Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-12-21
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 21 décembre 1908 21 décembre 1908
Description : 1908/12/21 (A2,N448). 1908/12/21 (A2,N448).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7646101k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
»
2f Anaêc. »= N 446 (Quotidieft)
te Numéro: S centimes
- - -- - - -.
Lundi 21 Décembre 1908
COMŒ DIA
i
Rédacteur en Chef : G. de PAWLOWSKI
F.HDACTÎOFi & ADMINISTRATION :
27 Bouizj'arc! Poissonnière, PARIS
TKI-KPIIONB : 2U8-07
Adtesss Télégraphique : C0MŒDIA-PAK3
ABONNEMENTS
UN AN eifors
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Etranger «5LO o , 20 »
RÉDACTION & ADMINISTRATION?
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE: 288-07
adresse télégraphique : COMŒDIA-PARIS
, 1 ABONNEMENTS
; UN AN 6 MOIS
paris et Départements r 24 fr. 12 fr.
Étranger 40 » 20 »
LES DEUX EPOQUES
A vol d'auteur
Devant quelques amis à qui, d'habitude,
il lisait ses pièces, et que, pour cela, sans
doute, il appelait des amis éprouvés, Pécal
-allait commencer la lecture de trois actes
fringants et attendris qu'il destinait à un
gentil petit théâtre, sous ce titre alléchant:
Le Robinet.
C'était décidé, Mlle Estelle Couchey
créerait Le Robinet. Déjà révélée dans la
fameuse revue : Demandez la lisle officielle
et complète de tous les enfants tuberculeux
de France, où elle s'était taillé un si joyeux
et élégant succès, nul doute que Le Robinet
ne la fit monter aux nues. Aussi paraissait-
elle impatiente et ive cessait-clie de répéter
en s'éventant avec une aile de mouche et
en frappant du pied : « Commencez ! Com-
mencez ! »
— « Estelle ! » calmait Mme Couchey
mère. Reine dtr savoir-vivre, elle était as-
sise sur l'extrême bord d'un fauteuil, tout
le corps enfui dans son derrière, sauf une
poitrine vraiment républicaine et qui se je-
tait en avant, les bombes à la main.
, — Cette enfant, exprima Mme Couchey
mère, se met auiit, depuis quelque temps,
a des heures impossibles, et si c'était un
effet de votre complaisance, cher maître,
nous voudrions bien ne pas « calter » trop
tard!.
- Je n'attends plus que Boissort! s'ex-
cusa Pécal.
Mais Lancrit de protester;
— Ah! bien, si vous attendez Boissort,
nous sommes bien sûrs de ne pas calter
avant trois heures, comme le dit Mme Cou-
chey mère dans une langue théâtreuse où la
bonhomie le dispute à l'amour maternel!
— Allez-y donc! fit quelqu'un.
- « Pécaltez! » renforça Lancrit d'un
impertinent à peu près.
- « Et zut pour le retardataire! » ajou-
ta le vieux blond dont la chevelure est un
tel avril qu'à la moindre secousse, les pis-
tils s'en envolent et que, dans l'air, on voit
neieer des pellicules de poète.
— Alors, soit! accorda Pécal. Je com-
mence.
Mais, sur-le-champ, le valet de chambre
lance, d'une voix nette, à la porte du, sa-
lon: «.MÓnsieur Boissort! »
Du geste, il écarte les reproche, il se
fait une haie, salue Mme Pécal, obtient le
silence d'un sourire qui en promet long,
et se dégantant, doigt par doigt :
— Je vous apporte, dit-il, une nouvelle
excellente pour tous ceux qui, à l'égal ôës
vrais et originaux artistes, ont eut à souf-
frir des plagiats et des contrefaçons. Rat-
tiaix vient d'être condamné à s'adjoindre
pour moitié des droits d'auteur, dans l'ave-
nir et le passé, Mongel, à qui, froidement
et intégralement, il avait chipé, comme vous
savez tous, La Colombe dont on fête la
deux centième dans un souper par petites
tapes, comme dirait Lancrit.
- Je ne sais pas si je dirais ça, pro-
testa le jeune maître. Mais ce que je dis
de toutes mes forces, c'est que ce juge-
ment est absurde, c'est que les idées ne
sont pas des propriétés personnelles, c'est
que le plagiat est un délit imaginaire et
que, n'existant pas, il est stupide de vou-
loir' le flétrir et encore plus de vouloir le
punir !. Les idées sont des gaz, et un vol
de gaz tombe-t-il sous le coup de la loi?.
— Parfaitement ! s'écria Pécal. La loi
punit le vol de gaz ! Si tu adaptes un tuyau
sur une conduite qui ne t'appartient pas
et que tu t'appropries, de la sorte, le gaz
de ton voisin, tu es aussi coupable que si
tu lui volais son bœuf ou son âne, et tu
es condamné comme un simple fripon.
Donc, à plus forte raison, si tu adaptes ton
œil sur la copie d'un confrère et que tu
t'appropries, de la sorte, ses idées en dé-
marquant son texte, tu te conduis comme
un simple fripon, et il est absolument juste
que la loi t'oblige tout au moins à réparer
le préjudice envers ton ami dépouillé!.
— S'il y a guet-apens! riposta Lancrit.
Si c'est le vol qualifié! Mais il n'est quafi-
fiable que s'il y a eu volonté de voler, de
copier, si vous aimez mieux ; car autrement.
je maintiens que les idées appartiennent à
tout le monde et que, seule, la forme dont
il les revêt appartient à celui qui leur donne
la vie!
- Tais-toi donc! exclama Pécal. La voilà
votre morale à vous autres ! Alors on au-
rait donc le droit de voler de'l'or vierge
à la condition de le convertir en louis. Je
trouve ça honteux! Il est tout de même
temps qu'on se décide à faire respecter la
propriété artistique et que les voleurs d'art
soient assimilés à des voleurs de droit com-
mun, car il n'y a entre eux de différence
qu'à l'avantage des derniers! Oui, parfaite-
ment, l'homme qui fait baisser une recette
de théâtre en donnant, dans cette intention,
des billets de faveur, commet un détourne-
ment et un abus de confiance, comme ce-
lui qui subtilise l'idée d'un confrère com-
met exactement un vol! Voilà ce qu'il faut
se dire! Et si l'on se porte enfin partie lit-
téraire comme on se porte partie civile, on
épucera peut-être les carrières artistiques
des écrivains parasites, marrons et marau-
deurs!.
Et se dérobant aux bravos que firent
éclater ces phrases lancées d'une voix sûre
et accentuées d'un geste ad hoc, comme dit
Boissort, qui ne trouve jamais lIe mot qui
convient, Pécal ramena vers lui son verre
d'eau, rouvrit son manuscrit et annonça:
LE ROBINET
COMÉDIE EN TROIS ACTES
r Dès les premières répliques, l'auditoire
était intéressé. Un sourire de plaisir et de
curiosité voltigeait de bouche en bouche, et
On s'entreregardait avec une joie charmée
dans les yeux, ainsi qu'avec des hoche-
ments de tête empressés, comme si l'on
s'accordait tout de - voisine à voisin.
Ce fut réellement une fête d'esprit. On
Jpurit, on rit, on s'attendrit. D'acte en acte,
* intérêt se passionna et l'enthousiasme
bandit si fort qu'à la fin, Mme Couchey
^ère, après avoir jeté sa fille dans les bras
Pécal, dut être délacée, car elle étouffait
e rire et éclatait de pleurer.
] Et, tout à coup, un silence se fit. Lancrit
n'lait parler.
i
J'interprèie le sentiment de nous tous
en vous redisant que Le Robinet est une
pièce admirable et, dans ses proportions
d'œuvre légère, une œuvre de génie. Mais
c. qu'il m'est particulièrement doux de si-
gnaler, c'est que la iccturc de vos trois ac-
tes vi&i.'t de me prouver que gavais raison
en affirmant l'inexistence du plaçât. Le Ro-
binet est une œuvre qui vous est indiscu-
tablemolitet essentiellement personnelle, et
pourtant, de sa première à sa dernière li-
gne, elle est la copie textuelle de ma nou-
velle: Le Droit da cœur, dans mon recueil
(c Les Excentriques n. dont voici l'exem..
plaire encore non coupé!-.
