Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-12-08
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 08 décembre 1908 08 décembre 1908
Description : 1908/12/08 (A2,N435). 1908/12/08 (A2,N435).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k76460885
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
2e Année. == N 435 (Quotidien) Le N&fhtèro : 5 Centimes
Mardi 8 Décembre 1906 -
COMŒDIA
*
; Rêdacteur cn Chef : G. dePAWLOWSKI
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Bouleuard Poissonnière, PARIS.
TÉLÉPHONE : 2148-07
Adresse Télégraphique : COMŒDIA.PARIS
ABONNEMENTS
UN AN 6 MOIS
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 D
l.e
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Bouleuard Poissonnière, PARIS
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ABONNEMENTS
UN AN 6 MOIS
-. -
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Etranger. 40 » 20 »
Lectures
d,
d'occasion
- Le livre qui m'a le plus amusé,
nous dit Gédéon, je l'ai lu pour la pre-
mière fois à l'âge de neuf ans. C'était
¡'n in-octavo dérelié, qu'un de mes on-
^es avait eu en prix. Comment s'ap-
pelait cet ouvrage admirable, je ne l'ai
jamais su. La couverture et le frontis-
pice manquaient. Et le titre n'était pas
répété au haut des pages.
» C'était, je crois bien, l'histoire d'un
enfant volé. Il y était question, au dé-
but, d'une fête champêtre, d'un bois de
sapins et d'un ménétrier debout sur un
tonneau. Qui dira la fascination que le
nio-t « ménétrier» exerçait sur mon
âme enfantine? Et « joueur de vielle»!
Et « bohémien » !
» Quand, mes leçons apprises, un
quart d'heure avant d'aller au lycée, j'a-
vais relu pour la deux centième fois un
passage palpitant du volume, je partais
d'un pas héroïque. J'étais, moi aussi,
Un de ces rudes nv^niuriecs de la route.
et, sur le chemin, toujours le même, qui
conduisait à la boîte, je me faisais l'ef-
fet de m'en aller au hasard des che-
mins.
» Mon autre livre, c'était celuî de1 la
tante Jeannette.
» Pour rien au monde, le jeudi, je
Saurais voulu manquer le déjeuner chez
la tante Jeannette. Elle n'avait pas d'en-
fant, et me considérait comme son fils,
Un fils d'autant - plus choyé qu'il était
Unique et intermittent.
» J'arrivais chez elle vers neuf heures
du matin, et je m'installais dans le bu-
reau de mon oncle. Mon oncle était sor-
ti, et ma tante s'habillait. J'avais donc
le grand bureau pour moi tout seul.
» D'abord, j'ouvrais et je refermais
tant que je pouvais les grands rideaux
de la fenêtre. On n'était pas encore gâ-
té à ce moment-là, par le téléphone et
les lampes électriques. Produire un
mouvement de rideaux le long d'une
tringle, en tirant un cordon sur les côtés,
nous paraissait, à ce moment-là, d'une
magie très suffisante. Puis, lâchent les
idéaux. je m'aitaauûi jblu canaDé. xLant
) entortillais ou nattais les franges.
» Assis ensuite sur le fauteuil du bu-
reau, j'écrivais sur du blanc de jour-
naux avec une plume de ronde. Je re-
muais pendant un long quart d'heure la
Poudre bleue à sécher l'encre, qui se
trouvait dans une sébile.
» Le fauteuil du bureau était en cuir
Msse. C'était exquis de s'asseoir bien
à fond, puis de faire glisser son derrière
jusqu'au bout du siège. Enfin,-quand
j'étais las de cet exercice, j'allais trou-
ver ma tante, à qui je demandais le
livre.
» Le livre était relié en rouge, avec
tranches dorées. Les images étaient co-
loriées.
» On y relatai et illustrait des his-
toires de papillons amoureux. Deux
d'entre eux se battaient même en duel.
A vrai dire, ces histoires ne m'intéres-
sèrent qu'à la longue, et parce qu'il n'y
avait pas d'antre livre chez la tante
Jeannette.
» Il était renfermé dans un meuble de
boule, au coin le plus obscur d'un im-
mense salon plongé dans les ténèbres.
Jous les fauteuils étaient recouverts de
housses, et, seul, le domestique, qui les
nettoyait une fois par mois, était admis
a les contempler.
» Ma tante pénétrait dans ce sanc-
tuaire embaumé de camphre. Elle avait
à la main un trousseau de trente-cinq
petites clefs. La plus dorée ouvrait le
meuble de boule. Moi, je suivais ma
tante à quelques pas et, à la dérobée,
en passant près d'une console, je met-
tais en branle la tête approbatrice d'un
Petit magot chinois.
» Le livre une fois conquis, je retour-
nais dans le bureau, et je lisais mes
histoires de papillons. Mais je les lisais
un peu comme un livre de messe, par
conscience ou par habitude.
» Au fond, la seule histoire qui me
Passionnât était te roman anonyme de
l'enfant volé. On avait beau me donner,
à chaque jour de l'an, une demi-dou-
zaine de livres d'étrennes: je lisais ces
Ouvrages goulu ment, tout d'un trait,
avec moins de, plaisir que d'impatience
** arriver à la fin. Je revenais toujours
au livre déchiré. Ce n'était pas qu'il fût
Plus beau que les autres. C'était mon
livre à moi. Je le connaissais, il m'était
amilier, et je retrouvais toujours la
inêine émotion à ses péripéties prévues.
) J'ai beaucoup réfléchi à cela plus
_^d, continua Gédéon. Moi qui fais des
Weces de théâtre, j'ai essayé de retrou-
J* mon âme de gosse. Et je me suis
dit que les ?,ens que nous amusons veu-
lent sans doute être surpris, mais sou-
vent avec ce qu'ils attendent.
» Bien entendu, de temps en temps,
des écrivains inventeurs nous sortent
du nouveau, afin d'alimenter le fonds de
réserve. Mais ce nouveau n'est pas mis
tout de suite en circulation. Pour obte-
r le succès, il faut, bien souvent, qu'il
soit relpris par d'autres, par des cour-
tiers, qui lui font subir des améliora-
tions, et le rendent un peu moins nou-
veau.
