Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-12-09
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 09 décembre 1908 09 décembre 1908
Description : 1908/12/09 (A2,N436). 1908/12/09 (A2,N436).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7646089k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
*
1 2eAnnée. »= N5 436 (Quotidien) Le Numéro : 5 centimes
2tAnaée. a= N) 436 (Quotidien) Le Numéro: £) .centimes
Mercredi 9 Décembre 1908
g" - "0. '- '-
Rédacteur en Chef : G. de PAWLÙWSKI
! RÉDACTION & ADMINISTRATION :
Í
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 2113-07
Adresse Télégraphique : CQMŒDIA-PAPÎS
ABONNEMENTS
UN AN 6 MOIS
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 »
*
: IrRÉDACTION & ADMINISTRATION :
N,
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
M
TÉLÉFHONE : 288-07
Adresse Télégraphique : COM'ŒDlA.P ARIS
ABONNEMENTS
UN AN 6 MOIS
-. -
Paris et Départements 24 fr. 12 fr..
Étranger. 40 » 20 »
Le spectre
érotique
Dans la rue noire flambait le soleil
rouge de l'entrée. C'étaient, sur l'énor-
me affiche bariolée, des vedettes d'équi-
libristes, des promesses inviteuses de
divettes décolletées bas et l'affriolement
surtout d'un ballet où les femmes dan-
saient presque en peau. Peut-être, à la
suite des foules, un goût purement phy-
sique me fit entrer là.
Dans une illusion de bocage élyséen,
sous les livides ondes électriques, une
rôde de filles, avec des balancements de
hanches, sous le vent lourd des éventails
de plumes, proposait à d'aventureux
amants cirés au cosmétique et dentés
comme des carnassiers, leurs dégâts re-
tapés et oints de liniments gras. Parmi
les tables, le longs des travées, d'étran-
ges alcools aux aspects vénéneux, silen-
cieusement abrutissaient des couples dé-
yxAas a~ae5~5iupi es luacuiiiauxï --,.--.or-
J'assistai à quelques mômeries peu di-
vertissantes : j'ouïs les habituelles ritour-
nelles sur lesquelles partaient des cocas-
series dégingandées de tourlourous à
toupet filasse et des états d'âme de ro-
mancières sentimentales ponctuées de
coups de grosse caisse. Une famille d'é-
quilibristes en maillots clairs, ensuite,
échafauda, sous les cintres, une pyra-
mide évoquant les viandes roses en tas
à l'étal des boucheries.
Excédé de ces ragoûts peu savoureux,
j'allais me retirer, quand, au premier
rang du pourtour en surplomb, un cha-
peau ondulé d'une toison de plumes noi-
res et 'vaste comme le trophée d'un
guerrier algonquin, attira mon attention.
Le large rebord de cette tiare dérisoire,
par surcroît dardée en panaches de che-
val de corbillard, me dissimulait le vi-
sage de la créature qui, appuyée du
menton à ses mains croisées, semblait
considérer le hautement de la salle de
l'intérêt allouvi que peut avoir un chas-
"T~tti OUp~utMut— te<~ ehttMC plus ou moins giboyeux. fi
Il arriva, je crois, que tout à coup un
mouvement un peu brusque de l'édifice
rencontra le chapeau d'une autre dame,
assise au second rang ; une algarade s' é-
leva ; des mots furent lancés comme des
projectiles ; on vit, avec une minceur lon-
gue de bouche imitant une balafre fraî-
che, enfin sortir de l'ombre monumen-
tale un extraordinaire visage,- comme
truffé de dessous faisandés et évidé aux
narines des trous noirs d'une tête mort.
Une huée d'en bas monta. « Va donc,
hé! carcan, chaudron, madame tout le
monde! » On lui jetait le nom sous
lequel, assurait-on, elle figurait aux ré-
pertoires secrets de la police des mœurs.
Le plaisir ameuté des tables où se pi-
paient des cocktails et se sablait du dry,
bientôt se mettait à bombarer de pro-
grammes en boule la femme qui, main-
tenant, avec le balancement insolent de
sa forêt de plumes, riait et faisait tête.
Il me parut voir la momie peinte d'une
antique courtisane sortie de son sarco-
phage et, avec les cavités de ses yeux
tombés en poussière, regardant passer
toute cette mort de demain qui, à son
tour, s'en irait se consumer dans les
profonds pourrissoirs.
Alors, dans la salle, ce fut du délire.
Mais elle, là-haut, avec la grimace de
son rire rouge au goufre de ses mâ-
choires, toujours saluait de la trépidation
saccadée de ses plumes, cependant qu'un
geste de la main aux plis trop lar-
ges de ses gants noirs, cérémonieu-
sement, remerciait. Ce demi-siècle de
baisers et d'amour, debout par-dessus
les paroxysmes lâchés de l'assistance, ijut
:vraiment, cette fois, un ragoût supérieur
et qui sembla cuisiné par un ordonna-
teur subtil des pompes de l'amour et de
¡ la mort.
Un spectacle auprès duquel les ex-
hibitions les plus pimentées allaient
paraître dénuées d'excitant, devait cou-
ronner ce préambule. La prêtresse des
basses liturgies de l'amour, de qui peut-
être les pères des hommes présents
avaient baisé, en sanglotant, les genoux,
tout à coup se mettait à frapper sur son
ventre et ses seins. Et puis, du bout de
ses gants à soufflures, ceuillant à sa bou-
che des baisers, elle les jetait à la volée
devant elle, fleurs empoisçnnées de l'é-
ternel désir où elle avait l'air de s'oî-
frir elle-même en holocauste, en mSrrie
temps qu'elle appelait l'hécatombe des
races.
Je ne vis d'abord là que la Mort
femme étalant la centralité victorieuse de
ses hanches, telle que la figura l'amer et
sombre génie d'un Rops. Mais presque
aussitôt, virant d'idée, il me parut que
de la -goule pomponnée et macabre, se
levait le symbole parodique des fatalités
du servage de la femme. Tandis que
d'horribles goujats, stimulés par la fé-
rocité de leurs gouines, s'amusaient de
la projeter à travers les escaliers, hum-
blement je saluai l'obscure sœur des
miséricordes érotiques, toute polluée de
ses ignominieux et charitables offices.
Camille LEMONNIER.
Nous publierons demain un article de
GEORGES LECOMTE
Sirènes
C'est incroyable ce que l'on peut ap-
prendre de choses intéressantes en quel-
qus minutes lorsque l'on se trouve placé
dans un milieu bien parisien.
C'est ainsi qu'hier, en quelques heures,
deux dames m'ont révélé la vérité tout en-
tière au suiet de l'affaire Steinheil. Il pa-
raît qu'il y a eu accident. L'infortuné pein-
tre est mort empoisonné par le blanc de
céruse dont il abusait; il était en train de
faire poser un grand tableau qui devait taire
sensation au Salon: L'Attaque d'une villa
par des cambrioleurs. Et tout s'est passé
le plus naturellement du monde. Au surplus,
on prétend que le peintre a été sauvé
comme par miracle des suites de son em-
~~M~MM~ —ZI- *>st /iriuonemRni p.n An-
gleterre,. d'où il reviendra bientôt.
