Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-12-30
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 30 décembre 1908 30 décembre 1908
Description : 1908/12/30 (A2,N457). 1908/12/30 (A2,N457).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7646110j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
2° Année. « N°457 (Quotidien) « 1. Le Numéro: 5 centimes
Mercredi 30 Décembre 1908
COMŒBIA
Rédacteur en Chef : G. de PAWLOWSKI
1
i
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDlA.PARiS
ABONNEMENTS
UN AN 6 MOIS
- -
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
"Étranger,l 40 » 20 »
RÉDACTION & ADMINISTRATION 1
27, Boulevard Poissonnière, PARiS
TÉLÉPHONE : 288-07
A-iresse Télégraphique : COMŒDIA-PARIS
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UN AN 6 Mots
Paris et Départements. 24: fr. 12 fr.
Étranger 40 » 20 »
-«"rjwr ~"I" -s*»» - ---. _.- - -
Théâtre ','"
+ de la Nature
Pour Henri du Verne,
peintre de la Bretagne.
L'Océan est magnifique..
Les vagues souples, lasses de s'être
longtemps brisées sur les rochers qui
dréssent au large leurs crêtes belliqueuses,
viennent mourir doucement sur la grève
- infinie. Des crabes minuscules trottent
menu par le sable, encore étourdis de
l'aventure, s'étonnant d'être oubliés ainsi
— on ne sait trop pourquoi. Un vent
léger qui souffle de la lande-apporte des
relents de terre chaude, de lait caillé, de
fumures étranges, de goémons malodo-
rants. Solidement accrochées aux basal-
tes noircies, des théories de moules de
tout âge bayent aux épies des oursins
qui, plus réservés, somnolent paisible-
ment.
Dans l'eau claire aux reflets bleus et
roses tour à tour, de tout petits poissons,
effilés comme des aiguilles, luttent de ra-
pidité, réglant sans cesse de nombreux
défis qu'ils se lanceront jusqu'au jour où
les mailles des filets ne seront plus aussi
larges.
Un beau soleil, un soleil pâle de Bre-
tagne monte vers l'Ouest, en une apo-
théose solennelle, très lentement, comme
pour se faire mieux regretter.
Sur la plage que les gens des villes ne
connaîtront jamais — ses abords en sont
trop rudes — deux vieux du pays, des
retraités de la marine, vont et viennent,
très graves. Leur courte pipe à la bou-
che, ils se renvoient, à défaut de paroles,
dss bouffies de tabac qui piquent droit
vers ïé ciel dans les volutes de la
fumée, leurs swiVenirs communs. -
Un «coup d'alir», subitement, les
frappe au visage.., Iis fouillent de leurs
yeux restés jeunes l'immensité que barre
la ligne d'horizon, s'arrêtent, se regar-
dent longuement; puis, d'un même
geste, ils enfoncent, leur bérêt sur les
oreilles et, toujours sans rien dire, re-
prennent leur promenade.
L'instinct, la connaissance raisormée
des choses de. la nier, leur font prévôt
que cette belle journée finira mal. Aus-
si, après avoir constaté, très loin, vers le
ponant, la présence d'un point noir pres-
que imperceptible, ils se dirigent vers le
village, du même pas lourd, sans se hâ-
ter.
Les voici sur la. place de l'Eglise.
D'autres vieux, qui savent aussi, les
rejoignent. Ils échangent alors avec eux,
en leur parler guttural, des phrases sour-
des qui les confirment dans leur certi-
tude. ;
Des brins de paille voltigent dans l'air
lourd. Brusquement, un arbre rabougri
se replie sur lui-même, puis, très souple
— il connut bien d'autres épreuves —
reprend vite sa silhouette habituelle de
petit vieux minable et rhumatisant.
Un éclair. De sourds grondements.
C'est la tempête.
L'Océan rugit sa colère formidable.
Les vieillards et les femmes se terrent
3ans leurs cabanes, poussant devant eux,
à grand renfort de taloches, la marmaille
robuste et malpropre qui, superstitieuse
comme la Race, dévala des rochers au
premier coup de tonnerre. Il fait presque
nuit, du reste, et les âmes des Trépassés
reviennent toujours, en pareil temps, er-
rer sur le rivage. Mieux vaut leur lais-
ser la place. Et puis, cette teopête n'in-
téresse guère le village : tous les hommes
sont Terre-Neuvas, et comme la mer,
pour méchante qu'elle soit, ne saurait
gronder deux fois dans la même journée,
il fait certainement beau, là-bas, sur le
Banc.
C'est, en outre, l'heure du repas du
soir et bientôt, dans les écuelles de bois
ou de fer, les cuillères battent bruyam-
ment la mesure des appétits.
Tout à coup, dominant le fracas des
vagues révoltées, un appel strident et lu-
gubre parvient jusqu'aux maisons voisi-
nes de la mer, où s'endormaient déjà les
quiétudes.
; Les portes s'ouvrent bruyamment ; en
quelques minutes, tout le monde est pré-
venu : un grand navire — ceux-là seuls
ont des sirènes puissantes — doit être
en perdition au large, sur les récifs re-
doutables que les pilotes réputes évitent
en se signant. Des groupes se forment.
Les gamins, peureux, apportent des lan-
ternes. Les vieux se concertent. Les fem-
mes écoutent, ramenant, pour se garantir
mieux de la pluie, leurs fichus sur le ,vi-
[ sage. Sortir le canot de sauvetage. im-
possible: il ne tiendrait pas cinq minu-
'tes. C'est le devoir, évidemment.
Quelques-uns — les plus robustes -
se dirigent cependant vers le hangar où
pourrit le « bateau de l'Etat ». Les fem-
mes, conscientes du danger qu'ils vont
courir, s'accrochent à leurs vareuses.
Ils résistent, puis cèdent.
On décide alors qu'on ira le plus loin
Possible, sur la jetée, pour « tâcher de
^oir ». La curiosité de tous est en
é-veil: c'est presque une partie de plai-
sir.
Yannik, la grande Yannik, brandit une
interne et prend le commandement de
a troupe oui salope vers le rivage; les
yeux de tous brûlent d'une étrange
fièvre: ces fils de corsaires, de marau-
deurs de la mer se sont compris: ne
pouvant sauver des. vies, ils vont à la
(ç pêche au butin ».
Yannik songe à la belle armoire sculp-
tée qui occupe la place d'honneur, bien
en vue, près de l'âtre, chez sa cousine
Marie-Anne. Celle-ci la découvrit à ma-
rée basse le lendemain du naufrage de
la Queen Victoria. Yannik songe au
grand plat d'étain dans lequel on sert le
« fricot » les jours de fête, chez le père
Le Flech — et qui porte les armes du
Conquistador, un grand yacht. espagnol
dont il reste encore un morceau de car-
casse au pied du phare.
Yannik songe enfin qu'elle seule, au
village, n'a pas eu sa part de prise; le
bon Dieu ne saurait permettre cela; elle
aura sa revanche aujourd'hui!
