous manque pas
\m sens, ou si réellement la pièce est mau
vaise. Prenons garde qu'il n'y ait quelque
chose lâ j dessous ! ; Que penserait la postérité,
de gens qui n'auraient vu que le dessus? On
peut lâcher les grands mots s'il s'agit de
Mme Sand; ii n'y a rien de trop pour elle,
et la postérité... Ma foi ! la postérité com
mence très mal pour les Vacances de Pandol
phe. ■ •' ! ^
Cependant, rien d'excessif ni d'audacieux,
ni de révoltant cette fois-ci plus que les au
tres; Mme Saïid continue toujours Florian
ou plutôt elle le retourne ; çlle avait conti
nué Sedaine. l'autre soir avec tant de bon
heur! Pourquoi les arlequinades nelui réus
siraient-elles pas aussi bien que les bergeries?
Le public et la critique sont difficiles, en
vérité I On ne sait par quel bout les prendre.
Vous vous imaginez qu'ils ont déjà de... l'ac
coutumance. .. poin t, ils en ont leur suffisance!...
Il faudra peut-être laisser dans le Beia y le reste
des moutons, et M. Pierrot aux Funambules.
Heureusement que Mme Sand, avec son talent
et son invention, ne sera point embarrassées
de nous donner quelque chose d'elle.
Nous n'allons' pas rentrer, s'il vous plaît,
dans la grande discussion—relati vement à la
nature,—entamée depuis le Champi et Clau-
die. Tenez-le vous pour dit : la nature de
Mme . Saud est aussi nature au moins que la
nature de Gessner, et' elle est bien plus
à la mode, ce qui lui doime tous lesavantages
de la fraîcheur. Plus tard, sans doute,
quelque, nouvelle nature éclora , qui fera
reléguer les autres parmi les vieux décors de
TOpera-Comique; en attendant, contentons-
nous du priutemps que nous avons. ' :
Quant a l'arlequinade en question, quant
à ce nouveau théâtre italien que Mme Sand
fonde, quant aux Vacances de Pandolphe, si
l'on croit y avoir mis beaucoup de naïveté et
de sainte simplicité j on se trompe. En tête
de la dernière édition de ses œuvres,-Mme;
Sand invoque la simplicité, et elle l'invoque;
en latin, — ce dont nous lui faisons notre
sincère compliment, p 1 u tôt encore à cause du
sentiment qu'àcausede l'idiôtne.—Oh 1 certes,
la simplicité, c'est la force suprême, c'est la
passion irrésistible, c'est la grande poésie,-
c'est la nature, c'est le génie ! Homère est
simple; Molière aussi nous paraît assez ef
frayant de simplicité. A côté de cela, si l'on
veut prouver que la comédie italienne est
simple comme bonjour, el"qu'il n'est rien de
comparable à la sainte simplicité de l'arle-
quirjade distillée, et que cet alambic qu'on
appelle M. de Marivaux, est la source du na
turel, je m'y perds absolument.
; Nous voilà tous plongés dans la perplexité.
A propos du Mariage de Victorine , Mme
Sand a rédigé une préface, où il est dit,—en
excellens termes d'ailleurs, —qu'un seul
être vivant a suffisamment compris la pièce.
Cet homme perspicace et sérieux est certai-
ment digne d'admiration. Mais qu'adviendra-
t-il lorsque nous ferons un retour sur nous-
mêmes? N'avions-nous pas cru deviner que
Victorine épousait lè fils Vanderk? Et puis .
après? Après.... il y a que la comédie est.
remplie de mythes" auxquels nous n'a
vons vu que du "feu. Le bonhomme Sedaine :
lui-même^n'y aurait pas vu plus loin que
son... dénomment. L'être sérieux à qui la
préface rend hommage a seul pénétré les se
crets de Mme Sand et de la Providence. Com
me c'est encourageant à l'endroit des Vacan
ces de Pandolphe ! Le Mariage de Victorine
était un petit drame clair, tandis que les Va
cances dé Pandolphe... Ah i prenez-vous-en à
la grossièreté de vos esprits et de vos sons, à
l'infériorité de votre intelligence, si les Va
cances de Pandolphe vous ont surtout semblé
parées des charmes du logogryphe.
Pierrot ne s'appelle plus Pierrot, mais Pe-
d.rolino ; — l'arlequinade remonte à sa source
italienne ! — Pandolphe, qui est d'ordinaire
Cassandre, ressemble cette foisàuu Bartholo
doux; Léandre est changé en matamore;
et il n'y gagne pas; Colombiue est fort
coquine, Isabelle est digne de. Zirzabelle.
Il y a encore Pascariel pour faire, avec Léan
dre, la paire de filous. Il y a un notaire guil
leret, qui chante comme"un bailli et lient à
la forme autant que Brid'Oison. Il y a la ten
dre Violette, la tante Marinette... Mais n'en
voi.'à-t-il pas assez?
L'arlequinade commence à l'ombre du til
leul du docteur Pandolphe. Le docteur avait
juré de passer tranquillement ses vacances à
la campagne avec Pedrolino, son laquais, et
Marinette, sa servante. La vieille Marinette
fait venir sa nièce Violette. La nièee.cles assiettes, et voilà Pandolphe troublé; Vio
lette- aima Pedrolino, Pedrolino est amou
reux comme... un Pierrot. Survient Léandre
la moustache en croc, qui demande la
main de Violette. L% sacripant sait déjà
qu'un oncle vient de mourir, laissant à
Violette.un grand bien. Violette dit que l'hé
ritage sera pour son Pierrot. La tante fait la
fière et veut donner un seigneur à sa
Kièce. On consul te; le /docteur, qui envoie
tout ce monde-là au diable, et, finalement,
se laisse attendrir au point de monter en
carriole avec Pierrot, Violette et la tante,
pour aller chercher la ? accession. Un doc
teur n'est point de trop dans ces affaires liti
gieuses; mais bonsoir les vacances! elles sont
flambées, mon cher Pandolphe !
