Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-03-02
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32747578p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 02 mars 1852 02 mars 1852
Description : 1852/03/02 (Numéro 62). 1852/03/02 (Numéro 62).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
JVUMÉR0€2.
fSÉJIiEAtJ : : rue de Vaiols ($*«tlal&>I|oyal),
1852. - MARDI 2 MARS*
„- PRI* DE t'ABOKÎfEfWENT
PABIS 13 P. PAR TRIMESTRE;
DÉPARTEMENT 16 F. — ~
UN NUMÉHO : 20 -CENTIMES.
TOOK LB8 PAY? «TRAÎTCBB», se repÔTteî
au tableau qui sera publié dans le journal,
les 10 et 13 de chaque unis. .
ia .abonneméns dalent des i™ ei lf
1 de chaque mots. -,
fàdretser, franco^ pour la réduction, d Mi B oniface^
Les jrticles déposés ne s
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
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1 0» l'ab?r.ne, dans les dèpmiemns, aux Messageries et aux Direction* dè poste'.-^A Londres, chez MM Cowis et Fiisî! S'adresser, franco; pour-l'administration, A JJ. Dixïw directeur.
• 4 ^Â'Strasbôurgichei M. AUKU'MOBS, ■pâurlfAIlema'mé, ■ „ - ILes annonces sont régnes au bureau du journal; et chez M, fANIS, régisseur, io, place de là botiri*
PARIS,,,!" MARS,
ÈU3CTHWS. DË.L.% SEWK
' " l' ,c CIRCONSCRIPTION.
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ffèTracy,.' ,5,579
' Dupont (de l'Eure) 3,044
2 e cnftOSSC ^IPTlON.
MM. Dkvinck , 0 . 12,189
Ternaux," 4,'871, '
. Lamoricière, 2,343,
- 3* ClBCOjNSCRIPTION. ;
MM". C ÀVAIGNAC , ' ; • 14,468
» Dupérierj 12,,987 4 . ■
4 e emcoNscRiPTioN.' ' / :
MM.,C arnpt ,' - 14,744
Mo.reàïi, 13,511
> Dubâil, 1,139 " .
- 5« CIKCONSCRI^TION.
MM. P erret, .
• x ■ ; Goudcbaux, 12,087
' Môreau, 194
1 6' C irconscription.
&1M. FptXHÉrAEPfXfcETIER,
- Bixio, 8,630
De Montebello, 2,727 .. v
: 7* CIRCONSCRIPTION.
MM. L akouetin , ■ 14,386.
. -, EugèneÎ5ue,. 7,'498^ -
" : g. CIRCONSCRIPTION.
■ , Arrondissement de Saint- Denis\
MM. JiflENIGSWARTER, . - 15,458,
de Lasteyrie, 5,346 ~
Méchin,; 1,186 -
9" CIRCONSCRIPTION. ' ;
'■ : ' . ' *-i. î '5' -, • " ' : 1 <,
Arrondissement de Sceaux.
Votans n
s Majorité
N MM. VÉROM,
' " Garnon,
. -. De Lasteyrie,.....
Aucun candidat dàBS lés 4 e et 5 e circons
cription ne paraît avoir obtenu la majorité
nécessaire pour être élu v . .\
Toutefois, ces résultats; ne pourront être
considérés comme certains qu'après le re
censement qui aura Ïïéu demaia sur pièces^
,autlienliques.
Il suffit qu'une légère erreur ait été com
mue dans le calcul des bulletins blancs, pour
assurer à M. Perret la majorité nécessaire.
13-, 474-
15,â60
• 25,894; ,
12,948
21,371
603 .
56
' ; Sur neuf députés que le département'de
la Seine avait" à nommer, sept au moins ont
été élus, au premier lour de scrutin.
> MM, GUÏARD-DELAtAIN j ^
D evinck , ; • ;
C avaign'ac, • •
F okceê -L epelletier, '*
LANQVETI>', ■
" KOENIOSWARTER, s
' ••. 'YÉRON. • . .... ...
>11" n'est pas encore certain que M. Pçrret
ne soit pas élu.- Quant à l'élection de la 4 e
circonscription, elle sera à recommencer
dans.quinze jours/ ni M. "Moreau, ni M, Car-
iiot n'ayant obtenu* le. nombre de suffrages
nécessaire^pour valider l'élection.
- ÉLECTIONS DJiS DÉPARTEMEKS.
: , cher;
■: B ourses .-—Votans.: 3,065; M.. Duranti,
candidat du gouvernement, 2,73t..
considérée comme certaine dans la 1" ët là
v2 e circonscription. M. L. Basile- n'a pas de
concurrent dans .la 3 e circonscription.
.. B lois .—2,500 votaris : M. Clary, candidat
du gouvernement, 2,150 voix.
* ' V- ? * " N * " • C »
v *' • • IîîDBE. '
C îiateaukoux . -- Votans : 2,002 ; M. de
Bryas, Arididat du gouvernement, i;7o8";
divers, 244. <■.... ' !
; , - ' NIEVRE. • N ~-
N e-vers . — Votans : 4,261; M, Petiet, can
didat du gouvernement, 3,389; M. Dufaut,
872. ' ■ , ■ . * • . - ■'
• \ NORD. ,.
- L il L e . —9,055 votans : M. Ilicliebé, candi
dat du gouvernement, 3,1.79 ; M. Legrand,
'candidat de la gauche, 3^42 ; M. Kolb-Be*-
nard, c/indidat légitimiste, 2037. . •
V alenciennes . —^ M. Lemaire, candidat du
gouvernement, 20,79# voix ; M. Gucheval-
Clarigny, 2,743. •
pae-de-calais..
C alais . — Votans : 3,470. M> d'tiéram-
bajill, candidat du gouvernement-, 3,290, di
vers, 180, — G uines , même arrondissement,
votans : 2,031; -d'Hérambault, 2,001; divers,
30,' " ' : .■ ■ ■
■?. SEINE- INFÊRIEIFBE.
R ouen . M. Levavasseur , candidat du
gouvernement, est élu. • - - ■■■' *• *
' ' ; VIENRE. '
P oitiers . — M. Bôurlon, candidat du gou
vernement, 5,100. ^ ~ " v
cote-d'or.
D uon . — L'élection vernement, MM. rVernjer et Ouvrard, est
On annonce que le Moniteur de demain
contiendra un important décret relatif aux
fonctions de la magistrature. : ,
• D'après les "nouvellçs , -disi)osi lions que ce
Hécret inaugure , , les magistral âgés de
soixante-dix ans seraient de plein droit ad-,
mis à ^aire valoir leurs droits à la retraite ;-
toutefois, pour les magistrats de la haute ma-.
giskature,- la limite d'àgo serait- fixée à
soixante-qu ji'ze ans. ^
Ce décret règle aussi,-à cô qu'on nous as
sure, les matières disciplinaire. 0 . Jusqu'à ce
jours les poursuites disciplinaires exercées
contre les magistrats assis ne pouvaienl pas
porter atteinte au principe de rinamovibi--
lité. Dorénavant, la cour de cassation, sur les
réquisitions du procuieur-général,. pourrait
prononcer, dans certains tfas déterminés et
très graves, contre le magistral inculpé, Ja
déchéance de ses fonctions ,- rtjesure qui per-
mèttrait:dè'pourvoir' immédi&temerit à son
remplacement. '- > » .
Un décret; clu 25 février, que nous avons
publié dans'nos colonne^ a rétabli-le travail
dans les prisons, et a confié à l'administra
tion Je soin de le réorganiser èur-lerchanip.
Cette uCle mesure,qui a été prise paï'Lôuis-
Napoléon sur l'initiative intelligente de M. le
ministre de l'intérieur,.varecevoir immédin-
temerit son exécution. Les produits du tra
vail des détenus, conformément aux inten
tions exprimées dans le décret, seront, é'n'
grande partie employés pour les besoins
de la consommation, soit dans les établisse-
meiis pénitenciers eux-rbêmcs, soit-dans les
administrations publiques. On évitera' de
cette façon toute concurrence de cette in-
dustriç spéciale avec l'industrie ordinai
re. Mais comme il faut avant tout que
les condamnés'soient occupés, ceux qui 7
ne seront pas employés dans l'intérêt dès
administrations publiques, devront l'être
à des travaux d'industries privées , d'à*-
près dis règlements arrêtés'par le ministre
de l'intérieur. Une amélioration notable
pourra même être introduite "dans le régime
d'un certain nombre de détenus dignes de la
bienveillance de l'autorité par leur bonne
conduite et par leur aptitude comme ou
vriers. Le ministre de l'intérieur a lot faculté
de les ( mployer à des travaux, utiles à l'Etal,
en dehors de leurs prisons. .Cet emploi des
condamnés à des .travaux extérieurs peut
■ être fécond en bons résultais. C'est aiési qu'en
■ Algérie,'à l'aide des condamnés militaires,!
on a pu entreprendre et àcbever,_des^ô-ûvra-,
ges importans^târ Ôâlës^'bras 'manquaient.
.C'est par ce procédé qu'à Rome, par.exem
ple, le Colysée a été -déblayé et étayé, Et que
la basilique dé Saint-Paul a été en .partie re
construite. Il va sari^ dire que ces disposi
tions du décret ne seront appliquées par l'ad-
ininisfrationque d.ansl^ casoù il n'en devrait
résulter aucun préjudice; pour des popula
tions' libres et honnêtes des travailleurs,
dont les intérêls excitent ajuste titre toutes
les sympathies et .toutes la. sollicitude du
gouvernement de Loui^-Napoléoiî.
-.Quoi qu'il en soit, le;décrèt de Louis-Na
poléon aura;;aux veux «de.tout le monde, le-
mérite d'avoir" fait cesser un état de choses
déplorable qui, depuis près'de quatre ans, à
jeté la désorganisation dans les établisse-
mens pénitenciers. ,Le 24 pfars-1848, d'un
trait dft nplume, le gouvernement provi
soire avait- suspendu le travail des pri
sons! Il agissait alofs sous la pression de .cet
te écolq, déclamatoire et vaine qui avait in
venté la pompeuse mystification du droit
au travail,et qui se donnait toute carrière dans
les ensei^nemens du Luxembourg et dans les
prédications des clubs.On alléguai t alors que le-
travail des prison s était un attentat contre les;
prérogatives des ouvriers, etil suffisait décon-
sulter une sfStistique pour reconnaître l'in--
signifiance .de cette production qui se perd
dans la masse énorme, dès produits du tra- '
vail libre. L'application du décret du 24
mar§ produisit des effets désastreux. La
suspension des travaux parmi les détenus,
en les condamnant à une oisiveté affligeante,"
causa une perturbation générale dans les
prisons. Le travail moralise et purifie; |1 est,
en outre, tfh moyen efficace de discipline.