-- « Tu es fou? » demanda Pecai, tan.
dis que deS Iruées s'élançaient vers Lancrit.
Mais, dominant les clameurs, déjà celui-
ci Usait. De la surprise se fit jour. Il était
certain qu'il y avait des points de contact,
des analogies frappantes et. quand la lec-
ture fut te-rminée, rembarras général dé.
nonça que c'était l'identité elle-même;,
— Il n'y a pas de doute! déclara loya-
lement Pécal. C'est ma pièce. Seulement,
ce que tu ne dis pas, foutu drôle, c'est que
c'est moi qui t'ai raconté mon idée.
— Oui, mais je l'ai faite mienne en écri-
vant Le Droit du coeiir, répliqua le jeune
maître. Et que diriez-vous de moi, si j'a-
vais le ridicule de vous faire un procès
au lieu de vous demander tout bonnement
de mettre sur l'affiche: « Le Robinet », co-
médie en trois actes, de M. Alain Pécal,
d'après la nouvelle de M. Robert Lancrit.
Et, quant aux droits d'auteur, un tiers me
suffira!..,
Gustave GUICHES.
Nous publierons 'demain un article de
TRISTAN BERNARD
Offre et demande
Il ne se passe point de semaine sans que
je reçoive de nouvelles et toujours identi-
qu.es protestations concernant la location
dans certains théâtres parisiens.
On se présente au contrôle, on demande
par exemple des fauteuils de deuxième ga-
lerie de face premier rang, et la buraliste
annonce qu'il n'y eh a plus. On lui en de-
mande alors pour dans huit jours, pour dans
dix ans, 'la buraliste rougit, balbutie, parle
de ces messieurs qu'il faudrait voir, et n'ose
pas avouer franchement que ces places sont
tout simplement achetées par des marchands
de billets qui les vendent, à quelques mè-
ête& 4e là. pour taasles jcmrs. -de 4*ew&matino»
au prix modeste de cinq francs.
Il existe, en effet, dans chaque: théâtre,
quelques places qui, pour être élevées, n'en
sont pas moins excellentes. Quoi de plus
naturel qu'on en majore le prix ? Elles va-
lent plus que les autres, et la meilleure
preuve c'est que nos honorables correspon-
dants s'empressent d'aller les réclamer, au
bureau de location.
Vous me direz qu'il "serait plus simple
d'en augmenter directement le prix et d'évi-
ter l'intermédiaire toujours agaçant des
marchands de billets.
Mais, d'abord, il faut bien admettre que
cela reviendrait au même, et je doute tort
que cela simplifie les relations du théâtre
avec le public. Comment justifier ce prix
élevé pour quelques places isolées parmi
d'autres bon marché? Ce serait de perpé-
tuelles récriminations au bureau. Et , puis,
encore, pourquoi maintenir ces prix exces-
sifs le jour ou la pièce ne présente plus d'in-
térêt ? Ne trouvons-nous pas plus de sou-
plesse dans le jeu automatique de cette
vieille loi de l'vffre et de la demande, qui
permet aux concurrents de s'assurer une
bonne place grâce aux marchands de billets,
et qui règle automatiquement des prix dont
la fixité affichée, en matière de théâtre, est
d'une ironie parfois singulière.
G. DE PAWLOWSKI*
Échos
'Ce soir, 'â huit heures trois quarts,. S la1
Comédie-Française, pour le 269e anniver-
saire de la naissance de Racine, première
représentation de La Champmeslé au camp,
à-propos en un acte, en vers, de M. Mau-
rice Olivaint.
'Ce soir, 3 huit Heures et aemle, e P;fpol-
lo, répétition générale de L'Année en l'air,
revue en deux actes et dix tableaux, de
MM. ihfdré Mouezy-Eon et Henri Battaille.
u
L rne académies d'artistes,
.- Nos lecteurs ont pu s'étonner Ue
voir, dans notre numéro d hier, que cette
liste d'artistes, qui devait comprendre vingt
noms, n'en portait que dix-huit.
Dans notre difficile mise en pages, deux
lignes sont tombées.
Et ces deux lignes étaient consacrées -
ainsi que la publication de leurs portraits
en faisait foi — à deux artistes des plus
éminents que les nombreux suffrages de
nos lecteurs avaient, en bonne place, choisis
pour faire partie de cette brillante compa-
gnie.
Réparons cet oubli et proclamons élus?
Mme JEANNEGRANIER.:.1 46.212 voix.
M. DE FÉRAUDY.44.869 -
Nous rappelons à tous les nouveaux aca-
démiciens que nous leur serons reconnais-
sants de nous envoyer, dans le plus bref dé-
lai, leur adhésion.
L
es « saxe » d'Anna Thibaud.
Oue M. Paul Escudier avait donc
raison, quand il réclamait, au sein du Con-
seil municipal, l'obligation pour les auto-
bus de Montmartre d'accomplir un détour
par le boulevard de Clichy, au lieu de sil-
lonner, à l'aller et au retour, soixante fois
par heure, comme ils le font, les rues de
Douai, de Calais, etc.
Mme A. Thibaud habite à cette dernière
adresse un coquet hôtel que les violentes
trépidations causées par les lourdes machi-
nes ébranlent du haut en bas, à chacun de
- -
leur passage. Or, la charmante divette a,
récemment installé, dans les vitrines de
son salon, une merveilleuse collection d'ex-
quises figurines en saxe, du plus pur dix-
huitième siècle, et, depuis que les autobus
dévalent à toute vitesse devant sa porte,
ces statuettes sursautent si brusquement
dans leur cage en verre que plusieurs se
sont même brisées.
Mme A. Thibaud s'est plainte à la
C. G. O., qui a répondu par une fin de
non-recevoir. Aussi, se montre-t-elle fu-
rieuse contre elle et ne parle-t-elle rien
moins que de lui intenter un procès en dom-
mages-intérêts.
Comme elle aura raison.
p
lusieurs millions à la disposition 'de
l'expert Dusausoy, 4, boulevard des
Italiens, qui achète de suite, à première vue
et à leur réelle valeur, bijoux, diamants et
pierres fines. Grand choix d'occasions.
u
rn opéra malchanceux. éa~ - -
L On doit jouer, au théâtre de Covent
Garden, à Londres, au début du mois de
juin prochain, un opéra nommé Tess et tiré
du célèbre roman de Thomas Hardy: Tess
d'Orberville.
Il ne faudrait pourtant pas s'étonner si
quelque accident venait retarder cette pre-
mière: Tess a eu, jusqu'à présent, une mal-
chance singulière. On devait la jouer au
théâtre de San-Carlo, à Naples, en juin
1906: le lendemain de la première repré-
sentation, qui avait été un succès, l'érup-
tion du Vésuve contraignit à fermer le
théâtre.
Le compositeur, le # baron d'Erlanger,
sans se décourager, traite avec l'Opéra de
Milan: la veille de la # répétition générale
éclate la grève des musiciens de Milan.
Espérons que la fatalité ne poursuivra
pas l'infortunée Tess d'Orberville.
s
ouv,enirs.
- - -
Bien intéressante cette histoire d'une
paroisse de Parts que vient a écrire son cu-
ré actuel, M. le chanoine Casabianca.
Il s'agit de la paroisse Bonne-Nouvelle,
d'un quartier populeux de Paris, qui fut ja-
dis comme le Montmartre actuel, groupe-
ment de théâtres, de cabarets, séjour des
trop fameux habitants de la Cour des Mi-
racles. -
Aucun de ces souvenirs n'est négligé dans
l'ouvrage de cet ecclésiastique, très jaloux
de tous ses paroissiens, fussent-ils des pé-
cheurs. Il n'oublie ni André Chénier, ni
Tàiffia, pui'iiii ifess morts mi' J'M âncæms
sociétaires de la Comédie-Française parmi
les vivants.
Enfin, il nous rappelle que Gros-Guil-
laume, Turlupin et Garguille furent inhu-
més dans l'église Saint-Sauveur qui, désaf-
fectée en faveur de l'église Bonne-Nou-
velle, devint plus tard salle de spectacle.
M. le chanoine Casabianca peut ambition-
ner de faire partie de la Société d'histoire
du théâtre.