Après ce premier acte, qui n'avait pas dé
plu, la salle s'est répandue comme une ava
lanche dans les couloirs, et nous avons eu le
spectacle de cinq ou six enthousiastes qui se
pâmaient déjà, accusant les autres specta
teurs de froideur, et disant qu'on ne com
prenait pas le chef-d'œuvre. On avait beau
répondre que le commencement de l'arlequi
nade était d'une gaîlé douce, que le Pierrot
Bressan était adorable de naturel, dena'i-^
veté, de sensibilité, de niaiserie, de pliysio-'
nomie, et qu'il dépassait tout ce qu'on pou
rrait espérer : qu'il n'y avait sans doute
jamais eu de Pierrot aussi accompli ; on
on avait beau reconnaître que cette nou
velle comédie italienne brillait à roup sûr
par la noble simplicité des pantomimes
ordinaires du théâtre des Funambules ,.
où, comme on sait, le genre s'est con
servé sans paroles; on avait beau avouer
, que'les paroles de Mme Sand étaient un pe
tit concert philos^phico-sentimental, un ar
lequin de style tel que Mme Sand est seule
capable d'en accommoder, à l'aide du pa
tois berrichon mélangé de fines sentences
d'arlequinade: que la Violette faisait à ravir
-une Claudie de Bergame, et Pedrolino un
Sylvain & longues manches, les enthousiastes
n'étaient pas encore contins. Ils nous ont
dit ; — voyez jusqu'oïl entraîne le laisser-
aller de cette comédie • italienne, à laquelle
très décidément Térence autrefois, et plus
récemment Molière, ont bien fait de substi
tuer la leur, — ils nous ont dit-que nous
avions de longues oreilles, et que nous étions
dignes de paître !
—Mais de paître dans lè Berry, ai-je, pour
ma^part, répondu fièrement!. J'aurais été
mouton enrubannéet au petittnusc,du temps
que les bergères portaient des jupons de
taffetas changeant; j'aurais volontiers la
clavelée, maintenant que les petites Fadettes'
savent-la guérir t
À ces mots, un peintre, incapable de maî
triser son émotion, s'écria que je n'entendais
rien à la couleur ! — On répliqua qu'il com
prenait peu de chose à la littérature. — Le
peintre terrassa ses interlocuteurs par cet ar
gument sans réplique :.que l'arlequinade était
du Watteau pur, ou tout au moins du Lan-
cret! .. ■ -
. La question se résumait donc en ceci : Ai
mez-vous • le Watteau ou ne ' l'aimez-vous
pas? c'est-à-dire : Quel est votre sentiment
sur la nature élégante? Barbares, sauvages
ingristes, ayez le cotirage de l'exprimer car
rément!
— 0. peintres, voilà parler en peintres !
Par nature élégante, entendez-vous quelque
chose qui soit réellement dans la nature, le
soleil, l'ombre, les grands bois et les eaux ?
alors,.vive le.glorieux Watteau! Mais que"
si vous nous offrez , sous prétexte d'élé
gance dans la nature, des arbres couleur
de fard, qui mettent des papillôttes et se
•font friser par des coilfeurs ; des étangs d'sau
de Cologne ; un soleil de poche et des om
bres au cosmétique, gardez-votre fantaisie,
gardez vôtre élégance, et.rendez-nous bien
vite la nature grossière ! Du moins ça sera
la nature que ses vrais amans trouveront en
core asséz parée desa nudité.— Une dernière
.observation, si vous le permettez, Messieurs
de la peinture : vous répondez à tout : Wat
teau pur! pur Watteau I (aussi-bien diriez-
VOUS : Tarte à la crème 1 tarte à la crème l ) jè
suppose qu'à votre prochaine exposition on
ap porte un vol ume d'Alfred de Musset et qu'on
le croche au mur. Devant le livre, tous les lit
térateurs de se pâmer : quel dessin, quel fini,
quel ton! oh Ma belle toile, oh! le tableau
exquis ! le reste du musée n'est rien.
Vous nous ririez au nez, sang doute.—On
vous'répondra effrontément : Musset pur,
pur Musset ! Cela mettra-t-il d.e la couleur
en place de l'encre, le pinceau en plaee delà
plume, un tableau en place d'un poème? Ne
confondez donc pas les arts, et n'oubliez pas
que leurs procédés diffèrent.
Au théâtre les décors, les costumes, les
groupes, lamise en scène peuvent bien former
tableau ; le côté plastique est intéressant; il
plaît à l'œil; mais c'est la pièce qui séduit
l'esprit et le cœur. Arlequinade ou sérénade,
comédie ou drame, fantaisie _ou réalité,
prose ou vers,peu importe ! intéfessez-noup,
passionnez la foule, amusez-la seulement,
si vous pouvez, et la besogne est faite. Ce
Boileau qu'on dit si rigide était cependant
de facile composition : Tous'les genres sont
bons, hors le genre ennuyeux ! Il ferait beau
voir que quelqu'un se îjiontrât^plus exigeant ,
que Boileau.
Que demandait-on à Mme Sand au second
acte des Vacances de Pandolphe ? Le rire ou
les pleurs,"à son gré; la curiosité, les sim
ples coups de pied de tradition, si elle l'eût
préféré ; à moins qu'enchérissant littérai
rement sur le genre — son talent le lui per
mettait, bien sûr,—elle n'eût continué Mari
vaux, et alors nousaurions la suite des Faus
ses confidences. Au lieu de cela, Mme Sànd
nous a donné... un Watteau. Les décorateurs
et les régisseurs n'ont jamais rien fait de
plus joli : Un grand tapis vert mi-partie
d'ombre et dé soleil, avec des fleurs rouges .
de sang, qui pointent ça et là; le bassin à
balustres près des quinconces; dans le-fond
l'immense parc qui ruit, et sur le devant les
personnages tout en soie chatoyante, élé-T
gamment groupés; on a même la guitare et
les divers accessoires du tableau.—Ajoutez à
cela du style, oui certes du style; de plus une
BURELI l UIL : rue de Vatois .(Palaîs-Eoyal), n. iOÎ
B 1852. — MERCREDI 10 MARS.
Entassa
. PRIX DE L'ABOKNEMEKÏ
PAIUS»...... 18 F. PARTRIJ1ESTRE.
D^PARTEMENS.. 16 F. — .
UN NUMÉRO : «0 CENTIMES.
- pôdr les pats ÉTRANGERS, se: reporter
nu tableau qui sera publié dans le journal,,
les 10 et î5 da chaque mois.
lu abonnement datent des 1" ei il ~.
■ .. -dp chaque mois.
g'adressefj fTmQOÏ pour la rédaction, à M; B ûnifaceî
■ lm articles déposés ne sont pas rendus? ?y.
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
1 0» fabonne, dans les dépar tement, aux Messageries et aux Directions depostë.—A Londres, chei MMJ COWU etfijsïj S'adresser, francojjîcttf l 'administration, â M, DïHAJK ,;dtVectei
PARIS, 9 MARS.
