Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-03-01
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32747578p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 mars 1852 01 mars 1852
Description : 1852/03/01 (Numéro 61). 1852/03/01 (Numéro 61).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUJlKhO 61*
PZinC DIS fABONMEBÏEHT
! PARIS....... 13 F. PAU ,TRIMESTRE.
DÉPARTEMENS. 1# F. — \
• UN NUMÉRO : CENTIMES. - '
' poca les pays ÈTBiNGgRSj «e reporter
a î tableau qui sera publié dans le journal,
le: 10 & .às de chaque mois.
Lei abonnement datent des lv et 16
de chaque mois. ,
BIJREllil : ràe tle Vaiois ^alaitt-Hoyal], n* ÎO.
1852.- LUNDI 1" MARS.
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JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL
S'adresser, franco, pour la rédaction, à M. DonifaceJ
Les articles déposés ne sont pas rendus}
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Les annonces sont reçues au bureau du jûurnàl; et chçi.M. PANIS, régisseur, 10; place de la 3ouxse
Le. décret Organique "sur'là presse, que
nous avons publié dans noire numéro au 19,
élève à 6 c. le droit de timbre qui n'était que
de .4 pour Paris et de 5 pour les départemens.
- Il remet en outre en vigueur les tarifs pour lé
transport par la poste, tels qu'ils existaient'
'en 1848. Il en résulte une augmentation de
centimes par jour sur les numéros distri-
' bues dans Paris ; et de. 5 centimes sur ceux
qui sont expédies dans les départemens.
L'administration du Constitutionnel, ne
voulant pas faire supporter à ses abonnés
toute la charge qui lui -est imposée par la
nouvelle loi, en prend une partie a son
compté. *
En conséquence, à dater d'aujourd'hui,
les abonnemens seront reçus dans nos bu
reaux aux prix suivans :
PARIS..- 13 fr. PAR TRIMESTRfe.
- DEPARTEMENS... 16 fr. » »
. Le Constitutionnel, reste le journal du plus
grttnd format.
PARIS, 29 FÉVRIER.
Le ministère auglais n'a point rencontré,
vendredi, l'opposition qu'on avait sibruyam-
ment annoncée. La coalition qui s'est formée
contre lui n'a pas osé prendre l'initiative des
hostilités, et,après quelques pourparlers in-
sigaifianSj la chambre des communes s'est'
-ajournée jusqu'au 12 mars, pour permettre
au cabinet de terminer ses arrangemens, et
de prendre jun parti sur les mesures qui doi-
vept être soumises par lui au vote du parle
ment.
Le comte de D#rby a fait, dans la chambre
des lords, i'expoéé de la politique qu'il
compte adopter. La curiosité d'çâtendre cet
exposé avait attiré à la chambre* haute une
affluence considérable. Nous publions le dis
cours du premier ministre. Le nouveau gou
vernement croit devoir poursuivre les mesu
res de précaution arrêtées-par ses prédéces
seurs; mais il proteste en jnôme temps de
son désir sincère de ne rien épargner pour
assurer le maintien de la paix et de la bonne
harmonie dans toute l'Europe. Cette déclara- '
tion pacifique sera accueillie avec satisfac
tion; elle confirme' pleinement les espéran
ces qu'avait fait concevoir la désignation de
lordMalmesbury comme ministre des affaires
étrangères. , ' ,
On a remarqué également l'avertissement
adressé par le premier ministre aux réfugiés
résidant en Angleterre, et sa déclaration que
le gouvernement anglais ne tolérerait aucune
entreprise, aucun complet contre les gouver-
nemens' étrangers. C'est notre devoir, a-t-il
dit, d'avertir les "puissances amies dè cfe qui
pourrait se. tramer contre elles, et de ne pas
souflïir qu'on abuse de notre hospitalité, et,
qu'on se couvre de notre protection pour
■organiser la guerre dan» d'autres pays. La
loyale initiative qu'a prise-le comte de Der
by lui fait honneur et ne peut manquer d'a
planir les difficultés qui s'étaient élevées en
tre l'Angleterre et les diverses, puissances du
continent.
. Le premier ministre a été aussi explicite
que possible sur la ligne politique qu'il
compte suivre à l'intérieur. Il a écarté com-
plèlc-men v t le bill de réforme électorale pré
senté par lord John Russell. Quant aux
questions commerciales, lord Derby n'a
pas déguisé la préférence qu'il donne au
tarif,sagement protecteur des.Américains
sur le système appliqué- par » sir Robert
-Peel, mais il a subordonné toute tenta
tive de revenir sur le passé à-la décision
du corps électoral ; et il a annoncé qu'à
moins d'y être forcé par les attaques de
P es adversaires, il ' ne prendrait l'initia
tive d'aucun débat sur ce sujet. Lord Der
by limite la tâche de son ministère, pendant
la session actuelle, à la présentation de quel
ques mesures de finances et de quelques bills -
ayant pour-objet te réforme do la législation
anglaise. Il ne dissoudrait immédiatement la
chambre des communes que dans le cas où
les libre^jchangistes, en provoquant un dé
bat sur le tarif commercial, ne laisseraient au
cabinet d'autre alternative (fue la retraite ou
un appel aux électeurs. , '
. C'est dpnc en réalité mqe trêve de quelques
mois que le nouveau ministère a proposée à
ses adversaires. Le silence que ceux-.ci ont
gardé dans.la- chambre des communes, et la
facilité avec laquelle a été adoptée la"proposi
tion d'un aioùrnementâ'quinzaine prouvent
que tous les hommes d'Etat anglais désirent
éviter, une crise immédiate, et préfèrent
ajourner à l'été la grande lutte électoralé qui
doit décider çle leurs prétentions. ...
■ ■ • . . CUCHEVAL-CEABIGNY.
Le Moniteur d'aujourd'hui publie plu
sieurs décrets qui émanent du ministère de
la guerre. Le plus important règle l'efftc-
tif de la gendarmerie. Aux termes de ce dé
cret, ce corps d'élite se composera de vingt-
six légions pour le service des départemens
et de l'Algérie, de la gendarmerie coloniale,
des deux bataillons de. la gendarmerie mo
bile, de la garde républicaine chargée du
service spécial de la ville de Paris, et de
deux compagnies de gendarmes vétérans.
La fixation de l'effectif sera suivie très pro
chainement des nominations qui doivent
avoir lieu, d'après le décret organique du 2£
décembre 1851. Si nous ne nous trompons,
ce travail de nominations est à peu. près
terminé, et'il "paraîtra très incessamment.
On sait que le décret organique du 22 dé
cembre a surtout pour but de modifier d'une
manière toute favorable les conditions de
l'avancement pour le corps de la gendarme
rie. L'expériçnce avait démontré que dans ce
corps les chances-d'avancement sont beau
coup moindres que dans les autres corps de
l'armée. Le gouvernement a sagfc'ment pense
qu'il fallait récompenser par une législation
"plus bienveillante des militaires'qui ont si
bien mérité du pays.
■ Les au très'décrets sont relatifs à la création
d'un nouveau centre de population en Algé
rie. Ce ceiitre.depopulation,qui porterale nom
de Bou-Kandoura, est destiné à agrandir le
territoire de Saint-Ferdinand, qui, par Ses
progrès,et son importance, appelle cet ac
croissement. Nous avions annoncé, il y a
quelque'temps, que l'administration civile
diAlger faisait -les études nécessaires à la
création de ce hameau, à l'allotissement des
terrains et à l'installation des. nouveaux co
lons, On voit que l'effet-a suivi de près la
promesse. H enrt C auvain.
Les nouvelles que le. gouvernement a re
çues des différens points,, qui aboutissent
aux lignes télégraphiques , annoncent que _
partout les campagnes se rendent aux élec
tions avec le plus grand empressement.
La question de la réduction du "taux de
l'intérêt, occupe beaucoup l'administration
de la Banque de France. Une commission a
été nommée ; elle a fait son rapport, et il est
favorable à la réduction. C'est, jeudi prochain
que le conseil de la Banque doit prendre une
résolution.
A Londres, les directeurs de la Banque ont
décidé,, dans leur dernière • séance, de faire
les avances ordinaires du trimestre sur les
valeurs du gouvernement jusqu'au paiement
des dividendes au taux de 2 0/0 par an ; c'est
une réduction d'un 1/2 0/0 sur le, taux du
trimestre précédent. . v
Les élections, pour -Je corps -législatif se-
font à Paris dans le plus grand ordre. Use
rait difficile de préjuger si lé nombre desvo-
tans sera considérable. Il 'y avait, à la vérité,
encore un grand nombre de cartes à retirer
hier soir ; mais on en a retiré beaucoup au
jourd'hui. Bien des électeurs ne retirent mê^
me leurs cartes, qu'au moment d'allef voter
afin de s'épargner uri doubledéplacement,sur
tout dans les sections où les salles de vote
Sont voisines des mairies, "oudujieu où les
caries ont été déposées; car dans quelques ar-
rondissemens la distribution des cartes nele
fait pas seulement à la mairie, afin d'évih r
tout encombrement. Toutes les mesures ont
donc été'prises pour faciliter l'accès de l'urne.
A défaut de la garde nationale, non en-'
çore réorganisée, là'troupe de ligne a fait le
service dans les sections, et ce soir elle a ac
compagné les urnes, qui;- après avoir :été
•scellées, sont restées confiées à sa garde.
On sait que l'escadre anglaise d'Afrique a
mis le blocus devant un de nos principaux
comptoirs commerciaux, sous prétexte d'em
pêcher l'introduction d'armes et de munitions
dans une ville voisine, qu'elle s'apprêtait à
attaquer. Le combat a été livré depuis lors, ;
et cette ville africaine, qu'on nomme Lagos;
a été tavagée parles obus. Les assaillansTonl
ensuite occupée, pour y introniser un chef •
de leur choix. La lutte n'a pas duré moins
de-six jours,- , elle a été très vive : les An
glais ont laissé sur le terrain quatre-vingt-
dix tués et blessés.