L
a matinée d'hier aux Folies-Bergère a
produit 9.100 francs. Le succès de
1 - T*\ T T-M - -- i. _-.,..: __1_,..n1
la revue ae .-,. est ë:l.U:S::i1 \,;UIU:S:Si:l1
auprès des familles, des jeunes gens et des
enfants qu'auprès du grand public. On di-
rait, en effet, que l'auteur a eu la préoccu-
pation constante d'écrire une revue pou-
vant être vue par tous. Pas un mot grossier,
pas une allusion choquante, pas une note
discordante, à peine de la gauloiserie de
bon goût. Les scènes susceptibles d'amuser
la jeunesse sont innombrables, depuis celle
de la Rue du 4-Septembre et du Match de
foot-ball par les chiens, jusqu'au somptueux
défilé des Châteaux de la Loire et de la
Première Entente cordiale. Ce sont là des
leçons d'histoire données d'une façon char-
mante. M. P.-L. Fiers est un éducateur par-
fait, car il a résolu le problème d'instruire
en amusant. Les Folies-Bergère donneront
trois matinées pour les fêtes de Noël, les
vendredi 25, samedi 26 et dimanche 27 dé-
cembre, et, à l'occasion du Nouvel An, les
1er, 2 et 3 janvier.
Il est prudent de retenir ses places dès
maintenant.
v
ous, Madame, à qui sang Uoute lin
sans-cœur de mari refuse depuis
longtemps une pimpante automobile à cause
du prix, je vais vous donner le moyen de
satisfaire votre désir. Emmenez l'ingrat à
la Banque Automobile, 10, rue de Casti-
glione, et montrez-lui les nombreux modè-
les, et, en même temps que vous lui ferez
connaître les grandes facilités qu'il aura
pour la payer, vous ne tarderez pas à pos-
séder l'objet de yos désirs: une jolie yoi-
ture l
c
omment ils Unissent.
- Gelibert, -, un acteur qui MUa im
instant comme dixième rôle aux théâtres
Montparnasse, de Belleville et de l'Ambigu,
qui fut marchand de contremarques, souf-
fleur, sixième régisseur aux Ternes, puis
de nouveau artiste dans les rôles de figura-
tion, Vient de trouver son cbemin de Da-
rriii S.
Il à ouvert un petit « bistrot-gargotte »
aux environs de la Porte-Saint-Martin, et
ses camarades de jadis, ceux qui, comme
lui, ont battu tous les sentiers de la dèche,
s'y donnent de fréquents rendez-vous.
Gelibert, d'ailleurs, fait de son mieux
pour les bien traiter, mais Gelibert a du
mal a joindre les deux bouts; aussi, sa
cuisine est-elle médiocre.
Et pelobelle, sortant d'y déjeuner mai-
grement, de confier à son inséparable Jen-
neval" - -
; — Avoue que ce serait tout de même
trop cher ici. si l'on payait!
0
n préfère généralement tout objet de
marque, et l'automobile n'échappe
pas à cette loi. Telle est la raison de la vo-
gue actuelle des automobiles Berliet, la
grande marque lyonnaise. On sait que, dans
ses usines, tous les modèles sont construits
depuis A jusqu'à Z, et que, s'ils sont les
plus élégants, ils sont également les plus
durables.
ï-e Masque 4e Vçrre.
THEATRE FEMINÀ
Revue de Noël
Spectacle 1 ,
pour la
jeunesse
Hélas! il n'y a plus d'enfants!
Je suis sorti hier du Théâtre Femina mé-
lancolique, malgré la grâce et la gaieté du
spectacle que je venais d'y voir.
Des petites filles de six ans m'ont décon-
certé par leur sûreté de comédiennes. Qui
donc prétend que la vérité sort de la. bou-
che des enfants! Le mensonge dramatique
m'a paru terriblement à l'aise sur ces lè-
vres puériles. Comme elles simulent adroi-
tement tous les sentiments humains, ces
petites actrices, même ceux qui sont d'ordi-
naire réservés aux malheureuses « grandes
personnes ». Avec quelle netteté elles sa-
vent esquisser une précise caricature des
simagrées mondaines !
Constatons donc que l'art de jouer la co-
médie est inné chez ces femmes d'après-
'demain-; concluons-en, Sans troc nous affli-
- - j a
(Plioto d'Art Femîna.)
(«Tonna Cendré Germaine Parisel
LE SPECTATEUR ET LA SPECTATRICE
getV que lame iemimhé est encline à se ca-
cher sous des apparences trompeuses, et
remarquons en passant que la science et
l'expérience sont bien moins utiles à l'ac-
teur, qu'un don naturel d'intuition lui per-
mettant de modifier sans effort à son gré sa
mouvante personnalité physique' et morale.
Mais ces considérations, graves, ne sont-
elles pas hors. de propos quand il s'agit
seulement de décrire'le délicat délassement
imaginé par MM. - Jacques, Brindejont-Of-
fenbach et Franc-Nohain pour la jeunesse
et pour l'enfance.
Dans deux clairs décors de Ronsin, nous
voyons Je Petit Chaperon Rouge et son
ami, le, Petit Poucet rencontrer, des héros
de, légende et des personnages contempo-
rains. , La Belle au Bois dormant, Peau
d'âne, Madame Dagobert, la petite fille de
la mère Michel, et ce pauvre Piquet à la
Houppe, sans oublier le redoutable Barbe-
Bleue, plaisamment figuré par un ravissant
et ,très crâne bébé, se croisent avec Wilbur
Wright, avec le garde du Bois, avec le fac-
teur qui vient réclamer ses étrénnes.
Et' nous saluons encore au passage ce
bon général • Dourakine, échappé de VAu-
berge de l'Ange gardien, sœur Anne, saint
Antoine traînant un joli vrai petit cochon
d'Inde-qui glapit le plus joyeusement du
monde.
Il me faut rapidement louer Mlle Daniele-
Lcry, le compère, une vieille actrice déjà
- elle a au moins onze ans! — si preste,
si adroite en Petit Poucet; Mlle Germaine
**' "uV >♦ -. rr- -.-
(Photo (l'Art Femina.)
Mlle Germaine Ponzio Mlle Danièle Lory
(Le Chaperon Rouge) (Le Petit Poucet)
Pcnzio, la commère, légère et court vêtue
en Chaperon Rouge, mutine, alerte, co-
quette; Mlle Brécilly, qu'on voit souvent,
niais pas assez; Mlles Lorza, Germaine
Parisel, Jeanne Dupont, Mona Goadré, qui
détàille comme une divette les amusants
couplets des chapeaux de petites filles au
Théâtre Guignol, et Marguerite Brooker,
haute comme une poupée, jolie comme une
fleur et très fièrement redressée sous son
bcnnet de nourrice.
Et je regrette que la place me manque
peur adresser à MM. Félix Darlon, Régnier,
Noël-Laut, acteur excellent, excellent ré-
gisseur; Ferrier, Milford, Draffir et Broo-
ker, les longs compliments qui leur sont
bien dûs.
EDOUARD HELSEY.
ïc COMŒDIA ri rA 'NEW-YORK! -
A l'Opéra
Départ de
- l'un des deux
directeurs
Deûx événements sensationnels durant la
semaine dans le monde théâtral.
Premièrement, l'avènement de M. Gatti-
Casazza, comme maître absolu des desti-
nées du Metropolitan Opéra;
Deuxièmement, l'expulsion de M. Har-
rison Grey Fiske, de l'Association des di-
recteurs de,théâtre. -
La situation très tendue durant les deux
derniers mois entre les factions Gatti-Ca-
sazza d'un côté et Dippel de l'autre, devait
forcément amener une rupture.
Nul ne doute de l'autorité ou de l'expé-
rience de M. Gatti-Casazza, et lors de sa
démission de directeur de la Scala de Milan
pour accepter la direction du Metropolitan,
il était entendu qu'il en aurait toutes les
prérogatives, 1
De son côte, M. Dippel lui-même, très
sympathique, comptait que sa position d'ad-
ministrateur lui donnerait voix au chapitre,
et agit en conséquence.