La sirène s'est tue : le bâtiment doit
être englouti. La tempête se calme. L'O-
céan est satisfait : ses rancunes sont as-
souvies. La bande des pilleurs d'épaves
se disperse sur la grève. ,
Yannik, sans sourciller, reçoit Je choc
des lames, encore violentes parfois. Les
autres se sont éloignés. Elle est seule :
elle voudrait voir clair dans la nuit. Un
heurt brutal, la renverse ; elle tente de
se relever: une masse pesante l'écrase.
Elle fait un effort, se redresse et cherche
à tâtons l'objet qui la fit choir. Elle
trouve enfin. Horreur ! c'est un noyé !.
Elle le tire de toute sa vigueur sur le
sable. Elle va appeler au secours. Mais
elle réfléchit: en se baissant, tout à
l'heure, elle a senti un corps dur à l'un
des doigts. C'est une bague, sans doute.
Elle se baisse et constate qu'elle ne s'é-
tait pas trompée. Elle s'efforce de
s'emparer du bijou: elle n'y parvient
pas ; ses mains glissent sur les phalanges
gonflées. Que faire?. Une idée!. Elle
s'accroupit alors sur le cadavre, puis,
avec ses dents, veut arracher la bague,
qui est -sa propriété!.
A ce moment, une vague plus forte que
les autres prend à revers le noyé : son
bras inerte tournoie un instant et le poing
vient écraser la face de Yannik, qui se
sauve en hurlant vers le village.
• , * • * • • ® H f
file -êsi-maintenant m cfièf-fièu, dans
la Maison des Fous.
Robert OUDOT.
Nous publierons demain un article de
PIERRE MORTIER
Anachronismes
Certains spectateurs qui assistèrent à la
reprise d'Orphée, à l'Opéra-Comique, se
sont fort amuses des choristes grassouillets
qui, dans des décors élyséens, évoquèrent
ces sorties du bal des Quat'z'Arts, où figu-
rent de gros messieurs vêtus de robes
blanches et couronnés de feuillages en pa-
pier doré. Ces ombres bien nourries don-
naient l'impression de concierges gourmets
s'apprêtant à dévorer une oie aux marrons,
et rien dans leur attitude ne révélait les
préoccupions habituelles aux bienheureux.
Peut-être a-t-on voulu représenter ainsi
les auteurs classiques qui désolèrent notre
enfance, peut-être aussi le groupe de la cri-
tique ? ie
Ce n'est là qu'une petite erreur de dé-
tail qui, dans une mise en scène pour tout
le reste admirable, sera facile à corriger.
Un reproche plus grave pourrait être
adressé peut-être, à mon sens, à la façon
dent on représente aujourd'hui sur nos gran.
des scènes les œuvres du XVIIIe siècle. Per-
sonne ne s'aviserait, en matière d'art —
et quelle que soit l'admiration qu'on en ait
— de proposer une fresque de Puvis de
Chavannes pour compléter la décoration
de la chapelle Sixtine, et le Second Empire
seul a pu, sans s'émouvoir, mélanger dans
ses salons les meubles Louis XIV aux in-
crustations d'ivoire arabes ou mauresques.
Dans ses moindres détails une œuvre de
style doit' appartenir à son époque, et je ne
sais si l'on peut impunément rajeunir indé-
finiment les ouvrages d'autrefois. La so-
lennité des anciens opéras, leur style offi-
ciel et pompeux, réclame certains costumes,
certains gestes qui ne sont point nos cos-
tumes et nos gestes modernes.
Tandis que se déroule une partition de
Gluck, nous nous sentons immédiatement
transportés au XVIIIe siècle. Nous enten-
dons les violons, nous imaginons la présence
du roi et des personnages de la cour, nous
nous figurons sur la scène des danseurs et
des danseuses costumés à la mode d'alors,
en Romains datant seulement de Louis XIV.
Cette majesté un peu désuète, mais très
caractéristique, peut-elle se modifier sans
changer de style ? Peut-on l'illustrer.
si magnifiquement que ce soit, comme on le
ferait des murs du Grand Palais ou de la
gare du quai d'Orsay? Je ne le crois pas.
L'Opéra-Comique, lorsqu'il nous offre
les décors du bois sacré ou du Styx, reste
dans la pure impression classique. En est-il
de même lorsqu'il nous donne de gracieux
Puvis de. Chavannes pour décors des
Champs-Elyséàs ou du ballet final? Evi-
demment non.
Une œuvre d'art appartient de toutes
pièces a l'époque où elle tut conçue, et. non
point à celle qu'elle entend représenter.
Ce sont des idées du xvmO siècle, et
non pas des légendes grecques que le génie
de Gluck évoque au théâtre, et l'on peut
penser qu'il y auràit moins d'anachronisme
à figurer les Champs-Elysées sous les es-
pèces du parc de Versailles, qu'à les repré-
senter suivant une conception qui n'est évi-
demment pas celle de l'antiquité ni celle du
temps de Gluck, mais uniquement celle de
! 908.
G. DE PAWLOWSKI.
Echos
Ce soir, à huit heures trois quarts, à
l'Opéra-Comique, reprise d'Orphée, de
Gluck, pour les débuts de Mlle Alice Ra-
veau.
Cet après-midi, à deux heures, dans la
glande satte du Conservatoire national de
musique et de déclamation, audition des en-
vois de Rome. Le programme se composera
du prologue et du premièr acte d'Amphi-
tryon, comédie lyrique en trois actes et un
prologue, adaptée à la scène lyrique par
M. Raoul Lappara, grand Prix de 1903.
DISTRIBUTION
Mmi A.Minvlelle.Vergonnet LE JOUR, ALKMENE
M!II Brohly LA NUIT, CLEANTHIS
MM. David Devriès JUPITER
Ponzio MERCURE
Patornl SOSIE
L'orchestre sera dirigé par M. Paul Vidal
L
eurs mots.
Dans un restaurant proche de la Ma-
deleine, un groupe d artistes, d auteurs ba-
vardent et patinent surtout sur les absents.
— Voyons, franchement, dit un convive
à une jeune artiste, quel âge avez-vous?
— Vingt-six ans, répond la blonde comé-
dienne.
:..- Toujours!. réplique un bon cama-
rade.
- Mais oui, dit-elle; une année vient,
une autre s'en va; le compte reste le
même 1
L
a santé d'Ariette Dorgère.
Les amis et les admirateurs d'Ar-
lette Dorgère ont eu, ces jours derniers, un
instant d'émotion.
La délicieuse artiste souffrait vivement,
en effet, d'une crise d'appendicite.
Fort heureusement, le mal fut pris à son
origine et les soins du docteur purent en
venir à bout sans qu'il fût utile de recourir
à une opération chirurgicale.
Nous sommes heureux de pouvoir annon-
cer que toute crainte de complication est
maintenant écartée, et nous en adressons à
l'exquise étoile nos très sincères félicita-
tions.
AU THEATRE AUX CHAMPS
Première représentation du 29 décembre 1908
o LA NEIQE s ,
poèms symbolique eh 9 aètea ét 4 tableau
(MM. les critiques et courriéristes spécialement
convoqués se sont rendus à cette première sensa-
tionnelle en auto-traîneaux.)