Vous saurez également - une jeune
fille l'exvliquait avec force détails — que
les Galeries ne reprennent plus les objets
envoyés à titre d'essai; cela a, paraît-il,
beaucoup ennuyé Mme Ernestine qui, du
reste, fut obligée de repartir, il y a deux
jours, pour la campagne, comme vous le
savez aussi peut-être. Tout le bas de la
boiserie est, en effet, absolument perdu par
l'humidité, c'est bien mon avis aussi, ils
Ght eu tort de taire construire sans prendre
de renseignements ; il paraît que c'est
comme cela dans le pays rapport à la terre
glaise.
Tout cela ne serait rien, vous en convien-
drez, si l'on connaissait les causes exactes
de l'affaire Germinet. Il paraît qu'à l'enter-
rement des marins de l'Impotent, il a dit
textuellement: « Moi, je reste avec mes
hommes. » Cet engagement n'ayant pas été
tenu, puisqu'il est encore en vie, le Gou-
vernement lui a cherché une mauvaise que-
relle. Vous avouerez, du reste, comme le
faisait remarquer très judicieusement une
dame à ce moment, que c'est une absurde
superstition que de s'en aller, parce qu'on
est treize à table.
J'appris d'autres choses encore, des plus
importantes, qu'il serait trop long d'énumé-
~.--r-vr-~- Ñ i.A.,-- eiu .l>.,.Hu ¿JI"';
de Sanga. Il parait que, durant tout ce
temps, l'orchestre s'était tait entendre; pour
moi, si j'en excepte quelques appels' de
trompe d'automobile et un certain bruit de
cloches destiné sans doute à flatter la va-
nité des plongeurs, je n'en ai rien entendu.
Le bruit des conversations couvrait entiè-
rement, à l'Opéra-Comique, celui de l'or-
chestre. On. m'affirme que je n'ai rien perdu
et que le plaisir des yeux était, en la cir-
constance, des plus suffisants. *
Que pouvait-il se passer dans ce monde
aquatique? Etait-ce une marée d'apaches?
L'eau montait toujours et je ne vis qu'un
homme qui, sur le toit de sa maison, sem-
blait payer des scaphandriers en jetant sa
tortune dans l'eau.
Si l'on eût tait de la musiQue ce jour-là,
il faut bien avouer Que cette façon de par-
ler sans arrêt pendant la représentation
n'eût pas été sans inconvénient.
G. DE PAWLOWSKI,
Échos
'Ce soir, à huit heures un quart, fi l'()-
péra-Comique, première représentation de
Sanga, drame lyrique en quatre actes, de
MM. Eugène Morand et 'Paul de Chou-
dens, musique de M. Isidore de Lara.
'Ce soir, à huit heures trois* quarts, S la
Renaissance, première représentation de
L'Oiseau blessé, pièce en quatre actes, de
M. Alfred Capus.,
-,,-*..
Ce soir, 'à neuf heureg, au théâtre lies
Arts, première représentation * La De-
mande, un acte du célèbre écrivain russe
Tchekhov, version française de MM, G-Pi-
toeff et Genevrière.
c
'est un sonnet.
La toute gracieuse Bertile Leblanc
nous confiait l'autre jour un sonnet aont
plusieurs vers clochaient comme des po-
chards. A supposer qu'il soit de Paul-Hya-
cinthe Loyson (à Comoedia, sait-gn jamais
de qui est le sonnet?), le voici rectifié (pro-
scdiquement:
Un pois en fleur, «ne cHanson*
Un élixir de bonnes choses,
Voilà Bertile ; et pour la dose,
Deux grains d'amour, trois de raison
Vous plaît-il deq comparaisons rî
C'est une chatte à robe rose,
Qui dévotement se repose
Sur le poêle de la maison.
Sachant ce qu'il en coûte aux cfiattesl
De sauter les ruisseaux nu-pattes,
Elle s'observe et craint l'humide.
Bertile a de l'espoir en banque,
Du talent plein son gousset vide.
Chatte? Non pas: les griffes manquent.
Pour cette petite leçon de versification,
elle ne nous égratignera donc pas.;«
s
arah et la politique. -
Sarah Bernhardt vient de quitter
Constantinople. Son succès auprès des su-
jets d'Abdul-Hamid fut éclatant. Tous les
journaux d'Orient publient de longs arti-
cles tous élogieux. Mais la presse prend
surtout plaisir à constater le triomphe qu'ob-
tint notre grande tragédienne dans LJ Ai-
glon. Durant les deux représentations que
Sarah Bernhardt donna de la pièce de Ros-
tand, il y eut un tumulte continuel. Les ac-
teurs durent à plusieurs reprises s'inter-
rompre et attendre que le calme fût rétabli
dans la salle. La police elle-même ne cher-
cha nullement à empêcher les spectateurs
de manifester leur hostilité envers l'Autri-
che, et Metternich, le geôlier de l'Aiglon.
On attendit même Sarah Bernhardt à la
sortie du théâtre, et elle fut accompagnée
jusqu'à son hôtel aux cris de: « A bas
l'Autriche! Vive la France! Vive la Tur-
quie! Vive Sarah! »
u
ne mauvaise affaire.
Voici une amusante petite histoire
Tiff 11 A l„-"_ TkK
que nous raconte mue Anuree mery, i e*
cellente pensionnaire de M. Antoine:
— Voulez-vous, pour Comœdia, l'opinion
des cochers sur le prétendu éloignement de
l'Odéon? Celui qui m'a conduite hier soir
a regardé son compteur au moment où je
m'apprêtais à le payer, puis, enveloppant
d'un même regard de mépris le théâtre et
moi-même:
» — Ah! ben! je ne reviendrai jamais
ici. c'est trop bon marché! »
E
n visite.
Un candidat a l'un des six fauteuils
vacants a 1 Academie sonne a la porte d'un
membre influent de la docte assemblée.
Ininxinit - niiijimftw nli»n rif 1 ijlh
quieux comme toujours, il bredouille, un
peu intimidé:
— Maître, vous savez que j'ai posé ma
candidature au fauteuil de notre regretté
Halévy et je viens, selon l'usage.
Le Maître l'arrête du geste, regarde au-
tour de lui, paraît ne pas trouver ce qu'il
cherche; puis, finalement, dit au visiteur
en l'invitant à s'asseoir:
- Je suis navré, je n'ai qu'une chaise à
vous offrir.
Mais, le candidat, qui a compris et qui
est, lui aussi, un homme d'esprit, s'assied
en répliquant :
— Bah! comme ce n'est qu'en attendant
mieux!.
L
argesse.
Ceci pourrait sembler une aimable
imagination de fantaisiste s'ingéniant à trou-
ver plus fort que les harpagonades d'Har-
pagon lui-même.
Point. C'est de l'histoire.
La chose s'est passée entre le directeur
d'un théâtre, sinon excentrique du moins
quelque peu éloigné de l'Opéra, et un au-
teur jeune, brun, aimable et rendu célèbre
par une pièce qui fut un des plus formida-
bles exemples de longévité connus au théâ-
tre.