Tout eut bien marché si une entente cor-
diale avait existé, mais,, dès les premiers
jours, directeur et administrateur étaient à
couteaux tirés. ,
Si M. Gatti-Casazza ordonnait une répé-
tition pour une certaine heure, M. Dippel la
décommandait. c >
Si M. Dippel voulait, dans le programme
de la semaine, deux opéras allemands, M.
Gatti-Casazza voulait de l'italien.
Pour comble, les artistes femmes se mê-
lèrent de la bataille ;, c'était le mécontente-
ment partout, presque l'anarchie.
Pans ces - conditions, M. Gatti-Casazza
prit les devants et. posa au. conseil d'admi-
nistration un ultimatum radical: « obtenir
l'exécution de son contrat à la lettre, -c.'est-
à-dire directeur non seulement en titre, mais
en réalité, et la relégation de M. Dippel à
son poste d'administrateur où sa démis-
sion. » , • -
Le conseil d'administration lui donna gain
de cause en renouvelant. son contrat pour
deux ans, tandis que M. Dippel quitte le
Métropolitan.
Maintenant qu'il a le champ libre, M.
Gatti-Casazza ira de l'avant et" prouvera,
Ait.t peut -.. l?on n'. pas perda pwtr '«t-
tendre.
On s'apercevra vite que M. Gatti-Ca-
M. Gatti-Casazza
Directeur du Métropolitan-Opera -
sazza est bien the right man in the right
place, ainsi que nous le disions au début
de la saison.
Ayant plein pouvoir et carte blanche
maintenant sous tous les rapports, il va pou-
voir redonner au Metropolitan sa gloire d'an-
tan, quand y brillaient les de Reszké, Las-
salle, Calvé, Melba et autres grandes ve-
dettes, dont quelques-unes, d'ailleurs, occu-
pent à nouveau l'affiche avec éclat.
On sait que M. Gatti-Casazza se propose
notamment de rendre à l'opéra français la
place brillante qu'il avait jadis à New-York.
Il a engagé toute une pléiade d'artistes
français qui interpréteront, au Metropolitan
Opéra House, ainsi qu'au Théâtre de
Brooklyn et au New-Theatre., actuellement
en construction, tous les chefs-d'œuvre du
répertoire français.
Il a signé des contrats avec tous nos
grands éditeurs, qui garantissent au Metro-
politan la primeur d'un grand nombre d'œu-
vres nouvelles jouées ou à jouer à l'Opéra
et à l'Opéra-Comique de Paris.
Le répertoire comprend, en dehors de
Faust et de Carmen: Manon et Werther, de
Massenet; Le Chemineau et La Reine Fia-
mette, pe Xavier Leroux; L'Attaque du
Moulin, ,d'Alfred Bruneau ; "Ariane et Barbe-
Bleue, de Dukas. La première représenta-
tion de La Habanera, de Raoul Laparra, au-
ra lieu au premier jour.
M. Gatti-Casazza va donc continuer, à
New-Y/)rk l'œuvre si intéressante pour les
auteurs français, qu'il avait commencée à
la Scala de Milan:
L'expulsion de M. Fiske, puisque expul-
sion il y a, est une des conséquences des
malentendus au sujet des droits de repré-
sentation de la comédie de Molnar, Le Dia-
ble, dont j'ai entretenu les lecteurs de Co-
mœdia.
Il est admis que MM. FisRe et Savage
avaient, l'un et l'autre, obtenu le droit de
jouer cette pièce, d'autant plus qu'elle est
du domaine public, la Hongrie n'ayant pas
de conventions littéraires avec les Etats-
Unis; mais M. Savage accuse M. Fiske de
déloyauté et de faux témoignages, et c'est
de ce chef que l'expulsion a eu lieu.
Dans tout cela, il faut plutôt voir l'anta-
gonisme qui existe entre le trust des théâ-
tres et les indépendants, qui ont à leur tête
MM. Fiske et Bélasco; ce dernier vient de
donner sa démission de membre de l'Asso-
ciation*
PAUL MEYER,
COMEDIE-FRANÇAISE
Coups d'Etat
Manifestes,
nominations,
proscriptions
Quand on marche droit vers le but, aédai.
gnant les criailleries, rebelle à toute influence
étrangère, méprisant les colères soulevées au-
tour de soi, également armé contre les séduc-
tions et contre. la menace, la victoire assurée
n'est qu'une question' de temps.
Hier, tous les artistes de la Maison ont reçaV
au théâtre, une lettre imprimée, leur disant :
« En présence de l'abus des tournées qui se
multiplient de jour en jour, aucun déplacement
ne sera plus toléré sans une autorisation régu-
lière et écrite. Depuis quelque temps, une admi"
nistration en marge s'est superposée à l'admi-
nistration officielle, et les impresarii étrangers
se sont même introduits dans le théâtre. Les dé-'
placements sont devenus maintenant collectifs et
l'on apporte aux répétitions personnelles un zèli
qu'on refuse au service réguler.
« La plus grande bienveillance finit par sù
lasser quand on en abuse.
Et pour finir :
<( Les artistes qui jugent insuffisailtes r les Yes*
sources que leur assure le théâtre, sont libres
(Iî. Manuel,, tiUoil
Mlle Berthe Cerijy
d'en finir avec un engagement dont ils lire ni un
profit personnel au détrimènt de l'intérêt gélrf.
ral. »
Signé: Jules CLARE'PF.,'
Cette circulaire n'a pas besoin de commentai-
res, elle n'estjjjiê. Jè résulté, laM<_cûrH?li4S»oa ¡J,
ae ce que je dis ici depuis quinze mois!
Il* reste à M. Jules Claretie à l'appliquer avec
vigueur, mais aussi avec impartialité.
L'administrateur s'est réservé, en dehors deg
congés réguliers, l'autorisation écrite, il ne fau-
drait pas que cette autorisation créât un privi-
lège à certains acteurs grassement payés, au
détriment de modestes' pensionnaires dont Jes
escapades, si blâmables qu'elles fussent ppr4
taient en elles un semblant d'excuse; il ne fau-
drait pas que la justice de M. Claretie, « indul-
gente aux grands, dure aux petits », tolérât chez
MM. Albert Lambert fils et Raphaël Duflos, par
exemple, -ce qu'elle interdit à Dessonnes, Grand-
val ou Mlles XXX..
Si M. Jules Claretie vient de se montrer si
énergique, c'est que, très probablement, il
Compte annoncer aujourd'hui au Comité qu'au
moment où « on exige.des comédiens-l'accoin-
plissemerit de leur devoir, on va leur -rendre
l'exercice de leurs droits,», pour reprendre ma
propre formule.
Un de' nos confrères ',en effet, annonce corn-*
me très-prochain le rétablissement du Comité
de lecture. Je me permettrai de lui dire cepen-
dant qu'il n'èst' pas très exactement ; informé
lorsqu'il parle des résistances de M. Doumergue,
Le jour où j'ai remis mon Rapport au ministre
des Beaux-Arts, il s'est montré, au confrère.
très favorable au projet de rétablissement du Co-
mité; il a seulement ajouté qu'il avait besoin
d'étudier encore certains détails de la question.
ce qu'il! allait faire, insistait-il, avec la plus
grande bienveillance, son esprit de bon répu-
blicain le poussant très naturellement vers une
solution libérale.
Puisque je me trouve personnellement mêlé à'
cette réforme, il est de mon devoir de mettre
les choses au point en précisant la véritable atti-
tude du ministre. *
* * f
Enfin, quels seront aujourd'hui les nouveaux
élus? Parmi les pensionnaires, quels sont ceux
que le Comité d'administration reconnaîtra di-
gnes d'entrer dans la Société?
Il y a, à ma connaissance, cinq candidatures
très sérieuses: Siblot, Ravet, Mlles Cerny, Gé-
niat et Madeleine Rocfi.
M. et Mme Silvain
L'élection de Sibtot est assurée. J'ai publié ta
décembre dernier ses états de service; cett- •• •
née, l'excellent artiste a acquis plus d'^ù;or: c
encore ; il tient, presque sans partage, un grer d
nombre de rôles du répertoire; il est le ,--=f d:
double de Leloir dans beaucoup d'autres. On
peut dire que Siblot est déjà élu par L'opinion
publique, et le Comité ne fera qu'exauce* les
vœux du public de la Comédie-Française tout
entier, sans l'ombre d'une opposition.