7
Premier acte
— D'où venez-vous? — Qui vous envoie ?
- Du sort, êtes-vous les signaux?
— Etes-vous les laines d'agneaux,
Qui vous échappez, avec joie,
Des mains du Sacrificateur?
- Et cela, de quelle hauteur?
- D'où venez-vous? — Qui vous envoie ?
Deuxième acte
- Dans la lutte des tourbillons
Contre les lances des rayons ,
Etes-vous les copeaux d'Etoiles,
Dont morte serait la chaleur,
Inhumée en votre pâleur,
Charpie en deuil de fines toiles,
Dans la lutte des tourbillons ?
Troisième acte
- Qu'êtes-vous encore, le sais-Je ?
- Lasse de n'ouïr, qu'aux balcons,
Ses amants, la Lune, à flocons
Rend son âme blanche, et la neige,
- Miracle d'amour inouï,
Fond sur eux et s'évanouit!
- Qu'êtes-vous encore, le sais-Id
Quatrième acte
Si je tourmente mes pensera
De symboliste élégiaque,
Ils me diront: « Au Zodiaque,
Les neiges sont de blancs baisers,
Qui vont du cygne à la colombe, 1
Sous forme de duvet qui tombe »,
Si je tourmente mes pensers!
Cinquième acte
Ni de laine, ni de duvet,
Ni de Lune qui se dévêt,
Ni de toile, ni de fourrure,
1 Neiges, vous êtes les vapeurs
De nos rêves les plus trompeurs,
Sans rien autre de déchirure,
Ni de laine, ni de duvet 1
Aulnay-sous-Bois.
JULES PRINCET.
N
'e vendez pas vos bijoux, belles perles
et pierres fines sans les montrer - à
Dusausoy, expert joaillier, 4, boulevard des
Italiens, qui paie très cher au comptant.
Grand choix d'occasions.
c
orrespondance.
De M. Francis de Croisset, l'auteur
du Circuit, ce spirituel billet sportif et théâ-
tral:
Mon cher Masque de verre,
Que tu es trépidant! Je sais bien qu'il s'agit
d'automobiles, mais avant même que le Circuit
soit bouclé devant le public, tu lui révèles nos
mystères, et tu nous fais éclater un effet.
Pour peu que tu continues, avant de nous
mettre en marche, tu nous ferais déjà déraper.
De grâce, sois plus discret ! Occupe-toi de
Broussan, occupe-toi de Chantecler, et au be-
soin. d'Amélie!
Cordialement.
Francis de CROISSET.
A
propos de la reprise de Cendrillon.
Mlle Julia Guiraudon, qui créa le
rôle de Cendrillon en 1899, et qui est de-
venue Mme Henri Cain, a reçu, comme
don reconnaissant de Massenet, la partition
manuscrite de son opéra-comique.
Le précieux autographe est d'autant plus
intéressant qu'à chaque page, au hasard de
ses préoccupations, le maître y a griffonné
des notes intimes et personnelles sur les
personnes rencontrées par lui, leà fêtes et
J.ft "-
les réunions auxquelles il avait assisté la
veille. Ce mémorial quotidien, en marge
d'une « minute» de partition, est des plus
curieux.
Henri Cain a fait habiller le manuscrit
d'une merveilleuse reliure ancienne dans la-
quelle, touchante attention, il a fait encas-
trer les médailles obtenues au Conservatoire
par Mlle Julia Guiraudon.
Sur la page de garde, le maître a écrit de
sa haute -et ferme écriture:
« A Mlle Julia Guiraudon, à l'exquise
créatrice de Cendrillon, à l'Opéra-Comique
(mai 1899), ce manuscrit est offert par le
musicien reconnaissant.
« J. MASSENET. »
H
âtons-nous de rassurer les nombreux
amis et admirateurs d'Alice Verlet:
cest simplement la fâcheuse grippe qui
s'est installée à son chevet.
Dans quelques jours, la grande artiste
chantera son beau rôle de Lucie, où elle
est incomparable, et aussi Gilda, de Rigo-
letto, qui lui valut de si grands triomphes
à l'Opéra.
Es
es chauffeurs désireux de réaliser une
notable économie, tout en n'ayant au-
cun ennui, munissent leurs voitures des
excellents pneus Bergougnan, qui ont tou-
jours donné pleine et entière satisfaction à
ceux qui les emploient.
]
1 y a longtemps que l'on n'avait eu l'oc-
casion d'entendre une œuvre aussi char-
meuse que Endors mon cœur, de Gaston
Lemaire, si admirablement interprétée par
Mme de Lilo, qui chante chaque soir sa
belle création à neuf heures et demie, à
l'Alhambra, et, avec le changement de pro..
gramme, à dix heures et demie, à la Scala.
L
e froid. La neige. Douze centimètres
de « sorbet » sur la chaussée du bou-
levard.
Les sapins renâclent, les omnibus hiver-
nent, les passants ramassent des billets de
parterre infiniment moins chers qu'au bu
reau.
Seule, une auto flambante, luisante, teuf-
teufante, passe en vitesse, tous phares al-
lumés et toutes élégances dehors.
Bayard-Clément, qui a tout vaincu, nar-
gue, cette fois, le bonhomme Hiver.
Le Masque de Verees,
De la bonne ,
besogne
Encore une association mutuelle des arts. Ja-
mais les artistes ne seront assez réunis, assez
rapprochés. Et après l'Association des artistes, le
Syndicat, après les Trente Ans de Théâtre, après
toutes les admirables œuvres par lesquelles tant
de misères sont épargnées ou secourues, saluons
le nouveau groupement qu'on nous annonce.
Celui-là a pour but d'habituer à l'épargne les
artistes, de leur constituer un capital ou une
rente viagère pour l'époque où ils ne pourront
plus travailler, cfe constituer un capital pour la.,
famille en cas de décès de son chef, de défendre
les droits et les intérêts des sociétaires.
C'est un beau rêve, un noble idéal et il est
évident que ce programme répond à un besoin.
Il n'est pas d'existence plus accidentée, plus
variable en ses manifestations que celle de l'ar-
tiste. Comédien ou chanteur, après avoir connu
des triomphes, il peut, du jour au lendemain, se
trouver sans engagement. Habitué à une existen-
ce de luxe, à des succès immédiats et bruyants,
à vivre en un monde où l'argent se dépense aus-
sitôt gagné, il peut, il est exposé — et combien
d'exemples pourrions-nous citer à ce-propos! -.
à se voir du jour.au lendemain sans engagement.
Il n'a pas fait — il ne fait jamais — d'économies.
L'apologue de la cigale et de la fourmi est d'une
éternelle application. Et c'est la misère, la mi-
sère affreuse, la misère d'autant moins suppor-
table qu'on n'y fut pas habitué, la misère qui
doit être élégante et qu'il faut cacher, la misère
sous des vêtements du grand faiseur.