» Et j'ai pensé aussi, dit Gédéon, à
ces lectures d'occasion, à tout ce hasard
qui intervient dans notre culture pre-
mière. Nous trouvons dans un grenier
un livre en loques, et, comme une fée
cachée sous des haillons, il devient le
conducteur mystérieux de notre vie
future, »
Tristan BERNARD.
Nous publierons demain un article de
CAMILLE LEMONNIER
L'Idée esthétique
Il y aurait une étude bien intéressante à
faire au sujet de l'influence de l'esthétique
sur les actes de la vie quotidienne, qu'il
s'agisse des usages, de la politique ou de la
législation.
Inconsciemment, les lignes créées par la
peinture ou par l'architecture, les fictions
littéraires et les gestes de théâtre détermi-
nent nos décisions, nous aident à formuler ,
jtmém». otutsée hitrrr, ~c~ ~e~«Wqui n'ont, semble-t-il, avec l'art, aucune
corrélation.
On a souvent remarQué combien les sa-
vants ou les hommes politiques aiment à
masquer leurs inspirations spontanées par
des raisonnements faits après coup et qui
donnent une apparence sérieuse à des idées
qui, pour être intuitives, n'en sont pas
moins excellentes.
Il est certain, sans aller plus avant, qu'en
adoptant l'architecture et l'esthétique géné-
rale des Grecs et des Romains, les hommes
de la Révolution devaient tout naturellement
adopter les mêmes formes législatives, et la
construction d'une loi devait forcément s'al-
lier, dans leur esprit, aux lignes architectu-
rales antiques.
On peut dire également que notre esprit
mcderne trouve un exact symbole dans le
modern-style, et nos gestes moraux dans
ceux Que l'on nous montre au music-hall.
Ce rapprochement est, du reste, beau-
coup plus étroit qu'on ne le pense. La
construction d'une phrase, la façon dont on
développe une idée comportent des ligne's
esthétiques que l'on pourrait, sans effort,
traduire extérieurement par une expression
graphique précise,
C'est ainsi, de même qu'au point de
~"9-H~~ u~MuHf -s-aM~ )?ïn~t;~~7tf ù ces politiques. Il est tout naturel, par exem-
ple, que, dans nos climats, l'inspiration la-
tine, aux lignes somptueuses et riches, sem-
ble s'allier exactement aux idées réaction-
naires, et le geste de nos révolutionnaires
cherchant à anéantir, chaque fois que l'oc-
casion s'en présente, les richesses de nos
musées, n'es"oint dépourvu de bon sens.
Au contraire, dans les pays latins, les
révolutions les plus effrayantes ont pu se
succéder sans que jamais les chefs-d'œu-
vre artistiques exposés en pleine rue aux
rudesses de la joule aient jamais eu à en
souffrir. L'Art, dans les pays de soleil, ap-
partient à la foule; il est d'essence popu-
laire et la foule elle-même forme une véri-
table aristocratie naturelle.'
La satire, la polémique, l'humour, c'est-
à-dire, en un mot, l'envie ou le regret que
l'on peut avoir de la richesse et du soleil,
ce sont là plutôt les qualités naturelles de
notre race. Ce sont elles qu'il conviendrait,
sans aucun doute, de cultiver plus particu-
lièrement dans nos pays, chaque fois que
nous voulons faire une œuvre vraiment
forte et originale.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
Ce soir, a huit heures trois quarts, au
théâtre de l'Œuvre (théâtre Marigny), pre-
mière représentation de Les Vieux, pièce
en trois actes, de MM. P. Rameil et Frédé-
ric Saisset, d'après Ignasi Iglesias; et La
Madone, deux actes en vers de M. Spaak.
Les billets portant la date du 9 sont vala-
bles pour aujourd'hui.
Ce soir, à huit heures trois quarts, à la
Renaissance, répétition générale de L'Oi-
seau blessé, pièce en quatre actes, de
M, Alfred Capus.
DISTRIBUTION
MI" Eve Lavallière Yvonne JANSON
Andrée Mégard Madeleine SALVIERE
Juliette Darcourt Madame JANSON
Jeanne Desclos Jeannine LEROY
Antonia Huart Madame VILLERAT
Marie-L. Herrouët Madame LAHONCE
Lucie Cuénot VIRGINIE
MM. Lucien Guitry SALVIERE
André Duboso VILLERAT
Victor Boucher ROLANT
Mosnier BOM-BEL
Thomen SARDIN
Berthaulf FRANÇOIS
Un contrat.
U. Un de nos confrères de Belgique,
qui fit, l'année dernière, représenter à Pa-
ris une comédie en deux actes, vient d'être
nommé administrateur artistique (?) d'un
coquet théâtre de Paris.
Cette place, il a payé trente mille francs
pour l'obtenir.
Mais il est sûr de ne pas perdre son ar-
gent, car il touche cinq cents francs par
mois d'appointements, du moins le contrat
qu'il a signé avec le directeur, et dont nous
donnons ci-après un extrait, l'affirme pé-
remptoirement :
« Art. 7. — Monsieur de V. s'engage
à verser entre les mains de Monsieur X.,
directeur de. (ici le nom du théâtre), la
somme de trente mille francs.
« Art. 8. - Indépendamment d'un intérêt
fixe de 5 0/0 et d'une part dans les bénéfices
(6 %)> , qui lui seront versés semestrielle-
ment, il aura droit à une somme de cinq
cents francs par mois, à titre d'appointe-
ments et en qualité d'administrateur artis-
tique.
« Art. 13. - Au cas où, par suite de
difficultés administratives, le directeur se
verrait dans l'obligation de restreindre set
frais d'exploitation, M. de V. s'engagea
ne toucher ses appointements que lorsque
la situation financière du théâtre le permet-
tra ; ceci dans le but de ne point grever le
budget de la Société à laquelle il apporte
aujourd'hui son concours précieux. »
L'administrateur artistique (!) espère tou-
chée sa première mensualité à la fin 'de ce
mois!. La touchera-t-il? Les paris sont ou-
verts.
