Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-12-12
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 12 décembre 1908 12 décembre 1908
Description : 1908/12/12 (A2,N439). 1908/12/12 (A2,N439).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k76460922
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
2eAnaêc,== NJ 439 (Quotidien) 1 .- LeNuméro :Scentimes -
Samedi 12 Décembre 1908
1 -
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JSw ^ht * Btfc? m B - JBSm g] .- -!
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Rédacteur en Chef : G. de PAWLOWSKI
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDlA*PARIS
ABONNEMENTS
UN AN 6 mois
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger 40 » 20 »
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UN AN 6 MOIS
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 »
Peccadille
Lorsque, à la suite d'une brève discus-
sion au baccara motivée par un neuf sus-
pect, j'eus, d'une lourde bouteille, défoncé
irrémédiablement le crâne de mon vieil ami
Gaston, j'entrevis soudain, mais trop tard,
la kyrielle d'embêtements que ma vivacité
allait me valoir. Seulement, dans la même
seconde, je me sentis la sauvage, l'inébran-
lable volonté de m'y soustraire.
Quand on a fait un coup pareil, et cela
peut arriver au plus honnête comme au plus
malin, il n'y a plus, croit-on, qu'à aller chez
le commissaire ou se suicider.
Ouais ! Pas si vite. Ne jetons pas immé-
diatement le manche après la cognée.
Je vous le demande; pour un geste ac-
centuant mon intention réelle, geste provo-
qué d'ailleurs par les agissements helléni-
ques de mon partenaire, devais-je bénévo-
lement attenter à mes jours, briser mon
avenir, ruiner ma vie et rater un beau ma-
riage que, depuis des années, négociait la-
borieusement ma famille?
Vous ne m'aviez pas regardé! Que de
personnes eussent subi le contre-coup de
mon -expiation ! A quoi eût-elle servi, grands
dieux! Même pas à ranimer l'imbécile qui
me mettait dans de si beaux draps! Non, à
tous les points de vue, il valait mieux choi-
sir un procède pratique pour me aeDarras-
ser en douceur de son encombrante dé-
pouille.
Après mûre réflexion, j'optai pour le dé-
peçage.
Parfait. Mon cadavre une fois dépiauté
et méconnaissable, j'en ferais des petits tas
que, la nuit venue, j'irais semer quotidien-
nement dans la Seine, les égouts, les fours
à chaux de la banlieue, n'importe, jusqu'à
épuisement complet de mon stock. Quant
aux parties plus volumineuses, le tronc, par
exemple, je lui ferais prendre le Métro et
l'exposerais sur.un rail, bien entendu, afin
qu'on crut à un accident. De cette façon, au
moins, Gaston serait pleuré.
Ce plan arrêté dans ses moindres dé-
tails, je me mis à l'ouvrage et commençai
par déshabille" le corps que j'étendis sur
une toile cirée. C'est alors que je m'aper-
çus que je manquais des instruments pro-
pres à conduire rapidement cette involon-
taire autopsie.
Mon buffet de cuisine ne m'offrait qu'un
ccuteau à découper les gigots et quelques
piètres petites lames à dessert. Pouvais-je
faire état du tire-bouchon et des cuillères
à café? D'autre part, crainte d'éveiller les
soupçons, je n'osais sortir pour me procu-
rer des outils plus commodes. Tant pis. Je
résolus Rromounow- à la ..chimie-
gicale ces objets ménagers. rirai un peu
moins vite, voilà tout. Jadis, par bonheur,
j'avais préparé ma médecine et disséqué
par-ci par-là : de sorte que mes connaissan-
ces anatomiques, bien que faibles, compen-
seraient la médiocrité de mes moyens.
Le temps pressait; le plein jour était
venu. Une éponge et une terrine à ma por-
té,"\ en prévision du sang, je m'agenouillais
déjà près de ma victime afin de la débiter
lorsque mes regards tombèrent sur un carré
de bristol qui avait chu de ses vêtements
tout à l'heure. Je la ramassai et lus:
Madame D'ELEUSIS
CHIROMANCIENNE
Tarot, Marc de Café, Lignes de la Main'
Tous les matins, de 9 à 11
129, rue Jacob, ^aris.
L'après-midi, de 2 à 5
et sur rendez-vous.
Oh ! cette maudite carte :
A peine déchiffrée, elle me suggéra in-
vinciblement l'idée la plus saugrenue, la
plus baroque, qui put, dans les circonstan-
ces que je traversais, s'implanter dans une
cervelle humaine. Impossible! littéralement
impossible de la chasser. C'était comme
l'emprise subite du démon de la Mystifica-
tion, de la blague à faire qui me possédait
tout à coup, et j'y cédai, en dût-il résulter
la découverte de mon crime et ma perte.
Pris de frénésie, je me mis à sectionner,
à la hauteur du cubitus, l'avant-bras gauche
du mort. Puis, après avoir entouré de ban-
des étanches ce lambeau mutilé, je le sus-
pendis à mon coude. Ensuite je repliai mon
propre avant-bras, le poing vers mon épau-
le, et je fis entrer le tout dans la manche
gauche de ma jaquette, et enfin dans celle
de mon pardessus, en prenant soin de lais-
ser pendre et passer la main défunte, de
manière naturelle comme si elle m'eût ap-
partenu.
Mon bras ainsi truqué à la façon des
faux manchots, je m'assurai, d'un coup d'œil
dans la glace, que l'illusion était complète,
et, plantant là mon infortuné camarade, je
filai droit chez Mme d'Eleusis.
Je la trouvai environnée de pentagram-
mes et de signes cabalistiques qui ne lais-
sèrent pas que de m'esbrouffer un tantinet.
Sur sa table, des dessins horoscopiques, une
grosse loupe et un petit lézard naturalisé.
— Vous venez pour le tarot ou pour les
lignes? me demanda-t-elle.
— Pour les lignes ! fis-je, faiblement. Et,
en le soutenant de la main droite, je lui ten-
dis le moignon de mon ami.
Elle s'empara de cette. paume et de ces
phalanges trépassées qu'elle croyait mien-
nes, les palpa, les retourna en divers sens,
écarta les doigts, tiqua sur les ongles et la
rascette, fit jouer le pouce à plusieurs re-
prises, et enfin, durant une minute solen-
nelle, fit peser sur moi un long et pénétrant
regard.
-- Je suis foutu ! pensai-je. Quelle idée
m'a pris de Wnir!
Je me trompais, Mme d'Eleusis préparait
les termes de son oracle.
— Tout d'abord, déclara-t-elle, il faut no-
ter dans cette main la continuité extraordi-
naire de sa ligne de vie. Elle est profondé-
ment marquée, sans la moindre coupure,
sans accident ou maladie, et il est hors de
doute que vous atteindrez un âge patriar-
cal!
— Ah! par exemple! m'exclamai-je, aux
confins de la stupeur, et. j'allais lâcher
nion secret.
— Taisez-vous, monsieur! m'intima la
Pythonisse, je suis par fortune, aujourd'hui,
baignée de lumière astrale. Je lis dans
Invisible et vois dans le Futur. Ne m'in-
terrompez pas!
Je ne pipai plus. Elle reprit, comme en
'-Qnp.è -
- Oui, j'ai rarement examiné, au cours
de ma longue carrière, main réalisant un
concours de lignes plus heureuses. Partant
de Jupiter, de Mars, d'Apollon, voire de
Mercure, toutes ces minuscules parallèles
dénotent un ensemble de facultés commer-
ciales, guerrières, scientifiques et artisti-
ques de premier ordre.
(Dans mon for intérieur, je me reprochai
d'avoir estourbi Gaston.)
— Quant à la ligne de chance ou réus-
site, reprit la devineresse, je n'ai jamais
rien vu de si beau.
Elle saisit sa loupe pour mieux admirer.
Cependant, ce qu'elle m'apprenait m'esto-
maquait tellement que, malgré sa défense,
je lui poussai cette colle:
- Dites-moi, je vous en conjure, Ma-
dame, si je périrai de mort violente?