Et ce que je dis de l'artiste lyrique ou drama-
tique, je pourrais le dire aussi bien du peintre,
du sculpteur, du graveur, voire de l'homme de.
lettres.
La fortune est instable et l'on ne saurait trop
recommander la prévoyance.
C'est là un sujet de conversation bien grave,
un peu rébarbatif. Mais comment ne pas se com-
plaire à de graves pensers, comment qe pas
songer au lendemain quand il fait froid et quand
la neige recouvre d'un impassible manteau tou*
*
tes les misères humaines. - - *
Oui, l'on ne saurait trop recommander l'union
et la solidarité à tous ceux qui sont des artistes.
La lutte pour la vie est plus difficile et plus âpre
qu'à aucune autre époque. Jamais on ne s'est
rué avec autant d'acharnement à l'assaut de tou-
tes les situations et de toutes les places; c'est
un combat sans trêve et sans merci, une bataille
inégale dans laquelle celui qui triomphe n'est pas
toujours celui qui le mérite.
Tant de déceptions nous attendent au détour
du chemin,-tant d'embûches nous menacent qu'il
faut, quand on entreprend le rude voyage de
l'existence, se munir et se précautionner.
Comme il méritera l'estime et l'admiration
de ses contemporains l'homme qui réussira à*
constituer vraiment une association mutuelle de
tous les artistes, à faire fraterniser, à renforcer
par l'union tous ceux qui sont les serviteurs de
l'art.
Quelle belle tâche à accomplir et quelle glo-
rieuse initiative à prendre ! Alors nous pouvons
espérer que lorsque tous ces grands enfants au-
ront leur vieillesse assurée et qu'ils seront sûrs
de trouver une aide précieuse dans les mauvais
jours, ils montreront les uns pour les autres plus
d'indulgence et plus de bonté.
C'est la faim, dit-on, qui fait-sortir le loup du
bois.
Aussi, je me réjouis de voir qu'on a pensé
pour ceux-là qui ne pensent à rien, à les diriger
et à les prendre en quelque sorte par la main
pour les aider à faire leur route journalière.
Aidons-nous les uns les autres. Il est temps
qu'un peu de fraternité naisse entre tous ceux il
qui sont des artistes. Trop de haines injustes,
trop de luttes stériles, trop d'hostilités injusti-
fiées les ont depuis longtemps divisés. Il faut,
qu'ils se disent qu'ils suivent la même carrière
et que leur chemin sera moins dur s'ils le foKt
en s'appuyant les uns sur les autres; que tra-
vailler pour son voisin c'est travailler pour soi:,
et aussi que l'on ne peut vraiment réaliser l'œu-
vre ambitionnée que lorsqu'on est débarrassa
des soucis mesquins de la vie matérielle, lorsque
le présent ne vous inquiète plus et lorsque l'ave -
nir est assuré.
Si l'Association mutuelle des Arts peut arriver
à ce miracle, elle aura fait de la belle besogne.
PIERRE MORTIER.
1
liGAITÊ -tYRIQUE
v -" v
CENDRILLON
Féerie lyrique en quatre actes et sept tableaux,
d'après le conte de Perra-ult,
poème de M* Henri Cain; musique de M. Massenet.
Mlle Heilbronner
(Cendrillon)
Mlle Korsoff
(La Fée)
(pnotc programme)
De la création de Cendrillon, à l'Opéra-
Comique, j'ai gardé la mémoire d'un des
plus jolis spectacles que M. Carré ait of-
fert, et je ne pense pas que ce grand magi-
cien ait jamais réalisé un plus complet chef-
d'œuvre de machinerie, de couleur et de
goût, que le Chêne des Fées, argenté de
lune, qui s'incline entre Cendrillon et le
prince Charmant, tandis que, jaillies du sol,
s'épanouissent des Femmes-Fleurs. Et quel
adorable Cendrillon que Mlle Guiraudon qui
devait,., peu après, épouser un librettiste,
charmant, lui aussi.
De la musique, je conservais un souve-
nir moins favorable: il me semblait que le
conte de fées, si adroitement développé par
Henri Cain et avec un si évident souci de
ménager à M. Massenet de multiples occa-
sions d'affirmer sa maîtrise dans les ta-
bleaux de genre, il me semblait que cette
délicieuse aventure n'avait-. point, contre
(Photo-Programme)
CHEZ LE ROI
M. Eloi Mlle III)
(Le Roi) (Le Prince
toute attente, fourni au compositeur ses ins-
pirations les plus heureuses.
L'excellente représentation que vient de
donner la Gaîté-Lyrique a ravivé ces im-
pressions de jadis sans les modifier beau-
coup; ce soir aussi, j'apprécie une mise en
scène soignée, une interprétation remarqua-
ble, le livret ingénieux, amusant et tendre,
et je ne orois pas que la musique soit du
meilleur Massenet. Mais c'est du Masse-
net tout de même; c'est-à-dire que la parti-
tion reste infiniment supérieure aux produc-
tions les plus ambitieuses des Leoncavallo;
voire des Puccini, si justement méprisées par
Pierre Lalo qù'il leur préfère même jLu-
cie!. Et, de fait, quoi qu'ils en pensent,
ces véristes piaffeurs ne s'élèvent pas au-
dessus des « arrangeurs » pour musiques
militaires d'opéras périmés: leurs Paillasses
sont à soldats. Massenet, même en ses pires
abandons, conserve des qualités de grâce,
une sûreté de touche à quoi ces transalpins
ne sauraient prétendre; et peut-être Cen-
drillon n'est-elle qu'une opérette, mais trou-
verez-vous dans tous les opéras de ces si-
gnori l'équivalent, de l'adroite musicalité
dont cette opérette témoigne? - -.
- Et, d'ailleurs, le public aime l'opérette?
celle-ci l'enchante. La rondeur de Pandol-
phe le met envoie et l'importance de Mme
de la Haltière; il s'attendrit, chatouillé au
bon endroit, sur Cendrillon, seulettë au
foyer, sur le « grand fauteuil » (frère de la
« petite table » de Manon et de la « vieille
, Iampë »@ de Sapho); il se pâme — autant
que si: on .lui apprenait que les coccinelles!
sont couchées — lorsqu'on l'informe que;
les marjolaines sont * écloses. On n'a rien!
ménagé, d'ailleurs, pour le séduire; énumé.,
rerai-je iune fois encore, la polychromie cha
toyante des ailes de fées, les chœurs à
bouche fermée, les castagnettes, le mustel,
les pizziccati de mandores, les ensembles
bouffes à l'italienne, la joliesse archaïque
des simili-menuets mis à la mode par Le
Roi l'a dit, les procédés de féerie galante
inaugurés par Messager dans Isoline, quel-
ques emprunts à Narcisse, à Esclàrmonde :
- et tout, et tout!
Mlle Heilbronner a beaucoup plu; elle
dit avec une câlinerie très prenante h'aveu
énamouré : Vous êtes' mon prince charmant,
et ce prince lui-même, sous les espèces de
Mlle Vix, a séduit les auditeurs les plus fa-
rouchement républicains.