Mlle Cerny sera également élue sans difficul-
tés. si elle est raisonnable, si elle se comeatd
2f Anaêc. »= N 446 (Quotidieft)
te Numéro: S centimes
- - -- - - -.
Lundi 21 Décembre 1908
COMŒ DIA
i
Rédacteur en Chef : G. de PAWLOWSKI
F.HDACTÎOFi & ADMINISTRATION :
27 Bouizj'arc! Poissonnière, PARIS
TKI-KPIIONB : 2U8-07
Adtesss Télégraphique : C0MŒDIA-PAK3
ABONNEMENTS
UN AN eifors
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Etranger «5LO o , 20 »
RÉDACTION & ADMINISTRATION?
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE: 288-07
adresse télégraphique : COMŒDIA-PARIS
, 1 ABONNEMENTS
; UN AN 6 MOIS
paris et Départements r 24 fr. 12 fr.
Étranger 40 » 20 »
LES DEUX EPOQUES
A vol d'auteur
Devant quelques amis à qui, d'habitude,
il lisait ses pièces, et que, pour cela, sans
doute, il appelait des amis éprouvés, Pécal
-allait commencer la lecture de trois actes
fringants et attendris qu'il destinait à un
gentil petit théâtre, sous ce titre alléchant:
Le Robinet.
C'était décidé, Mlle Estelle Couchey
créerait Le Robinet. Déjà révélée dans la
fameuse revue : Demandez la lisle officielle
et complète de tous les enfants tuberculeux
de France, où elle s'était taillé un si joyeux
et élégant succès, nul doute que Le Robinet
ne la fit monter aux nues. Aussi paraissait-
elle impatiente et ive cessait-clie de répéter
en s'éventant avec une aile de mouche et
en frappant du pied : « Commencez ! Com-
mencez ! »
— « Estelle ! » calmait Mme Couchey
mère. Reine dtr savoir-vivre, elle était as-
sise sur l'extrême bord d'un fauteuil, tout
le corps enfui dans son derrière, sauf une
poitrine vraiment républicaine et qui se je-
tait en avant, les bombes à la main.
, — Cette enfant, exprima Mme Couchey
mère, se met auiit, depuis quelque temps,
a des heures impossibles, et si c'était un
effet de votre complaisance, cher maître,
nous voudrions bien ne pas « calter » trop
tard!.
- Je n'attends plus que Boissort! s'ex-
cusa Pécal.
Mais Lancrit de protester;
— Ah! bien, si vous attendez Boissort,
nous sommes bien sûrs de ne pas calter
avant trois heures, comme le dit Mme Cou-
chey mère dans une langue théâtreuse où la
bonhomie le dispute à l'amour maternel!
— Allez-y donc! fit quelqu'un.
- « Pécaltez! » renforça Lancrit d'un
impertinent à peu près.
- « Et zut pour le retardataire! » ajou-
ta le vieux blond dont la chevelure est un
tel avril qu'à la moindre secousse, les pis-
tils s'en envolent et que, dans l'air, on voit
neieer des pellicules de poète.
— Alors, soit! accorda Pécal. Je com-
mence.
Mais, sur-le-champ, le valet de chambre
lance, d'une voix nette, à la porte du, sa-
lon: «.MÓnsieur Boissort! »
Du geste, il écarte les reproche, il se
fait une haie, salue Mme Pécal, obtient le
silence d'un sourire qui en promet long,
et se dégantant, doigt par doigt :
— Je vous apporte, dit-il, une nouvelle
excellente pour tous ceux qui, à l'égal ôës
vrais et originaux artistes, ont eut à souf-
frir des plagiats et des contrefaçons. Rat-
tiaix vient d'être condamné à s'adjoindre
pour moitié des droits d'auteur, dans l'ave-
nir et le passé, Mongel, à qui, froidement
et intégralement, il avait chipé, comme vous
savez tous, La Colombe dont on fête la
deux centième dans un souper par petites
tapes, comme dirait Lancrit.
- Je ne sais pas si je dirais ça, pro-
testa le jeune maître. Mais ce que je dis
de toutes mes forces, c'est que ce juge-
ment est absurde, c'est que les idées ne
sont pas des propriétés personnelles, c'est
que le plagiat est un délit imaginaire et
que, n'existant pas, il est stupide de vou-
loir' le flétrir et encore plus de vouloir le
punir !. Les idées sont des gaz, et un vol
de gaz tombe-t-il sous le coup de la loi?.
— Parfaitement ! s'écria Pécal. La loi
punit le vol de gaz ! Si tu adaptes un tuyau
sur une conduite qui ne t'appartient pas
et que tu t'appropries, de la sorte, le gaz
de ton voisin, tu es aussi coupable que si
tu lui volais son bœuf ou son âne, et tu
es condamné comme un simple fripon.
Donc, à plus forte raison, si tu adaptes ton
œil sur la copie d'un confrère et que tu
t'appropries, de la sorte, ses idées en dé-
marquant son texte, tu te conduis comme
un simple fripon, et il est absolument juste
que la loi t'oblige tout au moins à réparer
le préjudice envers ton ami dépouillé!.
— S'il y a guet-apens! riposta Lancrit.
Si c'est le vol qualifié! Mais il n'est quafi-
fiable que s'il y a eu volonté de voler, de
copier, si vous aimez mieux ; car autrement.
je maintiens que les idées appartiennent à
tout le monde et que, seule, la forme dont
il les revêt appartient à celui qui leur donne
la vie!
- Tais-toi donc! exclama Pécal. La voilà
votre morale à vous autres ! Alors on au-
rait donc le droit de voler de'l'or vierge
à la condition de le convertir en louis. Je
trouve ça honteux! Il est tout de même
temps qu'on se décide à faire respecter la
propriété artistique et que les voleurs d'art
soient assimilés à des voleurs de droit com-
mun, car il n'y a entre eux de différence
qu'à l'avantage des derniers! Oui, parfaite-
ment, l'homme qui fait baisser une recette
de théâtre en donnant, dans cette intention,
des billets de faveur, commet un détourne-
ment et un abus de confiance, comme ce-
lui qui subtilise l'idée d'un confrère com-
met exactement un vol! Voilà ce qu'il faut
se dire! Et si l'on se porte enfin partie lit-
téraire comme on se porte partie civile, on
épucera peut-être les carrières artistiques
des écrivains parasites, marrons et marau-
deurs!.
Et se dérobant aux bravos que firent
éclater ces phrases lancées d'une voix sûre
et accentuées d'un geste ad hoc, comme dit
Boissort, qui ne trouve jamais lIe mot qui
convient, Pécal ramena vers lui son verre
d'eau, rouvrit son manuscrit et annonça:
LE ROBINET
COMÉDIE EN TROIS ACTES
r Dès les premières répliques, l'auditoire
était intéressé. Un sourire de plaisir et de
curiosité voltigeait de bouche en bouche, et
On s'entreregardait avec une joie charmée
dans les yeux, ainsi qu'avec des hoche-
ments de tête empressés, comme si l'on
s'accordait tout de - voisine à voisin.
Ce fut réellement une fête d'esprit. On
Jpurit, on rit, on s'attendrit. D'acte en acte,
* intérêt se passionna et l'enthousiasme
bandit si fort qu'à la fin, Mme Couchey
^ère, après avoir jeté sa fille dans les bras
Pécal, dut être délacée, car elle étouffait
e rire et éclatait de pleurer.
] Et, tout à coup, un silence se fit. Lancrit
n'lait parler.
i
J'interprèie le sentiment de nous tous
en vous redisant que Le Robinet est une
pièce admirable et, dans ses proportions
d'œuvre légère, une œuvre de génie. Mais
c. qu'il m'est particulièrement doux de si-
gnaler, c'est que la iccturc de vos trois ac-
tes vi&i.'t de me prouver que gavais raison
en affirmant l'inexistence du plaçât. Le Ro-
binet est une œuvre qui vous est indiscu-
tablemolitet essentiellement personnelle, et
pourtant, de sa première à sa dernière li-
gne, elle est la copie textuelle de ma nou-
velle: Le Droit da cœur, dans mon recueil
(c Les Excentriques n. dont voici l'exem..
plaire encore non coupé!-.