- Aucun danger ! prononça-t-elle caté-
goriquement. Seulement, toutes les dispo-
sitions favorables réunies dans votre main
sont contrebalancées par le pouce, qui est
fâcheusement On bille, de sorte que, si vous
n'y prenez.garde, c?çst vous qui risquez un
jour de faire un mauvais coup et de deve-
nir Assassin!,
Je me dressai comme un ressort. Le culot
de cette sorcière dépassait les bornes per-
mises. Furieux, j'arrachai de ma manche
lè membre sanguinolent de mon malheu-
reux.ami etle lui jetai au nez en guise d'ho-
Elle s'évanouit d'horreur, tandis quo je
prenais la fuite.
Je rentrai vivement chez moi afin de me
remettre à ma lugubre besogne, mais, en
route, j'achetai une scie, une hachette, de
la grosse ficelle et du papier d'emballage,
accessoires qui m'aidèrent à la mener à
bien.
On ne retrouva jamais traces de- Gaston ;
je fus à peine inquiété et soupçonné. Mme
d'Eleusis, craignant le ridicule, dut faire
aussi disparaître, sans tambour ni trompet-
te, le débris que je lui en avais laissé. Dix
ans se sont écoulés depuis cette peccadille
de jeunesse (il faut bien jeter sa gourme);
il y a donc prescription; c'est pourquoi je
ne crains pas de la raconter, et même je
vous autorise à la vulgariser autant qu'il
vous plaira.
* * « « If, «• « * w m »
Jehan RICTUS.
Nous publierons demain un article de
G. DE PAWLOWSKI
Le Musée Théâtral
L'art dramatique a, sur les atittes arts,
le grand désavantage d'être instable. L'œu-
vre d'un peintre ou d'un littérateur se trans-
met intacte au travers des siècles, s'amé-
liore même grâce à la patine du temps et
à celle des éditeurs.
Le succès théâtral est dû à la fragile col-
laboration de cent éléments divers qui, réu-
nis un instant, s'évanouissent le lendemain.
Nous lisons* bien, plus tard, dans les récits
du t.emps, que telle soirée fut inoubliable,
que telle représentation dépassa en somp-
tuosité toute imagination, que les décors
étaient des merveilles de goût, la salle un
modèle de décoration,. mais tout cela ne
suffit guère à rendre vivants pour nous ces
succès périmés.
Il semble donc que, mieux que tout autre,
l'art dramatique devrait avoir son musée où.
serait conservé ou reconstitué soigneuse-
ment tout ce qui fut le succès triomphal et
fugitif d'un jour.
Déjà, l'an dernier, l'exposition qui fut
faite aux Arts Décoratifs nous a montré tout
ce que l'on pouvait, faire en ce genre: ma-
quettes, gravures, estampes, documenta-
tion, modèles de décors ou de costumes,
quelques heures passées là pour un spécia-
liste peuvent valoir, des années de recher-
ches et d'études, et il serait facile d'adjoin-
dre à un tel musée des modèles des théâ-
tres les plus intéressants à franger.
On pourrait aussi, comme en quelque
musée Grévin, nous montrer, au coin des
portes, des modèles d'ouvreuses accueil-
lantes et aimables. Mais ne demandons pas
trop pour le même, jour.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
Cet après-midi, à deux heures et demie,
au théâtre Sarah-Bernhardt, matinée de ga-
la, en l'honneur de Balzac. Principales scè-
nes de Mercadet, La Rabouilleuse, Le
Père Goriot, Eugène Grandet, La Cousine
Bette, Splendeurs et misères des Courtisa-
nes, défilé des principaux personnages de
La Comédie humaine.
Ce soir, à neuf heures, au theâtre des
Nouveautés, reprise d'Occupe-toi d'Amé-
lie, de M. Georges Feydeau.
Ce soir, à huit heures et demie, au théâ-
tre de Montrouge, répétition générale (à bu-
reaux ouverts) de Quart d'œil, vaudeville
en trois actes, de M. Camille Audigier, et
de L'Examen de Florent, pièce en un acte,
de M. Robert Oudot.
MM. les critiques, soiristes et courriéris-
tes seront reçus sur la présentation de leur
carte. -
s
on collaborateur.
Nous avons entretenu nos lecteurs
des incidents qui brouillèrent définitive-
ment Mme Jeanne Granier, principale in-
terprète de La Patronne, et M. Maurice
Donnay, auteur de la dernière et éphémère
nouveauté du Vaudeville. -
On sait que lorsque la grande artiste se
présenta un matin pour rendre visite au
grand auteur, elle fut accueillie par un va-
let de chambre rébarbatif qui, de la part de
son maître, lui intima l'ordre de « ne plus
remettre les pieds ici ».
M. Maurice Donnay reprochait à la glo-
rieuse créatrice d'Amants, d'Education de
Prince et de La Patronne d'avoir, en faisant
supprimer le troisième acte de cette pièce,
été la cause de son insuccès. Il n'était pas
non plus tout à fait satisfait de l'interpréta-
tion du rôle de Nelly Sandral par Mme
Jeanne Granier.
Quoi qu'il en soit, Mme Jeanne Granier
n'insista pas.
Mais voilà qui est plus fort encore : Mme
Jeanne .*Granier s'étant plaint de ce que
M. Lucien Descaves n'avait pas montré, à
la répétition générale de ladite Patronne,
tout l'enthousiasme qu'on pouvait attendre
et espérer de la part d'un homme qui était
non seulement l'ami intime de M. Maurice
Donnay, mais encore son collaborateur dans
La Clairière et Oiseaux de Passage, vient
de recevoir de M. Descaves une lettre que
nous regrettons de ne pouvoir reproduire
textuellement, mais qui est à peu près con-
çue dans ces termes:
« Madame. Je n'ai pas le plaisir de vous
connaître, ni d'être connu de vous. Si vous
me connaissiez, vous sauriez que j'ai pour
Maurice Donnay une affection fraternelle,
et que, bien loin d'avoir pensé que le troi-
sième acte de La Patronne nuisait à la piè-
ce, j'estimai qu'il la renforçait, et que, s'il
y a eu des défaillances, elles proviennent
uniquement de l'interprétation du rôle de
Nelly Sandral. »
Un rien, „
MM. Maurice Donnay et Luçîan &c.va*
vesTcenaborenf jusque dans la courtoisie!.
E
t toujours des vers.
C'est aujourd'hui que sera - célébré
le mariage de M. Tiarko Richepin, le jeune
compositeur, fils de l'illustre académicien,
avec Mlle Amelia Sauze-Luro.
A ce propos, M. Jean Cocteau, auteur de
La Lampe d'Aladin, adresse aux jeunes
fiancés cette jolie ballade de circonstance
A Mademoiselle Amelia Sauze-Luro.
BALLADE NUPTIALE
Cet hirsute, ce turlupin"( ,
Qui nous surprend et nous bombarde
De tours à l'Arsène Lupin, ,..
Fils du papa de « la, Bombarde »,
Garçon, compositeur et barde,
Entre chez Art et Charme and Co,
Et nous allons voir, sans qu'il tarde,
Le mariage de Tiarko!
On se chuchote : « Il triche ! hep ! Hein ? >>
Craignops sa gaîté qui pétarde!
C'est une blague de rapin
'A quoi cet espiègle s'attarde !
Et l'on croit, sans qu'on se hasarde,
Autant à la Tiare qu'au
Fait du jour dont chacun bavarde,
Le mariage de Tiarko !
> Aussi vrai que Jean Richepin
"T^ R ix iyrer i), qiie ie trardeur caruô»
Que le peintre à gens riches peint
La grosse dame qui se fardé,
Que Dijon fait de la moutarde,
Que le coq fait coquerico,
Il brille! il étincelle!! il arde!!î
Le mariage de Tiarko!
ENVOI
Prince d'amour, Eros, prends garder
Embusque-toi, petit, arc haut,
Flèches prêtes, car on placarde
Le mariage de Tiarko!
Jean COCTEAU.
A
vant la première d'Hernani.
Lorsque l'assemblée générale des
sociétaires de la Comédie-Française décida
de prêter les décors d'Hernani au théâtre
lyrique de la Gaîté, M. Gustave Simon,
exécuteur du testament littéraire de Victor
Hugo, annonça la bonne nouvelle à MM.