Mlle Bailac bouffonne, en majestueux ar-
roi, dans le personnage de madame de la
Mlle Karsolf (La .Fée)
Mlle Hellbronner Mlle vix (Plloto.-programme)
Ï - (Cendrillon) (Le Prince ebarmanti
ïAM tutl Na u. fd-
Mercredi 30 Décembre 1908
COMŒBIA
Rédacteur en Chef : G. de PAWLOWSKI
1
i
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDlA.PARiS
ABONNEMENTS
UN AN 6 MOIS
- -
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
"Étranger,l 40 » 20 »
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Étranger 40 » 20 »
-«"rjwr ~"I" -s*»» - ---. _.- - -
Théâtre ','"
+ de la Nature
Pour Henri du Verne,
peintre de la Bretagne.
L'Océan est magnifique..
Les vagues souples, lasses de s'être
longtemps brisées sur les rochers qui
dréssent au large leurs crêtes belliqueuses,
viennent mourir doucement sur la grève
- infinie. Des crabes minuscules trottent
menu par le sable, encore étourdis de
l'aventure, s'étonnant d'être oubliés ainsi
— on ne sait trop pourquoi. Un vent
léger qui souffle de la lande-apporte des
relents de terre chaude, de lait caillé, de
fumures étranges, de goémons malodo-
rants. Solidement accrochées aux basal-
tes noircies, des théories de moules de
tout âge bayent aux épies des oursins
qui, plus réservés, somnolent paisible-
ment.
Dans l'eau claire aux reflets bleus et
roses tour à tour, de tout petits poissons,
effilés comme des aiguilles, luttent de ra-
pidité, réglant sans cesse de nombreux
défis qu'ils se lanceront jusqu'au jour où
les mailles des filets ne seront plus aussi
larges.
Un beau soleil, un soleil pâle de Bre-
tagne monte vers l'Ouest, en une apo-
théose solennelle, très lentement, comme
pour se faire mieux regretter.
Sur la plage que les gens des villes ne
connaîtront jamais — ses abords en sont
trop rudes — deux vieux du pays, des
retraités de la marine, vont et viennent,
très graves. Leur courte pipe à la bou-
che, ils se renvoient, à défaut de paroles,
dss bouffies de tabac qui piquent droit
vers ïé ciel dans les volutes de la
fumée, leurs swiVenirs communs. -
Un «coup d'alir», subitement, les
frappe au visage.., Iis fouillent de leurs
yeux restés jeunes l'immensité que barre
la ligne d'horizon, s'arrêtent, se regar-
dent longuement; puis, d'un même
geste, ils enfoncent, leur bérêt sur les
oreilles et, toujours sans rien dire, re-
prennent leur promenade.
L'instinct, la connaissance raisormée
des choses de. la nier, leur font prévôt
que cette belle journée finira mal. Aus-
si, après avoir constaté, très loin, vers le
ponant, la présence d'un point noir pres-
que imperceptible, ils se dirigent vers le
village, du même pas lourd, sans se hâ-
ter.
Les voici sur la. place de l'Eglise.
D'autres vieux, qui savent aussi, les
rejoignent. Ils échangent alors avec eux,
en leur parler guttural, des phrases sour-
des qui les confirment dans leur certi-
tude. ;
Des brins de paille voltigent dans l'air
lourd. Brusquement, un arbre rabougri
se replie sur lui-même, puis, très souple
— il connut bien d'autres épreuves —
reprend vite sa silhouette habituelle de
petit vieux minable et rhumatisant.
Un éclair. De sourds grondements.
C'est la tempête.
L'Océan rugit sa colère formidable.
Les vieillards et les femmes se terrent
3ans leurs cabanes, poussant devant eux,
à grand renfort de taloches, la marmaille
robuste et malpropre qui, superstitieuse
comme la Race, dévala des rochers au
premier coup de tonnerre. Il fait presque
nuit, du reste, et les âmes des Trépassés
reviennent toujours, en pareil temps, er-
rer sur le rivage. Mieux vaut leur lais-
ser la place. Et puis, cette teopête n'in-
téresse guère le village : tous les hommes
sont Terre-Neuvas, et comme la mer,
pour méchante qu'elle soit, ne saurait
gronder deux fois dans la même journée,
il fait certainement beau, là-bas, sur le
Banc.
C'est, en outre, l'heure du repas du
soir et bientôt, dans les écuelles de bois
ou de fer, les cuillères battent bruyam-
ment la mesure des appétits.
Tout à coup, dominant le fracas des
vagues révoltées, un appel strident et lu-
gubre parvient jusqu'aux maisons voisi-
nes de la mer, où s'endormaient déjà les
quiétudes.
; Les portes s'ouvrent bruyamment ; en
quelques minutes, tout le monde est pré-
venu : un grand navire — ceux-là seuls
ont des sirènes puissantes — doit être
en perdition au large, sur les récifs re-
doutables que les pilotes réputes évitent
en se signant. Des groupes se forment.
Les gamins, peureux, apportent des lan-
ternes. Les vieux se concertent. Les fem-
mes écoutent, ramenant, pour se garantir
mieux de la pluie, leurs fichus sur le ,vi-
[ sage. Sortir le canot de sauvetage. im-
possible: il ne tiendrait pas cinq minu-
'tes. C'est le devoir, évidemment.
Quelques-uns — les plus robustes -
se dirigent cependant vers le hangar où
pourrit le « bateau de l'Etat ». Les fem-
mes, conscientes du danger qu'ils vont
courir, s'accrochent à leurs vareuses.
Ils résistent, puis cèdent.
On décide alors qu'on ira le plus loin
Possible, sur la jetée, pour « tâcher de
^oir ». La curiosité de tous est en
é-veil: c'est presque une partie de plai-
sir.
Yannik, la grande Yannik, brandit une
interne et prend le commandement de
a troupe oui salope vers le rivage; les
yeux de tous brûlent d'une étrange
fièvre: ces fils de corsaires, de marau-
deurs de la mer se sont compris: ne
pouvant sauver des. vies, ils vont à la
(ç pêche au butin ».
Yannik songe à la belle armoire sculp-
tée qui occupe la place d'honneur, bien
en vue, près de l'âtre, chez sa cousine
Marie-Anne. Celle-ci la découvrit à ma-
rée basse le lendemain du naufrage de
la Queen Victoria. Yannik songe au
grand plat d'étain dans lequel on sert le
« fricot » les jours de fête, chez le père
Le Flech — et qui porte les armes du
Conquistador, un grand yacht. espagnol
dont il reste encore un morceau de car-
casse au pied du phare.
Yannik songe enfin qu'elle seule, au
village, n'a pas eu sa part de prise; le
bon Dieu ne saurait permettre cela; elle
aura sa revanche aujourd'hui!
La sirène s'est tue : le bâtiment doit
être englouti. La tempête se calme. L'O-
céan est satisfait : ses rancunes sont as-
souvies. La bande des pilleurs d'épaves
se disperse sur la grève. ,
Yannik, sans sourciller, reçoit Je choc
des lames, encore violentes parfois. Les
autres se sont éloignés. Elle est seule :
elle voudrait voir clair dans la nuit. Un
heurt brutal, la renverse ; elle tente de
se relever: une masse pesante l'écrase.