L_.4U':' p"t.~- w I\.lt .vW"VI -au-
teur en question plus d'un million. Le même
auteur vient de donner au même directeur
trois actes qui semblent partis pour des des-
tinées aussi brillantes.
Or, tout dernièrement, l'auteur demanda
au directeur quatre places de faveur pour
sa famille.
Et froidement, le directeur lui expédia,
par courrier, quatre fauteuils. à vingt sous
« pour tous droits » !
u
n joli bijôu se vend très facilement et
très cher chez Dusausoy, expert,
T - - - - t- ,
4, boulevard des italiens, qui acnere au
comptant. Il vend aussi de belles occasions.
■ MAURICE DE LAMBERT
Elégamment silhouetté,' avec le galbe harmo-
nieux qu'il prête à ses modems dans ses dessins,
le cheveu abondant, auréolant de son ondulation
vaporeuse la matinée d'une figure pâle aux mé-
plats fortement accusés — tête de Celte affiné
que complète d'ailleurs la moustache blonde et
retombante d'un chef gaulois soucieux de la tra-
dition — la main nerveuse et fine d'un artiste
à l'atavisme distingué, grand, mince; élancé, tel
apparaît Maurice de Lambert.
Et tel qu'il est, il est bien l'homme de sa pein-
ture..Le voyant, on imagine l'élégance précise
de son dessin, comme à contempler celui-ci on
prévoit la physionomie adéquate de l'auteur.
Cet artiste parisien .— un des plus aimables
parmi ses concitoyens, il 'faut bien le dire -
est presque un homme de théâtre, tant sont nom-
breuses les étoiles et vedettes de nos grandes
scènes dont il fixa l'effigie. Sans compter qu'il
dessina pas mal de temps, sous la direction Gi-
nisty, puis sous la direction Antoine, les costu-
mes odéoniens.
Il faudrait n'avoir jamais hanté les loges de
nos plus notoires comédiens et comédiennes pour
aflç l'avoir point rencontré en quelqu'une, le
crayon à la main, croquattt da'ns ses atours de
théâtre le maître ou la maîtresse du lieu.
Aujourd'hui, Maurice de Lambert réunit en
une importante exposition particulière une partie
de son œuvre: cent ouatre dessins rehaussés et
sanguines qui donnent la mesure de son beau
talent.
Portraits fouillés et consciencieux à la mine
de plomb, paysages tant français qu'italiens, ges-
tes de femmes, mouvements heureux de la co-
quetterie, études d'attitudes et d'expressions,
ces cent quatre numéros constituent un ensem-
ble divers en même temps qu'homogène, dont il
sied de louer la tenue sobre, l'heureuse couleur,
l'inspiration soutenue et la grâce bien moderne.
Il y a plaisir à signaler, quand on les rencon-
tre, des œuvres telles que, par exemvle, le por-
trait au pastel de F. Frey dans son large rire
épanoui, si véridique, ou l'harmonie coloriée de
la dame en visite, ou le hameau de Trianon, ou
encore la chanson comique, et combien d'autres.
Elles révèlent dans leur charme sain et capti-
vant une nature d'artiste de race.
FORTUNÉ PAILLOT,
A
vant d'aller au théâtre, il faut dîner
chez Maurice, le nouveau proprié-
taire au si connu restaurant JLapre, qui of-
fre à son élégante clientèle une ouisine ex-
quise, une cave de, premier choix, et, ce
qui est particulièrement à apprécier, un
service rapide et silencieux. :
A
u Salon de l'Automobile, un public
nombreux s'empresse autour du
stand de Bayard-Clément, attiré par les
multiples qualités des modèles qu'expose
la célèbre marque.
Le Masque de Verre.
A L'OPERA DE MARSEILLE
ARIANE
Opéra en quatre actes, paroles de M. Catulle MENDÈS
Musique de M. MASSENET
Première représentation (création) à Marseille
Marseille, 8 Décembre, n fi. 30 soir (par dé-
pêche de notre correspondant). — « On ne perd
pas de temps à Marseille » : c'est la réflexion
immédiate que feront les lecteurs de Comœdia
en lisant ce compte-rendu à la place même où,
il y a un mois à peine, ils apprenaient le triom-
phal succès de Madame Butterfly, le délicieux
opéra de Puccini, sur la première scène marseil-
laise.
Il ne faut pas perdre de temps, en effet, pour
monter, en deux mois, deux ouvrages comme
Ariane et Madame Butterfly et, surtout, pour
les présenter comme M. Saugey les présente.
La soirée fut plus que triomphale ! Le musi-
Mme Hiriberry
(Perséphone)
Mlle Cesbron
(A riane)
(Photo Ouvière)
mlie catalan
(Phèdre)
(Photo Boissonnas et Detaille)
den, le poète. Te directeur, les artistes, 1 orches-
tre, les peintres décorateurs, l'électricien, tous
furent associés au succès grandiose, qui accueil-
lit Ariane.
L'orchestre exécuta, de façon impeccable, cette
remarquable partition, sous la conduite experte
de son chef, M. Rey ; il fut parfait de virtuosité
et d'ensemble.
La mise en scène était fouillée jusqu'en ses
moindres détails. M. Saugey, aidé de ses régis-
seurs, MM, Nerval, Deperre et Vincent, est
arrivé, dans cet ouvrage, à un degré de perfec-
tion et d'exactitude qu'il est difficile de dépas-
ser. Tout était au point, réglé d'ingénieuse fa-
çon, avec une grande originalité. Aussi le suc-
cès personnel de M. Saugey fut-il immense! On
applaudit l'homme énergique qui, malgré mille
et une difficultés, parvint à monter en deux
mois deux gros ouvrages, l'artiste éminent et
consciencieux qui les monta d'admirable façon.
Passons maintenant à l'interprétation.
M. Saugey a doté Ariane d'une distribution de
tout premier ordre. )
!
Mlle Suzanne Cesbron était chargée du rôle
d'Ariane. Son soprano dramatique résonne super-
bement dans les douces mélopées de la pauvre
délaissée.
Le succès fut grand, qui l'accueillit à la fin
de chaque acte.
Que dire de Mme Catalan, si ce n'est qu'elle
fut une Phèdre extraordinaire de voix et de
tenue.
La création qu'elle a faite: du rôle de Phèdre
restera longtemps vivante en notre souvenir.
Mme Hiriberry, Perséphone de lignes parfai-
tes, obtint un succès tout personnel en son
acte troisième, où elle détailla à ravir l'air fa-
meux Ses roses -qui lui permit d'étaler dans
toute son ampleur son puissant contralto.
Les rôles d'à côté étaient tous magistrale-
ment interprétés. Citons, en les félicitant en
groupe, Mmes Dilsson, Streletski et Zorah
Dorly.
Le rôle de Thésée est sans conteste l'un des
meilleurs de M. Granier; notre excellent ténor
y peut déployer les grandes ressources de son
bel organe, son jeu est intéressant, souvent très
heureux.
M. Lafont trouve moyen de donner au rôle
un peu ingrat de Pirithoüs un relief extraordi-
naire. C'est un artiste précieux qu'attendent
les plus belles destinées.
Les masses chorales étaient bien stylées et
la figuration bien agencée.