En Angleterre, l'opinion a'été justement
émue de ce que tant de sang avait été répan
du pour un si miùce résultat. Lord Carming,
organe de l'étonneinent etde la douleur pu-'
blique, a demandé que les documens relatifs
à cette-malheureuse affaire fussent commu
niqués au parlement: lord Granville, au
nona du gouvernement précédent, avait pfts
l'engagement de produire ces pièces. La
chuté du ministère whig et x l'avènement
des tories, qui né sont, pas responsables
des ordres donnés par leurs prédécesseurs,
feront.sans doute ajourner indéfiniment
toute discussion à ce sujet. Mais le nouveau,
gouvernement, pour donner une satisfaction
au sentiment public, a ordonné l'impression
des principaux rapports qu'avait reçus l'a
mirauté. Cette publication est instructive ,
et,.comme le . commerce français a de très
graves, iutéfêts engagés |lans Faffairê , il est
utile d'y revenir, surtoq$ parce que le blocus
de notre comptoir n.'àjpas été levé , contre
toute attente, après-la destruction de Lagos.
Pour justifier une mesure si préjudiciable
à des tiers et à des neutres, tels que les com-
merçans français du comptoir-bloqué, il
faut des motifs de guerre sérieux et légiti
mes. Or, l'attaque de Lagos n'a pas eu de
cause sérieuse. Il s'agissait, dit-on, de dé
truire un foyer de traiie des noirs. Vain
prétexte! Là suppression du trafic des
noirs ne dépend pas du renversement d'u
ne centaine de cases. Ce commerce, chassé
d'un point, se porte sur un autre. C'.est
d'ailleurs une singulière espèce de philan- .
t r opie que celle qui consiste à massacrer
des Africains par milliers pour empêcher la
mise en servitude d'un certain nombre de '
noirs. Le remède, certes, est pire que le mal..
Des familles anglaises .ont à regretter;la
perte des marins tombés dans ce combat
" inutile et peu glorieux. Elles ne conçoivent
rien à un genre d'humanité qui procède par
••le fer et le feu, .la ruina et la mort. A leurs
yeux la première charité eût été celle qui au
rait commencé par épargner la vie des
blancs tombés dans cette attaque. Au
jourd'hui,- les huttes de Lagos sont en cen
dres , le roi du pays est en fuite avec
sesadhérens; un prétendant de la fàçon de
de M. Beecroft, consul d'Angleterre en ce
pays., a été, mis sur le ~ trône. Il a pro
mis d'interdire la traite des noirs. Mais'
pourra-t-il tenir parole? Le jour où les voi
les anglaises disparaîtront de l-'liorizon, ne
sera-t-il pas assailli par ses voisins de l'inté
rieur, qui ont intérêt à maintenir le trafic
des noirs? Ou, s'il parvient à les repousser,
ne saùront-ils pas choisir à quelque distancé,
sur une côte profondément dentelée et. cou
pée par des criques êt desbaies nombreuses,
un autre lieu d'embarquement pour leurs
esclaves ? Ainsi l'œuvre qui a coûté tant de
- sang, sera détruite en un jour.
< Le prétexte Ghoisi pour attaquer Lagos
: n'était donc pas sérieux; dans tous les cas, il
n'aurait pas été légitime. Que les Anglais
, empêchent le transport par mer des victimes
de la traite, sous le pavillon, de nations quii
; ont consenti à la suppression^ ce trafic, et
qui, .en échange ,-ont reçu de la Grande-
Bretagne, des avantages pécuniaires, rien de
mieux. Mais qu'ils aillent détruire^ par le
glaive et l'incendie, une institution en vi
gueur chez un peuple indépendant, unique-
. ment parce qu'ils considèrent cette institu
tion comme mauvaise, c'est Un abus de la
force, c'est une violation du droit des gens.
Or v lorsque les motifs de faire la guerre
•nauxiiabitans de Lagos étaieni.si mal.foniés,!
' on s'étonne que les Anglais se soient crus
autorisés à "compromettre, saiis autre ex
cuse, l'existence d'un comptoir français en
pleine prospérité, par un blocus, d'ailleurs
inutile à l'exécution de leurs projets osten
sible^. On conçoit moins encore qu'aussitôt
après le succès de leurs opérations, ils ne.së
soient pas hâtés de rétablir la liberté des com
munications avec là factorerie denoscompà-
triotes.Une telle conduite aggrave les so upçons.
que leursactes antérieurs avaient fait naHre,
et quand une politique a de telles alJures, elle
s'expose à ce qu'on l'accuse de masquer,sous
un voile de philanthropie, les vues les plus
ambitieuses. Dans la .circonstance présente,
les pauvres gens.de Lagos et les marins tom
bés dans la lutte paraissent avoir payé de
leur, sang ou de la.ruine de leurs propriétés,
la vente de quelques pièces d'étoffe et de
quelques barils de rhum, écoulés par le
comptoir- anglais de Badagry, grâce à l'exemp
tion di?"blocus dont il a joui, au détriment'
de la concurrence française établie à Wliy-
."dah. :
Nous ne doutons pas pas que le gouverne--
ment ne fàsse entendre, à ce sujet, au gou-
. "vernemeiit anglais, un langage propre à le
ramener aux sentimens d'équité et. de bon_
voisinage qu'il est trop porté à méconnaître
dans ses rapports avec nous.
Après avoir ainsi apprécié en elle-même la
'mesure rigoureuse dont les liabilans de La
gos ont été victimes, il nous reste à-dire
quelques mots de la manière dont cette me
sure a été exécutée. Notre amour-propre na
tional aurait ici beau jeu, si, oubliant le
sang répandu, nous voulions trouver, en si
triste matière, à rire aux dépens de nos voi
sins. A l'époque dn bombardement de Tan
ger, le correspondant' d'un journal anglais
jugea qu'il étàit de bon goût de critiquer^
en termes peu mesurés, les manœuvres de
notre escadre. Vérification faite, on reconnut
que ce zoîle était absolument étranger à la
marine. "Nous ne l'imiterons pas ; bornons-,
nous à relever quelques faits. .-
La ville de Lagos est située sur une île au
mi]ieli d'un Jac. Pour l'attaquer, les Anglais
ont fait entrer dans ce lac deux navires à va
peur, le Bloodhoundei le '/ eazer. Chacun d'eux '
traînait à la remorque les embarcations d'un
des principaux bâlimens de l'escadre. Le
chef de" l'expédition est resté deux jours de
vant la barre de la rivière a\ant de cômmen-
cer-l'attaque,'et il a. donné par ne délai aux
assiégés tout le temps de réunir leurs forces
et leurs moyens de défense. Le troisième
jour, les deux vapeurs ont_ franchi la bar
re et se sont séparés pour combattre l'»h
à droite, l'autre; à gauche. Mais tout aus
sitôt le Bloodhound a échoué, et, quelques
instans après, le Teazer s'est ensablé à son
tour. C'est avec beaucoup de peine que le
premier de ces bâtimens à été relevé. Quant
à l'autre, il est resté envasé pendant la plus
grande partie du combat. Il était même ques
tion 4,e l'incendier pour éviter qu'il ne tombât
entre les mains de l'ennemi, lorsque le com
mandant a pris la résolution hardie de des
cendre"^ terre avec l'élite dè_son équipage,
pour enclouer les canons de la batterie qui
lui faisait face. Ce projet courageux et di
gne d'un marin, n'a pu être accompli qu'au
prix du sang le. plus précieux. Enfin, là lutte
des Anglais contre de misérables sauvages
mal armés et indisciplinés a duré quatre
jours encore. L'attaque préparée le 23 dé
cembre, "commencée le 25, n'a réussi que le
29. Quatre-vingts Anglais ont été tués ou
blessés daus cette lutte. Dix avaient succom
bé, le mois précédent, dans une fausse atta
que conduite par M. Beecroft.
Quatre jours de .combat, deux navires
échoués, quatre-vingt-dix hommes renver
sés sur, le terrain, jél a été. le prix dç la des
truction d'une ville défendue par des nè
gres incivilisés.
L'attaque et là prise de Mogador, en 1844,
ont coûté beaucoup moins cher à notre ma
rine. Quant aux expéditions que nos officiers
ont eu l'occasion de diriger contre des tri
bus africaines, dans les mêmeS^parages que
Lagos, elles pnt toujours été accomplies en
quelques heures, et nous n'avons jamais eu
à y-déplorer la perte que d'un très petit
nombre de marins. En de tels combats, c'est
déjà beaucoup de perdre trois ou .quatre
hommes; mais il.est inouï qu'on en laisse
pjrès de cent sur le terrain. L. B oniface.
Nous recevons des nouvelles de Borne,, à
la date «lu 21 février. La veille, le cardinal
Orioli, qui était malade depuis cinq jours
d'une fluxion de poitrine, mais qui allait
mieux le matin, a rendu le dernier soupir.
Dans la matinée on le croyait sauvé., mais
une crise survenue dans la soirée a déter
miné, du moins à ce que l'on croit, une at
taque d'apoplexie qui l'a enlevé subitement.
C'est une perte -considérable. Préfet de la
congrégation des évêques et des réguliers, le
cardinal Orioli rendaif d'immenses services
par son savoir et une application infatigable.
Le cardinal Orioli aimait beaucoup les Fran
çais et la France, oùr il avait demeuré assez
long- temps en qualité de curé de "paroisse,
lors du séjo,ur. qu'y fit Sa Sainteté Pie VU,
qu'il avait accompagné dans son exil..
D'après notre correspondant, le prince-
Président- de la République ayant témoigné
lé désir que la France eût deux chapeaux à
la prochaine promotion," il paraît?certain
que, outré Mgr l'archevêque de Bordeaux,
c'est le vénérable archevêque d'Auch, Mgr
de la Croix-d'Azolette,qui sera élevé à l'hon
neur de la-pourpre romaine. -
Les Mazziniens, furieux delasplenieur du
carnaval et de l'entrain général, ont voulu
jeter l'effroi et la consternation au "milieu de
toute une population joyeuse , " en lançant
des bombes qu'ils avaient préparées. C-'éfait
un bel expédient pour ruiner complètement
et à jamais les liabitans de cette ville qui a
tant besoin de ce concours périodique d'é-"
trangers ! Parmi les personnes arrêtées on cite
lç nommé Jacopini, ex-employé à la mon
naie, chez qui on.a trouvé les bombés; les nom
més Fazzi, de Pologne; Bizzarri, habitant des
Monti ; MaderiK.», ex-employé du gouverne
ment, et les deux frères Fabbri, imprimeurs
chargés par le gouvernement républicainde
•l'impression du papier - monnaie dont il
nous a inondés, et qui est cause aujourd'hui
des embarras financier des Etats-Romains#
' DENAIN. .