Elle fait un effort, se redresse et cherche
à tâtons l'objet qui la fit choir. Elle
trouve enfin. Horreur ! c'est un noyé !.
Elle le tire de toute sa vigueur sur le
sable. Elle va appeler au secours. Mais
elle réfléchit: en se baissant, tout à
l'heure, elle a senti un corps dur à l'un
des doigts. C'est une bague, sans doute.
Elle se baisse et constate qu'elle ne s'é-
tait pas trompée. Elle s'efforce de
s'emparer du bijou: elle n'y parvient
pas ; ses mains glissent sur les phalanges
gonflées. Que faire?. Une idée!. Elle
s'accroupit alors sur le cadavre, puis,
avec ses dents, veut arracher la bague,
qui est -sa propriété!.
A ce moment, une vague plus forte que
les autres prend à revers le noyé : son
bras inerte tournoie un instant et le poing
vient écraser la face de Yannik, qui se
sauve en hurlant vers le village.
• , * • * • • ® H f
file -êsi-maintenant m cfièf-fièu, dans
la Maison des Fous.
Robert OUDOT.
Nous publierons demain un article de
PIERRE MORTIER
Anachronismes
Certains spectateurs qui assistèrent à la
reprise d'Orphée, à l'Opéra-Comique, se
sont fort amuses des choristes grassouillets
qui, dans des décors élyséens, évoquèrent
ces sorties du bal des Quat'z'Arts, où figu-
rent de gros messieurs vêtus de robes
blanches et couronnés de feuillages en pa-
pier doré. Ces ombres bien nourries don-
naient l'impression de concierges gourmets
s'apprêtant à dévorer une oie aux marrons,
et rien dans leur attitude ne révélait les
préoccupions habituelles aux bienheureux.
Peut-être a-t-on voulu représenter ainsi
les auteurs classiques qui désolèrent notre
enfance, peut-être aussi le groupe de la cri-
tique ? ie
Ce n'est là qu'une petite erreur de dé-
tail qui, dans une mise en scène pour tout
le reste admirable, sera facile à corriger.
Un reproche plus grave pourrait être
adressé peut-être, à mon sens, à la façon
dent on représente aujourd'hui sur nos gran.
des scènes les œuvres du XVIIIe siècle. Per-
sonne ne s'aviserait, en matière d'art —
et quelle que soit l'admiration qu'on en ait
— de proposer une fresque de Puvis de
Chavannes pour compléter la décoration
de la chapelle Sixtine, et le Second Empire
seul a pu, sans s'émouvoir, mélanger dans
ses salons les meubles Louis XIV aux in-
crustations d'ivoire arabes ou mauresques.
Dans ses moindres détails une œuvre de
style doit' appartenir à son époque, et je ne
sais si l'on peut impunément rajeunir indé-
finiment les ouvrages d'autrefois. La so-
lennité des anciens opéras, leur style offi-
ciel et pompeux, réclame certains costumes,
certains gestes qui ne sont point nos cos-
tumes et nos gestes modernes.
Tandis que se déroule une partition de
Gluck, nous nous sentons immédiatement
transportés au XVIIIe siècle. Nous enten-
dons les violons, nous imaginons la présence
du roi et des personnages de la cour, nous
nous figurons sur la scène des danseurs et
des danseuses costumés à la mode d'alors,
en Romains datant seulement de Louis XIV.
Cette majesté un peu désuète, mais très
caractéristique, peut-elle se modifier sans
changer de style ? Peut-on l'illustrer.
si magnifiquement que ce soit, comme on le
ferait des murs du Grand Palais ou de la
gare du quai d'Orsay? Je ne le crois pas.
L'Opéra-Comique, lorsqu'il nous offre
les décors du bois sacré ou du Styx, reste
dans la pure impression classique. En est-il
de même lorsqu'il nous donne de gracieux
Puvis de. Chavannes pour décors des
Champs-Elyséàs ou du ballet final? Evi-
demment non.
Une œuvre d'art appartient de toutes
pièces a l'époque où elle tut conçue, et. non
point à celle qu'elle entend représenter.
Ce sont des idées du xvmO siècle, et
non pas des légendes grecques que le génie
de Gluck évoque au théâtre, et l'on peut
penser qu'il y auràit moins d'anachronisme
à figurer les Champs-Elysées sous les es-
pèces du parc de Versailles, qu'à les repré-
senter suivant une conception qui n'est évi-
demment pas celle de l'antiquité ni celle du
temps de Gluck, mais uniquement celle de
! 908.
G. DE PAWLOWSKI.
Echos
Ce soir, à huit heures trois quarts, à
l'Opéra-Comique, reprise d'Orphée, de
Gluck, pour les débuts de Mlle Alice Ra-
veau.
Cet après-midi, à deux heures, dans la
glande satte du Conservatoire national de
musique et de déclamation, audition des en-
vois de Rome. Le programme se composera
du prologue et du premièr acte d'Amphi-
tryon, comédie lyrique en trois actes et un
prologue, adaptée à la scène lyrique par
M. Raoul Lappara, grand Prix de 1903.
DISTRIBUTION
Mmi A.Minvlelle.Vergonnet LE JOUR, ALKMENE
M!II Brohly LA NUIT, CLEANTHIS
MM. David Devriès JUPITER
Ponzio MERCURE
Patornl SOSIE
L'orchestre sera dirigé par M. Paul Vidal
L
eurs mots.
Dans un restaurant proche de la Ma-
deleine, un groupe d artistes, d auteurs ba-
vardent et patinent surtout sur les absents.
— Voyons, franchement, dit un convive
à une jeune artiste, quel âge avez-vous?
— Vingt-six ans, répond la blonde comé-
dienne.
:..- Toujours!. réplique un bon cama-
rade.
- Mais oui, dit-elle; une année vient,
une autre s'en va; le compte reste le
même 1
L
a santé d'Ariette Dorgère.
Les amis et les admirateurs d'Ar-
lette Dorgère ont eu, ces jours derniers, un
instant d'émotion.
La délicieuse artiste souffrait vivement,
en effet, d'une crise d'appendicite.
Fort heureusement, le mal fut pris à son
origine et les soins du docteur purent en
venir à bout sans qu'il fût utile de recourir
à une opération chirurgicale.
Nous sommes heureux de pouvoir annon-
cer que toute crainte de complication est
maintenant écartée, et nous en adressons à
l'exquise étoile nos très sincères félicita-
tions.
AU THEATRE AUX CHAMPS
Première représentation du 29 décembre 1908
o LA NEIQE s ,
poèms symbolique eh 9 aètea ét 4 tableau
(MM. les critiques et courriéristes spécialement
convoqués se sont rendus à cette première sensa-
tionnelle en auto-traîneaux.)
7
Premier acte
— D'où venez-vous? — Qui vous envoie ?