L
armes et Ris.
C'est le titre — tout au moins de ■
circonstance — (et 1 auteur ne lavait cer-
tes pas prévu), d'un volume de-vers qui
vient de paraître.
Il est signé Paul Stuart.
Voici le premier poème de ce très inté-
ressant recueil: '■
J'ai pleuré souvent;. -
Que d'alarmes! v
Mais l'aile du vent, ,
Tout en les buvant,
A séché mes larmes.
J'ai ri quelquefois;
La Folie ":
Emplissait les bois
Des sons de sa voit'
Qu'on trouvait jolie.,
V Et vous, ris et pleura
Que ;e chante,
infcr»" r i. • dwùlura- "*
Et semez les flears
Dont l'odeur m'enchanter
M. Paul Stuart est, on le sait, régisseur
général de l'Opéra.
c
combattez l'humidité et le froid avec
* un système de chauffage rapide, pra-
tique et ne présentant ni danger, ni incon-
vénient. Les appareils qui ont la réputa-
tion méritée de répondre le mieux à tous
les desiderata senties calorifères à pé-
trole FLAMME BLEUE, système Thuron-
Vagner, qui ont un grand pouvoir calori-
fique et qui sont en vente partout. Visiter
la salle d'exposition, 4, rue de la Midho-
dière, Ou demander le catalogue a la So-
ciété FLAMME BLEUE, .10, rue des Cou-
ronnes-
M
Ile Jane Henriquez a jusque aujour-
d'hui interprété, sur la scène de no-
tre Académie nationale; Marguerite, de
Faust, et Elisabeth, de Tannhæliser. Cette
jeune artiste a fait épreuve, de précieuses
qualités d'intelligence musicale et dramati-
que. Elle est, en outre, de celles qui, tra-
vaillant avec ardeur tout ce qui concerne
leur art, progressent à chaque interpréta-
lion nauvelle. IL y a donc liçu g&iondsr,
(Photo Be, Paris)
Mlle Henriquez
sur Mlle Jane Henriquez les meilleurs es-
poirs. La plus heureuse carrière lui est pro-
mise.
D
Regner, 4, rue des Capucines, paye cher
bijoux, diamants, perles, automobiles,
reconnaissances du Mont-de-Piété, 100 /0,
les dégage sans frais, même chez des tiers.
L
es nouveaux propriétaires du Restau-
rant Sylvain ont fait de cet établis-
sèment si connu le lieu de rendez-vous
préféré de tous les gourmets amateurs de
bonne chère. Vatel n'est pas mort, il revit
chez Sylvain!
O
u'a-t-on fait, cette année, de nouveau
en automobile? se demande-t-on lors-
qu'on visite le Salon. Bien des choses!
Mais ce que l'on n'avait pas fait jusqu'ici
de mieux dans le luxe est la magnifique
12/14 chevaux Charron. On l'appelle, au
Grand Palais, la «merveille du jour» t et
ce qualificatif est encore bien faible.
L
es femmes ne font aucune difficulté
pour porter des cheveux qui provien-
nent d'une autre tête que la leur.
La jeune villageoise qui vend sa cheve-
lure obtient en échange quelques francs
qu'elle emploie à acheter des babioles aux-
quelles elle donne beaucoup plus d impor-
tance qu'au gracieux ornement dont la na-
ture la gratifia.
Si l'on considère que les faux cheveux
sont toujours, des cheveux d'une autre per-
sonne, il faut accorder que ceci est pire que
de porter de la joaillerie faussé.
Mais maintenant on nous offre les pier-
res demi-fines, qui sont non seulement ac-
ceptées, mais encore recherchées, car, en
dépit de l'appellation «. demi-fine », leurs
montures sont remarquables et leurs des-
sins artistiques aussi beaux que ceux qui
servent aux pierres précieuses.
Quant aux perles, elles diffèrent abso-
lument des pierres demi-fines et des pierres
imitation, car elles arrivent à être exacte-
ment pareilles aux perles trouvées au fond
de l'Océan.
Par voie de synthèse, le savant a décou-
vert le procédé de la nature; pas à pas. il
est parvenu à obtenir le même résultât, ce
qui explique la confiance complète du
monde élégant dans les productions de la
Société Tecla, 10, rue de la Paix. 1
Le Mascue ée Verre,
î>e la comédie-française j* : :
, LE FOYER
Comédie en trois actes, en prose, de MM. OctaVe MIRBEA U et Tftadêe NATANSON
Nous l'avons entendu, enfin, ce Foyer
dont la connaissance paraissait jusqu'à pré-
sent réservée aux ministres, aux avocats et
aux juges. Nous l'avons entendu, et le pro-
cès tranché une première fois par le Tri-
bunal de la Seine a été gagné définitive-
ment devant le public., Voilà MM. Octave
Mirbeau et Thadée Natanson amplement
payés de tant de délais, de traverses, de dé-
ceptions. L'enjeu était gros, et la partie pé-
rilleuse. Rien n'est plus défavorable au suc-
ces d'un ouvrage dramatique qu'un bruit
prématuré, une trop longue attente, une
curiosité trop excitée. Cette fois, du moins,
la curiosité, le bruit, l'attente n'auront pas
nui au succès.
Bien qu'elle se présente sous une forme
solide, homogène, à lignes simples et vives.
Le Foyer est, en réalité, une œuvre com-
plexe, tout à la fois comédie d'intrigue, co-
médie de mœurs, comédie de caractères. Je
commencerai par en résumer l'action. Le
baron J.-G. Courtin est membre de l'Aca-
démie Française, membre du Sénat, où il
compte comme l'un des chefs de l'opposi-
tion conservatrice et libérale. "Son œuvre
écrite est une suite de monographies histo-
riques ou descriptives sur des questions
d'assistance. Sa profession est de fonder,
contrôler, diriger des œuvres de charité. Il
est l'homme « qui administre la compassion
d-3 ses contemporains ». Le baron et la ba-
ronne Courtin, ainsi que l'exige leur état,
vivent dans un confort cossu qui touche au
luxe. Comment s'équilibre leur budget?