L'esprit d'insubordination fit des progrès èf-
frâyans, en même temps que cette popula-,
tion dangereuse, déjà- si pervertie, se per
vertissait encore davantage. x ■
Des réçlarhations universelles.'s'élevèrent, '
On comprit' la nécessité, de-révenir sur une
mesure, irréfléchique l'expérience avait
condamnée d'une mauière si éclatante. La loi -
du 9 janvier 1849 posa en principe le réta
blissement du travail, dans les prisons. Mais
l»ilégislation nouvelle, iîdèle aux traditions
parlementaires, entoura radminisirationd'urt :
réseau de conditions inexécutables. Aussf,
au grand dommage çle lâjnoralité et de la
discipline parmi les détenus, un^rand nom
bre'd'en'r'éùx sont encore livrés aux irifluen-
ces funestes de l'oisiveté. Comme ]e dit avec
raison le décret du 25 février 1852, cette si- .
tuation blesse la-morale et la loi. Le Gode -
pénal, en effet, veut que les condamnés
soient occupés. • iienry cmjvvin. ' .
' Le Moniteur publie, sur le^^décret relatif au
.crédit foncier, une note que nous nous em
pressons de reproduire. . -
' crédit foncier. ~
Ji, s institutions de crédit foncier étant presque,
inconnues en~Fran.ce, il nous parait essentiel de
donner sur leur mccànisftie et sur leurs cfl'ets
quelques explications qui feront mieux apprécier .
les immenses avantages du décret publié par le
Moniteur Au ?8.de ce.mois .'V. ^
Une enquête bu-yerte'ad conseil d'Etat,en 18S0, •
a prouvé que l'intérêt des prêts hypothécaires est,
en moyenne, au moins de 8 0/0 par an, y. compris .
les frais d'enregistrement,.honoraires, expédition,
inscriptiQn, renouvellement, quittance,, radiation.
Les renséignèrocns recueillis auprès des conseils
généraux ont donné le môme résultat. , „ ' •
La dette hypothécaire inscrite est d'environ 14
milliards. En déduisant les hypothèques éteintes,"
conditionnelles,. légales, judiciaires, il reste plus
de 8 milliard*, qui portent un intérêt de 640 mil
lions. N , ■ ' . * ■ ■■ : ■■
-11 est à remarquer que le capital'de la dette
s'accroît, année moyenne, (Je 600 million?, c'est-
à-dire d'une somme, presque équivalente a'j mon
tant de l'intcrèt."
Un pareitétat de choses, qui menaçait ia for- '
tu ne imitiobilière de la France, appelait un
prompt remède. . ' - , .
Voyons maintenant quels seront les clTels des
inslitutmnà créées par le Président de la Républi
que, et qui fonctionnent.avec tant de succès en '
Allemagne depuis prèsil'un siècle. .
Les sociétés de crédit foncier, à i'aide des privi-'
léges qui leur sont attribués par le décret," offri
ront toute sécurité aux capitalistes. .
t ; i 9 . Ces sociétés ne pourront émettre des obliga-
- ^»»à t wU'lett«K.de. gageque j uajji-'à coBCurrce^îjLtes
.'prêts qu'elles-auront consentis. La stricte exécu
tion de cette clause est assurée par l'intervention
' du notaire, qui, dépositaire d« l'acte de prèt,T>cut
feul viser ces lettres de gage. Cet officier "public
.encourrait une.grave responsabilité s'il visait des
obligations qui excéderaient !# .montant du prêt. .
2' Ces sociétés ne, sontexposées à aucune perte.
Les sommes qu'elles prêtent sojii garanties par
une première hypothèque sur un immeuble d'une
- valeur au .moins double. Elles ne font de paremeils
qu'après, avoir purgé les Hypothèques légales, res-
; "cisoiros et résolutoires. Elles n'ont donc à crain-
! dreauciine éviction,'
; 3" En cas de--retard dans l'acquittement des an
i nuit.'s souscrites à leur profit, elles ont le droit de
séquestrer immédiatement l'immeuble hypothéqué
: et même de' le vendre, avec-des formalités rapides
et peu coûteuses. ■
Ouel sera le débilèur qui se laissera exproprier
pour ne point se libérer exactement chaque année
d'une portion de defte à peine égale au revenu sa propriété? ■■■■'■ • • ; v
Si l'on' ajouté à toutes ces causes de sécurité
cflle-qui résulte du concours de l'Etat et des dé-
! partemens; si l'on considère la facilité de placer et
,;ae négocier les lettres de gage qui, pouvant,'être
? fractionne es én sommes de. cent francs? recueille
ront, les épargnes,même "des petites fortunes; il est
permis d?espcrer que ces sociétés trouveront aisé-
; ment des capitaux â un intérêt de 4 i j 2 p. 0/0 au
plus.- .. / .
Cela posé, examinons quelles seront les charges
qu'auront â supporter les emprunteurs :
Intérêt de l'argent.- ; 4 1/2 0/0
Frais de (dernier établissement et
d'administration . ..... . .
•Amortissement .'- . .
1.
il- 2.0/0
0/0
' Total . -. .- 6 0/0
. Supposons un propriétaire qui, ayant un immeu
ble d'g ne Valeur de 100,000 fr.„ a emprunté sur
Hypothèque 50,000 fr.
11 paie en ce moment l'intérêt, frais compris, à
8 0/0, ou soit 4,000 £r. ;
Il est, en outre," menacé, à l'échéance . de sa
.dette, d'une, expropriation forcée, qui toujours-
amèpe sa ruine. • ,
Que ce propriétaire s'adresse à une société, de
crédit .foncier, il recevra les 50,000 fr., et n'aura
plus à payer que 3,000 fr. par an, sans jamais .être,
tenu de.xembourser le capital, qui sera éteint après
quarante £ns.
•Nous avons dit que la dette hypothécaire de la
France est de 8 milliards, et l'intérêt annuel de
640-millions.
Le crédit foncier éteindra la dette après qua
rante ans, et diminuera l'iutérêt de 2 0/0, ou soit
de 160 millions. - : ■ .* ' " v
4 Cette dernière sommé-équivaut^à.près dès trois
cinquièmes de la .contribution ïoncièrc, qui est de
280millions. N ■ ,
Si tout à eoup un décret du Président de la Ré
publique apprenait à la France que la contribution
' foncière est diminuée de plus de.moitié, avec quels
transports d'allégresse un pareil décret ne serait-
il pas accueilli! Le même résultat sera obtenu par
les.iiistitutions de crédit foncier îJès quelles se--
ront pr^anis:es dans tous, les département. . *
- Qui aurait en vain attendu long-Wmps cet im
mense .bienfait,, sans l'activitCprodigieuse impri.- ■
" méé-"aup">uvoir législatif depuis l'acte du 2 décem
bre» En effet, dans la pensée de l'Assemblée natio- 1
. nale, le crédit foncier ne pouvait être décrété qu'a-,
près la réforme hypothécaire; et combien 'de diffi
cultés cette réforme n'éprouvait-ellc pas encore,
quoique les jurisconsultes les plus êminens eussent
consacré plus de cieùx ans ï l'étude de ce projet !
Ces difficultés ont été aplanies avec^un rare
bonheur par le'décret du 28 de ce mois, qui; in
troduisant des innovâtioas profondes dans le sys
tème hypothécaire et dans les "formalités de l'ex
propriation forcée, en-restrii»t.Papjîlication aux
actes faits pal'les sociétés de crédit foncier, et laisse
conséquemment subsister, quant au droit com-
•niun, toutes less dispositions de nos. codes ; de
- telle sorte que, si la pratique prouve que le
nouveau système peut fonctionner sans de graves
inconvénient, on pourra l'étendre plus tard à<
toute la-législation. Si, au-Contraire, l'expérience
■ démontre 511e ces innovations ne garantissent pas
suffisamment l'intérêt des propriétaires et des in r
capables, l'épreuve aura été faite sans danger, et
_des modifications nouvelles pourront obvier aux
"i'nconYénicns qui se seront révélés. .
. Faisans donc un appel aux capitalistes qui se
préoccupent des intérêts généraux de leur pays-.
Nous ne doutons point Qu'ils ne prêtent leur- con
cours aux sociétés de crédit foncier, qui', sdns dou
te; ne tarderont point à s'établir dans toute la
France.. - {Afoni'eur.)
f|n sait que notre commerce d'exportation
a pris un grand développement dans ces deux
dernières années. Nous trouvons, dtfns un
rapport présenté récemment au cercle de la
librairie," des chiffres qui constatent 1© dé
bouché' de plus en plus considérable que
nos livres trouvent à l'étranger. Ainsi nos
exportations de livres, gravures et litho
graphies, en'1850, se sont élevées à 12,631
quintaux, représentant une valeur de près
de li~ millions, chiffre qu'elles;n'avaient
jamais atteint à aucune époque. Ajoutons
que l'année1851; ^'.encore ;étç signalée par
de -nouveaux progrès. Nous -voyons", çn éffet, 1
d'après les tableaux dé douané publiés il y,ë
peu de joursV que ces exportations sont
.montées, pendant cette dernière année, à
14,097 quintaux. Ce n'est pas là une bran
che dé commerce, qui se résume uniquement
en profits industriels. Tous ceg livreSj en
propageant notre langue, notTe littératnre
-et nos arts, contribuent à-accroître l'in
fluence de la France-à l'étranger.
^ Les progrès que nous venons de, constater
sont d'autant plus remarquables, que notre
librairie rencontre-sur les marchés extérieurs
la concurrence $'une industrie illicite, de la
contrefaçon. Mais heureusement les nations
commencent à s'entendre pour'faire passer
la reconnaissance de la propriété littéraité et
artistique dans le droit des gens. La France,
a pris, comme il lui appartenait, l'initiativë
de cette glorieuse croisade en faveur de là
[ropriété intellectuelle, et les conventions
déjà conclues aveç les autres pays permet
tent de croire que la propriété des ouvrages,
d'art et d'esprit sera bientôt reconnue et pro
tégée parmi tous les 'peuples civilisés.