En résumé, nouveau triomphe pour M. Sau-
gey qui peut se montrer heureux des nombreu-
ses marques de sympathies qu'il reçut durant
cette belle manifestation d'art.
PIERRE MOISSON.
Eux
et Nous
par
Paul.
Hyacinthe
LOYSON
M. P.-H. Loyson (Dessin de Paul Iribe)
Au moment ou les ouvrages dramatiques
étrangers, principalement ceux des pays du
nord, trouvent en France une recrudescence de
vogue, nous sommes heureux de donner ici un
résumé de la conférence que Paul-Hyacinthe
Loyson vient de faire au théâtre du Parc, à
Bruxelles, sous une forme, il est vrai, moins
hardie et appropriée au jeune public des ma-,
tinées :
Le Français qui, pour la première fois, ouvrit
une traduction d'Ibsen, dut croire que ie volume
lui était tombé de la planète Mars. Il eut une
sensation de rêve. Entendez le mot au sens
exact de vision nocturne pendant le sommeil.
Ce qui caractérise le rêve, c'est la minutie
de certains détails enveloppés du vague de
l'ensemble. Nous voyons en rêve un de nos
amis. Nous sommes frappés d'un détail futile.
Par exemple : les boutons de la jaquette' qu'il
porte, nous y lisons la marque de fabrique.
Nous ne rêvons pas. Nous voyons d'un œil bien
éveillé. Puis, voulant parler à cet ami, nous le
(Dessin de Paul Iribe)
La brune Latine
regardons au visage: il n'en a pas, sa tête se
prolonge dans la brume.
Telles sont les deux caractéristiques qui si-
gnalent toute œuvre Scandinave: précision vi-
suelle du détail, prolongement fabuleux de
l'idée. Le point de départ — décor, ambiance,
dialogue -,- est incrusté dans le réalisme. L'a-
boutissement est idéaliste. La pièce s'élargit en
symbole. Mais ce symbole est, pour nous au-
tres, plein de traîtrise, car c'est un symbole à
volonté. L'auteur se fait un jeu malicieux de
vous l'offrir tantôt comme image poétique, tan-
tôt comme circonstance concrète. (Exemple: Le
Canard sauvage.) Ainsi une mère vient-elle à
dire à son marmot : « Prends ton mouchoir et
mouche-toi! » cela peut signifier — qui
sait jamais avec ces auteurs scandinaves —:
« Expulse de ton âme toutes les vieilles hypo-
crisies qu'y ont déposées tes ancêtres!. »
Mais, au demeurant, on n'est pas trop sûr, et
cela peut vouloir dire bonnement: « Mouche
ton nezl » tout aussi bien que: « Mouche ton
âme! »
Un poète latin, au contraire, s u lui arnve
de symboliser, fera du symbolisme consistant,
son drame y baignera tout entier. Je n'en veux
pour exemple que le théâtre de Maeterlinck.
A sa complexion germanique, ce poète a donné
une forme latine, quoi qu'on en pense. La force
du verbe contraint un esprit à changer de. race.
Le nationalisme est une .vérité littéraire. Or,
une pièce de théâtre Scandinave, c'est quelque
chose comme une collaboration de Maeterlinck
avec Camille Lemonnier: les premiers actes
de Lemonnier et les derniers de Maeterlinck.
(Rappelez-vous le dénouement idéologique d'Au
delà des Forces humaines, de Bjœrnson.) En
d'autres termes, où nous exigeons la différen-
ciation des genres, les Scandinaves ou les Ger-
mains en recherchent, eux, la confusion, la
pénétration réciproque. (Cf. La Cloche en-
gloutie.)
Qu'est-ce à dire, sinon que la nature des
races du Nord est plus intimement poétique,
plus profondément intuitive que celle des races
du Midi? Celles-ci portent leur poésie comme
une parure, aux jours de fête; celle-là ta ca-
chent comme un talisman qui les suit partout.
Rien, pour elles, n'est condamné au prosaïsme,
et rien, non plus, n'est poétique sur commande.
Tout pour le vrai poète est transparent, un
paysage, le monde, lui-même, transparent sur
un fond de mystère.
A des yeux latins, l'homme apparaît sous
l'espèce d'un corps. L'âme vient ensuite, et pas
toujours. Balzac et Zola ignorent Psyché. Au
regard, par contre, des Anglo-Germains et des
Scandinaves, l'homme, c'est une âme, et puis
un corps, à cette occasion. Non que' les per-
sonnages d'Ibsen, de Strindberg et de Tor Hed-
berg soient des émanations mystiques. Ils ont
des corps, et ceux de leur race, souvent vio-
lents, brûlés d'alcool, minés de névrose ou ron-
gés degrés héréditaires, des corps excessifs.
Mais, bonne ou mauvaise, une âme domine ces
grands enfants, surveille le corps, le blâme ou
l'approuve, et s'accorde à elle seule la primautés
C'est le petit gnôme qui mène le géant.
De même que, là-haut, le corps n'est pas en
amitié avec le climat et se défend de lui. sous
un cuirassement d.e. fourrures, de même l'âme
se défie du corps, n'avoue pas le corps, se le
cache à elle-même sous les mailles serrées
d'une convention : il semblerait que même les
parents, dans ces pays, ne, soupçonnent pas la
manière exacte dont on vient au monde. Le
Nord est le royaume de la pudeur. L'hypocrisie
en profite parfois. Inversement, sous les lati-
tudes méridionales, il semble que la chair ab-
sorbe l'âme, qu'elle s'en imprègne directement,
et l'âme diffuse et mêlée au sang en devient
comme chaudement physique.. Aimer, chez
nous, prend un certain sens très positif. Le
centre attractif de la brune Latine se situe au..
dessous de la ceinture ; celui. de la blonde. Nor-
dique, au-dessus. Et Tacite déjà l'avait remar-
qué. Ce n'est pas à dire que les amours du
Septentrion ne se dénouent pas par le même
geste que les nôtres, mais ce qui le précède *ou,
ce qui le prolonge intéresse seul les Boréals.,
Les modulations de leurs préludes sont plus cu-
rieuses, et plus profond le retentissement de i
leur finale, par cela même que l'accord violenti
y est moins urgent et impératif.
Etant donnée une même situation inter-i
sexuelle, un auteur latin la pousse aussitôt à la
passion brute, un scandinave la tourne bientôt
à l'idée pure. Ibsen n'a pas écrit une seule
scène d'amour! Ses hommes et ses femmes
échangent des idées au lieu de caresses. Et
dans ses pièces l'idée devient si absorbante, si
essentielle, si volatile (comme dans Solness ou
Le Réveil des Morts) que le spectateur latin se
saisit la tête à deux mains et se demande Tdei
quoi il est question. Il semble que le drame se
joue à vide dans l'absolu, sans décors comme
sans personnages: un gouffre où crépitent des
étincelles.
Philosophiquement cette suprématie de l'idée;
(Des 11; Je Paul Jribeî
La blonde Nordique >n .«
pure est à l'avantage des penseurs du Nord,
puisque, au regard du philosophe, le monde
extérieur est illusoire, et que la seule réalité,
c'est la conscience, c'est-à-dire le rêve de cha-
cun de nous. D'où il résulte qu'on n'y voit
clair qu'en fermant les yeux, et qu'on n'est
sûr que d'un fantôme.
