Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-12-02
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 02 décembre 1908 02 décembre 1908
Description : 1908/12/02 (A2,N429). 1908/12/02 (A2,N429).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7646082p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
2e Année. »« NJ 429 (Quotidien)
Le Numéro : 5 centimes
Mercredi 2 Décembre 1908"
COMŒDIA
Rédacteur en Chef: C. de PAWLOWSKl
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
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Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger ;.. 40 » 20 »
LES DEUX EPOQUES
La lutte
pour l'affiché
— Dis-moi donc, jeune mufle, de-
manda Pécal, tu étais hier au théâtre, à
trois heures et demie?
— Pourquoi?
— Réponds-moi catégoriquement y
étais-tu, oui ou non?
— J'y étais.
- Ah ! ça, mais, vous êtes donc une
bande d'apaches? Ça ne vous suffit
Pas de bousculer les confrères et même
de les dévaliser? Vous les attaquez en
plein jour! Et rien ne vous arrête! Pas
même le succès! Je fais sept mille tous
les soirs, presque le maximum, avec la
reprise d'Art nouveau, et tu vas mena-
cer le patron de porter ta pièce ailleurs,
si tu ne passes pas la semaine pro-
chaine!.
— Moi? fit Lancrit, la main sur l'es-
tomac.
- Toi-même. Ne dis pas le contraire.
J'y en viens, du théâtre eé j'ai vu le pa-"
tron !
— Et il vous a dit ça?
— Mais naturellement qu'il me l'a dit!
Il est affolé, ce pauvre homme! Il fait
Peine à voir ou plutôt à ne pas voir,
car on ne le voit pas! Il est terré dans
son fauteuil et il a tellement l'air d'un
lièvre poursuivi, qu'à mon entrée, j'ai
cru, ma parole, qu'il allait me sauter par-
dessus la tête pour gagner la cam-
Pagne!.
- Mais que vous a-t-il dit?
- D'abord, rien du tout! Il m'a pris
dans ses bras en grelotant: « Cher ami l
cher ami! » Je pensais: C'est la joie!
Il va me dire : « Vous nous faites ga-
gner plus de cent mille francs en moins
de vingt soirées! Vous êtes le sauveur!
A nous toutes vos pièces! Je ne veux
Plus jouer que du Pécal!. » Ah! ouat!
sais-tu ce qu'il m'a dit? Je te jure que
je n invente rien! Il m'a dit: « Malheu-
reux! vous me mettez dans une situa-
ion affreuse, inextricable avec votre
succès ! Ah! je suis bien déçu! Je me fi-
gurais que votre pièce ne donnerait plus
rien, trois ou quatre maigres soirées, en
attendant Lancrit, et j'avais consenti à
faire cette reprise uniquement pour vous
rendre service! Je suis récompensé!
Vous faites des recettes magnifiques et
me voilà maintenant, grâce à ma com-
plaisance, dans un pétrin d'où je me de-
mande comment je vais sortir!. »
- Non! fis-je tout à fait abruti. C'est
sérieux?
— Sans doute, reprit-il. La recette!
La recette! Vous vous figurez que c'est
tout! Mais c'est très peu de chose! Et
croyez bien que, je serais un directeur
intéressé aux bénéfices de cette maison,
je parlerais de même ! Il n'y a que l'af-
fiche qui compte ! Aussi, quoi qu'il en
soit, et fissions-nous plus que le maxi-
mum, il faut que la première de Lancrit
Soit donnée vendredi au plus tard. Sans
Quoi, il ne veut plus droguer et il em-
Porte sa pièce dans un autre théâtre! »
Tu penses si je lui ai bondi sur le râble
a ce lièvre en révolte, et si je t'ai se-
coué par la même occasion!
"Et vous avez bien fait ! s'écria Lan-
crit, car je vous jure que tout cela est
~faux ! Je lui ai demandé une date proba-
ble et je ne souhaite qu'une chose, c'est
que le succès d'Art nouveau l'éloigné le
Plus qu'il se pourra!.
, — A la bonne heure! Tu ne le sou-
haites pas, mais c'est bien de le dire !
En attendant, si tu permets, nous allons
savoir comment se porte la chère loca-
tion.
Pécal téléphona et Lancrit entendit
résonner successivement ces victorieux
constats: « Toutes les loges sont prises !
Les baignoires aussi ! Les fauteuils d'or-
chestre! les fauteuils de balcon! Jus-
qu'aux troisième galeries! » Et, raccro-
chant l'appareil, l'auteur d'Art nouveau
Exhala sa joie tout entière dans cette ex-
Pression vengeresse : « La g. du
Patron! »
— Eh bien ! vous croirez ce que vous
Voudrez, déclara Lancrit, mais je vous
affirme que je suis enchanté !
- Tu exagères!
— J'exagère si peu que, si vous le
coulez bien, je vous emmène célébrer ce
triomphe au restaurant. Nous irons en-
suite tous deux proclamer le maximum
tt applaudir Art nouveau.
— Ça va. -
l' Ils s'attablèrent, et ce fut vraiment
eur dîner le plus gai. Les amis, d'ail-
* affluaient et, de tous les coins, les
eucitations accouraient vers Pécal.
- C'est épatant, disait-il. Voilà une
pièce qui, durant sa première carrière, a
pas mal marché sans doute, mais enfin
sans élan, avec des hauts et des bas, et
la voilà maintenant qui part d'un pas
ferme, régulier, on peut même dire in-
fat "gable !.
e t, 'Voyant que l'approbation souriante
de Lancrit se crispait un peu, il le récon-
fortait en lui disant: « Qu'est-ce que ça
peut te fiche que ce soit dans six mois
ou .an,. puisque tu es sûr d'avoir ton
succès, toi aussi?. »
— Je ne suis pas pressé!.
— Mais le patron, Pourquoi est-il
e. iu
— Est-ce qu'on sait jamais avec lui !
soupira Lancrit. il s'imagine peut-être
qu'à cause de mes relations à l'Instruc-
tion, je peux lui avoir sa rosette de la
Légion d'honneur!
— Ah! le bougre! s'exclama Pécal.
Plus de doute! Voilà la raison de son
empressement! C'est tout de même
raide ! Et dire que si je n'étais pas d'at-
taque, il étranglait Art nouveau comme
un jeune poulet!
— Comment aurait-il fait?
— Oh! le moyen est tout simple! Il
n'y a qu'à faire la salle! On distribue
les trois quarts des places en billets de
faveur. On refuse trois mille francs de
location. On renonce à deux mille francs
de bureau et, avec un public formidable
qui s'entasse jusqu'au-dessus du lustre,
on réalise une recette de deux mille et
quelques francs, c'est-à-dire le joyeux
minimum !
— Mais c'est épouvantable!