Courtin et sa femme eurent' sans doute
quelque fortune de leurs ascendants respec-
tifs; mais leur revenu normal n'a jamais
suffi à leur dépense. L'appoint fut fourni,
durant de longues années, par le financier
Biron, amant en titre de la baronne Thérèse
Courtin. Et, depuis que Thérèse se refuse
aux bons offices de Biron, une confusion
fâcheuse s'est établie entre la bourse de
Courtin et la caisse d'une des œuvres qu'il
administre. C'est cette œuvre, institution
de refuge et de protection pour les jeunes
ouvrières, qui a reçu pour nom: Le Foyer.
Pourquoi Thérèse Courtin n'accepte-t-elle
plus l'aide généreuse d'Armand Biron?
C est gû'elle aime. Cette femirie dç treàfè-.
cinq ans s'est follement éprise d'un jeune
homme, Robert d'Auberval, dont elle n'est
pas et ne veut pas être la maîtresse, mais
qu'elle adore, avec une exaltation et une
sorte de naïveté virginale. Comme les cour-
tisanes romantiques, comme Marion de
Lorme ou la Dame aux camélias, Thérèse
Courtin, en cet instant de sa vie, est régé-
nérée ou aspire à se sentie régénérée par
l'amour..Biron représente pour elle un
passé qui la souille et dont elle voudrait
Mme Bartet M. Jacques ge Féraudy (Photo iîerî, Parirf
10*# »C«NE DU «EU*l£*ie *CXB -
rejeter toute trace, tout souvenir. Mais voici
qu'au Foyer de graves incidents viennent
d'éclater. Une fillette, enfermée dans un
placard par mesure disciplinaire, mais ou-
bliée un jour et une nuit dans ledit placard,
es: morte quand on l'en a tirée. Une autre
fillette a été assez rudement battue pour
que son état inspire de l'inquiétude. Les
conditions dans lesquelles étaient adminis-
très, au Foyer, les châtiments corporels,
donnent d'ailleurs beaucoup à penser sur
les mœurs qui règnent dans cet établisse-
ment familial. Dé mauvais bruits circulent
dans. le quartier. Une plainte peut être dé-
posée, une enquête peut être ouverte, et
elle mettrait Courtin à la merci de ce gou-
vernement qu'il combat, dont il ne cesse de
dénoncer les méfaits. Sans doute on pour-
rait faire retomber la responsabilité du scan-
dale sur la directrice, Mlle Rambert. Mais
Mile Rambert n'ignore pas avec quelle li-
berté le baron Courtin a puisé, pour ses
besoins personnels, dans la caisse du Foyer,
et, tant que le déficit ne sera pas comblé, il
Mme Bartet '■ M. Maurice de Féraudy M.-Huguenot
.1 UME SCÈNE DU TROISIÈME ACT0 (Photo Bert, Paris)
ne faut pas songer à inquiéter ou à accu-
ser la directrice.
Ainsi Courtin est un homme abattu, dés-
honoré, s'il ne parvient pas à arrêter l'ins-
truction dont le ministère l'a fait menacer,
si, d'autre part, il ne se met pas en situa-
tion de rendre ses comptes. Or, un seul
hcmme est assez puissant pour imposer le
silence au ministère, assez riche pour rem-
plir le trou creusé par Courtin dans la
caisse du Foyer. Et cet-homme est Ar-
mand Biron. Courtin supplie donc Thérèse
d'intervenir auprès de son ancien amant.
Thérèse refuse d'abord avec révolte, avec
horreur. Retourner chez Biron, ce serait
ja ç)mm* t&mçej w salut de
son coeur.. Mais la stupeur effarée, désolée!
de Courtin lui fait, pitié. Dans son exalta-
tion, elle va jusqu'à supposer' Biron capa-
ble d'un acte d'amitié désintéressée. Elle
se croit assez forte pour tout obtenir de
lui sans rien donner d'elle en échange, et
elle promet d'aller chez Biron. Cependant
Courtin veut tenter le premier l'attaque.
Tout va bien taitt que Courtin ne sollicite
Biron que des démarches nécessaires pour
étouffer l'affaire du Foyer. Biron est au
mieux avec le ministre, et ce genre de sef*
vices ne lui coûte rien. Mais dès qu'il s'a««
git d'argent, le ton change. L'argeni sef
paie, et Biron n'est pas l'homme des géné*
rosités gratuites. Ce n'est pas Courtin, c'esti
Thérèse seule qui pourra gagner l'argent
de Biron. Et Thérèse arrive, en effet. Tou-
jours exaltée, elle offre à Biron de le payer!
d'un sacrifice. Qu'il donne la somme, bra-i-
vémerit, sans calcul, sans arrière pensée, et
elle sacrifiera d'Auberval, elle renoncera-
pour toujours à l'homme qu'elle aime. Maisi
ce don mystique fait sourire Biron. Pour-
quoi des sacrifices? Pourquoi Thérèse re-l
ncncerait-elle à d'Auberval? Pourquoi re-
noncerait-il à Thérèse? Mais non. Une fois
l'affaire du Foyer liquidée, ils partiront tous
quatre en croisière, Courtin, Thérèse, Biron
et Robert d'Auberval. Tout le monde sera
très heureux: Thérèse, qui aime d'Auber..
val; Biron, qui n'a pas cessé d'aimer Thé-
rèse; et Courtin lui-même, qui, sous l'in-
fluence inspiratrice du large, pourra rédiger,
à loisir son Rapport sur les Prix de Vertus
Telle est t'intrigue, sommairement con.,
tée. Mais derrière cette action, ou plutôt
constamment mêlée à elle, on trouvera la
plus large, la plus vigoureuse peinture de
mœurs. Dans la version primitive de l'œu-
vre de M,M. Mirbeau et Natanson, un acte
entier, le second, je crois, avait pour scène
le. Foyer. Dans la version actuelle, les au
teurs ne nous introduisent plus sur place ;
ils ne procèdent plus par une peinture di-
recte, matérielle, et cependant la pièce en
tière reste surmontée, dominée par l'idée
du Foyer comme par un personnage invi-
sible et toujours présent, toujours actif.