-- « Tu es fou? » demanda Pecai, tan.
dis que deS Iruées s'élançaient vers Lancrit.
Mais, dominant les clameurs, déjà celui-
ci Usait. De la surprise se fit jour. Il était
certain qu'il y avait des points de contact,
des analogies frappantes et. quand la lec-
ture fut te-rminée, rembarras général dé.
nonça que c'était l'identité elle-même;,
— Il n'y a pas de doute! déclara loya-
lement Pécal. C'est ma pièce. Seulement,
ce que tu ne dis pas, foutu drôle, c'est que
c'est moi qui t'ai raconté mon idée.
— Oui, mais je l'ai faite mienne en écri-
vant Le Droit du coeiir, répliqua le jeune
maître. Et que diriez-vous de moi, si j'a-
vais le ridicule de vous faire un procès
au lieu de vous demander tout bonnement
de mettre sur l'affiche: « Le Robinet », co-
médie en trois actes, de M. Alain Pécal,
d'après la nouvelle de M. Robert Lancrit.
Et, quant aux droits d'auteur, un tiers me
suffira!..,
Gustave GUICHES.
Nous publierons 'demain un article de
TRISTAN BERNARD
Offre et demande
Il ne se passe point de semaine sans que
je reçoive de nouvelles et toujours identi-
qu.es protestations concernant la location
dans certains théâtres parisiens.
On se présente au contrôle, on demande
par exemple des fauteuils de deuxième ga-
lerie de face premier rang, et la buraliste
annonce qu'il n'y eh a plus. On lui en de-
mande alors pour dans huit jours, pour dans
dix ans, 'la buraliste rougit, balbutie, parle
de ces messieurs qu'il faudrait voir, et n'ose
pas avouer franchement que ces places sont
tout simplement achetées par des marchands
de billets qui les vendent, à quelques mè-
ête& 4e là. pour taasles jcmrs. -de 4*ew&matino»
au prix modeste de cinq francs.
Il existe, en effet, dans chaque: théâtre,
quelques places qui, pour être élevées, n'en
sont pas moins excellentes. Quoi de plus
naturel qu'on en majore le prix ? Elles va-
lent plus que les autres, et la meilleure
preuve c'est que nos honorables correspon-
dants s'empressent d'aller les réclamer, au
bureau de location.
Vous me direz qu'il "serait plus simple
d'en augmenter directement le prix et d'évi-
ter l'intermédiaire toujours agaçant des
marchands de billets.
Mais, d'abord, il faut bien admettre que
cela reviendrait au même, et je doute tort
que cela simplifie les relations du théâtre
avec le public. Comment justifier ce prix
élevé pour quelques places isolées parmi
d'autres bon marché? Ce serait de perpé-
tuelles récriminations au bureau. Et , puis,
encore, pourquoi maintenir ces prix exces-
sifs le jour ou la pièce ne présente plus d'in-
térêt ? Ne trouvons-nous pas plus de sou-
plesse dans le jeu automatique de cette
vieille loi de l'vffre et de la demande, qui
permet aux concurrents de s'assurer une
bonne place grâce aux marchands de billets,
et qui règle automatiquement des prix dont
la fixité affichée, en matière de théâtre, est
d'une ironie parfois singulière.
G. DE PAWLOWSKI*
Échos
'Ce soir, 'â huit heures trois quarts,. S la1
Comédie-Française, pour le 269e anniver-
saire de la naissance de Racine, première
représentation de La Champmeslé au camp,
à-propos en un acte, en vers, de M. Mau-
rice Olivaint.
'Ce soir, 3 huit Heures et aemle, e P;fpol-
lo, répétition générale de L'Année en l'air,
revue en deux actes et dix tableaux, de
MM. ihfdré Mouezy-Eon et Henri Battaille.
u
L rne académies d'artistes,
.- Nos lecteurs ont pu s'étonner Ue
voir, dans notre numéro d hier, que cette
liste d'artistes, qui devait comprendre vingt
noms, n'en portait que dix-huit.
Dans notre difficile mise en pages, deux
lignes sont tombées.
Et ces deux lignes étaient consacrées -
ainsi que la publication de leurs portraits
en faisait foi — à deux artistes des plus
éminents que les nombreux suffrages de
nos lecteurs avaient, en bonne place, choisis
pour faire partie de cette brillante compa-
gnie.
Réparons cet oubli et proclamons élus?
Mme JEANNEGRANIER.:.1 46.212 voix.
M. DE FÉRAUDY.44.869 -
Nous rappelons à tous les nouveaux aca-
démiciens que nous leur serons reconnais-
sants de nous envoyer, dans le plus bref dé-
lai, leur adhésion.
L
es « saxe » d'Anna Thibaud.
Oue M. Paul Escudier avait donc
raison, quand il réclamait, au sein du Con-
seil municipal, l'obligation pour les auto-
bus de Montmartre d'accomplir un détour
par le boulevard de Clichy, au lieu de sil-
lonner, à l'aller et au retour, soixante fois
par heure, comme ils le font, les rues de
Douai, de Calais, etc.
Mme A. Thibaud habite à cette dernière
adresse un coquet hôtel que les violentes
trépidations causées par les lourdes machi-
nes ébranlent du haut en bas, à chacun de
- -
leur passage. Or, la charmante divette a,
récemment installé, dans les vitrines de
son salon, une merveilleuse collection d'ex-
quises figurines en saxe, du plus pur dix-
huitième siècle, et, depuis que les autobus
dévalent à toute vitesse devant sa porte,
ces statuettes sursautent si brusquement
dans leur cage en verre que plusieurs se
sont même brisées.
Mme A. Thibaud s'est plainte à la
C. G. O., qui a répondu par une fin de
non-recevoir. Aussi, se montre-t-elle fu-
rieuse contre elle et ne parle-t-elle rien
moins que de lui intenter un procès en dom-
mages-intérêts.
Comme elle aura raison.
p
lusieurs millions à la disposition 'de
l'expert Dusausoy, 4, boulevard des
Italiens, qui achète de suite, à première vue
et à leur réelle valeur, bijoux, diamants et
pierres fines. Grand choix d'occasions.
u
rn opéra malchanceux. éa~ - -
L On doit jouer, au théâtre de Covent
Garden, à Londres, au début du mois de
juin prochain, un opéra nommé Tess et tiré
du célèbre roman de Thomas Hardy: Tess
d'Orberville.
Il ne faudrait pourtant pas s'étonner si
quelque accident venait retarder cette pre-
mière: Tess a eu, jusqu'à présent, une mal-
chance singulière. On devait la jouer au
théâtre de San-Carlo, à Naples, en juin
1906: le lendemain de la première repré-
sentation, qui avait été un succès, l'érup-
tion du Vésuve contraignit à fermer le
théâtre.
Le compositeur, le # baron d'Erlanger,
sans se décourager, traite avec l'Opéra de
Milan: la veille de la # répétition générale
éclate la grève des musiciens de Milan.
Espérons que la fatalité ne poursuivra
pas l'infortunée Tess d'Orberville.
s
ouv,enirs.
- - -
Bien intéressante cette histoire d'une
paroisse de Parts que vient a écrire son cu-
ré actuel, M. le chanoine Casabianca.
Il s'agit de la paroisse Bonne-Nouvelle,
d'un quartier populeux de Paris, qui fut ja-
dis comme le Montmartre actuel, groupe-
ment de théâtres, de cabarets, séjour des
trop fameux habitants de la Cour des Mi-
racles. -
Aucun de ces souvenirs n'est négligé dans
l'ouvrage de cet ecclésiastique, très jaloux
de tous ses paroissiens, fussent-ils des pé-
cheurs. Il n'oublie ni André Chénier, ni
Tàiffia, pui'iiii ifess morts mi' J'M âncæms
sociétaires de la Comédie-Française parmi
les vivants.
Enfin, il nous rappelle que Gros-Guil-
laume, Turlupin et Garguille furent inhu-
més dans l'église Saint-Sauveur qui, désaf-
fectée en faveur de l'église Bonne-Nou-
velle, devint plus tard salle de spectacle.
M. le chanoine Casabianca peut ambition-
ner de faire partie de la Société d'histoire
du théâtre.