- des É^CTIONS.
Parmi les mots profonds et charmans, qui
font de l'Evangile le livre le plus spirituel
1 qui'existe, nous eii citerons un qui s'appli
que merveilleusement à la situation présente
du pays : « Le vin nouveau fait éclater les
vieilles barriques.»
N'est-il pas vrai, - en effet, qu'un esprit
nouveau s'est introduit peu à-peu, depuis le
10 décembre, dans les anciennes formes po
litiques et les a fait insensiblement craquer
de toutes parts? -
Qu'étai t le Pouvoir, en France, depuis l'Em
pire? —Une cible où s'adressaient à l'en vi les
railleries des écrivains, les brocards des beaux
esprits, les insultes des ambitieux, les mena
ces des factions. Dans les.Assemblées politi
ques, dans le sanctuaire de lamagistrature, au
sein de toutes les administrations, le banc où
siégeaient les représentons du Pouvoir était
devenu une sellette. Ondevait,en s'y asseyant,
se résigner aux humiliations, aux calomnies
et aux outrages: Ministres, maréchaux, pro
cureurs-généraux, préfets, maires, gardes-
champêtres, gendarmes, tous ces dépositaires
de l'autorité'publique, tous ces gardiens de
notre maison, de notre repos, de notre vie,
fesaientles frais des éclats de rire, dans les
théâtres; dans les salons, dans les cabarets
et là comédie la plus courue, la chanson la
plus appiauiie, la caricature la plus recher-
.chée, étaient toujours celles qui jetaient le
plus de dérision ou de mépris sur le Pouvoir,
sur ses doctrines, sur ses actes et sur ses
ljommesi
Grâce à Dieu, toutes cefr choses sont chan
gées. C'est aujourd'hui le Pouvoir que l'on
considère, et le désordre que l'on baffoue et
que*l'on méprise.
Pendant la révolution, Robespierre proposa
une" théorie des droits de l'homme, dans la
quelle il disait que les fonctionnaires et les
ministres étaient les commis de la nation. Le
bon sens et l'expérience ont montré quç le
gouvernement c'est "la nation elle-même,
s'administrant, s'âmélîorant et se défendant;
et telles sont, en ce moment, la confian
ce et la considération "dont jouissent, au
près des populations, les dépositaires de
l 'autorité publique, que leur appui avoué,
éclatant , énergique , a été la cause prin
cipale^ et déterminante du succès des can
didats du gouvernement devant les élec
teurs. Les électeurs se sont dit : « Le gou-:
verneinent du prince Louis-Napoléon nous
désigne tel candidat ; puisqu'il le désigne, il
doit être sûr de, son "dévoûment. Eh bien,!
choisissons-le!» Sous la Restauration et sous
le gouvernement de juillet^ les électeurs au
raient tenu, dans un cas.pareil, un langage
et une conduite exactement contraires.
Là principale cause qui éloignait du gou
vernement la sympathie et là confiance des
populations-, c'est que jusqu'ici le gouverne
ment semblait ne pas croire à son droit, et
doutait.de lui-même. Au lieu de proclamer
tout haut ses desseins, de les présenter, et
de les défeiïdre comme des mesures néces--
sairés au salut commun, in téressant le pa-
triotième et sollicitant le concours de tout
le ii T -inde, il fesait la part des misérables
préjugés d'opposition, et il la fesait im
mense. Les hommes hargneux, tracassiers ,
égoïstes, devenaient un objet permanent d'at
tentions prévenantes ; ies amis entraient par
la porte-dérobée et honteuse; les ennemis,
par la porte.publique et honorable ; et l'op-
positionsystématiqueétaitdevenue unesour-
ce féconde de faveurs et de fortune, cumulées
avec la popularité.
Ce système de faiblesse dans le bien et dff
couardise en face du mal,,avait ameng dans'
les dernières années du gouvernement de |
juillet, un résultat qu'uifjour on ne croira
pàs : c'est plus de cent cinquante fonctionnai
res insûltant, en pleine Assemblée, les minis
tres dont ils étaient les agens, et travaillant
hautement, par -leurs discours et par leurs
votes, à l'affaiblissement, à la déconsidéra
tion, à la chute finale du gouvernement, qui
leur donnait des traitemens, des croix et des
pensions ! .
Comment les populations duraienUelles
aimé, honoré, soutenu, un régime qui s'a
bandonnait à ce point lui-même, de né
gliger le soin le plus vulgaire de sa, force et
de sa dignité?
» Tous ces vieux erremens de désordre son t
aujourd'hui complètement abandonnés; on
couvrirait de huées le fonctionnaire amovi
ble qui prétendrait faire de l'opposition au
gouvernement qui l'emploie et qui le paie;,
et Uon n'attendrait pas six mois, avant que
le, mépris public ne fit justice complète.du
petjt nombre des fonctionnaires inamovibles
qui seraient tentés d'abriter derrière des pri
vilèges nécessaires et respectables de sour
des et de lâches hostilités.
Pourquoi tlonc ce changement, qui est ma
nifeste et qui est immense? C'est, comme
nous disions, que l'esprit nouveau de la
France a fait éclater les vieilles formes, les
vieux préjuges, les vieilles doctrines des par/
tis ; . c'est que Je Pouvoir a. fini par apparaître
ce qu'il jst, c'est-â-dire le faisceau de la for
ce sociale, résistant au désordre et aux fac
tions ; chacun sait que le Pouvoir, queJ'au to-
rilé, que les lois, que le gouvernement,c'est
nous-mêmes ; c'est pour cela que nous les
voulons forts-et respectés, c'est pour cela que
nous nous montrons dévoués quand il con
seille, etdisciplinés quand il ordonne.
Il ne faut pas chercher ailleurs l'explica
tion du succès obtenu par la cause de l'or
dre aux élections; elles sont, comme le 10
décembre 1848, comme le 20 décembre 1851,
un fait jusqu'ici sans exemple dans l'his
toire; elles ont, comme eux, la même
cause, la popularité du Pouvoir, empruntée
à la popularité du nom de Napoléon, sau
vant ainsi deux fois, en un demi-siècle, la re
ligion, la patrie, la famille, à |demi abîmées
dans le scfcialisme et dans la démagogie.