NOUVELLES ÉTRANGÈRES.
ANGLETERRE.
chaïhbre des lords.— Séance du 27 février.
Il n'y avait pas eu depuis long-tefnps, dans lès
galeries de cette chambre, une affluence aussi con
sidérable que celte qui se fait remarquer aujour
d'hui. " ^
Lord Redesdale fait les fonctions de président.
. le comte de Derby (lord Stanley) se lève et dit :
La place où j'ai l'honneur de. siéger m'impose le
devoir d'exposer avec le plus Se"franchise person
nelle et le moirts.de réserve officielle que possible,
les raisons qui m'ont déterminé-à entreprendre la
tâche ardue que je n'ai pas jugé à propos dé décli
ner, ainsi que la marche que je me propose de sui
vre. Et d'abord, qu'il me soit permis d'exprimer ici
au noble marquis dé Lansdowne , n'ayant pu le
faire à la séance récente où.il a porté la parole,
mes remercîmens pour le ton amical avec'leqdel il
a commenté mon entrée à la direction des affairés.
Une telle bienveillance dp la Jart d 'un homme que'
j'ai été habitué tout jeune À respecter et à entourer
de déférence, d'un homme pour qui ces sentimens
ont bientôt été remplacés par une estime toute per
sonnelle, m'a flatte, je l'avoue, et je suis heureux
et fier que les circonstances qui ont brisé notre-
liaison politique, n'aient en rien influé sut notre
amitié personnel!^ipBçoutezt) , jV w
"Et ce n'est îcT qu'un "exemple entré mïlTe dï ces
sentimens de considération mutuelle, à l'abri de
toutes.les passions de parti, que savent conserver
et nourrir entre eux,.en ce pays dé vraie.liberté,
des hommes d'opinions différentes : cette diversité
d'opinions rie fut jamais assez forte pour .briser les
liens d'amitié pérsonnelle des gentlemen anglais.
(On applaudit.) Je ne voudrais pas croire à l'assU-
rancè donnée par le noble marquis, que-lui, si long
temps l'ornement et l'exemple de la chambre, il
songe à se retirer de la viepublique ; s'il persistait
(ce qu'à Dieu ne plaise!),dans cette résolution, après
cinquante années dé sa vie consacréesau service du
pays, cet homme d'Etat, qu'il en soit bien sûr, se reti
rera avec l'amitié cordiale et la sincère estime de ses
adversaires politiques, et avec lé caractère-le plus pur
et son honneur sans tache. (Applaudissemens.)
Mylords, jçpasse à une question sûr laquelle vous
êtes en droit d'attendre de môi desexplications ca
tégoriques. Je prévoyais si peu la brusque retraite
des ministres de S. M., que j'étais allé passer'trois
ou quatre jours à la campagne. Same.di matin cette
nouvelle vint me surprendre, et,dans la soirée, je
reçus l'ordre de la reine de me rendre au palais,
le lendemain à deux heures et demie.
, -.Dans ces circonstances, je -devais évidemment
faire tairç toute considération personnelle pour ne
m'occuper que (je ce seul point, c'est que la reine
■ et le pays ne devaient pasdemenrér sans ministère,
quejque indigne que fût ce ministère. Quoique la
tache fût bien ardue, quoique je susse apprécier
complètement les difficultés de. ma position et
celle._de mes amis qui, partageant mon opi-
"nion'^ne. peuvent pas cependant disposer d'une
majorité dans l'autre chambre, malgré tous ces
embarras;'je crus pas 1.lisser davan-
vantage la reine et le pays * administration, et
il me sembla que tel"était mon devoir. (Ecoutez!)
En conséquence, j'informai Sa très gracieuse Ma
jesté que j'étais prêt à accepter le mandat qu'il lui
plaisait de me confier. En àiigjTejours, j'ai pu sou»
mettre à la reine.une kjle nurTlstérielle complète
qu'elle a daigné,approuver. Maintenant.c'est mon
devoir, Mylords, de vous dire franchement, libre
ment et sans réserve la marche politique-que je
crois devoir suivre. (Ecoutez!) ,
Et d'abord, en ce qui touene les relations exté
rieures de l'Angleterre, je suis certain qu'il n'est-
personne ni parmi Vos Seigneuries ni dans lepaysj
qui ne désire vivement voir maintenir les biepfeilg
de la paix universelle. Il n'est pas nn de mes no*
hles-anys qui ne pense comme moi que. le gou
vernement doive faire tousses efforts afin d'écar
ter même là chance la plus reculée d'augmenter les
misères de là guerre. Selon moi, ce désir de con
server là paix rie devra pas être moins soutenu par
le déploiement de forces considérables de terre et
de mer, ou par une attitude hostile, comrae si
nous préparionsà la guerre. Le maintieri dé la pai^
rie doit pas être du a l'adoption -de théories uto=
pistes de désarmement universel du pays, comme
le voudraient certaines personnes qui pressent
l'Angleterre de donner ce bon exemple. (On ru.)
Je crois que la paix ne > n us irneux maiite=
nue qu'en observant m ^ ifutes'les puisa
sances étrangères, fortes«3u faibles, une conduits
calme, réfléchie et conciliante, non-seulement en
actions, mais encore en paroles . en observant
avec une stricte fidélité la lettre des traites,
en respectant l'indépendance de tous les Etats,
grands ou petits, et en reconnaissant leur dr-^
complet de régler leurs affaires intérieures. (Kcqjhs
tez!) Je crois que la Constitution sous laquelle
nous avons le bonheur de vivre, est de tqutes les
Constitutions imaginables .la Taipu* aaaptce à ta
"garantie d,u. bonheur et de I4 liberté des masses,
FEUILLETON DKONSTITUTiOML, 1 er MARS
LES VOYAGEURS NGUYEAIiX.
M. WERXE. — LE Xlt BLAiXC (1). -
II. '
Caput Nili quœrere , chercher la tête du
Nil était une expression proverbiale em
ployée par les anciens pour dire qu'on en
treprenait une tâche difficile. Les poètes .di
saient aussi :
Arcanum nalura caput non proûidit ulli,
Nec licuit populis yaruum te r Ni le, videre,
Amovit que sinus j e 1 gentts maluit or tus , ^
Mirari quam nosse tuos... (2) " ,
Cependant, à de longs siècles de distance,
le fils du pauvre bourgeois de la Cavale, le
nouveau souverain de l'Egypte ,, l'ardent
Mehemet-Ali, a voulu recommencer l'œuvre
des Sésostris, des Alexandre, des Ptolémée
et des César. Il a voulu rechercher les sources
du Nil par uu espoir de bénéfice matériel
plutôt que par Un désir purement scientifi
que. Mais plus d'une noble découverte a été
faite par des pirates, par-des marchands, et
souvent même par hasard: Si une entreprise
enrichit la sciencé, qu'importe «quel èn fut
le premier mobile et la première inlentionl
■ En 1839, une expédition fut organisée par
l 'Qrdre de Mchemét-Ali, pour remonter jus
que son origine le Bahr-el-Abiad (le Nil
blanc). Elle n'atteignit point le bul qu'elle-
s'élait proposé. Elle s'àrrèta au sixième de
gré de latitude. Dès qu'elle fut de retour,
en 1840, Mehemet-Ali en arma une seconde.
C'est celle dont un Allemand, M. Werne,
(1) Expédition zftr Entlerkung der quellen dess
weissen.Nils. f vol. in-8°. Berlin, 1848.
(2) « Nil mystérieux, la nature n'a livré à. per
sonne le secret de ta sourie e ; ene n'a permis à au
cun peuple de te voir couler dans ton humble ht;
elle a jeté un voile sur le sol d'où tu sors, voulant
que ton origine,fût plus admirée qvte connue. »
qui en faisait partie, ■ a raconté la traversée.
M. Werne est un de ces hommes qu'un tem
pérament impétueux, u 4 ne nature aventu
reuse- en traînent forcément hors du cercle
paisible où ils sont nés. Etudiant à Bonn, à la
nouvelle de l'insurrection des Grecs, il aban
donne ses livres, court s'embarquer à Marseille
et sejette avec ardeur dansées rangs des Hellè
nes. Eclairé par l'expérience sur les illusions
qu'il s'était faites dans çon juvénile enthou
siasme, il retourne dans sa patriarcale Aile-"
magne; mais il essaie en vain d'appliquei; sa
pensée à la modeste carrière que sa lamille
l'invite à suivre, tes perspectives d'une vie
d'action, de hasard, où tout apparaît dans le
\ague idéal de l'inconnu, l'entraînent de
nouveau .loin du pays natal. Bientôt nous'
le voyons reparaître en Egypte.-Après avoir
combattu contre les musulmans, il entre
dans l'armée des musulmans. Il est installé
avec le titre de major près d'Achmét-Pacha,
gouverneur du Soudan, et fait avec lui une
longue campagne contre les tribus insoumi
ses du Taka. En 1839, il était à Chartoum,
assistant avec un amer regret au départ de la
première-expédition do Nil, Si laquelle il eût
voulu s'adjpindre. En 1840, il-obtint eufin
la permission de suivre la seconde, et s'em
barqua aveô bonheur^ frappé déjàplusd'une
fois et terrassé par les ardeurs du climat de
ces chaudes régions, mais bravant courageu
sement le danger, révolté souvent parla bru
talité des officiers duvice-roi, maismarchant
au milieu d'eux la tête haute, et leur impo
sant le respect par son altitude inébranlable.