C'est d'abord le Personnel dé.l'œuvre qui
s'offre $ nous; Courtin, puis m dan^s Mâé
Mardi 8 Décembre 1906 -
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Lectures
d,
d'occasion
- Le livre qui m'a le plus amusé,
nous dit Gédéon, je l'ai lu pour la pre-
mière fois à l'âge de neuf ans. C'était
¡'n in-octavo dérelié, qu'un de mes on-
^es avait eu en prix. Comment s'ap-
pelait cet ouvrage admirable, je ne l'ai
jamais su. La couverture et le frontis-
pice manquaient. Et le titre n'était pas
répété au haut des pages.
» C'était, je crois bien, l'histoire d'un
enfant volé. Il y était question, au dé-
but, d'une fête champêtre, d'un bois de
sapins et d'un ménétrier debout sur un
tonneau. Qui dira la fascination que le
nio-t « ménétrier» exerçait sur mon
âme enfantine? Et « joueur de vielle»!
Et « bohémien » !
» Quand, mes leçons apprises, un
quart d'heure avant d'aller au lycée, j'a-
vais relu pour la deux centième fois un
passage palpitant du volume, je partais
d'un pas héroïque. J'étais, moi aussi,
Un de ces rudes nv^niuriecs de la route.
et, sur le chemin, toujours le même, qui
conduisait à la boîte, je me faisais l'ef-
fet de m'en aller au hasard des che-
mins.
» Mon autre livre, c'était celuî de1 la
tante Jeannette.
» Pour rien au monde, le jeudi, je
Saurais voulu manquer le déjeuner chez
la tante Jeannette. Elle n'avait pas d'en-
fant, et me considérait comme son fils,
Un fils d'autant - plus choyé qu'il était
Unique et intermittent.
» J'arrivais chez elle vers neuf heures
du matin, et je m'installais dans le bu-
reau de mon oncle. Mon oncle était sor-
ti, et ma tante s'habillait. J'avais donc
le grand bureau pour moi tout seul.
» D'abord, j'ouvrais et je refermais
tant que je pouvais les grands rideaux
de la fenêtre. On n'était pas encore gâ-
té à ce moment-là, par le téléphone et
les lampes électriques. Produire un
mouvement de rideaux le long d'une
tringle, en tirant un cordon sur les côtés,
nous paraissait, à ce moment-là, d'une
magie très suffisante. Puis, lâchent les
idéaux. je m'aitaauûi jblu canaDé. xLant
) entortillais ou nattais les franges.
» Assis ensuite sur le fauteuil du bu-
reau, j'écrivais sur du blanc de jour-
naux avec une plume de ronde. Je re-
muais pendant un long quart d'heure la
Poudre bleue à sécher l'encre, qui se
trouvait dans une sébile.
» Le fauteuil du bureau était en cuir
Msse. C'était exquis de s'asseoir bien
à fond, puis de faire glisser son derrière
jusqu'au bout du siège. Enfin,-quand
j'étais las de cet exercice, j'allais trou-
ver ma tante, à qui je demandais le
livre.
» Le livre était relié en rouge, avec
tranches dorées. Les images étaient co-
loriées.
» On y relatai et illustrait des his-
toires de papillons amoureux. Deux
d'entre eux se battaient même en duel.
A vrai dire, ces histoires ne m'intéres-
sèrent qu'à la longue, et parce qu'il n'y
avait pas d'antre livre chez la tante
Jeannette.
» Il était renfermé dans un meuble de
boule, au coin le plus obscur d'un im-
mense salon plongé dans les ténèbres.
Jous les fauteuils étaient recouverts de
housses, et, seul, le domestique, qui les
nettoyait une fois par mois, était admis
a les contempler.
» Ma tante pénétrait dans ce sanc-
tuaire embaumé de camphre. Elle avait
à la main un trousseau de trente-cinq
petites clefs. La plus dorée ouvrait le
meuble de boule. Moi, je suivais ma
tante à quelques pas et, à la dérobée,
en passant près d'une console, je met-
tais en branle la tête approbatrice d'un
Petit magot chinois.
» Le livre une fois conquis, je retour-
nais dans le bureau, et je lisais mes
histoires de papillons. Mais je les lisais
un peu comme un livre de messe, par
conscience ou par habitude.
» Au fond, la seule histoire qui me
Passionnât était te roman anonyme de
l'enfant volé. On avait beau me donner,
à chaque jour de l'an, une demi-dou-
zaine de livres d'étrennes: je lisais ces
Ouvrages goulu ment, tout d'un trait,
avec moins de, plaisir que d'impatience
** arriver à la fin. Je revenais toujours
au livre déchiré. Ce n'était pas qu'il fût
Plus beau que les autres. C'était mon
livre à moi. Je le connaissais, il m'était
amilier, et je retrouvais toujours la
inêine émotion à ses péripéties prévues.
) J'ai beaucoup réfléchi à cela plus
_^d, continua Gédéon. Moi qui fais des
Weces de théâtre, j'ai essayé de retrou-
J* mon âme de gosse. Et je me suis
dit que les ?,ens que nous amusons veu-
lent sans doute être surpris, mais sou-
vent avec ce qu'ils attendent.
» Bien entendu, de temps en temps,
des écrivains inventeurs nous sortent
du nouveau, afin d'alimenter le fonds de
réserve. Mais ce nouveau n'est pas mis
tout de suite en circulation. Pour obte-
r le succès, il faut, bien souvent, qu'il
soit relpris par d'autres, par des cour-
tiers, qui lui font subir des améliora-
tions, et le rendent un peu moins nou-
veau.