— Tu l'as dit, Lancrit I
Et là-dessus, ils parlèrent d'autres
choses. Le vieux maître était jaillissant
d'anecdotes. Le jeune maître était pétil-
lant d'indiscrétions et, les cigares allu-
més en phares d'auto, ils se mirent en
marche vers le théâtre, le long du bou-
levard.
Ils approchaient, quand Pécal pro-
posa j « Le pari ? Hein 1 veux-tu ? »
- Volontiers.
- Chacun va dire une somme, et ce-
lui qui aura trouvé le plus proche chif-
fre de la recette gagnera un objet art
nouveau !
— Ah! non, fit Lancrit, Je pré-
fère l'ancien : une table Rognon, par
exemple.
— Ah! tu rognes déjà! Soit. Combien
estimes-tu?.
— Neuf mille cent cinquante. Et vous?
— Huit mille neuf cent trente.
Ils montèrent. Un employé passait.
Pécal l'arrêta :
— Vous avez la recette?
— Oui, monsieur.
— Combien?
L'employé articula ;
- Deux mille trois cent dix francs,
monsieur; la plus basse recette de ces
trois derniers mois!.
Gustave GUICHES.
Nous publierons demain un article de
CAMILLE PERT , -
Succès écrasants
Si de très grands succès peuvent rendre
certains interprètes infiniment populaires, il
n'en est pas moins vrai que cette popula-
rité n'est point, souvent, sans présenter de
graves inconvénients.
Voyez, par exemple, ce qui se passe
pour des artistes tels que Coquelin et Ré-
jane. L'un n'apparaît plus à ses contempo-
rains sous une autre figure que celle de
Cyrano, et l'autre évoque, malgré tout, la
silhouette amusante de Madame Sans-Gêne.
Ces deux artistes, depuis des années, se
sont mondes dans leur art, d'une souplesse
merveilleuse ; ils ont créé des quantités de
rôles avec un charme et une autorité tou-
jours renouvelés, et, cependant, tout cela
paraît oublié, anéanti par l'obsession ta-
milière de leurs principaux succès.
C'est là un triomphe, sans doute, mais
c'est aussi une diminution, et je pense que,
de temps à autre, une mise au point serait,
à ce sujet, des plus instructives pour le pu-
blic.
Pour la réaliser, il me semble qu'un
spectacle coupé serait des plus favorables.
Ce genre de spectacle est habituel aux galas
officiels; les souverains seuls, parait-il, ont
suffisamment d'instruction théâtrale pour
que la représentation intégrale d'une pièce
leur soit parfaitement inutile. Ils savent
tout, connaissent tout, et il suffit de leur
rappeler, en quelques mirwtes, les scènes
principales. Quel que soit le respect que
nous ayons pour les têtes couronnées, il
nous paraît évident que de très nombreu-
ses personnes parmi les habitués des théâ-
tres pourraient prendre, à de telles repré-
sentations, un plaisir analogue.
La valeur des pièces s'attéjiuant chaque
jour davantage, et celle des interprètes s'a-
méliorant, par contre, d'une façon toujours
frappante, il me semble qu'un spectacle
coupé lait pour tel ou tel interprète ne
manquerait point de rallier tous les suffra-
ges du public. On verrait, durant une soi-
rée, Mme Réjane ou Coquelin dans les prin-
cipales scènes qu'ils créèrent au cours de
leur brillante carrière, et cela serait tout
aussi instructif et, parfois, beaucoup plus
amusant qu'une pièce nouvelle.
G. DE PA WLOWSKI.
Échos
Ce soir, à huit heures et demie, à l'Am-
bigu, première représentation de La Bos-
cotte, drame en cinq actes et six tableaux,
de Mme Georges Maldague.
Ce soir, à neuf heures, au Théâtre Mi-
chél, répétitivn générale de: Le Poulailler,
comédie en trois actes, de M. Tristan Ber-
nard; Après., sorte de revue en un acte,
de M. Sacha Guitry; Asseyez-vous, prétexte
en un acte, de MM. Pierre Mortier et An-
dré Mycho. -
L
surs mots.
Dans la classe du plus sec, du plus
rigide des sociétaires, une jeune grande co-
quette, horriblement élégante, donne la
grande scène du Demi-Monde avec une
nonchalance qu'explique un peu l'heure
matinale.
Elle s'excuse de son manque d'ardeur -
« Maître, il faut me pardonner. Je suis
si fatiguée ce matin. le me soutiens à peine.
Je me traîne comme un vieux cheval de
fiacre.
Alors son maître, pour la stimuler :
— Hue, Cocotte !
L
e nom. et le visage.
On connaît beaucoup de confrères,
on compte beaucoup a amis dans le monde
théâtral, et trop souvent, hélas! on ne sait
pas mettre un nom sur la physionomie des
plus sympathiques d'entre eux.
Jadis on voyait chez l'aimable M. Pru-
dhommeaux un secrétaire d'une amabilité
exquise, et qui se mettait en quatre pour
faciliter les transactions coutumières entre
les auteurs et le détenteur des « droits de
billets ». Ce parfait secrétaire faisait, lui
aussi, du théâtre à moments perdus, mais
la plupart des habitués de la maison Pru-
dhommeaux, tout en lui serrant cordiale-
ment la main et en se louant de son amé-
nité, ignoraient son nom, sa naissance.
Successivement il fit jouer Le Bluff, Ma-
riage d'Etoile, Le Passe-Partout. Un jeune et
déjà brillant auteur dramatique, lorsqu'il le
rencontrait, au théâtre ou sur le boulevard,
lui serrait affectueusement la main, lui vde-
mandait des nouvelles de Prudhommeaux,
mais il oubliait, et pour cause, de lui parler
de ses succès.
Jugez de sa stupéfaction, de sa confusion
plutôt, lorsqué (Somœdia, lyanf ptïbtôfc'JS
portrait de Georges Thurner, le jeune et
brillant auteur dramatique — ce n'est pas
Sacha Guitry — apprît que le secrétaire de
M. Prudhommeaux n'était autre que l'au-
teur du Passe-Partout!
Ce n'était pas la gaffe, mais presque !
A "'OPIRA.OOMIQUI
; (Photo Bert, Paris)
Mlle Chenal
qui va. créer « Sanga *
L
e flibustier. --
# Pour se reposer de son service à la
Comédie-Française, le jeune et charmant
comédien Grandval avait choisi Benouville,
plage tranquille, retraite discrète qui con-
venait à son caractère ennemi des tumultes
mondains.
Il y habitait une cabane.
Un matin, le vieux pêcheur qui le logeait
frappe à sa porte:
— Monsieur, un marin vous demande.