L'expédition se composait de quatre daha-
bées du Caire (petits bâtimens à deux mais),
de trois dahabees de Chartoum, chacune ar
mée de deux canons, de deux chaloupes de
transport, et d'une au Ire. chaloupe plus lé
gère. Ces diverses embarcations portaient
250 soldats nègres ou égyptiens, et 120 ma
telots. Deux ingénieurs français, MM. d'Ar
naud et Sabathier, faisaient ce voyage avec
une mission de Mehemet-Ali (1). Un "autre
Français, M .Thiébaud, était chargé des collec-
(1)' M. d'Arnaud a écrit la-relation de ce voyage
et, malheureusement, ne l'a pas encore publiée.
lions d'histoire naturelle,• et M. Werne leur
était associé à titre de passager.
Les préparatifs de celte entreprise, com
mencée dans la capitale de l'Egypte, s'ache
vèrent au confluent môme des deux fleuves, .
à Chartoum, ville de 30,000 ames, chef-lieu
de la province de Bellet-Soudan-, mais ils
s'achevèrent avec lenteur^ et, le 23 novem
bre seulement, aprè's plusieurs mois de
délai, la flottille quittait la plage de' Char
toum. Dès le moment où elie se -mer en
route , M. Werne doute du succès de cette
expédition. En premier lieu,: diUl, elle est
partie trop tard, et le fait est que ce retard
lui a été funeste^ En second lieu, elle est con
duite avec une négligence impardonnable.
Soliman-Kaschef qui la commande, ne s'oc
cupe guère de sa mission que lorsqu'il a
suffisamment assuré le bien-être de sa chère
personne. Il emmène avec lui, dans une ca
bine fermée à tous lés regards, une jeune
esclave qui souvent réclame son attention. Il
fait de longues haltes pour goûter les dou
ceurs d'un paisible sommeil, et tant qu'il
dort, peu lui importe de quel côté le vent
souffle: Les embarcations soumises à ses
ordres ne se remettent en marche que
lorsqu'il.leur'donne le signal de son ré
veil. Les - capitaines de ces embarcations/"
ne sont point de ces hommes fâcheux
qui,'ayant un devoir à remplir, s'en font
une sotte affaire, de conscience et s'irritent
de ne pas poursuivre assez activement leur
tâche. Ils aiment aussi le repos, ils ont aussi
leurs distractions, qui d'une façon, qui de
l'autre. L-'un d'eux passe une partie" de son
temps à boire des liqueurs fortes, et le
reste à s'amender d'une telle faute, en li
sant la loi de Mahomet. Quoi de plus édi
fiant? Les soldats et les matelots suivent avec
une louable soumission l'exemple de leurs
chefs ; les braves gens ne perdent-pas ui»
occasion de jouer et de banqueter. Quand" on
peut prendre à terre quelques bestiaux, il
se fait sur les chaloupes 'des repas de géans ;
et lorsque après ces repas, a la vue. d'une tri
bu hostile, on ouvre la poudrière, nul de
ces valeureux soldats ne discontinue de fu
mer sapipe. *
" Cependant l'expédition poursuit.peu à peu
sa marche sur le Nil. Les brusques sinuosi
tés du fleuve sont un; grande cause d'ennui
pour,lesbonsmatelots de Soliman, quiaime-
' raient tant à rester assis en paix sur le pont,
et qui sont fréquemment obligés d'amufer
leurs voiles dans diverses directions. Sa lar-
geur varie de deux cents à trois cents pieds,
et son cours ofù'e aux regards, de singuliers
contrastes. Tantôi ce fleuve apparaît éblouis
sant de lumière, enlaçant dans ses flots des
îles couvertes d'une verdure splendide, tan
tôt ïl se dérouie tristement entre deux plages
marécageuses hérissées de roseaux,. Ces ma
récages, qui s'étendent sur un assez large es
pace, sont la sauvegarde, des populations ri-
' veraines. La chaloupe ennemie ne peut les
traverser, et des compagnies de fantassins
.ne pourraiénty péiïétrersans un grand dau-
ger. L'ambition de Meliemet-Ali 11e s'est pas
arrêtée devant desmurs de .granit; elle s'ar
rête devaut cette barrière de limon. Les peu-
Elades qu'elle protège ne paient point de tri-
ut à l'Egypte et gardent de tout point îeûr
indépendance.
Mais de jour en jour le panorama du Nil
- se présente sous un autre aspect, et à me-
• sure que l'on s'avance vers les régions équa-
loi iales, il se revêt d'une couleur éelalante.-
Sur son onde flottent des masses de lotus,
de ce lotus -vénéré des Indiens comme un
. mystérieux symbole. Sa fleur ressemble à.,
une étoile blanche tombée de l'azur du ciel
. dans l'azur des eaux. Le soleil est sod élé
ment. Elle s'entr'ouvre à l'aurore et se ferme
au crépusêule du soir; On dirait d'une rian-
' te pensée qui s'éveille aux rayons du matin,
s'épanouit tout" le jour dans sa vive anima
tion, et s f assoupit en silence sous le voile de
k nuit. Cette fleur du lotus se compose d'u»
ne vingtaine-de feuilles aiguës, pareilles à
cellês du lvs, qui entourent un calice d'or,
dont les graines donnent aux gens du pays
unfi nourriture'substantielle.. .
S.ur les rives du fleuve s'élèvent de pror
fondes forêts vertes et fraîches commtr celles
d'un beau parc européen au retour du prin
temps, im posantes comme les forêts vierges
de l'Amérique du Sud- Là est le tamarin au
feuillage effilé: l'ébène, le baobab, ce colosse
des bois, qui a jusqu'à 100 et 120 pieds de
circonférence ; l'arbre éléphant , qui mérite
ce nom par l'étendue de sa tige, le dévelop-
pement-de ses rameaux. A cet arbre sont sus
pendues, comme des girandoles aux branches
d'un lustre, des grappesde fleurs semblables
à des lys jaunes, qui n'ont pas moins de cinq
à six pieds delongueur. Elles éclosenl par
groupes suçcèssifs comme pour charmer per
pétuellement les yeux. Une 'moitié "de ces
riches guirlandes s'étale dans .toute sa
magnificence, quand l'autre commence à
pèine à brtèsr son enveloppe. Au bord de ces
forêts reposent les monstrueux crocodiles,
l'hippopotame, si difficile à atteindre, que le
consul anglais d'Alexandrie a payé 25,000 fr.
celui qui est maintenant à Londres; sur
leurs rameaux, sautillent des troupes de
singes, qui, par leurs agiles évolutions, échap
pent a la flèche du chasseur; dans les pro
fondeurs de ces mêmes forêts, on voit-se
dresser, comme un arbre mouvant, la tête
superbe-de la girafe.; on entend retentir le
lourd pas de l'éléphant, poursuivi dans sa
marche, humilié dans sa puissance par de
faihjes oiseaux, qui voltigent dé sa tête à sa
croupe, bravant sa trompe et sa colère, com
me le moucheron que Lafonlaine nous mon
tre bravant la colère du lion. . .
AvUiie laiJtude déjà très rapprochée de 1 é-
quateur, la chaleur dé la température n'est
pas excessive. Le tliermomèlrb ne s'élève
pas à plus de 28 degrés. Mais des nuées de
moustiques altérés da sang s'abattent sur les
embarcations et harcèlent les voyageurs.
M. Werne tombe malade. Une fièvre violen-
to le jette dans un effrayant état de prostra-
tion. Prive de" tout socoùrs et de tout moyen
de soulagement, étendu sur son.lit dans sa
ehaude cabine, livré aux dards aigus de ces
tourbillons d'insectes, il n'échappe à la mort
qui le menace que par la force de sa consti
tution. .
i,Parfois de longs jours se passent sans que
la flottille puisse entrer* en communication
avec le? peuplades' qui habitent le long des
fleuves. Tantôt l'attitude de ces peuplades
fait peur aux Egyptiens, et tantôt ce sont
elles-mêmes qui fuient épouvantées devin'
les soldats armés de fusils. Cette population
est pourtant très- considérable. M. Wern^
évalue à deux millions d'individus la p- eu )e
tribu des Shillouks. A tout instant, on aper
çoit de côté et d'autre de nombreux-villages
"de longues lignes de tokouls. Le toHOul est
. l'habitation du riche et du pauvre, 'tme ha
bitation des plus primitives, qui ala forme ar
rondie d'une ruche d'abeilles. L'architecte, le
charpentier, le maçon n'ont point à s'occuper
de ces édifices africains. Desjoncset du limon '
en forment la muraille. Au milieu est urtu
po.rte également faite avee des joncs, et le
tout est recouvert avec des faisceau* de pail
le. Ni fenêtres, du reste, ni compartimens.
Les peuplades des rives du Nil blanc n'ont
point de tels rafflnemens. Le tokoul n'est
qu'une espèce de terrier beaucoup moins
compliqué et moins habilement construit
que celai du castor. Ou n'y entre qu'en cour
bant la tête jusqu'aux genoux, et en se pla
çant sous le point culminant de son-toit;
plus d'un homme de la'contrée ne peut s'y
tenir debout.
Chaque lois que les. matelots égyptiens en
trevoient une occasion de se rendre à terre,
ils là saisisseat avec empressement, et M;
Werne en profite pour étudier la physiono
mie e( les mœurs des habitansde la contrée.
Il a été très frappé de la haute taille et de là
force musculaire de ceux qu'il a vus vers'le
8 e degré de latitude. Ces hommes ont, en
général, six pieds, et quelques-uns six pie et demi (pied de Paris), les épaules larges
en proportion, les. membres bien modelés,'
une race superbe, siTr laquelle les écrivains
de l'antiquité avaient peut-être de-vraies no
tions quand "ils parlaient des races de géans.
Leur figure n'est point celle des autres ne-*
gres d'Afrique. Leûr tête est d'uue noble -
conformation, le front large, le visage ovale,'
le nez quelque peu aplati, mais non point
comme celui des tribus de la côte occiden
tale, et les lèvres pareilles à celles des an
ciens Egyptiens, tels qli'on les voit repré
sentés sur les xonùmens. Avec cette belle or
ganisation, sur un sol fertile qui" produit
d'abondantes récoltes, qui leur offre le fer,
PZinC DIS fABONMEBÏEHT
! PARIS....... 13 F. PAU ,TRIMESTRE.