Quiconque n'apercevrait pas dans son évi
dence lumineuse, ce double fait : un Pouvoir
populaire dirigeant le choix de liuitmillions
d'électeurs, et recevant une popularité et une
force nouvelles d'un assentiment à peu près
unanime , — celui-là serait au nombre de
ceux dont parlait le P^almiste, il aurait des
yeux pour ne point voir.
C'était énorme d'avoir obtenu sept mil-
lioris*et demi de. voix pour soi-même ; c'est
prodigieux de les avoir obtenus pour, au
trui. Il faudrait,, après de tels exemples, le
délire des illusions, pour ne pas reconnaître
que l'esprit politique, en France, est com
plètement changé, et que les anciens partis
y sont, comme partis, tombés en une disso
lution profonde.
Voyez à quoi ont servi les tentatives de ré
sistance organisées, dans tous les, départe-,
mens, contre l'appel franc,-loyal et énergi-»
que fait aux sympathies populaires, dans
l'intérêt du Pouvoir, de l'ordre et de la paix,
par le gouvernement du prince Louis-Napo
léon? "
Les.parlementaires, les orléanistes, tous
èes anciens cadres du gouvernement de juil
let, composés pourtant d'hommes riches,
considérables, autrefois tout-puissans, tou
jours influens, ou ont prêché et pratiqué
l'abstention, pu ont prêché et fait la guerre :
à quoi ont-ils abouti ? — à une de ces défai
tes prodigieuses des ' anciennes histoires, où
il ne réstait pas un survivant pour annoncer
ou pour raconter le désastre.
Qui aurait pu croire, il y a trois mois, que
la France, livrée à elle-mêmej à-sés instincts,
% son; bon sens, guidée par l'administration,
soulagée de l'oppression des clubs électo
raux et des tyrannies de cabaret, réduirait
tout le parti démocratique à la portion con-^
grue de deux nominations, obtenues à des"'
majorités dérisoires?—Personne ne l'aurait
cru. C'était, au contraire, une opinion géné
rales Paris, tantl'étatréel delà France estin-
connudans lacapitale, quedes élections géné
rales pourraient être favorables au Président,
mais amèneraient infailliblement une cham
bre rouge. Eh bien ! les faits viennent de
parlér; il y a, en France, des foyers ardens
de socialisme et de démagogie; il y a des
sociétés secrètes, il y a des chefs, il y a des
meneurs; mais la France elle-même n'est
pas socialiste. >
Non, la France n'est ni athée, ni socialiste.
Un petit nombre de professeurs-, organisés
dans l'Université, ont pu, pendant trop d'an- :
nées,inoculer à la jeunesse d'élite leurs prin
cipes déplorables; un petit nombre de cons
pirateurs et de so'cialistes, favorisés pâr un
régime de publicité imprudent, ont pu saper
peu à peu,dans les esprits faibles ou exaltés,les
vraies doctrines de la politique et de la mo-
raié; l'assaut de février 1848, qui leur livra
là France, augmenta subitement leur crédit,
et leur rallia les ambitieux et les couards ;
mais l'immense majorité des pôpulatiôns est
restée saine, etil leur a suffi d'être hautement '
et énergiquement protégées contre lés intimi
dateurs et les brouillons, pour qu'elles aient
fait éclater leur respect envers le Pouvoir et
leur amour de l'ordre.
Sans doute, tout n'est pas fini ; les Cha
peaux noirs parlementaires continueront à
S'abstenir ; le dragon rouge cherchera à res
souder les tronçons brisés de son corps im
monde ; mais les populations honnêtes,
protégées et dirigées par une administration
vigilante, énergique, dévouée, ne céderont
plus aux suggestions des mauvaises doctri
nes, ou aux menaces des factieux.
Voilà le résultat salutaire, inespéré,, im
mense, obtenu par un Pouvoir qui- veut être
fort, qui sait l'être, qui l'est, et qui puise ■
dans sa résolution calme de délivrer la Fran
ce des factions , des troubles, des coteries,
de l'agitation, de l'incertitude, de la misère,
une popularité sans exemple. C'est là cet es
prit nouveau du pays dont nous. parlions
plus haut, et qui a fait éclater, sans résistance
possible, les cadres et, les étais de tous les
vieux partis.
Ce que la France gagne à l'établissement
et à la consolidation de ce Pouvoir nouveau,
tout le monde le sent, sans qu'il soit néces
saire de l'expliquer davantage. Quelqu'un y
perd-il, én dehors des ambitieux, deslactiëux-'-
et des fanatiques ? — Personne.
Quel est le résultat général, constant, cha
que jour plus visible, de.ee qu'on pourrait
appeler la civilisation spéciale de la France?
C'est d'étendre toujours un peu plus la bour
geoisie, par l'adjonction incessante de quel
que homme laborieux, venu d'en bas, élevé
et enrichi par les bonnes mœurs et par la
bonne conduite:; c'est encore de donnera
ces classes moyennes* dans la direction gé
nérale des affaires, un degré d'influence pro- ■
portionné à leur sagesse, à leur mérite et à
leurs intérêts. ■'
Sotis le gouvernement de juillet, et avec le
principe qu'on a nommé TOrléanisme, les
classes bourgeoises se sont crues arrivées à
l'apogée de leur puissance, parce qu'elles -
avaient une sorte de pouvoir direct, exercé
directement; parce que, hors de leur sein,-et
à .de rares exceptions prè^, peu de gens
étaient, soit comme électeurs, soit comme
éligibles , en possession des droits poli
tiques. Leur erreur a consisté précisément,
à voir leur puissance dans ce* qui était leur s
faiblesse. Elles étaient trop nombreuses pour
avoir l'unité, elles l'étaient trop peu pour
avoir la lorce. Deux heures de tempête les
ont renversées.
Quelle est au contraire lasigni fication réelle
des élections qui .viennent de s'achever? C'est •
ia présentation par le pouvoir et la consécra
tion par le peuple tic toutes lés notabilités du
travail," de l'industrie, dû commerce, dès let
tres, des arts, des sciences, de la naissance mê
me;. c'est le triomphe honoré'et honorable de
toutes les distinctions légitimement acqui
ses; c'est le patronage et le concours detou-
tes les forces intelligentes et morales du pays,
mises au service du peuple, par la médiation
du Pouvoir.
Legrand problèmede la politiqueatoiijours
été de donner un même intérêt et un même
sentiment à tous les- citoyens d'un pays -,
voilà le ..problème résolu, ou bien près de
l'être.