Intrigué, Grandval se penche par la fe-
nêtre et il reconnaît, le visage hâlé, le col
largement entr'ouvert, le béret marin rejeté
en arrière, Paul Mounet qui, devenu loup
de mer, brandissait vers lui, en manière
d'invitation, deux bouteilles de Champagne.
Le grand tragédien arrivait à pied d'Etre-
tat.
p
f
oids lourds et chanteuses légères.
Pourquoi les grandes cantatrices sont-
elles si fortes? Telle est la question que pose
un magazine américain, qui, pour prouver
que les grandes voix féminines sont tou-
jours accompagnées d'un embonpoint res-
pectable, publie les portraits quelque peu
rebondis, de plusieurs grandes chanteuses:
Mmes Tétrazzini, Emma Calvé, Félia Lit-
vinne, Marcelle Sembrich, Destina. Et
quelle est la cause de cet embonpoint? de-
mande-t-il; est-ce la faute du chant?
Une célèbre cantatrice très applaudie des
Américains, Mme Lili Lehmann, qui se
trouve être une assez forte personne, ré-
pond que les grandes chanteuses ne devien-
nent généralement renommées que vers la
quarantaine (?) et que c'est à cet âge que
les femmes commencent à engraisser; que
les chanteuses, qui vivent peut-être plus
largement,4frigraissent plus que les autres,
et que c'est surtout le chant qui développe
si prodigieusement nos étoiles d'Opéra.
Une autre chanteuse exprime l'avis que
ses collèges engraissent trop facilement
parce qu'elles ne serrent pas assez leur cor-
set dans la crainte d'altérer leur voix.
Voilà une question bien amusante, et nous
serions ravis d'avoir sur elle l'opinion de
nos lecteurs.
D
on Diègue.
Tous les ans, il obtient un congé.
tt tous les ans, il emploie ce congé a
jotier, dans la même ville, devant le même
auditoire, les mêmes pièces de son réper-
toire. C'est une ville de province: Limo-
ges ou Péripueux. II est de là-bas. Il y est
connu. Il y est aimé. Il est chez lui.
c~ Il y jouait, l'autre soir, Don Diègue.
C'est son rôle préféré.
0 rage, ô désespoir, ô vieillesse ennemie!
commençait-il, quand, tout à coup, dans la
salle, une altercation éclate.
— C'est ma place ! Vous avez pris ma
place! s'écriait un spectateur.
- Pas du tout, c'est la mienne ! répon-
dait un autre
— Je vous dis que c'est à moi! -.
— Je vous dis que non.
— Vovons, voyons, monsieur Sébastien,
un peu de silence, je vous prie, s'écria Don
Diègue, qui avait reconnu un des specta-
teurs.
Puis, reprenant son rôle, il continua, su.
perbe, solennel:
N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie!
E
n tournée.
Berlin l'a fêtée. Elle v fut couverte
de fleurs. Elle y joua, comme dans cha-
cune de ses tournées, la pièce où elle ex-
celle et où elle pousse ses plus beaux cris :
La Dame aux camélias. C'est son cheval
de bataille.
A la gare, lorsqu'elle quitta la ville, le
ciel, tout à coup, se couvrit de gros nuages.
Et la pluie se mit à tomber à vçrse.
— Un affreux temps! dit la grande tra-
gédienne, en s'emmitouflant dans ses four-
rures.
— C'est que le ciel de Berlin, madame,
lui répondit le chef de gare qui l'accompa-
gnait à son wagon, pleure votre départi
Elle but cela comme un sorbet.
T
ous les bijoux, diamants, perles se ven-
dent très cher chez Dusausoy, expert,
4; boulevard d$s> Italiens, qui acnete toute
la journée, toujours au comptant, quelle que
soit l'importance de la somme. Il revend à
petit bénéfice.
L
eurs débuts.
f - Quoi l Etre un pauvre musicien
gagnant à peine assez pour s acheter sa
propre nourriture! Non! non! mille fois
non! dit le père de Pietro Mascagni, petit
boulanger de Leghorn, lorsque son fils lui
annonça qu'il avait l'intention de se consa-
crer tout entier à l'art qu'il adorait. Non!
mille fois non! Tu seras homme de loi et
tu deviendras riche!
Mais Pietro Mascagni tint bon; il fut un
pauvre musicien et travailla sans relâche.
Ah 1 les jours de misère! Sa femme et lui
eurent, durant plusieurs années, bien de la
peine à joindre les deux bouts.
— Je ne ferai jamais rien ! s'exclama-t-il
un jour, découragé, alors qu'il travaillait à
Cavalleria Rusticana. Non, jamais rien!.
Voilà ce que je dois faire de mon ou-
vrage!.
Et, ce disant, il jeta au feu les feuillets
de papier sur lesquels il était penché quel-
ques secondes auparavant. Fort heureuse-
ment. le feu était peu vif, le charbon était
rare dans la maison, et sa femme put sau-
ver le précieux manuscrit. Elle prit sur elle-
même d'envoyer la partition à un directeur.
Vjprct a rm îvçurTzrrenommee utr mascs-
gni se fit vite dans toute l'Europe, car le
succès fut immense. Les spectateurs récla-
mèrent Mascagni et l'acclamèrent plus de
vingt minutes devant le rideau. Il était, à
cette époque, si pauvre qu'il lui fallut em-
prunter l'argent nécessaire pour télégra-
phier à sa femme la bonne nouvelle du
succès.
Depuis, le compositeur a fait son che-
min. Il né doit pas regretter de n'être pas
devenu homme de loi, mais il a gardé de
ces heures difficiles une grande pitié pour
les malheurs des autres.
L
e moyen de se fairl un nom!
f Ne résistons pas au plaisir de pu-
blier cette amusante lettre qu'un jeune au-
teur dramatique nous adresse:
Aujourd'hui, 3 heures du matin.
Cher monsieur,
Plusieurs journaux s'occupent de trouver un
nom aux aéroplanes, je ne sais pas très bien
pourquoi puisqu'ils en ont déjà un.
On propose: « aéronef », « aviator », « hy-
drophobe », perce-nue », « frôle-ciel », « cha-
touillastre », « gratte-lune », « planipède »,
« taxiplane », etc. Je pourrais proposer: « ba-
tair » puisqu'ils sont dans l'air ce que les ba-
teaux sont dans l'eau, ou « cachalair » pour
la même raison. Il y aurait aussi « oisair »,
mais je ne le conseille pas.
Je vous conseille plutôt de les appeler (c Dai-
reaux », ce nom évoque une idée d'air, d'eau
et de hauteur. Il conviendrait parfaitement. En
peu de temps, il deviendrait universel, ce qui
n'est pas pour me déplaire puisque ce nom est
le mien, c'est-à-dire celui d'un futur auteur
dramatique bien connu.
Recevez, cher monsieur, l'expression de mes
sentiments très distingués.