- Les traités passés en 18Ï3 # et 1846 àvec la
Sardaigne, ont été. renouvelés en 1850, et
L'on y a introduit de nouvelles dispositions
qur ont pour objet d'assùrer plus sérieuse
ment la prohibition des importations dé
contrefaçons étrangères dansées deux pays,
comme aussi de donner plus d'efficacité aux
garanties stipulées de part et d'autre.- Une
convention aété conclue avecle;Portugal l'an
née. dernière, et elle a, sur le traité,sarde;, l'a-'
vantagede renfermer des moyens d'erécution
encore plus certains, en assimilant l'intro
duction des contrefaçons à l'a contrebande et
en la'piinissant des mênies p'eines. Les négo-
ciations tentées avec les États d'Allemagne,,
après être restées long-temps infructueuses,
ont- obtenu un premier succès ; un-traité a
été signé aveç le Hanovre, et,-comme ce
royaume va ^entrer dans le Zollverein, le
concours qu'il nous a prêté peut détermi
ner prochainement l l'adhésion des autres,
goûvernemens gennaçiques. Enfin l'Angle
terre', qui avait d'abord.opposé une assez vive
résistance à la conclusion d'un traité litté
raire avec la'France, vient, après deux anà
de négociation, de-signé? des conventions
qui exerceront .une .influence favorable sur
l'es relations commerciales 1 de la librairie
française àvec l'antre côté du détroit. Ajou
tons que "des négociations se suivent avec
l'Espagne et la Iîollande et qu'elles sont'sur
Je point d'aboutir. "
Reste l'eimemMe plus redoutable de notre
Industrie, la Belgique, qui répand ses pro
duits falsifiés sur- tous les points du globe, et
jusque dans l'intérieur même de la France.
La contrefaçon belge est gravement'atteinte;
tous ces ; traités conclus ou, en négociation
lui opposeront des obstacles dans ses rela
tions avec l'extérieur ; des marchés im-
portanè Vont lui être-fermés. Si l'on con
sidère maintenant que,.même à l'époque
où v tous les pays leur étaient ouverts, les
maisons qui sont à la tête de cette déplora
ble industrie n'ont jamais fait que de'mau
vaises affairés, peut-être la .Belgique, sera-1-
elle amenée plus facilement à cesser de pro
téger des entreprises basées uniquement sur'
Wa spoliation du travail d'autrui.. ■ ,
Quoi qu'il en soit, on voit tout ee que le
gouvernement de Louis-Napoléon â déjà fait
pour obtenir la -reconnaissance et la cbnsé-.
cration de la, propriété intellectuelle. Bien
tôt,, nous l'espérons, le principe que nous
avons posé sera universellement proclamé
comme étant de droit international,' et ce
sera uirnouvel honneur pour la France que
d'avoir consommé cette union générale de
tous les. peuples 'civilisés contre la- pirate
rie littéraire. • , j. bcrat.
Les déclarations les plus pacifiques nous
arrivent- 3e- tous côtés. On a lu hier le diSr
- cours dù, comte de Derby , ôn connaît le
vote par lequel la chambré des représentant
de Belgique, à là majorité' dc^if -voix contre
7, a déclaré en.comité,secret, qu'en présence
des explications rassurantes fournies par le
gouvernement, elle passait à l'ordre du jour.
Aujourd'hui l'Indépendance nous apporte-
quelques détails sur ce- comité secret.- Nous
croyonç devoir les reproduire . .
« On fait ..circuler dans lô public-et quelques
journaux répètent des détails inexacts,- eh partie.
tout ou moins, sur ce qui se serait passé dans le
comité secret tenu par la.chambre jeudi dernien
Puisqu'on a trouvé bon de soulever le voile que la
chambre; avait voulu jeter, ce jour là, sur sa délk "
beration, nous dirons^ nous aussi, ce que nous
avoi)s_appris sur cette séance, en ajoutant que nous
croyons pouvoir garantir la complété exactitude dé
nos renstignemens. .. . <
» Et nous commencerons par répondre-à ce qui
a4te prétendû de la -yivaciié-du débat, que tout
s est passé, au contraire, avea un calme: parfait,
sans irritation, sans péripéties, sans révélations,
alarmantes, tint s'en faut ! C'est au point qu'il .est '
aregretter que la chambre, se. soit formée en comité .
secret, car il',ne s'est-rien dit, dans cette'séance; 1
qui ne pût être proclamé tout haut. Le pays eut
même beaucoup, gagné à£c que ce fût dit de cette!,
f^çon-làjjes expliçation? fournies par le cabinet
ayant mis à-néant toutes les" rumeurs que l'on s'esf
plu à faire circuler. - : - r ,
» Ce sont ces rumeurs, on ne l'ignore pas, qui
avaient engagé M. Osy à faire des interpellations"
sur la situation politique, financière . et militaire
du pays. On se plaisait à parler de préparatifs im-
portans faits par le gouvernemçnt,, sans la: partici
pation deS chambres; on entassait les milliohs;
on déclarait la situation financière compromise.par
les dépenses-décrétées, Il était bon que toutes ces-
^ exagérations fussent réduites à leur juste valeur,
et, nous .le répétons, si l'on pouvait éprouver un
regret, cç serait que la réfutation n'ait pas eu lieu
en séance publique./ ■
» Ces préparatifs, dont on fait tant de bruit, se-
bornent en effet, à se-rapprocher le ;plus possible
d une situation normale. On citait notamment les, T
travaux'entrepris-à Anvers ; il semblait qu'on al
lait elûrer des fortifications nouvelles^ qu 'il s'agis 2 - '
sait de mesures entraînant des dépenses considé- >
rables. ISous avons déjà eu l'occasion de dire ce quî-
en était §ur ce point. Ces travaux présentés comme '
exceptionnels, comme extraordinaires, ont été arrêtés
en principe dès 4835; ils furent décrétés, en quelque
sorte, en 1847; nous avons rappelç lesincidens po
litiques qui o^t empêchéàcettc époqueet depuis fors/
leur exécution, et fait connaître comment on a eu-,
lin mis la main â l'œuvre, la gi'ande commission
chargée actuellement d'étudier toutes les questions
qui se rattachent à notre établissement - militaire,
ayant reconnu à son tour, à l'unanimité, avantîtj
mais de décembre - dernier, l'urgence de ces tra
vaux. :' 1 . }
» Ils sant, du reste, d'un ordre secondaire; ils
cori^j-tctit dans quelques ouvrages avancés, néces-
Saires .sans doute pour compléter- le système de
défense {le noire principale forteresse, mais qui
sont loin de pouvoir mériter le titre ambitieux de '
fortifications, et plus loin encore d'exiger les dé- ,
penses auxquelles les alarmistes se sont empréssé&
de les évaluer. - . i
.-» % peut, par l'çxagération des bçuits relatifs
a ces travaux, juger de la valeur de ceux^ui^Bî--
rapporteut' aux autres " préparatifs extraordinaires
prétendument faits par lë gouvernement.
» Un mot, du reste, suffit pour.faire justice de
ces évaluations de dépenses extraordinaires, aux
quelles se livrent les propagateurs de bruits âlarf
mans. Toutes les dépenses nécessitées par ces pré-
paratifs milifaires, que l'on enfle avec tant dé •
complaisance, porteront à peine le budget de la,
guerre à la somme à laqueJle.il s'élevait il y. a huit '
ou dix ans. Voilà ce qui résulte clairement des éx- .
plications fournies par le gouvernement, daps la •'
séance secrète au sujet de laquelle pn bâtit des
commentaires erronés. * - < , .
» Et pour ne laisser de prétexfe â aucune crain
te, pour rassurer Ceux qui pourraient croire que et s
dépenses extraordinaires;-même rpnfermées dans
les limites que nous vepons.tl'indiquer, seraient de :•
nature, sinon àcomprouieUfe, tout au moins à al
térer la situation générale de'nos x finances,-le chtf .
4e ce département, lîhpnoràble Frère, s'est em-T
pressé'de déclarer que cette situation n'en serait pas-
le moios du monde affectée. Il y aeu dansjes recettes •
quelques èxcédans sur lesquels on ne comptait
pas ; certains articles du budget des-voies <.t-
moyens ont dépassé les prévisions ; certains im-,
pots ont . produit plus qu'on ne l'espérait. Ces
ressources inattendues, jointes à la renttée de
1,800,000 fr. opérée.pa'c„,.suite du gain (ju procès ;
peiklant.entre le gouvernement _ct la Société gé-
nérale, rëlativemerit'aux intérêts ■ de l'encaisse, v
seront suffisantes pour faire face aux dépenses
néecs'sitécs par les .quelques mesures militaires
oue - le gouvernement a cru " devoir prendra
dans ces derniers temp». La situation fiuan*
cière reste', donc telle que les chambres, d'ac
cord avec le gouvernement, ont voulu l'établir, paç
l'adoption des projets qui ont marqué la fin delà ■
dernièfe session et le commencement de celle-ci ;
'c'est dire que cétte situation reste complètement "
satisfaisante, et n'est altérée en-rien par.ee- qu'il ,
plàît à'quelques alarmistes plus "ou m'oins sincères
d'appeler les grands préparatifs du cabinet.
» Tout ce que nous venons d'exposer là,- répé
tons-le, est le'résume des explications fournies,
FEUILLETON DCCONSTITtTIOMÈL, 2 MARS.
REVUE MUSICALE.
T hkatrje -I tal I en l'ilaliana in Algeri' — O péra-
N ational : la Poupée de Nuremberg, opéra-bouf
fon en .un acte, paroles de'MM. de Leuyen #t de
Beauplaji, musique 'd'Adolphe Adam-. — tes Fian
çailles r/es Roses , op^ra-fantastique en deux act-és,
paroles^de.M.. Deslys, musiquo de M. dé Ville-
- blanche — exercices des élèves du conserva
toire. — concerts. . v .
Le Théâtre-Italien attendait apparemment
"ïafindu carnaval pùur essuyer ses.larmeseï
se donner un peu de bon tepips. Tant que
les . jours de fete et de liesse out duré, la
salle "Ventadour a étç. plongée dans une mé
lancolie la plus sombre, du monde ; ce n'é
taient que gémissemens, que sanglots, guédé-
^espoir et cris de détresse; vousn'aviez le choix
qu entre le cachot de Fidelio ou le pistolet fu
mant de Chevreuse, ou le tam-tam funèbre
de Norma, ou le cor homicide d llernani. À
voir ce pauvre théâtre, si joyeux autrefois
•qu'on l'avait surnommé le Bouffe par excel
lence, aie voir se désoler ainsi'et se tordre,
on était tenté souvent de lui adresser le mol
de Lisette à Sganarelle : «Monsieur,ne pleuv
rez donc point comme cela, car vous me fe
riez rire. » v .