Nous ne nommerions pas le jeune et cou
rageux ministre qui, dès son entrée aux af
faires, ^ s'est signalé par. d.e tels services ren
dus au Président et" à la France, que tout
le monde le nommerait pour nous.. t UnCorps-
Législatif presque unanime, promettant six
années d'harmonie entre les,grands pou
voirs de l'Etat, et, par conséquent, six an
nées de paix intérieure, de travail et de
prospérité: — c'ést\la un>résultal dont M. de
Persighy a droit d'être fier, car il honorerait
les ministres les plus "illustres.
A. GR4.NIER DÇ CASSAGNA.C.
y -Lè Moniteur de ce jour, 9 mars , contient,
dans sa partie officielle, les dôUx décflôts suij
vans :
Louis-Napoléon, Président de la République
française,
Vu'l'art. 43 de la Constitution,
Décrète :
M. Billault, député, est nommé président du
corps législatif..
Fait au palais des Tuileries, le 9 mars 1852.
■ ■ LOUIS-NAPOLÉON.
Par le Président :
Le ministre secrétaire d'Etat,
X. DE CASABIANCA.
Louis^Napoléon, Président de la République
française,
Sur le rapport du garde des sceaux-, ministre
secrétaire d'Etat au département de la justice; '
Vu l'art, ii de la Constitution;
Considérant qu'aux termes de cet article le ser
ment est le préliminaire essentiel de l'exercice de
toute fonction publique ; - -
Qu'il est la condition -indispensable de l'institu
tion-du magistrat et du fonctionnaire^ l'acte par
'lequel se complète le caractère de l'homme pu
blic;
Considérant que le refus ou le défaut de ser
ment équivaut à une démission, sans qu'il y ait
lieu de,distinguer, sous ce rapport, elitre les fonc
tions publiques proprement dites, et celles qui
£0 nt le résultat de l'élection ;
Décrète
Art. 1 er . Le refus ou le défaut de serment sera
considéré comme une démission.
Art. 2. Le serment ne pourra être prêté que dans
les termes prescrits par l'art. 14 de la Constitu
tion; Toute addition, modification, restriction ou
réserve sera considérée cçinme refus de serment et
produira le même effet
Art. 3. des décrets spéciaux détermineront le
mode de la prestation de serment des minisires,
des membres des grands corps de l'Etat, des offi
ciers de-terre et de mer, des magistrats-et des
fonctionnaires, ainsi que les délais dans lesquels
le serment devra être prêté.
Art. 4. Le garde des sceaux, ministre secrétaire.!
d'Etat au département de la justice, est chargé de-
l'exécution du présent décret.
Fait au palais des Tuileries, le 8 mars 1852.
I.OCIS-NAPÔLÉON.
Le garde des sceaux, ministre
secrétaire d'Etat au dépar- - _ ■ .
lement de la justice,
ABBATUCCf. " -
-. Le Moniteur publie, aujourd'hui la liste
des députés au, corps législatif. Nous la re
produisons. On verra que, comme nous l'a
vions dit, il n'y a pas eu de résultat dans
neuf circonscriptions électorales : à Dinan,
à Brest, à Rennes, à Nantes, à .Chàteau-
Gontier, à Lille , à Arras, à Lyon et à Paris.
^ A Lille et à Nantes, les candidats de la
droite, MM.'Kolb-Bernard et de Sesmaisons,
ont fait savoir qu'ils retiraient leur candida
ture. M. Braheix, candidat de la gauche, a
fait la même déclaration à Nantes," •* —-
Un décret de Louis-Napoléon établit ce
matin d'une manière permanente la 4° cham
bre de la coiir d'appel, qui n'était jusqu'à
présent que temporaire. On sait que,pour ac
célérer l'expédition des affaires, qui, à rai
son de leur importance et de leur nombre,
donnaient lieu chaque anuée à un arriéré
considérable , une chambre supplémentai
re avait été fondée sous la présidence d'un
des- conseillers de la cour , d'appel. On
avait cru d'abord que cette chambre - pour
rait plus tard être supprimée,,quand le rôle
aurait été'mis à jour. L'expérience n'a pas
tardé à constater qu'elle était nécessaire aux
besoins du service, et son existence provi
soire a été continuée et consacrée par plu
sieurs dispositions législatives.
Il était tout naturel dès-lors, de faire cesser
cette situation précaire, et de faire de la
chambre temporaire, une création stable et
définitive. Tel a été le but du décret du 8
mars.
Une modification du personnel devenait
indispensable. Dorénavant la cour de Paris
se composéra d'un premier président, de six
présidens de chambre, : de cinquante-neuf
conseillers; le parquet comptera un procu
reur général, six avocats généraux et onze
substituts. La cour d'appel de Paris n'avait
antérieurement que cinq présidens; mais elle
comptait soixante conseillers. Le décret rem
place un conseiller en augmentant le nomhre
des présidens."Le nombre des avocats géné
raux est pareillement augmenté. L'usage
veut qu'il y en ait un auprès de chaque cham-
bre'de la cour d'appel. Le nombre des subs
tituts reste le même. Cette mesure a été par
faitement accueillie au Palais.
- H enry C au vain.
On répand encore le bruit que les barriè
res de Paris pourraient être reculées jusqu'à
laligne'des fortifications. Nous pouvons af
firmer que cette nouvelle est dénuée de tout
fondement.
Celte question, il est vrai, a été-l'objet
d'un sérieux examen. Mais toutes les autori
tés ont recosnu que l'exécution d'une sem
blable mesure serait ruineuse pour la plus
grande partie de la banlieue, ruineuse pour
la ville de Paris, qui aurait ainsi à paver et à
éclairer une immense étendue de terrain. ,
> ' . . , D r L- VÉROÏf. ' '
M. Abbatucci; ministre de la justice, vient
d'adresser aux procureurs généraux une cir
culaire dans laquelle il rappelle les disposi
tions des lois et règlemens sur la délivrance
des congés,qui ne peuvent être accordés que
sous la double condition d'une nécessité re
connue, et de la certitude que le service ne
souffrira pas de l'absence des magistrats.