Isola dans une lettre dont nous détachons
le passage suivant:
Je suis très heureux de la décision qui a été
prise et qui est un hommage rendu à l'habileté
et à la maîtrise avec lesquelles vous dirigez le
Théâtre Lyrique, et je me félicite de l'occasion
qui m'est offerte de vous permettre de les affir-
mer plus encore, car je ne doute pas que, pour
honorer Victor Hugo, vous ne nous donniez les
preuves éclatantes de votre grand sens artisti-
que auquel applaudissent les lettrés et les artis-
tes et dont vous êtes coutumiers.
Veuillez agréer, messieurs, etc.
Gustave SIMON.
Pour répondre à cette marque de con-
fiance, MM. Isola, ont assuré à Hernani une
distribution de tout premier ordre, en tête
de laquelle figurent les noms de Mlle Yvon-
ne Dubel, de MM. Affre, Boulogne et
Gresse, de l'Opéra. Les auteurs, MM. Gus-
tave Rivet et Hirchmann, se déclarent en-
chantés. On le serait à moins. A côté de
M. Affre, que nous verrons dans le rôle de
Don Carlos (car l'auteur de la musique,
MHirchmann, estime que la tessiture de
la voix de ténor convient mieux à ce per-
sonnage qu'à celui d'Hernani, bandit ru-
gueux et superbe, qu'il a toujours vu, dans
sa pensée,, interprété par un baryton); à
côté de Boulogne, à qui échoit la noble et
dure tâche de marcher sur les traces de
*
Mounet-Sully; à côté de Gresse, qui ne
peut manquer d'être un Ruy Gomez de
haute et tragique allure, nous aurons la joie
d'entendre, dans le rôle de Dona Sol, Mlle
Yvonne Dubel, une des cantatrices les plus
notoires de ce temps-ci, dont le talent sou-
ple et divers lui permit d'interpréter succes-
sivement, et avec un légitime succès, des
personnages aussi variés que ceux de Mar-
guerite, Juliette, Elsa et Thaïs; Mlle Yvon-
ne Dubel, qui porta en Allemagne, Russie,
Roumanie, Autriche, Hollande, Belgique,
Italie le renom de la grande école lyrique
et dramatique française, qui fit applaudir
nos chefs-d'œuvre nationaux, et qui, si l'on
en croit les indiscrétions de coulisses, va
trouver dans cette création l'occasion d'a-
jcuter un nouveau laurier à tous ceux
qu'elle a déjà moissonnés au cours de sa
brillante carrière.
Tout fait prévoir que la représentation
d'Hernani sera un événement artistique qui
ne pourra qu'augmenter les sympathies dont
sont entourés le Théâtre lyrique de la Gaîté
et ses directeurs, MM. Isola.
u
de cassette vient d'être trouvée dans
les ruines d'un château, les bijoux
d'une grande valeur qu'elle contenait ont
été vendus très cher à Dusausoy, expert,
4, boulevard des Italiens, toujours acheteur
au comptant.
P
T. T.
, On vient d'ètrefortement intrigë,,
au bureau aes postes et télégraphes a Au-
teuil par la réception, en une seule jour-
née, de près de deux cents télégrammes,
expédiés de Norvçge et ad,ressés tous à la
même personne.
La curiosité était d'autant plus éveillée
que.le texte de ces dépêches était indé-
chiffrable. Le préposé, les surnuméraires,
voire le commis principal accoururent à
l'aide, eurent beau mettre en commun leurs
connaissances des langues étrangères, le
sens des mystérieux messages resta, pour
eux tous, obscur obstinément.
Ce sera donc Comœdia qui fournira aux
discrets employés de M. Simyan la solution
de l'énigme.
Ces deux cents télégrammes apportaient
au célèbre dramaturge Bjœrnson, de pas-
sage à Paris, les félicitations de la Norvège,
à l'occasion de son soixante-dix-septième*!
anniversaire.
Parmi ces petits bleus énigmatiques, il
s'en trouvait un signé: « Maud Haakoh R.» ,1
Ce qui n'est autre chose que la signature
:de la reine de Norvège.
Bjœrnson ne paraît décidément pas ap-
partenir à la catégorie des littérateurs morts
jeunes et méconnus.
L
e Foyer,-ée-MM. Octave -Mirbe*u et
rnaoec ffatanaon, ClHU
jours après sa première représentation à la
Comédie-Française, à tous les abonnés de
L'Illustration. Ceux-ci ont, en outre, la pri-
meur de l'acte qui fut supprimé pour la
scène: celui qui aurait dû se dérouler au
« Foyer », dans le décor de l'institution
charitable fondée par le désormais fameux
baron Courtin. On ira à la Comédie pour
applaudir les admirables interprètes, Mme
Bartet, M. Huguenet, M. de Fëraudy. Et on
s'abonnera à-L'Illustration, à dater du 1er
décembre, pour lire la pièce complète, et
aussi pour recevoir le luxueux numéro de
Noël, puis successivement: La Patronne,
Le Passe-Partout, Les Vainqueurs, L'Oiseau
blessé, Arsène Lupin, tous les grands suc-
cès actuels.
L
a mode : - les unes la créent, les autres
t la suivent; mais la Parisienne la
lance. C'est là, sans doute, la ra,ison du
succès d'Adoreïs, le parfum en vogue, créa-
tion de Gellé Frères.
E
nfin, elle a tout avoué! On sait tout!
On connaît les mobiles qui l'ont
poussée. On ne parlait que de cela dans
les couloirs du Palais, on disait même que
les circonstances étaient des plus atté-
nuantes et que l'acquittement était chose
certaine. Comment, en effet, condamner
une femme qui n'a agi que dans le but de
pouvoir s'offrir une merveille du Salon,
une automobile Unie, sortant des usines
Georges Richard
Après cette révélation, l'opinion pùblique
lui pardonnera.
D
ix ans de théâtre sont dix années de
vie fiévreuse qui usent les nerfs d'un
homme, a plus, forte raison d une femme,
autant que vingt années de tranquille vie
bourgeoise. Pour tonifier et revivifier le
système nerveux surmené, prenez les « Pi-
lules Pink » ; elles sont le plus puissant sti-
mulant du système nerveux et, en même
temps4 un excellent régénérateur du sang.
c
'est chez Lapré, au coin de la rue
Drouot et de la rue -- de Provence,
que vont dîner, avant d'aller au théâtre,
toutes les personnes amateurs de bonne
cuisine délicatement préparée.
Le Masque de Verre.
- ,..-.--
Le casino de Sàint.han.rk.Luz qui fut brûlé la mardi 1 décembre* A clnq hewre8^du * soir.
Honoré
de Balzac
Sort cettVre
Le comité de cc la Maison de Balzac » orga-
nise aujourd'hui une matinée de gala au théâ-
tre Sarah-Bernhardt. Le spectacle sera exclusi-
vement composé de fragments des œuvres dra-
matiques de l'auteur de la Comédie humaine.
Il nous a paru intéressant de nous associer à
cette manifestation en rappelant dans ses gran-
(Caricature extraite du journaL le La Sylphide". 1843)
Balzac en serpent tentateur des femmes
çdes lignes la carrière dramatique, assez, oubliée,
de ce grand écrivain.
Ce fut le théâtre de la Porte-Saint-Martin., que
Balzac choisit pour ses débuts. Harel, le légen-
daire .directeur, reçut le drame de Balzac avant
même qu'il fut écrit. Lorsque l'on sut que l'au-
teur de la Comédie humaine préparait une pièce
de théâtre, ce fut un véritable émoi dans le
Paris littéraire d'alors. La presse nous fit assis-
ter à l'enfantement laborieux de l'oeuvre. Bal-
zac raturant sans cesse, corrigeant, défaisant,
refaisant puis redéfaisant encore les scènes com-
mencées. Enfin l'œuvre fut sur pied. Le 14-mars
1840, eut lieu la première de Vautrin devant
une salle regorgeant d'écrivains, d'élégantes,
d'artistes, de journalistes, de politiciens. Le
bruit courut quelques heures avant la repré-
sentation qu'un scandale politique éclaterait, et
on vint au théâtre plus pour assister à la mani-
festation. Elle eut lieu au quatrième acte, lors-
que Frédérick-Lemaître, pour qui le peintre
Louis Boulanger avait dessiné un élégant cos-
tume de général mexicain, entra en scène. Il
s'était fait la tête de Louis-Philippe : son en-
trée produisit une émotion indescriptible : les
uns rirent, les autres sifflèrent, et le duc-d'Or-
léans sortit précipitamment de sa loge, tandis
que Vautrin s'achevait au milieu du tumulte.