"" Mais Voilà le jour des Cend'res qui arrive,
ët aussitôt l'affiche du Théâtre-Italien aiir
énonce l'/taliana iii Algeri, ce .merveilleux
pendant du Turco in. Iïalia, où le maître des
maîtres a jeté à profusion tout son esprit, sa
galté, son ironie, sa verve. étincelante. Qh !
la ravissante musique, ei comme elle a été 'a
bien venuel Ori a voulu entendre deùx fois
le duo de Mustapha et de Lihdoro, et certes;
ce duo chanmnt n'a^arnais été dit avec plus
de \ivaciléit-d'eatrain. Belletti 'tout ce qu'il
faut pour bien chanter Jejôle de Mustapha :1a
ligure grave et qui ne se déride, pas au miliéu
des plus incroyables bouffonneries, la voix
souple et agile, une grande justesse d'intona
tion, une extrême volubilité de paroles. Câl-
zolari a déployé beaucoup -de fraîcheur, de
grâce et d'expression. Dii plus, les deux ar
tistes semblent fort bien, s^çntendre, et leurs
voix se xnarientdélirieusement. Aussi ont-ils
réussi d'emblée.et au delà.de -tout ce. qu'on
pouvait leur souhaiter.
Mlle d'Angri à" débuté, il y a trois ans,
sous la direction- dé Roncôni. Elle joTia d'a
bord le jôlo-de Romeo dans les CapuleU, et
pour second ouvrage l 'llaliana. Elle y laissa
ae bons souvenirs, et le public lui tt prouvé
qu'il n'est pas oublieux, ën la saluant, des'
qu'elle a pa'ru^ d'applaudissemens sympathi
ques. Cependant ces marques de fayeur,
loiri .de rassurer la cantatrice, ont paru l'é
mouvoir. Il y aeu de l'hésitation et du trou
ble dans son premier morceau. Il est à rer
gretter aussi qu'elle ait préféré, l'air de
Zdmira à celui de la partition! Il y a trois
ans, Mlle d'Angrf avait commis la même fau
te; mais comme elle avait chanté trois.ou
quatre fois de suite, et qu'elle r avait eule
temps de maîtriser sa peur, tout "s,e passa
le-mieux du monde, et on ne sbngea pas
à- lui reprocher ce petit caprice. Au se
cond acte, Mlle d'Angri a pris sa. revanche.
Ce n'était .déjà plus la même femme. Elle a
fçrt bien dit l'air final : Pensa alla patrio, et,
ctjtte fois, les bravos qu'ellè a obtenus n'é
taient point dé pure courtoisie.
Ferrant! est très plaisant sous la casquette
verte du bonhomme Taddeo. ' Ce que Rôn-
coni avait fait de ce personnagè'gro tesque,
aucun de ceux qui l'ont vu ne l'a sans dour !
te oublié. Son accoutrement, sa perruque,-
ses lazzis, ses bouffonneries- ds toute sorte
atteignaient l'extrême limite de la folie et de
1'extravagan.ee. Ferranti-n'a pas-voaî.u tester
au-dessous de ce grand modelé. Il ne l'a pas
QUtré,. la chose est impossible, mais il -l'a
décalqué avec un rare bonheur. Ce qu'il y a '
de plus curieux danS 1 tout, ceci, c'est que
Ferranti n'était pas à Paris lorsque Roneoni
jouait le rôle, qu'il n'a pu le copier d'aucune
façon, et cependant la ressemblance est frap-*
pante. ,
Le trio de Pappataci, ce chef-d'œuvre de
verve comique et d'adorable fantaisie, et le
grand finale du premier acte, ont soulevé
comme toujours des applaudissemens fréné
tiques. Il ne faut point gâter", par une froide
analyse, cette page admirable où. le, plus
charmant génie des temps modernes a "versé
avec une prodigalité inouïeles trésors de son"
imagination et les richesses de sa palette.
Comme cela est fait simplement, avec peu de
traits, d'une touche à la fois magistrale et légè
re! Ilyaunmoment, dansla îft-e//a,oùRossini.
paraît vouloir se moquer des chanteurs; du
public etde lui-mêtae. Chaque prtiste imite,
en raillant, un. son divers, celui-ci le tinte
ment d'une clochette, celui-là le bruit du
tambqjir ou de la grosse ' caisse, un autre le
basson et la trompette. Les voix et l'orclips- .-
tre sq défient, se croisent, s'entrechoquent,
se poursuivent, : se rencontrent par mille
détours gracieux, par mille sentiers fleuris*
pour se réunir enfin et se fondre dans un
merveilleux ensemble. L'exécution de çc finale
a été irréprochable,, et jusqu'aux seconds rô
les n J ont donné la moindre prise à la criti
que. Quelle est cette belle jeune femme à qui
le costume grec sied à ravir? 0» m'a dit que
c'était Mme Amigo. Je n'en crois rien ; c'est
plutôt sà fille. Elle est charmante, en vérité,
et il faut que l'administration en soit bien
jalouse-pour nous la montrer si rarement.
Mile Amigo est fort modeste. Elle ne prétend
pas aux-premiers rôles, et dans ceux qu'elle
accepte elle s'est toujours montrée"-rçmplie
de z«fvde^50nveita»ee.el de déveùment On
a eu' 1 toft de la mettre à la retraite. Je de
mande que son nom soit rétabli dans lé cadre
d'activité.. "
J— Mais tandis que le Théâtre-Italien se
laissait surprendre par lè carême avant,d'a
voir monté sa pièce bouffe, un autre théâtre,
plus actif, plus remuant, plus alerte, met-"
tait le feu aux quatre coins de Paris pour
donner la sienne en carnaval. C'était le seul
souci, la seule pensée, l'unique vœu, l'idée
fixe de ce pauvre M. Sévêste ! Jouer sa Pou
pée de Nuremberg et puis... la fin du mondeI
Hélas ! on l'a jôuéç, cette Poupée , au jour dit.
et au milieu des applaudissemens les plus
- vifs et des-plus joyeux éclats de rire; mais,
par une fatalité déplorable, le, seul qui n'ait
pu "assister à cette représentation du samedi-
gràfe; c'est le malheureux directeur 1
M; Ad. Adam nous a raconté lui-même
avec infiniment de verve et d'esprit, com
ment cette poupée jest venue au monde , et
par querconcours de circonstances- bizarres-
il a été porté à improviser-cette musique.
M. Adam était au lit, fort souffrant d'un
rhumatisme aiçu et d'un accès dô fièvre. II.
entend gratter a sa porte.
— Qui est làV faifM. Adam. '
— M. Séveste-, dit une voix du dehors.
M.' Adam , toujours poli, même envers
I.es directeurs, .qui ne le sont guère, à ce qu'il
.paraît, lorsqu'on va leur proposer des piè
ces, fait entrer M. Séveste. Notez .bien ceci :
"M. Séveste se portait à merveille, et sa santé
florissante, ses belles couleurs-, son- air de
prospérité et de contentement devaient ins
pirer au malade une secrèlo envie, un lé^er
mouvement de dépit. Dieu me gardé d'éle
ver le moindre doute .sur les sentimens que
le célèbre compositeur a dû éprouver pendant
celte malencontreuse -visite* et dontil nes'est
pas rendu compte. Son cœur est affectueux
"«tboa, sa pensée .était à nailfelieues d'un.rap
prochement quelconque entre cet homme si
dispos, si robuste, et sa propre personne, si
languissante alors et si'chétive. Mais plus je
songe à la suite de-ce récit, moins je puis
me défendre de certaines idées superstitieu
ses, que j'ai puisées, très jeune, v dans mon
pays, et que ma raison n'est jamais parvenue
a chasser. y entièr«ment. .-■■■"
— Comment vous portez-vous'^dit M. Sér
veste d'une voix de Stentor.
' — Mal, très mal,.mon ami.
, — La tête?
, Très faible. '■-.»■ - •*
— Le pouls?
— Bien irrégulier. , ■
— La langue r Monsieur j^dam?
— Ah çàl fit le malade impaLienté de tou
tes ces questions, est-ce que votre» théâtre ne
marcherait point'comme vous le désirez?
— Pourquoi me demandez - vous cela ,
Monsieur Adam? ' - .
— Parce qu'il me. semble que vous voulez
quitter -votre profession dè .directeur pour
celle plus lucrative peut-être de médecin.
— Mon ihéàtriifn'a jamais mieux marché,
Monsieur Adam; et si je m'informe aveç tant.
d'intérêt de votre santé, c'esL.que je venais
justement vous proposer une allaire..,.
— Dites, mon cjier Sév.este, je suis en état
de vous entendre.. - * . .
— Il m'est-impossible, d'abord, de jouer;
le Postillon de Lonjumeau. . . ,
— Parlez moins fort, mon chér ami ; voilà
la fièvre qui me reprend. . - ;
— MHe Guichard ne peut pas répéter.....
: — "Doucement 1 doucement 1 j'ai un mal de
tête affreux.;., . ■
— Cependant, je voulais....
— Brisons,là, de grâce; vous voyez que les
forces m'abandonnent. - ■ ,
— C'est malheureux, mais.-....'
. — Adieu 1 adieu I je sons que j e m'en vais,
4!aLbesain.d'uninstent {le repo§. ^ ,, ^
— Je suis désolé de vous àvoir dérangé,'
fit M. Seyeste en se levant, dé'sblé pour vous •
et pour moi; jevousapportaisun actedeMM.
de Leuven et de Beauplan, et je venais'vouà
prier de le mettre en musique. On yous au
rait joué dans la quinzaine avec Grignotf;
Menjaud, Mlles Rouvroy, Meillet...
. — .Hein? fit M. Adam en ouvrant Jes yeux ;
asseyez-vous donc, mon cher Séveste, il me
semble que je vais mieux.
— Pardon, je me retire,- je ne vous croyais
pas si mal... - ' . 1
— Restez., je vous prie, voilà mon accès
qui passe. , , 1 •.
— DU tout, du tout, Monsieur Adam ; je.
m'en veux de vous avoir fait violence.
/ r-T Mais, restez donc I "( Diable d'homme ! )
Asseyez-vous là, et causons.
Le"résultat de l'entretien fut quei'àuteur.
du Postillon, de Giralda, du Toréador , dé
tail! de compositionsspirituelleset charman-
tes, • bien que réellement malade, se chargea
volontiers du petit ouvrage que lui appor
tait M. Séveste. Les compositeurs les plus
fécondset les plus populaires, et M.Ad^mêst
du nombre, ne dédaignent point de travailler
à une pièce, si peu considérable qu'elle soif,
en vue d'un, nouveau succès. Celui qu'ia ob- *
tenu la Poupée de Nuremberg justifie la dé
marche de M. Séveste et l'empressement'de
M. Adam, et la liberté que j'ai prise, à mon
tour, tle raconter cette scène qui en rappelle
une autre analogue entre feu IIar#et Âlexan-
dre Dumas. . - ,
, La musique de M. Adam est vive, enjouée,
franche, agréable au dernier point. Elle ne
contient que six morceaux, que M. Adam a
composés en six jours; c'est lui-même qui
nous apprend ce détail, et vraiment jamais
semaine n'a été mieux çemplie» Après avoir si
1 bien travaillé, M. Adam, méritait de se reposer
le septième jour; Lesujèt n'est pas bien nenf,
l rpais il e^st traité vivemgnt fet avec une.'paj;-
fSÉJIiEAtJ : : rue de Vaiols ($*«tlal&>I|oyal),
1852. - MARDI 2 MARS*
„- PRI* DE t'ABOKÎfEfWENT
PABIS 13 P. PAR TRIMESTRE;
DÉPARTEMENT 16 F. — ~
UN NUMÉHO : 20 -CENTIMES.