» Et j'ai pensé aussi, dit Gédéon, à
ces lectures d'occasion, à tout ce hasard
qui intervient dans notre culture pre-
mière. Nous trouvons dans un grenier
un livre en loques, et, comme une fée
cachée sous des haillons, il devient le
conducteur mystérieux de notre vie
future, »
Tristan BERNARD.
Nous publierons demain un article de
CAMILLE LEMONNIER
L'Idée esthétique
Il y aurait une étude bien intéressante à
faire au sujet de l'influence de l'esthétique
sur les actes de la vie quotidienne, qu'il
s'agisse des usages, de la politique ou de la
législation.
Inconsciemment, les lignes créées par la
peinture ou par l'architecture, les fictions
littéraires et les gestes de théâtre détermi-
nent nos décisions, nous aident à formuler ,
jtmém». otutsée hitrrr, ~c~ ~e~«W
corrélation.
On a souvent remarQué combien les sa-
vants ou les hommes politiques aiment à
masquer leurs inspirations spontanées par
des raisonnements faits après coup et qui
donnent une apparence sérieuse à des idées
qui, pour être intuitives, n'en sont pas
moins excellentes.
Il est certain, sans aller plus avant, qu'en
adoptant l'architecture et l'esthétique géné-
rale des Grecs et des Romains, les hommes
de la Révolution devaient tout naturellement
adopter les mêmes formes législatives, et la
construction d'une loi devait forcément s'al-
lier, dans leur esprit, aux lignes architectu-
rales antiques.
On peut dire également que notre esprit
mcderne trouve un exact symbole dans le
modern-style, et nos gestes moraux dans
ceux Que l'on nous montre au music-hall.
Ce rapprochement est, du reste, beau-
coup plus étroit qu'on ne le pense. La
construction d'une phrase, la façon dont on
développe une idée comportent des ligne's
esthétiques que l'on pourrait, sans effort,
traduire extérieurement par une expression
graphique précise,
C'est ainsi, de même qu'au point de
~"9-H~~ u~MuHf -s-aM~ )?ïn~t;~~7tf ù
ple, que, dans nos climats, l'inspiration la-
tine, aux lignes somptueuses et riches, sem-
ble s'allier exactement aux idées réaction-
naires, et le geste de nos révolutionnaires
cherchant à anéantir, chaque fois que l'oc-
casion s'en présente, les richesses de nos
musées, n'es"oint dépourvu de bon sens.
Au contraire, dans les pays latins, les
révolutions les plus effrayantes ont pu se
succéder sans que jamais les chefs-d'œu-
vre artistiques exposés en pleine rue aux
rudesses de la joule aient jamais eu à en
souffrir. L'Art, dans les pays de soleil, ap-
partient à la foule; il est d'essence popu-
laire et la foule elle-même forme une véri-
table aristocratie naturelle.'
La satire, la polémique, l'humour, c'est-
à-dire, en un mot, l'envie ou le regret que
l'on peut avoir de la richesse et du soleil,
ce sont là plutôt les qualités naturelles de
notre race. Ce sont elles qu'il conviendrait,
sans aucun doute, de cultiver plus particu-
lièrement dans nos pays, chaque fois que
nous voulons faire une œuvre vraiment
forte et originale.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
Ce soir, a huit heures trois quarts, au
théâtre de l'Œuvre (théâtre Marigny), pre-
mière représentation de Les Vieux, pièce
en trois actes, de MM. P. Rameil et Frédé-
ric Saisset, d'après Ignasi Iglesias; et La
Madone, deux actes en vers de M. Spaak.
Les billets portant la date du 9 sont vala-
bles pour aujourd'hui.
Ce soir, à huit heures trois quarts, à la
Renaissance, répétition générale de L'Oi-
seau blessé, pièce en quatre actes, de
M, Alfred Capus.
DISTRIBUTION
MI" Eve Lavallière Yvonne JANSON
Andrée Mégard Madeleine SALVIERE
Juliette Darcourt Madame JANSON
Jeanne Desclos Jeannine LEROY
Antonia Huart Madame VILLERAT
Marie-L. Herrouët Madame LAHONCE
Lucie Cuénot VIRGINIE
MM. Lucien Guitry SALVIERE
André Duboso VILLERAT
Victor Boucher ROLANT
Mosnier BOM-BEL
Thomen SARDIN
Berthaulf FRANÇOIS
Un contrat.
U. Un de nos confrères de Belgique,
qui fit, l'année dernière, représenter à Pa-
ris une comédie en deux actes, vient d'être
nommé administrateur artistique (?) d'un
coquet théâtre de Paris.
Cette place, il a payé trente mille francs
pour l'obtenir.
Mais il est sûr de ne pas perdre son ar-
gent, car il touche cinq cents francs par
mois d'appointements, du moins le contrat
qu'il a signé avec le directeur, et dont nous
donnons ci-après un extrait, l'affirme pé-
remptoirement :
« Art. 7. — Monsieur de V. s'engage
à verser entre les mains de Monsieur X.,
directeur de. (ici le nom du théâtre), la
somme de trente mille francs.
« Art. 8. - Indépendamment d'un intérêt
fixe de 5 0/0 et d'une part dans les bénéfices
(6 %)> , qui lui seront versés semestrielle-
ment, il aura droit à une somme de cinq
cents francs par mois, à titre d'appointe-
ments et en qualité d'administrateur artis-
tique.
« Art. 13. - Au cas où, par suite de
difficultés administratives, le directeur se
verrait dans l'obligation de restreindre set
frais d'exploitation, M. de V. s'engagea
ne toucher ses appointements que lorsque
la situation financière du théâtre le permet-
tra ; ceci dans le but de ne point grever le
budget de la Société à laquelle il apporte
aujourd'hui son concours précieux. »
L'administrateur artistique (!) espère tou-
chée sa première mensualité à la fin 'de ce
mois!. La touchera-t-il? Les paris sont ou-
verts.
L
armes et Ris.
C'est le titre — tout au moins de ■
circonstance — (et 1 auteur ne lavait cer-
tes pas prévu), d'un volume de-vers qui
vient de paraître.
Il est signé Paul Stuart.