Nous avons annoncé hier le départ de Pa
ris, dans la nuit de samedi à dimanche, d'un
convoi de transportés. Le Journal de liouen
nous apporte aujourd'hui les détails suivans
sur ce convoi :
« La frégate à vapeur Christophe-Colomb, com
mandée par M. le lieutenant de vaisseau Ronvoi
de Saint-Simon, est sortie du port du Havre hier,
à
avait amenés au Havre le matin. Le Christophe-
Colomb doit toucher à Brest avant de se rendre
en Algérie. . ,
» Les transportés qui ont été embarqués hier
au Havre étaient arrivés à Rouen, à la gjre de la
rue Verte, étant au nombre de. 467 seulement;
mais là, Je convoi a suspendu sa marché, et un
nouveau wagon, ajouté au train spécial, a reçu
dix personnes arrêtées à" Rouen, et dans quelques
communes environnantes, pendant'la nuit de ven
dredi à samedi.
» On cité, parmi les transportés pris à Rouen,
MM. Leballeur-Yilliers.fils, Léon Salva, Noirct et
Foulques: ...
» Déjà, pertdaut la nuit de vendredi à samedi,
on avait dirigé sur le Havre, immédiatement après 1
•Sm arrestation, le sieur Aymard, domicilié à Ma-
romme, ancien transporté de jjiin.
. MM. Miot, ancien représentant, et .Pornin, orga
nisateur de la garde Sobrier, - faisaient partie du
convoi venu de Paris,.»" ' : - '
, On lit dans le Moming-Posf&c. lundi :
« S. Exc. l'ambassadeur de France et la com
tesse-Waleski ont quitté samedi'"so'ir Grosvenor-
square, pour se rendre à Paris/,j$)ur affaires par-,
ticulières. S. Exc. reviendra à la fin de la semai
ne. Les affaires de l'ambassade? doivent être gé
rées, pendant son absence, par M. de Saux, en.
quafité de changé d'affaires. »
yObsèrver et le Morning-Advertiser croient
Sue ce départ se lie au contraire à des consi-
érations politiques, et le Sun , journal du
soir, dit ;
« Les fonds anglais ont un peu souffert par
suite des conjectures faites sur la cause du départ
de l'ambassadeur de France pour Paris,. et par
suite des difficultés que paraît devoir faire éprou
ver à notre cabinet l'opposition de Cobden, si l'on
en juge par les délibérations prolongées du con
seil de samedi. »
Nous devons ajouter'que cela n'est pas con
sidéré comme bien "grave, car la baisse n'est
que de 1/8 Q/0 sur les consolidés.
La légèreamélioration qui s'étaitmanifestée
dans l'état du maréchal Marmont, ne s'est pas
maintenue. Nous lisons dans une lettre écrite
'de Venise, le 2 mars, à VOpinions de Turin :
« Aujourd'hui, à neuf heures èt demie du
matin, le dernier des maréchaux français de
l'Empire, Frédéric-Auguste-Louis Viessé de
Marmont, duc deRaguse, est mort,muni dés
sacremens de l'Eglise, après six jours de ma
ladie, à l'âge de soixante-dix-huit ans.»
Nous publierons prochainement une étude
impartiale et historique sur la vi? du duc de
Raguse, homme de guerre savant et expé
rimente. qui s'illustra sous l'Empire par lés
plus beaux faits d'armes, écrivain distingué,
homme d'esprit, d'une sage philosophie, qui
sut depuis 1815 se résigner à l'exil sans
prendre aucune part aux intrigues poli ti
ques,et dont le cœur applaudit de loin à l'élec
tion du 10 décembre, et-au,coup d'Etat qui
vient de sauver la France.
Les événemens et tous les faits particuliers
de 1815, mieux étudiés, seront peut-être une
réhabilitation pour la- mémoire du duc de
Raguse.
On écrit de Vienne, 4 mars * v
« L'emporeur François-Joseph, parti dernière
ment pour Venise, doit revenir ce soir pour faire
les honneurs de sa capitale aux grartds-ducs Nico
las et Michel de Russie, attendus samedi à Vienne.
Ces princes doivent descendre à l'hôtel de l'am
bassade russe. Celte circonstance explique le rap
pel du baron Mayendorf par le télégraphe. Ce mi
nistre plénipotentiaire avait précédé de quelques
jours l'empereur • à Venise.
)>Les grands-ducs Nicolas et Michel doivent par
courir toute l'Italie à l'exception du Piémont; 1a
Hollande et toutes les eours de l'Allemagne. Leur
itinéraire, tracé par la main de l'empereur Nicolas
lui-même, est réglé de telle sorte,"que l'emploi de.
chaque journée est indiqué. Les princes ne s'en
écartent jamais. >
» La France ci-la Belgique ne sont joint com
prises dans le règlement de l'itiriérairé impérial.
» La nouvelle de l'élection du.gcnéralCavaignac.
à Paris, que l'on a reçue ce matin par dépêche té
légraphique, n'a produit aucune sensation. Tout
en rendant justice à la loyauté du', caractère du
général, qui le premier en France a osé recourir
en pleine rue à l'ullirna raiio du canon, on re ,
garde ici son parti comme mort et enterré. »
Un épouvantable malheur est Picore arrivé
samedi dernier dans une des houillières du
bassin de Mons : °
Soixant-dix-sept ouvriers étaient descen
dus dans le puits n° 1, de la mine Longter-
ne-Ferrand, àElouges, lorsqu'une explosion
de feu grisou éclata vers dix heures du matin
et occasionna des éboulemens-qui|ont amené
laplus déplorable catastrophe. Deux ouvriers
otit été précipités dans le réservoir et sont
morts sur le coup ; quinze ont pu sortir des
travaux, mais l'un d'eux est mort chez lui,
peu après l'événement. -Quant aux soixante
autres, on ignore encore leur sort. Diman
che soirj' malgré toute l'activité donnée aux
travaux de sauvetage, on n'avait pu parve
nir jusqu'à aucun d'eux. Ces travaux avan
çaient lentement ; on avait traversé diman
che soir seulementcent cinquante mètres d'é-
boulement.
L'imprudence est encore, à ce que l'on
croit, la cause première de Tàcciaent. Un.
TOm»DummiMOîMii, IOJIARS.
THÉÂTRES. ' : ■
gymnase : les Vacances da Pandolphe, arlequinade en
S actes de Mme Sand. — odèon : les Cinq minutés
du Commandeur, drame en 5 actes et 7 tableaux,
de M, Léon Gozlan.