TOOK LB8 PAY? «TRAÎTCBB», se repÔTteî
au tableau qui sera publié dans le journal,
les 10 et 13 de chaque unis. .
ia .abonneméns dalent des i™ ei lf
1 de chaque mots. -,
fàdretser, franco^ pour la réduction, d Mi B oniface^
Les jrticles déposés ne s
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
" ' / • < ' - "" ' •' . 1 ' '
1 0» l'ab?r.ne, dans les dèpmiemns, aux Messageries et aux Direction* dè poste'.-^A Londres, chez MM Cowis et Fiisî! S'adresser, franco; pour-l'administration, A JJ. Dixïw directeur.
• 4 ^Â'Strasbôurgichei M. AUKU'MOBS, ■pâurlfAIlema'mé, ■ „ - ILes annonces sont régnes au bureau du journal; et chez M, fANIS, régisseur, io, place de là botiri*
PARIS,,,!" MARS,
ÈU3CTHWS. DË.L.% SEWK
' " l' ,c CIRCONSCRIPTION.
MM- G CYARP -D ELALAIN , <13,31Q.
ffèTracy,.' ,5,579
' Dupont (de l'Eure) 3,044
2 e cnftOSSC ^IPTlON.
MM. Dkvinck , 0 . 12,189
Ternaux," 4,'871, '
. Lamoricière, 2,343,
- 3* ClBCOjNSCRIPTION. ;
MM". C ÀVAIGNAC , ' ; • 14,468
» Dupérierj 12,,987 4 . ■
4 e emcoNscRiPTioN.' ' / :
MM.,C arnpt ,' - 14,744
Mo.reàïi, 13,511
> Dubâil, 1,139 " .
- 5« CIKCONSCRI^TION.
MM. P erret, .
• x ■ ; Goudcbaux, 12,087
' Môreau, 194
1 6' C irconscription.
&1M. FptXHÉrAEPfXfcETIER,
- Bixio, 8,630
De Montebello, 2,727 .. v
: 7* CIRCONSCRIPTION.
MM. L akouetin , ■ 14,386.
. -, EugèneÎ5ue,. 7,'498^ -
" : g. CIRCONSCRIPTION.
■ , Arrondissement de Saint- Denis\
MM. JiflENIGSWARTER, . - 15,458,
de Lasteyrie, 5,346 ~
Méchin,; 1,186 -
9" CIRCONSCRIPTION. ' ;
'■ : ' . ' *-i. î '5' -, • " ' : 1 <,
Arrondissement de Sceaux.
Votans n
s Majorité
N MM. VÉROM,
' " Garnon,
. -. De Lasteyrie,.....
Aucun candidat dàBS lés 4 e et 5 e circons
cription ne paraît avoir obtenu la majorité
nécessaire pour être élu v . .\
Toutefois, ces résultats; ne pourront être
considérés comme certains qu'après le re
censement qui aura Ïïéu demaia sur pièces^
,autlienliques.
Il suffit qu'une légère erreur ait été com
mue dans le calcul des bulletins blancs, pour
assurer à M. Perret la majorité nécessaire.
13-, 474-
15,â60
• 25,894; ,
12,948
21,371
603 .
56
' ; Sur neuf députés que le département'de
la Seine avait" à nommer, sept au moins ont
été élus, au premier lour de scrutin.
> MM, GUÏARD-DELAtAIN j ^
D evinck , ; • ;
C avaign'ac, • •
F okceê -L epelletier, '*
LANQVETI>', ■
" KOENIOSWARTER, s
' ••. 'YÉRON. • . .... ...
>11" n'est pas encore certain que M. Pçrret
ne soit pas élu.- Quant à l'élection de la 4 e
circonscription, elle sera à recommencer
dans.quinze jours/ ni M. "Moreau, ni M, Car-
iiot n'ayant obtenu* le. nombre de suffrages
nécessaire^pour valider l'élection.
- ÉLECTIONS DJiS DÉPARTEMEKS.
: , cher;
■: B ourses .-—Votans.: 3,065; M.. Duranti,
candidat du gouvernement, 2,73t..
considérée comme certaine dans la 1" ët là
v2 e circonscription. M. L. Basile- n'a pas de
concurrent dans .la 3 e circonscription.
.. B lois .—2,500 votaris : M. Clary, candidat
du gouvernement, 2,150 voix.
* ' V- ? * " N * " • C »
v *' • • IîîDBE. '
C îiateaukoux . -- Votans : 2,002 ; M. de
Bryas, Arididat du gouvernement, i;7o8";
divers, 244. <■.... ' !
; , - ' NIEVRE. • N ~-
N e-vers . — Votans : 4,261; M, Petiet, can
didat du gouvernement, 3,389; M. Dufaut,
872. ' ■ , ■ . * • . - ■'
• \ NORD. ,.
- L il L e . —9,055 votans : M. Ilicliebé, candi
dat du gouvernement, 3,1.79 ; M. Legrand,
'candidat de la gauche, 3^42 ; M. Kolb-Be*-
nard, c/indidat légitimiste, 2037. . •
V alenciennes . —^ M. Lemaire, candidat du
gouvernement, 20,79# voix ; M. Gucheval-
Clarigny, 2,743. •
pae-de-calais..
C alais . — Votans : 3,470. M> d'tiéram-
bajill, candidat du gouvernement-, 3,290, di
vers, 180, — G uines , même arrondissement,
votans : 2,031; -d'Hérambault, 2,001; divers,
30,' " ' : .■ ■ ■
■?. SEINE- INFÊRIEIFBE.
R ouen . M. Levavasseur , candidat du
gouvernement, est élu. • - - ■■■' *• *
' ' ; VIENRE. '
P oitiers . — M. Bôurlon, candidat du gou
vernement, 5,100. ^ ~ " v
cote-d'or.
D uon . — L'élection
On annonce que le Moniteur de demain
contiendra un important décret relatif aux
fonctions de la magistrature. : ,
• D'après les "nouvellçs , -disi)osi lions que ce
Hécret inaugure , , les magistral âgés de
soixante-dix ans seraient de plein droit ad-,
mis à ^aire valoir leurs droits à la retraite ;-
toutefois, pour les magistrats de la haute ma-.
giskature,- la limite d'àgo serait- fixée à
soixante-qu ji'ze ans. ^
Ce décret règle aussi,-à cô qu'on nous as
sure, les matières disciplinaire. 0 . Jusqu'à ce
jours les poursuites disciplinaires exercées
contre les magistrats assis ne pouvaienl pas
porter atteinte au principe de rinamovibi--
lité. Dorénavant, la cour de cassation, sur les
réquisitions du procuieur-général,. pourrait
prononcer, dans certains tfas déterminés et
très graves, contre le magistral inculpé, Ja
déchéance de ses fonctions ,- rtjesure qui per-
mèttrait:dè'pourvoir' immédi&temerit à son
remplacement. '- > » .
Un décret; clu 25 février, que nous avons
publié dans'nos colonne^ a rétabli-le travail
dans les prisons, et a confié à l'administra
tion Je soin de le réorganiser èur-lerchanip.
Cette uCle mesure,qui a été prise paï'Lôuis-
Napoléon sur l'initiative intelligente de M. le
ministre de l'intérieur,.varecevoir immédin-
temerit son exécution. Les produits du tra
vail des détenus, conformément aux inten
tions exprimées dans le décret, seront, é'n'
grande partie employés pour les besoins
de la consommation, soit dans les établisse-
meiis pénitenciers eux-rbêmcs, soit-dans les
administrations publiques. On évitera' de
cette façon toute concurrence de cette in-
dustriç spéciale avec l'industrie ordinai
re. Mais comme il faut avant tout que
les condamnés'soient occupés, ceux qui 7
ne seront pas employés dans l'intérêt dès
administrations publiques, devront l'être
à des travaux d'industries privées , d'à*-
près dis règlements arrêtés'par le ministre
de l'intérieur. Une amélioration notable
pourra même être introduite "dans le régime
d'un certain nombre de détenus dignes de la
bienveillance de l'autorité par leur bonne
conduite et par leur aptitude comme ou
vriers. Le ministre de l'intérieur a lot faculté
de les ( mployer à des travaux, utiles à l'Etal,
en dehors de leurs prisons. .Cet emploi des
condamnés à des .travaux extérieurs peut
■ être fécond en bons résultais. C'est aiési qu'en
■ Algérie,'à l'aide des condamnés militaires,!
on a pu entreprendre et àcbever,_des^ô-ûvra-,
ges importans^târ Ôâlës^'bras 'manquaient.
.C'est par ce procédé qu'à Rome, par.exem
ple, le Colysée a été -déblayé et étayé, Et que
la basilique dé Saint-Paul a été en .partie re
construite. Il va sari^ dire que ces disposi
tions du décret ne seront appliquées par l'ad-
ininisfrationque d.ansl^ casoù il n'en devrait
résulter aucun préjudice; pour des popula
tions' libres et honnêtes des travailleurs,
dont les intérêls excitent ajuste titre toutes
les sympathies et .toutes la. sollicitude du
gouvernement de Loui^-Napoléoiî.
-.Quoi qu'il en soit, le;décrèt de Louis-Na
poléon aura;;aux veux «de.tout le monde, le-
mérite d'avoir" fait cesser un état de choses
déplorable qui, depuis près'de quatre ans, à
jeté la désorganisation dans les établisse-
mens pénitenciers. ,Le 24 pfars-1848, d'un
trait dft nplume, le gouvernement provi
soire avait- suspendu le travail des pri
sons! Il agissait alofs sous la pression de .cet
te écolq, déclamatoire et vaine qui avait in
venté la pompeuse mystification du droit
au travail,et qui se donnait toute carrière dans
les ensei^nemens du Luxembourg et dans les
prédications des clubs.On alléguai t alors que le-
travail des prison s était un attentat contre les;
prérogatives des ouvriers, etil suffisait décon-
sulter une sfStistique pour reconnaître l'in--
signifiance .de cette production qui se perd
dans la masse énorme, dès produits du tra- '
vail libre. L'application du décret du 24
mar§ produisit des effets désastreux. La
suspension des travaux parmi les détenus,
en les condamnant à une oisiveté affligeante,"
causa une perturbation générale dans les
prisons. Le travail moralise et purifie; |1 est,
en outre, tfh moyen efficace de discipline.