- -La a«(ion<)» ropt'cjoar^ation afr fatonifte h* Igg-
demain. Le drame ne fut repris que le i^ avril
1869, à l'Ambigu.
Cependant Balzac avait trouvé de farouches
et de fidèles partisans en Lamartine, Victor Hu-
go, Mme de Girardin, Léon Gozlan. Il devait
les retrouver le 19 mars 1842, à l'Odéon, à la*
première des Ressources de Quinola. Cette co-
médie en cinq actes ne fut pas mieux accueillie.
A la suite de cet échec, Balzac « rentra dans
l'ornière honteutse et ignoble que les abus ont
creusée aux succès dramatiques ». Il essaya
d'en sortir en donnant à la Gaîté; le 26 septem-
bre 1843, un drame intitulé Paméla Giraud.
Cette pièce eut un succès d'estime. Balzac ap-
proche enfin de la célébrité. Les critiques de-
viennent plus bienveillantes, elles vont même
jusqu'à .trouver des qualités au nouveau drame
de Balzac, qui ne devait être repris, au Gym-
nase, que le 6 juillet 1859.
La Marâtre, drame intime en cinq actes et
huit tableaux, fut la dernière oeuvre dramatique
de Balzac représentée de son vivant. La pre-
mière représentation eut lieu le 25 mai 1848,
sur la scène du théâtre historique.
Balzac mourut sans avoir pu réaliser son rê-
ve.; il mouru tsans ayoir connu cette gloire du
théâtre qu'il avait passionnément désirée, et que
lui aurait donnée sa dernière œuvre dramatique,
Mercadet, qui, pour tous les lettrés, est
un chef-d'œuvre dramatique.
Mercadet fut écrit de 1838 à 1840, en cinq
actes. Après l'avoir offert à plusieurs théâtres,
Balzac le présenta à la Comédie-Française. Le
17 août 1848* le comité, présidé par M. Loc-
kroy, reçut à l'unanimité Mercadet sous le nom
du Faiseur. Mais, les 14 et 15 décembre de la
Balzac, par Gavarni
rheme. année, le comité, présidé par M. Bazen-
nerye, assiste à une nouvelle lecture : cette
fois la'pièce ne fut reçue qu'à correction, ou,
pour mieux dire, refusée. Quoi qu'il en soit,
après la mort de Balzac, survenue le 20 août
1850, ses héritiers s'entendirent avec d'Enne-
ry, lui confièrent le manuscrit; et un an après,
Mercadet le Faiseur, réduit de cinq à trois ac-
tes, était représenté sur la scène du Gymnase,
le 24 août 1851. Cette œuvre n'eut pas le suc-
cès espéré, et cependant la première représen-
tation fut. admirable. Ce fut les larmes aux yeux
que Geoffroy, le principal artiste, jeta au public
le nom de Balzac. -
"Ta Comédie-Française, séduite par les qua-
lités maîtresses de ce drame vécu, le mit à
son répertoire le 22 octobre 1868. Elle ne le
reprit que le jour du centenaire de Balzac, au
mois de mai 1899, précédé d'un extrait d'une
comédie qui aurait été une suite du Tartuffe
de Molière.
Espérons que M. Jules Claretie reprendra
bientôt cette belle oeuvre, et nous en fera con-
naître les qualités littéraires et dramatiques.
R.iM< PETIT.
"Les Mystères
de Paris"
Replâtrage.
Comme Diogène, j'ai cherché, hier, toute
la journée, un homme, mais plus simple-
ment un homme qui soit arrivé à expliquer
l'invraisemblable replâtrage de la direction
de l'Opéra par M. Doumergue. M. le mi-
nistre de l'Instruction publique et le Con-
seil des ministres ont-ils donc 1'illusiqn de
remettre à plus tard, dans l'espérance
qu'elles disparaîtront, les difficultés qui Je-
mandent une solution énergique?
A quoi peut bien rimer et à quoi pourra
bien aboutir le « rafistolage » Messager-
Broussan devant l'échéance du procès Opé-
ra-Pierre Veber, échéance certaine, qui ré-
serve, nous pouvons l'annoncer formelle-
ment, des révélations à la fois édinanns et
sensationnelles? Ce rafistolage est-il de&ti-
né - à modifier les idées du public sur les
personnalités placés à la tête de l'Opt a ?.
On sait — et le public ne changera pas
d'avis — que M. Messager est un p.ar^it
honnête homme et un artiste dans toute i 'ac-
ception du terme. On sait qu'il doit être
~nîr bon serviteur de l'Opéra, le jour où le
poids de l'administration reposera su- un
homme capable. On n'ignore pas davan-
tage que M. Broussan,.à d'autres dèÍ::nas,.
ajoute celui — impardonnable, à Pari, --
(H, Manùel,
M. Broussan
d'être un « maître .gaffeur », qui, a pataugS
lourdement, depuis un an" dans toutes les
convenances. Il s'est rendu impopulaire, ai
mécontenté les abonnés, et la presse, et le
public, et ses commanditaires. Il eST im-
possible de rêver personnage plus maladroit,
moins parisien, directeur plus incontestable-
ment ridicule que celui-là.
Et c'est à se demander quel argument a
bien pu donner le ministre à M. Me" A' -
pour le décider à convoyer ce prov:u_ial
de vingt-cinquième ordre. De quelle ange-
lique bonté doit être pourvu M. Messager
pour continuer à remorquer un semblable
co-directeur, et de quels « suçoirs » ne doit
pas être pourvu M. Broussan pour se cram-
ponner à une co-direction où le ministre
vient de réduire son rôle à celui d'un tout
petit garçon?
Tout cela, je le répète dans l'espoir uue
le sot procès fait par l'Opéra au New ¥ >rk
Herald et à Pierre Veber ne sera pas
plaidé. Il serait dommage de perdre ce qui
sera dit le jour de l'audience, ce qui s'écri-
ra peut-être d'ici-là, ce que tout le monde
sait aujourd'hui.
M. Messager ne peut pas maintenir sa
démission, sous peine d'être condamné à
une amende ministérielle de cent mille
francs. Soit! Mais, pourquoi M. Broussan
ne peut-il point s'en aller ? Voilà ce qu'on
saura, s'il devient nécessaire qu'on ie
sache.
L. VUILLElVlI:-i.
AUTOUR DE LA RENTRÉE DE M. MESSAGER.
UN MYSTÈRE PLANE. - QUI DONC LE
RÉSOUDRA ?
la rentrée de M. Messager à l'Opéra':'- tait.
hier, on le suppose, l'objet de toutes les conver-
sations. Nous en notons simplement lee échos,
voulant nous cantonner dans notre rôle* d'mtur-
mateurs. J'ai autre chose à faire, en effet, que
d'encourir les colères — amusantes, d'ailleurs
— de ceux qui n'ont, pour la presse, que des
sentiments aussi éloignés de la cordialité i k. M.
Brçmssan, aujourd'hui (pour me servir 'une
comparaison), peut l'être des temps lointains JÙ,
à Nantes, il se gargarisait, en scène, le soir nvee
la musiquette agréablement douceâtre des Mous-
quetaires au Couvent.
M. Messager — .le fait est acquis — donc,
depuis avant-hier soir, repris ses fonctions En
sortant de chez le ministre, il s'est rendu 8 rOpë-
ra, et comme on ne jouait pas, ce soir-là, il s'en
est allé passer la soirée dans mrmusic-hall. C'est
assez dire qu'il avait l'esprit libre.
Mais s'il montrait, pour recommencer ftxis
tence au timon d'un char que M. Broussan n 'a-
vait pas quitté, un courage tranquille qui u-rnoi-
gne d'une âme romaine, il n'en reste pas noins
évident qu'il ne pourra jamais écarter aujour-
d'hui les raisons graves qui l'obligèrent : mis.
sioriner, il y a. huit jours.