Voici le premier poème de ce très inté-
ressant recueil: '■
J'ai pleuré souvent;. -
Que d'alarmes! v
Mais l'aile du vent, ,
Tout en les buvant,
A séché mes larmes.
J'ai ri quelquefois;
La Folie ":
Emplissait les bois
Des sons de sa voit'
Qu'on trouvait jolie.,
V Et vous, ris et pleura
Que ;e chante,
infcr»" r i. • dwùlura- "*
Et semez les flears
Dont l'odeur m'enchanter
M. Paul Stuart est, on le sait, régisseur
général de l'Opéra.
c
combattez l'humidité et le froid avec
* un système de chauffage rapide, pra-
tique et ne présentant ni danger, ni incon-
vénient. Les appareils qui ont la réputa-
tion méritée de répondre le mieux à tous
les desiderata senties calorifères à pé-
trole FLAMME BLEUE, système Thuron-
Vagner, qui ont un grand pouvoir calori-
fique et qui sont en vente partout. Visiter
la salle d'exposition, 4, rue de la Midho-
dière, Ou demander le catalogue a la So-
ciété FLAMME BLEUE, .10, rue des Cou-
ronnes-
M
Ile Jane Henriquez a jusque aujour-
d'hui interprété, sur la scène de no-
tre Académie nationale; Marguerite, de
Faust, et Elisabeth, de Tannhæliser. Cette
jeune artiste a fait épreuve, de précieuses
qualités d'intelligence musicale et dramati-
que. Elle est, en outre, de celles qui, tra-
vaillant avec ardeur tout ce qui concerne
leur art, progressent à chaque interpréta-
lion nauvelle. IL y a donc liçu g&iondsr,
(Photo Be, Paris)
Mlle Henriquez
sur Mlle Jane Henriquez les meilleurs es-
poirs. La plus heureuse carrière lui est pro-
mise.
D
Regner, 4, rue des Capucines, paye cher
bijoux, diamants, perles, automobiles,
reconnaissances du Mont-de-Piété, 100 /0,
les dégage sans frais, même chez des tiers.
L
es nouveaux propriétaires du Restau-
rant Sylvain ont fait de cet établis-
sèment si connu le lieu de rendez-vous
préféré de tous les gourmets amateurs de
bonne chère. Vatel n'est pas mort, il revit
chez Sylvain!
O
u'a-t-on fait, cette année, de nouveau
en automobile? se demande-t-on lors-
qu'on visite le Salon. Bien des choses!
Mais ce que l'on n'avait pas fait jusqu'ici
de mieux dans le luxe est la magnifique
12/14 chevaux Charron. On l'appelle, au
Grand Palais, la «merveille du jour» t et
ce qualificatif est encore bien faible.
L
es femmes ne font aucune difficulté
pour porter des cheveux qui provien-
nent d'une autre tête que la leur.
La jeune villageoise qui vend sa cheve-
lure obtient en échange quelques francs
qu'elle emploie à acheter des babioles aux-
quelles elle donne beaucoup plus d impor-
tance qu'au gracieux ornement dont la na-
ture la gratifia.
Si l'on considère que les faux cheveux
sont toujours, des cheveux d'une autre per-
sonne, il faut accorder que ceci est pire que
de porter de la joaillerie faussé.
Mais maintenant on nous offre les pier-
res demi-fines, qui sont non seulement ac-
ceptées, mais encore recherchées, car, en
dépit de l'appellation «. demi-fine », leurs
montures sont remarquables et leurs des-
sins artistiques aussi beaux que ceux qui
servent aux pierres précieuses.
Quant aux perles, elles diffèrent abso-
lument des pierres demi-fines et des pierres
imitation, car elles arrivent à être exacte-
ment pareilles aux perles trouvées au fond
de l'Océan.
Par voie de synthèse, le savant a décou-
vert le procédé de la nature; pas à pas. il
est parvenu à obtenir le même résultât, ce
qui explique la confiance complète du
monde élégant dans les productions de la
Société Tecla, 10, rue de la Paix. 1
Le Mascue ée Verre,
î>e la comédie-française j* : :
, LE FOYER
Comédie en trois actes, en prose, de MM. OctaVe MIRBEA U et Tftadêe NATANSON
Nous l'avons entendu, enfin, ce Foyer
dont la connaissance paraissait jusqu'à pré-
sent réservée aux ministres, aux avocats et
aux juges. Nous l'avons entendu, et le pro-
cès tranché une première fois par le Tri-
bunal de la Seine a été gagné définitive-
ment devant le public., Voilà MM. Octave
Mirbeau et Thadée Natanson amplement
payés de tant de délais, de traverses, de dé-
ceptions. L'enjeu était gros, et la partie pé-
rilleuse. Rien n'est plus défavorable au suc-
ces d'un ouvrage dramatique qu'un bruit
prématuré, une trop longue attente, une
curiosité trop excitée. Cette fois, du moins,
la curiosité, le bruit, l'attente n'auront pas
nui au succès.
Bien qu'elle se présente sous une forme
solide, homogène, à lignes simples et vives.
Le Foyer est, en réalité, une œuvre com-
plexe, tout à la fois comédie d'intrigue, co-
médie de mœurs, comédie de caractères. Je
commencerai par en résumer l'action. Le
baron J.-G. Courtin est membre de l'Aca-
démie Française, membre du Sénat, où il
compte comme l'un des chefs de l'opposi-
tion conservatrice et libérale. "Son œuvre
écrite est une suite de monographies histo-
riques ou descriptives sur des questions
d'assistance. Sa profession est de fonder,
contrôler, diriger des œuvres de charité. Il
est l'homme « qui administre la compassion
d-3 ses contemporains ». Le baron et la ba-
ronne Courtin, ainsi que l'exige leur état,
vivent dans un confort cossu qui touche au
luxe. Comment s'équilibre leur budget?