L'esprit d'insubordination fit des progrès èf-
frâyans, en même temps que cette popula-,
tion dangereuse, déjà- si pervertie, se per
vertissait encore davantage. x ■
Des réçlarhations universelles.'s'élevèrent, '
On comprit' la nécessité, de-révenir sur une
mesure, irréfléchique l'expérience avait
condamnée d'une mauière si éclatante. La loi -
du 9 janvier 1849 posa en principe le réta
blissement du travail, dans les prisons. Mais
l»ilégislation nouvelle, iîdèle aux traditions
parlementaires, entoura radminisirationd'urt :
réseau de conditions inexécutables. Aussf,
au grand dommage çle lâjnoralité et de la
discipline parmi les détenus, un^rand nom
bre'd'en'r'éùx sont encore livrés aux irifluen-
ces funestes de l'oisiveté. Comme ]e dit avec
raison le décret du 25 février 1852, cette si- .
tuation blesse la-morale et la loi. Le Gode -
pénal, en effet, veut que les condamnés
soient occupés. • iienry cmjvvin. ' .
' Le Moniteur publie, sur le^^décret relatif au
.crédit foncier, une note que nous nous em
pressons de reproduire. . -
' crédit foncier. ~
Ji, s institutions de crédit foncier étant presque,
inconnues en~Fran.ce, il nous parait essentiel de
donner sur leur mccànisftie et sur leurs cfl'ets
quelques explications qui feront mieux apprécier .
les immenses avantages du décret publié par le
Moniteur Au ?8.de ce.mois .'V. ^
Une enquête bu-yerte'ad conseil d'Etat,en 18S0, •
a prouvé que l'intérêt des prêts hypothécaires est,
en moyenne, au moins de 8 0/0 par an, y. compris .
les frais d'enregistrement,.honoraires, expédition,
inscriptiQn, renouvellement, quittance,, radiation.
Les renséignèrocns recueillis auprès des conseils
généraux ont donné le môme résultat. , „ ' •
La dette hypothécaire inscrite est d'environ 14
milliards. En déduisant les hypothèques éteintes,"
conditionnelles,. légales, judiciaires, il reste plus
de 8 milliard*, qui portent un intérêt de 640 mil
lions. N , ■ ' . * ■ ■■ : ■■
-11 est à remarquer que le capital'de la dette
s'accroît, année moyenne, (Je 600 million?, c'est-
à-dire d'une somme, presque équivalente a'j mon
tant de l'intcrèt."
Un pareitétat de choses, qui menaçait ia for- '
tu ne imitiobilière de la France, appelait un
prompt remède. . ' - , .
Voyons maintenant quels seront les clTels des
inslitutmnà créées par le Président de la Républi
que, et qui fonctionnent.avec tant de succès en '
Allemagne depuis prèsil'un siècle. .
Les sociétés de crédit foncier, à i'aide des privi-'
léges qui leur sont attribués par le décret," offri
ront toute sécurité aux capitalistes. .
t ; i 9 . Ces sociétés ne pourront émettre des obliga-
- ^»»à t wU'lett«K.de. gageque j uajji-'à coBCurrce^îjLtes
.'prêts qu'elles-auront consentis. La stricte exécu
tion de cette clause est assurée par l'intervention
' du notaire, qui, dépositaire d« l'acte de prèt,T>cut
feul viser ces lettres de gage. Cet officier "public
.encourrait une.grave responsabilité s'il visait des
obligations qui excéderaient !# .montant du prêt. .
2' Ces sociétés ne, sontexposées à aucune perte.
Les sommes qu'elles prêtent sojii garanties par
une première hypothèque sur un immeuble d'une
- valeur au .moins double. Elles ne font de paremeils
qu'après, avoir purgé les Hypothèques légales, res-
; "cisoiros et résolutoires. Elles n'ont donc à crain-
! dreauciine éviction,'
; 3" En cas de--retard dans l'acquittement des an
i nuit.'s souscrites à leur profit, elles ont le droit de
séquestrer immédiatement l'immeuble hypothéqué
: et même de' le vendre, avec-des formalités rapides
et peu coûteuses. ■
Ouel sera le débilèur qui se laissera exproprier
pour ne point se libérer exactement chaque année
d'une portion de defte à peine égale au revenu
Si l'on' ajouté à toutes ces causes de sécurité
cflle-qui résulte du concours de l'Etat et des dé-
! partemens; si l'on considère la facilité de placer et
,;ae négocier les lettres de gage qui, pouvant,'être
? fractionne es én sommes de. cent francs? recueille
ront, les épargnes,même "des petites fortunes; il est
permis d?espcrer que ces sociétés trouveront aisé-
; ment des capitaux â un intérêt de 4 i j 2 p. 0/0 au
plus.- .. / .
Cela posé, examinons quelles seront les charges
qu'auront â supporter les emprunteurs :
Intérêt de l'argent.- ; 4 1/2 0/0
Frais de (dernier établissement et
d'administration . ..... . .
•Amortissement .'- . .
1.
il- 2.0/0
0/0
' Total . -. .- 6 0/0
. Supposons un propriétaire qui, ayant un immeu
ble d'g ne Valeur de 100,000 fr.„ a emprunté sur
Hypothèque 50,000 fr.
11 paie en ce moment l'intérêt, frais compris, à
8 0/0, ou soit 4,000 £r. ;
Il est, en outre," menacé, à l'échéance . de sa
.dette, d'une, expropriation forcée, qui toujours-
amèpe sa ruine. • ,
Que ce propriétaire s'adresse à une société, de
crédit .foncier, il recevra les 50,000 fr., et n'aura
plus à payer que 3,000 fr. par an, sans jamais .être,
tenu de.xembourser le capital, qui sera éteint après
quarante £ns.
•Nous avons dit que la dette hypothécaire de la
France est de 8 milliards, et l'intérêt annuel de
640-millions.
Le crédit foncier éteindra la dette après qua
rante ans, et diminuera l'iutérêt de 2 0/0, ou soit
de 160 millions. - : ■ .* ' " v
4 Cette dernière sommé-équivaut^à.près dès trois
cinquièmes de la .contribution ïoncièrc, qui est de
280millions. N ■ ,
Si tout à eoup un décret du Président de la Ré
publique apprenait à la France que la contribution
' foncière est diminuée de plus de.moitié, avec quels
transports d'allégresse un pareil décret ne serait-
il pas accueilli! Le même résultat sera obtenu par
les.iiistitutions de crédit foncier îJès quelles se--
ront pr^anis:es dans tous, les département. . *
- Qui aurait en vain attendu long-Wmps cet im
mense .bienfait,, sans l'activitCprodigieuse impri.- ■
" méé-"aup">uvoir législatif depuis l'acte du 2 décem
bre» En effet, dans la pensée de l'Assemblée natio- 1
. nale, le crédit foncier ne pouvait être décrété qu'a-,
près la réforme hypothécaire; et combien 'de diffi
cultés cette réforme n'éprouvait-ellc pas encore,
quoique les jurisconsultes les plus êminens eussent
consacré plus de cieùx ans ï l'étude de ce projet !
Ces difficultés ont été aplanies avec^un rare
bonheur par le'décret du 28 de ce mois, qui; in
troduisant des innovâtioas profondes dans le sys
tème hypothécaire et dans les "formalités de l'ex
propriation forcée, en-restrii»t.Papjîlication aux
actes faits pal'les sociétés de crédit foncier, et laisse
conséquemment subsister, quant au droit com-
•niun, toutes less dispositions de nos. codes ; de
- telle sorte que, si la pratique prouve que le
nouveau système peut fonctionner sans de graves
inconvénient, on pourra l'étendre plus tard à<
toute la-législation. Si, au-Contraire, l'expérience
■ démontre 511e ces innovations ne garantissent pas
suffisamment l'intérêt des propriétaires et des in r
capables, l'épreuve aura été faite sans danger, et
_des modifications nouvelles pourront obvier aux
"i'nconYénicns qui se seront révélés. .
. Faisans donc un appel aux capitalistes qui se
préoccupent des intérêts généraux de leur pays-.
Nous ne doutons point Qu'ils ne prêtent leur- con
cours aux sociétés de crédit foncier, qui', sdns dou
te; ne tarderont point à s'établir dans toute la
France.. - {Afoni'eur.)
f|n sait que notre commerce d'exportation
a pris un grand développement dans ces deux
dernières années. Nous trouvons, dtfns un
rapport présenté récemment au cercle de la
librairie," des chiffres qui constatent 1© dé
bouché' de plus en plus considérable que
nos livres trouvent à l'étranger. Ainsi nos
exportations de livres, gravures et litho
graphies, en'1850, se sont élevées à 12,631
quintaux, représentant une valeur de près
de li~ millions, chiffre qu'elles;n'avaient
jamais atteint à aucune époque. Ajoutons
que l'année1851; ^'.encore ;étç signalée par
de -nouveaux progrès. Nous -voyons", çn éffet, 1
d'après les tableaux dé douané publiés il y,ë
peu de joursV que ces exportations sont
.montées, pendant cette dernière année, à
14,097 quintaux. Ce n'est pas là une bran
che dé commerce, qui se résume uniquement
en profits industriels. Tous ceg livreSj en
propageant notre langue, notTe littératnre
-et nos arts, contribuent à-accroître l'in
fluence de la France-à l'étranger.
^ Les progrès que nous venons de, constater
sont d'autant plus remarquables, que notre
librairie rencontre-sur les marchés extérieurs
la concurrence $'une industrie illicite, de la
contrefaçon. Mais heureusement les nations
commencent à s'entendre pour'faire passer
la reconnaissance de la propriété littéraité et
artistique dans le droit des gens. La France,
a pris, comme il lui appartenait, l'initiativë
de cette glorieuse croisade en faveur de là
[ropriété intellectuelle, et les conventions
déjà conclues aveç les autres pays permet
tent de croire que la propriété des ouvrages,
d'art et d'esprit sera bientôt reconnue et pro
tégée parmi tous les 'peuples civilisés.