Est-ce que-le fait de s'être incliné devant la
décision "gouvernementale suffit pour eft>jccr at
tabfca« <îe ns déterminations mûrement réflê
Samedi 12 Décembre 1908
1 -
1 ~M T a i m
JSw ^ht * Btfc? m B - JBSm g] .- -!
^fj|B HRuMSL Bm^-*3 k
Rédacteur en Chef : G. de PAWLOWSKI
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDlA*PARIS
ABONNEMENTS
UN AN 6 mois
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger 40 » 20 »
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Étranger. 40 » 20 »
Peccadille
Lorsque, à la suite d'une brève discus-
sion au baccara motivée par un neuf sus-
pect, j'eus, d'une lourde bouteille, défoncé
irrémédiablement le crâne de mon vieil ami
Gaston, j'entrevis soudain, mais trop tard,
la kyrielle d'embêtements que ma vivacité
allait me valoir. Seulement, dans la même
seconde, je me sentis la sauvage, l'inébran-
lable volonté de m'y soustraire.
Quand on a fait un coup pareil, et cela
peut arriver au plus honnête comme au plus
malin, il n'y a plus, croit-on, qu'à aller chez
le commissaire ou se suicider.
Ouais ! Pas si vite. Ne jetons pas immé-
diatement le manche après la cognée.
Je vous le demande; pour un geste ac-
centuant mon intention réelle, geste provo-
qué d'ailleurs par les agissements helléni-
ques de mon partenaire, devais-je bénévo-
lement attenter à mes jours, briser mon
avenir, ruiner ma vie et rater un beau ma-
riage que, depuis des années, négociait la-
borieusement ma famille?
Vous ne m'aviez pas regardé! Que de
personnes eussent subi le contre-coup de
mon -expiation ! A quoi eût-elle servi, grands
dieux! Même pas à ranimer l'imbécile qui
me mettait dans de si beaux draps! Non, à
tous les points de vue, il valait mieux choi-
sir un procède pratique pour me aeDarras-
ser en douceur de son encombrante dé-
pouille.
Après mûre réflexion, j'optai pour le dé-
peçage.
Parfait. Mon cadavre une fois dépiauté
et méconnaissable, j'en ferais des petits tas
que, la nuit venue, j'irais semer quotidien-
nement dans la Seine, les égouts, les fours
à chaux de la banlieue, n'importe, jusqu'à
épuisement complet de mon stock. Quant
aux parties plus volumineuses, le tronc, par
exemple, je lui ferais prendre le Métro et
l'exposerais sur.un rail, bien entendu, afin
qu'on crut à un accident. De cette façon, au
moins, Gaston serait pleuré.
Ce plan arrêté dans ses moindres dé-
tails, je me mis à l'ouvrage et commençai
par déshabille" le corps que j'étendis sur
une toile cirée. C'est alors que je m'aper-
çus que je manquais des instruments pro-
pres à conduire rapidement cette involon-
taire autopsie.
Mon buffet de cuisine ne m'offrait qu'un
ccuteau à découper les gigots et quelques
piètres petites lames à dessert. Pouvais-je
faire état du tire-bouchon et des cuillères
à café? D'autre part, crainte d'éveiller les
soupçons, je n'osais sortir pour me procu-
rer des outils plus commodes. Tant pis. Je
résolus Rromounow- à la ..chimie-
gicale ces objets ménagers. rirai un peu
moins vite, voilà tout. Jadis, par bonheur,
j'avais préparé ma médecine et disséqué
par-ci par-là : de sorte que mes connaissan-
ces anatomiques, bien que faibles, compen-
seraient la médiocrité de mes moyens.
Le temps pressait; le plein jour était
venu. Une éponge et une terrine à ma por-
té,"\ en prévision du sang, je m'agenouillais
déjà près de ma victime afin de la débiter
lorsque mes regards tombèrent sur un carré
de bristol qui avait chu de ses vêtements
tout à l'heure. Je la ramassai et lus:
Madame D'ELEUSIS
CHIROMANCIENNE
Tarot, Marc de Café, Lignes de la Main'
Tous les matins, de 9 à 11
129, rue Jacob, ^aris.
L'après-midi, de 2 à 5
et sur rendez-vous.
Oh ! cette maudite carte :
A peine déchiffrée, elle me suggéra in-
vinciblement l'idée la plus saugrenue, la
plus baroque, qui put, dans les circonstan-
ces que je traversais, s'implanter dans une
cervelle humaine. Impossible! littéralement
impossible de la chasser. C'était comme
l'emprise subite du démon de la Mystifica-
tion, de la blague à faire qui me possédait
tout à coup, et j'y cédai, en dût-il résulter
la découverte de mon crime et ma perte.
Pris de frénésie, je me mis à sectionner,
à la hauteur du cubitus, l'avant-bras gauche
du mort. Puis, après avoir entouré de ban-
des étanches ce lambeau mutilé, je le sus-
pendis à mon coude. Ensuite je repliai mon
propre avant-bras, le poing vers mon épau-
le, et je fis entrer le tout dans la manche
gauche de ma jaquette, et enfin dans celle
de mon pardessus, en prenant soin de lais-
ser pendre et passer la main défunte, de
manière naturelle comme si elle m'eût ap-
partenu.
Mon bras ainsi truqué à la façon des
faux manchots, je m'assurai, d'un coup d'œil
dans la glace, que l'illusion était complète,
et, plantant là mon infortuné camarade, je
filai droit chez Mme d'Eleusis.
Je la trouvai environnée de pentagram-
mes et de signes cabalistiques qui ne lais-
sèrent pas que de m'esbrouffer un tantinet.
Sur sa table, des dessins horoscopiques, une
grosse loupe et un petit lézard naturalisé.
— Vous venez pour le tarot ou pour les
lignes? me demanda-t-elle.
— Pour les lignes ! fis-je, faiblement. Et,
en le soutenant de la main droite, je lui ten-
dis le moignon de mon ami.
Elle s'empara de cette. paume et de ces
phalanges trépassées qu'elle croyait mien-
nes, les palpa, les retourna en divers sens,
écarta les doigts, tiqua sur les ongles et la
rascette, fit jouer le pouce à plusieurs re-
prises, et enfin, durant une minute solen-
nelle, fit peser sur moi un long et pénétrant
regard.
-- Je suis foutu ! pensai-je. Quelle idée
m'a pris de Wnir!
Je me trompais, Mme d'Eleusis préparait
les termes de son oracle.
— Tout d'abord, déclara-t-elle, il faut no-
ter dans cette main la continuité extraordi-
naire de sa ligne de vie. Elle est profondé-
ment marquée, sans la moindre coupure,
sans accident ou maladie, et il est hors de
doute que vous atteindrez un âge patriar-
cal!
— Ah! par exemple! m'exclamai-je, aux
confins de la stupeur, et. j'allais lâcher
nion secret.
— Taisez-vous, monsieur! m'intima la
Pythonisse, je suis par fortune, aujourd'hui,
baignée de lumière astrale. Je lis dans
Invisible et vois dans le Futur. Ne m'in-
terrompez pas!
Je ne pipai plus. Elle reprit, comme en
'-Qnp.è -
- Oui, j'ai rarement examiné, au cours
de ma longue carrière, main réalisant un
concours de lignes plus heureuses. Partant
de Jupiter, de Mars, d'Apollon, voire de
Mercure, toutes ces minuscules parallèles
dénotent un ensemble de facultés commer-
ciales, guerrières, scientifiques et artisti-
ques de premier ordre.
(Dans mon for intérieur, je me reprochai
d'avoir estourbi Gaston.)
— Quant à la ligne de chance ou réus-
site, reprit la devineresse, je n'ai jamais
rien vu de si beau.
Elle saisit sa loupe pour mieux admirer.
Cependant, ce qu'elle m'apprenait m'esto-
maquait tellement que, malgré sa défense,
je lui poussai cette colle:
- Dites-moi, je vous en conjure, Ma-
dame, si je périrai de mort violente?