Moralement, c'est encore eux qui Marquent
le point. Leurs pièces donnent plus à penser
que les nôtres. Le comment vivre est leur
1 2eAnnée. »= N5 436 (Quotidien) Le Numéro : 5 centimes
2tAnaée. a= N) 436 (Quotidien) Le Numéro: £) .centimes
Mercredi 9 Décembre 1908
g" - "0. '- '-
Rédacteur en Chef : G. de PAWLÙWSKI
! RÉDACTION & ADMINISTRATION :
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27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 2113-07
Adresse Télégraphique : CQMŒDIA-PAPÎS
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UN AN 6 MOIS
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 »
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UN AN 6 MOIS
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Paris et Départements 24 fr. 12 fr..
Étranger. 40 » 20 »
Le spectre
érotique
Dans la rue noire flambait le soleil
rouge de l'entrée. C'étaient, sur l'énor-
me affiche bariolée, des vedettes d'équi-
libristes, des promesses inviteuses de
divettes décolletées bas et l'affriolement
surtout d'un ballet où les femmes dan-
saient presque en peau. Peut-être, à la
suite des foules, un goût purement phy-
sique me fit entrer là.
Dans une illusion de bocage élyséen,
sous les livides ondes électriques, une
rôde de filles, avec des balancements de
hanches, sous le vent lourd des éventails
de plumes, proposait à d'aventureux
amants cirés au cosmétique et dentés
comme des carnassiers, leurs dégâts re-
tapés et oints de liniments gras. Parmi
les tables, le longs des travées, d'étran-
ges alcools aux aspects vénéneux, silen-
cieusement abrutissaient des couples dé-
yxAas a~ae5~5iupi es luacuiiiauxï --,.--.or-
J'assistai à quelques mômeries peu di-
vertissantes : j'ouïs les habituelles ritour-
nelles sur lesquelles partaient des cocas-
series dégingandées de tourlourous à
toupet filasse et des états d'âme de ro-
mancières sentimentales ponctuées de
coups de grosse caisse. Une famille d'é-
quilibristes en maillots clairs, ensuite,
échafauda, sous les cintres, une pyra-
mide évoquant les viandes roses en tas
à l'étal des boucheries.
Excédé de ces ragoûts peu savoureux,
j'allais me retirer, quand, au premier
rang du pourtour en surplomb, un cha-
peau ondulé d'une toison de plumes noi-
res et 'vaste comme le trophée d'un
guerrier algonquin, attira mon attention.
Le large rebord de cette tiare dérisoire,
par surcroît dardée en panaches de che-
val de corbillard, me dissimulait le vi-
sage de la créature qui, appuyée du
menton à ses mains croisées, semblait
considérer le hautement de la salle de
l'intérêt allouvi que peut avoir un chas-
"T~tti OUp~utMut— te<~ ehttMC
Il arriva, je crois, que tout à coup un
mouvement un peu brusque de l'édifice
rencontra le chapeau d'une autre dame,
assise au second rang ; une algarade s' é-
leva ; des mots furent lancés comme des
projectiles ; on vit, avec une minceur lon-
gue de bouche imitant une balafre fraî-
che, enfin sortir de l'ombre monumen-
tale un extraordinaire visage,- comme
truffé de dessous faisandés et évidé aux
narines des trous noirs d'une tête mort.
Une huée d'en bas monta. « Va donc,
hé! carcan, chaudron, madame tout le
monde! » On lui jetait le nom sous
lequel, assurait-on, elle figurait aux ré-
pertoires secrets de la police des mœurs.
Le plaisir ameuté des tables où se pi-
paient des cocktails et se sablait du dry,
bientôt se mettait à bombarer de pro-
grammes en boule la femme qui, main-
tenant, avec le balancement insolent de
sa forêt de plumes, riait et faisait tête.
Il me parut voir la momie peinte d'une
antique courtisane sortie de son sarco-
phage et, avec les cavités de ses yeux
tombés en poussière, regardant passer
toute cette mort de demain qui, à son
tour, s'en irait se consumer dans les
profonds pourrissoirs.
Alors, dans la salle, ce fut du délire.
Mais elle, là-haut, avec la grimace de
son rire rouge au goufre de ses mâ-
choires, toujours saluait de la trépidation
saccadée de ses plumes, cependant qu'un
geste de la main aux plis trop lar-
ges de ses gants noirs, cérémonieu-
sement, remerciait. Ce demi-siècle de
baisers et d'amour, debout par-dessus
les paroxysmes lâchés de l'assistance, ijut
:vraiment, cette fois, un ragoût supérieur
et qui sembla cuisiné par un ordonna-
teur subtil des pompes de l'amour et de
¡ la mort.
Un spectacle auprès duquel les ex-
hibitions les plus pimentées allaient
paraître dénuées d'excitant, devait cou-
ronner ce préambule. La prêtresse des
basses liturgies de l'amour, de qui peut-
être les pères des hommes présents
avaient baisé, en sanglotant, les genoux,
tout à coup se mettait à frapper sur son
ventre et ses seins. Et puis, du bout de
ses gants à soufflures, ceuillant à sa bou-
che des baisers, elle les jetait à la volée
devant elle, fleurs empoisçnnées de l'é-
ternel désir où elle avait l'air de s'oî-
frir elle-même en holocauste, en mSrrie
temps qu'elle appelait l'hécatombe des
races.
Je ne vis d'abord là que la Mort
femme étalant la centralité victorieuse de
ses hanches, telle que la figura l'amer et
sombre génie d'un Rops. Mais presque
aussitôt, virant d'idée, il me parut que
de la -goule pomponnée et macabre, se
levait le symbole parodique des fatalités
du servage de la femme. Tandis que
d'horribles goujats, stimulés par la fé-
rocité de leurs gouines, s'amusaient de
la projeter à travers les escaliers, hum-
blement je saluai l'obscure sœur des
miséricordes érotiques, toute polluée de
ses ignominieux et charitables offices.
Camille LEMONNIER.
Nous publierons demain un article de
GEORGES LECOMTE
Sirènes
C'est incroyable ce que l'on peut ap-
prendre de choses intéressantes en quel-
qus minutes lorsque l'on se trouve placé
dans un milieu bien parisien.
C'est ainsi qu'hier, en quelques heures,
deux dames m'ont révélé la vérité tout en-
tière au suiet de l'affaire Steinheil. Il pa-
raît qu'il y a eu accident. L'infortuné pein-
tre est mort empoisonné par le blanc de
céruse dont il abusait; il était en train de
faire poser un grand tableau qui devait taire
sensation au Salon: L'Attaque d'une villa
par des cambrioleurs. Et tout s'est passé
le plus naturellement du monde. Au surplus,
on prétend que le peintre a été sauvé
comme par miracle des suites de son em-
~~M~MM~ —ZI- *>st /iriuonemRni p.n An-
gleterre,. d'où il reviendra bientôt.