L
a matinée d'hier aux Folies-Bergère a
produit 9.100 francs. Le succès de
1 - T*\ T T-M - -- i. _-.,..: __1_,..n1
la revue ae .-,. est ë:l.U:S::i1 \,;UIU:S:Si:l1
auprès des familles, des jeunes gens et des
enfants qu'auprès du grand public. On di-
rait, en effet, que l'auteur a eu la préoccu-
pation constante d'écrire une revue pou-
vant être vue par tous. Pas un mot grossier,
pas une allusion choquante, pas une note
discordante, à peine de la gauloiserie de
bon goût. Les scènes susceptibles d'amuser
la jeunesse sont innombrables, depuis celle
de la Rue du 4-Septembre et du Match de
foot-ball par les chiens, jusqu'au somptueux
défilé des Châteaux de la Loire et de la
Première Entente cordiale. Ce sont là des
leçons d'histoire données d'une façon char-
mante. M. P.-L. Fiers est un éducateur par-
fait, car il a résolu le problème d'instruire
en amusant. Les Folies-Bergère donneront
trois matinées pour les fêtes de Noël, les
vendredi 25, samedi 26 et dimanche 27 dé-
cembre, et, à l'occasion du Nouvel An, les
1er, 2 et 3 janvier.
Il est prudent de retenir ses places dès
maintenant.
v
ous, Madame, à qui sang Uoute lin
sans-cœur de mari refuse depuis
longtemps une pimpante automobile à cause
du prix, je vais vous donner le moyen de
satisfaire votre désir. Emmenez l'ingrat à
la Banque Automobile, 10, rue de Casti-
glione, et montrez-lui les nombreux modè-
les, et, en même temps que vous lui ferez
connaître les grandes facilités qu'il aura
pour la payer, vous ne tarderez pas à pos-
séder l'objet de yos désirs: une jolie yoi-
ture l
c
omment ils Unissent.
- Gelibert, -, un acteur qui MUa im
instant comme dixième rôle aux théâtres
Montparnasse, de Belleville et de l'Ambigu,
qui fut marchand de contremarques, souf-
fleur, sixième régisseur aux Ternes, puis
de nouveau artiste dans les rôles de figura-
tion, Vient de trouver son cbemin de Da-
rriii S.
Il à ouvert un petit « bistrot-gargotte »
aux environs de la Porte-Saint-Martin, et
ses camarades de jadis, ceux qui, comme
lui, ont battu tous les sentiers de la dèche,
s'y donnent de fréquents rendez-vous.
Gelibert, d'ailleurs, fait de son mieux
pour les bien traiter, mais Gelibert a du
mal a joindre les deux bouts; aussi, sa
cuisine est-elle médiocre.
Et pelobelle, sortant d'y déjeuner mai-
grement, de confier à son inséparable Jen-
neval" - -
; — Avoue que ce serait tout de même
trop cher ici. si l'on payait!
0
n préfère généralement tout objet de
marque, et l'automobile n'échappe
pas à cette loi. Telle est la raison de la vo-
gue actuelle des automobiles Berliet, la
grande marque lyonnaise. On sait que, dans
ses usines, tous les modèles sont construits
depuis A jusqu'à Z, et que, s'ils sont les
plus élégants, ils sont également les plus
durables.
ï-e Masque 4e Vçrre.
THEATRE FEMINÀ
Revue de Noël
Spectacle 1 ,
pour la
jeunesse
Hélas! il n'y a plus d'enfants!
Je suis sorti hier du Théâtre Femina mé-
lancolique, malgré la grâce et la gaieté du
spectacle que je venais d'y voir.
Des petites filles de six ans m'ont décon-
certé par leur sûreté de comédiennes. Qui
donc prétend que la vérité sort de la. bou-
che des enfants! Le mensonge dramatique
m'a paru terriblement à l'aise sur ces lè-
vres puériles. Comme elles simulent adroi-
tement tous les sentiments humains, ces
petites actrices, même ceux qui sont d'ordi-
naire réservés aux malheureuses « grandes
personnes ». Avec quelle netteté elles sa-
vent esquisser une précise caricature des
simagrées mondaines !
Constatons donc que l'art de jouer la co-
médie est inné chez ces femmes d'après-
'demain-; concluons-en, Sans troc nous affli-
- - j a
(Plioto d'Art Femîna.)
(«Tonna Cendré Germaine Parisel
LE SPECTATEUR ET LA SPECTATRICE
getV que lame iemimhé est encline à se ca-
cher sous des apparences trompeuses, et
remarquons en passant que la science et
l'expérience sont bien moins utiles à l'ac-
teur, qu'un don naturel d'intuition lui per-
mettant de modifier sans effort à son gré sa
mouvante personnalité physique' et morale.
Mais ces considérations, graves, ne sont-
elles pas hors. de propos quand il s'agit
seulement de décrire'le délicat délassement
imaginé par MM. - Jacques, Brindejont-Of-
fenbach et Franc-Nohain pour la jeunesse
et pour l'enfance.
Dans deux clairs décors de Ronsin, nous
voyons Je Petit Chaperon Rouge et son
ami, le, Petit Poucet rencontrer, des héros
de, légende et des personnages contempo-
rains. , La Belle au Bois dormant, Peau
d'âne, Madame Dagobert, la petite fille de
la mère Michel, et ce pauvre Piquet à la
Houppe, sans oublier le redoutable Barbe-
Bleue, plaisamment figuré par un ravissant
et ,très crâne bébé, se croisent avec Wilbur
Wright, avec le garde du Bois, avec le fac-
teur qui vient réclamer ses étrénnes.
Et' nous saluons encore au passage ce
bon général • Dourakine, échappé de VAu-
berge de l'Ange gardien, sœur Anne, saint
Antoine traînant un joli vrai petit cochon
d'Inde-qui glapit le plus joyeusement du
monde.
Il me faut rapidement louer Mlle Daniele-
Lcry, le compère, une vieille actrice déjà
- elle a au moins onze ans! — si preste,
si adroite en Petit Poucet; Mlle Germaine
**' "uV >♦ -. rr- -.-
(Photo (l'Art Femina.)
Mlle Germaine Ponzio Mlle Danièle Lory
(Le Chaperon Rouge) (Le Petit Poucet)
Pcnzio, la commère, légère et court vêtue
en Chaperon Rouge, mutine, alerte, co-
quette; Mlle Brécilly, qu'on voit souvent,
niais pas assez; Mlles Lorza, Germaine
Parisel, Jeanne Dupont, Mona Goadré, qui
détàille comme une divette les amusants
couplets des chapeaux de petites filles au
Théâtre Guignol, et Marguerite Brooker,
haute comme une poupée, jolie comme une
fleur et très fièrement redressée sous son
bcnnet de nourrice.
Et je regrette que la place me manque
peur adresser à MM. Félix Darlon, Régnier,
Noël-Laut, acteur excellent, excellent ré-
gisseur; Ferrier, Milford, Draffir et Broo-
ker, les longs compliments qui leur sont
bien dûs.
EDOUARD HELSEY.
ïc COMŒDIA ri rA 'NEW-YORK! -
A l'Opéra
Départ de
- l'un des deux
directeurs
Deûx événements sensationnels durant la
semaine dans le monde théâtral.
Premièrement, l'avènement de M. Gatti-
Casazza, comme maître absolu des desti-
nées du Metropolitan Opéra;
Deuxièmement, l'expulsion de M. Har-
rison Grey Fiske, de l'Association des di-
recteurs de,théâtre. -
La situation très tendue durant les deux
derniers mois entre les factions Gatti-Ca-
sazza d'un côté et Dippel de l'autre, devait
forcément amener une rupture.
Nul ne doute de l'autorité ou de l'expé-
rience de M. Gatti-Casazza, et lors de sa
démission de directeur de la Scala de Milan
pour accepter la direction du Metropolitan,
il était entendu qu'il en aurait toutes les
prérogatives, 1
De son côte, M. Dippel lui-même, très
sympathique, comptait que sa position d'ad-
ministrateur lui donnerait voix au chapitre,
et agit en conséquence.
Tout eut bien marché si une entente cor-
diale avait existé, mais,, dès les premiers
jours, directeur et administrateur étaient à
couteaux tirés. ,
Si M. Gatti-Casazza ordonnait une répé-
tition pour une certaine heure, M. Dippel la
décommandait. c >
Si M. Dippel voulait, dans le programme
de la semaine, deux opéras allemands, M.