Max DAIREAUX.
P.-S. — Au cas peu probable où mon nom ne
conviendrait pas, je propose encore « Albert
Acremant » ; te nom qui est, d'ailleurs, celui
de mon collaborateur, en écartant toute idée de
ballon sphérique ou dirigeable, ne peut que ral-
lier tous les suffrages.
M. D.
p
aillard for ever.
La haute société parisienne appren-
dra avec un véritable plaisir que Paillard,
le roi des restaurateurs, a décidé la créa-
tion d'un souper-redoute qui aura lieu les
mercredi et samedi de chaque semaine.
T
rous les chauffeurs sont .d'accord pour
reconnaître que la Bayard-Clément
est la première des marques d automobiles,
tant par sa robustesse que par ses qualités
de vitesse et d'endurance.
A
vant d'aller au théâtre entendre la
, pièce en vogue, Parisiens et Parisien-
nes ne manquent jamais d'aller dîner cnez
Lapré.
Ils trouvent au somptueux établissement
de la rue Drouot une cuisine exquise, et,
ce qui est aussi appréciable, un service ra-
pide et silencieux.
L
'affaire de l'Aiguille creuse.
t Un élève de rhétoriaue dbmoromis
avec Arsène Lupin. -
Les parents d'Isidore Beautrelet, élève
de rhétorique au lycée Janson de Sailly
n'apprendront pas sans anxiété que leur fils
est compromis dans l'affaire de l'Aiguille
Creuse, le nouvel exploit du célèbre Ar-
sène Lupin, dont Je Sais Tout donne les
premiers détails dans son numéro de Noël
d'aujourd'hui.
Je Sais Tout Noël,, malgré ses hors
texte en couleurs et ses nombreuses
attractions, est vendu au prix ordinaire.
C'est un gros succès.
Le Masaue de Verre.
THÉÂTRE DES FOLIES-DRAMATIQUES
(E. Brod, pliot.) M. Cooper Mlle Jeanne Sauller
(Faust) (Marguerite)
DAMS LEURS COSTUMES DU t" ACTH
Le Petit
Faust
Opéra-bouffe
en trois actes
et quatre tab-eaux
DE
Crêmieux
ET
Ad. Jairrte
Musique d'Hervé
Il n'est pas douteux que le goût de la
majorité du public — en ce qui concerne
le Petit Faust, du moins, et quelques autres
œuvres — diffère sensiblement du mien.
Je m'en réjouis bien cordialement pour le
directeur des Folies-Dramatiques, qui
compte tant de sympathies dans la presse,
et qui, pour le soin avec lequel il a monté'
l'opérette d'Hervé, mérite de voir se con-
tinuer, durant de nombreux soirs, le succès
chaleureux, et même bruyant, obtenu hier
par la première représentation de cette re-
prise.
Ceci dit, je confesse que le comique
Petit Faust — dont l'action, indéniable
mes aînés, paraît considérable encore
mes contemporains — que ce comL --,
dis-je, m'a toujours échappé, peut-êtrt à
cause de son extrême fijiesse., Peut-t ;re
aussi certaines Tscenes, "qtfî me laiss a ut-
morne parce que je les ai lues ou vues d, ns
tant d'autres pochades ou dans tant d'al na-
nachs provinciaux, m'eussent-elles dér Me,
dans leur nouveauté, en 1869 (mais étaient-
elles neuves, même en 1869?). Peut-^tre
enfin que je n'admire pas assez l'autre
Faust, le grand (si l'on veut), celui de Cou-
nod; car j'ai remarqué que l'opéra et sa
parodie avaient les mêmes fervents: uns
doute, incroyant, ne puis-je trouver auc ;ne
saveur au sacrilège.
Eti après tout, qu'importe? On a bi u-
(Ernesto Brod, pnot.)
Mlle Jane Pernyn
dans le rôle de Méphisto
ccup ri, voilà l'essentiel. Les plaisanteries
les plus défraîchies ont paru porter autant
que les rajeunissements introduits dans le
dialogue; si les écolières du vieux docteur
Faust lisent maintenant Claudine en va-
drouille — un. roman que je ne connais pas,
d'ailleurs — elles ont conservé la turbu-
lence sans esprit qui est bien de leur âge.
Leurs-farces tapageuses ont, durant tout le
premier acte. — et il est long — suscité
des-rires; l'espièglerie de Siébel, l'effron-
terie de Marguerite enchantaient tout le
monde, et, pour Valentin, il est acquis que
ce personnage mérite de se voir attribuer
le cliché de la « cocasserie épique ».
La musique est supérieure au livret; je
me plais à le proclamer, non que j'en sois
sûr, mais c'est une opinion que j'ai souvent
entendu soutenir. Personnellement, elle me
semble, comment dirai-je? adéquate, oui,
c'est cela, adéquate au poème. A son ordi-
naire, Hervé se plaît à opposer aux extra-
vagances les plus minutieusement prémé-
ditées certains « numéros » dans lesquels
se trahissent ses touchantes et incurables
aspirations au grand Art, tel l'arioso des
Quatre Saisons, plus soigné que les habi-
tuels morceaux d'opérette, et où l'on trou-
ve des recherches, des cadences évitées,
tout ce qu'il faut pour montrer qu'un com-
positeur-bouffe a dans le cœur un drama-
turge qui sommeille. A Dieu ne plaise que
je méconnaisse la grâce fluente, mais que
tant de revues ont bajtialisée* du Rondeau
de Méphisto, l'entrain de la Ronde des roo-
lières, ou du triple Chœur des cocottes,
des vieillards et des étudiants. Quant au
Chœur des Soldats, je reconnais loyalement
qu'il est bien aussi beau que dans GounocL
j'ai dit le soin apporté par M. Debrenne
à 'econstituer cette opérette fameuse. D
(Ernesto Brod, phot.!\
Mlle Debacker M. Debrenne
.ans le rôle de Siébel Directeur des Folies-Drain. t
l'a somptueusement et joliment vêtue, etj
dédaignant l'inexpérience des débutantsj
;,, ',1 ,VOl,lu pour interprètes que des artistes)
éprouvés. M. Cooper, comédien charmante
diseur souvent exquis, est très supérieur k.-
cette grosse farce, il conserve plaisamment
au Faust rajeuni par Méphisto l'allure d'un
« marcheur)} un peu surmené, et ceci tst
une trouvaille parodique autrement fine que
les laborieuses *"a:Cties de feu les auteurs.