M. Merle a tenu tout Je feuilleton de lun-;
di; .c'était le moins que lés théâtres cédas-
■ sent une fois la place à celui qui s'est tant
occupé d'eux. Cependant les lecteurs n'y
perdront rien ; si nous sommes de deux
jours en -retard avec l'Arlequinade de Mme
Sand au Gymcase , nous allons être de
huit jours en avaiite. avec un drame de
Léon Gozlan, joué hier soir à l'Odéon. Il y a
compensation. Lavérité|aussi c'est que je n'é
tais ,pas fâché de remettre au lendemain lë
plus que je pourrais les Vacances de Pandol
phe,- faute de savoir qu'en dire et par l'im
possibilité d'en pouvoir dire tout ie biea que
j 'aurais voulu.
On ne se décide pas facilement à critiquer
.Mme Sand : d'abord, parce qu'on n'en a point
''habitude,'et que ça devient, qui le croirait?
une difficul té. Ensuite ii faut y regarder à 'deux
fois, bien se tàter, se demander si l'on est
i-ûr de soi/si l'on a oui ou non suffisamment
compris, si l'on n'est {sas dupe de son peu dé
/inesse, si par hasard il ne vous manque pas
\m sens, ou si réellement la pièce est mau
vaise. Prenons garde qu'il n'y ait quelque
chose lâ j dessous ! ; Que penserait la postérité,
de gens qui n'auraient vu que le dessus? On
peut lâcher les grands mots s'il s'agit de
Mme Sand; ii n'y a rien de trop pour elle,
et la postérité... Ma foi ! la postérité com
mence très mal pour les Vacances de Pandol
phe. ■ •' ! ^
Cependant, rien d'excessif ni d'audacieux,
ni de révoltant cette fois-ci plus que les au
tres; Mme Saïid continue toujours Florian
ou plutôt elle le retourne ; çlle avait conti
nué Sedaine. l'autre soir avec tant de bon
heur! Pourquoi les arlequinades nelui réus
siraient-elles pas aussi bien que les bergeries?
Le public et la critique sont difficiles, en
vérité I On ne sait par quel bout les prendre.
Vous vous imaginez qu'ils ont déjà de... l'ac
coutumance. .. poin t, ils en ont leur suffisance!...
Il faudra peut-être laisser dans le Beia y le reste
des moutons, et M. Pierrot aux Funambules.
Heureusement que Mme Sand, avec son talent
et son invention, ne sera point embarrassées
de nous donner quelque chose d'elle.
Nous n'allons' pas rentrer, s'il vous plaît,
dans la grande discussion—relati vement à la
nature,—entamée depuis le Champi et Clau-
die. Tenez-le vous pour dit : la nature de
Mme . Saud est aussi nature au moins que la
nature de Gessner, et' elle est bien plus
à la mode, ce qui lui doime tous lesavantages
de la fraîcheur. Plus tard, sans doute,
quelque, nouvelle nature éclora , qui fera
reléguer les autres parmi les vieux décors de
TOpera-Comique; en attendant, contentons-
nous du priutemps que nous avons. ' :
Quant a l'arlequinade en question, quant
à ce nouveau théâtre italien que Mme Sand
fonde, quant aux Vacances de Pandolphe, si
l'on croit y avoir mis beaucoup de naïveté et
de sainte simplicité j on se trompe. En tête
de la dernière édition de ses œuvres,-Mme;
Sand invoque la simplicité, et elle l'invoque;
en latin, — ce dont nous lui faisons notre
sincère compliment, p 1 u tôt encore à cause du
sentiment qu'àcausede l'idiôtne.—Oh 1 certes,
la simplicité, c'est la force suprême, c'est la
passion irrésistible, c'est la grande poésie,-
c'est la nature, c'est le génie ! Homère est
simple; Molière aussi nous paraît assez ef
frayant de simplicité. A côté de cela, si l'on
veut prouver que la comédie italienne est
simple comme bonjour, el"qu'il n'est rien de
comparable à la sainte simplicité de l'arle-
quirjade distillée, et que cet alambic qu'on
appelle M. de Marivaux, est la source du na
turel, je m'y perds absolument.
; Nous voilà tous plongés dans la perplexité.
A propos du Mariage de Victorine , Mme
Sand a rédigé une préface, où il est dit,—en
excellens termes d'ailleurs, —qu'un seul
être vivant a suffisamment compris la pièce.
Cet homme perspicace et sérieux est certai-
ment digne d'admiration. Mais qu'adviendra-
t-il lorsque nous ferons un retour sur nous-
mêmes? N'avions-nous pas cru deviner que
Victorine épousait lè fils Vanderk? Et puis .
après? Après.... il y a que la comédie est.
remplie de mythes" auxquels nous n'a
vons vu que du "feu. Le bonhomme Sedaine :
lui-même^n'y aurait pas vu plus loin que
son... dénomment. L'être sérieux à qui la
préface rend hommage a seul pénétré les se
crets de Mme Sand et de la Providence. Com
me c'est encourageant à l'endroit des Vacan
ces de Pandolphe ! Le Mariage de Victorine
était un petit drame clair, tandis que les Va
cances dé Pandolphe... Ah i prenez-vous-en à
la grossièreté de vos esprits et de vos sons, à
l'infériorité de votre intelligence, si les Va
cances de Pandolphe vous ont surtout semblé
parées des charmes du logogryphe.
Pierrot ne s'appelle plus Pierrot, mais Pe-
d.rolino ; — l'arlequinade remonte à sa source
italienne ! — Pandolphe, qui est d'ordinaire
Cassandre, ressemble cette foisàuu Bartholo
doux; Léandre est changé en matamore;
et il n'y gagne pas; Colombiue est fort
coquine, Isabelle est digne de. Zirzabelle.
Il y a encore Pascariel pour faire, avec Léan
dre, la paire de filous. Il y a un notaire guil
leret, qui chante comme"un bailli et lient à
la forme autant que Brid'Oison. Il y a la ten
dre Violette, la tante Marinette... Mais n'en
voi.'à-t-il pas assez?
L'arlequinade commence à l'ombre du til
leul du docteur Pandolphe. Le docteur avait
juré de passer tranquillement ses vacances à
la campagne avec Pedrolino, son laquais, et
Marinette, sa servante. La vieille Marinette
fait venir sa nièce Violette. La nièee.cles assiettes, et voilà Pandolphe troublé; Vio
lette- aima Pedrolino, Pedrolino est amou
reux comme... un Pierrot. Survient Léandre
la moustache en croc, qui demande la
main de Violette. L% sacripant sait déjà
qu'un oncle vient de mourir, laissant à
Violette.un grand bien. Violette dit que l'hé
ritage sera pour son Pierrot. La tante fait la
fière et veut donner un seigneur à sa
Kièce. On consul te; le /docteur, qui envoie
tout ce monde-là au diable, et, finalement,
se laisse attendrir au point de monter en
carriole avec Pierrot, Violette et la tante,
pour aller chercher la ? accession. Un doc
teur n'est point de trop dans ces affaires liti
gieuses; mais bonsoir les vacances! elles sont
flambées, mon cher Pandolphe !