- Aucun danger ! prononça-t-elle caté-
goriquement. Seulement, toutes les dispo-
sitions favorables réunies dans votre main
sont contrebalancées par le pouce, qui est
fâcheusement On bille, de sorte que, si vous
n'y prenez.garde, c?çst vous qui risquez un
jour de faire un mauvais coup et de deve-
nir Assassin!,
Je me dressai comme un ressort. Le culot
de cette sorcière dépassait les bornes per-
mises. Furieux, j'arrachai de ma manche
lè membre sanguinolent de mon malheu-
reux.ami etle lui jetai au nez en guise d'ho-
Elle s'évanouit d'horreur, tandis quo je
prenais la fuite.
Je rentrai vivement chez moi afin de me
remettre à ma lugubre besogne, mais, en
route, j'achetai une scie, une hachette, de
la grosse ficelle et du papier d'emballage,
accessoires qui m'aidèrent à la mener à
bien.
On ne retrouva jamais traces de- Gaston ;
je fus à peine inquiété et soupçonné. Mme
d'Eleusis, craignant le ridicule, dut faire
aussi disparaître, sans tambour ni trompet-
te, le débris que je lui en avais laissé. Dix
ans se sont écoulés depuis cette peccadille
de jeunesse (il faut bien jeter sa gourme);
il y a donc prescription; c'est pourquoi je
ne crains pas de la raconter, et même je
vous autorise à la vulgariser autant qu'il
vous plaira.
* * « « If, «• « * w m »
Jehan RICTUS.
Nous publierons demain un article de
G. DE PAWLOWSKI
Le Musée Théâtral
L'art dramatique a, sur les atittes arts,
le grand désavantage d'être instable. L'œu-
vre d'un peintre ou d'un littérateur se trans-
met intacte au travers des siècles, s'amé-
liore même grâce à la patine du temps et
à celle des éditeurs.
Le succès théâtral est dû à la fragile col-
laboration de cent éléments divers qui, réu-
nis un instant, s'évanouissent le lendemain.
Nous lisons* bien, plus tard, dans les récits
du t.emps, que telle soirée fut inoubliable,
que telle représentation dépassa en somp-
tuosité toute imagination, que les décors
étaient des merveilles de goût, la salle un
modèle de décoration,. mais tout cela ne
suffit guère à rendre vivants pour nous ces
succès périmés.
Il semble donc que, mieux que tout autre,
l'art dramatique devrait avoir son musée où.
serait conservé ou reconstitué soigneuse-
ment tout ce qui fut le succès triomphal et
fugitif d'un jour.
Déjà, l'an dernier, l'exposition qui fut
faite aux Arts Décoratifs nous a montré tout
ce que l'on pouvait, faire en ce genre: ma-
quettes, gravures, estampes, documenta-
tion, modèles de décors ou de costumes,
quelques heures passées là pour un spécia-
liste peuvent valoir, des années de recher-
ches et d'études, et il serait facile d'adjoin-
dre à un tel musée des modèles des théâ-
tres les plus intéressants à franger.
On pourrait aussi, comme en quelque
musée Grévin, nous montrer, au coin des
portes, des modèles d'ouvreuses accueil-
lantes et aimables. Mais ne demandons pas
trop pour le même, jour.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
Cet après-midi, à deux heures et demie,
au théâtre Sarah-Bernhardt, matinée de ga-
la, en l'honneur de Balzac. Principales scè-
nes de Mercadet, La Rabouilleuse, Le
Père Goriot, Eugène Grandet, La Cousine
Bette, Splendeurs et misères des Courtisa-
nes, défilé des principaux personnages de
La Comédie humaine.
Ce soir, à neuf heures, au theâtre des
Nouveautés, reprise d'Occupe-toi d'Amé-
lie, de M. Georges Feydeau.
Ce soir, à huit heures et demie, au théâ-
tre de Montrouge, répétition générale (à bu-
reaux ouverts) de Quart d'œil, vaudeville
en trois actes, de M. Camille Audigier, et
de L'Examen de Florent, pièce en un acte,
de M. Robert Oudot.
MM. les critiques, soiristes et courriéris-
tes seront reçus sur la présentation de leur
carte. -
s
on collaborateur.
Nous avons entretenu nos lecteurs
des incidents qui brouillèrent définitive-
ment Mme Jeanne Granier, principale in-
terprète de La Patronne, et M. Maurice
Donnay, auteur de la dernière et éphémère
nouveauté du Vaudeville. -
On sait que lorsque la grande artiste se
présenta un matin pour rendre visite au
grand auteur, elle fut accueillie par un va-
let de chambre rébarbatif qui, de la part de
son maître, lui intima l'ordre de « ne plus
remettre les pieds ici ».
M. Maurice Donnay reprochait à la glo-
rieuse créatrice d'Amants, d'Education de
Prince et de La Patronne d'avoir, en faisant
supprimer le troisième acte de cette pièce,
été la cause de son insuccès. Il n'était pas
non plus tout à fait satisfait de l'interpréta-
tion du rôle de Nelly Sandral par Mme
Jeanne Granier.
Quoi qu'il en soit, Mme Jeanne Granier
n'insista pas.
Mais voilà qui est plus fort encore : Mme
Jeanne .*Granier s'étant plaint de ce que
M. Lucien Descaves n'avait pas montré, à
la répétition générale de ladite Patronne,
tout l'enthousiasme qu'on pouvait attendre
et espérer de la part d'un homme qui était
non seulement l'ami intime de M. Maurice
Donnay, mais encore son collaborateur dans
La Clairière et Oiseaux de Passage, vient
de recevoir de M. Descaves une lettre que
nous regrettons de ne pouvoir reproduire
textuellement, mais qui est à peu près con-
çue dans ces termes:
« Madame. Je n'ai pas le plaisir de vous
connaître, ni d'être connu de vous. Si vous
me connaissiez, vous sauriez que j'ai pour
Maurice Donnay une affection fraternelle,
et que, bien loin d'avoir pensé que le troi-
sième acte de La Patronne nuisait à la piè-
ce, j'estimai qu'il la renforçait, et que, s'il
y a eu des défaillances, elles proviennent
uniquement de l'interprétation du rôle de
Nelly Sandral. »
Un rien, „
MM. Maurice Donnay et Luçîan &c.va*
vesTcenaborenf jusque dans la courtoisie!.
E
t toujours des vers.
C'est aujourd'hui que sera - célébré
le mariage de M. Tiarko Richepin, le jeune
compositeur, fils de l'illustre académicien,
avec Mlle Amelia Sauze-Luro.
A ce propos, M. Jean Cocteau, auteur de
La Lampe d'Aladin, adresse aux jeunes
fiancés cette jolie ballade de circonstance
A Mademoiselle Amelia Sauze-Luro.
BALLADE NUPTIALE
Cet hirsute, ce turlupin"( ,
Qui nous surprend et nous bombarde
De tours à l'Arsène Lupin, ,..
Fils du papa de « la, Bombarde »,
Garçon, compositeur et barde,
Entre chez Art et Charme and Co,
Et nous allons voir, sans qu'il tarde,
Le mariage de Tiarko!
On se chuchote : « Il triche ! hep ! Hein ? >>
Craignops sa gaîté qui pétarde!
C'est une blague de rapin
'A quoi cet espiègle s'attarde !
Et l'on croit, sans qu'on se hasarde,
Autant à la Tiare qu'au
Fait du jour dont chacun bavarde,
Le mariage de Tiarko !
> Aussi vrai que Jean Richepin
"T^ R ix iyrer i), qiie ie trardeur caruô»
Que le peintre à gens riches peint
La grosse dame qui se fardé,
Que Dijon fait de la moutarde,
Que le coq fait coquerico,
Il brille! il étincelle!! il arde!!î
Le mariage de Tiarko!
ENVOI
Prince d'amour, Eros, prends garder
Embusque-toi, petit, arc haut,
Flèches prêtes, car on placarde
Le mariage de Tiarko!
Jean COCTEAU.
A
vant la première d'Hernani.
Lorsque l'assemblée générale des
sociétaires de la Comédie-Française décida
de prêter les décors d'Hernani au théâtre
lyrique de la Gaîté, M. Gustave Simon,
exécuteur du testament littéraire de Victor
Hugo, annonça la bonne nouvelle à MM.