Mlle Jeanne Spulier témoigne, par tou-
tes ses attitudes, iaines, sourires, clins
d'oeil, que, Marguerite très avertie, elle n'a
rien d'une âme innocente ou simplement di-
vine. Par moments, surtout dans l'air
« Fleur de candeur », elle m'a fait songer à
M. Alvarez.
[Ernesto Broc "boL;
M. Sulbac
DMtt le sAla de vaieuulâ
Le Numéro : 5 centimes
Mercredi 2 Décembre 1908"
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UN AN 6 MOIS
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Étranger ;.. 40 » 20 »
LES DEUX EPOQUES
La lutte
pour l'affiché
— Dis-moi donc, jeune mufle, de-
manda Pécal, tu étais hier au théâtre, à
trois heures et demie?
— Pourquoi?
— Réponds-moi catégoriquement y
étais-tu, oui ou non?
— J'y étais.
- Ah ! ça, mais, vous êtes donc une
bande d'apaches? Ça ne vous suffit
Pas de bousculer les confrères et même
de les dévaliser? Vous les attaquez en
plein jour! Et rien ne vous arrête! Pas
même le succès! Je fais sept mille tous
les soirs, presque le maximum, avec la
reprise d'Art nouveau, et tu vas mena-
cer le patron de porter ta pièce ailleurs,
si tu ne passes pas la semaine pro-
chaine!.
— Moi? fit Lancrit, la main sur l'es-
tomac.
- Toi-même. Ne dis pas le contraire.
J'y en viens, du théâtre eé j'ai vu le pa-"
tron !
— Et il vous a dit ça?
— Mais naturellement qu'il me l'a dit!
Il est affolé, ce pauvre homme! Il fait
Peine à voir ou plutôt à ne pas voir,
car on ne le voit pas! Il est terré dans
son fauteuil et il a tellement l'air d'un
lièvre poursuivi, qu'à mon entrée, j'ai
cru, ma parole, qu'il allait me sauter par-
dessus la tête pour gagner la cam-
Pagne!.
- Mais que vous a-t-il dit?
- D'abord, rien du tout! Il m'a pris
dans ses bras en grelotant: « Cher ami l
cher ami! » Je pensais: C'est la joie!
Il va me dire : « Vous nous faites ga-
gner plus de cent mille francs en moins
de vingt soirées! Vous êtes le sauveur!
A nous toutes vos pièces! Je ne veux
Plus jouer que du Pécal!. » Ah! ouat!
sais-tu ce qu'il m'a dit? Je te jure que
je n invente rien! Il m'a dit: « Malheu-
reux! vous me mettez dans une situa-
ion affreuse, inextricable avec votre
succès ! Ah! je suis bien déçu! Je me fi-
gurais que votre pièce ne donnerait plus
rien, trois ou quatre maigres soirées, en
attendant Lancrit, et j'avais consenti à
faire cette reprise uniquement pour vous
rendre service! Je suis récompensé!
Vous faites des recettes magnifiques et
me voilà maintenant, grâce à ma com-
plaisance, dans un pétrin d'où je me de-
mande comment je vais sortir!. »
- Non! fis-je tout à fait abruti. C'est
sérieux?
— Sans doute, reprit-il. La recette!
La recette! Vous vous figurez que c'est
tout! Mais c'est très peu de chose! Et
croyez bien que, je serais un directeur
intéressé aux bénéfices de cette maison,
je parlerais de même ! Il n'y a que l'af-
fiche qui compte ! Aussi, quoi qu'il en
soit, et fissions-nous plus que le maxi-
mum, il faut que la première de Lancrit
Soit donnée vendredi au plus tard. Sans
Quoi, il ne veut plus droguer et il em-
Porte sa pièce dans un autre théâtre! »
Tu penses si je lui ai bondi sur le râble
a ce lièvre en révolte, et si je t'ai se-
coué par la même occasion!
"Et vous avez bien fait ! s'écria Lan-
crit, car je vous jure que tout cela est
~faux ! Je lui ai demandé une date proba-
ble et je ne souhaite qu'une chose, c'est
que le succès d'Art nouveau l'éloigné le
Plus qu'il se pourra!.
, — A la bonne heure! Tu ne le sou-
haites pas, mais c'est bien de le dire !
En attendant, si tu permets, nous allons
savoir comment se porte la chère loca-
tion.
Pécal téléphona et Lancrit entendit
résonner successivement ces victorieux
constats: « Toutes les loges sont prises !
Les baignoires aussi ! Les fauteuils d'or-
chestre! les fauteuils de balcon! Jus-
qu'aux troisième galeries! » Et, raccro-
chant l'appareil, l'auteur d'Art nouveau
Exhala sa joie tout entière dans cette ex-
Pression vengeresse : « La g. du
Patron! »
— Eh bien ! vous croirez ce que vous
Voudrez, déclara Lancrit, mais je vous
affirme que je suis enchanté !
- Tu exagères!
— J'exagère si peu que, si vous le
coulez bien, je vous emmène célébrer ce
triomphe au restaurant. Nous irons en-
suite tous deux proclamer le maximum
tt applaudir Art nouveau.
— Ça va. -
l' Ils s'attablèrent, et ce fut vraiment
eur dîner le plus gai. Les amis, d'ail-
* affluaient et, de tous les coins, les
eucitations accouraient vers Pécal.
- C'est épatant, disait-il. Voilà une
pièce qui, durant sa première carrière, a
pas mal marché sans doute, mais enfin
sans élan, avec des hauts et des bas, et
la voilà maintenant qui part d'un pas
ferme, régulier, on peut même dire in-
fat "gable !.
e t, 'Voyant que l'approbation souriante
de Lancrit se crispait un peu, il le récon-
fortait en lui disant: « Qu'est-ce que ça
peut te fiche que ce soit dans six mois
ou .an,. puisque tu es sûr d'avoir ton
succès, toi aussi?. »
— Je ne suis pas pressé!.
— Mais le patron, Pourquoi est-il
e. iu
— Est-ce qu'on sait jamais avec lui !
soupira Lancrit. il s'imagine peut-être
qu'à cause de mes relations à l'Instruc-
tion, je peux lui avoir sa rosette de la
Légion d'honneur!
— Ah! le bougre! s'exclama Pécal.
Plus de doute! Voilà la raison de son
empressement! C'est tout de même
raide ! Et dire que si je n'étais pas d'at-
taque, il étranglait Art nouveau comme
un jeune poulet!
— Comment aurait-il fait?
— Oh! le moyen est tout simple! Il
n'y a qu'à faire la salle! On distribue
les trois quarts des places en billets de
faveur. On refuse trois mille francs de
location. On renonce à deux mille francs
de bureau et, avec un public formidable
qui s'entasse jusqu'au-dessus du lustre,
on réalise une recette de deux mille et
quelques francs, c'est-à-dire le joyeux
minimum !
— Mais c'est épouvantable!