Vous saurez également - une jeune
fille l'exvliquait avec force détails — que
les Galeries ne reprennent plus les objets
envoyés à titre d'essai; cela a, paraît-il,
beaucoup ennuyé Mme Ernestine qui, du
reste, fut obligée de repartir, il y a deux
jours, pour la campagne, comme vous le
savez aussi peut-être. Tout le bas de la
boiserie est, en effet, absolument perdu par
l'humidité, c'est bien mon avis aussi, ils
Ght eu tort de taire construire sans prendre
de renseignements ; il paraît que c'est
comme cela dans le pays rapport à la terre
glaise.
Tout cela ne serait rien, vous en convien-
drez, si l'on connaissait les causes exactes
de l'affaire Germinet. Il paraît qu'à l'enter-
rement des marins de l'Impotent, il a dit
textuellement: « Moi, je reste avec mes
hommes. » Cet engagement n'ayant pas été
tenu, puisqu'il est encore en vie, le Gou-
vernement lui a cherché une mauvaise que-
relle. Vous avouerez, du reste, comme le
faisait remarquer très judicieusement une
dame à ce moment, que c'est une absurde
superstition que de s'en aller, parce qu'on
est treize à table.
J'appris d'autres choses encore, des plus
importantes, qu'il serait trop long d'énumé-
~.--r-vr-~- Ñ i.A.,-- eiu .l>.,.Hu ¿JI"';
de Sanga. Il parait que, durant tout ce
temps, l'orchestre s'était tait entendre; pour
moi, si j'en excepte quelques appels' de
trompe d'automobile et un certain bruit de
cloches destiné sans doute à flatter la va-
nité des plongeurs, je n'en ai rien entendu.
Le bruit des conversations couvrait entiè-
rement, à l'Opéra-Comique, celui de l'or-
chestre. On. m'affirme que je n'ai rien perdu
et que le plaisir des yeux était, en la cir-
constance, des plus suffisants. *
Que pouvait-il se passer dans ce monde
aquatique? Etait-ce une marée d'apaches?
L'eau montait toujours et je ne vis qu'un
homme qui, sur le toit de sa maison, sem-
blait payer des scaphandriers en jetant sa
tortune dans l'eau.
Si l'on eût tait de la musiQue ce jour-là,
il faut bien avouer Que cette façon de par-
ler sans arrêt pendant la représentation
n'eût pas été sans inconvénient.
G. DE PAWLOWSKI,
Échos
'Ce soir, à huit heures un quart, fi l'()-
péra-Comique, première représentation de
Sanga, drame lyrique en quatre actes, de
MM. Eugène Morand et 'Paul de Chou-
dens, musique de M. Isidore de Lara.
'Ce soir, à huit heures trois* quarts, S la
Renaissance, première représentation de
L'Oiseau blessé, pièce en quatre actes, de
M. Alfred Capus.,
-,,-*..
Ce soir, 'à neuf heureg, au théâtre lies
Arts, première représentation * La De-
mande, un acte du célèbre écrivain russe
Tchekhov, version française de MM, G-Pi-
toeff et Genevrière.
c
'est un sonnet.
La toute gracieuse Bertile Leblanc
nous confiait l'autre jour un sonnet aont
plusieurs vers clochaient comme des po-
chards. A supposer qu'il soit de Paul-Hya-
cinthe Loyson (à Comoedia, sait-gn jamais
de qui est le sonnet?), le voici rectifié (pro-
scdiquement:
Un pois en fleur, «ne cHanson*
Un élixir de bonnes choses,
Voilà Bertile ; et pour la dose,
Deux grains d'amour, trois de raison
Vous plaît-il deq comparaisons rî
C'est une chatte à robe rose,
Qui dévotement se repose
Sur le poêle de la maison.
Sachant ce qu'il en coûte aux cfiattesl
De sauter les ruisseaux nu-pattes,
Elle s'observe et craint l'humide.
Bertile a de l'espoir en banque,
Du talent plein son gousset vide.
Chatte? Non pas: les griffes manquent.
Pour cette petite leçon de versification,
elle ne nous égratignera donc pas.;«
s
arah et la politique. -
Sarah Bernhardt vient de quitter
Constantinople. Son succès auprès des su-
jets d'Abdul-Hamid fut éclatant. Tous les
journaux d'Orient publient de longs arti-
cles tous élogieux. Mais la presse prend
surtout plaisir à constater le triomphe qu'ob-
tint notre grande tragédienne dans LJ Ai-
glon. Durant les deux représentations que
Sarah Bernhardt donna de la pièce de Ros-
tand, il y eut un tumulte continuel. Les ac-
teurs durent à plusieurs reprises s'inter-
rompre et attendre que le calme fût rétabli
dans la salle. La police elle-même ne cher-
cha nullement à empêcher les spectateurs
de manifester leur hostilité envers l'Autri-
che, et Metternich, le geôlier de l'Aiglon.
On attendit même Sarah Bernhardt à la
sortie du théâtre, et elle fut accompagnée
jusqu'à son hôtel aux cris de: « A bas
l'Autriche! Vive la France! Vive la Tur-
quie! Vive Sarah! »
u
ne mauvaise affaire.
Voici une amusante petite histoire
Tiff 11 A l„-"_ TkK
que nous raconte mue Anuree mery, i e*
cellente pensionnaire de M. Antoine:
— Voulez-vous, pour Comœdia, l'opinion
des cochers sur le prétendu éloignement de
l'Odéon? Celui qui m'a conduite hier soir
a regardé son compteur au moment où je
m'apprêtais à le payer, puis, enveloppant
d'un même regard de mépris le théâtre et
moi-même:
» — Ah! ben! je ne reviendrai jamais
ici. c'est trop bon marché! »
E
n visite.
Un candidat a l'un des six fauteuils
vacants a 1 Academie sonne a la porte d'un
membre influent de la docte assemblée.
Ininxinit - niiijimftw nli»n rif 1 ijlh
quieux comme toujours, il bredouille, un
peu intimidé:
— Maître, vous savez que j'ai posé ma
candidature au fauteuil de notre regretté
Halévy et je viens, selon l'usage.
Le Maître l'arrête du geste, regarde au-
tour de lui, paraît ne pas trouver ce qu'il
cherche; puis, finalement, dit au visiteur
en l'invitant à s'asseoir:
- Je suis navré, je n'ai qu'une chaise à
vous offrir.
Mais, le candidat, qui a compris et qui
est, lui aussi, un homme d'esprit, s'assied
en répliquant :
— Bah! comme ce n'est qu'en attendant
mieux!.
L
argesse.
Ceci pourrait sembler une aimable
imagination de fantaisiste s'ingéniant à trou-
ver plus fort que les harpagonades d'Har-
pagon lui-même.
Point. C'est de l'histoire.
La chose s'est passée entre le directeur
d'un théâtre, sinon excentrique du moins
quelque peu éloigné de l'Opéra, et un au-
teur jeune, brun, aimable et rendu célèbre
par une pièce qui fut un des plus formida-
bles exemples de longévité connus au théâ-
tre.
L_.4U':' p"t.~- w I\.lt .vW"VI -au-
teur en question plus d'un million. Le même
auteur vient de donner au même directeur
trois actes qui semblent partis pour des des-
tinées aussi brillantes.
Or, tout dernièrement, l'auteur demanda
au directeur quatre places de faveur pour
sa famille.