DÉPARTEMENS. 1# F. — \
• UN NUMÉRO : CENTIMES. - '
' poca les pays ÈTBiNGgRSj «e reporter
a î tableau qui sera publié dans le journal,
le: 10 & .às de chaque mois.
Lei abonnement datent des lv et 16
de chaque mois. ,
BIJREllil : ràe tle Vaiois ^alaitt-Hoyal], n* ÎO.
1852.- LUNDI 1" MARS.
«f.-wt'.i/-■•trr-rf—-T-i—"rmnhUftc
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ï^vr
^1L-/
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL
S'adresser, franco, pour la rédaction, à M. DonifaceJ
Les articles déposés ne sont pas rendus}
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Les annonces sont reçues au bureau du jûurnàl; et chçi.M. PANIS, régisseur, 10; place de la 3ouxse
Le. décret Organique "sur'là presse, que
nous avons publié dans noire numéro au 19,
élève à 6 c. le droit de timbre qui n'était que
de .4 pour Paris et de 5 pour les départemens.
- Il remet en outre en vigueur les tarifs pour lé
transport par la poste, tels qu'ils existaient'
'en 1848. Il en résulte une augmentation de
centimes par jour sur les numéros distri-
' bues dans Paris ; et de. 5 centimes sur ceux
qui sont expédies dans les départemens.
L'administration du Constitutionnel, ne
voulant pas faire supporter à ses abonnés
toute la charge qui lui -est imposée par la
nouvelle loi, en prend une partie a son
compté. *
En conséquence, à dater d'aujourd'hui,
les abonnemens seront reçus dans nos bu
reaux aux prix suivans :
PARIS..- 13 fr. PAR TRIMESTRfe.
- DEPARTEMENS... 16 fr. » »
. Le Constitutionnel, reste le journal du plus
grttnd format.
PARIS, 29 FÉVRIER.
Le ministère auglais n'a point rencontré,
vendredi, l'opposition qu'on avait sibruyam-
ment annoncée. La coalition qui s'est formée
contre lui n'a pas osé prendre l'initiative des
hostilités, et,après quelques pourparlers in-
sigaifianSj la chambre des communes s'est'
-ajournée jusqu'au 12 mars, pour permettre
au cabinet de terminer ses arrangemens, et
de prendre jun parti sur les mesures qui doi-
vept être soumises par lui au vote du parle
ment.
Le comte de D#rby a fait, dans la chambre
des lords, i'expoéé de la politique qu'il
compte adopter. La curiosité d'çâtendre cet
exposé avait attiré à la chambre* haute une
affluence considérable. Nous publions le dis
cours du premier ministre. Le nouveau gou
vernement croit devoir poursuivre les mesu
res de précaution arrêtées-par ses prédéces
seurs; mais il proteste en jnôme temps de
son désir sincère de ne rien épargner pour
assurer le maintien de la paix et de la bonne
harmonie dans toute l'Europe. Cette déclara- '
tion pacifique sera accueillie avec satisfac
tion; elle confirme' pleinement les espéran
ces qu'avait fait concevoir la désignation de
lordMalmesbury comme ministre des affaires
étrangères. , ' ,
On a remarqué également l'avertissement
adressé par le premier ministre aux réfugiés
résidant en Angleterre, et sa déclaration que
le gouvernement anglais ne tolérerait aucune
entreprise, aucun complet contre les gouver-
nemens' étrangers. C'est notre devoir, a-t-il
dit, d'avertir les "puissances amies dè cfe qui
pourrait se. tramer contre elles, et de ne pas
souflïir qu'on abuse de notre hospitalité, et,
qu'on se couvre de notre protection pour
■organiser la guerre dan» d'autres pays. La
loyale initiative qu'a prise-le comte de Der
by lui fait honneur et ne peut manquer d'a
planir les difficultés qui s'étaient élevées en
tre l'Angleterre et les diverses, puissances du
continent.
. Le premier ministre a été aussi explicite
que possible sur la ligne politique qu'il
compte suivre à l'intérieur. Il a écarté com-
plèlc-men v t le bill de réforme électorale pré
senté par lord John Russell. Quant aux
questions commerciales, lord Derby n'a
pas déguisé la préférence qu'il donne au
tarif,sagement protecteur des.Américains
sur le système appliqué- par » sir Robert
-Peel, mais il a subordonné toute tenta
tive de revenir sur le passé à-la décision
du corps électoral ; et il a annoncé qu'à
moins d'y être forcé par les attaques de
P es adversaires, il ' ne prendrait l'initia
tive d'aucun débat sur ce sujet. Lord Der
by limite la tâche de son ministère, pendant
la session actuelle, à la présentation de quel
ques mesures de finances et de quelques bills -
ayant pour-objet te réforme do la législation
anglaise. Il ne dissoudrait immédiatement la
chambre des communes que dans le cas où
les libre^jchangistes, en provoquant un dé
bat sur le tarif commercial, ne laisseraient au
cabinet d'autre alternative (fue la retraite ou
un appel aux électeurs. , '
. C'est dpnc en réalité mqe trêve de quelques
mois que le nouveau ministère a proposée à
ses adversaires. Le silence que ceux-.ci ont
gardé dans.la- chambre des communes, et la
facilité avec laquelle a été adoptée la"proposi
tion d'un aioùrnementâ'quinzaine prouvent
que tous les hommes d'Etat anglais désirent
éviter, une crise immédiate, et préfèrent
ajourner à l'été la grande lutte électoralé qui
doit décider çle leurs prétentions. ...
■ ■ • . . CUCHEVAL-CEABIGNY.
Le Moniteur d'aujourd'hui publie plu
sieurs décrets qui émanent du ministère de
la guerre. Le plus important règle l'efftc-
tif de la gendarmerie. Aux termes de ce dé
cret, ce corps d'élite se composera de vingt-
six légions pour le service des départemens
et de l'Algérie, de la gendarmerie coloniale,
des deux bataillons de. la gendarmerie mo
bile, de la garde républicaine chargée du
service spécial de la ville de Paris, et de
deux compagnies de gendarmes vétérans.
La fixation de l'effectif sera suivie très pro
chainement des nominations qui doivent
avoir lieu, d'après le décret organique du 2£
décembre 1851. Si nous ne nous trompons,
ce travail de nominations est à peu. près
terminé, et'il "paraîtra très incessamment.
On sait que le décret organique du 22 dé
cembre a surtout pour but de modifier d'une
manière toute favorable les conditions de
l'avancement pour le corps de la gendarme
rie. L'expériçnce avait démontré que dans ce
corps les chances-d'avancement sont beau
coup moindres que dans les autres corps de
l'armée. Le gouvernement a sagfc'ment pense
qu'il fallait récompenser par une législation
"plus bienveillante des militaires'qui ont si
bien mérité du pays.
■ Les au très'décrets sont relatifs à la création
d'un nouveau centre de population en Algé
rie. Ce ceiitre.depopulation,qui porterale nom
de Bou-Kandoura, est destiné à agrandir le
territoire de Saint-Ferdinand, qui, par Ses
progrès,et son importance, appelle cet ac
croissement. Nous avions annoncé, il y a
quelque'temps, que l'administration civile
diAlger faisait -les études nécessaires à la
création de ce hameau, à l'allotissement des
terrains et à l'installation des. nouveaux co
lons, On voit que l'effet-a suivi de près la
promesse. H enrt C auvain.
Les nouvelles que le. gouvernement a re
çues des différens points,, qui aboutissent
aux lignes télégraphiques , annoncent que _
partout les campagnes se rendent aux élec
tions avec le plus grand empressement.
La question de la réduction du "taux de
l'intérêt, occupe beaucoup l'administration
de la Banque de France. Une commission a
été nommée ; elle a fait son rapport, et il est
favorable à la réduction. C'est, jeudi prochain
que le conseil de la Banque doit prendre une
résolution.
A Londres, les directeurs de la Banque ont
décidé,, dans leur dernière • séance, de faire
les avances ordinaires du trimestre sur les
valeurs du gouvernement jusqu'au paiement
des dividendes au taux de 2 0/0 par an ; c'est
une réduction d'un 1/2 0/0 sur le, taux du
trimestre précédent. . v
Les élections, pour -Je corps -législatif se-
font à Paris dans le plus grand ordre. Use
rait difficile de préjuger si lé nombre desvo-
tans sera considérable. Il 'y avait, à la vérité,
encore un grand nombre de cartes à retirer
hier soir ; mais on en a retiré beaucoup au
jourd'hui. Bien des électeurs ne retirent mê^
me leurs cartes, qu'au moment d'allef voter
afin de s'épargner uri doubledéplacement,sur
tout dans les sections où les salles de vote
Sont voisines des mairies, "oudujieu où les
caries ont été déposées; car dans quelques ar-
rondissemens la distribution des cartes nele
fait pas seulement à la mairie, afin d'évih r
tout encombrement. Toutes les mesures ont
donc été'prises pour faciliter l'accès de l'urne.
A défaut de la garde nationale, non en-'
çore réorganisée, là'troupe de ligne a fait le
service dans les sections, et ce soir elle a ac
compagné les urnes, qui;- après avoir :été
•scellées, sont restées confiées à sa garde.
On sait que l'escadre anglaise d'Afrique a
mis le blocus devant un de nos principaux
comptoirs commerciaux, sous prétexte d'em
pêcher l'introduction d'armes et de munitions
dans une ville voisine, qu'elle s'apprêtait à
attaquer. Le combat a été livré depuis lors, ;
et cette ville africaine, qu'on nomme Lagos;
a été tavagée parles obus. Les assaillansTonl
ensuite occupée, pour y introniser un chef •
de leur choix. La lutte n'a pas duré moins
de-six jours,- , elle a été très vive : les An
glais ont laissé sur le terrain quatre-vingt-
dix tués et blessés.