Isola dans une lettre dont nous détachons
le passage suivant:
Je suis très heureux de la décision qui a été
prise et qui est un hommage rendu à l'habileté
et à la maîtrise avec lesquelles vous dirigez le
Théâtre Lyrique, et je me félicite de l'occasion
qui m'est offerte de vous permettre de les affir-
mer plus encore, car je ne doute pas que, pour
honorer Victor Hugo, vous ne nous donniez les
preuves éclatantes de votre grand sens artisti-
que auquel applaudissent les lettrés et les artis-
tes et dont vous êtes coutumiers.
Veuillez agréer, messieurs, etc.
Gustave SIMON.
Pour répondre à cette marque de con-
fiance, MM. Isola, ont assuré à Hernani une
distribution de tout premier ordre, en tête
de laquelle figurent les noms de Mlle Yvon-
ne Dubel, de MM. Affre, Boulogne et
Gresse, de l'Opéra. Les auteurs, MM. Gus-
tave Rivet et Hirchmann, se déclarent en-
chantés. On le serait à moins. A côté de
M. Affre, que nous verrons dans le rôle de
Don Carlos (car l'auteur de la musique,
MHirchmann, estime que la tessiture de
la voix de ténor convient mieux à ce per-
sonnage qu'à celui d'Hernani, bandit ru-
gueux et superbe, qu'il a toujours vu, dans
sa pensée,, interprété par un baryton); à
côté de Boulogne, à qui échoit la noble et
dure tâche de marcher sur les traces de
*
Mounet-Sully; à côté de Gresse, qui ne
peut manquer d'être un Ruy Gomez de
haute et tragique allure, nous aurons la joie
d'entendre, dans le rôle de Dona Sol, Mlle
Yvonne Dubel, une des cantatrices les plus
notoires de ce temps-ci, dont le talent sou-
ple et divers lui permit d'interpréter succes-
sivement, et avec un légitime succès, des
personnages aussi variés que ceux de Mar-
guerite, Juliette, Elsa et Thaïs; Mlle Yvon-
ne Dubel, qui porta en Allemagne, Russie,
Roumanie, Autriche, Hollande, Belgique,
Italie le renom de la grande école lyrique
et dramatique française, qui fit applaudir
nos chefs-d'œuvre nationaux, et qui, si l'on
en croit les indiscrétions de coulisses, va
trouver dans cette création l'occasion d'a-
jcuter un nouveau laurier à tous ceux
qu'elle a déjà moissonnés au cours de sa
brillante carrière.
Tout fait prévoir que la représentation
d'Hernani sera un événement artistique qui
ne pourra qu'augmenter les sympathies dont
sont entourés le Théâtre lyrique de la Gaîté
et ses directeurs, MM. Isola.
u
de cassette vient d'être trouvée dans
les ruines d'un château, les bijoux
d'une grande valeur qu'elle contenait ont
été vendus très cher à Dusausoy, expert,
4, boulevard des Italiens, toujours acheteur
au comptant.
P
T. T.
, On vient d'ètrefortement intrigë,,
au bureau aes postes et télégraphes a Au-
teuil par la réception, en une seule jour-
née, de près de deux cents télégrammes,
expédiés de Norvçge et ad,ressés tous à la
même personne.
La curiosité était d'autant plus éveillée
que.le texte de ces dépêches était indé-
chiffrable. Le préposé, les surnuméraires,
voire le commis principal accoururent à
l'aide, eurent beau mettre en commun leurs
connaissances des langues étrangères, le
sens des mystérieux messages resta, pour
eux tous, obscur obstinément.
Ce sera donc Comœdia qui fournira aux
discrets employés de M. Simyan la solution
de l'énigme.
Ces deux cents télégrammes apportaient
au célèbre dramaturge Bjœrnson, de pas-
sage à Paris, les félicitations de la Norvège,
à l'occasion de son soixante-dix-septième*!
anniversaire.
Parmi ces petits bleus énigmatiques, il
s'en trouvait un signé: « Maud Haakoh R.» ,1
Ce qui n'est autre chose que la signature
:de la reine de Norvège.
Bjœrnson ne paraît décidément pas ap-
partenir à la catégorie des littérateurs morts
jeunes et méconnus.
L
e Foyer,-ée-MM. Octave -Mirbe*u et
rnaoec ffatanaon, ClHU
jours après sa première représentation à la
Comédie-Française, à tous les abonnés de
L'Illustration. Ceux-ci ont, en outre, la pri-
meur de l'acte qui fut supprimé pour la
scène: celui qui aurait dû se dérouler au
« Foyer », dans le décor de l'institution
charitable fondée par le désormais fameux
baron Courtin. On ira à la Comédie pour
applaudir les admirables interprètes, Mme
Bartet, M. Huguenet, M. de Fëraudy. Et on
s'abonnera à-L'Illustration, à dater du 1er
décembre, pour lire la pièce complète, et
aussi pour recevoir le luxueux numéro de
Noël, puis successivement: La Patronne,
Le Passe-Partout, Les Vainqueurs, L'Oiseau
blessé, Arsène Lupin, tous les grands suc-
cès actuels.
L
a mode : - les unes la créent, les autres
t la suivent; mais la Parisienne la
lance. C'est là, sans doute, la ra,ison du
succès d'Adoreïs, le parfum en vogue, créa-
tion de Gellé Frères.
E
nfin, elle a tout avoué! On sait tout!
On connaît les mobiles qui l'ont
poussée. On ne parlait que de cela dans
les couloirs du Palais, on disait même que
les circonstances étaient des plus atté-
nuantes et que l'acquittement était chose
certaine. Comment, en effet, condamner
une femme qui n'a agi que dans le but de
pouvoir s'offrir une merveille du Salon,
une automobile Unie, sortant des usines
Georges Richard
Après cette révélation, l'opinion pùblique
lui pardonnera.
D
ix ans de théâtre sont dix années de
vie fiévreuse qui usent les nerfs d'un
homme, a plus, forte raison d une femme,
autant que vingt années de tranquille vie
bourgeoise. Pour tonifier et revivifier le
système nerveux surmené, prenez les « Pi-
lules Pink » ; elles sont le plus puissant sti-
mulant du système nerveux et, en même
temps4 un excellent régénérateur du sang.
c
'est chez Lapré, au coin de la rue
Drouot et de la rue -- de Provence,
que vont dîner, avant d'aller au théâtre,
toutes les personnes amateurs de bonne
cuisine délicatement préparée.
Le Masque de Verre.
- ,..-.--
Le casino de Sàint.han.rk.Luz qui fut brûlé la mardi 1 décembre* A clnq hewre8^du * soir.
Honoré
de Balzac
Sort cettVre
Le comité de cc la Maison de Balzac » orga-
nise aujourd'hui une matinée de gala au théâ-
tre Sarah-Bernhardt. Le spectacle sera exclusi-
vement composé de fragments des œuvres dra-
matiques de l'auteur de la Comédie humaine.
Il nous a paru intéressant de nous associer à
cette manifestation en rappelant dans ses gran-
(Caricature extraite du journaL le La Sylphide". 1843)
Balzac en serpent tentateur des femmes
çdes lignes la carrière dramatique, assez, oubliée,
de ce grand écrivain.
Ce fut le théâtre de la Porte-Saint-Martin., que
Balzac choisit pour ses débuts. Harel, le légen-
daire .directeur, reçut le drame de Balzac avant
même qu'il fut écrit. Lorsque l'on sut que l'au-
teur de la Comédie humaine préparait une pièce
de théâtre, ce fut un véritable émoi dans le
Paris littéraire d'alors. La presse nous fit assis-
ter à l'enfantement laborieux de l'oeuvre. Bal-
zac raturant sans cesse, corrigeant, défaisant,
refaisant puis redéfaisant encore les scènes com-
mencées. Enfin l'œuvre fut sur pied. Le 14-mars
1840, eut lieu la première de Vautrin devant
une salle regorgeant d'écrivains, d'élégantes,
d'artistes, de journalistes, de politiciens. Le
bruit courut quelques heures avant la repré-
sentation qu'un scandale politique éclaterait, et
on vint au théâtre plus pour assister à la mani-
festation. Elle eut lieu au quatrième acte, lors-
que Frédérick-Lemaître, pour qui le peintre
Louis Boulanger avait dessiné un élégant cos-
tume de général mexicain, entra en scène. Il
s'était fait la tête de Louis-Philippe : son en-
trée produisit une émotion indescriptible : les
uns rirent, les autres sifflèrent, et le duc-d'Or-
léans sortit précipitamment de sa loge, tandis
que Vautrin s'achevait au milieu du tumulte.