Et froidement, le directeur lui expédia,
par courrier, quatre fauteuils. à vingt sous
« pour tous droits » !
u
n joli bijôu se vend très facilement et
très cher chez Dusausoy, expert,
T - - - - t- ,
4, boulevard des italiens, qui acnere au
comptant. Il vend aussi de belles occasions.
■ MAURICE DE LAMBERT
Elégamment silhouetté,' avec le galbe harmo-
nieux qu'il prête à ses modems dans ses dessins,
le cheveu abondant, auréolant de son ondulation
vaporeuse la matinée d'une figure pâle aux mé-
plats fortement accusés — tête de Celte affiné
que complète d'ailleurs la moustache blonde et
retombante d'un chef gaulois soucieux de la tra-
dition — la main nerveuse et fine d'un artiste
à l'atavisme distingué, grand, mince; élancé, tel
apparaît Maurice de Lambert.
Et tel qu'il est, il est bien l'homme de sa pein-
ture..Le voyant, on imagine l'élégance précise
de son dessin, comme à contempler celui-ci on
prévoit la physionomie adéquate de l'auteur.
Cet artiste parisien .— un des plus aimables
parmi ses concitoyens, il 'faut bien le dire -
est presque un homme de théâtre, tant sont nom-
breuses les étoiles et vedettes de nos grandes
scènes dont il fixa l'effigie. Sans compter qu'il
dessina pas mal de temps, sous la direction Gi-
nisty, puis sous la direction Antoine, les costu-
mes odéoniens.
Il faudrait n'avoir jamais hanté les loges de
nos plus notoires comédiens et comédiennes pour
aflç l'avoir point rencontré en quelqu'une, le
crayon à la main, croquattt da'ns ses atours de
théâtre le maître ou la maîtresse du lieu.
Aujourd'hui, Maurice de Lambert réunit en
une importante exposition particulière une partie
de son œuvre: cent ouatre dessins rehaussés et
sanguines qui donnent la mesure de son beau
talent.
Portraits fouillés et consciencieux à la mine
de plomb, paysages tant français qu'italiens, ges-
tes de femmes, mouvements heureux de la co-
quetterie, études d'attitudes et d'expressions,
ces cent quatre numéros constituent un ensem-
ble divers en même temps qu'homogène, dont il
sied de louer la tenue sobre, l'heureuse couleur,
l'inspiration soutenue et la grâce bien moderne.
Il y a plaisir à signaler, quand on les rencon-
tre, des œuvres telles que, par exemvle, le por-
trait au pastel de F. Frey dans son large rire
épanoui, si véridique, ou l'harmonie coloriée de
la dame en visite, ou le hameau de Trianon, ou
encore la chanson comique, et combien d'autres.
Elles révèlent dans leur charme sain et capti-
vant une nature d'artiste de race.
FORTUNÉ PAILLOT,
A
vant d'aller au théâtre, il faut dîner
chez Maurice, le nouveau proprié-
taire au si connu restaurant JLapre, qui of-
fre à son élégante clientèle une ouisine ex-
quise, une cave de, premier choix, et, ce
qui est particulièrement à apprécier, un
service rapide et silencieux. :
A
u Salon de l'Automobile, un public
nombreux s'empresse autour du
stand de Bayard-Clément, attiré par les
multiples qualités des modèles qu'expose
la célèbre marque.
Le Masque de Verre.
A L'OPERA DE MARSEILLE
ARIANE
Opéra en quatre actes, paroles de M. Catulle MENDÈS
Musique de M. MASSENET
Première représentation (création) à Marseille
Marseille, 8 Décembre, n fi. 30 soir (par dé-
pêche de notre correspondant). — « On ne perd
pas de temps à Marseille » : c'est la réflexion
immédiate que feront les lecteurs de Comœdia
en lisant ce compte-rendu à la place même où,
il y a un mois à peine, ils apprenaient le triom-
phal succès de Madame Butterfly, le délicieux
opéra de Puccini, sur la première scène marseil-
laise.
Il ne faut pas perdre de temps, en effet, pour
monter, en deux mois, deux ouvrages comme
Ariane et Madame Butterfly et, surtout, pour
les présenter comme M. Saugey les présente.
La soirée fut plus que triomphale ! Le musi-
Mme Hiriberry
(Perséphone)
Mlle Cesbron
(A riane)
(Photo Ouvière)
mlie catalan
(Phèdre)
(Photo Boissonnas et Detaille)
den, le poète. Te directeur, les artistes, 1 orches-
tre, les peintres décorateurs, l'électricien, tous
furent associés au succès grandiose, qui accueil-
lit Ariane.
L'orchestre exécuta, de façon impeccable, cette
remarquable partition, sous la conduite experte
de son chef, M. Rey ; il fut parfait de virtuosité
et d'ensemble.
La mise en scène était fouillée jusqu'en ses
moindres détails. M. Saugey, aidé de ses régis-
seurs, MM, Nerval, Deperre et Vincent, est
arrivé, dans cet ouvrage, à un degré de perfec-
tion et d'exactitude qu'il est difficile de dépas-
ser. Tout était au point, réglé d'ingénieuse fa-
çon, avec une grande originalité. Aussi le suc-
cès personnel de M. Saugey fut-il immense! On
applaudit l'homme énergique qui, malgré mille
et une difficultés, parvint à monter en deux
mois deux gros ouvrages, l'artiste éminent et
consciencieux qui les monta d'admirable façon.
Passons maintenant à l'interprétation.
M. Saugey a doté Ariane d'une distribution de
tout premier ordre. )
!
Mlle Suzanne Cesbron était chargée du rôle
d'Ariane. Son soprano dramatique résonne super-
bement dans les douces mélopées de la pauvre
délaissée.
Le succès fut grand, qui l'accueillit à la fin
de chaque acte.
Que dire de Mme Catalan, si ce n'est qu'elle
fut une Phèdre extraordinaire de voix et de
tenue.
La création qu'elle a faite: du rôle de Phèdre
restera longtemps vivante en notre souvenir.
Mme Hiriberry, Perséphone de lignes parfai-
tes, obtint un succès tout personnel en son
acte troisième, où elle détailla à ravir l'air fa-
meux Ses roses -qui lui permit d'étaler dans
toute son ampleur son puissant contralto.
Les rôles d'à côté étaient tous magistrale-
ment interprétés. Citons, en les félicitant en
groupe, Mmes Dilsson, Streletski et Zorah
Dorly.
Le rôle de Thésée est sans conteste l'un des
meilleurs de M. Granier; notre excellent ténor
y peut déployer les grandes ressources de son
bel organe, son jeu est intéressant, souvent très
heureux.
M. Lafont trouve moyen de donner au rôle
un peu ingrat de Pirithoüs un relief extraordi-
naire. C'est un artiste précieux qu'attendent
les plus belles destinées.
Les masses chorales étaient bien stylées et
la figuration bien agencée.
En résumé, nouveau triomphe pour M. Sau-
gey qui peut se montrer heureux des nombreu-
ses marques de sympathies qu'il reçut durant
cette belle manifestation d'art.
PIERRE MOISSON.
Eux
et Nous
par
Paul.