- Les traités passés en 18Ï3 # et 1846 àvec la
Sardaigne, ont été. renouvelés en 1850, et
L'on y a introduit de nouvelles dispositions
qur ont pour objet d'assùrer plus sérieuse
ment la prohibition des importations dé
contrefaçons étrangères dansées deux pays,
comme aussi de donner plus d'efficacité aux
garanties stipulées de part et d'autre.- Une
convention aété conclue avecle;Portugal l'an
née. dernière, et elle a, sur le traité,sarde;, l'a-'
vantagede renfermer des moyens d'erécution
encore plus certains, en assimilant l'intro
duction des contrefaçons à l'a contrebande et
en la'piinissant des mênies p'eines. Les négo-
ciations tentées avec les États d'Allemagne,,
après être restées long-temps infructueuses,
ont- obtenu un premier succès ; un-traité a
été signé aveç le Hanovre, et,-comme ce
royaume va ^entrer dans le Zollverein, le
concours qu'il nous a prêté peut détermi
ner prochainement l l'adhésion des autres,
goûvernemens gennaçiques. Enfin l'Angle
terre', qui avait d'abord.opposé une assez vive
résistance à la conclusion d'un traité litté
raire avec la'France, vient, après deux anà
de négociation, de-signé? des conventions
qui exerceront .une .influence favorable sur
l'es relations commerciales 1 de la librairie
française àvec l'antre côté du détroit. Ajou
tons que "des négociations se suivent avec
l'Espagne et la Iîollande et qu'elles sont'sur
Je point d'aboutir. "
Reste l'eimemMe plus redoutable de notre
Industrie, la Belgique, qui répand ses pro
duits falsifiés sur- tous les points du globe, et
jusque dans l'intérieur même de la France.
La contrefaçon belge est gravement'atteinte;
tous ces ; traités conclus ou, en négociation
lui opposeront des obstacles dans ses rela
tions avec l'extérieur ; des marchés im-
portanè Vont lui être-fermés. Si l'on con
sidère maintenant que,.même à l'époque
où v tous les pays leur étaient ouverts, les
maisons qui sont à la tête de cette déplora
ble industrie n'ont jamais fait que de'mau
vaises affairés, peut-être la .Belgique, sera-1-
elle amenée plus facilement à cesser de pro
téger des entreprises basées uniquement sur'
Wa spoliation du travail d'autrui.. ■ ,
Quoi qu'il en soit, on voit tout ee que le
gouvernement de Louis-Napoléon â déjà fait
pour obtenir la -reconnaissance et la cbnsé-.
cration de la, propriété intellectuelle. Bien
tôt,, nous l'espérons, le principe que nous
avons posé sera universellement proclamé
comme étant de droit international,' et ce
sera uirnouvel honneur pour la France que
d'avoir consommé cette union générale de
tous les. peuples 'civilisés contre la- pirate
rie littéraire. • , j. bcrat.
Les déclarations les plus pacifiques nous
arrivent- 3e- tous côtés. On a lu hier le diSr
- cours dù, comte de Derby , ôn connaît le
vote par lequel la chambré des représentant
de Belgique, à là majorité' dc^if -voix contre
7, a déclaré en.comité,secret, qu'en présence
des explications rassurantes fournies par le
gouvernement, elle passait à l'ordre du jour.
Aujourd'hui l'Indépendance nous apporte-
quelques détails sur ce- comité secret.- Nous
croyonç devoir les reproduire . .
« On fait ..circuler dans lô public-et quelques
journaux répètent des détails inexacts,- eh partie.
tout ou moins, sur ce qui se serait passé dans le
comité secret tenu par la.chambre jeudi dernien
Puisqu'on a trouvé bon de soulever le voile que la
chambre; avait voulu jeter, ce jour là, sur sa délk "
beration, nous dirons^ nous aussi, ce que nous
avoi)s_appris sur cette séance, en ajoutant que nous
croyons pouvoir garantir la complété exactitude dé
nos renstignemens. .. . <
» Et nous commencerons par répondre-à ce qui
a4te prétendû de la -yivaciié-du débat, que tout
s est passé, au contraire, avea un calme: parfait,
sans irritation, sans péripéties, sans révélations,
alarmantes, tint s'en faut ! C'est au point qu'il .est '
aregretter que la chambre, se. soit formée en comité .
secret, car il',ne s'est-rien dit, dans cette'séance; 1
qui ne pût être proclamé tout haut. Le pays eut
même beaucoup, gagné à£c que ce fût dit de cette!,
f^çon-làjjes expliçation? fournies par le cabinet
ayant mis à-néant toutes les" rumeurs que l'on s'esf
plu à faire circuler. - : - r ,
» Ce sont ces rumeurs, on ne l'ignore pas, qui
avaient engagé M. Osy à faire des interpellations"
sur la situation politique, financière . et militaire
du pays. On se plaisait à parler de préparatifs im-
portans faits par le gouvernemçnt,, sans la: partici
pation deS chambres; on entassait les milliohs;
on déclarait la situation financière compromise.par
les dépenses-décrétées, Il était bon que toutes ces-
^ exagérations fussent réduites à leur juste valeur,
et, nous .le répétons, si l'on pouvait éprouver un
regret, cç serait que la réfutation n'ait pas eu lieu
en séance publique./ ■
» Ces préparatifs, dont on fait tant de bruit, se-
bornent en effet, à se-rapprocher le ;plus possible
d une situation normale. On citait notamment les, T
travaux'entrepris-à Anvers ; il semblait qu'on al
lait elûrer des fortifications nouvelles^ qu 'il s'agis 2 - '
sait de mesures entraînant des dépenses considé- >
rables. ISous avons déjà eu l'occasion de dire ce quî-
en était §ur ce point. Ces travaux présentés comme '
exceptionnels, comme extraordinaires, ont été arrêtés
en principe dès 4835; ils furent décrétés, en quelque
sorte, en 1847; nous avons rappelç lesincidens po
litiques qui o^t empêchéàcettc époqueet depuis fors/
leur exécution, et fait connaître comment on a eu-,
lin mis la main â l'œuvre, la gi'ande commission
chargée actuellement d'étudier toutes les questions
qui se rattachent à notre établissement - militaire,
ayant reconnu à son tour, à l'unanimité, avantîtj
mais de décembre - dernier, l'urgence de ces tra
vaux. :' 1 . }
» Ils sant, du reste, d'un ordre secondaire; ils
cori^j-tctit dans quelques ouvrages avancés, néces-
Saires .sans doute pour compléter- le système de
défense {le noire principale forteresse, mais qui
sont loin de pouvoir mériter le titre ambitieux de '
fortifications, et plus loin encore d'exiger les dé- ,
penses auxquelles les alarmistes se sont empréssé&
de les évaluer. - . i
.-» % peut, par l'çxagération des bçuits relatifs
a ces travaux, juger de la valeur de ceux^ui^Bî--
rapporteut' aux autres " préparatifs extraordinaires
prétendument faits par lë gouvernement.
» Un mot, du reste, suffit pour.faire justice de
ces évaluations de dépenses extraordinaires, aux
quelles se livrent les propagateurs de bruits âlarf
mans. Toutes les dépenses nécessitées par ces pré-
paratifs milifaires, que l'on enfle avec tant dé •
complaisance, porteront à peine le budget de la,
guerre à la somme à laqueJle.il s'élevait il y. a huit '
ou dix ans. Voilà ce qui résulte clairement des éx- .
plications fournies par le gouvernement, daps la •'
séance secrète au sujet de laquelle pn bâtit des
commentaires erronés. * - < , .
» Et pour ne laisser de prétexfe â aucune crain
te, pour rassurer Ceux qui pourraient croire que et s
dépenses extraordinaires;-même rpnfermées dans
les limites que nous vepons.tl'indiquer, seraient de :•
nature, sinon àcomprouieUfe, tout au moins à al
térer la situation générale de'nos x finances,-le chtf .
4e ce département, lîhpnoràble Frère, s'est em-T
pressé'de déclarer que cette situation n'en serait pas-
le moios du monde affectée. Il y aeu dansjes recettes •
quelques èxcédans sur lesquels on ne comptait
pas ; certains articles du budget des-voies <.t-
moyens ont dépassé les prévisions ; certains im-,
pots ont . produit plus qu'on ne l'espérait. Ces
ressources inattendues, jointes à la renttée de
1,800,000 fr. opérée.pa'c„,.suite du gain (ju procès ;
peiklant.entre le gouvernement _ct la Société gé-
nérale, rëlativemerit'aux intérêts ■ de l'encaisse, v
seront suffisantes pour faire face aux dépenses
néecs'sitécs par les .quelques mesures militaires
oue - le gouvernement a cru " devoir prendra
dans ces derniers temp». La situation fiuan*
cière reste', donc telle que les chambres, d'ac
cord avec le gouvernement, ont voulu l'établir, paç
l'adoption des projets qui ont marqué la fin delà ■
dernièfe session et le commencement de celle-ci ;
'c'est dire que cétte situation reste complètement "
satisfaisante, et n'est altérée en-rien par.ee- qu'il ,
plàît à'quelques alarmistes plus "ou m'oins sincères
d'appeler les grands préparatifs du cabinet.
» Tout ce que nous venons d'exposer là,- répé
tons-le, est le'résume des explications fournies,
FEUILLETON DCCONSTITtTIOMÈL, 2 MARS.
REVUE MUSICALE.
T hkatrje -I tal I en l'ilaliana in Algeri' — O péra-
N ational : la Poupée de Nuremberg, opéra-bouf
fon en .un acte, paroles de'MM. de Leuyen #t de
Beauplaji, musique 'd'Adolphe Adam-. — tes Fian
çailles r/es Roses , op^ra-fantastique en deux act-és,
paroles^de.M.. Deslys, musiquo de M. dé Ville-
- blanche — exercices des élèves du conserva
toire. — concerts. . v .
Le Théâtre-Italien attendait apparemment
"ïafindu carnaval pùur essuyer ses.larmeseï
se donner un peu de bon tepips. Tant que
les . jours de fete et de liesse out duré, la
salle "Ventadour a étç. plongée dans une mé
lancolie la plus sombre, du monde ; ce n'é
taient que gémissemens, que sanglots, guédé-
^espoir et cris de détresse; vousn'aviez le choix
qu entre le cachot de Fidelio ou le pistolet fu
mant de Chevreuse, ou le tam-tam funèbre
de Norma, ou le cor homicide d llernani. À
voir ce pauvre théâtre, si joyeux autrefois
•qu'on l'avait surnommé le Bouffe par excel
lence, aie voir se désoler ainsi'et se tordre,
on était tenté souvent de lui adresser le mol
de Lisette à Sganarelle : «Monsieur,ne pleuv
rez donc point comme cela, car vous me fe
riez rire. » v .
"" Mais Voilà le jour des Cend'res qui arrive,
ët aussitôt l'affiche du Théâtre-Italien aiir
énonce l'/taliana iii Algeri, ce .merveilleux
pendant du Turco in. Iïalia, où le maître des
maîtres a jeté à profusion tout son esprit, sa
galté, son ironie, sa verve. étincelante. Qh !
la ravissante musique, ei comme elle a été 'a
bien venuel Ori a voulu entendre deùx fois
le duo de Mustapha et de Lihdoro, et certes;
ce duo chanmnt n'a^arnais été dit avec plus
de \ivaciléit-d'eatrain. Belletti 'tout ce qu'il
faut pour bien chanter Jejôle de Mustapha :1a
ligure grave et qui ne se déride, pas au miliéu
des plus incroyables bouffonneries, la voix
souple et agile, une grande justesse d'intona
tion, une extrême volubilité de paroles. Câl-
zolari a déployé beaucoup -de fraîcheur, de
grâce et d'expression. Dii plus, les deux ar
tistes semblent fort bien, s^çntendre, et leurs
voix se xnarientdélirieusement. Aussi ont-ils
réussi d'emblée.et au delà.de -tout ce. qu'on
pouvait leur souhaiter.