Courtin et sa femme eurent' sans doute
quelque fortune de leurs ascendants respec-
tifs; mais leur revenu normal n'a jamais
suffi à leur dépense. L'appoint fut fourni,
durant de longues années, par le financier
Biron, amant en titre de la baronne Thérèse
Courtin. Et, depuis que Thérèse se refuse
aux bons offices de Biron, une confusion
fâcheuse s'est établie entre la bourse de
Courtin et la caisse d'une des œuvres qu'il
administre. C'est cette œuvre, institution
de refuge et de protection pour les jeunes
ouvrières, qui a reçu pour nom: Le Foyer.
Pourquoi Thérèse Courtin n'accepte-t-elle
plus l'aide généreuse d'Armand Biron?
C est gû'elle aime. Cette femirie dç treàfè-.
cinq ans s'est follement éprise d'un jeune
homme, Robert d'Auberval, dont elle n'est
pas et ne veut pas être la maîtresse, mais
qu'elle adore, avec une exaltation et une
sorte de naïveté virginale. Comme les cour-
tisanes romantiques, comme Marion de
Lorme ou la Dame aux camélias, Thérèse
Courtin, en cet instant de sa vie, est régé-
nérée ou aspire à se sentie régénérée par
l'amour..Biron représente pour elle un
passé qui la souille et dont elle voudrait
Mme Bartet M. Jacques ge Féraudy (Photo iîerî, Parirf
10*# »C«NE DU «EU*l£*ie *CXB -
rejeter toute trace, tout souvenir. Mais voici
qu'au Foyer de graves incidents viennent
d'éclater. Une fillette, enfermée dans un
placard par mesure disciplinaire, mais ou-
bliée un jour et une nuit dans ledit placard,
es: morte quand on l'en a tirée. Une autre
fillette a été assez rudement battue pour
que son état inspire de l'inquiétude. Les
conditions dans lesquelles étaient adminis-
très, au Foyer, les châtiments corporels,
donnent d'ailleurs beaucoup à penser sur
les mœurs qui règnent dans cet établisse-
ment familial. Dé mauvais bruits circulent
dans. le quartier. Une plainte peut être dé-
posée, une enquête peut être ouverte, et
elle mettrait Courtin à la merci de ce gou-
vernement qu'il combat, dont il ne cesse de
dénoncer les méfaits. Sans doute on pour-
rait faire retomber la responsabilité du scan-
dale sur la directrice, Mlle Rambert. Mais
Mile Rambert n'ignore pas avec quelle li-
berté le baron Courtin a puisé, pour ses
besoins personnels, dans la caisse du Foyer,
et, tant que le déficit ne sera pas comblé, il
Mme Bartet '■ M. Maurice de Féraudy M.-Huguenot
.1 UME SCÈNE DU TROISIÈME ACT0 (Photo Bert, Paris)
ne faut pas songer à inquiéter ou à accu-
ser la directrice.
Ainsi Courtin est un homme abattu, dés-
honoré, s'il ne parvient pas à arrêter l'ins-
truction dont le ministère l'a fait menacer,
si, d'autre part, il ne se met pas en situa-
tion de rendre ses comptes. Or, un seul
hcmme est assez puissant pour imposer le
silence au ministère, assez riche pour rem-
plir le trou creusé par Courtin dans la
caisse du Foyer. Et cet-homme est Ar-
mand Biron. Courtin supplie donc Thérèse
d'intervenir auprès de son ancien amant.
Thérèse refuse d'abord avec révolte, avec
horreur. Retourner chez Biron, ce serait
ja ç)mm* t&mçej w salut de
son coeur.. Mais la stupeur effarée, désolée!
de Courtin lui fait, pitié. Dans son exalta-
tion, elle va jusqu'à supposer' Biron capa-
ble d'un acte d'amitié désintéressée. Elle
se croit assez forte pour tout obtenir de
lui sans rien donner d'elle en échange, et
elle promet d'aller chez Biron. Cependant
Courtin veut tenter le premier l'attaque.
Tout va bien taitt que Courtin ne sollicite
Biron que des démarches nécessaires pour
étouffer l'affaire du Foyer. Biron est au
mieux avec le ministre, et ce genre de sef*
vices ne lui coûte rien. Mais dès qu'il s'a««
git d'argent, le ton change. L'argeni sef
paie, et Biron n'est pas l'homme des géné*
rosités gratuites. Ce n'est pas Courtin, c'esti
Thérèse seule qui pourra gagner l'argent
de Biron. Et Thérèse arrive, en effet. Tou-
jours exaltée, elle offre à Biron de le payer!
d'un sacrifice. Qu'il donne la somme, bra-i-
vémerit, sans calcul, sans arrière pensée, et
elle sacrifiera d'Auberval, elle renoncera-
pour toujours à l'homme qu'elle aime. Maisi
ce don mystique fait sourire Biron. Pour-
quoi des sacrifices? Pourquoi Thérèse re-l
ncncerait-elle à d'Auberval? Pourquoi re-
noncerait-il à Thérèse? Mais non. Une fois
l'affaire du Foyer liquidée, ils partiront tous
quatre en croisière, Courtin, Thérèse, Biron
et Robert d'Auberval. Tout le monde sera
très heureux: Thérèse, qui aime d'Auber..
val; Biron, qui n'a pas cessé d'aimer Thé-
rèse; et Courtin lui-même, qui, sous l'in-
fluence inspiratrice du large, pourra rédiger,
à loisir son Rapport sur les Prix de Vertus
Telle est t'intrigue, sommairement con.,
tée. Mais derrière cette action, ou plutôt
constamment mêlée à elle, on trouvera la
plus large, la plus vigoureuse peinture de
mœurs. Dans la version primitive de l'œu-
vre de M,M. Mirbeau et Natanson, un acte
entier, le second, je crois, avait pour scène
le. Foyer. Dans la version actuelle, les au
teurs ne nous introduisent plus sur place ;
ils ne procèdent plus par une peinture di-
recte, matérielle, et cependant la pièce en
tière reste surmontée, dominée par l'idée
du Foyer comme par un personnage invi-
sible et toujours présent, toujours actif.
C'est d'abord le Personnel dé.l'œuvre qui
s'offre $ nous; Courtin, puis m dan^s Mâé
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