- Du sort, êtes-vous les signaux?
— Etes-vous les laines d'agneaux,
Qui vous échappez, avec joie,
Des mains du Sacrificateur?
- Et cela, de quelle hauteur?
- D'où venez-vous? — Qui vous envoie ?
Deuxième acte
- Dans la lutte des tourbillons
Contre les lances des rayons ,
Etes-vous les copeaux d'Etoiles,
Dont morte serait la chaleur,
Inhumée en votre pâleur,
Charpie en deuil de fines toiles,
Dans la lutte des tourbillons ?
Troisième acte
- Qu'êtes-vous encore, le sais-Je ?
- Lasse de n'ouïr, qu'aux balcons,
Ses amants, la Lune, à flocons
Rend son âme blanche, et la neige,
- Miracle d'amour inouï,
Fond sur eux et s'évanouit!
- Qu'êtes-vous encore, le sais-Id
Quatrième acte
Si je tourmente mes pensera
De symboliste élégiaque,
Ils me diront: « Au Zodiaque,
Les neiges sont de blancs baisers,
Qui vont du cygne à la colombe, 1
Sous forme de duvet qui tombe »,
Si je tourmente mes pensers!
Cinquième acte
Ni de laine, ni de duvet,
Ni de Lune qui se dévêt,
Ni de toile, ni de fourrure,
1 Neiges, vous êtes les vapeurs
De nos rêves les plus trompeurs,
Sans rien autre de déchirure,
Ni de laine, ni de duvet 1
Aulnay-sous-Bois.
JULES PRINCET.
N
'e vendez pas vos bijoux, belles perles
et pierres fines sans les montrer - à
Dusausoy, expert joaillier, 4, boulevard des
Italiens, qui paie très cher au comptant.
Grand choix d'occasions.
c
orrespondance.
De M. Francis de Croisset, l'auteur
du Circuit, ce spirituel billet sportif et théâ-
tral:
Mon cher Masque de verre,
Que tu es trépidant! Je sais bien qu'il s'agit
d'automobiles, mais avant même que le Circuit
soit bouclé devant le public, tu lui révèles nos
mystères, et tu nous fais éclater un effet.
Pour peu que tu continues, avant de nous
mettre en marche, tu nous ferais déjà déraper.
De grâce, sois plus discret ! Occupe-toi de
Broussan, occupe-toi de Chantecler, et au be-
soin. d'Amélie!
Cordialement.
Francis de CROISSET.
A
propos de la reprise de Cendrillon.
Mlle Julia Guiraudon, qui créa le
rôle de Cendrillon en 1899, et qui est de-
venue Mme Henri Cain, a reçu, comme
don reconnaissant de Massenet, la partition
manuscrite de son opéra-comique.
Le précieux autographe est d'autant plus
intéressant qu'à chaque page, au hasard de
ses préoccupations, le maître y a griffonné
des notes intimes et personnelles sur les
personnes rencontrées par lui, leà fêtes et
J.ft "-
les réunions auxquelles il avait assisté la
veille. Ce mémorial quotidien, en marge
d'une « minute» de partition, est des plus
curieux.
Henri Cain a fait habiller le manuscrit
d'une merveilleuse reliure ancienne dans la-
quelle, touchante attention, il a fait encas-
trer les médailles obtenues au Conservatoire
par Mlle Julia Guiraudon.
Sur la page de garde, le maître a écrit de
sa haute -et ferme écriture:
« A Mlle Julia Guiraudon, à l'exquise
créatrice de Cendrillon, à l'Opéra-Comique
(mai 1899), ce manuscrit est offert par le
musicien reconnaissant.
« J. MASSENET. »
H
âtons-nous de rassurer les nombreux
amis et admirateurs d'Alice Verlet:
cest simplement la fâcheuse grippe qui
s'est installée à son chevet.
Dans quelques jours, la grande artiste
chantera son beau rôle de Lucie, où elle
est incomparable, et aussi Gilda, de Rigo-
letto, qui lui valut de si grands triomphes
à l'Opéra.
Es
es chauffeurs désireux de réaliser une
notable économie, tout en n'ayant au-
cun ennui, munissent leurs voitures des
excellents pneus Bergougnan, qui ont tou-
jours donné pleine et entière satisfaction à
ceux qui les emploient.
]
1 y a longtemps que l'on n'avait eu l'oc-
casion d'entendre une œuvre aussi char-
meuse que Endors mon cœur, de Gaston
Lemaire, si admirablement interprétée par
Mme de Lilo, qui chante chaque soir sa
belle création à neuf heures et demie, à
l'Alhambra, et, avec le changement de pro..
gramme, à dix heures et demie, à la Scala.
L
e froid. La neige. Douze centimètres
de « sorbet » sur la chaussée du bou-
levard.
Les sapins renâclent, les omnibus hiver-
nent, les passants ramassent des billets de
parterre infiniment moins chers qu'au bu
reau.
Seule, une auto flambante, luisante, teuf-
teufante, passe en vitesse, tous phares al-
lumés et toutes élégances dehors.
Bayard-Clément, qui a tout vaincu, nar-
gue, cette fois, le bonhomme Hiver.
Le Masque de Verees,
De la bonne ,
besogne
Encore une association mutuelle des arts. Ja-
mais les artistes ne seront assez réunis, assez
rapprochés. Et après l'Association des artistes, le
Syndicat, après les Trente Ans de Théâtre, après
toutes les admirables œuvres par lesquelles tant
de misères sont épargnées ou secourues, saluons
le nouveau groupement qu'on nous annonce.
Celui-là a pour but d'habituer à l'épargne les
artistes, de leur constituer un capital ou une
rente viagère pour l'époque où ils ne pourront
plus travailler, cfe constituer un capital pour la.,
famille en cas de décès de son chef, de défendre
les droits et les intérêts des sociétaires.
C'est un beau rêve, un noble idéal et il est
évident que ce programme répond à un besoin.
Il n'est pas d'existence plus accidentée, plus
variable en ses manifestations que celle de l'ar-
tiste. Comédien ou chanteur, après avoir connu
des triomphes, il peut, du jour au lendemain, se
trouver sans engagement. Habitué à une existen-
ce de luxe, à des succès immédiats et bruyants,
à vivre en un monde où l'argent se dépense aus-
sitôt gagné, il peut, il est exposé — et combien
d'exemples pourrions-nous citer à ce-propos! -.
à se voir du jour.au lendemain sans engagement.
Il n'a pas fait — il ne fait jamais — d'économies.
L'apologue de la cigale et de la fourmi est d'une
éternelle application. Et c'est la misère, la mi-
sère affreuse, la misère d'autant moins suppor-
table qu'on n'y fut pas habitué, la misère qui
doit être élégante et qu'il faut cacher, la misère
sous des vêtements du grand faiseur.
Et ce que je dis de l'artiste lyrique ou drama-
tique, je pourrais le dire aussi bien du peintre,
du sculpteur, du graveur, voire de l'homme de.
lettres.
La fortune est instable et l'on ne saurait trop
recommander la prévoyance.