Gatti-Casazza voulait de l'italien.
Pour comble, les artistes femmes se mê-
lèrent de la bataille ;, c'était le mécontente-
ment partout, presque l'anarchie.
Pans ces - conditions, M. Gatti-Casazza
prit les devants et. posa au. conseil d'admi-
nistration un ultimatum radical: « obtenir
l'exécution de son contrat à la lettre, -c.'est-
à-dire directeur non seulement en titre, mais
en réalité, et la relégation de M. Dippel à
son poste d'administrateur où sa démis-
sion. » , • -
Le conseil d'administration lui donna gain
de cause en renouvelant. son contrat pour
deux ans, tandis que M. Dippel quitte le
Métropolitan.
Maintenant qu'il a le champ libre, M.
Gatti-Casazza ira de l'avant et" prouvera,
Ait.t peut -.. l?on n'. pas perda pwtr '«t-
tendre.
On s'apercevra vite que M. Gatti-Ca-
M. Gatti-Casazza
Directeur du Métropolitan-Opera -
sazza est bien the right man in the right
place, ainsi que nous le disions au début
de la saison.
Ayant plein pouvoir et carte blanche
maintenant sous tous les rapports, il va pou-
voir redonner au Metropolitan sa gloire d'an-
tan, quand y brillaient les de Reszké, Las-
salle, Calvé, Melba et autres grandes ve-
dettes, dont quelques-unes, d'ailleurs, occu-
pent à nouveau l'affiche avec éclat.
On sait que M. Gatti-Casazza se propose
notamment de rendre à l'opéra français la
place brillante qu'il avait jadis à New-York.
Il a engagé toute une pléiade d'artistes
français qui interpréteront, au Metropolitan
Opéra House, ainsi qu'au Théâtre de
Brooklyn et au New-Theatre., actuellement
en construction, tous les chefs-d'œuvre du
répertoire français.
Il a signé des contrats avec tous nos
grands éditeurs, qui garantissent au Metro-
politan la primeur d'un grand nombre d'œu-
vres nouvelles jouées ou à jouer à l'Opéra
et à l'Opéra-Comique de Paris.
Le répertoire comprend, en dehors de
Faust et de Carmen: Manon et Werther, de
Massenet; Le Chemineau et La Reine Fia-
mette, pe Xavier Leroux; L'Attaque du
Moulin, ,d'Alfred Bruneau ; "Ariane et Barbe-
Bleue, de Dukas. La première représenta-
tion de La Habanera, de Raoul Laparra, au-
ra lieu au premier jour.
M. Gatti-Casazza va donc continuer, à
New-Y/)rk l'œuvre si intéressante pour les
auteurs français, qu'il avait commencée à
la Scala de Milan:
L'expulsion de M. Fiske, puisque expul-
sion il y a, est une des conséquences des
malentendus au sujet des droits de repré-
sentation de la comédie de Molnar, Le Dia-
ble, dont j'ai entretenu les lecteurs de Co-
mœdia.
Il est admis que MM. FisRe et Savage
avaient, l'un et l'autre, obtenu le droit de
jouer cette pièce, d'autant plus qu'elle est
du domaine public, la Hongrie n'ayant pas
de conventions littéraires avec les Etats-
Unis; mais M. Savage accuse M. Fiske de
déloyauté et de faux témoignages, et c'est
de ce chef que l'expulsion a eu lieu.
Dans tout cela, il faut plutôt voir l'anta-
gonisme qui existe entre le trust des théâ-
tres et les indépendants, qui ont à leur tête
MM. Fiske et Bélasco; ce dernier vient de
donner sa démission de membre de l'Asso-
ciation*
PAUL MEYER,
COMEDIE-FRANÇAISE
Coups d'Etat
Manifestes,
nominations,
proscriptions
Quand on marche droit vers le but, aédai.
gnant les criailleries, rebelle à toute influence
étrangère, méprisant les colères soulevées au-
tour de soi, également armé contre les séduc-
tions et contre. la menace, la victoire assurée
n'est qu'une question' de temps.
Hier, tous les artistes de la Maison ont reçaV
au théâtre, une lettre imprimée, leur disant :
« En présence de l'abus des tournées qui se
multiplient de jour en jour, aucun déplacement
ne sera plus toléré sans une autorisation régu-
lière et écrite. Depuis quelque temps, une admi"
nistration en marge s'est superposée à l'admi-
nistration officielle, et les impresarii étrangers
se sont même introduits dans le théâtre. Les dé-'
placements sont devenus maintenant collectifs et
l'on apporte aux répétitions personnelles un zèli
qu'on refuse au service réguler.
« La plus grande bienveillance finit par sù
lasser quand on en abuse.
Et pour finir :
<( Les artistes qui jugent insuffisailtes r les Yes*
sources que leur assure le théâtre, sont libres
(Iî. Manuel,, tiUoil
Mlle Berthe Cerijy
d'en finir avec un engagement dont ils lire ni un
profit personnel au détrimènt de l'intérêt gélrf.
ral. »
Signé: Jules CLARE'PF.,'
Cette circulaire n'a pas besoin de commentai-
res, elle n'estjjjiê. Jè résulté, laM<_cûrH?li4S»oa ¡J,
ae ce que je dis ici depuis quinze mois!
Il* reste à M. Jules Claretie à l'appliquer avec
vigueur, mais aussi avec impartialité.
L'administrateur s'est réservé, en dehors deg
congés réguliers, l'autorisation écrite, il ne fau-
drait pas que cette autorisation créât un privi-
lège à certains acteurs grassement payés, au
détriment de modestes' pensionnaires dont Jes
escapades, si blâmables qu'elles fussent ppr4
taient en elles un semblant d'excuse; il ne fau-
drait pas que la justice de M. Claretie, « indul-
gente aux grands, dure aux petits », tolérât chez
MM. Albert Lambert fils et Raphaël Duflos, par
exemple, -ce qu'elle interdit à Dessonnes, Grand-
val ou Mlles XXX..
Si M. Jules Claretie vient de se montrer si
énergique, c'est que, très probablement, il
Compte annoncer aujourd'hui au Comité qu'au
moment où « on exige.des comédiens-l'accoin-
plissemerit de leur devoir, on va leur -rendre
l'exercice de leurs droits,», pour reprendre ma
propre formule.
Un de' nos confrères ',en effet, annonce corn-*
me très-prochain le rétablissement du Comité
de lecture. Je me permettrai de lui dire cepen-
dant qu'il n'èst' pas très exactement ; informé
lorsqu'il parle des résistances de M. Doumergue,
Le jour où j'ai remis mon Rapport au ministre
des Beaux-Arts, il s'est montré, au confrère.
très favorable au projet de rétablissement du Co-
mité; il a seulement ajouté qu'il avait besoin
d'étudier encore certains détails de la question.
ce qu'il! allait faire, insistait-il, avec la plus
grande bienveillance, son esprit de bon répu-
blicain le poussant très naturellement vers une
solution libérale.
Puisque je me trouve personnellement mêlé à'
cette réforme, il est de mon devoir de mettre
les choses au point en précisant la véritable atti-
tude du ministre. *
* * f
Enfin, quels seront aujourd'hui les nouveaux
élus? Parmi les pensionnaires, quels sont ceux
que le Comité d'administration reconnaîtra di-
gnes d'entrer dans la Société?
Il y a, à ma connaissance, cinq candidatures
très sérieuses: Siblot, Ravet, Mlles Cerny, Gé-
niat et Madeleine Rocfi.
M. et Mme Silvain
L'élection de Sibtot est assurée. J'ai publié ta
décembre dernier ses états de service; cett- •• •
née, l'excellent artiste a acquis plus d'^ù;or: c
encore ; il tient, presque sans partage, un grer d
nombre de rôles du répertoire; il est le ,--=f d:
double de Leloir dans beaucoup d'autres. On
peut dire que Siblot est déjà élu par L'opinion
publique, et le Comité ne fera qu'exauce* les
vœux du public de la Comédie-Française tout
entier, sans l'ombre d'une opposition.
Mlle Cerny sera également élue sans difficul-
tés. si elle est raisonnable, si elle se comeatd
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