— Tu l'as dit, Lancrit I
Et là-dessus, ils parlèrent d'autres
choses. Le vieux maître était jaillissant
d'anecdotes. Le jeune maître était pétil-
lant d'indiscrétions et, les cigares allu-
més en phares d'auto, ils se mirent en
marche vers le théâtre, le long du bou-
levard.
Ils approchaient, quand Pécal pro-
posa j « Le pari ? Hein 1 veux-tu ? »
- Volontiers.
- Chacun va dire une somme, et ce-
lui qui aura trouvé le plus proche chif-
fre de la recette gagnera un objet art
nouveau !
— Ah! non, fit Lancrit, Je pré-
fère l'ancien : une table Rognon, par
exemple.
— Ah! tu rognes déjà! Soit. Combien
estimes-tu?.
— Neuf mille cent cinquante. Et vous?
— Huit mille neuf cent trente.
Ils montèrent. Un employé passait.
Pécal l'arrêta :
— Vous avez la recette?
— Oui, monsieur.
— Combien?
L'employé articula ;
- Deux mille trois cent dix francs,
monsieur; la plus basse recette de ces
trois derniers mois!.
Gustave GUICHES.
Nous publierons demain un article de
CAMILLE PERT , -
Succès écrasants
Si de très grands succès peuvent rendre
certains interprètes infiniment populaires, il
n'en est pas moins vrai que cette popula-
rité n'est point, souvent, sans présenter de
graves inconvénients.
Voyez, par exemple, ce qui se passe
pour des artistes tels que Coquelin et Ré-
jane. L'un n'apparaît plus à ses contempo-
rains sous une autre figure que celle de
Cyrano, et l'autre évoque, malgré tout, la
silhouette amusante de Madame Sans-Gêne.
Ces deux artistes, depuis des années, se
sont mondes dans leur art, d'une souplesse
merveilleuse ; ils ont créé des quantités de
rôles avec un charme et une autorité tou-
jours renouvelés, et, cependant, tout cela
paraît oublié, anéanti par l'obsession ta-
milière de leurs principaux succès.
C'est là un triomphe, sans doute, mais
c'est aussi une diminution, et je pense que,
de temps à autre, une mise au point serait,
à ce sujet, des plus instructives pour le pu-
blic.
Pour la réaliser, il me semble qu'un
spectacle coupé serait des plus favorables.
Ce genre de spectacle est habituel aux galas
officiels; les souverains seuls, parait-il, ont
suffisamment d'instruction théâtrale pour
que la représentation intégrale d'une pièce
leur soit parfaitement inutile. Ils savent
tout, connaissent tout, et il suffit de leur
rappeler, en quelques mirwtes, les scènes
principales. Quel que soit le respect que
nous ayons pour les têtes couronnées, il
nous paraît évident que de très nombreu-
ses personnes parmi les habitués des théâ-
tres pourraient prendre, à de telles repré-
sentations, un plaisir analogue.
La valeur des pièces s'attéjiuant chaque
jour davantage, et celle des interprètes s'a-
méliorant, par contre, d'une façon toujours
frappante, il me semble qu'un spectacle
coupé lait pour tel ou tel interprète ne
manquerait point de rallier tous les suffra-
ges du public. On verrait, durant une soi-
rée, Mme Réjane ou Coquelin dans les prin-
cipales scènes qu'ils créèrent au cours de
leur brillante carrière, et cela serait tout
aussi instructif et, parfois, beaucoup plus
amusant qu'une pièce nouvelle.
G. DE PA WLOWSKI.
Échos
Ce soir, à huit heures et demie, à l'Am-
bigu, première représentation de La Bos-
cotte, drame en cinq actes et six tableaux,
de Mme Georges Maldague.
Ce soir, à neuf heures, au Théâtre Mi-
chél, répétitivn générale de: Le Poulailler,
comédie en trois actes, de M. Tristan Ber-
nard; Après., sorte de revue en un acte,
de M. Sacha Guitry; Asseyez-vous, prétexte
en un acte, de MM. Pierre Mortier et An-
dré Mycho. -
L
surs mots.
Dans la classe du plus sec, du plus
rigide des sociétaires, une jeune grande co-
quette, horriblement élégante, donne la
grande scène du Demi-Monde avec une
nonchalance qu'explique un peu l'heure
matinale.
Elle s'excuse de son manque d'ardeur -
« Maître, il faut me pardonner. Je suis
si fatiguée ce matin. le me soutiens à peine.
Je me traîne comme un vieux cheval de
fiacre.
Alors son maître, pour la stimuler :
— Hue, Cocotte !
L
e nom. et le visage.
On connaît beaucoup de confrères,
on compte beaucoup a amis dans le monde
théâtral, et trop souvent, hélas! on ne sait
pas mettre un nom sur la physionomie des
plus sympathiques d'entre eux.
Jadis on voyait chez l'aimable M. Pru-
dhommeaux un secrétaire d'une amabilité
exquise, et qui se mettait en quatre pour
faciliter les transactions coutumières entre
les auteurs et le détenteur des « droits de
billets ». Ce parfait secrétaire faisait, lui
aussi, du théâtre à moments perdus, mais
la plupart des habitués de la maison Pru-
dhommeaux, tout en lui serrant cordiale-
ment la main et en se louant de son amé-
nité, ignoraient son nom, sa naissance.
Successivement il fit jouer Le Bluff, Ma-
riage d'Etoile, Le Passe-Partout. Un jeune et
déjà brillant auteur dramatique, lorsqu'il le
rencontrait, au théâtre ou sur le boulevard,
lui serrait affectueusement la main, lui vde-
mandait des nouvelles de Prudhommeaux,
mais il oubliait, et pour cause, de lui parler
de ses succès.
Jugez de sa stupéfaction, de sa confusion
plutôt, lorsqué (Somœdia, lyanf ptïbtôfc'JS
portrait de Georges Thurner, le jeune et
brillant auteur dramatique — ce n'est pas
Sacha Guitry — apprît que le secrétaire de
M. Prudhommeaux n'était autre que l'au-
teur du Passe-Partout!
Ce n'était pas la gaffe, mais presque !
A "'OPIRA.OOMIQUI
; (Photo Bert, Paris)
Mlle Chenal
qui va. créer « Sanga *
L
e flibustier. --
# Pour se reposer de son service à la
Comédie-Française, le jeune et charmant
comédien Grandval avait choisi Benouville,
plage tranquille, retraite discrète qui con-
venait à son caractère ennemi des tumultes
mondains.
Il y habitait une cabane.
Un matin, le vieux pêcheur qui le logeait
frappe à sa porte:
— Monsieur, un marin vous demande.
Intrigué, Grandval se penche par la fe-
nêtre et il reconnaît, le visage hâlé, le col
largement entr'ouvert, le béret marin rejeté
en arrière, Paul Mounet qui, devenu loup
de mer, brandissait vers lui, en manière
d'invitation, deux bouteilles de Champagne.