Après ce premier acte, qui n'avait pas dé
plu, la salle s'est répandue comme une ava
lanche dans les couloirs, et nous avons eu le
spectacle de cinq ou six enthousiastes qui se
pâmaient déjà, accusant les autres specta
teurs de froideur, et disant qu'on ne com
prenait pas le chef-d'œuvre. On avait beau
répondre que le commencement de l'arlequi
nade était d'une gaîlé douce, que le Pierrot
Bressan était adorable de naturel, dena'i-^
veté, de sensibilité, de niaiserie, de pliysio-'
nomie, et qu'il dépassait tout ce qu'on pou
rrait espérer : qu'il n'y avait sans doute
jamais eu de Pierrot aussi accompli ; on
on avait beau reconnaître que cette nou
velle comédie italienne brillait à roup sûr
par la noble simplicité des pantomimes
ordinaires du théâtre des Funambules ,.
où, comme on sait, le genre s'est con
servé sans paroles; on avait beau avouer
, que'les paroles de Mme Sand étaient un pe
tit concert philos^phico-sentimental, un ar
lequin de style tel que Mme Sand est seule
capable d'en accommoder, à l'aide du pa
tois berrichon mélangé de fines sentences
d'arlequinade: que la Violette faisait à ravir
-une Claudie de Bergame, et Pedrolino un
Sylvain & longues manches, les enthousiastes
n'étaient pas encore contins. Ils nous ont
dit ; — voyez jusqu'oïl entraîne le laisser-
aller de cette comédie • italienne, à laquelle
très décidément Térence autrefois, et plus
récemment Molière, ont bien fait de substi
tuer la leur, — ils nous ont dit-que nous
avions de longues oreilles, et que nous étions
dignes de paître !
—Mais de paître dans lè Berry, ai-je, pour
ma^part, répondu fièrement!. J'aurais été
mouton enrubannéet au petittnusc,du temps
que les bergères portaient des jupons de
taffetas changeant; j'aurais volontiers la
clavelée, maintenant que les petites Fadettes'
savent-la guérir t
À ces mots, un peintre, incapable de maî
triser son émotion, s'écria que je n'entendais
rien à la couleur ! — On répliqua qu'il com
prenait peu de chose à la littérature. — Le
peintre terrassa ses interlocuteurs par cet ar
gument sans réplique :.que l'arlequinade était
du Watteau pur, ou tout au moins du Lan-
cret! .. ■ -
. La question se résumait donc en ceci : Ai
mez-vous • le Watteau ou ne ' l'aimez-vous
pas? c'est-à-dire : Quel est votre sentiment
sur la nature élégante? Barbares, sauvages
ingristes, ayez le cotirage de l'exprimer car
rément!
— 0. peintres, voilà parler en peintres !
Par nature élégante, entendez-vous quelque
chose qui soit réellement dans la nature, le
soleil, l'ombre, les grands bois et les eaux ?
alors,.vive le.glorieux Watteau! Mais que"
si vous nous offrez , sous prétexte d'élé
gance dans la nature, des arbres couleur
de fard, qui mettent des papillôttes et se
•font friser par des coilfeurs ; des étangs d'sau
de Cologne ; un soleil de poche et des om
bres au cosmétique, gardez-votre fantaisie,
gardez vôtre élégance, et.rendez-nous bien
vite la nature grossière ! Du moins ça sera
la nature que ses vrais amans trouveront en
core asséz parée desa nudité.— Une dernière
.observation, si vous le permettez, Messieurs
de la peinture : vous répondez à tout : Wat
teau pur! pur Watteau I (aussi-bien diriez-
VOUS : Tarte à la crème 1 tarte à la crème l ) jè
suppose qu'à votre prochaine exposition on
ap porte un vol ume d'Alfred de Musset et qu'on
le croche au mur. Devant le livre, tous les lit
térateurs de se pâmer : quel dessin, quel fini,
quel ton! oh Ma belle toile, oh! le tableau
exquis ! le reste du musée n'est rien.
Vous nous ririez au nez, sang doute.—On
vous'répondra effrontément : Musset pur,
pur Musset ! Cela mettra-t-il d.e la couleur
en place de l'encre, le pinceau en plaee delà
plume, un tableau en place d'un poème? Ne
confondez donc pas les arts, et n'oubliez pas
que leurs procédés diffèrent.
Au théâtre les décors, les costumes, les
groupes, lamise en scène peuvent bien former
tableau ; le côté plastique est intéressant; il
plaît à l'œil; mais c'est la pièce qui séduit
l'esprit et le cœur. Arlequinade ou sérénade,
comédie ou drame, fantaisie _ou réalité,
prose ou vers,peu importe ! intéfessez-noup,
passionnez la foule, amusez-la seulement,
si vous pouvez, et la besogne est faite. Ce
Boileau qu'on dit si rigide était cependant
de facile composition : Tous'les genres sont
bons, hors le genre ennuyeux ! Il ferait beau
voir que quelqu'un se îjiontrât^plus exigeant ,
que Boileau.
Que demandait-on à Mme Sand au second
acte des Vacances de Pandolphe ? Le rire ou
les pleurs,"à son gré; la curiosité, les sim
ples coups de pied de tradition, si elle l'eût
préféré ; à moins qu'enchérissant littérai
rement sur le genre — son talent le lui per
mettait, bien sûr,—elle n'eût continué Mari
vaux, et alors nousaurions la suite des Faus
ses confidences. Au lieu de cela, Mme Sànd
nous a donné... un Watteau. Les décorateurs
et les régisseurs n'ont jamais rien fait de
plus joli : Un grand tapis vert mi-partie
d'ombre et dé soleil, avec des fleurs rouges .
de sang, qui pointent ça et là; le bassin à
balustres près des quinconces; dans le-fond
l'immense parc qui ruit, et sur le devant les
personnages tout en soie chatoyante, élé-T
gamment groupés; on a même la guitare et
les divers accessoires du tableau.—Ajoutez à
cela du style, oui certes du style; de plus une
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