En Angleterre, l'opinion a'été justement
émue de ce que tant de sang avait été répan
du pour un si miùce résultat. Lord Carming,
organe de l'étonneinent etde la douleur pu-'
blique, a demandé que les documens relatifs
à cette-malheureuse affaire fussent commu
niqués au parlement: lord Granville, au
nona du gouvernement précédent, avait pfts
l'engagement de produire ces pièces. La
chuté du ministère whig et x l'avènement
des tories, qui né sont, pas responsables
des ordres donnés par leurs prédécesseurs,
feront.sans doute ajourner indéfiniment
toute discussion à ce sujet. Mais le nouveau,
gouvernement, pour donner une satisfaction
au sentiment public, a ordonné l'impression
des principaux rapports qu'avait reçus l'a
mirauté. Cette publication est instructive ,
et,.comme le . commerce français a de très
graves, iutéfêts engagés |lans Faffairê , il est
utile d'y revenir, surtoq$ parce que le blocus
de notre comptoir n.'àjpas été levé , contre
toute attente, après-la destruction de Lagos.
Pour justifier une mesure si préjudiciable
à des tiers et à des neutres, tels que les com-
merçans français du comptoir-bloqué, il
faut des motifs de guerre sérieux et légiti
mes. Or, l'attaque de Lagos n'a pas eu de
cause sérieuse. Il s'agissait, dit-on, de dé
truire un foyer de traiie des noirs. Vain
prétexte! Là suppression du trafic des
noirs ne dépend pas du renversement d'u
ne centaine de cases. Ce commerce, chassé
d'un point, se porte sur un autre. C'.est
d'ailleurs une singulière espèce de philan- .
t r opie que celle qui consiste à massacrer
des Africains par milliers pour empêcher la
mise en servitude d'un certain nombre de '
noirs. Le remède, certes, est pire que le mal..
Des familles anglaises .ont à regretter;la
perte des marins tombés dans ce combat
" inutile et peu glorieux. Elles ne conçoivent
rien à un genre d'humanité qui procède par
••le fer et le feu, .la ruina et la mort. A leurs
yeux la première charité eût été celle qui au
rait commencé par épargner la vie des
blancs tombés dans cette attaque. Au
jourd'hui,- les huttes de Lagos sont en cen
dres , le roi du pays est en fuite avec
sesadhérens; un prétendant de la fàçon de
de M. Beecroft, consul d'Angleterre en ce
pays., a été, mis sur le ~ trône. Il a pro
mis d'interdire la traite des noirs. Mais'
pourra-t-il tenir parole? Le jour où les voi
les anglaises disparaîtront de l-'liorizon, ne
sera-t-il pas assailli par ses voisins de l'inté
rieur, qui ont intérêt à maintenir le trafic
des noirs? Ou, s'il parvient à les repousser,
ne saùront-ils pas choisir à quelque distancé,
sur une côte profondément dentelée et. cou
pée par des criques êt desbaies nombreuses,
un autre lieu d'embarquement pour leurs
esclaves ? Ainsi l'œuvre qui a coûté tant de
- sang, sera détruite en un jour.
< Le prétexte Ghoisi pour attaquer Lagos
: n'était donc pas sérieux; dans tous les cas, il
n'aurait pas été légitime. Que les Anglais
, empêchent le transport par mer des victimes
de la traite, sous le pavillon, de nations quii
; ont consenti à la suppression^ ce trafic, et
qui, .en échange ,-ont reçu de la Grande-
Bretagne, des avantages pécuniaires, rien de
mieux. Mais qu'ils aillent détruire^ par le
glaive et l'incendie, une institution en vi
gueur chez un peuple indépendant, unique-
. ment parce qu'ils considèrent cette institu
tion comme mauvaise, c'est Un abus de la
force, c'est une violation du droit des gens.
Or v lorsque les motifs de faire la guerre
•nauxiiabitans de Lagos étaieni.si mal.foniés,!
' on s'étonne que les Anglais se soient crus
autorisés à "compromettre, saiis autre ex
cuse, l'existence d'un comptoir français en
pleine prospérité, par un blocus, d'ailleurs
inutile à l'exécution de leurs projets osten
sible^. On conçoit moins encore qu'aussitôt
après le succès de leurs opérations, ils ne.së
soient pas hâtés de rétablir la liberté des com
munications avec là factorerie denoscompà-
triotes.Une telle conduite aggrave les so upçons.
que leursactes antérieurs avaient fait naHre,
et quand une politique a de telles alJures, elle
s'expose à ce qu'on l'accuse de masquer,sous
un voile de philanthropie, les vues les plus
ambitieuses. Dans la .circonstance présente,
les pauvres gens.de Lagos et les marins tom
bés dans la lutte paraissent avoir payé de
leur, sang ou de la.ruine de leurs propriétés,
la vente de quelques pièces d'étoffe et de
quelques barils de rhum, écoulés par le
comptoir- anglais de Badagry, grâce à l'exemp
tion di?"blocus dont il a joui, au détriment'
de la concurrence française établie à Wliy-
."dah. :
Nous ne doutons pas pas que le gouverne--
ment ne fàsse entendre, à ce sujet, au gou-
. "vernemeiit anglais, un langage propre à le
ramener aux sentimens d'équité et. de bon_
voisinage qu'il est trop porté à méconnaître
dans ses rapports avec nous.
Après avoir ainsi apprécié en elle-même la
'mesure rigoureuse dont les liabilans de La
gos ont été victimes, il nous reste à-dire
quelques mots de la manière dont cette me
sure a été exécutée. Notre amour-propre na
tional aurait ici beau jeu, si, oubliant le
sang répandu, nous voulions trouver, en si
triste matière, à rire aux dépens de nos voi
sins. A l'époque dn bombardement de Tan
ger, le correspondant' d'un journal anglais
jugea qu'il étàit de bon goût de critiquer^
en termes peu mesurés, les manœuvres de
notre escadre. Vérification faite, on reconnut
que ce zoîle était absolument étranger à la
marine. "Nous ne l'imiterons pas ; bornons-,
nous à relever quelques faits. .-
La ville de Lagos est située sur une île au
mi]ieli d'un Jac. Pour l'attaquer, les Anglais
ont fait entrer dans ce lac deux navires à va
peur, le Bloodhoundei le '/ eazer. Chacun d'eux '
traînait à la remorque les embarcations d'un
des principaux bâlimens de l'escadre. Le
chef de" l'expédition est resté deux jours de
vant la barre de la rivière a\ant de cômmen-
cer-l'attaque,'et il a. donné par ne délai aux
assiégés tout le temps de réunir leurs forces
et leurs moyens de défense. Le troisième
jour, les deux vapeurs ont_ franchi la bar
re et se sont séparés pour combattre l'»h
à droite, l'autre; à gauche. Mais tout aus
sitôt le Bloodhound a échoué, et, quelques
instans après, le Teazer s'est ensablé à son
tour. C'est avec beaucoup de peine que le
premier de ces bâtimens à été relevé. Quant
à l'autre, il est resté envasé pendant la plus
grande partie du combat. Il était même ques
tion 4,e l'incendier pour éviter qu'il ne tombât
entre les mains de l'ennemi, lorsque le com
mandant a pris la résolution hardie de des
cendre"^ terre avec l'élite dè_son équipage,
pour enclouer les canons de la batterie qui
lui faisait face. Ce projet courageux et di
gne d'un marin, n'a pu être accompli qu'au
prix du sang le. plus précieux. Enfin, là lutte
des Anglais contre de misérables sauvages
mal armés et indisciplinés a duré quatre
jours encore. L'attaque préparée le 23 dé
cembre, "commencée le 25, n'a réussi que le
29. Quatre-vingts Anglais ont été tués ou
blessés daus cette lutte. Dix avaient succom
bé, le mois précédent, dans une fausse atta
que conduite par M. Beecroft.
Quatre jours de .combat, deux navires
échoués, quatre-vingt-dix hommes renver
sés sur, le terrain, jél a été. le prix dç la des
truction d'une ville défendue par des nè
gres incivilisés.
L'attaque et là prise de Mogador, en 1844,
ont coûté beaucoup moins cher à notre ma
rine. Quant aux expéditions que nos officiers
ont eu l'occasion de diriger contre des tri
bus africaines, dans les mêmeS^parages que
Lagos, elles pnt toujours été accomplies en
quelques heures, et nous n'avons jamais eu
à y-déplorer la perte que d'un très petit
nombre de marins. En de tels combats, c'est
déjà beaucoup de perdre trois ou .quatre
hommes; mais il.est inouï qu'on en laisse
pjrès de cent sur le terrain. L. B oniface.
Nous recevons des nouvelles de Borne,, à
la date «lu 21 février. La veille, le cardinal
Orioli, qui était malade depuis cinq jours
d'une fluxion de poitrine, mais qui allait
mieux le matin, a rendu le dernier soupir.
Dans la matinée on le croyait sauvé., mais
une crise survenue dans la soirée a déter
miné, du moins à ce que l'on croit, une at
taque d'apoplexie qui l'a enlevé subitement.
C'est une perte -considérable. Préfet de la
congrégation des évêques et des réguliers, le
cardinal Orioli rendaif d'immenses services
par son savoir et une application infatigable.
Le cardinal Orioli aimait beaucoup les Fran
çais et la France, oùr il avait demeuré assez
long- temps en qualité de curé de "paroisse,
lors du séjo,ur. qu'y fit Sa Sainteté Pie VU,
qu'il avait accompagné dans son exil..
D'après notre correspondant, le prince-
Président- de la République ayant témoigné
lé désir que la France eût deux chapeaux à
la prochaine promotion," il paraît?certain
que, outré Mgr l'archevêque de Bordeaux,
c'est le vénérable archevêque d'Auch, Mgr
de la Croix-d'Azolette,qui sera élevé à l'hon
neur de la-pourpre romaine. -
Les Mazziniens, furieux delasplenieur du
carnaval et de l'entrain général, ont voulu
jeter l'effroi et la consternation au "milieu de
toute une population joyeuse , " en lançant
des bombes qu'ils avaient préparées. C-'éfait
un bel expédient pour ruiner complètement
et à jamais les liabitans de cette ville qui a
tant besoin de ce concours périodique d'é-"
trangers ! Parmi les personnes arrêtées on cite
lç nommé Jacopini, ex-employé à la mon
naie, chez qui on.a trouvé les bombés; les nom
més Fazzi, de Pologne; Bizzarri, habitant des
Monti ; MaderiK.», ex-employé du gouverne
ment, et les deux frères Fabbri, imprimeurs
chargés par le gouvernement républicainde
•l'impression du papier - monnaie dont il
nous a inondés, et qui est cause aujourd'hui
des embarras financier des Etats-Romains#
' DENAIN. .