Le grand tragédien arrivait à pied d'Etre-
tat.
p
f
oids lourds et chanteuses légères.
Pourquoi les grandes cantatrices sont-
elles si fortes? Telle est la question que pose
un magazine américain, qui, pour prouver
que les grandes voix féminines sont tou-
jours accompagnées d'un embonpoint res-
pectable, publie les portraits quelque peu
rebondis, de plusieurs grandes chanteuses:
Mmes Tétrazzini, Emma Calvé, Félia Lit-
vinne, Marcelle Sembrich, Destina. Et
quelle est la cause de cet embonpoint? de-
mande-t-il; est-ce la faute du chant?
Une célèbre cantatrice très applaudie des
Américains, Mme Lili Lehmann, qui se
trouve être une assez forte personne, ré-
pond que les grandes chanteuses ne devien-
nent généralement renommées que vers la
quarantaine (?) et que c'est à cet âge que
les femmes commencent à engraisser; que
les chanteuses, qui vivent peut-être plus
largement,4frigraissent plus que les autres,
et que c'est surtout le chant qui développe
si prodigieusement nos étoiles d'Opéra.
Une autre chanteuse exprime l'avis que
ses collèges engraissent trop facilement
parce qu'elles ne serrent pas assez leur cor-
set dans la crainte d'altérer leur voix.
Voilà une question bien amusante, et nous
serions ravis d'avoir sur elle l'opinion de
nos lecteurs.
D
on Diègue.
Tous les ans, il obtient un congé.
tt tous les ans, il emploie ce congé a
jotier, dans la même ville, devant le même
auditoire, les mêmes pièces de son réper-
toire. C'est une ville de province: Limo-
ges ou Péripueux. II est de là-bas. Il y est
connu. Il y est aimé. Il est chez lui.
c~ Il y jouait, l'autre soir, Don Diègue.
C'est son rôle préféré.
0 rage, ô désespoir, ô vieillesse ennemie!
commençait-il, quand, tout à coup, dans la
salle, une altercation éclate.
— C'est ma place ! Vous avez pris ma
place! s'écriait un spectateur.
- Pas du tout, c'est la mienne ! répon-
dait un autre
— Je vous dis que c'est à moi! -.
— Je vous dis que non.
— Vovons, voyons, monsieur Sébastien,
un peu de silence, je vous prie, s'écria Don
Diègue, qui avait reconnu un des specta-
teurs.
Puis, reprenant son rôle, il continua, su.
perbe, solennel:
N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie!
E
n tournée.
Berlin l'a fêtée. Elle v fut couverte
de fleurs. Elle y joua, comme dans cha-
cune de ses tournées, la pièce où elle ex-
celle et où elle pousse ses plus beaux cris :
La Dame aux camélias. C'est son cheval
de bataille.
A la gare, lorsqu'elle quitta la ville, le
ciel, tout à coup, se couvrit de gros nuages.
Et la pluie se mit à tomber à vçrse.
— Un affreux temps! dit la grande tra-
gédienne, en s'emmitouflant dans ses four-
rures.
— C'est que le ciel de Berlin, madame,
lui répondit le chef de gare qui l'accompa-
gnait à son wagon, pleure votre départi
Elle but cela comme un sorbet.
T
ous les bijoux, diamants, perles se ven-
dent très cher chez Dusausoy, expert,
4; boulevard d$s> Italiens, qui acnete toute
la journée, toujours au comptant, quelle que
soit l'importance de la somme. Il revend à
petit bénéfice.
L
eurs débuts.
f - Quoi l Etre un pauvre musicien
gagnant à peine assez pour s acheter sa
propre nourriture! Non! non! mille fois
non! dit le père de Pietro Mascagni, petit
boulanger de Leghorn, lorsque son fils lui
annonça qu'il avait l'intention de se consa-
crer tout entier à l'art qu'il adorait. Non!
mille fois non! Tu seras homme de loi et
tu deviendras riche!
Mais Pietro Mascagni tint bon; il fut un
pauvre musicien et travailla sans relâche.
Ah 1 les jours de misère! Sa femme et lui
eurent, durant plusieurs années, bien de la
peine à joindre les deux bouts.
— Je ne ferai jamais rien ! s'exclama-t-il
un jour, découragé, alors qu'il travaillait à
Cavalleria Rusticana. Non, jamais rien!.
Voilà ce que je dois faire de mon ou-
vrage!.
Et, ce disant, il jeta au feu les feuillets
de papier sur lesquels il était penché quel-
ques secondes auparavant. Fort heureuse-
ment. le feu était peu vif, le charbon était
rare dans la maison, et sa femme put sau-
ver le précieux manuscrit. Elle prit sur elle-
même d'envoyer la partition à un directeur.
Vjprct a rm îvçurTzrrenommee utr mascs-
gni se fit vite dans toute l'Europe, car le
succès fut immense. Les spectateurs récla-
mèrent Mascagni et l'acclamèrent plus de
vingt minutes devant le rideau. Il était, à
cette époque, si pauvre qu'il lui fallut em-
prunter l'argent nécessaire pour télégra-
phier à sa femme la bonne nouvelle du
succès.
Depuis, le compositeur a fait son che-
min. Il né doit pas regretter de n'être pas
devenu homme de loi, mais il a gardé de
ces heures difficiles une grande pitié pour
les malheurs des autres.
L
e moyen de se fairl un nom!
f Ne résistons pas au plaisir de pu-
blier cette amusante lettre qu'un jeune au-
teur dramatique nous adresse:
Aujourd'hui, 3 heures du matin.
Cher monsieur,
Plusieurs journaux s'occupent de trouver un
nom aux aéroplanes, je ne sais pas très bien
pourquoi puisqu'ils en ont déjà un.
On propose: « aéronef », « aviator », « hy-
drophobe », perce-nue », « frôle-ciel », « cha-
touillastre », « gratte-lune », « planipède »,
« taxiplane », etc. Je pourrais proposer: « ba-
tair » puisqu'ils sont dans l'air ce que les ba-
teaux sont dans l'eau, ou « cachalair » pour
la même raison. Il y aurait aussi « oisair »,
mais je ne le conseille pas.
Je vous conseille plutôt de les appeler (c Dai-
reaux », ce nom évoque une idée d'air, d'eau
et de hauteur. Il conviendrait parfaitement. En
peu de temps, il deviendrait universel, ce qui
n'est pas pour me déplaire puisque ce nom est
le mien, c'est-à-dire celui d'un futur auteur
dramatique bien connu.
Recevez, cher monsieur, l'expression de mes
sentiments très distingués.
Max DAIREAUX.