C'est là un sujet de conversation bien grave,
un peu rébarbatif. Mais comment ne pas se com-
plaire à de graves pensers, comment qe pas
songer au lendemain quand il fait froid et quand
la neige recouvre d'un impassible manteau tou*
*
tes les misères humaines. - - *
Oui, l'on ne saurait trop recommander l'union
et la solidarité à tous ceux qui sont des artistes.
La lutte pour la vie est plus difficile et plus âpre
qu'à aucune autre époque. Jamais on ne s'est
rué avec autant d'acharnement à l'assaut de tou-
tes les situations et de toutes les places; c'est
un combat sans trêve et sans merci, une bataille
inégale dans laquelle celui qui triomphe n'est pas
toujours celui qui le mérite.
Tant de déceptions nous attendent au détour
du chemin,-tant d'embûches nous menacent qu'il
faut, quand on entreprend le rude voyage de
l'existence, se munir et se précautionner.
Comme il méritera l'estime et l'admiration
de ses contemporains l'homme qui réussira à*
constituer vraiment une association mutuelle de
tous les artistes, à faire fraterniser, à renforcer
par l'union tous ceux qui sont les serviteurs de
l'art.
Quelle belle tâche à accomplir et quelle glo-
rieuse initiative à prendre ! Alors nous pouvons
espérer que lorsque tous ces grands enfants au-
ront leur vieillesse assurée et qu'ils seront sûrs
de trouver une aide précieuse dans les mauvais
jours, ils montreront les uns pour les autres plus
d'indulgence et plus de bonté.
C'est la faim, dit-on, qui fait-sortir le loup du
bois.
Aussi, je me réjouis de voir qu'on a pensé
pour ceux-là qui ne pensent à rien, à les diriger
et à les prendre en quelque sorte par la main
pour les aider à faire leur route journalière.
Aidons-nous les uns les autres. Il est temps
qu'un peu de fraternité naisse entre tous ceux il
qui sont des artistes. Trop de haines injustes,
trop de luttes stériles, trop d'hostilités injusti-
fiées les ont depuis longtemps divisés. Il faut,
qu'ils se disent qu'ils suivent la même carrière
et que leur chemin sera moins dur s'ils le foKt
en s'appuyant les uns sur les autres; que tra-
vailler pour son voisin c'est travailler pour soi:,
et aussi que l'on ne peut vraiment réaliser l'œu-
vre ambitionnée que lorsqu'on est débarrassa
des soucis mesquins de la vie matérielle, lorsque
le présent ne vous inquiète plus et lorsque l'ave -
nir est assuré.
Si l'Association mutuelle des Arts peut arriver
à ce miracle, elle aura fait de la belle besogne.
PIERRE MORTIER.
1
liGAITÊ -tYRIQUE
v -" v
CENDRILLON
Féerie lyrique en quatre actes et sept tableaux,
d'après le conte de Perra-ult,
poème de M* Henri Cain; musique de M. Massenet.
Mlle Heilbronner
(Cendrillon)
Mlle Korsoff
(La Fée)
(pnotc programme)
De la création de Cendrillon, à l'Opéra-
Comique, j'ai gardé la mémoire d'un des
plus jolis spectacles que M. Carré ait of-
fert, et je ne pense pas que ce grand magi-
cien ait jamais réalisé un plus complet chef-
d'œuvre de machinerie, de couleur et de
goût, que le Chêne des Fées, argenté de
lune, qui s'incline entre Cendrillon et le
prince Charmant, tandis que, jaillies du sol,
s'épanouissent des Femmes-Fleurs. Et quel
adorable Cendrillon que Mlle Guiraudon qui
devait,., peu après, épouser un librettiste,
charmant, lui aussi.
De la musique, je conservais un souve-
nir moins favorable: il me semblait que le
conte de fées, si adroitement développé par
Henri Cain et avec un si évident souci de
ménager à M. Massenet de multiples occa-
sions d'affirmer sa maîtrise dans les ta-
bleaux de genre, il me semblait que cette
délicieuse aventure n'avait-. point, contre
(Photo-Programme)
CHEZ LE ROI
M. Eloi Mlle III)
(Le Roi) (Le Prince
toute attente, fourni au compositeur ses ins-
pirations les plus heureuses.
L'excellente représentation que vient de
donner la Gaîté-Lyrique a ravivé ces im-
pressions de jadis sans les modifier beau-
coup; ce soir aussi, j'apprécie une mise en
scène soignée, une interprétation remarqua-
ble, le livret ingénieux, amusant et tendre,
et je ne orois pas que la musique soit du
meilleur Massenet. Mais c'est du Masse-
net tout de même; c'est-à-dire que la parti-
tion reste infiniment supérieure aux produc-
tions les plus ambitieuses des Leoncavallo;
voire des Puccini, si justement méprisées par
Pierre Lalo qù'il leur préfère même jLu-
cie!. Et, de fait, quoi qu'ils en pensent,
ces véristes piaffeurs ne s'élèvent pas au-
dessus des « arrangeurs » pour musiques
militaires d'opéras périmés: leurs Paillasses
sont à soldats. Massenet, même en ses pires
abandons, conserve des qualités de grâce,
une sûreté de touche à quoi ces transalpins
ne sauraient prétendre; et peut-être Cen-
drillon n'est-elle qu'une opérette, mais trou-
verez-vous dans tous les opéras de ces si-
gnori l'équivalent, de l'adroite musicalité
dont cette opérette témoigne? - -.
- Et, d'ailleurs, le public aime l'opérette?
celle-ci l'enchante. La rondeur de Pandol-
phe le met envoie et l'importance de Mme
de la Haltière; il s'attendrit, chatouillé au
bon endroit, sur Cendrillon, seulettë au
foyer, sur le « grand fauteuil » (frère de la
« petite table » de Manon et de la « vieille
, Iampë »@ de Sapho); il se pâme — autant
que si: on .lui apprenait que les coccinelles!
sont couchées — lorsqu'on l'informe que;
les marjolaines sont * écloses. On n'a rien!
ménagé, d'ailleurs, pour le séduire; énumé.,
rerai-je iune fois encore, la polychromie cha
toyante des ailes de fées, les chœurs à
bouche fermée, les castagnettes, le mustel,
les pizziccati de mandores, les ensembles
bouffes à l'italienne, la joliesse archaïque
des simili-menuets mis à la mode par Le
Roi l'a dit, les procédés de féerie galante
inaugurés par Messager dans Isoline, quel-
ques emprunts à Narcisse, à Esclàrmonde :
- et tout, et tout!
Mlle Heilbronner a beaucoup plu; elle
dit avec une câlinerie très prenante h'aveu
énamouré : Vous êtes' mon prince charmant,
et ce prince lui-même, sous les espèces de
Mlle Vix, a séduit les auditeurs les plus fa-
rouchement républicains.
Mlle Bailac bouffonne, en majestueux ar-
roi, dans le personnage de madame de la
Mlle Karsolf (La .Fée)
Mlle Hellbronner Mlle vix (Plloto.-programme)
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