NOUVELLES ÉTRANGÈRES.
ANGLETERRE.
chaïhbre des lords.— Séance du 27 février.
Il n'y avait pas eu depuis long-tefnps, dans lès
galeries de cette chambre, une affluence aussi con
sidérable que celte qui se fait remarquer aujour
d'hui. " ^
Lord Redesdale fait les fonctions de président.
. le comte de Derby (lord Stanley) se lève et dit :
La place où j'ai l'honneur de. siéger m'impose le
devoir d'exposer avec le plus Se"franchise person
nelle et le moirts.de réserve officielle que possible,
les raisons qui m'ont déterminé-à entreprendre la
tâche ardue que je n'ai pas jugé à propos dé décli
ner, ainsi que la marche que je me propose de sui
vre. Et d'abord, qu'il me soit permis d'exprimer ici
au noble marquis dé Lansdowne , n'ayant pu le
faire à la séance récente où.il a porté la parole,
mes remercîmens pour le ton amical avec'leqdel il
a commenté mon entrée à la direction des affairés.
Une telle bienveillance dp la Jart d 'un homme que'
j'ai été habitué tout jeune À respecter et à entourer
de déférence, d'un homme pour qui ces sentimens
ont bientôt été remplacés par une estime toute per
sonnelle, m'a flatte, je l'avoue, et je suis heureux
et fier que les circonstances qui ont brisé notre-
liaison politique, n'aient en rien influé sut notre
amitié personnel!^ipBçoutezt) , jV w
"Et ce n'est îcT qu'un "exemple entré mïlTe dï ces
sentimens de considération mutuelle, à l'abri de
toutes.les passions de parti, que savent conserver
et nourrir entre eux,.en ce pays dé vraie.liberté,
des hommes d'opinions différentes : cette diversité
d'opinions rie fut jamais assez forte pour .briser les
liens d'amitié pérsonnelle des gentlemen anglais.
(On applaudit.) Je ne voudrais pas croire à l'assU-
rancè donnée par le noble marquis, que-lui, si long
temps l'ornement et l'exemple de la chambre, il
songe à se retirer de la viepublique ; s'il persistait
(ce qu'à Dieu ne plaise!),dans cette résolution, après
cinquante années dé sa vie consacréesau service du
pays, cet homme d'Etat, qu'il en soit bien sûr, se reti
rera avec l'amitié cordiale et la sincère estime de ses
adversaires politiques, et avec lé caractère-le plus pur
et son honneur sans tache. (Applaudissemens.)
Mylords, jçpasse à une question sûr laquelle vous
êtes en droit d'attendre de môi desexplications ca
tégoriques. Je prévoyais si peu la brusque retraite
des ministres de S. M., que j'étais allé passer'trois
ou quatre jours à la campagne. Same.di matin cette
nouvelle vint me surprendre, et,dans la soirée, je
reçus l'ordre de la reine de me rendre au palais,
le lendemain à deux heures et demie.
, -.Dans ces circonstances, je -devais évidemment
faire tairç toute considération personnelle pour ne
m'occuper que (je ce seul point, c'est que la reine
■ et le pays ne devaient pasdemenrér sans ministère,
quejque indigne que fût ce ministère. Quoique la
tache fût bien ardue, quoique je susse apprécier
complètement les difficultés de. ma position et
celle._de mes amis qui, partageant mon opi-
"nion'^ne. peuvent pas cependant disposer d'une
majorité dans l'autre chambre, malgré tous ces
embarras;'je crus pas 1.lisser davan-
vantage la reine et le pays * administration, et
il me sembla que tel"était mon devoir. (Ecoutez!)
En conséquence, j'informai Sa très gracieuse Ma
jesté que j'étais prêt à accepter le mandat qu'il lui
plaisait de me confier. En àiigjTejours, j'ai pu sou»
mettre à la reine.une kjle nurTlstérielle complète
qu'elle a daigné,approuver. Maintenant.c'est mon
devoir, Mylords, de vous dire franchement, libre
ment et sans réserve la marche politique-que je
crois devoir suivre. (Ecoutez!) ,
Et d'abord, en ce qui touene les relations exté
rieures de l'Angleterre, je suis certain qu'il n'est-
personne ni parmi Vos Seigneuries ni dans lepaysj
qui ne désire vivement voir maintenir les biepfeilg
de la paix universelle. Il n'est pas nn de mes no*
hles-anys qui ne pense comme moi que. le gou
vernement doive faire tousses efforts afin d'écar
ter même là chance la plus reculée d'augmenter les
misères de là guerre. Selon moi, ce désir de con
server là paix rie devra pas être moins soutenu par
le déploiement de forces considérables de terre et
de mer, ou par une attitude hostile, comrae si
nous préparionsà la guerre. Le maintieri dé la pai^
rie doit pas être du a l'adoption -de théories uto=
pistes de désarmement universel du pays, comme
le voudraient certaines personnes qui pressent
l'Angleterre de donner ce bon exemple. (On ru.)
Je crois que la paix ne > n us irneux maiite=
nue qu'en observant m ^ ifutes'les puisa
sances étrangères, fortes«3u faibles, une conduits
calme, réfléchie et conciliante, non-seulement en
actions, mais encore en paroles . en observant
avec une stricte fidélité la lettre des traites,
en respectant l'indépendance de tous les Etats,
grands ou petits, et en reconnaissant leur dr-^
complet de régler leurs affaires intérieures. (Kcqjhs
tez!) Je crois que la Constitution sous laquelle
nous avons le bonheur de vivre, est de tqutes les
Constitutions imaginables .la Taipu* aaaptce à ta
"garantie d,u. bonheur et de I4 liberté des masses,
FEUILLETON DKONSTITUTiOML, 1 er MARS
LES VOYAGEURS NGUYEAIiX.
M. WERXE. — LE Xlt BLAiXC (1). -
II. '
Caput Nili quœrere , chercher la tête du
Nil était une expression proverbiale em
ployée par les anciens pour dire qu'on en
treprenait une tâche difficile. Les poètes .di
saient aussi :
Arcanum nalura caput non proûidit ulli,
Nec licuit populis yaruum te r Ni le, videre,
Amovit que sinus j e 1 gentts maluit or tus , ^
Mirari quam nosse tuos... (2) " ,
Cependant, à de longs siècles de distance,
le fils du pauvre bourgeois de la Cavale, le
nouveau souverain de l'Egypte ,, l'ardent
Mehemet-Ali, a voulu recommencer l'œuvre
des Sésostris, des Alexandre, des Ptolémée
et des César. Il a voulu rechercher les sources
du Nil par uu espoir de bénéfice matériel
plutôt que par Un désir purement scientifi
que. Mais plus d'une noble découverte a été
faite par des pirates, par-des marchands, et
souvent même par hasard: Si une entreprise
enrichit la sciencé, qu'importe «quel èn fut
le premier mobile et la première inlentionl
■ En 1839, une expédition fut organisée par
l 'Qrdre de Mchemét-Ali, pour remonter jus
que son origine le Bahr-el-Abiad (le Nil
blanc). Elle n'atteignit point le bul qu'elle-
s'élait proposé. Elle s'àrrèta au sixième de
gré de latitude. Dès qu'elle fut de retour,
en 1840, Mehemet-Ali en arma une seconde.
C'est celle dont un Allemand, M. Werne,
(1) Expédition zftr Entlerkung der quellen dess
weissen.Nils. f vol. in-8°. Berlin, 1848.
(2) « Nil mystérieux, la nature n'a livré à. per
sonne le secret de ta sourie e ; ene n'a permis à au
cun peuple de te voir couler dans ton humble ht;
elle a jeté un voile sur le sol d'où tu sors, voulant
que ton origine,fût plus admirée qvte connue. »
qui en faisait partie, ■ a raconté la traversée.
M. Werne est un de ces hommes qu'un tem
pérament impétueux, u 4 ne nature aventu
reuse- en traînent forcément hors du cercle
paisible où ils sont nés. Etudiant à Bonn, à la
nouvelle de l'insurrection des Grecs, il aban
donne ses livres, court s'embarquer à Marseille
et sejette avec ardeur dansées rangs des Hellè
nes. Eclairé par l'expérience sur les illusions
qu'il s'était faites dans çon juvénile enthou
siasme, il retourne dans sa patriarcale Aile-"
magne; mais il essaie en vain d'appliquei; sa
pensée à la modeste carrière que sa lamille
l'invite à suivre, tes perspectives d'une vie
d'action, de hasard, où tout apparaît dans le
\ague idéal de l'inconnu, l'entraînent de
nouveau .loin du pays natal. Bientôt nous'
le voyons reparaître en Egypte.-Après avoir
combattu contre les musulmans, il entre
dans l'armée des musulmans. Il est installé
avec le titre de major près d'Achmét-Pacha,
gouverneur du Soudan, et fait avec lui une
longue campagne contre les tribus insoumi
ses du Taka. En 1839, il était à Chartoum,
assistant avec un amer regret au départ de la
première-expédition do Nil, Si laquelle il eût
voulu s'adjpindre. En 1840, il-obtint eufin
la permission de suivre la seconde, et s'em
barqua aveô bonheur^ frappé déjàplusd'une
fois et terrassé par les ardeurs du climat de
ces chaudes régions, mais bravant courageu
sement le danger, révolté souvent parla bru
talité des officiers duvice-roi, maismarchant
au milieu d'eux la tête haute, et leur impo
sant le respect par son altitude inébranlable.