P.-S. — Au cas peu probable où mon nom ne
conviendrait pas, je propose encore « Albert
Acremant » ; te nom qui est, d'ailleurs, celui
de mon collaborateur, en écartant toute idée de
ballon sphérique ou dirigeable, ne peut que ral-
lier tous les suffrages.
M. D.
p
aillard for ever.
La haute société parisienne appren-
dra avec un véritable plaisir que Paillard,
le roi des restaurateurs, a décidé la créa-
tion d'un souper-redoute qui aura lieu les
mercredi et samedi de chaque semaine.
T
rous les chauffeurs sont .d'accord pour
reconnaître que la Bayard-Clément
est la première des marques d automobiles,
tant par sa robustesse que par ses qualités
de vitesse et d'endurance.
A
vant d'aller au théâtre entendre la
, pièce en vogue, Parisiens et Parisien-
nes ne manquent jamais d'aller dîner cnez
Lapré.
Ils trouvent au somptueux établissement
de la rue Drouot une cuisine exquise, et,
ce qui est aussi appréciable, un service ra-
pide et silencieux.
L
'affaire de l'Aiguille creuse.
t Un élève de rhétoriaue dbmoromis
avec Arsène Lupin. -
Les parents d'Isidore Beautrelet, élève
de rhétorique au lycée Janson de Sailly
n'apprendront pas sans anxiété que leur fils
est compromis dans l'affaire de l'Aiguille
Creuse, le nouvel exploit du célèbre Ar-
sène Lupin, dont Je Sais Tout donne les
premiers détails dans son numéro de Noël
d'aujourd'hui.
Je Sais Tout Noël,, malgré ses hors
texte en couleurs et ses nombreuses
attractions, est vendu au prix ordinaire.
C'est un gros succès.
Le Masaue de Verre.
THÉÂTRE DES FOLIES-DRAMATIQUES
(E. Brod, pliot.) M. Cooper Mlle Jeanne Sauller
(Faust) (Marguerite)
DAMS LEURS COSTUMES DU t" ACTH
Le Petit
Faust
Opéra-bouffe
en trois actes
et quatre tab-eaux
DE
Crêmieux
ET
Ad. Jairrte
Musique d'Hervé
Il n'est pas douteux que le goût de la
majorité du public — en ce qui concerne
le Petit Faust, du moins, et quelques autres
œuvres — diffère sensiblement du mien.
Je m'en réjouis bien cordialement pour le
directeur des Folies-Dramatiques, qui
compte tant de sympathies dans la presse,
et qui, pour le soin avec lequel il a monté'
l'opérette d'Hervé, mérite de voir se con-
tinuer, durant de nombreux soirs, le succès
chaleureux, et même bruyant, obtenu hier
par la première représentation de cette re-
prise.
Ceci dit, je confesse que le comique
Petit Faust — dont l'action, indéniable
mes aînés, paraît considérable encore
mes contemporains — que ce comL --,
dis-je, m'a toujours échappé, peut-êtrt à
cause de son extrême fijiesse., Peut-t ;re
aussi certaines Tscenes, "qtfî me laiss a ut-
morne parce que je les ai lues ou vues d, ns
tant d'autres pochades ou dans tant d'al na-
nachs provinciaux, m'eussent-elles dér Me,
dans leur nouveauté, en 1869 (mais étaient-
elles neuves, même en 1869?). Peut-^tre
enfin que je n'admire pas assez l'autre
Faust, le grand (si l'on veut), celui de Cou-
nod; car j'ai remarqué que l'opéra et sa
parodie avaient les mêmes fervents: uns
doute, incroyant, ne puis-je trouver auc ;ne
saveur au sacrilège.
Eti après tout, qu'importe? On a bi u-
(Ernesto Brod, pnot.)
Mlle Jane Pernyn
dans le rôle de Méphisto
ccup ri, voilà l'essentiel. Les plaisanteries
les plus défraîchies ont paru porter autant
que les rajeunissements introduits dans le
dialogue; si les écolières du vieux docteur
Faust lisent maintenant Claudine en va-
drouille — un. roman que je ne connais pas,
d'ailleurs — elles ont conservé la turbu-
lence sans esprit qui est bien de leur âge.
Leurs-farces tapageuses ont, durant tout le
premier acte. — et il est long — suscité
des-rires; l'espièglerie de Siébel, l'effron-
terie de Marguerite enchantaient tout le
monde, et, pour Valentin, il est acquis que
ce personnage mérite de se voir attribuer
le cliché de la « cocasserie épique ».
La musique est supérieure au livret; je
me plais à le proclamer, non que j'en sois
sûr, mais c'est une opinion que j'ai souvent
entendu soutenir. Personnellement, elle me
semble, comment dirai-je? adéquate, oui,
c'est cela, adéquate au poème. A son ordi-
naire, Hervé se plaît à opposer aux extra-
vagances les plus minutieusement prémé-
ditées certains « numéros » dans lesquels
se trahissent ses touchantes et incurables
aspirations au grand Art, tel l'arioso des
Quatre Saisons, plus soigné que les habi-
tuels morceaux d'opérette, et où l'on trou-
ve des recherches, des cadences évitées,
tout ce qu'il faut pour montrer qu'un com-
positeur-bouffe a dans le cœur un drama-
turge qui sommeille. A Dieu ne plaise que
je méconnaisse la grâce fluente, mais que
tant de revues ont bajtialisée* du Rondeau
de Méphisto, l'entrain de la Ronde des roo-
lières, ou du triple Chœur des cocottes,
des vieillards et des étudiants. Quant au
Chœur des Soldats, je reconnais loyalement
qu'il est bien aussi beau que dans GounocL
j'ai dit le soin apporté par M. Debrenne
à 'econstituer cette opérette fameuse. D
(Ernesto Brod, phot.!\
Mlle Debacker M. Debrenne
.ans le rôle de Siébel Directeur des Folies-Drain. t
l'a somptueusement et joliment vêtue, etj
dédaignant l'inexpérience des débutantsj
;,, ',1 ,VOl,lu pour interprètes que des artistes)
éprouvés. M. Cooper, comédien charmante
diseur souvent exquis, est très supérieur k.-
cette grosse farce, il conserve plaisamment
au Faust rajeuni par Méphisto l'allure d'un
« marcheur)} un peu surmené, et ceci tst
une trouvaille parodique autrement fine que
les laborieuses *"a:Cties de feu les auteurs.
Mlle Jeanne Spulier témoigne, par tou-
tes ses attitudes, iaines, sourires, clins
d'oeil, que, Marguerite très avertie, elle n'a
rien d'une âme innocente ou simplement di-
vine. Par moments, surtout dans l'air
« Fleur de candeur », elle m'a fait songer à
M. Alvarez.
[Ernesto Broc "boL;
M. Sulbac
DMtt le sAla de vaieuulâ
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