Mlle d'Angri à" débuté, il y a trois ans,
sous la direction- dé Roncôni. Elle joTia d'a
bord le jôlo-de Romeo dans les CapuleU, et
pour second ouvrage l 'llaliana. Elle y laissa
ae bons souvenirs, et le public lui tt prouvé
qu'il n'est pas oublieux, ën la saluant, des'
qu'elle a pa'ru^ d'applaudissemens sympathi
ques. Cependant ces marques de fayeur,
loiri .de rassurer la cantatrice, ont paru l'é
mouvoir. Il y aeu de l'hésitation et du trou
ble dans son premier morceau. Il est à rer
gretter aussi qu'elle ait préféré, l'air de
Zdmira à celui de la partition! Il y a trois
ans, Mlle d'Angrf avait commis la même fau
te; mais comme elle avait chanté trois.ou
quatre fois de suite, et qu'elle r avait eule
temps de maîtriser sa peur, tout "s,e passa
le-mieux du monde, et on ne sbngea pas
à- lui reprocher ce petit caprice. Au se
cond acte, Mlle d'Angri a pris sa. revanche.
Ce n'était .déjà plus la même femme. Elle a
fçrt bien dit l'air final : Pensa alla patrio, et,
ctjtte fois, les bravos qu'ellè a obtenus n'é
taient point dé pure courtoisie.
Ferrant! est très plaisant sous la casquette
verte du bonhomme Taddeo. ' Ce que Rôn-
coni avait fait de ce personnagè'gro tesque,
aucun de ceux qui l'ont vu ne l'a sans dour !
te oublié. Son accoutrement, sa perruque,-
ses lazzis, ses bouffonneries- ds toute sorte
atteignaient l'extrême limite de la folie et de
1'extravagan.ee. Ferranti-n'a pas-voaî.u tester
au-dessous de ce grand modelé. Il ne l'a pas
QUtré,. la chose est impossible, mais il -l'a
décalqué avec un rare bonheur. Ce qu'il y a '
de plus curieux danS 1 tout, ceci, c'est que
Ferranti n'était pas à Paris lorsque Roneoni
jouait le rôle, qu'il n'a pu le copier d'aucune
façon, et cependant la ressemblance est frap-*
pante. ,
Le trio de Pappataci, ce chef-d'œuvre de
verve comique et d'adorable fantaisie, et le
grand finale du premier acte, ont soulevé
comme toujours des applaudissemens fréné
tiques. Il ne faut point gâter", par une froide
analyse, cette page admirable où. le, plus
charmant génie des temps modernes a "versé
avec une prodigalité inouïeles trésors de son"
imagination et les richesses de sa palette.
Comme cela est fait simplement, avec peu de
traits, d'une touche à la fois magistrale et légè
re! Ilyaunmoment, dansla îft-e//a,oùRossini.
paraît vouloir se moquer des chanteurs; du
public etde lui-mêtae. Chaque prtiste imite,
en raillant, un. son divers, celui-ci le tinte
ment d'une clochette, celui-là le bruit du
tambqjir ou de la grosse ' caisse, un autre le
basson et la trompette. Les voix et l'orclips- .-
tre sq défient, se croisent, s'entrechoquent,
se poursuivent, : se rencontrent par mille
détours gracieux, par mille sentiers fleuris*
pour se réunir enfin et se fondre dans un
merveilleux ensemble. L'exécution de çc finale
a été irréprochable,, et jusqu'aux seconds rô
les n J ont donné la moindre prise à la criti
que. Quelle est cette belle jeune femme à qui
le costume grec sied à ravir? 0» m'a dit que
c'était Mme Amigo. Je n'en crois rien ; c'est
plutôt sà fille. Elle est charmante, en vérité,
et il faut que l'administration en soit bien
jalouse-pour nous la montrer si rarement.
Mile Amigo est fort modeste. Elle ne prétend
pas aux-premiers rôles, et dans ceux qu'elle
accepte elle s'est toujours montrée"-rçmplie
de z«fvde^50nveita»ee.el de déveùment On
a eu' 1 toft de la mettre à la retraite. Je de
mande que son nom soit rétabli dans lé cadre
d'activité.. "
J— Mais tandis que le Théâtre-Italien se
laissait surprendre par lè carême avant,d'a
voir monté sa pièce bouffe, un autre théâtre,
plus actif, plus remuant, plus alerte, met-"
tait le feu aux quatre coins de Paris pour
donner la sienne en carnaval. C'était le seul
souci, la seule pensée, l'unique vœu, l'idée
fixe de ce pauvre M. Sévêste ! Jouer sa Pou
pée de Nuremberg et puis... la fin du mondeI
Hélas ! on l'a jôuéç, cette Poupée , au jour dit.
et au milieu des applaudissemens les plus
- vifs et des-plus joyeux éclats de rire; mais,
par une fatalité déplorable, le, seul qui n'ait
pu "assister à cette représentation du samedi-
gràfe; c'est le malheureux directeur 1
M; Ad. Adam nous a raconté lui-même
avec infiniment de verve et d'esprit, com
ment cette poupée jest venue au monde , et
par querconcours de circonstances- bizarres-
il a été porté à improviser-cette musique.
M. Adam était au lit, fort souffrant d'un
rhumatisme aiçu et d'un accès dô fièvre. II.
entend gratter a sa porte.
— Qui est làV faifM. Adam. '
— M. Séveste-, dit une voix du dehors.
M.' Adam , toujours poli, même envers
I.es directeurs, .qui ne le sont guère, à ce qu'il
.paraît, lorsqu'on va leur proposer des piè
ces, fait entrer M. Séveste. Notez .bien ceci :
"M. Séveste se portait à merveille, et sa santé
florissante, ses belles couleurs-, son- air de
prospérité et de contentement devaient ins
pirer au malade une secrèlo envie, un lé^er
mouvement de dépit. Dieu me gardé d'éle
ver le moindre doute .sur les sentimens que
le célèbre compositeur a dû éprouver pendant
celte malencontreuse -visite* et dontil nes'est
pas rendu compte. Son cœur est affectueux
"«tboa, sa pensée .était à nailfelieues d'un.rap
prochement quelconque entre cet homme si
dispos, si robuste, et sa propre personne, si
languissante alors et si'chétive. Mais plus je
songe à la suite de-ce récit, moins je puis
me défendre de certaines idées superstitieu
ses, que j'ai puisées, très jeune, v dans mon
pays, et que ma raison n'est jamais parvenue
a chasser. y entièr«ment. .-■■■"
— Comment vous portez-vous'^dit M. Sér
veste d'une voix de Stentor.
' — Mal, très mal,.mon ami.
, — La tête?
, Très faible. '■-.»■ - •*
— Le pouls?
— Bien irrégulier. , ■
— La langue r Monsieur j^dam?
— Ah çàl fit le malade impaLienté de tou
tes ces questions, est-ce que votre» théâtre ne
marcherait point'comme vous le désirez?
— Pourquoi me demandez - vous cela ,
Monsieur Adam? ' - .
— Parce qu'il me. semble que vous voulez
quitter -votre profession dè .directeur pour
celle plus lucrative peut-être de médecin.
— Mon ihéàtriifn'a jamais mieux marché,
Monsieur Adam; et si je m'informe aveç tant.
d'intérêt de votre santé, c'esL.que je venais
justement vous proposer une allaire..,.
— Dites, mon cjier Sév.este, je suis en état
de vous entendre.. - * . .
— Il m'est-impossible, d'abord, de jouer;
le Postillon de Lonjumeau. . . ,
— Parlez moins fort, mon chér ami ; voilà
la fièvre qui me reprend. . - ;
— MHe Guichard ne peut pas répéter.....
: — "Doucement 1 doucement 1 j'ai un mal de
tête affreux.;., . ■
— Cependant, je voulais....
— Brisons,là, de grâce; vous voyez que les
forces m'abandonnent. - ■ ,
— C'est malheureux, mais.-....'
. — Adieu 1 adieu I je sons que j e m'en vais,
4!aLbesain.d'uninstent {le repo§. ^ ,, ^
— Je suis désolé de vous àvoir dérangé,'
fit M. Seyeste en se levant, dé'sblé pour vous •
et pour moi; jevousapportaisun actedeMM.
de Leuven et de Beauplan, et je venais'vouà
prier de le mettre en musique. On yous au
rait joué dans la quinzaine avec Grignotf;
Menjaud, Mlles Rouvroy, Meillet...
. — .Hein? fit M. Adam en ouvrant Jes yeux ;
asseyez-vous donc, mon cher Séveste, il me
semble que je vais mieux.
— Pardon, je me retire,- je ne vous croyais
pas si mal... - ' . 1
— Restez., je vous prie, voilà mon accès
qui passe. , , 1 •.
— DU tout, du tout, Monsieur Adam ; je.
m'en veux de vous avoir fait violence.
/ r-T Mais, restez donc I "( Diable d'homme ! )
Asseyez-vous là, et causons.
Le"résultat de l'entretien fut quei'àuteur.
du Postillon, de Giralda, du Toréador , dé
tail! de compositionsspirituelleset charman-
tes, • bien que réellement malade, se chargea
volontiers du petit ouvrage que lui appor
tait M. Séveste. Les compositeurs les plus
fécondset les plus populaires, et M.Ad^mêst
du nombre, ne dédaignent point de travailler
à une pièce, si peu considérable qu'elle soif,
en vue d'un, nouveau succès. Celui qu'ia ob- *
tenu la Poupée de Nuremberg justifie la dé
marche de M. Séveste et l'empressement'de
M. Adam, et la liberté que j'ai prise, à mon
tour, tle raconter cette scène qui en rappelle
une autre analogue entre feu IIar#et Âlexan-
dre Dumas. . - ,
, La musique de M. Adam est vive, enjouée,
franche, agréable au dernier point. Elle ne
contient que six morceaux, que M. Adam a
composés en six jours; c'est lui-même qui
nous apprend ce détail, et vraiment jamais
semaine n'a été mieux çemplie» Après avoir si
1 bien travaillé, M. Adam, méritait de se reposer
le septième jour; Lesujèt n'est pas bien nenf,
l rpais il e^st traité vivemgnt fet avec une.'paj;-
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