L'expédition se composait de quatre daha-
bées du Caire (petits bâtimens à deux mais),
de trois dahabees de Chartoum, chacune ar
mée de deux canons, de deux chaloupes de
transport, et d'une au Ire. chaloupe plus lé
gère. Ces diverses embarcations portaient
250 soldats nègres ou égyptiens, et 120 ma
telots. Deux ingénieurs français, MM. d'Ar
naud et Sabathier, faisaient ce voyage avec
une mission de Mehemet-Ali (1). Un "autre
Français, M .Thiébaud, était chargé des collec-
(1)' M. d'Arnaud a écrit la-relation de ce voyage
et, malheureusement, ne l'a pas encore publiée.
lions d'histoire naturelle,• et M. Werne leur
était associé à titre de passager.
Les préparatifs de celte entreprise, com
mencée dans la capitale de l'Egypte, s'ache
vèrent au confluent môme des deux fleuves, .
à Chartoum, ville de 30,000 ames, chef-lieu
de la province de Bellet-Soudan-, mais ils
s'achevèrent avec lenteur^ et, le 23 novem
bre seulement, aprè's plusieurs mois de
délai, la flottille quittait la plage de' Char
toum. Dès le moment où elie se -mer en
route , M. Werne doute du succès de cette
expédition. En premier lieu,: diUl, elle est
partie trop tard, et le fait est que ce retard
lui a été funeste^ En second lieu, elle est con
duite avec une négligence impardonnable.
Soliman-Kaschef qui la commande, ne s'oc
cupe guère de sa mission que lorsqu'il a
suffisamment assuré le bien-être de sa chère
personne. Il emmène avec lui, dans une ca
bine fermée à tous lés regards, une jeune
esclave qui souvent réclame son attention. Il
fait de longues haltes pour goûter les dou
ceurs d'un paisible sommeil, et tant qu'il
dort, peu lui importe de quel côté le vent
souffle: Les embarcations soumises à ses
ordres ne se remettent en marche que
lorsqu'il.leur'donne le signal de son ré
veil. Les - capitaines de ces embarcations/"
ne sont point de ces hommes fâcheux
qui,'ayant un devoir à remplir, s'en font
une sotte affaire, de conscience et s'irritent
de ne pas poursuivre assez activement leur
tâche. Ils aiment aussi le repos, ils ont aussi
leurs distractions, qui d'une façon, qui de
l'autre. L-'un d'eux passe une partie" de son
temps à boire des liqueurs fortes, et le
reste à s'amender d'une telle faute, en li
sant la loi de Mahomet. Quoi de plus édi
fiant? Les soldats et les matelots suivent avec
une louable soumission l'exemple de leurs
chefs ; les braves gens ne perdent-pas ui»
occasion de jouer et de banqueter. Quand" on
peut prendre à terre quelques bestiaux, il
se fait sur les chaloupes 'des repas de géans ;
et lorsque après ces repas, a la vue. d'une tri
bu hostile, on ouvre la poudrière, nul de
ces valeureux soldats ne discontinue de fu
mer sapipe. *
" Cependant l'expédition poursuit.peu à peu
sa marche sur le Nil. Les brusques sinuosi
tés du fleuve sont un; grande cause d'ennui
pour,lesbonsmatelots de Soliman, quiaime-
' raient tant à rester assis en paix sur le pont,
et qui sont fréquemment obligés d'amufer
leurs voiles dans diverses directions. Sa lar-
geur varie de deux cents à trois cents pieds,
et son cours ofù'e aux regards, de singuliers
contrastes. Tantôi ce fleuve apparaît éblouis
sant de lumière, enlaçant dans ses flots des
îles couvertes d'une verdure splendide, tan
tôt ïl se dérouie tristement entre deux plages
marécageuses hérissées de roseaux,. Ces ma
récages, qui s'étendent sur un assez large es
pace, sont la sauvegarde, des populations ri-
' veraines. La chaloupe ennemie ne peut les
traverser, et des compagnies de fantassins
.ne pourraiénty péiïétrersans un grand dau-
ger. L'ambition de Meliemet-Ali 11e s'est pas
arrêtée devant desmurs de .granit; elle s'ar
rête devaut cette barrière de limon. Les peu-
Elades qu'elle protège ne paient point de tri-
ut à l'Egypte et gardent de tout point îeûr
indépendance.
Mais de jour en jour le panorama du Nil
- se présente sous un autre aspect, et à me-
• sure que l'on s'avance vers les régions équa-
loi iales, il se revêt d'une couleur éelalante.-
Sur son onde flottent des masses de lotus,
de ce lotus -vénéré des Indiens comme un
. mystérieux symbole. Sa fleur ressemble à.,
une étoile blanche tombée de l'azur du ciel
. dans l'azur des eaux. Le soleil est sod élé
ment. Elle s'entr'ouvre à l'aurore et se ferme
au crépusêule du soir; On dirait d'une rian-
' te pensée qui s'éveille aux rayons du matin,
s'épanouit tout" le jour dans sa vive anima
tion, et s f assoupit en silence sous le voile de
k nuit. Cette fleur du lotus se compose d'u»
ne vingtaine-de feuilles aiguës, pareilles à
cellês du lvs, qui entourent un calice d'or,
dont les graines donnent aux gens du pays
unfi nourriture'substantielle.. .
S.ur les rives du fleuve s'élèvent de pror
fondes forêts vertes et fraîches commtr celles
d'un beau parc européen au retour du prin
temps, im posantes comme les forêts vierges
de l'Amérique du Sud- Là est le tamarin au
feuillage effilé: l'ébène, le baobab, ce colosse
des bois, qui a jusqu'à 100 et 120 pieds de
circonférence ; l'arbre éléphant , qui mérite
ce nom par l'étendue de sa tige, le dévelop-
pement-de ses rameaux. A cet arbre sont sus
pendues, comme des girandoles aux branches
d'un lustre, des grappesde fleurs semblables
à des lys jaunes, qui n'ont pas moins de cinq
à six pieds delongueur. Elles éclosenl par
groupes suçcèssifs comme pour charmer per
pétuellement les yeux. Une 'moitié "de ces
riches guirlandes s'étale dans .toute sa
magnificence, quand l'autre commence à
pèine à brtèsr son enveloppe. Au bord de ces
forêts reposent les monstrueux crocodiles,
l'hippopotame, si difficile à atteindre, que le
consul anglais d'Alexandrie a payé 25,000 fr.
celui qui est maintenant à Londres; sur
leurs rameaux, sautillent des troupes de
singes, qui, par leurs agiles évolutions, échap
pent a la flèche du chasseur; dans les pro
fondeurs de ces mêmes forêts, on voit-se
dresser, comme un arbre mouvant, la tête
superbe-de la girafe.; on entend retentir le
lourd pas de l'éléphant, poursuivi dans sa
marche, humilié dans sa puissance par de
faihjes oiseaux, qui voltigent dé sa tête à sa
croupe, bravant sa trompe et sa colère, com
me le moucheron que Lafonlaine nous mon
tre bravant la colère du lion. . .
AvUiie laiJtude déjà très rapprochée de 1 é-
quateur, la chaleur dé la température n'est
pas excessive. Le tliermomèlrb ne s'élève
pas à plus de 28 degrés. Mais des nuées de
moustiques altérés da sang s'abattent sur les
embarcations et harcèlent les voyageurs.
M. Werne tombe malade. Une fièvre violen-
to le jette dans un effrayant état de prostra-
tion. Prive de" tout socoùrs et de tout moyen
de soulagement, étendu sur son.lit dans sa
ehaude cabine, livré aux dards aigus de ces
tourbillons d'insectes, il n'échappe à la mort
qui le menace que par la force de sa consti
tution. .
i,Parfois de longs jours se passent sans que
la flottille puisse entrer* en communication
avec le? peuplades' qui habitent le long des
fleuves. Tantôt l'attitude de ces peuplades
fait peur aux Egyptiens, et tantôt ce sont
elles-mêmes qui fuient épouvantées devin'
les soldats armés de fusils. Cette population
est pourtant très- considérable. M. Wern^
évalue à deux millions d'individus la p- eu )e
tribu des Shillouks. A tout instant, on aper
çoit de côté et d'autre de nombreux-villages
"de longues lignes de tokouls. Le toHOul est
. l'habitation du riche et du pauvre, 'tme ha
bitation des plus primitives, qui ala forme ar
rondie d'une ruche d'abeilles. L'architecte, le
charpentier, le maçon n'ont point à s'occuper
de ces édifices africains. Desjoncset du limon '
en forment la muraille. Au milieu est urtu
po.rte également faite avee des joncs, et le
tout est recouvert avec des faisceau* de pail
le. Ni fenêtres, du reste, ni compartimens.
Les peuplades des rives du Nil blanc n'ont
point de tels rafflnemens. Le tokoul n'est
qu'une espèce de terrier beaucoup moins
compliqué et moins habilement construit
que celai du castor. Ou n'y entre qu'en cour
bant la tête jusqu'aux genoux, et en se pla
çant sous le point culminant de son-toit;
plus d'un homme de la'contrée ne peut s'y
tenir debout.
Chaque lois que les. matelots égyptiens en
trevoient une occasion de se rendre à terre,
ils là saisisseat avec empressement, et M;
Werne en profite pour étudier la physiono
mie e( les mœurs des habitansde la contrée.
Il a été très frappé de la haute taille et de là
force musculaire de ceux qu'il a vus vers'le
8 e degré de latitude. Ces hommes ont, en
général, six pieds, et quelques-uns six pie
en proportion, les. membres bien modelés,'
une race superbe, siTr laquelle les écrivains
de l'antiquité avaient peut-être de-vraies no
tions quand "ils parlaient des races de géans.
Leur figure n'est point celle des autres ne-*
gres d'Afrique. Leûr tête est d'uue noble -
conformation, le front large, le visage ovale,'
le nez quelque peu aplati, mais non point
comme celui des tribus de la côte occiden
tale, et les lèvres pareilles à celles des an
ciens Egyptiens, tels qli'on les voit repré
sentés sur les xonùmens. Avec cette belle or
ganisation, sur un sol fertile qui" produit
d'abondantes récoltes, qui leur offre le fer,
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