Hyacinthe
LOYSON
M. P.-H. Loyson (Dessin de Paul Iribe)
Au moment ou les ouvrages dramatiques
étrangers, principalement ceux des pays du
nord, trouvent en France une recrudescence de
vogue, nous sommes heureux de donner ici un
résumé de la conférence que Paul-Hyacinthe
Loyson vient de faire au théâtre du Parc, à
Bruxelles, sous une forme, il est vrai, moins
hardie et appropriée au jeune public des ma-,
tinées :
Le Français qui, pour la première fois, ouvrit
une traduction d'Ibsen, dut croire que ie volume
lui était tombé de la planète Mars. Il eut une
sensation de rêve. Entendez le mot au sens
exact de vision nocturne pendant le sommeil.
Ce qui caractérise le rêve, c'est la minutie
de certains détails enveloppés du vague de
l'ensemble. Nous voyons en rêve un de nos
amis. Nous sommes frappés d'un détail futile.
Par exemple : les boutons de la jaquette' qu'il
porte, nous y lisons la marque de fabrique.
Nous ne rêvons pas. Nous voyons d'un œil bien
éveillé. Puis, voulant parler à cet ami, nous le
(Dessin de Paul Iribe)
La brune Latine
regardons au visage: il n'en a pas, sa tête se
prolonge dans la brume.
Telles sont les deux caractéristiques qui si-
gnalent toute œuvre Scandinave: précision vi-
suelle du détail, prolongement fabuleux de
l'idée. Le point de départ — décor, ambiance,
dialogue -,- est incrusté dans le réalisme. L'a-
boutissement est idéaliste. La pièce s'élargit en
symbole. Mais ce symbole est, pour nous au-
tres, plein de traîtrise, car c'est un symbole à
volonté. L'auteur se fait un jeu malicieux de
vous l'offrir tantôt comme image poétique, tan-
tôt comme circonstance concrète. (Exemple: Le
Canard sauvage.) Ainsi une mère vient-elle à
dire à son marmot : « Prends ton mouchoir et
mouche-toi! » cela peut signifier — qui
sait jamais avec ces auteurs scandinaves —:
« Expulse de ton âme toutes les vieilles hypo-
crisies qu'y ont déposées tes ancêtres!. »
Mais, au demeurant, on n'est pas trop sûr, et
cela peut vouloir dire bonnement: « Mouche
ton nezl » tout aussi bien que: « Mouche ton
âme! »
Un poète latin, au contraire, s u lui arnve
de symboliser, fera du symbolisme consistant,
son drame y baignera tout entier. Je n'en veux
pour exemple que le théâtre de Maeterlinck.
A sa complexion germanique, ce poète a donné
une forme latine, quoi qu'on en pense. La force
du verbe contraint un esprit à changer de. race.
Le nationalisme est une .vérité littéraire. Or,
une pièce de théâtre Scandinave, c'est quelque
chose comme une collaboration de Maeterlinck
avec Camille Lemonnier: les premiers actes
de Lemonnier et les derniers de Maeterlinck.
(Rappelez-vous le dénouement idéologique d'Au
delà des Forces humaines, de Bjœrnson.) En
d'autres termes, où nous exigeons la différen-
ciation des genres, les Scandinaves ou les Ger-
mains en recherchent, eux, la confusion, la
pénétration réciproque. (Cf. La Cloche en-
gloutie.)
Qu'est-ce à dire, sinon que la nature des
races du Nord est plus intimement poétique,
plus profondément intuitive que celle des races
du Midi? Celles-ci portent leur poésie comme
une parure, aux jours de fête; celle-là ta ca-
chent comme un talisman qui les suit partout.
Rien, pour elles, n'est condamné au prosaïsme,
et rien, non plus, n'est poétique sur commande.
Tout pour le vrai poète est transparent, un
paysage, le monde, lui-même, transparent sur
un fond de mystère.
A des yeux latins, l'homme apparaît sous
l'espèce d'un corps. L'âme vient ensuite, et pas
toujours. Balzac et Zola ignorent Psyché. Au
regard, par contre, des Anglo-Germains et des
Scandinaves, l'homme, c'est une âme, et puis
un corps, à cette occasion. Non que' les per-
sonnages d'Ibsen, de Strindberg et de Tor Hed-
berg soient des émanations mystiques. Ils ont
des corps, et ceux de leur race, souvent vio-
lents, brûlés d'alcool, minés de névrose ou ron-
gés degrés héréditaires, des corps excessifs.
Mais, bonne ou mauvaise, une âme domine ces
grands enfants, surveille le corps, le blâme ou
l'approuve, et s'accorde à elle seule la primautés
C'est le petit gnôme qui mène le géant.
De même que, là-haut, le corps n'est pas en
amitié avec le climat et se défend de lui. sous
un cuirassement d.e. fourrures, de même l'âme
se défie du corps, n'avoue pas le corps, se le
cache à elle-même sous les mailles serrées
d'une convention : il semblerait que même les
parents, dans ces pays, ne, soupçonnent pas la
manière exacte dont on vient au monde. Le
Nord est le royaume de la pudeur. L'hypocrisie
en profite parfois. Inversement, sous les lati-
tudes méridionales, il semble que la chair ab-
sorbe l'âme, qu'elle s'en imprègne directement,
et l'âme diffuse et mêlée au sang en devient
comme chaudement physique.. Aimer, chez
nous, prend un certain sens très positif. Le
centre attractif de la brune Latine se situe au..
dessous de la ceinture ; celui. de la blonde. Nor-
dique, au-dessus. Et Tacite déjà l'avait remar-
qué. Ce n'est pas à dire que les amours du
Septentrion ne se dénouent pas par le même
geste que les nôtres, mais ce qui le précède *ou,
ce qui le prolonge intéresse seul les Boréals.,
Les modulations de leurs préludes sont plus cu-
rieuses, et plus profond le retentissement de i
leur finale, par cela même que l'accord violenti
y est moins urgent et impératif.
Etant donnée une même situation inter-i
sexuelle, un auteur latin la pousse aussitôt à la
passion brute, un scandinave la tourne bientôt
à l'idée pure. Ibsen n'a pas écrit une seule
scène d'amour! Ses hommes et ses femmes
échangent des idées au lieu de caresses. Et
dans ses pièces l'idée devient si absorbante, si
essentielle, si volatile (comme dans Solness ou
Le Réveil des Morts) que le spectateur latin se
saisit la tête à deux mains et se demande Tdei
quoi il est question. Il semble que le drame se
joue à vide dans l'absolu, sans décors comme
sans personnages: un gouffre où crépitent des
étincelles.
Philosophiquement cette suprématie de l'idée;
(Des 11; Je Paul Jribeî
La blonde Nordique >n .«
pure est à l'avantage des penseurs du Nord,
puisque, au regard du philosophe, le monde
extérieur est illusoire, et que la seule réalité,
c'est la conscience, c'est-à-dire le rêve de cha-
cun de nous. D'où il résulte qu'on n'y voit
clair qu'en fermant les yeux, et qu'on n'est
sûr que d'un fantôme.
Moralement, c'est encore eux qui Marquent
le point. Leurs pièces donnent plus à penser
que les nôtres. Le comment vivre est leur
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