- -La a«(ion<)» ropt'cjoar^ation afr fatonifte h* Igg-
demain. Le drame ne fut repris que le i^ avril
1869, à l'Ambigu.
Cependant Balzac avait trouvé de farouches
et de fidèles partisans en Lamartine, Victor Hu-
go, Mme de Girardin, Léon Gozlan. Il devait
les retrouver le 19 mars 1842, à l'Odéon, à la*
première des Ressources de Quinola. Cette co-
médie en cinq actes ne fut pas mieux accueillie.
A la suite de cet échec, Balzac « rentra dans
l'ornière honteutse et ignoble que les abus ont
creusée aux succès dramatiques ». Il essaya
d'en sortir en donnant à la Gaîté; le 26 septem-
bre 1843, un drame intitulé Paméla Giraud.
Cette pièce eut un succès d'estime. Balzac ap-
proche enfin de la célébrité. Les critiques de-
viennent plus bienveillantes, elles vont même
jusqu'à .trouver des qualités au nouveau drame
de Balzac, qui ne devait être repris, au Gym-
nase, que le 6 juillet 1859.
La Marâtre, drame intime en cinq actes et
huit tableaux, fut la dernière oeuvre dramatique
de Balzac représentée de son vivant. La pre-
mière représentation eut lieu le 25 mai 1848,
sur la scène du théâtre historique.
Balzac mourut sans avoir pu réaliser son rê-
ve.; il mouru tsans ayoir connu cette gloire du
théâtre qu'il avait passionnément désirée, et que
lui aurait donnée sa dernière œuvre dramatique,
Mercadet, qui, pour tous les lettrés, est
un chef-d'œuvre dramatique.
Mercadet fut écrit de 1838 à 1840, en cinq
actes. Après l'avoir offert à plusieurs théâtres,
Balzac le présenta à la Comédie-Française. Le
17 août 1848* le comité, présidé par M. Loc-
kroy, reçut à l'unanimité Mercadet sous le nom
du Faiseur. Mais, les 14 et 15 décembre de la
Balzac, par Gavarni
rheme. année, le comité, présidé par M. Bazen-
nerye, assiste à une nouvelle lecture : cette
fois la'pièce ne fut reçue qu'à correction, ou,
pour mieux dire, refusée. Quoi qu'il en soit,
après la mort de Balzac, survenue le 20 août
1850, ses héritiers s'entendirent avec d'Enne-
ry, lui confièrent le manuscrit; et un an après,
Mercadet le Faiseur, réduit de cinq à trois ac-
tes, était représenté sur la scène du Gymnase,
le 24 août 1851. Cette œuvre n'eut pas le suc-
cès espéré, et cependant la première représen-
tation fut. admirable. Ce fut les larmes aux yeux
que Geoffroy, le principal artiste, jeta au public
le nom de Balzac. -
"Ta Comédie-Française, séduite par les qua-
lités maîtresses de ce drame vécu, le mit à
son répertoire le 22 octobre 1868. Elle ne le
reprit que le jour du centenaire de Balzac, au
mois de mai 1899, précédé d'un extrait d'une
comédie qui aurait été une suite du Tartuffe
de Molière.
Espérons que M. Jules Claretie reprendra
bientôt cette belle oeuvre, et nous en fera con-
naître les qualités littéraires et dramatiques.
R.iM< PETIT.
"Les Mystères
de Paris"
Replâtrage.
Comme Diogène, j'ai cherché, hier, toute
la journée, un homme, mais plus simple-
ment un homme qui soit arrivé à expliquer
l'invraisemblable replâtrage de la direction
de l'Opéra par M. Doumergue. M. le mi-
nistre de l'Instruction publique et le Con-
seil des ministres ont-ils donc 1'illusiqn de
remettre à plus tard, dans l'espérance
qu'elles disparaîtront, les difficultés qui Je-
mandent une solution énergique?
A quoi peut bien rimer et à quoi pourra
bien aboutir le « rafistolage » Messager-
Broussan devant l'échéance du procès Opé-
ra-Pierre Veber, échéance certaine, qui ré-
serve, nous pouvons l'annoncer formelle-
ment, des révélations à la fois édinanns et
sensationnelles? Ce rafistolage est-il de&ti-
né - à modifier les idées du public sur les
personnalités placés à la tête de l'Opt a ?.
On sait — et le public ne changera pas
d'avis — que M. Messager est un p.ar^it
honnête homme et un artiste dans toute i 'ac-
ception du terme. On sait qu'il doit être
~nîr bon serviteur de l'Opéra, le jour où le
poids de l'administration reposera su- un
homme capable. On n'ignore pas davan-
tage que M. Broussan,.à d'autres dèÍ::nas,.
ajoute celui — impardonnable, à Pari, --
(H, Manùel,
M. Broussan
d'être un « maître .gaffeur », qui, a pataugS
lourdement, depuis un an" dans toutes les
convenances. Il s'est rendu impopulaire, ai
mécontenté les abonnés, et la presse, et le
public, et ses commanditaires. Il eST im-
possible de rêver personnage plus maladroit,
moins parisien, directeur plus incontestable-
ment ridicule que celui-là.
Et c'est à se demander quel argument a
bien pu donner le ministre à M. Me" A' -
pour le décider à convoyer ce prov:u_ial
de vingt-cinquième ordre. De quelle ange-
lique bonté doit être pourvu M. Messager
pour continuer à remorquer un semblable
co-directeur, et de quels « suçoirs » ne doit
pas être pourvu M. Broussan pour se cram-
ponner à une co-direction où le ministre
vient de réduire son rôle à celui d'un tout
petit garçon?
Tout cela, je le répète dans l'espoir uue
le sot procès fait par l'Opéra au New ¥ >rk
Herald et à Pierre Veber ne sera pas
plaidé. Il serait dommage de perdre ce qui
sera dit le jour de l'audience, ce qui s'écri-
ra peut-être d'ici-là, ce que tout le monde
sait aujourd'hui.
M. Messager ne peut pas maintenir sa
démission, sous peine d'être condamné à
une amende ministérielle de cent mille
francs. Soit! Mais, pourquoi M. Broussan
ne peut-il point s'en aller ? Voilà ce qu'on
saura, s'il devient nécessaire qu'on ie
sache.
L. VUILLElVlI:-i.
AUTOUR DE LA RENTRÉE DE M. MESSAGER.
UN MYSTÈRE PLANE. - QUI DONC LE
RÉSOUDRA ?
la rentrée de M. Messager à l'Opéra':'- tait.
hier, on le suppose, l'objet de toutes les conver-
sations. Nous en notons simplement lee échos,
voulant nous cantonner dans notre rôle* d'mtur-
mateurs. J'ai autre chose à faire, en effet, que
d'encourir les colères — amusantes, d'ailleurs
— de ceux qui n'ont, pour la presse, que des
sentiments aussi éloignés de la cordialité i k. M.
Brçmssan, aujourd'hui (pour me servir 'une
comparaison), peut l'être des temps lointains JÙ,
à Nantes, il se gargarisait, en scène, le soir nvee
la musiquette agréablement douceâtre des Mous-
quetaires au Couvent.
M. Messager — .le fait est acquis — donc,
depuis avant-hier soir, repris ses fonctions En
sortant de chez le ministre, il s'est rendu 8 rOpë-
ra, et comme on ne jouait pas, ce soir-là, il s'en
est allé passer la soirée dans mrmusic-hall. C'est
assez dire qu'il avait l'esprit libre.
Mais s'il montrait, pour recommencer ftxis
tence au timon d'un char que M. Broussan n 'a-
vait pas quitté, un courage tranquille qui u-rnoi-
gne d'une âme romaine, il n'en reste pas noins
évident qu'il ne pourra jamais écarter aujour-
d'hui les raisons graves qui l'obligèrent : mis.
sioriner, il y a. huit jours.
Est-ce que-le fait de s'être incliné devant la
décision "gouvernementale suffit pour eft>jccr at
tabfca« <îe ns déterminations mûrement réflê
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